CHAPITRE 4 : CONTRAINTES ET PERSPECTIVE
CHAPITRE 1 :
MONNAIE, POLITIQUE MONETAIRE ET DOLLARISATION
Le présent chapitre est consacré à la
clarification des principaux concepts dont l'usage sera courant dans cette
étude. Il sera ainsi question des concepts de la monnaie, la politique
monétaire et dollarisation ainsi que leurs articulations respectives.
SECTION 1 : NOTION DE LA MONNAIE
1.1. Définitions de la monnaie
Lorsqu'on parcourt la
littérature sur la monnaie, on peut retenir trois manières
différentes de la définir : la monnaie est définie
soit par ses fonctions, soit par ses pratiques, soit par ses états.
1.1.1.
Définition de la monnaie par ses fonctions
Selon cette approche, est considérée comme
monnaie, tout objet susceptible d'exercer ses fonctions monétaires
(unité de compte ou mesure de valeur ou encore étalon de
valeur ; intermédiaire d'échange ou moyen de paiement et
réserve des valeurs).
1.1.2.
Définition de la monnaie par ses pratiques
Définir la monnaie par ses pratiques, c'est
considérer ce qu'elle permet de faire ou mieux les actes qu'elle permet
d'accomplir.
Jérôme BLANC est celui qui a su formaliser avec
force cette approche. Pour cet auteur c'est l'emploi de l'objet dans les
pratiques monétaires qui détermine sa qualité
monétaire. Et il définit les pratiques monétaires comme
des actes quotidiens qui impliqueraient la dimension monétaire.
1.1.3.
Définition de la monnaie par ses états
Ce que l'on peut considérer comme une véritable
rupture avec l'approche fonctionnelle, a été
réalisée dans un ouvrage collectif dirigé par Bruno THERET
(2007) intitulé : « La monnaie
dévoilée », où économistes, historiens,
anthropologues, politologues et sociologues, travaillant à la
compréhension du fait monétaire, ont mis en place une
définition de la monnaie par « ses états »
c'est-à-dire par des formes qu'elle prend.
Pour ces auteurs, la monnaie s'appréhende sous trois
formes de présence au monde que l'on qualifiera d'états de la
monnaie à savoir : l'état incorporé de la monnaie,
son état objectivé et son état
institutionnalisé.
Ø État incorporé de la
monnaie : il exprime le rapport économique, physique,
spirituel que les agents économiques entretiennent avec l'objet
monétaire. C'est dans son état incorporé que s'expriment
et s'observent les pratiques monétaires, c'est-à-dire le
vécu populaire de l'institution monétaire ou l'approbation
personnelle des instruments monétaires. C'est également ici que
peut se dessiner la culture monétaire d'une société.
Ø État objectivé de la
monnaie : ici la monnaie fait référence à sa
forme matérielle. C'est un système composé par les
instruments monétaires qui servent de moyen de paiement. L'histoire
monétaire retrace une objectivation de monnaie dans des supports qui,
avec le développement technologique, tendent de plus en plus à se
diversifier et à se dématérialiser.
Ø État institutionnalisé de la
monnaie : la monnaie fait référence au principe de
la souveraineté nationale. C'est un système composé de
règles constitutives d'une organisation qui concerne à la fois la
définition de l'unité de compte et celle des instruments de
paiements, les conditions de leur création, de leur mise en circulation
et de leur utilisation dans les transactions marchandes.
Dans cette perspective, la monnaie tient son pouvoir d'un
tiers divin, royal ou étatique qui est l'instance souveraine
émettrice de la monnaie qui, dans la société moderne, est
représenté par l'État moderne ou l'État civil selon
l'expression de KANT. Elle tient son pouvoir des personnes de la monnaie qui,
implicitement, fixent aussi des règles monétaires. La nature du
rapport entre ces tiers et les sujets utilisateurs de l'argent
déterminent la valeur qu'on lui accorde.
De ce fait, il existe incontestablement un lien entre le mode
d'organisation politique d'une société et celui d'organisation
monétaire Nkoo MABANTULA. (2014).
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