DéPARTEMENT DE PHYSIQUE
APPLIQUéE
FILIèRE : SMP
PARCOURS : PHYSIQUE FONDAMENTALE
RAPPORT DE PROJET DE FIN D'ETUDES
Lasers
Production et Applications
Présenté Par :
Amine ALIDA Encadré Par :
Ayoub MAALAISSE Pr. Jamal EL QARS
Brahim ALAHYANE
Soutenu le 06/06/2022 devant les membres du jury :
Pr. Youssef Essediq EL YAKOUBI FSA-AM Examinateur
Pr. Jamal EL QARS FSA-AM Encadrant
Année Universitaire : 2021 - 2022
II
Remerciements
Nous tenons à remercier toute l'équipe
pédagogique de la Faculté des Sciences Appliquées Ait
Melloul et en particulier tout le corps professoral intervenant dans la
filière « Science de la Matière Physique » pour
l'effort fourni pour réussir notre formation et mieux atteindre tous les
objectifs attendus des différentes matières.
Nos remerciements les plus distingués sont
adressés à notre encadrant, Monsieur Jamal El QARS,
qui en tant que professeur, a bien voulu accepter de suivre notre
travail, nous diriger, afin de pouvoir mener ce projet à terme.
Nous tenons aussi à remercier le professeur
Youssef Essediq EL YAKOUBI pour ses conseils lors de la
préparation, son ouverture d'esprit, son engagement et son soutien ainsi
que pour la pertinence de ses remarques. Et également en tant que membre
du jury, de nous avoir honoré en acceptant de juger ce travail.
Nous tenons à remercier toutes les personnes, qui, de
près ou de loin, se sont impliquées dans la réalisation de
ce rapport, tant par le soutien opérationnel, que professionnel.
Nous adressons également nos sincères
remerciements aux membres de nos familles qui n'ont jamais hésité
à nous offrir le meilleur d'eux-mêmes, et surtout nos parents qui
ont supporté les frais de nos études.
III
Résumé
Un laser est un dispositif qui émet de la
lumière par un processus d'amplification optique basé sur
l'émission stimulée de rayonnement
électromagnétique. Le terme "laser" est à l'origine
l'acronyme de "amplification de la lumière par émission
stimulée de rayonnement". Le premier laser a été construit
en 1960 par Theodore H. Maiman aux Hughes Research Laboratories, sur la base
des travaux théoriques de Charles Hard Townes et Arthur Leonard
Schawlow.
Un laser diffère des autres sources de lumière
en ce qu'il émet de la lumière de manière
cohérente. Les lasers peuvent également avoir une
cohérence temporelle élevée, ce qui leur permet
d'émettre de la lumière avec un spectre très
étroit, c'est-à-dire qu'ils peuvent émettre une seule
couleur de lumière.
Il existe de nombreux types de lasers, dont les plus
importants sont les lasers à semiconducteurs, par exemple les lasers
GaAs, et les lasers à gaz, comme les lasers à argon ionisé
Ar+, mais il en existe également d'autres, comme les lasers
chimiques, les lasers à fibres et les lasers à électrons
libres.
Le laser a beaucoup d'applications, comme dans le domaine de
la recherche scientifique, nous avons trouvé la fusion nucléaire
par laser, le refroidissement des atomes, la détection des ondes
gravitationnelles, etc. Et aussi dans les autres domaines comme le domaine
industriel, médicale, dans la télécommunication et
d'autre.
IV
Abstract
A laser is a device that emits light by an optical
amplification process based on the stimulated emission of electromagnetic
radiation. The term "laser" is originally an acronym for "light amplification
by stimulated emission of radiation". The first laser was built in 1960 by
Theodore H. Maiman at Hughes Research Laboratories, based on the theoretical
work of Charles Hard Townes and Arthur Leonard Schawlow.
A laser differs from other light sources in that it emits
light coherently. Lasers can also have high temporal coherence, which allows
them to emit light with a very narrow spectrum, i.e., they can emit a single
color of light.
There are many types of lasers, the most important of which
are semiconductor lasers, such as GaAs lasers, and gas lasers, such as
Ar+ ionized argon lasers, but there are also others, such as
chemical lasers, fiber lasers and free electron lasers.
The laser has many applications, as in the field of scientific
research, we found the nuclear fusion by laser, the cooling of atoms, the
detection of gravitational waves etc. And also in other areas such as the
industrial field, medical, in telecommunications and others.
V
Table des matières
Introduction Générale
1 Généralités sur les
lasers
|
1
3
|
|
1.1
|
Introduction
|
3
|
|
1.2
|
Qu'est-ce qu'un laser?
|
3
|
|
1.3
|
Le laser et l'ampoule
|
3
|
|
1.4
|
Gammes spectrales et liste de quelques lasers
|
4
|
|
1.5
|
Les propriétés du laser
|
4
|
|
1.6
|
Conclusion
|
6
|
2
|
La base théorique du laser
|
7
|
|
2.1
|
Introduction
|
7
|
|
2.2
|
Processus de fonctionnement du laser
|
7
|
|
|
2.2.1 La lumière et les atomes dans une cavité
|
7
|
|
|
2.2.2 Émission spontanée
|
9
|
|
|
2.2.3 Absorption
|
9
|
|
|
2.2.4 Emission stimulée
|
10
|
|
2.3
|
Les relations d'Einstein
|
10
|
|
2.4
|
Conditions d'Amplification - Inversion de populations
|
13
|
|
|
2.4.1 Les conditions d'amplification
|
13
|
|
|
2.4.2 Les modes de transfert pour les transitions atomiques
|
13
|
|
|
2.4.2.1 Pompage optique
|
14
|
|
|
2.4.2.2 Pompage électronique
|
14
|
|
|
2.4.2.3 Pompage chimique
|
15
|
|
|
2.4.2.4 Pompage par injection de porteurs
|
15
|
|
2.5
|
Cavité résonante
|
15
|
|
2.6
|
Conclusion
|
16
|
3
|
Types et principe de fonctionnement
|
17
|
|
3.1
|
Introduction
|
17
|
|
3.2
|
Lasers à semi-conducteur
|
17
|
|
|
3.2.1 Histoire
|
17
|
|
|
3.2.2 Principe de fonctionnement
|
17
|
|
|
3.2.3 La longueur d'onde du rayonnement
|
18
|
|
|
3.2.4 Principaux avantages
|
19
|
|
|
3.2.5 Exemple : Laser (Al)GaAs
|
19
|
|
3.3
|
Lasers à gaz
|
20
|
|
|
3.3.1 Principe de fonctionnement
|
20
|
|
|
3.3.2 Exemple: Laser à argon ionisé
(Ar+)
|
20
|
|
3.4
|
Autres types
|
21
|
|
|
3.4.1 Lasers chimiques
|
21
|
VI
3.4.2 Lasers à fibre 22
3.4.3 Lasers à électrons libre 22
3.5 Conclusion 22
4 Quelques applications du laser 23
4.1 Introduction 23
4.2 Applications dans le domaine de la recherche scientifique
23
4.2.1 La télémétrie 23
4.2.2 La spectroscopie 24
4.2.3 La détection des ondes gravitationnelles 24
4.2.4 Vélocimétrie Doppler 25
4.2.5 La fusion nucléaire 25
4.2.6 Le refroidissement des atomes 26
4.3 Applications dans les autres domaines 27
4.3.1 Dans la vie quotidienne 27
4.3.2 Domaine industriel 28
4.3.3 Domaine médicale 28
4.3.4 Télécommunication 29
4.3.5 Les armes laser 29
4.4 Conclusion 29
Conclusion Générale 30
Bibliographie 31
VII
Table des figures
1
|
Theodore Maiman avec le premier laser.
|
2
|
1.1
|
Laser à onde continue (cw), laser femtoseconde (fs) et
ampoule électrique . . . .
|
3
|
1.2
|
Gammes spectrales des lasers
|
5
|
2.1
|
Une cavité et une distribution Planckienne du rayonnement
|
8
|
2.2
|
Émission spontanée
|
9
|
2.3
|
Transitions stimulées. (a) Absorption et (b)
émission stimulée
|
10
|
2.4
|
Modèle d'Einstein. Les flèches ondulées
désignent des photons. L'atome en grisé,
|
|
|
après la transition, vient augmenter la population
d'atomes « blancs ».
|
11
|
2.5
|
Durée de vie naturelle
|
12
|
2.6
|
Exemple d'un système à trois niveaux avec un
pompage optique
|
14
|
2.7
|
Exemple de HeNe avec un pompage électronique.
14
|
|
2.8
|
Cavité résonante du laser.
15
|
|
3.1
|
Représentation schématique des bandes
d'énergie dans un semi-conducteur. . . .
|
18
|
3.2
|
Transitions radiatives de bande à bande dans les
semi-conducteurs.
18
|
|
3.3
|
Choix du laser à semi-conducteur en fonction de la
longueur d'onde
|
19
|
3.4
|
Illustration schématique de l'interaction
matière-rayonnement. La fréquence du rayonnement émis ou
absorbé dépend du type de la résonance mise en jeu :
(a)
|
|
|
atomique, (b) vibrationnelle, (c) rotationnelle.
20
|
|
3.5
|
Niveaux d'énergie du laser dans l'argon ionisé
|
21
|
3.6
|
Structure de base d'un laser à électrons libres.
22
|
|
4.1
|
Le laser utilisée pour mesurer la distance terre-lune
|
23
|
4.2
|
L'interféromètre VIRGO, Santo Stefano a Macerata,
Pisa, Italie
|
24
|
4.3
|
Schéma des étapes de la fusion laser.
26
|
|
4.4
|
Les trois étapes du ralentissement d'un atome par un
photon. En (a), un atome absorbe un photon se propageant en sens inverse; en
(b), l'atome excité est
|
|
|
ralenti; en (c), le photon est réémis dans une
direction aléatoire
|
27
|
VIII
Liste des tableaux
1.1 Longueurs d'onde, fréquences et des quantum
d'énergies des lasers 4
2.1 Les coefficients d'Einstein 13
1
Introduction Générale
Le laser est l'acronyme de Light Amplification by Stimulated
Emission of Radiation, c'est à-dire amplificateur de lumière par
émission stimulée de rayonnement électromagnétique.
S'est peu à peu imposé dans notre vie sans que nous en soyons
forcément conscients. Incontournable dans la fabrication d'objets aussi
divers que les smart phones, les écrans LCD, les cellules
photovoltaïques ..., il est tout aussi indispensable au fonctionnement
d'Internet et joue un rôle crucial en médecine. Toute l'industrie
du numérique - musique, vidéo, informatique - repose sur les
lasers. De plus en plus utilisé pour l'analyse des matériaux, on
le trouve dans les laboratoires de police scientifique, dans les usines de
l'agroalimentaire, ou même sur Mars!. En 2021, plus de 1,8 milliards de
lasers ont été fabriqués dans le monde. Il s'agit pour
l'essentiel de lasers à semi-conducteur : moins de 800 000 autres
lasers, notamment des lasers à gaz, des lasers à fibre et des
lasers à état solide, sont fabriqués chaque
année.
Malgré cette production massive, le laser fait encore
l'objet de recherches intenses, pour atteindre des puissances plus
élevées, des impulsions plus courtes, des caractéristiques
spectrales meilleures, des rendements plus importants, ou tout simplement de
nouvelles longueurs d'onde. Par exemple, en 2012, l'un des plus importants
chalenges de la recherche industrielle dans le domaine des lasers a
été la réalisation d'un laser à semi-conducteur
émettant dans le vert. L'objectif est de compléter les lasers
bleus et rouges déjà largement maîtrisés, afin de
produire des images vidéo couleur, et de réaliser ainsi des
petits vidéoprojecteurs puissants. La conception de nouveaux lasers est
donc toujours d'actualité, et les questions que se posent aujourd'hui
les chercheurs, ainsi que les problèmes auxquels ils sont
confrontés pour concevoir ces lasers, sont les mêmes que ceux
rencontrés par les pionniers de la discipline, il y a plus de 50 ans.
La première brique : l'émission
stimulée
C'est le 16 mai 1960 qu'un chercheur américain,
Theodore Maiman (fig. 1), réussit à produire le premier rayon
laser. Mais l'histoire du laser commence 43 ans plus tôt avec Albert
Einstein. Dans un article de 1917 intitulé « Zur Quant en theorie
der Strahlung », il donne une interprétation de la loi du
rayonnement du corps noir de Planck. Pour résoudre ce problème,
il décrit les échanges d'énergie entre matière et
rayonnement par les processus connus à l'époque, c'est
à-dire l'émission spontanée et l'absorption. Mais ces
processus ne suffisent pas, et il a l'idée lumineuse d'ajouter un
nouveau processus : l'émission stimulée.
La deuxième brique : l'inversion de
population
Mais pour obtenir cette lumière cohérente, il
faut exciter massivement les atomes. En fait, nous verrons qu'il faut que dans
un échantillon, la population d'atomes excités devienne
supérieure à la population d'atomes non excités. On
appelle cela réalisé une inversion de population. C'est la
découverte du pompage optique, en 1950, par le physicien français
Alfred Kastler, qui donne une première méthode pour
réaliser cette inversion de population. Le pompage optique permet
d'exciter un grand nombre d'atomes, et ouvre ainsi la porte à la
réalisation d'un rayonnement cohérent.
2
FIGURE 1 - Theodore Maiman avec le premier laser.
Le Maser
Maser est l'acronyme de Microwave Amplification by Stimulated
Emission of Radiation, c'est-à-dire amplification d'un rayonnement
micro-onde par émission stimulée. Dès lors, deux groupes
de physiciens se lancent dans la réalisation d'une source de
lumière cohérente, le maser. Ces deux groupes ne communiquent pas
entre eux et travaillent indépendamment, pour la simple raison qu'ils
sont de part et d'autre du rideau de fer. Charles Townes, de
l'université de Columbia, à New-York, affirme avoir eu
l'idée du maser dès 1951, mais ce n'est qu'en 1954 qu'il
construisit le premier maser avec deux de ses collaborateurs, J. P. Gordon et
H. J. Zeiger. Ces résultats furent publiés en juillet 1954. Au
contraire, à l'Institut de Physique Lebedev, à Moscou, Nikolay G.
Basov et Aleksandr M. Prokhorov présentent publiquement le principe du
maser dès 1952, lors d'une conférence organisée par
l'Académie des Sciences, à Moscou. Leurs résultats
théoriques furent publiés en septembre 1954, et ils
réalisèrent leur premier maser en 1955.
De nombreux prix Nobel
En conclusion, on ne peut omettre d'évoquer le
rôle central joué par le laser dans les avancées de la
science au cours des 50 dernières années. On peut ainsi
dénombrer au moins douze prix Nobel attribués à la fois
pour les travaux fondateurs du laser et pour des résultats obtenus
grâce au laser. Parmi les inventeurs du laser, Charles H. Townes, Nicolay
G. Basov et Aleksandr M. Prokhorov reçurent le prix Nobel en 1964,
pour des travaux fondamentaux dans le domaine de l'électronique
quantique, conduisant à la construction d'oscillateurs et
d'amplificateurs basés sur le principe du maser-laser. Deux ans
plus tard, Alfred Kastler reçut aussi le prix Nobel, pour la
découverte et le développement de méthodes optiques pour
l'étude des résonances hertziennes dans les atomes. En 1981,
Arthur L. Schawlow partage la même récompense avec Nicolaas
Bloembergen, pour le développement de la spectroscopie laser.
Theodore Maiman fut sélectionné deux fois pour le prix
Nobel, mais jamais retenu. Il reçut cependant d'autres prix prestigieux,
notamment le prix Wolf et le Japan Prize. Gordon Gould, dont le rôle
réel dans l'invention du laser est toujours contesté par une
partie de la communauté scientifique, a été élu au
National Inventors Hall of Fame, une organisation américaine qui honore
les plus grands inventeurs. C'est la plus haute récompense qu'il
reçut, si l'on exclut les millions de dollars qu'il a gagné
grâce à ses brevets, dont la validité a été
reconnue à la suite d'une longue bataille judiciaire qui dura 30 ans.
Chapitre 1
Généralités sur les lasers
1.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous allons poser quelques questions et y
répondre en partie. Qu'est-ce qu'un laser? Quelle est la
différence entre un laser et une ampoule électrique? Dans quelles
gammes de fréquences sont disponibles les lasers? Et quelles sont ses
propriétés?.
1.2 Q
|
u'est-ce qu'un laser?
|
Les lasers sont des dispositifs qui produisent un rayonnement
cohérent pour des longueurs d'ondes situées dans les domaines
infrarouge (IR), visible, ultraviolet (UV) du spectre
électromagnétique. Les masers émettent sur le même
principe dans le domaine Hertzien. On se limitera dans ce projet de fin
d'étude aux lasers. Ces dispositifs emploient une variété
extraordinaire de matériaux et de méthodes d'amplification, et
ont d'innombrables applications réalisées ou potentielles.
1.3 Le laser et l'ampoule
La cohérence spatiale et temporelle fait la
différence entre un laser et une ampoule électrique (fig.
1.1).Alors qu'une lampe émet des trains d'ondes non
corrélés dans toutes les directions spatiales, un laser
génère des ondes cohérentes dont elles peuvent avoir une
forte directionnalité. Quelles sont les possibilités de
génération d'ondes cohérentes dans l'espace et dans le
temps?
3
FIGURE 1.1 - Laser à onde continue (cw), laser
femtoseconde (fs) et ampoule électrique
Un laser peut générer une onde continue
cohérente ou un train d'impulsions cohérentes. Les cas
extrêmes de génération d'un rayonnement visible sont les
suivants :
-- Le laser à onde continue (laser CW)
émet une onde électromagnétique continue. Le champ est
cohérent dans l'espace et dans le temps.
4
-- Le laser femtoseconde (laser FS) émet une
onde électromagnétique constituée d'un train d'impulsions.
La durée d'une seule impulsion d'un train peut être aussi courte
que 5 fs (1 fs = 1 femtoseconde = 10-15 s). Le champ d'un train
d'impulsions est également cohérent dans l'espace et dans le
temps.
1.4 Gammes spectrales et liste de quelques
lasers
La figure (fig. 1.2) représente les longueurs d'ondes
et les fréquences des gammes spectrales du spectre
électromagnétique - des rayons X aux micro-ondes et aux ondes
radio en passant par l'ultraviolet (UV), le visible, la proche infrarouge (PIR)
et l'infrarouge lointain (IRL), les micro-ondes et les ondes radio. La
fréquence í d'une onde électromagnétique dans le
vide obéit
à la relation suivante:
c
í = (1.1) ë
avec c (= 3×108 m.s-1) est la vitesse
de la lumière et ë la longueur d'onde.
Le domaine spectral visible correspond à une gamme de
fréquences d'environ 430-750 THz (gamme de longueurs d'onde d'environ
400-700 nm). L'optique et la lumière font référence aux
ondes électromagnétiques dont la longueur d'onde dans le vide est
inférieure à environ 1 mm, c'est-à-dire dont la
fréquence est supérieure à 300 GHz. Les lasers sont
disponibles dans les régions de l'ultraviolet, du visible, du proche
infrarouge, de l'infrarouge lointain et des mi-croondes. Des lasers de la gamme
des rayons X sont en cours de développement. Les gammes spectrales dans
lesquelles les lasers sont disponibles s'étendent de la gamme des GHz
à la région supérieure à 1 000 THz.
Le tableau (Tab. 1.1) présente les données de
quelques lasers à ondes continues. Les données concernent :
ë = longueur d'onde du laser; í = fréquence du laser;
hí = énergie quantique des photons d'un champ laser; h = 6.626
× 10-34 J.s; Psort = puissance de
sortie.
TABLE 1.1 - Longueurs d'onde,
fréquences et des quantum d'énergies des lasers
Laser
|
ë
|
í(THz)
|
hí(10-19J)
|
Psort
|
HeNe
|
633nm
|
474
|
3.1
|
1-10 mW
|
CO2
|
10.6um
|
28
|
0.18
|
1W à 1 kW
|
Nd :YAG
|
1.06u
|
283
|
1.9
|
2W
|
TiS
|
830nm
|
360
|
2.4
|
100 mW à 5W
|
Fibre
|
1.5 um
|
200
|
1.3
|
1W
|
Semiconducteur
|
840 nm
|
357
|
2.4
|
10-100 mW
|
QCL
|
1.5um
|
60
|
0.25
|
10-100 mW
|
1.5 Les propriétés du laser
Le rayonnement laser est caractérisé par un
degré extrêmement élevé de (1)
monochroma-ticité, (2) cohérence et (3)
directionnalité. Nous allons maintenant comprendre la
signification
5
FIGURE 1.2 - Gammes spectrales des lasers
de chacun de ces termes.
· Monochromaticité
L'énergie d'un photon détermine sa longueur
d'onde par la relation d'énergie de Planck. Dans le cas idéal, le
laser émet tous les photons avec la même énergie, et donc
la même longueur d'onde, on dit qu'il est monochromatique. La
lumière d'un laser provient généralement d'une transition
atomique avec une seule longueur d'onde précise. Le laser a donc une
seule couleur spectrale et est presque la lumière monochromatique la
plus pure qui soit.
Cependant, dans tous les cas pratiques, le laser n'est pas
vraiment monochromatique. Une onde vraiment monochromatique nécessite un
train d'ondes d'une durée infinie. La ligne d'émis-sion spectrale
d'où elle provient a une largeur finie, en raison de l'effet Doppler des
atomes ou des molécules en mouvement dont elle provient. Par rapport aux
sources ordinaires de lumière, la gamme de fréquences du laser
est extrêmement réduite. Cette plage est appelée largeur de
ligne ou bande passante.
· Cohérence
Avant d'aller plus avant, il faut insister sur ce point :
c'est parce que la lumière laser est cohérente que l'action du
laser sur la matière est si particulière, et peut transporter une
importante quantité d'énergie lumineuse sur de longues
distances.
La cohérence de la lumière laser traduit le fait
que les ondes lumineuses transportées sont « en phase ». Les
sources de lumières naturelles (étoiles), ou artificielles
(ampoules électriques) émettent une lumière
polychromatique et non cohérente. L'émission de photons
s'effectuent de manière désordonnée : les photons de
même longueur d'onde ne sont pas en phase.
Au contraire, la lumière laser est cohérente :
les photons émis par la source laser ne sont pas distinguables : ils ont
la même phase, même polarisation (angle formé par la
vibration du champ électrique avec la direction de propagation). La
cohérence de la lumière laser est à la fois spatiale et
temporelle.
1. Cohérence spatiale : à un instant
donné, tous les points situés dans un même plan
perpendiculaire au faisceau laser sont dans le même état de phase
(même valeur et orientation du champ électromagnétique).
2. Cohérence temporelle : elle traduit le fait que
plusieurs ondes lumineuses émises successivement par un même point
de la source demeurent en phase : cette caractéristique et bien
sûr liée de près à l'aspect (presque)
monochromatique de la lumière laser.
· Directionnalité
L'une des propriétés importantes d'un laser est
sa grande directionnalité. Les miroirs placés aux
extrémités opposées d'une cavité laser permettent
au faisceau d'aller et venir afin de gagner en intensité par
l'émission stimulée d'un plus grand nombre de photons à la
même longueur
6
d'onde, ce qui entraîne une amplification plus
importante en raison de la longueur du trajet dans le milieu. Les
réflexions multiples produisent également un faisceau bien
collimaté, car seuls les photons se déplaçant
parallèlement aux parois de la cavité seront
réfléchis par les deux miroirs. Si la lumière est une
intensité faible sur l'axe, elle sera perdue dans le faisceau. La
cavité résonante permet donc de garantir que seules les ondes
électromagnétiques se déplaçant le long de l'axe
optique peuvent être soutenues, ce qui permet d'augmenter le gain.
1.6 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons vu la définition d'un
laser et certaines de ses propriétés, mais ce n'est pas suffisant
pour comprendre complètement comment il fonctionne. Il est
nécessaire de parler de certaines bases de sa théorie, et c'est
ce que nous allons faire dans le prochain chapitre.
7
Chapitre 2
La base théorique du laser
2.1 Introduction
Selon le modèle atomique de Bohr (1911), qui repose
sur des études spectroscopiques, les transitions entre les niveaux
d'énergies discrets d'un atome peuvent conduire à
l'émission ou à l'absorption d'un rayonnement dont la
fréquence correspond à la relation
énergie-fréquence de Bohr. Dans un processus d'absorption, un
photon est absorbé. Dans un processus d'émission, un photon est
émis. Einstein a découvert que l'émission d'un photon est
possible par deux processus différents : l'émission
spontanée et l'émission stimulée, et que les coefficients
décrivant les trois processus, absorption, émission
stimulée et spontanée, sont liés les uns aux autres
(relations d'Einstein).
En utilisant la loi du rayonnement de Planck, nous
dérivons les relations d'Einstein. Nous montrons également que
l'émission stimulée du rayonnement est un processus qui se
produit en permanence autour de nous.
Les coefficients d'Einstein peuvent être extraits des
résultats des études expérimentales des
propriétés optiques de la matière à
l'équilibre thermique. Dans ce chapitre, nous considérons un
ensemble de systèmes à deux niveaux en équilibre thermique
déterminé par la statistique de Maxwell-Boltzmann.
2.2 Processus de fonctionnement du laser 2.2.1 La
lumière et les atomes dans une cavité
Comment la lumière interagit-elle avec un
système atomique à deux niveaux? Nous étudierons cette
question en trois étapes :
-- Nous décrivons l'équilibre thermique entre le
rayonnement dans une cavité et les parois de la cavité.
-- Nous décrivons l'équilibre thermique entre un
ensemble de systèmes atomiques à deux niveaux dans une
cavité et les parois de la cavité.
-- Nous considérons une cavité qui contient un
ensemble de systèmes atomiques à deux niveaux et un
rayonnement.
Une cavité (fig. 2.1 gauche) contient le rayonnement
d'un corps noir. La distribution spectrale de la densité
d'énergie ñ(í) du rayonnement
dépend de la température T des parois
de la cavité.
FIGURE 2.1 - Une cavité et une distribution Planckienne
du rayonnement La densité spectrale d'énergie est
déterminée par la loi de rayonnement de Planck :
8ðU2
ñ(U)
= c3
où k est la constante de
Boltzmann.
|
1 (2.1)
ehí/kT - 1
|
|
La distribution de fréquence est
représentée sur la (fig. 2.1 droit). La fréquence
Umax du maximum de la distribution est
directement proportionnelle à la température selon la relation
:
hUmax 2.8
kT (2.2)
Si les parois sont à température ambiante
(T = 300 K), le maximum de la distribution se situe
dans l'infrarouge (Umax =
1.8 x 1013 Hz). La densité
spectrale augmente comme U2
à petite fréquence (U «
Umax) et diminue comme
U3e-hí/kT
à grande fréquence (U
» Umax). L'équilibre
thermique s'établit par l'absorption du rayonnement par les parois de la
cavité et par l'émission du rayonnement des parois dans la
cavité. La densité d'énergie du rayonnement dans
l'intervalle de fréquence [U , U
+ dU] est :
u(U) =
ñ(U)dU
(2.3)
Nous traitons maintenant une cavité contenant un
ensemble de systèmes atomiques à deux niveaux en équilibre
thermique qui est déterminé par les statistiques de Boltzmann,
N2
= e
N1
|
-(E2-E1)/kT
(2.4)
|
|
8
Le rapport de population est proche de l'unité si
E2 - E1
» kT. Il décroît
exponentiellement avec la différence d'énergie
E2 - E1.
L'équilibre thermique est établi par les collisions des
systèmes atomiques à deux niveaux entre eux et avec les parois de
la cavité.
Les ions d'impureté dans un solide ont des
emplacements fixes. Les populations des niveaux d'énergie des
différents ions sont en équilibre thermique avec le solide en
raison de l'absorption et de l'émission de phonons. Les populations sont
régies par les statistiques de Boltzmann.
Einstein a montré que l'équilibre thermique
dans un gaz d'atomes peut également être établi par
l'interaction directe du rayonnement avec les atomes et que trois processus
d'interaction entre le rayonnement et les atomes doivent se produire :
absorption, émission spontanée et émission
stimulée.
En utilisant la relation énergie-fréquence de
Bohr,
hv0 = E2 - E1 (2.5) Où
v0 est la fréquence de transition, nous pouvons
écrire
Nous allons maintenant caractériser les trois processus
par les trois coefficients d'Einstein.
2.2.2 Émission spontanée
Les atomes excités (fig. 2.2) peuvent émettre des
photons spontanément, c'est-à-dire sans cause
extérieure.
Le rayonnement émis spontanément est
incohérent et l'émission se produit dans toutes les directions de
l'espace. La variation dN2 de la population N2 du niveau
supérieur, à l'intérieur d'un intervalle de temps
dt, est proportionnelle à N2 et à
dt,
dN2 = A21N2dt (2.7)
A21 est le coefficient d'Einstein de
l'émission spontanée. La population du niveau
supérieur décroît exponentiellement
N2(t) = N2(0)e-A21t
= N2(0)e-t/ô87
(2.8)
N2(0) est la densité des systèmes
atomiques à deux niveaux excités à t = 0 et
r5p est la durée de vie moyenne d'un système
atomique à deux niveaux excité par rapport à
l'émission spontanée ou bien la durée de vie
spontanée.
9
FIGURE 2.2 - Émission
spontanée
Nous avons la relation simple :
A21 = 1/r5p (2.9)
Le coefficient d'Einstein A21 est
égal à l'inverse de la durée de vie spontanée.
2.2.3 Absorption
Les photons d'un champ lumineux peuvent être
absorbés par des transitions 1 ? 2 (fig. 2.3a). La variation dN1
de la population N1 de l'état fondamental, dans un
intervalle de temps
10
dt, est proportionnelle à la population de l'état
fondamental lui-même, à la densité spectrale
d'énergie ñ du champ de rayonnement et à dt
dN1 = _B12ñ(í0)N1dt (2.10)
B12 est le coefficient d'absorption d'Einstein et
ñ(í0) est la densité spectrale d'énergie du
rayonnement aux fréquences autour de í0. L'absorption n'est
possible qu'en présence d'un champ, alors l'absorption est un processus
stimulé.
FIGURE 2.3 - Transitions stimulées.
(a) Absorption et (b) émission stimulée
2.2.4 Emission stimulée
L'émission stimulée (fig. 2.3b), par des
transitions 2 --+ 1, est provoquée (stimulée, induite) par un
champ de rayonnement. La variation dN2 de la population d'atomes dans
l'état excité, dans un intervalle de temps dt, est
proportionnelle à la population N2, à la densité spectrale
d'énergie du rayonnement aux fréquences autour de í0 et
à dt.
dN2 = _B21ñ(í0)N2dt (2.11)
B21 est le coefficient d'Einstein de l'émission
stimulée. Le rayonnement créé par l'émission
stimulée a les mêmes fréquences , direction, polarisation
et phase que le rayonnement de stimulation.
2.3 Les relations d'Einstein
Nous recherchons des relations entre les coefficients
d'Einstein. Comme nous l'avons vu, l'interaction d'un système atomique
à deux niveaux avec le rayonnement se produit (fig. 2.4) par absorption,
émission stimulée et spontanée. Nous décrivons ces
trois processus par des équations de taux qui correspondent à des
équations différentielles du premier ordre :
· La variation de la population N1 dû à
l'absorption est donné par:
idN1 ~
abs = _B12 ñ(í0) N1
(2.12)
dt
la variation temporelle de la population N1 due à
l'absorption est proportionnelle à ñ(í0) et à
N1.
· La variation de la population N2 dû à
l'émission stimulée est égal à :
idN2 ~
stim = _B21 ñ(í0) N2
(2.13)
dt
la variation temporelle de la population N2 due à
l'émission stimulée est proportionnelle à
ñ(í0) et à N2.
· 11
La variation de la population N2 dû à
l'émission spontanée est :
fdN2 ~ dt sp
|
= -A21 N2 (2.14)
|
|
la variation temporelle de la population N2 due
à l'émission spontanée de rayonnement est proportionnelle
à N2.
FIGURE 2.4 - Modèle d'Einstein. Les flèches
ondulées désignent des photons. L'atome en grisé,
après la transition, vient augmenter la population d'atomes «
blancs ».
Nous considérons une cavité avec un ensemble de
systèmes atomiques à deux niveaux et un rayonnement en
équilibre thermique. Dans la moyenne temporelle, le rapport
N2/N1 est une constante. Par conséquent, le
taux d'absorption doit être égal au taux d'émission,
fdN1 ~ fdN2 ~ fdN2 ~
abs = stim
+ (2.15)
dt dt dt sp
Cela conduit à la relation suivante :
B12 ñ(u0) N1 = A21 N2
+ B21 ñ(u0) N2 (2.16)
Il s'ensuit que
A21/B21
ñ(u0) = (2.17)
(B12/B21)N1/N2 - 1
Le facteur de Boltzmann détermine le rapport
N1/N2. La comparaison avec la loi de rayonnement de Planck
fournit les relations d'Einstein :
B21 = B12 (2.18)
8ðu2
A21 = c3 hu B21 (2.19)
La fréquence u (qui remplace u0)
découle de la relation de Bohr hu = E2 - E1.
On a le résultat :
* Le même coefficient d'Einstein régit
l'absorption et l'émission stimulée. * Il existe un lien
entre les coefficients d'émission spontanée et stimulée.
* Le coefficient d'Einstein A21 augmente fortement avec la
fréquence.
La figure (fig. 2.5) montre la durée de vie
spontanée pour différentes fréquences de transition u
= (E2 - E1)/h à une valeur fixe de
B21 (= 1018 m3 J-1
s-2); la durée de vie spontanée est de
l'ordre de 10-6 s à une fréquence de
transition (5 x 1014Hz) dans le visible, de 100s
à une fréquence de transition (1012 Hz)
dans l'infrarouge lointain, et de 10-15 s à
une fréquence de transition (1017 Hz) dans le
domaine des rayons X (fig. 2.5). Les durées de vie spontanées
aux
FIGURE 2.5 - Durée de vie naturelle
fréquences de transition des rayons X sont très
courtes. Par conséquent, l'exploitation d'un laser à rayons X est
difficile.
Si les niveaux d'énergie sont
dégénérés, la statistique de Boltzmann donne les
résultats suivants
-(E2-E1)/kT (2.20)
N2 g2 = e N1 g1
12
où g1 est le degré de
dégénérescence du 1er niveau et g2 le
degré de dégénérescence du 2eme niveau. Le
traitement de l'équilibre entre les populations atomiques et le
rayonnement dans une cavité conduit aux relations suivantes :
et (comme dans le cas non
dégénéré)
|
g2
B12 =
g1
|
B21 (2.21)
|
|
8ðí2
A21 = c3 hí B21 (2.22)
Dans le cas de systèmes atomiques à deux
niveaux noyés dans un milieu d'indice de réfraction n, la vitesse
de la lumière dans le vide doit être remplacée par la
vitesse de la lumière dans le milieu. Les relations d'Einstein sont
alors :
g1B21 = g2B12 (2.23)
8ðí2
(c/n)
A21 = 3 hí B21 (2.24)
Sous cette forme, les relations d'Einstein sont valables si
un milieu est optiquement isotrope. Si un milieu est optiquement anisotrope, la
relation entre A21 et B21 doit être
modifiée.
Si la densité spectrale d'énergie est
donnée à l'échelle de la fréquence angulaire,
ñ = ñ(ù) , le coefficient d'Einstein
Bù21 est plus petit du facteur 2ð,
Bù21 = B21/2ð. Les relations
d'Einstein sont alors :
g1Bù21 =
g2Bù (2.25)
12
hù3
A21 =ð2c3 Bù (2.26)
21
Le tableau (tab. 2.1) présente les valeurs des
coefficients d'Einstein déterminées par l'utili-sation de
méthodes expérimentales ou théoriques. Quelques
méthodes sont mentionnées dans ce qui suit :
· La mesure de ô21 (par une
expérience de luminescence) fournit également A21 et
(via les relations d'Einstein) B21. Exemple : Nd :YAG.
· La mesure du coefficient d'absorption fournit
B21 et (via les relations d'Einstein) A21.
· Une analyse du spectre de luminescence donne A21 ;
Exemple : des lasers bipolaires à semi-conducteurs.
· Les études théoriques des taux de
transition fournissent B21 ; Exemple : QCL
13
TABLE 2.1 - Les coefficients d'Einstein
Laser
|
À
|
n
|
ôsp
|
A21(s-1)
|
B21(m3 J-1
s-2)
|
HeNe
|
633nm
|
1
|
100ns
|
107
|
1.5 x 1020
|
CO2
|
10.6,im
|
1
|
5s
|
0.2
|
1.4 x 1016
|
Nd :YAG
|
1.06,im
|
1.82
|
230 ,is
|
5.1 x 1016
|
4.3 x 103
|
TiS (E || c)
|
830nm
|
1.74
|
3.8,is
|
1.7 x 1018
|
4.3 x 103
|
Fibre
|
1,5,im
|
1.5
|
10ms
|
102
|
6.6 x 1015
|
Semiconducteur
|
810nm
|
3.6
|
-
|
3 x 109
|
3.7 x 1021
|
QCL
|
5,im
|
3.6
|
-
|
-
|
4 x 1021
|
|
2.4 Conditions d'Amplification - Inversion de
populations
2.4.1 Les conditions d'amplification
Si le système est en équilibre, les niveaux les
plus bas sont toujours les plus peuplés. Si nous calculons la
différence entre la population du niveau inférieur et celle du
niveau placé juste au-dessus, elle est positive. La réponse
impulsionnelle à l'arrivée d'un signal sera une absorption.
-- l'énergie absorbée par le milieu est :
g1B12 p(u)N1 hu
-- l'énergie gagnée par le rayonnement est :
g1B12 p(u)N2 hu d'où la variation
d'énergie est :
dE = g1B12 p(u) (N1 -
N2) hu (2.27)
A l'équilibre thermodynamique, dE < 0 puisque
N2 < N1 d'après la loi de Boltzmann.
Si maintenant nous considérons que nous avons pu
déplacer cet équilibre et peupler le niveau supérieur de
façon telle que sa population soit nettement supérieure à
celle du niveau inférieur, l'arrivée du même signal
provoquera une émission stimulée. Il y a amplification du signal
incident. Cette condition est appelée l'inversion de population
(il faut que N2 > N1). Ainsi si :
· N2 < N1 : le rayonnement incident
est absorbé;
· N2 = N1 : c'est le
phénomène de saturation;
· N2 > N1 : le rayonnement incident
est amplifié (le système est donc hors équilibre
thermodynamique).
Pour obtenir l'amplification, premier pas vers l'effet laser,
il faut donc déjà avoir réalisé deux conditions
:
· disposer d'un milieu actif,
· avoir obtenu une inversion de population.
2.4.2 Les modes de transfert pour les transitions
atomiques
Il faut arriver à stocker des électrons sur le
niveau supérieur. Pratiquement, ce mécanisme de stockage se fait
de plusieurs façons différentes.
2.4.2.1 Pompage optique
Le pompage optique est l'excitation du milieu actif par la
lumière. C'est le mode de pompage des lasers à solides. On
distingue généralement les systèmes à 3 niveaux et
ceux à 4 niveaux. Le système à trois niveaux (fig. 2.6) a
été proposé par Blömbergen en 1956. On amène,
par un dispositif optique, les atomes sur le niveau E3
légèrement supérieur à E2. Le niveau
E2 doit être métastable. Cela signifie que la
durée de vie des atomes sur cet état est longue. C'est ce niveau
qui va permettre de réaliser une inversion de populations.
14
FIGURE 2.6 - Exemple d'un système à trois niveaux
avec un pompage optique.
2.4.2.2 Pompage électronique
Ce type de pompage est généralement
utilisé dans les lasers à gaz. Comme le gaz est en principe
isolant, il faut d'abord envoyer une décharge pour ioniser le milieu et
le rendre conducteur. Ensuite, en appliquant un champ électrique entre
deux électrodes plongées dans le gaz, on obtient un courant. Les
électrons qui circulent cèdent leur énergie
cinétique aux atomes du milieu actif et provoquent l'inversion de
population cherchée. Par exemple : le laser HeNe se fait par un pompage
électronique (fig. 2.7).
FIGURE 2.7 - Exemple de HeNe avec un pompage
électronique.
15
2.4.2.3 Pompage chimique
On utilise des réactions chimiques qui, en se
produisant, fournissent directement des molécules ionisées.
L'avantage de ce type de laser est qu'il ne nécessite pas de source
d'électricité. Pratiquement, ces techniques, qui permettent
d'obtenir de très grandes puissances, sont réservées aux
applications militaires. On peut citer les lasers au fluorure
d'hydrogène (HF) ou au fluorure de deutérium (DF) dans
l'infrarouge moyen.
2.4.2.4 Pompage par injection de porteurs
C'est le pompage des lasers à semi-conducteur, qui est
produit par le courant direct qui traverse une jonction de type P-N.
2.5 Cavité résonante
Il n'est pas suffisant de provoquer une inversion de
population pour obtenir l'effet laser, il faut obliger les photons à
partir en majorité dans une direction bien définie, ce qui va
permettre d'augmenter considérablement leur flux par l'émission
stimulée. C'est le rôle que joue la cavité.
La cavité est formée par deux miroirs
parallèles (fig. 2.8), qui encadrent le milieu actif et qui
définissent une direction privilégiée : leur normale. Le
miroir arrière est totalement réfléchissant alors que le
miroir avant laisse passer une partie du rayonnement, ce qui autorise
l'émission laser.
FIGURE 2.8 - Cavité résonante du laser.
Au départ, l'émission spontanée produit
les premiers photons, qui peuvent se diriger dans n'importe quelle direction.
Seuls ceux qui sont émis suivant l'axe normal aux deux miroirs
rencontrent un grand nombre d'atomes excités. A la fin du premier
passage, les photons en phase sont déjà assez nombreux. Ils se
réfléchissent sur les miroirs et viennent encore entraîner
d'autres photons, par émission stimulée. On imagine facilement
qu'un gain important puisse être obtenu. Il faut enfin noter que le
phénomène est rapide, étant donné la vitesse de la
lumière et que l'émission spontanée ne joue qu'un
rôle négligeable, limité à l'initialisation du
phénomène.
Si le gain obtenu sur un aller et retour est supérieur
aux pertes rencontrées, le seuil est franchi : un faisceau laser est
émis.
La cavité joue de plus un rôle de filtre optique
très sélectif. Il s'agit d'un interféromètre
à ondes multiples qui ne fournit des interférences constructives
que si (dans le cas de l'incidence normale) :
ë
nL = p (2.28) 2
16
L étant la longueur de la cavité, n l'indice de
réfraction et p un nombre entier.
Les longueurs d'onde sont donc émises d'une
façon régulière à l'intérieur de la largeur
de raie totale, la raie de fluorescence : c'est ce que l'on appelle un peigne.
L'écartement de deux fréquences successives est donné par
:
Lë
Lu = c ë2
|
c
= (2.29) 2L
|
|
On peut voir que cet écartement est inversement
proportionnel à la longueur de la cavité L. Si l'on veut avoir
peu de modes, ou même un seul, il faudra prendre une cavité
très courte.
Il est enfin primordial que l'absorption intrinsèque
de ces filtres soit la plus faible possible. Dans les cavités laser,
comme ils jouent un rôle fort important, ils sont réalisés
à partir de matériaux dont les propriétés optiques
sont compatibles avec toutes ces exigences.
Tout ceci montre que les sources laser ont pour
spécificité : un rayonnement émis très pur
(mono-chromaticité) grâce à leur cohérence
temporelle et une grande directivité due à leur cohérence
spatiale.
2.6 Conclusion
Pour conclure, nous n'avons vu dans ce chapitre juste la base
théorique du fonctionnement des lasers, mais il y a en fait toute une
branche de la physique qui est très compliquée, et que les
physiciens et les ingénieurs continuent à développer
jusqu'à aujourd'hui d'autre type de laser très avancés.
17
Chapitre 3
Types et principe de fonctionnement
3.1 Introduction
Dans ce chapitre, nous présentons en détail le
fonctionnement des lasers les plus utilisés aujourd'hui. Ce sont tout
d'abord les lasers à semi-conducteur, notamment grâce à
leur utilisation pour les télécommunications. Puis les lasers
à gaz, les plus utilisés dans l'industrie avec l'exemple de laser
Ar+. Enfin nous réservons un paragraphe aux autres types du
laser comme le laser chimique, les lasers à fibre et finalement le laser
à électrons libres.
3.2 Lasers à semi-conducteur 3.2.1 Histoire
L'année même où Theodore Maiman
réalisait le premier laser, les français Georges Duraf-fourg et
Maurice Bernard du CNET, déterminaient théoriquement les
conditions nécessaires au fonctionnement d'un laser à
semi-conducteur.
De nombreux laboratoires, aux États-Unis vont alors se
lancer dans la course à la réalisation de ce laser.
L'équipe de Robert Hall, des laboratoires aux États Unis,
parvient la première, en novembre 1962, à réaliser un
laser émettant des impulsions infrarouges. Il faudra attendre encore 8
ans pour obtenir le premier laser continu.
3.2.2 Principe de fonctionnement
Le fonctionnement du laser à semi-conducteur basait
sur l'insertion dans une cavité un milieu amplificateur, dans lequel on
réalise une inversion de population grâce d'un mécanisme de
pompage. Ici, le milieu amplificateur est un semi-conducteur,
c'est-à-dire un matériau possédant une conductivité
électrique intermédiaire entre un isolant et un métal.
Dans un semi-conducteur, les électrons peuvent occuper
deux ensembles de niveaux d'énergie distincts, séparés par
une région inoccupée. La bande inférieure, regroupant les
niveaux non excités, est la bande de valence. La bande
supérieure, celle des niveaux excités, est la bande de
conduction.
La zone intermédiaire porte le nom: La bande
interdite, La largeur Eg de la bande interdite joue un
rôle analogue à la distance entre deux niveaux discrets d'un
atome, et elle fixe donc la longueur d'onde du rayonnement.
Réaliser l'inversion de population permet donc à
peupler la bande de conduction en dépeuplant la bande de valence.
Autrement dit, l'électron, lorsqu'il est dans la bande de valence, est
lié à la structure cristalline. Lorsqu'il est excité, il
devient un électron libre et laisse un trou libre dans la structure
cristalline. Pour se désexciter, un électron doit
nécessairement trouver un trou pour reprendre sa place autour d'un atome
: on dit qu'il se recombine avec un trou.
FIGURE 3.1 - Représentation schématique des bandes
d'énergie dans un semi-conducteur.
Si l'on applique une différence de potentiel directe
aux bornes de la jonction, les électrons et les trous vont migrer vers
la zone de contact. Le nombre des électrons et des trous augmente et la
recombinaison électron-trou est favorisée. Les photons ainsi
créés constituent une source de lumière non
cohérente : c'est le principe des LED. Pour obtenir un rayonnement
cohérent, c'est-à-dire un laser, il suffit de placer la jonction
P-N dans une cavité et de s'assurer que le pompage - soit le courant
électrique - est suffisant pour compenser les pertes : c'est le principe
de fonctionnement de la diode laser.
3.2.3 La longueur d'onde du rayonnement
La largeur Eg de la bande interdite joue
un rôle analogue à la distance entre deux niveaux discrets d'un
atome, et elle fixe donc la longueur d'onde du rayonnement (fig. 3.2).
18
FIGURE 3.2 - Transitions radiatives de bande à bande
dans les semi-conducteurs.
hc
Eg = hí =
(3.1) ë
hc
ë =
(3.2)
Eg
avec Eg est le gap énergétique
et ë la longueur d'onde du rayonnement.
On remarque que la longueur d'onde est inversement
proportionnelle à l'énergie du gap.
Donc on peut varier la gamme spectrale de fonctionnement, qui
peut être large, entre 0,3 et 30 um suivant le type de matériau
semi-conducteur retenu (fig. 3.3). On peut ajuster la largeur de la bande
interdite en utilisant des alliages et/ou des structures à puits
quantiques.
19
FIGURE 3.3 - Choix du laser à semi-conducteur en fonction
de la longueur d'onde.
3.2.4 Principaux avantages
· Le rendement élevé qui peut atteindre 50
· La puissance. Dans l'infrarouge proche, on obtient
facilement plusieurs centaines de mW avec un courant de l'ordre de grandeur de
1A.
· Fonctionnement à la température
ambiante. Aujourd'hui, la plupart des lasers à semiconducteur
fonctionnent à température ambiante ~ 24°C.
Toutefois certains d'entre eux, notamment ceux à bande interdite
étroite qui émettent à des longueurs d'onde plus
élevées, sont maintenus à basse température, entre
10 et 20 K, pour limiter le peuplement de la bande de conduction par simple
excitation thermique.
3.2.5 Exemple : Laser (Al)GaAs
(Al)GaAs est le système de matériaux
semi-conducteurs composés le plus étudié et aussi le plus
utilisé. La raison principale en est le faible décalage de
réseau ?a/a de seulement 1.3x10-3 entre AlAs et GaAs. Cela
rend la fabrication d'hétéro structures facile puisque les
contraintes de contrôle de la composition ne sont pas très
strictes. Alors que les dispositifs électroniques ne nécessitent
généralement que des couches minces d'AlxGa1-xAs
à faible teneur en Al (x < 0.3) où le décalage de
réseau peut facilement être adapté de manière
élastique, la notion d'AlGaAs dont le réseau est adapté
à celui de GaAs n'est clairement pas vraie pour les lasers à
diodes ayant des couches épaisses de gaine et de guide d'ondes à
forte teneur en Al.
L'épaisseur critique de la couche au-delà de
laquelle la formation de dislocations mal adaptées est attendue pour
l'Al0.5Ga0.5As n'est que de 500 nm et pour l'AlAs de 220 nm. Ce fait
doit être gardé à l'esprit, bien que l'AlGaAs se
révèle être plus résistant à la relaxation de
la déformation que prévu théoriquement. Une autre raison
de la prédominance de l'AlGaAs est le fait que l'As est beaucoup plus
facile à manipuler que le P, qui a une pression de vapeur beaucoup plus
élevée et se présente sous différentes
modifications, dont certaines peuvent s'enflammer spontanément.
20
3.3 Lasers à gaz
3.3.1 Principe de fonctionnement
Le milieu actif gazeux d'un laser peut être
constitué d'ions, d'atomes, ou encore des molécules.
-- Lorsque les atomes actifs sont neutres ou ionisés,
le pompage réalise l'inversion de population entre deux niveaux
électroniques (fig. 3.4) et la transition est typiquement située
dans l'ultraviolet, le visible ou encore l'infrarouge proche (0, 2um <
ë < 1um).
-- Par contre, si le milieu est moléculaire, la gamme
spectrale peut être beaucoup plus étendue. Elle dépend du
type de transition impliquée dans l'effet laser : transitions
électroniques (0, 2um < ë < 1um), vibrationnelles (5um <
ë < 50um) ou enfin rotationnelles (20um < ë < 1000um).
FIGURE 3.4 - Illustration schématique de l'interaction
matière-rayonnement. La fréquence du rayonnement émis ou
absorbé dépend du type de la résonance mise en jeu: (a)
atomique, (b) vibrationnelle, (c) rotationnelle.
Un laser à gaz est typiquement formé d'un tube
renfermant le mélange gazeux, placé entre les miroirs d'une
cavité résonante. C'est une décharge électrique qui
réalise le pompage du milieu actif dans la plupart des cas. Cependant,
certains lasers sont optiquement pompés. C'est le cas, en particulier,
des lasers émettant dans l'infrarouge lointain comme par exemple le
laser à difluorométhane (CH2F2).
On distingue principalement deux types d'excitation :
· l'excitation directe : les électrons produits
et accélérés dans la décharge électrique,
transmettent par collision une partie de leur énergie cinétique
aux atomes du milieu actif qui atteignent ainsi le niveau supérieur de
la transition laser;
· l'excitation indirecte : on ajoute au milieu actif des
atomes plus facilement excitables que ceux qui sont à l'origine de
l'émission laser, mais qui n'y participent pas directement. Les
collisions assurent ensuite le transfert de l'énergie acquise.
3.3.2 Exemple : Laser à argon ionisé
(Ar+)
Dans le laser à ions d'argon, les collisions
électroniques ultérieures conduisent à l'ionisation des
atomes d'argon et à l'excitation des ions d'argon. Les configurations
des électrons sont les
21
suivantes :
· L'Argon Ar : 1s2 2p6 3s2
3p6 .
· L'ion d'Argon Ar+ : 1s2 2p6
3s2 3p5 .
· L'ion d'Argon excité (Ar+)* : 1s2
2p6 3s2 3p4 4p .
Différentes transitions 4p ? 4s entre les niveaux
3p44p et 3p44s (divisés en raison de
l'in-teraction spin-orbite) donnent lieu à une émission laser cw
(laser à onde continue) dans le bleu et le vert, avec de fortes lignes
d'émission à 488 et 514 nm.
Une décharge gazeuse dans un tube en céramique
(diamètre 1-2mm; longueur 1m; refroidi à l'eau) contenant le gaz
argon (pression 0,1 mbar) pompe le laser à ions argon. En raison de la
double excitation, l'efficacité du laser à ions argon est
proportionnelle au carré de la densité de courant dans la
décharge gazeuse. A une puissance électrique élevée
(courant 10 A; tension 5 kV), la puissance de sortie est grande (20W).
L'efficacité du laser est faible (= 0.1 %).
FIGURE 3.5 - Niveaux d'énergie du laser dans l'argon
ionisé.
Niveaux d'énergie du laser dans l'argon
ionisé.
Le pompage comporte deux étapes : les atomes subissent
d'abord une ionisation par collision, puis les ions sont excités vers
des niveaux élevés. Plusieurs collisions sont toutefois
nécessaires pour atteindre les niveaux 3p44p de l'ion (fig.
3.5). Les deux niveaux de la transition laser étant très
élevés par rapport au fondamental, ceux-ci sont pratiquement
vides à température ambiante en absence de pompage. L'inversion
de population est alors très facile à réaliser, d'autant
que le niveau inférieur de la transition laser a une durée de vie
courte.
3.4 Autres types 3.4.1 Lasers chimiques
Certaines liaisons chimiques permettent d'accumuler une
quantité d'énergie qui peut être libérée au
cours de leurs réaménagements. Les lasers chimiques permettent de
convertir une partie de l'énergie stockée en rayonnement optique
cohérent. Ils fonctionnent sur des transitions de rotation et vibration
de molécules dont la plus connue est H(D)F. En restant sur le plan
qualitatif, le principe de l'excitation consiste ici à provoquer la
formation de molécules diatomiques vibrationnellement excitées
(*) :
F+H2 ? H+(HF)* F2+H ? F+(HF)*
22
Il faut fournir de l'énergie pour initier la
réaction c'est-à-dire pour obtenir les agents chimiquement actifs
H et F. Ces molécules se désexcitent en émettant des
photons.
3.4.2 Lasers à fibre
Les lasers à fibre optique sont des lasers en verre. En
comparaison avec d'autres lasers à l'état solide, les lasers
à fibre sont flexibles et simples. Le milieu actif d'un laser à
fibres est un verre qui est dopé avec des ions de terres rares. Les
lasers à fibre optique ont de nombreuses applications dans les domaines
de traitement des matériaux, la chimie, la médecine, la
biologie.
3.4.3 Lasers à électrons libre
Dans un laser à électrons libres (FEL), un
faisceau d'électrons se déplaçant à une vitesse
proche de la vitesse de lumière est faite pour passer à travers
le champ magnétique (fig. 3.6) généré par une
structure périodique (appelé le onduleur). Le processus
d'émission stimulé se produit l'interaction du champ
électromagnétique du faisceau laser avec ces électrons
relativistes se déplaçant dans la structure magnétique
périodique. Comme dans tout autre laser, deux miroirs
d'extrémité sont utilisés pour fournir pour l'oscillation
laser. Le faisceau d'électrons est injecté dans la cavité
laser, puis dévié la cavité à l'aide d'aimants de
pliage appropriés.
FIGURE 3.6 - Structure de base d'un laser à
électrons libres.
3.5 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons parlé de certains types de
lasers comme les lasers à semi conducteurs et les lasers à gaz et
de leur fonctionnement. Nous avons également parlé d'autres types
mais sans détails. Parce que si vous voulez détailler les choses,
vous aurez besoin d'un chapitre pour chaque type, en particulier pour le laser
à électrons libres car il est trop difficile à traiter.
Vous devez tenir compte ses effets quantiques et relativistes qui rendent sa
physique trop compliquée.
23
Chapitre 4
Quelques applications du laser
4.1 Introduction
Le laser, depuis son invention, a toujours été
un dispositif utile qui a rendu notre vie plus facile en raison de ses
propriétés uniques. Dans ce chapitre, nous allons parler de
certaines applications du laser dans la vie quotidienne et aussi de ses
applications dans le domaine de la recherche scientifique.
4.2 Applications dans le domaine de la recherche
scientifique
4.2.1 La télémétrie
On désire ici mesurer la distance entre deux points
avec une grande précision. Depuis 1983, le mètre est
défini par rapport à la vitesse de la lumière dans le
vide, qui est fixée à exactement 299 792 458 m/s, la seconde
étant elle-même définie comme 9 192 631 770 fois la
période de la radiation correspondant à la transition entre les
deux niveaux hyperfins de l'état fondamental du césium.
L'utilisation de la lumière est donc particulièrement
adaptée à la mesure d'une longueur, puisque c'est finale ment sa
vitesse qui définit maintenant l'étalon de longueur.
FIGURE 4.1 - Le laser utilisée pour mesurer la distance
terre-lune.
La méthode de télémétrie la plus
simple est d'émettre vers l'objet dont on veut mesurer la distance une
impulsion de lumière, puis de mesurer le temps ?t qu'elle met
pour revenir à son point de départ. Si l'impulsion se propage
avec une vitesse de groupe vg, la distance
recherchée est d = vg?t/2 . La directivité du
laser joue ici un rôle crucial, puisque l'intensité
24
détectée au retour dépend de la
divergence du faisceau. Si les cibles sont relativement proches ou suffisamment
réfléchissantes, c'est la lumière
rétrodiffusée qui est utilisée pour faire la mesure. Les
télémètres employés dans les métiers du
bâtiment et des travaux publics exploitent cette technique, tout comme
les jumelles laser qui, grâce à plusieurs mesures successives,
permettent d'obtenir la vitesse d'un véhicule.
4.2.2 La spectroscopie
La spectroscopie consiste à identifier l'ensemble des
niveaux d'énergie d'une molécule, ce qui donne d'innombrables
informations sur sa structure interne et permet de plus d'en constituer une
« signature ». Celle-ci peut ensuite servir à détecter
la molécule, y compris dans les endroits les plus extrêmes :
fours, moteurs à explosion, atmosphère terrestre, espace
intersidéral pour n'en citer que quelques-uns.
Le laser permet de réaliser des spectres sur des temps
très courts, en utilisant des impulsions femtosecondes. La spectroscopie
femtoseconde permet notamment de suivre à cette échelle de temps
l'évolution des réactifs dans une réaction chimique, ce
qui améliore considérablement nos connaissances du domaine. Ces
techniques développées par Ahmed Zewail lui ont valu le prix
Nobel de Chimie en 1999.
4.2.3 La détection des ondes gravitationnelles
Les ondes gravitationnelles sont des oscillations de la
courbure de l'espace-temps prédites par la théorie de la
relativité générale. Elles n'ont jamais été
observées, et c'est la raison pour laquelle des instruments
destinés à détecter ces ondes ont été
construits. Des détecteurs terrestres d'ondes gravitationnelles
utilisant l'interférométrie laser sont mis en service pour des
campagnes scientifiques. Actuellement, deux instruments comparables sont en
service : LIGO aux États-Unis, et l'instrument franco-italien VIRGO (fig
4.2). Ils s'appuient tous les deux sur le même principe : comme la
lumière suit les courbures de l'espace-temps, le passage d'une impulsion
gravitationnelle peut être détecté par un
interféromètre optique, car elle modifiera la longueur apparente
des bras de l'interféromètre. Les deux bras étant
perpendiculaires, ces modifications seront différentes dans les deux
bras, et le passage d'un train d'ondes gravitationnelles se traduira donc par
une oscillation périodique des franges d'interférence. Les
impulsions gravitationnelles les plus puissantes sont
générées par des évènements gravitationnels
exceptionnellement violents, comme l'effondrement du coeur d'une supernova
juste avant son explosion, ou la coalescence de deux trous noirs. Plus
l'interféromètre est sensible, plus le nombre
d'évè-nements détectables est important.
FIGURE 4.2 - L'interféromètre VIRGO, Santo
Stefano a Macerata, Pisa, Italie.
25
Les sensibilités obtenues permettront de suivre des
événements cosmiques d'un grand intérêt
scientifique. La détection des événements, l'analyse
quantitative et la localisation dans le ciel fourniront des informations
vitales qui ne peuvent être obtenues par la fenêtre du rayonnement
électromagnétique.
Le laser utilisé est un laser à néodyme
de 20 W, avec une stabilité relative en fréquence de
v
10-21 Hz sur une échelle de
temps de 100 ms, et un bruit en fréquence de
2×10-21 Hz/ Hz. Une
amélioration de ces performances est déjà prévue,
afin d'augmenter le nombre d'évènements détectables.
4.2.4 Vélocimétrie Doppler
L'objectif est ici de mesurer la vitesse d'un objet. On
réalise une mesure interférométrique de la distance entre
l'objet mobile et le laser fixe. On pourrait mesurer la vitesse de
défilement des franges d'interférence et obtenir ainsi la vitesse
de l'objet. On peut plus simplement mesurer directement la valeur du
décalage de fréquence Doppler de l'onde retour.
Le principe est le même que celui exploité dans
les radars qui jalonnent nos routes. Si une onde incidente de fréquence
vi est rétro-réfléchie par un objet en mouvement,
l'onde retour voit sa fréquence Ur modifiée :
c'est l'effet Doppler. Le décalage 8v dépend de la
vitesse v? de l'objet : 8v = -vv/c , où v
est la composante de vitesse parallèle à la direction de
propagation de la lumière. En mélangeant les ondes aller et
retour, on observe un battement à la fréquence 8v qui
nous renseigne directement sur la vitesse de l'objet. La précision de la
mesure de la vitesse est limitée par la largeur spectrale du laser. Pour
un laser YAG, un calcul simple donne 1 mm/s de précision pour une
largeur spectrale de 1 kHz.
4.2.5 La fusion nucléaire
La réaction de fusion nucléaire entre le
deutérium 2D et le tritium 3T est :
3D + 2T ? 4He + m +
17.6 MeV
où n est un neutron. L'énergie produite (17.6
MeV = 2.8×1012 J) est dix fois supérieure à
l'énergie nécessaire pour provoquer la réaction. Elle rend
donc la fusion très compétitive en termes de production
d'énergie. Outre le fait que le mélange D-T est quatre fois plus
énergétique que la même masse d'uranium, les avantages
cités sont l'absence de déchets nucléaires à longue
durée de vie et la quantité quasi illimitée de
matière première (le deutérium est extrait de l'eau de
mer, et le tritium est produit dans la réaction nucléaire
à partir du lithium, qui est un élément abondant sur
Terre). Outre son intérêt en termes de production
d'énergie, la fusion nucléaire contrôlée est
très attendue par de nombreux scientifiques, comme les astrophysiciens,
qui espèrent reproduire les conditions qui règnent au coeur des
étoiles. La fusion contrôlée est également au coeur
du programme de simulation destiné à remplacer les essais
nucléaires.
En 2009, au Lawrence Livermore National Laboratory, aux
États-Unis, le National Ignition Facility (NIF), le plus grand
dispositif de fusion thermonucléaire jamais construit, a
été lancé. Sa partie principale est un laser à
faisceaux multiples dont l'énergie en impulsion nanoseconde
dépasse 1MJ (106J). Sa tâche consiste à
comprimer le combustible DT à une densité plus de quelques
milliers de fois supérieure à celle du DT à l'état
solide et à le chauffer à 100 millions de K degrés. Dans
ce cas, le processus de compression et de chauffage du combustible est
réalisé de manière indirecte - le rayonnement laser (dans
la gamme des UV) est converti dans ce qu'on appelle le hohlraum (cylindre de 1
cm contenant une pastille sphérique de DT) en un rayonnement X doux
très intense illuminant symétriquement la pastille de DT. Pour la
première fois, les paramètres énergétiques du
dispositif de fusion sont suffisants pour permettre l'allumage et la combustion
auto-entretenue d'un combustible thermonucléaire à une
échelle permettant de générer une énergie bien
supérieure à celle fournie au combustible (fig. 4.3).
L'objectif principal de la campagne expérimentale
actuelle du NIF est de réaliser, dans les deux ou trois prochaines
années, un "big bang" thermonucléaire contrôlé dans
lequel l'énergie de fusion sera au moins dix fois supérieure
à l'énergie fournie par le laser. Le "big bang" attendu serait le
résultat de cinquante ans d'efforts internationaux visant à
démontrer la faisabilité physique et technique de la production,
de manière contrôlée, de l'énergie de fusion
nucléaire dans un plasma confiné par inertie et ouvrirait la voie
à la réalisation pratique du réacteur
thermonucléaire piloté par laser.
FIGURE 4.3 - Schéma des étapes de la fusion
laser.
4.2.6 Le refroidissement des atomes
L'objectif est ici de ralentir, c'est-à-dire refroidir,
les atomes avec de la lumière. Le principe repose sur l'échange
d'impulsion entre des photons et des atomes. Considérons le cas d'un
atome se déplaçant à la vitesse ?v0 dans une onde
laser de fréquence í résonante avec une de ses transitions
et se propageant en sens inverse (fig. 4.4a). L'impulsion de l'atome est alors
m?v0 et celle d'un photon h?k, où m est la masse de
l'atome et k ? le vecteur d'onde du champ laser. Lors de l'absorption d'un
photon par l'atome (fig. 4.4b), la conservation de l'impulsion implique que la
vitesse de l'atome excité après absorption soit :
?vexc = ?v0 +
|
h m
|
k? = ?v0 + ?vr (4.1)
|
vexc = v0 -
|
h m
|
k (4.2)
|
?vr =
|
h?k/m est appelée vitesse de recul.
Après absorption, l'atome est dans un état excité et
|
sa vitesse a diminué. Au bout d'un temps
dépendant de la durée de vie de ce niveau excité, l'atome
se désexcite par émission spontanée ou stimulée.
Dans le cas de l'émission stimulée, on retrouve l'état
initial. Dans le cas de l'émission spontanée, le photon est
émis dans une direction aléatoire (fig. 4.4c) et la vitesse
finale ?va de l'atome est :
?va = ?v0 +
|
h m
|
k?
|
h m
|
?ks (4.3)
|
où ?ks est le vecteur
d'onde du photon émis spontanément. ?ks
a une direction aléatoire mais a toujours le même
module : ?ks = ?k . Si le processus
est répété n fois, la vitesse finale de l'atome est :
?va = ?v0 + n
|
h m
|
k?
|
h X m i
|
?ksi = ?v0 + n
|
h m
|
k? (4.4)
|
va = v0 - n
|
h m
|
k (4.5)
|
26
puisque ?ksi a une direction
aléatoire et est donc nul en moyenne. Le module de la vitesse finale est
donc :
27
FIGURE 4.4 - Les trois étapes du ralentissement d'un
atome par un photon. En (a), un atome absorbe un photon se propageant en sens
inverse; en (b), l'atome excité est ralenti; en (c), le photon est
réémis dans une direction aléatoire.
Ce processus peut-il être efficace pour ralentir des
atomes? Pour répondre à cette question, prenons l'exemple de
l'atome de césium. La vitesse des atomes de césium dans une
vapeur diluée à température ambiante est typiquement de
300 m.s-1. Pour la raie du césium située à 852
nm, la vitesse de recul est vr =
3.5×10-3 m.s-1, ce qui semble ridiculement faible
pour ralentir un atome se déplaçant à 300
m.s-1. Cependant, la durée de vie du niveau excité du
césium est de 3×10-7 s, ce qui fait que le processus
peut se répéter jusqu'à 3 millions de fois par seconde!
L'atome peut donc être complètement arrêté en
quelques dixièmes de seconde. Réduire la vitesse des atomes par
cette méthode est donc parfaitement réalisable.
L'équation (4.5) n'aboutit pas à un
ralentissement de l'atome : une fois le sens de la vitesse inversé
(nhk/m > v0), l'atome est accéléré.
Pour éviter cela, on plonge l'atome dans deux ondes contra-propageantes
de fréquence inférieure à la fréquence de
résonance atomique Va. Par effet
Doppler, l'atome voit toujours l'onde se propageant dans le sens opposé
au sien avec une fréquence plus proche de Va
que l'onde se propageant dans le même sens que lui.
L'onde de sens opposé (plus résonante) le freine donc toujours
davantage que l'onde de même sens (moins résonante) ne
l'accélère. Quel que soit son sens de propagation, l'atome
ralentit donc : c'est le refroidissement Doppler.
Dans la pratique, de nombreux processus interdisent de
réduire indéfiniment la vitesse des atomes. Par exemple, en
utilisant la méthode décrite ci-dessus, on peut ralentir des
atomes alcalins jusqu'à des vitesses de l'ordre de 10 cm.s-1,
ce qui correspond à une température de quelques centaines de
uK.
En utilisant des méthodes plus sophistiquées,
des températures de l'ordre du nK ont été atteintes. Une
des applications les plus spectaculaires des atomes refroidis est l'obtention
de la condensation de Bose-Einstein, un état de la matière
où les atomes se retrouvent dans un même état quantique.
Prédite par Bose et Einstein en 1924, elle fut observée pour la
première fois en 1995.
4.3 Applications dans les autres domaines 4.3.1 Dans la
vie quotidienne
Le pointeur laser
Le pointeur laser l'utilisation la plus répandue du
laser par le grand public est sans nul doute le pointeur laser. Mais ce dernier
est aussi utilisé par les professionnels pour matérialiser une
ligne droite : les applications sont nombreuses, depuis la
matérialisation des lignes de niveau dans les métiers du
bâtiment, jusqu'au guidage des tunneliers. Il y a longtemps que les
lasers sont
28
utilisés dans les théodolites, ces instruments
qui permettent aux géomètres et aux ingénieurs
d'établir des relevés topographiques. Les scientifiques aussi
utilisent dans leurs laboratoires des pointeurs laser pour aligner d'autres
lasers. Les lasers utilisés dans les pointeurs sont assez simples. Il
s'agit en général d'une diode laser (pointeur rouge) ou d'un
laser à néodyme doublé (pointeur vert), d'une puissance de
quelques mW, ce qui suffit à créer un faisceau parfaitement
visible, même en plein jour. Les optiques de collimation doivent
cependant être adaptées à l'usage, et notamment aux
distances sur lesquelles le pointeur doit être utilisé.
Le lecteur des codes barres
Le code barre est un système d'identification d'objets;
il est constitué d'une série de barres et d'espaces
d'épaisseur variable. Le lecteur fournit une information
électrique reproduisant la série de barres.
Le principe retenu est le suivant : un faisceau laser balaye
le code barre et un détecteur collecte la lumière
diffusée. Le signal temporel obtenu est une image du code barre. Compte
tenu du cahier des charges décrit plus haut, le type de laser et
l'optique utilisés jouent un rôle primordial dans la
réalisation du lecteur. Les premiers lecteurs utilisaient des lasers
He-Ne à 632 nm. Ils ont été progressivement
remplacés par des diodes laser à 670 nm. Celles-ci
émettent des faisceaux elliptiques dans le plan perpendiculaire à
leur axe de propagation. Cette propriété est ici mise à
profit pour limiter les risques d'erreurs de lecture du code barre.
4.3.2 Domaine industriel
Dans l'industrie, le laser est omniprésent : il
façonne, découpe, soude, marque, grave, nettoie les
matériaux les plus divers. Le laser est en général
employé à puissance élevée, afin d'exploiter
l'absorption du faisceau par le matériau. On amène ainsi
localement le matériau à une température de quelques
centaines ou quelques milliers de degrés, provoquant sa fusion, voire sa
vaporisation. Grâce à la rapidité des changements de phase,
la chaleur n'a pratiquement pas le temps de se propager, laissant les zones
périphériques à l'usinage dans leur état d'origine
: on peut ainsi obtenir des découpes ou des soudures plus propres
qu'avec les autres procédés.
Soudage : Il s'agit en pratique ici de
soudage de métaux, bien que cette méthode soit aussi
appliquée sur des composés plastiques. Des tôles
métalliques peuvent être soudées sur plusieurs
millimètres d'épaisseur (par exemple 1 cm avec un laser CO2 de 5
kW) avec des vitesses de plusieurs mètres par minute (par exemple 6 m/mn
pour une tôle d'acier de 1.5 mm d'épaisseur). La soudure est fine
et propre, mais elle est aussi très précise, et l'on trouve donc
aussi des applications de soudage de précision en
micro-mécanique. Le rôle du laser est ici de chauffer le
métal afin d'atteindre son point de fusion. Les intensités
nécessaires sont de l'ordre de 105 à 107
W.cm-2 . On utilise des lasers continus, typiquement le laser
CO2 et le YAG, et c'est la vitesse de déplacement du faisceau le long de
la zone à souder qui fixe la durée de l'interaction et donc la
profondeur de pénétration.
Découpe et perçage : Le laser
permet de découper ou percer toutes sortes de matériaux, depuis
les aciers les plus durs jusqu'au papier, en passant par le verre, les
tissus,....La découpe est rapide, nette, sans trace de brûlure ou
d'échauffement, et peut être facilement automatisée et
pilotée par ordinateur. En montant le laser sur des systèmes
à plusieurs axes, on peut ainsi façonner des pièces avec
des géométries complexes.
4.3.3 Domaine médicale
La plupart du temps, on utilise le laser en médecine
pour détruire ou altérer des tissus de façon très
localisée et précise. En ce sens, la directivité, la
focalisation et la puissance du laser jouent un rôle important. Mais
toutes ces caractéristiques seraient inutiles si l'on n'était
29
pas capable de détruire les tissus de façon
sélective, grâce aux propriétés spectrales des
lasers. Les coefficients d'absorption des molécules constituantes de
l'organisme varient en effet avec la longueur d'onde. En choisissant
judicieusement cette dernière, on peut donc exciter avec un laser un
matériau sensible à cette longueur d'onde, par exemple du sang,
situé derrière un autre matériau qui y est insensible (ou
moins sensible), par exemple la surface de la peau.
4.3.4 Télécommunication
L'échange d'informations numériques fait
maintenant partie de notre vie quotidienne, qu'il s'agisse de
téléphoner, de regarder la télévision ou de
naviguer sur Internet. Que ce soit à l'échelle de la
planète, ou entre deux pièces d'un même bâtiment, le
transport de ces informations est essentiellement optique.
Le dispositif de transmission par fibre optique est
constitué d'un émetteur qui convertit le signal électrique
en signal optique, d'une fibre optique qui propage le signal optique, de
répéteurs éventuels qui l'amplifient, et finalement d'une
photodiode qui reconvertit le signal optique en signal électrique.
L'émetteur est un laser à semi-conducteur
à 1,3 um, et plus récemment à 1,55 um. À ces
longueurs d'onde correspondent respectivement un minimum de dispersion et
d'atténuation du signal dans les fibres. Le signal électrique
numérique est transformé en signal lumineux en modulant
directement l'intensité émise par le faisceau laser, le bit 0
correspondant à une absence d'émission. Les fréquences de
modulation sont de l'ordre du GHz, et même davantage. Elles sont
directement liées au débit d'informations transmis. C'est
d'ailleurs un des avantages majeurs des fibres optiques par rapport aux
traditionnels fils de cuivre que de pouvoir atteindre des débits
très élevés. Pour fixer les idées, prenons
l'exemple du téléphone. Les normes internationales fixent la
bande passante des communications téléphoniques entre 300 Hz et
3400 Hz. En général, les opérateurs fixent la
fréquence haute à 4 kHz, correspondant à un débit
de 64 kbps (bps = bits par seconde) pour un signal numérique codé
sur 8 bits. Sur une fibre optique de 1Gbps de débit, on peut donc faire
passer simultanément plus de 15 000 conversations
téléphoniques.
4.3.5 Les armes laser
Depuis les années 2000, plusieurs fabricants d'armes
développent de véritables « rayons de la mort ». Il
s'agit de lasers extrêmement puissants destinés à la
destruction en vol de roquettes, d'obus, voire de missiles. Ces armes sont
destinées à être embarquées sur des bateaux, des
avions ou des véhicules terrestres, et ne peuvent donc pas disposer de
ressources électriques importantes. C'est la raison pour laquelle elles
utilisent souvent des lasers chimiques. Parmi les réalisations connues,
on peut citer le THEL (Tactical High Energy Laser) embarqué sur un
navire. Il utilise un laser HF émettant 1 MW en continu à 2,8 um.
En 2004, une démonstration a montré qu'il était capable de
détruire en vol des obus de mortier lancés en rafale. Citons
également le Boeing YAL-1, qui a démontré en
février 2010 sa capacité à détruire des missiles
balistiques en vol. Il utilise lui aussi un laser chimique, à l'iodure
d'oxygène. En fin, le SSHCL (Solid State Heat Capacity Laser), un laser
néodyme de « seulement » 67 kW, permet d'avoir une idée
des capacités de destruction de ce type d'armes : cette arme est capable
de percer un trou carré de 13 cm de coté dans une plaque d'acier
de 2,5 cm d'épaisseur, en 2 secondes.
4.4 Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons parlé de certaines
applications du laser dans notre vie quotidienne, puis de ses applications dans
la recherche scientifique, tout en détaillant le fonctionnement du
refroidissement par laser et de la fusion nucléaire par laser.
30
Conclusion Générale
Pour conclure, et après tout ce que nous avons vu, le
développement du laser par les scientifiques est toujours en cours, la
question est : quelle puissance les lasers pourraient-ils avoir? Le laser le
plus puissant construit était de l'ordre de 25 PW (2.5x1016
W), mais le problème ici est qu'il y a une limite, appelée
la limite de Schwinger, un champ critique dans l'électrodynamique
quantique. La limite est typiquement rapportée comme un champ
électrique ou magnétique maximum avant la
non-linéarité de vide, à l'ordre de E r' 1.32 x
1018V/m et B r' 4.41 x 109T.
À la limite de Schwinger, le champ électrique
est suffisamment fort pour séparer les paires électron-positron
qui sont créées spontanément par les fluctuations
quantiques du vide. La conversion d'électrons et de positrons virtuels
en électrons et positrons réels absorbe l'énergie du
champ, ce qui rend difficile toute augmentation supplémentaire de ce
dernier. La limite devrait être atteinte à une intensité
laser critique d'environ 1029 W.cm-2. Mais il a
été suggéré récemment que les effets de
collision survenant au point focal d'un ou de plusieurs faisceaux laser
pourraient conduire à la production de paires à des
intensités inférieures de deux ordres de grandeur à la
limite de Schwinger. S'appuient sur cette suggestion pour examiner ce qui se
passe immédiatement après la création d'une paire.
Ils soulignent que les électrons et les positrons ne
sont pas seulement créés par le champ laser, mais qu'ils sont
rapidement accélérés à des vitesses relativistes
extrêmes par celui-ci. Leur collision inévitable avec les photons
du champ entraîne l'émission de particules gamma d'une
énergie suffisante pour se désintégrer en d'autres paires
électron-positron et en d'autres particules exotiques de haute
énergie. Cela conduit à une cascade électrodynamique
quantique similaire aux processus d'avalanche qui limitent les
intensités laser supportées par les diélectriques
classiques.
Les calculs des auteurs suggèrent que cette rupture du
vide pourrait devenir un problème à des intensités laser
focalisées d'environ 1026 W.cm-2 - bien en dessous
de la limite de Schwinger, et juste quelques ordres de grandeur au-dessus des
intensités qui devraient être atteintes par plusieurs
installations laser actuellement en construction.
Est-il vraiment possible de fabriquer un laser
dépassant la limite de Schwinger? Nous attendons qu'un futur prix Nobel
réponde à cette question.
31
Bibliographie
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