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La conformité dans l'activité d'assurance. Une question d'intégrité et/ou de bonne gouvernance d'entreprise.


par Lotfi FRIDHI
Ecole supérieure privée d'assurance et de finance - Master Professionnel Management du Risque dans les Assurances et les Institutions financières 2018
  

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B : Les contours du devoir règlementaire

En se référant à la directive solvabilité II, la conformité constitue pour l'entreprise une démarche intégrée, elle ne porte pas uniquement sur les opérations d'assurances proprement dit mais elle les dépasse pour inclure les règlements communs à toutes les entreprises en leur qualité du sujet de droit

Contrairement à cette optique le droit français, en assimilant la non-conformité au « non-respect de dispositions légales, règlementaires, de normes professionnelles ou déontologiques applicables aux activités de l'organisme d'assurance », semble opté pour la limitation du domaine de la conformité aux activités et opérations d'assurances.

Dans le contexte tunisien, une lecture attentive de l'article 13 du règlement n°1/2016 du comité général des assurances et des articles 218 et 220 du projet de révision et modification du code des assurances fait apparaitre que la conformité est considérée comme l'un des côtés d'un dispositif quadrilatère de contrôle interne.

Considérée comme pilier de contrôle interne, la conformité règlementaire doit manifester une stratégie intégrée par laquelle l'entreprise soumet ses actions à une démarche de conformité aux règles de toute nature, externes, internes et d'éthique en vue de se prémunir contre les risques résultants de la violation de ces règles et de moraliser ses comportements et ses pratiques

Ainsi présentée dans la règlementation tunisienne, la conformité s'étend à un champ très vaste qui porte sur l'ensemble des activités de l'entreprise d'assurance et qui est dotée d'un rôle dynamique dans la bonne gouvernance de l'entreprise.

Toutefois le contenu du dispositif de conformité et le champ d'intervention de la fonction conformité dépendent relativement de l'environnement externe de l'entreprise notamment les zones à risques, de sa taille, de sa sophistication, de sa rigidité structurelle et de sa stratégie. Une cartographie des risques de non- conformité préalablement élaborée permettra de définir le contenu du plan de conformité et mettra en évidence les sujets sensibles sur lesquels va s'articuler la fonction conformité.

A notre sens, hormis les facteurs externe et /ou internes de l'entreprise la conformité règlementaire doit englober les thématiques charnières suivantes :

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> La protection de la clientèle. (droits de consommateurs ...).

> La conformité des contrats/produits.

> Les pratiques commerciales. (concurrence, publicité...).

> La règlementation relative à l'exercice de l'activité d'assurance. (comptabilité,

gouvernance, contrôle prudentiel, solvabilité...).

> La sécurité financière. (la fraude, le blanchiment de capitaux et le financement du

terrorisme, la conformité fiscale des comptes étrangers (FATCA)...).

> La protection des données à caractère personnel et médical.

> La fiabilité de l'information financière.

> L'éthique et la déontologie. (code de déontologie, chartes...).

Il reste à vérifier pour ce devoir règlementaire sa nature, autrement dit, au nom de ce devoir, les entreprises sont-elles tenues d'une obligation de moyen ou d'une obligation de résultat ? La réponse à cette question semble d'intérêt justement déclaratif d'une double qualification pour un même devoir, bien évidemment les entreprises d'assurance et de réassurance sont tenues parfois de la « due diligence » et parfois de l'atteinte d'un résultat bien définie.

Pour conclure cette première section destinée à mettre en évidence la richesse normative de la conformité, il me semble crucial pour l'entreprise d'une part «d'allier toujours ce que le droit permet avec ce que l'intérêt prescrit, afin que la justice et l'utilité ne se trouvent point divisées» comme il le disait Jean-Jacques Rousseau et d'autre part d'avoir la conscience et la conviction de « ne pas faire par les lois ce que l'on peut faire par les moeurs» Comme disait Charles de Montesquieu. Et pour illustrer l'interaction entre la loi et la morale on peut attester avec Nicolas Machiavel que «De même que les bonnes moeurs, pour se conserver, ont besoin des lois, les lois, pour être observées, ont besoin des bonnes moeurs».

Toutefois, dans un contexte de gouvernance et de gestion de risques, cette interaction entre la loi et la morale reste insignifiante voir même futile si elle ne produit pas un modèle managériale basé sur la notion de la gestion par les risques comme ci-dessous schématisé.

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Figure 1 : La jonction de la loi et de la morale et son impact sur le model
managérial de l'entreprise.

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