1.1.2. Potentialités
minières en R.D.Congo
En se basant sur les études menées par Avom et
Carmignani (2010), Bulte et al. (2004 ; 2005), Isham et al.
(2004),Sala-I-Martin et Subramanian (2003), Stjins (2002). Lorsque le secteur
minier d'un pays est géré de manière transparente, en
mettant l'accent sur l'atténuation des problèmes environnementaux
et sociaux, et la maximisation des liens économiques, ce secteur peut
contribuer effectivement au développement économique du pays
considéré.
C'est dans ce contexte que la plupart des pays miniers
d'Afrique ont pris des mesures visant à la stabilisation
macroéconomique, qu'il s'agisse de politiques budgétaires, du
contrôle de l'inflation, de la réduction des déficits de la
balance des paiements ou encore du maintien detaux de change compétitifs
(une question au centre des préoccupations de la plupart des compagnies
minières).
La République Démocratique du Congo, pays
post-conflit, est tenue plus que jamais aujourd'hui de relancer son
économie qui a stagné pendant plusieurs années, d'amorcer
la lutte contre la pauvreté et ainsi légitimer les nouvelles
institutions issues des élections de 2011.En vue d'une croissance
soutenue, un « minimum d'environnement porteur » est indispensable :
une paix civile durable, l'assurance de la sécurité publique et
juridique ainsi que le maintien d'un cadre macroéconomique assaini.
L'absence d'une stratégie de croissance clairement
articulée de l'intérieur a donné lieu directement et
indirectement à quelques suggestions de la part des partenaires
extérieurs, en particulier la Banque mondiale (2008) soutient que «
le secteur minier est celui qui est susceptible de contribuer le plus
rapidement à la croissance nationale si les nombreux obstacles qui
freinent son développement sont levés ».
La R.D.Congo possède la deuxième réserve
mondiale en cuivre et en cobalt (10 % detoutes lesréserves de la
planète). Ainsi, les réserves en cobalt de la GECAMINES
s'élèvent à 80 % du totalmondial. Ce qui fait qu'elle soit
le producteur le plus important du Cobalt au monde (DSCRP, 2006). En 1992, la
partmondiale de la production du cuivre était de 2,5%, 45% pour le
Cobalt et 0,5 %pour le Zinc ; les recettes d'exportations atteignaient en
1990 environ un milliard de dollarsaméricains et la GECAMINES
était la principale entreprise minière du pays, a fourni en
1980environ 66 % des recettes budgétaires de l'Etat et elle jouait un
rôle social et économique importantpour beaucoup de PME se
trouvant dans sa périphérie ; pendant plus de 30 ans, cette
entreprise aété le moteur de l'économie (DSCRP, 2006).
La GECAMINES était citée parmi les plus grands
employeurs de la R.D.Congo. En1990, elle comptait 35 000 agents dont 91,8 %
étaient des agents d'exécution et elle assuraitl'existence de
plus de 258 000 personnes (DSCRP, 2006).Actuellement, hormis l'expansion des
activités aurifères et diamantifères
d'exploitationsartisanales, la production minière industrielle s'est
effondrée dans son ensemble. La productionde la GECAMINES en cuivre est
passée de 465 000 tonnes avec un prix de 2 855 USD la tonne en 1990
à 1008,0 tonnes en 2011 (Banque Centrale du Congo, 2011)
entraînant desconséquences graves sur l'économie et sur le
social.
C'est pourquoi, le Gouvernement de la République
Démocratique du Congo est déterminé à relancer les
activités minières industrielles plus rentables et
bénéfiques pour le pays en termes des recettes et de croissance
économique (IKOLI, 2012).
1.1.2.1. Diamant
Avec 27,1 million de carats expertisés en 2003
représentant une valeur de 642 millions de dollars, le Congo figure dans
le peloton des pays producteurs de diamant, juste derrière le Botswana
et l'Australie (70% en volume et 81% en valeurs), tandis que le reste est
reparti entre deux sociétés industrielles : la
première est la Minière de Bakwanga (MIBA) dont l'Etat
détient 80% des parts et la compagnie belge SIBEKA les 20% restant,
tandis que la seconde est la GECAMINES. La fraude du diamant qui, à
partir de l'effondrement de la GECAMINES à la fin des années 1990
est devenu le premier produit d'exploration du pays remonte à la
période de la deuxième République (Banque Mondiale,
2012).
En Janvier 1999 interdisant les transactions en devises, ce
qui a incité les négociants à écouler leur
production par les moyens détournés et provoqués à
l'époque une chute de 42% de la production artisanale. Plus que tout
autre produit au Congo, la richesse que constitue le diamant a joué
comme un élément aggravant de deux conflits (1996-1997) et
(1998-2003).
Ce produit est devenu en effet l'un des principaux enjeux et
le neuf de ces guerres comme l'ont démontré plusieurs rapports de
l'ONU.
Dans les provinces du Kasaï occidental et du Kasaï
oriental, les diamants sont exploités à partir de gisements
alluvionnaires et détritiques (rejets) et de cheminées
kimberlitiques. Seule une petite quantité (représentant 5 pour
cent des diamants extraits) est classée dans la catégorie des
gammes. On trouve aussi du diamant au Katanga, au Kivu et au nord du pays (au
voisinage avec la République Centrafricaine).En termes de carats, la
R.D.Congo regorge des ressources diamantifères connues les plus
importantes du monde - environ 150 millions de carats, représentant 25
pour cent de la totalité des réserves mondiales connues (Banque
Mondiale, 2012). Le potentiel de découverte de nouveaux gisements de
diamants n'est pas connu, mais le United States Geological Survey estime que
500 millions de carats pourraient être découverts en R.D.Congo.
Toutefois, en termes de valeur, les gisements de la R.D.Congo se classent
après ceux du Botswana et de Russie en raison de la qualité
industrielle de leurs pierres qui ne présentent pas des meilleurs
prix.
Alors que 5 à 8 pour cent de la production à
Mbuji Mayi est constituée de diamant de joaillerie, la production
artisanale autour de Tshikapa et Kananga est jugée de bien meilleure
qualité. La production artisanale de diamants représente 75 pour
cent de la production totale de la R.D.Congo en termes de carats et 62,5 pour
cent en valeur. Plus de 60 entreprises minières opèrent au
Kasaï oriental, dont cinq en partenariat avec la MIBA (Banque Mondiale,
2008).
Néanmoins, les performances à l'exportation se
sont sensiblement améliorées après l'adhésion de la
R.D.Congo au processus de Kimberley en 2003. Celui-ci résultant des
concertations entre l'industrie, les pays producteurs, les pays consommateurs
et certaines organisations de la société civile, a donné
naissance à un mécanisme de certification des gammes
exportées et de confirmation de l'importation par les pays destinataires
dans le but de juguler le trafic des diamants illicites, susceptible
d'alimenter des conflits.
Le processus de Kimberley engagé pour lutter contre le
commerce illicite des diamants bruts qui alimentait les guerres civiles en
Afrique centrale et occidentale est de l'avis général un
succès : 44 pays producteurs couvrant l'essentiel du commerce de ces
pierres en sont devenus membres, depuis que les conflits financés par le
commerce illicite de ces diamants se sont éteints. C'est l'exemple le
plus abouti en matière de certification de ressources naturelles.
Au-delà des aspects administratifs relatifs à la
certification des pierres en circulation, le processus de Kimberley
nécessite des actions à la source. En Afrique, la première
source de diamants illicites est l'exploitation artisanale qui peut
représenter la totalité de la production nationale
(Guinée, RCA, Sierra Leone, Libéria) ou une fraction importante
de celle-ci (R.D.Congo, Angola) (Banque Mondiale, 2010). Toute initiative
d'encadrement et de développement durable du secteur artisanal
améliorera les possibilités de contrôle des filières
de production et d'échanges transfrontaliers de diamants.
La France soutiendra les pays qui souhaitent mettre en oeuvre
le certificat Kimberley en les aidant à appréhender leurs
capacités de production et en leur apportant un savoir-faire dans la
certification. Dans plusieurs pays de la SADC (hors ceux cités : RSA,
Botswana, Zambie, Namibie), l'économie minière est un moteur de
la croissance et conserve un énorme potentiel.
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