CHAPITRE I
CADRE THEORIQUE ET DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Ce chapitre présente la problématique de
l'étude, la clarification des concepts, la revue de littérature
et l'approche méthodologique adoptée.
1.1- CADRE THEORIQUE
1.1.1- Revue de la littérature
La revue de la littérature a consisté à
faire le point des documents ayant rapport avec le présent sujet afin de
mieux approfondir notre recherche. Ainsi, plusieurs travaux scientifiques ont
porté sur la problématique de la croissance urbaine et sur
l'aspect socio-économique de l'artisanat. Une analyse critique et
objective des ouvrages lus a permis de cerner les contours du sujet.
Massiah et Tribillon cité par Ayaba (2012), ont
analysé les conséquences de la croissance urbaine dans les pays
du Tiers Monde depuis les années 1960. Ils montrent en effet comment
cette révolution transforme les structures familiales, les modes
d'habitats et les comportements sociaux. En s'attachant à étudier
les problèmes générés par la croissance urbaine,
une croissance qui se fait dans la pénurie et la misère, ils
présentent de même les possibilités et les contraintes
(foncières, urbanistiques, économiques, architecturales, etc.)
liées à l'urbanisation conçue comme un
phénomène irréversible d'ampleur planétaire.
Abordant la même question, Osmont
(1993) voit un problème social dont il faut s'occuper en
premier lieu. La trop grande rapidité de l'urbanisation influe
négativement les conditions de vie en ville et en fait un milieu
socialement dangereux. Reliant la pauvreté à la crise urbaine,
l'auteur reconnait que les pauvres sont très défavorisés
quant à l'accès aux services publics et situe l'eau en premier
lieu. A l'issue de sa réflexion, elle réalise que l'urbanisation
est une forme de dynamisme social. En conséquence elle propose une liste
de mesure, de stratégie et de méthodes à emprunter pour
une appréhension durable d'une urbanisation réelle
souhaitée.
Dans la plupart des pays d'Afrique subsaharienne, la
montée en puissance des villes a constitué au cours des 30
dernières années un phénomène majeur important. Si
cette urbanisation ne concerne que les villes, elle correspond de plus en plus
à une mutation structurelle de la société et bouleverse
complètement les rapports entre ville et campagne comme l'a
déjà montré Mondjanagni, cité par
Gnélé (2010).
De ce panorama, il ressort une image très
contrastée du Tiers-Monde face aux enjeux de l'urbanisation.
Au Bénin, l'ampleur du processus d'urbanisation des
villes fait qu'il est important voire impérieux aujourd'hui d'y accorder
une attention particulière. La multitude de villes naissantes qui se
développent par extension du noyau urbain sur l'espace qui lui est
contigu, génère des crises relatives au cadre de vie des
habitants. L'absence d'infrastructures socio-économiques, l'occupation
plus ou moins structurée de l'espace et des zones impropres à
l'habitation et le non respect des règles d'hygiène par les
populations sont les caractéristiques de cette crise. Ce
phénomène est plus remarqué et plus accentué en
général dans le Bénin méridional et
particulièrement dans les départements de
l'Ouémé-Plateau et de l'Atlantique-Littoral qui enregistrent les
plus fortes concentrations humaines. (Ayaba, op. cit.)
Abordant la question de la population et les problèmes
démographiques au Bénin, Quenum
(2004) fait remarquer que le Bénin figure
parmi les pays à forte croissance démographique. Cette croissance
rapide de population s'explique par plusieurs facteurs (fécondité
élevée de la femme béninoise, précocité du
mariage, expérience de vie en hausse et l'apport des mouvements
migratoires). Cette forte croissance démographique constitue un atout
important pour le développement de l'artisanat dans le pays.
Selon Medenouvo (1987), le
secteur artisanal au Bénin est un secteur transversal qui contribue au
développement du pays. Pour cet auteur, il s'agit d'un secteur
d'activités primordial de l'économie béninoise. Mais,
selon lui, ce secteur souffre de nombreux maux dont les plus importants sont
l'insuffisance des matières premières, l'accès difficile
au crédit et aux marchés extérieurs, l'insuffisance de la
qualification professionnelle.
Dans le même ordre d'idées, Agossou
(1998) a mis en exergue l'impact
socioéconomique des activités artisanales sur le plateau Adja. Il
a montré l'importance des activités artisanales dans le
développement de cette région du Bénin. Il a
également insisté sur la nécessité de renforcer la
capacité des artisans. Pour cet auteur, l'accès difficile des
artisans au crédit constitue l'une des contraintes majeures à la
promotion de l'artisanat.
Abordant d'autres aspects de la question, Adjovi
(2007) a analysé l'importance des mouvements
associatifs dans le développement du secteur artisanal à Kandi.
Selon cet auteur, les conflits pour la plupart du temps, détournent les
efforts fournis par les artisans, des objectifs qu'ils poursuivent.
L'insuffisance de l'engagement associatif des artisans constitue donc un
handicap majeur à la promotion du secteur artisanal.
Pour Agossou (2001), le
statut social de l'artisan le contraint en particulier à employer une
main d'oeuvre familiale de façon prioritaire à ne pas
séparer les revenus de l'entreprise des revenus familiaux. Toutes ces
contraintes éloignent l'artisan des comportements économiques
classiques de l'entrepreneur, mais il faut absolument en tenir compte pour
comprendre et promouvoir les activités artisanales informelles. Il
constate que le taux de scolarisation des artisans est néanmoins plus
élevé que la moyenne nationale qui se situe entre 16 et 21%.
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