Le plafond de verre :
L'accès des femmes à des postes de
Direction
devient-il aujourd'hui une ascension plus
facile que le siècle dernier ?
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Mémoire de fin d'études
Cycle Master « Manager de l'Organisation des
Ressources Humaines et des Relations Sociales »
Patricia ROUSSELLE
2015/2017
J'atteste formellement ne pas avoir recouru et en aucune
façon au plagiat.
« Même si nous n'avons pas pu briser ce
plus haut et dur plafond de verre, (...) il y a maintenant 18 millions de
fissures dedans. Et la lumière brille au travers comme jamais
auparavant(...). »
Hillary CLINTON
Le plafond de verre :
L'accès des femmes à des postes de
Direction
devient-il aujourd'hui une ascension plus
facile que le siècle dernier ?
|
Patricia ROUSSELLE
2015/2017
Mémoire de fin d'études
Cycle Master « Manager de l'Organisation des
Ressources Humaines et des Relations Sociales »
Préambule
Cela fait 26 ans que je travaille dans le domaine des Ressources
Humaines.
J'ai débuté au sein d'un service du personnel en
1990 sans aucune connaissance dans le domaine, je sortais alors d'une
première année de faculté en lettres modernes. J'ai appris
par la pratique et par diverses formations professionnelles ayant pour
thèmes la paye et la gestion administrative du personnel.
Après être restée 14 ans au sein de la
même entreprise, j'ai changé ensuite régulièrement
de société en évoluant de postes en postes (gestionnaire
du personnel, puis assistante RH, pour être aujourd'hui Responsable RH),
et en découvrant divers secteurs d'activité comme la mutuelle, la
fonction territoriale, l'industrie pharmaceutique, le commerce de gros, les
travaux publics, ...
Suite à une période de chômage, je me suis
aperçue qu'en France les diplômes étaient très
importants pour retrouver du travail.
En 2006, j'ai donc validé mon BTS d'Assistante de
Gestion en PME-PMI dans le cadre d'une VAE, puis en 2013, ai obtenu ma licence
RH (une partie en VAE, une partie en cours du soir avec un examen final).
Depuis septembre 2015, je suis inscrite à un Master
Manager de l'Organisation des Ressources Humaines et des Relations Sociales
dans le cadre d'un CIF à temps partiel, afin de valider mes
connaissances et d'en acquérir des nouvelles.
J'ai été embauchée en février
2013, en tant que Responsable Paies et Ressources Humaines, à la
SFDE-TRAVAUX, PME dans le domaine des Travaux Publics situé à
Jouy le Moutier dans le Val d'Oise (95).
Remerciements
Je souhaite adresser mes remerciements à Monsieur
Sébastien CAPLIEZ, Responsable de Formation Management à
Proméo, qui en tant que tuteur, a su me conseiller et être
disponible durant l'élaboration de mon mémoire.
Je désire également remercier Madame Sylvie
CLOUSSE, de l'école Proméo, qui a accepté mon
intégration en Master et reste toujours disponible pour mes diverses
interrogations.
Je remercie Madame Frédérique TETART, ma
Directrice Administrative et Financière, qui m'a accordé mon CIF
à temps partiel en me faisant confiance dans le fait de pouvoir
gérer à la fois mon travail et mes études ; et qui est
compréhensible de la surcharge de travail que je peux parfois avoir du
fait de mon absence au bureau dû à mes présences en
cours.
Je remercie mon fils Benjamin Ducastelle qui, étudiant
en médecine, m'a bien souvent aidé informatiquement pour la
présentation de mes devoirs durant ces deux années, et surtout
pour ce mémoire, par son aide dans les corrections de mise en page,
d'orthographe et de vocabulaire.
Et bien sûr, je remercie de tout mon coeur mon
époux, Pascal Rousselle, qui, sans son soutien moral et son aide dans
les tâches domestiques et dans l'éducation de nos enfants, m'a
permis d'être aussi disponible pour étudier durant ces deux
années de Master. Mon époux étant tout à fait
l'exemple type du sujet qui revient souvent dans mon Mémoire : l'aide du
conjoint est primordiale pour permettre aux femmes d'évoluer
professionnellement.
Résumé
L'inégalité hommes / femmes est un sujet
d'actualité.
Mais lorsque vous parlez du « plafond de verre »,
vous vous retrouvez devant un public qui en général n'en connait
pas la signification.
Cette expression qui existe depuis près de 30 ans
représente le fait de ne pouvoir accéder à des postes
supérieurs dû à une différence, qu'elle soit
sexuelle, raciale, politique, religieuse ou autre.
A travers ce mémoire, je vais tenter de répondre
à la question de savoir si cette inégalité entre les
hommes et les femmes a changé depuis le siècle dernier, et si les
femmes aujourd'hui arrivent plus facilement à accéder à
des postes de Direction.
Hier, les postes à hauts responsabilités
n'étaient tenus que par des hommes. En un siècle de temps, les
choses ont changé et évolué.
On peut retrouver aujourd'hui des femmes à des postes
stratégiques d'une entreprise ou dans la haute sphère politique,
ce qui était impensable au siècle dernier.
On retrouve cette problématique dans tous les pays,
même si dans ceux du Nord elle est moins marquée.
L'Histoire a permis de faire évoluer les choses suite
aux conséquences des Guerres Mondiales et des différentes lois
qui ont été mises en place concernant les femmes.
Les entreprises, l'Etat, les femmes elles-mêmes tentent
de lutter contre les diverses causes de ce plafond de verre : les
stéréotypes bien ancrés, les problèmes de
conciliation vie professionnelle et vie privée, la maternité,
l'autocensure...
Diverses solutions ont été déjà mis
en place, et d'autres évoluent tout doucement.
Les diverses lois qui obligent les entreprises à
permettre aux femmes d'évoluer au sein de l'entreprise, les femmes qui
créent leurs réseaux féminins pour s'entraider, les mises
en place de divers prix féminins, les nouvelles organisations de travail
qui peuvent permettre de concilier sa vie personnelle avec sa vie
privée, sont aujourd'hui des atouts qui permettent de faciliter cette
ascension.
1
Sommaire
Table des matières
Introduction 3
I/ La signification du « plafond de verre »
4
A/ son origine et sa définition 4
1/ L'origine 4
2/ La définition 4
B/ Son ampleur 6
1/ Au niveau mondial 7
1.1/ Les chefs d'Etat : 8
1.2/ Les pays Nordiques : 9
1.3/ Allemagne : 10
1.4/ USA : 11
2/ Au niveau National 12
II/ Les causes 15
A/ Histoire et culture 15
B/ Les métiers sexués 19
C/ Les stéréotypes 23
D/ La conciliation vie professionnelle et vie
privée 25
E/ La maternité 27
G/ L'autocensure 30
III/ Les solutions 33
A/ Les lois 33
B/ La féminisation 36
1/ Lutter contre les stéréotypes :
36
2/ Les réseaux féminins : 38
3/ Les diplômes : 40
C/ Les entreprises 42
1/ Remise de prix : 42
2/ Bonne image : 44
3/ Bien-être au travail : 46
4/ Nouvelle organisation du travail : 47
2
Conclusion 50
Bibliographie 52
Ouvrages 52
Articles de presse 52
Etudes 53
Autres sources 54
Emission télévision 54
Site internet 54
Conférence 54
3
Introduction
L
e plafond de verre est un sujet qui me tient à coeur
car malgré les évolutions sociales au niveau du travail des
femmes durant le siècle dernier, cette expression créée
dans les années 70 est toujours d'actualité 50 ans après.
J'ai déjà travaillé dans beaucoup d'entreprises, et dans
la majorité des cas, ceux sont des
hommes qui les dirigeaient.
Nous venons d'entrer dans le XXIème siècle
où la femme est sur papier l'égale de l'homme.
Mais concrètement où se trouve cette
égalité ?
Les métiers tendent à s'ouvrir à la
mixité du fait des écoles accessibles à présent aux
deux sexes, mais la femme reste encore minoritaire lorsque l'on monte dans la
hiérarchie.
Les femmes sont pourtant aussi capables que les hommes. Les
mentalités évoluent par rapport aux siècles
précédents.
Alors pourquoi les femmes ont-elles toujours des
difficultés à accéder à des postes de pouvoir ?
Afin de répondre à ma problématique, j'ai
décomposé mon mémoire en trois parties.
J'expliquerai dans un premier temps la signification du
plafond de verre et développerai son étendu au niveau national et
mondial.
Je développerai ensuite les raisons qui peuvent bloquer
ses évolutions professionnelles malgré de nombreuses
évolutions technologiques, éducatives et comportementales.
Puis en troisième et dernière partie, je
tenterai d'apporter des solutions qui permettraient à la femme de
pouvoir réussir sa carrière professionnelle sur un même
pied d'égalité que les hommes.
I/ La signification du « plafond de verre
»
A/ son origine et sa définition
1/ L'origine
« La mixité professionnelle acquise depuis les
années 1970 n'a pas encore généré
l'égalité pour l'accès (des femmes) aux positions de
pouvoir ».1
Le plafond de verre est une expression apparue aux Etats Unis
dans les années 1970. Elle s'est fait connaître en 1986 suite
à un article paru dans le Wall Street Journal. Dans cet article,
l'expression a été utilisée pour désigner la
difficulté aux femmes d'accéder à des postes
supérieurs.2
"Les femmes ont atteint un certain point que j'appelle plafond
de verre. Elles accèdent aux fonctions de management
intermédiaire mais s'arrêtent là", écrivait à
l'époque Gay Bryant, rédactrice en chef du magazine Adweek.
On retrouve ensuite cette expression sur notre continent
dès les années 2000 où elle est utilisée pour les
femmes politiques qui n'arrivent pas à accéder au pouvoir, comme
Arlette Laguiller, Ségolène Royal, Éva Joly ou Marine Le
Pen.
Depuis, celle-ci s'est élargie à d'autres
catégories de personnes.
En France, les élections régionales de 2015 a
remis cette expression d'actualité pour signifier la difficulté
du Front National à passer le second tour.
2/ La définition
Selon le Larousse, un plafond est une paroi supérieure
à l'intérieur d'un espace quelconque, c'est une limite
supérieure, un niveau maximal qui ne doit ni ne peut être
dépassée. Le verre est une substance minérale
fabriquée et transparente.
4
1 Sylvie Schweitzer, les femmes dans les positions de pouvoir
en Europe, XIXe-XXe siècles
2
https://fr.wikipedia.org/wiki/Plafond_de_verre
5
Plafond de verre, Le Louvre. Oh Paris via FlickrCC License
by
L'expression « plafond de verre » est à
présent répandue pour désigner tout individu qui peut se
trouver confronté à un réseau de pouvoir qui
l'écarte d'un niveau supérieur au sien tant au niveau
hiérarchique que financier, niveau qu'il pourrait pourtant
prétendre. C'est une barrière d'autant plus forte qu'elle n'est
ni visible, ni identifiée. Elle est due en fonction du sexe, de
l'âge, de l'origine sociale ou de l'origine ethnique de l'individu.
Jacqueline Laufer écrivait en 2003 : «Le
constat du plafond de verre remet en cause la conception selon laquelle le
mérite détermine la promotion dans des organisations qui sont
pourtant fondées sur ce principe».
Or certaines catégories de personnes comme les femmes,
les personnes de couleurs, les immigrés, les handicapés ou les
personnes demeurant dans des zones géographiques dites difficiles,
connaissent des difficultés d'évolution dans le monde du
travail.
Nous pouvons prendre comme exemple Nathalie Kosciusko-Morizet
qui a eu des difficultés à se présenter à la
primaire de la droite en 2016 alors qu'elle se trouvait numéro 4 sous le
gouvernement de François Fillon en 2010, Premier ministre de Nicolas
Sarkozy . Elle disait alors concernant sa vie de femme, sa vie de couple et sa
vie professionnelle : « Ce sont des équilibres difficiles à
trouver. La médiatisation ajoute de plus de la contrainte à la
contrainte. »3
3 le 14 octobre 2016 dans Closer
6
Esther Duflo avait écrit le 27 novembre 2006 dans une
tribune publiée dans Libération : « (...) les femmes
dirigeantes font face à un double handicap : soit elles se conforment
à l'idéal traditionnel féminin, auquel cas elles ne
peuvent pas être perçues comme des leaders compétents ;
soit elles se conforment à l'idéal du leader, auquel cas elles
sont pénalisées pour ne pas correspondre à l'idéal
traditionnel de la femme ("Qui va garder les enfants ?")».
A travers mon mémoire, je vais étudier le «
plafond de verre » comme une métaphore correspondant à une
limitation invisible créée par l'homme empêchant la femme
d'évoluer à des postes hiérarchiques et
stratégiques, un « frein invisible » à la promotion des
femmes.
Tribune libre 9 avril 2012
B/ Son ampleur
Selon 3 femmes sur 4, le monde professionnel favorise
d'avantage les hommes que les femmes, et ce même pour les plus
diplômées.
Une étude de l'express sur 4 générations
de diplômées (1978, 1988, 1998 et 2008) montre que les femmes
considèrent leur vie familiale comme un obstacle à
d'éventuelles évolutions professionnelles.4
4
http://www.dareto.fr/le-plafond-de-verre-quelle-ampleur/
7
Deux chercheuses suédoises, Christine Wenneras et
Agnès Wold ont démontré que pour obtenir une bourse
postdoctorale, les femmes doivent produire un indice de productivité
scientifique supérieur à 2,6 fois celui des
hommes.5
Cette disparité se retrouve dans tous les pays.
1/ Au niveau mondial
On trouve ci-dessous le rapport de l'étude sur
l'inégalité hommes-femmes dans le monde, publié en
novembre 2015 par le Forum économique mondial. Ce rapport a
été effectué autour de quatre secteurs : la politique,
l'économie, la santé et l'éducation. La France
n'apparaissant pas sur ce tableau, se trouve en 15ème position.
5 idées économiques et sociales 2008/3 n°
153 - page 80
8
Comme on peut le voir, ceux sont les pays nordiques qui se
trouvent en tête dans le cadre d'une parité hommes - femmes au
pouvoir.
Et au travers des 145 pays étudiés par le Forum,
on peut déplorer le peu de présence de femmes aux postes
qualifiés et à hautes responsabilités.
Heureusement, le monde change et certains pays ont à leur
tête des femmes de pouvoir. 1.1/ Les chefs d'Etat :
Il y a quelques années, on n'aurait jamais pensé
que des femmes pourraient diriger des pays.
Aujourd'hui, 16 femmes sont chefs d'états : Theresa May
pour le Royaume-Uni, Angela Merkel Chancelière de l'Allemagne, Ellen
Johnson Sirleaf Présidente de Liberia, Kolinda Grabar-Kitarovic pour la
Croatie, Tsai Ing-Wen pour Taïwan, Marie Louise Coleiro Preca pour Malte,
Erna Solberg Premier Ministre de la Norvège, Park Geun-hye
Présidente de la Corée du Sud, Helle Thorning-Schmidt Premier
Ministre du Danemark, Ewa Kopacz Premier Ministre de la Pologne, Dalia
Grybauskaité Présidente de la Lituanie, Laimdota Straujuma
Premier Ministre de la Lettonie, Dilma Rousseff Présidente du
Brésil, Ana Jara Premier Ministre du Pérou, Michelle Bachelet
Présidente du Chili, Cristina Fernandez de Kirchner Présidente
d'Argentine.
4,93% des pays du monde sont dirigés par des
femmes.6
9
Certaines sont arrivées au pouvoir en succédant
à leur père ou mari (Sri Lanka, Pakistan, Inde, Bangladesh,
Corée du Sud), les autres ont été aidées par des
mentors qui au moment venue ont su tirer leurs épingles du jeu. La
conquête étant souvent qualifiée masculine, ces femmes
arrivent alors qu'on ne les attend pas. Elles profitent
d'évènements négatifs pour leur mentor afin de prendre
leur place. Angela Merkel a profité par exemple du scandale de
corruption d'Helmut Kohl pour le succéder alors qu'elle était son
ancienne protégée ou Theresa May s'est imposée suite au
Brexit.
1.2/ Les pays Nordiques :
« En 2002 la Norvège faisait figure de
pionnière en adoptant une loi imposant un quota de 40% de femmes dans
les Conseils d'Administration. Huit années plus tard la moitié du
chemin est parcourue ».7
Le classement ci-dessous retrace diverses données comme
les hautes études, la population active, l'écart salarial, la
représentation des femmes dans des postes de managers, les femmes au
conseil d'administration, le coût des gardes d'enfants et les droits de
maternité.
6
http://www.tuxboard.com/femmes-politiques-monde/
7 htpp://
www.capital.fr/carriere-management/actualites/le-plafond-de-verre-se-fissure-475641
10
"The glass-ceiling index" (The Economist)
On peut y lire que l'Islande se trouve à la
première place avec 82,6% de femme qui travaille, suivi de la
Norvège (79,3%), la Suède (79,3%) et la Finlande (plus de
70%).
Les pays nordiques représentent les meilleurs indices sur
le plan de l'égalité professionnelle.
En Islande, 44% de femmes siègent au Conseil
d'Administration des grandes entreprises. Ce taux est essentiellement dû
aux quotas instaurés par les pays scandinaves.
En Finlande, les femmes sont plus nombreuses à avoir suivi
de hautes études que les hommes.8
1.3/ Allemagne :
Les femmes doivent souvent choisir entre maternité et
travail. Le système allemand permet aux femmes de pouvoir rester chez
elle pour élever leurs enfants sans une grosse perte financière,
et ne met que peu de moyen de garde d'enfants à disposition.
8 magazine « le vif Belgique » du 7 mars
2016
11
Entre 2008 et 2012, la part des « femme chefs
d'entreprise » est restée stable (de 25 à 26%), mais
celle-ci a augmenté au niveau des postes de Direction étant
à présent de 38%. On retrouve cette augmentation essentiellement
dans les entreprises situées à l'ouest de l'Allemagne et dans des
secteurs où le taux d'emploi féminin est plus
élevé.9
Part des femmes (en %) à la tête ou parmi
le management des entreprises privées allemandes selon la taille des
entreprises (en nombre de salariés)
|
1-9
|
10-49 50-99 100-199
|
200-499
|
= 500
|
Toutes entr.
|
à la tête de
l'entreprise
|
|
|
|
2008
|
27
28
|
21
|
20
|
16
|
12
|
9
|
25
|
2012
|
25
|
22
|
18
|
16
|
19
|
26
|
dans le management (postes de
direction)
|
|
2008
|
-
-
|
37
|
34
|
28
|
23
|
18
|
35
|
2012
|
40
|
34
|
30
|
26
|
26
|
38
|
Source des données : IAB-Kurzbericht, n°
23/2013.
En Allemagne, Kristina Schröder, alors Ministre
fédérale de la Famille, lance en 2013 le Flexi-Quote,
correspondant à un engagement volontaire des grandes entreprises
cotées en bourse pour augmenter leur proportion de femmes dans les
postes de Direction. Elles doivent se donner elles-mêmes un quota
individuel correspondant à la proportion de femmes, quota qui doit
être publié et respecté afin de ne pas être
sanctionné.
Pour les hommes allemands, réussir sa carrière
professionnelle correspond au fait d'accéder au pouvoir
accompagné d'un haut salaire. Mais les femmes allemandes accordent plus
d'importance à une « work-life-balance », une conciliation
travail-vie personnelle, et le pouvoir correspond pour elle à une image
négative.9
D'ailleurs, Kristina Schröder ayant mis en place le
Flexi-Quote demande fin 2013 à ne pas être reconduite au
gouvernement afin de se consacrer à sa famille.
1.4/ USA :
« Le New York Times a calculé un «indicateur
de plafond de verre». Celui-ci montre la sous-représentation des
femmes dans les postes à responsabilités : il y a par exemple
quatre fois plus de James, Robert, John ou William nommés aux
postes-clés que de femmes ».10
9 bulletin économique du CIRAC : regards sur
l'économie allemande - décembre 2013 - Isabelle Bourgeois
10
http://www.lefigaro.fr/societes/2015/03/05/20005-20150305ARTFIG00005-aux-etats-unis-plus-de-john-que-de-femmes-chefs-d-entreprise-php
12
Selon une étude menée par GEF et Accenture en
2003, il est montré que les femmes ne représentaient que 12,4% au
niveau de poste de direction aux Etats Unis.
Mais il y a également une grande différence au
niveau des secteurs d'activité. On retrouve plus de femmes dirigeantes
dans les nouveaux secteurs comme le High Tech que dans les secteurs
traditionnels comme l'industrie.
L'étude menée par Catalyst faite en 2002 montre
qu'on retrouve 22% de femmes à la direction des entreprises
américaines commercialisant des produits de grande
consommation.11
Dans l'étude ci-dessous d'Ernst & Young, on peut y
lire des ratios d'index de plafond de verre hommes-femmes sur divers postes
américains.
Pour le poste de PDG, le score d'index est de 4, signifiant
que pour chaque femme, il y a 4 hommes au poste de Président Directeur
Général.
2/ Au niveau National
Le quota imposé par la loi Copé-Zimmermann avec
un seuil minimal de 40% de femmes en 2017 au sein des Conseils d'Administration
est loin d'être atteint aujourd'hui avec il est vrai 34% pour les
entreprises cotées au CAC 40, mais seulement 14,2% pour les entreprises
non cotées de plus de 500 salariés et plus de 50 millions de
chiffres d'affaires.
11 The New York Times, 2 mars 2015, Justin Wolfers.
Pourtant d'après une étude faites par GEF
(Grandes Ecoles au Féminin) et Accenture en 2003, on s'aperçoit
que 93% des 54 entreprises classé parmi les 300 premières
entreprises en France se disent conscients du fait que les femmes sont
freinées dans leur carrière professionnelle du fait de ne pas
être un homme.
Aujourd'hui, hormis Isabelle KOCHER à la tête de
GDF Suez (maintenant libellé Engie), on ne retrouve aucune autre femme
PDG d'une entreprise cotée au CAC 40.
En mars 2017, le Haut conseil à l'égalité
sur la parité a remis à Laurence Rossignol, ministre des Droits
des Femmes, un rapport précisant qu'aujourd'hui encore «les femmes
restent exclues des fonctions exécutives, où réside
véritablement le pouvoir».
On retrouve 90,1% d'hommes présidents des conseils
départementaux, 83,3% présidents des conseils régionaux,
92,3% à la tête des intercommunalités et 84,6% maires de
communes françaises.12
Seul trois régions françaises sont
présidées par des femmes : Valérie Pécresse en
Ile-de-France, Marie-Guite Dufay en Bourgogne/Franche-Comté et Carole
Delga en Occitanie.
Et les fusions d'intercommunalités qui ne connaitront
pas d'obligation de contrainte paritaire, conduiront d'avantage «à
un recul de la parité et une recomposition masculine d'un grand nombre
de conseils communautaires et de leurs exécutifs». 12
La France se trouve à la 62ème place
au niveau mondial en matière de parité des assemblées
nationales. Même des pays émergents comme la Bolivie, le Rwanda,
l'Indonésie font mieux que nous.
13
12 La Dépêche, 3 février 2017,
Benoît Rouzaud
14
Michèle Berthy, corapporteur du rapport et
vice-présidente du Conseil départemental du Val d'Oise conclut
lors d'une interview à La Dépêche : « il reste
beaucoup de travail pour faire évoluer les mentalités et
combattre les préjugés. Récemment, l'une de mes
collègues témoignait que lors d'une commission, on lui avait
demandé de faire le café... ».12
Mais comment en est-on arrivé au fait que les femmes se
heurtent encore aujourd'hui au plafond de verre ?
12 La Dépêche, 3 février 2017,
Benoît Rouzaud
II/ Les causes
Le plafond de verre, même si le terme n'est apparu que
depuis une quarantaine d'années, existe depuis toujours.
On retrouve différentes causes à cette
inégalité comme les stéréotypes qui attribuent aux
femmes une image de mère/épouse, le manque de confiance
professionnelle des hommes vis-à-vis des femmes, le propre choix des
femmes à ne pas vouloir se diriger vers des postes à
responsabilité, le fait que les hommes préfèrent rester
entre eux, et sans oublier les idées et les attitudes sexistes.
15
A/ Histoire et culture
Depuis très longtemps, les rôles des femmes et
des hommes étaient déjà bien définis. Un agronome
Romain du 1er siècle, Columelle, avait écrit :
« L...] la nature a axé le travail de la femme
sur les tâches domestiques, et celui du mari sur les exercices
extérieurs... Presque tout le travail domestique a été
spécifique aux femmes, comme si les pères de familles, en
revenant chez eux pour se reposer des affaires extérieures, rejetaient
les tâches ménagères... La femme... s'efforçait
d'augmenter et d'améliorer avec toute son attention les biens de son
mari... tous les deux collaborant à faire fructifier le bien commun, de
sorte que la précision de la femme pour effectuer les tâches du
foyer soit à la hauteur de la malice du mari pour traiter les affaires
extérieures ». 13
12 La Dépêche, 3 février 2017,
Benoît Rouzaud
13 (Columela, De re rustica, 12, préface)
Les femmes avaient des tâches ingrates et mal
payées. De plus le fait d'avoir de nombreuses interdictions juridiques
d'exercer certains métiers, faisaient qu'elles étaient
reléguées en bas de l'échelle.
L'égalité entre les hommes et les femmes n'est
pas ni innée, ni le fruit naturel de la modernité. Les femmes
l'ont acquise par leur volonté et c'est pourquoi elle est encore fragile
et inachevée.
C'est au XIXème siècle, avec le
développement de l'industrialisation, et ainsi la rupture entre le
milieu professionnel et le milieu familial, que le travail féminin se
développe. Mais les femmes restent une main d'oeuvre bon marché
et sous-évaluée. On les retrouve essentiellement dans des
tâches de domestiques ou de brodeuses.
Le milieu industriel étant considéré
comme fatigant et dangereux, il se trouvait interdit aux femmes. Celles-ci se
positionnaient alors sur des postes ayant besoin de minutie et de patience,
qualités attribuées à la féminité, afin de
les protéger du travail de pénibilité de l'usine.
La Seconde Guerre Mondiale a fait apparaitre les femmes dans
les usines. Les hommes se retrouvant sur les fronts, les femmes devaient
à la fois gérer leur domicile, et le travail à l'usine.
Dans l'usine de Renault se trouvant à Billancourt, le
nombre de femmes salariées a augmenté de plus de 3500% entre le
début et la fin de la Première Guerre Mondiale. Alors qu'elles
étaient minoritaires à moins de 4% en janvier 1914, elles
représentent près d'un tiers (31,6%) de l'effectif salarial en
mai 1918.
16
D'après 14-18, le magazine de la Grande Guerre,
n°1, avril-mai 2001
17
Les femmes commencent à connaitre une certaine
autonomie et indépendance. Mais cette émancipation est
freinée par le Sénat qui met son véto au droit de votes
des femmes en 1922.
La Seconde Guerre Mondiale renvoie à nouveau les femmes
dans les usines. Mais cette fois-ci elles vont plus loin en s'engageant pour un
certains nombres d'entre elles dans la Résistance où elles
dirigent certains postes stratégiques dans la clandestinité.
Les mentalités commencent alors à changer.
Depuis 1945, les femmes ont cherché à affirmer
leur place dans la société française et sont parvenues
à gagner de nouveaux droits. Dès 1947, on retrouve la
première femme nommée ministre avec Germaine Poinso-Chapuis, puis
en 1991, Edith Cresson sera la première (et seule femme française
à ce jour) nommée Premier ministre. Il faudra attendre 1965 pour
que la femme puisse travailler sans en demander l'autorisation à son
époux. Mais la loi reposant sur l'égalité des salaires
remonte déjà à 1972, et 1983 pour l'égalité
professionnelle entre hommes et femmes. Ca ne sera qu'à compter de 2000
que les femmes pourront accéder aux mandats électoraux et aux
fonctions électives.
Alors que depuis la Seconde Guerre Mondiale, les femmes sont
de plus en plus nombreuses à travailler, c'est à compter des
années 70 que le nombre de celles-ci augmente considérablement
dans la population active, alors que celle des hommes reste stable.
18
En décembre 2010, suite à la loi d'octobre 2010
qui instaure un quota minimum de femmes dans les conseils d'administrations des
grandes entreprises, la graphiste Morgane Maillard a fait paraitre sur le site
internet RégionJob cette infographie retraçant les 10 dates clefs
de l'emploi féminin.
Durant les années 50-60, à
l'après-guerre, les femmes investissent le marché du travail. Les
besoins de main d'oeuvre et la forte scolarisation féminine permettent
à celles-ci d'intégrer d'avantage le monde du travail. Mais cela
reste des emplois précaires, à temps partiel, et sous
évalués.
19
Dans les années 60-70, le féminisme fait son
apparition dans lequel les femmes demandent la parité, allant vers des
revendications plus poussées dans les années 80-90 au niveau
politique.
Pourtant, si l'égalité hommes-femmes est
aujourd'hui inscrite dans la loi, et ce depuis plus de 40 ans, dans les faits,
les inégalités persistent toujours.
On y retrouve différentes causes.
B/ Les métiers sexués
Aujourd'hui, les métiers sont encore très
sexués. Dès les études scolaires, les voies
empruntées par les filles et les garçons sont très
différentes. On retrouve 75% de femmes dans les masters
littéraires alors qu'elles ne sont qu'un tiers dans les domaines de
diplômes d'ingénieur.
Les femmes vont se diriger dans des métiers comme
secrétaire, aide-soignante, infirmière ou enseignante, alors
qu'elles ne seront qu'1 sur 21 étudiants dans le domaine de la physique
et la chimie, ou 1 sur 28 étudiants en mathématiques ou
informatique.
Statistiquement, il faudra attendre 2080 pour atteindre la
parité en France au niveau des chercheurs/chercheuses au
CNRS.14
Cette inégalité au niveau des études se
retrouve dans des préjugés tenaces et anciens, d'origine
lointaine.
Encore aujourd'hui, un grand nombre de familles
professionnelles demeurent réservés aux hommes. On y retrouve les
ingénieurs de l'industrie (22,5% de femmes), les architectes et cadres
du BTP (20,7%), les cadres de la logistique (22,7%), où la dominante
reste masculine.14
Catherine Dufour a écrit un livre intitulé
« Guide des métiers pour les petites filles qui ne veulent pas
finir princesses » qui permet de faire découvrir aux filles plus de
cinquante métiers habituellement masculins, métiers originaux
comme aventurière, physicienne, chef d'orchestre, informaticienne ou
surfeuse. Catherine Dufour explique pourquoi elle a écrit ce livre :
20
14
https://nous-les-femmes.org/2014/03/17/quelle-parite-dans-les-metiers/
21
« J'ai feuilleté le catalogue Jouets
d'un grand magasin. Sur fond bleu : des autos, des motos, des bateaux et
des boites de petit chimiste amusant. Sur fond rose : des poupées qui
marchent, parlent et font leurs dents, dix Barbie princesse et une
Barbie passe la loque + son chariot de ménage avec de nombreux
articles. Materner, c'est très bien, faire le ménage, c'est
nécessaire et s'habiller sexy peut être agréable, mais ce
ne sont pas les trois seules façons pour une fille de gagner sa vie. Il
y en a beaucoup d'autres, souvent bien mieux payées. J'ai donc, afin de
compléter ce catalogue, composé un « Guide des
métiers pour les petites filles ». Chaque fiche
détaille, à travers des exemples concrets, les avantages et les
aléas de la profession concernée. »14
Alain Testart, anthropologue décédé en
2013, cherchait à comprendre pourquoi les métiers étaient
aussi sexués. Pour lui, cette différence ne pouvait être
dû au fait que certains métiers étaient plus physiques que
d'autres. Il donnait comme exemple les africaines qui s'occupent du mil en
soulevant le pilon. Il expliquait alors que les femmes étaient bannies
de certains métiers dû à des croyances nées de la
préhistoire. Par exemple, pour les marins, une femme soumise à
une agitation intérieure entrainerait une agitation
extérieure.14
Les femmes ont toujours travaillé et pas seulement
depuis la révolution industrielle. Elles travaillaient durement mais
leur labour était régi et organisé par rapport aux
interdits et tabous émis par les hommes.
Si aujourd'hui des femmes dirigent des navires c'est parce
qu'elles se sont battues contre les superstitions masculines.
Mme Laufer a souvent écrit que le retard de la femme
dans la haute sphère professionnelle était essentiellement
dû au fait que les femmes aient eu accès tardivement aux hautes
études.
Aujourd'hui, et ce dans de nombreux pays, les femmes se
trouvent autant diplômées que les hommes, ce qui a entrainé
un vivier de femmes compétentes mais qui n'arrivent tout de même
toujours pas à accéder à des postes
stratégiques.
Il y a les cultures d'entreprise qui bloquent
intentionnellement l'évolution des femmes. On ne peut pas changer des
dizaines d'années de fonctionnement à dominante masculine du jour
au lendemain. De plus certains métiers sont identifiés à
tendance masculine dans certains domaines comme l'ingénierie, la finance
ou la recherche par exemple. Cette culture encore enracinée
entraîne un machisme toujours présent au sein des entreprises.
14
https://nous-les-femmes.org/2014/03/17/quelle-parite-dans-les-metiers/
22
Une étude de la DARES montre que parmi 87 familles de
métiers identifiées, seulement 13 d'entre elles sont
véritablement mixtes. Cette inégalitaire se fait au
détriment des femmes, que l'on retrouve à des postes sous
évalués comme aide-ménagère, employé de
maison ou assistante maternelle 15
Il est difficile pour une femme de travailler dans un monde
professionnel masculin et coopté. Pour pouvoir diriger à des
postes de pouvoir, il est demandé une autorité et un charisme qui
semblerait naturel chez l'homme mais pas chez la femme.
On parle alors de « modèles masculins »
correspondant à une personnalité prête à un «
investissement professionnel, de performance, de disponibilité et de
mobilité qui peuvent jouer au détriment des femmes. »16
Lorsqu'une femme au pouvoir tranche et affirme ses choix, elle
est alors décrite comme une femme tyrannique.
C'est ainsi qu'en mars 2013, Sheryl Sandberg, directrice des
opérations de Facebook, a lancé une campagne afin de bannir le
mot « autoritaire » dans la manière de désigner les
femmes au travail.
Lors des « Rencontres Industri'elles »
organisées par l'Union des Industries et Métiers de la
Métallurgie le 11 mai 2005, François Fillon, alors ministre de
l'éducation nationale, de l'enseignement supérieur et de la
recherche, s'est exprimé pour encourager les jeunes filles à se
lancer dans des cursus éducatifs encore aujourd'hui trop
masculinisés. Il reconnait que « dans notre pays, cette
égalité n'est pas pleinement assurée, et au surplus,
plusieurs pans de notre économie, de nos métiers, restent encore
fermés aux femmes »16. C'est ainsi que depuis la
rentrée de 2005, durant la classe de 3ème, un stage de
découverte d'une semaine doit être effectué au sein d'une
entreprise. L'idée était intéressante pour permettre
à tous, et essentiellement aux jeunes filles, de pouvoir
découvrir des métiers auxquels elles pensaient ne pas pouvoir
accéder. Mais 12 ans plus tard, on s'aperçoit que cela n'a pas
apporté l'avancement souhaité. Je peux citer un exemple concret
d'une jeune fille se trouvant en 3ème et désirant entrer dans
l'armée, a eu des difficultés à trouver ce stage de fin de
collège en adéquation à ces désirs
professionnels.
15
http://www.novethic.fr/lexique/detail/plafond-de-verre.html
16
https://www.cairn.info/revue-francaise-de-gestion-2004-4-page-117.htm
23
Ne pouvant l'effectuer dans le monde militaire, elle
recherchait un domaine qui pouvait l'intéresser, et quand elle s'est
adressée à des garages d'entretien de véhicules, elle
s'est vu adresser des regards ironiques du fait d'être une fille. Ce qui
montre bien que les métiers restent encore très sexués de
nos jours.
C/ Les stéréotypes
On reste sur un modèle patriarcal avec l'homme
qui doit subvenir aux besoins de sa famille, la femme qui doit élever
les enfants et entretenir la maison.17
Ce n'est que dans les années 1960, que la
mixité scolaire s'est développée. Les premiers
baccalauréats féminins ne remontent qu'à 1919 avec une
uniformisation des programmes en 1924. Les grandes écoles comme
l'école Polytechnique ne devient mixte qu'en 1972. Et cela ne fait que
10 ans qu'une convention pour l'égalité entre les filles et les
garçons dans le système éducatif a été
signée (en 2006).
Mais aujourd'hui cette différenciation existe
toujours sous forme de stéréotypes. Les disciplines comme les
mathématiques ou la physique seraient associées au sexe masculin,
tandis que les filles s'orienteraient plutôt vers les sciences humaines.
Statistiquement on retrouve en classe préparatoire scientifique 30,3% de
fille alors qu'elles sont 75,5% en classe préparatoire
littéraire.18
On peut voir dans les manuels scolaires des
illustrations représentant plus d'une fois sur 4 des hommes en position
supérieure, alors que celles des femmes représentant un statut ou
un prestige supérieur ne représentent que 1,44% du total des
images.19
Dans une enquête Ipsos de novembre 2007, on y
lit que les parents ont une représentation très sexuée des
métiers.
Les parents conseilleraient plutôt aux
garçons les milieux de l'énergie-environnement, les technologies
de la communication, et l'industrie. Tandis que pour les filles, ils
parleraient plutôt des technologies de l'information, des services et des
soins à la personne.
Les métiers de l'industrie et du bâtiment
sont loin derrière, considérés comme des métiers
d'hommes.
17 François Fillon, 11/05/2005 aux « Rencontres
Industri'elles »
18
https://www.gralon.net/articles/enseignement-et-formation/ecole/article-la-mixite-scolaire---presentation-et-histoire-4800.htm
19
https://fr.wikipedia.org/wiki/Plafond_de_verre
24
"Quand une fille dit qu'elle veut faire un DUT industriel ou
de la mécanique, ses parents lui disent souvent que ce n'est pas un
métier de femme", déplore le responsable d'un DUT
mécanique et productique. 20
|
Le problème étant que l'image masculine d'un
métier est simplement dû au fait qu'il a été
longtemps réservé aux hommes : la police, le bâtiment,
l'armée... On va parler alors de valeurs plus masculines comme l'action
ou l'effort physique.
|
Mais n'est-ce pas un modèle archaïque de parler de
« qualités spécifiques » aux hommes comme le sens de
l'action très fort, la capacité à manager, tandis que les
« qualités spécifiques » aux femmes seraient
plutôt l'organisation, l'écoute, l'empathie qui dans ce cas serait
plutôt associé à des fonctions supports.
« Les femmes ont l'impression que les instances
dirigeantes des entreprises fonctionnent avec des compétences
masculines. Si l'on dit trop que leurs qualités c'est l'empathie,
l'écoute (...), elles ont du mal à s'identifier à des
postes dirigeants », met en garde Inès Dauvergne, responsable
diversité pour IMS-Entreprendre pour la Cité.
Le cabinet Deloitte qui avait mené une étude sur
l'égalité professionnelle hommes/femmes avait d'ailleurs conclu :
«Rester vigilant face aux stéréotypes concernant les femmes,
même ceux qui semblent les avantager de prime abord. La valorisation des
« compétences féminines » peut, par exemple, bloquer
l'accès des femmes à certains postes de direction pour lesquels
des «compétences masculines » seraient jugées plus
utiles. »21
Mais il est vrai que les aspirations des femmes sont
différentes de celles des hommes. Celles-ci sont plus portées sur
la relation humaine plus qu'au pouvoir, elles sont plus à l'aise dans la
communication, le langage, tandis que les hommes sont plus tournés vers
l'action.
Eric ZEMMOUR pense que « la femme n'incarne pas le
pouvoir ». Pour lui, « le pouvoir s'évapore quand elles
arrivent ». « Le pouvoir est viril, et lié aux valeurs
masculines »22.
20 La place des stéréotypes et des
discriminations dans les manuels scolaires - HALDE - 6/11/2008
21
http://www.mondedesgrandesecoles.fr/plafond-de-verre-les-contraintes-familiales-n%E2%80%99expliquent-pas-tout/
22 Journal de 19h du 26/3/13 sur BFMTV : Interview de Ruth
Elkrief à Eric Zemmour
25
Ces idées machistes montrent tout à fait les
stéréotypes français. Dans cette interview, il
précise que dans le Nord, cette idée de pouvoir
masculinisé est moins marqué que dans le Sud. En effet, nous
pouvons retrouver sur les deux grands Etats comme le Royaume-Uni et l'Allemagne
des femmes dirigeant ces pays.
On retrouve également des stéréotypes sur
le comportement et le physique. Si les femmes ne sont pas assez
féminines, elles vont être critiquées et on va leur
reprochées d'être des dames de fer. Si à l'inverse elles
sont trop féminines, on va leur reprocher de vouloir jouer un jeu de
séduction. C'est ainsi qu'Angela Merkel porte toujours les mêmes
vestes déclinées de différentes couleur afin de camoufler
sa féminité et de rester neutre.
D/ La conciliation vie professionnelle et vie
privée
Le modèle du manager idéal est celui qui sait
être disponible pour son employeur. Or pour les femmes qui assurent
encore essentiellement les tâches domestiques, il est parfois difficile
de pouvoir rester disponible le soir pour des réunions tardives.
La maternité qui induit des coupures professionnelles
avec parfois une reprise à temps partiel (occupé par 80% de
femmes) est handicapant pour leur évolution
professionnelle.23
23
https://www.scienceshumaines.com/peut-on-en-finir-avec-le-plafond-de-verre_fr_22408.html
26
Les entreprises demandent une certaine mobilité et ce
de plus en plus internationale à leur salarié. Les femmes ne
peuvent pas toujours suivre soit parce que leur conjoint ont des postes
importants qu'ils ne peuvent abandonner ou qu'ils ne veulent pas les suivre,
soit parce que leurs enfants les contraints à ne pas partir.
Les femmes gagnant en général moins que leurs
époux, sacrifient souvent leur emploi au profit de celui de leur
conjoint, soit pour être disponible pour les enfants, soit pour suivre
leur époux lors de mutation professionnelle qui leur permet à eux
d'évoluer.
Lorsqu'une femme a accédé à un poste
stratégique, et si elle a une vie de famille, alors parfois l'homme sait
s'effacer. Denis Thatcher ou Joachim Sauer (époux d'Angela Merkel) sont
d'une totale discrétion pour laisser leur femme devant la
scène.
Mais la jeune génération de garçons porte
aujourd'hui ce même souci de pouvoir concilier vie professionnelle et vie
familiale, ce qui est positif pour les femmes car les entreprises y sont de
plus en plus attentives.
27
Mais les femmes ne trouvent pas le temps d'entretenir des
réseaux informels dans un milieu professionnel qui leur permettrait de
s'entraider.
E/ La maternité
En 2012, les femmes représentent 47,7% de la population
active. Le taux d'activité des femmes de 25 à 49 ans est de 84%,
95% pour les hommes. Le taux d'activité des femmes diminue avec
l'arrivée des enfants. Il est de :
? 79,9% avec un enfant de moins de 3 ans, 95,9% pour les
hommes,
? 65,7% avec deux enfants dont un au moins de moins de 3 ans,
96,9% pour les hommes.24
Les femmes sont particulièrement
pénalisées avant 35 ans correspondant à la période
où elles sont susceptibles d'avoir un enfant.25
Les femmes perdent deux à trois années
d'évolution professionnelle lors de leur congé maternité
par rapport aux hommes. A leur retour, elles n'ont pas toujours la même
place qu'elles occupaient, celles-ci ayant été remplacées
par d'autres personnes lors de leurs absences. Certaines, déjà
à des positions de direction, préfèrent soit mettre entre
parenthèse leur désir d'enfants à plus tard, soit
réduire au minimum leur congé maternité sans profiter de
leur nouveau-né pour rester connecter à l'entreprise et ne pas
être mises de côté.
mère ».
Lorsqu'une femme se présente à un poste
stratégique, la question « qui va garder les enfants ? » est
alors soulevée. Cette interrogation avait été émise
lors de la campagne de Ségolène Royal ou pour Hillary Clinton
où les républicains américains se demandaient si elle
ferait une « bonne grand-
Marlène Schiappa et Cédric Bruguière ont
publié un ouvrage en 2015 intitulé « Plafond de mère
- Comment la maternité freine la carrière des femmes ».
Dans ce livre on peut retrouver différents exemples
exprimant la difficulté aux femmes de retrouver des postes en
adéquation à leur compétence une fois la maternité
passée.
24 Insee
Enquête emploi 2012, traitement Drees, extrait indicateurs PLFSS 2014 in
Chiffres Clés 2014, Vers l'égalité réelle entre les
femmes et les hommes - Thème 3, p.4
25
http://www.novethic.fr/lexique/detail/plafond-de-verre.htm
28
Il y a par exemple Charlotte, 33 ans, bac +5, qui était
responsable d'un service quand, à l'âge de 29 ans, elle tombe
enceinte de son premier enfant. « De 24 à 29 ans, j'ai fait des
heures supplémentaires, j'ai gravi les échelons, j'ai bien fait
mon travail, bref j'ai été une salariée modèle.
Jusqu'à ma grossesse... » À partir de là, la manager
de Charlotte change. À son retour de congé maternité, on
lui explique qu'il va être difficile pour elle de garder le même
poste. Charlotte cède et démissionne.26
Puis Sybille, 37 ans, promise à un bel avenir,
diplômée d'architecture, qui gagne alors près de 2 500
euros net et dirige une petite équipe de trois personnes. Faute de mode
de garde, elle quitte son poste de responsable d'études techniques
à 33 ans, quand elle met au monde des jumeaux. « Cependant, pour
moi, il était hors de question de ne pas travailler. » Elle
envisage de reprendre sa carrière d'ici deux ans. « J'aurai alors
39 ans, avec une interruption de carrière de six ans et une
expérience bonne à jeter - les logiciels ont changé, les
normes ne sont plus les mêmes, c'est comme si j'étais
débutante. » Au pire, son ex-stagiaire lui a proposé de
l'embaucher comme assistante...26
Source : Boulet 2013 27
A travers ce tableau, on peut constater que même si la
proportion des femmes a augmenté en 25 ans, après l'âge de
35 ans celle-ci diminue au niveau des postes hiérarchiques alors qu'elle
reste stable au niveau de l'emploi en général. Cela montre bien
que les femmes ont du mal à concilier vie professionnelle et grossesse,
ont du mal ou non pas le choix.
26
http://www.atlantico.fr/decryptage/plafond-mere-procreation-encore-facteur-exclusion-femmes-marche-travail-marlene-schiappa-cedric-bruguiere-2467382.html
27
https://f-stim.org/2014/04/12/le-plafond-de-verre-un-fleau-chez-les-femmes-en-sciences/
29
F/ L'éducation des enfants
Les inégalités se sont atténuées
en 25 ans, mais cela reste principalement encore le rôle des femmes de
gérer le quotidien des enfants : médecin, sport, école,
devoirs. Même si l'homme s'en occupe de plus en plus, il n'ira pas
à l'encontre de son travail pour un problème domestique, il ne
s'absenterait pas si son fils devait être malade par exemple. Alors que
la femme se culpabilisera de ne pas être présente auprès de
ses enfants à des moments importants de leur vie.
Certaines femmes qui ont réussi « avouent avoir eu
du mal à accorder autant de temps qu'elle l'aurait voulu à ses
(...) enfants. Mais les choses n'auraient pas été
différentes pour un homme. Plus on monte dans la hiérarchie, plus
cet équilibre est difficile à maintenir »28. Cela
résume bien le fait qu'il est difficile de concilier les deux quel que
soit le sexe.
28 Hélène N'Diaye, directrice technique et des
risques de Générali France
30
Dans un article du Courrier Picard, le journaliste
précise que « de 25 à 29 ans, seules 11,1 % des jeunes
femmes vivent encore chez leurs parents contre 24,2 % des hommes ». Alors
que « les femmes de la même classe d'âge ne sont que 84,7 %
à exercer une activité contre 95 % des hommes
»29. Cela démontre bien que les femmes donnent une
priorité à créer une famille avant de réussir leur
carrière professionnelle en quittant le cocon familiale pour
créer la leur, ou bien qu'elles sont obligées de procéder
de la sorte étant donné que le marché du travail offre
moins facilement d'emplois aux femmes qu'aux hommes. Selon l'Insee, «
la plus forte proportion de femmes à temps partiel (29,7 % contre 5
% des hommes), leur moindre présence parmi les cadres ou encore leur
surreprésentation dans des métiers moins
rémunérateurs »30 expliquent cette
disparité entre les femmes et les hommes sur le marché du
travail.
G/ L'autocensure
Les femmes ont moins confiance en elles-mêmes que les
hommes. Elles ne savent pas demander des augmentations. Pour elles il faut
d'abord prouver ses compétences qui doivent être acquises à
100% pour prétendre à un poste supérieur, alors que les
hommes vont faire la démarche de les demander sans attendre.
Dans le monde professionnel, les réseaux et la
capacité à faire savoir ce que l'on sait faire permet de pouvoir
progresser en sus de ses compétences.
29 Le courrier Picard du 07/03/2017, société :
Hommes-femmes, toutes ces inégalités qui font
mâles
30 Bénédicte Bertin-Mourot et Catherine Laval,
l'Expansion Management Review, juin 2006, p.48
31
Les filles à l'école ont appris à
être bonnes élèves, elles sont plus nombreuses à
obtenir le baccalauréat et des diplômes supérieur (58%
niveau licence/master). Mais elles se retrouvent en minorité dans la
hiérarchie professionnelle attendant toujours qu'on leur offre une
promotion comme on leur offrait une bonne note.31
Les femmes s'imposent elles-mêmes des freins à
leur évolution professionnelle pensant ne pouvoir réussir
à concilier leur vie personnelle et leur vie professionnelle. Elles ont
peur d'avoir des reproches de leur conjoint ou de leur entourage.
Elles-mêmes sont parfois dans le stéréotype du fait que ce
soit l'homme qui doit être le « chef de famille »,
c'est-à-dire avoir la meilleure situation dans le couple. « Elles
mettraient trop souvent leur ambition en sourdine »32.
Le 24 mars 2017, lors du Forum Elle Active 2017, Dominique
Lévy-Saragossi, patronne de Ipsos France a transmis les résultat
d'une enquête menée par son institut pour cette occasion : «
Si 59% des sondées estiment les femmes trop peu nombreuses à
occuper des postes à responsabilités, 57% affirment ne pas
vouloir exercer de telles fonctions »33
Les femmes ont tendance à toujours vouloir s'excuser,
se justifier. Elles ont tendance à déranger, ne pas être
à leur place et donc de s'immiscer. Selon une étude parue dans
Psychological Science en 2010, il a été écrit que
les femmes demanderaient pardon bien plus souvent que les hommes. Brigitte
Bresy, membre du Haut Conseil à l'égalité entre les femmes
et les hommes, précise que « ce sentiment est lié
à la fabrique des sexes. On
31
http://medialyceemontaigne.blog.lemonde.fr/2016/11/20/les-femmes-sont-elles-toujours-confrontees-au-plafond-de-verre/
32 Magazine Marie Claire, mars 2017, page 148, dossier
Psychologie
33 Magazine Elle du 7 avril 2017, page 115, « le pouvoir
pour toutes »
s'excuse car nous vivons dans un monde
stéréotypé ». Le psychiatre Serge Hefez confirme
en disant qu' « on formate les femmes depuis la naissance par
l'éducation pour qu'elles soient dans l'effacement, la
compréhension. Nos rapports aux excuses adultes s'inscrivent
forcément dans la reproduction des schémas sexistes transmis par
nos parents ».
Dans le numéro 153 des « Idées
économiques et sociales » de mars 2008, on peut y lire que les
« habitus » de modestie des femmes les écarteraient du
pouvoir. Les qualités qui leur sont reconnues comme la soumission, la
docilité, l'obéissance, le dévouement, l'attention aux
autres, les repousseraient de manière contradictoire avec les
contraintes professionnelles demandées soit une forte
disponibilité de temps et de psychisme. Les femmes s'orienteraient
elles-mêmes plus facilement vers des carrières d'assistanat
qu'elles reconnaitraient plus en adéquation avec leur qualité.
Elles considèrent que « mariage, maternité et
carrière ne font pas bon ménage ». 33
De plus, elles préfèrent baisser les bras
plutôt que de se battre contre cette idée de virilité
nécessaire pour accéder au pouvoir. Pour beaucoup, c'est un
conflit psychique bien trop important qu'elles ne veulent pas
endurer.33
32
33 « idées économiques et sociales »
2008/3 n°153 - page 80
33
III/ Les solutions
Aujourd'hui, les mentalités ont changé.
De plus en plus d'entreprises pensent que « la
diversité est un enjeu de développement économique autant
que d'éthique ».34
C'est ainsi qu'on retrouve différentes solutions mises
en place pour éradiquer cette inégalité hommes/femmes.
A/ Les lois
De nombreuses lois ont été mises en place, dont
la loi Copé-Zimmermann du 27 janvier 2011, imposant aux entreprises
cotées ou selon un certain seuil d'effectifs et financiers d'avoir 20%
de femmes dans leur effectif des Conseils d'Administration en 2014 et devront
avoir atteint 40% en 2017.
Cette loi a donné une forte impulsion à la
gouvernance des grandes entreprises françaises.
Le seuil des 40% de féminisation au sein du CAC 40 est
atteint en janvier 2017, ayant été de 8% en 2006, puis de 15,3%
en 2011 avant le vote de la loi.
Marie-Jo Zimmermann souhaite que « la France joue un
rôle moteur de mixité (qui) sera notre fierté de
servir d'exemple au niveau européen et international »
(6ème cérémonie de la promulgation de la loi
Zimmermann à l'Assemblée Nationale).
De nombreux accords sur l'égalité
professionnelle hommes-femmes peuvent apporter une aide à
l'évolution professionnelle de la femme au sein des entreprises.
Ces performances de féminisation reconnues
officiellement par la remise de prix et par des articles de journaux, est
« un signal fort en direction des femmes « (Anne Marie Rocco
dans le Challenges du 31/01/2017).
Ces lois sont faites pour diminuer l'inégalité
entre les hommes et les femmes, mais sont également un tremplin pour les
entreprises dans le fait d'être une entité ouverte sur la
parité et le modernisme (fini le machisme à l'ancienne). Elle
donne envie aux jeunes, plus ouverts d'esprit que les anciens, à vouloir
y postuler.
34
http://www.latribune.fr/economie/france/comment-briser-le-plafond-de-verre-720208.html
Le 9 avril 2013, Najat Vallaud-Belkacem, alors ministre des
Droits des femmes, avait réuni 16 dirigeants de grands groupes
français lors d'une conférence à Paris. Suite à
celle-ci, ces 16 dirigeants ont signé une convention par laquelle ils
s'engageaient sur des objectifs chiffrés, ambitieux et réalistes
sur la féminisation des postes de direction dans les COMEX
(Comités Exécutifs) et les CODIR (Comités de
Direction).35
Mais ce changement ne pourra se faire que par la mise en place
d'une politique de Ressources Humaines qui permettra toutes possibilités
de carrière aux femmes comme aux hommes. Car seules les lois
récapitulées ci-dessous ne suffiront sans l'aide des ressources
Humaines.
34
35
http://www.familles-enfance-droitsdesfemmes.gouv.fr/briser-le-plafond-de-verre-action-2/
35
36
B/ La féminisation
Les femmes peuvent elles aussi, à différents
niveaux, et de différentes manières, faire changer les choses.
1/ Lutter contre les stéréotypes :
Les femmes ne devraient-elles pas être les
premières à annihiler ces stéréotypes en les
dépassants ? L'autocensure qu'elles s'imposent elles-mêmes n'est
pas due justement à ces stéréotypes comme quoi l'homme est
« meilleur » professionnellement que la femme ?
Le psychologue Mary Pezé explique que les parents
jouent un rôle fondamental, et surtout le père qui doit soutenir
sa fille, l'admirer et la valoriser.
L'éducation a un rôle primordiale pour que la
femme puisse cesser de se sous-estimer, de s'autocensurer elle-même vers
des carrières supérieures à celle de leur conjoint.
Elles doivent avoir le courage de s'imposer, d'exprimer leur
pensée et leur désir.
Pour évoluer professionnellement, on ne doit pas se
poser la question du sexe, mais des capacités sans se soucier
d'être une femme ou un homme.
L'expression « comme une fille » a souvent une
connotation péjorative signifiant manquer de courage ou peur
d'échouer. Cette expression employée souvent pour les jeunes
enfants reste par la suite dans les mentalités et entre dans le domaine
du stéréotype.
37
Parfois ces « défauts » féminins
peuvent être retournés en qualité. Dans le magazine «
Marie Claire », on y parle d'une jeune femme pour qui le fait de «
s'excuser est un élément langagier d'enrobage pour apaiser les
relations sociales et (ainsi) faire passer (les) idées en douceur
»36. Cela peut donc être une stratégie d'ascension
sociale.
Pour faire face aux disparités dans les choix
professionnelles des garçons et des filles, l'Onisep inscrit sur son
site différent thème dédié à
l'égalité des chances. Sur ce site, les étudiants peuvent
retrouver différents sujets abordés pour inciter les jeunes
filles à s'orienter vers des voies qu'elles n'auraient osées
prendre comme l'entreprenariat, l'industrie, les sciences ou l'innovation
technologique.
Certaines écoles d'ingénieur en arrivent
même à faire de la propagande pour attirer les jeunes filles. On
retrouve l'école Centrale de Paris qui a imaginé le site
http://www.mademoisellefaitcentrale.com/ pour inciter les filles
à se lancer dans des études d'ingénieur.
Le 8 mars, journée de la femme qui a été
instaurée en 1910 mais faisant référence par la suite
à la manifestation des ouvrières en 1917, est la journée
où les femmes clament leur désir d'égalité avec les
hommes.
36 Bénédicte Bertin-Mourot et Catherine Laval,
l'Expansion Management Review, juin 2006, p.48
Ramonville, commune de la Haute Garonne, a signé le 8
mars 2010 la charte européenne pour l'égalité des femmes
et des hommes dans la vie locale. Cette année, en 2017, la
municipalité tente de répondre à la question des
stéréotypes qui entraînent dès leur plus jeune
âge les garçons et les filles dans des rôles
prédéterminés. Véronique Blanstier, élue
à la municipalité de Ramonville, en charge de la mission
égalité homme/femme, répond à une journaliste de La
Dépêche : « Nous naissons avec un sexe biologique
déterminé, mais en revanche il n'y a rien qui appartienne de
façon définitive et spécifique aux hommes ou aux femmes.
» « Je les encourage à ne jamais refuser une poupée
à un petit garçon et à ne jamais interdire à une
petite fille de jouer aux voitures. » 37
Seule l'éducation permettra de modifier puis annuler les
stéréotypes.
2/ Les réseaux féminins :
Leur développement ne permettrait-il pas aux femmes de
pouvoir évoluer par la cooptation comme le fond déjà les
hommes ? Ces réseaux permettraient-ils de les soutenir moralement et
professionnellement lors de besoin ?
Inexistant il y a encore 15 ans, ceux-ci commencent aujourd'hui
à se développer.
Ces réseaux permettent aux femmes de s'entraider et de
lutter contre un sentiment d'isolement.
38
C'est ainsi que Sophie Stabile, Directrice Financière
d'Accord, 40 ans, a créé le « Waag (Women at AccorHotels
Generation). Faisant son entrée au comité d'exécutif elle
s'aperçoit qu'elle n'est entourée que d'hommes. Tandis que la
moitié des salariés est féminins, plus on monte dans ma
hiérarchie, plus cette égalité disparait. « J'en
avais assez d'être la seule femme » dira-t-elle pour justifier la
création de son réseau féminin.38
37
http://www.ladepeche.fr/article/2017/03/07/2530462-journee-de-la-femme-en-finir-avec-les-stereotypes.html
38
http://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/efficacite-personnelle/reseaux-feminins-une-force-d-acceleration_1756932.html
39
Les réseaux féminins permettent de créer des
partages d'expériences.
Mais les femmes doivent s'efforcer d'y adhérer,
soulevant souvent le problème de ne pas avoir du temps à y
consacrer dû aux charges de la famille.
Et puis il y a une question de mentalité : "Les femmes
n'ont pas appris le réseau, alors que les hommes sont habitués
très tôt à ce côté collégial, à
travers les sports collectifs, les associations de grandes écoles",
déclare Carole Michelon, cofondatrice de l'agence Connecting
Women.38
Ce qui empêche encore un développement des
réseaux féminins est la peur pour certaines d'être
considérée comme des « féministes ». Justine
Mills, cadre chez IBM et trésorière adjointe du Cercle InterElles
dit sur le sujet « Elles se retrouvent déjà en situation de
minorité, et ne veulent pas en plus être étiquetées
».38
Mais malgré tout, les réseaux féminins se
développent et on peut en compter plus de 450 en France aujourd'hui. Les
femmes y adhèrent souvent vers l'âge de 35-40 ans. "Une
période charnière durant laquelle les femmes sont
confrontées au plafond de verre et voient les hommes décrocher
des promotions auxquelles elles auraient pu prétendre", souligne
Emmanuelle Gagliardi, cofondatrice de Connecting Women.38
Ces réseaux permettent aux femmes de voir et comprendre
qu'elles ne sont pas seules. Cela les aide à lutter contre les
stéréotypes. Des colloques sont organisés pour enrichir
leur réflexion sur divers thèmes comme leur rapport à
l'argent ou le pouvoir.
Des ateliers sont mis en place pour prendre confiance en soi.
Chez IBM par exemple, un programme appelé « Taking the stage »
permet aux participantes à apprendre à s'affirmer. A la SNCF,
plusieurs formations comme « comment négocier une augmentation de
salaire », « demander un poste », « la présentation
de soi en quelques phrases percutantes » ont été mises en
place par le réseau féminin du groupe, l'un des plus gros
réseaux d'entreprise française avec 5.000
membres.38
38
http://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/efficacite-personnelle/reseaux-feminins-une-force-d-acceleration_1756932.html
40
Tiffany Sanfilippo, 32 ans, cadre maintenance matériel
à la SNCF a suivi plusieurs de ces formations et en conclu : « J'ai
également eu la chance d'être mentorée par une femme plus
expérimentée qui m'a donné confiance et m'a aidée
à décoder certains éléments de la culture de
l'entreprise. Ce qui a changé pour moi ? Je reconnais mes
compétences dont j'ai si souvent douté et j'ose enfin affirmer
mes envies professionnelles : je me suis positionnée sur un nouveau
poste. Sans craindre qu'on me rit au nez !" 38
Ces réseaux permettent de sortir de l'isolement et de
pouvoir répondre à leurs interrogations comme leur
carrière, leur travail, leur équilibre vie professionnelle-vie
privée.
Avec les encouragements et les récits
d'expérience, ces réseaux permettent essentiellement de prendre
confiance et ainsi pouvoir évoluer.
3/ Les diplômes :
Les filles font à présent des études
aussi poussées que les garçons, et commencent à se
diversifier dans des secteurs encore masculinisés comme
l'ingénierie, le bâtiment, l'aéronautique, la
médecine, la recherche.
En 2012, la proportion de filles ayant obtenus leur
baccalauréat dans toutes filières confondues
s'élève à 79,2%, tandis que celle des garçons est
de 74,3%.39
Les filles ont de meilleurs résultats que les
garçons : 37% des filles admises au baccalauréat scientifique en
2012 l'ont obtenu avec une mention « bien » ou « très
bien » contre 30% des garçons admis.40
Mais pour aboutir à des postes à
responsabilités, sont « privilégiés les
diplômés de quelques grandes écoles à des
carrières professionnelles rapides, notamment au travers des grands
corps et de la navigation entre la fonction publique et le secteur
privé. Des parcours généralement empruntés par des
femmes issues des milieux les plus aisés. »41
38
http://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/efficacite-personnelle/reseaux-feminins-une-force-d-acceleration_1756932.html
39 Magazine Marie Claire, mars 2017, page 148, dossier
Psychologie
40 MESR-DGESIP-DGRI SIES in Filles et garçons sur
le chemin de l'égalité, de l'école à l'enseignement
supérieur - Ministère de l'Education nationale, 2014,
p.30
41
http://www.terrafemina.com/emploi-a-carrieres/actu/articles/24783-egalite-pro-briser-le-plafond-de-verre-en-4-lecons.html
41
Pour pouvoir obtenir une équivalence professionnelle
identique à l'homme, la femme doit être surdiplômée,
obtenir une excellence scolaire. Ces qualifications supérieures obtenues
par les femmes aujourd'hui permettent d'élargir les viviers pour y
extraire des cadres dirigeantes.
On peut voir dans le tableau ci-dessous qu'en 22 ans, on est
passé de 20% à plus de 50% de femmes diplômées se
retrouvant sur le marché du travail. Et qu'aujourd'hui, leur nombre est
supérieur à celui des hommes diplômés. A l'inverse
la proportion de femmes sans diplômes ne cesse de diminuer en passant de
32% à 12% en 22 ans.
Champ : France métropolitaine. Source : Insee,
enquêtes Emploi. 41
En 2013, on retrouve 49 % de femmes cadres entrant sur le
marché du travail. Mais dès l'obtention du diplôme, on peut
voir des différences de salaire : par exemple les diplômées
de Sciences Po sont payées 28 % de moins que leurs condisciples
masculins.42
« Et si ces femmes diplômées arrivent
toujours à buter contre le plafond de verre, la force du titre scolaire
dans un cas et l'adhésion aux valeurs de l'entreprise dans l'autre,
tendent à aider à le dépasser. »43
42
http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2017/03/07/les-inegalites-hommes-femmes-en-12-chiffres-et-6-graphiques_5090765_4355770.html#VHZmuzPT3KiHsZs0.99
43 Armelle Carminati, présidente de la commission
innovation sociale et managériale du MEDEF
42
Il reste donc encore du chemin à effectuer. Le
journaliste J.G. explique que « les filières sélectives
(classes préparatoires, cursus d'ingénieurs...) trouvent une
fréquentation majoritairement masculine. »44 Par
conséquent, les formations permettant d'obtenir des postes
stratégiques dans les entreprises ne connaissent pas encore une
parité au niveau des étudiants. Le fait qu'il y ait moins de
femmes que d'hommes à la sortie de ses diplômes entraine en toute
logique une disparité homme-femme au niveau des postes
stratégiques d'entreprise, postes qui correspondent à ces niveaux
et qualifications d'études.
Et lorsque les diplômes sont absents, les femmes
prennent alors des « chemins de traverse » en changement souvent de
société, de poste, qui leur permettent ainsi
d'évoluer.45
C/ Les entreprises
Les évolutions sont plus visibles dans les grands groupes
que dans les PME
1/ Remise de prix :
Il existe différents concours annuels comme «
initiative féminin », « l'entreprenariat au féminin
», « femmes et entreprises ». Ces prix servent à
récompenser les meilleurs créateurs féminins d'entreprise
en les mettant à l'honneur et les encourageant dans des métiers
de dirigeantes.
De grands efforts sont faits au niveau des entreprises, mais
si nous reprenons les deux vainqueurs, le résultat est
évident.
L'Oréal est une entreprise créée par une
femme, dont le milieu est la beauté, donc plus féminin. Les
femmes représentant 70% de l'effectif, il est donc plus facile d'avoir
des femmes au sein de la haute sphère du groupe. Le Comité
Exécutif du Groupe compte 33,33% de femmes et le Conseil
d'Administration 46%. Cette représentativité féminine
donne une bonne image à l'Oréal vis-à-vis des femmes qui
sont les premières clientes de l'entreprise. En sus de répondre
aux exigences de la loi Zimmermann, cette démarche de mixité est
bénéfique pour leur chiffre d'affaire à travers les achats
des femmes.
44 Le courrier Picard du 07/03/2017, société :
Hommes-femmes, toutes ces inégalités qui font mâles
45
http://www.terrafemina.com/emploi-a-carrieres/actu/articles/24783-egalite-pro-briser-le-plafond-de-verre-en-4-lecons.html
43
Tant qu'à Engie, cette entreprise est dirigée
depuis peu (mai 2016) par une femme, Isabelle Kocher. A travers leur
communiqué de presse du 31 janvier 2017, suite à l'obtention de
ce prix de Mixité, on y apprend que l'entreprise « mène
depuis plus de 10 ans de nombreuses actions en faveur de la place des femmes
». Engie est la « seule entreprise du CAC40 dont le Directeur
Général est une femme, avec 63 % parmi ses administrateurs.
» C'est également l'entreprise dont le Conseil d'Administration est
le plus féminisé.
Sa nomination a entraîné un remaniement de
l'organisation hiérarchique où en tant que femme, elle souhaite
également que plus de femmes accèdent aux postes
stratégiques de l'entreprise. La cooptation masculine étant
souvent de rigueur dans la haute sphère hiérarchique, la
Directrice Générale va pouvoir modifier les choses en utilisant
la cooptation qui sera cette fois ci féminine.
On retrouve un peu plus de parité dans les PME, même
si cela reste encore faible.
Au niveau des créations d'entreprise, on ne retrouve
que 30% de femmes, et 10% pour les start-up. Un plan national destiné
à féminiser l'entrepreneuriat a été lancé
afin de porter à 40% le taux de féminisation à la
tête des PME.
Le Dimanche 5 mars 2017, Laurence Rossignol, alors ministre
des Familles, de l'Enfance et des Droits des femmes, avait
récompensé trois projets dans le cadre du « hackaton »,
concours basé sur une bonne articulation entre la vie professionnelle et
la vie personnelle. Les lauréats ont été : «
Maydée » qui est une application permettant de valoriser le temps
passés aux taches ménagères, « sexism in the office
» qui est un jeu mis en place dans les entreprises pour sensibiliser les
salariés aux comportements sexistes, « georges, le deuxième
texte » qui une plateforme sur internet qui permet d'y trouver autant de
textes de femmes que d'hommes. 46
Les régions organisent chacune à leur
manière des concours sur différents thèmes
féminins.
On retrouve par exemple la région du Centre Val de
Loire qui a remis en juin 2016 à Cheverny le trophée des femmes
de l'économie.
46
http://www.modernisation.gouv.fr/salle-de-presse/communiques-de-presse/remise-des-prix-du-hackathon-hackegalitefh-articulation-temps-de-vie-et-egalite-professionnelle
44
Les seize lauréates réunies à l'issue de
la cérémonie de remise de prix
Ces lauréates ont expliqué que leur
réussite, elles le doivent à un collectif : leur équipe et
leur famille ; à l'inverse des hommes plus individualistes.
« Quand les hommes disent `je', les femmes disent `nous'.
Nous ne sommes rien sans les autres »47
2/ Bonne image :
« Les grandes entreprises ont la volonté de faire
davantage de place aux femmes »48 afin d'avoir une bonne image
de marque extérieur et ainsi un vivier de postulant de jeunes
diplômé(e)s.
Les nouvelles générations ont des attentes
différentes de leurs prédécesseurs.
Le fait d'être une femme peut parfois changer certaines
données. Sans aucun jugement politique, Marine Le Pen, par sa
féminité, a su « déradicaliser » en adoucissant
l'image de son partie.
47
http://www.lanouvellerepublique.fr/Loir-et-Cher/Actualite/Economie-social/n/Contenus/Articles/2016/06/27/En-entreprise-les-femmes-savent-jouer-collectif-2765098
48 Hélène N'Diaye, directrice technique et des
risques de Générali France
45
Une femme à la Direction d'une entreprise peut susciter
une bonne opinion du monde extérieur, des clients, des postulants, dans
l'idée que c'est une entreprise ouverte sur une évolution plus
moderne de pensée.
Nicole Ameline, alors ministre de la Parité et de
l'Egalité professionnelle a lancé en 2004 le label Egalité
aux entreprises qui doivent respecter un cahier des charges comprenant 18
critères.
« Ce label Egalité Professionnelle est le
témoignage de l'engagement des organismes et de la mise en place
d'actions concrètes en matière d'égalité
liée au genre, dans le domaine professionnel. » (Certification
Afnor).
Aujourd'hui, 51 organismes possèdent ce label dont pour
moitié de grands groupes comme l'Oréal, EDF, Airbus, PSA.
49
Ce label donne une bonne image de l'entreprise autant au
niveau des salariés, des postulants, des clients que des
fournisseurs.
Il donne l'image d'un organisme socialement engagé
développant une culture basée sur l'égalité. Cette
bonne image permet d'attirer de nouvelles recrues.
En 2016, 33 entreprises du CAC40 ont signé la Charte de
la Diversité dans laquelle on retrouve un engagement vis-à-vis de
l'égalité professionnelle. Malgré les contraintes
légales, ce type d'engagement est aussi une véritable
stratégie d'entreprise sur la diversité.50
49
http://lentreprise.lexpress.fr/rh-management/efficacite-personnelle/ces-grandes-entreprises-qui-soignent-la-carriere-des-femmes_1759706.html
50
http://rh.sia-partners.com/20170224/le-defi-de-la-diversite-adapter-le-visage-de-lentreprise-aux-evolutions-de-la-societe
46
Aujourd'hui nous pouvons dire que « la mixité est
source de performance économique ». 51
3/ Bien-être au travail :
Différentes solutions pourraient permettre aux femmes
de pouvoir concilier leur vie personnelle et professionnelle et ainsi tenir des
postes stratégiques. On peut y retrouver le télétravail,
la flexibilité des horaires ou la rémunération des
congés parentaux pour les hommes. 52
Voici en exemple ci-dessous différentes entreprises
ayant déjà mis en place diverses solutions :
- Casino :
· Alors que le congé maternité et/ou
parental est pénalisante dans une carrière féminine,
l'entreprise a mis en place une « formation d'adaptation dès lors
qu'il y aura eu pendant leur absence des évolutions technologiques sur
leur métier ou leur fonction ».53
· L'entreprise Casino propose également aux PME
avec lesquelles elle travaille de leur mettre à disposition leurs outils
RH comme les formations e-learning « pour lutter contre les
stéréotypes », ou l'aide de « création de
réseau féminin ».53
- Coca-Cola France :
· Il y a obligation lors de recrutements externes
d'étudier à l'examen au minimum à la fois une candidature
masculine et une candidature féminine.
· Lors des congés parentaux, les nouveaux parents
(père comme mère) seront informés de leurs droits afin que
les hommes sollicitent également les congés parentaux,
étant encore aujourd'hui pris à 97% par des
femmes.53
- HSBC :
· Le groupe « s'engage à atteindre le
chiffre de 25% de femmes parmi les cadres de direction ».
· Il s'engage également à étudier
toutes les candidatures féminines destinées à des postes
de cadre dirigeant.
51
http://www.boutique-certification.afnor.org/certification/label-egalite-professionnelle
52 Ernst & Young
53
http://www.terrafemina.com/emploi-a-carrieres/actu/articles/31715-plafond-de-verre-les-bonnes-pratiques-des-entreprises-qui-sengagent-pour-la-parite.html
·
47
Et surtout, il « proposera aux femmes `à haut
potentiel d'évolution' un coaching d'accompagnement de carrière
».53
- LVMH :
· Le groupe souhaite s'investir dans tous les aspects
sur l'égalité professionnelle. On va le retrouver promouvoir
« des métiers d'industrie auprès de jeunes filles » et
des métiers « de la mode et des cosmétiques auprès
des jeunes hommes ».53 Cela permettrait de pouvoir sortir des
stéréotypes au niveau de l'éducation entre garçon
et fille.
· De plus il met en place des « solutions de garde
collective et urgente »53 qui permettraient aux femmes (et
hommes) de ne pas être pénaliser dans son travail par des soucis
domestiques.
· Et pour finir, ce groupe s'est donné l'objectif
de 40% de femmes dans les comités de Direction.
- Orangina - Schweppes :
· Le groupe propose aux femmes de retour de congé
de maternité « un entretien pour évoquer les
nouveautés de l'entreprise et le réajustement de leur temps de
travail en fonction de leur nouveau statut de parent ».53
· Il propose également de rémunérer
à 100% le congé paternité afin d'inciter les hommes
à vouloir le pendre.
4/ Nouvelle organisation du travail :
On se rencontre de plus en plus qu'il n'y a pas de
métiers spécifiques aux hommes, et d'autres aux femmes, mais que
c'est plutôt la façon d'aborder son travail qui peut être
différent selon le sexe. Les entreprises s'aperçoivent que les
équipes mixtes, composées d'hommes et de femmes, sont plus
harmonieuses et alors plus efficaces. "Les femmes apportent un autre regard,
des solutions pratiques et réalistes. Et la sécurité, pour
les femmes, c'est naturel", indique la Fédération du
bâtiment.
53
http://www.terrafemina.com/emploi-a-carrieres/actu/articles/31715-plafond-de-verre-les-bonnes-pratiques-des-entreprises-qui-sengagent-pour-la-parite.html
48
On peut dire que les femmes ayant une maturité
différente, cela ne serait que positif qu'elles se retrouvent dans les
Conseils d'Administrations. « Elles posent d'habitude plus de questions
que les hommes. (...) elles prendraient leur rôle très au
sérieux, préparant soigneusement les réunions au contraire
de leurs homologues masculins » 54
Mary Robinson, ex-présidente d'Irlande, a toujours
revendiqué sa différence de sexe et connaissait à
mi-mandat un taux d'approbation de 93%. Elle était plus encline à
la discussion, à l'écoute que serait faire un homme.
Mais attention, il ne faut pas non plus crier haut et fort
que le fait d'être une femme permet d'avoir des capacités de
discernement, de pédagogie et d'écoute que n'aurait un homme. Il
ne doit pas être utilisé le fait d'être une femme avec ses
qualités en adéquation pour obtenir un poste. Mais au moment de
la nomination, homme et femme doivent être sur un pied
d'égalité, et ce n'est qu'ensuite que les femmes peuvent et
doivent utiliser leurs atouts afin d'être au même niveau qu'un
homme.
54 Isabelle Allemand et Bénédicte Brullebaut,
mars 2015,
www.lexpansion.com,
p.119
49
L'égalité entre hommes et femmes « ne
signifie pas que les hommes et les femmes doivent devenir identiques, mais que
leurs droits, leurs responsabilités et leurs chances ne doivent pas
dépendre de leur sexe." 55
Toutes ces nouvelles données permettent aujourd'hui
d'éviter des ségrégations professionnelles «
où les femmes sont limitées à une gamme restreinte
d'occupations (ségrégation horizontale) et à des niveaux
inférieurs de responsabilité (ségrégation
verticale)".56
55 ABC des droits des travailleuses et de
l'égalité entre hommes et femmes. Bureau International du
Travail, Genève, 2000.
56 100 mots pour l'égalité : Glossaire de
termes sur l'égalité entre les femmes et les hommes. Commission
européenne, 1998.
50
Conclusion
Depuis la Seconde Guerre Mondiale, de nombreux moyens ont
été mis en place pour favoriser l'évolution des femmes
dans la vie professionnelle. On les retrouve de plus en plus nombreuses dans
les entreprises que cela soit des ouvrières, des employées, des
techniciennes ou des cadres.
La Constitution du 27 octobre 1946 a inscrit le principe
d'égalité entre les femmes et les hommes dans son
préambule : "La loi garantit à la femme dans tous les domaines
des droits égaux à ceux de l'homme".
Mais malgré cette évolution positive, et
malgré de grands changements depuis le siècle dernier, les femmes
sont encore en nombre minoritaire à des postes de Direction.
Elles y accèdent plus facilement que nos
grands-mères et nos mères, mais connaissent encore de grosses
difficultés à y arriver.
Le changement ne se fait pas de lui-même, et tant que
les femmes n'accepteront pas qu'elles se trouvent sur le même pied
d'égalité que les hommes et qu'elles doivent apprendre à
déléguer au niveau familial afin de concilier vie privée
et vie professionnelle, elles ne pourront pas facilement accéder
à des postes hiérarchiques.
Tant que les hommes n'accepteront pas que les femmes soient
aussi capables qu'eux et qu'elles peuvent apporter de nouvelles manières
de penser et de travailler en entreprise, tant qu'ils n'accepteront pas qu'ils
ont les mêmes devoirs familiaux que les femmes à s'occuper des
enfants et de l'entretien de la maison, ils ne permettront pas aux femmes
d'atteindre les mêmes postes qu'eux.
De nombreuses choses sont mises en place et imposées
par l'Etat. Les entreprises, soit par contrainte soit par motivation, aident
les femmes à évoluer.
Les femmes elles-mêmes se prennent d'avantage en main.
Le changement va se faire par l'égalité de
scolarisation entre les filles et les garçons qui existent
déjà aujourd'hui dans les pays développés, mais
également par l'éducation des jeunes au niveau familiale et
scolaire.
La combinaison de tous les points comme lutter contre les
stéréotypes, diplômer d'avantage les femmes,
développer plus d'ouverture d'esprit, permettra un fort progrès
dans l'accès aux femmes à des postes stratégiques.
51
Même si aujourd'hui il est encore difficile aux femmes
d'accéder à ces postes, il en est plus facile qu'hier et chaque
année qui passe est une avancée dans ce domaine.
Ces femmes au niveau mondial qui dirigent des Etats, comme
Theresa May ou Angela Merkel, sont des exemples pour les
générations futures et donc un grand pas vers
l'égalité.
La mixité hommes/femmes à des postes
hiérarchiques permettraient de pouvoir diriger les entreprises de
façon plus humaine et plus proche des salariés par le coté
social des femmes, tout en gardant une autorité naturelle par le
coté patriarcal des hommes. Ce mixage ne peut qu'être
bénéfique pour les entreprises, chacun apportant ses
qualités différentes.
Mais attention, comme le dit le WEF (Forum économique
mondial), «le monde risque de gâcher un nombre alarmant de
talents s'il n'agit pas rapidement pour réduire les
inégalités entre les sexes qui peuvent compromettre la croissance
et priver certaines économies de possibilités concrètes de
développement.»
Le 3 décembre 2016, Emmanuel Macron a écrit sur
Twitter « Je m'engage avec JamaisSansElles pour donner aux femmes
toute leur place : c'est-à-dire la même que celle des hommes !
». Aujourd'hui, élu président de la république,
espérons qu'il développera cette « grande cause nationale
» durant son quinquennat. Comme il l'écrit sur son site « en
marche » : « plus que faire évoluer la loi, nous voulons
transformer les mentalités pour faire changer les comportements
».
Le combat devient à présent culturel. Et
l'espoir est dans l'avenir avec la venue de ces jeunes aux nouvelles
mentalités sur le marché du travail.
Mais demain ne pourra aller mieux que si ces ascensions
professionnelles deviennent naturelles et non imposées.
Car il pourrait ensuite y avoir un revers de la
médaille : une inégalité s'installerait non plus pour les
femmes mais pour les hommes.
Pour clôturer ce mémoire, j'utiliserai une
phrase de Mélissa Plaza qui représente pour moi une
synthèse des causes (les stéréotypes, l'éducation,
le manque de volonté) : « Je dirai à cette petite fille
que nos seules limites sont finalement celles que l'on s'impose ».
« Homme et femme, aucun d'eux ne peut vivre
sans l'aide indispensable de l'autre. » Gandhi
Bibliographie
Ouvrages
· Margaret Maruani, éditions La Découverte,
février 2000 « Travail et emploi des femmes »
· Sylvie Schweitzer, « Travail et genre dans le
monde », livre collectif écrit sous la direction de Margaret
Maruani, La découverte « hors collection sciences Humaines »,
p.327-335, 2013
« 31. Les femmes dans les positions de pouvoir en
Europe, XIXe-XXe siècles »
· GRH Internationale, page 142-144
Articles de presse
· L'Expansion, mars 2015, Isabelle Allemand et
Bénédicte Brullebaut « Féminisation des conseils
d'administration : parité n'est pas diversité »
· L'Expansion Management Rewiew, n°121, pages
48-53, juin 2006, Bénédicte BERTIN-MOUROT, Catherine LAVAL
« Briser le plafond de verre : un travail de longue
haleine »
· Le Parisien Economie, 7 mars 2016, Sandrine BAJOS et
Hélène HAUS / Jean-Marc ENGELHARD / Muriel JAOUÊN /
Céline CHAUDEAU
· Revue française de gestion n°151, pages
117-127, avril 2004, Jacqueline Laufer « Femmes et carrières :
la question du plafond de verre »
· Entreprise et carrières, n° 1258, «
le cahier des RH » pages 18 à 26, octobre 2015, Emmanuel Franck,
Frédéric Brillet et Mariette Kammerer
« Des accords nouvelle génération
»
· Madame Figaro, Mag/enquête, pages 102 à 105,
2016, Sixtine Léon-Dufour « L'homme est un loup pour la
femme. »
· Sciences Humaines, n° 195, juillet 2008, Catherine
Halpern « Peut-on en finir avec le plafond de verre ? »
· Marie Claire, n°775, mars 2017, Alexandre Varin
« pourquoi les femmes s'excusent-elles autant ? »
·
52
Le courrier Picard, 07/03/2017, J.G., « Homme - Femmes :
toutes ces inégalités qui font mâles »
? Marie Claire, mars 2017, dossier sur la Psychologie
53
Etudes
? Revue française d'administration publique, n° 153,
pages 45 à 68, janvier 2015, Catherine Marry, Laure Bereni, Alban
Jacquemart, Fanny le Mancq, Sophie Pochic, Anne Revillard
« Le genre des administrations, la fabrication des
inégalités de carrière entre hommes et femmes dans la
haute fonction publique. »
? Entreprise & Carrières, n°1258, 13 octobre
2015, Emmanuel Franck
« Féminisation du conseil d'administration : la
France et la Norvège en tête »
? Université de Reims Champagne-Ardenne, 2013, Sarah
Philippe
« Les freins à la mobilité ascendante des
femmes dans les entreprises »
? Dauphine Université Paris, 2011, Wendy Souvannarath,
Lori Gulmez
« Le plafond de verre, la conséquence d'un
phénomène d'autolimitation des
femmes ? »
54
Autres sources
Emission télévision
· BFMTV du 26/3/13, journal de 19h avec Ruth Elkrief :
invité Eric Zemmour
· RFI Les voix du monde, 7 milliards de voisins, par
Emmanuelle Bastide, diffusion le mardi 18 avril 2017
Site internet
·
toutpourlesfemmes.com :
« Briser le « plafond de verre », Nicole
Salez, 19 avril 2008
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http://www.tuxboard.com/femmes-politiques-monde/
« les femmes dans le monde à la tête d'un pays ou d'un
gouvernement »
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https://www.youtube.com/watch?v=waLiGPnNS9E&t=30s
« Désolé ma puce, ça n'existe pas pour les filles
! » de Mélissa Plaza
Conférence
· clôture du colloque universitaire "Je travaille,
donc je suis" organisé par le réseau de recherche international
et pluridisciplinaire Mage (Marché du travail et genre) : Michelle
Perrot , historienne, professeure émérite d'histoire à
l'Université Paris-Diderot
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