Chapitre 4
Quelques applications du laser
4.1 Introduction
Le laser, depuis son invention, a toujours été
un dispositif utile qui a rendu notre vie plus facile en raison de ses
propriétés uniques. Dans ce chapitre, nous allons parler de
certaines applications du laser dans la vie quotidienne et aussi de ses
applications dans le domaine de la recherche scientifique.
4.2 Applications dans le domaine de la recherche
scientifique
4.2.1 La télémétrie
On désire ici mesurer la distance entre deux points
avec une grande précision. Depuis 1983, le mètre est
défini par rapport à la vitesse de la lumière dans le
vide, qui est fixée à exactement 299 792 458 m/s, la seconde
étant elle-même définie comme 9 192 631 770 fois la
période de la radiation correspondant à la transition entre les
deux niveaux hyperfins de l'état fondamental du césium.
L'utilisation de la lumière est donc particulièrement
adaptée à la mesure d'une longueur, puisque c'est finale ment sa
vitesse qui définit maintenant l'étalon de longueur.
FIGURE 4.1 - Le laser utilisée pour mesurer la distance
terre-lune.
La méthode de télémétrie la plus
simple est d'émettre vers l'objet dont on veut mesurer la distance une
impulsion de lumière, puis de mesurer le temps ?t qu'elle met
pour revenir à son point de départ. Si l'impulsion se propage
avec une vitesse de groupe vg, la distance
recherchée est d = vg?t/2 . La directivité du
laser joue ici un rôle crucial, puisque l'intensité
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détectée au retour dépend de la
divergence du faisceau. Si les cibles sont relativement proches ou suffisamment
réfléchissantes, c'est la lumière
rétrodiffusée qui est utilisée pour faire la mesure. Les
télémètres employés dans les métiers du
bâtiment et des travaux publics exploitent cette technique, tout comme
les jumelles laser qui, grâce à plusieurs mesures successives,
permettent d'obtenir la vitesse d'un véhicule.
4.2.2 La spectroscopie
La spectroscopie consiste à identifier l'ensemble des
niveaux d'énergie d'une molécule, ce qui donne d'innombrables
informations sur sa structure interne et permet de plus d'en constituer une
« signature ». Celle-ci peut ensuite servir à détecter
la molécule, y compris dans les endroits les plus extrêmes :
fours, moteurs à explosion, atmosphère terrestre, espace
intersidéral pour n'en citer que quelques-uns.
Le laser permet de réaliser des spectres sur des temps
très courts, en utilisant des impulsions femtosecondes. La spectroscopie
femtoseconde permet notamment de suivre à cette échelle de temps
l'évolution des réactifs dans une réaction chimique, ce
qui améliore considérablement nos connaissances du domaine. Ces
techniques développées par Ahmed Zewail lui ont valu le prix
Nobel de Chimie en 1999.
4.2.3 La détection des ondes gravitationnelles
Les ondes gravitationnelles sont des oscillations de la
courbure de l'espace-temps prédites par la théorie de la
relativité générale. Elles n'ont jamais été
observées, et c'est la raison pour laquelle des instruments
destinés à détecter ces ondes ont été
construits. Des détecteurs terrestres d'ondes gravitationnelles
utilisant l'interférométrie laser sont mis en service pour des
campagnes scientifiques. Actuellement, deux instruments comparables sont en
service : LIGO aux États-Unis, et l'instrument franco-italien VIRGO (fig
4.2). Ils s'appuient tous les deux sur le même principe : comme la
lumière suit les courbures de l'espace-temps, le passage d'une impulsion
gravitationnelle peut être détecté par un
interféromètre optique, car elle modifiera la longueur apparente
des bras de l'interféromètre. Les deux bras étant
perpendiculaires, ces modifications seront différentes dans les deux
bras, et le passage d'un train d'ondes gravitationnelles se traduira donc par
une oscillation périodique des franges d'interférence. Les
impulsions gravitationnelles les plus puissantes sont
générées par des évènements gravitationnels
exceptionnellement violents, comme l'effondrement du coeur d'une supernova
juste avant son explosion, ou la coalescence de deux trous noirs. Plus
l'interféromètre est sensible, plus le nombre
d'évè-nements détectables est important.
FIGURE 4.2 - L'interféromètre VIRGO, Santo
Stefano a Macerata, Pisa, Italie.
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Les sensibilités obtenues permettront de suivre des
événements cosmiques d'un grand intérêt
scientifique. La détection des événements, l'analyse
quantitative et la localisation dans le ciel fourniront des informations
vitales qui ne peuvent être obtenues par la fenêtre du rayonnement
électromagnétique.
Le laser utilisé est un laser à néodyme
de 20 W, avec une stabilité relative en fréquence de
v
10-21 Hz sur une échelle de
temps de 100 ms, et un bruit en fréquence de
2×10-21 Hz/ Hz. Une
amélioration de ces performances est déjà prévue,
afin d'augmenter le nombre d'évènements détectables.
4.2.4 Vélocimétrie Doppler
L'objectif est ici de mesurer la vitesse d'un objet. On
réalise une mesure interférométrique de la distance entre
l'objet mobile et le laser fixe. On pourrait mesurer la vitesse de
défilement des franges d'interférence et obtenir ainsi la vitesse
de l'objet. On peut plus simplement mesurer directement la valeur du
décalage de fréquence Doppler de l'onde retour.
Le principe est le même que celui exploité dans
les radars qui jalonnent nos routes. Si une onde incidente de fréquence
vi est rétro-réfléchie par un objet en mouvement,
l'onde retour voit sa fréquence Ur modifiée :
c'est l'effet Doppler. Le décalage 8v dépend de la
vitesse v? de l'objet : 8v = -vv/c , où v
est la composante de vitesse parallèle à la direction de
propagation de la lumière. En mélangeant les ondes aller et
retour, on observe un battement à la fréquence 8v qui
nous renseigne directement sur la vitesse de l'objet. La précision de la
mesure de la vitesse est limitée par la largeur spectrale du laser. Pour
un laser YAG, un calcul simple donne 1 mm/s de précision pour une
largeur spectrale de 1 kHz.
4.2.5 La fusion nucléaire
La réaction de fusion nucléaire entre le
deutérium 2D et le tritium 3T est :
3D + 2T ? 4He + m +
17.6 MeV
où n est un neutron. L'énergie produite (17.6
MeV = 2.8×1012 J) est dix fois supérieure à
l'énergie nécessaire pour provoquer la réaction. Elle rend
donc la fusion très compétitive en termes de production
d'énergie. Outre le fait que le mélange D-T est quatre fois plus
énergétique que la même masse d'uranium, les avantages
cités sont l'absence de déchets nucléaires à longue
durée de vie et la quantité quasi illimitée de
matière première (le deutérium est extrait de l'eau de
mer, et le tritium est produit dans la réaction nucléaire
à partir du lithium, qui est un élément abondant sur
Terre). Outre son intérêt en termes de production
d'énergie, la fusion nucléaire contrôlée est
très attendue par de nombreux scientifiques, comme les astrophysiciens,
qui espèrent reproduire les conditions qui règnent au coeur des
étoiles. La fusion contrôlée est également au coeur
du programme de simulation destiné à remplacer les essais
nucléaires.
En 2009, au Lawrence Livermore National Laboratory, aux
États-Unis, le National Ignition Facility (NIF), le plus grand
dispositif de fusion thermonucléaire jamais construit, a
été lancé. Sa partie principale est un laser à
faisceaux multiples dont l'énergie en impulsion nanoseconde
dépasse 1MJ (106J). Sa tâche consiste à
comprimer le combustible DT à une densité plus de quelques
milliers de fois supérieure à celle du DT à l'état
solide et à le chauffer à 100 millions de K degrés. Dans
ce cas, le processus de compression et de chauffage du combustible est
réalisé de manière indirecte - le rayonnement laser (dans
la gamme des UV) est converti dans ce qu'on appelle le hohlraum (cylindre de 1
cm contenant une pastille sphérique de DT) en un rayonnement X doux
très intense illuminant symétriquement la pastille de DT. Pour la
première fois, les paramètres énergétiques du
dispositif de fusion sont suffisants pour permettre l'allumage et la combustion
auto-entretenue d'un combustible thermonucléaire à une
échelle permettant de générer une énergie bien
supérieure à celle fournie au combustible (fig. 4.3).
L'objectif principal de la campagne expérimentale
actuelle du NIF est de réaliser, dans les deux ou trois prochaines
années, un "big bang" thermonucléaire contrôlé dans
lequel l'énergie de fusion sera au moins dix fois supérieure
à l'énergie fournie par le laser. Le "big bang" attendu serait le
résultat de cinquante ans d'efforts internationaux visant à
démontrer la faisabilité physique et technique de la production,
de manière contrôlée, de l'énergie de fusion
nucléaire dans un plasma confiné par inertie et ouvrirait la voie
à la réalisation pratique du réacteur
thermonucléaire piloté par laser.
FIGURE 4.3 - Schéma des étapes de la fusion
laser.
4.2.6 Le refroidissement des atomes
L'objectif est ici de ralentir, c'est-à-dire refroidir,
les atomes avec de la lumière. Le principe repose sur l'échange
d'impulsion entre des photons et des atomes. Considérons le cas d'un
atome se déplaçant à la vitesse ?v0 dans une onde
laser de fréquence í résonante avec une de ses transitions
et se propageant en sens inverse (fig. 4.4a). L'impulsion de l'atome est alors
m?v0 et celle d'un photon h?k, où m est la masse de
l'atome et k ? le vecteur d'onde du champ laser. Lors de l'absorption d'un
photon par l'atome (fig. 4.4b), la conservation de l'impulsion implique que la
vitesse de l'atome excité après absorption soit :
?vexc = ?v0 +
|
h m
|
k? = ?v0 + ?vr (4.1)
|
vexc = v0 -
|
h m
|
k (4.2)
|
?vr =
|
h?k/m est appelée vitesse de recul.
Après absorption, l'atome est dans un état excité et
|
sa vitesse a diminué. Au bout d'un temps
dépendant de la durée de vie de ce niveau excité, l'atome
se désexcite par émission spontanée ou stimulée.
Dans le cas de l'émission stimulée, on retrouve l'état
initial. Dans le cas de l'émission spontanée, le photon est
émis dans une direction aléatoire (fig. 4.4c) et la vitesse
finale ?va de l'atome est :
?va = ?v0 +
|
h m
|
k?
|
h m
|
?ks (4.3)
|
où ?ks est le vecteur
d'onde du photon émis spontanément. ?ks
a une direction aléatoire mais a toujours le même
module : ?ks = ?k . Si le processus
est répété n fois, la vitesse finale de l'atome est :
?va = ?v0 + n
|
h m
|
k?
|
h X m i
|
?ksi = ?v0 + n
|
h m
|
k? (4.4)
|
va = v0 - n
|
h m
|
k (4.5)
|
26
puisque ?ksi a une direction
aléatoire et est donc nul en moyenne. Le module de la vitesse finale est
donc :
27
FIGURE 4.4 - Les trois étapes du ralentissement d'un
atome par un photon. En (a), un atome absorbe un photon se propageant en sens
inverse; en (b), l'atome excité est ralenti; en (c), le photon est
réémis dans une direction aléatoire.
Ce processus peut-il être efficace pour ralentir des
atomes? Pour répondre à cette question, prenons l'exemple de
l'atome de césium. La vitesse des atomes de césium dans une
vapeur diluée à température ambiante est typiquement de
300 m.s-1. Pour la raie du césium située à 852
nm, la vitesse de recul est vr =
3.5×10-3 m.s-1, ce qui semble ridiculement faible
pour ralentir un atome se déplaçant à 300
m.s-1. Cependant, la durée de vie du niveau excité du
césium est de 3×10-7 s, ce qui fait que le processus
peut se répéter jusqu'à 3 millions de fois par seconde!
L'atome peut donc être complètement arrêté en
quelques dixièmes de seconde. Réduire la vitesse des atomes par
cette méthode est donc parfaitement réalisable.
L'équation (4.5) n'aboutit pas à un
ralentissement de l'atome : une fois le sens de la vitesse inversé
(nhk/m > v0), l'atome est accéléré.
Pour éviter cela, on plonge l'atome dans deux ondes contra-propageantes
de fréquence inférieure à la fréquence de
résonance atomique Va. Par effet
Doppler, l'atome voit toujours l'onde se propageant dans le sens opposé
au sien avec une fréquence plus proche de Va
que l'onde se propageant dans le même sens que lui.
L'onde de sens opposé (plus résonante) le freine donc toujours
davantage que l'onde de même sens (moins résonante) ne
l'accélère. Quel que soit son sens de propagation, l'atome
ralentit donc : c'est le refroidissement Doppler.
Dans la pratique, de nombreux processus interdisent de
réduire indéfiniment la vitesse des atomes. Par exemple, en
utilisant la méthode décrite ci-dessus, on peut ralentir des
atomes alcalins jusqu'à des vitesses de l'ordre de 10 cm.s-1,
ce qui correspond à une température de quelques centaines de
uK.
En utilisant des méthodes plus sophistiquées,
des températures de l'ordre du nK ont été atteintes. Une
des applications les plus spectaculaires des atomes refroidis est l'obtention
de la condensation de Bose-Einstein, un état de la matière
où les atomes se retrouvent dans un même état quantique.
Prédite par Bose et Einstein en 1924, elle fut observée pour la
première fois en 1995.
4.3 Applications dans les autres domaines 4.3.1 Dans la
vie quotidienne
Le pointeur laser
Le pointeur laser l'utilisation la plus répandue du
laser par le grand public est sans nul doute le pointeur laser. Mais ce dernier
est aussi utilisé par les professionnels pour matérialiser une
ligne droite : les applications sont nombreuses, depuis la
matérialisation des lignes de niveau dans les métiers du
bâtiment, jusqu'au guidage des tunneliers. Il y a longtemps que les
lasers sont
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utilisés dans les théodolites, ces instruments
qui permettent aux géomètres et aux ingénieurs
d'établir des relevés topographiques. Les scientifiques aussi
utilisent dans leurs laboratoires des pointeurs laser pour aligner d'autres
lasers. Les lasers utilisés dans les pointeurs sont assez simples. Il
s'agit en général d'une diode laser (pointeur rouge) ou d'un
laser à néodyme doublé (pointeur vert), d'une puissance de
quelques mW, ce qui suffit à créer un faisceau parfaitement
visible, même en plein jour. Les optiques de collimation doivent
cependant être adaptées à l'usage, et notamment aux
distances sur lesquelles le pointeur doit être utilisé.
Le lecteur des codes barres
Le code barre est un système d'identification d'objets;
il est constitué d'une série de barres et d'espaces
d'épaisseur variable. Le lecteur fournit une information
électrique reproduisant la série de barres.
Le principe retenu est le suivant : un faisceau laser balaye
le code barre et un détecteur collecte la lumière
diffusée. Le signal temporel obtenu est une image du code barre. Compte
tenu du cahier des charges décrit plus haut, le type de laser et
l'optique utilisés jouent un rôle primordial dans la
réalisation du lecteur. Les premiers lecteurs utilisaient des lasers
He-Ne à 632 nm. Ils ont été progressivement
remplacés par des diodes laser à 670 nm. Celles-ci
émettent des faisceaux elliptiques dans le plan perpendiculaire à
leur axe de propagation. Cette propriété est ici mise à
profit pour limiter les risques d'erreurs de lecture du code barre.
4.3.2 Domaine industriel
Dans l'industrie, le laser est omniprésent : il
façonne, découpe, soude, marque, grave, nettoie les
matériaux les plus divers. Le laser est en général
employé à puissance élevée, afin d'exploiter
l'absorption du faisceau par le matériau. On amène ainsi
localement le matériau à une température de quelques
centaines ou quelques milliers de degrés, provoquant sa fusion, voire sa
vaporisation. Grâce à la rapidité des changements de phase,
la chaleur n'a pratiquement pas le temps de se propager, laissant les zones
périphériques à l'usinage dans leur état d'origine
: on peut ainsi obtenir des découpes ou des soudures plus propres
qu'avec les autres procédés.
Soudage : Il s'agit en pratique ici de
soudage de métaux, bien que cette méthode soit aussi
appliquée sur des composés plastiques. Des tôles
métalliques peuvent être soudées sur plusieurs
millimètres d'épaisseur (par exemple 1 cm avec un laser CO2 de 5
kW) avec des vitesses de plusieurs mètres par minute (par exemple 6 m/mn
pour une tôle d'acier de 1.5 mm d'épaisseur). La soudure est fine
et propre, mais elle est aussi très précise, et l'on trouve donc
aussi des applications de soudage de précision en
micro-mécanique. Le rôle du laser est ici de chauffer le
métal afin d'atteindre son point de fusion. Les intensités
nécessaires sont de l'ordre de 105 à 107
W.cm-2 . On utilise des lasers continus, typiquement le laser
CO2 et le YAG, et c'est la vitesse de déplacement du faisceau le long de
la zone à souder qui fixe la durée de l'interaction et donc la
profondeur de pénétration.
Découpe et perçage : Le laser
permet de découper ou percer toutes sortes de matériaux, depuis
les aciers les plus durs jusqu'au papier, en passant par le verre, les
tissus,....La découpe est rapide, nette, sans trace de brûlure ou
d'échauffement, et peut être facilement automatisée et
pilotée par ordinateur. En montant le laser sur des systèmes
à plusieurs axes, on peut ainsi façonner des pièces avec
des géométries complexes.
4.3.3 Domaine médicale
La plupart du temps, on utilise le laser en médecine
pour détruire ou altérer des tissus de façon très
localisée et précise. En ce sens, la directivité, la
focalisation et la puissance du laser jouent un rôle important. Mais
toutes ces caractéristiques seraient inutiles si l'on n'était
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pas capable de détruire les tissus de façon
sélective, grâce aux propriétés spectrales des
lasers. Les coefficients d'absorption des molécules constituantes de
l'organisme varient en effet avec la longueur d'onde. En choisissant
judicieusement cette dernière, on peut donc exciter avec un laser un
matériau sensible à cette longueur d'onde, par exemple du sang,
situé derrière un autre matériau qui y est insensible (ou
moins sensible), par exemple la surface de la peau.
4.3.4 Télécommunication
L'échange d'informations numériques fait
maintenant partie de notre vie quotidienne, qu'il s'agisse de
téléphoner, de regarder la télévision ou de
naviguer sur Internet. Que ce soit à l'échelle de la
planète, ou entre deux pièces d'un même bâtiment, le
transport de ces informations est essentiellement optique.
Le dispositif de transmission par fibre optique est
constitué d'un émetteur qui convertit le signal électrique
en signal optique, d'une fibre optique qui propage le signal optique, de
répéteurs éventuels qui l'amplifient, et finalement d'une
photodiode qui reconvertit le signal optique en signal électrique.
L'émetteur est un laser à semi-conducteur
à 1,3 um, et plus récemment à 1,55 um. À ces
longueurs d'onde correspondent respectivement un minimum de dispersion et
d'atténuation du signal dans les fibres. Le signal électrique
numérique est transformé en signal lumineux en modulant
directement l'intensité émise par le faisceau laser, le bit 0
correspondant à une absence d'émission. Les fréquences de
modulation sont de l'ordre du GHz, et même davantage. Elles sont
directement liées au débit d'informations transmis. C'est
d'ailleurs un des avantages majeurs des fibres optiques par rapport aux
traditionnels fils de cuivre que de pouvoir atteindre des débits
très élevés. Pour fixer les idées, prenons
l'exemple du téléphone. Les normes internationales fixent la
bande passante des communications téléphoniques entre 300 Hz et
3400 Hz. En général, les opérateurs fixent la
fréquence haute à 4 kHz, correspondant à un débit
de 64 kbps (bps = bits par seconde) pour un signal numérique codé
sur 8 bits. Sur une fibre optique de 1Gbps de débit, on peut donc faire
passer simultanément plus de 15 000 conversations
téléphoniques.
4.3.5 Les armes laser
Depuis les années 2000, plusieurs fabricants d'armes
développent de véritables « rayons de la mort ». Il
s'agit de lasers extrêmement puissants destinés à la
destruction en vol de roquettes, d'obus, voire de missiles. Ces armes sont
destinées à être embarquées sur des bateaux, des
avions ou des véhicules terrestres, et ne peuvent donc pas disposer de
ressources électriques importantes. C'est la raison pour laquelle elles
utilisent souvent des lasers chimiques. Parmi les réalisations connues,
on peut citer le THEL (Tactical High Energy Laser) embarqué sur un
navire. Il utilise un laser HF émettant 1 MW en continu à 2,8 um.
En 2004, une démonstration a montré qu'il était capable de
détruire en vol des obus de mortier lancés en rafale. Citons
également le Boeing YAL-1, qui a démontré en
février 2010 sa capacité à détruire des missiles
balistiques en vol. Il utilise lui aussi un laser chimique, à l'iodure
d'oxygène. En fin, le SSHCL (Solid State Heat Capacity Laser), un laser
néodyme de « seulement » 67 kW, permet d'avoir une idée
des capacités de destruction de ce type d'armes : cette arme est capable
de percer un trou carré de 13 cm de coté dans une plaque d'acier
de 2,5 cm d'épaisseur, en 2 secondes.
4.4 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons parlé de certaines
applications du laser dans notre vie quotidienne, puis de ses applications dans
la recherche scientifique, tout en détaillant le fonctionnement du
refroidissement par laser et de la fusion nucléaire par laser.
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