B- METHODES D'ANALYSE
Selon Madeleine Grawitz, la méthode « est
constituée de l'ensemble des opérations intellectuelles par
lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités
qu'elle poursuit, les démontre, les vérifie ». A cet effet,
notre étude est abordée sous le prisme de deux approches.
Si le champ de la recherche sur les questions de
défense et de sécurité est de plus en plus dynamique et
pluriel, eu égard à la complexité des
phénomènes conflictuels sur le continent africain, la
méthode constructivistes de sécurité est indiquée
dans le cadre de ce travail. Dès lors, de nombreuses approches sont
à l'oeuvre pour en rendre compte. Deux idées majeures marquent
l'histoire des théories de la sécurité : la
première met l'accent sur l'approche globale de la
sécurité, entendue au plan de la coopération
interétatique et de l'interdépendance dans les relations
internationales ; la seconde renvoie à la garantie de la
sécurité au plan national par l'appareil
d'État22. L'apport des constructivistes demeure important
pour comprendre l'analyse de la sécurité au plan global. Les
études constructivistes posent leurs questions avec des « comment
» : « comment les acteurs composent-ils (et modifient-ils) leurs
identités, et définissent-ils ainsi leurs intérêts
en matière de sécurité ? », « comment
comprennent-ils le monde, conditionnant ainsi la menace constituée par
certains facteurs et rendant logiques ou inévitables certains processus
(tels que la formation d'une alliance, la lutte contre la prolifération
des armes, l'éclatement d'un conflit)23 ? ». Dans
l'approche constructiviste, les « comment » précèdent
les « pourquoi » : l'idée est d'établir, avant de faire
certains choix (qui
22 McSweeney 1999
23 Roxanne Doty, « Foreign Policy as Social
Construction: A Post-positivist Analysis of US Counterinsurgency Policy in the
Philippines », International Studies Quarterly, vol. 37,
no 3, September 1993, pp. 297-320; Martin Hollis/Steve
Smith, Explaining and Understanding International Relations,
Clarendon Press, Oxford, 1991.
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Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
s'inscrivent dans les chaînes causales), toute une gamme
d'alternatives possibles ou plausibles et de comprendre comment certains
intérêts (tels que « préserver la réputation
» ou « accroître son prestige ») sont définis et
deviennent des facteurs déterminants. En d'autres termes, il s'agit de
reconstituer la manière dont se définissent les acteurs, de
retrouver leurs intérêts et leurs identités. L'objectif de
la théorie n'est pas l'explication, voire la prédiction, dans un
contexte transhistorique et généralisable, de la
causalité, mais plutôt la compréhension d'un contexte et la
connaissance pratique. Cette approche a permis d'examiner l'origine de la
menace Boko Haram, d'évaluer dans quelle mesure BH a frappé de
désuétude le dispositif Camerounais en matière de veille
sécuritaire, son influence sur la politique de défense et de
sécurité. Les études menées en la matière
s'articulent le plus souvent autour de ce que l'on appelle « culture
stratégique » et soulignent à la fois l'empreinte historique
et l'influence des facteurs institutionnels sur les stratégies
militaires établies par l'Etat. Une bonne illustration de ce type
d'approche réside dans l'analyse de la manière dont le Cameroun
avant la menace o invulnérables, a infléchi sa doctrine d'emploi
des forces, ou encore dans l'étude de la construction, en
réaction à l'échec des politiques offensives BH avec ses
multiples conséquences.
La seconde méthode choisie pour cette étude est
celle exposée par François THUAL dans ses « Méthodes
de la Géopolitique », consistant à poser les bonnes
questions face à un évènement déterminé. Il
s'agit en somme, de se poser les questions de savoir « Qui veut quoi ?
Avec qui ? Comment ? Pourquoi ? Où ? ». À travers ce
questionnement, il est possible d'identifier dans la mesure du possible les
connaissances fondées au milieu des vraisemblances et les antinomies,
tout en formulant des hypothèses sur ces dernières. Cette
approche du géopoliticien français nous a conduit à
centrer notre analyse sur la redynamisation du dispositif de veille
sécuritaire à l'aune de BH et les facteurs de la
résilience.
ANNONCE DU PLAN DE TRAVAIL
Ce travail se structurera en deux parties. La première
partie dévoile le cadre de déroulement du stage. Le chapitre I de
ladite partie sera consacrée à la présentation
générale de l'EIFORCES suivi du déroulement du stage en
chapitre II. Pour apporter les éléments de réponse
à notre problématique, la deuxième partie présente
la construction du dispositif de veille sécuritaire au Cameroun à
l'aune de la menace Boko Haram.
Mémoire présenté et soutenu par KOUOTOU
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Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
PREMIERE PARTIE :
CADRE DE DEROULEMENT DU STATGE
Les lacunes capacitaires relevées par les Nations
Unies, des forces de police d'Afrique déployées dans le cadre des
opérations de maintien de la paix, ont amené le Cameroun et ses
partenaires à entamer une réflexion dès 2005 sur la mise
sur pied d'un centre dédié à la formation des
unités de police constituées et des experts de la
sécurité pour les opérations de soutien à la paix.
C'est ainsi que va naitre l'Ecole Internationale des Forces de
Sécurité (EIFORCES). Elle est l'expression de la volonté
politique de son Excellence Monsieur Paul BIYA. Elle est un projet de
coopération multipartenaires qui a germé depuis 2005 et qui
répond à un besoin sécuritaire continental. L'EIFORCES a
véritablement été mise sur pieds en 2008 par décret
présidentiel N°2008/179 du 22 Mai 2008, et sa mission s'est
précisée en 2009. Au sens de l'article 3 du décret portant
sa création, l'EIFORCES est implantée à AWAE,
Arrondissement d'AWAE, Département de la Mefou et Afamba, adresse : B.P
100 AWAE. La dynamique de l'école s'est accélérée
en 2011 avec le début des premiers stages courts et a poursuivi son
envol avec les premiers stages longs organisé depuis 2013. Aux termes de
l'article 2 du décret N°2012/307 du 25 Juin 2012 portant
organisation et fonctionnement de cette Institution, l'EIFORCES est un
établissement public administratif de droit camerounais, doté de
la personnalité juridique et de l'autonomie financière. Elle est
sous la tutelle financière du Ministre des Finances et technique du
Ministre de la Défense (Gendarmerie Nationale) et de la
Sûreté Nationale. Il faut préciser qu'au moment de la
rédaction du présent travail, l'EIFORCES étant encore en
pleine montée en puissance, en ce sens que le site à lui
réservé à AWAE, Région du Centre,
Département de la Mefou et Afamba, Arrondissement d'AWAE, étant
encore en chantier, l'ensemble des Services Administratifs de cette Institution
sont logés dans un immeuble aux couleurs traditionnelles «
bleu-blanc », au quartier Ngousso, Arrondissement de Yaoundé Ve,
Département du Mfoundi, Région du Centre, sis en face de
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Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
l'Hôpital Général de Yaoundé.
L'EIFORCES poursuit depuis lors un triple objectif : la contribution au
renforcement de la stabilité régionale, l'amélioration de
la gouvernance sécuritaire des pays africains et la promotion des
standards communs au sein des forces de police et de la gendarmerie
destinées aux opérations de paix dans le cadre de missions
onusiennes et de l'Union Africaine.
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Construction du dispositif de veille sécuritaire au
Cameroun à l'aune de la menace Boko
Haram
CHAPITRE 1 :
PRESENTATION GENERALE DE L'ECOLE INTERNATIONALE DES
FORCES DE SECURITE (EIFORCES)
En réponse à la correspondance du Coordonnateur
du Centre de Recherche d'Études Politiques et Stratégiques
(CREPS) de l'Université de Yaoundé II-Soa, sollicitant les Stages
en faveur des étudiants de Master II de la Douzième Promotion du
Master en Stratégie, Défense, Sécurité, Gestion des
Conflits et des Catastrophes, Monsieur le General de Brigade, Directeur
Général de l'EIFORCES y a répondu favorablement par
courrier N°190107/LE/EIFORCES/DG/CRD du 21 Février 2019, tout en
demandant aux étudiants concernés de prendre l'attache, du
Professeur Wullson MVOMO ELA, Directeur du Centre de Recherche et de
Documentation de son Institution. C'est ainsi que préalablement
prévu pour la période allant du 01 Mars 2019 au 01 Juin 2019,
ledit Stage a effectivement débuté le 1er Juin 2019 pour une
période de trois (03) mois. Ce Stage qui s'est déroulé en
deux grandes phases, nous a permis de vivre le quotidien du personnel de
l'Ecole Internationale des Forces de Sécurité (EIFORCES). Il sera
donc question dans le présent Chapitre, de la présentation pour
un premier temps de l'organisation, fonctionnement et les missions de
l'EIFORCES, (section I), et ses coopérations et partenariats (section
II).
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