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Les déterminants de l’efficacité de la politique monétaire en république démocratique du Congo .


par Jean bosco KAOMBA MUTUNDA
Université de Lubumbashi - Diplôme d'études approfondies en sciences économiques 2015
  

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2.5.2. Un modèle avec ciblage d'inflation

Pourquoi cibler l'inflation anticipée à deux ans. La Banque Centrale ne contrôle qu'imparfaitement l'inflation en raison de délais, de chocs d'offre et de demande Ces difficultés peuvent être résolues en prenant comme objectif intermédiaire la prévision d'inflation.

Courbe d'offre (ou courbe de Phillips + loi d'Okun): l'inflation dépend de l'inflation passée et de l'écart de produit y passé (de moyenne nulle) + choc d'offre :

39

est l'inflation entre la date t et t+1, est l'écart de produit ( > 0), et est un chocd'offre de moyenne nulle. Choc d'offre négatif : < 0 => l'inflation contemporaine augmente

la transmission du choc de coût sur les prix. Si l'écart de produit augmente, tensions inflationnistes également.

Courbe de demande (ou courbe IS): l'écart de produit dépend de l'écart passé et du taux d'intérêt réel + choc de demande :

= - - ) +

Le taux d'intérêt nominal est l'instrument de la Banque Centrale. - est une approximation du taux d'intérêt réel. Délai d'un an pour la transmission de la politique monétaire. Une augmentation du taux nominal aujourd'hui augmente le produit demain et l'inflation après-

demain (courbe d'offre en t+2 dans laquelle est remplacée par son expression dans la
courbe de demande:

= -

= - - ) + +

Objectif de la Banque Centrale : minimiser la déviation de l'inflation à sa cible * (au carré) et y (au carré) avec un coefficient (fonction de perte intertemporelle actualisée) :

in { ? - }

L'objectif est un peu plus simple avec = 0. On parle dans ce cas de ciblage d'inflation pur :

in ? -

Il vient directement en raison des décalages temporels que la Banque Centralene peut espérer lutter contre l'inflation en t et t+1 à l'aide du taux d'intérêt en t. L'inflation courante n'est pas contrôlable en raison des chocs et des délais. Elle ne peut donc stabiliser l'inflation qu'à partir de t+2.

40

Quand le coefficient est égal à 0 (ciblage d'inflation pur), une condition nécessaire et suffisante pour que l'objectif soit satisfait est que le taux nominal soit tel que l'inflation en t+2 anticipée soit égal à * :

Et | =

Si l'anticipation d'inflation est supérieure à la Banque Centrale devrait

augmenter le taux d'intérêt. Si l'anticipation d'inflation est inférieure , la Banque Centrale

devrait baisser le taux d'intérêt. Le taux d'intérêt devrait être ajusté jusqu'au point où les prévisions à profil futur constant de taux rejoignent le niveau cible.

En pratique, la banque centrale utilise ses modèles de prévision macroéconomique pour fixer le taux d'intérêt approprié. Le ciblage est à l'horizon : permettre une stabilisation du produit tout en donnant des assurances que l'inflation retournera au niveau de moyen-terme désiré.

La méthode nécessite de sélectionner le bon horizon pour stabiliser l'inflation. Il existe en théorie un horizon optimal pour cibler l'inflation anticipée. Si l'horizon est trop court, la Banque Centrale ne contrôle que partiellement l'inflation dont la partie prédéterminée est importante. Elle ne prend pas en compte les effets maximums de sa politique de taux. Si l'horizon est trop long, l'incertitude croissante rend périlleuse toute politique active.

La stabilisation de l'anticipation d'inflation en t+1 ne suffit pas, car la Banque Centrale ne prend pas en compte toute l'information présente (y et ) pour cibler l'inflation de long-terme (= t+2). Notamment, i a un impact sur y en t+1, lequel a un impact sur en t+2! La prévision d'inflation de moyen-terme (t+2) est la variable contemporaine la plus corrélée avec l'objectif final qui est l'inflation, tout en étant plus facilement contrôlable que l'objectif affecté par des chocs et des délais, c'est vérifiable à chaque instant et pas ex post, l'objectif est transparent et intuitif, cohérent avec son activité qui est de prévoir l'inflation, et avec des publications régulières sur les prévisions et sur les modèles qui sont à la base.

Stabiliser l'inflation anticipée en t+2 ne signifie pas stabiliser l'inflation en t+2 en raison des chocs d'offre et de demande qui surviennent dans l'intervalle. Ecart à la cible :

= = +

41

Aide les agents à ancrer leurs anticipations d'inflation. L'objectif est centré sur ce que peut réellement la Banque Centrale. Ce que l'on demande est plus qu'un exercice de prévision: il faut savoir comment varie la prévision en fonction de l'instrument.16

Si le coefficient est positif, on parle de ciblage d'inflation flexible.

L'ajustement à la cible devrait être graduel:

= ( - )

Au lieu d'ajuster à chaque instant l'anticipation d'inflation, la banque centrale devrait réagir graduellement aux chocs qui affectent l'inflation à t+2. Par exemple, en cas de choc de demande en t, la production s'accroît, augmentant du même coup l'anticipation d'inflation en t+1 et en t+2.

La nouvelle règle implique une réaction moins forte de la Banque Centrale en terme de hausse du taux d'intérêt. En terme de règle de Taylor, cela implique de donner un poids plus important à . Plus le poids sur y est important, plus est faible et plus long sera l'ajustement de la prévision d'inflation à sa cible.

En conclusion, la prévision d'inflation est le bon objectif intermédiaire. La Banque Centrale devrait ajuster son taux d'intérêt de telle manière que sa prévision soit égale à sa cible ou revienne progressivement vers sa cible. C'est un instrument qui prend en compte les délais d'action et les chocs affectant l'économie.

Si on explicite la règle derrière l'objectif de ciblage d'inflation, on aboutit à une règle qui ressemble finalement à une règle de Taylor :

= + - - ) + + =

+ - - ) =

Par ailleurs :

+

16La BC ne doit prendre en compte que la moyenne d'inflation future. Résultat de contrôle optimal quand l'objectif est quadratique est l'incertitude sur l'état de l'économie et les mécanismes de transmissions entrent linéairement dans les contraintes.

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- af.?2(it - 7rt) =

- c7r*) : Quasi - règle de Taylor

Il est intéressant de noter que la règle de ciblage d'inflation pure conduit à une quasi-règle de Taylor qui prend en compte l'inflation courante mais aussi l'écart de produit ! (le coefficient risque cependant d'être plus faible que s'il est pris directement en compte). En effet, un accroissement de l'écart de produit signale une inflation future élevée. Par exemple, un choc de demande en t (t) augmente la production en t puis l'inflation en t+1 via la courbe de Phillips puis l'inflation en t+2 en raison de la persistance de l'inflation. Un choc d'offre en t augmente l'inflation en t et fait baisser l'output gap en t.

Attention toutefois : ciblage d'inflation et règle de taux ne se confondent pas. La règle de taux est une politique définie par les moyens mis en oeuvre (politique d'instrument). Le ciblage ne dit rien sur les moyens mais est définie en termes d'objectif et de résultat17.

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"I don't believe we shall ever have a good money again before we take the thing out of the hand of governments. We can't take it violently, out of the hands of governments, all we can do is by some sly roundabout way introduce something that they can't stop ..."   Friedrich Hayek (1899-1992) en 1984