VI. CARACTERISTIQUE ET VARIABILITE DE LA TEMPERATURE
DANS LE MAYO DALLAH
Cette section se concentre sur les caractéristiques et
la tendance de la température. Tout comme la pluie, la
température est un facteur climatique qui détermine
également les rendements agricoles. Au Tchad, différents
scénarii climatiques font ressortir un accroissement de la
température moyenne annuelle de 0,8°C au Sud, de 1,2°C au
Centre et 1,3°C au Nord en 2020 comparativement à la période
1981-2010. L'analyse des températures moyennes annuelles, des
températures maximales et minimales permet de mettre en évidence
l'évolution thermique interannuelle dans notre zone d'étude.
1. Evolution des températures minimales et
maximales annuelles
L'analyse des températures maximales et minimales
revête une importance, car leurs valeurs extrêmes affectent
fortement le processus physiologiques des cultures (germination, floraison,
transpiration, photosynthèse...) et partant, susceptibles d'affecter les
rendements agricoles. Les figures ci-dessous (14,15) illustrent les
évolutions interannuelles des températures maximales et minimales
de 1990-2021. On peut voir sur cette figure, qu'il existe une grande
disparité entre les températures annuelles moyennes maximales et
minimales. Cela indique que les températures sont
généralement trop chaudes en journées et moins chaudes la
nuit. Les figures ci-dessous (16 et 17) présentent les évolutions
des températures minimales et maximales dans le Mayo Dallah.
y = 0,0143x + 43,294
R2 = 0,0364
44
45
43
42
41
40
39
Température en °C
Années
tmax Tendance des Températures maximales
63
Figure 16: Evolution des températures maximales
moyennes annuelles dans le Département de Mayo-Dallah entre
1990-2021
Source : NASA, 2022
18
0
Années
Série1 Tendance des Températures minimales
16
14
12
10
8
6
4
2
Température en °C
Figure 17: Evolution des températures minimales
moyennes annuelles dans le Département de Mayo-Dallah entre
1990-2021
Source : NASA, 2022
Il ressort de l'analyse de ces deux figures (7), que la
tendance de l'évolution des températures minimales est à
la stabilité et les températures maximales à
l'augmentation avec une variation en dent de scie. Les coefficients de
déterminations sont respectivement de 13,36% pour les
températures minimales et 43,29% pour les températures
maximales.
64
2. Evolution des températures moyennes
annuelles
Tout comme les températures maximales et minimales, la
température moyenne annuelle fluctue d'une année à une
autre comme la présente la figure 18 ci-dessous
Température en °C
31,00
30,00
29,00
28,00
27,00
26,00
25,00
Température moyenne Tendance des Températures
moyennes
Mois
Figure 18: variation des températures moyennes
du Département de Mayo-Dallah (19902021)
Source : NASA, 2022
L'analyse de cette figure montre que tout à la longueur
de la période de 1990 à 2021, le Département de
Mayo-Dallah les températures moyennes sont marquées par une
évolution en véritable dent de scie. Ainsi, le pic des
températures est atteint en 2017 avec 30,15 °C et la moyenne la
moins élevée est 26,83°C en 1992.
VII. AU-DELA DE LA MESURE, UNE VARIABILITE PLUVIOMETRIQUE
PERÇUE PAR LES PAYSANS
1. Perception paysanne de la variabilité
pluviométrique
L'élaboration des stratégies passent
nécessairement par la connaissance effective de la variabilité
climatique. Les perceptions paysannes jouent un rôle non
négligeable dans l'adaptation. Elles se reposent sur des savoirs locaux
basés sur les expériences et des connaissances fine de leur
écosystème pour expliquer, mais aussi des
évènements importants qui perturbent les cultures et les
productions afin de comprendre l'évolution pluviométrique intra
et interannuelle. Ainsi, la prise en compte de la perception est
nécessaire, car elle détermine les mesures d'adaptations chez les
paysans (Angoussou et al.2012).
65
2. Connaissance des agriculteurs sur les totaux
pluviométrique annuels
Les points des vus de la population enquêtées sur
l'évolution du cumul pluviométrique des pluies annuelles de la
zone varie d'un village à un autre et d'une personne à une autre.
D'après les résultats de l'enquête, 81,7% des agriculteurs
ont affirmés avoir été témoins ou observés
des changements des conditions pluviométriques au cours de ces
dernières années. Selon eux, les saisons sont
caractérisées par des irrégularités de pluie
suivies d'une mauvaise répartition marquée par l'augmentation ou
la diminution de la quantité de pluie lors des périodes intra et
interannuelles. Cette variation est marquée par le démarrage
tardif, d'arrêt précoce des pluies et les fréquences
sèches plus longues. L'encadré et la figure 16 illustrent la
perception paysanne de la variabilité pluviométrique ensuite la
figure 17 présente la synthèse de la manifestation de la
variabilité pluviométrique.
Encadré 1: Avis d'un agriculteur du village
Erdé sur la tendance de la variabilité des pluies
Depuis que moi j'ai commencé à cultiver la terre
jusqu'à un passé récent, j'ai toujours
démarré mes activités champêtres de la nouvelle
année pendant le mois d'avril, mais ces dernières années,
je ne comprends plus rien. Il ne pleut presque plus dans ce mois. Il faut
attendre jusqu'en fin mai pour enregistrer les premières pluies et le
début du mois de juin pour commencer normalement les travaux
champêtres.
Source : Enquête, avril 2022
L'analyse de l'encadré 1 nous permet de comprendre que
les péjorations pluviométriques de ces dernières ont
induit une forte incertitude face au calendrier agricole.
Alternance d'années seches et humides
Tendance à la baisse
Tendance à la hause
Perception
0,0 20,0 40,0 60,0 80,0 100,0
Pourcentage (%)
Figure 19: perception paysanne de la tendance
pluviométrique
Source : enquête de terrain, 2022
66
L'analyse de cette figure nous montre que 91,55% des
agricultures affirment que la tendance de la pluviométrie est
marquée par une baisse en intensité et en durée et 2,82%
affirment que la tendance est marquée tantôt par une augmentation
pendant 2 ou 3 ans et tantôt par une baisse pendant 2 ou 3 années
également et en fin 5,63% affirment constater une tendance à
l'augmentation des précipitations. Cette évolution de la tendance
est caractérisée par des débuts précoces ou
tardifs, des faux départs et fin tardifs etc.... constitue un obstacle
pour le développement des cultures dans le Département de
Mayo-Dallah. Ainsi, quelles sont les causes de cette variation des pluies ?
Début précoce ou tardif des pluies
Faux départ et fins tardives des pluies
Inondations
Diminution en intensité et durée des pluies
Séquences sèches
Envahissement de mauvaises herbes (striga
Envahissement des insectes (chenille, criquet...)
19%
18%
19%
7%
9%
16%
12%
Figure 20 : Synthèse de la
perception paysanne de l'évolution de la pluviométrie
Source : Enquête de terrain, 2022
Toutes les personnes enquêtées sont unanimes sur
le fait que la pluviométrie dans le milieu est en pleine mutation. Du
fait que presque tous les chefs ménages ou répondants
questionnés ont pu s'approprier la dynamique des paramètres
climatiques considérés. Pour ces derniers, la tendance de la
pluie a changé. Les mutations perçues témoigneraient d'une
bonne lecture du climat par les agriculteurs.
3. Perception paysanne des Causes de la
variabilité pluviométrique
Les causes attribuées à la variabilité
pluviométrique sont partagées. La figure ci-dessous montre que
27,14% de la population enquêtée pensent que cette modification de
la pluviométrie est due aux activités humaines plus
précisément la coupe abusive des arbres, 10% affirment que cela
est dû juste à l'évolution du temps, 12,86 % les ont
attribué à la sécheresse et à l'évolution
67
du temps. Au-delà de ces explications d'autres ont
attribué la cause aux facteurs culturels : la malédiction de
Dieu, le non respects des rites traditionnels, aux comportements des hommes
comme le manque de bienfaits, les péchés des hommes.
Encadré 2: avis du chef du village de Badouang
sur les causes de la variabilité pluviométrique
La baisse de la pluie dans notre localité est due
à la coupe abusive des arbres.....Voyez-vous cette forêt.....avant
à 18 h déjà vous ne pouvez plus y traverser, mais regarder
aujourd'hui....tous les arbres ont été coupés à
cause de l'extension des champs, la fabrication du charbon...
Source : Enquête de terrain, 2022
Encadré 3: avis d'un paysan du village Goundaye
sur les causes de la variabilité pluviométrique
Mon fils, tu sais ! C'est la bonne pratique des rites
annonciateurs de la saison pluvieuse qui garantissent les productions...mais
ces derniers temps, la saison pluvieuse est trop capricieuse et moi je pense
que la cause est les mauvaises pratiques des sacrifices et des offrandes qu'on
offre aux divinités....
Source : Enquête de terrain, 2022
12%
13%
9%
6% 4%
7%
6%
10%
27%
6%
Malediction de Dieu
Evolution du temps
Secheresse
Coupe abusive des arbres
Le non respects des rites sacrés
Péchés des hommes
Manque de bienfaits
Coupe abusive/ evolution du temps
Volonté de Dieu
Manquede bienfaits/secheresse
Figure 21: perception paysanne face à la cause de
la variabilité pluviométrique.
Source : Enquête de terrain, 2022
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4. Perception paysanne de la baisse des
rendements
La variabilité pluviométrique se traduit aussi
par la baisse des rendements. La majeure partie des agriculteurs
interrogés affirment que leurs rendements agricoles varient d'une
année à une autre. Ainsi, les baisses de rendements agricoles ne
sont pas perçues de la même manière par les agriculteurs.
La figure ci-dessous illustre cette perception.
Perception
|
Echec de la célébration des rituels Manque de
materiels/ mauvaise répartition des pluies Mauvaise pluviometrie
Malédiction/ manque de moyens Manque de materiels Manque des moyens
Malediction de Dieu
|
|
|
|
0,0 5,0 10,0 15,0 20,0 25,0 30,0 35,0 40,0
Pourcentage (%)
Figure 22: point de vue des paysans sur la baisse des
rendements
Source : Enquête de terrain, 2022
Les points de vue des enquêtés sont divergents.
Selon les résultats, 35,2% des agriculteurs enquêtés
soulignent que les manques des moyennes seraient la cause des baisses des
rendements enregistrés. 11,3% les attribuent à la
malédiction de Dieu, 12,7% au manque des moyens , par contre 9,9%
pensent que cela est due à la mauvaise répartition des pluies,
8,5% affirment que cela est dû à la malédiction
associé au manque des moyens, ensuite 4,2% au manque de matériels
associé à la mauvaise répartition des pluies et enfin 1,4%
pensent que c'est du à la mauvaise célébration des rites
pendant les débuts de la saison pluvieuse.
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