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Promotion des activités agropastorales et activation de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Avos.


par Emile Baudouin MVOGO SOUGA
Centre International de Formation Appliquée en Démocratie, Développement, Ethique et Gouvernance de Yaoundé - Diplôme Professionnel d'Expert Consultant 2009
  

Disponible en mode multipage

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Centre International de Formation Appliquée en Démocratie, Développement, Ethique et Gouvernance de Yaoundé

(Yaoundé-Cameroun)

International Applied Training
Centre in Democracry,
Development, Ethics and
Governance of Yaounde

(CIFADDEG)

(CIFADDEG)

Cycle approfondi de la filière « Développement », Option « Management des projets »

MEMOIRE

Comme exigence partielle en vue de l'obtention du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant en Développement

Thème

PROMOTION DES ACTIVITES AGROPASTORALES ET ACTIVATION DE L'ECONOMIE LOCALE EN SITUATION DE DECENTRALISATION.

L'EXEMPLE DE L'AGRICULTURE FAMILIALE DANS LA COMMUNE D'AYOS.

Présenté et soutenu publiquement le 04 Avril 2011 par:

Emile Baudouin MVOGO SOUGA, Maîtrise en Analyse & Politique économiques.

Devant le jury composé de :

Directeur de recherche Claude ABE, Sociologue

Professeur à l'Université Catholique d'Afrique Centrale de Yaoundé.

Rapporteurs Urbain Bienvenu TSALA, Economiste

Expert en Développement local, Coordonnateur du CRADEL à Yaoundé. Jacques Bertrand ONANA, Economiste

Expert en Management des projets, Enseignant au CIFADDEG de Yaoundé.

Présidente Annie PIAL, Juriste

Professeure, Consultante à l'UNICEF à Yaoundé.

«Promotion des activités agropastorales et activation de l'économie locale en situation de
décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin

MVOGO SOUGA.

(Yaoundé-Cameroun)

CYCLE D'ETUDES APPROFONDIES

Filière: Développement

Option: Management des projets

MEMOIRE

Comme exigence partielle en vue de l'obtention du Diplôme Professionnel
d'Expert-Consultant en Développement

Thème

PROMOTION DES ACTIVITES AGROPASTORALES ET ACTIVATION DE
L'ECONOMIE LOCALE EN SITUATION DE DECENTRALISATION.

L'EXEMPLE DE L'AGRICULTURE FAMILIALE DANS LA COMMUNE D'AYOS.

Présenté et soutenu publiquement le 04 Avril 2011 par:

Emile Baudouin MVOGO SOUGA, Maîtrise en Analyse & Politique économiques.

Devant le jury composé de :

Directeur de recherche Claude ABE, Sociologue

Professeur à l'Université Catholique d'Afrique Centrale de Yaoundé.

Rapporteurs Urbain Bienvenu TSALA, Economiste

Expert en Développement local, Coordonnateur du CRADEL à Yaoundé. Jacques Bertrand ONANA, Economiste

Expert en Management des projets, Enseignant au CIFADDEG de Yaoundé.

Présidente Annie PIAL, Juriste

Professeure, Consultante à l'UNICEF à Yaoundé.

Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant en Développement

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décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin

MVOGO SOUGA.

AVERTISSEMENT

Le Centre International de Formation Appliquée en Démocratie, Développement, Ethique et Gouvernance (CIFADDEG) de Yaoundé n'entend donner ni approbation, ni improbation aux opinions émises dans ce mémoire, celles-ci doivent être considérées comme propres à l'auteur.

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décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin

MVOGO SOUGA.

WARNING

The International Training Centre of Applied Democracy, Development, Ethics and Governance (CIFADDEG) of Yaoundé only intends to give any approval or disapproval to the opinions expressed in this memory. They must be considered to reviewer.

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«Promotion des activités agropastorales et activation de l'économie locale en situation de décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin

MVOGO SOUGA.

Je dédie ce travail,

A mon Créateur, mon Dieu et mon Sauveur pour l'inspiration, le courage, l'énergie et le zèle qu'il a mis en moi pour réaliser cette recherche.

Et spécialement:

A Madame MVOGO Balbine, ma maman chérie, pour tout l'amour et l'éducation que j'ai reçus d'elle, de son sein jusqu'à ce jour.

A Monsieur MVOGO Pierre, mon père bien-aimé, pour sa passion et ses sacrifices dans l'instruction de sa progéniture.

A toute la famille MVOGO, ma racine, mon repère de vie et mon initiation au raisonnement scientifique.

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MVOGO SOUGA.

« Pour agir, il faut penser et savoir où l'on se projette : il faut planifier » Journées Nationales Afdi du 4-6 Avril 2000

Loctudy-France.

«...Les agriculteurs familiaux constituent de loin la majorité des agriculteurs dans le monde. Ils contribuent en outre à créer de la richesse, des emplois et à assurer de nombreuses fonctions, de la production de la nourriture à l'aménagement du territoire... »

Séminaire de la commission Agriculture et Alimentation de Coordination Sud

11 Décembre 2007.

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MVOGO SOUGA.

REMERCIEMENTS

Pour la réalisation de cette étude, je tiens à remercier cordialement les personnes et familles suivantes qui ont su m'accepter, me comprendre et m'accompagner durant toute la période de travail:

Le Professeur Claude ABE, pour la direction académique et le suivi impeccable de ce mémoire;

Monsieur Urbain Bienvenu TSALA pour toute la grande expertise professionnelle ainsi que la grande famille du CRADEL pour tout son apport;

Monsieur Patrice AMBA SALLA, Maire de la commune d'AYOS pour sa disponibilité et son étroite collaboration ainsi que toutes les populations des groupements Omvang et Yebekolo-Est pour leur pleine participation aux enquêtes sur le terrain;

Monsieur Raymond EDANG OWOUNDI pour le partage durant tout le stage au CRADEL surtout lors des descentes sur le terrain dans la commune d'AYOS et tous mes collègues de la 2ème et 3ème Promotion de la filière « Développement » du CIFADDEG pour les apports intellectuels durant toute la formation théorique;

La famille MVOGO pour son amour fraternel et son aide quotidienne : Narcisse MVOGO, Alice MBEZELE, Marcellin ADA, Norbert MVOGO, Gaël MVOGO et Inès MVOGO.

Messieurs Félix MBA ELOUNDOU, Charles ELOUNDOU ELOMO, Cyrille EKENE BODO, la grande famille ONANA Paul et Monsieur Lazare AWONO ETEME de NKOLMENDOUGA (Obala) pour leur soutien financier;

Le groupe liturgique « Lecteurs jeunes » de la paroisse « Jésus le bon pasteur » d'OYOMABANG (Yaoundé) pour le soutien spirituel;

Messieurs Bernard MIMBOE NOAH et Roméo Arnaud NOAH TSALA pour leur apport durant tous mes séjours dans la cité universitaire de SOA ;

Enfin, tous ceux qui de près ou de loin, ont contribué à la réussite de ce travail.

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«Promotion des activités agropastorales et activation de l'économie locale en situation de
décentralisation. L'exemple de l'agriculture familiale dans la commune d'Ayos» par Emile Baudouin

MVOGO SOUGA.

SOMMAIRE

Sommaire

P.6

Résumé

P.9

Abstract

P.12

Prolégomènes

..P.14

Première Partie

P.31

Chapitre Premier

P.32

Chapitre Deux

.P.39

Deuxième Partie

..P.57

Chapitre Trois

.P.58

Chapitre Quatre

..P.70

Recommandations

..P.84

Conclusion

P.86

Bibliographie

P.92

Annexes

P.97

Sigles et acronymes

.P.99

Table des matières

P.101

Mémoire du Diplôme Professionnel d'Expert-Consultant en Développement

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RESUME

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Il est un fait indéniable : les agriculteurs familiaux, c'est-à-dire les petits producteurs agricoles, constituent de loin la majorité des agriculteurs dans le monde. Au Cameroun par exemple, ces derniers représentent 97% des exploitants de cette catégorie1. Ces acteurs contribuent sans cesse à produire de l'alimentation, à créer de la richesse et de l'emploi. La difficulté que rencontre aujourd'hui ce secteur d'activités qui pourtant est le socle de notre économie, nous a poussés à nous questionner sur la démarche à adopter pour soutenir les exploitations familiales agricoles (EFA) afin de construire un développement durable.

Ce mémoire, fruit de la réflexion sur la promotion des activités agropastorales et la dynamisation de l'économie à l'échelle locale, pose le problème central du fonctionnement des EFA dans un contexte de «gouvernance locale»telle que prescrite par la loi sur la décentralisation au Cameroun. Ce travail prend pour cadre d'étude notre expérience durant notre cycle de formation approfondie en « Management des projets» au Centre International de Formation Appliquée en Démocratie, Développement, Ethique et Gouvernance de Yaoundé (CIFADDEG) ; il ressort une démarche technique de planification et de marketing des activités dans le secteur agricole au sein des collectivités territoriales décentralisées afin de trouver la combinaison Pareto optimale capable d'activer la compétitivité locale.

Dans un premier temps, nous nous efforçons de déceler les écarts existants par une analyse du mode de fonctionnement actuel des EFA à travers les différents types d'agricultures concernés et les acteurs impliqués. Autrement dit, il s'agit pour nous de répondre dans cette partie à la question suivante : de quelle agriculture parle-t-on ? Ce qui nous a conduit à distinguer principalement deux pratiques agricoles majeures : l'agriculture à surplus vivrier majoritairement pratiquée, et l'agriculture des plantations modernes qui elle, s'intègre progressivement aux us traditionnels locaux. Les moyens d'actions (surtout financiers) étant limités, la principale force des EFA repose sur la dotation en ressource foncière bien qu'elle-même commence à recevoir du «plomb dans l'aile»avec l'intégration difficile de la loi sur la décentralisation, faiblesse majeure dans le processus de construction d'une politique durable de relance des EFA. Les interactions entre les différents acteurs que sont les paysans, les potentiels clients et la commune restent individualistes puisqu'il n'existe pas de politique d'action commune pouvant réduire les charges des exploitants agricoles en particulier.

13è Enquête Camerounaise sur les Ménages (ECAM 3), 2009.

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Puis nous cherchons à analyser (analyse socio-économique) les facteurs explicatifs des résultats présents afin de mieux comprendre le fonctionnement actuel de nos exploitations familiales agricoles. Pour finir, nous exposons un modèle pratique de planification stratégique regroupant tous les acteurs concernés par les différentes lois sur la décentralisation, et établissant leurs différents niveaux de responsabilité et d'intervention en vue d'améliorer la situation globale de l'agriculture familiale et de déclencher ainsi la dynamique économique locale.

MOTS CLES

Exploitations familiales agricoles - Activités agropastorales - Décentralisation - Développement Economique Local.

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ABSTRACT

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It is an undeniable fact: the family farmers, that to say, small farmers are by far the majority of farmers in the word. In Cameroon, for example, 97% of farmers in this category are family farmers. They contribute constantly to produce food, create wealth and employment. The difficulty that today this sector yet is the foundation of our economy, has led us to question ourselves about the proper approach to support family farms (FF) and build a sustainable development.

This dissertation, the result of reflection on the promotion of agricultural activities and the economic revitalization locally, poses the main problem to the functioning of the FF in situation of local governance as prescribed by the decentralization's law in Cameroon. This work is part of research for our experience during our training cycle in-depth «Project Management»at the International Training Centre of Applied Democracy, Development, Ethics and Governance of Yaoundé (CIFADDEG) ; it appears a technical approach and planning marketing activities in the agricultural sector in regional and local authorities to find the Pareto optimal combination can active local competitiveness. As a first step, we try to identify existing gaps by analyzing the current operating mode of FF through different types of agriculture concerned and involved. In other words, it is for us to answer the following question: What agriculture talking about it? This led us to identify two (02) main major farming: agriculture surplus food crops mainly practiced agriculture, and modern plantations that it gradually integrates with traditional local habits. Means of action (especially financial) are limited, the main strength of FF is based on the resource endowment land even though it begins to receive «lame duck»with the difficult integration of law on decentralization, major weakness in the process of building a sustainable recovery of FF. Interactions between the different actors (farmers, buyers and council) are individual because there is no policy of common action can reduce the burden on farmers in particular. Then, we want to analyze (socio-economic) factors that explain the present results to better understand the current functioning of our farms. Finally, we present a practical model of strategic planning involving all stakeholders in the decentralization's law, their responsibilities and different levels of intervention to improve the current state of family farming and thus trigger the dynamic local economy.

KEYWORDS

Family farms - Agricultural activities - Decentralization - Local economic development.

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PROLEGOMENES

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1-Contexte et justification

Pays essentiellement agricole, grenier de la sous-région Afrique centrale, le Cameroun a du mal à nourrir ses populations et à relancer sa situation socio-économique. En effet, 40% des camerounais sont pauvres parmi lesquels plus de la moitié sont agriculteurs (ECAM 3)2. Pourtant, plus de 60% de la population active exerce dans l'agriculture, l'élevage et toutes les autres activités sous-jacentes, l'agriculture familiale représentant 80% de l'appareil productif agricole du Cameroun (MINADER-MINEPIA 2007)3, soit environ plus de neuf millions et demi de camerounais (Rapport sur la pauvreté rurale au Cameroun, Mai 2006)4. Et malgré le début de la mise en oeuvre du Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi (DSCE), il existe encore un réel contraste entre l'effort fourni dans ce secteur et le niveau de l'output recueilli c'est-à-dire qu'il y a beaucoup d'énergie dépensée mais avec de faibles rendements.

Or, dans le même temps, de nombreux pays se sont spécialisés dans ce domaine et y ont retiré jusqu'ici des résultats éclatants ; le cas le plus illustratif est celui du Brésil qui en quelques années grâce à l'agropastoral fait partie du cercle restreint des BRICS5 (Brésil-Russie- Inde- Chine- Afrique du sud), groupe de pays qui porte la croissance mondiale actuelle. Ce qui laisse croire que pour peu qu'il soit bien pensé, l'agropastoral peut être un levier du Développement Economique Local (DEL).

L'histoire de la pensée économique sur le développement est en effet pleine du rôle fondamental que joue l'agriculture dans l'émergence des processus de développement. Quels que soient en effet les mécanismes que l'on qualifie de fondamentaux, quelles que soient les hiérarchies que l'on voudrait proposer, tous les spécialistes s'accordent sur le fait que l'agriculture constitue ce réservoir de surplus qui doit permettre d'amorcer un début d'accumulation de capital productif dans les autres secteurs économiques. En effet, à travers

2Troisième enquête camerounaise auprès des ménages qui complétait les deux premières (2001-2008). Enquête réalisée par le gouvernement camerounais ; les statistiques avaient été données par l'Institut National de la Statistique.

3 Rapport conjoint du MINADER et du MINEPIA du premier trimestre 2007.

4 Rapport conjoint du MINPLAPDAT et du PNUD avec la participation multidisciplinaire d'experts nationaux indépendants, Mai 2006.

5 Groupe de pays dont le taux de croissance cumulé est estimé à 18% de celui de l'économie mondiale. Ce sont les cinq (05) économies les plus dynamiques de l'heure de la planète.

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ses effets « périphériques », on voit historiquement dans l'évolution des grandes économies du monde que l'agriculture a toujours contribué au développement local en fournissant aux agro-industries des matières premières nécessaires6.

Le contexte actuel est donc relativement marqué par le processus de décentralisation entamé par l'Etat à travers la loi n° 2004/017 du 22 juillet 2004 portant orientation de la décentralisation. Les collectivités territoriales décentralisées sont ainsi chargées de prendre elles-mêmes en main la gestion quotidienne de leurs principaux projets dans le but de réaliser les objectifs propres à leurs besoins réels. La commune est ainsi mise en avant; elle doit ainsi créer un cadre d'actions dynamiques entre agents locaux, organisations de la société civile, partenaires du développement et l'Etat, en vue de réaliser de la plus-value nécessaire au financement d'activités permettant d'entretenir de manière efficace et efficiente le développement de l'économie locale afin d'impulser le développement socio-économique à cette échelle à long terme. La présente étude, qui s'appuie essentiellement sur la commune d'AYOS dans le département du Nyong-et-Mfoumou, région du Centre au Cameroun, s'efforce de comprendre les mauvais résultats actuels du secteur agricole à travers le fonctionnement des exploitations familiales agricoles (EFA) afin de proposer des stratégies localement appropriées pour y remédier.

2 - Objet de l'étude

La zone rurale dispose d'une réserve potentielle de produits agricoles de qualité qu'elle pourra mobiliser selon les circonstances pour approvisionner soit les actifs des autres secteurs locaux qui ne pratiquent pas d'activités agricoles (secteur secondaire voire tertiaire), soit les populations des pays voisins et d'autres continents, et celles séjournant occasionnellement au sein du territoire national (touristes). Cette activité agricole produira à son tour des revenus supplémentaires aux familles qui la pratiquent, revenus capables d'être «captés»par investissement dans les autres branches de production économiques. Il s'agit ici de montrer clairement les effets positifs de la promotion des activités agropastorales sur l'activation de l'économie locale.

6J-M. BROUSSARD, Economie de l'agriculture, Economica, Paris, 1987.

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3 - Champs conceptuels explorés

Afin de mieux comprendre l'étude ci-proposée, il importe de cerner le sens de la thématique à travers les concepts qui y sont liés.

- Activités agropastorales

L'agriculture est la culture, le travail du sol pour le faire produire. L'élevage quant à lui consiste à élever, entretenir les animaux destinés aux multiples usages de l'homme. Les activités agropastorales sont donc celles qui sont liées à l'agriculture et à l'élevage. Généralement, quel que soit le pays ou la région, on va trouver, historiquement deux grands types d'agriculture locale:

y' Celles qui sont fondées sur la polyculture associée plus ou moins avec l'élevage et qui sont orientées historiquement vers l'autoconsommation. Ces agricultures deviennent au fur et à mesure des « agricultures à surplus vivrier »7, selon l'expression de R. BADOUIN, jusqu'à ce qu'elles soient fortement intégrées au marché et qu'elles deviennent alors spécialisées (en grande culture, élevage, etc.) ;

y' Celles qui sont historiquement spécialisées, soit en raison de contraintes agro-écologiques (agriculture des zones de montagne par exemple), soit du fait d'un certain nombre de phénomènes agro-économiques (plaine viticole du Languedoc en France) ou politiques (colonisation en Afrique et en Amérique).

Il est important de remarquer que si la prise en compte des contraintes agro-écologiques provient généralement d'un processus spontané très ancien d'adaptation des populations au milieu physique, les deux autres phénomènes ont été provoqués par l'extérieur.

- Exploitation Familiale Agricole (EFA)

Pour les agronomes, la notion d'exploitation familiale agricole est un concept issu de l'histoire agricole européenne qui fait référence à « un modèle d'agriculture basé sur la famille monogame nucléaire et les moyens qu'elle met en oeuvre aux fins de produire des denrées agricoles » (BERGERET & DUFUMIER, 2002). Cette famille va donc chercher à

7R. BADOUIN, Economie rurale, Armand colin, 1971, P.598.

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satisfaire ses objectifs économiques, mais aussi sociaux et patrimoniaux, en mobilisant les moyens de production dont elle dispose : le foncier, sa force de travail et ses ressources en capital fixe (machines, outils...) et circulant (pour l'achat des intrants...).

La gestion d'une exploitation comprend ainsi l'ensemble des décisions prises par le chef d'exploitation qui déterminent les modalités de combinaison des moyens de production de l'exploitation. Cette notion d'exploitation familiale agricole ou EFA est également employée dans le contexte africain même si certains auteurs ont montré que les contours des EFA africaines pouvaient être bien plus larges que la « famille monogame nucléaire» (J.M. GASTELLU, 1980) et que les unités de résidence, de décision, de production, de consommation et d'accumulation ne coïncidaient pas toujours.

L'analyse de la structure et du fonctionnement actuels d'une exploitation agricole renvoie à son histoire : celle de l'acquisition des moyens de production et de l'évolution de la combinaison de systèmes de culture et d'élevage (DEVIENNE & WYBRECHT, 2002). La structure et le fonctionnement d'une exploitation familiale varient dans le temps. Ces variations s'expliquent par des causes externes liées au contexte dans lequel l'exploitation évolue et par des causes internes liées au cycle de la famille (WYBRECHT, 2002). Sur la base des travaux de CHAYANOV8 les deux auteurs précédents proposent un modèle qui résume les principaux éléments de l'environnement, de la structure (moyens de production) et du fonctionnement de l'exploitation familiale agricole de manière classique.

- Décentralisation

La décentralisation se réalise par la reconnaissance de la part de l'Etat d'intérêts locaux propres gérés par les collectivités locales décentralisées. La décentralisation suppose la personnalité morale de la ou des collectivité(s) locale(s) reconnue(s). Il n'y a pas de décentralisation s'il n'y a pas attribution de la personnalité juridique. Ainsi, au Cameroun d'après les lois n° 96/06 du 18 janvier 1996 portant révision de la constitution du 02 juin 1972, n° 2008/001 du 14 avril 2008 modifiant et complétant certaines dispositions de la loi n° 96/06 du 18 janvier 1996, n° 2004/017, n° 2004/018 et N°2004/019 du 22 juillet 2004 portant

8 A. CHAYANOV dans « Economie de la paysannerie non capitaliste », analyse le mode de fonctionnement des exploitations familiales agricoles européennes en confrontant les besoins de ces dernières à leurs différentes ressources pour expliquer le niveau de rendement obtenu. C'est de cette analyse qu'est né le schéma classique des stratégies au sein des unités familiales de production agricoles.

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respectivement orientation de la décentralisation, règles fixant des régions et organisation des communes, à part l'Etat, ne sont reconnues comme personnes publiques territoriales que les régions et les communes. Il faut en deuxième lieu l'existence d'affaires locales ; En fait, on peut dire que sont affaires locales celles que la loi a confié à la collectivité locale. Il faut enfin que ces affaires soient gérées par la population qui compose les collectivités décentralisées ; Le procédé le plus simple pour permettre une telle gestion est le procédé de l'élection (élection du conseil municipal par exemple).

Si la décentralisation implique l'existence de compétences propres au profit des autorités locales, elle signifie également une certaine limitation de celles-ci, un certain contrôle ou une supervision du gouvernement qui s'exerce dans les conditions précises fixées par les textes et qui porte le nom de contrôle de tutelle. Ce type de contrôle, à la différence du pouvoir hiérarchique ne permet pas à l'Etat de donner des ordres et de réformer les décisions prises par les autorités des collectivités décentralisées.

Dans la pratique, la décentralisation connaît deux modalités:

y' La décentralisation technique ou fonctionnelle (ou par services) porte sur une tâche déterminée par sa nature particulière qui est individualisée et dont la charge est confiée à une personne publique autonome ; elle consiste donc à détacher d'une collectivité un service ou un ensemble de services spécialisés qui seront assumés par un établissement public.

y' La décentralisation territoriale qui « consiste, dans son essence, à individualiser une collectivité humaine circonscrite sur une partie du territoire et à la charge de gérer l'ensemble de ses propres affaires ; elle donne naissance à des collectivités territoriales, ayant compétence pour mener une action administrative »9. C'est ce cas précis qui nous intéressera dans la présente étude à travers son caractère «territorial».

- Développement local (DL)

Le Développement local est défini par les experts comme « une volonté politique des acteurs de promouvoir le développement du territoire sur lequel ils vivent en vue d'améliorer la situation socio-économique des populations ». Il tient d'une nouvelle conception du

9 A. BOCKEL, Droit administratif, Néa, Dakar 1978, P.247.

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développement « territorialisé » et endogène dont la ressource humaine est la force motrice, le développement étant avant tout un phénomène humain, c'est-à-dire que l'être humain (à travers ses valeurs et ses comportements) occupe une place fondamentale dans le processus de développement. Ce concept est apparu dès les années 6010 et repose sur le postulat simple d'une activation des dynamiques de développement socio-économique via les potentialités locales au profit des communautés à cette échelle ; il se veut une réponse alternative à une politique d'aménagement du terroir un peu trop centralisée et dont on sentait poindre les limites face aux nouveaux défis quotidiens.

Le DL inclut la participation active de tous les acteurs d'un territoire pour identifier et réaliser les programmes qui correspondent à la mise en valeur des atouts de ce dernier. Dans ce sens, on peut dire que le territoire est le point de départ et de rencontre des acteurs du développement. Il est le lieu où s'organisent, volontairement ou de manière spontanée, les formes de coopération entre les entreprises, les individus et les activités.

En résumé, le Développement Local se traduit par une communauté d'intérêts des acteurs ; ce qui lui confère son identité pluridimensionnelle liée aux domaines économique, social, historique et culturel. Trois (03) critères définissent et permettent de circonscrire le DL dans son champ d'action:

y' Il est territorial : l'espace du Développement Local est généralement situé entre le village et la région. Le projet des acteurs locaux est le projet du territoire qui détermine les limites de la zone de développement ; cette dimension spatiale des sociétés telle que présentée par certains auteurs à travers un triptyque territoire/acteur/développement met au coeur du dudit concept l'idée du « vivre ensemble » et de l'« agir ensemble » qui laissent transparaître à leur tour la notion de participation dans l'élaboration de la vision d'une part, des outils et des stratégies à mettre en oeuvre d'autre part.

y' Il est multisectoriel : la créativité doit être maîtrisée par les acteurs locaux. Il n'est donc pas un cadre d'une spécialisation et d'une démarcation aiguës entre les activités socio-économiques. En cela, il est bien difficile d'isoler les

10 F. TESSON in Introduction au cours de Développement local, 2008.

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activités les unes des autres de façon étanche à cause de leur vocation complémentaire et parfois même des initiatives qui les portent.

y' Jl est géré par les acteurs locaux : trois types d'acteurs majeurs complémentaires coexistent dans le processus de Développement Local : les acteurs publics (élus locaux et structures déconcentrées de l'Etat), les acteurs privés (secteur privé et patronat) et les acteurs associatifs (organisations de la société civile) ; Les négociations constituent le moyen de coopération entre les différentes parties.

Somme toute, le Développement Local apparaît comme un processus ou un phénomène dynamique multidimensionnel ayant une diversité de trajectoires qui peuvent conduire une communauté locale, une économie locale, ou un territoire donné à acquérir la flexibilité et le potentiel d'innovations nécessaires pour faire face aux défis posés par un environnement (interne et/ou externe) local en constante mutation.

- Développement économique local (DEL)

Le Développement Economique Local est inclut dans le Développement Local (c'est-à-dire que DL=?DEL)11. S'inscrivant dans une logique de construction de territoire, il est un processus qui pour sa part, insiste sur la dimension création de la richesse (et par là des chaînes de valeur) par les acteurs locaux et une stratégie de promotion de l'emploi à travers le développement de micro entreprises, le renforcement du dialogue territorial et la planification du développement. Au centre du prisme, figure la création de partenariats entre privé et public afin de regrouper les acteurs de l'économie locale y compris les représentants gouvernementaux et locaux. Pour qu'il soit efficace et profitable, le processus de développement économique au niveau local doit s'inspirer:

y' De l'orientation vers les productions qui valorisent les potentialités locales; y' De la création des conditions d'accès au financement des projets;

11En effet, le DL étant une conception « territorialisée » du développement, devient de ce fait cette « maison» dans laquelle s'organise tout le processus conduisant au bien-être socio-économique du territoire donné. Puisque le DEL insiste sur la stratégie à appliquer pour la création des richesses et l'élargissement de l'espace d'échanges dans un secteur bien précis du développement, il ressort donc clairement qu'en faisant la somme des développements des différents secteurs d'activités dans un territoire, on obtient le développement agrégé dudit territoire : DL=?DEL.

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y' De l'amélioration des qualifications du marché du travail; y' De la génération d'un système d'infrastructures de soutien;

Ceci requiert donc un effort concerté et coordonné pour que la connaissance de la réalité et des besoins locaux se transforme en valorisation économique, en capacité technique pour promouvoir les entreprises et les possibilités de revenus et d'emplois dans la constitution de mécanismes de développement fondés sur le « consensus démocratique »12. En constituant la réponse sans exclusion aux besoins de la population, le Développement Economique Local est tout à la fois, une dynamique territoriale et un processus permettant de créer et de promouvoir les richesses soutenant l'emploi à l'échelle locale à travers la mise en valeur les diverses ressources endogènes.

- Evolution du DEL

A l'origine, le Développement Economique Local était presque exclusivement une affaire de politique gouvernementale nationale, qui préconisait l'intervention directe dans l'économie. Dans beaucoup de régions du monde, cette intervention a été réalisée par le biais d'entreprises d'Etat. Dans des contextes plus démocratiques, les gouvernements ont fait recours à des mesures incitatives dans leurs politiques de développement économique, afin d'attirer des investissements dans des domaines tels que les infrastructures «hard»(routes, télécommunications...) ; ces mesures incitatives ont souvent été combinées avec des concessions comme les allègements fiscaux, l'acquisition de terre à bon marché, des taux de services réduits et même des compensations financières directes pour les entreprises et les industries installées dans la localité. L'idée à la base de ces premières stratégies de développement local était que l'investissement public crée de l'emploi et en même temps procure des impôts. L'évolution du concept de DEL peut se résumer ainsi qu'il suit:

? Avant 1960 : On avait l'accentuation des politiques nationales globalisantes, l'existence d'interventions directes de l'Etat et la présence d'entreprises parapubliques et publiques : l'Etat-providence régnait;

12L'expression «consensus démocratique» renvoie ici à une chaîne d'actions sous-tendues par les éléments tels que l'information, la consultation, la concertation, la négociation et la médiation de tous les acteurs ; il y a imbrication entre démocratie représentative et démocratie participative au sein du terroir.

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? De 1960 à 1990 : Il y a eu l'implication limitée des acteurs, des mesures incitatives de promotion et des infrastructures «hard»: c'était la consolidation des acquis de l'Etat-providence ;

? De 1990 à nos jours : On retrouve la présence de nouveaux acteurs influençant l'orientation des projets locaux pour des solutions locales d'un côté, des infrastructures «soft»et l'existence de partenariats diversifiés de l'autre.

4 - Objectifs de l'étude

La présente étude vise globalement à appréhender le circuit de fonctionnement des exploitations familiales agricoles du milieu rural (de la production à la commercialisation des différents produits). Elle oriente son analyse dans l'appréciation des forces et faiblesses des différents acteurs engagés afin de comprendre et de mesurer les résultats de leurs actions dans la promotion de ces différentes activités en termes de Développement Economique Local (DEL) dans le but d'initier des démarches et actions concrètes de relance des activités de production, de distribution et de consommation dans ledit secteur.

De manière spécifique, l'étude cherche à accroître la rentabilité des activités agropastorales locales dans une approche participative (grâce à la décentralisation) d'une part et à déclencher une croissance progressive de l'économie à l'échelle locale (grâce à la planification stratégique) nécessaire à l'amélioration du niveau de vie des acteurs locaux d'autre part.

5 - Intérêt de l'étude

Il est important de souligner que plus de 55% des pauvres au Cameroun sont agriculteurs, que 97% de ces producteurs sont des exploitations agricoles familiales13 et que la population camerounaise croît à un taux moyen annuel de 2,8%14. Si l'on ajoute à cet argument les mutations structurelles auxquelles font face les économies du monde telles que la destruction des terres arables suite à la croissance des centres urbains, la forte demande en biens alimentaires à cause de l'explosion démographique, la baisse des prix agricoles, la

13Rapport sur la pauvreté rurale au Cameroun, Mai 2006. 14 Rapport ECAM 3, 2009.

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hausse de la demande en agrocarburants, la pertinence de l'analyse de cette problématique semble ainsi prendre tout son sens.

Cette recherche veut ainsi poser des balises de l'expérimentation managériale d'un système de planification stratégique capable d'enrichir le fonctionnement actuel des activités des exploitations familiales agricoles (en créant une dynamique de développement socio-économique) et qui par la suite, pourra être amélioré par la communauté scientifique et dont les résultats pourront être généralisés.

6 - Revue de la littérature

Des physiocrates aux économistes modernes, le rôle de l'agriculture dans le développement a fait l'objet de multiples travaux : soit que l'on veuille montrer que l'agriculture doit être «prioritaire»dans la chaîne de planification d'une économie, soit que l'on veuille démontrer que toute croissance agricole passe d'abord par la constitution d'un secteur industriel intégré. Selon donc les différents courants de pensée politiques et le degré d'intervention publique, diverses stratégies ont été mises en oeuvre : les stratégies volontaristes (économie planifiée capitaliste), les stratégies interventionnistes (économie planifiée socialiste) et les stratégies libérales (économie de marché capitaliste). Depuis le début de transformation des territoires avec le processus de décentralisation et le nouveau paradigme du développement local, plusieurs études ont été faites en termes d'incidence des activités agropastorales dans les économies en développement dans une approche de gouvernance locale.

Ainsi, dans Preliminary analysis of a questionnaire on decentralization: outline of a typology, paru en 1997, BONNAL J. et P. MUHEIM15cherchent à élaborer une typologie de la décentralisation, sur la base d'un échantillon de 20 pays (ayant entrepris un processus de décentralisation, récemment ou dans un passé pas trop lointain) et de sept (7) variables jugées les plus pertinentes, afin de mieux comprendre les caractéristiques et les modalités de la décentralisation dans le secteur agricole et le développement rural. Pour les deux auteurs, le contenu du processus de décentralisation est fondamental à l'essor du secteur agricole en particulier et du développement rural en général pour constituer une classe sociale « moyenne » majoritaire et porteuse de croissance.

15BONNAL J. et P. MUHEIM, Preliminary analysis of a questionnaire on decentralization: outline of a typology, 1997.

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Le travail de G. GORDILLO dans son ouvrage intitulé The reconstruction of rural institutions présente les concepts de base pour comprendre les processus de reconstruction des institutions rurales, aussi bien du point de vue de la réforme de l'Etat que de la dynamique des collectivités rurales et des organisations paysannes. Le contexte général est celui de la construction d'un nouveau modèle de développement plus productif, équitable et durable, et dont l'objectif central consiste en l'établissement d'un sentier de croissance qui résulte de la construction de consensus et qui donne stabilité, certitude et orientation aux politiques agricoles.

De manière plus pratique, NADIR M. T., dans Les chambres d'agricultures : modèles de représentation et outils de participation des agriculteurs (1997), synthétise différentes expériences de la FAO en matière de création et renforcement des organismes de représentation des agriculteurs. L'objectif de ces expériences a été de donner aux agriculteurs la place qui leur revient dans la société civile, en facilitant leur accès aux circuits économiques et l'intégration de leurs activités à l'ensemble de l'économie. Les axes de cette expérience sont:

a) la reconversion des organisations agricoles à caractère économique pour en faire des unités professionnelles, gérées par les agriculteurs et répondant aux critères d'efficacité et de rentabilité;

b) la mise en place d'organisations professionnelles dont la mission est de représenter les agriculteurs et de participer en leur nom à l'élaboration et à la mise en oeuvre des politiques et des programmes de développement rural.

Après avoir présenté les problèmes créés par l'absence de représentation des agriculteurs, l'auteur propose un modèle institutionnel pour assurer leur représentation à savoir les Chambres d'agriculture. Il expose donc en détail dans une partie de son ouvrage les différents principes, les fonctions et l'organisation locale, régionale et nationale de ces Chambres. Dans la dernière partie du texte, l'auteur présente quelques exemples de restructuration ou de création des Chambres d'agriculture au Mali, Togo et dans les pays du Maghreb.

Enfin, J. P.TONNEAU et E. SABOURIN démontrent l'existence d'une corrélation positive entre l'agriculture des exploitations familiales et le développement local dans le livre Agriculture familiale et politiques publiques de développement territorial : le cas du

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Brésil de LULA (1997). Les deux auteurs analysent le degré de corrélation entre les activités agricoles des petites unités de production et le développement local en s'appuyant sur la croissance fulgurante du Brésil dans ce domaine sous l'ère du président LULA DA SILVA.

Tous ces ouvrages ont contribué à poser des jalons théoriques et pratiques quant à l'amélioration du fonctionnement du secteur agricole dans différents pays. La présente étude s'attèle à enrichir à sa manière l'analyse des trajectoires fonctionnelles des exploitations familiales agricoles (EFA) dans le contexte camerounais actuel.

7 - Problématique

Au vu de tout ce qui précède, la question centrale qui ressort ici est que l'on se demande quelle est dans un contexte de décentralisation (c'est-à-dire de gouvernance locale), la stratégie fonctionnelle optimale applicable aux exploitations familiales agricoles (EFA) pouvant être économiquement rentable et socialement soutenable ? Autrement dit, quelle démarche adopter pour que la pratique des activités agropastorales déclenche le développement économique local dans le cadre d'une gouvernance à cette échelle et ce, de manière durable?

8 - Hypothèses de départ

Pour avoir une réponse à notre interrogation, nous vérifierons durant toute notre analyse les hypothèses suivantes :

y' H1 : La manière dont les activités sont mises en oeuvre ne garantit pas des résultats probants:

- H1.1 : le territoire n'est pas scientifiquement aménagé pour faire asseoir une vision globale de manière stratégique;

- H1.2 : l'organisation et l'exécution des activités ne sont pas concertées;

- H1.3 : les chaînes de production, de distribution et de consommation des biens sont discontinues ;

y' H2 : Les acteurs varient autant que leurs interventions et les fortunes sont diverses et non pertinentes pour aboutir au développement économique local:

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- 112.1 : les acteurs concernés ont une faible maîtrise du rôle à jouer par chacun d'entre-eux;

- 112.2 : les interventions des différents acteurs s'enchevêtrent et demeurent improductives;

- 112.3 : les pertes inestimables sont réalisées dans un pareil contexte et ralentissent le déclenchement du DEL;

? 113 : Des améliorations considérables peuvent être faites à travers la co-construction des innovations:

- 113.1 : le modèle de co-construction des innovations planifie de façon spatio-temporelle les activités du territoire;

- 113.2 : le modèle de co-construction des innovations valorise le potentiel local en toute autonomie;

- 113.3 : le modèle de co-construction des innovations garantit l'avantage comparatif des terroirs et le développement durable de ceux-ci.

9 - Démarche méthodologique

Elle se veut systémique du point de vue théorique et pratique partant du bilan de la commune à travers son inventaire, c'est-à-dire regarder de près les pratiques quotidiennes des EFA, les intervenants, les stratégies, les atouts et faiblesses dans la mise en oeuvre des activités agropastorales d'une part; mesurer les retombées des actions sur les principales cibles, relever et analyser les écarts qui existent afin de proposer des améliorations à leur fonctionnement d'autre part. L'étude s'est basée sur la méthode qualitative avec une démarche d'échantillonnage non probabiliste par choix raisonnés, ceci est dû au caractère typique de la variable catégorielle à analyser (ici les EFA). De manière pratique, elle s'est fondée d'abord sur la collecte des données à la fois primaire à travers les enquêtes auprès des bénéficiaires concernés (guides d'entretiens semi-structurés, questionnaires, observations sur le terrain) et secondaire (étude documentaire approfondie); puis une analyse des différentes données par un logiciel statistique approprié pour ressortir les potentiels écarts d'avec les hypothèses de départ, ensuite l'explication des résultats obtenus avant de tirer enfin les éventuelles conclusions et de faire des recommandations pratiques.

La démarche met donc la commune composée essentiellement des élus locaux et de la population des EFA - c'est-à-dire de tous les acteurs du secteur agricole de la collectivité

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territoriale décentralisée - au centre de la réalisation des différentes activités. Ces derniers (élus locaux et population locale) sont impliqués à toutes les étapes de mise en oeuvre de la stratégie, en tant que principaux bénéficiaires et acteurs actifs à la réalisation des projets concernant la promotion des différentes activités agropastorales.

10 - Limites de l'étude

Les résultats obtenus au cours de cette étude ne peuvent pas être extrapolées de manière systématique à l'ensemble des exploitations familiales agricoles camerounaises vu le type d'échantillonnage (par quotas). En effet, l'étude a porté sur une seule commune dans la région du Centre au sein de laquelle deux groupements de villages sur quatre ont effectivement participé aux travaux ainsi qu'une trentaine de villages pris au hasard sur la cinquantaine qu'on y trouve. Il pourrait donc se poser un problème de représentativité.

Par ailleurs, l'étude s'est heurtée à la rareté des documents ayant traité spécifiquement de promotion agropastorale et d'activation économique locale dans un contexte de décentralisation en Afrique sub-saharienne en général et au Cameroun en particulier, d'où une revue documentaire limitée et donc un faible croisement d'opinions sur ladite question.

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Figure 1 16: Schéma simplifié de la démarche méthodologique de l'étude.

16Construction de l'auteur.

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Plan synoptique de l'exposé

Cette étude se subdivise en deux grandes parties, chacune composée de deux principaux chapitres comme suit:

Première partie : Etat des lieux

Chapitre Premier : Disponibilités en facteurs agricoles

Chapitre Deux : Fonctionnement et évolution de l'espace de production agricole Deuxième partie : Analyse des écarts et proposition d'un modèle explicatif

Chapitre Trois : Ecarts observés, conséquences et tentatives d'explication

Chapitre Quatre : La dynamique endogène par la co-construction des innovations.

ARTICULATION LOGIQUE DES CHAPITRES

Les facteurs agricoles existent... Chapitre Premier ...et entretiennent les activités agropastorales...

Chapitre Deux

...mais ces facteurs sont combinés...

Chapitre Trois

...de façon sous-optimale, générant de mauvais résultats qui maintiennent au fil des années les bénéficiaires dans une précarité accentuée, un cercle vicieux...

Chapitre Quatre

... situation pouvant néanmoins être corrigée par la dynamique de co-construction des innovations.

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PREMIERE PARTIE : ETAT DES LIEUX

Cette partie de l'étude dresse le bilan de la promotion des activités agricoles pratiquées, ainsi que leurs résultats en termes de Développement Economique Local. Elle analyse tour à tour les différentes disponibilités en facteurs agricoles (Chapitre Premier) ainsi que le mode de fonctionnement actuel des exploitations familiales agricoles (Chapitre Deux). Le travail s'appuie ici sur tous les acteurs engagés, les secteurs d'agriculture concernés, les moyens mis en oeuvre, la stratégie adoptée c'est-à-dire la démarche utilisée, les forces et faiblesses des divers acteurs et l'impact sur les bénéficiaires afin de mieux appréhender le système d'exploitation actuel de nos ménages agricoles. Les données statistiques apparaissant ici sont exclusivement celles de la commune d'AYOS au sein de laquelle l'étude a été réalisée.

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DISPONIBILITES EN FACTEURS AGRICOLES

CHAPITRE PREMIER

Créée en 1963 et située au Sud-est de la région du centre dans le département du Nyong-et-Mfoumou, en pleine zone forestière, la commune d'AYOS, avec un conseil municipal de 25 membres de configuration politique du Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC), a été le principal site des enquêtes menées dans la réalisation de cette étude pour ses riches potentialités agricoles et sa diversité socio-économique. Ce chapitre présente la situation des différents facteurs agricoles dans cette collectivité territoriale décentralisée.

I. SITUATION GEOGRAPHIQUE GENERALE

Située entre le 2° et le 4° de latitude nord, la commune s'étend sur une superficie de 1250 km2 pour environ 30.000 âmes, soit une densité moyenne de 24 hts/km2. Elle est située au Sud-est de la région du centre et est limitrophe de la région de l'Est, des communes d'ATOK, KOBDOMBO, AKONOLINGA et MENGANG. Comme toutes les autres localités environnantes, elle se compose de forêt dense humide et est traversée par le fleuve Nyong, la couverture géologique montre une prédominance des formations du complexe de base du précambrien. Dans la zone étudiée, le complexe de base comporte deux variantes : la série d'AYOS à faible métamorphisme et la série grenatifère ayant subi localement une migmatisation. Sur ce complexe de base reposent des formations superficielles (éluvions, terrasses et alluvions, latérites abondantes). Les sols hydromorphes argilo-organiques de cette forêt sont gorgés d'eau. Ils sont constitués d'une épaisse litière de débris végétaux en décomposition et sont exceptionnellement riches en carbone.

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Son climat est de type équatorial comportant 4 saisons, 2 saisons de pluies et 2 saisons sèches. La grande saison des pluies culmine de septembre à octobre la petite de mars à juin. La grande saison sèche va de décembre à février, la petite de juillet à août avec des précipitations de l'ordre de 1500 à 2000 mm/an. La température moyenne annuelle est de 25°C avec une amplitude moyenne de 2,5°C. Ce climat permet le développement d'une gamme variée de cultures en deux campagnes en raison de l'humidité qui prévaut durant toute l'année.

La forêt comporte une strate arborescente supérieure, que l'on peut considérer comme exclusivement constituée des cimes de Sterculia subviolacea17, le recouvrement des cimes pouvant être évalué à 50 %. Au maximum, la hauteur des arbres atteint 25 à 30 m et certains fûts près de 80 cm de diamètre. L'arbre est caractérisé par sa base conique inclinée à 45°, formée de nombreux contreforts aliformes, sinueux, ramifiés et enchevêtrés, atteignant parfois 5 à 6 m de hauteur; le rhytidome est de teinte grise et crevassée, la cime assez fournie et le feuillage vert argenté. Entre les fûts de Sterculia subviolacea s'élève une s'élève une strate arborescente inférieure et formée pour majeure partie de petits arbres élancés, atteignant 20 à 25 m de hauteur, à cime légère aux reflets argentés ou dorés ; il s'agit là d'une espèce de Macaranga à feuille peltée non encore déterminée et sans doute nouvelle. Les eaux du Nyong renferment l'Heterotis niloticus (Kanga d'appellation locale) au voisinage d'AYOS ; les silures sont présents à ATOK. Le Clarias, et Hepsetus adoe sont les seuls poissons du Nyong capables d'atteindre ou de dépasser le kilogramme.

Concernant la culture des produits de rente, les populations de la commune d'AYOS produisent du Cacao et du Café. Mais elles pratiquent en général une agriculture vivrière faite principalement de manioc, plantain, concombre. Pour le moment les habitants ne s'intéressent pas à la vallée inondable, malgré le fait que cette zone serait propice aux légumes de contre saison et à la riziculture inondée. La forêt inondable ainsi que la prairie ne sont pas sollicitées par l'agriculture ; cette inoccupation serait due à trois raisons : l'absence de pression démographique, la fertilité des terres fermes de la région, du fait que les produits pouvant y êtres cultivés (céréales et produits maraîchers) ne rentrent pas dans les habitudes alimentaires des autochtones. Seuls les feux annuels grignotent sur les bords, la forêt. La zone est bien conservée. L'élevage traditionnel du petit bétail est généralisé autour du site.

17Espèce d'arbre géant qu'on retrouve dans le grand massif forestier des régions du Centre, du Sud et de l'Est du Cameroun.

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La commune d'AYOS a plusieurs composantes sociologiques à savoir les Yebekolo, les Omvang et les Sso pour ce qui est des autochtones ; en ce qui concerne les populations allogènes figurent en bonne place les Bamilékés, les Haoussa, les Bamoun et les Bamenda.

II. INFRASTRUCTURES DE BASE ET POTENTIEL HUMAIN

La commune d'AYOS est située sur la route nationale n° 10 reliant Yaoundé à Bertoua, ce qui lui offre 20 km de route bitumée. Le reste du réseau routier est constitué de 215 km de route en terre dont 25 km sur le réseau prioritaire dans le tronçon AYOS-NGUELEMENDOUGA et le reste devenant impraticable en saison de pluie. Certaines zones de la localité sont couvertes par deux réseaux de téléphonie mobile, quelques stations émettant en modulation de fréquence selon la puissance des émetteurs sont captées et un télécentre communautaire polyvalent existe pour pouvoir fournir l'accès à l'internet dans toute la collectivité territoriale ; pour ce qui est de la télévision, les ondes satellitaires et hertziennes y sont aussi captées.

La commune dispose d'un réseau d'adduction d'eau de 10.100 m3 ; les villages sont en majorité dotés de puits (16) et forages (05), hors service pour des pannes diverses. Il n'existe pas d'équipements sportifs communaux ; les équipements des établissements scolaires et professionnels contribuent à combler autant que faire se peut cette lacune. La commune a entrepris depuis 2007 des négociations pour l'obtention des parcelles à dédier à la construction de stades. En ce qui concerne les jalons pratiques de la formation humaine dans la collectivité, des cartes scolaire et sanitaire ont été réalisées comme suit:

Carte scolaire (tableau n° 1)

Elle ressort un bref résumé de l'état du «format éducation»dans l'étendue du territoire communal local.

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TYPE ENSEIGNEMENT

NOMBRE D'ECOLES

EFFECTIFS ELEVES

EFFECTIFS ENSEIGNANTS

ENSEIGNEMENT MATERNEL PUBLIC

02

153

08

ENSEIGNEMENT MATERNEL CONFESSIONNEL

01

174

03

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE PUBLIC

35

4 873

127

ENSEIGNEMENT PRIMAIRE CONFESSIONNEL

04

681

17

ENSEIGNEMENT

SECONDAIRE GENERAL PUBLIC

03

1 068

24

ENSEIGNEMENT

SECONDAIRE GENERAL CONFESSIONNEL

01

94

15

ENSEIGNEMENT

SECONDAIRE TECHNIQUE ET PROFESSIONNEL PUBLIC

03

681

37

TOTAL

48

7 724

231

Tableau 118 : Effectifs des écoles, des élèves et enseignants dans les différentes écoles primaires et secondaires de la commune d'AYOS.

Sur environ 20.000 jeunes que compte la commune, seuls 7.724 sont scolarisés ; soit un taux de scolarisation de 38,6% avec plus des 2/3 des effectifs dans le primaire, puis suit le secondaire général public comptant à peu près le septième de l'effectif total.

18Monographie 2007 de la commune d'AYOS.

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Carte sanitaire (tableau n°2)

Cette carte révèle de manière globale le niveau infrastructurel sanitaire de la commune. Tableau 219 : Effectifs des formations sanitaires fonctionnelles dans la commune d'AYOS.

STATUT DES FORMATIONS SANITAIRES

AIRES DE SANTE

FORMATIONS SANITAIRES

TOTAL

FORMATIONS FONCTIONNELLES

PUBLIC

AYOS URBAIN

HD

01

CSI AYOS URBAIN

01

MBAKA

CSI MBAKA

01

COMMUNAL

NYAMVOUDOU

CSI

NYAMVOUDOU

01

CSI NKOABANG

01

CS MELAN

01

PRIVE

AYOS URBAIN

CABINET

MEDICAL APEZE

01

TOTAL

 
 

07

HD : Hôpital de district;

CSI : Centre de santé intégré;

Il ressort clairement qu'on a environ 4.286 potentiels malades pour une seule formation sanitaire, et que presque 43% de ces structures se retrouvent dans le centre urbain d'AYOS alors que plus des 4/5 de la population communale vit hors de ce centre urbain.

III. POTENTIEL ECONOMIQUE DE LA COMMUNE D'AYOS

Les principales activités économiques de la localité sont l'agriculture vivrière et pérenne, la pêche artisanale et l'élevage. Le tissu industriel est présent à travers une petite unité de menuiserie qui transforme des bois d'exploitation traditionnelle aux dimensions du marché international et deux autres qui font dans l'ébénisterie ; L'artisanat s'illustre par la

19 Ibid.

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vannerie et la sculpture. Un seul marché existe et fonctionne au centre-ville d'AYOS, mais des créations de marchés périodiques sont déjà effectuées dans les centres de convergence (Wong, Nyamvoudou, Yebe, Mbaka).

Les dépenses de fonctionnement sont les charges salariales, le fonctionnement courant de la commune, les secours et appuis divers de plus en plus nombreux, le paiement des droits et taxes, etc. Les dépenses d'investissement se résument aux constructions et équipements divers (moules, presses, tronçonneuses, bétonnières, matériels de ramassage des ordures), la sécurisation du patrimoine immobilier et de l'immeuble abritant l'Hôtel de ville, l'aménagement des espaces verts, la construction de l'auberge municipale sur la berge du Nyong, les débats et enquêtes préliminaires en vue de la confection du plan de développement local (PDL), la réfection des hangars et stands du marché. Pour ce qui est des recettes communales, elles ont deux principales sources à savoir:

- les recettes fiscales qui représentent plus de 75% des recettes totales, provenant des centimes additionnels communaux distribués par le FEICOM (Fonds d'Equipement Intercommunal), des taxes indirectes, de l'impôt libératoire;

-les produits de l'exploitation du domaine communal : ils proviennent des loyers des immeubles communaux (marché, garage municipal, parcelle hébergeant des antennes, recettes publicitaires).

-les autres ressources restent potentielles, c'est le cas de la redevance forestière qui proviendrait du classement en forêt communal des massifs forestiers présents dans le ressort de la commune et dont la procédure est engagée.

L'arrondissement se transforme de décembre à juin en une place de négoce de cacao dont la culture a repris de plus belle avec l'implantation d'un site de jeunes agriculteurs à OBIS. L'extraction minière de rutile (prospection), l'exploitation forestière, la production de matériaux de construction en matériaux locaux et le cabotage le long du Nyong sont là quelques activités économiques potentielles. Quelques attractions touristiques sont à mentionner : les plages du Nyong en saison sèche, la forêt et les grottes mystérieuses du groupement Omvang et le rocher «AKOK NYANGUEBE».

Concernant la coopération décentralisée, il n'existe pas encore de jumelage ; mais des débats introductifs ont été entrepris avec la commune de LAFAT, dans la CREUSE en France

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qui est la ville d'origine du Dr Eugène JAMOT qui aura contribué à la création et à la renommée d'AYOS.

On peut donc constater qu'il existe un éventail de facteurs agricoles qui restent à être exploités de manière optimale afin d'améliorer les conditions de vie des populations locales.

? Carte administrative de la commune (Par groupement de villages ayant contribué à la réalisation de la présente étude)

Groupements : Omvang et Yebekolo-Est (Page suivante)

NB : Pour l'orientation géographique, lire «Nord»comme suit:

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Carte 1: Carte administrative de la commune d'AYOS.

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FONCTIONNEMENT ET EVOLUTION DE L'ESPACE DE
PRODUCTION ET D'ECHANGES DES PRODUITS
AGRICOLES

CHAPITRE DEUX

Comprendre le niveau de production actuel de l'appareil agricole familial camerounais revient sans doute à se questionner sur les raisons de tant d'échecs dans ce secteur. Autrement dit, il convient tout d'abord d'interroger la base à travers les principales techniques et démarches utilisées jusqu'ici dans la réalisation des différentes activités en mettant sur la sellette les secteurs concernés (Qu'est-ce qu'on produit ? Comment le produit-on ?), les différents acteurs engagés (Qui fait quoi ?), les bénéficiaires ou principales cibles (Pour qui le fait-on ?), ainsi que leurs interactions (Comment agit-on ensemble ?) afin de mieux apprécier le fonctionnement présent du système.

Ce chapitre s'attèle donc à examiner le rapport de force des principaux intervenants et l'ampleur des actions entreprises en termes de promotion des activités agropastorales. Les résultats obtenus ici ont été collectés dans deux principaux groupements de la commune d'AYOS (Omvang et Yebekolo-Est), dans le département du Nyong-et-Mfoumou, région du Centre, au sein de laquelle nos travaux de recherche ont été menés.

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I. TYPOLOGIE DES AGRICULTURES CONCERNEES

Au Cameroun comme dans la plupart des pays agricoles subtropicaux, on retrouve essentiellement quelques quatre (04) types d'agriculture qui ne sont cependant pas pratiqués dans des proportions prédéfinis, le tissu économique de base étant déterminant dans la répartition des activités et de la main-d'oeuvre ; néanmoins toutes ces économies connaissent à un moment donné de leur histoire la prédominance du type d'agriculture dit «de transition».

Ainsi, selon le degré croissant d'utilisation des facteurs de production et du niveau de la plus-value, on a :

? L'agriculture de subsistance caractérisée par le repli des communautés sur elles-mêmes, et qui ne désirent généralement pas vendre leur production car elles n'ont pas de surplus susceptible d'être commercialisé. C'est une agriculture peu productible car elle n'est pas mécanisée et utilise des techniques rudimentaires;

? L'agriculture de transition : ici, une partie de la plantation est commercialisée et une autre est destinée à l'autoconsommation. Mais on relève encore le caractère familiale des exploitations qui sont caractérisées par une faible productivité et un faible revenu qui est perçu par l'exploitant;

? L'agriculture des grandes propriétés : on met en jeu des grandes exploitations et on emploie même des salariés agricoles. Il y a obtention d'un surplus, mais celui-ci est versé en partie ou en totalité aux propriétaires;

? L'agriculture de plantations modernes : la taille de l'exploitation est très grande, la technologie utilisée est moderne et l'exploitation a un caractère extraverti car la plus grande partie de la production issue ici est exportée.

Dans la commune d'AYOS, on retrouve essentiellement deux grands types d'agriculture selon que les acteurs se retrouvent groupés ou isolés dans la réalisation des plantations et des champs et ce, quelle que soit la culture ou la saison : l'agriculture fondée sur la polyculture à laquelle ils associent le petit élevage et l'agriculture de plantations modernes qui est en train de s'implanter dans la zone avec la montée de la cacaoculture.

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A. L'agriculture à surplus vivrier

C'est en fait une combinaison d'agriculture de « subsistance » et de « transition » puisque les produits issus de ce type d'exploitation sont d'un côté destinés à l'autoconsommation et de l'autre à la commercialisation. Ce sont des plantations familiales de taille moyenne (environ 400 m2 de superficie) pour sept personnes (le chef de famille, son conjoint et leur progéniture) avec une forte propension de culture des produits vivriers destinés à l'alimentation de base (manioc, macabo, plantain, banane, igname, arachide...). La main-d'oeuvre est strictement familiale et donc non salariale avec des outils rudimentaires pour l'ère moderne qu'est la nôtre (machette, houe, daba...). Cette pratique est la conséquence d'une transmission socio-culturelle des peuples de la forêt.

Il est à noter que l'usage de la forêt consiste en la pratique des cultures sur brûlis connues sous le nom de «cultures sur terres noires»à cause de la noirceur provoquée par la carbonisation du bois sous l'effet du feu. Le paysan procède tout d'abord à la coupe de la forêt en vert qu'il laissera sécher ; les arbres et la végétation séchée seront ensuite brûlés. L'agriculture est « itinérante » car les parcelles ainsi nettoyées sont cultivées une ou deux années avant d'être abandonnées, le temps de se régénérer. Cette agriculture s'accompagne par le petit élevage domestique de la volaille et du bétail dans les villages, beaucoup plus sous forme de soutien alimentaire. Elle est pratiquée dans toute l'étendue de la collectivité ; ainsi plus de 90% des ménages dans la contrée pratiquent ce mode de culture de manière courante et continue.

Avec les mutations actuelles, on observe l'initiation d'un type d'agriculture nouveau dans la collectivité d'AYOS : c'est celle des grands champs de produits dits «structurants»combinant en leurs seins les produits de rente et les cultures vivrières.

B. L'agriculture des plantations moderne (Agriculture de rente)

Elle concerne la culture des produits dits «structurants»destinés en majeure partie à l'exportation et dont la production nécessite de vastes aires et une main-d'oeuvre raisonnable, c'est-à-dire suffisante et permanente au moins à moyen terme, sans compter la nécessité d'une logistique technique et technologique d'appoint. Les plantations peuvent intégrer en leur sein certaines cultures vivrières d'où l'appellation commune de «champs structurants». Ce secteur

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de l'agriculture nécessite une expertise pointue et de grands investissements du moins pendant la période de lancement de ces grandes plantations.

La commune d'AYOS s'est lancée dans une vaste campagne de relance de la cacaoculture avec pas moins de 100 ha de plantations déjà entrepris au sein de la collectivité. La main-d'oeuvre ici est mixte puisqu'elle est salariée. Ce type de culture vise à moyen terme la transformation locale de l'output recueilli dans le but de créer de la valeur ajoutée en intégrant sur le marché local de nouveaux produits pour la plupart connus de fabrication étrangère, mais pas encore confectionnés localement. Les plantations se trouvent en majeure partie dans des espaces individuels, puisque pour l'instant dans la localité d'AYOS il n'existe pas de problèmes de terres cultivables car d'après les populations locales, des aires vierges existeraient encore au sein de la collectivité. Il est à noter que ces plantations de rente sont aussi expérimentées avec une main-d'oeuvre à la taille d'un foyer moyen (six personnes en moyenne), puisque le gros de la main-d'oeuvre est utilisé en plein temps pendant la phase de lancement des champs.

II. LES DIFFERENTS ACTEURS ENGAGES : PLACES, FORCES ET

FAIBLESSES

La réalisation des activités dans le secteur agricole nécessite plusieurs facteurs parmi lesquels le potentiel humain qui y est associé. Généralement, l'organisation et la mise en oeuvre des projets d'agriculture englobent plusieurs acteurs selon le niveau d'intervention de chacun de la production à la commercialisation des produits.

A. Présentation des acteurs et schéma classique de fonctionnement des EFA vis-à-vis du
milieu et de l'environnement socio-économique

? Les agriculteurs

Ce sont des adultes de plus de 30 ans d'âge, les plus jeunes étant entraînés vers les centres urbains par le vent de l'exode rural pour diverses raisons parmi lesquelles la poursuite des études pour certains (pour la minorité des cas), la recherche d'emplois rémunérés pour

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d'autres et d'un niveau de vie meilleur (pour la plupart). Dans la localité d'AYOS, on trouve 54% de femmes dans le tissu productif agricole contre 46% de leurs homologues hommes20.

Ces acteurs dans la plupart des cas sont propriétaires des différents domaines et des plantations : ce sont des exploitations familiales. On retrouve sensiblement 91% des ménages dans l'agriculture dite de transition21 : les hommes et les femmes y sont les principaux artisans aidés par leurs jeunes enfants pendant les périodes de congés et/ou de vacances scolaires. Le reste des paysans font dans l'agriculture des plantations modernes en intégrant des groupes de coopératives pour pouvoir assurer la survie des différentes plantations.

? Les coopératives agricoles

L'ACI (L'Alliance Coopérative Internationale) définit la coopérative comme: «une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d'une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement»22. Cette définition constitue une formulation minimale qui n'a pas pour but de décrire la coopérative parfaite. Son champ d'application a été intentionnellement élargi étant donné que la participation des membres varie selon le type de coopération concernée, et que les membres doivent avoir une certaine liberté dans l'organisation de leurs activités.

Dans la commune d'AYOS, les coopératives ont du mal à s'affirmer surtout en ce qui concerne les activités d'agriculture de transition ; les seules qui réussissent à grandir sont celles qui s'occupent de l'agriculture des produits d'exportation notamment celle du cacao.

? Les associations

Ce sont des groupements non conventionnels d'exploitations agricoles d'intérêts communs. Elles se composent de paysans animés par des liens familiaux ou d'amitié qui décident de se faire confiance parce que « se connaissant mieux ». Ces associations interviennent de manière planifiée pour aider chaque membre dans sa plantation afin

20 Statistiques communales et enquêtes de l'auteur.

21 Ibid.

22Documents de l'Alliance Coopérative Internationale, 2000.

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d'abréger la durée du travail individuel de chaque ménage agricole. Dans la commune d'AYOS, ces associations sont majoritairement féminines.

? Les partenaires techniques et financiers

Dans cette catégorie d'acteurs, on trouve toutes les structures étatiques ou privées pouvant apporter un soutien d'assistance technique et/ou financier aux agriculteurs individuels ou regroupés en coopératives. Ces différents partenaires interviennent beaucoup plus en amont et en aval de l'activité.

? Les potentiels clients

Ils sont composés de consommateurs traversant la localité, en provenance des grandes métropoles telles que Yaoundé, des fonctionnaires résidents dans la commune, et des grands commerçants du pays ou même étrangers pour ce qui est des produits alimentaires de base. Concernant l'achat du cacao, principale culture d'exportation dans la localité, il est l'oeuvre des principaux partenaires des coopératives existantes. Il faut aussi noter la présence des acheteurs ambulants chez qui les cours des produits ne sont pas fixes, mais fluctuent en fonction des périodes et de la quantité vendue.

? La municipalité

Elle intervient jusqu'à présent au niveau du marché local pour collecter les taxes sur les produits vendus et achetés au sein de la collectivité bien que beaucoup de ces produits qui sont acheminés vers les grandes villes échappent le plus souvent à la taxation locale. Dans la commune d'AYOS, ces collectes se font uniquement dans les principales places de transaction que sont le marché central de la ville d'AYOS et les marchés périodiques des localités de convergence que sont Wong, Nyamvoudou, Yebe et Mbaka.

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? Schéma classique du fonctionnement des EFA vis-à-vis du milieu et de l'environnement socio-économique

Après l'identification de ces différents acteurs, les lignes qui suivent présentent tour à tour le fonctionnement classique des EFA (modèle de CHAYANOV)23 et comment ces dernières s'organisent dans la réalisation de leurs activités. L'auteur démontre en effet comment l'organisation d'une EFA est étroitement liée au foncier et au capital. On observera donc l'influence de la main-d'oeuvre sur le fonctionnement actuel des EFA à travers la taille moyenne du ménage agricole (nombre de têtes et la quantité de travail qu'elles peuvent fournir), ainsi que celle du niveau du capital nécessaire à investir. Ces éléments essentiels laissent déjà transparaître le phénomène de baisse tendancielle des taux de profit des activités au cours du temps liée à la fixité des deux facteurs susmentionnés et à l'accroissement simultané de la taille de l'EFA.

Le schéma de A. CHAYANOV ressort clairement que les besoins des ménages agricoles sont fonction tout d'abord des conditions naturelles c'est-à-dire du milieu qui est les entoure car ces conditions naturelles déterminent fortement l'environnement socio-économique local. La quantité de travail au sein de l'exploitation familiale dépend beaucoup plus de sa taille et de l'arbitrage temporel effectué par ses propriétaires entre activités purement agricoles, celles non agricoles (périphériques et/ou complémentaires à l'activité de base) et moments chômés. Ce travail est conditionné à son tour par deux facteurs fondamentaux à savoir le capital (facteur déterminant de transformation et de mise en valeur du foncier ; il se combine au capital humain de l'EFA c'est-à-dire le niveau de connaissances et de formation technique des exploitants agropastoraux) et le foncier (facteur naturel sur lequel repose la pratique de l'activité agricole). C'est la combinaison de ces deux éléments qui, pour A. CHAYANOV, expliquent clairement le mode d'organisation des EFA, mode d'organisation que nous détaillerons plus loin dans cet exposé. En fin de compte, l'efficacité des EFA résiderait alors selon l'auteur aux externalités positives engendrées par la hausse du niveau du capital humain, la diffusion des connaissances et la stabilité du milieu de vie dans l'espace et le temps. L'amélioration de la productivité des facteurs favorise donc l'innovation, les rendements croissants, la hausse du niveau de revenu et partant, du niveau de vie général des EFA.

23Dans ses travaux, A. CHAYANOV analyse le mode de fonctionnement des exploitations familiales agricoles européennes en confrontant les besoins de ces dernières à leurs différentes ressources pour expliquer le niveau de rendement obtenu. C'est de cette analyse qu'est né le schéma classique des stratégies au sein des unités familiales de production agricoles.

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Famille : nombre de

consommateurs/ quantité de travail

Environnement socio-

économique

Conditions naturelles

Temps chômé

Activités

Revenu annuel du travail non agricole

Revenu annuel du travail familial

Travail au sein de l'exploitation

Revenu annuel du travail agricole

Foncier

Capital

Organisation de l'exploitation agricole

Revenu agricole brut

Besoins familiaux

Figure 2: schéma classique de l'articulation économique des activités des EFA selon A. CHAYANOV.

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B. Organisation des activités

? 1ere étape : La mise en terre des cultures

Les paysans se chargent d'identifier et de préparer les espaces à cultiver en fonction de la disponibilité des terres et de la main-d'oeuvre familiale, c'est ce qui rend variable la taille des exploitations en fonction des saisons. Les champs ainsi défrichés accueillent les semences apprêtées auparavant par les cultivateurs. Le plus souvent pour les cultures maraîchères, les intrants agricoles (pesticides, fongicides, herbicides, engrais...) leur sont fournis à crédit à des taux d'intérêt variables. Ces intrants sont fournis soit par des propriétaires de boutiques agricoles et/ou par les «bayam sellam»(néologisme, cette expression est empruntée de l'anglais "buy and sell" pour qualifier les revendeuses des produits alimentaires dans les marchés des grandes villes du pays) soit par négociation directe des différentes parties dont l'échéance se fixe à partir des premières récoltes, sept (07) personnes sur dix qui cultivent les produits maraîchers affirment avoir recours à cette pratique.

Concernant les grandes exploitations, les paysans bénéficient d'un encadrement de la part des organes coopératives au sein desquelles ils sont affiliés concernant le choix des sites, l'agrandissement des aires, le type de plants et d'intrants à utiliser, sous forme d'écoles paysannes ; ils ont aussi un suivi dans la mise en terre des cultures surtout pour les nouveaux membres ne possédant pas encore d'expertise. C'est le cas de la société coopérative des planteurs et transformateurs de cacao d'AYOS (SOCOPTRACA) avec une centaine de membres à son actif, a mis en terre plus de 100 hectares de cacaoyers ; la coopérative bénéficie du soutien technique et financier de ses principaux partenaires que sont l'IITA (Institut International pour l'Agriculture Tropical) et la SODECAO (Société de Développement du Cacao), elle a reçu ainsi 50.000 jeunes plants sélectionnés. Toujours dans ses activités, cette coopérative a à son actif huit (08) écoles paysannes chargées de former les cultivateurs pour leur donner de l'expertise nécessaire à la culture des champs.

? 2ème étape : La gestion quotidienne des champs

Elle se fait par les cultivateurs de manière individuelle, chacun assurant la gestion journalière de son exploitation agricole en essayant de faire face aux difficultés rencontrées pendant toute la période de croissance des plantes et ce, quel que soit le type d'exploitation. L'expérience accumulée au fil du temps reste la principale arme pour la gestion des complications conjoncturelles auxquelles les paysans font face durant toute cette phase. Pour

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la minorité regroupée dans les associations coopératives, le problème ne se pose quasiment pas puisqu'il y a diffusion des techniques et technologies au sein du groupe, ce qui réduit les risques d'échec. La commune d'AYOS s'est aussi engagée à la relance des activités agricoles avec son programme d'appui et d'insertion des jeunes agriculteurs d'AYOS (PAIJA) en octroyant des terres, des plants de cacaoyers et des intrants aux jeunes volontaires de la localité avec l'accent sur l'insertion de la jeune fille (déjà 30% de jeunes filles dans l'effectif total actuel).

? 3ème étape : La récolte et la vente des produits

La récolte, qui est l'étape la plus lourde en termes de main-d'oeuvre, nécessite toujours une aide importante. Cette aide provient de la mobilisation de la main-d'oeuvre familiale (femme(s), enfants, neveux, nièces) qui participe à la récolte et aux transports vers les lieux de stockage des produits. Mais il est aussi fait appel aux amis qui se retrouvent généralement dans le cadre d'associations rurales de travail. Ces équipes de travail constituées se retrouvent alors de manière rotative dans les champs des membres pour les travaux de cueillette, de ramassage, d'écabossage (pour ce qui est du cacaoyer) et de transport. Celui qui reçoit prépare nourriture, vin et bière pour les repas sur le lieu de travail, une sorte de crémaillère amicale en quelque sorte.

Ces groupes d'entraide peuvent parfois louer leurs services à des personnes qui ne sont pas membres ou alors à des femmes veuves. Dans le cas précis des cacaoculteurs, ils ont l'habitude de recourir à cette forme d'entraide et seuls les grands planteurs s'offrent le luxe de payer une main-d'oeuvre pour la récolte. L'association pour la commercialisation et/ou l'achat des intrants est dans une phase dynamique. Face aux acheteurs, la vente groupée s'est toujours avérée être une arme efficace de négociation des prix : la SOCOPTRACA (société coopérative des planteurs et transformateurs de cacao d'AYOS) réussit à mobiliser en moyenne trente (30) tonnes de cacao pour une vente groupée.

Mais par le passé, le manque de discipline de groupe et les faibles moyens pour résister pendant la constitution des stocks dans l'attente d'un éventuel «bon payeur», n'ont pas été de nature à favoriser la vente groupée. La baisse des prix du cacao et la loi de 1992 relative aux sociétés coopératives et aux GIC (Groupements d'initiative commune), ont aujourd'hui favorisé la création de mouvements associatifs dans la localité qui jusque-là avait une culture associative moins poussée comparé par exemple à la zone de production caféière de l'Ouest

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Cameroun. Grâce à ces associations, les cacaoculteurs commercialisent déjà facilement leur cacao et peuvent aussi aisément acheter des produits phytosanitaires. Généralement, les GIC et coopératives se créent au niveau du village même si les sièges de négociation se retrouvent essentiellement dans la principale ville de la commune où s'effectuent les opérations de vente avec les principaux clients.

Le schéma suivant présente le circuit synoptique des relations d'échanges entre les différents acteurs impliqués. Il nous aide à ressortir dans une logique d'analyse économique la part réellement tirée par les EFA à la fin des transactions de vente des différentes récoltes ; cette part économique permet d'analyser l'impact économique des activités agropastorales sur les principaux bénéficiaires.

Figure 3: Schéma synoptique du circuit d'échanges24

Commune

T Q

Clients

EFA

R

(1+r) F+q

F

Principaux fournisseurs d'intrants et de capitaux

24Construction de l'auteur.

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? Interprétation économique du circuit

Les paysans (pour la majorité «squatters de facto»25 sur les terres) choisissent à travers les us et coutumes les parcelles à cultiver. Ayant les moyens de financement autonome réduits, ils s'engagent dans des partenariats individuels. Les différents partenaires négocient un taux d'intérêt lié non seulement à la conjoncture, mais aussi et surtout au niveau de rendement de l'exploitation à terme (q) pour deux éléments fondamentaux : la fourniture d'intrants (en nature) et le montant de la liquidité octroyée [(1+r)F] pour le cash. La plus-value de la récolte issue des différentes ventes des produits est donc partagée entre le cultivateur, son fournisseur d'intrants et/ou de liquidité, et la commune qui offre le lieu physique d'échanges des différents biens et services.

En résumé, les EFA perçoivent R (revenu des ventes ou recette totale) dont une partie est versée soit sous forme financière ([(1+r)F]), soit en termes de fraction de la production totale q aux principaux fournisseurs (où q=ö.Q). L'autre partie se subdivise en une fraction versée à la commune sous forme de taxe fixe (ô) et le reste constitue le profit réel des acteurs (ð) qui se calcule comme suit:

it = R - C (1) où C= coûts et C = q+ ô + (1+r)F (2) ;

(2) dans (1) nous permet d'obtenir:

it = R-[q+ ô + (1+r)F] (3) ; or le revenu peut encore s'écrire R = p.Q où p = prix de vente des produits agricoles et Q = quantité vendue d'une part, et q = ä.Q d'autre part, alors l'équation (3) devient:

ð = Q (p- ö)-[ô + (1+r)F]. Il est à noter que 0< ö, r <1.

ð dépend donc fortement de l'évolution de ö, p et Q. Dans ce contexte, la condition d'accroissement du profit des ménages agricoles est que p grandisse plus vite que ö ainsi que Q d'une part, et que r s'abaisse (r? 0). Cette réalisation n'est pas encore possible pour une raison majeure : il y a encore persistance d'une faible production combinée aux coûts de transaction élevés. Bien que les prix des produits agricoles soient en constante hausse sur le

25Des trois attributs de la propriété, les paysans ne disposent que de l'usage (usus) et du droit de jouir des bénéfices (fructus). Par contre, ils ne disposent pas de l'abusus et ne peuvent donc pas disposer de l'espace à leur guise.

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marché, l'incidence sur les ménages agricoles est négative car le niveau de production locale est faible ; les agriculteurs ne possèdent pas de capacités techniques et technologiques ainsi que la stratégie optimale dans la mise en oeuvre des activités leur permettant de maintenir et/ou d'accroître la production agricole. On rentre alors dans un cercle vicieux qui déprécie au fil du temps le niveau de revenu tiré des activités agropastorales et partant le niveau de vie général des acteurs des EFA.

Récapitulatif de la signification des symboles:

Q= production totale, R= revenu des ventes,

F= crédits financiers accordés aux EFA par les partenaires,

p= prix de vente des produits,

r = taux d'intérêt à verser en plus dans le remboursement des crédits aux partenaires par les EFA,

ô = taux d'imposition des produits agricoles sur le marché communal, ä = fraction numérique inférieure à l'unité,

q = part de la production totale à verser en nature aux partenaires par les EFA, ð = taux de profit réel des EFA.

C. Stratégies d'acteurs

Considérons le mot «stratégie» avec M. MARCHESNAY comme étant « l'ensemble constitué par les réflexions, les décisions, les actions ayant pour objet de déterminer les buts généraux, puis les objectifs, de fixer le choix des moyens pour réaliser ces buts, de mettre en oeuvre les actions et les activités en conséquence, de contrôler les performances attachées à cette exécution et à la réalisation des buts»26. Entendu ainsi, nous analyserons ici les différentes démarches de chaque acteur basées sur une planification de l'engagement des ressources sur un horizon donné reposant sur la définition des buts de moyen et de long termes impliquant des changements structurels importants de leurs activités.

26Michel MARCHESNAY, Management stratégique, Editions de l'ADREG, 1995.

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? Les EFA : Les exploitations familiales agricoles sont les principaux bénéficiaires des retombées des récoltes. Leurs actions concourent en tout temps à accroître la qualité des sols, la quantité et la qualité de la production, le niveau de rendement des différents facteurs et des ventes, afin d'augmenter leurs revenus et d'améliorer leurs conditions de vie. Pour ce faire elles ont recours aux ressources traditionnelles dont elles disposent, aux us et coutumes comme les rites agraires, les associations ou groupes d'entraide et groupements d'individus; il s'agit ici pour eux de se mettre ensemble en vue d'augmenter les surfaces cultivées, de réduire les dépenses de temps et d'énergie dans le but d'accroître les rendements au sein des diverses exploitations. En outre, lorsque les agriculteurs ont épuisé leur éventail de facteurs disponibles, ils « sortent » tisser des partenariats dans le but de combler leurs besoins en facteurs agricoles tels que les intrants, le matériel technique et technologique et même les financements.

? Les partenaires : Ce sont essentiellement les « revendeuses » de produits agricoles. Elles proposent du capital financier et/ou des intrants aux agriculteurs qu'elles espèrent fructifier soit par remboursement à taux d'intérêt bien déterminé, soit par une partie ou la totalité de la production dont elles gèrent les ventes et se partagent le profit avec les cultivateurs à proportion fixée selon le niveau et les cours des produits au marché. Il existe aussi des partenaires fournisseurs de matériel technique ; ils sont rémunérés à un taux fixé lors de l'acquisition du matériel par les exploitants agricoles et entrent en contrat le plus souvent avec les cultivateurs lorsque ceux-ci sont réunis en association pour réduire les éventuels risques.

? La commune : Elle pratique une politique d'affermage ; la collecte d'impôts et de taxes reste sa principale source financière, bien qu'elle ait commencé à mettre en oeuvre et à gérer petit à petit ses propres projets agricoles même si les résultats actuels ne portent pas encore les effets attendus.

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III. IMPACTS SUR LES BENEFICIAIRES

Les secteurs revus, les acteurs identifiés, il est donc nécessaire d'examiner les retombées des différentes activités afin d'en évaluer l'impact sur les groupes cibles ; telle est la tâche que se donne cette partie de notre étude.

A. Impact socio-économique

Telles qu'organisées à l'heure actuelle, les activités agropastorales ont une faible incidence sur le niveau économique des populations cibles.

En effet, le niveau d'investissement faible en capital nécessaire à l'acquisition des intrants de qualité entraîne ceteris paribus une augmentation du coût de production. La faible utilisation des outils de travail modernes entraîne un niveau de rendement bas ; la non coordination des activités et l'asymétrie d'information existantes font croître les coûts de transaction et baisse le surplus réalisé par les acteurs locaux, les condamnant à recueillir juste un revenu de subsistance qui à moyen terme ne leur permette plus de régler leurs problèmes basiques au quotidien. Six planteurs de cacaoyer sur dix affirment avoir de la peine à financer les études de leur descendance à la suite des mauvaises récoltes ; toujours d'après certains riverains ils sont obligés de s'endetter sur les récoltes futures pour pouvoir survivre. La mauvaise organisation du secteur entraîne une précarité du niveau de vie surtout en ce qui concerne les services sociaux de base tel que l'éducation, l'habitat, la santé, l'alimentation, etc.

Tout ceci se vérifie par l'existence des maisons en tôles de raphia avec des murs fait de « terre battue » à travers toute la commune, même en plein centre-ville d'AYOS ; les matériaux tels que les parpaings ne sont pas accessibles aux populations à cause de leurs revenus très faibles. Dans les villages, les ménages agricoles s'informent rarement et quand bien c'est possible, le seul et unique moyen reste les récepteurs radio même dans les zones alimentées en énergie électrique. Huit ménages agricoles sur dix dans les villages des groupements Omvang et Yebekolo-Est affirment qu'ils consomment de la viande de boeuf et du poulet exclusivement pendant les grandes fêtes religieuses ou lors des occasions de mariages et même pendant des cérémonies funestes. Même le poisson reste un aliment hors bourse pour les exploitations agricoles ; celles-ci se contentent de consommer du poisson d'eau douce extrait des petits ruisseaux qui coulent à travers les villages ou du fleuve Nyong pour ceux des grands pêcheurs.

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Les exploitations familiales agricoles ont du mal à accéder aux soins dans les quelques centres de santé existants au sein de la commune ; les populations ont recours à la médecine traditionnelle faite à base de plantes naturelles locales et expliquent cela par les faibles revenus qui ne leur permettent pas d'aller se faire consulter ou se soigner dans un centre de santé moderne.

Ce même niveau des revenus agricoles bas explique la sous scolarisation des enfants issus des ménages agricoles surtout à partir du niveau secondaire puisque sur une cohorte de 10 (dix) enfants entrés au cycle primaire la même année, seul 1 (un) réussit à atteindre la classe de Terminale grâce au soutien des parents, le reste étant forcé à abandonner les études pour d'autres activités qui peuvent générer de l'argent.

B. Impact sur l'environnement

L'agriculture itinérante sur brûlis est à la base de la production agricole dans la localité. En ouvrant la forêt, les paysans exposent le sol à des conditions climatiques rudes (intenses radiations solaires, fortes précipitations), perturbant ainsi le cycle des nutriments. En brûlant la végétation, les paysans contribuent à l'augmentation de la température du sol, modifiant ainsi les activités biologiques du sol. Juste après le feu, les bases échangeables (phosphore disponible, matière organique, pH du sol) augmentent et sont donc disponibles pour les premières années de culture. Après deux ou trois ans, la fertilité diminue et le paysan est obligé de laisser la parcelle en jachère et de retourner vers une autre jachère ou alors un autre espace forestier.

L'agriculture itinérante sur brûlis joue un rôle important dans la perte de carbone évaluée à 650 kg à l'hectare par an dans la collectivité. L'agriculture est aujourd'hui perçue comme étant l'une des causes majeures de destruction des forêts et justifie ainsi une préoccupation toujours croissante en matière de conservation de l'écosystème forestier bien que dans la commune d'AYOS le problème ne se pose pas encore avec acuité grâce à l'existence de grands massifs forestiers quasiment vierges.

Néanmoins, bien que la forêt ait été délimitée en zone de « forêt communautaire », elle reste pour la population de la commune:

? La seule source d'approvisionnement en bois de chauffage et de cuisson;

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? Une opportunité pour la « conquête » de nouvelles terres agricoles;

? Pour la coupe de bois, les femmes sont les plus exposées puisque ce sont elles qui se chargent de cette corvée, les hommes se réservant des délits de défrichement et des cultures illicites.

La démarche sécuritaire comme l'approche de « préservation à tout prix »27 ne semble pas avoir des résultats sur la gestion durable des ressources naturelles (et forestières). Il faudrait d'autres formes de cogestion impliquant les populations notamment dans l'aménagement forestier, son exploitation et sa valorisation par des activités pouvant générer des retombées économiques et sociales sur les populations.

En définitive, on voit bien que la manière dont les activités sont mises en oeuvre et les stratégies utilisées par les uns et les autres varient et créent une incohérence qui les rend sous-optimales. Il faudra donc expliquer les facteurs qui créent cet écart afin d'arriver à améliorer la conduite des activités.

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27Démarche qui s'appuie sur des politiques de préservation des espaces jugés déterminant pour la sauvegarde des équilibres climatiques (notamment en matière de conservation des forêts et des espèces fauniques) par les décideurs et imposées telles quelles aux communes et communautés locales.

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ANALYSE DES ECARTS ET PROPOSITION D'UN MODELE EXPLICATIF

DEUXIEME PARTIE

Dans cette partie de l'exposé, on s'efforce d'abord de recenser les principaux écarts observés sur le terrain avant de proposer d'éventuelles solutions capables d'activer l'économie au niveau local. On montre ici les points défavorables au meilleur fonctionnement des exploitations familiales agricoles en proposant un modèle pratique capable de créer de la plus-value dans le domaine agricole et d'activer l'économie à l'échelle locale.

Deux chapitres meublent donc cette grande section de notre étude : Ecarts observés, conséquences et tentatives d'explication (Chapitre trois) et La dynamique endogène par la Co-construction des innovations (Chapitre quatre).

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ECARTS OBSERVES, CONSEQUENCES ET TENTATIVES D'EXPLICATION

CHAPITRE TROIS

Si les résultats des efforts réalisés jusqu'ici par les exploitations familiales agricoles restent insatisfaisants, cela est dû aux nombreuses insuffisances dans la démarche et dans l'organisation des activités qui tendent à bloquer la productivité de l'appareil agropastorale maintenant ainsi l'économie locale dans la précarité accentuée.

Cette partie de l'étude présente donc de manière synthétique d'amont en aval les différents écarts observés, les points défavorables au meilleur fonctionnement de notre système agricole ainsi que les facteurs qui expliquent l'évolution de la situation actuelle des activités.

I. LE PROBLEME D'INTEGRATION DU PROCESSUS DE

DECENTRALISATION

C'est l'un des principaux handicaps dans la mise en oeuvre des différents projets de développement des collectivités territoriales décentralisées au Cameroun et ce problème concerne particulièrement les relations entre les élus locaux et les services déconcentrés de l'Etat dans la gestion quotidienne de la commune. Dans le secteur agropastoral, le problème réside dans la difficulté pour les communes de déterminer leur propriété domaniale d'une part et de fixer une fiscalité locale propre à leur contexte d'autre part.

A. LE PROBLEME DE LA REFORME AGRAIRE

Le principal problème est celui de l'accès à la propriété foncière tel que prévu dans la loi. Dans la commune d'AYOS par exemple, le dossier entamé pour l'acquisition d'un titre foncier communal depuis 2007 n'a pas encore abouti, ce qui empêche l'exécutif communal d'arrêter une planification dans la gestion des aires destinées aux cultures de grandes surfaces.

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En fait, les ordonnances n° 74 -1 du 6 juillet 1974 et le décret n° 76 - 166 du 27 avril 1976 fixant les modalités de gestion du domaine national, ont officiellement annulé les systèmes traditionnels d'occupation de la terre et ont prescrit de nouvelles procédures où tout exploitant de terre doit avoir un titre foncier. On aboutit alors dans la pratique à deux systèmes parallèles :

y' d'un côté l'Etat, propriétaire de toutes les terres; et

y' de l'autre, la population rurale qui vit sur les ressources naturelles et qui exerce un droit historique sur ces dernières (squatters de facto).

Ce dualisme renforce la complexité des solutions à apporter aux nombreux conflits nés de l'exploitation du sol. L'accès et l'usage du capital foncier restent plus préoccupants pour les femmes et les jeunes, à cause notamment des pratiques traditionnelles discriminatoires d'accès à la propriété foncière.

B. LE PROBLEME DE LA REFORME FISCALE

La fiscalité locale est encore étatique puisque les communes n'ayant pas de dotations générales propres continuent à fonctionner comme les gérants de crédit de l'Etat. Les taux d'imposition pratiqués dans les collectivités territoriales décentralisées sont ceux fixés par l'Etat, toute chose empêchant la commune d'être le pilier et le facilitateur du développement local. Il faut tout de même rappeler qu'il existe la loi n° 2009/019 du 15 décembre 2009 portant fiscalité locale. Cette dernière fixe les différents impôts et taxes des collectivités territoriales décentralisées au rang desquels on a :

-les impôts communaux;

-les centimes additionnels communaux sur les impôts et les taxes de l'Etat ;

-les taxes communales;

-les impôts et les taxes des régions ;

-tout autre type de prélèvements prévus par la loi.

Le prélèvement des impôts et taxes propres aux communes bute sur la fixation des taux répondant à la réalité du volume d'activités économiques existant au sein du territoire surtout des activités agropastorales en général et celles agricoles en particulier.

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Somme toute, le problème pertinent qui ressort ici reste que le processus de décentralisation n'est pas encore totalement intégré dans la gestion au quotidien des différents exécutifs municipaux d'une part et des populations locales cibles d'autre part ; toute chose qui rend donc laborieux le fonctionnement des exploitations familiales agricoles, quand on sait le rôle que doivent jouer les taxes et les impôts dans l'investissement des activités économiques locales.

II. LE PROBLEME DE FINANCEMENT

Des trois facteurs classiques de la production agricole que sont la terre, la main-d'oeuvre et le capital, le capital reste par principe le facteur le plus extrêmement rare car mobiliser les fonds nécessaires pour la mise en oeuvre des activités de développement nécessite généralement un long processus et de nombreuses conditions.

A. DES PAYSANS

Dans les collectivités locales, le revenu par exploitation familiale agricole est relativement bas (entre 500 et 1000 FCFA en moyenne par jour dans la commune d'AYOS) et n'augmente que très lentement dans la plupart des cas. Ce faible niveau de revenu bloque l'autofinancement des activités agricoles par les paysans et maintient toujours constant leur niveau de production à défaut de le voir chuter. Les besoins de financement se résument en trois types en fonction du niveau technique et technologique des intrants et du matériel sollicités :

? Les besoins de première catégorie : de faibles montants, ils concernent les activités liées aux campagnes agricoles, les activités d'embouche, les activités légères de transformation (manioc, arachide, maïs, noix de palme, etc.) ou encore les petits équipements. Loin d'être couvert, ce type de besoins trouve toutefois des réponses via des mécanismes informels de crédit, les banques sur des filières bien organisées, les crédits fournisseurs (en monnaie ou en nature) et la microfinance. Le calendrier de remboursement est généralement calé sur les cycles de production des agriculteurs;

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? Les besoins de deuxième catégorie : ils concernent par exemple l'équipement en culture attelée, les motopompes, les petits aménagements hydro-agricoles, des équipements semi-lourds de transformation (décortiqueuses, etc.) ;

? Les besoins de troisième catégorie : Ils sont généralement liés au financement de plantations (café, cacao, hévéa) dont le retour sur investissements est différé dans le temps. Ce type de besoins est très faiblement couvert, peu de systèmes de financement acceptant de prendre des risques sur le long terme. Lorsque ce type d'investissement a une utilité sociale forte (conservation des sols, reboisement), il peut relever davantage d'une logique de subvention que de crédits.

Sur ces différents types de besoins, il est important mais difficile de faire la distinction entre demande potentielle et demande réelle solvable. L'écart peut parfois même être très grand. Ainsi dans la zone d' AYOS, peu peuplée, bénéficiant d'une forte disponibilité en foncier agricole et en espaces naturels favorables aux activités de chasse et de pêche (fleuve Nyong), et plus tardivement intégrées aux circuits commerciaux agricoles, les ménages construisent des systèmes d'activités qui combinent les différentes ressources : agricoles pour 66%28, non agricoles pour 16%29 et celles de la pêche et de la chasse pour 14%30 (ces dernières activités représentent 20% des revenus totaux pour 61% des EFA)31.

Les échanges menés avec les ressortissants de cette zone montrent que cette persistance des activités de chasse et de pêche est à la fois l'héritière des systèmes traditionnels d'activités où la pêche et la chasse (ainsi que la cueillette) qui pouvaient représenter au début du siècle plus des trois quart des ressources du groupe familial. Ces activités expriment également l'adaptation à travers une stratégie relancée à partir des années 90 à cause des difficultés de trouver un emploi dans les secteurs secondaire ou tertiaire et de l'instabilité des cours des produits agricoles traditionnels (café et cacao) qui se traduisaient par des problèmes de mévente de ces produits.

28Résultats d'enquêtes de l'auteur sur le terrain. 29Ibid.

30Ibid. 31Ibid.

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Ces échanges ont également mis en évidence que les revenus provenant des activités de cueillette (en particulier le vin de palme), et non renseignées précisément par cette enquête, pouvaient également être essentiels dans les revenus ou les trajectoires d'accumulation de certaines EFA. Dans la commune d'AYOS, ce sont les tubercules (manioc et macabo) et le plantain qui ont « remplacé» le cacao et le café et qui constituent aujourd'hui les principales spéculations marchandes de cette zone. Les entretiens dans les villages ont montré que ces trois spéculations représentent avec l'arachide les quatre cultures principales de cette zone.

La terre étant disponible, l'objectif de préservation ou d'augmentation du niveau des revenus monétaires du ménage a conduit de nombreux individus à travailler plus pour mettre en valeur des surfaces plus importantes. Les femmes ont commencé à augmenter leurs surfaces de « cultures vivrières » devenues, surtout à partir de «l'arrivée du goudron»en 1992, selon leur expression, des cultures « marchandes ». Elles peuvent, en créant des groupes féminins d'entraide, peu usités auparavant, mettre en place de vastes surfaces de culture de manioc (surfaces supérieures à 1 ha). Les hommes, qui s'occupaient auparavant essentiellement de leurs cultures de rentes (cacao), leur ont emboîté le pas quelques années plus tard (« On a longtemps cru que la petite agriculture était essentiellement l'affaire des femmes, mais depuis quelque temps, on a compris qu'on pouvait aussi la pratiquer » lançait un paysan)et se sont à leur tour fortement investi dans les nouvelles cultures vivrières marchandes (manioc, plantain, macabo...) sans tout à fait délaisser cependant leurs cultures pérennes.

La disparition des filières administrées (cacao et café) qui garantissaient un prix à la récolte, même si celui-ci pouvait varier d'une année à l'autre, amène les producteurs à entrer sur les marchés concurrentiels et fluctuants des denrées vivrières ou maraîchères.

Ces nouvelles conditions de vente de leurs produits vont les amener à mettre en place des stratégies leur permettant de profiter au mieux des variations de prix ou tout du moins à tenter d'éviter les périodes de prix bas. Ainsi, si les calendriers culturaux restent bien sûr largement déterminés par la pluviométrie et la gestion de la force de travail, ces stratégies vont amener les producteurs à tenter d'investir des périodes de semis et de plantation qui font coïncider la période de récolte avec celle où les prix sont plus élevés (maïs de deuxième cycle, cultures de bas-fond et de contre-saison,...). Les producteurs mettent également en oeuvre des stratégies leur permettant de retarder la date de récolte en attendant un relèvement des prix du marché. Le macabo n'est pas désherbé en fin de cycle et après maturité pour freiner la

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germination des tubercules et constituer ainsi un stock que l'on pourra garder en terre de nombreuses semaines en attendant des prix plus intéressants.

A ces stratégies au niveau des calendriers culturaux ou des méthodes de stockage mis sur pied s'ajoutent des pratiques visant à transformer les produits pour permettre leur conservation et leur transport sur de longues distances (bâtons de manioc par exemple), ou l'investissement de nouveaux marchés de niche (tapioca de manioc). Enfin les producteurs tentent, avec des résultats plus ou moins convaincants, de mettre en place des organisations paysannes permettant à travers la vente groupée (le cacao par l'OP FEPADA d'AYOS32, la SOCOPTRACA33) de prospecter de nouveaux marchés et de mieux négocier les prix de vente.

Ainsi comme nous l'avons vu dans les paragraphes précédents les ménages agricoles développent de nombreuses stratégies adaptatives se situant à des niveaux distincts de ceux relatifs à l'amélioration des performances des itinéraires techniques. On observe même parfois, comme sur le cas du cacao par exemple, que les variations des prix de vente de la fève et la déstructuration de la filière ont plutôt entraîné un abandon des recommandations de la recherche et de la vulgarisation en ce qui concerne les différentes méthodes de contrôle de la pourriture brune ou des capsides. Cependant, les entretiens montrent également que les producteurs savent se saisir de certains des résultats produits par la recherche lorsque ceux-ci répondent aux dynamiques en cours.

C'est le cas par exemple de l'adoption des variétés de maïs améliorées qui a accompagné durant ces dernières années le développement de cette nouvelle culture commerciale. Ainsi, si des exemples intéressants de valorisation des produits de la recherche ont été identifiés lors de ces entretiens, il semble qu'ils se regroupent surtout autour de l'adoption de nouveau matériel végétal (maïs, pomme de terre, palmier à huile, ...) ou de nouvelles techniques de multiplication du matériel végétal (technique du PIF34 pour le plantain par exemple). Mais l'on observe une faible adoption de recommandations issues de la recherche ou de la vulgarisation qui portent sur une intensification à base d'intrants agricoles (engrais ou pesticides).

32GIC de la commune d'AYOS regroupant les producteurs d'une vingtaine de villages.

33Ibid.

34Technique de multiplication du matériel végétal à partir d'un échantillon traité (multiplication des quantités par 100, 1000...) ; cette technique a été découverte par des ingénieurs agronomes nationaux et étrangers.

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Le tableau ci-après (tableau n°3)35 résume les différentes sources de revenus des EFA et leur répartition dans une cinquantaine de ménages pris au hasard dans les groupements Omvang et Yebekolo-Est. Il montre clairement que les revenus agricoles représentent pratiquement 66% du total des revenus de ces derniers.

35Travaux sur la réalisation des aires protégées, Ministère des forêts, de la faune et de la protection de la nature avec le soutien de la GTZ dans la commune d'AYOS, 2007.

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Type de revenus

Import ance du

type

en % de

l'écha ntillon

Importance relative des différentes sources

de revenus (en %)

Syst.

de culture

Age du CE (en année)

Durée hors du

village du CE

(en année)

Nombre de

membres par EFA

Nombre
d'actifs
par EFA

Superf.

Cultivée par

EFA (en ha)

Superf. Cultivée par actif (en ha)

Cult.

Elev.

non agri.

Pêche et chasse

Revenus

majoritairem ent issus

des cultures

39

97,7

1,9

1, 3

5, 3

Divers

48,4

6,3

7,8

5,2

4,2

0,8

Revenus issus des

cultures et de la

pêche/chasse

29

67,5

5,0

8,2

19,3

Divers

47,7

7,7

5,0

3,3

3,5

1,06

Revenus issus des

cultures, des activités

non agricoles et de la

pêche/chasse

22

43,7

4,8

30,0

21,5

Divers

36,9

7,4

8,7

5,8

3,2

0,55

Revenus surtout

non agricoles

10

10,2

7,0

65,6

17,6

Divers

43,6

6,3

11,0

7,3

2,7

0,36

Tous types

 

66

4

16

14

 

45,2

6,5

7,5

5,0

3,8

0,76

Abréviations du tableau:

CE = chef de l'exploitation agricole; Agri = agricole.

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Cult. = culture ; % = pourcentage; Superf = superficie.

Elev. = élevage; Syst. = système; Ha = hectare. B. DE LA COMMUNE

En ce qui concerne les collectivités territoriales, elles ont des ressources financières trop étroites et les ressources à elles allouées par l'Etat ne permettent exclusivement que les volets fonctionnement et maintenance ; la conséquence majeure est l'inexistence d'un budget d'investissement, ce qui ne leur donne pas une marge importante de mise en oeuvre de projets agricoles. A cela s'ajoute l'absence de partenariat due à la non maîtrise des démarches qui paraissent alors très compliquées autant pour les paysans que pour les élus locaux.

III. LE PROBLEME D'ACTEURS

Bien que la main-d'oeuvre ait toujours été considérée comme le facteur pléthorique en agriculture parce qu'elle n'a jamais semblé être rare quel que soit le stade de développement, il est évident de nos jours qu'elle n'est plus disponible en qualité et en quantité suffisantes. Il est à noter que la main-d'oeuvre existante est vieillissante (70% des cultivateurs de la commune d'AYOS ont en moyenne plus de 40 ans36). L'insuffisance accrue de main-d'oeuvre agricole peut être expliquée par plusieurs éléments dont nous pouvons résumer ici en deux: l'exode rural d'un côté et ce que nous avons appelé la rupture socio-culturelle.

A. L'EXODE RURAL

Un exode peut être considéré comme toute sortie en masse, soit des hommes, soit des richesses. Dans ce sens, l'exode est dit «rural» lorsque ce mouvement se fait des milieux ruraux, c'est-à-dire des villages ou des campagnes vers les zones urbaines c'est-à-dire des villes et grandes métropoles. Il est généralement dans le contexte camerounais, la résultante de la recherche d'un cadre de vie meilleur. La faiblesse des infrastructures de base en milieu rural, la poursuite des études supérieures poussent en grande partie les jeunes qui représentent plus de la moitié de la population totale active37, à quitter la campagne pour la ville, vidant ainsi les villages de leur potentiel agricole au moins à court et à moyen termes.

36Résultats d'enquêtes de l'auteur sur le terrain.

37 ECAM 3.

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Dans la commune d'AYOS, l'existence d'un niveau élevé de « sous-occupation de la main-d'oeuvre dans l'agriculture familiale » a comme conséquence que ceux qui émigrent ne sont pas toujours ceux qui ont le plus de chances de trouver du travail en ville. Et c'est dans des conditions précaires que ces populations, surtout les plus jeunes se retrouvent donc dans les grandes villes (Yaoundé, Douala...). C'est une situation assez proche de celle décrite par Jerzy Tepicht en 1973 pour la Pologne, quand il parlait des «forces marginales et non transférables» à l'intérieur de l'agriculture familiale, celles dont le travail ne trouvait pas de valorisation mercantile en dehors de l'unité familiale. Dans la commune d'AYOS, l'activité agricole a été de tous temps une activité qui occupait généralement moins de 70% du temps de vie des individus38.

En effet, cette zone mal reliée depuis toujours aux marchés des grandes métropoles et disposant de ressources naturelles (bois, produits de cueillette), cynégétiques (produits de la chasse) et fluviales (produits de la pêche) importantes, a longtemps été coupée du reste du territoire national. Cet isolement a conduit ses habitants à migrer, dès le début du XXème siècle vers les zones urbaines pour trouver d'autres activités rémunérées (manoeuvres au port de Douala ou sur de nombreux chantiers...). Le tableau 4 suivant (construction de l'auteur) représente les données synthétisées par un tri croisé «exode rural» par «raison du sens de la mobilité» d'un échantillon de 2.000 jeunes pris au hasard à travers la zone d'étude et segmenté en deux tranches d'âge mais de sexe confondu.

 

Principales raisons de la mobilité des jeunes des villages de la commune d'Ayos vers les villes

Total

Poursuite des études

Recherche
d'AGR39 non
agricoles

Recherche d'un cadre de vie extra rural

 

Entre 10 - 18 ans Entre 19 - 35 ans

100 (5%)

800 (40%)

20 (1%)

1000 (50%)

0 (0%)

80 (4%)

120 (6%)

1880 (94%)

38 Archives de la commune, 2010.

39 Activités Génératrices de Revenus.

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Tableau n°4: Tri croisé «exode rural» par «raison du sens de la mobilité». B. LA RUPTURE SOCIO-CULTURELLE

On parle de rupture lorsqu'il y a une séparation entre au moins deux (02) entités initialement liées par un traité, une activité ou une action. La rupture socio-culturelle peut s'assimiler à une cessation progressive observée à moyen terme, de la transmission des valeurs à la fois sociales, économiques et culturelles de base (traditions, us et coutumes socio-économiques) au sein d'un groupe d'individus, d'une communauté ou encore d'une société donnés, identifiés tels quels. Cette problématique est de plus en plus accentuée dans les zones de forêt à prédication agropastorale ; en effet, les activités agricoles ne sont plus l'objet d'une transmission culturelle comme ce fut le cas à une époque plus ou moins récente. On remarque ainsi en ce qui concerne la commune d'AYOS, une forte proportion de ménages développant des stratégies et des parcours de vie mêlant activités agricoles et non agricoles (pourcentage agricole compris entre 20 et 70%). Le tableau n°4 qui suit résume le pourcentage de temps de vie consacré à l'activité agricole en fonction de l'année de naissance des individus dans la commune d'AYOS depuis 1900 jusqu'à nos jours.

Tableau n°540 : Evolution du temps consacré à l'agriculture par les populations de la commune d'AYOS entre 1900 et 2010.

Années de naissance

Temps consacré à l'agriculture (en % du temps de vie total)

1900

20%

1920

73%

1940

60%

1960

72%

1980

37%

2000

8%

40Archivages communaux d'AYOS, 2010.

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2010

6%

Entre 1900 et 1960, les habitants consacraient peu ou prou la plus grande partie de leur existence aux activités agricoles. Mais depuis les indépendances, avec l'évolution de l'urbanisation du pays, les populations ont abandonné ce secteur vers les secteurs secondaire et tertiaire à la recherche d'un bien-être sans cesse croissant. Le tableau montre qu'aujourd'hui au sein de la commune d'AYOS, les populations ne consacrent que 6% du temps de leur existence à l'agriculture ; ceci peut s'expliquer en grande partie par l'exode rural massif des jeunes qui composent plus de la moitié de la population active de la localité. Ces résultats montrent pertinemment qu'il y a eu rupture de transmission de la culture de la terre ; le manque de prestige social du métier de cultivateur/agriculteur a envahi au fil du temps la conscience collective des populations jeunes et l'a fatalement poussé à migrer vers les grandes villes à la recherche d'un mieux-être.

Les problèmes essentiels qui sont apparus dans ce chapitre sont principalement liés à l'intégration du processus de décentralisation, du manque de main-d'oeuvre et de l'extrême rareté des moyens de financement des activités. La démarche peut donc être améliorée à travers une planification stratégique des activités intégrant tous les acteurs, modèle qui sera présenté dans le chapitre qui va suivre.

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CHAPITRE QUATRE

LE MODELE DE DYNAMIQUE ENDOGENE PAR LA CO-CONSTRUCTION DES INNOVATIONS

Les mutations qui s'opèrent dans l'économie mondiale suite à la libéralisation du commerce, aux progrès enregistrés dans le domaine des techniques et technologies, et à la hausse de la demande des biens alimentaires se traduisent pour les administrations et les communautés locales par des opportunités plus importantes et une responsabilité croissante d'oeuvrer ensemble pour prendre en charge la santé économique des collectivités locales. Cela passe bien évidemment par l'amélioration du système de fonctionnement actuel des exploitations familiales agricoles, socle de notre «économie agropastorale». Il faudra donc s'atteler à créer un cadre local qui puisse appuyer l'avantage concurrentiel des collectivités en vue d'accroître la compétitivité locale et déclencher une dynamique de l'économie à cette échelle. Tout ceci nécessite une implication réelle de tous les acteurs concernés dans une approche participative grâce à la décentralisation (gouvernance locale) et la construction d'une chaîne de stratégies à mettre en oeuvre d'amont en aval afin de déclencher le Développement Economique Local (DEL).

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I. L'APPROCHE THEORIQUE

Il s'agit de proposer ici la dimension théorique des stratégies à mettre en oeuvre pour offrir aux exploitations familiales agricoles de nouvelles chances d'amélioration du système de fonctionnement des activités agricoles, capables de donner des résultats bien supérieurs à ceux qui sont obtenus jusqu'ici.

A. LE CADRE D'ACTIVITES

C'est une approche basée sur une nouvelle vision et un changement de mode de gestion. Elle va de la théorie de la négociation, de la médiation et de l'analyse des décisions. Dans l'ouvrage Getting to Yes, Negotiating Agreement Without Giving In (Parvenir à un oui, négocier un accord sans céder), FISHER et ULY (1991) décrivent des principes conduisant à la conclusion d'accords judicieux et pérennes par le biais d'une négociation efficace. Des accords judicieux, indiquent les auteurs, protègent les intérêts des parties prenantes tout en écartant les positions figées qui pourraient nuire aux rapports entre acteurs.

Pour ce faire, il semble primordial de répondre à quatre interrogations fondamentales:

y' Où sommes-nous ? : la question invoque le recensement de tous les acteurs et leur degré de participation et faire ensuite l'état des lieux des activités agricoles.

y' Où allons-nous? : il faudra définir une vision, se poser toutes les questions et fixer les objectifs à atteindre à court et à moyen termes.

y' Comment y accéder?: on s'attèlera à examiner toutes les options stratégiques possibles en les évaluant, puis une planification des activités est également nécessaire, avant la mise en oeuvre de ces dernières.

y' Sommes-nous arrivés ? : il s'agira de mettre en place un système de suivi-évaluation qui permettra de faire selon les cas soit des ajustements, soit des modifications de nos actions.

Tout ceci peut se résumer à travers trois principales maquettes à savoir:

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? La maquette démo-économique : il s'agit de savoir quelles sont les éventuelles richesses à produire ainsi que les différents secteurs de production. On pourra utiliser les tableaux démographiques et économiques comme documents de cadrage;

? La maquette spatiale : permet de voir où sera produite la richesse future et surtout comment évolue l'espace de production et d'échanges. On s'attardera sur les potentialités (surfaces agricoles utiles, fonctionnalité villes/campagnes...), les risques environnementaux (dégradation des sols, eaux, forêts...) et en examiner les perspectives ;

? La maquette sociale : elle nous renvoie aux acteurs impliqués dans la production, leur organisation sociale, culturelle et politique, ainsi que les enjeux et les éventuels conflits. Il s'agira donc ici de décrire clairement l'arène locale, les principaux acteurs et leur logique d'action, les types de conflits mis en avant et leur mode de gestion, les conflits non réglés ainsi que des propositions pour une meilleure cohésion sociale.

B. LES ACTEURS CONCERNES

Ce sont toutes les parties prenantes susceptibles d'apporter une plus-value au fonctionnement du système des EFA. Avec la décentralisation, la gestion quotidienne des projets agricoles communaux en vue de l'amélioration du fonctionnement actuel des EFA repose entre les mains des acteurs suivants :

? Les EFA : les populations agricoles locales sont les premiers acteurs concernés parce qu'elles sont les premiers bénéficiaires du DL, son espace étant territorialisé. Avec l'approche participative, c'est-à-dire l'implication des populations par les autorités locales dans leur prise de décision, ces populations agricoles représentent ainsi la partie majoritaire dans la prise de décision devant répondre à leurs propres besoins. Les exploitations familiales sont aussi la force motrice du DL, le développement étant avant tout un phénomène humain.

? Les OSC : elles présentent généralement un savoir-faire dans domaines spécifiques et pourraient donc contractualiser avec les CL afin de rendre des services que le personnel communal ne serait pas à même de faire efficacement. Elles ont généralement de réelles compétences dans la

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mobilisation des populations autour d'un projet, dans leur organisation afin d'assurer une participation effective de toutes les parties prenantes. En outre, elles apportent un appui technique aux CL pour assurer une cohérence dans leurs actions et dans la recherche de financement et même de partenariat.

? La Commune : placée au centre du développement de par la mission principale qui lui est dévolue à travers le processus de décentralisation à savoir l'amélioration des conditions de vie de ses populations, elle se doit de poser des actions concrètes dans ce sens. L'activité agricole étant la principale source de vie des populations locales, la commune doit sans toutefois négliger les autres secteurs, chercher à développer ce qui est déjà fait par la promotion et le renforcement des activités agricoles, et la création d'un marché communal pour aider les populations à écouler leurs produits.

? Les partenaires : il s'agit de tous ceux qui accompagnent les exploitants agricoles dans la réalisation de leurs activités par des contrats financiers et/ou matériels (liquidité, intrants agricoles, machines...).

? L'Etat : à travers ses services déconcentrés, régule sans toutefois dicter les règles et les activités menées par la commune.

II. LA REORGANISATION DES ACTIVITES

Le processus de décentralisation suppose une prise en main des affaires locales par les populations d'un territoire bien déterminé. Il nécessite ainsi un engagement de cette collectivité locale à examiner elle-même ses besoins réels et à y trouver des solutions applicables à leur communauté. Pour qu'elles soient de plus en plus rentables, les activités agropastorales doivent être réorganisées de façon stratégique et optimale vu le nombre d'acteurs intervenant dans le processus et le rôle de chacun d'entre-eux. Cette réorganisation met en avant la commune (populations et élus locaux) à toutes les étapes de la réalisation des différentes activités et trace le canevas d'intervention des divers acteurs du DEL.

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A. ACTEURS ET PARTICIPATION

Les acteurs sus-cités jouent chacun un rôle très important dans la bonne marche des exploitations familiales agricoles. La Co-construction des innovations suppose une planification et une intervention stratégiques en cinq étapes:

1ère étape : C'est l'étape du bilan de tout ce qui a été réalisé jusqu'ici. Elle regroupe la collectivité locale (populations et élus locaux) et ses différents partenaires. C'est l'évaluation du chemin parcouru en en termes de résultats obtenus tout au long du processus.

2ème étape : C'est l'étape de la Co-construction des innovations proprement dit. Toutes les parties y sont représentées car c'est pendant cette étape qu'a lieu la capitalisation des résultats antérieurs et la prise en compte des mutations sociales, économiques, scientifiques et technologiques pouvant être intégrées dans le circuit d'activités agropastorales.

3ème étape : Elle concerne la réalisation des activités par les exploitations familiales agricoles, les organisations de la société civile et les experts afin de maximiser la production et la rente.

4ème étape : Ici, il s'agit de réorganiser le marché communal local. Deux acteurs sont concernés à ce niveau : la collectivité locale et les organisations de la société civile.

5ème étape : C'est à ce niveau qu'on cherche à financer l'agropastoral afin de maintenir et d'améliorer le niveau de vie des populations. Cette étape est une prise de décision de la collectivité locale.

Le schéma de fonctionnement de la Co-construction des innovations se présente comme suit (Figure 4)41 :

41Archives CRADEL et construction de l'auteur.

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CL et P

Financement de l'agropastoral

OSC

CL

OSC

P

CL

P

Bilan des activités réalisées et résultats obtenus

Réorganisation du marché communal local

Etat

Co-construction des innovations

EX

Réalisation des activités

EX et OSC

CL

CL

Figure 4 : La roue de fonctionnement de la Co-construction des innovations.

Légende:

CL = collectivité locale (population et élus locaux)

OSC = organisations de la société civile

P = partenaires

EX = experts du secteur agropastoral et des secteurs connexes

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B. LE RÔLE DU MARCHE COMMUNAL

Le marché42 pour les économistes, désigne le lieu de rencontre (physique ou virtuel) de l'offre et de la demande, l'endroit où l'on convient des transactions d'échanges de biens, des services ou de la monnaie. Il existe plusieurs types de marchés en fonction de la nature des produits échangés par les agents économiques. On peut alors citer:

? Le marché des biens et services au sein duquel les demandeurs (entreprises, Etat, ménages, institutions financières) échangent de la monnaie à un certain prix contre les biens et services offerts par les entreprises et l'Etat qui constituent ici les principaux offreurs;

? Le marché du travail : ici, l'Etat, les entreprises et les institutions financières (principaux demandeurs) achètent la force de travail des ménages (principaux offreurs) contre un niveau de salaire fixe;

? Le marché des capitaux qui se subdivise en trois branches:

- le marché des capitaux à court terme ou marché monétaire dans lequel les institutions financières s'échangent la monnaie et les titres de créance très liquides à un taux d'intérêt défini;

- le marché des capitaux à long terme ou marché financier dans lequel s'échangent les actions et les obligations entre les entreprises, l'Etat et les institutions financières (principaux offreurs) et les entreprises, l'Etat et les ménages (principaux demandeurs) à un cours d'action ou un cours d'obligation déterminé;

- le marché de change dans lequel s'échangent les devises (monnaie étrangère) entre les entreprises, l'Etat et les ménages en tant qu'offreurs et demandeurs en même temps, à un taux ou cours de change fixé.

La réorganisation des marchés communaux est un précieux élément de promotion du développement économique local ; le marché représente concrètement un cadre aménagé et organisé qui offre à ses principaux acteurs d'exercer leurs activités commerciales. Lorsqu'il

42Konrad-Adenauer-Stiftung, Lexique de l'économie sociale de marché, 2007.

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est bien organisé, le marché offre de meilleures possibilités aux opérateurs d'exercer leurs activités en toute quiétude et aux collectivités locales d'optimiser la collecte des taxes et recettes fiscales qui leur permettraient de financer le bien-être de leurs populations.

Pour remplir efficacement son contrat social vis-à-vis de ses populations, notamment en termes d'amélioration des conditions de vie, la commune a besoin de ressources financières dont le marché constitue un précieux gisement. En contrepartie, un des rôles majeurs de la commune dans ce processus est d'aménager des conditions cadres favorables aux investissements. Mieux le marché communal sera organisé, mieux les opérateurs économiques y trouveront un cadre amélioré et surtout attractif pour exercer leur profession et attirer de nouveaux investisseurs, mieux il attirera davantage de clients, mieux la commune en tirera profit en termes de mobilisation des recettes. La réorganisation du marché est par conséquent un marché, mieux un échange de services que la commune propose aux opérateurs économiques dans une sorte de partenariat « gagnant-gagnant ».

Consciente de cet enjeu, il est souhaitable que cette initiative vienne de la commune. Toutefois elle peut provenir de l'extérieur et dans ce cas précis, la commune qui prend conscience se doit de l'intérioriser en vue de la reprendre à son compte. La roue du processus de réorganisation d'un marché communal se présente comme suit (figure 5)43 :

43Archives CRADEL et construction de l'auteur.

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Figure 5 : Roue du processus de réorganisation du marché communal.

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III. LE FINANCEMENT DE L'AGRICULTURE FAMILIALE

Les capitaux ne sont disponibles en abondance aux fins d'investissement dans l'agriculture, que dans quelques régions privilégiées du globe, telle que l'Amérique du Nord, l'Océanie et l'Europe Occidentale. Dans les régions en voie de développement, les capitaux sont, pour ainsi dire par définition, rares à l'extrême. Le revenu par tête d'habitant est bas et n'augmente que très lentement. Même si l'on parvient à accroître sensiblement le revenu par habitant, on n'aura surmonté que le premier de toute une série d'obstacles. Une fois les gains acquis, une partie doit en être épargnée en vue d'être investie. Détourner des fonds de la consommation à cette fin peut s'avérer quasi-impossible en raison de l'appétit croissant des consommateurs. Sans compter que des dépenses parallèles aboutissent à détourner des capitaux qui pourraient être investis dans l'agriculture vers des catégories d'utilisation bien moins bénéfiques.

Dans ces conditions, il devient extrêmement difficile d'amasser des capitaux en vue de leur investissement dans l'agriculture ; c'est pourquoi les acteurs locaux devraient donc trouver des stratégies d'autofinancement propres ou des apports externes à leurs projets de développement tels que le budget agricole participatif et le partenariat stratégique.

A. RÔLE DU BUDGET AGRICOLE PARTICIPATIF (BAP)

Parler du budget agricole participatif revient tout d'abord à appréhender la notion de «budget participatif''(BP). Le budget participatif est un processus de démocratie directe, volontaire et universel, au cours duquel la population peut discuter et décider du cadre de recettes/dépenses et des politiques publiques44. Dans ce contexte, le citoyen ne limite pas sa participation au vote - c'est-à-dire au choix de ceux qui vont présider à la gestion du territoire auquel il appartient - il va au-delà; il participe à la détermination des objectifs, des ressources ainsi que de la stratégie à mettre en oeuvre pour y parvenir.

C'est en effet le sens que donne A. FOWLER au mot «participation'' quand il le définit comme étant « un processus à travers lequel les acteurs influencent et partagent le contrôle sur les décisions et les ressources qui touchent à leurs vies»45. Historiquement, le BP a été expérimenté pour la première fois en 1989 au Brésil particulièrement à Porto Alegre,

44Ubiratan DE SOUZA in «72 questions courantes sur le BP», édité par ONU Habitat, 2005.

45Alan FOWLER, Striking a balance, 1997.

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capitale de l'Etat du Rio Grande do Sul comptant alors une population de 1,5 millions d'habitants. Ayant connu du succès dans cette partie du monde, cette pratique a commencé à s'étendre dans plusieurs pays du monde. Le budget agricole participatif est donc une composante du budget participatif global de la collectivité ; il concerne le volet agricole et ses activités connexes. Ce budget permet un partage de l'information entre les différents acteurs locaux et inclut les individus et les groupes marginalisés. Les règles du jeu sont définies par les EFA et la commune, ainsi la communauté toute entière participe à son élaboration. Le BAP suppose l'effectivité de la participation financière des populations; ce budget facilite la mise à disposition des outils et services indispensables à l'investissement agricole en encourageant la création des richesses. Sa mise en oeuvre repose sur des principes fondamentaux à savoir:

- Le principe de transparence : il favorise un meilleur partage d'informations sur la gestion des projets agricoles;

- Le principe d'efficacité : il permet l'utilisation optimale des fonds pour la satisfaction des besoins des acteurs concernés;

- Le principe d'inclusion : qui recherche l'amélioration des conditions de tous les acteurs des EFA et surtout ceux naturellement marginalisés (femmes, jeunes) dans la répartition des ressources agricoles;

- Le principe de solidarité : il permet l'orientation des ressources vers les acteurs défavorisés du secteur (en termes de foncier ou de finance), passant ainsi de l'intérêt individuel généralement recherché à la priorité collectivement identifiée au sein de la communauté;

- Le principe de participation: il s'agit de favoriser l'intégration de tous les acteurs (quels que soient le sexe, l'âge ou l'origine) au processus décisionnel et aux étapes de planification, de mise en oeuvre et de contrôle des projets agricoles;

- Le principe de transversalité : il cherche à promouvoir une saine articulation entre les différents niveaux de gestion des projets agricoles locaux afin de garantir une vision globale et concertée de développement de ce secteur d'activités.

Le BAP se déroule en sept (07) étapes :

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y' L'étape introductive permet aux autorités locales d'autoriser le déroulement du processus;

y' Faire l'état des lieux des activités agricoles de la collectivité locale permet de mieux faire connaître la CTD et de disposer d'informations essentielles pour la réussite de l'approche;

y' La régulation est interne et définit les règles du jeu. La mise en place d'un système de régulation est fondamentale pour mettre en pratique un BAP;

y' Le diagnostic et la priorisation marquent le démarrage de la phase d'analyse des problèmes rencontrés par les agriculteurs;

y' Il y a création des alliances et du dialogue dans le cadre du BAP;

y' Après vient la mise en oeuvre du BAP dans les grands projets agricoles communaux;

y' Le suivi et l'évaluation du processus du BAP : il s'agit dans cette dernière étape du cycle qui suit une approche systémique, de mesurer l'avancement des activités par rapport à la planification, les effets de l'innovation sur les résultats des activités agricoles et sur l'environnement.

Le BAP apporte plusieurs innovations dans la mise en oeuvre des activités agricoles au sein des collectivités territoriales décentralisées 46:

> Pour les EFA : qui acquièrent le pouvoir d'influencer les politiques locales à travers leur participation au processus décisionnel relatif à la politique locale. Les EFA passent ainsi d'un statut d'«observateur» à un nouveau statut d'«acteur» pouvant promouvoir le développement de leur secteur d'activités. Le BAP permet également de corriger les déséquilibres socio-économiques en donnant non seulement aux EFA sans exclusion, l'opportunité de s'impliquer dans la gestion de leurs propres affaires, mais aussi et surtout à contribuer à la réduction des disparités au sein de leur communauté et à rétablir ainsi la

46ONU-HABITAT et ENDA Tiers Monde, Manuel de Budget Participatif en Afrique francophone, Volume I, 2008.

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justice sociale à travers les espaces de cohérence. L'exercice du droit à l'information est aussi un élément innovateur qu'apporte le BAP en ce qu'il assure une meilleure circulation de l'information entre les différents acteurs concernés ; ce partage d'information permet et entretien la Co-construction des innovations à travers des cadres de concertation. Last but not the least, le BAP aide au renforcement des capacités d'intervention citoyenne des EFA car la participation de ces derniers aux espaces de dialogue contribue à développer une culture démocratique et citoyenne qui renforce le tissu social, le savoir de ces derniers;

? Pour la commune : le BAP permet l'amélioration de la transparence de l'administration locale et l'efficacité des dépenses à travers la réduction des coûts de mise en oeuvre des projets agricoles par la participation communautaire et le contrôle citoyen. Il participe en outre à la mobilisation des ressources locales supplémentaires via l'apport des EFA dans l'allocation et à l'utilisation des ressources disponibles.

B. LE PARTENARIAT STRATEGIQUE

La commune doit tisser des liens avec d'autres acteurs capables de lui apporter l'expertise et/ou le soutien dont elle a besoin dans la mise en oeuvre de ses divers programmes agropastoraux ; Il s'agira:

y' De l'Etat en tant que principal partenaire dans l'appui institutionnel et les réponses aux plaidoyers;

y' Des organisations de la société civile en tant que partenaires techniques et financiers pour l'appui aux transferts de technologie, appui aux nouvelles techniques et nouveaux procédés scientifiques, transfert des connaissances à travers des formations de recyclage ou de perfectionnement;

y' Des établissements bancaires et opérateurs économiques pour l'appui, la valorisation et la sécurisation des potentiels financements;

y' Des autres collectivités territoriales décentralisées dans le cadre de la coopération décentralisée;

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La commune et ses partenaires doivent donc se lier dans une série de responsabilités à l'intérieur de laquelle ils vont prévoir les échéanciers d'exécution, le partage des responsabilités pour assurer le suivi des activités pendant toute leur période de vie et la répartition des crédits entre l'investisseur et les locaux pour un partenariat « gagnant-gagnant ».

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RECOMMANDATIONS

En jetant un coup d'oeil vers l'avenir, nous ne nous proposons pas tant d'indiquer seulement ce qui n'a pas été fait, mais surtout de montrer ce qui pourrait en fait se réaliser si toutes les conditions sont réunies pour, non seulement assurer un niveau de sécurisation alimentaire convenable aux populations rurales en général et aux EFA en particulier, mais également de déclencher le décollage de l'économie à l'échelle locale. Nos recommandations se résument en quelques points essentiels:

? La commune doit être au centre de l'organisation des EFA en initiant des projets agropastoraux au sein de sa collectivité territoriale qui obéissent à un programme de développement de ce secteur à moyen et à long termes. Elle doit créer un cadre propice aux investissements agricoles pour les autres acteurs que sont l'Etat, les partenaires privés et tous les porteurs d'enjeux à cette échelle;

? Les populations locales doivent être intégrées à tous les niveaux : de la conception à l'évaluation des activités agropastorales afin que les besoins réels soient décelés et satisfaits en temps opportun;

? La stratégie d'intervention doit, sous l'initiative de la commune être unifiée, planifiée et pilotée de concert avec les experts et la société civile pour accompagner cette dernière dans ses efforts de développement du secteur agropastoral ;

? La co-construction des innovations peut permettre aux communes de développer les exploitations familiales agricoles, afin qu'elles soient capables de générer d'autres sources de revenus qui pourront à moyen terme contribuer à améliorer considérablement le niveau de vie de ces acteurs;

? L'Etat devrait jouer son rôle de facilitateur dans le développement des EFA à travers l'accélération de la mise en oeuvre du processus de décentralisation

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avec le transfert effectif des ressources et des compétences tel que prévu par la loi.

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Nous sommes parvenus, au terme de notre étude sur la promotion des activités agropastorales et l'activation de l'économie à l'échelle locale, en analysant les problèmes liés au fonctionnement des exploitations familiales agricoles, à de nombreuses constatations ; mais toutes viennent étayer quatre conclusions essentielles :

· La commune ne joue pas encore pleinement son rôle de socle de développement local qu'elle est appelée à jouer pour promouvoir les activités de développement économique local dans un contexte de gouvernance locale;

· La gestion financière des EFA est restée quelque peu incohérente et inopérante pour faire générer des profits aux acteurs du secteur agricole;

· Les acteurs varient autant que leurs interventions et l'on récolte par conséquent des résultats tatillons et non satisfaisants ;

· La stratégie actuelle d'intervention des différents acteurs concernés ne permet pas de diversifier les activités et d'améliorer les revenus capables d'accroître le niveau de vie des ménages agricoles;

En appui à ces quatre conclusions d'ordre général, on peut ajouter les conclusions suivantes, auxquelles nous sommes parvenus au cours du développement des divers chapitres de notre étude:

· Contrairement à l'opinion couramment répandue selon laquelle la main-d'oeuvre reste le facteur pléthorique en agriculture, c'est-à-dire qu'elle n'est jamais rare, il ressort de manière claire que le secteur agropastoral bute sur un problème d'acteurs dû principalement à l'exode rural massif et à la « rupture socio-culturelle ».

· La superficie des terres arables et cultivables par habitant diminue au fil du temps à cause en grande partie de l'expansion urbaine.

· Les techniques agricoles utilisées ont stagné et n'ont pas pu créer à moyen et long termes la dynamique socio-économique attendue au sein des collectivités territoriales.

Traditionnellement, l'expansion des surfaces cultivées suit le rythme de l'accroissement démographique, mais les réserves de terres faciles à mettre en valeur décroissent. Cette diminution des disponibilités en terres facilement défrichables, alors qu'on est encore au stade

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de subsistance, a tendance à figer les revenus des exploitants agricoles à leur bas niveau. Comme la superficie de terres cultivables est limitée par les coûts de plus en plus élevés de mise en valeur ainsi que par la pénurie relative de capitaux, il faut améliorer les rendements pour faire face aux besoins des populations locales. Or, pour améliorer le rendement, il faut des capitaux (d'ordre humain, physique, public et financier). La dynamique endogène à travers la co-construction des innovations permettrait sans doute dans le contexte camerounais, de développer les EFA de manière à dégager un niveau consistant de revenus. Ce qui pourra ainsi activer l'économie locale à travers l'amélioration de la qualité de la vie (meilleur niveau de santé de la main-d'oeuvre, meilleur niveau d'éducation et de formation de la main-d'oeuvre, meilleure qualité des infrastructures), la hausse de la productivité du travail, l'augmentation des échanges de biens et services agricoles de façon à ce qu'à long terme, les populations du milieu rural en général et celles des EFA en particulier puissent vivre au-delà de l'agropastoral.

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We have reached the end of our study on the promotion of agricultural activities and the activation of the local economy, analyzing problems related to the operation of family farms, many findings, but all come support four key findings:

· The municipality does not yet play a full role as a base for local development that is expected to play in promoting these activities in the context of local governance;

· The financial management of FF has remained somewhat inconsistent;

· The actors vary as much as their actions and consequently harvest fortunes;

· The strategy and the intervention of each other have not diversified activities and have not improved incomes can increase the standard of living of farm households;

In support of these four general conclusions, may be cited the following conclusions we reached in various chapters of this study:

· Contrary to the popular opinion that the workforce is bloated factor in agriculture, that is to say, it is never uncommon, it emerges clearly that the agricultural sector stumbles on problem of players due to the rural exodus and the socio-cultural rupture.

· The area of arable land per capita arable decreases over time due to urban expansion.

· The farming techniques have stagnated and could not create the expected dynamics within local authorities.

Traditionally, the expansion of cultivated keeps pace with population growth, but the supply of land easy to value decrease. This decrease in the availability of land reclaim easily, so we are still at subsistence tends to freeze the income of farmers to their low level. As the area of arable land is limited by the cost of higher enhancement as well as the relative, scarcity of capital must increase yields to meet people's needs. However, to improve performance, you need capital. The endogenous dynamics through the co-construction

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innovations would probably develop FF in order to have other sources of income that can cause activation of the local economy so that long-term population to live belong agriculture.

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BIBLIOGRAPHIE

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Sites web: www.ucl.ac.uk/dpu www.undp.org www.wfp.org www.minepat.gov.cm www.devloc.org; www.worldbank.org/poverty www.cirad.org

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ANNEXES

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Carte 1: Carte administrative de la commune d'AYOS.

Figure 1: schéma simplifié de la démarche méthodologique de l'étude.

Figure 2: schéma classique de l'articulation économiques des activités des EFA selon A.

CHAYANOV.

Figure 3: Schéma synoptique du circuit d'échanges es produits agricoles dans la commune d'AYOS.

Figure 4 : La roue de fonctionnement de la Co-construction des innovations.

Figure 5: Roue du processus de réorganisation du marché communal.

Tableau n°1 : carte scolaire de la commune d'AYOS (2007).

Tableau n°2 : carte sanitaire de la commune d'AYOS (2007).

Tableau n°3 : populations locales, types de revenus et sources de revenus (en %).

Tableau n° 4 : tri croisé «exode rural» par «raison du sens de la mobilité».

Tableau n°5 : pourcentage du temps de vie consacré à l'agriculture entre 1900 et 2010.

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SIGLES ET ACRONYMES

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ACI : Alliance Coopérative Internationale

BAP : Budget Agricole participatif

BRICS: Sigle anglais de « Brazil-Russia-India-China-South Africa»

CL : Collectivité Locale

CTD : Collectivité Territoriale Décentralisée

DEL : Développement Economique Local

DL : Développement Local

DSCE : Document de Stratégie pour la Croissance et l'Emploi

ECAM 3 : 3ème Enquête Camerounaise auprès des Ménages

EFA : Exploitation Familiale agricole

FEICOM : Fonds d'Equipements Intercommunaux

GIC : Groupement d'Initiative Commune

IITA : International Institute for Tropical Agriculture

MINADER : Ministère de l'Agriculture et du Développement Rural

MINEPIA : Ministère de l'Elevage, des Pêches et des Industries Animales

OSC : Organisation de la Société Civile

PDL : Plan de Développement Local

PH : Potentiel hydrogène

RDPC : Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais

SOCOPTRACA : Société Coopérative des Planteurs et Transformateurs de Cacao d'AYOS

SODECAO : Société de Développement du Cacao

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TABLE DES MATIERES

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Dédicace

.P.5

Remerciements

P.7

Sommaire

P.8

Résumé

P.9

Prolégomènes

P.14

Contexte

P.15

Objet de l'étude

....P.16

Champs conceptuels explorés

P.17

Objectifs de l'étude

P.23

Intérêt et justification

P.23

Revue de la littérature

P.24

Problématique

P.27

Hypothèses

P.27

Démarche de l'étude

.P.28

Limites de l'étude

P.29

Première Partie : Etat des lieux

P.31

Chapitre Premier : Disponibilités en facteurs agricoles

P.32

I. Situation géographique générale

P.32

II. Infrastructures de base et potentiel humain

....P.34

III. Potentiel économique de la commune d'AYOS

P.36

 

Chapitre Deux : Fonctionnement et évolution de l'espace de production et d'échanges des produits

agricoles

P.39

I. Typologie des agricultures concernées

P.39

A. L'agriculture à surplus vivrier

P.39

B. L'agriculture des plantations modernes ou de rente

P.41

 

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II. Les différents acteurs : Places, Forces et Faiblesses P.42

A. Présentation des acteurs ....P.42

B. Organisation des activités ..P.46

C. Stratégies d'acteurs P.50

III. Impacts sur les bénéficiaires P.51

A. Impact socio-économique P.51

B. Impact environnemental .P.53

Deuxième Partie : Analyse des écarts et proposition d'un modèle

explicatif P.57

Chapitre Trois : Ecarts observés, conséquences et tentative d'explication P.58

I. Le problème d'intégration du processus de décentralisation ..........P.58

A. Le problème de la réforme agraire P.58

B. Le problème de la réforme fiscale P.60

II. Le problème de financement P.61

A. Au niveau des paysans P.61

B. Au niveau de la commune .P.65

III. Le problème d'acteurs P.66

A. L'exode rural .P.66

B. La rupture socio-culturelle P.67

Chapitre Quatre : Le modèle de dynamique endogène par la Co-construction des

innovations P.70

I. L'approche théorique P.70

A. Le cadre d'activités P.70

B. Les acteurs concernés P.74

II. La réorganisation des activités P.75

A. Acteurs et participation .....P.75

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B. Le rôle du marché communal

III. Le financement de l'agriculture familiale

P.77 .P.79

A. Le rôle du budget agricole participatif

P.79

B. Le partenariat stratégique

P.80

Recommandations

..P.84

Conclusion

..P.86

Bibliographie

P.92

Annexes

P.97

Sigles et acronymes

.P.99

Table des matières

P.101

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"L'ignorant affirme, le savant doute, le sage réfléchit"   Aristote