MINISTERE DES ENSEIGNEMENTS SECONDAIRE ET
SUPERIEUR
UNIVERSITE DE OUAGADOUGOU
UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE EN SCIENCES HUMAINES
DEPARTEMENT DE GEOGRAPHIE
Mémoire de Maitrise
THÈME:
AGRO-BUSINESS, SECURITE FONCIERE ET ALIMENTAIRE AU SOUROU
:
CAS DES PERIMETRES AGRICOLES DE NIASSAN, DI, DEBE ET
GOURAN
Présenté par : ZONGO Ouango Blaise Sous la
direction de : Dr. Banza BAYA
Maître de Conférences
Année académique 2013- 2014
i
Table des matières i
DEDICACE iv
REMERCIEMENTS v
TABLES DES ILLUSTRATIONS vi
SIGLES ET ABREVIATIONS viii
Introduction générale 10
I. L'approche théorique et
méthodologique de l'étude 4
1.1. Le cadre théorique et conceptuel
4
1.1.1. La problématique 4
1.1.2. La revue de littérature 6
1.1.3. Les objectifs de l'étude 9
1.1.4. Les hypothèses 9
1.1.5. La définition des concepts, les
variables d'études et la grille conceptuelle 10
1.1.5.1. La définition des concepts
10
1.1.5.2. Les variables d'étude 14
1.1.5.3. La grille conceptuelle 14
1.2. Le cadre méthodologique 16
1.2.1. Le choix de la zone d'étude
16
1.2.2. La collecte des données 17
1.2.2.1. La recherche documentaire 17
1.2.2.2. Les enquêtes de terrain 18
1.2.3.3. Le traitement et l'analyse des données
20
1.2.3.4. Les difficultés du travail de terrain
20
PARTIE I: LA PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
21
Introduction: 22
Chapitre 1: Les déterminants physiques de la
pratique de l'agro-business au Sourou 23
1.1. Présentation du Sourou 23
1.2. Les caractéristisques climatiques
23
1.2.1. Les précipitations 24
1.2.2. Les températures et
l'évapotranspiration 24
1.2. 3. Les vents 25
1.3. Les aspects biophysiques de la zone de pratique
de l'agro-business 25
1.3.1. La géomorphologie 25
1.3.2. Le réseau hydrographique 25
1.3.3. Les types de sols 25
Chapitre 2: Les facteurs socio- démographiques
29
2.1. La structure par âge et par sexe de la
population 29
2.2. Historique du peuplement et des mouvements
migratoires 30
II
2.3. Le régime foncier traditionnel.
31
2.4. Les facteurs socio-économiques de la
pratique de l'agro-business au Sourou : l'élévage 31
2.5. La localisation des périmètres
exploités par les agro-businessmen 32
2.5.1. Les périmètres agricoles de la
commune rurale de Di 32
2.5.2. Les périmètres agricoles de la
commune rurale de Lanfiéra 34
PARTIE II : AGRO-BUSINESS, SECURITE FONCIERE ET
ALIMENTAIRE A
NIASSAN, DI, DEBE ET GOURAN 36
Introduction 37
Chapitre 3: Etude comparative de la production agricole
d'agro-business et les productions
locale et régionale 38
3.1. Les caractéristiques de l'agro-business
38
3.1.1. Les caractéristiques socio-
démographiques de la pratique de l'agro-business 38
3.1.1.1. La répartition des agro-businessmen selon
le sexe 38
3.1.1.2. La provenance géographique et culturelle
des agro-businessmen 38
3.1.2. Le statut socio-professionnel des agro-businessmen
du Sourou 39
3.1.2.1. Le statut social 39
3.1.2.2. Le statut professionnel des agro-businessmen du
Sourou 39
3.2. Les conditions d'installation des agro-businessmen
sur leur périmètre 42
3.3. La production agricole d'agro-business
43
3.3.1. Les modes d'exploitation des parcelles
43
3.3.1.1. L'exploitation familiale 43
3.3.1.2. Le mode d'exploitation des parcelles par
métayage 43
3.3.1.3. Le mode de gestion des parcelles par
délégation 44
3.3.2. Les superficies possédées par les
agro-businessmen du Sourou 44
3.3.2.1. Les superficies mises en valeur en campagne humide
et sèche par les agro-businessmen 46
3.3.2.2. Le matériel et le travail d'exploitation
des parcelles 47
3.3.2.2.1. Le matériel de travail sur les
parcelles 47
3.3.2.2.2. Les ouvriers agricoles 48
3.4. La production agricole du Sourou et de la
région de la Boucle du Mouhoun 58
3.5. La production des périmètres
irrigués du Sourou et des localités des départementsde Di
et
Lanfiéra 58
3.6. Les problèmes liés à la
production agricole d'agro-business 59
3.6.1. Les problèmes liés à la
qualité des intrants 59
3.6.2. Les problèmes financiers 60
3.6.4. Les problèmes d'infrastructures
61
Chapitre 4:L'agro-business et les perspectives de
sécurité foncière et alimentaire 63
4.1. Agro-business et perspectives de
sécurité foncière 63
4.1.1. Les outils juridiques 63
4.1.1.1. La Réorganisation Agraire et Foncière
et la sécurité foncière des acteurs de la
production agricole des périmètres de
Niassan, Di, Débé et Gouran 63 4.1.1.2. La Loi
N°034-2009/AN portant régime foncier rural et l'état de
sécurité foncière des
acteurs de la production des périmètres
agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran 65
III
4.1.1.3. La Loi Coopérative ou Loi N° 014/99/AN
du 15/04/99 portant réglementation
des sociétés coopératives et
groupements au Burkina Faso 67 4.1.1.4. Le cahier spécifique des
charges du Sourou et de la haute vallée du Mouhoun et le protocole
d'accord: état de la sécurité foncière des acteurs
agricoles de Niassan, Di, Débé et
Gouran 68
4.1.2. La pratique de l'agro-business et les nouveaux
rapports fonciers 70
4.1.2.1. Les rapports socio-fonciers entre population
locale et agro-businessmen 70
4.1.2.2. Les rapports socio-fonciers entre les
coopérateurs et les agro-businessmen 72
4.1.2.3. Les rapports fonciers entre agro-businessmen
75
4.2. L'Agro-business et les perspectives de
sécurité alimentaire à Niassan, Di, Débé et
Gouran 75
4.2.1. La disponibilité spatio-temporelle des
produits agricoles d'agro-business 76
4.2.1.1. La disponibilité spatiale des produits
agricoles d'agro-business 76
4.2.1.2. La disponibilité temporelle des produits
agricoles d'agro-business 77
4.3. L'accessibilité aux produits agricoles
d'agro-business 80
4.3.1. Les habitudes alimentaires de la population de
notre zone d'étude 80
4.3.2. Les marchés d'écoulement de la
production agricole d'agro-business 81
4.3. Agro-business-sécurité
foncière-sécurité alimentaire : un lien de
causalité ou un mariage
forcé? 83
4.3.1. Agro-business-sécurité
foncière-sécurité alimentaire : un lien de
causalité? 84
4.3.2. Agro-business - sécurité
foncière - sécurité alimentaire : un mariage forcé?
84
Conclusion générale 88
Références bibliographiques 91
ANNEXE ....x
iv
DEDICACE
Nous dédions ce mémoire à :
A notre mère bien aimée, KANSOLE Eli
Solange, qui est tout pour nous et nos frères ;
A monsieur KABORE Edmond pour son soutien
multiforme et inestimable.
V
REMERCIEMENTS
Le présent mémoire est l'aboutissement d'un long
cheminement, un défi et un espoir.
Sans le concours de bonnes volontés, il n'aurait pas vu
le jour. Nous tenons à leur exprimer toute notre reconnaissance.
Nous remercions particulièrement :
- l'ensemble du corps professoral du Département de
Géographie pour la notion de travail bien fait et la rigueur qu'ils nous
ont inculquée à travers conseils, enseignements et orientations
;
- notre Directeur de mémoire le Dr. Banza BAYA pour ses
encouragements, ses motivations et ses critiques toujours constructives qui
nous ont aidé dans l'élaboration de ce mémoire ;
- les camarades militants de l'Union Générale
des Etudiants Burkinabé (UGEB) pour leur esprit de sacrifice qui leur
permet de défendre vaillamment les intérêts
matériels et moraux des étudiants ;
- à l'Association Burkinabè d'Assistance et de
Secours Populaire (ABASSEP) ;
- toute l'équipe de l'Autorité de Mise en Valeur
de la Vallée du Sourou pour les conditions favorables qui ont
facilité la collecte de nos données, la proximité avec
certains qui ressemblait à une certaine complicité ;
- aux populations des Départements de Di et de
Lanfiéra pour leur disponibilité et leur collaboration, plus
particulièrement Monsieur le Maire de la Commune Rurale de Di qui ne
fixait pas de rendez-vous pour nous recevoir ainsi que ses collaborateurs ;
- Messieurs KABORE Adama et SONDO Thomas, respectivement
Directeurs des Ecoles Niassan B et Gouran, ainsi que BALBONE Abdoulaye à
Tougan, leur famille qui nous ont hébergé et nous ont
apporté tout le soutien nécessaire.
Nous adressons aussi, un merci particulier à Monsieur
ZERA Dramane qui était soucieux de notre séjour dans la
vallée du Sourou. Nos remerciements s'adressent aussi aux
coopérateurs et aux agro-businessmen de la vallée du Sourou, les
responsables des marchés de Di, Niassan et Gouran. Nous remercions tous
nos promotionnaires pour l'amitié et la complicité
partagées, particulièrement Monsieur WANGRE Innocent à la
Direction Générale de l'Aménagement du Territoire.
A tous ceux, qui nous sont chers, nous leur adressons notre
grande reconnaissance.
vi
TABLES DES ILLUSTRATIONS
Liste des tableaux
Tableau n°1.1: récapitulatif des concepts et
variables d'analyse 15
Tableau n°2.1: Structure par sexe et par âge des
localités de notre d'étude 29
Tableau n°2.2: Répartition du cheptel et de la
volaille du Sourou de 2005-2009 32
Tableau n° 3.1: Répartition des agro-businessmen
selon le lieu d'approvisionnement en engrais 56
Tableau n°3.2: Répartition de la redevance eau
selon les opérateurs agro-business 57
Tableau n°4.1: Etat des lieux des coopératives et
groupement du Sourou 67
Tableau n°4.2: Les endettés de la
coopérative Heressera exposés à une expulsion du
périmètre 73
Tableau n°4.3: Répartition des opérateurs
agro-business selon leur production en maïs 77
Tableau n°4.4: Répartition de la quantité
d'oignon produite par les agro-businessmen 78
Tableau n°4.5: dépenses alimentaires de la
population locale enquêtée 81
Liste des graphiques
Graphique n°3.1: Répartition des agro-businessmen
et des superficies exploitées suivant leur
statut professionnel 40
Graphique n°3.2: Répartition des agro-businessmen et
des superficies exploitées suivant leur
niveau d'instruction 41
Graphique n°3.3: Proportion des agro-businessmen et les
superficies en ha possédées sur leur site
officiel 45
Graphiques n°3.4: Proportion des agro-businessmen et les
superficies en ha possédées parmi les
Coopératives 45
Graphique n°3.5: Répartition des agro-businessmen
suivant leur production en monoculture/
polyculture dans l'année 46
Graphique n°3.6: Ouvriers agricoles contractuels
embauchés et proportion d'agro-businessmen 48
Graphique n°3.7: Ouvriers agricoles permanents et
proportion d'agro-businessmen 49
Graphique n°3.8 : Comparaison des proportions
d'agro-businessmen suivant le nombre d'ouvriers
agricoles employés 50
Graphique n°3.9: Salaires versés en millers de
FCFA par an aux ouvriers agricoles permanents et
proportion d'agro-businessmen 50
Graphique n°3.10: Répartition de la
quantité de semence maïs utilisée suivant les agro-
businessmen 52
Graphique n°3.11: Répartition des dépenses
en milliers de FCFA en semences maïs suivant les
agro-businessmen 52
Graphique n°3.12: Répartition de la
quantité de la semence d'oignon utilisée suivant les agro-
businessmen 53
Graphique n°3.13: Répartition des dépenses
en millions de FCFA en semence d'oignon suivant
les agro-businessmen 54
vii
Graphique n°3.14: Répartition de la
quantité d'engrais utilisée en tonnes suivant les agro-
businessmen 55
Graphique 3.15: Répartion des dépenses d'engrais
en millions de FCFA suivant les agro-
businessmen 56
Graphique n°4.1: Courbes récapitulatives des
variations de la production de maïs et d'oignon 79
Graphique n°4.2: L'intérêt du secteur
financier pour la terre 86
Liste des cartes
Carte n° 1.1: Situation géographique du Sourou
23
carte n°1.2: le réseau hydrographie du Sourou
26
Carte n°1.3: La répartition des sols au Sourou
28
Carte n°2.1: Présentation diachronique des
périmètres agricoles de la commune rurale de Di 33
Carte n°2.2: Présentation diachronique des
périmètres agricoles de la Commune rurale de Lanfiera 34
Liste des photos
Photo n°3.1: Polyculture (maïs + choux+ oignons)
47
Photo n°3.2: Une parcelle de maïs 47
Photo n°3.3: Entrepôt sommaire d'oignon 62
Photo n°3.3: Préparation de la semence d'oignon
62
Photo n°4.1: Une parcelle d'oignon d'un agro-businessman
78
VIII
SIGLES ET ABREVIATIONS
ADP : Assemblée des
Députés du Peuple
AMVS : Autorité de
Mise en Valeur du Sourou
AN : Assemblée
Nationale
ARID : Association
Régionale de l'Irrigation et du
Drainage
AVV : Autorité de la
Valée de Volta
BUC : Bibliothèque
Centrale Universitaire
CANI : Coopérative
Agricole de Niassan
CAPSO : Coopérative
Agro-Pastorale de
Sorokady
CILSS : Comité
Inter-Etats de Lutte contre
la Séchéresse dans le Sahel
CIRD : Centre d'Information
sur la Recherche et le
Développement
CNID-B : Centre National de
l'Irrigation et du Drainage du
Burkina
CNR : Conseil National de la
Révolution
COPROMAG : Coopérative des
Producteurs Maraîchers de
Guiédougou
CRPA : Centre
Régionaux de Production
Agropastorale
CRTO : Coopérative
Rizicole Toma-Ile
DAFFPA : Direction des
Affaires Foncières, et de la
Formation de la Professionnelle
Agricole
DGPER : Direction
Générale de la Promotion de
l'Economie Rurale
DGPSA : Direction
Générale des Prévisions
et des Statistiques Agricoles
DRAHRH : Direction
Régionale de l'Agriculture de
l'Hydraulique et des Ressources
Halieutiques
FAO : Food and
Agriculture Organization
FARM : Fondation pour
l'Agriculture et la Ruralité dans le
Monde
FP : Front Populaire
GRAF : Groupe de Recherche
Action sur le Foncier
ID3A : Initiatives pour le
Développement de l'Agro-business et
l'Agro - Industrie en
Afrique
IIED : Institut
International pour l'Environnement et le
Développement
IIM : Institut International
de Management de l'Irrigation
INSD : Institut Nationale
des Statistiques et de la
Démographie
MA : Ministère de
l'Agriculture
MAHRH : Ministère de
l'Agriculture de l'Hydraulique et des
Ressources Halieutiques
MED : Ministère de
l'Economie et du Développement
OFNACER : Office National
des Céréales
ONBAH : Office National des
Barrages et des Aménagements
Hydrauliques
PAS : Programme d'Ajustement
Structurel
PASA : Programme
d'Ajustement Sectoriel
Agricole
RAF : Réorganisation
Agraire et Foncière
SOCADI : Société
Coopérative Agricole de
Di
ix
RESUME
Depuis quelques années, l'agro-business est devenu un
modèle agricole en vogue, du moins dans les discours politiques. Ce
modèle agricole a une histoire. Aboutissement de l'agriculture
industrielle européenne du XIXè siècle,
l'agro-business s'est exporté dans presque tous les continents. Ce type
d'agriculture est au centre des débats politiques et scientifiques car
ses implications sur les questions alimentaires et foncières sont
multiples, complexes, et déterminent parfois l'avenir de certains pays
(SNAT, 2008). Au Sourou et particulièrement sur les
périmètres agricoles de Niassan Di, Débé et Gouran,
ce modèle agricole en cours est non encore prédominant. Les
exploitants familiaux ou petits paysans sont les plus nombreux et la superficie
totale qui leur revient aussi. C'est aussi le cas de leur contribution à
la production alimentaire de ces localités. Nonobstant, les
agro-businessmen, même en nombre inférieur, ne sont pourtant pas
les moins nantis. Certains avantages les mettent individuellement au-dessus des
petits paysans. Il s'agit de la superficie minimale à exploiter (10 ha)
contre 0,12 à 3 ha pour ces derniers. Des lois foncières
facilitent aussi leur entreprise. Mais, dans la pratique, la production
d'agro-business n'est pas disponible ni accessible. Aussi, il se pose encore le
problème de durabilité et de variabilité alimentaire alors
que l'agro-business était sensé solutionner. Une telle situation
a retenu notre attention et mérite une analyse pour approfondir sa
compréhension.
La présente étude a donc pour objectif de
contribuer à analyser les relations entre les pratiques d'agro-business
et les perspectives de sécurisation foncière et alimentaire au
Sourou. La méthodologie utilisée a consisté à la
détermination d'un échantillonnage en nous appuyant sur des
données secondaire déjà disponibles à l'AMVS et les
données primaires collectées par des enquêtes qualitative
et quantitative. L'échantillon démographique a porté sur
le 1 / 10 des 3000 producteurs agricoles des périmètres
agricoles. La méthode directionnelle et du porte à porte a
été utilisée pour les enquêtes. S'agissant des
agro-businessmen, tous les 13 exploitants présents au Sourou ont
été enquêtés. Il ressort de l'analyse des
données collectées que la relation entre agro-business,
sécurité foncière et alimentaire dans les localités
de Niassan, Di, Débé et Gouran n'est pas un objectif atteint.
L'agro-business a été éloigné de sa mission
première confiée à elle par l'Etat en matière de
sécurité alimentaire à cause de la réorientation
des objectifs des périmètres aménagés et la
destination de la production agricole d'agro-business. Cela freine la politique
d'industrialisation et de transformation industrielle des produits agricoles
d'agro-business à cause de la vente à l'état brut. Ainsi,
n'est-il pas nécessaire de renforcer la capacité technique des
coopératives et de la population locale pour la réalisation de
cette mission, de promouvoir la souveraineté alimentaire ?
Mots clés : agro-business,
sécurité foncière, sécurité alimentaire,
Niassan, Di, Débé, Goura, Sourou, Burkina Faso.
1
Introduction générale
Depuis quelques années, l'agro-business est devenu un
modèle agricole en vogue, du moins dans le discours politique. Ce
modèle agricole a une histoire. Il a été favorisé
par la mécanisation de l'agriculture et a été
accéléré la révolution scientifique. On utilise
désormais des semences sélectionnées et des engrais de
bonne qualité pour accroître les rendements. Peu à peu se
mettent en place des entreprises agricoles de plus en plus
spécialisées. On aboutira à l'agro-industrie et aux
monopoles qui contrôlent les marchés de semences
commercialisées et des semences génétiquement
modifiées et du commerce des céréales et banane (HORMAN,
2006). Cette agriculture est productiviste et demande peu de main d'oeuvre. Le
surplus des exploitants sera absorbé par l'industrie et constitue le
prolétariat urbain. L'agro-business s'est exporté dans presque
tous les continents. Cette avance de l'Europe dans le domaine industriel et
agricole par rapport aux pays africains est bien illustrée par OUEDRAOGO
(2011):
«Visiblement le contexte européen de formation
de ce type d'agriculture n'est pas celui des pays africains. Ils n'ont pas
connu de révolution industrielle et ne sont pas, non plus dans une
position dominante dans les rapports internationaux comme ce fut le cas pour
l'Europe au XIXè siècle. En outre la mondialisation et
la concurrence constituent une limite au processus d'industrialisation -
révolution agricole pour des raisons de compétitivité. En
effet, le retard d'industrialisation des pays africains semble être une
limite à une révolution agricole endogène ; la
minimisation des coûts de production impose d'importer
nécessairement certains capitaux fixes, notamment les machines...»
(p 25).
Il ressort que les pays africains n'ont pas pratiqué
l'agro-business selon l'orthodoxie de ce modèle agricole. Cela fera que
l'agro-business pratiqué en Afrique ne sera que l'ombre portée et
projetée de celui pratiqué en Europe. Le
déséquilibre des forces, la division internationale du travail,
la colonisation, les programmes d'ajustement structurel (PAS) seront
utilisés comme moyens de pression pour imposer ce modèle à
l'Afrique. Les politiques agricoles volontaristes et productivistes pour
l'autosuffisance alimentaire seront donc abandonnées pour la
sécurité alimentaire. En Afrique l'agro-business va se distinguer
de l'agriculture paysanne par de vastes superficies sur lesquelles il est
pratiqué. Cette décision a été prise au Forum
Mondial de l'Agro-industrie tenu au Nigéria en 2010 à travers
l'Initiative de Développement de l'Agro-business et de l'Agro-industrie
en Afrique (ID3A). L'achat de vastes terres par les entreprises d'agro-business
(les unes plus puissantes que les autres au regard de leur pouvoir
économique) s'en suivra. Elles viennent de l'Asie, du Moyen Orient et
l'Europe. Ainsi, la Chine dispose de 10 000 ha de terre au Cameroun, 40 046 ha
en Ouganda et 300 ha en Tanzanie. La Corée du Sud se taille
2
690 000 ha de terre au Soudan, 1 300 000 ha à
Madagascar. L'Arabie Saoudite, grand pays producteur de pétrole a 10 117
ha de terre au Soudan, 100 000 ha au Sénégal, 1 500 ha en
Algérie. Le Japon, quant à lui, exploite 1 600 ha des terres
égyptiennes. Il y a aussi certains Etats africains qui pratiquent
l'agro-business sur le continent. Il s'agit du Nigéria avec 40 000 ha de
terres au Sénégal ; la Libye exploitait 100 000 ha de terre au
Mali et 30 ha au Bénin (SOS FAIM, 2009). Malgré ces grandes
superficies mises à la disposition de ces entreprises et firmes
multinationales, la situation alimentaire de ces pays ne s'est guère
améliorée car la plupart des entreprises étrangères
ne produisent pas des cultures vivrières mais plutôt de la canne
à sucre, du jatropha pour la fabrication de biocarburant. Les compagnies
chinoises avec 100 000 ha au Mali à l'office du Niger et les compagnies
pétrolières françaises Total sont des exemples en la
matière.
Le Burkina Faso aussi, avec l'adoption des Programmes
d'Ajustement Structurel (PAS), sera désormais sur la liste des pays
où sera pratiqué l'agro- business. Surtout qu'il dispose
d'environ 9 millions ha de terres cultivables dont seulement 160 000 ha
irrigables soit 2% des terres cultivables. Les prêts contractés
par le pays seront payés aux prix de cette concession. Il en est de
même pour les 200 milliards de FCFA déjà contractés
auprès de la Banque Mondiale et du Fond Monétaire International
(Institutions de Brettons Wood) pour l'aménagement de 17 750 ha. Dans
cette somme, 20,3 milliards de FCFA ont servi à l'aménagement de
la vallée de la Volta. Le barrage de Bagré et ses
aménagements annexes ont coûté 45 milliards de FCFA
(KANAZOE, 1999). Le Burkina Faso est alors soumis aux injonctions de ces
institutions. L'ouverture au privé du secteur agricole et la
commercialisation des produits agricoles seront alors décidées
par la Banque Mondiale et le Fond Monétaire International à
travers le programme d'ajustement sectoriel agricole (PASA). BETHELEMONT, FAGGI
et ZOUNGRANA (2003) précisent :
«L'actuelle orientation des politiques agricoles du
Burkina Faso est donc tournée vers le marché. En effet, un des
principaux motifs utilisés pour expliquer l'atonie du secteur agricole
est l'absence d'un marché efficient capable de stimuler la production.
Selon les objectifs ministériels, toute la production agricole sera
dorénavant fondée sur les opportunités offertes par le
marché donc la demande nationale et internationale. Accéder au
marché devient dès lors une étape fondamentale dans le
processus de modernisation du secteur agricole. Si dès les années
60 le paysannat a été fondamental dans toutes les initiatives
agricoles et s'il a longtemps constitué l'instrument stratégique
de l'emploi et de la gestion politique des sociétés rurales, les
années 1990 définissent l'aptitude nouvelle par rapport au
territoire rural, son économie et sa société entreprise
agricole (agro-business), libre marché, privatisation sont devenus les
piliers déclarés du système économique du Burkina
Faso.» (p 69).
En adoptant le PASA, le Burkina Faso a opté de
prioriser l'agriculture commerciale. Sa politique agricole va se calquer sur
cette logique. Le plus grand choix sera donné aux privés et aux
marchés. Les agro-businessmen, principaux acteurs de ce nouveau
modèle agricole, sont ceux
3
sur qui l'Etat compte pour exploiter les vastes terres
fertiles. Le Ministère l'Agriculture en 1999 précise:
«Des espaces fertiles s'étendent à
perte de vue à Bagré. Malheureusement, ils restent sous
exploités par les paysans qui y vivent. Ce serait un gâchis si
cela devait durer il faudra tôt ou tard rembourser. Il faudra
rentabiliser l'aménagement agricole de Bagré et des autres zones
comme le Sourou, en faisant appel à des opérateurs privés
» (M.A. 1999 : p8).
Ainsi, c'est aux agro-businessmen ou opérateurs
privés que revient désormais la rentabilisation des
aménagements agricoles. Si ce modèle agricole a commencé
par les périmètres aménagés, il ne s'y est pas
confiné. Les périmètres non
aménagés du Ziro et du Houet sont aussi concernés avec
respectivement 9 540 ha et 6 978 ha (GRAF, 2010).
Au Sourou, l'agro-business a d'abord été
expérimenté en 1999 après son lancement à
Bagré la même année. Les premiers agro-businessmen ont
exploité entre 10 à 30 ha de 1999 à 2004. Mais, tous ont
échoué avec des pertes financières allant de 4 800 000
FCFA à 54 000 000 FCFA (GRAF, 2008). Ce n'est véritablement qu'en
2005 que l'Autorité de Mise en Valeur du Sourou (AMVS) installera 17
agro-businessmen avec un cahier des charges et un protocole d'accord scellant
le lien.
Un tel passage a sans doute un impact sur la
sécurité alimentaire des populations des zones concernées.
La terre étant le principal facteur de production, elle devient par
conséquent le fond de la problématique de la production agricole
locale.
Ce type d'agriculture est au centre des débats
politiques et scientifiques car ses implications sur les questions alimentaires
et foncières sont multiples, complexes, et déterminent parfois
l'avenir de certains pays. Doit-il servir à produire pour vendre ou
s'alimenter ? Pourquoi pas les deux à la fois ? De telles questions ne
sont pertinentes que si elles s'insèrent dans un thème
d'étude. Le notre en est un. Il est intitulé : «
Agro-business, sécurité foncière et alimentaire au
Sourou : cas des périmètres agricoles de Niassan, Di,
Débé et Gouran». L'objectif visé à
travers ce thème est de contribuer à analyser les relations entre
les pratiques d'agro-business et les perspectives de sécurisation
foncière et alimentaire au Sourou. Pour traiter ce thème, deux
types de données nous ont été utiles: les revues
documentaires et les enquêtes de terrain. Le présent
mémoire comprend deux parties subdivisées en deux chapitres
chacune. La première partie traite de la présentation de la zone
d'étude. Dans la seconde partie, nous abordons la question de
l'agro-business, la sécurité foncière et alimentaire puis
une conclusion incluant des perspectives.
4
I. L'approche théorique et méthodologique
de l'étude
Notre étude a été menée en prenant
en compte deux approches: l'approche théorique et conceptuelle et la
méthodologie de recherche utilisée. Elles se complètent
mutuellement. Leur présentation détaillée permet de mieux
comprendre leur importance dans cette étude.
1.1. Le cadre théorique et conceptuel
Il précède l'enquête de terrain. Il
annonce notre problématique, la revue de littérature, les
objectifs de notre étude, les hypothèses de travail et la
définition des concepts.
1.1.1. La problématique
Avec une population rurale à plus de 80%, le Burkina
Faso demeure un pays essentiellement agricole. Le potentiel agricole du Burkina
Faso est jugé capable de nourrir une population estimée à
16 248 558 habitants en 2011(Estimation/ INSD, 2007). Parmi les 9 millions
d'hectares de terres fertiles, les 500 000 hectares de terres irrigables
seulement 32 258 hectares sont aménagés (AMVS, 2010.b.). Le
potentiel hydrique est aussi important et est estimé à 41
milliards de mètres cubes d'eau dont moins du tiers est utilisé
pour les besoins agricoles et autres prélèvements animaux (SNAT,
2008).
Malgré les ressources et potentialités
hydro-agricoles disponibles, l'agriculture du pays peine à satisfaire
les besoins alimentaires des populations. Les crises alimentaires, notamment
celles engendrées par les sécheresses de 1970-1974 et de
1983-1984, témoignent de la fragilité et de l'inadaptation du
système agricole : faible maîtrise d'eau, faible
mécanisation, recours très limité aux nouvelles
technologies agricoles (semences améliorées, fertilisation
organique et chimique, irrigation, etc.). Ces problèmes se sont
accentués avec l'adoption du libéralisme comme mode de gestion
politique qui a intégré tous les secteurs d'activité dont
l'agriculture dans le commerce international. Les Programmes d'Ajustement
Structurel (PAS) dont son volet agricole PASA marque ce secteur de son sceau.
Une des conséquences du désengagement de l'Etat du secteur
agricole se traduira par la chûte des subventions jadis accordées
au secteur agricole ; elles passeront de 32 à 13 %, de 1990 à
2006 Pourtant l'agriculture contribue à près de 40% au Produit
Intérieur Brut (PIB) (DGPSA/MAHRH, 2008). A ce problème, s'ajoute
la fluctuation des prix (dépréciation) des produits agricoles sur
les marchés et par les crises économiques qui s'accompagnent
parfois de déficits céréaliers. Entre 1990 et 1991, ce
déficit était estimé à 127 000 tonnes ; 15 800
tonnes en 1997 et 1998 ; 442 000 tonnes entre 2000 et 2001 et 208587 tonnes
entre 2007 à 2008 (DGPSA/MAHRH, 2008). Ces déficits conduiront
aux importations de produits alimentaires. De 1990 à 2006, les
importations avaient un taux compris entre 13,35 et 23,34%. Pour le riz, par
exemple, les importations sont de 200 000 tonnes/an et coûteraient 20
5
milliards de FCFA (SNAT, ibid.). Selon les projections en
2015, elles atteindraient 300 000 tonnes pour un montant de plus 70 milliards
de FCFA (SORY, 2006).
La vallée du Sourou regorge aussi d'énormes
potentialités agricoles et, de ce fait, est depuis la période
coloniale une zone d'intérêt agronomique. L'administration
coloniale y avait déjà identifié, en 1925, 30 000 hectares
aménageables pour une production agricole considérable. Mais, ce
n'est que 12,7% de cette superficie qui seront aménagés soit 3818
hectares par l'Autorité de Mise en Valeur de la vallée du Sourou
(AMVS) contre une prévision d'aménagement de 27%,
équivalant à 11 500 ha (AMVS, 2010). Actuellement, selon l'AMVS,
le taux de détérioration de ces aménagements est
estimé à 20%. Pourtant, le coût des aménagements se
chiffre en milliards de francs CFA ; entre 1972 et 1984, l'hectare
aménagé revenait à 4 millions de FCFA contre 7 à 9
millions en l'an 2000. Les aménagements du Sourou sont estimés
à environ 30 milliards toujours selon le GRAF (2008). Ces
réalisations ont été possibles grâce aux fonds de
l'endettement extérieur (aide publique au développement,
prêts, etc.). Aussi, le Sourou avait pour vocation d'être un centre
de modernité agricole dans un environnement agricole national
marqué par la prédominance de pratiques agricoles
arriérées (usage répandu de la daba, par exemple). Mais
comment atteindre ces objectifs assez ambitieux au regard du contexte national?
Ce fut d'abord les coopératives comme formes d'organisation de
l'exploitation agricole, sous la direction de l'Etat, qui sont mises en place
pour la réalisation des objectifs agricoles. Mais, en dépit de
certains efforts consentis, sur les sommes importantes d'argent et de moyens
matériels déployés, le Sourou n'arrive toujours pas
à remplir sa mission de grenier du Burkina Faso. Depuis
l'avènement du néolibéralisme qui a consacré les
PASA en 1990, d'autres acteurs sont considérés comme ceux
détenant les clefs de la réussite agricole au Burkina Faso face
à l'immobilisme qui caractériserait le secteur agricole : les
agro- businessmen (OUEDRAOGO, 2011). Face à la crise des
coopératives, ils sont ceux sur qui, la « nouvelle politique
agricole » de l'Etat a placé l'avenir de l'agriculture
burkinabé en matière de réalisation de la
sécurité alimentaire et de compétitivité sur le
marché « libre ».
Selon le Plan d'Action (2010 - 2015) élaboré en
2006 par l'AMVS pour le développement durable de la vallée du
Sourou, 250 entrepreneurs agricoles devraient être installés en
fin 2015 et vont exploiter 2 500 hectares soit 65,5% de la superficie actuelle.
Il s'en suit donc que les enjeux de l'agriculture sont multiples et
soulèvent de nombreux questionnements : Qu'est-ce que l'agro-business
dans l'environnement agricole du Sourou ? Comment se manifeste-t-il ? Qui en
sont les acteurs? A-t'il un impact sur la sécurité
foncière? Est-il une perspective d'atteinte de la sécurité
alimentaire?
6
1.1.2. La revue de littérature
La revue de littérature a consisté en l'analyse
des oeuvres ayant fait cas soit de l'agro-business, soit l'agro-business en
relation avec la sécurité foncière et la
sécurité alimentaire. Les différents auteurs qui se sont
intéressés à ces thématiques ne s'accordent
pourtant pas quant à leur impact sur le monde rural et
l'efficacité de l'agro-business dans la lutte contre
l'insécurité alimentaire.
La conférence conjointe organisée par l'ONUDI,
la FAO, FIDA, la BAD, l'Union Africaine au Nigeria en 2010 et qui a
donné naissance aux Initiatives de Développement de
l'Agro-business et des Agro-industries en Afrique (ID3A), considère que
l'agro-business est facteur d'investissements, de modernisation de
l'agriculture. C'est un passage de l'agriculture familiale (rudimentaire)
à l'agriculture mécanisée, moderne grâce à
l'agro-industrie qui mettra sur le marché des produits agricoles
compétitifs. Le problème de commercialisation et de
transformation des produits agricoles que soulevait l'agriculture familiale ne
se posera plus. Pour son développement, l'agro-business
bénéficiera d'investissements colossaux. Cela est aussi une
aubaine pour payer les dettes contractées pour réaliser les
aménagements hydro-agricoles. Ainsi, pour SISSOKO (2009),
l'agro-business est réservé à ceux qui ont de grands
moyens financiers. Mais, ZONGO (2009) intègre les petits et moyens
opérateurs agricoles (les salariés et les moyens
commerçants) dans le groupe des agro-businessmen ; ils n'ont pas de gros
revenus mais pratiquent l'agro-business sur de petites superficies (moins de 10
ha). Cependant, l'installation non coordonnée ni
réglementée, l'évolution des modes d'accès à
la terre due à la monétarisation et à la marchandisation
de la terre auxquelles s'ajoute l'inexpérience et la non maîtrise
des techniques de travail font que certains agro-businessmen abandonnent leurs
périmètres ou s'installent sans respecter les textes et cela sans
être inquiétés. A ces difficultés s'ajoutent celles
évoquées par le Groupe de Recherche Action sur le Foncier (GRAF)
en 2008, liées au fait que nombre d'agro-businessmen soient venus sur
les périmètres par suivisme. Ils ne maîtrisent pas le
métier d'agriculteurs et ne cernent pas non plus les difficultés
relatives à la disponibilité et à la qualité de la
main d'oeuvre.
La liaison de l'agriculture au marché libre est le
principal slogan de l'agro-business. Les pays qui appliquent les PAS doivent se
laisser guider par le principe du «Laisser-aller, laisser-faire»
comme l'indique le groupe ONUDI, FAO, FIDA, BAD et UA (2010). Ce principe du
« tout marché » ne fait pas consensus. Ainsi, pour SORY
(2006), la concurrence déloyale des pays développés qui
subventionnent la production et la vente de leurs produits agricoles a des
effets négatifs sur la commercialisation des produits agricoles comme le
riz. A ce désavantage s'ajoute la non consultation des pays pauvres dans
la fixation des prix des produits agricoles et
7
au renforcement des exigences de qualités que ne
peuvent, dans les réalités actuelles, satisfaire ceux-ci. SCOTT
et GRIFFON (1999) ont aussi conclu que les problèmes de
commercialisation des produits agricoles sont dus à la fin de
l'interventionnisme des Etats dans le secteur agricole et c'est la perspective
de la sécurité alimentaire qui est compromise. Pour MENDRAS
(1967):
« L'ouverture brutale au marché, la
concurrence déloyale des agricultures subventionnées
européennes et nord-américaines, la mécanisation à
outrance, la fin de l'interventionnisme étatique, l'accentuation de la
concentration foncière, et l'inégal accès au crédit
ont entraîné la déstructuration des économies
paysannes. Des Caraïbes au Cône Sud en passant par les Andes, le
triomphe des idées néolibérales a eu des
conséquences particulièrement fâcheuses sur la
pérennité des systèmes familiaux d'exploitation. Tant et
si bien que la production de biens alimentaires est aujourd'hui plus le fait de
puissants entrepreneurs ou de multinationales, que d'hommes et de femmes ayant
maintenu un lien ombilical avec la terre. La marginalisation croissante des
paysans annonce l'ironique avènement d'une agriculture sans
agriculteurs, ou la consécration paradoxale de pays sans paysan»
(p
68).
Pour cet auteur, la pratique de l'agriculture marchande, le
désengagement de l'Etat du secteur agricole, l'accaparement des terres
par le privé, ont ruiné l'économie rurale. La production
alimentaire est désormais aux mains des monopoles et l'exclusion de la
petite paysannerie. Cette dernière, en Amérique, aux
Caraïbe, a du faire face aux problèmes d'insécurité
foncière et alimentaire. Ces problèmes s'étendent
même sur les périmètres hydro-agricoles, irrigués.
Mais n'a pas pu conjurer les problèmes alimentaires que rencontrent les
pays pauvres. Au Sourou aussi, les coopératives et les populations
locales sont confrontées aux mêmes problèmes avec
l'agro-business. KOHOUN (2002) dans son étude démontre que :
« Au Sourou une étude effectuée par
PARENT et al. Sur la situation des enfants en 1999, révèle une
forte carence en micro-nutriments chez les enfants de Niassan-Koura. Par
ailleurs la carence de vitamine A est très forte (6,5%) dépassant
la prévalence nationale (1,5%). Ces résultats confirment aussi
ceux du Centre National de Nutrition (CNN)» (p.75).
Ainsi, trois ans après son application au Sourou,
l'agro-business n'avait pas encore atteint les objectifs à lui
confiés par l'Etat. Pourtant dans presque tous les pays, les lois
foncières sont révisées pour satisfaire les nouvelles
exigences de l'agro-business. DIALLA (2002) analyse cette dynamique
foncière à travers l'évolution des lois foncières
qui ont abouti à l'agro-business représenté par le
privé. Les relectures de la RAF en 1991, en 1996, et en 2010,
s'inscrivent dans ce cadre. ZONGO (2010) a abouti aux mêmes conclusions
à travers son étude portant sur les terres non
aménagées du Ziro. Et les conséquences sont selon cet
auteur :
«L'installation non coordonnée ni
réglementée dans la province du Ziro, une évolution rapide
d'accès à la terre, notamment par la monétarisation et
marchandisation dans le contexte d'un système foncier fondé sur
l'existence de la propriété privée. La gestion
individuelle des opportunités foncières dans l'accès
à la terre des agro-businessmen
8
aura comme conséquence les déclenchements
des compétitions intra-familiales de plus en plus récurrentes, la
remise en cause des transactions foncières traditionnelles notamment par
les retraits, la diminution des superficies» (p 156).
L'avènement de l'agro-business au Burkina Faso et les
conséquences qui en découlent n'ont pas épargnés
les coopératives des périmètres agricoles du Sourou. Pour
PALE (2003), les coopératives paysannes ne sont pas viables à
cause de l'agro-business qui attire ces membres abandonne celle-ci pour les
comités de gestion et cela à tord ou à raison avec
certaines conséquences : expulsion des paysans de leurs terres et
changement de statut. Ils passent du statut d'exploitant familial à
celui d'ouvrier agricole pour aboutir à celui de paysan sans terre. On
assiste alors à leur paupérisation et leur exode rural vers les
zones rurales et vers les centres urbains. Ainsi la sédentarisation
visée par la mise en place des coopératives est remise en cause.
RWABAHUNGU (2002) avait aussi abouti à cette conclusion : « la
privatisation de la terre s'est avérée ne pas être une
solution miracle pour la sécurisation foncière» (p 1).
Cette insécurité foncière, conséquence de la
privatisation des terres ne sera pas en faveur de la sécurité
alimentaire.
BURBACH et FLYNN (1980) voient en l'agro-business la
principale cause de la marginalisation du monde rural car au lieu d'être
une solution aux crises alimentaires, elle en est la cause, surtout avec le
démantèlement de l'agriculture et la production des
denrées alimentaires sacrifiées sous le libéralisme. Face
à cette évolution incertaine avec l'agro-business, FALL (2008)
est plutôt pour le maintien d'un grand nombre de personnes dans
l'agriculture tout en les incitant à produire plus. Il est aussi pour
l'adoption de stratégies de financement de l'agriculture familiale et
l'inter-sectoralité des politiques agricoles pour lutter contre
l'insécurité alimentaire, la régulation des marchés
et la promotion des échanges entre les régions en vue de
constituer des stocks de sécurité pour les couches
vulnérables, et profiter de la complémentarité des bassins
de production, pour renforcer les marchés transfrontaliers, faciliter
l'approvisionnement des zones déficitaires en denrées
alimentaires au lieu de promouvoir l'agro-business. Aussi dans son étude
il aboutit au résultats que malgré tout, certaines cultures
pratiquées sous forme familiale ont permis néanmoins à
certains pays africains d'être les premiers au plan mondial. Les
pratiques culturales familiales ne sont donc pas sclérosées.
Contrairement, à FALL, la FAO, n'est pas pour le
maintien de l'agriculture familiale seulement dans le système de
production agricole car pour cette organisation, la recherche de solutions
à la faim et à la pauvreté doit être
multidimensionnelle. Aussi, toujours selon elle, la recherche de solution aux
crises alimentaires nécessite aussi un melting-pot à travers un
dialogue constructif sur l'agro-business avec les différents groupes
d'acteurs. Sinon, le passage en force de l'agriculture familiale à
l'agro-business suscitera des controverses et l'opposition des
9
populations locales. Cette cohabitation de l'agriculture
familiale et de l'agro-business comporte cependant quelques risques. Selon
(LACOUR, 2006), en Amérique Centrale et au Sri Lanka par exemple, cette
cohabitation a été en défaveur des petits producteurs. En
effet, ne pouvant plus supporter la pression exercée par les
agro-businessmen, les producteurs familiaux ont été
acculés à «vendre leur seul bien qui leur reste: la
terre ». Au Sourou aussi, l'analyse des rapports socio-fonciers et
les jeux d'acteurs entre exploitants familiaux, coopérateurs en faveur
des agro-businessmen se rapproche de cette réalité surtout qu'on
a désormais des exploitants de fait et des exploitants sans terre.
Au delà de tout, l'agro-business est pour SISSOKO
(2009), une solution à l'insécurité alimentaire.
Au regard de cette revue de littérature, nous pouvons
dire que ces différentes études ont approfondi certains aspects
de la sécurité foncière, de la sécurité
alimentaire, et de l'agro-business et servent de tremplin pour les recherches
actuelles et futures. Cependant, les différents auteurs ne sont pas
unanimes sur l'analyse de la question et d'autres ne l'abordent pas clairement.
Ce qui veut dire que ce sujet n'est pas traité dans tous ses aspects. La
recherche sur ce thème n'est donc pas épuisée. C'est
pourquoi notre étude s'insère avec pertinence dans ce champ
d'investigation à travers des objectifs qui en prouvent
l'actualité.
1.1.3. Les objectifs de l'étude
L'objectif global de l'étude est de contribuer à
l'analyse des relations entre les pratiques agricoles d'agro-business et les
perspectives de sécurisation foncière et alimentaire au Sourou.
De cet objectif global découlent les objectifs spécifiques
suivants ; il s'agit de :
- décrire les pratiques de l'agro-business dans un
contexte local marqué par une prédominance de la petite
paysannerie à Niasan, Di, Débé et Gouran au Sourou ;
- analyser les perspectives de sécurisation
foncière des différents acteurs d'agro-business dans les
localités de Niassan, Di, Débé et Gouran au Sourou ;
- analyser les perspectives d'une atteinte de la
sécurité alimentaire au moyen de l'agro-business dans les
localités de Niassan, Di, Débé et Gouran au Sourou.
1.1.4. Les hypothèses
Notre principale hypothèse soutient que les pratiques
agricoles d'agrobusiness ne sont pas compatibles avec les perspectives de
sécurisation foncière et alimentaire au Sourou. Les
hypothèses spécifiques sont les suivantes :
10
- la place de l'agro-business dans la production agricole des
localités de Niassan, Di, Débé et Gouran au Sourou est
faible comparativement à celle du reste de la petite paysannerie ;
- l'agro-business au Sourou n'est pas encore un modèle
agricole offrant à ses différents acteurs des perspectives de
sécurité foncière à Niassan, Di, Débé
et Gouran ;
- dans les localités de Niassan, Di, Débé
et Gouran, l'agro-business n'est pas la solution d'atteinte de la
sécurité alimentaire au Sourou.
1.1.5. La définition des concepts, les variables
d'études et la grille conceptuelle
Il s'agit des variables d'étude, de la grille
conceptuelle, et de la définition des concepts utilisés.
1.1.5.1. La définition des concepts
Notre étude véhicule un certain nombre de concepts
tels que : agrobusiness, agro-businessmen
sécurité foncière,
insécurité foncière, sécurité alimentaire,
insécurité alimentaire, ouvriers agricoles, cahier des charges.
Ceux-ci sont définis ci-dessous pour faciliter la compréhension
:
Agro-business
L'agro-business encore appelée agriculture capitaliste,
agriculture industrielle, agriculture patronale, agriculture nouvelle,
agriculture intégrée, ou la grande culture
mécanisée est un terme d'origine européenne pour
désigner l'ensemble des activités associées à la
production, la transformation, la commercialisation des produits agricoles.
Pour SISSOKO, (2009), l'agro-business est « l'ensemble des
activités directement liées à l'agriculture de l'amont
(semences, engrais, équipements, main d'oeuvre) à l'aval
(produits finis, commercialisation » (p 7).
Selon le MAHRH (2008) cité par OUEDRAOGO (2011) :
« Le Burkina Faso assimile l'agro-business aux
initiatives d'exploitation agricoles modernes. On entend par exploitation
moderne une exploitation disposant d'un minimum d'investissement
(infrastructure et équipement) et d'employés salariés
où sont appliquées les techniques modernes de production
permettant d'avoir des rendements au-dessus de la moyenne. La production est
principalement destinée à la vente » (p32).
En d'autres termes, l'agrobusiness est l'ensemble des
activités liées à la modernisation des services dans
toutes les filières agricoles. Dans la conception courante au milieu
agricole du Burkina Faso, l'agrobusiness, c'est faire du business dans
l'agriculture.
Les agro-businessmen
L'agro-business a ses acteurs: les agro-businessmen. Il s'agit
d'après le Forum de Bogandé cité par OUEDRAOGO (2011):
11
« L'ensemble des producteurs provenant du monde des
fonctionnaires, des salariés, des jeunes agriculteurs (trices) et des
opérateurs économiques dont l'activité est de
générer un surplus important de production agricole,
commercialisables. En d'autres termes, ceux qui
investissent ou qui cherchent des opportunités d'investissements dans le
secteur agricole pour aller au-delà de l'autosuffisance
alimentaire» (p32).
En fait, c'est la bourgeoisie agricole : anciens
coopérateurs, élus, salariés (cadre supérieurs de
l'Etat ou ONG), commerçants, retraité. C'est à ceux-ci que
va être progressivement confiée la difficile et complexe mission
d'atteinte de la sécurité alimentaire. Mais, est ce que la
recherche de plus value est-elle compatibles avec la sécurité
alimentaire?
Sécurité foncière/
insécurité foncière:
La sécurité foncière : elle fait
référence selon CISSE et DIAKITE(2007) au « degré
de confiance qu'a un individu ou groupe d'individus de ne pas être
privé arbitrairement de ces droits fonciers dont il a la jouissance et/
ou des avantages économiques » (p 3). Si les acteurs ruraux
sont sécurisés dans la jouissance de leurs terres et
bénéficient d'un environnement économique et social
favorable pour produire, ils peuvent assurer la sécurité
alimentaire, le développement durable et s'insérer avec
succès dans le marché.
On peut donc déduire que l'insécurité
foncière est une situation d'instabilité qui entrave une
jouissance sereine des droits fonciers sur la terre. Elle est
occasionnée par des conflits fonciers, la pression démographique,
la pression foncière, la confiscation ou l'expulsion d'une personne ou
groupe de personnes de leurs terres ou la venue de personnes aux objectifs
parfois opposés et des pratiques foncières
insécurisées. En ce qui concerne les acteurs d'agro-business,
l'insécurité foncière sur les périmètres
agricoles se manifeste à travers les outils juridiques et les modes
d'exploitation. L'absence de titre foncier ; une RAF, une loi
coopérative, un cahier des charges spécifiques et un protocole
d'accord qui prévoient des sanctions pouvant aboutir à
l'exclusion des parcelles sont des facteurs insécurisés. Pour
minimiser cela les agro-businessmen développent des modes de pratique
agricole qui insécurisent les autres acteurs par effets domino.
Sécurité alimentaire
/insécurité alimentaire
En ce qui concerne la sécurité alimentaire, elle
comporte cinq dimensions : la disponibilité (production
intérieure, capacité d'importation, de stockage et d'aide
alimentaire) ; l'accès (dépend du pouvoir d'achat et de
l'infrastructure disponible) ; la stabilité (infrastructures mais aussi
la stabilité climatique et politique) ; la salubrité et la
qualité (hygiène, principalement accès à l'eau).
Ainsi, la sécurité alimentaire se définit selon le MAHRH
et DCE, (2008), comme « Les gens en tout temps ont un accès
physique, social, économique à une nourriture suffisante, saine
et nutritive qui répond à leurs besoins et leurs
préférences alimentaires pour mener une vie saine et active
». Cette
12
définition est renforcée dans ce même
ouvrage par celle des Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD) à travers ces termes : « la
sécurité alimentaire est un droit qui se veut de portée
universelle, nécessite une régulation et des interventions
publiques ». En d'autres termes, la sécurité
alimentaire n'est pas l'affaire d'une seule entreprise, de l'agro-business mais
de l'Etat.
L'insécurité alimentaire quant à elle,
est parfois qualifiée de structurelle ou de chronique pour traduire
l'incapacité d'une personne ou d'un ménage d'accéder
à une alimentation suffisante et saine en tout temps. La pauvreté
et la faible pluviométrie en sont des facteurs aggravants. Elle peut
aussi être conjoncturelle s'il y a des accidents climatiques, l'incidence
des ravageurs (criquets pèlerins) et d'autres catastrophes naturelles.
Son intensité varie en fonction du degré de
vulnérabilité et de la capacité des populations à
trouver des solutions alternatives. Il s'agit de la vulnérabilité
alimentaire. Cela est illustré par OUEDRAOGO (2006) :
« La vulnérabilité réelle
résulte des rythmes naturels comme des potentialités existantes
telles qu'elles ont été mobilisées par les
sociétés humaines pour diminuer les risques naturels. En d'autres
termes, la vulnérabilité réelle varie en fonction de la
capacité des communautés à affronter les crises par une
combinaison améliorée des pratiques (culturales...), des
technologies (savoir-faire, outillage...) et des investissements... Une famille
vulnérable incapable de faire face aux imprévus « devra
serrer la ceinture » pour satisfaire ses obligations... » (p
16).
L'insécurité alimentaire conjoncturelle est
temporelle. A des périodes d'abondances succèdent des
périodes de disettes. Quand se succèdent plusieurs années
d'incapacité à entreprendre des changements techniques et
organisationnels pour améliorer les revenus et la production agricole on
aboutit à une insécurité alimentaire structurelle.
L'indisponibilité chronique des denrées alimentaires,
l'instabilité du panier de la ménagère, la pauvreté
et l'absence d'hygiène alimentaire sont ses caractéristiques.
Les ouvriers agricoles ou employés
agricoles
Ce sont les employés dans les exploitations agricoles
modernes. Cette main d'oeuvre englobe les travailleurs salariés
permanents et contractuels. Ceux-ci viennent dans l'exploitation moderne soit
par contrainte (c'est le cas des exploitants familiaux sans terres et les
expropriés de leurs terres) soit pour se faire de l'argent
(contractuels). PEREIRA. (1982) est plus explicite:
« Pour autant que la connaissance historique, encore
précaire, nous permet de le savoir, les ouvriers agricoles
descendent d'une population depuis longtemps
prolétarisée, privée de toute relation à la terre
... Du point de
vue de leur insertion dans la formation économique
et sociale dominante, les ouvriers agricoles se comportent comme des ouvriers
de l'industrie, préoccupés par le salaire, l'emploi, l'horaire,
les conditions de travail... » (p 54).
Ce statut ne garantit cependant pas la sécurité
alimentaire car le salaire peut ne pas être suffisant pour prendre en
charge toute sa famille et la dépendance n'est pas source de
sécurité car la
13
recherche de profits peut conduire à l'exploitation de
l'ouvrier agricole ou à son licenciement. Le statut de paysan sans
terres devenu ouvrier agricole est une situation de précarité
foncière.
La Réorganisation Agraire et Foncière
(RAF):
C'est l'outil de régulation foncière de base.
Elle sert à définir les droits, les devoirs, à assurer la
sécurité foncière des producteurs agricoles ou à la
compromettre. Cette loi s'applique aussi bien aux acteurs agricoles des terres
aménagées que ceux des terres non aménagées. Le
Conseil National de la Révolution (CNR) est l'initiateur. L'Ordonnance
N° 84-050/CNR/PRES du 04/08/84 portant reforme agraire et foncière
au Burkina Faso donnait naissance à cette loi pour remplacer la Loi
N°77/60/AN du 12 juillet 1960 portant réglementation des terres du
domaine privé de la Haute Volta calquée sur la
Réorganisation foncière en Afrique Occidentale Française.
Cette loi a été relue en 1991(Zatu AN VIII-39 bis du 04 juin 1991
portant RAF-BF), en 1996 : Loi N°014/96/ADP du 23 mai 1996 et en 2012 (Loi
N°034-2012/AN du 02 juillet 2012 portant Réorganisation Agraire et
Foncière). Elle restructure l'espace agraire notamment les terres
agricoles au moyen de l'aménagement, la définition des droits
d'accès, d'exploitation et de contrôle de la terre.
La loi coopérative:
La Loi Coopérative ou Loi N° 014/99/AN du15/04/99
portant réglementation des sociétés coopératives et
groupements au Burkina Faso est une loi pour réguler les
activités des coopératives et des coopérateurs au regard
de leurs revenus de plus en plus croissant. En distinguant les
coopératives rizicoles des coopératives maraîchères,
des groupements pré-coopératifs des coopératives et en
laissant plus d'autonomie aux coopérateurs, cette loi a conduit
progressivement à l'agro-business dont l'organisation en
coopérative est la source.
Le cahier des charges et le protocole
d'accord
C'est une prescription de la Réforme Agraire et
Foncière (RAF). Il est élaboré par la commission
interministérielle conformément à l'article 189 du
décret d'application de la législation foncière au Burkina
Faso disposant que l'occupation et l'exploitation des terres agricoles doivent
se faire sur la base d'un cahier des charges type et tenant compte des
conditions d'exploitation liées à chaque aménagement hydro
agricole. Le cahier de charges est un document à caractère
juridique définissant les responsabilités, les droits et devoirs
sur les aménagements hydro agricoles ; les contraventions à payer
par les exploitants agricoles en cas de violation des prescriptions. Le cahier
de charge ne suffit pas à lui seul. Il est complété par un
protocole d'accord. C'est aussi un document à caractère juridique
qui indique les conditions
14
d'applications du cahier des charges. Au Sourou l'application
de l'agro-business est guidée par ces deux textes.
1.1.5.2. Les variables d'étude
Pour analyser les pratiques de l'agro-business dans un
contexte local marqué par une prédominance de la petite
paysannerie, nous avons retenu les variables suivantes: types de
spéculations (cultures céréalières et/ou cultures
de rente, marchés d'écoulement, catégories d'acteurs dont
les cadres d'ONG, hommes politiques, salariés, commerçants,
acteurs privés). Concernant les perspectives de sécurisation
foncière des différents acteurs d'agro-business dans les
localités de Di, Niassan, Débé et Gouran au Sourou, les
variables suivantes ont été considérées : la RAF,
la loi coopérative, le cahier des charges, le protocole d'accord et la
Loi 034 portant régime foncier rural, les rapports socio-fonciers.
Enfin, pour vérifier si l'agro-business est une perspective efficace
d'atteinte à la sécurité alimentaire au Sourou, nous avons
retenu les variables telles que les habitudes alimentaires et les pouvoirs
d'achat des populations locales, les prix des produits agricoles issus de
l'agro-business sur le marché local.
1.1.5.3. La grille conceptuelle
L'ensemble des concepts et variables d'analyse est
récapitulé dans le tableau n°1.1 ci-dessous :
15
Tableau n°1.1: récapitulatif des concepts et
variables d'analyse
Objectifs spécifiques
|
Hypothèses
|
Variables de
collecte
|
Echelle d'analyse
|
Population cible
|
Analyser les
pratiques de
l'agro-business dans un contexte local marqué par une
prédominance
de la petite paysannerie
|
La place de
l'agro-business
dans la production
agricole du Sourou est faible, comparativement à celle
du reste de la paysannerie
|
cultures
céréalières et/ou cultures de rente,
marchés d'écoulement, catégories
d'acteurs (ONG, hommes politiques, salariés,
commerçants, acteurs privés)
|
les localités de
Niassan, Di, Débé et Gouran
|
Acteurs non agricoles (Autorités
coutumières, Mairie,
AMVS), acteurs
d'agro-business exploitants familiaux,
coopérateurs, agro- businessmen)
|
Analyser les
perspectives de
sécurisation
foncière des
différents acteurs
d'agro-business
|
L'agro-business accentue l'insécurité
foncière dans les
localités de Di, Niassan, Débé et
Gouran
|
RAF, Loi
coopérative,
cahier des charges, protocole d'accord et la Loi
034 portant
régime foncier
rural, rapports
socio-fonciers
|
les localités
Niassan, Di, Débé et Gouran
|
Acteurs non agricoles (Autorités
coutumières, Mairie,
AMVS), acteurs
d'agro-business exploitants familiaux,
coopérateurs, agro- businessmen)
|
Analyser les
perspectives d'une
atteinte de la sécurité
alimentaire au moyen de l'agro- business.
|
Dans les localités
de Di, Niassan, Débé et Gouran,
l'agrobusiness
n'est pas la solution d'atteinte
de la sécurité
alimentaire au Sourou
|
habitudes alimentaires
pouvoir d'achat
des populations
locales, marché
d'écoulement
|
les localités
Niassan, Di, Débé et Gouran
|
Acteurs non agricoles (Autorités
coutumières, Mairie,
AMVS), acteurs
d'agro-business exploitants familiaux,
coopérateurs, agro- businessmen)
|
16
1.2. Le cadre méthodologique
Il prend en compte les choix de l'échantillonnage, de
la cible ou du type d'échantillon et des sites d'étude et les
difficultés rencontrées.
1.2.1. Le choix de la zone d'étude
Au Sourou, plusieurs périmètres ont
été aménagés. Il s'agit des
périmètres de Koumbara (commune rurale de Koumbara), de Sono
(commune rurale de Sono), les périmètres de Di, Niassan et
Débé (commune rurale de Di) et les périmètres de
Guiédougou, Gouran (commune rurale de Lanfiera). Parmi ces
périmètres, certains ne sont pas encore concernés par
l'agro-business. Pour déterminer notre zone d'étude, nous avons
par choix raisonné exclu tous les périmètres qui
n'étaient pas concernés. Et comme l'agro-business est
pratiqué sur les périmètres agricoles de Niassan et
Débé Di et à Gouran dans la commune rurale de Lanfiera,
ces périmètres ont été retenus pour notre
étude. L'agro-business y est respectivement pratiqué sur 22, 5
ha, 50 ha et 203 ha.
Notre choix a aussi porté sur le Sourou
c'est-à-dire ses périmètres agricoles
(aménagés ou non) qui sont drainés par le cours d'eau qui
porte le même nom et ses localités environnantes pour plusieurs
raisons :
D'abord, cette zone était désignée pour
être le «Grenier du Burkina« sous le Conseil National de la
Révolution (CNR) de 1983 à 1987. Mais, cette mission n'est plus
d'actualité à cause des problèmes liés aux
aménagements hydro agricoles.
Ensuite, elle reste une zone à rebondissements.
Tantôt l'Etat se désengage, puis laisse la place soit aux
coopératives paysannes soit aux nouveaux acteurs ou opérateurs
agrobusiness, et tantôt ils s'y retournent constituant une sorte de
melting-pot. Cela a donc retenu notre attention.
Aussi, cette zone fait partie de la liste des grands
aménagements hydro-agricoles où il existe un cahier des charges
spécifiques sur le Sourou et un protocole d'accord qui orientent et
accompagnent l'exploitation de sa vallée par l'agro-business.
En plus, l'agro-business y étant pratiqué sous
forme d'agriculture intensive. Il est possible de connaître les
superficies qui reviennent à chacun, d'estimer la quantité de
leurs productions et d'établir des comparaisons avec celles des
producteurs familiaux.
Enfin, avec la présence de tous les quatre acteurs de
la production agricole (producteurs familiaux, coopérateurs,
agro-businessmen et l'Etat), il est plus aisée de passée en revue
d'analyser l'évolution des textes sur l'agriculture : de l'agriculture
familiale à l'agro-business en passant par celle des
coopératives.
17
1.2.2. La collecte des données
Elle comprend la recherche documentaire, les enquêtes de
terrain et le traitement des données.
1.2.2.1. La recherche documentaire
Elle a été déterminante dans le travail
d'élaboration de notre mémoire. Il s'agit de documents d'ordre
général et des ouvrages relatifs à l'agro-business, la
sécurité foncière et la sécurité alimentaire
: livres, thèses, mémoires, revues, articles, etc. Dans la phase
théorique de notre recherche, nous avons utilisé une certaine
démarche pour rassembler une documentation substantielle sur notre
thème afin de les exploiter. Nous avons utilisé pour ce faire
deux types de méthodes : la quête aléatoire et de la
quête systématique.
La première méthode a consisté à
consulter de façon tout azimut tous les documents à notre
disposition et de relever leurs références bibliographiques.
Comme chaque bibliographie se référait à une autre, un
livre à un autre, un article à d'autres, nous avons
découvert d'autres bibliographies. Dans notre recherche documentaire
nous les avons pris en compte.
Mais, ne pouvant ni avoir accès à tous les
documents ni épuiser toutes les sources de données, cette
méthode a été complétée par la recherche
systématique. Cette dernière a consisté à organiser
à partir des bibliographies existantes et des répertoires
accessibles, des fichiers et tous les outils de recherche documentaire y
compris les outils informatiques. Pour les bases de données en ligne,
nous avons utilisé les concepts liés à notre thème
pour avoir les informations nécessaires sur le moteur de recherche
Google.
Une grille de lecture comportant le nom de l'auteur,
l'année de parution de son document, son champ d'investigation, a
été élaborée.
Ainsi, les documents obtenus sont diversifiés non
seulement par leur couverture géographique, la spécificité
de la thématique traitée, les diverses opinions et prises de
position. Ces documents peuvent être classés en quatre groupes :
les documents relevant de la littérature grise (thèses et
mémoires, communications), revues scientifiques (articles et ouvrages
scientifiques), administrative (législations et rapports
d'activités) et la littérature grands publics (journaux et
périodiques). Toutes ces sources de données n'ont cependant pas
la même importance. Nous avons donc plus exploité les trois
premières et leur classement suit cet ordre.
Cette recherche s'est faite dans les centres de documentation
et bibliothèques de la ville de Ouagadougou : Centre International de
Recherche et de Développement (CIRD), de l'Institut Supérieur des
Sciences de la Population de l'Université de Ouagadougou (ISSP/UO), du
Comité Inter-Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel
(CILSS), de la Direction Générale des
18
Statistiques Agricoles (DGSA), Bibliothèque du
Département de Géographie (BDG), Food and Argriculture
Organization (FAO), Direction Générale de la Promotion de
l'Economie Rurale (DGPER) et la Direction Générale de l'AMVS.
1.2.2.2. Les enquêtes de terrain
Il s'agit du questionnaire et du guide d'entretien que nous
avons adressé aux agro-businessmen, aux coopérateurs, aux
populations locales et les personnes ressources pouvant nous donner des
informations sur notre thème.
Les outils de collecte de données : questionnaire
et guide d'entretien
Pour la collecte des données, nous avons d'abord obtenu
une autorisation officielle des autorités municipales de Di et de
Lanfiéra. Des contacts ont été ensuite pris avec
l'Autorité de mise en valeur de la Vallée du Sourou (AMVS), les
responsables des coopératives et les autorités coutumières
pour expliquer l'objet de notre présence dans la zone. Cela a
facilité le déroulement de l'enquête. Les outils suivants
ont été utilisés : la carte du Sourou, un questionnaire
individuel, un guide d'entretien et un dictaphone pour l'enregistrement des
entretiens. Pour notre travail de terrain, nous avons utilisé une carte
du Sourou pour l'orientation et un questionnaire individuel pour
l'enquête quantitative qui a été adressé aux
exploitants agricoles, les ménages aux alentours des
périmètres aménagés du Sourou et aux
agro-businessmen. Auprès de la population locale, l'identification de
l'enquêté, la connaissance des agro-businessmen, la
sécurité foncière et alimentaire ont été les
principales informations que nous avons recherchées. S'agissant des
agro-businessmen, leur identification, leur profil, la localisation de leurs
parcelles, les conditions de leur installation sur ces
périmètres, leur matériel de travail, leur production et
leur commercialisation, la sécurité foncière et
alimentaire, les importations et exportations des intrants et produits
agricoles et leurs attentes ont été les principaux axes du
questionnaire. Quant au guide d'entretien utilisé pour l'enquête
qualitative effectuée auprès de la DAPVA, la DAFFPA, la DATE, la
promotion de la production en général et des cultures de rentes
en particulier, la sécurité foncière et alimentaire, la
typologie des agro-businessmen et les contraintes rencontrées dans leurs
exploitations ont constitué ses principaux points. Concernant les
responsables des coopératives (Heressira, CANT, 6S, CAPSO, SOPROMAG,
SOCADT,), le comité de gestion et les responsables des marchés de
Di, Niassan, Gouran les principales informations recherchées portaient
sur la connaissance des coopératives, les productions et les
contraintes, leur situation financière, la sécurité
foncière et alimentaire, leur rapport avec les agro-businessmen.
19
L'échantillonnage
Nous avons utilisé les échantillons
démographique et spatial.
L'échantillon démographique
Il a porté sur 254 personnes enquêtées. Cette
collecte de données s'est effectuée en deux étapes :
La première d`une durée d'un mois (15 août
au 15 septembre 2011) a pris en compte les réalités agricoles des
acteurs intervenant dans la production agricole d'agro-business pendant la
campagne humide.
La seconde phase de notre enquête de terrain a eu lieu
du 15 au 29 décembre 2011 pour mieux appréhender les relations
socio-foncières et l'itinéraire cultural durant la campagne
sèche d'agro-business.
Nos enquêtés sont composés par les
agro-businessmen (autochtones et migrants), les coopérateurs des
coopératives à proximité ou éloignées des
parcelles des agro-businessmen et la population locale dont le chef de
ménage. Les objectifs de notre étude nous ont guidés dans
ce choix. Ainsi, c'est le 1/ 10 des effectifs des producteurs agricoles de la
vallée du Sourou qui a été enquêté sur une
population de 3000 personnes. Ce sont donc les acteurs directs ou indirects de
la production agricole d'agro-business. Leur répartition est la suivante
:
V' Tous les 13 agro-businessmen encore présents aux
Sourou
V' 42 exploitants locaux ;
V' 14 opérateurs privés;
V' 179 Coopérateurs
Coopératives
|
COPROMAG
|
CANI
|
Heressera
|
CAPSO
|
CRTO
|
Badenya
|
SOCADI
|
CAD
|
Coopérateurs
|
492
|
63
|
335
|
47
|
45
|
315
|
128
|
405
|
1/10 des membres
|
49
|
6
|
33
|
5
|
4
|
31
|
12
|
39
|
L'échantillon spatial
La zone géographique choisie est la zone couverte par
les périmètres aménagés de la vallée du
Sourou concernés par l'agro-business (Niassan, Di, Débé et
Gouran). Cette zone à été déterminée
grâce aux services techniques de l'AMVS. Les activités
coopératives et les localités environnantes dont la
majorité des périmètres et des villages se trouvent sur la
rive gauche du fleuve Sourou, dans le sens Nord- Sud comprenant les
périmètres de Niassan, Guiédougou, Gouran et Di. Depuis
2005, l'agro-business est pratiqué sur 203 ha (Bloc C) du
périmètre 610 ha, les 200 ha du « Projet Etudiant du Sourou
» de Niassan et sur une partie du périmètre 910 ha.
20
1.2.3.3. Le traitement et l'analyse des
données
Les données collectées ont été
traitées à l'aide avec les applications usuelles de Microsoft
Office : Word et Excel 2007 et par catégorie. Les informations qui en
ont résulté ont fait l'objet d'une analyse statistique
descriptive et transversale et nous ont permis d'analyser les relations qui
existent entre agro-business, sécurité foncière et
sécurité alimentaire au Sourou. Pour l'enquête qualitative,
la transcription manuelle des entretiens nous a aussi permis d'étayer
notre analyse.
1.2.3.4. Les difficultés du travail de
terrain
Le manque de certaines données sur la production
agricole au niveau des agro-businessmen, de l'Autorité de Mise en Valeur
de la Vallée du Sourou (AMVS) et au niveau des coopératives est
l'une des insuffisances. Aussi, nous n'avons pas eu de données
concernant les productions agricoles des populations locales au niveau de la
Direction Régionale de l'Agriculture de l'Hydraulique et des Ressources
Halieutiques et sur les villages de Niassan, Di, Débé, et Gouran
de 2005 à 2010 . Chose qui nous a contraints à prendre les
données agricoles des communes rurales de Di et Lanfiera comme base de
notre analyse. Enfin, nous n'avons pas pu enquêter les ouvriers agricoles
car les travaux étaient achevés et nous sommes contentés
des données fournies par les agro-businessmen et la déclaration
de leur bonne foi. Cela a limité certaines de nos analyses.
Malgré ces difficultés, nous avons pu mener
l'étude dont les résultats sont présentés dans ce
document.
21
PARTIE I: LA PRESENTATION DE LA ZONE D'ETUDE
22
Introduction:
Les déterminants physiques et les
caractéristiques humaines sont nécessaires pour la pratique de
l'agro-business. Il s'agit du climat, des aspects bios- physiques la structure
par âge et par sexe, l'historique de peuplement, le régime foncier
traditionnel et les caractéristiques socio-
économiques. La terre capital foncier de
l'agro-businessman, constituée par les éléments
géologiques et géomorphologiques dépendra du climat pour
s'humidifier. Elle est le premier facteur de production agricole
d'agro-business Les caractéristiques humaines permettent aux
agro-businessmen de disposer d'un capital humain composé d'ouvriers
agricoles contractuels et
permanents.
23
Chapitre 1: Les déterminants physiques de la
pratique de l'agro-business au Sourou Pour la pratique et le
développement de l'agro-business, certaines conditions son
nécessaires. Il s'agit des déterminants physiques. Ils sont
d'ordre naturel (le climat, la biophysique). Le Sourou notre zone
d'étude bénéficie de ces conditions. Quels sont leurs
apports, leurs influences sur l'agro-business, la sécurité
foncière et alimentaire au Sourou? Dans ce chapitre nous tenterons de
donner des réponses à travers analyses et illustrations.
1.1. Présentation du Sourou
Située au Nord-Ouest du Burkina Faso, la province du
Sourou couvre une superficie de 9 487 km2 .Elle est comprise entre
02°30' et 03°30' de longitude Ouest ; 12°30'et13°30' de
latitude Nord. Elle est limitée au Nord par la province du Yatenga et la
République du Mali, au Sud par la province du Mouhoun et du
Sanguié, à l'Est par les provinces du Yatenta, du Passoré
et du Sanguié, à l'Ouest par la République du Mali et les
provinces du Mouhoun et de la Kossi. Cette province a plusieurs communes
rurales, au total. Nous nous intéressons à deux d'entre-elles :
Di et Lanfiéra. Elles se situent respectivement à l'Ouest et au
Sud - Ouest de la province du Sourou. Ces deux communes rurales ont l'avantage
de regrouper le plus grands nombre de périmètres agricoles sur
lesquels se pratique l'agro-business.
Carte n° 1.1: Situation géographique du
Sourou
24
1.2. Les caractéristiques climatiques
Le climat du Sourou est de type soudano- sahélien. Il
comporte deux saisons: une saison sèche et une saison humide avec une
évapotranspiration et des vents spécifiques. Dans notre zone
d'étude (Niassan, Di, Débé, et Gouran), les types de
cultures sont calqués sur le climat.
1.2.1. Les précipitations
Au Sourou, la pluviométrie est capricieuse.. En effet,
les quantités d'eau mensuelles et annuelles varient dans le temps et
dans l'espace. Les données pluviométriques recueillies à
partir de la station de l'INERA de Di varient en dents de scie. Elles font
ressortir 5 à 8 mois de pluies avec des quantités mensuelles
variant de 0,2 mm à 266,9 mm et des moyennes annuelles comprises entre
525,2 mm et 881,6 mm de 2000 à 2011. La moyenne annuelle des
précipitations de cette zone est supérieure à celle de la
région du Nord avec une moyenne de 600 mm d'eau par an. Le nombre de
mois secs varie aussi d'une année à l'autre entre 4 et 7 mois
dans ce même intervalle de temps. Ces variations pluviométriques
limitent la pratique de certaines cultures si elle n'est pas
complétée par l'irrigation. Les aménagements
hydro-agricoles répondent à ces exigences.
1.2.2. Les températures et
l'évapotranspiration
En ce qui concerne les températures, elles varient en
fonction des saisons (sèche et froide, sèche et chaude, humide).
La saison sèche dure 6-8 mois. Pendant les mois secs et froids (novembre
à février), la moyenne minimale des températures oscille
entre 17°c et 22,8°c. Le mois de février est cependant le plus
froid de tous. Ces mois froids sont favorables à la culture
maraîchère. Mais, cette période brève diminue le
rendement du riz si elle coïncide avec la montaison. Les
températures de la période chaude sont surtout vécues
pendant les mois de mars et de mai avec des maxima compris entre 35°c
à 41°c. Plus la température augmente plus
l'évaporation est accélérée. Des
températures moyennes variant de 35°C à 41°C provoquent
une évaporation de 2,195 mm. Les mois de mars et mai sont ceux de la
forte évaporation avec des valeurs variant de 13 mm à 15 mm. Cela
provoque aussi une augmentation de la cohésion et une prise en masse du
sol (BUNASOLS. 1988). Elles provoquent aussi l'échaudage de la culture
de riz qui dure 4 à 6 mois. Les températures moyennes mensuelles
varient entre 26°c et 34°c.
Quant aux mois de juillet à novembre, c'est la
période humide. La température moyenne est de 28,2°C. Elle
est favorable à la culture du riz et du maïs pour la
majorité des coopérateurs du Sourou et la population locale dans
les périmètres aménagés et en paysannat d'une part
et des agro-businessmen qu'il s'agisse du riz, du maïs, du mil, du sorgho
qui sont les principales cultures. Ces températures ne sont pas
favorables au séchage du riz à cause des pluies
25
1.2. 3. Les vents
Ils ont des effets bénéfiques ou des impacts
négatifs pour les cultures pratiquées. Pendant la saison des
pluies, le vent qui souffle est la mousson. Il apporte les pluies. Il fait
partie des vents de l'ouest et se déplace du Sud-Ouest vers le Nord-Est
du pays. Pendant l'épiaison, ce vent peut dévaster des champs de
maïs ou de mil s'il y a stress hydrique. Quant à l'harmattan,
catégorie de vents secs et dominants pendant la saison sèche il
souffle du Nord-Est vers le Sud-Ouest du Burkina Faso tout en balayant le
Sourou.
1.3. Les aspects biophysiques de la zone de pratique de
l'agro-business
Il s'agit de la géomorphologie, du réseau
hydrographique, des types de sols et de la végétation. Ces
facteurs apportent aussi des conditions favorables à la pratique de
l'agro-business.
1.3.1. La géomorphologie
La vallée du Sourou est décrite comme un flanc
Est d'un synclinal dont l'axe se trouverait approximativement sous le cours
d'eau de l'actuel Niger. Le substratum géologique à niveau
dolomitique détermine un modèle à cuvette d'effondrement
fermée qui communique avec le lit mineur d'une profondeur comprise entre
75 à 125 cm. Les dépressions ont un diamètre compris entre
100 à 300 m. Ainsi, le relief de la vallée du Sourou est
composé de plusieurs modelés de formes variées. Il s'agit
des plaines peu accidentées avec une altitude moyenne de 250 m donnant
la forme de fond de bateau fermé par l'enfouissement des fleuves Mouhoun
et Sourou. Ce qui exige une irrigation par pompage puisque les eaux des canaux
se situent à 3,5m par rapport à la surface des
périmètres. De l'altitude 255-273 m, constituant la zone non
inondable, le modelé est très plat. La pente
générale redescend vers le fleuve Sourou et qui ne dépasse
localement 0,5 %. Néanmoins, le Débé (marigot)
situé dans la partie Nord-Est de la vallée du Sourou bouleverse
légèrement ce modèle par la formation de quelques
levées (BUNASOLS, 1988).
1.3.2. Le réseau hydrographique
Notre étude porte essentiellement sur les eaux de
surface (marigot, fleuves). Elles sont localisées en grande partie dans
les zones inondables dites zones basses et dans les zones peu inondables ou
zone moyenne. Les principaux cours d'eau sont : Débé, Sourou,
Mouhoun On y trouve aussi quelques retenues d'eau localisées dans les
dépressions spontanées et surtout pendant les mois humides. Il
s'agit des lacs.
Le Mouhoun, autrefois appelé Volta Noire prend sa
source à 70 km au Sud-Ouest de Bobo Dioulasso à une altitude de
500 m. Ce grand cours d'eau a une orientation Nord-Est et de Est-Nord-Est sur
une distance d'environ 1000 km. Le débit moyen mensuel observé en
mars
26
(minimum d'étiage) atteint 30,5 m3/seconde,
contre un débit moyen de 919 m3 en septembre, principal mois
de crue. Il alimente le Sourou pendant sa période de crue et est
déterminant dans les aménagements hydro-agricoles dans la
vallée du Sourou. Le remplissage du Mouhoun par le Sourou se fait par
vidange dans le Sourou.
Le Sourou est un cours d'eau orienté du Nord-Est vers
le Sud. Le Débé est son seul affluent. Avec la construction de la
vanne de Léry, le Sourou joue alternativement le rôle de
défluent (remplissage) en période de crue pendant laquelle il
restitue au Mouhoun 110 millions de m3. Pendant l'hivernage
notamment à partir du mois d'août, le Sourou est rempli avec les
eaux du Mouhoun. On estime à 350 millions de m3 d'eau qu'il
reçoit. Ce fleuve joue un rôle déterminant dans les
activités rizicoles pour la majorité par les coopérateurs
et des populations locales. Il en est de même pour le maïs, les
cultures maraîchères pour les agro-businessmen. La carte
n°1.1 donne la répartition des cours d'eau du Sourou et les
affluents:
carte n°1.2: le réseau hydrographie du
Sourou
1.3.3. Les types de sols
La séquence pédologique de la vallée du
Sourou fait apparaître cinq ensembles de sols repartis sur deux grandes
zones. Il s'agit des sols des zones inondables et des sols des zones
exondées. Ces sols couvrent une superficie de 302 000 ha (GERSAR,
1987).
27
Les sols exondés comprennent les sols associés
aux sables éoliens occupant 38,75 % de la superficie totale soit 117000
ha. Ils se localisent au Nord-Ouest de la vallée du Sourou. Ces sols
sont uniquement destinés à l'agriculture pluviale et au
pastoralisme du fait de l'éloignement des ressources en eau. A cet
ensemble, s'ajoutent les sols associés aux cuirasses ferrugineuses. Ils
sont généralement occupés par les habitants et se
localisent dans la zone haute ou non inondable. Ils couvrent 1,5% de la
superficie totale soit4 500 ha. Les sols limono-sableux non inondables et non
cuirassés constituent le dernier ensemble. Situé dans la zone
exondée ils couvrent 26,82% de la superficie totale soit 81 000 ha.
S'agissant des sols des zones inondables, il y a deux types : les sols
associés aux alluvions à nodules calcaires, à
caractères vertiques. Ils sont très fertiles mais des moyens
mécaniques puissants sont nécessaires pour leur mise en valeur.
Ils occupent 31% de la superficie totale soit 94 000 ha. Il y a aussi les sols
des plaines alluviales. Ils ont une nature physico-chimique très
variable. Leur utilisation requiert un assainissement et une bonne connaissance
du régime hydrologique. La superficie couverte par ces sols est de 6 000
ha soit 2 % de la surface totale. Ainsi, au Sourou des sols qui favorisent la
pratique de l'agriculture familiale sur 117 000 ha et 102 000 ha pour les
cultures irriguées (des coopératives et d'agro-business) soit 33%
de la superficie de la vallée du Sourou (GERSAR, 1987). Ils constituent
un atout pour peu qu'il y ait des moyens techniques plus adaptés et des
engrais de qualité. La carte n°2.3 donne la répartition des
sols et leurs aptitudes:
28
Carte n°1.3: La répartition des sols au
Sourou
Les sols du Sourou n'ont pas la même aptitude agricole.
S'ils sont continus à certains endroits, ailleurs ce sont des lambeaux.
Ainsi, il y'aura une ruée vers les terres à moyenne aptitude pour
les activités agricoles. Les périmètres agricoles occupent
ces zones. Ils intéressent les coopérateurs et les
agro-businessmen. Les petits paysans se contentent des sols à faibles
aptitudes pour les cultures céréalières avec des moyennes
parfois rudimentaires.
29
Chapitre 2: Les facteurs socio-
démographiques
La composition socio - démographique de notre zone
d'étude fait ressortir divers groupes ethniques présents dans la
zone d'étude. Cette composition est liée à l'un des
objectifs de la vallée du Sourou qui est la sédentarisation de la
population burkinabé. Par le mariage ethnique et interreligieux, les
différents groupes sociaux ont fini par se familiariser mais autochtones
comme migrants ont gardé leurs pratiques coutumières.
2.1. La structure par âge et par sexe de la
population
Ces deux variables sont déterminantes dans la pratique
de l'agro-business. Elles rendent compte de la disponibilité en main
d'oeuvre potentielle pour les agro-businessmen et probablement des risques qui
les attendent.
L'étude de ces variables a pour objet d'évaluer
les moyens humains à la disposition des agro-businessmen pour servir
d'ouvriers agricoles. Le nombre d'adulte au sein de cette population retiendra
plus notre attention. Le tableau n°2.1 donne la composition :
Tableau n°2.1: Structure par sexe et par âge
des localités de notre d'étude
|
Population résidente par sexe
|
Population résidente par âge
|
|
Nombre de ménages
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
% femmes
|
0-14 ans
|
15-64 ans
|
65 ans et +
|
Age ND
|
Commune rurale de Di
|
4152
|
12 319
|
11 544
|
23 863
|
48,38
|
11 573
|
11 457
|
698
|
135
|
Villages
|
Débé
|
912
|
2 768
|
2 468
|
5 236
|
47, 14
|
2 463
|
2 644
|
85
|
44
|
Di
|
128
|
381
|
363
|
744
|
48,79
|
372
|
357
|
15
|
0
|
Niassan
|
865
|
2 386
|
2 126
|
4 512
|
47
|
2 221
|
2 206
|
66
|
19
|
Commune rurale de Lanfièra
|
3 229
|
9 548
|
9 269
|
18 817
|
49,26
|
8 819
|
8 819
|
9 175
|
86
|
Gouran
|
494
|
1 370
|
1 357
|
2 727
|
50
|
1 312
|
1 312
|
1 333
|
2
|
Source: INSD, (2009)
De ce tableau, il ressort que la proportion des hommes est
supérieure à celle des femmes (respectivement 51,62% et 48,38%
des effectifs). D'une commune rurale à l'autre ou d'un village à
un autre, c'est le même constat. Cette disparité se rencontre
aussi au niveau des âges. Cela serait lié au fait que l'aventure
est surtout l'affaire des hommes que des femmes. La main d'oeuvre des
agro-businessmen sera plus dominée par ceux-ci. D'autre part, la
pauvreté pourrait expliquer le nombre élevé d'hommes par
rapport aux femmes car se marier c'est prendre en charge les avantages ou les
problèmes qui y sont liés. En effet, pour la région de la
Boucle du Mouhoun comportant six provinces, dont le Sourou, l'incidence de la
pauvreté est de
30
60,4%. Cela représente 21,3% du taux national de
pauvreté et 9,6% à sa profondeur (CSLP, 2004: p.18).
2.2. Historique du peuplement et des mouvements
migratoires
Le peuplement des rives du Sourou s'est fait de façon
progressive. Chronologiquement, on trouve les Pana. Ils auraient occupé
d'abord la rive Ouest puis la rive Est. Ils sont aussi à l'origine des
villages de Poro, de Bounawé. Entre le XVè et le
XVIè siècle, ils seront rejoints par les Samo ou San
venus du Mandé comme les Pana. Actuellement, l'aire de peuplement des
Samo s'étend de la province du Sourou à la province du Nayala
principalement.
Quant aux Marka ou Dafing, ils sont à l'origine de la
création du village de Niassan et du Marché de Gouran. Leurs
activités principales sont l'agriculture et le commerce.
Au XXè siècle, la vallée
servira d'exécutoire aux fortes densités de la plaine centrale
suite à la famine qui a servi de prétexte pour la suppression de
la colonie de Haute Volta en 1932 et aux vallées infestées par
l'onchocercose. Les Sana sont aussi présents dans le Sourou. Leur zone
d'occupation est le village de Di où ils représentent 15 % de la
population (CISSE, 1999).
Les Peul et Rimaïbé sont aussi dans la composition
de la population du Sourou. L'élevage et l'agriculture sont leurs
principales activités. Les Dogons, les moosé ont
été aussi accueillis. Cette colonisation agricole des
Moosé de Yatenga en pays San commencée depuis le début du
XXè siècle s'accentuera en 1956 avec l'afflux massif
de migrants (27 000 personnes dans le cercle de Tougan et 4 000 dans celui de
Nouna). Pour accueillir les rapatriés de l'office du Niger en 1965, le
premier périmètre irrigué de la vallée du Sourou a
été créé avec le soutien de la Croix Rouge. Cette
colonisation sera aussi nourrie par le rêve des migrants et l'ignorance
sur les potentialités réelles du Sourou. Cela a été
motivé par l'Etat et les entreprises qui faisaient de la vallée
du Sourou, « la Côte d'ivoire d'à côté
» (BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA, 2003). La recherche de l'argent
par les exploitants est aussi l'un des éléments de peuplement du
Sourou principalement après l'aménagement des 50 ha et des 500 ha
de Débé, les 203 ha des 610 ha aménagés à
Gouran pour l'agro-business. La pression démographique est aussi
évoquée. Enfin, la vision capitaliste de l'espace hydraulique par
les différents gouvernements est aussi un élément de
l'historique du peuplement de la vallée du Sourou. Elle a
favorisé le secteur privé avec l'introduction d'autres
catégories d'acteurs : les agro-businessmen.
Tous ces éléments imbriqués donnent un
taux de migrants internes compris entre 1,6 et 2,2% en 1996. Les communes
rurales de Di, et Lanfiéra, situées à la rive Est
rassemble le plus de personnes. Au total dans ces deux départements
entre 1986 - 1996, 15 000 personnes se sont ainsi établies.
Débé a vu sa population se multiplier par douze et Niassan par 8.
La population
31
dans ces villages s'est accrue à un rythme moyen de 70
- 102 % de 1985 à 1996. Di qui a bénéficié des plus
forts contingents a doublé sa démographie. La densité de
la population de la province est passée de 41 habitants à 68
habitants au km2 entre 1985 à 1996. Aussi, sur les 5 768
km2 de superficie des 171 villages de la province non seulement la
population a augmenté de 22 % mais aussi sa densité est
passée de 18 à 38 habitants au km2. La rive orientale
concentrait à elle seule 80 habitants au km2 de 1985 à
1996. Cette augmentation de la population est nettement supérieure
à celle du Mouhoun qui est de 3,9%.
2.3. Le régime foncier traditionnel.
Dans ce régime la propriété de la terre
est détenue par la collectivité. Mais, c'est le chef de terre qui
distribue la terre aux membres du lignage, aux groupes ethniques et aux
individus. Tous peuvent en principe avoir accès à la terre mais
à cause de la pression foncière sur les terres, tous n'ont pas
les mêmes droits sur la terre. Deux types de droits peuvent être
distingués : le droit d'usage et le droit de possession.
Le droit de possession : il s'exerce sur les champs
personnels, familiaux, de concession. Il est rigide pour la zone de jardin de
case à cause des plus grandes pressions et des groupes usufruitiers et
plus souple pour la zone de brousse ou la pression foncière est moins
forte.
Quant au droit d'usage, il est de durée limitée
car la terre peut être prêtée et reprise à tout
moment. Il est appelé droit de culture. Mais, il peut être
transformé en droit de possession imprescriptible. C'est grâce
à ce droit que des terres sont attribuées aux immigrés.
Au Burkina Faso, avec l'adoption de la Réorganisation
Agraire et Foncière (RAF) depuis 1984, ce régime a
évolué au profit du régime foncier moderne et prend en
compte l'ensemble des terres agricoles et pastorales du Burkina Faso. Il n'a
pas aussi de droit foncier traditionnel sur les terres irriguées. Mais,
même avec la RAF, sur les terres rurales, il y a parfois des conflits de
légitimité avec les autorités coutumières car
l'Etat n'arrive pas à affirmer son autorité sur ces terres.
2.4. Les facteurs socio-économiques de la
pratique de l'agro-business au Sourou : l'élévage
C'est une autre activité humaine pratiquée au Sourou.
Cet élevage est de type extensif. Par le complexe agro-pastoral,
l'élevage fournit aux producteurs des animaux de traction (boeufs,
ânes, chevaux) de charrues, de herse aux exploitants familiaux comme aux
agro-businessmen. Des parcs animaliers en général de boeufs
existent à Di et à Gouran. Par sa proximité avec le Mali
(13 km), l'aire pastorale devient extensive. Elle constitue une zone favorable
à l'élevage car la végétation est encore abondante
et sert de pâturage. Le tableau no2.2 ci-dessous donne la
répartition du cheptel.
32
Tableau n°2.2: Répartition du cheptel et de
la volaille du Sourou de 2005-2009
Animaux
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Porcins
|
Asins
|
Camelins
|
Equins
|
Poules
|
Nombre
|
18374
|
13458
|
32040
|
3049
|
4538
|
63
|
24
|
103120
|
Source : DPRA/ Sourou + actualisation sur la
base de projection, (2009).
Dans cette zone, l'élevage du gros bétail est
prédominant suivi des ovins et des caprins. Cela pourrait s'expliquer
par leur part active dans les travaux champêtres et comme moyen de
transport. Les équins sont utilisés pour la traction des herses
et constituent aussi le prestige pour les délégués de
villages. La localisation de ces périmètres est importante :
2.5. La localisation des périmètres
exploités par les agro-businessmen
L'agro-business au Sourou se distingue de l'agriculture
familiale par la superficie exploitée. Cette superficie est
définie par le cahier des charges du Sourou. L'Article 10 de ce document
précise le nombre d'hectares à exploiter par exploitant
agro-business et familial. La localisation des superficies à exploiter
nous indiquera la place occupée par l'agro-business dans notre zone
d'étude. Ils se situent dans les communes rurales de Di et
Lanfiéra.
2.5.1. Les périmètres agricoles de la commune
rurale de Di
Dans la commune rurale de Di, le périmètre 200
ha de Niassan ou Périmètre du Projet «Etudiant du
Sourou» a été le premier périmètre qui,
après l'entrée du Burkina Faso dans les Programmes d'Ajustement
Structurel (PAS) à expérimenter l'agro-business à travers
les étudiants diplômés. Mais, l'alibi de retour à la
terre pour donner du travail aux étudiants sera
désenchanté car considéré comme une sanction de
l'intelligentsia burkinabé. L'entretien réalisé avec un
des responsables de l'AMVS est évocateur:
«Dans un premier temps, le périmètre
200 ha a été utilisé par les étudiants et
après ils sont partis un à un et finalement tous sont partis. Ils
ont trouvé que cela ne les arrangeait pas. Les premiers à partir,
c'est sûr qu'ils ont eu des opportunités. Les derniers à
partir, c'est qu'ils ont eu des opportunités plus tard».
Si les Etudiants sont partis, d'autres agro-businessmen ont
pris le relais avec un essai de production de pomme de terre au cours de la
campagne 2005 - 2006. Cette culture a permis de relancer ce
périmètre mais cette autre tentative sera aussi un échec
à cause des difficultés liées au coût de production
de cette spéculation. En définitive, on est passé de 67,3
ha (33,75 %) à 22,5 ha soit 11,25% des 200 ha pour l'agro-business. Le
reste de cette superficie est exploitée par la coopérative
Heressera.
Nous avons aussi le périmètre 420 ha dont 16,7%
de cette superficie soit 70 ha ont servi pour la production de pomme de terre
de 2005 à 2010 par l'entreprise Pro-agro C'était la plus
grande
33
entreprise d'agro-business à l'époque. De nos
jours, cette entreprise a migré sur les périmètres
irrigués de Bagré car au Sourou les terres étaient en
location.
Enfin le périmètre 910 hectares de
Débé est aussi exploité en partie en agro-business.
C'était le Périmètre du «Projet 1 000 filles du
Sourou» réalisé grâce au financement de la Caisse
Nationale de Sécurité Sociale (CNSS). Ce périmètre
est actuellement partagé entre les petits exploitants privés
et
les agro-businessmen qui exploitent 11,1% des superficies soit
50 ha. La carte n° 2.4 localise ces périmètres.
Carte n°2.1: Présentation diachronique des
périmètres agricoles de la commune rurale
de Di
On constate que la plupart des périmètres
aménagés se localisent au Sud de la commune rurale de Di. Ces
périmètres sont aussi situés le long des cours d'eau
(Débé et Sourou). La facilité d'accès à
l'eau serait le principal motif.
34
2.5.2. Les périmètres agricoles de la commune
rurale de Lanfiéra
Sur plusieurs périmètres que compte la commune
rurale de Lanfiéra, un seul est concerné par
notre étude. C'est le périmètre 540 hectares
de Gouran. Il se retrouve dans le complexe 610 ha Gouran-Di dont 540 ha sont
à Gouran et 70 ha à Di. A Gouran, ce sont 203 ha qui sont
exploités en agro-business sur le bloc soit 37,6% des 540 ha. La carte
n°2.5 nous localise ces périmètres :
Carte n°2.2: Présentation diachronique des
périmètres agricoles de la Commune rurale de
Lanfiera
Les périmètres irrigués de Gouran sont
comme un prolongement de ceux de Di, localité située au Sud de
celle-ci. Ils sont aussi situés le long du fleuve Sourou.
Aussi, ce sont les périmètres qui concentrent le
plus d'agro-businessmen (10 des 13 agro-businessmen enquêtés).
Leur comité porte même le nom de cette localité. Cette
localisation de ces périmètres dans cette localité va leur
donner des valeurs supérieures à celles des coopératives.
Il y aura donc une discrimination spatiale et économique liées
à ces périmètres.
35
Conclusion partielle
Au regard de la disponibilité de certains facteurs
physico-humains favorables, le Sourou a pu réunir en lui seul certaines
contradictions, d'acteurs agricoles aux multiples besoins et objectifs. Cela a
été voulu au départ par l'occupant colonial qui avait
déjà aperçu une possibilité de développer
l'agriculture. Le projet colonial sera récupéré ensuite
par les autorités du pays grâce à une certaine
territorialisation du Sourou, reconfiguré avec le changement de
régimes. L'accès sera progressivement autorisé aux
coopérateurs et actuellement aux agro-businessmen afin de rentabiliser
les périmètres aménagés du Sourou. Cela va
dégager des types d'agro-businessmen avec des attributions conformes aux
clauses d'un cahier des charges et d'un protocole d'accord conçus
grâce à la RAF et recommandés par les programmes
d'ajustement structurel. Ainsi de gré ou de force l'agro-business sera
adopté comme le modèle destiné à remplacer
l'agriculture familiale que la Banque Mondiale et le Fond Monétaire
considèrent comme peu novatrice, archaïque et sans avenir. Pour
analyser l'impact de ce mode agricole sur la sécurité
foncière et alimentaire, la partie deux de ce mémoire est
divisée en deux chapitres. Le chapitre 3 traite de l'étude
comparative de la production agricole d'agro-business et les productions locale
et régionale. Quant au quatrième chapitre, il est consacré
à l'analyse de l'agro-business et les perspectives de
sécurisation foncière et alimentaire.
36
PARTIE II : AGRO-BUSINESS, SECURITE FONCIERE ET
ALIMENTAIRE A NIASSAN, DI, DEBE ET GOURAN
37
Introduction
L'agro-business, la sécurité foncière et
la sécurité alimentaire sont des concepts de plus en plus
utilisés dans les politiques agricoles tant au niveau national qu'au
niveau international. L'agro-business, agriculture productiviste,
excédentaire est promu pour remplacer l'agriculture traditionnelle ou
familiale dite fréquemment déficitaire.
Dans cette partie de notre mémoire, nous nous
intéressons surtout aux localités de Di, Niassan,
Débé et Gouran dont des périmètres
aménagés répondent aux exigences de notre étude.
Est-il le modèle agricole dominant au Sourou ? Peut-il être
considéré comme une perspective de sécurisation des
différents acteurs d'agro-business au Sourou? Au regard des
données collectées lors de notre enquête de terrain,
l'agro-business constitue-t-il une perspective efficace de
sécurité alimentaire? Les besoins de consommation alimentaire des
populations locales, leur niveau de revenu, la destination des produits
alimentaires des agro-businessmen pourraient apporter une esquisse de
réponse.
38
Chapitre 3: Etude comparative de la production agricole
d'agro-business et les productions locale et régionale
Ce chapitre prend en compte la diversité des acteurs
appelés agro-businessmen. Des conditions favorisent leur installation et
un type d'organisation est mis en place par ceux-ci. Faits non fortuits mais
déterminants serviront à déterminer la capacité
productive de chaque agro-businessman.
3.1. Les caractéristiques de l'agro-business
Il s'agit de la biographie des agro-businessmen. Elle prend en
compte le statut social, démographique, professionnel, leur niveau
d'éducation et leur organisation.
3.1.1. Les caractéristiques socio-
démographiques de la pratique de l'agro-business
L'agro-business pratiqué au Sourou a ses acteurs de profil
différent. Cette diversité est manifeste sur le
périmètre 203 ha au Bloc C de Gouran, sur les
périmètres de Niassan, Débé, Di.
3.1.1.1. La répartition des agro-businessmen
selon le sexe
Au Sourou, l'agro-business est tiqué praussi bien par
les hommes que les femmes. En effet, sur les treize agro-businessmen
enquêtés, 15,4% sont des femmes, exploitant au total 45 ha soit
22,2% des 203 ha qui leur sont destinés et les hommes
représentant 84,6% de ceux-ci avec 158 ha à exploiter. Au regard
des superficies exploitées par ces dernières, on constate que
l'accès aux périmètres aménagés est pour
elles un problème. La question du genre y est faiblement pris en
compte.
3.1.1.2. La provenance géographique et
culturelle des agro-businessmen
Les agro-businessmen du Sourou n'ont ni la même
provenance ni la même origine ethnique ou religieuse. Selon la provenance
géographique, on a deux catégories d'entrepreneurs agricoles :
les autochtones (Dafing, Samos) qui représentent 46% des effectifs et le
reste 54% sont des migrants (mossi, Bobos). Sur les 275,5 ha qui reviennent aux
agro-businessmen au Sourou, 62,6% soit 172,5 ha appartiennent aux migrants et
37,4% des terres soit 103 ha sont exploités par les autochtones. Cela
s'explique par les vagues migratoires que le Sourou a connues.
Quant à l'origine ethnique, les mossé (mossi)
sont les plus nombreux parmi les agro-businessmen (53,8%). Ils exploitent 59,9%
des 275,5 ha qui leur sont destinés soit 165 ha. Les autres ethnies
(Bobos, Dafing, Samos) représentant respectivement chacun 15,4% des
effectifs exploitent dans cet ordre 7,5 ha soit 2,7% de la superficie, 30 ha
soit 10,9% et 47 ha ou 17 % des
39
superficies destinées à l'agro-business. Cette
différence en nombre d'exploitants s'explique aussi par la place que
représente l'activité agricole pour chaque groupe ethnique. Les
Dafing sont en majorité des éleveurs et des commerçants
venus du Mandé alors que les Moosé voient au Sourou leur paradis
agricole. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA, (2003) explique :
«Le paradis des migrants et le cauchemar des
riverains.... Les migrants dans leur majorité ont perçu et
traité l'espace comme une sorte de paradis, un havre aux richesses
abondantes, en comparaison de la misère de leur terroir d'origine. Ce
faisant, le Sourou a nourri le rêve des migrants, détournant une
partie des flux traditionnels en direction des plantations ivoiriennes. C'est
la Côte d'Ivoire d'à Côté »
(p150).
En fait, les migrants ont été ceux qui ont le
plus tiré profit des aménagements agricoles du Sourou. Leur
situation économique s'est améliorée.
En ce qui concerne l'appartenance religieuse des
agro-businessmen, 61,5% d'entre eux sont des chrétiens et 38,5% des
musulmans. Ils exploitent respectivement 234,5 ha soit 85,1% des superficies et
41 ha représentant 14,9% des 275,5 ha. Ces chiffres contrastent avec les
données démographiques. Bien que les musulmans soient les plus
nombreux
3.1.2. Le statut socio-professionnel des agro-businessmen
du Sourou Il détermine la classe sociale de
l'agro-businessman.
3.1.2.1. Le statut social
L'agro-businessman est un des privilégiés dans
notre zone d'étude. Non seulement, il a des
moyens de production dépassant ceux d'un exploitant
agricole familial mais aussi un certain pouvoir financier et économique
qui le hisse à un rang socialement confortable. La superficie
exploitée (au moins 10 ha) lui confère une ascendance sur les
exploitants familiaux et les coopérateurs exploitant entre 0,25 et 3 ha.
Aussi, tous ont l'ambition d'augmenter leurs superficies, de quitter un certain
rang social pour un autre par l'augmentation de leur capital économique.
Ce pouvoir économique a même permis à 30,8% d'entre eux de
quitter le statut de coopérateur pour occuper un tel rang .Dans ce
statut est aussi inclus le statut matrimonial. Sur les enquêtés,
46,1% d'entre eux sont polygames. Cela implique une certaine capacité de
prise en charge des dépenses et besoins de leurs épouses. En fait
l'agro-business est source de pouvoir. Il facilite l'ascension sociale de
l'agro-businessman Cette position sociale qu'il occupe fait de lui un bourgeois
local et est confortée par l'agro-business qui incorpore l'agriculture
dans le système libéral.
3.1.2.2. Le statut professionnel des agro-businessmen
du Sourou
C'est la profession d'origine des agro-businessmen. Le
graphique n°3.1 nous donne la représentation :
40
Graphique n°3.1: Répartition des
agro-businessmen et des superficies exploitées suivant leur statut
professionnel
35,7
40
35
30,8
30
25,4
23,1
25
15,4
15,4
20
10,9
15
9,8
10
5
0
Cadres
d'ONG
Cadres d'Etat Hommes Anciens
Agents de
l'Etat retraités
12,7
5,4
7,7
7,7
Statut professionnel
Pourcentage d'agro-
businessmen (%)
Pourcentage des
superficies exploitées
(%)
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Il ressort du graphique n°3.1 que les agro-businessmen
les plus nombreux sont ceux qui ont été des coopérateurs
autonomes et les moins nombreux sont les cadres de l'Etat et des ONG. Ils
représentent respectivement 30,8% 7,7% des effectifs totaux(13). Ayant
été les premiers à s'installer sur les
périmètres, ces coopérateurs sont devenus agro-businessmen
en accumulant l'argent de leur production agricole. Ils exploitent 25,3% des
275,5 ha. Quant aux cadres des ONG et de l'Etat, ce sont les
représentants des partenaires techniques et financiers qui ont
financé l'aménagement des périmètres. Ils
constituent 15,4% des effectifs et exploitent 20,7% des parcelles
destinées à l'agro-business. Les autres acteurs de profession
libérale (commerçants et maçons) et des agents de l'Etat
rétraités représentant chacun 15,4% des effectifs totaux.
Ils ont acquis leurs parcelles au Sourou grâce aussi à leur
capital économique. Ils exploitent 6% des superficies. Cela est conforme
à la configuration des acteurs de l'entreprenariat agricole que l'Etat
s'est voulu. Il s'agit selon le M.A. (1999) de :
«L'ensemble des producteurs du monde des
fonctionnaires, des salariés, des jeunes agriculteurs/ trices, et des
opérateurs économiques dont l'activité est de
générer un surplus important de production commercialisable. En
d'autres termes, ceux qui investissent ou qui cherchent des opportunités
dans le secteur agricole pour aller au-delà de l'autosuffisance
alimentaire»
Ce statut professionnel donne aussi droit à un autre :
celui d'attributaire qui concerne 76,9% des opérateurs d'agro-business.
Ils exploitent 74,6% des superficies soit 205,5 ha. Les autres se disant
propriétaires représentent 15,4% des effectifs, détiennent
25,4% des parcelles soit 70 ha.
41
Leur profession joue en leur faveur car ceux-ci occupent
d'importants postes dans les hautes sphères de l'Etat. Ce qui influence
la prise de décision les concernant. Les agro-businessmen non
attributaires, non propriétaires font 7,7% des effectifs. Ils n'ont pas
de parcelles pour le moment pour mésentente avec l'AMVS.
3.1.2.3. Le niveau d'instruction des agro-businessmen
du Sourou
Il est important car les agro-businessmen doivent
maîtriser les facteurs de production l'étude du marché pour
élargir son champ d'opportunités et les législations les
concernant. Le graphique n° 3.2 donne la répartition selon le niveau
d'instruction:
Graphique n°3.2: Répartition des agro-businessmen
et des superficies exploitées suivant leur niveau
d'instruction
31
25,6
38,5 38,1
21,8
15,4
15,4
12,7
Sans niveau Primaire Secondaire Supérieur
Niveau d'intruction
Pourcentage d'agro-
businessmen (%)
Pourcentage des superficies
exploitées (%)
40
35
30
25
20
15
10
5
0
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
On constate à travers le graphique n°3.2, que les
agro-businessmen ayant le niveau
universitaire sont les plus nombreux (38,5% des effectifs) et
exploitent 38,10% des superficies soit 105 ha des 275,5 ha. Cela pourrait
s'expliquer par la maîtrise des procédures administratives et des
textes sur le foncier. Bien que les agro-businessmen de niveau supérieur
soient nombreux, l'agro-business n'a toujours pas décollé au
Sourou. Leur position leur a juste permis d'acquérir
la terre. Et comme le disait ZONGO (2009) pour le Ziro :
«Ils sont venus sur les périmètres par suivisme. Ils ne
maîtrisent pas le métier d'agriculteurs et ne cernent pas non plus
les difficultés relatives à la disponibilité et à
la qualité de la main d'oeuvre ». Le GRAF, (2007.a) analysant
l'agro-business trois ans après son lancement aboutit à la
conclusion suivante:
« Trois ans après son lancement,
l'agro-business n'a pas encore atteint les objectifs escomptés :
accroître la production et participer au développement des zones
rurales. Les résultats sont alarmants : sur treize agro-
42
businessmen installés en 2005, un seul
répond aux critères édictés par l'Etat. Onze ont
basculé dans l'exploitation familiale et un a abandonné
» (p.1).
Ce n'est pas le cas pour les autres. Ce sont les sans niveau,
de niveau primaire et ceux de niveau secondaire qui représentent 15,4%
chacun. Ils ne maîtrisent pas les rouages de l'administration et les
contours juridiques des lois foncières. Ils exploitent respectivement
12,7% ; 21,8% et 25 ,6% de la superficie totale dont ils sont attributaires.
Le niveau d'instruction n'est pas la seule condition du
succès de l'agro-business. Cette situation vécue au Sourou est
comparable à celle du Ziro, car certains sont venus à
l'agro-businessmen par opportunisme. Si l'agro-businessman est un agent
technique ou un technicien supérieur d'agriculture de terrain, ce serait
un atout. Une telle diversité socio-professionnelle influence aussi bien
la capacité d'exploitation des terres que l'orientation de la
production, l'organisation de l'agro-business et les résultats
attendus.
3.1.3. L'organisation des acteurs d'agro-business
L'agro-business en cours au Burkina Faso et
particulièrement sur les périmètres agricoles du Sourou
est favorisé par l'évolution des régimes fonciers au
Burkina Faso, les problèmes de gestion des périmètres
aménagés et le besoin de financement. Ses acteurs, les
agro-businessmen, vont pour répondre à ces attentes,
s'organiser.
Au Sourou, les dix-sept agro-businessmen officiellement
reconnus sont organisés dans une structure et exploitent leurs parcelles
selon les clauses d'un cahier de charge et un protocole d'accord. Au
début, ils n'appartenaient pas à une structure organisée.
Le comité de gestion provisoire ou groupement des Opérateurs
Economiques du Secteur C - Gouran (OESC/ Gouran) créé en 2005
tentera de les regrouper et évoluera avec ce statut jusqu'en 2007. En
2008, cette structure provisoire va devenir le Comité des Irrigants des
Opérateurs Economiques et des Producteurs Agricoles du Secteur C
(CIOEEPAS-C). Avec cette structure, la question de l'eau occupe une place
centrale dans la production agricole. L'agro-business a donc
évolué dans son organisation.
3.2. Les conditions d'installation des agro-businessmen
sur leur périmètre
L'accès aux périmètres
aménagés du Sourou pour la production agricole de type
agro-business a été favorisé par le forum des nouveaux
acteurs tenu à Bogandé le 08 avril 1999. Mais, les
agro-businessmen doivent satisfaire certaines exigences financières et
d'exploitation des périmètres agricoles. Le Décret
N°97-598/PRES/PM/MEE/AGRI du 31/1/ 97 portant Cahier des charges pour la
gestion des grands aménagements et celles de l'Arrêté
N°98-032/MEE//MA/MEF/MATS du 08/10/98 portant Cahier des charges
spécifiques de la vallée du
43
Sourou et de la vallée du haut Mouhoun doivent
être respectés (DIALLA, 2002). La production agricole des
agro-businessmen doit être destinée à la vente. Ceux-ci
doivent aussi avoir certains facteurs de production.
3.3. La production agricole d'agro-business
Elle prend en compte le mode d'exploitation de la parcelle, le
matériel et le travail d'exploitation.
3.3.1. Les modes d'exploitation des parcelles
Lors de notre enquête de terrain, nous avons
constaté que les agro-businessmen utilisent un mode mixte pour la mise
en valeur de leur parcelle. En effet, l'exploitation moderne est chaque fois
associée aux modes suivants : le mode familial, le métayage la
gestion par délégation de la parcelle.
3.3.1.1. L'exploitation familiale
Ce mode est utilisé par la quasi-totalité des
agro-businessmen enquêtés au Sourou en plus du mode d'exploitation
moderne. En effet, la main d'oeuvre familiale est utilisée à des
intensités différentes par 92,23% d'entre eux. Le lien de
parenté est ici déterminant pour la sécurité de
leur parcelle et de leur production car ils n'aiment pas confier ces
tâches à des inconnus. C'est à ce niveau qu'ils choisissent
ceux qui vont gérer leurs dossiers administratifs surtout s'ils sont des
illettrés.
3.3.1.2. Le mode d'exploitation des parcelles par
métayage
Selon GEORGE et VERGER (2008): le mode d'exploitation des
parcelles par métayage est «un mode de faire-valoir dans lequel
le propriétaire et l'exploitant (métayer) se partagent les
produits, en principe par moitié» (p 264). Il est
utilisé par 92,3% des agro-businessmen à diverses
intensités. Il les de contourner l'Article 3 du protocole d'accord
sanctionnant la sous location. En effet, après la mise en valeur de la
parcelle par le métayer avec les moyens de production reçus de
l'agro-businessman (parcelle, engrais, redevance eau, ...). Le
bénéfice est partagé en trois parts dont les 2/3
reviennent à l'agro-businessman (1/3 pour ses dépenses et 1/3
comme sa part du bénéfice). Lors de notre collecte de
donnée 7,48%, de notre population cible reconnaissent la pratique de ce
mode d'exploitation sur les parcelles du Bloc C de Gouran. Cette pratique est
reconnue et notre entretien réalisé avec un responsable de l'AMVS
est évocateur :
« En ce qui concerne le mode de gestion des parcelles
par les agro-businessmen dans le protocole d'accord, ce point là
(location) est exclu. Si tu demandes 10 ha ou 5 ha, c'est selon tes
capacités. Donc il doit mettre tout en valeur. Maintenant si vous
n'arrivez pas à mettre tout en valeur, ils peuvent s'entendre avec des
gens pour travailler. Mais selon le protocole d'accord, il est interdit de
sous-louer les parcelles qu'ils utilisent. Il y a des gens en fonction de la
taille de leur parcelle, en tout cas, ils ont des arrangements avec les
ouvriers agricoles. Ils peuvent
44
souvent donner une petite portion à la personne et
en même temps, la personne s'occupe de l'exploitation. Je crois que ce
sont des arrangements qui existent».
Les agro-businessmen peuvent entreprendre toute sorte
d'arrangement pour vu que ce ne soit pas de la sous location. Dans la gestion
par métayage, c'est l'agro-businessman qui gagne. Le métayer
quant à lui est le grand perdant. Il ne vit pas. Il survit. Il a juste
le peu pour conserver sa force de production.
3.3.1.3. Le mode de gestion des parcelles par
délégation
C'est le recours des agro-businessmen qui ne résident
au Sourou. Ils vont confier la gestion de leur parcelle à d'autres
agro-businessmen ou responsables des ouvriers agricoles. Ils sont
généralement des autochtones de la localité. C'est
pourquoi 23,1% d'entre eux utilisent le mode d'exploitation par
délégation en confiant à 15,4% des agro businessmen la
gestion de leur parcelle. Cette pratique concerne 9,85% des 203 ha de Gouran
consacrés à l'agrobusiness. Cette gestion par
délégation ne veut pas dire attribution, que tous les pouvoirs
sont au gestionnaire de la parcelle par délégation. En fait,
comme sur le périmètre 203 ha destiné à
l'agro-business, on ne peut avoir qu'une seule parcelle portant son nom.
Celui-ci va juste appliquer le calendrier agricole du principal attributaire de
la parcelle.
Ainsi, sur ces parcelles, les activités de production
des agro-businessmen sont organisées grâce à la possession
d'un certain nombre de facteurs de production: les équipements
agricoles, les ouvriers agricoles, les semences, les intrants. Cette
agriculture n'a pourtant pas encore réglé les problèmes
liés à la sécurité alimentaire contrairement
à la publicité qui est faite. La bourgeoisie agricole
annoncée n'est pas encore une effectivité. L'agro-business au
Sourou a aussi ses problèmes (ci-dessus cités). Ces
problèmes confirment l'étude menée par le GRAF en 2007 qui
aboutit à cette conclusion : « L'agro-business au Sourou est
entre tâtonnement, réussites et échecs ». Cela
pourrait donc expliquer que l'agro-business soit encore au stade embryonnaire.
En tant que modèle agricole en développement dans le Sourou et au
regard de ses implications socio- économiques, il est important
d'appréhender les nouveaux rapports fonciers en cours dans la zone du
fait essentiellement de la pratique d'agro-business.
3.3.2. Les superficies possédées par les
agro-businessmen du Sourou
Il s'agit des superficies attribuées aux
agro-businessmen grâce au cahier des charges et du protocole d'accord. Il
y a aussi les superficies possédées sur les
périmètres réservés aux coopératives. Les
graphiques n°3.3 et n°3.4 nous donne les proportions.
Graphique n°3.3: Proportion des agro-businessmen et
les superficies en ha possédées sur leur site
officiel
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Du graphique n°3.3, on constate que le plus grand nombre
d'agro-businessmen (42%) exploitent moins de 20 ha de terre et seulement 25%
d'entre eux peuvent exploiter 40 ha au moins. On peut donc dire que plus les
superficies sont vastes, moins on a d'agro- businessmen. Ces derniers disposent
de plus de moyens financiers que les autres. Ils ne vont pas non plus se
confiner sur une seule parcelle. C'est ainsi que certains se retrouvent sur les
parcelles attribuées aux coopératives soit pour se constituer une
base arrière soit pour des visées expansionnistes. En fait,
l'agro-business est source de pouvoir. Il facilite l'ascension sociale de
l'agro-businessman et grâce à son pouvoir économique,
s'accroît aussi son pouvoir d'expansion. Le graphique n°3.4 nous
donne des détails sur les superficies possédées par les
agro-businessmen parmi les coopératives :
Graphiques n°3.4: Proportion des agro-businessmen et
les superficies en ha possédées parmi les
Coopératives
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
45
46
Du graphique n°3.4, il ressort que les agro-businessmen
ne possèdent pas les mêmes superficies. Les plus nombreux sont
ceux qui possèdent au moins 20 ha. Ils représentent 4 fois (40%)
les effectifs de ceux qui exploitent respectivement 5-10; 10-15 et 15-20 ha
chacun (10%). Il y a une accumulation primitive de la terre marquant une nette
différence entre les agro-businessmen surtout que certains d'entre eux
ont encore des parcelles parmi les coopératives.
3.3.2.1. Les superficies mises en valeur en campagne
humide et sèche par les agro-businessmen
Ce sont les superficies de production de maïs. Le
graphique n°3.5 nous indique les proportions des agro-businessmen selon
les superficies exploitées en maïs et en oignons :
Graphique n°3.5: Répartition des
agro-businessmen suivant leur production en monoculture/polyculture dans
l'année
Source : ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Au regard de ce graphique, il ressort qu'il y a 58% des
agro-businessmen qui pratiquent la monoculture de maïs (sur 100% de la
superficie de la parcelle qui leur revient) et 42% la polyculture (moins de
100% de leur superficie) en campagne humide. Elle est surtout destinée
à la production de cette spéculation. En saison sèche pour
la production des oignons, le pourcentage des agro-businessmen s'inverse. Quant
à la mise en valeur de leurs parcelles, 42% d'entre eux font la
monoculture d'oignons et 58% de la polyculture. Les photos n°3. 1 et
n°3.2 sont illustratives:
47
Photo n°3.1: Polyculture (maïs + choux+
oignons) Photo n° 3. 2: une parcelle de maïs
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
La chûte rapide des prix des oignons après la
récolte, le manque d'entrepôts et les difficultés de
conservation des oignons après la récolte sont quelques raisons.
C'est une manière pour eux de minimiser les pertes dues aux fluctuations
des prix et de rester en contact avec la population locale. Cette mise en
valeur des parcelles nécessite certaines conditions de travail et une
force une force humaine pour l'exploitation.
3.3.2.2. Le matériel et le travail
d'exploitation des parcelles
Il existe un lien étroit entre le matériel et le
travail d'exploitation des sols. Au Sourou, sans matériel de travail et
de main d'oeuvre, l'exploitation des parcelles s'avère très
difficile.
3.3.2.2.1. Le matériel de travail sur les
parcelles
Sur les périmètres irrigués, la force
animale occupe encore une place importante dans la production des
agro-businessmen. On constate que 92,3% et 46,1% des agro-businessmen utilisent
respectivement des boeufs et des ânes dans leurs productions agricoles.
Le matériel lié à ces animaux varie aussi : les charrues
bovines (38,5%), les charrues asines (30,8%), les herses bovines (30,8%), les
charrettes non motorisées (61,5%), les tracteurs (23,1%) et les butteurs
(7,7%) des agro-businessmen. Ils sont sous équipés. Au Forum des
nouveaux acteurs de Bogandé de 1999 il est ressorti :
« Au cours des réunions organisées dans
les différentes directions de l'agriculture, les nouveaux acteurs ont
été amenés à se prononcer sur les principales
difficultés qu'ils rencontrent et l'équipement agricole est
une
préoccupation largement partagée dans les
différentes régions. » (M.A.1999 : p3).
Cette situation fait donc que les agro-businessmen s'appuient
plus sur les ouvriers agricoles pour être en règle avec le cahier
des charges et protocole d'accord.
48
3.3.2.2.2. Les ouvriers agricoles
Les ouvriers agricoles sont soit des contractuels soit des
permanents. Leur nombre et leur importance dépendent du niveau
d'équipement des agro-businessmen. Ils ne sont non plus
traités
avec la même importance.
Les ouvriers agricoles contractuels: effectifs et
salaire
Ils sont utilisés dans les activités temporaires
de production par les agro-businessmen (le ramassage, les récoltes, le
désherbage des oignons ou du maïs, la mise en place des sillons ou
billonnage). Leur nombre varie d'un opérateur à un autre et est
lié à son pouvoir financier. Le graphique n°3.6 est plus
illustratif :
Graphique n°3.6: Ouvriers agricoles contractuels
embauchés et proportion
d'agro-businessmen
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
On constate que le nombre d'ouvriers agricoles contractuels
varie d'un agro-businessman à un autre (au moins 10 pour les uns et plus
de 30 pour les autres). La classe modale est 10-20. C'est un maillon important
de la chaîne de production agricole d'agro-business. Leur nombre par
agro-businessman dépend du pouvoir financier de celui-ci.
En analysant les salaires versés par jour aux ouvriers
agricoles contractuels, il ressort que 81,80% des agro-businessmen paient leurs
ouvriers agricoles contractuels à moins de 1000FCFA par jour et peu
(18,2%) au plus à 2000FCFA. Si ce nombre dépasse le seuil de 20
ouvriers agricoles les agro-businessmen deviennent peu nombreux. La
sécurité financière des ouvriers agricoles dépend
du bon vouloir de l'agro-businessman. Plus leur salaire journalier augmente
moins on a d'agro-businessmen qui peuvent les embaucher et leur nombre diminue
aussi. L'agro-business rime donc avec bas salaire et insécurité
financière. En fait c'est un salaire qui est
49
discuté sur le tas. Le salaire d'hier n'est pas le
même que celui des autres jours et dépend des humeurs de
l'agro-businessman. Le travail n'est pas aussi une garantie. Le même
ouvrier peut ne plus avoir de contrat avec le même agro-businessman. La
qualité est la cause.
Les ouvriers agricoles permanents:
Ils travaillent quotidiennement avec les agro-businessmen pour
l'entretien des parcelles ou pour la surveillance des récoltes. Certains
peuvent être nommés «chefs leur personnel» agricole. En
leur absence, ils doivent assurer le bon déroulement de la campagne
agricole. Certains se sont familiarisés aux entrepreneurs agricoles qui
peuvent leur louer ou mettre en métayage 0,5 à 1 ha pour
exploitation et les prendre en charge. Le graphique n° 3.7 nous donne la
proportion de ces ouvriers selon les agro-businessmen :
Graphique n°3.7: Ouvriers agricoles permanents et
proportion d'agro-businessmen
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Au regard des graphiques n°3.7, 50% des agro-businessmen
emploient entre 10-20 ouvriers agricoles permanent. C'est d'ailleurs
l'intervalle de plus grande proportion puisque les autres emploient en
deçà de ce nombre. C'est la valeur modale.
Si nous comparons ces effectifs avec ceux des ouvriers
agricoles contractuels il y a une certaine variation du nombre par
agro-businessman. Le graphique n°3.8 est illustrative.
50
Graphique n°3.8 : Comparaison des proportions
d'agro-businessmen suivant le nombre d'ouvriers agricoles
employés
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
On constate que la proportion des agro-businessmen employant
les ouvriers agricoles permanents sont en nombre supérieur
jusqu'à 30 ouvriers agricoles. Au-delà l'inversion de la tendance
est en faveur ceux ayant recours aux ouvriers agricoles contractuels. Le
coût de la main d'oeuvre des deux types d'ouvriers est la principale
cause. Le graphique n°3.9 est illustratif :
Graphique n°3.9: Salaires versés en millers
de FCFA par an aux ouvriers agricoles
permanents et proportion d'agro-businessmen
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Le graphique n°3.9 montre que la majorité des
ouvriers agricoles permanents ont un salaire compris entre 100 000 et 200 000
FCFA (70% d'entre eux). Les autres qui ne dépassent pas 10% chacun ont
des salaires respectifs de moins de 200 000 FCFA à 300 000 FCFA, 300 000
FCFA et plus. Cela donne un salaire journalier respectif pour une campagne
humide de six
51
mois, par ouvrier agricole permanent de : 555 FCFA/ jour ; 833
FCFA/ jour ; 1389FCFA/ jour; et 1667 FCFA/ jour. Pour la campagne sèche
qui est repartie en deux campagnes de 3 mois, on aura 1111 FCFA/ jour ; 1667
FCFA/ jour ; 2778 FCFA/ jour et 3333 FCFA/ jour. Il y a une différence
de traitement salarial en campagne humide et en campagne sèche. Les
spéculations produites pendant ces deux campagnes ne sont pas rentables
au même degré. Si on compare ce salaire journalier de ces ouvriers
agricoles permanents avec celui des ouvriers agricoles contractuels qui est de
moins de 1000 FCFA pour 81,80% d'entre eux et au plus 2000 FCFA pour le reste
(18,20%), on peut dire que les ouvriers agricoles permanents sont plus
payés que les ouvriers agricoles contractuels.
3.3.3. L'itinéraire cultural des
agro-businessmen
C'est l'ensemble des étapes et démarches dans la
production agricole d'agro-business. Il comprend la recherche des intrants,
l'apport d'eau aux plants, la mise en valeur des terres en passant par le choix
des types de spéculations selon la saison, la production et les
problèmes liés à la production
3.3.3.1. La recherche des intrants agricoles
Les semences et les engrais utilisés, et les cultures
pratiquées permettent de distinguer l'agro-businessman de l'exploitant
agricole familial ou d'un coopérateur. Pour produire plus et
dégager du surplus pour la commercialisation, il doit utiliser des
intrants et des semences de bonne qualité.
Les semences utilisées par les agro-businessmen :
quantités et dépenses
Elles sont de diverses origines. Cela conditionne leurs prix.
Concernant les semences de maïs, elles sont améliorées.
L'Institut de l'Environnement et Recherches Agricoles (INERA) de Di est le
principal fournisseur des agro-businessmen (45%). Cette semence
améliorée de maïs a un rendement de 5 t / ha en campagne
humide et 4 t / ha en campagne sèche (AMVS, 2011). La quantité
utilisée varie d'un agro-businessman à un autre. Le graphique
n°3.10 nous donne les proportions.
52
Graphique n°3.10: Répartition de la
quantité de semence maïs utilisée suivant les agro-
businessmen
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Le graphique n°3.10 fait ressortir trois
catégories d'utilisateurs de semence maïs. Les premiers, 66,7% des
agro-businessmen n'utilisent que moins de 400 kg de semence. Les seconds
utlisent entre 400 à 800 kg de semence maïs. Il concerne 25% des
agro-businessmen. Et le dernier groupe, le moins nombreux, soit 8,30%, peuvent
acquérir entre 800 à 1000 kg de maïs comme semence. Il y a
une décroissance rapide du nombre d'agro-businessmen. On peut donc dire
qu'ils n'utilisent pas et ne peuvent pas utiliser la même de semence
maïs. Le coût des semences représenté par le graphique
n°3.11 nous donne les explications :
Graphique n°3.11: Répartition des
dépenses en milliers de FCFA en semences maïs suivant les
agro-businessmen
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Le graphique n°3.11, montre qu'en dessous du million les
dépenses en semence de maïs des agro- businessmen se concentrent
entre 500 000 et 1000 000 de FCFA. Si ce seuil est dépassé, on
53
a une décroissance des effectifs (58% on chûte
à 17% des effectifs). Le coût des semences de maïs,
l'augmentation des superficies et le pouvoir financier des agro-businessmen
sont les principales raisons. Les dépenses et les quantités
utilisées sont liées aux raisons ci-dessus évoquées
et à leurs provenances. Ils importent 40 à 120 kg. En fait, sur
les marchés extérieurs, les semences d'oignon ne se vendent pas
en kilogramme mais par boîte de 100 grammes. Il faut donc assez de
boîtes pour semer toute la parcelle. On note que 25 % d'entre eux
s'approvisionnent uniquement sur le marché national (Ouagadougou, Kaya,
Gouran, Banfora). La quantité de semence achetée est de 220 kg.
Certains d'entre eux (25% des effectifs) s'approvisionnent uniquement sur le
marché international (France, Niger Côte d'Ivoire et Ghana)
faisant au total 200 kg. Les autres s'approvisionnent au niveau local. Ils ont
acheté environ 432 kg de semence. Ce sont les plus nombreux. Le
graphique n°3.12 donne l'évolution des quantités et des
dépenses en semences oignons en fonction des agro-businessmen :
Graphique n°3.12: Répartition de la
quantité de la semence d'oignon utilisée suivant les
agro-businessmen
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Au regard du graphique n° 3.12, il ressort que la proportion
des agro-businessmen qui peut acheter entre 80- 100 kg de semence d'oignon sont
2,5 fois (45,4%) supérieure au reste (18,2%) soit respectivement 40-60
kg ; 60-100 kg et entre 100 -120 kg. Il ressort aussi que la quantité de
semence d'oignon et le nombre d'agro-businessmen qui les utilisent
évolue de façon crescendo et decrescendo. L'étendue de la
parcelle et le coût des semences expliquent cette situation. Et le
graphique n° 3.13, représente ces coûts et les
proportions d'agro-businessmen :
54
Graphique n°3.13: Répartition des
dépenses en millions de FCFA en semence d'oignon suivant les
agro-businessmen
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Le graphique n°3.13 révèle que le nombre
des agro-businessmen diminue avec l'augmentation des dépenses en semence
oignon (42% à 25%). Aussi, à cause de leur provenance, le
coût des semences (importées surtout) augmente. Il en est aussi
des dépenses des agro-businessmen. En effet, pendant que le kilogramme
de semence acheté avec l'AMVS coûte 50 000 FCFA ; 100 g de semence
importée coûte 25000 FCFA donc un kilogramme à 250 000
FCFA. Ce coût élevé de semence peut contraindre
l'agro-businessman à ne plus respecter les conditions de bonne
productivité. Le coût des dépenses en semences est donc un
élément de discrimination qui différencie le plus des
agro-businessmen
Les engrais utilisés par les agro-businessmen:
quantités et dépenses
Ils sont de nature et d'origine diverses. Pour respecter le
calendrier cultural et être en règle vis à vis de l'AMVS
les agro-businessmen doivent en disposer en quantité suffisante surtout
que le protocole d'accord en son article 3 portant engagement de l'exploitant
l'exige car ce sont les facteurs d'intensification et d'augmentation de
rendements. Il s'agit des engrais minéraux (urée, NPK) et la
fumure organique. Le graphique n°3 .13 donne la répartition des
quantités d'engrais utilisée par les agro-businessmen :
55
Graphique n°3.14: Répartition de la
quantité d'engrais utilisée en tonnes suivant les
agro-businessmen
Source: ZONGO, 2011 : Enquête de
terrain
Au regard du graphique n°3.14, trois catégories
d'agro-businessmen transparaissent. Les petits utilisateurs d'engrais (moins de
25%), la catégorie moyenne (58,30%) et les plus grands utilisateurs
d'engrais. L'étendue de la superficie des parcelles, le coût des
intrants et le pouvoir d'achat des agro-businessmen permettent un tel
découpage. En raison de l'intensification agricole qui a cours au Sourou
(27,5 tonnes d'oignon! ha et 4 tonnes de maïs pour l'ha) et au moins 8sacs
de 50 kg! ha. Il y a une quantité donnée d'engrais à
utilisée par hectare pour atteindre la productivité
escomptée. Le coût des intrants est déterminant dans cette
situation. Le graphique n°3.14 illustre cette analyse. La plupart d'entre
eux se limite entre 20-40 tonnes d'engrais. Au délà on observe
une décroissance rapide (58,30% à 16,70%). Ainsi, plus le
coût des engrais est élevé moins on a d'agro-businessmen.
Cela les amène certains à recourir à d'autres sources de
ravitaillement pour compenser la quantité d'engrais manquante
malgré les risques liés à leur qualité. Le
graphique n°3.15 représente les dépenses effectuées
par les agro-business pour l'achat des engrais.
56
Graphique 3.15: Répartion des dépenses
d'engrais en millions de FCFA suivant les agro-businessmen
Source: ZONGO, 2011 : Enquête de
terrain
Ce graphique n°3.15 fait aussi ressortir trois
catégories d'agro-businessmen : ceux qui dépensent le moins en
engrais (25% d'entre eux de moins de 5 millions à moins de 10 millions
de fcfa). Ils sont suivis par ceux qui dépensent entre 10-15 millions de
FCFA. Ils sont les plus nombreux 41,7% des agro-businessmen. La plus grande
dépense en engrais ne revient qu'à seulement 8,30% d'entre eux.
Ces dépenses en engrais sont donc des facteurs de discrimination entre
les agro-businessmen. La provenance de ces engrais et le pouvoir
économique sont des éléments explicatifs. Le tableau
n°3.1 donne la part de chaque marché dans l'approvisionnement en
engrais :
Tableau n° 3.1: Répartition des
agro-businessmen selon le lieu d'approvisionnement en engrais
Provenance des engrais
|
Marché local
|
Autres marchés nationaux
|
Total
|
Pourcentage d'agro-businessmen(%)
|
34,6
|
65,4
|
100
|
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Les informations recueillies montrent que les autres
marchés nationaux sont les principaux lieux de ravitaillement des
agro-businessmen. Ils concernent 65,4% d'entre eux. Cela s'expliquerait par le
fait que le marché local ne peut pas satisfaire les besoins en engrais
de certains d'entre eux. Ils doivent en effet partager ces marchés avec
les 3000 coopérateurs. Seulement 34,6% s'y approvisionnent et la
majorité d'entre eux (65, 4%) achète leurs engrais sur les
marchés des autres villes comme Ouagadougou, Bobo Dioulasso, Koudougou.
Les engrais interviennent dans l'intensification agricole. C'est une obligation
pour eux de ne pas manquer d'engrais. C'est une des exigences du protocole
d'accord qu'ils ont signé avec l'AMVS.
57
3.3.3.2. Le paiement de la redevance eau
Sur les périmètres irrigués du Sourou,
l'eau joue un rôle capital dans les activités de production
agricole des agro-businessmen. Les périmètres irrigués et
particulièrement ceux exploités par les
agro-businessmen dépendent. En effet, sans l'eau aucune
activité agricole n'est possible sans paiement de la redevance eau. Cet
entretien que nous avons réalisé lors de notre enquête de
terrain avec un des responsables de l'AMVS au sujet de la redevance eau est
évocateur : «Au niveau des opérateurs privés,
eux, il n'y a pas de demi-mesure. Ce sont les affaires. C'est simple. On peut
couper l'eau en pleine campagne puisqu'il n'y a pas d'autres moyens de pression
». L'eau a donc une valeur marchande. Pour l'agro-business qui se
pratique en trois campagnes par an, la redevance eau doit
être payée avant le début de chaque
campagne. Les agro-businessmen, paient 142 285 FCFA / ha en campagne
sèche et 80 000 FCFA / ha en campagne humide pour la redevance eau.
L'eau reçue sur leur parcelle a un débit de 600 l/s (AMVS, 2011).
Le tableau n°3.2 donne la répartition de cette redevance selon les
agro- businessmen :
Tableau n°3.2: Répartition de la redevance
eau selon les opérateurs agro-business
Redevance eau en millions de FCFA
|
] 0 - 5]
|
] 5 - 10]
|
] 10 et +
|
Total
|
Pourcentage d'agro-businessmen (%)
|
46, 1
|
38,5
|
15,4
|
100
|
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Il ressort du tableau n°3.2 que cette redevance varie
d'un agro-businessman à un autre. Plus elle augmente moins ils sont
nombreux. L'étendue de la superficie exploitée qui est
liée à un certain pouvoir économique est un facteur
explicatif. En effet, cette redevance s'évalue à coût de
millions (5 millions au moins et 20 millions au plus) pour chacun d'entre eux.
Cette redevance eau, sanctions en cas de non paiement sont
précisés à l'article 5 du protocole d'accord de 2006 :
« L'AMVS pourra au titre de clauses
résolutoires à toute campagne retirer la parcelle d'exploitation
dans les cas ci-après: Non respect des clauses de l'article 3, en cas de
non respect de cahier de charges et du règlement intérieur de la
structure organisationnelle mise en place... » (p 5).
La sanction infligée en cas de non paiement de la
redevance eau est le retrait de la parcelle. Cela permet d'avoir un taux
élevé de recouvrement de la redevance eau. A l'office du Niger,
on retrouvait 97,8% pendant la campagne agricole 2000- 2001(AW et DEIMER,
2005), cités par COTULA (2006) ; au Sourou, il était de 92,3%. Il
n'existerait pas de différence si les 7,7% des agro-businessmen avaient
acquis les 1000 ha demandés.
58
3.4. La production agricole du Sourou et de la
région de la Boucle du Mouhoun
Le Sourou encore appelé « grenier du Burkina
» sous le Conseil National de la Révolution (CNR) va, après
la chute de ce régime garder ce nom et reste un sujet à
débat. On y pratique l'agriculture de type paysannat essentiellement
destinée à l'autoconsommation de la population locale (mil,
maïs, sorgho). Elle est encore l'oeuvre de ceux qui n'ont pas encore de
parcelles sur les périmètres aménagés ou ceux qui
veulent diversifier leurs sources de production. Environ 33,28% de la
population cible enquêtée affirment être dans ce cas et cela
pour échapper aux contraintes des périmètres
irrigués.
Dans la région de la Boucle du Mouhoun, le Sourou
n'occupe pas la première place dans la production en tout temps
même s'il maintient son monopole sur la production de riz. Sa production
est passée de 450 t en 1986 à 7 000 tonnes en 1994 pour atteindre
50 000 tonnes en 2004 soit 20% et 12% de la consommation nationale du Burkina
Faso. Pendant la campagne agricole 2005 à 2006, le Sourou a produit
29,1% du riz au niveau local et 4 957 tonnes au niveau de la région. De
2006 à 2007, 7 616 tonnes soit 61,9% de la production de la
région de la Boucle du Mouhoun estimée à 12 292 tonnes. A
la fin de la campagne agricole 2008 à 2009, on a estimé à
26,78% la production du Sourou soit 4 993 tonnes. La région elle n'a
produit que 18 640 tonnes (DGPSA/ MAHRH, 2008). Concernant la production des
autres cultures (mil, sorgho, maïs, fonio) à la campagne agricole
2008 à 2009, le Sourou a occupé la 5è place parmi les six
provinces de la région de la Boucle du Mouhoun, soit 62 538 tonnes juste
avant le Nayala. Pendant cette même année, il a occupé la
sixième place en terme de taux de couverture des besoins de la
population en tonnes avec 127% soit 55 903 tonnes de céréales.
Quant à la première province elle couvrait à 310% ce
même taux, avec une production céréalière de 174 122
tonnes. Ce faible taux du Sourou s'explique par le développement des
cultures de rente.
3.5. La production des périmètres
irrigués du Sourou et des localités des départements
de Di et Lanfiéra
Dans ces deux départements se trouvent les
périmètres agricoles. A Di, les membres du groupement 6S
travaillent sur des terres non encore irriguées. La Coopérative
Rizicole Toma Ile (CRTO) s'occupe du Bloc D du périmètre 610 ha
et la Société des Coopératives Agricoles de Di (SOCADI)
exploite 420 ha avec les difficultés que celle-ci connaît. Les
périmètres de Niassan, Débé, et Gouran sont aussi
concernés par notre étude. La pratique de certaines cultures sur
ces périmètres est parfois conditionnée et est l'oeuvre
des coopératives et des agro-businessmen. Certains coopérateurs
pratiquent d'abord la culture de riz selon les textes de leur
coopérative (CANI, CRTO, CAPSO...) afin de bénéficier des
subventions (engrais, semences...). Dans ces coopératives, c'est
seulement en campagne sèche que les coopérateurs sont
autorisés à produire
59
après le riz des divers (oignons, chou, tomates,
aubergine, courgettes, pastèques...) selon leurs
préférences et pour leurs propres besoins. La consommation de ces
produits agricoles est conditionnée par le règlement de la
redevance eau à la coopérative.
Généralement, la production agricole des
périmètres aménagés et irrigués du Sourou
est excédentaire puisque les périmètres sont mis en valeur
en campagne humide et campagne sèche. Ce qui permet de compenser le
déficit théorique des autres localités de la zone. En
effet, sur la production totale du département de Di, la quantité
de maïs produite au cours de la campagne humide 2011 est estimée
à 12 000 tonnes et les périmètres du Sourou
aménagés par l'Autorité de Mise en Valeur de la
vallée du Sourou a produit 6 069 tonnes soit 50,6% de la production
totale du département de Di. Dans la commune rurale de Lanfiéra,
la production des périmètres aménagés et
irrigués correspond à 87,6% de la production totale de maïs
qui est de 6 930 tonnes. Pour le riz irrigué, avec une production totale
estimée à 2640 tonnes au niveau du département de Di, la
vallée du Sourou se retrouve avec 117,2% de la production soit 3 093
tonnes. Pour les autres localités du département de
Lanfiéra la production agricole d'agro-business fait au total 453 tonnes
soit 15% alors qu'il était prévu 2 960 tonnes. Elle est
généralement vendue pour que les coopératives puissent
rentrer dans leurs fonds investis au cours de la campagne agricole. Les
problèmes liés à la production pourraient expliquer
cela.
3.6. Les problèmes liés à la
production agricole d'agro-business
Ils sont liés à la qualité des intrants,
à leurs coûts élevés, à la formation des
acteurs agricoles d'agro-business. Ces différents problèmes
permettront aussi de caractériser l'agrobusiness pratiqué au
Sourou.
3.6.1. Les problèmes liés à la
qualité des intrants
Il s'agit de la mauvaise qualité des engrais et des
semences. Ces problèmes concernent respectivement 7,7% et 23,1% des
agro-businessmen. La provenance des intrants et leur coût sont les
principales causes. En effet, les agro-businessmen se ravitaillent le plus
souvent sur les marchés de Bobo- Dioulasso, Ouagadougou et sur les
marchés des pays voisins (Mali, Niger, Côte d'Ivoire, Ghana) et en
France. La qualité de ces intrants est difficilement vérifiable
car il n'y a pas non seulement de service qualité mais aussi ils sont
laissés à eux-mêmes. Chaque agro-businessman gère
cette question à sa manière. Pourtant, ils ne sont pas à
l'abri des sanctions à l'article 5 du protocole d'accord en cas
d'utilisation d'intrants de mauvaise qualité. On retient ceci :
« En cas d'utilisation avérée d'intrants prohibés
; l'AMVS, pourra à titre des clauses résolutoires à toute
campagne agricole retirer la parcelle d'exploitation » (p. 5). Pour
ce qui est du coût comme facteur influençant la qualité des
intrants, il est lié à la provenance. Les prix ne sont pas
harmonisés sur les différents marchés. Pendant que le
kilogramme d'oignon coûte 50 000 FCFA avec l'AMVS,
60
à l'extérieur, la boîte de 100 g vaut 25
000 FCFA. La semence de maïs généralement provenant de
l'INERA a un prix variant de 1 000 à 2 000 FCFA/ kg. Les engrais
(urée et NPK) coûtent entre 12 500 à 15 000 FCFA. Au regard
de ces prix les agro-businessmen peuvent être amenés à
utiliser des engrais de mauvaise qualité.
3.6.2. Les problèmes financiers
Les coûts élevés des intrants, de la
redevance eau, de la location des tracteurs sont les principales causes. Les
agro- businessmen concernés dans cet ordre sont de 53,8% ; 7,7% et 23,1%
des effectifs totaux. Pour ce qui est des intrants, le protocole d'accord
stipule en son article 3 :«l'exploitant s'engage à disposer des
intrants nécessaires avant le démarrage de chaque campagne...
». Or leur coût est élevé. Il leur faut
dépenser entre 5 à 15 millions de FCFA en dépenses engrais
pour une quantité comprise entre 20 à 50 tonnes. Dans ce cas, la
satisfaction des besoins des sols et des plantes sera difficile. Quant à
la redevance eau, elle est chère selon 7,7% des agro-businessmen. Ce
problème concerne surtout ceux qui exploitent de grandes superficies. En
effet, cette redevance est de 80 000 FCFA / ha en campagne humide et 142 285
FCFA / ha en campagne sèche. Pour des superficies variant de 10 à
100 ha, les dépenses vont varier dans cet ordre. Pourtant, cette
redevance ne se paie pas par tranche mais en totalité peu importe les
résultats de la campagne agricole. Selon les clauses résolutoires
du protocole d'accord notamment à son l'article 3, il ressort : «
l'exploitant doit s'engager à payer la totalité des
redevances avant le démarrage de chaque campagne » (p.3).
Alors si cet article n'est pas respecté, les agro- businessmen
s'exposent à des problèmes d'eau. Un des responsable de l'AMVS
est plus clair : « Au niveau des opérateurs privés, eux,
il n'y a pas de demi-mesure. Ce sont les affaires. C'est simple. On peut couper
l'eau en pleine campagne puisqu'il n'y a pas d'autres moyens de pression.
».
Les problèmes financiers son consécutifs aux
fluctuations des prix des produits agricoles, au manque de crédits et
provoquent la désertion des ouvriers agricoles des parcelles On a ainsi
dans cet ordre 30,8% et 15,4% des agro-businessmen qui sont concernés.
La différence de pouvoir économique entre les opérateurs
agro-business et les bas salaires journaliers pour les ouvriers agricoles
expliquent surtout s'il y a manque de banques de crédits agricoles. Dans
notre zone d'étude, il n'y a qu'une seule caisse populaire qui doit
satisfaire les besoins d'environ 3 000 exploitants agricoles des
périmètres aménagés du Sourou et les autres
catégories socioprofessionnelles. Le bas salaire des ouvriers agricoles
s'explique aussi par ce fait. Ne pouvant pas compter sur une telle somme pour
leurs dépenses, les ouvriers agricoles contractuels, déjà
coopérateurs vont donc compter sur leurs propres productions pour
survivre. Dans cette «situation de chacun pour soi» les ouvriers
agricoles iront là où il ya leurs intérêts surtout
que la chûte des prix des produits agricoles est rapide (40 000 à
8 000 FCFA/ 120 kg d'oignon en 2010.
61
Par exemple du 15 au 30 décembre 2011, les prix des
oignons ont connu aussi une baisse. Pendant que le sac de 120 kg d'oignon
s'achetait à 60 000 FCFA à Bobo-Dioulasso, au Sourou,
c'était à 40 000FCFA. Il est descendu à 25 000 FCFA pour
les derniers à récolter c'est une perte de 15000FCFA soit 37,5%
par rapport au prix. Cette fluctuation des prix met 76,6% des agro-businessmen
dans une incertitude financière s'ils veulent écouler leur
production sur les marchés locaux.
3.6.3. Le problème de formation des acteurs de la
production agricole d'agro-business
Ils sont liés au statut professionnel des
agro-businessmen et au manque d'équipement. En effet, certains d'entre
eux sont des amateurs en agriculture (commerçants, cadres de l'Etat,
salariés d'ONG). Les ouvriers agricoles ne sont pas aussi
qualifiés et la maîtrise des techniques agricoles n'est pas un
fait admis. Deux conséquences découlent de ces problèmes.
La première se traduit par la mauvaise application des engrais. Elle
concerne 15,4% des agro-businessmen qui sont sous équipés. Le
travail est plus manuel. Or ce travail ne saurait être constant et
précis au regard du manque d'une autre unité de mesure pour
l'engrais et les semences que la main. La fatigue et le bas salaire sont
quelques causes. Le travail sera bâclé. Quant à la
défectuosité des équipements ; la seconde
conséquence, elle est aussi liée au manque de formation. Les
maintenanciers ne sont pas qualifiés. Les pannes des stations de pompage
d'eau sont donc récurrentes. Elles concernent 61,5% des agro-businessmen
qui ne paient d'ailleurs que 34% des charges à ce niveau. Ce
problème pourrait compromettre les résultats de leurs campagnes
agricoles et les exposer aux contraintes de l'article 5 du MAHRH/ AMVS, (2006)
qui souligne : « En cas de mauvais résultats pour non respect
des consignes de la production, l'AMVS pourra au titre des clauses
résolutoires à toute campagne agricole retirer la parcelle
d'exploitation » (p. 6). C'est l'une des conséquences d'une
mauvaise planification de chaque campagne agricole. Les agro-businessmen
concernés représentent 7,7% des effectifs totaux. Ils ont des
problèmes de gestion de leurs bénéfices après la
vente de leurs produits agricoles.
3.6.4. Les problèmes d'infrastructures
Il s'agit du manque de comptoirs de stockage et de vente. En
fait, l'installation des agro-businessmen au Sourou n'a pas été
suivie par la réalisation d'infrastructures adéquates. La plupart
d'entre eux vendent leurs oignons à bord champ. Pour ceux qui ont un
comptoir (7,7%), celui-ci est en fait sommaire, de faible capacité et ne
permet pas de bien conserver les oignons. Les photos n°3.3 et n°3.4
sont illustratives :
62
Photo n°3.3: Entrepôt sommaire d'oignon Photo
n°3.4: Préparation de
semence oignon
Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain
Source: ZONGO, (2011). Enquête de terrain
Ces photos montrent que certains agro-businessmen sont en
avance sur d'autres et constituent même des transitaires pour ceux-ci.
Cela peut à la longue créer un monopole dans le système de
stockage : vente.
Les superficies mises en valeur, les modes d'exploitation de
leurs parcelles, les problèmes liés à la production
donnent quelques raisons qui font que l'agro-business au Sourou se pratique
dans un contexte de prédominance de la petite paysannerie. Ainsi, non
seulement la production du Sourou est inférieure à celle de la
région de la boucle du Mouhoun mais aussi, celle des
périmètres agricoles où est pratiqué
l'agro-business l'est aussi par rapport à celle des départements
dans lesquels ils se trouvent. Les agro-businessmen qui représentent
0,007% de la population totale du Sourou (231 591 habitants) et 0,6% des
organisations paysannes (3000 exploitants environ) des localités du
Sourou ne peuvent pas encore nourrir la population du Sourou et faire de la
région le grenier du Burkina Faso. L'agro-business au Burkina Faso n'est
que l'homothétie de celui de l'Europe et des Etats Unis. Si les
activités agricoles hautement mécanisées qui occupent 20%
au Danemark ; 8,8% de a population en France ; 8,5% aux Etats Unis ; 3,9% en
Allemagne peuvent nourrir leurs populations et dégager des
excédents pour aider les pays en développement, le Burkina Faso
où elles occupent plus de 80% de la population (LE CACHEUX, 2011)
n'arrive pas encore à nourrir toute sa population. Une proportion infime
d'agro-businessmen ne peut pas aussi nourrir la population pour le moment.
63
Chapitre 4:L'agro-business et les perspectives de
sécurité foncière et alimentaire
Il sera question dans ce chapitre 4 d'analyser les
réalités foncières des acteurs présents dans les
périmètres aménagés en vue de les mettre en
perspective avec la politique nationale de sécurisation foncière
à travers le protocole d'accord et les lois foncières nationales
pour les mettre en relation avec la sécurité alimentaire suite
à l'avènement de l'agro-business dans les localités de
Niassan, Di, Débé et Gouran.
4.1. Agro-business et perspectives de
sécurité foncière
La sécurité foncière est la condition
première pour une production agricole. Au Burkina Faso, des outils
juridiques d'importance différente régissent les activités
du monde agricole. La Réorganisation Agraire et Foncière (RAF),
la loi coopérative, la loi n°034 et des décrets
ministériels résultant de ces lois sont les principaux. Ces
textes juridiques ont chacun un impact sur la sécurité
foncière de chaque acteur agricole et cela en fonction de leur
étendue. L'analyse de ces outils juridiques contribuera à
évaluer son ampleur.
4.1.1. Les outils juridiques
Les périmètres agricoles de la vallée du
Sourou ne sont pas accessibles à tous les producteurs agricoles. Avec
une population de 231 591 habitants (DGPSA/MAHRH, 2008) que compte le Sourou,
on n'a que 3000 exploitants agricoles soit 1,3% des effectifs et repartis dans
treize coopératives, un groupement et un comité d'irrigant. Ceux
qui y ont accès doivent remplir certaines conditions et établir
des relations avec l'Autorité de Mise en Valeur de la Vallée du
Sourou (AMVS). Cette structure veille au respect des outils de
régulation foncière sur les périmètres
aménagés de la vallée du Sourou. Ces outils de valeur
juridique déterminent les droits, les devoirs et la
sécurité foncière de chaque exploitant agricole. Il s'agit
de la Reforme Agraire et Foncière (RAF), la Loi 034 portant
régime foncier rural, la Loi coopérative, le cahier de charge de
la vallée du Sourou, le protocole d'accord.
4.1.1.1. La Réorganisation Agraire et
Foncière et la sécurité foncière des acteurs de la
production agricole des périmètres de Niassan, Di,
Débé et Gouran
Au Burkina Faso, la RAF est l'outil de régulation
foncière de base. Elle est la première à définir
les droits, les devoirs, à assurer la sécurité
foncière des producteurs agricoles ou à la compromettre. Cette
loi qui s'applique aussi bien aux acteurs agricoles des terres
aménagées que ceux des terres non aménagées. C'est
sous le Conseil National de la Révolution (CNR) qu'est intervenue pour
la première fois l'Ordonnance N° 84-050/CNR/PRES du 04/08/84
portant reforme agraire et foncière au Burkina Faso. Cette RAF remplace
la Loi N°77/60/AN du 12
64
juillet 1960 portant réglementation des terres du
domaine privé de la Haute Volta qui était calquée sur la
Réorganisation foncière en Afrique Occidentale Française.
Comme dans les versions relues, en 1991( Zatu AN VIII-39 bis du 4 juin 1991
portant RAF-BF), en 1996 : Loi N°014/96/ADP du 23 mai 1996 et en 2012 (Loi
N°034-2012/AN du 02 juillet 2012 portant Réorganisation Agraire et
Foncière), les terres appartiennent toujours à l'Etat. Ces
relectures de la RAF la chûte du CNR vont consister à assouplir le
monopole de l'Etat et redéfinir les structures de gestion
foncière une des exigences des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS).
Ainsi, même s'il y a un assouplissement des lois sur l'accès aux
périmètres aménagés notamment ceux de la
vallée du Sourou, le privé n'étant plus exclu, les
exploitants agricoles restent des attributaires ou des loueurs. La
sécurité foncière des différents acteurs agricoles
(exploitants familiaux, coopérateurs, agro businessmen) dépend
toujours de l'Etat qui fixe, fait et défait les droits et les devoirs de
chaque acteur de la production agricole des localités concernées.
Pour la population locale, la RAF a aboli le droit d'exploitation
illimitée de la terre. Elle n'a pas aussi permis l'installation de toute
la population vivant de l'agriculture sur les périmètres
agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran. Elle est laissée
à elle-même face aux aléas climatiques, manque d'engrais et
problèmes d'équipement agricole. Elle est obligée de
rester confinée dans les champs pauvres et inextensibles à
l'infini.
Quant aux coopérateurs, ce sont ceux qui ont
été les premiers à avoir le droit d'occupation des
périmètres agricoles. Ils sont eux aussi régis par la RAF
car la loi coopérative est son émanation. Mais le droit
d'exploitation qu'ils ont acquis n'est pas définitif car le
coopérateur peut être exclu des parcelles s'il y a remise en cause
de leurs devoirs envers sa coopérative et l'AMVS. Il s'agit de la
redevance eau, les dettes pour les intrants. En clair les coopérateurs
ne sont pas propriétaires des parcelles. Cet extrait de DIALLA, (2002)
est explicite :
«En effet, l'Article 191 du Décret
d'application de la RAF dispose que l'occupation et l'exploitation des terres
hydro-agricoles par les personnes physiques ou morales sont subordonnées
à la délivrance d'un titre de jouissance par l'autorité
compétente. Il ne s'agit pas de titre de propriété, et les
articles 193 et 195 fixent les conditions si contraignantes que l'exploitant a
plus la chance de se voir expulser que d'être propriétaire»
(p10).
Avec la RAF, les terres hydro-agricoles appartiennent à
l'Etat qui peut attribuer des droits d'exploitation. Elle n'assure donc pas la
sécurité foncière des coopérateurs sur les
périmètres irrigués de Niassan, Di, Débé et
Gouran. Les coopérateurs qui exploitent ces terres hydro-agricoles ne
sont donc pas propriétaires. Et comme ils sont en majorité sont
des migrants, ils n'ont pas de lien social avec la terre qui les accueille et
même entre eux. Ils n'ont pas accès de ce fait aux champs
pluviaux. Ils sont uniquement confinés aux périmètres
irrigués. Ils sont isolés. Ce qui limite leurs initiatives. En
cas de problème, ils sont obligés d'abandonner leurs
65
exploitations au profit d'autres ou se jeter dans les bras des
agro-businessmen et devenir des ouvriers agricoles.
Enfin en ce qui concerne les agro-businessmen, la RAF relue en
1991, 1996 et 2010 est en leur faveur. En fait sa dernière version est
plus claire. C'est selon la RAF, (2012) pour un « principe
d'équipé, de bonne gouvernance, d'innovation » (pp.
2-3). Cette loi offre aux agro-businessmen des conditions favorables. Au niveau
des périmètres hydro agricoles, les articles 130 et 131 de la RAF
de 2012 définissent les règles. A l'article 130 de la RAF,
(2012), on retient : « Les zones rurales aménagées ou
non aménagées de l'Etat sont occupées ou exploitées
sous forme associative, familiale, individuelle ou par des personnes morales de
droits privé ou de droit public» (p.36). Cette
précision vient de l'article 131 de cette même loi :
« L'occupation ou l'exploitation des terres rurales
aménagées fait l'objet de cahiers des charges
élaborés par la
commission interministérielle
présidée par le ministre chargé du secteur concerné
et adopté par décret pris en Conseil de ministres...»
(p37).
C'est uniquement sur les terres non aménagées du
Domaine Foncier National (DFN), la RAF reconnaît un patrimoine foncier
des particuliers en ces articles 194, 195 et 196. Sur les
périmètres hydro-agricoles de Niassan, Di, Débé et
Gouran, la population locale et les coopérateurs et les agro-businessmen
n'ont que des droits d'occupation et des exploitations des
périmètres. Ces derniers sont considérés comme les
partenaires financiers privilégiés de rentabilisation de ces
périmètres. Ils doivent aider l'Etat à supporter les
charges d'aménagement. Cela les met au dessus des autres producteurs
agricoles du Sourou. Ainsi, la RAF va introduire une notion de classe sur les
périmètres : la bourgeoisie agricole. C'est la plus riche et la
mieux équipée. Cet ensemble de fait peut conduire à un
accaparement de terres car par manque de moyens économiques, les
exploitants familiaux et les coopérateurs vont perdre leur statut et
devenir des ouvriers agricoles sans terres.
Est-ce que des leçons ont été
véritablement tirées des insuffisances des autres lois ? Dans
quels sens et pour qui ? En fait, une révision d'une loi appelle une
autre. Et, ces révisions, nous éloigne davantage des objectifs
visés par les lois agricoles.
4.1.1.2. La Loi N°034-2009/AN portant régime
foncier rural et l'état de sécurité foncière des
acteurs de la production des périmètres agricoles de Niassan, Di,
Débé et Gouran
Pour ce qui est de la population locale, qui d'ordinaire
travaille en paysannat, cette loi organise l'exploitation des terres rurales.
En son article 4 il ressort :
66
« La terre rurale constitue un patrimoine de la
nation. A ce titre, l'Etat, en tant que garant de l'intérêt
général assure la gestion rationnelle et durable des terres
rurales... ; organise la reconnaissance juridique effective des droits locaux
légitimes des populations rurales, assure la garantie des droits de
propriété et de jouissance régulière établie
sur les terres rurales ; veille de manière générale
à la protection des intérêts nationaux et à la
préservation du patrimoine foncier national en milieu rural »
(p. II).
Même avec l'adoption de cette loi, la terre appartient
toujours à l'Etat Mais, au niveau des terres rurales non
aménagées, les exploitants familiaux ont des droits locaux
légitimes, ce n'est pas le même cas sur les
périmètres agricoles de Niassan, Di, Débé et
Gouran. Ils doivent adhérer à une coopérative et
s'adresser à l'AMVS pour être attributaire d'une parcelle. Quant
aux 3000 coopérateurs de la vallée du Sourou, avec la Loi
N°034 portant régime foncier rural, ils occupent et exploitent
entre 0,6 et 1,5 ha si les textes relatifs aux petits et grands
aménagements sont respectés. Leurs superficies peuvent atteindre
3 ha s ils développent des stratégies pour contourner les textes
en vigueur en adhérant à plusieurs coopératives à
la fois. Enfin, la Loi N°034-2009/AN portant régime foncier rural
fait aussi cas de l'agro-business. Dans son article 71 de la LOI
N°034-2009/AN, il ressort :
«Outre les baux emphytéotiques, les personnes
physiques ou morales de droits privés désirant réaliser
des investissements productifs à but lucratifs en milieu rural, peuvent
accéder aux terres agricoles et pastorales aménagées par
l'Etat ou par les collectivités territoriales par voie de cession »
(p. XI).
Tous ceux qui recherchent des opportunités et qui
veulent faire des affaires (du business) dans l'agriculture, sont
autorisés pourvu que certaines conditions soient respectées.
Leurs droits et leurs devoirs sont consignés dans cette loi. Le paiement
des taxes, la mise en valeur effective des parcelles attribuées et la
production pour la commercialisation sont exigées par cette loi.
Cette Loi 034 en donnant la propriété de la
terre à l'Etat a aboli le droit d'exploitation illimité de la
terre surtout celle des périmètres aménagés et
n'assure pas aussi de ce fait la sécurité foncière des
populations locales. Aussi, la Loi 034 étant une consignation de la RAF,
elle n'est pas un outil approprié de traitement des problèmes
fonciers ruraux. Ayant été adoptée, deux ans avant la
troisième relecture de la RAF en 2010, elle pourrait être en
déphasage avec celle-ci. Enfin, les catégories de personnes
auxquelles elle s'adresse, son appropriation est plus en faveur des acteurs les
plus informés (leur responsabilité professionnelle et leur niveau
d'instruction étant leurs atouts). Il s'agit des autorités
décentralisées et certains agents de l'Etat en service dans les
communes rurales qui ont été associés aux ateliers de
formation et d'élaboration de cette loi, et qui maîtrisent mieux
ses enjeux. Les acteurs les moins informés peuvent être un frein
à l'application de cette loi. Leur vague compréhension de cette
loi pourrait être la cause. Ils sont représentés par les
autorités coutumières, les conseillers villageois de
développement (CVD), les
67
Conseillers municipaux, les agents techniques de l'Etat et les
organisations paysannes. Quant au dernier groupe composé par la
population locale (autochtones, migrants, coopérateurs et certains
agro-businessmen), il peut être victime de l'application de cette loi
foncière. Ainsi, selon OUEDRAOGO, (2011) :
« Le décalage de compréhension sur la
Loi 034 entre les structures déconcentrées et
décentralisées et la mise en place inachevée des services
décentralisés en matière foncière contribuent
à rendre davantage ambiguë les rôles respectifs des
structures administratives (décentralisées et
déconcentrées) dans le mécanisme de sa mise en oeuvre
» (p 137).
4.1.1.3. La Loi Coopérative ou Loi N°
014/99/AN du 15/04/99 portant réglementation des sociétés
coopératives et groupements au Burkina Faso
Elle établit un cadre juridique des statuts des
sociétés coopératives. Cette loi a favorisé la mise
en place de treize coopératives au Sourou dont neuf pratiquent la
riziculture en majorité. Elle n°4.1 nous renseigne sur ces
coopératives :
Tableau n°4.1: Etat des lieux des
coopératives et groupement du Sourou
Localités
|
|
Coopératives rizicoles
|
Coopératives maraîchère
|
Coopératives à production variée
|
Niassan
|
CAPIN (50 ha)
|
Heressera (70ha)
|
CAPSO (70ha)
|
Badenya (134 ha)
|
-
|
-
|
Toma-île
|
|
CRTO (134 ha)
|
-
|
-
|
Guiédougou
|
Fasokadi (134 ha)
|
Sababougnouma (206 ha)
|
COPROMAG (300 ha)
|
-
|
Débé
|
|
CAD (420 ha)
|
SOCOMAD (450 ha)
|
GPCD (450 ha)
|
Di
|
|
-
|
-
|
SOCADI (420 ha)
|
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Au regard du tableau n°4.1, il ressort que les
localités ne produisent pas les mêmes spéculations. Ces
localités semblent être spécialisées. Cela a
été possible grâce à la loi coopérative. Et
certains agro-businessmen sont des anciens coopérateurs venant pour la
plupart des coopératives maraîchères. L'esprit de cette loi
qui pourtant était d'avoir un regroupement démocratique sans
distinction de religion, d'ethnie et sur la base de la solidarité a
laissé place à des jeux d'acteurs qui influencent la
sécurité foncière des acteurs de la production agricole.
Ainsi, au regard de la notoriété que peuvent acquérir les
coopératives ou groupements, ils peuvent faire l'objet d'une
récupération de la part des personnes les plus influentes du
village. Ce qui peut les désorienter de leurs objectifs, les mettre en
déphasage avec les réalités locales et compromettre leur
bon fonctionnement. En effet selon DIALLA (2002) les coopératives
68
« ...sont pour la plupart des transpositions directes
des formes coopératives qui existent dans les métropoles et comme
tel, elles sont sans relations sérieuses avec le milieu social et
économique burkinabé dans lesquelles elles sont
transférées »
Enfin, il n'y a pas une maîtrise de ces lois par les
différents acteurs bien qu'il y a eu des évolutions
consécutives aux changements de régimes. Ils peuvent donc
être facilement en contradiction avec cette loi et peuvent et s'exposer
à l'insécurité foncière. Au niveau des devoirs des
coopérateurs sur les périmètres agricoles de Niassan, Di,
Débé et Gouran, ils se résument au paiement de la
redevance eau (50 000 FCFA/ ha en campagne humide et 100 000FCFA/ ha en
campagne sèche), de l'entretien des ouvrages hydrauliques (stations de
pompage d'eau, canaux d'irrigation, périmètre d'exploitation) et
la bonne moralité. Certains coopérateurs étant
endettés, ils sont exposés à une expulsion des
périmètres.
4.1.1.4. Le cahier spécifique des charges du
Sourou et de la haute vallée du Mouhoun et le protocole d'accord:
état de la sécurité foncière des acteurs agricoles
de Niassan, Di, Débé et Gouran
Ces deux textes se complètent. Ils déterminent
la présence ou l'exclusion des acteurs de la production agricole. Leur
sécurité en est tributaire.
Le cahier spécifique des charges est une prescription
de la Réforme Agraire et Foncière (RAF) de 1996 en son article
189 de décret d'application de la législation foncière. Un
Décret et un arrêté ont été pris pour son
élaboration, son adoption et son application. Il s'agit du décret
No97-598/PRES/PM/MEE/AGRI du 31/12/ 1997 portant cahiers des charges
pour la gestion des grands aménagements qu'il sera
élaboré. Il est suivi par l'arrêté conjoint
No98-032/MEE/ MA/ MEF/ MATS du 06/10/98 portant cahier
spécifique de la vallée du Sourou et de la Haute Vallée du
Mouhoun. Ce cahier indique la possibilité d'introduire des exploitants
autres que les coopérateurs ou les paysans sur les
périmètres irrigués. Il est une réponse
donnée pour l'émergence de nouveaux acteurs dans le monde
agricole. Il devrait permettre le développement de l'agro-business et de
l'agro-industrie dans la vallée du Sourou. Le cahier indique
spécifiquement les relations économiques, financières,
techniques et sociales qui doivent exister entre les agro-businessmen et l'AMVS
d'une part et de l'autre, la relation avec la parcelle et l'eau d'irrigation
tout en incluant les exploitants familiaux. Il y a aussi les conditions
d'attribution et d'exploitation des parcelles aux coopérateurs qui
tiennent compte d'un temps d'essai ou d'attribution provisoire. Elles tiennent
compte du statut social du coopérateur et certaines dispositions
morales. En effet, il doit être de nationalité burkinabé,
marié et disposer d'au moins quatre actifs. Il doit aussi être de
bonne moralité, résider sur le site, s'engager dans les
structures communautaires, exploiter personnellement la parcelle dont il est
attributaire et non
69
propriétaire. Il doit respecter les dispositions du
cahier des charges. Un autre document complète le cahier des charges :
le protocole d'accord.
Le protocole d'accord définit le partenariat qui doit
exister entre l'agro-businessman et les conditions d'exploitation des
périmètres aménagés (Article 1). Il
détermine les modes de fonctionnement et de travail. Ce document
s'articule autour des engagements de l'AMVS (Article 2) et des exploitants
agro-business (Articles 3 à 4), les sanctions (Articles 5), le
règlement des litiges, la durée et l'entrée en vigueur du
protocole d'accord (Articles 6 et 7). Ce protocole est la
matérialisation du cahier des charges spécifiques de la
vallée du Sourou et du Haut Mouhoun sont quelques aspects. Avec le
protocole d'accord, on connaît la superficie mise en valeur par
l'opérateur d'agro-business, les cultures pratiquées et la
destination de sa production.
Ces textes ne sont cependant pas une garantie de
sécurité foncière. Les conditions d'attribution,
d'exploitation des terres aménagées contraignantes, les sanctions
prévues, le manque de droit de propriété, le cahier
spécifique des charges du Sourou et du Haut Mouhoun. Cette situation de
précarité foncière, justifie en partie les
stratégies de survivance telle la gestion des périmètres
par location sur le bloc C. C'est un des types des spéculations
foncières. Ce mode d'exploitation des parcelles du Bloc C est pourtant
interdit par le protocole d'accord signé avec l'AMVS. L'Article 5 du
AMVS/MAHRH (2006) portant clauses résolutoires est explicite en certains
de ces points : « L'AMVS pourra au titre de clauses
résolutoires à toute campagne retirer la parcelle d'exploitation
dans les cas ci- après : - Non respect des clauses de l'Article 3 ; en
cas de sous- location avérée des parcelles à tiers...
» (p 5).
Enfin le statut d'attributaire octroyé aux
agro-businessmen, laisse cependant une marge de manoeuvre aux autorités
administratives (AMVS) pour veiller au respect des obligations
consignées dans le cahier des charges spécifiques et du protocole
d'accord du Sourou et du Haut Mouhoun. A cause des sanctions un
agro-businessman peut perdre sa parcelle au profit d'un autre. Ces propos d'un
des agro- businessmen enquêtés sont illustratifs « Je
suis attributaire et non propriétaire. A tout moment l'AMVS peut
révoquer son accord » (Mme B. S.). Ce qui établit un
climat d'insécurité. Par ce fait, 76,9% des agro businessmen
enquêtés ne voient pas dans le protocole d'accord une garantie de
sécurité foncière puisque l'état de leur
sécurité foncière dépend du bon vouloir de l'Etat.
Ces propos d'un autre agro- businessman sont tout aussi évocateurs :
« La sécurité foncière des
agro-businessmen dépend de l'Etat. Si, aujourd'hui, on te donne un lopin
de terre dans les villes, qui garantit la sécurité
foncière ? C'est l'Etat. Sinon au niveau local, les autorités
coutumières et la population locale ne peuvent pas garantir votre
sécurité. Elles peuvent vous donner des terres mais si vous
faîtes des merveilles, vous savez, c'est l'Etre humain. S'il n'y a pas de
papiers qui vous garantissent la sécurité, on peut
vous retirer le champ à n'importe quel moment. Il n'y
a pas de demi-mesure » (M.O.B).
70
L'encadré n°4.1, ci-dessous évoque les
péripéties d'un agro-businessman pour accéder aux terres
aménagées dans le Sourou du fait des considérations
politiques en cours.
Encadré n°4.1: L'application de
l'agro-business dans son sens original
En agro-business, on a non seulement une importation des
techniques mais aussi une importation des capitaux pour pouvoir réussir
cette agriculture raisonnée. On s'appuie sur les partenaires techniques
et financiers privés. Donc quand on parle de haute technologie, ce sont
les privés, les grandes firmes. Quand ces firmes veulent investir leur
argent dans leurs affaires, elles ne veulent pas aller avec le gouvernement,
avec les politiciens parce que personne n'est plus fort qu'un politicien. Au
Burkina, notre gouvernement n'a pas encore compris le secteur privé
à tel point même qu'au niveau de l'agro-business dont on parle,
ils veulent que les agro-businessmen leur amènent les fonds pour qu'ils
aménagent les terres. Et s'il n'aménage pas ? Est-ce que c'est
à l'AMVS qu'ils ont donné un crédit ? C'est moi leur
partenaire à qui ils affectent l'argent mais moi je ne peux pas prendre
mon argent pour donner à des politiciens. Comme j'ai refusé de
leur donner mon argent jusqu'à présent je n'ai pas pu
acquérir le terrain. Je n'ai même pas exploité même 1
ha des 250 ha demandés. J'ai demandé 250 ha pour un premier temps
et en 5 ans on va exploiter 1000 ha avec nos propres moyens. ZONGO
(2011). Entretien avec M.C.T.
Selon cet acteur, cette manière de pratiquer
l'agro-business au Sourou n'est pas la bonne. En agro-business, l'exploitant
est propriétaire. C'est le statut le plus sécurisant favorisant
la liberté d'entreprise. Avec ce statut, il peut produire ce qu'il veut,
mener toutes sortes d'activités sur son terrain (élevage, chasse,
tourisme...).
4.1.2. La pratique de l'agro-business et les nouveaux
rapports fonciers
Les agro-businessmen, qu'ils proviennent des
coopérateurs locaux ou non, entretiennent des rapports socio-fonciers
multiples avec la population locale et les coopérateurs. Ces rapports
ont des manifestations de complémentarité et/ou d'opposition.
4.1.2.1. Les rapports socio-fonciers entre population
locale et agro-businessmen
La population locale contribue à la
sécurité foncière des agro-businessmen. Ils ont tous des
relations avec les chefs coutumiers et les informent de leurs activités.
Les formations sur le foncier. Facilitent cela. La population locale est aussi
une pourvoyeuse d'ouvriers agricoles (contractuels et permanents). Ces ouvriers
agricoles compensent le problème d'équipement agricole des
agro-businessmen et leur permettent d'être en règle
vis-à-vis du calendrier cultural et de la mise en valeur de toutes les
parcelles qui leur sont octroyées. Ainsi, pour certains, au regard de
leur proximité avec la population locale et les autorités
coutumières, les négociations
71
pour avoir accès à la terre doivent se faire
avec celles -ci et non avec l'AMVS car elles assurent le mieux la
sécurité foncière.. Ils représentent 15,4% du total
des agro-businessmen.
L'encadré n°4.2 nous donne la compréhension de
cet agro-businessman sur la sécurité foncière:
Encadré n°4.2: Implication de tous les
acteurs locaux pour une sécurité foncière
«La sécurité foncière, on ne peut la
garantir qu'en se mettant en accord avec la population : les
propriétaires terriens, les villageois, les propriétaires des
champs. Il faut qu'ils soient tous impliqués dans cette entreprise
agro-business. C'est ce qui peut amener la sécurité
foncière. Il faut que l'Etat se désengage carrément de la
sécurité foncière et qu'il libéralise cette affaire
d'agro-business. Il faut quand même contrôler les agro-businessmen,
les suivre pour que les terres soient bien gérées mais qu'il
laisse le reste du débat entre la population et l'opérateur
économique, qu'ils s'accordent sur les terres à exploiter parce
que ces terres là appartiennent à ces populations qui vivent de
ces terres là. Mais tant que la masse, tant que toute la population avec
laquelle tu vis t'est hostile, elle ne te veut pas, mais elle va te chasser,
elle va tout saboter. Tu ne peux rien. Ils ont toutes les manières pour
saboter ton travail. Quand tu n'es pas bien accueilli dans une population tu ne
peux pas y rester ». Cela va être difficile pour avoir une
sécurité. ZONGO. (2011). Entretien avec
M.C.T.
|
Selon cet agro-businessman, c'est plutôt le droit
coutumier sur les terres qui prime et qui est gage de sécurité
foncière. Cependant, ce contrat peut être remis en cause par cette
même population au regard des ambitions expansionnistes des
agro-businessmen. L'emprunteur peut voir sa superficie exploitée
réduite pour les besoins familiaux de la population locale ou même
retirée à cause des enjeux fonciers. En outre c'est à la
faveur du droit moderne que l'introduction des opérateurs privés
(agro-businessmen) a été possible. Le droit coutumier ne
reconnaît que la propriété collective de la terre sauf en
cas de pression foncière. La majorité des agro-businessmen
(84,61%) est plus pour le contrôle des terres par l'Etat à travers
un contrat bail d'au moins 25 ans pour garantir leur sécurité
foncière au lieu d'être attributaire. Pour ceux qui arrivent
à travailler hors périmètre (paysannat) le contrat verbal
n'est pas une source de sécurité foncière pour eux. Cela
est confirmé par cet entretien réalisé avec cet
agro-businessman à l'encadré n°4.3:
Encadré n°4.3: «On n'est pas en
sécurité en paysannat ou hors périmètre
»
«L'Etat doit prendre des mesures pour garantir nos
parcelles parce que plus nous avons des garanties au niveau du foncier, plus
nous sommes conscients de produire le maximum. Si vous allez sur les
périmètres, si vous voyez l'agro-business et si on part au
paysannat ce n'est pas la même chose. C'est un petit protocole qui
garantit la liberté, c'est une petite garantie. Les paysans n'ont pas
cela pour nous. Si on travaille en paysannat. On peut amener la fumure pour
améliorer notre champ puisque on sait qu'en mettant de la fumure, on
peut augmenter ta production. Si la production est bonne, ils peuvent nous
retirer la parcelle. Si je dis qu'on peut nous retirer la parcelle parce que
c'est sur des terrains locaux. Au niveau des autorités
coutumières, si tu pars négocier, on peut te dire de donner un
poulet, un coq. On part te montrer un ou deux ou trois hectares. Tu commences
à bien produire. C'est là même le danger car tu n'es
même pas en sécurité. Il faut savoir que l'année qui
suit, on va venir te dire : « Ah ! Il y a mon parent qui est venu de
la Côte d'Ivoire, on va te prendre ce morceau là ».
Est-ce que tu vas refuser ? S'il te dit que moi en tant que propriétaire
terrien, j'ai mon frère, sur 3 ha on va prendre 1 ha, tu as gagné
puisque tu n'as pas payé. Ils peuvent même retirer tout. C'est le
propriétaire terrien. Tu n'as pas la force» ZONGO. (2011).
Entretien avec M.B.O.
|
72
L'étude déjà menée par le GRAF Infos
n°25, (2007.b.) qui a abouti à cette conclusion :
« En agriculture pluviale, le pourcentage de
satisfaction des populations en rapport de superficie, la qualité des
terres, la gestion des conflits et aux accords de prêt est en dessous de
50% preuve du sentiment d'insécurité dans laquelle, les
agriculteurs travaillent. Pour ce qui est de l'agriculture sur les
périmètres aménagés, 38,6% des
enquêtés sont satisfaits de la qualité
des aménagements. Seulement 26% sont satisfaits de l'attribution »
(p7).
4.1.2.2. Les rapports socio-fonciers entre les
coopérateurs et les agro-businessmen
La nature des rapports sociaux est fonction des
résultats des campagnes agricoles des coopérateurs. Trois cas de
figures sont possibles s'ils sont dans une coopérative rizicole.
D'abord, si la campagne humide du coopérateur peut
être excédentaire. La coopérative peut rentrer dans les
dépenses consenties au compte du coopérateur (dépenses
intrants) alors les spéculations de la campagne sèche sont un
additif à ses bénéfices. Dans ces conditions, la
sécurité foncière du coopérateur n'est pas
menacée puisqu'il peut l'assurer lui-même. Ensuite, la
récolte peut juste suffire pour couvrir les
dépenses faites par la coopérative au cours d'une campagne
humide. A ce niveau ce sont les cultures de la campagne sèche qui
serviront à la survie du coopérateur car il n'a pas pu
dégager d'excédent de riz. Le coopérateur doit chercher
des moyens ailleurs pour assurer sa redevance eau même s'il
bénéficiera à la prochaine
campagne humide des subventions en intrants. Et comme en
campagne sèche les coopératives
73
permettent à leurs membres de produire d'autres
spéculations en plus du riz, alors les relations avec les
opérateurs agro-business deviennent nécessaires grâce
à l'oignon. Dans le dernier cas, si la production de riz est
déficitaire c'est-à-dire n'est pas suffisante pour couvrir les
dépenses faites au compte de la production agricole de ce
coopérateur, la récolte est néanmoins
récupérée. Le coopérateur est redevable à la
coopérative. Pour épurer sa dette, il a un délai de deux
à trois campagnes agricoles. Il ne bénéficie plus de fait
d'aucune subvention pour sa production de riz (pas de semences ni d'engrais).
Après ce délai, s'il n'arrive toujours pas à payer sa
dette envers la coopérative, alors il est exclu du
périmètre agricole Le tableau n°4.2 montre l'état de
sécurité des coopérateurs et ceux qui pourraient
être les potentiels ouvriers agricoles des agro-businessmen.
Tableau n°4.2: Les endettés de la
coopérative Heressera exposés à une expulsion du
périmètre
Dettes en milliers de FCFA
|
] 0-5]
|
] 5-10]
|
] 10-15]
|
] 15-20]
|
] 20-25]
|
] 25 et +
|
Total
|
Nombre
|
3
|
4
|
9
|
0
|
28
|
3
|
47
|
Pourcentage(%) des coopérateurs
|
6,4
|
8,5
|
19,1
|
0,0
|
59,6
|
6,4
|
100
|
Source: ZONGO et AMVS, 2011
Au regard du tableau n°2 tous les membres de cette
coopérative sont endettés et plus de la moitié d'entre eux
doivent au plus 25 000FCFA à cette coopérative. Tous sont
déficitaires. Si les textes de cette coopérative doivent
s'appliquer avec une certaine rigueur tous les membres ne
bénéficieront pas de semences ni d'engrais. Pour ne pas tomber en
faillite la coopérative s'endette et repartit le paiement entre ses
membres. Ils auront donc à payer et leur dette envers la
coopérative et la somme empruntée à la coopérative
qui est comprise entre 2500 et 75 000 FCFA. Au niveau de la Coopérative
Agro-pastorale Sorokadi (CAPSO), ce sont aussi 20% des 45 membres qui sont
endettés. Cette dette va de 6 755 à 493 952 FCFA.
Ce niveau d'endettement montre que les risques
d'insécurité foncière augmenteront chez les
coopérateurs les plus endettés. Ils pourraient donc s'affilier
à des agro-businessmen pour éponger leurs dettes. Ils vont se
faire employer comme des ouvriers agricoles contractuels et comme leur salaire
journalier varie entre 500 à 2000 FCFA et que le travail n'est pas
permanent, ces coopérateurs peuvent devenir des producteurs sans terre.
Cette relation entre les agro-businessmen et les coopérateurs peut aussi
être une menace voire même une désorganisation de ces
organisations paysannes (OP). L'encadré n°4.4 est
évocateur:
74
Encadré n°4.4: « L'avènement
de l'agro-business au Sourou est la source de nos problèmes
»
« Ces agro-businessmen qu'on trouve sur le site de la
vallée, ce sont les purs produits de Guiédougou ;
c'est-à-dire qu'ils ont fait leurs premiers pas à
Guiédougou. Avec l'agro-business, il faut dire que l'homme est ce qu'il
est. Surtout quand un nouveau système est né, il faut s'attendre
à ses conséquences aussi. Nous, nous pouvons dire que nous
subissons déjà les conséquences de l'implantation de ces
agro-businessmen. C'est surtout la désorganisation de toutes les
coopératives. Quand un coopérateur avec qui vous étiez
trouve des partenaires agro-businessmen, du jour au lendemain il s'enrichit.
Cela amène des idées. Les lois, les statuts, tout ce qui est
lié à la coopérative est presque bafoué. Les
agro-businessmen s'immixent partout. On monte des coups à tous les
niveaux, dans toutes les coopératives. Cela fait que notre
coopérative est semée de bonnes et de mauvaises graines. Si
certains sont là, c'est pour maintenir la terre avec la nouvelle
politique du foncier rural parce que ça peut être utile d'un jour
à l'autre ». ZONGO. (2011). Entretien réalisé
avec M. Z.B.
L'agro-business a donc provoqué de profonds changements
dans les coopératives. PALE (2003) avait déjà abouti
à une telle situation quand il affirmait : « L'agro-business
bien que n'étant pas à la portée de tous semble susciter
l'intérêt de beaucoup d'entre eux qui désertent les
coopératives pour rejoindre les comités de gestion. »
(p175). Actuellement la situation n'a pas évolué
positivement. Les relations que les agro-businessmen entretiennent avec elles
sont la cause de leur désorganisation et de la réorientation de
leurs statuts, de leurs lois, de leurs objectifs ou de leur mort ! Le fait
d'établir des relations avec les autres acteurs de la production
agricole dans le Sourou installe beaucoup de producteurs en
insécurité foncière. Or s'il y a une
insécurité foncière sur les périmètres
aménagés du Sourou, cela pourrait conduire ses exploitants vers
les terres non aménagées. Ce qui pourrait être source de
conflits entre les autochtones et les nouveaux exploitants (agro-businessmen).
On peut dire que malgré le fait que, globalement, les acteurs agricoles
vivent des réalités d'insécurité foncière,
les dispositions juridiques en matière foncière, dans la tendance
actuelle, sont plus favorables aux agro-businessmen. BETHELEMONT, FAGGI et
ZOUNGRANA (2003) à travers leur entretien réalisé avec un
des directeurs techniques l'AMVS le 19 Juillet 2002 corrobore cette analyse
:
« L'Etat ne peut plus permettre de distribuer la
terre à tout le monde pour que chaque paysan puisse nourrir sa famille.
Le Burina Faso est un pays pauvre et il faut qu'on arrive à sortir de
cette pauvreté. Tout d'abord il faut que l'Etat arrête d'investir
à perte sans pouvoir obtenir le bénéfice de ses
investissements. De nouveaux entrepreneurs agricoles devraient prendre en
charge le développement de la vallée et pratiquer une agriculture
de type moderne. Pour cela, il faut avant tout une nouvelle approche des
marchés, l'intensification de la production des cultures de
qualité qui permette d'avoir une marque garantie sur les produits
agricoles. Si la nouvelle
75
génération d'exploitants de la vallée
arrive à réaliser ce type d'agriculture les produits du Sourou
pourront devenir concurrentiels sur les marchés internationaux et dans
la vallée, on pourra produire pour exporter » (p71).
Ainsi, les terres ne serviront plus à produire pour se
nourrir mais pour produire des cultures de rente pour faire sortir le Burkina
Faso de la pauvreté. La sécurité alimentaire est devenu un
problème de second plan et la sécurité foncière
aussi. Car celui qui ne s'inscrit pas dans cette logique pourrait être
exclu des périmètres agricoles.. Cela fait que 69,2% des
agro-businessmen se sentent en insécurité foncière.
4.1.2.3. Les rapports fonciers entre
agro-businessmen
Ils sont établis entre les agro-businessmen migrants et
autochtones. Ils traduisent par la gestion par délégation des
parcelles des premiers par les seconds. Cela s'explique par le fait que les
agro-businessmen migrants n'ont pas l'agriculture comme seule activité
et d'autres y sont par amateurisme et opportunisme. Ils sont une
diversité (agents et cadres de l'Etat, commerçants). La
maîtrise des activités agricoles par ces opérateurs
agro-business autochtones est aussi une autre raison. En cas de problème
c'est lui qui répond en son nom. Ce mode d'exploitation met en relation
l'AMVS avec un agro-businessman n'étant pas le principal attributaire.
Ce qui permet difficilement de faire la différence entre sous location
ou sous-traitance foncière au niveau des périmètres
exploités par ces derniers. Un tel problème est parfois
résolu par une dépossession de cet agro-businessman de sa
parcelle installant celui-ci dans une insécurité foncière.
Cela peut détériorer le climat de confiance qui existait entre
les agro-businessmen.
Donc, on peut dire que les risques d'insécurité
foncière conditionnent aussi la production agricole, le choix des
cultures, leur destination et la sécurité alimentaire DELVILLE.
(2002) confirme cela quand il fait un lien entre la sécurité
foncière et la productivité. Il ressort :
« Une sécurité foncière
suffisante, à savoir le fait que les droits sur la terre et les
ressources naturelles ne soient pas contestés sans raison, constitue
effectivement une condition pour que les producteurs puissent mener à
bien leurs activités - agricoles, pastorales ou autres -, diriger
convenablement leurs efforts et bénéficier des fruits de ces
derniers. La sécurité foncière est ainsi une condition de
développement économique et un déterminant des
stratégies
des agriculteurs...» (p 26).
4.2. L'Agro-business et les perspectives de
sécurité alimentaire à Niassan, Di, Débé et
Gouran
La plupart des États africains voient de nos jours en
l'agro-business la solution aux pénuries et aux crises alimentaires les
plus aigues. Les textes juridiques récents, émanation des
programmes d'ajustement structurel du début des années 1990, ont
progressivement intégré de nouveaux acteurs pour la promotion de
l'agro-business. Essentiellement tourné vers le marché, ce
modèle agricole est-il en mesure de résoudre l'épineuse
question de l'alimentation des populations dans
76
ce contexte de flambée des prix des produits
céréaliers de grande consommation ? Les analyses
précédentes ont permis de dégager les rapports
agro-fonciers en oeuvre dans les périmètres
aménagés du fait de l'agro-business. Dans ce qui va suivre, nous
tenterons d'analyser l'influence de la production agricole d'agro-business sur
les réalités alimentaires des populations locales à la
phase actuelle de son application à travers leur disponibilité
spatiale, temporelle et leur accessibilité sur les marchés de
Niassan, Di Débé et Gouran.
4.2.1. La disponibilité spatio-temporelle des
produits agricoles d'agro-business
Il est question de la production d'agro-business en saison
sèche et humide sur leurs différents
sites.
4.2.1.1. La disponibilité spatiale des produits
agricoles d'agro-business
Dans la vallée du Sourou les périmètres
concernés par l'agro-business sont situés dans les communes
rurales de Di et Lanfiéra. Il s'agit des périmètres
agricoles de Niassan, Di, Débé et Gouran. La production agricole
d'agro-business varie d'une localité à une autre.
Dans la commune rurale de Di à Niassan, sur le
périmètre 200 ha de l'ex-projet «Etudiant », 11,25% de
cette superficie reviennent à l'agro-business. Sur le
périmètre 910 ha de Débé, ce sont 11,1% de la
superficie qui sont exploités en agro-business. Ainsi au niveau du
Département de Di, pour une production totale de 12 000 tonnes de
maïs (2011), l'agro-business totalise 2,66% (320 tonnes), dans la
production totale de maïs de ce département. Cela s'explique par la
présence dans cette localité que de deux agro-businessmen qui
exploitent au total 72,2 ha mais toute la superficie n'est pas mise en
maïs en campagne humide. Dans le département de Lanfiéra
où sont aménagés 203 ha pour l'agro-business, avec une
production totale en maïs estimée à 4 405 tonnes (DRAHRH,
2011), 20,77% de la quantité de maïs a été produite
par les agro-businessmen soit 915 tonnes pour une superficie de 183 ha.
Concernant les oignons pour une productivité de 26 t!
ha, les agro-businessmen ont produit 6 487 tonnes en 2010 soit 24,2% de la
production totale en oignon de la vallée du Sourou pour une superficie
de 249,5 ha. A la seconde campagne sèche, la tomate est la
première spéculation produite par les agro businessmen. Avec un
rendement de 27,5 t! ha la quantité totale de tomate produite par
ceux-ci peut être évaluée à 2 846,25 tonnes pour une
superficie totale de 103,5 ha (AMVS, Enquête de terrain, 2011). Quant
à la pomme de terre, en 2010, les agro-businessmen auraient produit 432
tonnes. Ce qui représente 28,3% de la production du Sourou
estimée à 1 525 tonnes (AMVS, 2011).
Au regard des superficies mises en valeur et de leur
localisation il y a une inégale répartition spatiale des produits
agricoles d'agro-business. Cela va donc conduire à une inégale
disponibilité
77
géographique des produits alimentaires à Di et
à Lanfiéra. Les produits agricoles d'agro-business ne sont pas
disponibles en tout lieu au Sourou.
4.2.1.2. La disponibilité temporelle des
produits agricoles d'agro-business
Elle est liée aux campagnes agricoles d'agro-business
qui sont calquées sur la division climatique des saisons (saison
sèche et saison humide). Au Sourou où les activités
agricoles d'agro-business se déroulent sur trois campagnes (deux
campagnes sèches et une campagne humide) à chaque
«temps» correspond une spéculation donnée.
Concernant la campagne humide qui débute le
1eravril et prend fin le 30 septembre, les agro-businessmen font
surtout le maïs (58% d'entre eux mettent en maïs 100% de leur
superficie et 42% font de la polyculture dont le maïs en majorité)
au cours de cette campagne. Le maïs de variété
améliorée a un rendement de 5 à 6 tonnes à
l'hectare. Ils produisent aussi du maïs en campagne sèche surtout
pendant la deuxième campagne sèche au niveau du Bloc C (203
ha).
Le tableau n°4.3 nous donne les proportions.
Tableau n°4.3: Répartition des
opérateurs agro-business selon leur production en maïs
Production (tonnes)
|
] 0 - 100]
|
] 100
|
- 200]
|
Total
|
Pourcentage d'agro businessmen(%)
|
73
|
27
|
|
100
|
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
On constate que les agro-businessmen n'ont pas la même
capacité productive. Il ressort que 27% des agro-businessmen peuvent
avoir 200 tonnes de maïs à leur campagne humide soit le double de
la production du plus grand nombre d'entre eux (73%). Ce sont les plus grands
producteurs. En 2010, leur production totale de maïs a été
de 1 404,5 tonnes sur une superficie de 249,5 ha. Cette production
représente 14,86% de la production en maïs du Sourou qui
était de 9 454 tonnes. A la campagne humide 2011, les agro-businessmen
ont produit 1 147,57 tonnes de maïs soit 18,92% et 6 065 tonnes pour la
vallée du Sourou. On constate une baisse de la production de maïs
par les agro-businessmen et du Sourou sur les deux campagnes agricoles. Cette
baisse est liée à celle des autres acteurs qui ont
été victime de l'installation tardive des pluies alors que les
agro-businessmen en sont moins. Ces derniers ont accès à l'eau
d'irrigation. La permanence de l'eau dans leurs parcelles est leur atout ; ils
sont donc moins exposés aux aléas pluviométriques.
En campagne sèche, les agro-businessmen du Sourou ne
pratiquent pas que de la monoculture. La principale culture reste l'oignon pour
la première campagne et à la seconde campagne sèche,
78
ils produisent des tomates et de la pomme de terre. Pendant
ces campagnes, le Sourou devient le pôle de convergence et une plaque
incontournable pour les acheteurs maliens, ghanéens, nigériens et
ivoiriens. Cela explique la place occupée par ces cultures dans les
activités agricoles de la population de cette localité. Ce sont
des parcelles d'oignon qui s'étalent à perte de vue. De ces lots,
les agro-businessmen sont les plus grands bénéficiaires en
témoignent les superficies mises en valeur pour ces spéculations
et les relations qui leur permettent d'acheter les oignons des
coopératives. La photo n° 3.3 nous montre une parcelle d'oignon
d'un agro-businessman
Photo n°4.1: Une parcelle d'oignon d'un
agro-businessman
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Cette parcelle à perte de vue jouera un rôle
important dans les chiffres d'affaire des agro-businessmen au de la
récolte-vente. C'est la spéculation qui leur rapporte plus
d'argent si elle est bien vendue. Le tableau n°3.4 nous donne la
quantité de tomates produite pendant la seconde campagne
sèche.
Tableau n°4.4: Répartition de la
quantité d'oignon produite par les agro-businessmen
Oignon en tonnes (t)
|
] 0- 500]
|
] 500-
|
1000]
|
Total
|
Pourcentage d'agro-businessmen (%)
|
42,3
|
57,7
|
|
100
|
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Au regard du tableau n°3.4 on peut retenir que
contrairement à la production de maïs on a plus d'agro-businessmen
(57,65%) pouvant produire plus de la moitié des quantités
d'oignon (500 à 1000 tonnes) et le reste (42,35%) ne produisent pas plus
de 500 tonnes. A cet effet, que la capacité productive des agro
businessmen en oignon est liée à la superficie dont ils
disposent. Pour une productivité de 26 t/ ha, ceux-ci produisent 6 487
tonnes d'oignons sur une superficie
79
de 249,5 ha en 2010 soit 24, 2% de la production totale en
oignon de la vallée du Sourou. La valeur économique de cette
spéculation est une des explications. En effet, les oignons
coûtent plus cher que le maïs s'il est bien acheté. Les
agro-businessmen intensifient la production de cette spéculation pendant
la première campagne sèche. Aussi, certains d'entre eux
supportent le coût de production des oignons de certains
coopérateurs, ce qui va augmenter leur stock puisque ces
coopérateurs sont obligés de leur vendre l'oignon. A la seconde
campagne sèche, la tomate est la première spéculation
produite par les agro-businessmen. Avec un rendement de 27,5 t/ ha, la
quantité totale de tomate produite par ceux-ci peut être
évaluée à 2 846,25 tonnes pour une superficie totale de
103,5 ha (AMVS/ Enquête de terrain, 2011). Quant à la pomme de
terre, en 2010, les agro-businessmen auraient produit 432 tonnes. Ce qui
représente 28,3% de la production du Sourou estimée à 1
525 tonnes (AMVS, 2011). Au niveau du département de Di, pour une
production totale de 12 000 tonnes de maïs en 2011, les agro-businessmen
totalisent 2,66% soit 320 tonnes de maïs. C'est celle des deux agro-
businessmen qui exploitent au total 72,2 ha en mais. Ils sont présents
dans les localités de Niassan et Débé.. Mais, ils y font
aussi de la polyculture. Dans le département de Lanfiéra
où sont aménagés 203 ha pour l'agrobusiness, on a une
production totale en maïs estimée à 4 405 tonnes (DRAHRH,
2011) et 20,77% de la quantité de maïs ont été
produits par les agro-businessmen soit 915 tonnes pour une superficie de 183
ha. Le graphique n°4.1 nous donne la production en maïs et d'oignon
d'agrobusiness de 2007 à 2011 :
Graphique n°4.1: Courbes récapitulatives des
variations de la production de maïs
et d'oignon
Source : AMVS/DAFFPA, (2011)
On constate que la courbe de la production de maïs selon
les agro-businessmen varie en dents de scie : à une année de
grande productivité, succède une année de faible
productivité. L'année
80
2009 a été celle d'une baisse remarquable. La
forte pluviométrie serait la principale cause car quand l'eau est en
abondance le maïs jaunit et produit moins. Cette baisse de la
productivité entraîne des pénuries sur le marché
local. Cela expose la population à l'insécurité
alimentaire et pose un problème d'accessibilité car les prix ont
tendance à augmenter.
Quant à la courbe de la production d'oignon, on note
deux phases dans les campagnes agricoles d'agro-businessmen : de 2007 - 20010,
c`est une période de croissance continue de la production d'oignon.
Mais, l'année 2011 est celle d'une baisse de la production d'oignon. En
effet, la baisse du prix de vente est la principale cause. Ce prix a
chuté de 60 000 fcfa à 25 000 et les derniers à vendre
leurs oignons n'ont eu que 15 000 fcfa les 120 kg. L'année qui a suivi
n'a donc pas encouragé la production d'oignon. Mais, ceux qui ont pris
un risque l'année suivante ont vu les prix remonter. Cela va se
ressentir sur le prix d'achat car dans la loi du marché quand la demande
dépasse l'offre les enchères montent.
Cette production d'oignon reste néanmoins nettement
supérieure à celle du maïs si on compare les deux courbes de
production. La courbe de la quantité d'oignon produite est au dessus de
celle du maïs. La valeur économique de cette première
spéculation est la principale raison. C'est une spéculation
à grande valeur économique. En effet, pendant que le prix d'un
sac de maïs de 100 kg coûte entre 20 000 et 30 000 FCFA, celui de
l'oignon vaut 60 000 FCFA. Quant à la banane est produite sur 20 ha avec
un rendement de 19 t / ha soit une production totale de 1 180 tonnes en 2010.
Elle est produite au cours des trois campagnes agricoles.
4.3. L'accessibilité aux produits agricoles
d'agro-business
Elle est surtout économique. Le pouvoir d'achat qui
conditionne les habitudes alimentaires est déterminant.
4.3.1. Les habitudes alimentaires de la population de notre
zone d'étude
Dans la vallée du Sourou les produits agricoles sont le
maïs, le riz et les cultures maraîchères. Hors des
périmètres, la population locale produit du mil et du sorgho et
du maïs pluvial. Ces produits servent à la préparation du
tô et de la bière locale. Au cours de notre enquête de
terrain, on a constaté que 69,3% de notre population cible consomment le
tô en grande partie. En effet, 47,2% consomment
régulièrement du tô (3 fois par jour) ; 22,1% 2 fois par
jour. Il y a aussi la catégorie de privilégiés qui ont une
alimentation mixte (riz, tô,). Ainsi, la population de notre zone
d'étude connait un régime alimentaire peu varié, ce qui
l'expose à des risques de malnutrition bien que les cultures
maraîchères soient produites dans la vallée. Le tableau
n°4.3 donne leurs dépenses alimentaires :
81
Tableau n°4.5: dépenses alimentaires de la
population locale enquêtée
Dépenses en FCFA/ jour
|
<1000
|
<1000 <2000
|
2000 et +
|
Total
|
Pourcentagede la population cible (%)
|
49,2
|
29,1
|
21,7
|
100
|
Source: ZONGO, (2011). Enquête de
terrain
Il ressort de ce tableau que seulement 21,7% de la population
enquêtée dépensent plus de 2000 FCFA pour l'achat de leurs
aliments (céréales essentiellement) et cela à cause de la
taille de la famille estimée à 6,2 enfants / couple dans le
Sourou (Estimation/INSD, 2007). Les autres, soit 78,3%, dépensent, moins
de 2000 FCFA pour leur alimentation. Le niveau de pauvreté et son
incidence sur la population de la région (60,4%) qui participe le plus
à rendre inaccessibles les produits alimentaires d'agro-business. Aussi,
d'après les indicateurs en 2003 concernant la nutrition, on a 50% des
enfants qui accusent un retard de croissance et 45,7% en ce qui concerne
l'insuffisance pondérale (INSD/ EICVM, 2003). Cette
insécurité alimentaire est imputable à la
réorientation des objectifs des périmètres
aménagés du Sourou. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA., (2003)
avaient déjà abouti à la même conclusion :
« Dans la réalité, les produits
agricoles irrigués, toutes cultures confondues sont prioritairement
destinées au marché. En effet, le seul moyen pour les
coopératives de couvrir les charges de production (salaire de
fonctionnaires, redevance eau, intrants, semences), c'est de contrôler la
commercialisation. Tout sociétaire doit donc livrer au magasin un quota
de récolte avant de disposer du reliquat, éventuel pour nourrir
sa famille. Aussi, la disponibilité potentielle est-elle loin de
traduire l'impact réel de l'irrigation sur la demande alimentaire
» (p 186).
Ainsi, on peut dire que les produits alimentaires des
coopératives et des agro- businessmen ne sont pas disponibles en tout
temps et en tout lieu puisqu'ils sont spéculatifs. Ce qui participe
à l'insécurité alimentaire dans notre zone d'étude.
Même avec l'agro-business qui a été présenté
comme plus dynamique et productiviste que les autres modèles de
production agricole, telle-que la voie coopérative, il se pose un
problème d'accessibilité aux produits agricoles, destinés
aux marchés extérieurs qu'au Sourou.
4.3.2. Les marchés d'écoulement de la
production agricole d'agro-business
La principale destination des produits agricole
d'agro-business, c'est le marché. Il faut rechercher des
débouchés pour les produits agricoles. Il faut vendre aux clients
qui sont en mesure d'acheter les produits agricoles et sur des marchés
précis pour faire des bénéfices. Les marchés
locaux, nationaux et sous régionaux sont les lieux d'écoulement
des produits agricoles d'agro-business.
D'abord pour ce qui est des marchés locaux, ils ne
servent qu'à 23,1% des agro-businessmen pour l'écoulement de leur
maïs. Ces marchés ne les intéressent pourtant pas quand il
s'agit de la
82
vente d'oignon. En fait ces marchés sont exigus pour
cette spéculation. L'offre dépasse la demande. Et pour
éviter la chûte des prix les agro-businessmen délaissent
les marchés locaux quand il s'agit des oignons.
Ensuite en ce qui concerne les marchés nationaux,
l'écoulement des produits maraîchers (oignon, tomate), le nombre
d'agro-businessmen est le quart de ceux qui s'intéressent à ces
mêmes marchés soit respectivement 15,4 et 61,5%. Pour l'oignon et
la tomate, les marchés nationaux qui intéressent les agro
businessmen sont surtout Ouagadougou, Bobo Dioulasso et Koudougou. Le niveau
économique et les habitudes alimentaires dans ces villes sont les
facteurs favorisant leur approvisionnement. Quant au maïs, il
s'écoule en plus de ces marchés sur ceux de Yako et Nouna.
S'agissant des marchés sous régionaux, pendant
qu'ils présentent peu d'intérêt aux agro-businessmen (7,7%)
pour l'écoulement de leur maïs, au niveau des oignons et des
tomates c'est le contraire. Ils sont 76,9%, 30,8% à s'orienter vers ces
marchés. Pour le maïs, le Mali est le principal pays qui
intéresse les agro-businessmen à cause de sa proximité
avec le Sourou. Quant aux produits maraîchers en plus du Mali, ils sont
écoulés sur les marchés du Ghana, du Togo, de la
Côte d'Ivoire et du Niger. On peut donc dire que les agro-businessmen
comptent plus sur les marchés extérieurs pour l'écoulement
de leurs produits agricoles. Ils y gagnent certainement plus de
bénéfices. BETHELEMONT, FAGGI et ZOUNGRANA, (2003) sont
explicites:
« Les cultures maraîchères lorsqu'elles
sont destinées à la consommation intérieure (chou, tomate,
oignon etc.) connaissent des difficultés d'écoulement en raison
d'un marché vite saturé ; les prix s'alignent sur les variations
des flux de légumes déversés sur les marchés
urbains. Faute de moyens adéquats de régulation du marché
(conditionnement, et transformation), les produits perdent leur valeur
marchande s'ils ne sont pas jetés au prétexte d'avarie. Les prix
offerts aux producteurs, dans les marchés organisés (collecte,
transformation et distribution par les sociétés dans les
marchés libres) en plus d'être instables se situent bien souvent
en dessous du coût de production » (p. 190).
Le problème d'accessibilité aux produits
agricoles d'agro-business tout comme ceux des coopératives est la
dérèglementation des prix et le manque de marchés locaux
adéquats pour absorber leurs productions ; ceux-ci s'orientent vers le
marchés extérieurs .Mais, le marché libre non plus n'est
pas un moyen de sécurité alimentaire car on vend au plus offrant.
Cela corrobore les conclusions auxquelles ont abouti de BURBACH et FLYNN
(1980), qui voient en l'agro-business la principale cause de la marginalisation
du monde rural : « Au lieu d'être une solution aux crises
alimentaires, elle est la cause, surtout avec le démantèlement de
l'agriculture et la production des denrées alimentaires
sacrifiées sous le libéralisme » (p.269).
L'agro-business avait été présenté comme un
modèle agricole promoteur car moderne, scientifique, productiviste,
orienté vers le marché. Il
83
devrait être en mesure d'assurer la
sécurité alimentaire. Entre ce discours et les résultats
de notre collecte de données le contraste est perceptible. Les produits
agricoles des agro-businessmen sont parfois vendus à bord champ. Il faut
vendre le plutôt possible pour échapper aux fluctuations des
marchés et aux pertes de la production car il n'y a pas entrepôts,
de magasins, d'usine de transformation. Il est aussi la cause de
l'amplification des incohérences entre la politique d'agro-business et
la sécurité alimentaire. Pendant qu'il y a
démantèlement des structures de stock de sécurité
céréalière et des structures d'aménagement hydro
agricole suivi d'un endettement à coût de milliards, il ne saurait
avoir de sécurité alimentaire avec l'agro-business.
Les agricultures familiales sont de plus en plus
présentées comme incapables d'assurer la sécurité
alimentaire. Pourtant elle a nourri la population pendant des
millénaires. Plusieurs attributs négatifs lui sont collés:
arriérées, stagnantes, de subsistance. De tout ceci, la question
suivante est posée: Que faut-il faire? Faut-il continuer d'exporter la
sécurité alimentaire des populations locales et importer
l'insécurité alimentaire des autres venus acheter les produits
agricoles des agro-businessmen? Ces questions trouvent leurs réponses
dans cet essai d'analyse : relation entre agro-business -
sécurité foncière et alimentaire : lien de
causalité ou mariage forcé ?
4.3. Agro-business-sécurité
foncière-sécurité alimentaire : un lien de
causalité ou un
mariage forcé?
Dans le contexte de l'économie libérale tout est
un bien marchand. La terre et la production agricole peuvent être
utilisées pour faire du business. Or dans «la loi du tout
marchand» un bien n'est jamais définitivement acquis car il peut
être objet d'une autre spéculation, son état peut aussi
changer. Ainsi le propriétaire d'aujourd'hui pourrait ne pas être
celui de demain car tout est une question de pouvoir financier. Dans ce
mouvement de cession, d'acquisition et de redistribution, la
sécurité foncière est affectée et la
sécurité alimentaire aussi. Peut-on donc faire du business avec
la terre et la production agricole et assurer en même temps la
sécurité foncière et la sécurité alimentaire
de tous les acteurs de la production d'agro-business ?
Ce questionnement est une tentative d'analyse de façon
verticale des concepts qui tout au long de notre document ont été
utilisés. C'est aussi une démarcation avec les
préjugés.
84
4.3.1. Agro-business-sécurité
foncière-sécurité alimentaire : un lien de
causalité ?
La sécurité foncière suppose une
stabilité, une constance dans la jouissance des droits fonciers. Peu
importe les changements qui interviendront, ils ne doivent pas la remettre en
cause. Ici, elle a un caractère définitif. On n'est pas
propriétaire par circonstance. On est propriétaire tout le temps.
Et même le décès du premier propriétaire ne change
pas fondamentalement cette donne car c'est la famille du défunt qui est
héritière. Pour le Burkina, à travers la Reforme Agraire
et Foncière, l'Etat est le propriétaire de la terre. Il peut
faire et défaire les acteurs qui sont dans la plupart des cas
attributaire, locataires, métayers. Les périmètres
aménagés et les périmètres agricoles ne
dérogent pas à cette règle surtout que l'Etat compte
rentabiliser ce capital. Alors la priorité est au plus offrant. Comment
pourrait-on assurer sa propre sécurité alimentaire et celle des
autres dans un tel contexte ? Pour assurer sa sécurité
alimentaire et celle des autres, il faut que chacun soit propriétaire et
produise avec ses propres moyens. Il n'a pas à supporter les coûts
des aménagements sinon la destination de sa production peut être
facilement réorientée. Ainsi, n'étant pas inquiet qu'il ne
sera pas du jour au lendemain dépossédé de sa terre, il ne
va plus produire uniquement pour vendre. Pour le cas des agro-businessmen, la
situation est toute autre. Etant attributaires et donc pas
propriétaires, le maintien sur les périmètres
aménagés et agricoles est conditionné, la
sécurité alimentaire aussi. Liée au marché
international, la sécurité alimentaire
«s'achète». Elle peut aussi être confisquée par
un autre agro-businessman ou même par l'Etat car c'est le seul vrai
acteur capable de l'assurer. Pour que la relation entre agro-business-
sécurité foncière -alimentaire, soit un lien de
causalité, il faut que l'Etat soit l'agro-business pour assurer la
sécurité foncière et la sécurité
alimentaire. Sinon, ce sera un mariage forcé, ou le divorce n'est qu'une
question de temps où l'insécurité foncière et
l'insécurité sont à l'ordre du jour du divorce.
4.3.2. Agro-business - sécurité
foncière - sécurité alimentaire : un mariage forcé
?
Pour les pays africains et particulièrement le Burkina
Faso, l'agro-business est une pratique de mode. Vu comme tel et les Programmes
d'Ajustement Structurel aidant, l'agrobusiness sera adopté de force par
les pays africains car seule voie pour payer les dettes contractées
auprès des institutions de Brettons Wood (Banque Mondiale et Fond
Monétaire international), surtout que l'agriculture familiale est
qualifiée d'incompétitive. Le choix n'est pas laissé
à ces pays pour voir de si cette pratique est plus appropriée
pour l'Afrique et le Burkina Faso surtout. Ne paraît-il de fait comme un
mariage forcé ? Le retard industriel et l'incohérence dans la
politique d'agrobusiness seraient la cause.
En effet, l'agro-business va de pair avec le
développement industriel. Ce secteur reste pourtant embryonnaire car ne
représente que 18,5% du PIB du Burkina Faso en 1997, n'emploie que 11%
de la population active et ne contribue qu'à 1% aux recettes
d'exportation (Atlas du Burkina,
85
(2006 : pp198-199). Elle n'est pas capable de mettre à
la disposition des producteurs agricoles des semences et des engrais de
qualité et moins chers. En ce qui concerne l'importation et l'achat des
semences d'oignons, ils concernent 69,3% des agro-businessmen. La recherche
développement sur les semences améliorées d'oignon n'a pas
suivi l'implantation de l'agro-business, le libéralisme
économique oblige. Cela les rend inaccessibles. S'agissant des engrais,
c'est l'autre facteur de production. Pour ce qui est de la mécanisation
de l'agriculture, les agro-businessmen qui ont un équipement performant
répondant aux critères d'agro-business sont quasi-inexistant. La
force animale et la force humaine étant encore plus utilisées
respectivement 15,4% à 38,4 % et 38,4 à 92 ,30% alors que l'usage
de tracteurs et butteurs varie de 7,7% à 23,1%. La mécanisation
agricole n'a pas non plus suivi l'avènement de l'agrobusiness. Les
conditions d'application de l'agro-business au Sourou sont précaires.
Cela constitue à la fois un obstacle à la sécurité
foncière et à la sécurité alimentaire. Ces
problèmes se sont accentués avec la liquidation de l'Office
National des Céréales (OFNACER) en 1994. La Société
Nationale de Collecte de Riz (SONACOR) en l'Office National des Barrages et des
Aménagements Hydrauliques (ONBAH) ont été successivement
liquidés entre 1996 et 2001. Les deux premières structures
permettaient d'avoir des stocks de sécurité et la dernière
avait pour rôle de maîtriser les coûts des
aménagements et de les orienter vers les besoins nationaux. Sans
résoudre ces problèmes, avant l'avènement de
l'agro-business, il a été imposé comme solution alors que
les conditions favorables n'ont pas suivi son implantation. En effet,
l'agro-business a été appliqué en amont sans
entrepôt de conditionnement. Cela fait que si la production n'a pas de
preneur après les récoltes, elle perd de la valeur marchande et
elle est vite avariée. Aussi, il n'y a non plus des usines de
transformation de ces produits agricoles pour leur ajouter de la plus value.
Ces produits sont vendus à l'état brut et à bord champ
dans des conditions précaires. En aval, il n'y a aucune structure de
contrôle des prix et de commercialisation de ces produits. Après
avoir supporté les dépenses liées à la production,
l'agro-businessman doit subir la dépréciation des cours
régionaux et mondiaux de la vente des produits agricoles. La
libéralisation de l'économie avec ses répercutions dans
tous les secteurs est la cause. Au niveau agricole, le PASA a
désorganisé le monde rural.
Enfin, l'agro-business au Sourou, est entré dans le
marché mondial en situation de faiblesse. Avec la division
internationale du travail, (pays producteurs/exportateurs et pays
industrialisés/ transformateurs) des produits agricoles qui fixent les
prix au niveau international, tout laisse à penser que non seulement
l'agro-business appliqué au Burkina Faso et particulièrement au
Sourou a pris un mauvais départ en sautant les étapes. Il y a de
fait une incohérence dans la politique d'agrobusiness au Burkina Faso et
la sécurisation alimentaire. Dans notre zone d'étude
86
cela s'est manifesté à travers les
problèmes de production d'agro-business. Ce sont le manque d'eau, le
coût de la redevance eau, le manque de terre, l'appauvrissement des
parcelles, la mauvaise organisation, le problème d'accès aux
crédits et aux équipements, la mauvaise qualité des semis,
la fonte des semis, la mauvaise qualité des engrais et la mauvaise
application des engrais, leur coût élevé. Tous ces
problèmes sont liés à l'orientation des objectifs des
périmètres aménagés puisqu'on produit plus pour
payer la dette que pour assurer la sécurité alimentaire. Si,
à ces problèmes s'ajoute le désengagement de l'Etat du
secteur agricole, la sécurité alimentaire est devenue une affaire
privée. Mais, l'objectif n'est pas encore atteint et même devenu
hypothétique. La ville devient alors leur lieu de refuge ou d'expression
au regard des publicités et des conceptions.
Les politiques agricoles, toutes confondues, n'ont pas encore
permis d'atteindre les objectifs confiés à elles par l'Etat ;
surtout avec le démantèlement des offices de
céréales, les sociétés de collecte de riz et
autres, le dérèglement du système agricole. Il y a donc eu
un mariage forcé entre agro-business - sécurité
foncière et alimentaire. Beaucoup de personnes investissent dans la
terre parce que c'est le capital qui a de l'avenir. Le graphique n°4.4
tiré d'une étude réalisée par GRAIN et
publiée en 2011 est illustrative :
Graphique n°4.2: L'intérêt du secteur
financier pour la terre
Source: GRAIN.(2011)
Ce graphique montre que la terre est le capital le plus
productif devant l'or, l'immobilier et la bourse. Il n'est donc pas
étonnant qu'elle constitue l'un des plus grand enjeu de notre
siècle.
87
Conclusion partielle
Au regard de tout ce qui a été analysé
dans les chapitres 3 et 4, l'agro-business au Sourou n'a pas encore connu le
décollage tant promis. Ses problèmes sont nombreux bien qu'il
jouisse de certaines faveurs que les autres producteurs de la chaîne
agricole n'ont pas : superficies larges, nouveaux acteurs sur qui l'Etat compte
pour rentabiliser les périmètres, acteur de la bourgeoisie
locale. Ce dernier aspect a permis à l'agro-businessman d'établir
des relations socio - foncières avec la population locale, les
coopérateurs qui le considèrent comme un modèle
d'exploitant agricole qui a réussi et qui attire certains vers lui.
Mais, vite désenchantés car tout comme eux, l'agro- businessman
n'est pas à l'abri de l'insécurité foncière. Pour
atténuer ces risques, il la mutualise avec des modes d'exploitation
mixtes de ces parcelles et maintient des parcelles au sein des
coopératives, finance la production de certaines spéculations.
Alors, l'insécurité foncière va conduire à
l'insécurité alimentaire car la disposition spatio - temporel des
produits agricoles d'agro-business au Sourou n'est pas encore effective. Les
principales raisons de l'inaccessibilité aux produits agricoles
d'agro-business comme ceux des coopérateurs sont le marché et la
pauvreté de la population locale. La pratique des cultures
maraîchères n'a pas été accompagnée par le
développement des marchés locaux. La richesse qu'elles devaient
assurer n'est pas encore effective au regard du niveau de pauvreté de la
région et sa profondeur. En effet, la région est l'une des plus
pauvres du Burkina Faso pourtant réputée être celle des
cultures de rente. Cette insécurité alimentaire aura pour
conséquences sanitaires, l'insuffisance pondérale, les maladies
de sous alimentation. Il y a donc un faux mariage entre agrobusiness -
sécurité foncière - sécurité alimentaire.
Face à tous les problèmes de production des agro businessmen il y
a lieu de concilier autosuffisance alimentaire, souveraineté et la
sécurité alimentaire.
88
Conclusion générale
Le présent mémoire a permis de présenter
l'agro-business au Sourou, d'analyser ses implications dans la
sécurité foncière et la sécurité
alimentaire. La méthodologie utilisée pour aboutir aux
résultats comprend deux parties : la recherche documentaire qui
été utile pour l'élaboration du cadre théorique et
conceptuel et les enquêtes de terrain pour collecter les données
relatives à notre thème. Il ressort de l'analyse de ces
données que l'angle d'appropriation du concept de l'agro-business par
l'Etat n'a pas encore favorisé le décollage de ce modèle
agricole auquel il a été confié plusieurs missions
sensées être des alternatives aux multiples problèmes
agricoles. Les hypothèses secondaires s'inscrivent aussi dans ces
résultats. Ainsi, les résultats sont les suivants:
En comparant la production agricole du Sourou, des parcelles
agricoles, et surtout celle des agro-businessmen, il est ressorti qu'il y a une
différence de production entre acteur agricole. Chaque agro-businessman
produit plus qu'un exploitant familial ou un coopérateur grâce
à la superficie qui lui est attribuée qui varie de 10 ha et au
plus 50 ha alors que les coopérateurs ont entre 0,6 à 3 ha au
maximum. Mais, l'agro-business pratiqué au Sourou reste un agro-business
de nom. Sur les 3818 ha aménagés dans la vallée du Sourou
seulement 275,5 ha soit 7,21% sont exploités en agro-business. Le reste
pour les coopératives (la petite paysannerie). Aussi, si la production
individuelle des agro-businessmen dépasse celle des autres acteurs,
individuellement pris, de la production agricole au Sourou, elle reste minime
par rapport à la production totale des autres acteurs :
coopérateurs et population locale. L'agro-business a contribué en
2011 à 14,86% de la production de maïs de la vallée du
Sourou, 24,2% de la production d'oignon, 28,2% de la production de pomme de
terre. Notre première hypothèse selon laquelle : la place de
l'agro-business dans la production agricole des localités de Niassan,
Di, Débé et Gouran au Sourou est faible comparativement à
celle du reste de la petite paysannerie est vérifiée.
Malgré les lois qui favorisent plus les
agro-businessmen, 69,2% d'entre eux affirment qu'ils sont en
insécurité sur leurs parcelles. A cause de cette
insécurité foncière les opérateurs agro-business
entretiennent des relations socio-foncières avec les autres acteurs de
la production agricole. Comme il n'y a pas un équilibre des forces, cela
insécurise aussi les producteurs dont 58,66% d'entre eux refusent toute
collaboration avec les agro-businessmen car cette relation n'est pas une
garantie de sécurité foncière et 92,3% des
agro-businessmen utilisent le métayage comme mode d'exploitation de
leurs parcelles or, cette méthode n'a aucune garantie de
sécurité foncière. Aussi, 92,3% des opérateurs
agro-business emploient des ouvriers agricoles. Ces derniers n'ont pas aussi
une garantie de sécurité foncière puisqu'ils ne sont pas
attributaires. Notre deuxième hypothèse qui stipulait que
l'agro-business n'est pas encore un modèle agricole offrant à
ses
89
différents acteurs des perspectives de
sécurité foncière à Niassan, Di, Débé
et Gouran est aussi confirmée.
Les produits alimentaires d'agro-business ne sont pas
disponibles en tout temps et en tout lieu dans ces localités. Ils ne
sont pas aussi accessibles aux populations locales au regard de leur niveau de
revenu et des habitudes alimentaires de la population locale. Ces produits
alimentaires d'agrobusiness ne satisfont pas leurs besoins. Ils sont plus
destinés aux marchés extérieurs. C'est seulement 23,1% des
agro-businessmen qui vendent leur maïs sur les marchés locaux ;
61,5% d'entre eux approvisionnent plus les autres centres urbains du pays ou
des pays voisins. Concernant la production d'oignon, c'est seulement 15,4% des
opérateurs agro-business qui s'intéressent au marché
national et 76,9% vendent leur oignon aux grossistes de la sous-région.
Ces résultats permettent de confirmer notre troisième
hypothèse qui était : dans les localités de Niassan, Di,
Débé et Gouran, l'agro-business n'est pas une solution d'atteinte
de la sécurité alimentaire.
Cette solution pourrait passer par la prise en compte des
attentes des différents acteurs :
Au niveau de la population locale, il s'agit pour la
sécurité foncière et alimentaire de tous les acteurs ;
qu'il ait une cohésion et que chacun bénéficie des
retombées des périmètres agricoles (exploitants ou non).
En effet, ces aménagements ont été réalisés
sur des terres qui au départ étaient exploitées par les
populations locales. En ce qui concerne les autorités administratives,
elles sont celles qui peuvent assurer la sécurité foncière
et alimentaire de tous. Comme la terre appartient à l'Etat, le droit de
propriété, la sécurité favoriserait une production
suffisante pour nourrir la population. Aussi, si une politique claire de
l'agro-business est définie avec ses moyens et la production
rachetée par l'Etat pour assurer la sécurité alimentaire ;
cela permettrait de retenir la production et la maintenir au Burkina Faso.
L'AMVS peut donner un contenu juste à l'agro-business en approfondissant
sa connaissance, ces tenants et ses aboutissants, ses avantages et
inconvénients, ses forces et faiblesses. Quant aux agro-businessmen, il
est nécessaire de concilier la recherche de profits et la
sécurité alimentaire par une production massive en saison
sèche destinée prioritairement à la sécurité
alimentaire et d'être animés d'esprit de patriotisme.
L'essai d'analyse relationnelle entre agro-business,
sécurité foncière et alimentaire sur les
périmètres agricoles de Niassan, de Di, de Débé et
de Gouran a permis de mettre en lumière (du moins une lumière
à la hauteur de nos moyens actuels) des liens dont les évidences
trop souvent proclamées sont pourtant à l'épreuve des
réalités de terrain. Le hiatus entre les intentions
attribuées aux «innovations» agricoles (agro-business
notamment) et les réalités des pratiques en
90
cours dans le Sourou peuvent inspirer des cas de recherche
dans d'autres localités du pays. Si on arrivait à répondre
à certaines questions cela pourrait permettre peut-être un
décollage de l'agro-business : la``tropicalisation» de
l'agro-business est-elle en faveur de son décollage ? N'est-il pas
nécessaire de mécaniser l'agriculture familiale pour assurer la
sécurité et la souveraineté alimentaire ? Le
déploiement de l'agriculture moderne dans le monde rural ne conduit-il
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110. CNR. (1984). ORDONNANCE N°84-050/CNR/PRES
du 04/08/84. Portant Reforme Agraire et Foncière au Burkina
Faso, J.O.N°33 du 16/08/1984, pp 806-809.
111. FP. (1991). ZATU N°AN-0039 Bis/FP/PRES du
04 Juin 1991. Texte portant Réorganisation Agraire et
Foncière, 11p.
112. FP. (1991). KITI N°AN VIII-0328 Ter/
FP/PLAN-COOP du 04 Juin 1991. Portant application de la
Réorganisation Agraire et Foncière, 167 p.
1
ANNEXES
xi
QUESTIONNAIRE ADRESSE AUX AGRO-BUSINESSMEN Nom
et Prénom (s) de l'enquêteur:
Numéro du questionnaire \__\___\__\
I. IDENTIFICATION DE L'ENQUETE 1-Nom et
Prénom (s) de l'enquêté:
2-Sexe : Masculin Féminin 3-Age:
4-Ethnie 4-1- Bobo 4-2- Dioula 4-3- Fulfulde/ Peul 4-4-
Gourmantché
4-5- Gourounsi 4- 6- Lobi 4-7- Mossi 4-8- Senoufo 4-9- Touareg/
Bella
4-10- Bissa 4-11- Dafing
4- 12-Dagara 4-13- Samo 4-14- Autre du Burkina 4-15- Autres
nationalités 5-Origine de l'enquêter:
5-1- Lieu de naissance 5-2- Durée de
résidence
5-2-1- Mois 5-2-2- Année(s) 6- Statut matrimonial:
6 -1-Célibataire 6 -2-Marié 6-3-Divorcé
6-4-Veuf/veuve 7-Religion
7-1- Chrétienne 7-2- Religion traditionnelle 7-3-
Musulmane 7-4- Autre
Préciser . 8 - Statut sur le périmètre
irrigué
8-1-Propriétaire 8-2-Locataire 8-3-Occupe sans payer
8-4-Par bail
9. Niveau d'instruction :
9-1-Sans instruction 9-2-Niveau primaire 9-3-1er Cycle
9-4-2nd Cycle 9-5-Supérieur
II- PROFIL DE L'AGRO-BUSINESSMAN
10. Sans profil 11- Agent technique d'agriculture 12-. Technicien
supérieur d'agriculture
13-. Technicien supérieur de pédologie 1 4-.
Agronome 15. Salarié 16. Commerçant
17. Homme religieux (Préciser)
18. Homme politique 19.O.N.G 20. Autres Préciser
III- LOCALISATION DU PERIMETRE AMENAGE
21-Secteur
23-Quartier
24. Village
XII
IV.CONDITIONS D'INSTALLATION SUR LE PERIMETRE AMENAGE
25- Quelles sont les conditions d'installation sur le
périmètre aménagé?
25-1-Par des intermédiaires 25-2-Autorités
coutumières 25-3-Coopératives paysannes 25-4-Autorités
administratives / étatiques
25-5-Les rentiers du foncier 25-6-Autres
Préciser
V- LE MATERIEL DE TRAVAIL
26- Avec quel matériel travaillez-vous?
26.1. La houe 26.2. La charrue 26.3. Le tracteur 26.4. La
moissonneuse
26.5. La batteuse
VI- LA PRODUCTION
27. Quelles activités pratiquez-vous sur votre
périmètre?
27.1. Riz 27.2.Mais 27.3. Blé 27.4. Pomme de terre 27-.5.
Bananes
27-6. Haricot vert 27-7.Cultures maraîchères
27-.8.Arboriculture 27-.10. Ferme
27-11- Autres Préciser Pourquoi pratiquez-vous cette
activité?
28-. Le travail d'exploitation: qui sont les exploitants qui
travaillent sur votre périmètre?
28.2. Contractuels Nombre
28.3. Paysans sans terre Nombre
28.4. Ouvriers agricoles Nombre
28.5. Agents d'agriculture Nombre
28.6. Techniciens supérieurs d'agriculture Nombre
28.7. Ingénieurs/ Agronomes Nombre
29. Quels sont les problèmes liés à la
production que vous rencontrez?
29.1. Coût élevé des intrants
29.2. Non respect du délai d'approvisionnement
29.3. Mauvaise qualité des intrants
29.4. Insuffisances liées aux équipements
29.5. Pauvreté du sol
29.6. Difficultés d'accès aux crédits
29.7. Difficultés d'accès à l'eau: Prix au
m3 Quantité insuffisante
29-8-Autres Préciser
XIII
30. Depuis quand avez-vous ces problèmes? 30.1. Depuis
l'existence des périmètres 30.2. Le départ de la
SONACOR
30-3- Avec l'avènement des nouveaux acteurs
30.4. Autres Préciser .
VII. LA COMMERCIALISATION DES
PRODUITS AGRICOLES
31. Quels sont vos clients cibles?
31.1. Paysans 31.2. Fonctionnaires/salariés 31.3.
Commerçants:
Grossiste(s) Détaillant(s)
31.4. Riches 31.5. Autres
Pourquoi?
32. Marché local / National: 32.1. Marché local:
32-1-1- Oui 32-1-2-Non
Pourquoi?
32.2. Marché National: 32-2-1 Oui 32-2-2- Non
Pourquoi ?
33. Marché international: 3.3.1. Entreprises 33.2.
Particuliers 33.3. Commandes
33.4. O.N.G 33.5. Autres Préciser
34. Faites-vous une faveur spéciale aux pauvres?
34.1.1- Oui Quel(s) produit(s) 34-1-2- Non
VIII. QUESTIONS LIEES À LA SECURITE FONCIERE/
LA SECURITE ALIMENTAIRE
35. Etes-vous en sécurité sur votre
périmètre?
35.1. Oui 35-2-1 Non
Si non pourquoi? 35-2-2- Cela a- t-il joué
négativement sur votre productivité?
Oui si oui: nombre d'ha perdus nombre de tonnes Non
36. Combien d'ha avez-vous emblavé?
3.1. [5-10[ 36.2. [10-25[ 36.3. [25-50[ 36.4. [50 et +
37. Avez-vous mis toute votre parcelle en culture ?
37.1. Oui 37.2. Non
Pourquoi ?
xiv
38- Quelle est votre contribution à la
sécurité alimentaire?
IX. LES IMPORTATIONS/ LES EXPORTATIONS 39.
Importez -vous vos semences?
39.1. Oui Préciser les types de semences
39 -2 Comment vous vous approvisionnez?
Au comptant Nature (une partie de la production) Crédit
39.3. Non Pourquoi?
40 Exportez-vous vos semences?
40.1. Oui Préciser les types de semences
40- 2- Comment vous approvisionner?
Au comptant Nature (une partie de la production) Crédit
40.3. Non Quels sont les autres types d'intrants que vous
utilisez?
40. Quels sont vos projets pour accroître votre
productivité? X- LES ATTENTES
41. Quelles sont vos attentes dan le domaine:
41.1. De la sécurité foncière?
- Au niveau de la population locale
Les autorités coutumières
Les autorités administratives/étatiques
- Les autres nouveaux acteurs?
41.2. De la sécurité alimentaire?
Au niveau de la population locale
Les autorités coutumières
- Les autorités administratives/étatiques
Les autres nouveaux acteurs?
QUESTIONS ADRESSEES A LA POPULATION LOCALE
Nom et Prénom (s) de l'enquêteur:
Numéro du questionnaire \__\___\__\
I. Identification de l'enquêté:
1. Nom et prénom (s):
2. Sexe: Masculin Féminin
3. Age : \__\___\__\
4. Ethnie:
5. Statut matrimonial et estimation de la taille du
ménage
5.1. Célibataire Avez-vous eu des enfants si oui
combien
5.2. Marié: Sans enfants ou avec enfants combien
5.3. Divorcé Avez-vous eu des enfants? Nombre. 5.4.
Veuf/ veuve Avez-vous eu des enfants? Nombre
6. Religion
6.1. Chrétienne 6.2. Religion traditionnelle 6.3.
Musulmane
6.2. Autre Préciser
7- Connaissance des agro-businessmen 7-1-
Connaissez-vous les agro-businessmen?
Oui Autochtones Colons
xv
Non
7-2 Quels types de cultures pratiquent-ils?
Cultures vivrières : Mil Sorgho Riz Haricot Cultures de
rente
Pomme de terre Haricot vert Blé Banane Légumes et
oléagineux
Fruits Elevage
8-Vivez-vous en harmonie avec les agro-businessmen?
8-1-Oui Expliquez-nous un peu ..
8-2-Non Pourquoi? 9- Questions relatives à la
sécurité foncière
xvi
9 -1- Avez-vous accès aux périmètres
aménagés comme les agro-businessmen?
Oui Qui avez-vous contactez avant d'occuper votre site?
La municipalité Les intermédiaires L'AMVS Les
rentiers du foncier
Don Autres Préciser
Non (Occupation anarchique) Pouvez-vous nous dire pourquoi?
9-2- Avez-vous vendu une partie/ tout votre champ à un
agro-businessman?
-Si oui en Nombre d'hectares Pouvez-vous nous dire pourquoi vous
avez décidé de
vendre votre champ?
Si non Pouvez-vous nous dire pourquoi vous ne voulez pas vendre
votre champ aux agro-
businessmen?
10 - Questions liées à la sécurité
alimentaire 10- 1- Que consommez-vous habituellement?
Riz Tô Autres Préciser
10-2-Pendant combien de temps vous prenez ces repas? Par jour Par
semaine Par mois
10-3- Combien de repas prenez-vous par jour avant la venue de
l'agro-business?
1 repas / jour 2 repas/ jour 3 repas / jour
10 - 4- Avec l'avènement de l'agro-business, combien de
repas prenez par jour?
1 repas / jour 2 repas/ jour 3 repas / jour
10- 5- De quoi est composé votre repas? Haricot vert Pomme
de terre Légumes (salade,
choux, oignons) Banane Pourquoi?
10 -6- Quelles sont vos dépenses alimentaires?
Dépenses
Journalières
Hebdomadaires
Mensuelles
Annuelles
xvii
GUIDE D'ENTRETIEN
I- Directeur A Production et de la Professionnalisation
Agricole
1. Les activités menées dans le cadre de la
promotion de la production agricole en général et les cultures de
rente et de l'agro-business.
2. Evolution des subventions de l'Etat aux cultures de rente au
Burkina Faso.
3. Rôle de l'Etat dans la production des cultures de rente
avant et après son désengagement.
4. Les principales contraintes rencontrées dans cette
production et les causes explicatives.
5. Les raisons du démantèlement de la SONACOR
6. Quelles suggestions et recommandations faites vous pour lever
ces contraintes qui entravent actuellement la production des cultures de
rente?
7. Pensez-vous que les nouveaux acteurs ou agro-businessman sont
capables à eux seuls d'assurer la sécurité alimentaire?
8. Existe-t-il une sécurité foncière sur
les périmètres aménagés?
9. Quelle est la typologie des agro-businessmen?
10. Quelles sont les difficultés rencontrées dans
le cadre de l'implantation de l'agro-business?
11. Lien entre agro-business - sécurité
foncière et sécurité alimentaire.
12. Y a-t-il des conflits fonciers à cause de
l'agro-business.
13. L'agro-business a-t-il de l'avenir?
II- Directeur de mise en valeur de la vallée du
Sourou
1. Quelle est la superficie totale des périmètres
aménagés du Sourou?
2. Quelle est la superficie qui revient aux nouveaux acteurs?
3. Quelle est la superficie qui revient aux coopératives
paysannes?
4. Quelle est la superficie qui revient aux exploitants
familiaux?
5. Quel est le niveau d'occupation du périmètre
par ha/personne?
6. Les actions menées dans le sens de la promotion des
cultures de rentes de la vallée du Sourou transformation,
commercialisation.
7. Les actions menées dans la promotion de
l'agro-business.
8. Les relations de collaboration entre les agro-businessmen les
coopératives paysannes et la population locale.
9. Les principales contraintes rencontrées dans la
production des cultures de rente et des cultures vivrières de la
vallée du Sourou et causes explicatives.
10. Suggestions et recommandations pour lever ces
contraintes.
11. Origine de l'agro-business, son organisation et son
fonctionnement.
12.
xviii
L'agro-business remplacera-t-elle un jour les agricultures
familiales au Sourou?
13. Quelles sont les actions menées pour une prise
totale et définitive de la vallée du Sourou par les
agro-businessmen?
14. La sécurité foncière et la
sécurité alimentaire sont-elles possibles avec l'agro-business
à Sourou ?
15. Peut-on parler de saturation foncière sur la
vallée du Sourou?
16. Que deviendront les exploitants familiaux et les
coopératives paysannes?
17. Entre l'agro-business et les agricultures familiales,
quel est votre choix ? Pourquoi?
18. Relation entre agro-businessmen, et les autorités
coutumières III - Les responsables des coopératives /
Coopérateurs
1. Quel est le nom de votre coopérative?
2. La coopérative a combien de membre?
3. Quelle est la superficie totale que vous disposez?
4. Combien avez- vous déjà mises en valeur? Que
comptez- vous faire du reste ?
5. Quel est le rôle de votre coopérative?
6. Quelle est la situation financière de votre
coopérative?
7. Périodes d'autonomie de la coopérative en
intrants
8. Sources d'approvisionnement de la coopérative en
intrants
9. Les contraintes liées à la production des
cultures choisies.
10. Transformation de votre culture après la
liquidation de SONACOR et avec l'avènement de l'agro-industrie.
11. Circuit de distribution de votre culture avant et
après la liquidation de la SONACOR et avec l'avènement de
l'agro-business.
12. Suggestions et recommandation pour palier les
insuffisances de la production des cultures de rentes et vivrières dans
la vallée du Sourou.
13. Vos inquiétudes et vos attentes avec
l'implantation de l'agro-business au Sourou.
14. Départ des membres de votre coopérative
pour les comités agro-business et combien?
15. Que faites-vous pour maintenir vos membres et les
empêcher de devenir ouvrier agricole?
16. Reviennent-ils après dans la coopérative
après l'avoir abandonnée pour les comités
agro-business?
17.Etes-vous en sécurité sur votre
périmètre suite à l'évènement de
l'agro-business dans la vallée du Sourou?
18. Les coopératives paysannes sont-elles capables
d'assurer la sécurité alimentaire ou en collaboration avec les
nouveaux acteurs et l'Etat?
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