REPUBLIC OF CAMEROON Peace-Work-Fatherland
*****
REPUBLIQUE DU CAMEROUN Paix-Travail-Patrie
*****
Centre International de Formation Appliquée en
Démocratie, Développement, Ethique et Gouvernance de
Yaoundé
(Yaoundé-Cameroun)
International Applied Training Centre in
Democracry, Development, Ethics and Governance of Yaounde
(CIFADDEG)
(CIFADDEG)
Cycle approfondi de la filière «
Développement », Option « Management des projets
»
MEMOIRE
Comme exigence partielle en vue de l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant en
Développement
Thème
PROMOTION DES ACTIVITES AGROPASTORALES ET ACTIVATION DE
L'ECONOMIE LOCALE EN SITUATION DE DECENTRALISATION.
L'EXEMPLE DE L'AGRICULTURE FAMILIALE DANS LA COMMUNE
D'AYOS.
Présenté et soutenu publiquement le 04
Avril 2011 par:
Emile Baudouin MVOGO SOUGA, Maîtrise en
Analyse & Politique économiques.
Devant le jury composé de :
Directeur de recherche Claude ABE, Sociologue
Professeur à l'Université Catholique d'Afrique
Centrale de Yaoundé.
Rapporteurs Urbain Bienvenu TSALA, Economiste
Expert en Développement local, Coordonnateur du CRADEL
à Yaoundé. Jacques Bertrand ONANA, Economiste
Expert en Management des projets, Enseignant au CIFADDEG de
Yaoundé.
Présidente Annie PIAL, Juriste
Professeure, Consultante à l'UNICEF à
Yaoundé.
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
(Yaoundé-Cameroun)
CYCLE D'ETUDES APPROFONDIES
Filière: Développement
Option: Management des projets
MEMOIRE
Comme exigence partielle en vue de l'obtention du
Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant en
Développement
Thème
PROMOTION DES ACTIVITES AGROPASTORALES ET ACTIVATION
DE L'ECONOMIE LOCALE EN SITUATION DE DECENTRALISATION.
L'EXEMPLE DE L'AGRICULTURE FAMILIALE DANS LA COMMUNE
D'AYOS.
Présenté et soutenu publiquement le 04
Avril 2011 par:
Emile Baudouin MVOGO SOUGA, Maîtrise en
Analyse & Politique économiques.
Devant le jury composé de :
Directeur de recherche Claude ABE, Sociologue
Professeur à l'Université Catholique d'Afrique
Centrale de Yaoundé.
Rapporteurs Urbain Bienvenu TSALA, Economiste
Expert en Développement local, Coordonnateur du CRADEL
à Yaoundé. Jacques Bertrand ONANA, Economiste
Expert en Management des projets, Enseignant au CIFADDEG de
Yaoundé.
Présidente Annie PIAL, Juriste
Professeure, Consultante à l'UNICEF à
Yaoundé.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
2
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
AVERTISSEMENT
Le Centre International de Formation Appliquée
en Démocratie, Développement, Ethique et Gouvernance (CIFADDEG)
de Yaoundé n'entend donner ni approbation, ni improbation aux opinions
émises dans ce mémoire, celles-ci doivent être
considérées comme propres à l'auteur.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
3
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
WARNING
The International Training Centre of Applied
Democracy, Development, Ethics and Governance (CIFADDEG) of Yaoundé only
intends to give any approval or disapproval to the opinions expressed in this
memory. They must be considered to reviewer.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
4
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Je dédie ce travail,
A mon Créateur, mon Dieu
et mon Sauveur pour l'inspiration, le courage,
l'énergie et le zèle qu'il a mis en moi pour réaliser
cette recherche.
Et spécialement:
A Madame MVOGO Balbine, ma maman chérie,
pour tout l'amour et l'éducation que j'ai reçus d'elle, de son
sein jusqu'à ce jour.
A Monsieur MVOGO Pierre, mon père
bien-aimé, pour sa passion et ses sacrifices dans l'instruction de sa
progéniture.
A toute la famille MVOGO, ma racine, mon
repère de vie et mon initiation au raisonnement scientifique.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
5
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
« Pour agir, il faut penser et savoir où l'on
se projette : il faut planifier » Journées Nationales Afdi
du 4-6 Avril 2000
Loctudy-France.
«...Les agriculteurs familiaux constituent de
loin la majorité des agriculteurs dans le monde. Ils contribuent en
outre à créer de la richesse, des emplois et à assurer de
nombreuses fonctions, de la production de la nourriture à
l'aménagement du territoire... »
Séminaire de la commission Agriculture et Alimentation
de Coordination Sud
11 Décembre 2007.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
6
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
REMERCIEMENTS
Pour la réalisation de cette étude, je tiens
à remercier cordialement les personnes et familles suivantes qui ont su
m'accepter, me comprendre et m'accompagner durant toute la période de
travail:
Le Professeur Claude ABE, pour la direction
académique et le suivi impeccable de ce mémoire;
Monsieur Urbain Bienvenu TSALA pour toute la
grande expertise professionnelle ainsi que la grande famille du CRADEL
pour tout son apport;
Monsieur Patrice AMBA SALLA, Maire de la
commune d'AYOS pour sa disponibilité et son étroite collaboration
ainsi que toutes les populations des groupements Omvang et Yebekolo-Est pour
leur pleine participation aux enquêtes sur le terrain;
Monsieur Raymond EDANG OWOUNDI pour le
partage durant tout le stage au CRADEL surtout lors des
descentes sur le terrain dans la commune d'AYOS et tous mes collègues de
la 2ème et 3ème Promotion de la
filière « Développement » du CIFADDEG
pour les apports intellectuels durant toute la formation
théorique;
La famille MVOGO pour son amour fraternel et
son aide quotidienne : Narcisse MVOGO, Alice
MBEZELE, Marcellin ADA, Norbert
MVOGO, Gaël MVOGO et Inès
MVOGO.
Messieurs Félix MBA ELOUNDOU, Charles ELOUNDOU
ELOMO, Cyrille EKENE BODO, la grande famille ONANA Paul
et Monsieur Lazare AWONO ETEME de
NKOLMENDOUGA (Obala) pour leur soutien financier;
Le groupe liturgique « Lecteurs jeunes » de la
paroisse « Jésus le bon pasteur » d'OYOMABANG
(Yaoundé) pour le soutien spirituel;
Messieurs Bernard MIMBOE NOAH et
Roméo Arnaud NOAH TSALA pour leur apport durant tous
mes séjours dans la cité universitaire de SOA ;
Enfin, tous ceux qui de près ou de loin, ont
contribué à la réussite de ce travail.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
7
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
SOMMAIRE
Sommaire
|
P.6
|
Résumé
|
P.9
|
Abstract
|
P.12
|
Prolégomènes
|
..P.14
|
Première Partie
|
P.31
|
Chapitre Premier
|
P.32
|
Chapitre Deux
|
.P.39
|
Deuxième Partie
|
..P.57
|
Chapitre Trois
|
.P.58
|
Chapitre Quatre
|
..P.70
|
Recommandations
|
..P.84
|
Conclusion
|
P.86
|
Bibliographie
|
P.92
|
Annexes
|
P.97
|
Sigles et acronymes
|
.P.99
|
Table des matières
|
P.101
|
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
8
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
9
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Il est un fait indéniable : les agriculteurs familiaux,
c'est-à-dire les petits producteurs agricoles, constituent de loin la
majorité des agriculteurs dans le monde. Au Cameroun par exemple, ces
derniers représentent 97% des exploitants de cette
catégorie1. Ces acteurs contribuent sans cesse à
produire de l'alimentation, à créer de la richesse et de
l'emploi. La difficulté que rencontre aujourd'hui ce secteur
d'activités qui pourtant est le socle de notre économie, nous a
poussés à nous questionner sur la démarche à
adopter pour soutenir les exploitations familiales agricoles (EFA) afin de
construire un développement durable.
Ce mémoire, fruit de la réflexion sur la
promotion des activités agropastorales et la dynamisation de
l'économie à l'échelle locale, pose le problème
central du fonctionnement des EFA dans un contexte de «gouvernance
locale»telle que prescrite par la loi sur la décentralisation au
Cameroun. Ce travail prend pour cadre d'étude notre expérience
durant notre cycle de formation approfondie en « Management
des projets» au Centre International de Formation
Appliquée en Démocratie, Développement, Ethique et
Gouvernance de Yaoundé (CIFADDEG) ; il ressort une démarche
technique de planification et de marketing des activités dans le secteur
agricole au sein des collectivités territoriales
décentralisées afin de trouver la combinaison Pareto
optimale capable d'activer la compétitivité
locale.
Dans un premier temps, nous nous efforçons de
déceler les écarts existants par une analyse du mode de
fonctionnement actuel des EFA à travers les différents types
d'agricultures concernés et les acteurs impliqués. Autrement dit,
il s'agit pour nous de répondre dans cette partie à la question
suivante : de quelle agriculture parle-t-on ? Ce qui nous a conduit à
distinguer principalement deux pratiques agricoles majeures : l'agriculture
à surplus vivrier majoritairement pratiquée, et l'agriculture des
plantations modernes qui elle, s'intègre progressivement aux us
traditionnels locaux. Les moyens d'actions (surtout financiers) étant
limités, la principale force des EFA repose sur la dotation en ressource
foncière bien qu'elle-même commence à recevoir du
«plomb dans l'aile»avec l'intégration difficile de la loi sur
la décentralisation, faiblesse majeure dans le processus de construction
d'une politique durable de relance des EFA. Les interactions entre les
différents acteurs que sont les paysans, les potentiels clients et la
commune restent individualistes puisqu'il n'existe pas de politique d'action
commune pouvant réduire les charges des exploitants agricoles en
particulier.
13è Enquête Camerounaise
sur les Ménages (ECAM 3), 2009.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
10
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Puis nous cherchons à analyser (analyse
socio-économique) les facteurs explicatifs des résultats
présents afin de mieux comprendre le fonctionnement actuel de nos
exploitations familiales agricoles. Pour finir, nous exposons un modèle
pratique de planification stratégique regroupant tous les acteurs
concernés par les différentes lois sur la
décentralisation, et établissant leurs différents niveaux
de responsabilité et d'intervention en vue d'améliorer la
situation globale de l'agriculture familiale et de déclencher ainsi la
dynamique économique locale.
MOTS CLES
Exploitations familiales agricoles - Activités
agropastorales - Décentralisation - Développement Economique
Local.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
11
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
12
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
It is an undeniable fact: the family farmers, that to say,
small farmers are by far the majority of farmers in the word. In Cameroon, for
example, 97% of farmers in this category are family farmers. They contribute
constantly to produce food, create wealth and employment. The difficulty that
today this sector yet is the foundation of our economy, has led us to question
ourselves about the proper approach to support family farms (FF) and build a
sustainable development.
This dissertation, the result of reflection on the promotion
of agricultural activities and the economic revitalization locally, poses the
main problem to the functioning of the FF in situation of local governance as
prescribed by the decentralization's law in Cameroon. This work is part of
research for our experience during our training cycle in-depth «Project
Management»at the International Training Centre of Applied Democracy,
Development, Ethics and Governance of Yaoundé (CIFADDEG) ; it appears a
technical approach and planning marketing activities in the agricultural sector
in regional and local authorities to find the Pareto optimal
combination can active local competitiveness. As a first step, we
try to identify existing gaps by analyzing the current operating mode of FF
through different types of agriculture concerned and involved. In other words,
it is for us to answer the following question: What agriculture talking about
it? This led us to identify two (02) main major farming: agriculture surplus
food crops mainly practiced agriculture, and modern plantations that it
gradually integrates with traditional local habits. Means of action (especially
financial) are limited, the main strength of FF is based on the resource
endowment land even though it begins to receive «lame duck»with the
difficult integration of law on decentralization, major weakness in the process
of building a sustainable recovery of FF. Interactions between the different
actors (farmers, buyers and council) are individual because there is no policy
of common action can reduce the burden on farmers in particular. Then, we want
to analyze (socio-economic) factors that explain the present results to better
understand the current functioning of our farms. Finally, we present a
practical model of strategic planning involving all stakeholders in the
decentralization's law, their responsibilities and different levels of
intervention to improve the current state of family farming and thus trigger
the dynamic local economy.
KEYWORDS
Family farms - Agricultural activities - Decentralization - Local
economic development.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
13
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
14
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
1-Contexte et justification
Pays essentiellement agricole, grenier de la
sous-région Afrique centrale, le Cameroun a du mal à nourrir ses
populations et à relancer sa situation socio-économique. En
effet, 40% des camerounais sont pauvres parmi lesquels plus de la moitié
sont agriculteurs (ECAM 3)2. Pourtant, plus de 60%
de la population active exerce dans l'agriculture, l'élevage et toutes
les autres activités sous-jacentes, l'agriculture familiale
représentant 80% de l'appareil productif agricole du Cameroun
(MINADER-MINEPIA 2007)3, soit environ plus de neuf
millions et demi de camerounais (Rapport sur la pauvreté
rurale au Cameroun, Mai 2006)4. Et malgré le
début de la mise en oeuvre du Document de Stratégie pour la
Croissance et l'Emploi (DSCE), il existe encore un réel
contraste entre l'effort fourni dans ce secteur et le niveau de l'output
recueilli c'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'énergie
dépensée mais avec de faibles rendements.
Or, dans le même temps, de nombreux pays se sont
spécialisés dans ce domaine et y ont retiré jusqu'ici des
résultats éclatants ; le cas le plus illustratif est celui du
Brésil qui en quelques années grâce à l'agropastoral
fait partie du cercle restreint des BRICS5
(Brésil-Russie- Inde- Chine- Afrique du sud), groupe de pays qui porte
la croissance mondiale actuelle. Ce qui laisse croire que pour peu qu'il soit
bien pensé, l'agropastoral peut être un levier du
Développement Economique Local (DEL).
L'histoire de la pensée économique sur le
développement est en effet pleine du rôle fondamental que joue
l'agriculture dans l'émergence des processus de développement.
Quels que soient en effet les mécanismes que l'on qualifie de
fondamentaux, quelles que soient les hiérarchies que l'on voudrait
proposer, tous les spécialistes s'accordent sur le fait que
l'agriculture constitue ce réservoir de surplus qui doit permettre
d'amorcer un début d'accumulation de capital productif dans les autres
secteurs économiques. En effet, à travers
2Troisième enquête
camerounaise auprès des ménages qui complétait les deux
premières (2001-2008). Enquête réalisée par le
gouvernement camerounais ; les statistiques avaient été
données par l'Institut National de la Statistique.
3 Rapport conjoint du MINADER et du MINEPIA du premier trimestre
2007.
4 Rapport conjoint du MINPLAPDAT et du PNUD avec la
participation multidisciplinaire d'experts nationaux indépendants, Mai
2006.
5 Groupe de pays dont le taux de croissance cumulé est
estimé à 18% de celui de l'économie mondiale. Ce sont les
cinq (05) économies les plus dynamiques de l'heure de la
planète.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
15
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
ses effets « périphériques », on voit
historiquement dans l'évolution des grandes économies du monde
que l'agriculture a toujours contribué au développement local en
fournissant aux agro-industries des matières premières
nécessaires6.
Le contexte actuel est donc relativement marqué par le
processus de décentralisation entamé par l'Etat à travers
la loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la
décentralisation. Les collectivités territoriales
décentralisées sont ainsi chargées de prendre
elles-mêmes en main la gestion quotidienne de leurs principaux projets
dans le but de réaliser les objectifs propres à leurs besoins
réels. La commune est ainsi mise en avant; elle doit ainsi créer
un cadre d'actions dynamiques entre agents locaux, organisations de la
société civile, partenaires du développement et l'Etat, en
vue de réaliser de la plus-value nécessaire au financement
d'activités permettant d'entretenir de manière efficace et
efficiente le développement de l'économie locale afin d'impulser
le développement socio-économique à cette échelle
à long terme. La présente étude, qui s'appuie
essentiellement sur la commune d'AYOS dans le département du
Nyong-et-Mfoumou, région du Centre au Cameroun, s'efforce de comprendre
les mauvais résultats actuels du secteur agricole à travers le
fonctionnement des exploitations familiales agricoles (EFA) afin de proposer
des stratégies localement appropriées pour y remédier.
2 - Objet de l'étude
La zone rurale dispose d'une réserve potentielle de
produits agricoles de qualité qu'elle pourra mobiliser selon les
circonstances pour approvisionner soit les actifs des autres secteurs locaux
qui ne pratiquent pas d'activités agricoles (secteur secondaire voire
tertiaire), soit les populations des pays voisins et d'autres continents, et
celles séjournant occasionnellement au sein du territoire national
(touristes). Cette activité agricole produira à son tour des
revenus supplémentaires aux familles qui la pratiquent, revenus capables
d'être «captés»par investissement dans les autres
branches de production économiques. Il s'agit ici de montrer clairement
les effets positifs de la promotion des activités agropastorales sur
l'activation de l'économie locale.
6J-M. BROUSSARD, Economie de
l'agriculture, Economica, Paris, 1987.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
16
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
3 - Champs conceptuels explorés
Afin de mieux comprendre l'étude ci-proposée, il
importe de cerner le sens de la thématique à travers les concepts
qui y sont liés.
- Activités agropastorales
L'agriculture est la culture, le travail du sol pour le faire
produire. L'élevage quant à lui consiste à élever,
entretenir les animaux destinés aux multiples usages de l'homme. Les
activités agropastorales sont donc celles qui sont liées à
l'agriculture et à l'élevage. Généralement, quel
que soit le pays ou la région, on va trouver, historiquement deux grands
types d'agriculture locale:
y' Celles qui sont fondées sur la polyculture
associée plus ou moins avec l'élevage et qui sont
orientées historiquement vers l'autoconsommation. Ces agricultures
deviennent au fur et à mesure des « agricultures à
surplus vivrier »7, selon l'expression de R.
BADOUIN, jusqu'à ce qu'elles soient fortement
intégrées au marché et qu'elles deviennent alors
spécialisées (en grande culture, élevage, etc.) ;
y' Celles qui sont historiquement spécialisées,
soit en raison de contraintes agro-écologiques (agriculture des zones de
montagne par exemple), soit du fait d'un certain nombre de
phénomènes agro-économiques (plaine viticole du Languedoc
en France) ou politiques (colonisation en Afrique et en Amérique).
Il est important de remarquer que si la prise en compte des
contraintes agro-écologiques provient généralement d'un
processus spontané très ancien d'adaptation des populations au
milieu physique, les deux autres phénomènes ont été
provoqués par l'extérieur.
- Exploitation Familiale Agricole
(EFA)
Pour les agronomes, la notion d'exploitation familiale
agricole est un concept issu de l'histoire agricole européenne qui fait
référence à « un modèle d'agriculture
basé sur la famille monogame nucléaire et les moyens qu'elle met
en oeuvre aux fins de produire des denrées agricoles »
(BERGERET & DUFUMIER, 2002). Cette famille va donc chercher à
7R. BADOUIN, Economie
rurale, Armand colin, 1971, P.598.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
17
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
satisfaire ses objectifs économiques, mais aussi
sociaux et patrimoniaux, en mobilisant les moyens de production dont elle
dispose : le foncier, sa force de travail et ses ressources en capital fixe
(machines, outils...) et circulant (pour l'achat des intrants...).
La gestion d'une exploitation comprend ainsi l'ensemble des
décisions prises par le chef d'exploitation qui déterminent les
modalités de combinaison des moyens de production de l'exploitation.
Cette notion d'exploitation familiale agricole ou EFA est également
employée dans le contexte africain même si certains auteurs ont
montré que les contours des EFA africaines pouvaient être bien
plus larges que la « famille monogame nucléaire» (J.M.
GASTELLU, 1980) et que les unités de résidence, de
décision, de production, de consommation et d'accumulation ne
coïncidaient pas toujours.
L'analyse de la structure et du fonctionnement actuels d'une
exploitation agricole renvoie à son histoire : celle de l'acquisition
des moyens de production et de l'évolution de la combinaison de
systèmes de culture et d'élevage (DEVIENNE & WYBRECHT, 2002).
La structure et le fonctionnement d'une exploitation familiale varient dans le
temps. Ces variations s'expliquent par des causes externes liées au
contexte dans lequel l'exploitation évolue et par des causes internes
liées au cycle de la famille (WYBRECHT, 2002). Sur la base des travaux
de CHAYANOV8 les deux auteurs
précédents proposent un modèle qui résume
les principaux éléments de l'environnement, de la structure
(moyens de production) et du fonctionnement de l'exploitation familiale
agricole de manière classique.
- Décentralisation
La décentralisation se réalise par la
reconnaissance de la part de l'Etat d'intérêts locaux propres
gérés par les collectivités locales
décentralisées. La décentralisation suppose la
personnalité morale de la ou des collectivité(s) locale(s)
reconnue(s). Il n'y a pas de décentralisation s'il n'y a pas attribution
de la personnalité juridique. Ainsi, au Cameroun d'après les lois
n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du
02 juin 1972, n° 2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et complétant
certaines dispositions de la loi n° 96/06 du 18 janvier 1996, n°
2004/017, n° 2004/018 et N°2004/019 du 22 juillet 2004 portant
8 A. CHAYANOV dans « Economie de la paysannerie non
capitaliste », analyse le mode de fonctionnement des exploitations
familiales agricoles européennes en confrontant les besoins de ces
dernières à leurs différentes ressources pour expliquer le
niveau de rendement obtenu. C'est de cette analyse qu'est né le
schéma classique des stratégies au sein des unités
familiales de production agricoles.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
18
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
respectivement orientation de la décentralisation,
règles fixant des régions et organisation des communes, à
part l'Etat, ne sont reconnues comme personnes publiques territoriales que les
régions et les communes. Il faut en deuxième lieu l'existence
d'affaires locales ; En fait, on peut dire que sont affaires locales celles que
la loi a confié à la collectivité locale. Il faut enfin
que ces affaires soient gérées par la population qui compose les
collectivités décentralisées ; Le procédé le
plus simple pour permettre une telle gestion est le procédé de
l'élection (élection du conseil municipal par exemple).
Si la décentralisation implique l'existence de
compétences propres au profit des autorités locales, elle
signifie également une certaine limitation de celles-ci, un certain
contrôle ou une supervision du gouvernement qui s'exerce dans les
conditions précises fixées par les textes et qui porte le nom de
contrôle de tutelle. Ce type de contrôle, à la
différence du pouvoir hiérarchique ne permet pas à l'Etat
de donner des ordres et de réformer les décisions prises par les
autorités des collectivités décentralisées.
Dans la pratique, la décentralisation connaît deux
modalités:
y' La décentralisation technique ou fonctionnelle (ou
par services) porte sur une tâche déterminée par sa nature
particulière qui est individualisée et dont la charge est
confiée à une personne publique autonome ; elle consiste donc
à détacher d'une collectivité un service ou un ensemble de
services spécialisés qui seront assumés par un
établissement public.
y' La décentralisation territoriale qui «
consiste, dans son essence, à individualiser une collectivité
humaine circonscrite sur une partie du territoire et à la charge de
gérer l'ensemble de ses propres affaires ; elle donne naissance à
des collectivités territoriales, ayant compétence pour mener une
action administrative »9. C'est ce cas précis qui nous
intéressera dans la présente étude à travers son
caractère «territorial».
- Développement local (DL)
Le Développement local est défini par les
experts comme « une volonté politique des acteurs de promouvoir
le développement du territoire sur lequel ils vivent en vue
d'améliorer la situation socio-économique des populations
». Il tient d'une nouvelle conception du
9 A. BOCKEL, Droit administratif, Néa, Dakar
1978, P.247.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
19
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
développement « territorialisé » et
endogène dont la ressource humaine est la force motrice, le
développement étant avant tout un phénomène humain,
c'est-à-dire que l'être humain (à travers ses valeurs et
ses comportements) occupe une place fondamentale dans le processus de
développement. Ce concept est apparu dès les années
6010 et repose sur le postulat simple d'une activation des
dynamiques de développement socio-économique via les
potentialités locales au profit des communautés à cette
échelle ; il se veut une réponse alternative à une
politique d'aménagement du terroir un peu trop centralisée et
dont on sentait poindre les limites face aux nouveaux défis
quotidiens.
Le DL inclut la participation active de tous les acteurs d'un
territoire pour identifier et réaliser les programmes qui correspondent
à la mise en valeur des atouts de ce dernier. Dans ce sens, on peut dire
que le territoire est le point de départ et de rencontre des acteurs du
développement. Il est le lieu où s'organisent, volontairement ou
de manière spontanée, les formes de coopération entre les
entreprises, les individus et les activités.
En résumé, le Développement Local se
traduit par une communauté d'intérêts des acteurs ; ce qui
lui confère son identité pluridimensionnelle liée aux
domaines économique, social, historique et culturel. Trois (03)
critères définissent et permettent de circonscrire le DL dans son
champ d'action:
y' Il est territorial : l'espace du Développement Local
est généralement situé entre le village et la
région. Le projet des acteurs locaux est le projet du territoire qui
détermine les limites de la zone de développement ; cette
dimension spatiale des sociétés telle que présentée
par certains auteurs à travers un triptyque
territoire/acteur/développement met au coeur du dudit concept
l'idée du « vivre ensemble » et de l'« agir ensemble
» qui laissent transparaître à leur tour la notion de
participation dans l'élaboration de la vision d'une part, des outils et
des stratégies à mettre en oeuvre d'autre part.
y' Il est multisectoriel : la créativité doit
être maîtrisée par les acteurs locaux. Il n'est donc pas un
cadre d'une spécialisation et d'une démarcation aiguës entre
les activités socio-économiques. En cela, il est bien difficile
d'isoler les
10 F. TESSON in Introduction au cours de Développement
local, 2008.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
20
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
activités les unes des autres de façon
étanche à cause de leur vocation complémentaire et parfois
même des initiatives qui les portent.
y' Jl est géré par les acteurs
locaux : trois types d'acteurs majeurs complémentaires coexistent dans
le processus de Développement Local : les acteurs publics (élus
locaux et structures déconcentrées de l'Etat), les acteurs
privés (secteur privé et patronat) et les acteurs associatifs
(organisations de la société civile) ; Les négociations
constituent le moyen de coopération entre les différentes
parties.
Somme toute, le Développement Local apparaît
comme un processus ou un phénomène dynamique multidimensionnel
ayant une diversité de trajectoires qui peuvent conduire une
communauté locale, une économie locale, ou un territoire
donné à acquérir la flexibilité et le potentiel
d'innovations nécessaires pour faire face aux défis posés
par un environnement (interne et/ou externe) local en constante mutation.
- Développement économique local
(DEL)
Le Développement Economique Local est inclut dans le
Développement Local (c'est-à-dire que DL=?DEL)11.
S'inscrivant dans une logique de construction de territoire, il est un
processus qui pour sa part, insiste sur la dimension création de la
richesse (et par là des chaînes de valeur) par les acteurs locaux
et une stratégie de promotion de l'emploi à travers le
développement de micro entreprises, le renforcement du dialogue
territorial et la planification du développement. Au centre du prisme,
figure la création de partenariats entre privé et public afin de
regrouper les acteurs de l'économie locale y compris les
représentants gouvernementaux et locaux. Pour qu'il soit efficace et
profitable, le processus de développement économique au niveau
local doit s'inspirer:
y' De l'orientation vers les productions qui
valorisent les potentialités locales; y' De la
création des conditions d'accès au financement des projets;
11En effet, le DL étant une conception
« territorialisée » du développement, devient de ce
fait cette « maison» dans laquelle s'organise tout le processus
conduisant au bien-être socio-économique du territoire
donné. Puisque le DEL insiste sur la stratégie à appliquer
pour la création des richesses et l'élargissement de l'espace
d'échanges dans un secteur bien précis du développement,
il ressort donc clairement qu'en faisant la somme des développements des
différents secteurs d'activités dans un territoire, on obtient le
développement agrégé dudit territoire : DL=?DEL.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
21
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
y' De l'amélioration des qualifications du marché
du travail; y' De la génération d'un système
d'infrastructures de soutien;
Ceci requiert donc un effort concerté et
coordonné pour que la connaissance de la réalité et des
besoins locaux se transforme en valorisation économique, en
capacité technique pour promouvoir les entreprises et les
possibilités de revenus et d'emplois dans la constitution de
mécanismes de développement fondés sur le «
consensus démocratique »12. En constituant la
réponse sans exclusion aux besoins de la population, le
Développement Economique Local est tout à la fois, une dynamique
territoriale et un processus permettant de créer et de promouvoir les
richesses soutenant l'emploi à l'échelle locale à travers
la mise en valeur les diverses ressources endogènes.
- Evolution du DEL
A l'origine, le Développement Economique Local
était presque exclusivement une affaire de politique gouvernementale
nationale, qui préconisait l'intervention directe dans
l'économie. Dans beaucoup de régions du monde, cette intervention
a été réalisée par le biais d'entreprises d'Etat.
Dans des contextes plus démocratiques, les gouvernements ont fait
recours à des mesures incitatives dans leurs politiques de
développement économique, afin d'attirer des investissements dans
des domaines tels que les infrastructures «hard»(routes,
télécommunications...) ; ces mesures incitatives ont souvent
été combinées avec des concessions comme les
allègements fiscaux, l'acquisition de terre à bon marché,
des taux de services réduits et même des compensations
financières directes pour les entreprises et les industries
installées dans la localité. L'idée à la base de
ces premières stratégies de développement local
était que l'investissement public crée de l'emploi et en
même temps procure des impôts. L'évolution du concept de DEL
peut se résumer ainsi qu'il suit:
? Avant 1960 : On avait l'accentuation des politiques
nationales globalisantes, l'existence d'interventions directes de l'Etat et la
présence d'entreprises parapubliques et publiques : l'Etat-providence
régnait;
12L'expression «consensus
démocratique» renvoie ici à une chaîne d'actions
sous-tendues par les éléments tels que l'information, la
consultation, la concertation, la négociation et la médiation de
tous les acteurs ; il y a imbrication entre démocratie
représentative et démocratie participative au sein du terroir.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
22
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
? De 1960 à 1990 : Il y a eu l'implication
limitée des acteurs, des mesures incitatives de promotion et des
infrastructures «hard»: c'était la consolidation des acquis de
l'Etat-providence ;
? De 1990 à nos jours : On retrouve la présence
de nouveaux acteurs influençant l'orientation des projets locaux pour
des solutions locales d'un côté, des infrastructures
«soft»et l'existence de partenariats diversifiés de
l'autre.
4 - Objectifs de l'étude
La présente étude vise globalement à
appréhender le circuit de fonctionnement des exploitations familiales
agricoles du milieu rural (de la production à la commercialisation des
différents produits). Elle oriente son analyse dans
l'appréciation des forces et faiblesses des différents acteurs
engagés afin de comprendre et de mesurer les résultats de leurs
actions dans la promotion de ces différentes activités en termes
de Développement Economique Local (DEL) dans le but d'initier des
démarches et actions concrètes de relance des activités de
production, de distribution et de consommation dans ledit secteur.
De manière spécifique, l'étude cherche
à accroître la rentabilité des activités
agropastorales locales dans une approche participative (grâce à la
décentralisation) d'une part et à déclencher une
croissance progressive de l'économie à l'échelle locale
(grâce à la planification stratégique) nécessaire
à l'amélioration du niveau de vie des acteurs locaux d'autre
part.
5 - Intérêt de l'étude
Il est important de souligner que plus de 55% des pauvres au
Cameroun sont agriculteurs, que 97% de ces producteurs sont des exploitations
agricoles familiales13 et que la population camerounaise croît
à un taux moyen annuel de 2,8%14. Si l'on ajoute à cet
argument les mutations structurelles auxquelles font face les économies
du monde telles que la destruction des terres arables suite à la
croissance des centres urbains, la forte demande en biens alimentaires à
cause de l'explosion démographique, la baisse des prix agricoles, la
13Rapport sur la pauvreté rurale au Cameroun,
Mai 2006. 14 Rapport ECAM 3, 2009.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
23
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
hausse de la demande en agrocarburants, la pertinence de
l'analyse de cette problématique semble ainsi prendre tout son sens.
Cette recherche veut ainsi poser des balises de
l'expérimentation managériale d'un système de
planification stratégique capable d'enrichir le fonctionnement actuel
des activités des exploitations familiales agricoles (en créant
une dynamique de développement socio-économique) et qui par la
suite, pourra être amélioré par la communauté
scientifique et dont les résultats pourront être
généralisés.
6 - Revue de la littérature
Des physiocrates aux économistes modernes, le
rôle de l'agriculture dans le développement a fait l'objet de
multiples travaux : soit que l'on veuille montrer que l'agriculture doit
être «prioritaire»dans la chaîne de planification d'une
économie, soit que l'on veuille démontrer que toute croissance
agricole passe d'abord par la constitution d'un secteur industriel
intégré. Selon donc les différents courants de
pensée politiques et le degré d'intervention publique, diverses
stratégies ont été mises en oeuvre : les stratégies
volontaristes (économie planifiée capitaliste), les
stratégies interventionnistes (économie planifiée
socialiste) et les stratégies libérales (économie de
marché capitaliste). Depuis le début de transformation des
territoires avec le processus de décentralisation et le nouveau
paradigme du développement local, plusieurs études ont
été faites en termes d'incidence des activités
agropastorales dans les économies en développement dans une
approche de gouvernance locale.
Ainsi, dans Preliminary analysis of a questionnaire
on decentralization: outline of a typology, paru en
1997, BONNAL J. et P.
MUHEIM15cherchent à élaborer une typologie de
la décentralisation, sur la base d'un échantillon de 20 pays
(ayant entrepris un processus de décentralisation, récemment ou
dans un passé pas trop lointain) et de sept (7) variables jugées
les plus pertinentes, afin de mieux comprendre les caractéristiques et
les modalités de la décentralisation dans le secteur agricole et
le développement rural. Pour les deux auteurs, le contenu du processus
de décentralisation est fondamental à l'essor du secteur agricole
en particulier et du développement rural en général pour
constituer une classe sociale « moyenne » majoritaire et porteuse de
croissance.
15BONNAL J. et P. MUHEIM, Preliminary analysis of
a questionnaire on decentralization: outline of a typology, 1997.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
24
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Le travail de G. GORDILLO
dans son ouvrage intitulé The reconstruction of
rural institutions présente les concepts de base pour
comprendre les processus de reconstruction des institutions rurales, aussi bien
du point de vue de la réforme de l'Etat que de la dynamique des
collectivités rurales et des organisations paysannes. Le contexte
général est celui de la construction d'un nouveau modèle
de développement plus productif, équitable et durable, et dont
l'objectif central consiste en l'établissement d'un sentier de
croissance qui résulte de la construction de consensus et qui donne
stabilité, certitude et orientation aux politiques agricoles.
De manière plus pratique, NADIR M. T.,
dans Les chambres d'agricultures : modèles de
représentation et outils de participation des agriculteurs
(1997), synthétise différentes expériences de la
FAO en matière de création et renforcement des
organismes de représentation des agriculteurs. L'objectif de ces
expériences a été de donner aux agriculteurs la place qui
leur revient dans la société civile, en facilitant leur
accès aux circuits économiques et l'intégration de leurs
activités à l'ensemble de l'économie. Les axes de cette
expérience sont:
a) la reconversion des organisations agricoles à
caractère économique pour en faire des unités
professionnelles, gérées par les agriculteurs et répondant
aux critères d'efficacité et de rentabilité;
b) la mise en place d'organisations professionnelles dont la
mission est de représenter les agriculteurs et de participer en leur nom
à l'élaboration et à la mise en oeuvre des politiques et
des programmes de développement rural.
Après avoir présenté les problèmes
créés par l'absence de représentation des agriculteurs,
l'auteur propose un modèle institutionnel pour assurer leur
représentation à savoir les Chambres d'agriculture. Il expose
donc en détail dans une partie de son ouvrage les différents
principes, les fonctions et l'organisation locale, régionale et
nationale de ces Chambres. Dans la dernière partie du texte, l'auteur
présente quelques exemples de restructuration ou de création des
Chambres d'agriculture au Mali, Togo et dans les pays du Maghreb.
Enfin, J. P.TONNEAU et E. SABOURIN
démontrent l'existence d'une corrélation positive entre
l'agriculture des exploitations familiales et le développement local
dans le livre Agriculture familiale et politiques publiques de
développement territorial : le cas du
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
25
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Brésil de LULA (1997). Les deux
auteurs analysent le degré de corrélation entre les
activités agricoles des petites unités de production et le
développement local en s'appuyant sur la croissance fulgurante du
Brésil dans ce domaine sous l'ère du président
LULA DA SILVA.
Tous ces ouvrages ont contribué à poser des
jalons théoriques et pratiques quant à l'amélioration du
fonctionnement du secteur agricole dans différents pays. La
présente étude s'attèle à enrichir à sa
manière l'analyse des trajectoires fonctionnelles des exploitations
familiales agricoles (EFA) dans le contexte camerounais actuel.
7 - Problématique
Au vu de tout ce qui précède, la question
centrale qui ressort ici est que l'on se demande quelle est dans un contexte de
décentralisation (c'est-à-dire de gouvernance locale), la
stratégie fonctionnelle optimale applicable aux exploitations familiales
agricoles (EFA) pouvant être économiquement rentable et
socialement soutenable ? Autrement dit, quelle démarche adopter pour que
la pratique des activités agropastorales déclenche le
développement économique local dans le cadre d'une gouvernance
à cette échelle et ce, de manière durable?
8 - Hypothèses de départ
Pour avoir une réponse à notre interrogation,
nous vérifierons durant toute notre analyse les hypothèses
suivantes :
y' H1 : La manière dont les activités sont mises
en oeuvre ne garantit pas des résultats probants:
- H1.1 : le territoire n'est pas scientifiquement
aménagé pour faire asseoir une vision globale de manière
stratégique;
- H1.2 : l'organisation et l'exécution des
activités ne sont pas concertées;
- H1.3 : les chaînes de production, de distribution et
de consommation des biens sont discontinues ;
y' H2 : Les acteurs varient autant que leurs interventions et
les fortunes sont diverses et non pertinentes pour aboutir au
développement économique local:
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
26
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
- 112.1 : les acteurs concernés ont une faible
maîtrise du rôle à jouer par chacun d'entre-eux;
- 112.2 : les interventions des différents acteurs
s'enchevêtrent et demeurent improductives;
- 112.3 : les pertes inestimables sont réalisées
dans un pareil contexte et ralentissent le déclenchement du DEL;
? 113 : Des améliorations considérables peuvent
être faites à travers la co-construction des innovations:
- 113.1 : le modèle de co-construction des innovations
planifie de façon spatio-temporelle les activités du
territoire;
- 113.2 : le modèle de co-construction des innovations
valorise le potentiel local en toute autonomie;
- 113.3 : le modèle de co-construction des innovations
garantit l'avantage comparatif des terroirs et le développement durable
de ceux-ci.
9 - Démarche méthodologique
Elle se veut systémique du point de vue
théorique et pratique partant du bilan de la commune à travers
son inventaire, c'est-à-dire regarder de près les pratiques
quotidiennes des EFA, les intervenants, les stratégies, les atouts et
faiblesses dans la mise en oeuvre des activités agropastorales d'une
part; mesurer les retombées des actions sur les principales cibles,
relever et analyser les écarts qui existent afin de proposer des
améliorations à leur fonctionnement d'autre part. L'étude
s'est basée sur la méthode qualitative avec une démarche
d'échantillonnage non probabiliste par choix raisonnés, ceci est
dû au caractère typique de la variable catégorielle
à analyser (ici les EFA). De manière pratique, elle s'est
fondée d'abord sur la collecte des données à la fois
primaire à travers les enquêtes auprès des
bénéficiaires concernés (guides d'entretiens
semi-structurés, questionnaires, observations sur le terrain) et
secondaire (étude documentaire approfondie); puis une analyse des
différentes données par un logiciel statistique approprié
pour ressortir les potentiels écarts d'avec les hypothèses de
départ, ensuite l'explication des résultats obtenus avant de
tirer enfin les éventuelles conclusions et de faire des recommandations
pratiques.
La démarche met donc la commune composée
essentiellement des élus locaux et de la population des EFA -
c'est-à-dire de tous les acteurs du secteur agricole de la
collectivité
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
27
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
territoriale décentralisée - au centre de la
réalisation des différentes activités. Ces derniers
(élus locaux et population locale) sont impliqués à toutes
les étapes de mise en oeuvre de la stratégie, en tant que
principaux bénéficiaires et acteurs actifs à la
réalisation des projets concernant la promotion des différentes
activités agropastorales.
10 - Limites de l'étude
Les résultats obtenus au cours de cette étude ne
peuvent pas être extrapolées de manière systématique
à l'ensemble des exploitations familiales agricoles camerounaises vu le
type d'échantillonnage (par quotas). En effet, l'étude a
porté sur une seule commune dans la région du Centre au sein de
laquelle deux groupements de villages sur quatre ont effectivement
participé aux travaux ainsi qu'une trentaine de villages pris au hasard
sur la cinquantaine qu'on y trouve. Il pourrait donc se poser un
problème de représentativité.
Par ailleurs, l'étude s'est heurtée à la
rareté des documents ayant traité spécifiquement de
promotion agropastorale et d'activation économique locale dans un
contexte de décentralisation en Afrique sub-saharienne en
général et au Cameroun en particulier, d'où une revue
documentaire limitée et donc un faible croisement d'opinions sur ladite
question.
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
28
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Figure 1 16: Schéma
simplifié de la démarche méthodologique de
l'étude.
16Construction de l'auteur.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
29
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Plan synoptique de l'exposé
Cette étude se subdivise en deux grandes parties,
chacune composée de deux principaux chapitres comme suit:
Première partie : Etat des lieux
Chapitre Premier : Disponibilités en
facteurs agricoles
Chapitre Deux : Fonctionnement et
évolution de l'espace de production agricole Deuxième
partie : Analyse des écarts et proposition d'un modèle
explicatif
Chapitre Trois : Ecarts observés,
conséquences et tentatives d'explication
Chapitre Quatre : La dynamique endogène
par la co-construction des innovations.
ARTICULATION LOGIQUE DES CHAPITRES
Les facteurs agricoles existent... Chapitre Premier
...et entretiennent les activités agropastorales...
Chapitre Deux
...mais ces facteurs sont combinés...
Chapitre Trois
...de façon sous-optimale, générant de
mauvais résultats qui maintiennent au fil des années les
bénéficiaires dans une précarité accentuée,
un cercle vicieux...
Chapitre Quatre
... situation pouvant néanmoins être corrigée
par la dynamique de co-construction des innovations.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
30
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
PREMIERE PARTIE : ETAT DES
LIEUX
Cette partie de l'étude dresse le bilan de la promotion
des activités agricoles pratiquées, ainsi que leurs
résultats en termes de Développement Economique Local. Elle
analyse tour à tour les différentes disponibilités en
facteurs agricoles (Chapitre Premier) ainsi que le mode de fonctionnement
actuel des exploitations familiales agricoles (Chapitre Deux). Le travail
s'appuie ici sur tous les acteurs engagés, les secteurs d'agriculture
concernés, les moyens mis en oeuvre, la stratégie adoptée
c'est-à-dire la démarche utilisée, les forces et
faiblesses des divers acteurs et l'impact sur les bénéficiaires
afin de mieux appréhender le système d'exploitation actuel de nos
ménages agricoles. Les données statistiques apparaissant ici sont
exclusivement celles de la commune d'AYOS au sein de laquelle l'étude a
été réalisée.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
31
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
DISPONIBILITES EN FACTEURS AGRICOLES
CHAPITRE PREMIER
Créée en 1963 et située au Sud-est de la
région du centre dans le département du Nyong-et-Mfoumou, en
pleine zone forestière, la commune d'AYOS, avec un conseil municipal de
25 membres de configuration politique du Rassemblement Démocratique du
Peuple Camerounais (RDPC), a été le principal site des
enquêtes menées dans la réalisation de cette étude
pour ses riches potentialités agricoles et sa diversité
socio-économique. Ce chapitre présente la situation des
différents facteurs agricoles dans cette collectivité
territoriale décentralisée.
I. SITUATION GEOGRAPHIQUE GENERALE
Située entre le 2° et le 4° de latitude nord,
la commune s'étend sur une superficie de 1250 km2 pour
environ 30.000 âmes, soit une densité moyenne de 24
hts/km2. Elle est située au Sud-est de la région du
centre et est limitrophe de la région de l'Est, des communes d'ATOK,
KOBDOMBO, AKONOLINGA et MENGANG. Comme toutes les autres localités
environnantes, elle se compose de forêt dense humide et est
traversée par le fleuve Nyong, la couverture
géologique montre une prédominance des formations du complexe de
base du précambrien. Dans la zone étudiée, le complexe de
base comporte deux variantes : la série d'AYOS à faible
métamorphisme et la série grenatifère ayant subi
localement une migmatisation. Sur ce complexe de base reposent des formations
superficielles (éluvions, terrasses et alluvions, latérites
abondantes). Les sols hydromorphes argilo-organiques de cette forêt sont
gorgés d'eau. Ils sont constitués d'une épaisse
litière de débris végétaux en décomposition
et sont exceptionnellement riches en carbone.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
32
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Son climat est de type équatorial comportant 4 saisons,
2 saisons de pluies et 2 saisons sèches. La grande saison des pluies
culmine de septembre à octobre la petite de mars à juin. La
grande saison sèche va de décembre à février, la
petite de juillet à août avec des précipitations de l'ordre
de 1500 à 2000 mm/an. La température moyenne annuelle est de
25°C avec une amplitude moyenne de 2,5°C. Ce climat permet le
développement d'une gamme variée de cultures en deux campagnes en
raison de l'humidité qui prévaut durant toute l'année.
La forêt comporte une strate arborescente
supérieure, que l'on peut considérer comme exclusivement
constituée des cimes de Sterculia
subviolacea17, le recouvrement des cimes pouvant être
évalué à 50 %. Au maximum, la hauteur des arbres atteint
25 à 30 m et certains fûts près de 80 cm de
diamètre. L'arbre est caractérisé par sa base conique
inclinée à 45°, formée de nombreux contreforts
aliformes, sinueux, ramifiés et enchevêtrés, atteignant
parfois 5 à 6 m de hauteur; le rhytidome est de teinte grise et
crevassée, la cime assez fournie et le feuillage vert argenté.
Entre les fûts de Sterculia subviolacea
s'élève une s'élève une strate
arborescente inférieure et formée pour majeure partie de petits
arbres élancés, atteignant 20 à 25 m de hauteur, à
cime légère aux reflets argentés ou dorés ; il
s'agit là d'une espèce de Macaranga à
feuille peltée non encore déterminée et sans doute
nouvelle. Les eaux du Nyong renferment l'Heterotis
niloticus (Kanga d'appellation locale) au voisinage d'AYOS ; les
silures sont présents à ATOK. Le Clarias, et
Hepsetus adoe sont les seuls poissons du Nyong
capables d'atteindre ou de dépasser le kilogramme.
Concernant la culture des produits de rente, les populations
de la commune d'AYOS produisent du Cacao et du Café. Mais elles
pratiquent en général une agriculture vivrière faite
principalement de manioc, plantain, concombre. Pour le moment les habitants ne
s'intéressent pas à la vallée inondable, malgré le
fait que cette zone serait propice aux légumes de contre saison et
à la riziculture inondée. La forêt inondable ainsi que la
prairie ne sont pas sollicitées par l'agriculture ; cette inoccupation
serait due à trois raisons : l'absence de pression démographique,
la fertilité des terres fermes de la région, du fait que les
produits pouvant y êtres cultivés (céréales et
produits maraîchers) ne rentrent pas dans les habitudes alimentaires des
autochtones. Seuls les feux annuels grignotent sur les bords, la forêt.
La zone est bien conservée. L'élevage traditionnel du petit
bétail est généralisé autour du site.
17Espèce d'arbre géant qu'on retrouve
dans le grand massif forestier des régions du Centre, du Sud et de l'Est
du Cameroun.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
33
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
La commune d'AYOS a plusieurs composantes sociologiques
à savoir les Yebekolo, les Omvang et
les Sso pour ce qui est des autochtones ; en ce qui concerne
les populations allogènes figurent en bonne place les
Bamilékés, les Haoussa, les Bamoun et les Bamenda.
II. INFRASTRUCTURES DE BASE ET POTENTIEL HUMAIN
La commune d'AYOS est située sur la route nationale
n° 10 reliant Yaoundé à Bertoua, ce qui lui offre 20 km de
route bitumée. Le reste du réseau routier est constitué de
215 km de route en terre dont 25 km sur le réseau prioritaire dans le
tronçon AYOS-NGUELEMENDOUGA et le reste devenant impraticable en saison
de pluie. Certaines zones de la localité sont couvertes par deux
réseaux de téléphonie mobile, quelques stations
émettant en modulation de fréquence selon la puissance des
émetteurs sont captées et un télécentre
communautaire polyvalent existe pour pouvoir fournir l'accès à
l'internet dans toute la collectivité territoriale ; pour ce qui est de
la télévision, les ondes satellitaires et hertziennes y sont
aussi captées.
La commune dispose d'un réseau d'adduction d'eau de
10.100 m3 ; les villages sont en majorité dotés de
puits (16) et forages (05), hors service pour des pannes diverses. Il n'existe
pas d'équipements sportifs communaux ; les équipements des
établissements scolaires et professionnels contribuent à combler
autant que faire se peut cette lacune. La commune a entrepris depuis 2007 des
négociations pour l'obtention des parcelles à dédier
à la construction de stades. En ce qui concerne les jalons pratiques de
la formation humaine dans la collectivité, des cartes scolaire et
sanitaire ont été réalisées comme suit:
Carte scolaire (tableau n° 1)
Elle ressort un bref résumé de l'état du
«format éducation»dans l'étendue du territoire communal
local.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
34
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
TYPE ENSEIGNEMENT
|
NOMBRE D'ECOLES
|
EFFECTIFS ELEVES
|
EFFECTIFS ENSEIGNANTS
|
ENSEIGNEMENT MATERNEL PUBLIC
|
02
|
153
|
08
|
ENSEIGNEMENT MATERNEL CONFESSIONNEL
|
01
|
174
|
03
|
ENSEIGNEMENT PRIMAIRE PUBLIC
|
35
|
4 873
|
127
|
ENSEIGNEMENT PRIMAIRE CONFESSIONNEL
|
04
|
681
|
17
|
ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE GENERAL PUBLIC
|
03
|
1 068
|
24
|
ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE GENERAL CONFESSIONNEL
|
01
|
94
|
15
|
ENSEIGNEMENT
SECONDAIRE TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL PUBLIC
|
03
|
681
|
37
|
TOTAL
|
48
|
7 724
|
231
|
Tableau 118 : Effectifs des
écoles, des élèves et enseignants dans les
différentes écoles primaires et secondaires de la commune
d'AYOS.
Sur environ 20.000 jeunes que compte la commune, seuls 7.724
sont scolarisés ; soit un taux de scolarisation de 38,6% avec plus des
2/3 des effectifs dans le primaire, puis suit le secondaire
général public comptant à peu près le
septième de l'effectif total.
18Monographie 2007 de la commune d'AYOS.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
35
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Carte sanitaire (tableau n°2)
Cette carte révèle de manière globale le
niveau infrastructurel sanitaire de la commune. Tableau
219 : Effectifs des formations sanitaires
fonctionnelles dans la commune d'AYOS.
STATUT DES FORMATIONS SANITAIRES
|
AIRES DE SANTE
|
FORMATIONS SANITAIRES
|
TOTAL
FORMATIONS FONCTIONNELLES
|
PUBLIC
|
AYOS URBAIN
|
HD
|
01
|
CSI AYOS URBAIN
|
01
|
MBAKA
|
CSI MBAKA
|
01
|
COMMUNAL
|
NYAMVOUDOU
|
CSI
NYAMVOUDOU
|
01
|
CSI NKOABANG
|
01
|
CS MELAN
|
01
|
PRIVE
|
AYOS URBAIN
|
CABINET
MEDICAL APEZE
|
01
|
TOTAL
|
|
|
07
|
HD : Hôpital de district;
CSI : Centre de santé intégré;
Il ressort clairement qu'on a environ 4.286 potentiels malades
pour une seule formation sanitaire, et que presque 43% de ces structures se
retrouvent dans le centre urbain d'AYOS alors que plus des 4/5 de la population
communale vit hors de ce centre urbain.
III. POTENTIEL ECONOMIQUE DE LA COMMUNE D'AYOS
Les principales activités économiques de la
localité sont l'agriculture vivrière et pérenne, la
pêche artisanale et l'élevage. Le tissu industriel est
présent à travers une petite unité de menuiserie qui
transforme des bois d'exploitation traditionnelle aux dimensions du
marché international et deux autres qui font dans
l'ébénisterie ; L'artisanat s'illustre par la
19 Ibid.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
36
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
vannerie et la sculpture. Un seul marché existe et
fonctionne au centre-ville d'AYOS, mais des créations de marchés
périodiques sont déjà effectuées dans les centres
de convergence (Wong, Nyamvoudou, Yebe, Mbaka).
Les dépenses de fonctionnement sont les charges
salariales, le fonctionnement courant de la commune, les secours et appuis
divers de plus en plus nombreux, le paiement des droits et taxes, etc. Les
dépenses d'investissement se résument aux constructions et
équipements divers (moules, presses, tronçonneuses,
bétonnières, matériels de ramassage des ordures), la
sécurisation du patrimoine immobilier et de l'immeuble abritant
l'Hôtel de ville, l'aménagement des espaces verts, la construction
de l'auberge municipale sur la berge du Nyong, les débats et
enquêtes préliminaires en vue de la confection du plan de
développement local (PDL), la réfection des hangars et stands du
marché. Pour ce qui est des recettes communales, elles ont deux
principales sources à savoir:
- les recettes fiscales qui représentent plus de 75%
des recettes totales, provenant des centimes additionnels communaux
distribués par le FEICOM (Fonds d'Equipement Intercommunal), des taxes
indirectes, de l'impôt libératoire;
-les produits de l'exploitation du domaine communal : ils
proviennent des loyers des immeubles communaux (marché, garage
municipal, parcelle hébergeant des antennes, recettes publicitaires).
-les autres ressources restent potentielles, c'est le cas de
la redevance forestière qui proviendrait du classement en forêt
communal des massifs forestiers présents dans le ressort de la commune
et dont la procédure est engagée.
L'arrondissement se transforme de décembre à
juin en une place de négoce de cacao dont la culture a repris de plus
belle avec l'implantation d'un site de jeunes agriculteurs à OBIS.
L'extraction minière de rutile (prospection), l'exploitation
forestière, la production de matériaux de construction en
matériaux locaux et le cabotage le long du Nyong sont là quelques
activités économiques potentielles. Quelques attractions
touristiques sont à mentionner : les plages du Nyong en saison
sèche, la forêt et les grottes mystérieuses du groupement
Omvang et le rocher «AKOK NYANGUEBE».
Concernant la coopération décentralisée,
il n'existe pas encore de jumelage ; mais des débats introductifs ont
été entrepris avec la commune de LAFAT, dans la CREUSE en
France
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
37
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
qui est la ville d'origine du Dr Eugène JAMOT qui aura
contribué à la création et à la renommée
d'AYOS.
On peut donc constater qu'il existe un éventail de
facteurs agricoles qui restent à être exploités de
manière optimale afin d'améliorer les conditions de vie des
populations locales.
? Carte administrative de la commune (Par
groupement de villages ayant contribué à la réalisation de
la présente étude)
Groupements : Omvang et Yebekolo-Est (Page suivante)
NB : Pour l'orientation géographique, lire
«Nord»comme suit:
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
38
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Carte 1: Carte administrative de
la commune d'AYOS.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
39
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
FONCTIONNEMENT ET EVOLUTION DE L'ESPACE
DE PRODUCTION ET D'ECHANGES DES PRODUITS AGRICOLES
CHAPITRE DEUX
Comprendre le niveau de production actuel de l'appareil
agricole familial camerounais revient sans doute à se questionner sur
les raisons de tant d'échecs dans ce secteur. Autrement dit, il convient
tout d'abord d'interroger la base à travers les principales techniques
et démarches utilisées jusqu'ici dans la réalisation des
différentes activités en mettant sur la sellette les secteurs
concernés (Qu'est-ce qu'on produit ? Comment le produit-on ?), les
différents acteurs engagés (Qui fait quoi ?), les
bénéficiaires ou principales cibles (Pour qui le fait-on ?),
ainsi que leurs interactions (Comment agit-on ensemble ?) afin de mieux
apprécier le fonctionnement présent du système.
Ce chapitre s'attèle donc à examiner le rapport
de force des principaux intervenants et l'ampleur des actions entreprises en
termes de promotion des activités agropastorales. Les résultats
obtenus ici ont été collectés dans deux principaux
groupements de la commune d'AYOS (Omvang et Yebekolo-Est), dans le
département du Nyong-et-Mfoumou, région du Centre, au sein de
laquelle nos travaux de recherche ont été menés.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
40
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
I. TYPOLOGIE DES AGRICULTURES CONCERNEES
Au Cameroun comme dans la plupart des pays agricoles
subtropicaux, on retrouve essentiellement quelques quatre (04) types
d'agriculture qui ne sont cependant pas pratiqués dans des proportions
prédéfinis, le tissu économique de base étant
déterminant dans la répartition des activités et de la
main-d'oeuvre ; néanmoins toutes ces économies connaissent
à un moment donné de leur histoire la prédominance du type
d'agriculture dit «de transition».
Ainsi, selon le degré croissant d'utilisation des facteurs
de production et du niveau de la plus-value, on a :
? L'agriculture de subsistance caractérisée par
le repli des communautés sur elles-mêmes, et qui ne
désirent généralement pas vendre leur production car elles
n'ont pas de surplus susceptible d'être commercialisé. C'est une
agriculture peu productible car elle n'est pas mécanisée et
utilise des techniques rudimentaires;
? L'agriculture de transition : ici, une partie de la
plantation est commercialisée et une autre est destinée à
l'autoconsommation. Mais on relève encore le caractère familiale
des exploitations qui sont caractérisées par une faible
productivité et un faible revenu qui est perçu par
l'exploitant;
? L'agriculture des grandes propriétés : on met
en jeu des grandes exploitations et on emploie même des salariés
agricoles. Il y a obtention d'un surplus, mais celui-ci est versé en
partie ou en totalité aux propriétaires;
? L'agriculture de plantations modernes : la taille de
l'exploitation est très grande, la technologie utilisée est
moderne et l'exploitation a un caractère extraverti car la plus grande
partie de la production issue ici est exportée.
Dans la commune d'AYOS, on retrouve essentiellement deux
grands types d'agriculture selon que les acteurs se retrouvent groupés
ou isolés dans la réalisation des plantations et des champs et
ce, quelle que soit la culture ou la saison : l'agriculture fondée sur
la polyculture à laquelle ils associent le petit élevage et
l'agriculture de plantations modernes qui est en train de s'implanter dans la
zone avec la montée de la cacaoculture.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
41
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
A. L'agriculture à surplus vivrier
C'est en fait une combinaison d'agriculture de «
subsistance » et de « transition » puisque les produits issus de
ce type d'exploitation sont d'un côté destinés à
l'autoconsommation et de l'autre à la commercialisation. Ce sont des
plantations familiales de taille moyenne (environ 400 m2 de
superficie) pour sept personnes (le chef de famille, son conjoint et leur
progéniture) avec une forte propension de culture des produits vivriers
destinés à l'alimentation de base (manioc, macabo, plantain,
banane, igname, arachide...). La main-d'oeuvre est strictement familiale et
donc non salariale avec des outils rudimentaires pour l'ère moderne
qu'est la nôtre (machette, houe, daba...). Cette pratique est la
conséquence d'une transmission socio-culturelle des peuples de la
forêt.
Il est à noter que l'usage de la forêt consiste
en la pratique des cultures sur brûlis connues sous le nom de
«cultures sur terres noires»à cause de la
noirceur provoquée par la carbonisation du bois sous l'effet du feu. Le
paysan procède tout d'abord à la coupe de la forêt en vert
qu'il laissera sécher ; les arbres et la végétation
séchée seront ensuite brûlés. L'agriculture est
« itinérante » car les parcelles ainsi nettoyées sont
cultivées une ou deux années avant d'être
abandonnées, le temps de se régénérer. Cette
agriculture s'accompagne par le petit élevage domestique de la volaille
et du bétail dans les villages, beaucoup plus sous forme de soutien
alimentaire. Elle est pratiquée dans toute l'étendue de la
collectivité ; ainsi plus de 90% des ménages dans la
contrée pratiquent ce mode de culture de manière courante et
continue.
Avec les mutations actuelles, on observe l'initiation d'un
type d'agriculture nouveau dans la collectivité d'AYOS : c'est celle des
grands champs de produits dits «structurants»combinant en
leurs seins les produits de rente et les cultures vivrières.
B. L'agriculture des plantations moderne (Agriculture de
rente)
Elle concerne la culture des produits dits
«structurants»destinés en majeure partie à
l'exportation et dont la production nécessite de vastes aires et une
main-d'oeuvre raisonnable, c'est-à-dire suffisante et permanente au
moins à moyen terme, sans compter la nécessité d'une
logistique technique et technologique d'appoint. Les plantations peuvent
intégrer en leur sein certaines cultures vivrières d'où
l'appellation commune de «champs structurants». Ce secteur
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
42
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
de l'agriculture nécessite une expertise pointue et de
grands investissements du moins pendant la période de lancement de ces
grandes plantations.
La commune d'AYOS s'est lancée dans une vaste campagne
de relance de la cacaoculture avec pas moins de 100 ha de plantations
déjà entrepris au sein de la collectivité. La
main-d'oeuvre ici est mixte puisqu'elle est salariée. Ce type de culture
vise à moyen terme la transformation locale de l'output recueilli dans
le but de créer de la valeur ajoutée en intégrant sur le
marché local de nouveaux produits pour la plupart connus de fabrication
étrangère, mais pas encore confectionnés localement. Les
plantations se trouvent en majeure partie dans des espaces individuels, puisque
pour l'instant dans la localité d'AYOS il n'existe pas de
problèmes de terres cultivables car d'après les populations
locales, des aires vierges existeraient encore au sein de la
collectivité. Il est à noter que ces plantations de rente sont
aussi expérimentées avec une main-d'oeuvre à la taille
d'un foyer moyen (six personnes en moyenne), puisque le gros de la
main-d'oeuvre est utilisé en plein temps pendant la phase de lancement
des champs.
II. LES DIFFERENTS ACTEURS ENGAGES : PLACES, FORCES
ET
FAIBLESSES
La réalisation des activités dans le secteur
agricole nécessite plusieurs facteurs parmi lesquels le potentiel humain
qui y est associé. Généralement, l'organisation et la mise
en oeuvre des projets d'agriculture englobent plusieurs acteurs selon le niveau
d'intervention de chacun de la production à la commercialisation des
produits.
A. Présentation des acteurs et schéma
classique de fonctionnement des EFA vis-à-vis du milieu et de
l'environnement socio-économique
? Les agriculteurs
Ce sont des adultes de plus de 30 ans d'âge, les plus
jeunes étant entraînés vers les centres urbains par le vent
de l'exode rural pour diverses raisons parmi lesquelles la poursuite des
études pour certains (pour la minorité des cas), la recherche
d'emplois rémunérés pour
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
43
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
d'autres et d'un niveau de vie meilleur (pour la plupart).
Dans la localité d'AYOS, on trouve 54% de femmes dans le tissu productif
agricole contre 46% de leurs homologues hommes20.
Ces acteurs dans la plupart des cas sont propriétaires
des différents domaines et des plantations : ce sont des exploitations
familiales. On retrouve sensiblement 91% des ménages dans l'agriculture
dite de transition21 : les hommes et les femmes y sont les
principaux artisans aidés par leurs jeunes enfants pendant les
périodes de congés et/ou de vacances scolaires. Le reste des
paysans font dans l'agriculture des plantations modernes en intégrant
des groupes de coopératives pour pouvoir assurer la survie des
différentes plantations.
? Les coopératives agricoles
L'ACI (L'Alliance Coopérative
Internationale) définit la coopérative comme: «une
association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire
leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs
au moyen d'une entreprise dont la propriété est collective et
où le pouvoir est exercé
démocratiquement»22. Cette définition
constitue une formulation minimale qui n'a pas pour but de décrire la
coopérative parfaite. Son champ d'application a été
intentionnellement élargi étant donné que la participation
des membres varie selon le type de coopération concernée, et que
les membres doivent avoir une certaine liberté dans l'organisation de
leurs activités.
Dans la commune d'AYOS, les coopératives ont du mal
à s'affirmer surtout en ce qui concerne les activités
d'agriculture de transition ; les seules qui réussissent à
grandir sont celles qui s'occupent de l'agriculture des produits d'exportation
notamment celle du cacao.
? Les associations
Ce sont des groupements non conventionnels d'exploitations
agricoles d'intérêts communs. Elles se composent de paysans
animés par des liens familiaux ou d'amitié qui décident de
se faire confiance parce que « se connaissant mieux ». Ces
associations interviennent de manière planifiée pour aider chaque
membre dans sa plantation afin
20 Statistiques communales et enquêtes de l'auteur.
21 Ibid.
22Documents de l'Alliance Coopérative
Internationale, 2000.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
44
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
d'abréger la durée du travail individuel de
chaque ménage agricole. Dans la commune d'AYOS, ces associations sont
majoritairement féminines.
? Les partenaires techniques et
financiers
Dans cette catégorie d'acteurs, on trouve toutes les
structures étatiques ou privées pouvant apporter un soutien
d'assistance technique et/ou financier aux agriculteurs individuels ou
regroupés en coopératives. Ces différents partenaires
interviennent beaucoup plus en amont et en aval de l'activité.
? Les potentiels clients
Ils sont composés de consommateurs traversant la
localité, en provenance des grandes métropoles telles que
Yaoundé, des fonctionnaires résidents dans la commune, et des
grands commerçants du pays ou même étrangers pour ce qui
est des produits alimentaires de base. Concernant l'achat du cacao, principale
culture d'exportation dans la localité, il est l'oeuvre des principaux
partenaires des coopératives existantes. Il faut aussi noter la
présence des acheteurs ambulants chez qui les cours des produits ne sont
pas fixes, mais fluctuent en fonction des périodes et de la
quantité vendue.
? La municipalité
Elle intervient jusqu'à présent au niveau du
marché local pour collecter les taxes sur les produits vendus et
achetés au sein de la collectivité bien que beaucoup de ces
produits qui sont acheminés vers les grandes villes échappent le
plus souvent à la taxation locale. Dans la commune d'AYOS, ces collectes
se font uniquement dans les principales places de transaction que sont le
marché central de la ville d'AYOS et les marchés
périodiques des localités de convergence que sont Wong,
Nyamvoudou, Yebe et Mbaka.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
45
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
? Schéma classique du fonctionnement des EFA
vis-à-vis du milieu et de l'environnement socio-économique
Après l'identification de ces différents
acteurs, les lignes qui suivent présentent tour à tour le
fonctionnement classique des EFA (modèle de CHAYANOV)23 et
comment ces dernières s'organisent dans la réalisation de leurs
activités. L'auteur démontre en effet comment l'organisation
d'une EFA est étroitement liée au foncier et au capital. On
observera donc l'influence de la main-d'oeuvre sur le fonctionnement actuel des
EFA à travers la taille moyenne du ménage agricole (nombre de
têtes et la quantité de travail qu'elles peuvent fournir), ainsi
que celle du niveau du capital nécessaire à investir. Ces
éléments essentiels laissent déjà
transparaître le phénomène de baisse tendancielle des taux
de profit des activités au cours du temps liée à la
fixité des deux facteurs susmentionnés et à
l'accroissement simultané de la taille de l'EFA.
Le schéma de A. CHAYANOV ressort clairement que les
besoins des ménages agricoles sont fonction tout d'abord des conditions
naturelles c'est-à-dire du milieu qui est les entoure car ces conditions
naturelles déterminent fortement l'environnement socio-économique
local. La quantité de travail au sein de l'exploitation familiale
dépend beaucoup plus de sa taille et de l'arbitrage temporel
effectué par ses propriétaires entre activités purement
agricoles, celles non agricoles (périphériques et/ou
complémentaires à l'activité de base) et moments
chômés. Ce travail est conditionné à son tour par
deux facteurs fondamentaux à savoir le capital (facteur
déterminant de transformation et de mise en valeur du foncier ; il se
combine au capital humain de l'EFA c'est-à-dire le niveau de
connaissances et de formation technique des exploitants agropastoraux) et le
foncier (facteur naturel sur lequel repose la pratique de l'activité
agricole). C'est la combinaison de ces deux éléments qui, pour A.
CHAYANOV, expliquent clairement le mode d'organisation des EFA, mode
d'organisation que nous détaillerons plus loin dans cet exposé.
En fin de compte, l'efficacité des EFA résiderait alors selon
l'auteur aux externalités positives engendrées par la hausse du
niveau du capital humain, la diffusion des connaissances et la stabilité
du milieu de vie dans l'espace et le temps. L'amélioration de la
productivité des facteurs favorise donc l'innovation, les rendements
croissants, la hausse du niveau de revenu et partant, du niveau de vie
général des EFA.
23Dans ses travaux, A. CHAYANOV analyse le mode de
fonctionnement des exploitations familiales agricoles européennes en
confrontant les besoins de ces dernières à leurs
différentes ressources pour expliquer le niveau de rendement obtenu.
C'est de cette analyse qu'est né le schéma classique des
stratégies au sein des unités familiales de production
agricoles.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
46
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Famille : nombre de
consommateurs/ quantité de travail
Environnement socio-
économique
Conditions naturelles
Temps chômé
Activités
Revenu annuel du travail non agricole
Revenu annuel du travail familial
Travail au sein de l'exploitation
Revenu annuel du travail agricole
Foncier
Capital
Organisation de l'exploitation agricole
Revenu agricole brut
Besoins familiaux
Figure 2: schéma classique de
l'articulation économique des activités des EFA selon A.
CHAYANOV.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
47
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
B. Organisation des activités
? 1ere étape : La mise en terre des
cultures
Les paysans se chargent d'identifier et de préparer les
espaces à cultiver en fonction de la disponibilité des terres et
de la main-d'oeuvre familiale, c'est ce qui rend variable la taille des
exploitations en fonction des saisons. Les champs ainsi défrichés
accueillent les semences apprêtées auparavant par les
cultivateurs. Le plus souvent pour les cultures maraîchères, les
intrants agricoles (pesticides, fongicides, herbicides, engrais...) leur sont
fournis à crédit à des taux d'intérêt
variables. Ces intrants sont fournis soit par des propriétaires de
boutiques agricoles et/ou par les «bayam
sellam»(néologisme, cette expression est
empruntée de l'anglais "buy and sell" pour qualifier
les revendeuses des produits alimentaires dans les marchés des grandes
villes du pays) soit par négociation directe des différentes
parties dont l'échéance se fixe à partir des
premières récoltes, sept (07) personnes sur dix qui cultivent les
produits maraîchers affirment avoir recours à cette pratique.
Concernant les grandes exploitations, les paysans
bénéficient d'un encadrement de la part des organes
coopératives au sein desquelles ils sont affiliés concernant le
choix des sites, l'agrandissement des aires, le type de plants et d'intrants
à utiliser, sous forme d'écoles paysannes ; ils ont aussi un
suivi dans la mise en terre des cultures surtout pour les nouveaux membres ne
possédant pas encore d'expertise. C'est le cas de la
société coopérative des planteurs et transformateurs de
cacao d'AYOS (SOCOPTRACA) avec une centaine de membres à son actif, a
mis en terre plus de 100 hectares de cacaoyers ; la coopérative
bénéficie du soutien technique et financier de ses principaux
partenaires que sont l'IITA (Institut International pour l'Agriculture
Tropical) et la SODECAO (Société de Développement du
Cacao), elle a reçu ainsi 50.000 jeunes plants
sélectionnés. Toujours dans ses activités, cette
coopérative a à son actif huit (08) écoles paysannes
chargées de former les cultivateurs pour leur donner de l'expertise
nécessaire à la culture des champs.
? 2ème étape : La gestion
quotidienne des champs
Elle se fait par les cultivateurs de manière
individuelle, chacun assurant la gestion journalière de son exploitation
agricole en essayant de faire face aux difficultés rencontrées
pendant toute la période de croissance des plantes et ce, quel que soit
le type d'exploitation. L'expérience accumulée au fil du temps
reste la principale arme pour la gestion des complications conjoncturelles
auxquelles les paysans font face durant toute cette phase. Pour
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
48
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
la minorité regroupée dans les associations
coopératives, le problème ne se pose quasiment pas puisqu'il y a
diffusion des techniques et technologies au sein du groupe, ce qui
réduit les risques d'échec. La commune d'AYOS s'est aussi
engagée à la relance des activités agricoles avec son
programme d'appui et d'insertion des jeunes agriculteurs d'AYOS (PAIJA) en
octroyant des terres, des plants de cacaoyers et des intrants aux jeunes
volontaires de la localité avec l'accent sur l'insertion de la jeune
fille (déjà 30% de jeunes filles dans l'effectif total
actuel).
? 3ème étape : La récolte
et la vente des produits
La récolte, qui est l'étape la plus lourde en
termes de main-d'oeuvre, nécessite toujours une aide importante. Cette
aide provient de la mobilisation de la main-d'oeuvre familiale (femme(s),
enfants, neveux, nièces) qui participe à la récolte et aux
transports vers les lieux de stockage des produits. Mais il est aussi fait
appel aux amis qui se retrouvent généralement dans le cadre
d'associations rurales de travail. Ces équipes de travail
constituées se retrouvent alors de manière rotative dans les
champs des membres pour les travaux de cueillette, de ramassage,
d'écabossage (pour ce qui est du cacaoyer) et de transport. Celui qui
reçoit prépare nourriture, vin et bière pour les repas sur
le lieu de travail, une sorte de crémaillère amicale en quelque
sorte.
Ces groupes d'entraide peuvent parfois louer leurs services
à des personnes qui ne sont pas membres ou alors à des femmes
veuves. Dans le cas précis des cacaoculteurs, ils ont l'habitude de
recourir à cette forme d'entraide et seuls les grands planteurs
s'offrent le luxe de payer une main-d'oeuvre pour la récolte.
L'association pour la commercialisation et/ou l'achat des intrants est dans une
phase dynamique. Face aux acheteurs, la vente groupée s'est toujours
avérée être une arme efficace de négociation des
prix : la SOCOPTRACA (société coopérative des planteurs et
transformateurs de cacao d'AYOS) réussit à mobiliser en moyenne
trente (30) tonnes de cacao pour une vente groupée.
Mais par le passé, le manque de discipline de groupe et
les faibles moyens pour résister pendant la constitution des stocks dans
l'attente d'un éventuel «bon payeur», n'ont pas
été de nature à favoriser la vente groupée. La
baisse des prix du cacao et la loi de 1992 relative aux sociétés
coopératives et aux GIC (Groupements d'initiative commune), ont
aujourd'hui favorisé la création de mouvements associatifs dans
la localité qui jusque-là avait une culture associative moins
poussée comparé par exemple à la zone de production
caféière de l'Ouest
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
49
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Cameroun. Grâce à ces associations, les
cacaoculteurs commercialisent déjà facilement leur cacao et
peuvent aussi aisément acheter des produits phytosanitaires.
Généralement, les GIC et coopératives se créent au
niveau du village même si les sièges de négociation se
retrouvent essentiellement dans la principale ville de la commune où
s'effectuent les opérations de vente avec les principaux clients.
Le schéma suivant présente le circuit synoptique
des relations d'échanges entre les différents acteurs
impliqués. Il nous aide à ressortir dans une logique d'analyse
économique la part réellement tirée par les EFA à
la fin des transactions de vente des différentes récoltes ; cette
part économique permet d'analyser l'impact économique des
activités agropastorales sur les principaux
bénéficiaires.
Figure 3: Schéma synoptique du
circuit d'échanges24
Commune
T Q
Clients
EFA
R
(1+r) F+q
F
Principaux fournisseurs d'intrants et de capitaux
24Construction de l'auteur.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
50
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
? Interprétation économique du
circuit
Les paysans (pour la majorité «squatters de
facto»25 sur les terres) choisissent à travers les us et
coutumes les parcelles à cultiver. Ayant les moyens de financement
autonome réduits, ils s'engagent dans des partenariats individuels. Les
différents partenaires négocient un taux d'intérêt
lié non seulement à la conjoncture, mais aussi et surtout au
niveau de rendement de l'exploitation à terme (q) pour
deux éléments fondamentaux : la fourniture d'intrants (en nature)
et le montant de la liquidité octroyée [(1+r)F]
pour le cash. La plus-value de la récolte issue des différentes
ventes des produits est donc partagée entre le cultivateur, son
fournisseur d'intrants et/ou de liquidité, et la commune qui offre le
lieu physique d'échanges des différents biens et services.
En résumé, les EFA perçoivent R
(revenu des ventes ou recette totale) dont une partie est
versée soit sous forme financière ([(1+r)F]),
soit en termes de fraction de la production totale q aux
principaux fournisseurs (où q=ö.Q). L'autre partie
se subdivise en une fraction versée à la commune sous forme de
taxe fixe (ô) et le reste constitue le profit
réel des acteurs (ð) qui se calcule comme suit:
it = R - C (1) où C= coûts et C = q+ ô +
(1+r)F (2) ;
(2) dans (1) nous permet d'obtenir:
it = R-[q+ ô + (1+r)F] (3) ; or le
revenu peut encore s'écrire R = p.Q où p = prix de vente des
produits agricoles et Q = quantité vendue d'une part, et q = ä.Q
d'autre part, alors l'équation (3) devient:
ð = Q (p- ö)-[ô + (1+r)F]. Il est
à noter que 0< ö, r <1.
ð dépend donc fortement de
l'évolution de ö, p et Q. Dans ce
contexte, la condition d'accroissement du profit des ménages agricoles
est que p grandisse plus vite que ö
ainsi que Q d'une part, et que r
s'abaisse (r? 0). Cette réalisation n'est pas
encore possible pour une raison majeure : il y a encore persistance d'une
faible production combinée aux coûts de transaction
élevés. Bien que les prix des produits agricoles soient en
constante hausse sur le
25Des trois attributs de la
propriété, les paysans ne disposent que de l'usage
(usus) et du droit de jouir des bénéfices
(fructus). Par contre, ils ne disposent pas de
l'abusus et ne peuvent donc pas disposer de l'espace à
leur guise.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
51
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
marché, l'incidence sur les ménages agricoles
est négative car le niveau de production locale est faible ; les
agriculteurs ne possèdent pas de capacités techniques et
technologiques ainsi que la stratégie optimale dans la mise en oeuvre
des activités leur permettant de maintenir et/ou d'accroître la
production agricole. On rentre alors dans un cercle vicieux qui
déprécie au fil du temps le niveau de revenu tiré des
activités agropastorales et partant le niveau de vie
général des acteurs des EFA.
Récapitulatif de la signification des
symboles:
Q= production totale, R= revenu
des ventes,
F= crédits financiers accordés aux
EFA par les partenaires,
p= prix de vente des produits,
r = taux d'intérêt à
verser en plus dans le remboursement des crédits aux partenaires par les
EFA,
ô = taux d'imposition des produits
agricoles sur le marché communal, ä = fraction
numérique inférieure à l'unité,
q = part de la production totale à verser
en nature aux partenaires par les EFA, ð = taux de profit
réel des EFA.
C. Stratégies d'acteurs
Considérons le mot «stratégie» avec M.
MARCHESNAY comme étant « l'ensemble constitué
par les réflexions, les décisions, les actions ayant pour objet
de déterminer les buts généraux, puis les objectifs, de
fixer le choix des moyens pour réaliser ces buts, de mettre en oeuvre
les actions et les activités en conséquence, de contrôler
les performances attachées à cette exécution et à
la réalisation des buts»26. Entendu ainsi,
nous analyserons ici les différentes démarches de chaque acteur
basées sur une planification de l'engagement des ressources sur un
horizon donné reposant sur la définition des buts de moyen et de
long termes impliquant des changements structurels importants de leurs
activités.
26Michel MARCHESNAY, Management
stratégique, Editions de l'ADREG, 1995.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
52
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
? Les EFA : Les exploitations
familiales agricoles sont les principaux bénéficiaires des
retombées des récoltes. Leurs actions concourent en tout temps
à accroître la qualité des sols, la quantité et la
qualité de la production, le niveau de rendement des différents
facteurs et des ventes, afin d'augmenter leurs revenus et d'améliorer
leurs conditions de vie. Pour ce faire elles ont recours aux ressources
traditionnelles dont elles disposent, aux us et coutumes comme les rites
agraires, les associations ou groupes d'entraide et groupements d'individus; il
s'agit ici pour eux de se mettre ensemble en vue d'augmenter les surfaces
cultivées, de réduire les dépenses de temps et
d'énergie dans le but d'accroître les rendements au sein des
diverses exploitations. En outre, lorsque les agriculteurs ont
épuisé leur éventail de facteurs disponibles, ils «
sortent » tisser des partenariats dans le but de combler leurs besoins en
facteurs agricoles tels que les intrants, le matériel technique et
technologique et même les financements.
? Les partenaires : Ce sont
essentiellement les « revendeuses » de produits agricoles. Elles
proposent du capital financier et/ou des intrants aux agriculteurs qu'elles
espèrent fructifier soit par remboursement à taux
d'intérêt bien déterminé, soit par une partie ou la
totalité de la production dont elles gèrent les ventes et se
partagent le profit avec les cultivateurs à proportion fixée
selon le niveau et les cours des produits au marché. Il existe aussi des
partenaires fournisseurs de matériel technique ; ils sont
rémunérés à un taux fixé lors de
l'acquisition du matériel par les exploitants agricoles et entrent en
contrat le plus souvent avec les cultivateurs lorsque ceux-ci sont
réunis en association pour réduire les éventuels
risques.
? La commune : Elle pratique une
politique d'affermage ; la collecte d'impôts et de taxes reste sa
principale source financière, bien qu'elle ait commencé à
mettre en oeuvre et à gérer petit à petit ses propres
projets agricoles même si les résultats actuels ne portent pas
encore les effets attendus.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
53
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
III. IMPACTS SUR LES BENEFICIAIRES
Les secteurs revus, les acteurs identifiés, il est donc
nécessaire d'examiner les retombées des différentes
activités afin d'en évaluer l'impact sur les groupes cibles ;
telle est la tâche que se donne cette partie de notre étude.
A. Impact socio-économique
Telles qu'organisées à l'heure actuelle, les
activités agropastorales ont une faible incidence sur le niveau
économique des populations cibles.
En effet, le niveau d'investissement faible en capital
nécessaire à l'acquisition des intrants de qualité
entraîne ceteris paribus une augmentation du coût de
production. La faible utilisation des outils de travail modernes entraîne
un niveau de rendement bas ; la non coordination des activités et
l'asymétrie d'information existantes font croître les coûts
de transaction et baisse le surplus réalisé par les acteurs
locaux, les condamnant à recueillir juste un revenu de subsistance qui
à moyen terme ne leur permette plus de régler leurs
problèmes basiques au quotidien. Six planteurs de cacaoyer sur dix
affirment avoir de la peine à financer les études de leur
descendance à la suite des mauvaises récoltes ; toujours
d'après certains riverains ils sont obligés de s'endetter sur les
récoltes futures pour pouvoir survivre. La mauvaise organisation du
secteur entraîne une précarité du niveau de vie surtout en
ce qui concerne les services sociaux de base tel que l'éducation,
l'habitat, la santé, l'alimentation, etc.
Tout ceci se vérifie par l'existence des maisons en
tôles de raphia avec des murs fait de « terre battue » à
travers toute la commune, même en plein centre-ville d'AYOS ; les
matériaux tels que les parpaings ne sont pas accessibles aux populations
à cause de leurs revenus très faibles. Dans les villages, les
ménages agricoles s'informent rarement et quand bien c'est possible, le
seul et unique moyen reste les récepteurs radio même dans les
zones alimentées en énergie électrique. Huit
ménages agricoles sur dix dans les villages des groupements Omvang et
Yebekolo-Est affirment qu'ils consomment de la viande de boeuf et du poulet
exclusivement pendant les grandes fêtes religieuses ou lors des occasions
de mariages et même pendant des cérémonies funestes.
Même le poisson reste un aliment hors bourse pour les exploitations
agricoles ; celles-ci se contentent de consommer du poisson d'eau douce extrait
des petits ruisseaux qui coulent à travers les villages ou du fleuve
Nyong pour ceux des grands pêcheurs.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
54
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Les exploitations familiales agricoles ont du mal à
accéder aux soins dans les quelques centres de santé existants au
sein de la commune ; les populations ont recours à la médecine
traditionnelle faite à base de plantes naturelles locales et expliquent
cela par les faibles revenus qui ne leur permettent pas d'aller se faire
consulter ou se soigner dans un centre de santé moderne.
Ce même niveau des revenus agricoles bas explique la
sous scolarisation des enfants issus des ménages agricoles surtout
à partir du niveau secondaire puisque sur une cohorte de 10 (dix)
enfants entrés au cycle primaire la même année, seul 1 (un)
réussit à atteindre la classe de Terminale grâce au soutien
des parents, le reste étant forcé à abandonner les
études pour d'autres activités qui peuvent générer
de l'argent.
B. Impact sur l'environnement
L'agriculture itinérante sur brûlis est à
la base de la production agricole dans la localité. En ouvrant la
forêt, les paysans exposent le sol à des conditions climatiques
rudes (intenses radiations solaires, fortes précipitations), perturbant
ainsi le cycle des nutriments. En brûlant la végétation,
les paysans contribuent à l'augmentation de la température du
sol, modifiant ainsi les activités biologiques du sol. Juste
après le feu, les bases échangeables (phosphore disponible,
matière organique, pH du sol) augmentent et sont donc disponibles pour
les premières années de culture. Après deux ou trois ans,
la fertilité diminue et le paysan est obligé de laisser la
parcelle en jachère et de retourner vers une autre jachère ou
alors un autre espace forestier.
L'agriculture itinérante sur brûlis joue un
rôle important dans la perte de carbone évaluée à
650 kg à l'hectare par an dans la collectivité. L'agriculture est
aujourd'hui perçue comme étant l'une des causes majeures de
destruction des forêts et justifie ainsi une préoccupation
toujours croissante en matière de conservation de
l'écosystème forestier bien que dans la commune d'AYOS le
problème ne se pose pas encore avec acuité grâce à
l'existence de grands massifs forestiers quasiment vierges.
Néanmoins, bien que la forêt ait
été délimitée en zone de « forêt
communautaire », elle reste pour la population de la commune:
? La seule source d'approvisionnement en bois de chauffage et de
cuisson;
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
55
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
? Une opportunité pour la « conquête » de
nouvelles terres agricoles;
? Pour la coupe de bois, les femmes sont les plus
exposées puisque ce sont elles qui se chargent de cette corvée,
les hommes se réservant des délits de défrichement et des
cultures illicites.
La démarche sécuritaire comme l'approche de
« préservation à tout prix »27 ne semble pas
avoir des résultats sur la gestion durable des ressources naturelles (et
forestières). Il faudrait d'autres formes de cogestion impliquant les
populations notamment dans l'aménagement forestier, son exploitation et
sa valorisation par des activités pouvant générer des
retombées économiques et sociales sur les populations.
En définitive, on voit bien que la manière dont
les activités sont mises en oeuvre et les stratégies
utilisées par les uns et les autres varient et créent une
incohérence qui les rend sous-optimales. Il faudra donc expliquer les
facteurs qui créent cet écart afin d'arriver à
améliorer la conduite des activités.
Avril 2011
56
27Démarche qui s'appuie sur des politiques de
préservation des espaces jugés déterminant pour la
sauvegarde des équilibres climatiques (notamment en matière de
conservation des forêts et des espèces fauniques) par les
décideurs et imposées telles quelles aux communes et
communautés locales.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
ANALYSE DES ECARTS ET PROPOSITION D'UN MODELE
EXPLICATIF
DEUXIEME PARTIE
Dans cette partie de l'exposé, on s'efforce d'abord de
recenser les principaux écarts observés sur le terrain avant de
proposer d'éventuelles solutions capables d'activer l'économie au
niveau local. On montre ici les points défavorables au meilleur
fonctionnement des exploitations familiales agricoles en proposant un
modèle pratique capable de créer de la plus-value dans le domaine
agricole et d'activer l'économie à l'échelle locale.
Deux chapitres meublent donc cette grande section de notre
étude : Ecarts observés, conséquences et tentatives
d'explication (Chapitre trois) et La dynamique endogène par la
Co-construction des innovations (Chapitre quatre).
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
57
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
ECARTS OBSERVES, CONSEQUENCES ET TENTATIVES
D'EXPLICATION
CHAPITRE TROIS
Si les résultats des efforts réalisés
jusqu'ici par les exploitations familiales agricoles restent insatisfaisants,
cela est dû aux nombreuses insuffisances dans la démarche et dans
l'organisation des activités qui tendent à bloquer la
productivité de l'appareil agropastorale maintenant ainsi
l'économie locale dans la précarité accentuée.
Cette partie de l'étude présente donc de
manière synthétique d'amont en aval les différents
écarts observés, les points défavorables au meilleur
fonctionnement de notre système agricole ainsi que les facteurs qui
expliquent l'évolution de la situation actuelle des activités.
I. LE PROBLEME D'INTEGRATION DU PROCESSUS DE
DECENTRALISATION
C'est l'un des principaux handicaps dans la mise en oeuvre des
différents projets de développement des collectivités
territoriales décentralisées au Cameroun et ce problème
concerne particulièrement les relations entre les élus locaux et
les services déconcentrés de l'Etat dans la gestion quotidienne
de la commune. Dans le secteur agropastoral, le problème réside
dans la difficulté pour les communes de déterminer leur
propriété domaniale d'une part et de fixer une fiscalité
locale propre à leur contexte d'autre part.
A. LE PROBLEME DE LA REFORME AGRAIRE
Le principal problème est celui de l'accès
à la propriété foncière tel que prévu dans
la loi. Dans la commune d'AYOS par exemple, le dossier entamé pour
l'acquisition d'un titre foncier communal depuis 2007 n'a pas encore abouti, ce
qui empêche l'exécutif communal d'arrêter une planification
dans la gestion des aires destinées aux cultures de grandes surfaces.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
58
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
En fait, les ordonnances n° 74 -1 du 6 juillet 1974 et le
décret n° 76 - 166 du 27 avril 1976 fixant les modalités de
gestion du domaine national, ont officiellement annulé les
systèmes traditionnels d'occupation de la terre et ont prescrit de
nouvelles procédures où tout exploitant de terre doit avoir un
titre foncier. On aboutit alors dans la pratique à deux systèmes
parallèles :
y' d'un côté l'Etat, propriétaire de toutes
les terres; et
y' de l'autre, la population rurale qui vit sur les ressources
naturelles et qui exerce un droit historique sur ces dernières
(squatters de facto).
Ce dualisme renforce la complexité des solutions
à apporter aux nombreux conflits nés de l'exploitation du sol.
L'accès et l'usage du capital foncier restent plus préoccupants
pour les femmes et les jeunes, à cause notamment des pratiques
traditionnelles discriminatoires d'accès à la
propriété foncière.
B. LE PROBLEME DE LA REFORME FISCALE
La fiscalité locale est encore étatique puisque
les communes n'ayant pas de dotations générales propres
continuent à fonctionner comme les gérants de crédit de
l'Etat. Les taux d'imposition pratiqués dans les collectivités
territoriales décentralisées sont ceux fixés par l'Etat,
toute chose empêchant la commune d'être le pilier et le
facilitateur du développement local. Il faut tout de même rappeler
qu'il existe la loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009 portant
fiscalité locale. Cette dernière fixe les différents
impôts et taxes des collectivités territoriales
décentralisées au rang desquels on a :
-les impôts communaux;
-les centimes additionnels communaux sur les impôts et les
taxes de l'Etat ;
-les taxes communales;
-les impôts et les taxes des régions ;
-tout autre type de prélèvements prévus par
la loi.
Le prélèvement des impôts et taxes propres
aux communes bute sur la fixation des taux répondant à la
réalité du volume d'activités économiques existant
au sein du territoire surtout des activités agropastorales en
général et celles agricoles en particulier.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
59
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Somme toute, le problème pertinent qui ressort ici
reste que le processus de décentralisation n'est pas encore totalement
intégré dans la gestion au quotidien des différents
exécutifs municipaux d'une part et des populations locales cibles
d'autre part ; toute chose qui rend donc laborieux le fonctionnement des
exploitations familiales agricoles, quand on sait le rôle que doivent
jouer les taxes et les impôts dans l'investissement des activités
économiques locales.
II. LE PROBLEME DE FINANCEMENT
Des trois facteurs classiques de la production agricole que
sont la terre, la main-d'oeuvre et le capital, le capital reste par principe le
facteur le plus extrêmement rare car mobiliser les fonds
nécessaires pour la mise en oeuvre des activités de
développement nécessite généralement un long
processus et de nombreuses conditions.
A. DES PAYSANS
Dans les collectivités locales, le revenu par
exploitation familiale agricole est relativement bas (entre 500 et 1000 FCFA en
moyenne par jour dans la commune d'AYOS) et n'augmente que très
lentement dans la plupart des cas. Ce faible niveau de revenu bloque
l'autofinancement des activités agricoles par les paysans et maintient
toujours constant leur niveau de production à défaut de le voir
chuter. Les besoins de financement se résument en trois types en
fonction du niveau technique et technologique des intrants et du
matériel sollicités :
? Les besoins de première catégorie : de faibles
montants, ils concernent les activités liées aux campagnes
agricoles, les activités d'embouche, les activités
légères de transformation (manioc, arachide, maïs, noix de
palme, etc.) ou encore les petits équipements. Loin d'être
couvert, ce type de besoins trouve toutefois des réponses via des
mécanismes informels de crédit, les banques sur des
filières bien organisées, les crédits fournisseurs (en
monnaie ou en nature) et la microfinance. Le calendrier de remboursement est
généralement calé sur les cycles de production des
agriculteurs;
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
60
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
? Les besoins de deuxième catégorie : ils
concernent par exemple l'équipement en culture attelée, les
motopompes, les petits aménagements hydro-agricoles, des
équipements semi-lourds de transformation (décortiqueuses, etc.)
;
? Les besoins de troisième catégorie : Ils sont
généralement liés au financement de plantations
(café, cacao, hévéa) dont le retour sur investissements
est différé dans le temps. Ce type de besoins est très
faiblement couvert, peu de systèmes de financement acceptant de prendre
des risques sur le long terme. Lorsque ce type d'investissement a une
utilité sociale forte (conservation des sols, reboisement), il peut
relever davantage d'une logique de subvention que de crédits.
Sur ces différents types de besoins, il est important
mais difficile de faire la distinction entre demande potentielle et demande
réelle solvable. L'écart peut parfois même être
très grand. Ainsi dans la zone d' AYOS, peu peuplée,
bénéficiant d'une forte disponibilité en foncier agricole
et en espaces naturels favorables aux activités de chasse et de
pêche (fleuve Nyong), et plus tardivement intégrées aux
circuits commerciaux agricoles, les ménages construisent des
systèmes d'activités qui combinent les différentes
ressources : agricoles pour 66%28, non agricoles pour
16%29 et celles de la pêche et de la chasse pour
14%30 (ces dernières activités représentent 20%
des revenus totaux pour 61% des EFA)31.
Les échanges menés avec les ressortissants de
cette zone montrent que cette persistance des activités de chasse et de
pêche est à la fois l'héritière des systèmes
traditionnels d'activités où la pêche et la chasse (ainsi
que la cueillette) qui pouvaient représenter au début du
siècle plus des trois quart des ressources du groupe familial. Ces
activités expriment également l'adaptation à travers une
stratégie relancée à partir des années 90 à
cause des difficultés de trouver un emploi dans les secteurs secondaire
ou tertiaire et de l'instabilité des cours des produits agricoles
traditionnels (café et cacao) qui se traduisaient par des
problèmes de mévente de ces produits.
28Résultats d'enquêtes de l'auteur sur le
terrain. 29Ibid.
30Ibid.
31Ibid.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
61
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Ces échanges ont également mis en
évidence que les revenus provenant des activités de cueillette
(en particulier le vin de palme), et non renseignées
précisément par cette enquête, pouvaient également
être essentiels dans les revenus ou les trajectoires d'accumulation de
certaines EFA. Dans la commune d'AYOS, ce sont les tubercules (manioc et
macabo) et le plantain qui ont « remplacé» le cacao et le
café et qui constituent aujourd'hui les principales spéculations
marchandes de cette zone. Les entretiens dans les villages ont montré
que ces trois spéculations représentent avec l'arachide les
quatre cultures principales de cette zone.
La terre étant disponible, l'objectif de
préservation ou d'augmentation du niveau des revenus monétaires
du ménage a conduit de nombreux individus à travailler plus pour
mettre en valeur des surfaces plus importantes. Les femmes ont commencé
à augmenter leurs surfaces de « cultures vivrières »
devenues, surtout à partir de «l'arrivée du goudron»en
1992, selon leur expression, des cultures « marchandes ». Elles
peuvent, en créant des groupes féminins d'entraide, peu
usités auparavant, mettre en place de vastes surfaces de culture de
manioc (surfaces supérieures à 1 ha). Les hommes, qui
s'occupaient auparavant essentiellement de leurs cultures de rentes (cacao),
leur ont emboîté le pas quelques années plus tard («
On a longtemps cru que la petite agriculture était
essentiellement l'affaire des femmes, mais depuis quelque temps, on a compris
qu'on pouvait aussi la pratiquer » lançait un
paysan)et se sont à leur tour fortement investi dans les nouvelles
cultures vivrières marchandes (manioc, plantain, macabo...) sans tout
à fait délaisser cependant leurs cultures pérennes.
La disparition des filières administrées (cacao
et café) qui garantissaient un prix à la récolte,
même si celui-ci pouvait varier d'une année à l'autre,
amène les producteurs à entrer sur les marchés
concurrentiels et fluctuants des denrées vivrières ou
maraîchères.
Ces nouvelles conditions de vente de leurs produits vont les
amener à mettre en place des stratégies leur permettant de
profiter au mieux des variations de prix ou tout du moins à tenter
d'éviter les périodes de prix bas. Ainsi, si les calendriers
culturaux restent bien sûr largement déterminés par la
pluviométrie et la gestion de la force de travail, ces stratégies
vont amener les producteurs à tenter d'investir des périodes de
semis et de plantation qui font coïncider la période de
récolte avec celle où les prix sont plus élevés
(maïs de deuxième cycle, cultures de bas-fond et de
contre-saison,...). Les producteurs mettent également en oeuvre des
stratégies leur permettant de retarder la date de récolte en
attendant un relèvement des prix du marché. Le macabo n'est pas
désherbé en fin de cycle et après maturité pour
freiner la
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
62
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
germination des tubercules et constituer ainsi un stock que
l'on pourra garder en terre de nombreuses semaines en attendant des prix plus
intéressants.
A ces stratégies au niveau des calendriers culturaux ou
des méthodes de stockage mis sur pied s'ajoutent des pratiques visant
à transformer les produits pour permettre leur conservation et leur
transport sur de longues distances (bâtons de manioc par exemple), ou
l'investissement de nouveaux marchés de niche (tapioca de manioc). Enfin
les producteurs tentent, avec des résultats plus ou moins convaincants,
de mettre en place des organisations paysannes permettant à travers la
vente groupée (le cacao par l'OP FEPADA d'AYOS32, la
SOCOPTRACA33) de prospecter de nouveaux marchés et de mieux
négocier les prix de vente.
Ainsi comme nous l'avons vu dans les paragraphes
précédents les ménages agricoles développent de
nombreuses stratégies adaptatives se situant à des niveaux
distincts de ceux relatifs à l'amélioration des performances des
itinéraires techniques. On observe même parfois, comme sur le cas
du cacao par exemple, que les variations des prix de vente de la fève et
la déstructuration de la filière ont plutôt
entraîné un abandon des recommandations de la recherche et de la
vulgarisation en ce qui concerne les différentes méthodes de
contrôle de la pourriture brune ou des capsides. Cependant, les
entretiens montrent également que les producteurs savent se saisir de
certains des résultats produits par la recherche lorsque ceux-ci
répondent aux dynamiques en cours.
C'est le cas par exemple de l'adoption des
variétés de maïs améliorées qui a
accompagné durant ces dernières années le
développement de cette nouvelle culture commerciale. Ainsi, si des
exemples intéressants de valorisation des produits de la recherche ont
été identifiés lors de ces entretiens, il semble qu'ils se
regroupent surtout autour de l'adoption de nouveau matériel
végétal (maïs, pomme de terre, palmier à huile, ...)
ou de nouvelles techniques de multiplication du matériel
végétal (technique du PIF34 pour le plantain par
exemple). Mais l'on observe une faible adoption de recommandations issues de la
recherche ou de la vulgarisation qui portent sur une intensification à
base d'intrants agricoles (engrais ou pesticides).
32GIC de la commune d'AYOS regroupant les producteurs
d'une vingtaine de villages.
33Ibid.
34Technique de multiplication du matériel
végétal à partir d'un échantillon traité
(multiplication des quantités par 100, 1000...) ; cette technique a
été découverte par des ingénieurs agronomes
nationaux et étrangers.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
63
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Le tableau ci-après (tableau n°3)35
résume les différentes sources de revenus des EFA et leur
répartition dans une cinquantaine de ménages pris au hasard dans
les groupements Omvang et Yebekolo-Est. Il montre clairement que les revenus
agricoles représentent pratiquement 66% du total des revenus de ces
derniers.
35Travaux sur la réalisation des aires
protégées, Ministère des forêts, de la faune et de
la protection de la nature avec le soutien de la GTZ dans la commune d'AYOS,
2007.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
64
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Type de revenus
|
Import ance du
type
en % de
l'écha ntillon
|
Importance relative des différentes
sources
de revenus (en %)
|
Syst.
de culture
|
Age du CE (en année)
|
Durée hors du
village du CE
(en année)
|
Nombre de
membres par EFA
|
Nombre d'actifs par EFA
|
Superf.
Cultivée par
EFA (en ha)
|
Superf. Cultivée par actif (en ha)
|
Cult.
|
Elev.
|
non agri.
|
Pêche et chasse
|
Revenus
majoritairem ent issus
des cultures
|
39
|
97,7
|
1,9
|
1, 3
|
5, 3
|
Divers
|
48,4
|
6,3
|
7,8
|
5,2
|
4,2
|
0,8
|
Revenus issus des
cultures et de la
pêche/chasse
|
29
|
67,5
|
5,0
|
8,2
|
19,3
|
Divers
|
47,7
|
7,7
|
5,0
|
3,3
|
3,5
|
1,06
|
Revenus issus des
cultures, des activités
non agricoles et de la
pêche/chasse
|
22
|
43,7
|
4,8
|
30,0
|
21,5
|
Divers
|
36,9
|
7,4
|
8,7
|
5,8
|
3,2
|
0,55
|
Revenus surtout
non agricoles
|
10
|
10,2
|
7,0
|
65,6
|
17,6
|
Divers
|
43,6
|
6,3
|
11,0
|
7,3
|
2,7
|
0,36
|
Tous types
|
|
66
|
4
|
16
|
14
|
|
45,2
|
6,5
|
7,5
|
5,0
|
3,8
|
0,76
|
Abréviations du tableau:
CE = chef de l'exploitation agricole; Agri = agricole.
65
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Cult. = culture ; % = pourcentage; Superf = superficie.
Elev. = élevage; Syst. = système; Ha =
hectare. B. DE LA COMMUNE
En ce qui concerne les collectivités territoriales,
elles ont des ressources financières trop étroites et les
ressources à elles allouées par l'Etat ne permettent
exclusivement que les volets fonctionnement et maintenance ; la
conséquence majeure est l'inexistence d'un budget d'investissement, ce
qui ne leur donne pas une marge importante de mise en oeuvre de projets
agricoles. A cela s'ajoute l'absence de partenariat due à la non
maîtrise des démarches qui paraissent alors très
compliquées autant pour les paysans que pour les élus locaux.
III. LE PROBLEME D'ACTEURS
Bien que la main-d'oeuvre ait toujours été
considérée comme le facteur pléthorique en agriculture
parce qu'elle n'a jamais semblé être rare quel que soit le stade
de développement, il est évident de nos jours qu'elle n'est plus
disponible en qualité et en quantité suffisantes. Il est à
noter que la main-d'oeuvre existante est vieillissante (70% des cultivateurs de
la commune d'AYOS ont en moyenne plus de 40 ans36). L'insuffisance
accrue de main-d'oeuvre agricole peut être expliquée par plusieurs
éléments dont nous pouvons résumer ici en deux: l'exode
rural d'un côté et ce que nous avons appelé la rupture
socio-culturelle.
A. L'EXODE RURAL
Un exode peut être considéré comme toute
sortie en masse, soit des hommes, soit des richesses. Dans ce sens, l'exode est
dit «rural» lorsque ce mouvement se fait des milieux ruraux,
c'est-à-dire des villages ou des campagnes vers les zones urbaines
c'est-à-dire des villes et grandes métropoles. Il est
généralement dans le contexte camerounais, la résultante
de la recherche d'un cadre de vie meilleur. La faiblesse des infrastructures de
base en milieu rural, la poursuite des études supérieures
poussent en grande partie les jeunes qui représentent plus de la
moitié de la population totale active37, à quitter la
campagne pour la ville, vidant ainsi les villages de leur potentiel agricole au
moins à court et à moyen termes.
36Résultats d'enquêtes de l'auteur sur le
terrain.
37 ECAM 3.
66
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Dans la commune d'AYOS, l'existence d'un niveau
élevé de « sous-occupation de la main-d'oeuvre dans
l'agriculture familiale » a comme conséquence
que ceux qui émigrent ne sont pas toujours ceux qui ont le plus de
chances de trouver du travail en ville. Et c'est dans des conditions
précaires que ces populations, surtout les plus jeunes se retrouvent
donc dans les grandes villes (Yaoundé, Douala...). C'est une situation
assez proche de celle décrite par Jerzy Tepicht en 1973 pour la Pologne,
quand il parlait des «forces marginales et non
transférables» à l'intérieur de l'agriculture
familiale, celles dont le travail ne trouvait pas de valorisation mercantile en
dehors de l'unité familiale. Dans la commune d'AYOS, l'activité
agricole a été de tous temps une activité qui occupait
généralement moins de 70% du temps de vie des
individus38.
En effet, cette zone mal reliée depuis toujours aux
marchés des grandes métropoles et disposant de ressources
naturelles (bois, produits de cueillette), cynégétiques (produits
de la chasse) et fluviales (produits de la pêche) importantes, a
longtemps été coupée du reste du territoire national. Cet
isolement a conduit ses habitants à migrer, dès le début
du XXème siècle vers les zones urbaines pour trouver d'autres
activités rémunérées (manoeuvres au port de Douala
ou sur de nombreux chantiers...). Le tableau 4 suivant (construction de
l'auteur) représente les données synthétisées par
un tri croisé «exode rural» par «raison du sens de la
mobilité» d'un échantillon de 2.000 jeunes pris au hasard
à travers la zone d'étude et segmenté en deux tranches
d'âge mais de sexe confondu.
|
Principales raisons de la mobilité des jeunes
des villages de la commune d'Ayos vers les villes
|
Total
|
Poursuite des études
|
Recherche d'AGR39
non agricoles
|
Recherche d'un cadre de vie extra rural
|
|
Entre 10 - 18 ans Entre 19 - 35 ans
|
100 (5%)
800 (40%)
|
20 (1%)
1000 (50%)
|
0 (0%)
80 (4%)
|
120 (6%)
1880 (94%)
|
38 Archives de la commune, 2010.
39 Activités Génératrices de Revenus.
67
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Tableau n°4: Tri croisé «exode rural»
par «raison du sens de la mobilité». B. LA RUPTURE
SOCIO-CULTURELLE
On parle de rupture lorsqu'il y a une séparation entre
au moins deux (02) entités initialement liées par un
traité, une activité ou une action. La rupture socio-culturelle
peut s'assimiler à une cessation progressive observée à
moyen terme, de la transmission des valeurs à la fois sociales,
économiques et culturelles de base (traditions, us et coutumes
socio-économiques) au sein d'un groupe d'individus, d'une
communauté ou encore d'une société donnés,
identifiés tels quels. Cette problématique est de plus en plus
accentuée dans les zones de forêt à prédication
agropastorale ; en effet, les activités agricoles ne sont plus l'objet
d'une transmission culturelle comme ce fut le cas à une époque
plus ou moins récente. On remarque ainsi en ce qui concerne la commune
d'AYOS, une forte proportion de ménages développant des
stratégies et des parcours de vie mêlant activités
agricoles et non agricoles (pourcentage agricole compris entre 20 et 70%). Le
tableau n°4 qui suit résume le pourcentage de temps de vie
consacré à l'activité agricole en fonction de
l'année de naissance des individus dans la commune d'AYOS depuis 1900
jusqu'à nos jours.
Tableau n°540 :
Evolution du temps consacré à l'agriculture par les populations
de la commune d'AYOS entre 1900 et 2010.
Années de naissance
|
Temps consacré à l'agriculture (en % du
temps de vie total)
|
1900
|
20%
|
1920
|
73%
|
1940
|
60%
|
1960
|
72%
|
1980
|
37%
|
2000
|
8%
|
40Archivages communaux d'AYOS, 2010.
68
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Entre 1900 et 1960, les habitants consacraient peu ou prou la
plus grande partie de leur existence aux activités agricoles. Mais
depuis les indépendances, avec l'évolution de l'urbanisation du
pays, les populations ont abandonné ce secteur vers les secteurs
secondaire et tertiaire à la recherche d'un bien-être sans cesse
croissant. Le tableau montre qu'aujourd'hui au sein de la commune d'AYOS, les
populations ne consacrent que 6% du temps de leur existence à
l'agriculture ; ceci peut s'expliquer en grande partie par l'exode rural massif
des jeunes qui composent plus de la moitié de la population active de la
localité. Ces résultats montrent pertinemment qu'il y a eu
rupture de transmission de la culture de la terre ; le manque de prestige
social du métier de cultivateur/agriculteur a envahi au fil du temps la
conscience collective des populations jeunes et l'a fatalement poussé
à migrer vers les grandes villes à la recherche d'un
mieux-être.
Les problèmes essentiels qui sont apparus dans ce
chapitre sont principalement liés à l'intégration du
processus de décentralisation, du manque de main-d'oeuvre et de
l'extrême rareté des moyens de financement des activités.
La démarche peut donc être améliorée à
travers une planification stratégique des activités
intégrant tous les acteurs, modèle qui sera
présenté dans le chapitre qui va suivre.
69
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
CHAPITRE QUATRE
LE MODELE DE DYNAMIQUE ENDOGENE PAR LA CO-CONSTRUCTION
DES INNOVATIONS
Les mutations qui s'opèrent dans l'économie
mondiale suite à la libéralisation du commerce, aux
progrès enregistrés dans le domaine des techniques et
technologies, et à la hausse de la demande des biens alimentaires se
traduisent pour les administrations et les communautés locales par des
opportunités plus importantes et une responsabilité croissante
d'oeuvrer ensemble pour prendre en charge la santé économique des
collectivités locales. Cela passe bien évidemment par
l'amélioration du système de fonctionnement actuel des
exploitations familiales agricoles, socle de notre «économie
agropastorale». Il faudra donc s'atteler à créer un cadre
local qui puisse appuyer l'avantage concurrentiel des collectivités en
vue d'accroître la compétitivité locale et
déclencher une dynamique de l'économie à cette
échelle. Tout ceci nécessite une implication réelle de
tous les acteurs concernés dans une approche participative grâce
à la décentralisation (gouvernance locale) et la construction
d'une chaîne de stratégies à mettre en oeuvre d'amont en
aval afin de déclencher le Développement Economique Local
(DEL).
70
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
I. L'APPROCHE THEORIQUE
Il s'agit de proposer ici la dimension théorique des
stratégies à mettre en oeuvre pour offrir aux exploitations
familiales agricoles de nouvelles chances d'amélioration du
système de fonctionnement des activités agricoles, capables de
donner des résultats bien supérieurs à ceux qui sont
obtenus jusqu'ici.
A. LE CADRE D'ACTIVITES
C'est une approche basée sur une nouvelle vision et un
changement de mode de gestion. Elle va de la théorie de la
négociation, de la médiation et de l'analyse des
décisions. Dans l'ouvrage Getting to Yes, Negotiating
Agreement Without Giving In (Parvenir à un oui,
négocier un accord sans céder), FISHER et ULY (1991)
décrivent des principes conduisant à la conclusion d'accords
judicieux et pérennes par le biais d'une négociation efficace.
Des accords judicieux, indiquent les auteurs, protègent les
intérêts des parties prenantes tout en écartant les
positions figées qui pourraient nuire aux rapports entre acteurs.
Pour ce faire, il semble primordial de répondre à
quatre interrogations fondamentales:
y' Où sommes-nous ? : la question invoque le recensement
de tous les acteurs et leur degré de participation et faire ensuite
l'état des lieux des activités agricoles.
y' Où allons-nous? : il faudra définir une
vision, se poser toutes les questions et fixer les objectifs à atteindre
à court et à moyen termes.
y' Comment y accéder?: on s'attèlera à
examiner toutes les options stratégiques possibles en les
évaluant, puis une planification des activités est
également nécessaire, avant la mise en oeuvre de ces
dernières.
y' Sommes-nous arrivés ? : il s'agira de mettre en
place un système de suivi-évaluation qui permettra de faire selon
les cas soit des ajustements, soit des modifications de nos actions.
Tout ceci peut se résumer à travers trois
principales maquettes à savoir:
71
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
? La maquette démo-économique : il s'agit de
savoir quelles sont les éventuelles richesses à produire ainsi
que les différents secteurs de production. On pourra utiliser les
tableaux démographiques et économiques comme documents de
cadrage;
? La maquette spatiale : permet de voir où sera
produite la richesse future et surtout comment évolue l'espace de
production et d'échanges. On s'attardera sur les potentialités
(surfaces agricoles utiles, fonctionnalité villes/campagnes...), les
risques environnementaux (dégradation des sols, eaux, forêts...)
et en examiner les perspectives ;
? La maquette sociale : elle nous renvoie aux acteurs
impliqués dans la production, leur organisation sociale, culturelle et
politique, ainsi que les enjeux et les éventuels conflits. Il s'agira
donc ici de décrire clairement l'arène locale, les principaux
acteurs et leur logique d'action, les types de conflits mis en avant et leur
mode de gestion, les conflits non réglés ainsi que des
propositions pour une meilleure cohésion sociale.
B. LES ACTEURS CONCERNES
Ce sont toutes les parties prenantes susceptibles d'apporter
une plus-value au fonctionnement du système des EFA. Avec la
décentralisation, la gestion quotidienne des projets agricoles communaux
en vue de l'amélioration du fonctionnement actuel des EFA repose entre
les mains des acteurs suivants :
? Les EFA : les populations agricoles locales sont les
premiers acteurs concernés parce qu'elles sont les premiers
bénéficiaires du DL, son espace étant
territorialisé. Avec l'approche participative, c'est-à-dire
l'implication des populations par les autorités locales dans leur prise
de décision, ces populations agricoles représentent ainsi la
partie majoritaire dans la prise de décision devant répondre
à leurs propres besoins. Les exploitations familiales sont aussi la
force motrice du DL, le développement étant avant tout un
phénomène humain.
? Les OSC : elles présentent généralement
un savoir-faire dans domaines spécifiques et pourraient donc
contractualiser avec les CL afin de rendre des services que le personnel
communal ne serait pas à même de faire efficacement. Elles ont
généralement de réelles compétences dans la
72
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
mobilisation des populations autour d'un projet, dans leur
organisation afin d'assurer une participation effective de toutes les parties
prenantes. En outre, elles apportent un appui technique aux CL pour assurer une
cohérence dans leurs actions et dans la recherche de financement et
même de partenariat.
? La Commune : placée au centre du développement
de par la mission principale qui lui est dévolue à travers le
processus de décentralisation à savoir l'amélioration des
conditions de vie de ses populations, elle se doit de poser des actions
concrètes dans ce sens. L'activité agricole étant la
principale source de vie des populations locales, la commune doit sans
toutefois négliger les autres secteurs, chercher à
développer ce qui est déjà fait par la promotion et le
renforcement des activités agricoles, et la création d'un
marché communal pour aider les populations à écouler leurs
produits.
? Les partenaires : il s'agit de tous ceux qui accompagnent
les exploitants agricoles dans la réalisation de leurs activités
par des contrats financiers et/ou matériels (liquidité, intrants
agricoles, machines...).
? L'Etat : à travers ses services
déconcentrés, régule sans toutefois dicter les
règles et les activités menées par la commune.
II. LA REORGANISATION DES
ACTIVITES
Le processus de décentralisation suppose une prise en
main des affaires locales par les populations d'un territoire bien
déterminé. Il nécessite ainsi un engagement de cette
collectivité locale à examiner elle-même ses besoins
réels et à y trouver des solutions applicables à leur
communauté. Pour qu'elles soient de plus en plus rentables, les
activités agropastorales doivent être réorganisées
de façon stratégique et optimale vu le nombre d'acteurs
intervenant dans le processus et le rôle de chacun d'entre-eux. Cette
réorganisation met en avant la commune (populations et élus
locaux) à toutes les étapes de la réalisation des
différentes activités et trace le canevas d'intervention des
divers acteurs du DEL.
73
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
A. ACTEURS ET PARTICIPATION
Les acteurs sus-cités jouent chacun un rôle
très important dans la bonne marche des exploitations familiales
agricoles. La Co-construction des innovations suppose une planification et une
intervention stratégiques en cinq étapes:
1ère étape : C'est l'étape du
bilan de tout ce qui a été réalisé jusqu'ici. Elle
regroupe la collectivité locale (populations et élus locaux) et
ses différents partenaires. C'est l'évaluation du chemin parcouru
en en termes de résultats obtenus tout au long du processus.
2ème étape : C'est l'étape de la
Co-construction des innovations proprement dit. Toutes les parties y sont
représentées car c'est pendant cette étape qu'a lieu la
capitalisation des résultats antérieurs et la prise en compte des
mutations sociales, économiques, scientifiques et technologiques pouvant
être intégrées dans le circuit d'activités
agropastorales.
3ème étape : Elle concerne la
réalisation des activités par les exploitations familiales
agricoles, les organisations de la société civile et les experts
afin de maximiser la production et la rente.
4ème étape : Ici, il s'agit de
réorganiser le marché communal local. Deux acteurs sont
concernés à ce niveau : la collectivité locale et les
organisations de la société civile.
5ème étape : C'est à ce niveau
qu'on cherche à financer l'agropastoral afin de maintenir et
d'améliorer le niveau de vie des populations. Cette étape est une
prise de décision de la collectivité locale.
Le schéma de fonctionnement de la Co-construction des
innovations se présente comme suit (Figure 4)41 :
41Archives CRADEL et construction de l'auteur.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
74
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
CL et P
|
Financement de l'agropastoral
|
OSC
CL
OSC
P
CL
P
Bilan des activités réalisées et
résultats obtenus
Réorganisation du marché communal local
Etat
Co-construction des innovations
EX
Réalisation des activités
EX et OSC
CL
CL
Figure 4 : La roue de fonctionnement de
la Co-construction des innovations.
Légende:
CL = collectivité locale (population et élus
locaux)
OSC = organisations de la société civile
P = partenaires
EX = experts du secteur agropastoral et des secteurs connexes
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
75
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
B. LE RÔLE DU MARCHE COMMUNAL
Le marché42 pour les économistes,
désigne le lieu de rencontre (physique ou virtuel) de l'offre et de la
demande, l'endroit où l'on convient des transactions d'échanges
de biens, des services ou de la monnaie. Il existe plusieurs types de
marchés en fonction de la nature des produits échangés par
les agents économiques. On peut alors citer:
? Le marché des biens et services au sein duquel les
demandeurs (entreprises, Etat, ménages, institutions financières)
échangent de la monnaie à un certain prix contre les biens et
services offerts par les entreprises et l'Etat qui constituent ici les
principaux offreurs;
? Le marché du travail : ici, l'Etat, les entreprises
et les institutions financières (principaux demandeurs) achètent
la force de travail des ménages (principaux offreurs) contre un niveau
de salaire fixe;
? Le marché des capitaux qui se subdivise en trois
branches:
- le marché des capitaux à court terme ou
marché monétaire dans lequel les institutions financières
s'échangent la monnaie et les titres de créance très
liquides à un taux d'intérêt défini;
- le marché des capitaux à long terme ou
marché financier dans lequel s'échangent les actions et les
obligations entre les entreprises, l'Etat et les institutions
financières (principaux offreurs) et les entreprises, l'Etat et les
ménages (principaux demandeurs) à un cours d'action ou un cours
d'obligation déterminé;
- le marché de change dans lequel s'échangent
les devises (monnaie étrangère) entre les entreprises, l'Etat et
les ménages en tant qu'offreurs et demandeurs en même temps,
à un taux ou cours de change fixé.
La réorganisation des marchés communaux est un
précieux élément de promotion du développement
économique local ; le marché représente
concrètement un cadre aménagé et organisé qui offre
à ses principaux acteurs d'exercer leurs activités commerciales.
Lorsqu'il
42Konrad-Adenauer-Stiftung, Lexique de
l'économie sociale de marché, 2007.
76
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
est bien organisé, le marché offre de meilleures
possibilités aux opérateurs d'exercer leurs activités en
toute quiétude et aux collectivités locales d'optimiser la
collecte des taxes et recettes fiscales qui leur permettraient de financer le
bien-être de leurs populations.
Pour remplir efficacement son contrat social vis-à-vis
de ses populations, notamment en termes d'amélioration des conditions de
vie, la commune a besoin de ressources financières dont le marché
constitue un précieux gisement. En contrepartie, un des rôles
majeurs de la commune dans ce processus est d'aménager des conditions
cadres favorables aux investissements. Mieux le marché communal sera
organisé, mieux les opérateurs économiques y trouveront un
cadre amélioré et surtout attractif pour exercer leur profession
et attirer de nouveaux investisseurs, mieux il attirera davantage de clients,
mieux la commune en tirera profit en termes de mobilisation des recettes. La
réorganisation du marché est par conséquent un
marché, mieux un échange de services que la commune propose aux
opérateurs économiques dans une sorte de partenariat «
gagnant-gagnant ».
Consciente de cet enjeu, il est souhaitable que cette
initiative vienne de la commune. Toutefois elle peut provenir de
l'extérieur et dans ce cas précis, la commune qui prend
conscience se doit de l'intérioriser en vue de la reprendre à son
compte. La roue du processus de réorganisation d'un marché
communal se présente comme suit (figure 5)43 :
43Archives CRADEL et construction de l'auteur.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
77
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Figure 5 : Roue du processus de
réorganisation du marché communal.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
78
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
III. LE FINANCEMENT DE L'AGRICULTURE FAMILIALE
Les capitaux ne sont disponibles en abondance aux fins
d'investissement dans l'agriculture, que dans quelques régions
privilégiées du globe, telle que l'Amérique du Nord,
l'Océanie et l'Europe Occidentale. Dans les régions en voie de
développement, les capitaux sont, pour ainsi dire par définition,
rares à l'extrême. Le revenu par tête d'habitant est bas et
n'augmente que très lentement. Même si l'on parvient à
accroître sensiblement le revenu par habitant, on n'aura surmonté
que le premier de toute une série d'obstacles. Une fois les gains
acquis, une partie doit en être épargnée en vue
d'être investie. Détourner des fonds de la consommation à
cette fin peut s'avérer quasi-impossible en raison de l'appétit
croissant des consommateurs. Sans compter que des dépenses
parallèles aboutissent à détourner des capitaux qui
pourraient être investis dans l'agriculture vers des catégories
d'utilisation bien moins bénéfiques.
Dans ces conditions, il devient extrêmement difficile
d'amasser des capitaux en vue de leur investissement dans l'agriculture ; c'est
pourquoi les acteurs locaux devraient donc trouver des stratégies
d'autofinancement propres ou des apports externes à leurs projets de
développement tels que le budget agricole participatif et le partenariat
stratégique.
A. RÔLE DU BUDGET AGRICOLE PARTICIPATIF (BAP)
Parler du budget agricole participatif revient tout d'abord
à appréhender la notion de «budget participatif''(BP). Le
budget participatif est un processus de démocratie directe, volontaire
et universel, au cours duquel la population peut discuter et décider du
cadre de recettes/dépenses et des politiques publiques44.
Dans ce contexte, le citoyen ne limite pas sa participation au vote -
c'est-à-dire au choix de ceux qui vont présider à la
gestion du territoire auquel il appartient - il va au-delà; il participe
à la détermination des objectifs, des ressources ainsi que de la
stratégie à mettre en oeuvre pour y parvenir.
C'est en effet le sens que donne A. FOWLER au mot
«participation'' quand il le définit comme étant «
un processus à travers lequel les acteurs influencent et
partagent le contrôle sur les décisions et les ressources qui
touchent à leurs vies»45. Historiquement,
le BP a été expérimenté pour la première
fois en 1989 au Brésil particulièrement à Porto Alegre,
44Ubiratan DE SOUZA in «72 questions
courantes sur le BP», édité par ONU Habitat, 2005.
45Alan FOWLER, Striking a balance, 1997.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
79
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
capitale de l'Etat du Rio Grande do Sul comptant alors une
population de 1,5 millions d'habitants. Ayant connu du succès dans cette
partie du monde, cette pratique a commencé à s'étendre
dans plusieurs pays du monde. Le budget agricole participatif est donc une
composante du budget participatif global de la collectivité ; il
concerne le volet agricole et ses activités connexes. Ce budget permet
un partage de l'information entre les différents acteurs locaux et
inclut les individus et les groupes marginalisés. Les règles du
jeu sont définies par les EFA et la commune, ainsi la communauté
toute entière participe à son élaboration. Le BAP suppose
l'effectivité de la participation financière des populations; ce
budget facilite la mise à disposition des outils et services
indispensables à l'investissement agricole en encourageant la
création des richesses. Sa mise en oeuvre repose sur des principes
fondamentaux à savoir:
- Le principe de transparence : il favorise un meilleur
partage d'informations sur la gestion des projets agricoles;
- Le principe d'efficacité : il permet l'utilisation
optimale des fonds pour la satisfaction des besoins des acteurs
concernés;
- Le principe d'inclusion : qui recherche
l'amélioration des conditions de tous les acteurs des EFA et surtout
ceux naturellement marginalisés (femmes, jeunes) dans la
répartition des ressources agricoles;
- Le principe de solidarité : il permet l'orientation
des ressources vers les acteurs défavorisés du secteur (en termes
de foncier ou de finance), passant ainsi de l'intérêt individuel
généralement recherché à la priorité
collectivement identifiée au sein de la communauté;
- Le principe de participation: il s'agit de favoriser
l'intégration de tous les acteurs (quels que soient le sexe, l'âge
ou l'origine) au processus décisionnel et aux étapes de
planification, de mise en oeuvre et de contrôle des projets agricoles;
- Le principe de transversalité : il cherche à
promouvoir une saine articulation entre les différents niveaux de
gestion des projets agricoles locaux afin de garantir une vision globale et
concertée de développement de ce secteur d'activités.
Le BAP se déroule en sept (07) étapes :
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
80
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
y' L'étape introductive permet aux autorités
locales d'autoriser le déroulement du processus;
y' Faire l'état des lieux des activités
agricoles de la collectivité locale permet de mieux faire
connaître la CTD et de disposer d'informations essentielles pour la
réussite de l'approche;
y' La régulation est interne et définit les
règles du jeu. La mise en place d'un système de régulation
est fondamentale pour mettre en pratique un BAP;
y' Le diagnostic et la priorisation marquent le
démarrage de la phase d'analyse des problèmes rencontrés
par les agriculteurs;
y' Il y a création des alliances et du dialogue dans le
cadre du BAP;
y' Après vient la mise en oeuvre du BAP dans les grands
projets agricoles communaux;
y' Le suivi et l'évaluation du processus du BAP : il
s'agit dans cette dernière étape du cycle qui suit une approche
systémique, de mesurer l'avancement des activités par rapport
à la planification, les effets de l'innovation sur les résultats
des activités agricoles et sur l'environnement.
Le BAP apporte plusieurs innovations dans la mise en oeuvre
des activités agricoles au sein des collectivités territoriales
décentralisées 46:
> Pour les EFA : qui acquièrent le pouvoir
d'influencer les politiques locales à travers leur participation au
processus décisionnel relatif à la politique locale. Les EFA
passent ainsi d'un statut d'«observateur» à un nouveau statut
d'«acteur» pouvant promouvoir le développement de leur secteur
d'activités. Le BAP permet également de corriger les
déséquilibres socio-économiques en donnant non seulement
aux EFA sans exclusion, l'opportunité de s'impliquer dans la gestion de
leurs propres affaires, mais aussi et surtout à contribuer à la
réduction des disparités au sein de leur communauté et
à rétablir ainsi la
46ONU-HABITAT et ENDA Tiers Monde, Manuel de Budget
Participatif en Afrique francophone, Volume I, 2008.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
81
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
justice sociale à travers les espaces de
cohérence. L'exercice du droit à l'information est aussi un
élément innovateur qu'apporte le BAP en ce qu'il assure une
meilleure circulation de l'information entre les différents acteurs
concernés ; ce partage d'information permet et entretien la
Co-construction des innovations à travers des cadres de
concertation. Last but not the least, le BAP aide au renforcement des
capacités d'intervention citoyenne des EFA car la participation de ces
derniers aux espaces de dialogue contribue à développer une
culture démocratique et citoyenne qui renforce le tissu social, le
savoir de ces derniers;
? Pour la commune : le BAP permet l'amélioration de la
transparence de l'administration locale et l'efficacité des
dépenses à travers la réduction des coûts de mise en
oeuvre des projets agricoles par la participation communautaire et le
contrôle citoyen. Il participe en outre à la mobilisation des
ressources locales supplémentaires via l'apport des EFA dans
l'allocation et à l'utilisation des ressources disponibles.
B. LE PARTENARIAT STRATEGIQUE
La commune doit tisser des liens avec d'autres acteurs
capables de lui apporter l'expertise et/ou le soutien dont elle a besoin dans
la mise en oeuvre de ses divers programmes agropastoraux ; Il s'agira:
y' De l'Etat en tant que principal partenaire dans l'appui
institutionnel et les réponses aux plaidoyers;
y' Des organisations de la société civile en
tant que partenaires techniques et financiers pour l'appui aux transferts de
technologie, appui aux nouvelles techniques et nouveaux procédés
scientifiques, transfert des connaissances à travers des formations de
recyclage ou de perfectionnement;
y' Des établissements bancaires et opérateurs
économiques pour l'appui, la valorisation et la sécurisation des
potentiels financements;
y' Des autres collectivités territoriales
décentralisées dans le cadre de la coopération
décentralisée;
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
82
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
La commune et ses partenaires doivent donc se lier dans une
série de responsabilités à l'intérieur de laquelle
ils vont prévoir les échéanciers d'exécution, le
partage des responsabilités pour assurer le suivi des activités
pendant toute leur période de vie et la répartition des
crédits entre l'investisseur et les locaux pour un partenariat «
gagnant-gagnant ».
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
83
Avril 2011
Avril 2011
84
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
RECOMMANDATIONS
En jetant un coup d'oeil vers l'avenir, nous ne nous proposons
pas tant d'indiquer seulement ce qui n'a pas été fait, mais
surtout de montrer ce qui pourrait en fait se réaliser si toutes les
conditions sont réunies pour, non seulement assurer un niveau de
sécurisation alimentaire convenable aux populations rurales en
général et aux EFA en particulier, mais également de
déclencher le décollage de l'économie à
l'échelle locale. Nos recommandations se résument en quelques
points essentiels:
? La commune doit être au centre de l'organisation des
EFA en initiant des projets agropastoraux au sein de sa collectivité
territoriale qui obéissent à un programme de développement
de ce secteur à moyen et à long termes. Elle doit créer un
cadre propice aux investissements agricoles pour les autres acteurs que sont
l'Etat, les partenaires privés et tous les porteurs d'enjeux à
cette échelle;
? Les populations locales doivent être
intégrées à tous les niveaux : de la conception à
l'évaluation des activités agropastorales afin que les besoins
réels soient décelés et satisfaits en temps opportun;
? La stratégie d'intervention doit, sous l'initiative
de la commune être unifiée, planifiée et pilotée de
concert avec les experts et la société civile pour accompagner
cette dernière dans ses efforts de développement du secteur
agropastoral ;
? La co-construction des innovations peut permettre aux
communes de développer les exploitations familiales agricoles, afin
qu'elles soient capables de générer d'autres sources de revenus
qui pourront à moyen terme contribuer à améliorer
considérablement le niveau de vie de ces acteurs;
? L'Etat devrait jouer son rôle de facilitateur dans le
développement des EFA à travers l'accélération de
la mise en oeuvre du processus de décentralisation
Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant
en Développement
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
avec le transfert effectif des ressources et des
compétences tel que prévu par la loi.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
85
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
86
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Nous sommes parvenus, au terme de notre étude sur la
promotion des activités agropastorales et l'activation de
l'économie à l'échelle locale, en analysant les
problèmes liés au fonctionnement des exploitations familiales
agricoles, à de nombreuses constatations ; mais toutes viennent
étayer quatre conclusions essentielles :
· La commune ne joue pas encore pleinement son
rôle de socle de développement local qu'elle est appelée
à jouer pour promouvoir les activités de développement
économique local dans un contexte de gouvernance locale;
· La gestion financière des EFA est restée
quelque peu incohérente et inopérante pour faire
générer des profits aux acteurs du secteur agricole;
· Les acteurs varient autant que leurs interventions et
l'on récolte par conséquent des résultats tatillons et non
satisfaisants ;
· La stratégie actuelle d'intervention des
différents acteurs concernés ne permet pas de diversifier les
activités et d'améliorer les revenus capables d'accroître
le niveau de vie des ménages agricoles;
En appui à ces quatre conclusions d'ordre
général, on peut ajouter les conclusions suivantes, auxquelles
nous sommes parvenus au cours du développement des divers chapitres de
notre étude:
· Contrairement à l'opinion couramment
répandue selon laquelle la main-d'oeuvre reste le facteur
pléthorique en agriculture, c'est-à-dire qu'elle n'est jamais
rare, il ressort de manière claire que le secteur agropastoral bute sur
un problème d'acteurs dû principalement à l'exode rural
massif et à la « rupture socio-culturelle ».
· La superficie des terres arables et cultivables par
habitant diminue au fil du temps à cause en grande partie de l'expansion
urbaine.
· Les techniques agricoles utilisées ont
stagné et n'ont pas pu créer à moyen et long termes la
dynamique socio-économique attendue au sein des collectivités
territoriales.
Traditionnellement, l'expansion des surfaces cultivées
suit le rythme de l'accroissement démographique, mais les
réserves de terres faciles à mettre en valeur décroissent.
Cette diminution des disponibilités en terres facilement
défrichables, alors qu'on est encore au stade
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
87
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
de subsistance, a tendance à figer les revenus des
exploitants agricoles à leur bas niveau. Comme la superficie de terres
cultivables est limitée par les coûts de plus en plus
élevés de mise en valeur ainsi que par la pénurie relative
de capitaux, il faut améliorer les rendements pour faire face aux
besoins des populations locales. Or, pour améliorer le rendement, il
faut des capitaux (d'ordre humain, physique, public et financier). La dynamique
endogène à travers la co-construction des innovations permettrait
sans doute dans le contexte camerounais, de développer les EFA de
manière à dégager un niveau consistant de revenus. Ce qui
pourra ainsi activer l'économie locale à travers
l'amélioration de la qualité de la vie (meilleur niveau de
santé de la main-d'oeuvre, meilleur niveau d'éducation et de
formation de la main-d'oeuvre, meilleure qualité des infrastructures),
la hausse de la productivité du travail, l'augmentation des
échanges de biens et services agricoles de façon à ce
qu'à long terme, les populations du milieu rural en
général et celles des EFA en particulier puissent vivre
au-delà de l'agropastoral.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
88
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
89
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
We have reached the end of our study on the promotion of
agricultural activities and the activation of the local economy, analyzing
problems related to the operation of family farms, many findings, but all come
support four key findings:
· The municipality does not yet play a full role as a
base for local development that is expected to play in promoting these
activities in the context of local governance;
· The financial management of FF has remained somewhat
inconsistent;
· The actors vary as much as their actions and
consequently harvest fortunes;
· The strategy and the intervention of each other have
not diversified activities and have not improved incomes can increase the
standard of living of farm households;
In support of these four general conclusions, may be cited
the following conclusions we reached in various chapters of this study:
· Contrary to the popular opinion that the workforce is
bloated factor in agriculture, that is to say, it is never uncommon, it emerges
clearly that the agricultural sector stumbles on problem of players due to the
rural exodus and the socio-cultural rupture.
· The area of arable land per capita arable decreases
over time due to urban expansion.
· The farming techniques have stagnated and could not
create the expected dynamics within local authorities.
Traditionally, the expansion of cultivated keeps pace with
population growth, but the supply of land easy to value decrease. This decrease
in the availability of land reclaim easily, so we are still at subsistence
tends to freeze the income of farmers to their low level. As the area of arable
land is limited by the cost of higher enhancement as well as the relative,
scarcity of capital must increase yields to meet people's needs. However, to
improve performance, you need capital. The endogenous dynamics through the
co-construction
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
90
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
innovations would probably develop FF in order to have other
sources of income that can cause activation of the local economy so that
long-term population to live belong agriculture.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
91
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
92
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
ALDEN, L. (2011).« A qui appartient cette
terre? Le statut de la propriété foncière
coutumière au Cameroun », Yaoundé, Editions Fenton.
ASSOUMOU, E. K. & SAGBOHAN, A.
(2010), Développement économique local et promotion
de l'emploi des jeunes, Afrédit.
ASSOGBA, Y. (2008) Développement
communautaire en Afrique. Comprendre la dynamique des populations, Les
Presses de l'Université Laval.
BADOUIN, R. (1971), Economie rurale,
Armand colin.
BINSWANGER, H. P., et ROSENZWEIG, M.
R. (1986). « Behavioral and Material Determinants of Production
Relations in Agriculture. », Journal of Development Studies22,
n°3.
BOCKEL, A. (1978), Droit administratif,
Néa, Dakar.
BONNAL, J. (1997) RED-IFO: an Analytical
Model. Rural Development Division, FAO.
BONNAL, J. & MUHEIM, P.
(1997), Preliminary analysis of a questionnaire on
decentralization: outline of a topology.
BOURQUE, D. (2008) Concertation et
partenariat: entre levier et piège du développement des
communautés, Presses Universitaires du Québec.
BOOTHROYD, P. & DAVIS, H. C.
(1993), The meaning of Local Area Economic Development.
BROUSSARD, J-M. (1987) Economie de
l'agriculture, Economica, Paris.
CASTILLO, M. T. (1997) Promoting local
economic development: A review of city summit best practices, Institute of
Social Studies, Documents de travail série n° 240, Février
1997. CHAMBERS, R. (1990), Développement rural. La
pauvreté cachée, Paris, Karthala (lère éd.
angl., 1983, Rural development : Putting the last first, New York,
Longman).
CORDONNIER , L. (1997), «
Coopération et Réciprocité », Paris, PUF.
COULMIN, P. (1986) La
décentralisation, la dynamique du développement local,
Syros. COUSINS, B. (1996) « Conflict Management for
Multiple Resources users in Pastoralist and Agro-Pastoralist Contexts ».
IDS Bulletin 27(3).
CROZIER, M. & FRIEDBERG E. (1977), «
L'acteur et le système », Editions du Seuil.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
93
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
CROZIER, M. (1981) « L'acteur et le
système : les contraintes de l'action collective », Coll. Point,
Editions du Seuil.
D.A.T.A.R., (2002) Les systèmes
productifs locaux, La Documentation française.
DE SOUZA, U. (2005) in «72 questions
courantes sur le BP», édité par ONU Habitat, 2005.
Document de Stratégie de Développement du
Secteur Rural (2005), MINPLADAT. Document de Stratégie
pour la Croissance et l'Emploi (2010), MINEPAT. Facilitated
Planning: Guide to strategic planning (1998). Toronto, Ontario.
FALUDI, A. (1973) « Planning Theory »,
Pergamon Press.
FAO, (1997) « La dynamique des
sociétés rurales face aux projets participatifs de
développement rural : réflexions et propositions d'action
à partir d'expériences d'Afrique de l'Ouest ».
FAO, CIRAD-SAR, IRAM CIEAPAC, SIC-Terroirs,
(1995) « Les acteurs et leurs stratégies dans les projets
de développement durable et participatif».
FEDER, G. et NORONHA, R. (1987). « Land
Rights Systems and Agricultural Development in Sub-Saharan Africa. »,
World Bank Observer 2 (May).
FISHER, R. and URY, W. (1991) Getting to
Yes. Negotiating an Agreement Without Giving In, revised 2nd edition,
Random House Business books.
FOSTER, R. (2004), Banque Mondiale : «
Le contrôle citoyen de l'action publique: une introduction au concept
et son application opérationnelle ».
FOWLER, A. (1997) Striking a
balance.
GORDILLO, G. (1997), The reconstruction of
rural institution.
INS (2008), « Conditions de vie des
populations et profil de pauvreté au Cameroun en 2007, Rapport principal
de l'ECAM 3 », Institut national de la statistique.
KONRAD-ADENAUER-STIFTUNG (2007), Lexique de
l'économie sociale de marché. MARCHESNAY, M.
(2004), Management stratégique, Adreg.
MINADER (2010), « Rapport principal
», Projet d'appui au développement des filières agricoles
(PADFA), Janvier 2010.
MOREAU , J. & PETIT , J. (2003), « Les
collectivités locales», Editions Economica.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
94
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
NADIR, M. T. (1997), Les chambres
d'agriculture : modèles de représentation et outils de
participation des agriculteurs.
NGANE, S. (2008), La décentralisation
au Cameroun un enjeu de gouvernance, Afrédit. ONU Habitat
(2005), 72 questions courantes sur le BP, Nairobi.
PARANT, A. (2003) « La donne
démo-spatiale », in Prospective et développement
territorial, Caisse de dépôts et consignations,
édition La Documentation française.
PORNON, H. (1998) « Système
d'Informations Géographiques et organisations géomatique et
stratégies d'acteurs », Ed. L'Harmattan.
Programme National de Développement
Participatif, (2005) Rapport annuel d'activités,
Exercice 2004.
Programme National de Développement Participatif,
(2006) Rapport annuel d'activités, Exercice 2005.
Programme National de Développement Participatif,
(2007) Rapport annuel d'activités, Exercice 2006.
Programme National de Développement Participatif,
(2008) Rapport annuel d'activités, Exercice 2007.
Programme National de Développement Participatif,
(2009) Rapport annuel d'activités, Exercice 2008.
Programme National de Développement Participatif,
(2010) Rapport d'activités de la phase I, Exercice
2009
Rapport sur la pauvreté rurale au Cameroun
(2006), par un groupe d'économistes, de sociologues et
d'experts en questions de développement.
SOUCHON, R. (1985) Le défi
rural, Agri Nathan International.
TCHATAT, C. (2006). « Rapport du
Cameroun», Conférence internationale sur la réforme agraire
et le développement rural, FAO, du 07 au 10 Mars 2006 Porto
Allègre / Brésil.
TESSON, F. (2008) in Introduction au cours
de Développement local.
TONNEAU, J.P. & SABOURIN, E.
(1997), Agriculture familiales et politiques publiques de
développement territorial : le cas du Brésil de LULA.
YODA, B. (2004) Gestion participative des
projets de développement rural : Outils et méthodes
d'intervention. Mémoire de 3ème cycle.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
95
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Sites web:
www.ucl.ac.uk/dpu
www.undp.org
www.wfp.org
www.minepat.gov.cm
www.devloc.org;
www.worldbank.org/poverty
www.cirad.org
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
96
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
97
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Carte 1: Carte administrative de la commune
d'AYOS.
Figure 1: schéma simplifié de la
démarche méthodologique de l'étude.
Figure 2: schéma classique de
l'articulation économiques des activités des EFA selon A.
CHAYANOV.
Figure 3: Schéma synoptique du circuit
d'échanges es produits agricoles dans la commune d'AYOS.
Figure 4 : La roue de fonctionnement de la
Co-construction des innovations.
Figure 5: Roue du processus de
réorganisation du marché communal.
Tableau n°1 : carte scolaire de la commune
d'AYOS (2007).
Tableau n°2 : carte sanitaire de la commune
d'AYOS (2007).
Tableau n°3 : populations locales, types de
revenus et sources de revenus (en %).
Tableau n° 4 : tri croisé
«exode rural» par «raison du sens de la
mobilité».
Tableau n°5 : pourcentage du temps de vie
consacré à l'agriculture entre 1900 et 2010.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
98
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
99
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
ACI : Alliance Coopérative
Internationale
BAP : Budget Agricole participatif
BRICS: Sigle anglais de «
Brazil-Russia-India-China-South Africa»
CL : Collectivité Locale
CTD : Collectivité Territoriale
Décentralisée
DEL : Développement Economique Local
DL : Développement Local
DSCE : Document de Stratégie pour la
Croissance et l'Emploi
ECAM 3 : 3ème Enquête Camerounaise
auprès des Ménages
EFA : Exploitation Familiale agricole
FEICOM : Fonds d'Equipements Intercommunaux
GIC : Groupement d'Initiative Commune
IITA : International Institute for Tropical
Agriculture
MINADER : Ministère de l'Agriculture et
du Développement Rural
MINEPIA : Ministère de l'Elevage, des
Pêches et des Industries Animales
OSC : Organisation de la Société
Civile
PDL : Plan de Développement Local
PH : Potentiel hydrogène
RDPC : Rassemblement Démocratique du
Peuple Camerounais
SOCOPTRACA : Société
Coopérative des Planteurs et Transformateurs de Cacao d'AYOS
SODECAO : Société de
Développement du Cacao
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
100
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
101
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
Dédicace
|
.P.5
|
Remerciements
|
P.7
|
Sommaire
|
P.8
|
Résumé
|
P.9
|
Prolégomènes
|
P.14
|
Contexte
|
P.15
|
Objet de l'étude
|
....P.16
|
Champs conceptuels explorés
|
P.17
|
Objectifs de l'étude
|
P.23
|
Intérêt et justification
|
P.23
|
Revue de la littérature
|
P.24
|
Problématique
|
P.27
|
Hypothèses
|
P.27
|
Démarche de l'étude
|
.P.28
|
Limites de l'étude
|
P.29
|
Première Partie : Etat des lieux
|
P.31
|
Chapitre Premier : Disponibilités en
facteurs agricoles
|
P.32
|
I. Situation géographique générale
|
P.32
|
II. Infrastructures de base et potentiel humain
|
....P.34
|
III. Potentiel économique de la commune d'AYOS
|
P.36
|
|
Chapitre Deux : Fonctionnement et
évolution de l'espace de production et d'échanges des produits
agricoles
|
P.39
|
I. Typologie des agricultures concernées
|
P.39
|
A. L'agriculture à surplus vivrier
|
P.39
|
B. L'agriculture des plantations modernes ou de rente
|
P.41
|
|
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
102
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et activation
de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple
de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
II. Les différents acteurs : Places, Forces et Faiblesses
P.42
A. Présentation des acteurs ....P.42
B. Organisation des activités ..P.46
C. Stratégies d'acteurs P.50
III. Impacts sur les bénéficiaires P.51
A. Impact socio-économique P.51
B. Impact environnemental .P.53
Deuxième Partie : Analyse des
écarts et proposition d'un modèle
explicatif P.57
Chapitre Trois : Ecarts observés,
conséquences et tentative d'explication P.58
I. Le problème d'intégration du processus de
décentralisation ..........P.58
A. Le problème de la réforme agraire P.58
B. Le problème de la réforme fiscale P.60
II. Le problème de financement P.61
A. Au niveau des paysans P.61
B. Au niveau de la commune .P.65
III. Le problème d'acteurs P.66
A. L'exode rural .P.66
B. La rupture socio-culturelle P.67
Chapitre Quatre : Le modèle de dynamique
endogène par la Co-construction des
innovations P.70
I. L'approche théorique P.70
A. Le cadre d'activités P.70
B. Les acteurs concernés P.74
II. La réorganisation des activités P.75
A. Acteurs et participation .....P.75
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
103
Avril 2011
«Promotion des activités agropastorales et
activation de l'économie locale en situation
de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la
commune d'Ayos» par Emile Baudouin
MVOGO SOUGA.
B. Le rôle du marché communal
III. Le financement de l'agriculture familiale
|
P.77 .P.79
|
A. Le rôle du budget agricole participatif
|
P.79
|
B. Le partenariat stratégique
|
P.80
|
Recommandations
|
..P.84
|
Conclusion
|
..P.86
|
Bibliographie
|
P.92
|
Annexes
|
P.97
|
Sigles et acronymes
|
.P.99
|
Table des matières
|
P.101
|
Mémoire du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement
104
Avril 2011
|