I. TYPOLOGIE DES AGRICULTURES CONCERNEES
Au Cameroun comme dans la plupart des pays agricoles
subtropicaux, on retrouve essentiellement quelques quatre (04) types
d'agriculture qui ne sont cependant pas pratiqués dans des proportions
prédéfinis, le tissu économique de base étant
déterminant dans la répartition des activités et de la
main-d'oeuvre ; néanmoins toutes ces économies connaissent
à un moment donné de leur histoire la prédominance du type
d'agriculture dit «de transition».
Ainsi, selon le degré croissant d'utilisation des facteurs
de production et du niveau de la plus-value, on a :
? L'agriculture de subsistance caractérisée par
le repli des communautés sur elles-mêmes, et qui ne
désirent généralement pas vendre leur production car elles
n'ont pas de surplus susceptible d'être commercialisé. C'est une
agriculture peu productible car elle n'est pas mécanisée et
utilise des techniques rudimentaires;
? L'agriculture de transition : ici, une partie de la
plantation est commercialisée et une autre est destinée à
l'autoconsommation. Mais on relève encore le caractère familiale
des exploitations qui sont caractérisées par une faible
productivité et un faible revenu qui est perçu par
l'exploitant;
? L'agriculture des grandes propriétés : on met
en jeu des grandes exploitations et on emploie même des salariés
agricoles. Il y a obtention d'un surplus, mais celui-ci est versé en
partie ou en totalité aux propriétaires;
? L'agriculture de plantations modernes : la taille de
l'exploitation est très grande, la technologie utilisée est
moderne et l'exploitation a un caractère extraverti car la plus grande
partie de la production issue ici est exportée.
Dans la commune d'AYOS, on retrouve essentiellement deux
grands types d'agriculture selon que les acteurs se retrouvent groupés
ou isolés dans la réalisation des plantations et des champs et
ce, quelle que soit la culture ou la saison : l'agriculture fondée sur
la polyculture à laquelle ils associent le petit élevage et
l'agriculture de plantations modernes qui est en train de s'implanter dans la
zone avec la montée de la cacaoculture.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
41
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
A. L'agriculture à surplus vivrier
C'est en fait une combinaison d'agriculture de «
subsistance » et de « transition » puisque les produits issus de
ce type d'exploitation sont d'un côté destinés à
l'autoconsommation et de l'autre à la commercialisation. Ce sont des
plantations familiales de taille moyenne (environ 400 m2 de
superficie) pour sept personnes (le chef de famille, son conjoint et leur
progéniture) avec une forte propension de culture des produits vivriers
destinés à l'alimentation de base (manioc, macabo, plantain,
banane, igname, arachide...). La main-d'oeuvre est strictement familiale et
donc non salariale avec des outils rudimentaires pour l'ère moderne
qu'est la nôtre (machette, houe, daba...). Cette pratique est la
conséquence d'une transmission socio-culturelle des peuples de la
forêt.
Il est à noter que l'usage de la forêt consiste
en la pratique des cultures sur brûlis connues sous le nom de
«cultures sur terres noires»à cause de la
noirceur provoquée par la carbonisation du bois sous l'effet du feu. Le
paysan procède tout d'abord à la coupe de la forêt en vert
qu'il laissera sécher ; les arbres et la végétation
séchée seront ensuite brûlés. L'agriculture est
« itinérante » car les parcelles ainsi nettoyées sont
cultivées une ou deux années avant d'être
abandonnées, le temps de se régénérer. Cette
agriculture s'accompagne par le petit élevage domestique de la volaille
et du bétail dans les villages, beaucoup plus sous forme de soutien
alimentaire. Elle est pratiquée dans toute l'étendue de la
collectivité ; ainsi plus de 90% des ménages dans la
contrée pratiquent ce mode de culture de manière courante et
continue.
Avec les mutations actuelles, on observe l'initiation d'un
type d'agriculture nouveau dans la collectivité d'AYOS : c'est celle des
grands champs de produits dits «structurants»combinant en
leurs seins les produits de rente et les cultures vivrières.
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