Le plafond de verre. L’accès des femmes à des postes de direction devient-il aujourd’hui une ascension plus facile que le siècle dernier ?par Patricia ROUSSELLE PROMEO - Master RH Manager de l'organisation des Ressources Humaines et des Relations Sociales 2017 |
C/ Les stéréotypesOn reste sur un modèle patriarcal avec l'homme qui doit subvenir aux besoins de sa famille, la femme qui doit élever les enfants et entretenir la maison.17 Ce n'est que dans les années 1960, que la mixité scolaire s'est développée. Les premiers baccalauréats féminins ne remontent qu'à 1919 avec une uniformisation des programmes en 1924. Les grandes écoles comme l'école Polytechnique ne devient mixte qu'en 1972. Et cela ne fait que 10 ans qu'une convention pour l'égalité entre les filles et les garçons dans le système éducatif a été signée (en 2006). Mais aujourd'hui cette différenciation existe toujours sous forme de stéréotypes. Les disciplines comme les mathématiques ou la physique seraient associées au sexe masculin, tandis que les filles s'orienteraient plutôt vers les sciences humaines. Statistiquement on retrouve en classe préparatoire scientifique 30,3% de fille alors qu'elles sont 75,5% en classe préparatoire littéraire.18 On peut voir dans les manuels scolaires des illustrations représentant plus d'une fois sur 4 des hommes en position supérieure, alors que celles des femmes représentant un statut ou un prestige supérieur ne représentent que 1,44% du total des images.19 Dans une enquête Ipsos de novembre 2007, on y lit que les parents ont une représentation très sexuée des métiers. Les parents conseilleraient plutôt aux garçons les milieux de l'énergie-environnement, les technologies de la communication, et l'industrie. Tandis que pour les filles, ils parleraient plutôt des technologies de l'information, des services et des soins à la personne. Les métiers de l'industrie et du bâtiment sont loin derrière, considérés comme des métiers d'hommes. 17 François Fillon, 11/05/2005 aux « Rencontres Industri'elles » 19 https://fr.wikipedia.org/wiki/Plafond_de_verre 24 "Quand une fille dit qu'elle veut faire un DUT industriel ou de la mécanique, ses parents lui disent souvent que ce n'est pas un métier de femme", déplore le responsable d'un DUT mécanique et productique. 20
Mais n'est-ce pas un modèle archaïque de parler de « qualités spécifiques » aux hommes comme le sens de l'action très fort, la capacité à manager, tandis que les « qualités spécifiques » aux femmes seraient plutôt l'organisation, l'écoute, l'empathie qui dans ce cas serait plutôt associé à des fonctions supports. « Les femmes ont l'impression que les instances dirigeantes des entreprises fonctionnent avec des compétences masculines. Si l'on dit trop que leurs qualités c'est l'empathie, l'écoute (...), elles ont du mal à s'identifier à des postes dirigeants », met en garde Inès Dauvergne, responsable diversité pour IMS-Entreprendre pour la Cité. Le cabinet Deloitte qui avait mené une étude sur l'égalité professionnelle hommes/femmes avait d'ailleurs conclu : «Rester vigilant face aux stéréotypes concernant les femmes, même ceux qui semblent les avantager de prime abord. La valorisation des « compétences féminines » peut, par exemple, bloquer l'accès des femmes à certains postes de direction pour lesquels des «compétences masculines » seraient jugées plus utiles. »21 Mais il est vrai que les aspirations des femmes sont différentes de celles des hommes. Celles-ci sont plus portées sur la relation humaine plus qu'au pouvoir, elles sont plus à l'aise dans la communication, le langage, tandis que les hommes sont plus tournés vers l'action. Eric ZEMMOUR pense que « la femme n'incarne pas le pouvoir ». Pour lui, « le pouvoir s'évapore quand elles arrivent ». « Le pouvoir est viril, et lié aux valeurs masculines »22. 20 La place des stéréotypes et des discriminations dans les manuels scolaires - HALDE - 6/11/2008 22 Journal de 19h du 26/3/13 sur BFMTV : Interview de Ruth Elkrief à Eric Zemmour 25 Ces idées machistes montrent tout à fait les stéréotypes français. Dans cette interview, il précise que dans le Nord, cette idée de pouvoir masculinisé est moins marqué que dans le Sud. En effet, nous pouvons retrouver sur les deux grands Etats comme le Royaume-Uni et l'Allemagne des femmes dirigeant ces pays. On retrouve également des stéréotypes sur le comportement et le physique. Si les femmes ne sont pas assez féminines, elles vont être critiquées et on va leur reprochées d'être des dames de fer. Si à l'inverse elles sont trop féminines, on va leur reprocher de vouloir jouer un jeu de séduction. C'est ainsi qu'Angela Merkel porte toujours les mêmes vestes déclinées de différentes couleur afin de camoufler sa féminité et de rester neutre. |
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