§3.Inclusivité de la
croissance économique
La croissance inclusive constitue une nouvelle orientation
à donner au développement économique en Afrique. L'enjeu
est de générer une croissance qui offre davantage de
possibilités de développement socio-économique au plus
grand nombre de personnes, avec une attention particulière aux groupes
vulnérables. Il s'agit de mettre l'accent non seulement sur le taux mais
encore sur le type de croissance. La croissance inclusive peut ainsi
s'articuler autour de trois axes : une croissance reposant sur une base large
d'acteurs, une forte création d'emplois productifs, une attention
portée aux groupes défavorisés (jeunes, femmes et
populations rurales).En dépit d'une forte croissance économique
au cours de dernières années et des perspectives optimistes, la
R.D.Congo continue à faire face aux défis majeurs de
réduction de la pauvreté et de lutte contre les
inégalités que seule une croissance inclusive aiderait à
remédier.
Il convient de rappeler qu'après la morosité
économique des décennies 1980-1990, la R.D.Congo a marqué
un redressement significatif qui s'est traduit par une forte croissance de son
PIB réel, à la faveur, d'une part, du changement d'orientation en
matière de politique économique intervenu au début de
l'année 2001 et, d'autre part, de la reprise de la coopération
avec les Institutions financières multilatérales. Celui-ci a
augmenté de 5,3 % en moyenne entre 2001 et 2012, largement
supérieur à la moyenne de l'Afrique subsaharienne (Banque
Centrale du Congo, 2012). Néanmoins, ce taux de croissance demeure
encore inférieur à celui souhaité comparativement au
potentiel du pays.
En effet, face aux enjeux du développement, cette
croissance s'est avérée en partie inefficace du point de vue de
la réduction de la pauvreté et de la création des emplois
adéquats pour la majorité de la population. L'analyse de la
qualité de cette croissance a mis en lumière sa nature faiblement
inclusive.A titre illustratif, la croissance économique poursuit sa
trajectoire à la hausse observée au cours des dix
dernières années, mais ne s'accompagne pas d'une création
d'emplois suffisante susceptible de réduire sensiblement le taux de
chômage moyen, lequel reste élevé autour de 50,0 % de la
population active. Par ailleurs, en dépit d'une hausse de l'IDH, son
niveau demeure toujours très faible, soit 0,3.
Fig.5. Croissance économique, IDH et taux de
chômage
Source : Banque Centrale du Congo, 2012
Il convient de relever que l'absence de la création
d'emplois peut s'expliquer par les faits suivants :
· la croissance a été essentiellement
impulsée par les secteurs minier, du commerce, et de construction sans
qu'elle puisses'intéresser aux secteurs structurants tels que
l'agriculture et la manufacture qui couvrent souvent un large segment de
lapopulation ;
· les opportunités économiques
générées par la croissance de la dernière
décennie ont été essentiellement saisies parde grandes
entreprises sans un essor significatif des petites structures du secteur
privé telles que les micro, petites etmoyennes entreprises et sans un
accroissement considérable de leur savoir-faire, ni de la
création d'emplois productifslocaux et ;
· malgré les efforts fournis au cours des
dernières années, de fortes disparités entre les hommes et
les femmes persistentdans plusieurs domaines comme l'accès à
l'éducation, à la santé et aux opportunités
économiques.
De
manière générale, les facteurs des risques des guerres
civiles diffèrent d'un pays à un autre. Pour ce faire, dans ce
chapitre, nous avons pu détailler les facteurs explicatifs des
différents conflits armés en R.D.Congo et leurs implications
politiques. Ces conflits sont essentiellement locaux et motivés par
l'avidité ou les doléances de populations rebelles. Ils
résultent d'une mauvaise gouvernance et du non-respect des principes
d'ouverture des frontières aux échanges financiers et commerciaux
internationaux.
La guerre favorise l'exploitation illicite des minerais et
affecte négativement l'agriculture, la circulation des denrées
alimentaires ainsi que la collecte des recettes publiques. La pauvreté
contraste avec les immenses potentialités naturelles du pays. La
situation sociale reste précaire, nonobstant la poursuite de la
croissance, les bas salaires, les conditions difficiles d'accès au
travail ainsi qu'un important déficit nutritionnel tirent vers le bas la
situation sanitaire.
En évaluant les trois points notamment
l'implication de la réforme du secteur minière, l'accord de
coopération sino congolais et de l'inclusivité de croissance
économique, nous a permis de faire un contour de problème et de
réaliser l'enjeu pour le pays de mettre l'accent sur d'autres facteurs
de la croissance économique susceptible de garantir un niveau de
développement adéquat. Ainsi, Collier et Hoeffler (2006)
proposent les stratégies pour réduire les risques des
guerres civiles dans un pays :
· l'économie doit être
diversifiée pour éviter toute dépendance à
l'égard des exportations des matières
premières ;
· une transparence dans les revenus des exportations
des matières premières. Le transfert de la rente dans
l'amélioration des conditions de santé et
d'éducation ;
· il incombe aux institutions internationales de
gérer ces externalités négatives et d'aider ce pays
à mettre fin aux fléaux qui les frappent.
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