WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

Adolescence, amour et violence. prévenir la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s


par Cindy, Zoé Chevalier, Niggeler
Haute-école de travail social de Fribourg - Suisse - Bachelor en Travail social 2022
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

Fribourg - mars 2022

Haute école de travail social Fribourg HETS-FR

Rte des Arsenaux 16a 1700 Fribourg

Adolescence, amour et violence

Prévenir la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

TRAVAIL DE BACHELOR

Présenté par

Cindy Chevalier & Zoé Niggeler

En vue de l'obtention du Bachelor of Arts HES-SO en
Travail social

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Remerciements

Nous tenons à remercier notre directrice de travail de Bachelor, Marie-Lou Janin, pour son écoute, sa précieuse aide et ses nombreux conseils. Nous tenons particulièrement à la remercier pour la confiance qu'elle nous a donnée et l'empathie dont elle fait preuve.

Nous remercions également notre lectrice externe, Laurence Wicht pour son investissement et son implication tant dans la lecture que l'évaluation de ce travail de Bachelor.

Un grand merci à nos différentes relectrices Fabienne D.- Fiona G.- Christine N.- Amélie V. - Sylvie G. - Pierre M. et Olivier M. pour leur regard critique et leurs conseils toujours appréciables tant sur la forme que sur le fond de notre travail.

Un grand merci à nos collègues que nous côtoyons régulièrement et qui sont toujours d'une écoute réconfortante entre deux portes ou autour d'un café.

Nos derniers remerciements s'adressent à nos familles respectives, plus particulièrement à Sheryl, Lyam, Erin, Olivia, Lilou, Charlotte et Arthur qui n'ont pas eu leur maman aussi souvent qu'ils-elles le souhaitaient. Un grand merci à nos conjoints respectifs, Frédéric et Thibault, qui ont toujours su trouver les mots de réconfort et prendre le relai aux moments importants de notre processus.

Nous dédions ce travail de Bachelor à la mémoire de Lison Jud-Maréchal.

P a g e 1 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Table des matières

Introduction 4

1. Problématique 5

1.1. L'adolescence 5

1.1.2. Relations interpersonnelles chez les adolescent-e-s 6

1.2. Qu'est-ce que la violence ? 7

1.2.1. Définitions de la violence 7

1.2.2. Violence juvénile 7

1.2.3. Violence domestique - violence conjugale 8

1.3. La violence dans les relations amoureuses (VRA) chez les adolescent-e-s 10

1.3.1. Définition de la VRA 10

1.4. Cadre légal et aspects juridiques 11

1.4.1. La violence domestique 11

1.4.2. La violence juvénile 12

1.5. Causes et facteurs de risques de la VRA 13

1.6. Quelles conséquences de la VRA sur les adolescent-e-s et sur leur avenir ? 14

1.7. État de la situation 14

1.8. Traumatisme et résilience 15

1.8.1. Le traumatisme 15

1.8.2. La résilience 16

1.9. Lien avec le travail social 16

2. Question de recherche 17

2.1. Les finalités de recherche 18

3. Méthodologie 20

4. Corpus de textes : choix et motivations 21

4.1. Texte 1 21

4.2. Texte 2 22

4.3. Texte 3 23

4.4. Texte 4 25

4.5. Texte 5 26

5. Analyse des contenus sélectionnés 27

5.1. Violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s 27

5.2. Analyse bio-psycho-sociale de la VRA 30

5.3. La VRA, un problème qui manque de visibilité 33

5.4. Les champs d'intervention de la VRA : prévention et prise en charge 34

6. Synthèse des résultats 37

P a g e 2 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

7. Discussion 39

7.1. Quel rôle pour les professionnel-le-s du social face à la violence dans les relations amoureuses

chez les adolescent-e-s 39

7.2. Comment comprendre et interpréter les facteurs bio-psycho-sociaux de la VRA en tant que

professionnel-le-s du social ? 41

7.3. Comment peut-on pallier le manque de visibilité de la VRA ? 43

7.4. La prévention de la VRA et le travail social 44

Conclusion 48

Références bibliographiques 50

Annexes 55

Annexe 1 : Grille d'extraction 55

Annexe 2 : Fiche pratique - les formes de violence 58

Annexe 3 : Fiche pratique - relation saine vs relation toxique 59

Annexe 4 : Fiche pratique - les signes de la violence 60

Annexe 5 : La jalousie ce que les adolescent-e-s en disent 61

Nous avons choisi de rédiger ce travail de Bachelor avec le langage épicène, car nos recherches nous ont fait prendre conscience que l'on ne peut pas enfermer les victimes et les auteur-e-s dans un genre. Cela est une volonté, qui nous l'espérons, participera à la remise en question des préconstruits normatifs.

P a g e 3 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Introduction

Pour l'année 2020, la Suisse comptait 10 879 auteur-e-s prévenu-e-s de violences domestiques (toutes infractions confondues), soit 8098 hommes et 2781 femmes (Office fédéral de la statistique [OFS], 2021). Ce chiffre, aussi élevé soit-il, reflète la partie émergée de l'iceberg. En effet, ces statistiques sont basées sur le nombre d'interventions de la police. Il existe néanmoins de nombreux actes de violence laissés sous silence qui ne font pas l'objet d'un dépôt de plainte. Comment ces adultes en sont-ils arrivés là ? La violence domestique, plus précisément la violence au sein des couples, est une problématique connue et qui a déjà fait l'objet de plusieurs études. Cette problématique, plus particulièrement la violence dirigée envers les femmes, se visibilise d'autant plus depuis la création du mouvement Me too, en 2007.

Lorsque l'on évoque la violence au sein du couple, cela est majoritairement associé aux adultes, mais rarement aux adolescent-e-s. Pourtant, les actes de violence ne sont pas liés à l'âge des protagonistes; les jeunes sont également touchés par la violence au sein de leur couple.

Dans le cadre d'actions de prévention dans les écoles et en côtoyant des adolescent-e-s dans le cadre professionnel, nous avons été à plusieurs reprises confrontées à des jeunes en difficulté. Des adolescent-e-s qui subissaient ou exerçaient eux-elles-mêmes de la violence dans le cadre de leurs relations amoureuses et qui n'arrivaient pas à s'en sortir ou alors qui ne considéraient pas cela comme de la violence.

L'adolescence est une période charnière dans la vie, elle permet à chacun-e de se construire, et c'est à ce moment-là que se posent les jalons de l'adulte en devenir. Il nous a donc paru important de comprendre les différents enjeux liés à cette période de la vie.

C'est pourquoi, nous avons décidé d'explorer et d'investiguer la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s hétérosexuel-le-s entre 13-18 ans. Nous avons bien conscience que la violence existe dans les couples homosexuels, mais cela exigerait une orientation différente de notre travail et devrait faire l'objet d'une étude distincte.

Pour définir plus précisément notre objet de recherche, nous avons ciblé et mis en commun les questions qui nous paraissaient pertinentes:

- Quelles sont les spécificités du développement d'un-e adolescent-e, en particulier sous l'angle

émotionnel, cognitif et social?

- Comment se développe une relation amoureuse à l'adolescence?

- Comment définir les différentes formes de violences dans les relations amoureuses à l'adolescence (VRA) ?

- Quelle place la violence peut-elle avoir au sein des couples adolescents?

- Comment la violence au sein du couple d'adolescent-e-s est-elle définie sur le plan juridique?

- Des actions de prévention sont-elles déjà mises en place au niveau de ce public, si oui,

lesquelles?

Au travers de ce travail de recherche, nous espérons démontrer la nécessité de s'intéresser à ce sujet, car il nous semble essentiel que cette problématique encore peu connue chez nous, suscite plus d'intérêt auprès des chercheur-se-s et qu'elle devienne un terrain de recherche à part entière au vu des répercussions que la violence entraîne sur ceux et celles qui la vivent. Nous observons que certaine-s professionnel-le-s n'ont même pas connaissance de l'existence de cette problématique qu'est la violence au sein des relations chez les adolescent-e-s.

P a g e 4 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Ce travail se présente en trois parties. La première partie expose des éléments indispensables à la compréhension de notre thème. Qu'est-ce que l'adolescence? Pourquoi s'intéresser aux violences spécifiquement dans cette tranche d'âge ? De quel type de violence parle-t-on ? En peu de temps, vous avez croisé les termes de violence domestique et conjugale, qu'est-ce qui les différencie?

Nous nous intéresserons également au cadre juridique, afin de mieux comprendre quelles lois interviennent dans notre problématique. Puis, nous proposerons une définition de la VRA chez les adolescent-e-s. Nous exposerons aussi les facteurs de risques, les conséquences de cette violence sur le développement des adolescent-e-s, notamment par les notions de traumatisme et de résilience. Nous terminerons cette partie sur les liens qu'il y a entre la VRA chez les adolescent-e-s et le travail social. Quel est la place et le rôle des professionnel-le-s du social?

La deuxième partie est le coeur théorique de notre travail. Il s'est construit à partir d'une sélection d'études, de littérature et de travaux de recherche au niveau national, mais surtout international puisque ce sujet est encore peu connu en Suisse. Nous y exposerons notre méthodologie, nos critères de sélection pour notre corpus de recherches. Nous analyserons nos différents textes en fonction de nos quatre axes. Tout d'abord, la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s nous permettra de comprendre les mécanismes qui sont concernés dans la VRA chez les jeunes. Puis, selon le modèle d'Engel, nous analyserons les spécificités biologiques, psychologiques et sociales de la VRA. Ensuite, nous tenterons de comprendre les raisons liées au manque de visibilité de la VRA chez les adolescent-e-s. Pour terminer, nous regarderons ce qui existe au travers des champs d'intervention de la VRA, plus précisément au niveau préventif et de la prise en charge.

La troisième partie consistera à discuter nos principaux résultats, notamment par le prisme du domaine social. Il s'agira principalement de mettre en lien les violences dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s et le travail social. Nous mettrons en lien nos connaissances acquises au niveau théorique sur la base de plusieurs apports tels que nos lectures, nos cours au sein de la Haute école de travail social (HETS) à Fribourg ainsi que nos observations au travers de notre pratique professionnelle.

1. Problématique 1.1. L'adolescence

L'étymologie du mot adolescent vient du latin « adulescens » qui signifie grandissant (Guerry, 2019).

Papalia & coll. (2010) définissent l'adolescence comme une « période de transition développementale qui comporte des changements physiques, cognitifs, affectifs et sociaux et qui se manifeste sous différentes formes selon les milieux sociaux, culturels et économiques» (p.256).

D'après Cloutier & Drapeau (2015), « l'adolescence est la période qui sépare l'enfance de l'âge adulte. Du point de vue psychologique, cette période fait le passage entre la dépendance enfantine et l'autonomie adulte» (p.3).

C'est une période très importante dans le développement de tout être humain, qui se produit principalement entre 12 et 18 ans, durant laquelle des bouleversements considérables s'entremêlent (Cloutier & Drapeau, 2015). D'après H. Erikson, le développement humain se fait en huit stades qui s'étendent de la naissance à l'âge adulte; le stade cinq, celui de l'adolescence, est évoqué comme étant la période de la crise d'identité (cité dans Cloutier & Drapeau, 2015). Durant cette crise nécessaire à son autonomisation, l'adolescent-e fait un bilan personnel et se questionne sur son identité, ses origines. Les questions que chaque individu se pose sont personnelles, personne ne peut y répondre pour l'autre. Toutefois, un environnement stable avec des repères clairs rendra ce bilan

P a g e 5 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

plus facile à effectuer, contrairement à l'absence de famille ou la présence d'importantes difficultés sociales (Cloutier & Drapeau, 2015).

Selon Rey (1996), l'adolescence est une phase complexe et qui suscite parfois l'incompréhension; certain-e-s adolescent-e-s sont stéréotypé-e-s comme violent-e-s et/ou ayant des comportements déviants tant par le discours populaire, que les médias.

H. Erikson mentionne que l'autonomie de certain-e-s adolescent-e-s peut être influencée par la pression des pair-e-s et des parents. Dans le but d'être accepté-e-s, reconnu-e-s et/ou valorisé-e-s, certain-e-s adolescent-e-s peuvent se faire subir certaines épreuves allant à l'encontre de leur propre volonté et contre leur intérêt personnel (cité dans Cloutier & Drapeau, 2015). Ceci uniquement pour ne pas se faire rejeter ou exclure par leur groupe de pair-e-s. Le milieu familial dans lequel évolue l'adolescent-e joue également un rôle important dans la manière qu'il-elle aura de se percevoir. Selon les auteur-e-s, l'adolescent-e évoluant dans une famille où les membres se respectent, où règnent la chaleur, l'affection, la sécurité et un sentiment d'appartenance, aura potentiellement une meilleure estime de lui-elle-même, adoptera une attitude positive face à l'avenir et aura de meilleures chances de se sentir bien dans sa peau. À l'opposé, un-e adolescent-e qui vivra de la violence au sein de sa famille et que les parents ne respecteront pas, aura plus de chances de se sentir mal dans sa peau, sera moins à l'aise dans ses relations avec ses pair-e-s et à l'école. H. Erikson précise que les analyses de leurs études sur le sujet ne leur permettent pas de lier de manière univoque la façon dont l'adolescent-e se sent dans sa peau, avec les problèmes personnels qu'il-elle vit et sa consommation de cigarettes/drogues/alcool (cité dans Cloutier & Drapeau, 2015). Nonobstant, il apparaît que ces éléments sont corrélés de manière significative à la cohésion familiale que l'adolescent-e vit à la maison (Cloutier & Drapeau, 2015).

Selon Maïdi (2014), l'adolescent-e est fasciné-e par lui-elle-même et l'image qu'il-elle renvoie est une préoccupation centrale dans sa vie. Renvoyer une image négative ou qui ne serait pas à la hauteur de ses attentes, ni à celle de ses pair-e-s, risquerait de lui nuire, dans sa relation avec ces derniers et dernières. Pour se construire et se sentir en sécurité, l'adolescent-e a à la fois besoin de s'identifier aux autres, tout en souhaitant être celui-celle qui arrive à se démarquer et à être original-e. Ainsi, l'autre reflète sa propre identité et rassure l'adolescent-e dans cette période de changements.

1.1.2. Relations interpersonnelles chez les adolescent-e-s

D'après le cours de S. Guerry, l'adolescence est une période charnière dans le développement de l'être humain durant laquelle l'adolescent-e doit exécuter un certain nombre de tâches. Il s'agit notamment d'accepter son corps d'adulte et d'en prendre soin, de construire son identité d'adulte, de choisir une profession et de s'y former. Parmi toutes ces tâches, une des plus importantes est celle de construire son propre univers social avec ses pair-e-s, et ce tant en amour, qu'en amitié (communication personnelle, 12 décembre 2019).

Qu'est-ce que l'amour à l'adolescence ? Nous n'avons pas trouvé de définition qui explique clairement et scientifiquement ce qu'est l'amour à l'adolescence. Winter (2001) explique que pendant la période de l'adolescence, les adolescent-e-s confondent amour et idolâtrie en précisant que c'est une période de la vie où l'amour n'est pas dans le coeur, mais dans les yeux, il parle alors « d'idolescence ».

Les interactions avec les pair-e-s sont donc nécessaires et jouent un rôle primordial dans le développement des adolescent-e-s. L'amour adolescent n'échappe pas à cette dynamique. Une étude française menée auprès de jeunes lycéen-e-s conclut qu'être amoureux-se au lycée, c'est être

P a g e 6 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

socialement reconnu-e; l'auteur emploie la métaphore de l'arène comme lieu de l'action, mais aussi de l'observation (Juhem, 1995). Avoir une relation de couple à l'adolescence est une façon de manifester sa position sociale. Plus un-e adolescent-e sera populaire au sein de son groupe de pair-es, mieux il-elle sera considéré-e par ces derniers et dernières. Ceci lui permettra d'avoir plus de chances de sortir avec un-e partenaire plus enviable. De plus, si son-sa partenaire fait également partie des personnes les plus valorisées, cela augmentera sa cote de popularité dans son groupe. Une fois le couple formé, les adolescent-e-s se montreront publiquement et exhiberont leur amour à tout le monde, car une relation discrète n'apporterait aucune supériorité; la relation amoureuse nécessite d'être débattue par les pair-e-s (Juhem, 1995).

1.2. Qu'est-ce que la violence?

La violence constitue un vaste sujet, elle est multiple et protéiforme, elle ne tient pas compte des classes sociales. Pour mieux comprendre la violence, il nous paraît nécessaire de nous attarder sur les définitions de la violence. Cela a pour objectif principal de définir les types de violence qui se manifestent dans une relation amoureuse d'adolescents.

1.2.1. Définitions de la violence

L'Organisation Mondiale de la Santé (OMS, 2002), définit la violence au sens large, comme étant « l'utilisation intentionnelle de la force physique, de menace à l'endroit des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d'entraîner un traumatisme, des dommages physiques, des problèmes de développement ou un décès ».

Le rapport mondial sur la Violence et la Santé (OMS, 2002) de l'Organisation Mondiale de la Santé présente la violence en trois types:

- La violence auto-infligée (regroupe les comportements suicidaires et sévices auto-infligés).

- La violence interpersonnelle se divise en deux catégories:

o La violence familiale à l'égard d'un-e partenaire intime et/ou membre d'une même famille.

o La violence communautaire qui concerne des personnes qui ne se connaissent pas. - La violence collective est commise par de grands groupes de personnes ou par des États, elle peut être économique, sociale et politique.

Toutes les violences évoquées sont autant causées que subies, « en effet, qu'il s'agisse de violences infligées ou de violences subies, la présence de violences implique toujours la rencontre d'un auteur avec une victime» (Courtecuisse, 1996, p.15).

1.2.2. Violence juvénile

La prévention Suisse de la Criminalité (2015) définit la violence juvénile ainsi :

[...] la violence psychique et verbale (par exemple harcèlement), violence physique et sexuelle (bagarres, harcèlement sexuel), agressions, voire meurtre ou homicide. Les actes de violence peuvent viser des personnes, des animaux ou des choses (des actes de vandalisme par exemple). En général, lorsque l'on parle de violence juvénile, on ne fait pas de distinction entre les actes commis par de jeunes adultes (de 18 à 25 ans) ou par des mineurs (jusqu'à 17 ans). Mais la justice n'intervient pas de la même manière pour les délits commis par des mineurs. En effet, le droit pénal des mineurs vise davantage la resocialisation des délinquants que la punition pour leurs actes.

P a g e 7 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Selon Courtecuisse (1996), il peut arriver qu'auteur-e et victime soient la même personne, cela serait associé au comportement suicidaire. Il explique également que la violence se fait par interaction, cela implique de facto une relation entre victime et agresseuse ou agresseur; l'auteur s'est intéressé à la violence chez les jeunes et il fait référence à trois niveaux:

1. La violence interne est spécifique aux adolescent-e-s, elle concerne la métamorphose physique que le-la jeune ne peut que « subir», cela engendre des réactions pulsionnelles aux intensités variables.

2. La violence intime correspond aux réponses données par les parents et/ou les adultes proches du-de la jeune. Il s'agit de guider les adolescent-e-s à comprendre cette violence interne, en leur offrant un cadre ferme, flexible et cohérent, sans faire preuve d'une trop grande rigidité. Ce cadre doit être autoritaire et non violent, si l'adulte devient violent-e, il-elle transgresse une limite et se discrédite face au-à la jeune.

3. La violence sociale qui débute au sein de la sphère privée fonctionne comme un système de pression visant à donner des réponses aux adolescent-e-s afin de se soumettre, de régresser ou de se révolter.

1.2.3. Violence domestique - violence conjugale

Selon l'article 3, alinéa b de la Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (Convention d'Istanbul, 2011) le terme violence domestique « désigne tous les actes de violence physique, sexuelle, psychologique ou économique qui surviennent au sein de la famille ou du foyer ou entre des anciens ou actuel-le-s conjoint-e-s ou partenaires, indépendamment du fait que l'auteur-e de l'infraction partage ou a partagé le même domicile que la victime» (p.8). De ce fait, le terme de violence conjugale qui définit la violence au sein d'un couple rentre dans la catégorie des violences domestiques.

Dans le cadre de la violence domestique, plus précisément dans la violence conjugale chez l'adulte, il existe deux manières d'interagir dans la relation violente. Selon la Fondation Jeunesse et Famille1 & La Fondation MalleyPrairie 2 (Violence dans le couple : pour un changement de langage, 2010), il existe la violence dite punition (complémentaire), qui est intime et que l'on cache. L'autre manifestation est la violence dite agression, symétrique, bidirectionnelle dont les auteur-e-s ont conscience et qui n'est pas dissimulée.

Selon le bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes [BFEG] (A1, 2020), la violence conjugale est une forme de violence principalement faite aux femmes. Henrion démontre que les travaux de recherches sur ce sujet s'intéressent « massivement aux victimes femmes et très peu aux hommes» (cité dans Daligand, 2019, p. 16). D'ailleurs, les femmes cumulent un nombre plus élevé d'incidents de violence que les hommes. De plus, les violences qu'elles subissent sont plus graves et les conséquences le sont également (Lessard & coll., 2015).

Chez les adultes, la violence conjugale peut se traduire par de la violence physique, de la violence sexuelle, de la violence psychologique et/ou de la violence économique entre partenaires actuel-le-s ou ancien-ne-s (BFEG, A1, 2020). Si chaque situation est singulière, le schéma de la violence conjugale

1 La Fondation jeunesse et famille (FJF) s'occupe d'enfants, d'adolescent-e-s et d'adultes rencontrant des difficultés sociales. La FJF propose des prestations comme la prise en charge en foyer d'enfants et d'adolescent-e-s victimes de violence domestique ou alors l'accompagnement mère-enfant (AEME)

2 Malley Prairie est un centre d'hébergement d'urgence situé dans le canton de Vaud qui accueille des femmes avec ou sans enfants.

P a g e 8 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

se manifeste de manière cyclique. La figure 1 illustre le « cycle de la violence », il s'agit d'exposer les comportements typiques de chaque phase ainsi que leur durée. Ce cycle s'intensifie avec les années et/ou lors d'événements particuliers comme un licenciement, une grossesse, maladie/accident (Daligand, 2019). Ce cycle n'est pas spécifique à une relation amoureuse chez les adolescent-e-s, car ils-elles n'ont pas (encore) les préoccupations professionnelles, financières et familiales qui incombent aux adultes et qui génèrent des tensions supplémentaires au sein du couple (Glowacz & Courtain, 2017).

La tension

Cette phase est longue, elle s'étend de plusieurs semaines à plusieurs mois. C'est la période désenchantée

qui comprend désillusion, cris,

bousculades, angoisses et peur.

L'explosion de la violence

Cette phase se déroule sur une période très brève (quelques jours). La violence se manifeste de manière

très intense par des agressions

directes.

La lune de miel

La durée de cette période est très
variable. Elle mêle bonheur,
euphorie, idéalisation et bien-être
de la part des partenaires.

La justification et le pardon

Cette période est de durée variable en fonction des conjoint-e-s. Il s'agit d'évoquer des excuses de causalité externe (travail, enfants, ...) et des

promesses de changement. Une

phase emplie de culpabilité et de

pardon.

Figure 1 : Cycle de la violence, adapté de Daligand, 2019.

Les ministres fédéraux et communautaires de Belgique (2006) définissent la violence conjugale comme suit:

Les violences dans les relations intimes sont un ensemble de comportements, d'actes, d'attitudes, de l'un des partenaires ou ex-partenaires qui visent à contrôler et à dominer l'autre. Elles comprennent les agressions, les menaces ou les contraintes verbales, physiques, sexuelles, économiques, répétées ou amenées à se répéter, portant atteinte à l'intégrité de l'autre et même à son intégration socioprofessionnelle. Ces violences affectent aussi l'entourage de la victime et de l'agresseur, notamment les autres membres de la famille, dont les enfants (cités dans Amnesty International, s.d., s.i.).

Le bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes (BFEG, 6A, 2020) explique que la violence domestique ne concerne pas que le couple. Cependant, la violence dans le couple est communément appelée: la violence conjugale. C'est-à-dire que cette dernière est intégrée à la violence domestique. Ce constat est appuyé par la Convention d'Istanbul (2011) qui désigne la violence domestique « comme tous les actes de violence » (s.i.).

La violence domestique englobe donc la maltraitance infligée aux enfants, lorsqu'elle est subie au sein de leur famille. Il peut s'agir d'actes de violences exercées sur les enfants, mais également une

P a g e 9 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

exposition des enfants à de la violence entre adultes (par exemple dans les situations de violence conjugale). Selon Cheseaux & coll. (2013), elle peut entraîner des conséquences potentiellement graves qui peuvent entraver le développement de l'enfant et de l'adolescent. De plus, selon certain-es auteur-e-s, la violence subie par l'enfant constitue un facteur de risque pouvant mener à adopter soi-même des comportements violents, commettre des délits, à présenter des comportements dangereux, tels que la consommation excessive d'alcool et/ou de drogues avec, dans les cas les plus graves, le risque de faire une tentative de suicide.

À ce stade, si nous reprenons les trois types de violences décrites au chapitre 1.2.1, nous constatons que la VRA intègre la violence domestique, car elle concerne des partenaires, mais qu'elle ne s'apparente pas à de la violence conjugale. En effet, les adolescent-e-s ne sont pas encore soumis aux enjeux économiques qui sont généralement liés à une charge de famille. Toutefois, il est important d'avoir conscience que les enfants et jeunes ayant connu de la violence conjugale sont vulnérables et risquent de reproduire cette violence à l'égard de leurs pair-e-s (Cheseaux & coll., 2013).

Le bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes (4B, 2020) définit la VRA chez les adolescente-s comme étant une forme de violence juvénile de même qu'un type de violence domestique visée par la Convention d'Istanbul (2011). La VRA chez les jeunes entre également dans la violence juvénile puisqu'elle concerne les mineur-e-s au niveau légal, mais aussi au niveau développemental comme la violence intime, interne et sociale qui est liée au développement des adolescent-e-s.

1.3. La violence dans les relations amoureuses (VRA) chez les adolescent-e-s

À ce stade, nous pouvons dire que la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s englobe de nombreuses composantes et ne se présente pas sous une forme univoque. Juhem (1995) constate que les premières relations sont généralement brèves et n'incluent pas systématiquement des relations sexuelles; nonobstant, les adolescent-e-s plus âgé-e-s (16 ans et plus) seront mal perçue-s si leurs relations amoureuses sont courtes, car cela serait considéré comme une instabilité par leurs pair-e-s.

Selon Vagi & coll. (2013), les jeunes peuvent être confronté-e-s à la VRA entre 10-24 ans, car les expériences des relations amoureuses font partie intégrante de l'apprentissage et qu'il s'agit d'un processus normal du développement (cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

1.3.1. Définition de la VRA

Malgré les multiples recherches effectuées dans les différents textes législatifs, nous n'avons pas pu trouver une définition spécifique de la violence au sein des couples chez les adolescent-e-s, en Suisse. Toutefois, au vu de ce qui est mentionné ci-dessus, nous proposons de classer la violence au sein des couples d'adolescent-e-s dans la violence interpersonnelle tout en ayant conscience qu'il y ait une possibilité, selon les situations, que les catégories puissent s'entremêler.

La définition du Bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes citée au point 1.2.3 du présent écrit nous semble lacunaire pour expliquer ce qu'est la violence au sein du couple chez les adolescents-e-s. Afin de compléter cette définition et de mieux cerner cette problématique, nous avons décidé de construire une définition en reprenant plusieurs éléments.

· L'Organisation Mondiale de la Santé définit la violence au sens large, comme étant « l'utilisation intentionnelle de la force physique, de menaces à l'endroit des autres ou de soi-même, contre un groupe ou une communauté, qui entraîne ou risque fortement d'entraîner

P a g e 10 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou un décès'> (OMS, Violence, 2021,).

· Le Rapport mondial sur la violence et la santé définit la violence exercée par des partenaires intimes comme suit: « tout comportement au sein d'une relation intime qui cause un préjudice ou des souffrances physiques, psychologiques ou sexuelles, aux personnes qui sont «impliquées dans» cette relation, y compris des actes d'agression physiques, psychologiques, de la coercition sexuelle, de la violence psychologique et des comportements autoritaires et tyranniques'> (Heise & Garcia-Moreno, 2002, p.99).

· Le Rapport québécois sur la violence et la santé définit la violence au sein des relations amoureuses (VRA) des jeunes comme « tout comportement ayant pour effet de nuire au développement de l'autre [c'est-à-dire] le partenaire en compromettant son intégrité physique, psychologique et sexuelle'> (cité dans Hébert & coll., 2014, p.99).

En nous basant sur ces trois définitions, nous pouvons résumer que la violence dans les relations amoureuses (VRA) chez les adolescent-e-s peut prendre plusieurs formes - physique, psychologique et sexuelle, être d'intensité variable, intentionnelle ou non. La violence peut avoir lieu pendant la relation ou post-relation (rupture).

De plus, nous soulignons que la VRA chez les adolescent-e-s n'est pas spécifique à un genre, les filles aussi bien que les garçons peuvent se retrouver tant en position de victimes que celle d'auteurs-es. Comme nous allons vous le présenter tout au long de ce travail, la violence au sein du couple chez les adolescent-e-s se présente principalement sous une forme symétrique et bidirectionnelle (Glowacz & Courtain, 2017). En d'autres termes, cela signifie que la violence est perpétrée dans le couple avec la même intensité, tant par l'un que par l'autre.

1.4. Cadre légal et aspects juridiques

En partant de cette définition et comme expliqué au chapitre 1.3.3, la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s ne correspond pas à un seul aspect juridique. Cette thématique est transversale. Pour protéger les mineur-e-s dans le cadre de leurs relations amoureuses, cela nécessite de présenter un peu plus en détail les textes législatifs.

Il faut souligner que le cadre législatif présenté ci-dessous concerne des personnes majeures et vivant une situation de couple; les enfants mineur-e-s n'y sont pas soumis-e-s.

1.4.1. La violence domestique

Afin d'avoir une définition claire de la base légale suisse, nous reprenons celle de la Conférence Suisse contre la Violence Domestique (CSVD, 2018), qui la décrit comme ceci:

La violence domestique a de nombreux visages et elle influence différentes sphères de la vie. La lutte contre ce fléau exige des moyens d'intervention juridiques à plusieurs niveaux. C'est pourquoi les dispositions relatives à la violence domestique se trouvent dans plusieurs lois fédérales dont : Le Code pénal (CP, RS 311.0), le Code civil (CC, RS 201) et la Loi fédérale sur l'aide aux victimes d'infractions (LAVI, RS 312.5).

Sur le plan pénal, certaines infractions sont poursuivies sur plainte comme la diffamation (art. 173 CP), les injures (art. 177 CP) et d'autres le sont d'office comme les menaces (art. 180 CP), la séquestration

P a g e 11 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

(art. 183 CP), les lésions corporelles simples et graves3 (art. 123 et 122 CP), le viol (art. 190 CP). Cependant, dans le cadre des violences domestiques, en cas de récidive, les infractions poursuivies sur plainte le seront d'office comme les voies de fait (art. 126 du CP), c'est-à-dire les comportements intentionnels et/ou agressifs n'engendrant pas ou peu de lésions corporelles. Pour les infractions poursuivies d'office, elles ne le seront plus après une année de divorce, séparation, dissolution du partenariat. Toutefois, un rapport sera fait au ministère public, par la police, lui laissant ainsi le choix de statuer.

1.4.2. La violence juvénile

Sur le plan international, la Suisse fait partie des états signataires de la Convention relative aux droits de l'enfant. Celle-ci prévoit, à l'article 2, que:

Les États partis prennent toutes les mesures appropriées pour que l'enfant soit effectivement protégé contre toutes formes de discrimination ou de sanction motivées par la situation juridique, les activités, les opinions déclarées ou les convictions de ses parents, de ses représentants légaux ou des membres de sa famille (RS 0.107).

En Suisse, la loi fédérale régissant la condition pénale des mineur-e-s est le droit pénal des mineur-e-s (DPMin).

Cette loi s'applique à toute personne ayant commis un acte punissable entre 10 et 18 ans. La priorité des autorités est de réinsérer les jeunes délinquant-e-s plutôt que de les sanctionner. Une attention particulière sera donnée sur le lieu et les conditions de vie de l'enfant, ainsi que la protection et l'éducation du-de la mineur-e afin de comprendre les raisons qui l'ont conduit-e à commettre des actes punissables (DPMin).

De plus, le Code civil suisse (CC) contient dans son chapitre III relatif à l'autorité parentale, plusieurs articles qui prévoient la protection du-de la mineur-e. Par exemple, l'article 307 CC mentionne, que si le développement de l'enfant est en danger ou menacé, l'autorité de protection peut prendre les mesures nécessaires pour protéger celui-ci ou celle-ci. Des instructions relatives aux soins, à la formation et à l'éducation de l'enfant, ainsi qu'un droit de regard par un office qualifié peuvent être exigés de la part de l'autorité de protection.

Le droit pénal des mineur-e-s ainsi que le Code pénal suisse ne peuvent pas se cumuler pour permettre une base législative afin de traiter la VRA chez les adolescent-e-s. Dans cette perspective, il nous est apparu intéressant d'explorer le cadre législatif qui régit les mineur-e-s, avec un focus particulier sur la pornographie et la pédopornographie.

En Suisse, la très grande majorité des adolescent-e-s (99 %) entre 12-19 ans possèdent un téléphone portable et près de 85 % des enfants entre 6-13 ans surfent sur l'internet de manière occasionnelle (Prévention de l'enfance suisse, s.d.). Cela implique une facilité d'accès à du contenu pornographique. La Confédération dénombre 605 mineur-e-s condamné-e-s, en 2019, pour violation de l'art. 197 du Code pénal. Cet article est lié à la diffusion, production et distribution de contenu pornographique par

3 Le Code pénal précise que les lésions corporelles sont infligées de manière intentionnelle dans les deux cas; tuméfactions, gros hématomes, lésions cutanées profondes ou importantes et lésions orthopédiques sont considérées comme des lésions simples. Les lésions graves concernent les mutilations du corps et/ou mettant en danger immédiat la vie.

P a g e 12 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

des mineur-e-s de moins de 16 ans. Le cadre législatif suisse distingue la responsabilité pénale en deux catégories; les enfants de moins de 16 ans et ceux qui sont plus âgés:

N'est ainsi pas punissable le mineur âgé de 16 ans ou plus qui produit, possède ou consomme, avec le consentement d'un autre mineur âgé de 16 ans ou plus, des objets ou des représentations à caractère pornographique (art. 197, al. 8, CP). En revanche, les enfants de moins de 16 ans qui se filment lors d'actes sexuels produisent du matériel pédopornographique interdit et sont donc passibles de poursuites (Prévention de l'enfance suisse, s. d., p.6).

Dans le cadre de notre travail, il est nécessaire d'évoquer la facilité d'accès à la pornographie, car des enfants peuvent en visionner et/ou considérer le contenu comme le reflet de la réalité. Or la pornographie doit se dissocier d'une relation amoureuse (Junguenet, 2012).

A contrario, comme l'évoque l'art 197, les adolescent-e-s peuvent de leur volonté créer du contenu pornographique (sextape, sexto, etc.) sans pour autant faire preuve de violence. La gestion du contenu est un paramètre complexe, car le faire visionner à une tierce personne sera considéré comme de la diffusion. Dans les relations amoureuses des adolescent-e-s, il est probable que certain-e-s n'en considèrent pas les conséquences surtout si les jeunes n'intègrent pas la même catégorie d'âge, par exemple avec un-e partenaire de moins de 16 ans.

1.5. Causes et facteurs de risques de la VRA

Selon Bernèche (2014), le milieu socio-économique et l'environnement dans lequel évolue le-la jeune, sont des facteurs sur sa capacité à subir ou à infliger de la violence dans ses futures relations amoureuses.

Ce constat ressort également dans les études réalisées dans les cantons de Vaud (Lucia & coll. 2015) et de Neuchâtel (Lucia & coll. 2018). Les facteurs de risques suivants peuvent être corrélés avec le fait de devenir auteur de VRA chez les adolescent-e-s: avoir déjà commis des délits contre le patrimoine, des délits violents, fugue du domicile, avoir vécu plusieurs événements de vie négatifs, avoir subi de la violence parentale pendant l'enfance, bénéficier d'un faible soutien parental, l'absentéisme scolaire et vivre des conflits parentaux. Il semblerait que les élèves issu-e-s des classes de section de maturité soient moins sujet-te-s à avoir recours à la VRA que les élèves issu-e-s des classes section préprofessionnelle.

Selon Magdol & coll. (1998), O'Donnell & al. (2006), Brendgen & al. (2001), Capaldi & Clark (1998), Simons & coll. (1998), Lavoie & coll. (2002), parmi les nombreux facteurs de risques de devenir auteur-e de VRA, le plus significatif est le fait d'être ou d'avoir été soi-même victime de comportements violents ou abusifs au sein d'une précédente relation de couple tant pour les filles que pour les garçons. Avoir déjà commis des délits violents, avoir commis des délits contre le patrimoine et posséder une faible maîtrise de soi sont également des prédispositions à devenir auteur-e de violence, tant pour les filles que pour les garçons (cités dans Hébert & coll., 2018).

Au sein des couples d'adolescent-e-s, la VRA peut être reconnue comme une preuve d'amour, notamment chez les enfants ayant grandi au sein d'un contexte violent (Peppler, 2012, cité dans Lafrenaye-Dugas & coll., 2021).

La peur de vivre une rupture et la douleur qu'elle entraîne peuvent aussi être un facteur qui amène à tolérer et accepter la VRA au sein d'une relation. Même si les garçons reconnaissent que leur partenaire présente des comportements violents, ils peinent à se reconnaître dans le rôle de

P a g e 13 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

« victime» et à chercher de l'aide, ceci peut en partie être expliqué par l'adhésion aux normes et aux stéréotypes de genre dictés par la société (Lafrenaye-Dugas & coll., 2021).

1.6. Quelles conséquences de la VRA sur les adolescent-e-s et sur leur avenir?

Les relations entre pair-e-s, qu'elles soient amicales, de flirt ou amoureuses, ont un impact direct sur le développement, ainsi que sur la manière d'aborder les futures rencontres et relations à l'âge adulte (Seidah & coll., 2004). Les premières relations amoureuses entretenues lors de l'adolescence et de la vie de jeune adulte sont un élément majeur dans la manière de se construire en tant que personne. Ces relations, si elles sont malsaines, peuvent avoir de lourdes conséquences, tant au niveau physique que psychique (anxiété, manque de confiance en soi, angoisses, déficit des compétences sociales) sur une personne qui subit de la violence (Cloutier & Drapeau, 2015). L'adolescence est une période de grands changements, l'enfant change et expérimente. Il-elle se détache de ses parents pour évoluer avec ses pair-e-s. Une période où les premières expériences amoureuses se dessinent et participent à l'apprentissage de la vie amoureuse. Ces explorations sont nécessaires, elles seront passionnées pour certain-e-s, teintées d'émotions positives et/ou négatives, et plus soutenues que dans leur relation familiale ou amicale. Collins (2003) affirme que les adolescent-e-s amoureux et amoureuses ont tendance à moins bien gérer leurs émotions que les adolescent-e-s ne vivant pas de relations amoureuses (cité dans Glowacz & Courtain, 2017).

Selon le BEFG (4B, 2020), les adolescents qui ont vécu de la violence dans leur-s relation-s amoureuses risquent de consommer davantage d'alcool, de tabac ou de drogues et prennent souvent plus de risques dans les relations sexuelles qu'ils-elles entretiennent (p. ex. relations sexuelles non protégées ou sous emprise de produits). Toutefois, le fait de vivre une expérience de victimisation, dans le cadre de la VRA, peut avoir pour conséquences une perte de confiance en soi et la peur de revivre une mauvaise expérience, ce qui constitue un frein pour expérimenter de nouvelles relations amoureuses. Des études démontrent que les jeunes qui ont vécu de la violence domestique dans leur enfance ont par la suite un risque plus élevé d'être victimes pour les filles et auteurs pour les garçons, de violence domestique à l'âge adulte.

1.7. État de la situation

Au niveau international, Wincetak & coll. (2016) ont effectué une méta-analyse de plus de 100 études menées auprès des jeunes de différents pays, il ressort de cela que le nombre de victimes et d'auteur-e-s (c'est-à-dire la prévalence) diffère considérablement. Cependant, en moyenne, la violence physique est subie par 20 % des adolescent-e-s et 9 % d'entre elles-eux subissent des violences sexuelles (cités dans Hébert & coll., 2018).

Outre-Atlantique, ce phénomène suscite un intérêt plus développé tant au niveau de la recherche scientifique qu'au niveau de la prévention. On trouve les premiers écrits scientifiques aux États-Unis en 1980 et l'intérêt s'est fait ressentir à la suite de la création de la Semaine nationale de Sensibilisation et de Prévention de la VRA chez les adolescent-e-s en 2006 (Hébert & coll., 2018). Le Québec a institutionnalisé le premier programme de prévention de la violence dans les relations amoureuses chez les jeunes, destiné directement au public visé (Hébert & coll., 2018).

En Suisse, la VRA chez les adolescent-e-s est une thématique encore peu explorée et nous manquons de données spécifiques sur le sujet. Toutefois, deux enquêtes populationnelles menées dans les cantons de Vaud (Lucia & coll. 2015) et de Neuchâtel (Lucia & coll. 2018) montrent que 20,3 % des jeunes sont victimes de violences physiques (Lucia & coll., 2018) et que seulement 14,3 % des jeunes

P a g e 14 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

ont déjà dénoncé des violences physiques auprès des autorités (Lucia & coll., 2015). Concernant la violence sexuelle, elle représente un chiffre de 9 % (résultat incluant filles et garçons), mais elle est majoritairement subie par des adolescentes. Les chiffres sont stables entre 2015-2018 et la cyberviolence est la forme de violence la moins courante au sein des VRA chez les adolescent-e-s. Ceci démontre que la violence au sein des couples adolescents se divise en plusieurs catégories, la violence physique, la violence sexuelle, la violence psychologique, le monitoring4 et la cyberviolence. Il ressort également de cela que les filles sont tout aussi victimes que les garçons et que le taux de filles auteures est légèrement supérieur à celui des garçons. Il est intéressant de relever que les adolescent-e-s ont, de manière générale, tendance à banaliser et/ou à excuser les comportements violents au sein de leur propre couple. Selon leur lecture de la situation, les actes violents correspondent plus à une dynamique de couple qu'ils-elles estiment normale.

L'impact et les répercussions sur les personnes ayant subi de la violence au sein de leurs relations amoureuses à l'adolescence sont souvent sous-estimés, car les jeunes ne se confient pas ou peu à des adultes (Lucia & coll., 2015 ; Lucia & coll., 2018). C'est une des raisons qui expliquent en partie pourquoi la VRA chez les adolescent-e-s est très souvent ignorée aussi bien par les professionnel-le-s que par les particuliers.

1.8. Traumatisme et résilience

Le traumatisme et la résilience sont deux notions qui nous semblent pertinentes à aborder dans ce travail, car toutes deux ont un impact sur le développement des individus. Comme nous le verrons, ces deux concepts sont directement rattachés à la notion d'attachement, qui joue également un rôle central dans le développement psychocognitif des individus.

1.8.1. Le traumatisme

« Traumatismos signifiant action de se blesser et trauma signifiant blessure constituent les racines grecques du mot traumatisme. Selon Crocq (2014), le traumatisme psychique ou trauma est un phénomène d'effraction du psychisme et de débordement de ses défenses par les excitations violentes afférentes à la survenue d'un événement agressant ou menaçant pour la vie ou l'intégrité physique et/ou psychique d'un individu, qui est exposé comme victime, témoin ou acteur» (cité dans Tilmant, 2019, p.15).

Les événements traumatiques chez l'enfant ne débouchent pas systématiquement sur du stress post-traumatique. Cependant, les violences commises intentionnellement envers les enfants sont plus traumatisantes pour ceux-celles-ci, spécialement si l'auteur-e de ces violences est un proche de l'enfant (Baudet & Rezzoug, 2018). Le traumatisme psychique se manifeste à la suite d'événements comme des violences physiques ou sexuelles, ou de vécu d'abandon que l'enfant n'a pas pu verbaliser de façon adéquate à un-e adulte (Roman, 2016). Selon le même psychanalyste, il s'agit d'un processus qui se déroule en deux temps, le premier aux moments où les violences sont vécues et relayées dans l'inconscient de l'enfant et dans un deuxième temps, elles ressurgissent à l'adolescence:

L'agir violent à l'adolescence remobilise des traces traumatiques, non liées, non élaborées, non représentées... restées en souffrance dans la vie psychique et qui sont

4 Comportement du-de la partenaire visant à surveiller, contrôler voire restreindre les contacts avec d'autres personnes (amis, famille, etc.).

P a g e 15 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

appelées à prendre sens, dans la mise en jeu, suffisamment consistante, de la figure du répondant (Roman, 2016, p.28)

Pour résumer, un-e enfant témoin de violence ne sera pas nécessairement « traumatisé-e » sur le court terme, mais assimilera de manière inconsciente ces événements qui ressurgiront à l'adolescence. D'après le cours sur les adolescent-e-s de S. Guerry, il y a un risque que ce traumatisme interfère sur l'image qu'il aura de lui. Il se peut même que cela ait un impact sur le champ des possibles que l'adolescent-e espère ou imagine pour lui-elle. Un-e adolescent-e qui aura une mauvaise estime de soi risque notamment d'avoir des problèmes dans les relations avec ses pair-e-s (communication personnelle 12 décembre 2019).

1.8.2. La résilience

La notion de résilience selon Manciaux & coll. (2001) est « la capacité d'une personne ou d'un groupe à bien se développer, à continuer à se projeter dans l'avenir en dépit d'événements déstabilisants, de conditions de vie difficiles, de traumatismes sévères» (cités dans Théroêt, 2005, p.17).

Malgré une trajectoire de vie entachée par de la violence, un-e adolescent-e peut tout à fait réussir à devenir un-e adulte épanoui-e. Comme le décrit Cyrulnik (2019), le traumatisme, quel qu'il soit, n'est pas déterminant pour le devenir de la personne qui le subit. Il explique qu'il n'y a pas de barème du traumatisme et que ce qui peut atteindre profondément une personne ne touchera pas une autre de la même manière et inversement. Cyrulnik se base sur la théorie de l'attachement pour expliquer comment une personne peut devenir résiliente.

La théorie de l'attachement proposée par Bowlby (1973) affirme « que les enfants et les adultes sont biologiquement prédisposés à former des attachements [qui ont] de vastes répercussions sur le reste de l'existence» (cité dans Gerrig & Zimbardo, 2008, p.283). Ces attaches agissent aussi bien comme facteurs de risque, mais également comme facteurs de protection.

La qualité de l'attachement participe grandement à développer la résilience. Si l'enfant a reçu un attachement sécurisé, avec une stabilité affective de la part de ses parents ou d'une figure d'attachement à laquelle s'identifier, lorsque le traumatisme arrivera, il-elle sera mieux préparé-e à faire face à la situation, pourra mieux appréhender ce qu'il-elle vit, en comparaison avec un-e enfant ayant reçu un attachement moins sécurisé.

Loin de tout déterminisme, Cyrulnik (2019) explique qu'un-e enfant qui aura connu un attachement « peu sécure » pourra aussi être résilient-e, mais que cela prendra plus de temps. Un autre facteur pour la résilience est la qualité de l'entourage (familial, amical, professionnel, social) au moment du traumatisme. Il explique l'importance de laisser des espaces de paroles et de partage pour les personnes ayant subi un traumatisme, car cela contribue à réduire le syndrome psychotraumatique. Selon lui, les ressources externes, mises en place après le traumatisme, sont tout aussi bénéfiques que les ressources internes acquises avant le traumatisme; elles permettent aux victimes de reprendre une vie humaine après un traumatisme qui, dans certains cas, peut même devenir une force, voire une vocation dans leur existence.

1.9. Lien avec le travail social

Les violences dans les relations amoureuses concernent-elles le travail social ?

Les travailleurs sociaux et travailleuses sociales ont une responsabilité face à la société comme le mentionne le code de déontologie du travail social en Suisse « les professionnel-le-s [...] font connaître au public, aux chercheuses et chercheurs et aux politiques leur connaissance des problèmes sociaux,

P a g e 16 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

de leurs causes et des effets possibles aux niveaux individuels et structurels, et contribuent ainsi à rendre leurs expertises utiles» (Avenir social, 2010, p.13).

Comme nous venons de le voir dans le cadre législatif, la Suisse a le devoir de protéger les mineur-e-s de la violence tant physique, psychologique que sexuelle. Toutefois, il n'y a pas une loi spécifique concernant cette problématique et la diversité des textes législatifs complexifie l'intervention des professionnel-le-s, tous domaines confondus.

Il a été constaté que les relations amoureuses sont principalement discutées et analysées entre paire-s. Cela ne laisse que peu de place à des intervenant-e-s sociaux-ales et de manière plus générale aux adultes. Pourtant, les professionnel-le-s du travail social sont amené-e-s à fréquenter des adolescente-s dans de nombreux lieux dans lesquels ils-elles interagissent: écoles - foyers - centres aérés - domicile - travail hors murs - centre de prévention - hôpitaux, etc. Nous supposons que la proximité entre professionnel-le-s et adolescent-e-s n'est visiblement pas suffisante pour que les jeunes puissent évoquer des sujets intimes et personnels. La VRA concerne l'intimité et cela rend les discussions et les interactions plus complexes, surtout en période d'adolescence où l'expérimentation et l'émancipation sont manifestes (Zimmermann & coll., 2017).

Cependant, l'un des objectifs et devoirs du travail social est d'initier et de favoriser des pistes pour résoudre des problèmes sociaux (Avenir social, 2010).

Les violences dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s manquent de visibilité et suscitent un intérêt récent de la part de la recherche. Cela implique une méconnaissance de ce sujet et donc une difficulté pour intervenir. Comme le dit l'adage: « Rome ne s'est pas construite en un jour! ». Prenons l'exemple de la violence conjugale qui est une problématique connue et reconnue. Il existe de nombreux organismes et institutions actives dans la prise en charge et la prévention, ce qui n'a pas toujours été le cas (Prévention Suisse de la criminalité, 2015).

Précédemment, nous exposions les différences et les similitudes entre violences conjugales et violences dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s. Force est de constater que la violence est la base de ces deux thèmes et qu'elle a des répercussions sur les victimes et sur les auteur-e-s. En effet, un-e adolescent-e vivant de la VRA risque de développer des troubles psychosociaux tant dans sa vie présente que future; les comportements subis ou vécus à l'adolescence peuvent se répercuter à l'âge adulte (Glowalcz et Courtain, 2017).

Le devoir des professionnel-le-s du domaine social est de prévenir et de sensibiliser les jeunes sur la thématique des violences au sein de leurs relations amoureuses et des répercussions de celle-ci.

Dans notre problématique, le contrôle social se manifeste par les normes sociales et le cadre légal (Glowacz et Courtain, 2017). Toutefois, cela n'est pas suffisant pour endiguer cette violence au sein des relations amoureuses.

2. Question de recherche

Si notre thématique a été rapidement décidée, la formulation de notre question de recherche s'est avérée être une tâche plus complexe. Cette difficulté résidait dans le fait que toute la documentation répertoriée ne mentionnait jamais un domaine en particulier.

Au moment de la rédaction de notre plan de revue de la littérature (PDRL), nous proposions un titre et non une question de recherche:

P a g e 17 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Ø Amour, violence et adolescence: Comment prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s entre 13 et 18 ans?

Dans un premier temps, nous étions focalisées sur notre thématique et nous n'avons pas suffisamment considéré le travail social dans notre question de recherche. De plus, nous avons émis plusieurs propositions, non satisfaisantes, car l'emploi du vocabulaire ne correspondait pas au contenu de notre travail.

Ø Comment détecter une relation amoureuse violente chez les adolescent-e-s entre 13-18 ans? Nous ne proposons pas d'outils ni de méthodes liées à la détection des violences amoureuses chez les adolescent-e-s.

Ø Comment se manifeste la violence dans une relation amoureuse chez les adolescent-e-s entre 13-18 ans?

Le terme manifeste renvoie à des faits observables, cela implique une présentation trop restrictive de cette thématique.

Ø Comment peut-on comprendre la violence dans les relations amoureuses d'adolescent-e-s entre 13-18 ans?

Ø Comment interpréter les relations amoureuses violentes des adolescent-e-s entre 13-18 ans? La compréhension et l'interprétation sont des notions vastes. De plus, ces termes ne nous apparaissent pas adaptés à un travail de recherche dans le domaine social.

La rédaction de notre problématique nous a permis de distinguer trois axes dans notre thématique, à savoir les risques, les impacts et les enjeux présents dans une relation amoureuse:

Ø Quels sont les risques, les impacts, les enjeux, d'une relation amoureuse marquée de violence chez les adolescent-e-s entre 13-18 ans?

Néanmoins, le travail social était toujours invisible, alors qu'il nous apparaissait fondamental d'en évoquer sa dimension dans notre question de recherche. Toutefois, nous nous sommes heurtées aux mêmes difficultés quant au choix du vocabulaire.

Ø Quelle est la nécessité pour les travailleurs sociaux et travailleuses sociales (TS) de savoir détecter les risques, les impacts, les enjeux d'une relation amoureuse marquée de violences chez les adolescent-e-s entre 13-18 ans?

Ø Quel pouvoir d'agir les travailleurs et travailleuses sociales (TS) ont-ils-elles sur les risques, les impacts et les enjeux d'une relation amoureuse marquée de violence chez les adolescent-e-s entre 13-18 ans?

Si la notion de fonction est importante pour les professionnel-le-s du travail social, nous avions envie de sortir du cadre prescriptif en allant au-delà de la fonction. C'est pourquoi, nous avons favorisé le rôle des TS, cela correspond à l'implication professionnelle et personnelle de celles-ci et de ceux-ci dans cette thématique :

Quel est le rôle des travailleurs sociaux et travailleuses sociales face aux risques, impacts et
enjeux d'une relation amoureuse violente chez les adolescent-e-s entre 13-18 ans?

2.1. Les finalités de recherche

La thématique de la VRA chez les adolescent-e-s est un sujet de niche et de ce fait, nous souhaitons, par le biais de ce travail, proposer un regard complémentaire à cette thématique. Sur la base de cette dernière, nous avons fait émerger quatre axes principaux:

P a g e 18 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

1. La violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s

Nous avons exposé les multiples formes de violence auxquelles les jeunes peuvent être confronté-e-s (domestiques, juvéniles, conjugales...). Parmi ces violences, nous retrouvons les violences physiques, psychologiques et sexuelles qui interviennent également dans la violence conjugale, dans les couples d'adultes. En revanche, les mécanismes ne sont pas similaires. C'est pour cela que nous souhaitions analyser de quelle manière ces violences surviennent, comment elles sont interprétées et comprises dans une relation amoureuse à l'adolescence.

2. Les spécificités bio-psycho-sociales de la VRA

L'adolescence est une période complexe qui marque le passage de l'enfance à l'âge adulte. Cette phase peut être une période de vulnérabilité. Les risques de VRA chez les adolescent-e-s sont une réalité. Nous avons constaté que plusieurs facteurs peuvent déclencher des comportements de victimisation et de perpétration de la violence. Afin d'aller plus en détail, nous utiliserons le modèle bio-psycho-social proposé par Engel (Siksou, 2008), afin de relever les facteurs sociaux (famille, contexte socio-économique, relations personnelles), les facteurs psychologiques (estime de soi, perceptions, mémoire et émotions), les facteurs biologiques (réponses physiologiques au stress, prédispositions génétiques et traumatismes) pouvant influer la VRA à l'adolescence.

3. Le manque de visibilité de la VRA

La VRA chez les adolescent-e-s ne fait pas la « une » des journaux ni des magazines scientifiques. Nous l'avons évoqué, la violence amoureuse chez les adolescent-e-s est plus étudiée en Amérique du Nord qu'en Suisse. C'est pourquoi, il nous paraît fondamental de comprendre ce qu'il faut mettre en place tant pour le domaine de la recherche que pour les professionnel-le-s (du social, de la santé, etc.) et pour le grand public, pour faire connaître davantage cette problématique.

4. La prévention de la VRA

Nous allons d'abord exposer les différentes formes de prévention (universelle, ciblée et spécifique), avant de présenter les outils, les méthodes et les formations existantes ou à développer, qui seraient pertinents dans le champ du travail social.

Nous baserons notre analyse sur ces quatre axes. Pour ce faire, nous exploiterons une sélection de cinq textes scientifiques.

P a g e 19 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

3. Méthodologie

Dans un premier temps, nous avons décidé de centrer notre recherche sur des articles, des rapports ou des programmes de prévention suisse, datés de 2010 et plus. Toutefois, la littérature autour de ce sujet a été rapidement explorée. Les programmes de prévention n'étaient pas spécifiques à notre thématique centrale. Dans un deuxième temps, nous avons poursuivi nos recherches en élargissant les supports tels que l'écoute d'émissions radiophoniques, de podcasts, d'articles de presse. Puis, nous avons exploité de la littérature provenant d'autres pays, notamment la Belgique, la France et le Canada, car ces sources qui sont en français nous ont semblé pertinentes pour construire notre problématique. Nous avons trouvé une quantité non négligeable de textes en langue anglaise. Cette littérature s'est imposée à nous, dans un second laps de temps. Elle présentait l'avantage de proposer une méthodologie de recherche et des résultats d'ordre qualitatif, alors que la majorité des études francophones se basaient sur des données quantitatives, allant d'une centaine d'individus à plusieurs milliers de jeunes sondé-e-s.

Dans un premier temps, nous avons fait des résumés de lecture pour chacun des textes sélectionnés. Ces résumés comprennent tous les mêmes rubriques, pour que le lecteur puisse se faire une idée claire de la complémentarité des textes. Puis, nous avons établi une grille d'extraction (Annexe 1) que nous avons construite avec nos quatre thèmes liés à nos finalités:

1. Violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s

2. Les spécificités bio-psycho-sociales de la VRA

3. Manque de visibilité de la VRA

4. Les champs d'intervention : prévention et prise en charge

Pour une analyse plus détaillée et approfondie, nous avons subdivisé chaque axe en différents chapitres. Nous avons utilisé une couleur pour chaque texte de notre corpus et superposé les informations que nous avons extraites. Nous avons procédé de cette manière dans le but d'obtenir des informations les plus précises possibles. Ceci a également permis de comparer et mettre en lien les données d'un texte à l'autre, en simplifiant le travail de recherche pour l'analyse des textes. Au terme de l'extraction, notre grille faisait près de trente-deux pages. Nous avons ensuite décidé de nous répartir les thèmes pour procéder à l'analyse des contenus sélectionnés.

P a g e 20 | 62

P a g e 21 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

4. Corpus de textes : choix et motivations

4.1. Texte 1

Glowacz, F., Courtain, A. (2017). Violences au sein des relations amoureuses des adolescents et jeunes adultes: une réalité à ne pas négliger. Champ pénal/Penal field, XIV. Récupéré de http :// champpenal.revues.org/9582

Problématique

La violence dans les relations amoureuses d'adolescent-e-s n'est pas similaire à la violence conjugale. Les mécanismes sont plus symétriques et bidirectionnels, ce qui a pour conséquence que les adolescent-e-s ne les considèrent pas comme tels et peuvent les associer à une forme de jeu. Cela implique que les attitudes face aux violences subies et/ou infligées des jeunes filles et garçons ne seront pas comprises ni considérées systématiquement comme pouvant entraîner des conséquences. Les adolescent-e-s considèrent la VRA comme pouvant être (selon le contexte) plutôt favorable ou défavorable.

Question de recherche

Il n'y a pas de question de recherche formulée distinctement.

Objectifs/hypothèses de la recherche

Le principal objectif est de montrer les différences entre les violences dans une relation d'adolescent-e-s et au sein d'un couple d'adultes. L'accent est mis sur les mécanismes de violence (unidirectionnel, bidirectionnel, symétrique), mais aussi d'analyser les risques de cumuls entre les violences subies et celles infligées.

Concepts, théories et ancrage

Cet article est une analyse faite par deux chercheuses belges travaillant toutes deux dans le service de psychologie clinique de la délinquance, des inadaptations sociales et des processus d'insertion à l'université de Liège. Elles se basent sur les travaux de Wincentak et coll. (2016) pour montrer la symétrie de la violence présente dans les relations amoureuses des adolescent-e-s (Glowacz, & Courtain, 2017).

Design de la recherche

La principale enquête se fait avec des données quantitatives: des questionnaires ont été distribués à 179 jeunes dans le cadre scolaire. Le principal outil utilisé est le CADRI (Conflict in Adolescent Dating Relationships Inventory), il comporte 50 questions thématisant sur la violence par menaces, la violence relationnelle, la violence physique, la violence sexuelle et la violence émotionnelle. L'article expose les différentes formes de violences présentes dans les relations amoureuses, sous forme de tableaux avec des taux si violence subie ou infligée.

Principaux résultats

Les résultats de l'étude montrent bien les mécanismes de polyperpétuation et de polyvictimisation. Ces mécanismes sont spécifiques aux relations amoureuses des adolescent-e-s. Nous soulignerons aussi que ce texte a l'avantage d'être récent et de traiter de données belges, ce qui permet une comparaison plus fine et proche des données helvètes que nous possédons.

P a g e 22 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

4.2. Texte 2

Lafrenayse-Dugas, A.-J., Fernet, M., Hébert, M., Blais, M. & Godbout, N. (2021). Expérience amoureuse la plus difficile : Qu'en disent les garçons rapportant un vécu de violence physique dans leurs relations amoureuses? International Journal of Child and Adolescent Resilience/Revue https :// doi.org/10.7202/1077721ar

Problématique

Les adolescents sont aussi à risque de vivre de la VRA et particulièrement physique. Les normes sociales construites liées au genre masculin ne facilitent pas la demande d'aide de ces garçons et ceux-ci n'osent pas évoquer qu'ils sont victimes. En effet, la violence physique infligée par les filles/femmes sur des garçons/hommes semble être plus tolérée qu'inversement.

Question de recherche

La question de recherche n'est pas explicitée dans le texte, mais dans le titre: qu'en disent les garçons rapportant de la violence physique dans leurs relations amoureuses?

Objectifs/hypothèses de la recherche

L'objectif de cet article est de montrer que les garçons sont victimes de violences physiques au même titre que les filles.

Ce dernier point est une source importante, car peu d'études proposent cela. À ce stade de nos recherches, il s'agit de la seule chose que nous ayons trouvée. De plus, les auteur-e-s déclarent que cette étude est innovante tant par la méthode que par la thématique.

Concepts, théories et ancrage

Cet article est une étude menée par quatre chercheuses et un chercheur de l'unité de recherche et d'intervention sur le trauma et le couple au sein de l'Université du Québec à Montréal (UQAM). Lafrenaye-Dugas est sexologue au sein de l'université du Québec et de Montréal, elle a notamment soutenu sa thèse sous la direction d'Hébert, spécialiste de la VRA chez les adolescent-e-s. Les autres auteur-e-s ayant participé à la rédaction de l'article sont également rattachés au département de sexologie de la même université. La plupart des auteur-e-s ont également pris part à la rédaction du chapitre 4 du Rapport sur la violence et la santé (voir Texte 3).

Design de la recherche

Pour mener à bien cette recherche, les auteur-e-s ont sélectionné les participants de l'enquête Parcours amoureux des jeunes (PAJ), menée au Québec entre 2011-2014. Une sélection de 184 adolescents sur 8194 adolescent-e-s de l'enquête PAJ a été faite, car ils ont révélé avoir vécu au moins un événement de VRA physique et ont décrit un épisode considéré comme le plus éprouvant pour eux. Ces adolescents étaient âgés de 13-19 ans, ils se sont catégorisés comme étant hétérosexuels.

Les outils de mesure pour cette enquête sont le CADRI et le SES (Sexual expériences survey) proposant 17 items tant sur les violences psychologiques que physiques et sexuelles.

Les données sont quantitatives et qualitatives.

Principaux résultats

Cet article est une source pertinente pour notre travail, car il s'intéresse à la notion de genre. La difficulté des garçons à s'identifier comme victimes de VRA, ainsi que les difficultés à demander de l'aide pour ces adolescents sont démontrées. De plus, les stéréotypes de genre sont exposés comme étant des obstacles pour ces jeunes hommes.

P a g e 23 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

4.3. Texte 3

Hébert, M., Lapierre, A., Lavoie, F., Fernet, M., Blais, M. (2018). La violence dans les relations amoureuses des jeunes. Dans Laforest, J., Maurice, P. et Bouchard, L M. (dir.), Rapport québécois sur la violence et la santé (pp. 116-129). Montréal: Institut national de santé publique du Québec. Récupéré de https :// inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2380chapitre-4.pdf

Problématique

Le chapitre fait un bilan sur la problématique de la VRA, plus particulièrement au Québec. Les auteur-e-s constatent que les principaux travaux sur ce thème sont faits par données auto rapportées. Cela permet d'obtenir des données en très grand nombre, mais comprenant un biais, celui de la normalisation sociale; les participant-e-s répondraient davantage ce qui est plus accepté par la société que les faits réels.

Question de recherche

La question de recherche n'a pas lieu d'être puisqu'il s'agit d'un rapport et non d'une recherche.

Objectifs/hypothèses de la recherche

Le rapport est un état des lieux sur la problématique de la VRA au Canada avec une ouverture sur les États-Unis. Il s'agit de faire l'état de la situation, puis proposer des pistes d'amélioration tant pour la recherche que l'accompagnement.

Concepts, théories et ancrage

Ce chapitre regroupe de nombreuses informations, elles sont toutes spécifiques et spécialisées. Il n'est donc pas facile de prioriser l'extraction des données. Cependant, le chapitre offre un passage très complet sur la prévention tant universelle que spécifique. Cela n'est pas le fruit du hasard, car au sein des auteur-e-s, nous trouvons F. Lavoie, psychologue émérite à l'université de Laval, considérée comme une pionnière dans la prévention de la violence. Le sous-chapitre de la prévention explique clairement comment développer l'intervention auprès des adolescent-e-s vivant des violences dans leurs relations amoureuses. C'est pourquoi dans le cadre de notre travail de Bachelor, nous nous concentrerons sur le sous-chapitre de la prévention (pp. 116-122).

Design de la recherche

Ce chapitre se base sur deux enquêtes québécoises: Enquête Québécoise sur la Santé des Jeunes du Secondaire 2010-2011 [EQSJS] (Hébert, Blais, Lavoie, cités dans Hébert & coll., 2018) et l'enquête sur les Parcours Amoureux des Jeunes [PAJ] (Pica & coll., cités dans Hébert & coll., 2018). Cependant, de nombreuses autres études et enquêtes sont mentionnées dans ce chapitre, grâce au travail réalisé par les psychologues, professeur-e-s et enseignant-e-s qui, pour la majorité, sont rattaché-es au département de sexologie de l'Université de Québec et de Montréal [UQAM]. Ils et elles proposent un état de la recherche de grande qualité, mais ils et elles analysent des méta-analyses comme celle de Garthe & coll. (cités dans Hébert & coll., 2018). De ce fait, cela amène une grande diversité et permet le constat de différents résultats, notamment des enquêtes avec des données contradictoires. Prenons l'exemple de la consommation d'alcool des adolescent-e-s. Certains résultats montrent que cela ne participerait pas à augmenter la violence au sein des relations amoureuses, alors que d'autres affirment que c'est un facteur à risque. La richesse des nombreuses références évoquées dans ce chapitre fait ressortir que les enquêtes sont majoritairement quantitatives et peu qualitatives; les auteur-e-s soulignent aussi le besoin de recourir davantage aux études longitudinales.

P a g e 24 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Principaux résultats

Ce chapitre nous a permis de bien comprendre le contexte et l'histoire de la VRA chez les adolescente-s. Le chapitre est bien construit, il propose une contextualisation historique de la recherche scientifique sur notre sujet. Il y est fait mention des types de violences vécues et/ou engendrées par les jeunes comme la violence physique, sexuelle, psychologique, ainsi que la cybervictimisation. Toutes les violences sont définies et exemplifiées.

P a g e 25 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

4.4. Texte 4

Bernèche, F. (2014, mai). La violence dans les relations amoureuses chez les jeunes: des liens avec certains comportements à risque ? Institut de la statistique du Québec. Zoom santé (44). Récupéré de http :// www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/sante/bulletins/zoom-sante-201405-44.pdf

Problématique

Cet article nous paraît pertinent pour notre travail de Bachelor, car il met en corrélation la violence au sein des relations amoureuses avec la consommation de produits addictifs tels que l'alcool et le cannabis. De plus, ce document met en lien la violence et les comportements sexuels à risque comme la multiplication des partenaires.

Il nous paraît important de faire ressortir les conséquences sur la santé de la VRA chez les adolescents.

Question de recherche

La question de recherche n'apparaît pas distinctement dans le texte. En tenant compte du titre, nous proposons la question de recherche suivante:

Quels liens peut-on faire entre la violence dans les relations amoureuses chez les jeunes et les comportements risqués qu'ils-elles adoptent?

Objectifs/hypothèses de la recherche

Le premier objectif est d'analyser et de lier la VRA à des facteurs sociodémographiques et économiques.

Le second objectif est de faire un lien entre la consommation de substances psychoactives et la fréquence de celles-ci sur les violences subies et agies durant la relation.

Le troisième concerne la corrélation entre les comportements sexuels à risque et la violence dans les relations amoureuses.

Concepts, théories et ancrage

L'auteure Francine Bernèche est chargée de projet au sein de l'institut de la statistique du Québec pour la direction des statistiques de santé.

Les sources principales de cette étude sont l'enquête québécoise sur la santé des jeunes au secondaire (EQSJS) menée entre 2010 et 2011 et l'enquête sociale de santé auprès des enfants et des adolescent-e-s-québécois-es (ESSEA) de 1999.

Design de la recherche

Plusieurs tableaux apportent des données spécifiques aux genres, tout en distinguant violences subies et violences infligées avec un accent mis sur les violences sexuelles. La présentation des indicateurs thématiques (la VRA, la consommation d'alcool et de drogues et des comportements sexuels) a permis la récolte de données, par le biais d'outils tels que DEP-ADO (consommation problématique d'alcool et de drogue).

Principaux résultats

Il ressort de cela que les violences dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s sont liées à de nombreux critères et facteurs. La consommation de produits psychoactifs, les comportements sexuels à risque augmentent le risque de VRA chez les adolescent-e-s. La corrélation augmente si la consommation et/ou les comportements sont réguliers.

P a g e 26 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

4.5. Texte 5

Taylor, S., A. Calkins, C., Xia, R. & Dall, L. (2017). Adolescent Perception of Dating violence: A qualitative Study. Faculty Publications, Departement of Child, Youth, and family studies. 181.

Récupéré de
https://digitalcommons.unl.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1188&context=famconfacpub

Problématique

La VRA chez les adolescent-e-s est un problème de santé publique aux USA. Les conséquences sur la santé physique et psychique sont nombreuses. Afin de pallier cette problématique, il paraît nécessaire de s'intéresser à la théorie de l'interaction des symboles, c'est-à-dire à la signification des expériences des individus et des interactions avec autrui. Par conséquent, l'analyse des symboles, notamment le langage, permettrait d'offrir un meilleur accompagnement et d'adapter une prévention compréhensible aux adolescent-e-s. De plus, l'interaction et les symboles ne sont pas identiques entre les filles et les garçons.

Question de recherche

1) What is the adolescent language in regard to ADV definitions, risk factors, and protection ?

2) What gender differences exist in the adolescent language when reffering to ADV definitions, risk factors, and protection ?

Objectifs/hypothèses de la recherche

Selon les chercheuses, il existe peu d'études s'intéressant à la perception des adolescent-e-s sur la problématique de la violence dans les relations amoureuses. Il s'agit d'analyser la VRA au travers du regard des adolescent-e-s.

Concepts, théories et ancrage

Il s'agit d'une étude qualitative basée sur la phénoménologie afin de comprendre la vision et la perception des adolescent-e-s de cette problématique.

Design de la recherche

Il s'agit de données qualitatives récoltées auprès d'une trentaine de jeunes âgé-e-s entre 1419 ans, scolarisé-e-s dans une école secondaire publique du Midwest. Les récoltes de données se faisaient au travers de groupes de discussion et d'entretiens semi-structurés. Les thèmes suivants ont été abordés:

· Définition de la violence dans les relations amoureuses

· Les facteurs de risque et de protection face à la VRA

· Soutien aux auteur-e-s et aux victimes

· Améliorations à développer dans la prévention

Principaux résultats

Il est constaté qu'il y a peu de réponses pour résoudre la VRA de la part des écoles, des politiques et des praticien-ne-s. Il est donc nécessaire d'adapter le langage afin que la problématique des violences amoureuses soit mieux comprise par les jeunes.

Une prévention et un accompagnement des jeunes vivant de la VRA devraient plus considérer les spécificités liées au genre.

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Actuellement, notre corpus est composé de textes complémentaires. Il comprend un texte relatif aux mécanismes de la violence chez les adolescent-e-s (Glowacz, & Courtain, 2017). Un article mettant le focus sur les garçons et les violences subies par ceux-ci (Lafrenayse-Dugas & coll., 2021), ce qui nous permet d'explorer la thématique du genre plus en détail. Bernèche (2014) propose une analyse des comportements à risque tels que la mise en danger sur le plan sexuel et/ou la consommation d'alcool et de cannabis. Hébert & coll. (2018) font un état de la situation sur la prévention et les enjeux liés à celle-ci. Taylor & coll. (2017) proposent de considérer davantage le langage des jeunes pour parler de la VRA chez les adolescent-e-s. Cela améliorerait la prévention et l'intervention auprès de celles et ceux-ci.

5. Analyse des contenus sélectionnés

Au travers de nos quatre axes, nos finalités, nous avons mis en évidence plusieurs thèmes et sous-thèmes qui nous ont permis d'apporter des éléments de compréhension de la VRA ; parmi ceux-ci, les types de violence, le fonctionnement de la VRA chez les adolescent-e-s, la compréhension qu'ont les adolescent-e-s de la VRA, l'interchangeabilité des statuts auteur/victime. Notre grille nous a permis de révéler des facteurs de risques et de protection de la VRA chez les adolescent-e-s. Analyser les conséquences biologiques, psychologiques, sociologiques permettra de mieux saisir quel est le public le plus à risque de vivre des événements de VRA.

L'analyse permettra aussi de mieux saisir les enjeux de cette problématique au travers des différents programmes de prévention existants: de quel type de prévention s'agit-il ? Comment le public reçoit-il ces différents programmes de prévention? Pour chaque point, des extraits ont été choisis pour illustrer et appuyer les résultats.

5.1. Violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s

Il existe différentes formes de violences: physique (qui peut aller d'une bousculade à la mort), psychologique (contrôle, isolement, insulte, humiliation, menace, etc.) et sexuelle (forcer une personne à avoir des rapports, contraindre une personne à la prostitution, etc. ) (Glowacz & Courtain, 2017). Lavoie et coll. (2009) définissent les violences comme « tout comportement ayant pour effet de nuire au développement de l'autre, en compromettant son intégrité physique, psychologique ou sexuelle» (cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

Selon diverses études, la violence au sein des relations amoureuses des adolescent-e-s et des jeunes adultes atteint toutes les couches sociales, filles et garçons confondu-e-s. Comme pour la violence conjugale, ceci questionne sur les dynamiques de couple à l'adolescence et renvoie aux questions de la bidirectionnalité et de la symétrie des couples à transaction violente (Glowacz & Courtain, 2017).

Comment fonctionne la violence à l'adolescence? Les résultats de diverses études analysées par Langhinrichese-Rohling & coll. (2012) exposent que 51,9 % des violences sont bidirectionnelles et que dans le pourcentage restant elles sont unidirectionnelles; il ressort de cela que les filles ont deux fois plus de risques de commettre des violences sur leur partenaire que les garçons (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Ces chiffres démontrent que la VRA chez les adolescent-e-s se démarque par un mécanisme bidirectionnel plutôt que par un fonctionnement qui polariserait les individus en victime ou en auteur (Glowacz & Courtain, 2017).

P a g e 27 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Leen & coll. (2013) constatent que selon le type de maltraitance le genre des victimes change (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Ainsi, il ressort de cela que pour les violences psychologiques, les taux de victimisation des filles et des garçons sont semblables. Concernant les violences physiques, les garçons semblent être davantage victimes et enfin pour les violences sexuelles, les filles sont les principales victimes. Ce constat est aussi fait par Bernèche (2014) qui évoque que cette forme de violence est plus souvent perpétrée par les garçons. Même si les chiffres de victimisation sont plus élevés pour les adolescentes, les résultats démontrent une symétrie de celle-ci, puisque les filles, tout comme les garçons, peuvent être autant victimes qu'auteures (Glowacz & Courtain, 2017).

Il faut aussi prendre en compte que les garçons et les filles ne sont pas égaux-les face à la violence physique subie. Il semblerait que les filles soient plus sujettes aux blessures graves et les garçons quant à eux n'ont pas les mêmes possibilités d'accès aux institutions reconnaissant leur statut de victime (Mahalik, & coll., 2010, cités dans Lafrenaye-Dugas, 2021).

Dans leur étude, Powers & Kerman (2006) émettent l'hypothèse que les filles soient plus enclines à prendre la responsabilité de leurs actes et à assumer les conséquences de la violence qu'elles ont commise, contrairement aux garçons qui eux, tenteraient plutôt de « nier> ou de « minimiser> leurs actes délictueux commis envers des filles (cités dans Bernèche, 2014).

Selon Reeves & Orpinas (2012) ceci pourrait être en partie expliqué par le fait que les filles ne craignent pas de raconter la violence qu'elles ont perpétrée, puisque celle-ci est vue comme normale par les deux sexes, contrairement à celle perpétrée par les garçons qui pourrait être mal perçue (cités dans Glowacz & Courtain (2017). Cette hypothèse est également soutenue par Price & coll. (1999), les auteur-e-s expliquent que les adolescent-e-s, indépendamment de leur genre, sont beaucoup plus tolérant-e-s et trouvent la violence plus acceptable, lorsque celle-ci est perpétrée par des filles (cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

Une autre hypothèse serait que les garçons peinent à avouer avoir été victimes de leurs petites amies puisque la violence perpétrée par celles-ci est perçue comme moins grave et que les prescriptions de genre dictées par la société discréditent la parole des garçons qui se trouvent en position de victime (Reeves & Orpinas, 2012, cités dans Glowacz & Courtain, 2017, pp.14-15).

La manière de percevoir la violence est différente entre adolescents et adolescentes. Selon les auteur-e-s Sears & coll. (2006) ce serait plutôt le contexte que l'acte violent en lui-même qui définirait l'acte comme violent; les garçons se basent sur les intentions alors que les filles se fixent sur les effets de l'acte pour le qualifier de violent (cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

Lafrenaye-Dugas & coll. (2021) appuient ce constat en expliquant que les garçons victimes risqueraient d'avoir peur de ne pas être crus et pourraient « ne pas se sentir légitimes de dénoncer> les violences qu'ils ont subies. Cela pourrait même impacter leur manière de se percevoir comme victime, malgré le fait qu'ils connaissent bien les comportements qualifiés de violents. Ceci vient également appuyer les résultats de l'étude de Taylor & coll. (2017) qui déclarent que dans de nombreux cas, les filles sont plus souvent les agresseuses au sein des relations chez les adolescent-e-s.

De manière plus générale, il semblerait que « la violence dans un contexte d'auto-défense, de vengeance et de jeu qui va trop loin> soit assez bien tolérée (Cauffman & coll., 2000, cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

P a g e 28 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Pour mieux comprendre le mécanisme de la VRA chez les adolescent-e-s, il faut revenir sur les explications de Glowacz & Courtain (2017). À partir de leurs analyses, il a été démontré que plus une forme de violence est subie, plus une autre forme l'est également. Elles parlent de polyvictimisation, de même que plus une forme de violence est exercée, plus une autre forme l'est aussi. Elles parlent alors de polyperpétration. Selon elles, il est peu fréquent qu'une seule violence soit subie et/ou perpétrée tant par les filles que par les garçons.

Glowacz & Courtain, (2017) parlent de la « cooccurence » entre le fait de perpétrer de la violence et celui d'en être victime, ceci pour expliquer que plus un-e adolescent-e perpètre de la violence physique, plus il-elle en subit lui-même ou elle-même et que cela doit être mis en lien avec les changements de statuts de victime et d'auteur-e, c'est-à-dire avec la bidirectionnalité de la violence au sein du couple. Il est aussi démontré que plus un-e adolescent-e trouve une certaine forme d'acceptabilité à un comportement violent, plus il-elle en sera auteur-e, ainsi que plus il-elle trouvera une certaine forme d'acceptabilité à être victime, plus il-elle en sera victime (Glowacz & Courtain 2017). Lafrenaye-Dugas & coll. (2021), viennent compléter cette hypothèse avec les résultats de leur test en soulignant que plus un-e adolescent-e a subi des formes différentes de violence, plus il-elle a un seuil de tolérance élevé envers celle-ci. Les auteures Glowacz & Courtain, (2017) soulignent que la violence au sein des couples est bien polymorphique et que l'acceptation d'une forme de violence ouvre le chemin vers l'acceptation d'autres formes de cette dernière; de plus, les résultats de leurs recherches expliquent « l'interchangeabilité des statuts d'auteurs et de victimes» ce qui corrobore d'autres études qui mettent en avant la bidirectionnalité au sein des couples adolescents.

Pour Pepler (2012) l'acceptation de la violence au sein des couples amoureux chez les adolescent-e-s peut être perçue comme une preuve d'amour et ce, d'autant plus chez les jeunes ayant évolué dans un environnement violent (cité dans Lafrenaye-Dugas, & coll., 2021).

Cette marque d'amour semblerait aussi assimilée par les garçons. Le fait de subir de la violence physique durant une relation amoureuse ne représente pas l'événement le plus douloureux (contrairement à la rupture), car elle peut être ressentie comme preuve d'amour (Lafrenaye-Dugas & coll., 2021). Cette interprétation de la violence est pour Garcia-Diaz & coll. (2017) une perception qui favorise un acte violent comme étant de l'amour; ce qui augmente la tolérance et l'attitude de mauvais comportements (Garcia-Diaz & coll., 2017, cités dans Lafrenaye-Dugas, 2021, p. 10). Des résultats d'analyses montrent que le fait d'accepter et/ou d'excuser des comportements brutaux dans les relations amoureuses, augmenterait le risque d'en être victime; de même que le fait d'avoir expérimenté d'autres formes de violences dans d'autres relations est un risque supplémentaire chez les garçons de subir de la violence physique (Lafrenaye-Dugas & coll., 2021). Selon Glowacz & Courtain, (2017) il est possible que les filles soient plus auteures de violences physiques à l'adolescence, car elles n'ont pas encore assimilé les exigences liées aux rôles du genre, mais que cela pourrait disparaître à l'âge adulte.

D'après leurs résultats Glowacz & Courtain, (2017) affirment que le nombre de filles qui perpètrent de la violence physique est plus élevé que celui du nombre de garçons. Ceci corrèle avec Wincentak & coll. (2016) qui stipulent que les garçons ont conscience des normes sociétales qui prévalent que la brutalité physique envers les filles n'est pas acceptable et que de fait, cela pourrait expliquer un plus faible taux de violence physique perpétrée par les garçons. De plus, les jeunes qui sont très investis dans leur relation de couple sont plus à risques que les autres de ne pas mesurer un comportement déviant et de le percevoir comme « un jeu ou une blague» (Arriage, 2002, cité dans Glowacz &

P a g e 29 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Courtain, 2017, p.7). Chaque acte dans une relation amoureuse, peut-être interprété de façon différente et cette interprétation peut être favorable ou pas et ainsi, entraîner des conséquences sur la suite de la relation (Glowacz & Courtain, 2017).

5.2. Analyse bio-psycho-sociale de la VRA

Vives-Cases & coll. (2011) mentionnent que la VRA peut entraîner des conséquences négatives pour la santé à long terme comme des douleurs chroniques, des maladies cardiovasculaires, l'hypertension et de la détresse psychologique (cités dans Taylor & coll., 2017). Il existe peu de données faisant référence aux facteurs biologiques. A contrario, les conséquences psychologiques sont prédominantes dans la littérature scientifique. La VRA nuit à l'estime de soi, elle peut engendrer des troubles psychologiques, elle impacte la capacité d'adaptation de même que l'identité personnelle. Cela peut aller jusqu'à provoquer des « symptômes physiques et psychologiques comme des nausées et un abattement émotionnel» (Lafrenaye-Gugas & coll., 2021, p.9).

De manière générale, il y a un espoir que la désistance5 se manifeste auprès d'adolescent-e auteur-e de violence lorsque celui-ci ou celle-ci deviendra adulte. Cependant, la recherche a démontré qu'une partie des auteur-e-s de violence à l'âge adulte l'avait déjà été à l'adolescence (Greeman & Matsuda, 2016, cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

Avoir une relation dite « positive» à l'adolescence contribue au bon développement et à avoir une meilleure estime de soi. L'adolescent-e qui vit une expérience amoureuse négative, sera impacté-e dans sa confiance en soi et dans son aptitude à pouvoir maintenir une relation sentimentale (Furman, Shaffer, 2003, cités dans Glowacz & Courtain, 2017). De surcroît, Ali & coll. (2011) relèvent que l'insuffisance de ressources est un facteur qui contribue au manque de résilience et qui renforce le risque de victimisation (cités dans Lafrenaye-Gugas & coll., 2021). Lors de témoignages, des adolescents ont déclaré qu'ils avaient eu le sentiment d'avoir été « utilisés» et « trahis» lors d'une séparation; certains ont même eu le sentiment d'avoir été « jetés» par leur partenaire, après avoir eu une relation sexuelle (Lafrenaye-Gugas & coll., 2021). D'après Joyner & Udry (2000), le risque de dépression est davantage lié à la séparation qu'à la relation en elle-même (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Les expériences qui résultent des relations amoureuses ont un impact sur le développement de la construction identitaire des adolescent-e-s et sur leur futures relations conjugales (Glowacz & Courtain, 2017). Joyner & Udry (2000) montrent que cette période exploratoire de l'adolescence est fragile et qu'il existe un risque que la violence vienne la marquer (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Ce constat est également celui de Bernèche (2014) :

Les relations amoureuses font aussi partie des découvertes de l'adolescence et peuvent, au départ, contribuer à la valorisation des jeunes, mais aussi les confiner ensuite dans un cercle vicieux lorsque ces relations sont entachées de violence. Les liens entre la violence et les comportements à risque sont complexes, car ils peuvent se rapporter à la fois aux causes, aux contextes et aux conséquences de l'exercice de la violence dans les relations amoureuses. (p.2)

La capacité d'adaptation peut s'inscrire dans une dynamique néfaste pour l'adolescent-e qui vit une situation avec laquelle il-elle n'est pas en accord. Un-e adolescent-e qui subit ou qui inflige des comportements avec lesquels il-elle n'est pas en accord, peut développer des stratégies afin de s'adapter et de justifier ce qu'il-elle fait ou ce qu'il-elle vit (Glowacz & Courtain, 2017). Cette adaptation

5 Processus individuel qui consiste aux personnes à sortir de la délinquance.

P a g e 30 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

visant à se protéger ou à se couvrir a pour conséquence d'engendrer d'autres formes de violence (Glowacz & Courtain, 2017). Lafrenaye-Dugas & coll. (2021) constatent que sur les participants de l'enquête; huit adolescent-e-s sur quatorze sont mieux outillé-e-s face aux conflits dans leur relation amoureuse. Ils-elles arrivent à sortir de l'impasse avec leur partenaire. Néanmoins, près de la moitié accuse le partenaire d'être la cause du problème sans eux-elles-mêmes se remettre en question. Grynch & coll. (2015), invoquent la résilience comme une ressource pour sortir du cercle de la violence, cependant, cette capacité est mise à mal par les stéréotypes de genre (cités dans Lafrenaye-Dugas & coll., 2017). Easton & coll. (2014) confirment que l'adhésion à ces stéréotypes est liée à une détresse psychologique et que celle-ci entrave la demande d'aide chez les jeunes hommes (cités dans Lafrenaye-Dugas & coll. 2017). Taylor & coll. (2017) ajoutent que le langage des adolescents répond aux normes de la masculinité en parlant de la VRA tant en termes de choix et que de contrôle. De plus, les adolescents interrogés ont mis en cause le stress et la colère comme pouvant être des facteurs de risques et même de perpétration de VRA (Taylor & coll., 2017).

Les relations amoureuses font partie du développement normal de l'adolescent-e et permettent à ces derniers-ères de se construire. Les difficultés à court et à long terme d'une relation amoureuse, comme une séparation, peuvent devenir un rempart au bon développement des jeunes, surtout si ces dernier-ère-s manquent de ressources personnelles et utilisent la violence comme moyen d'adaptation. Utiliser cette violence peut engendrer des conséquences psychologiques telles que « pensées suicidaires, dépression et anxiété'> (Ellis & al., 2009, cités dans Taylor & coll., 2017, p.2). La théorie de Taylor & coll. (2017) est appuyée par le fait que les jeunes femmes ont déclaré que les relations familiales, amicales, fraternelles et scolaires sont des ressources personnelles qui participent à la prévention de la violence.

Ces expériences amoureuses participent activement à réaliser « des tâches socio-émotionnelles reposant sur l'équilibre entre recherche d'intimité et affirmation d'autonomie, et cela, au rythme de la découverte de la passion et de la sexualité'> (Glowacz & Courtain, 2017, p.1). De plus, cela permet aux jeunes de développer leur conception de la romance (Glowacz & Courtain, 2017).

La découverte de la sexualité intervient normalement dans les relations amoureuses des adolescente-s cependant, elle peut aussi devenir un facteur de risque favorisant la VRA chez les adolescent-e-s. Bernèche, (2014), recense plusieurs risques, comme avoir des rapports sexuels non protégés, être sexuellement actif-ve avant 14 ans et la multiplication des partenaires. Les jeunes ayant eu trois partenaires ou plus, seront plus à risque d'infliger de la violence à leur partenaire : à savoir 27,2 % pour les garçons et 49,2 % pour les filles (Bernèche, 2014). La recherche démontre que les jeunes qui ont un comportement sexuel responsable (utilisation de préservatif) sont moins nombreux-euses à vivre des relations sous l'emprise de violence (Bernèche, 2014).

Il semblerait qu'il existe une corrélation entre la VRA et le fait de consommer des produits tels que l'alcool et le cannabis et la manière de les consommer. La consommation d'alcool et/ou de cannabis contribue à augmenter tant la victimisation que la perpétration de violences dans la relation amoureuse chez les adolescent-e-s (Bernèche, 2014). La non-consommation de produits diminue de manière significative le risque de VRA, au même titre qu'une personne qui a une consommation élevée (plus de 3-4 fois par semaine) aura un risque élevé de perpétrer ou de subir de la VRA (Bernèche, 2004). Ce constat concerne les élèves du secondaire de manière générale, mais le risque augmente en fin de scolarité (Bernèche, 2004). Dans l'étude menée par Taylor & coll. (2017), les adolescent-e-s justifient

P a g e 31 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

leurs actes de violence en invoquant l'alcool comme étant la cause de leurs gestes, pensant que la société accepterait mieux leur comportement.

Le contexte familial peut être un facteur originel de victimisation ou de perpétration de violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s (Bernèche, 2014). Parmi ces facteurs, Bernèche (2014) stipule que les adolescent-e-s ayant évolué dans des familles monoparentales ou reconstituées ont plus de risques de subir de la VRA ; l'auteure constate aussi que le risque de violence dans les relations amoureuses des adolescent-e-s est à mettre en corrélation avec le niveau d'études des parents. Trahoré & coll. (2013) évoquent que la défavorisation, qu'elle soit sociale et/ou économique contribue à la violence dans les relations amoureuses, plus le niveau est bas, plus le risque de subir ou d'infliger de la violence est présent (cités dans Bernèche, 2014)

L'exemple familial impacte également la perception de certain-e-s jeunes qui ont vécu de la violence dans leur environnement. Bernèche (2014) présente le milieu familial et socio-économique comme une représentation importante pour les adolescent-e-s. Celle-ci participe à la propension de subir ou a contrario, à infliger de la VRA. Ce même constat est établi par Taylor & coll. (2017), soulignant que les adolescentes mentionnent les violences présentes dans la famille comme pouvant être assimilées à un modèle comportemental qui augmenterait le risque de victimisation ou de perpétration. Les modèles participent à la compréhension de ce que vivent les adolescent-e-s. Pepler (2012) mentionne les ruptures comme étant plus difficiles à surmonter que les violences dans la relation : « la violence étant parfois perçue comme une démonstration d'attention ou une façon de demander de l'attention, voire une preuve d'amour, particulièrement chez les jeunes qui ont grandi dans un environnement familial empreint de violence» (cité dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021, p.10). En d'autres termes, il est plus facile de vivre avec ce que l'on connaît ou l'on a connu que d'être abandonné-e. Taylor & coll. (2017) abondent dans ce sens. Toutefois, lors des entretiens, des adolescentes ont mentionné la famille comme un facteur de protection face aux violences dans les relations amoureuses.

Les adolescent-e-s victimes de violence dans leur relation amoureuse rencontrent également des difficultés dans leur cursus estudiantin comme l'absentéisme, l'abandon afin d'éviter le-la partenair-e (Ball & Rosenbluth, 2008 ; Banyard & Cross, 2008 ; cités dans Taylor & coll., 2017). Pourtant, des adolescents ont mentionné que si les jeunes restaient impliqué-e-s dans leur scolarité et dans leur activité parascolaire, cela leur permettait de ne pas prendre des décisions préjudiciables comme être violent-e avec sa-son partenaire (Taylor & coll., 2017). Les adolescentes ont également mentionné les enseignant-e-s et les personnes de la communauté comme des personnes de confiance pouvant agir sur la protection de la VRA (Taylor & coll., 2017). Les jeunes hommes ont quant à eux identifié plusieurs programmes au sein des clubs scolaires ou des programmes parascolaires, comme une forme de protection contre la VRA, car ceux-ci permettaient de développer des compétences spécifiques comme la communication (Taylor & coll. 2017).

Comme nous l'avons vu précédemment, les pair-e-s jouent un rôle fondamental dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s, ils-elles sont les arbitres. Taylor & coll. (2017) exposent que les adolescentes semblent accorder davantage d'importance aux personnes qui leur fournissent un contexte normé comme facteur de protection que leur environnement physique. De surcroît, les adolescentes évoquent que des relations de mentorat avec leurs pair-e-s agissent en tant que facteurs de protection face au risque de VRA (Taylor & coll., 2017). Les pair-e-s sont important-e-s pour les jeunes filles. De jeunes adultes ont mentionné qu'un nombre insuffisant d'ami-e-s ou grandir seule

P a g e 32 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

durant l'adolescence sont des facteurs de risques pouvant amener des problèmes liés à l'attachement, les empêchant par conséquent, de quitter leur partenaire violent (Taylor & coll., 2017).

Concernant les garçons, le regard des pair-e-s renvoie à l'adhésion sociale de leurs actes. Munoz-Rivaz et coll. (2021) invoquent les normes sociales comme incitateur pour accepter la violence physique, pour autant qu'il n'y ait pas de blessures graves ou alors si cette violence est infligée par une fille et non pas par un garçon (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). A contrario, la prédominance du genre masculin sur le genre féminin semble encore présente dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s:

Les hommes et les femmes sont socialisés pour des rôles différents avec des partenaires romantiques, et malgré des changements progressifs vers l'égalité des sexes, les interactions des adolescents continuent de mettre l'accent sur la dominance masculine (Hawley & coll., 2008 ; Katz & al., 2002 ; cités dans Taylor & coll., 2017, p. 14).

Selon Feiring (1999) ; Hill & Lynch (1983), les stéréotypes liés au genre dans les rôles d'une relation amoureuse et/ou intime sont plus marqués durant l'adolescence, car les jeunes filles et garçons expérimentent et apprennent les attentes de leur genre (cités dans Taylor & coll., 2017).

Il existe des différences entre les rôles assignés au genre masculin et féminin, et cela engendre des difficultés. Mahalik & coll. (2010) constatent que les garçons, mais également les hommes adultes éprouvent des difficultés à se considérer comme des victimes et par conséquent à demander de l'aide. Ils ne se sentiraient pas pris au sérieux (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Selon Reyes & coll. (2016) cette difficulté trouve ses origines dans les normes sociales stéréotypées (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Le genre masculin est prescrit comme devant être supérieur, combatif et ne pas se laisser guider par ses émotions (Easton & coll., 2014, cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Evoluer dans un milieu empli de violence et adhérer aux stéréotypes du genre masculin engendre un risque considérable de violence au sein des relations amoureuses, mais également, diminue la potentielle demande d'aide pour ces hommes en devenir (Ali & coll., 2011 ; cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).

5.3. La VRA, un problème qui manque de visibilité

La violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s peut-être la conséquence du cumul de plusieurs problématiques: violence juvénile, violence domestique, consommation d'alcool et de cannabis. Ceci s'inscrit dans une période marquée de changements significatifs entre l'enfance et l'adolescence. La VRA est une problématique à part entière qui tend à être négligée et reléguée au second plan. Rondeau & coll. (2008) affirment que cette banalisation des relations amoureuses se manifeste tant chez les jeunes que chez les adultes, bien que la violence impacte le développement des adolescent-e-s (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). De surcroît, il faut relever que la VRA n'est pas liée à une classe sociale, ni à un genre (Glowacz & Courtain, 2017).

Bien que cette problématique puisse toucher toutes les strates sociales, la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s et les jeunes est peu considérée au niveau de la société. Par ailleurs, des études constatent des différences entre les formes de violences au sein des relations amoureuses des adolescent-e-s (Glowacz & Courtain, 2017). Les résultats diffèrent par manque de recherche spécifique. Bernèche (2014) constate que les résultats des enquêtes populationnelles sont rares, et celles traitant uniquement de la VRA sont encore peu nombreuses.

P a g e 33 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Il en va de même pour les études spécifiques au sein de la VRA. Lafrenaye-Dugas & coll. (2021) soulignent qu'il en existe encore moins sur la manière dont les adolescents perçoivent leur vécu de violence. Taylor & coll. (2017) expliquent qu'en plus de prendre en compte l'avis et la lecture qu'ont les adolescent-e-s des situations de VRA, il serait judicieux de les mettre en lien avec leur origine et leur âge, afin de permettre le développement de programmes de prévention efficaces. Sears & coll. (2007) affirment qu'il y a un lien entre l'attitude et le comportement qu'un-e adolescent-e adopte face à la VRA en fonction du contexte (cités dans Glowacz & Courtain, 2017). Malgré l'adhésion à cette hypothèse par plusieurs auteur-e-s, Mc Closkey, Lichter (2003) ; Slep & coll. (2001) d'autres remettent en question les résultats des études longitudinales par manque de constance (cités dans Hébert & coll., 2018).

A ce jour, il existe peu de données sur la VRA et ses sous-thématiques, certains thèmes associés à cette problématique sont encore en phase exploratoire. Hébert & coll. (2018), affirment la nécessité « au cours des prochaines années de renforcer la recherche longitudinale, de soutenir la réalisation de méta-analyses, et de donner de meilleurs moyens à la recherche évaluative sur les interventions» (p.122). Les auteur-e-s Fernet & coll., 2016 ; Schumacher & Smith-Slep, 2004 ; précisent que la recherche se concentre sur la protection des adolescent-e-s en général et oublie de faire la distinction avec les besoins spécifiques liés au genre (cités dans Lafrenaye-Dugas & coll., 2021). De plus, l'utilisation d'un langage technique ne permet pas aux adolescent-e-s de comprendre de façon optimale la signification complète d'actes de violence (CDC, 2016 ; Rickert, Wiemann, Vaughan, & White, 2004, cités dans Taylor & coll., 2017). Lal (1995) souligne l'importance de la compréhension du langage des adolescent-e-s par les chercheur-se-s et les praticien-nes-s, afin de pouvoir optimiser leur accompagnement (cité dans Taylor & coll., 2017).

5.4. Les champs d'intervention de la VRA : prévention et prise en charge

Les programmes de prévention universelle pour la VRA chez les adolescent-e-s sont peu nombreux. Au Canada et aux États-Unis, ils se concentrent pour l'essentiel directement auprès des jeunes (Hébert & coll., 2018). Selon ces auteur-e-s, les programmes de prévention universelle (qui visent à informer le plus grand nombre de personnes possible) se développeront davantage, si l'élaboration de méta-analyses est effectuée sur des programmes globaux. De plus, Zang & coll. (2011) affirment qu'il est plus favorable de transmettre des outils aux plus grands nombres, au lieu d'outiller les victimes et/ou les agresseur-se-s (cités dans Hébert & coll., 2018). Lavoie & coll. (2012) mentionnent que cette prévention universelle serait bénéfique à l'échelle locale (école, quartier), car des animations seraient dispensées tant aux jeunes qu'aux adultes évoluant auprès de ceux-ci et celles-ci (cités dans Hébert & coll., 2018). Mercy & Tharp (2015) abondent dans ce sens, car il est constaté que l'environnement des adolescent-e-s n'est que peu impliqué dans les programmes de prévention (cités dans Hébert & coll., 2018). Pourtant, il existe des programmes visant à mobiliser la communauté. Coaching Boys into Men dispense des formations courtes à des entraîneurs de sport d'équipe masculine afin de sensibiliser et de développer l'initiation en tant que témoin de VRA chez les adolescent-e-s (Hébert & coll., 2018).

Le contexte de prévention doit être bien compris et ciblé. Hébert & coll. (2018) soulignent qu'il existe de nombreux programmes de prévention interactifs et que la vitesse de transmission des informations, notamment par les réseaux sociaux impacte les programmes de prévention sur la manière d'interagir avec les jeunes.

P a g e 34 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

La prévention ciblée est destinée spécifiquement aux jeunes, ce qui est le cas pour la plupart des actions de prévention outre-Atlantique (Hébert & coll., 2018). Toutefois, certains programmes ont des finalités et des objectifs plus spécifiques et précis. Expect Respect promeut les relations amoureuses saines notamment par le biais des pair-e-s. Le programme propose des groupes de soutien séparés (pour les filles et pour les garçons) dans le cadre de l'école; cela dans le but d'atteindre les jeunes considéré-e-s à risque (Hébert & coll., 2018). Ce programme a fait l'objet d'une évaluation. Le résultat révèle que les jeunes à risque développent des compétences afin de gérer plus sainement leur conflit dans leur relation amoureuse, en les nommant et/ou en les exprimant à des tiers. En revanche, le programme n'a pas permis de diminuer les risques liés à la perpétuation et à la victimisation de la VRA (Ball & coll., 2012, cités dans Hébert & coll., 2018). La prévention par les pair-e-s montre de bons résultats. Fernet & coll. (2019) soulignent que l'accompagnement et le soutien par les pair-e-s sont efficaces et permettent d'accroitre les connaissances au sujet de la violence au sein des relations amoureuses, mais aussi le pouvoir d'agir en développant des compétences communicationnelles et des capacités de résilience (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).

Il existe des programmes destinés aux témoins de violences sexuelles et de VRA, la finalité étant de sensibiliser les gens à intervenir en tant que témoins dans ces situations. Les résultats montrent que les personnes sont plus disposées à agir, mais cela ne modifie que peu les croyances, notamment sur le viol et n'incite pas davantage les individus à parler de leurs propres expériences (Storer & coll. 2016, cités dans Hébert & coll., 2018). Cependant, l'unique programme de prévention québécois sensibilisant les jeunes (16 -17 ans) à la thématique des violences sexuelles est le programme PASSAJ (Hébert & coll., 2018).

Taylor & coll. (2011) ont évalué le programme Shifting Boundaries qui intervient auprès de préadolescent-e-s (10-13 ans) visant à promouvoir les relations saines dans les relations amoureuses; les résultats soulèvent une baisse des comportements de victimisation comme le harcèlement sexuel et la violence sexuelle dans une relation amoureuse, mais le programme n'aurait pas de répercussions sur la perpétration de ces violences (cités dans Hébert & coll., 2018)

Le lien entre ces programmes de prévention est qu'ils évaluent principalement l'impact sur la victimisation et ou la perpétration. Loveisrespect (2013) souligne que les facteurs de protection sont trop souvent ignorés dans ces programmes « Instead, programs emphasize protection for victims after the ADV has occurred. In addition, many curriculums tend to not reference protection against ADV perpetration, only victimization» (cité dans Taylor & coll., 2018, p.16). En plus de mettre les facteurs de protection en avant, plusieurs auteurs insistent sur l'importance de la communication, et plus particulièrement du langage dans le cadre des programmes de prévention. Cela permettrait de renforcer le changement et les comportements des adolescent-e-s dans le cadre de VRA. (Ajzen, 1985 ; Peterson & coll., 2016 ; Weisz & Black, 2001, cités dans Taylor & coll., 2017). Un langage préventif et adapté aux jeunes augmenterait les connaissances des violences amoureuses des adolescent-e-s. Ces derniers et dernières soulignent un besoin plus accru de compréhension de la VRA, les jeunes eux-mêmes et elles-mêmes évoquent un besoin d'éducation dans ce domaine (Taylor & coll., 2017).

Il existe peu de programmes spécifiques dans la prise en charge des jeunes victimes ou auteur-e-s de VRA. Toutefois, la création de Violence Prevention Mentoring Program intervient auprès des adolescent-e-s ayant commis des délits avec violence (pas nécessairement de la VRA) ; l'évaluation de ce programme a relevé que les connaissances relatives à la VRA augmentaient mais ne modifiaient pas

P a g e 35 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

la posture de jeunes sur ce sujet (Salazar & Cook, 2006 ; cités dans Hébert & coll. 2018). Ce programme met également le focus sur la perpétration de la violence.

Il existe un plan de protection destiné aux jeunes vulnérables qui ont été exposé-e-s à de la violence conjugale. Safe Dates répond à un besoin spécifique qui consiste à réduire le risque de victimisation et de perpétuation dans le cadre d'une relation amoureuse chez les adolescent-e-s; l'évaluation de ce programme fait ressortir des résultats satisfaisants concernant la réduction de la victimisation au niveau de la violence physique et psychologique. Ce même constat est fait pour la perpétuation de ces deux types de violence. Toutefois, les résultats ne montrent pas de changements significatifs dans les comportements de victimisation et de perpétuation en ce qui concerne la violence sexuelle (Hébert & coll., 2018).

L'analyse se poursuit sous l'angle de la prise en charge, il s'agit d'évoquer les pratiques proposées par les professionnel-le-s, mais aussi les lieux de l'intervention, il s'agira de comprendre ce qui est entrepris et/ou d'exposer les pistes d'intervention.

Les programmes de prévention évoqués précédemment montraient que certain-e-s jeunes développaient des compétences dans leur pouvoir d'agir ou d'intervenir comme témoins. Selon Glowacz & Courtain (2017), les interventions permettant l'empowerment tant pour les victimes que pour les auteur-e-s favoriseraient l'acquisition de compétences sociales et émotionnelles. Pour Taylor & coll. (2017), les professionnel-le-s accompagnant des adolescent-e-s doivent employer un vocabulaire axé sur l'action et les émotions. Ce travail doit se faire de manière similaire auprès des jeunes femmes et des jeunes hommes. Cependant, les professionnel-le-s doivent être particulièrement attentifs et attentives aux adolescent-e-s. Selon Easton & coll. (2013), la gent masculine serait moins encline à dévoiler les abus subis, mais s'ils bénéficiaient d'un accompagnement, ils seraient plus disposés à le faire, car ils se sentiraient soutenus (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021). Selon Gynch & coll. (2015), les interventions permettraient d'augmenter la capacité de résilience de ces jeunes hommes et de développer les demandes d'aide et de soutien adéquats (cités dans Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).

Qu'il s'agisse de développer des compétence d'empowerment, de résilience et de mobilisation de ressources, pour les garçons et pour les filles, l'objectif des professionnnel-le-s est d'initier un changement pour gagner en sérénité afin d'instaurer des dynamiques qui ne sont pas empreintes de violence (Glowacz & Courtain, 2017).

Selon Hébert & coll. (2018), l'intervention doit se faire à tous les niveaux avec intensité et s'instaurer dans la durée, l'intervention singulière et isolée ne permettra pas d'amélioration. Les auteur-e-s soulignent que la formation des intervenant-e-s et l'adaptation des outils doivent être encouragées et développées (Hébert & coll., 2018). De surcroît, la prévention doit se baser sur les expériences des adolescent-e-s victimes ou auteur-e-s de VRA et non refléter le point de vue des professionnel-le-s (Taylor & coll., 2018).

L'école est un lieu de fréquentation pour les adolescent-e-s, mais aussi un lieu dans lequel des relations amoureuses se créent. Il existe des programmes de prévention actifs dans le milieu scolaire comme Safe Dates et Fourth R (Hébert & coll., 2018). Parmi les programmes intervenant en milieu scolaire aux États-Unis et au Canada qui ont été évalués, il ressort que seuls trois des programmes (Safe Dates, Fourth R, Shifting Boundaries) montrent des changements de comportement des participant-e-s vis-à-vis de la VRA (Koker & coll., 2014, cités dans Hébert & coll., 2018). Taylor & coll. (2018) soulignent le

P a g e 36 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

manque d'éducation sur les violences dans les relations amoureuses dans le milieu scolaire, surtout lorsque l'on se réfère aux chiffres élevés de la VRA. Selon les auteur-e-s (Taylor & coll., 2018), cela nécessite d'évaluer les programmes mis en place par les institutions scolaires surtout lorsque les jeunes eux-mêmes et elles-mêmes expriment le besoin d'être mieux informé-e-s sur cette thématique, les programmes doivent aller plus loin que de présenter et définir la VRA :

Adolescents also requested that dating violence be discussed, openly and honestly, by both adolescents and adults. Adolescents asked that dating violence awareness be incorporated into the high school's learning agenda. (p.13)

Dans le cadre de leur entretien, de jeunes filles ont mentionné que l'éducation dispensée durant leur scolarité se focalisait sur une sexualité saine « We need relationship classes, because there are so many messed up relationships, but the only thing I ever learned in school is safe sex, that's all I ever learned (Taylor & coll., 2018, p.14).

Les travaux de Taylor & coll. (2018), montrent le besoin des adolescent-e-s de pouvoir être informé-es et de pouvoir échanger librement et honnêtement de la VRA avec des adultes.

Si l'école est un lieu dans lequel il est courant de rencontrer la thématique de la sexualité, d'autres thématiques doivent être aussi abordées. Selon Lafrenayse-Dugas & coll. (2021), il est nécessaire de mettre en place des programmes d'éducation sexuelle, de prévention de la violence afin de diminuer l'impact des stéréotypes de la masculinité, mais également endiguer la tolérance face aux comportements violents.

Hébert & coll. (2018) constatent que si certains programmes n'interviennent qu'en milieu scolaire, Safe Dates et Fourth R proposent un accompagnement extra muros en offrant un service d'aide aux victimes, des séances d'informations pour les représentant-e-s légaux-légales, des documents écrits (livres, flyers) visant à impliquer les proches et la communauté des jeunes à prévenir la VRA.

Cependant, la thématique des violences amoureuses chez les adolescents (garçons) manque de documentation et de ressources. L'intervention en amont pour la sensibilisation sur le thème des relations amoureuses et sujets associés chez les jeunes, auprès de ceux-celles-ci, des professionnel-es et de tout autre adulte dans l'environnement des adolescent-e-s, exige un travail à grande échelle (Lafrenayse-Dugas & coll., 2021).

Au niveau pénal, nous n'avons pas recensé beaucoup d'information à ce sujet. Mis à part, le Violence Prevention Mentoring Program agissant auprès de jeunes adolescent-e-s auteur-e-s de violence qui ne montrait pas de modification de posture (Salazar & Cook, 2006 ; cités dans Hébert & coll. 2018). Glowacz & Courtain (2017) avancent qu'une prise en charge judiciaire trop précoce pour des jeunes a « un risque d'effets délétères pour l'auteur et la victime, notamment en termes de stigmatisation » (p.17).

6. Synthèse des résultats

La revue de la littérature sélectionnée nous montre que le milieu social et familial des adolescent-e-s joue un rôle prépondérant dans la construction de ceux-ci et celles-ci. Les modèles familiaux influent les mécanismes de protection, de victimisation et de perpétration face à la violence. La présence de violence dans l'environnement des jeunes est un facteur de risque pour les adolescent-e-s. Ils-elles se construisent sur des modèles comportementaux favorisant la reproduction tant au travers de la

P a g e 37 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

victimisation que de la perpétration. Précisons que la problématique de la VRA se rencontre dans toutes les classes sociales.

Les risques et les conséquences psychologiques de la VRA chez les adolescent-e-s sont nombreux. La littérature sélectionnée évoque que les jeunes vivant de la violence dans leur relation amoureuse ont une estime et une confiance d'eux-elles-mêmes altérées, augmentant un risque de dépression. Il est établi que les jeunes consommateurs et consommatrices d'alcool et/ou de cannabis sont plus à risque d'être confronté-e-s à de la VRA.

L'analyse relève une différence entre les adolescentes et les adolescents tant au niveau de violences perpétrées qu'au niveau des violences subies. Toutefois, les mécanismes de la violence sont davantage bidirectionnels et symétriques. Il a également été constaté que les jeunes n'identifient pas certains comportements violents comme tels, mais les associent comme faisant partie intégrante de la relation amoureuse.

La violence des relations amoureuses chez les adolescent-e-s est impactée par les constructions stéréotypées liées au genre. Les adolescents seront moins enclins à parler des violences subies et infligées, car toutes deux ne répondent pas aux normes socialement construites qui prévalent que les hommes ne doivent pas taper les femmes et qu'en même temps ils doivent être forts.

De surcroît, le manque de documentation dû au récent intérêt concernant la victimisation des garçons et des hommes ne permet pas une analyse détaillée et complète de ce phénomène.

Ce constat de manque de visibilité ne s'applique pas seulement à la gent masculine. La problématique de la violence dans le cadre des relations amoureuses chez les adolescent-e-s n'est pas suffisamment étendue. A ce jour, peu de recherches ont été menées sur ce thème. Cela engendre des résultats disparates et contradictoires. Il est également constaté qu'il existe peu d'études longitudinales ce qui ne permet pas une connaissance de l'évolution de cette problématique.

Il existe des programmes de prévention, cependant la littérature analysée met en avant les faiblesses et évoque des pistes d'amélioration afin d'accroitre la sensibilisation de ce sujet au plus grand nombre. La plupart de ces programmes ne sont pas universels, ils sont ciblés pour les jeunes, ce qui restreint l'information au public-cible. De plus, les rares campagnes universelles effectuées n'ont pas été évaluées ce qui ne permet pas d'avoir des connaissances de leur impact. Les programmes ciblant les jeunes n'ont également pas tous été évalués, toutefois, pour ceux qui l'ont été, on constate une évolution du comportement et un développement des connaissances des jeunes vis-à-vis de la VRA. Les programmes spécifiques mis en place sont principalement pour les personnes ayant déjà été victimes et/ou auteur-e-s de violence.

Les chercheur-se-s proposent d'améliorer la prévention en proposant des programmes axés sur le développement des compétences personnelles afin pouvoir activer ses propres facteurs de protection au lieu d'emprisonner les jeunes dans leur rôle de victime et/ou d'auteur-e.

Quel est le rôle des travailleurs sociaux et travailleuses sociales face aux risques, impacts et enjeux d'une relation amoureuse violente chez les adolescent-e-s entre 13-18 ans?

Cette analyse permet de mettre en avant le fait que cette problématique commence à émerger. En revanche, elle nous donne peu d'indications sur quels types de professionnel-le-s interviennent, ni dans quelles infrastructures/lieux et à quel moment il est le plus approprié d'intervenir.

P a g e 38 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Le travail social à un rôle à jouer dans cette problématique et cela à tous les niveaux. Les travailleurs sociaux et travailleuses sociales ont la mission d'accompagner les personnes afin qu'elles puissent développer leurs compétences d'empowerment. Les professionnel-le-s du travail social contribuent à la visibilisation des problématiques et répondent à un devoir de protection vis-à-vis des mineur-e-s (Avenir social, 2010).

L'analyse montre que l'emploi d'un vocabulaire adapté aux adolescent-e-s permet de faciliter l'accompagnement et d'augmenter la compréhension de la problématique de la VRA. Si les jeunes sont les principaux et principales concerné-e-s, les professionnel-le-s du travail social peuvent intervenir auprès de l'environnement des adolescent-e-s. Cela permet de sensibiliser les adultes (parents, enseignant-e-s, coachs sportives et sportifs,...) à cette thématique.

À ce stade, nous avons des propositions de réponse à notre question de recherche, mais il nous manque certains éléments que nous aborderons dans la discussion.

7. Discussion

Ce chapitre a la finalité de reprendre les résultats analysés et de les mettre en lien avec le travail social. L'objectif est de proposer des pistes d'intervention et/ou de présenter des initiatives afin de lutter contre les violences au sein des relations amoureuses des adolescent-e-s. Pour ce faire, nous développerons ces perspectives en fonction des axes analysés:

1. La violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s

2. Les spécificités bio-psycho-sociales de la VRA

3. Le manque de visibilité

4. Les champs d'intervention de la VRA : prévention et prise en charge

7.1. Quel rôle pour les professionnel-le-s du social face à la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s

Au terme de l'analyse, il ressort que la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s n'est pas identique à de la violence conjugale. Les jeunes en fonction de leur genre interprètent différemment la violence subie et infligée. Les mécanismes de la violence sont majoritairement bidirectionnels comparés à ceux de la violence conjugale qui sont unidirectionnels. Pour Douai (2019), la réciprocité de la violence est en corrélation avec la période de l'adolescence, où les jeunes se cherchent et testent leurs limites et celles d'autrui. L'auteure souligne également que les adolescente-s craignent le désamour (cité dans Breton, 2019). En d'autres termes, le processus développemental des adolescent-e-s inclut de la violence, mais celle-ci peut être intensifiée, car l'expérimentation de soi et des autres peut générer une cessation d'amour et d'intérêt des pair-e-s.

Une autre raison de la violence dans les relations amoureuses est son côté pernicieux qui s'invite comme une preuve d'amour. Beaucoup d'adolescent-e-s attribuent leurs actes de violence sous le couvert de la jalousie. Grignard (2019) constate que la surveillance par le-la partenaire peut être considérée comme de la jalousie sous prétexte qu'on tienne à celui ou celle qu'on aime, mais cela peut également être le début d'un cycle de violence (cité dans Breton, 2019). La jalousie n'est pas un sentiment facile à évaluer, si l'on se réfère aux propos des adolescent-e-s (voir annexe 5). Nous constatons que la jalousie est autant indispensable à une relation amoureuse qu'inutile, car c'est le résultat d'un manque de confiance en soi.

P a g e 39 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

La peur de l'abandon, plus particulièrement la rupture, conjuguées des émotions présentes comme la jalousie sont des facteurs pouvant générer des violences dans une relation amoureuse à l'adolescence. Cela nécessite une attention de la part des parents et/ou des professionnel-le-s de ne jamais minimiser ou banaliser ce que les jeunes ressentent.

L'accompagnement en amont est indispensable pour endiguer la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s. Taylor & coll. (2018) évoquaient l'importance pour les jeunes filles interrogées d'être entourées par des adultes de confiance. Cette personne de confiance peut s'incarner par les parents, un membre de la famille, mais également être un-e professionnel-le. Melchiori (2018) est conseiller éducatif, il prône une écoute attentive des parents, sans pour autant que ces derniers s'immiscent dans la relation amoureuse de leur enfant, cela évitera des conflits potentiels. Il conseille aux parents de recourir à de tierces personnes (conseillère ou conseiller en éducation ou psychologue) afin que le-la jeune s'exprime librement et puisse évoquer cette relation sans le risque que le parent s'identifie et lui parle de sa propre expérience (Melchiori, 2018). Si les parents ne se sentent pas assez outillés pour évoquer les relations amoureuses avec leur adolescente, ils doivent solliciter le recours d'une tierce personne ceci afin de garder une communication la plus sereine possible.

La problématique de la VRA implique de nombreux thèmes, notamment liés à des changements de société. Parmi ces normes, nous avons constaté que l'adhésion aux stéréotypes de genre participe à alimenter cette violence. Selon Spence & coll., 1991 ; Steg & Pirog-Good, 1987, les hommes emploieraient la violence pour contrôler la relation amoureuse alors que les femmes emploieraient la violence à la suite d'une perte de contrôle émotionnelle (cités dans Gagné & Lavoie, 1995). Cette analyse de l'emploi de la violence adhère par conséquent aux stéréotypes que la femme agit sous l'émotion et que l'homme doit employer la force pour contrôler sa relation amoureuse. L'adhésion aux stéréotypes de genre crée une violence supplémentaire dans la VRA, elle n'est pas générée directement par les adolescent-e-s, mais par une société qui peine à casser de nombreux préjugés.

L'adhésion aux normes socioculturelles ne facilite pas la prise en charge des victimes et des auteur-es de violences dans les relations amoureuses. Nous l'avons vu, les adolescents doivent se heurter à une double injonction - être un homme viril, dominant et fort, mais sans employer la force contre autrui et les adolescentes sont des victimes toutes désignées, surtout au niveau des violences sexuelles. Lichter et McCloskey (2004) évoquent que des études ont souligné les attitudes positives envers les rôles traditionnels liés au genre, qui est en-deçà des violences de couples et cela tant pour les victimes et que les auteur-e-s (cités dans Dosil & coll., 2020). Parmi ces rôles, on trouve celui du stéréotype que les filles doivent se trouver un homme. Parrot (1998) relève que certaines filles se sentent obligées d'avoir une relation amoureuse, qu'elles y resteront même si cette dernière est malsaine (cité dans Smith & Donnelly, 2008). Il est préférable pour certaines filles/femmes d'avoir une relation que d'être seules.

Delsinne (2019), éducatrice spécialisée, abonde dans ce sens. Pour elle, les filles ont une tendance à se mettre en danger en fréquentant des jeunes de milieux violents et/ou délinquants, car elles obtiennent de l'attention et de la protection, ce qui augmente les risques d'entretenir une relation abusive. Quant aux garçons, l'éducatrice constate qu'ils ont une fausse représentation d'une relation amoureuse, mais aussi de la femme. Ce biais se construit dans la sphère familiale, mais également par les médias (cité dans Breton, 2019).

P a g e 40 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Pourtant, Honnis (2019), assistante sociale, constate un équilibre dans les violences commises par les garçons et les filles. Si les violences physiques (pas spécifiques à la VRA) sont commises par un plus grand nombre d'adolescents, les adolescentes sont tout aussi violentes (cité dans Breton, 2009). Les jeunes filles sont intrusives et enferment leurs pair-e-s tout autant que les jeunes hommes. En tant que travailleurs sociaux et travailleuses sociales, il est important de ne pas renforcer ces stéréotypes liés au genre. Il est également important d'évaluer régulièrement les faits de violence au sein d'un groupe d'adolescent-e-s, cela pourrait permettre de saisir les enjeux et les finalités qui s'y rattachent.

La VRA au sein de la communauté LGBTIAQ+6, mêmes enjeux, mêmes types de violences ? Si la VRA chez les adolescent-e-s est une problématique peu explorée, celle qui concerne les violences des relations amoureuses au sein de la communauté LGBTIAQ+, l'est encore moins. Violence que faire? (2011-2021) souligne que les regards et l'attention sont dirigés majoritairement vers les couples hétérosexuels, pourtant les autres types de couples sont également concernés par la violence. Le site mentionne qu'il est particulièrement important que ces personnes se sentent libres et légitimes d'oser se confier.

Ces changements sociétaux impactent l'accompagnement, il est donc nécessaire et important de se former. Cottin & Boudet (2019) ont constaté que l'une des difficultés pour les conseillères conjugales et familiales en intervention résidait dans la posture qu'elles adoptaient face à une thématique qui les devançait, car les jeunes étaient souvent plus au fait que ces dernières. Si certaines professionnelles se sentent dépassées par ces questions, il est important que tous les professionnel-le-s s'y attardent.

La votation du 26 septembre 2021, Mariage pour tous, va de facto engendrer des changements. Parmi ceux-ci, nous évoquerons à nouveau, le cadre légal des violences domestiques, qui pour rappel condamne le ou la partenaire violent-e. Toutefois, ce changement de paradigme exige de la part de tout un chacun de reconsidérer ces normes liées aux genres, en acceptant que la violence dans une relation amoureuse n'enferme pas les femmes dans le rôle de victimes et les hommes dans celui d'auteurs. Les victimes et les auteur-e-s ne devraient pas être lié-e-s à un genre, mais à une personne. Quand bien même, si un homme est victime de violence de la part d'un autre homme, ce dernier ne sera pas un homme faible, mais un homme victime; il sera une victime.

7.2. Comment comprendre et interpréter les facteurs bio-psycho-sociaux de la VRA en tant que professionnel-le-s du social?

Lors de l'analyse, il a été mis en évidence que les facteurs de risques sont majoritairement psychologiques. Cependant, ces conséquences psychiques se manifestent par des symptômes physiques sur le long terme comme des maladies cardiovasculaires, de l'hypertension, etc. De plus, la violence physique peut laisser des traces. Les symptômes physiques (hématomes, griffures ou autres) peuvent donner des indications sur d'éventuelles violences dans la relation. Il en va de même pour les symptômes psychosomatiques comme des maux de ventre et de tête et ou des crampes. Les scarifications sont aussi une indication d'un mal-être chez les adolescent-e-s. Tous ces signes doivent être considérés par les professionnel-le-s, car les maux cachent généralement des mots. Calden (2019) souligne que la violence est la manifestation d'un mal-être:

6 Lesbiennes, Gays, Bisexuel-le-s, Trans, Queers, Intersex-e-s, Assexuel-le-s et le + correspond à tous les autres.

P a g e 41 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

La violence va toujours signaler un mal-être ou une souffrance, un besoin certainement - et une impossibilité souvent - de se faire entendre, de faire entendre quelque chose; elle signale une difficulté à se situer par rapport aux autres, qui doit alerter forcément (cité dans Breton, 2019, p.121).

Pour Honnis (2019), le manque d'estime de soi est un des premiers facteurs à considérer pour les professionnel-e-s. Cela est valable tant pour les victimes qui s'assujettissent par manque de confiance en elles-eux que pour les auteur-e-s qui perpétuent la violence afin de s'attribuer une identité (cité dans Breton, 2019).

Ces violences peuvent s'expliquer également par résonance, il s'agit d'une analyse systémique. L'utilisation de la violence serait non pas la cause, mais le symptôme d'un mal plus profond. Delsinne (2019) éducatrice spécialisée, constate que les violences (de toutes formes) dans une relation amoureuse, sont dirigées envers une personne ou une situation précise, car cela remémore à l'auteur-e, un épisode douloureux ou insupportable survenu durant l'enfance. L'utilisation de cette violence permet aux auteur-e-s de pallier ce traumatisme (cité dans Breton, 2019).

Une autre hypothèse que souligne O'Keefee (1986) est que la violence psychologique est peu décelée par les adolescent-e-s, car l'estime de soi se développe principalement au moment de l'adolescence. De ce fait, cette compétence s'acquiert et elle ne permet pas encore de déceler ce qu'est la violence psychologique et de s'affirmer face aux dires dommageables de son-sa partenaire (cité dans Smith & Donnelly, 2000).

A ce jour, les recherches en neurosciences démontrent que la violence agit dans des zones spécifiques du cerveau. M. Keaser nous a exposé l'exemple du cortex cingulaire antérieur qui intervient comme une alarme neuronale lors de détresse émotionnelle et de conflits, qui réagit lors d'événements impliquant une douleur physique et/ou morale vécue par soi-même ou par une tierce personne (communication personnelle, 01 mars 2021). La docteure Kaeser atteste que les traumatismes psychiques ou physiques modifient les fonctions cérébrales liées aux émotions et aux situations stressantes (Khali, 2016). Il est possible de soigner ces traumatismes par le biais d'Eye Movement Desensitization and Reprocessing (EMDR), de thérapies cognitivo-comportementales, familiales dirigées par la communication intra-familiale et le soutien parental (Khali, 2016). Il est donc intéressant de s'intéresser aux sciences neuronales pour comprendre comment la VRA se manifeste dans le cerveau de ces jeunes. Certes, cela exige de mettre le focus sur les auteur-e-s et les victimes, mais cela permettrait d'ouvrir un champ exploratoire encore peu investigué.

Les travailleurs sociaux et travailleuses sociales ne peuvent pas tout endosser. Le choix d'évoquer certains types de thérapie, ne sous-entend pas que les professionnel-le-s du travail social doivent appliquer ces méthodes avec les jeunes qu'ils-elles accompagnent. En revanche, ils-elles doivent entreprendre les démarches auprès du réseau pluridisciplinaire. Les professionnel-le-s du travail social peuvent être amené-e-s à solliciter des suivis psychologiques et psychiatriques pour les jeunes qu'ils-elles accompagnent. De ce fait, il est intéressant d'évoquer quelques pistes d'intervention spécifiques qui sont conseillées lors de traumatismes liés à la violence.

Si la VRA chez les adolescent-e-s peut s'expliquer par un mal-être et/ou par un traumatisme enfoui, nous pouvons aussi considérer l'environnement socio-économique. Le milieu familial peut être un facteur de protection comme un facteur de risques face à la VRA. Pour rappel, nous avons évoqué qu'un-e adolescent-e victime de violence conjugale durant son enfance est plus à risque de vivre de la VRA. Il en va de même pour les enfants qui n'ont pas acquis un modèle d'attachement sécurisant.

P a g e 42 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

L'influence des pair-e-s est également à considérer comme un facteur de risques pour la VRA chez les jeunes. Les pair-e-s exercent une influence sur la consommation d'alcool et de cannabis (Hébert & coll., 2018). Il est également constaté que côtoyer des pair-e-s violent-e-s ou délinquant-e-s participe au risque de VRA (Morris & coll., 2015, cités dans Hébert & coll. 2018). Ces facteurs de risques doivent être considérés, mais attention à ne pas tomber dans le piège du déterminisme. Nous rappelons que la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s n'est pas liée à un genre, ni à une classe sociale, ni même à une culture.

De surcroît, nous devons souligner que ces facteurs de risques sont liés à la victimisation, mais aussi à la perpétuation de la violence. Cela nécessite de la part des travailleurs sociaux et travailleuses sociales de ne pas se focaliser uniquement sur les victimes potentielles, mais de considérer également les auteur-e-s.

7.3. Comment peut-on pallier le manque de visibilité de la VRA ?

Le manque de visibilité de notre thématique est préjudiciable. Le Canada et les États-Unis possèdent des données conséquentes sur la VRA chez les jeunes. Cela permet d'établir un état de la situation assez précis (Hébert & coll., 2018). En revanche, en Europe cela n'est pas encore le cas. Dosil & coll. (2020), soulignent l'importance que les sciences sociales s'intéressent à la VRA chez les adolescent-es, car il n'y a pas suffisamment de données et il y a encore beaucoup d'incohérences. De plus, les auteur-e-s soulignent que si cette problématique est liée à de la violence conjugale, la VRA chez les adolescent-e-s ne doit pas être analysée et traitée de manière similaire.

Avant de distinguer ces deux fléaux, il est nécessaire de visibiliser cette problématique au plus grand nombre. Afin de récolter des données en suffisance, il est important de varier les méthodes de récoltes. Des questionnaires auto-reportés permettent de récolter des milliers de données, mais s'inscrivant dans un temps court et incluant quelques biais liés aux normes et attentes de la société. Une autre méthode de récolte est l'entretien semi-directif qui permet d'approfondir le thème auprès de quelques candidat-e-s. La récolte de données doit également s'instaurer dans le temps. C'est pourquoi, il est nécessaire de développer des études longitudinales. Cela permettra de mieux comprendre les mécanismes de la violence en fonction de l'âge des jeunes.

Nous pouvons également utiliser ces deux méthodes de recherches (quantitatives et qualitatives) auprès des différent-e-s professionnel-le-s évoluant auprès d'adolescent-e-s pour permettre d'analyser l'état de connaissance de ce sujet.

Comme nous le stipulions ci-dessus, de nombreux professionnel-le-s ignorent ou minimisent la problématique de la VRA et de ce fait, ils ne sont eux ou elles-mêmes pas ou peu informé-e-s à ce sujet. Afin d'agir de manière la plus efficiente possible, il serait pertinent de pouvoir informer les professionnel-le-s sur cette problématique. Un-e professionnel-le bien informé-e sera plus à même de pouvoir détecter un problème de VRA chez un-e adolescent-e. Lors d`une rencontre avec ce dernier, cette dernière le-la professionnel-le pourra ainsi lui offrir un soutien plus adéquat. Tou-te-s les professionnel-le-s qui ont un lien avec les enfants/adolescent-e-s, devraient avoir les connaissances et outils nécessaires pour aider, le cas échéant orienter, l'enfant et ou l'adolescent-e en difficulté vers un-e professionnel-le du travail social.

Le rôle des médias participe également à la visibilisation de la violence domestique, surtout lors de ces journées de sensibilisation, mais pas seulement. Récemment, un article évoquait spécifiquement la VRA chez les adolescent-e-s. L'auteure y mentionne quelques chiffres, évoque le peu de structures qui

P a g e 43 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

accueillent ces jeunes, mais surtout insiste sur le fait que cette violence était ignorée jusqu'à peu « le phénomène des violences qui s'immiscent dans les couples d'adolescents et de jeunes adultes a longtemps échappé à tous les radars» (Reybaud, 2021).

La prévention universelle doit s'intensifier. Il existe pourtant des journées internationales et nationales contre la violence comme:

· Le 2 octobre : Journée internationale de la non-violence.

· Le 20 novembre : Journée internationale des droits de l'enfant.

· Le 25 novembre : Journée internationale contre les violences faites aux femmes.

Ces journées peuvent être l'occasion d'aborder la problématique de la VRA chez les adolescent-e-s tant au niveau privé qu'au niveau institutionnel (écoles, foyers, centres d'animation). En revanche, il serait peut-être plus intéressant d'aborder une prévention par zone communautaire, comme évoqué précédemment. L'avantage de l'approche communautaire serait de cibler les lieux où les facteurs de risques sont plus importants.

Il existe pourtant des programmes de prévention (SE&SR, programme de la prévention de la violence dans les relations amoureuses - ViRAJ, Programme de prévention et de la promotion traitant de la violence dans les relations amoureuses et du harcèlement sexuel [PASSAJ, Safe Dates,...) sont indispensables, car ils participent à la visibilisation de la VRA chez les adolescent-e-s. C'est également un premier accompagnement professionnalisé qui tend à favoriser l'empowerment de ces jeunes.

7.4. La prévention de la VRA et le travail social

La prévention est l'une des missions des travailleurs sociaux et travailleuses sociales qui promeut le changement social afin de résoudre les problématiques en tenant compte « de la capacité et la libération (empowerment) des personnes afin d'améliorer leur bien-être» (Avenir social, 2010, p. 8). Afin de favoriser cette action, les professionnel-le-s du travail social ont besoin d'outils (formations, collaborations, documentations) leur permettant de promouvoir ce changement.

Lors de l'analyse de nos textes, nous constations que la thématique de la prévention qu'elle soit ciblée, spécifique ou universelle ressort dans plusieurs textes.

Greenman & Matsuda (2016) expliquent que la plupart des adultes, qu'ils-elles soient auteur-e-s ou victimes de violences graves à l'âge adulte, avaient déjà perpétré ou subi de la violence à l'adolescence (cités dans Glowacz & Courtain, 2017).

Keaser explique que les personnes victimes d'un traumatisme souffrent de modifications cérébrales fonctionnelles et que ceci engendre une moins bonne capacité à gérer certaines situations. Elles auront donc tendance à recourir à l'agression pour gérer les conflits (Khali, 2016).

Glowacz & Courtain (2017) invoquent qu'une intervention précoce pour les jeunes vivant de la violence devrait être mise en place, toutefois, elles précisent que celle-ci ne devrait pas uniquement être faite de manière répressive et mettent en garde sur le risque de stigmatisation.

Hébert & coll. (2018) mettent en avant le fait que les programmes de prévention ciblent principalement les victimes et/ou les auteur-e-s de violence, mais que si l'on espère de meilleurs résultats, il serait préférable de pouvoir effectuer des programmes de prévention ciblant un public plus large. Ils parlent également des programmes de prévention en ligne via des plateformes interactives, mais qui pourraient comporter certains risques (inconfort psychologique pendant ou après l'utilisation de la plateforme, manque de soutien direct) s'ils ne sont pas encadrés.

P a g e 44 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Taylor & coll. (2017) parlent du programme Shifting Boundaries qui touche les préadolescents de 10 à 13 ans dans le cadre des violences sexuelles, qui aurait permis de diminuer la victimisation, mais n'aurait pas eu d'impact sur la perpétration.

Tous ces points sont très pertinents et mettent bien en avant toute la difficulté de la prévention.

Selon la prévention suisse de la criminalité, il existe plusieurs formes de prévention, soit générale en lien avec les politiques sociales, la famille qui joue un rôle central dans le développement de l'enfant, l'école qui détecte et intervient dans les relations entre les enfants, soit la prévention dans l'espace public, qui concerne notamment l'aménagement de l'espace public et la mise à disposition des professionnel-le-s pour les jeunes. Un point intéressant à relever, dans la prévention générale est la prévention précoce, qui a d'abord été menée afin de combattre la toxicomanie, mais qui aujourd'hui est utilisée pour la violence de manière plus générale.

En cherchant d'autres informations à ce sujet, Garcia & coll. (2015) expliquent que dans le cadre de la prévention, même si un âge spécifique n'a pu être établi, il est essentiel, de pouvoir mettre en place des interventions de prévention aussi rapidement que possible, afin que les enfants puissent bénéficier au mieux des interventions mises en place.

Dans le cadre de la violence au sein du couple chez l'adulte, une des premières recommandations pour lutter contre la violence est la prévention primaire. Les auteurs Guedes & Bott (2009) mentionnent la prévention primaire comme le moyen « le plus stratégique» pour mettre un terme à la violence faite aux femmes. Dans l'étude Violence envers les enfants - Concept pour une prévention globale, les auteur-e-s définissent la prévention primaire comme la manière de renforcer les ressources de protection personnelle. Ceci rejoint les propos de Glowacz & Courtain (2017) qui promeuvent l'empowerment et le développement de compétences socio-émotionnelles afin de pouvoir régler les conflits autrement qu'au travers du prisme de la violence.

A la suite de l'analyse de nos résultats, il nous paraît évident que les travailleurs sociaux et travailleuses sociales ont un rôle central à jouer dans la prévention des VRA chez les adolescent-e-s, au vu des conséquences que celle-ci peut avoir sur la santé des jeunes qui la vivent.

Comment les professionnel-le-s et les proches appréhendent ces adolescent-e-s vivant de la violence au sein de leur relation amoureuse?

L'approche des professionnel-le-s se déploie à plusieurs niveaux et de façons différentes. Il est intéressant d'observer quelques pratiques et d'analyser les impacts de celles-ci.

Au niveau microsocial, il existe des initiatives individuelles comme celle d'une assistante sociale franco-canadienne qui exploite sa propre histoire afin d'aider les jeunes vivant des violences dans leur relation amoureuse. En effet, lors d'un stage au Canada dans un centre d'aide et d'accueil mère-enfant 7 la jeune femme prend conscience qu'elle a vécu de la violence dans son adolescence, à l'âge de 16 ans (Breton, 2019). L'auteure a décidé d'exploiter ce douloureux passé afin que d'autres jeunes prennent conscience de cette violence. Le témoignage qu'elle propose dans son livre est un bon outil, car il se présente comme un journal intime, évoquant divers mécanismes de violences:

Il a commencé à venir à quelques matchs à domicile, puis à chaque match, et finalement, même durant nos déplacements. Lors des matchs, il passe son temps à regarder toutes les personnes présentes dans chaque salle et il fixe les plus jeunes pour voir s'ils me

7 La Bouée à Lac-Mégantic

P a g e 45 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

regardent. Si c'est le cas, Léo se montre très froid, distant, parfois même en colère, comme si tout était ma faute (Breton, 2019, pp. 50-51)

Breton (2019) ne se contente pas de partager son vécu, elle l'exploite et propose un cahier pédagogique et des fiches pratiques dans son ouvrage. Ce dernier contient une série de tests (Annexe 3 & 4) permettant aux jeunes de prendre conscience qu'ils-elles sont dans une relation amoureuse violente et de distinguer ce qu'est une relation saine d'une relation toxique. Toutefois, il faut souligner que ce témoignage et ces outils s'exploitent avant tout dans des situations où la violence occupe déjà une place dans la relation amoureuse.

En Suisse, il existe depuis 2011 un programme de prévention Sortir ensemble et se respecter (SE&SR) qui sensibilise la problématique de la VRA chez les jeunes et les adolescent-e-s; ce programme « cherche donc à combattre les préjugés et à mettre en place une prévention précoce des violences de couple et de leurs effets désastreux, tout en offrant une ouverture vers des relations gratifiantes» (De Puy & coll., 2013, p.153). L'association propose une formation destinée aux professionnel-le-s du travail social, de l'éducation, de l'enseignement et de la santé. Les cours sont dispensés à la Haute école de travail social de Lausanne (HETSL) sur trois jours et s'axent sur les savoirs, savoir-être et savoir-faire (Clerc & coll., 2017). Cette formation permet aux différents professionnel-le-s d'acquérir des outils et des connaissances sur la problématique de la VRA. De plus, des formations sont également proposées aux jeunes entre 13-18 ans, mais peuvent être adaptées en fonction de l'âge du public et également du contexte institutionnel. Il s'agit d'un programme de neuf modules, d'une heure et quart chacun évoquant les thèmes suivants:


·

Module 1 :

Définir ce que je veux dans une relation


·

Module 2 :

Définir les abus dans une relation


·

Module 3 :

Pourquoi les comportements abusifs


·

Module 4 :

Comment aider les ami-e-s en difficulté


·

Module 5 :

Des exemples pour aider les ami-e-s


·

Module 6 :

Ce qu'on s'imagine à propos des relations


·

Module 7 :

Les agressions sexuelles


·

Module 8 :

Partager le pouvoir et communiquer


·

Module 9 :

Mes sentiments, mes réactions

En proposant une formation dispensée directement au public cible et par l'intermédiaire des professionnel-le-s, cela augmente le potentiel d'information et de sensibilisation. Toutefois, il faut spécifier que les programmes destinés directement aux adolescent-e-s doivent être initié-e-s et mis en place par un-e professionnel-le du travail social, de la santé ou de l'enseignement. Cela souligne donc l'importance et la nécessité de diffuser la problématique de la violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s auprès des profesionnel-le-s.

La prise en charge n'est jamais aisée surtout si la violence est déjà présente. Les conseillères conjugales et familiales interrogées ont souligné que certains thèmes comme les violences sexuelles ou l'inceste sont difficiles à gérer émotionnellement et que l'accompagnement l'est également. En revanche, ces professionnelles ont souligné que certaines personnes viennent simplement les consulter pour que ces violences soient verbalisées par autrui (Cottin & Boudet, 2019).

P a g e 46 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Au niveau mesosocial, l'environnement scolaire est important, car les adolescent-e-s le fréquentent de manière régulière. De plus, il est important de rappeler l'importance des pair-e-s. Ces relations sont essentiellement développées à l'école et au collège pour s'élargir par la suite (Juhem, 1995).

A ce jour, de plus en plus de travailleurs sociaux et travailleuses sociales ont leur place dans les écoles, ce qui semble tout à fait cohérent avec le fait de vouloir endiguer la violence dans ces lieux. Mais ont-ils-elles les outils suffisants pour travailler?

Comme nous l'avons vu, le risque de mener une prévention ciblée sur les auteur-e-s ou les victimes est que ces dernier-ères soient ensuite étiqueté-e-s et mis-es à l'écart. De ce fait, il serait préférable de faire de la prévention générale avec une meilleure formation des professionnel-le-s, afin que la détection soit plus efficiente. Ensuite, au cas par cas, de proposer des soutiens personnalisés à chaque protagoniste qu'il-elle soit victime ou auteur-e afin de l'accompagner, de l'aider à conscientiser et développer ses propres ressources pour sortir de ce cercle de la violence.

Dans cette perspective, la collaboration avec les infirmier-ères scolaires des établissements est tout à fait pertinente, car d'une part il est probable qu'elle-il puisse être la personne qui constate des stigmates de violence. D'autre part, l'infirmier-ière reste une intermédiaire de qualité quant à la prise en charge au niveau de la santé, notamment au niveau des consommations d'alcool et de cannabis. Pour rappel, la consommation de produits augmente le risque de vivre ou de commettre de la VRA. Les infirmier-ères ont un rôle non négligeable à jouer dans le cadre de la prévention(Bernèche, 2014).

Une collaboration pluridisciplinaire entre l'enseignant-e, l'infirmier-ère et la-le professionnel-le du travail social pourrait renvoyer un message clair et sécurisant aux jeunes, qu'ils-elles vivent une situation difficile ou non. Les adolescent-e-s doivent pouvoir se référer à un-e adulte, d'autant plus s'ils-elles ne peuvent pas en parler et trouver du soutien auprès de leur famille.

De ce fait, nous nous demandons si la prévention des violences, plus précisément la violence au sein du couple adolescent, mais aussi adulte, devrait être mise en place dès l'école primaire ? Si l'éducation sexuelle commence au niveau primaire, pourquoi la prévention de la violence doit-elle attendre le secondaire, sachant que les répercussions sur la santé peuvent être aussi importantes que celles en lien avec la santé sexuelle?

A ce jour, en Suisse, la prévention concernant les violences est faite dans les écoles principalement à partir du niveau secondaire. Si l'on se réfère aux recommandations expliquées plus-haut, la prévention devrait être mise en place le plus tôt possible afin d'espérer un maximum d'impact.

De plus, comme nous l'avons vu, un-e enfant vivant une problématique de violence, aura de la peine à se concentrer, aura de moins bons résultats et sera plus à risque de le répéter plus tard.

P a g e 47 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Conclusion

« La violence nuit gravement à l'amour» (Campagne jurassienne contre la VRA, 2007). La violence dans les relations amoureuses est nocive pour les adolescent-e-s. Ce travail a l'ambition de mettre en lumière cette problématique peu connue. Une violence qui se manifeste au travers des violences psychologiques, physiques et sexuelles, dont les mécanismes ne sont pas identiques à de la violence conjugale. Une violence qui, comme chaque maladie, trouve ses origines parmi différents domaines: psychologiques, biologiques et sociaux. Nous avons mis en évidence les facteurs de risque et de protection permettant de mieux saisir les impacts possibles. Toutefois, il est important de ne pas minimiser cette problématique et de ne pas tomber dans le déterminisme. La violence dans les relations amoureuses n'a pas de culture, ni de classe sociale.

Nous espérons avoir mis en avant les apports et les limites qui concernent cette thématique.

La problématique de la VRA chez les adolescent-e-s comporte plusieurs obstacles. Il n'est pas aisé de définir des violences qui s'inscrivent dans le monde de l'enfance et dans le monde des adultes. En nous intéressant au cadre légal, nous ouvrons bon nombre de textes législatifs suisses, mais également des conventions internationales, mais force est de constater qu'il n'y a pas une base légale spécifique.

La violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s n'est pas propre à de la violence juvénile, ni à de la violence conjugale. Tout comme le sont les adolescent-e-s, ils-elles ne sont plus des enfants, mais pas encore des adultes. Une violence qui intervient entre l'enfance et l'âge adulte. Cela explique peut-être que cette problématique ait échappé aux radars des professionnel-le-s de plusieurs domaines y compris le travail social. Pourtant, la recherche en sciences sociales s'y intéresse, mais l'intérêt récent que suscite ce thème engendre des données contradictoires et disparates. A ce jour, les recherches quantitatives existent, mais les qualitatives sont plus rares. Il est important d'augmenter le travail préventif directement avec le public cible par le biais d'entretiens ou de groupes de discussion. De plus, il manque de méta-analyses, mais également d'évaluation des programmes de prévention.

Si la VRA chez les adolescent-e-s manque de visibilité, il est prouvé que la violence a des impacts directs et indirects sur le développement des jeunes. De surcroît, les risques de perpétration et de victimisation peuvent s'accroitre sans une prise en charge adaptée. La violence n'est pas une compétence, il est important que les adolescent-e-s trouvent une autre issue pour résoudre leurs conflits et/ou exprimer un mal-être plus profond. Comment peut-on intervenir auprès de ces jeunes qui évoluent essentiellement auprès de leurs pair-e-s?

Ce travail a mis en en lumière le rôle des professionnel-le-s du travail social face à cette problématique. Ce rôle n'est pas restreint et se déploie sous de multiples formes. Les travailleuses sociales et travailleurs sociaux peuvent s'investir dans la prévention autant dans l'accompagnement individuel que dans la collectivité. Il en va de même pour la prise en charge, si un-e jeune se confie sur sa relation amoureuse, le-la professionnel-le ne doit pas minimiser celle-ci et pouvoir conseiller et détecter des violences que l'adolescent-e ne sera peut-être pas en capacité d'interpréter. Il est important de considérer tous les champs de possibles. Une prise en charge adéquate considère tous les domaines (suivi psychologique et/ou psychiatrique, judiciaire, groupe de paroles, enseignement, etc.). Cette pluridisciplinarité est essentielle, elle permet un accompagnement et une prise en charge complète, mais surtout, elle ouvre des portes supplémentaires qui favorisent la visibilisation de cette problématique.

Les professionnel-le-s du travail social peuvent également participer à la déconstruction des stéréotypes liés au genre. Comme nous l'avons évoqué, la VRA chez les jeunes peut trouver ses origines dans les préconstruits culturels qui sont attribués aux hommes et aux femmes. Les professionnel-le-s

P a g e 48 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

doivent être vigilant-e-s pour ne pas renforcer cette adhésion aux normes socio-construites. Ce thème serait d'ailleurs un objet d'étude intéressant et d'actualité.

La violence dans les relations amoureuses à l'adolescence peut être envisagée sous différents focus. Ce travail s'est concentré pour l'essentiel sur les relations amoureuses violentes hétérosexuelles chez les adolescent-e-s. Nous avons fait ce choix afin d'apporter un éclairage supplémentaire sur cette période charnière du passage du monde de l'enfance à celui du monde adulte, qui représente un véritable chamboulement pour chaque individu. Il serait tout aussi important, afin de pouvoir mieux étayer le sujet de la violence au sein des relations, de s'intéresser aux adulescent-e-s (18-24 ans), qui représentent une population tout aussi fragile qui est également en quête dans sa construction identitaire et aussi, à la violence dans les relations amoureuses homosexuelles chez les jeunes et chez les adultes.

Nous avons survolé les enjeux liés à la démocratisation et l'emploi très fréquent des technologies de l'information et de la communication (TIC) par les adolescent-e-s, notamment par le biais des réseaux sociaux. L'emploi de ces différentes plateformes amplifie le risque de victimisation et de perpétuation de la violence. Une analyse plus détaillée de ce phénomène participerait à étayer la VRA chez les jeunes.

La violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s est un sujet complexe. C'est un sujet de niche, mais il existe néanmoins des solutions que les travailleurs sociaux et travailleuses sociales peuvent proposer, initier et construire; c'est l'une des missions du travail social.

P a g e 49 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Références bibliographiques

Amnesty International (s.d.). Violence conjugale. Qu'est-ce que la violence conjugale?

Récupéré de https://www.amnesty.be/campagne/droits-femmes/les-violences-
conjugales/article/violence-conjugale

Avenir Social. (2010). Code de déontologie du travail social en Suisse: Un argumentaire pour la pratique des professionnel-le-s. Berne, Suisse : Avenir Social.

Baudet, T. & Rezzoug, D. (2018). Troubles liés aux traumatismes chez les enfants. La Revue du praticien. 68. 307-311. Récupéré de https://www.larevuedupraticien.fr/article/troubles-lies-aux-traumatismes-chez-les-enfants

Bernèche, F. (2014, mai) La violence dans les relations amoureuses chez les jeunes: des liens avec certains comportements à risque? Institut de la statistique du Québec. Zoom santé (44). Récupéré de http://www.stat.gouv.qc.ca/statistiques/sante/bulletins/zoom-sante-201405-44.pdf

Breton, A. (2019). C'est pas ça l'amour. Les violences amoureuses à l'adolescence. Tournai, Belgique : Formbox.

Bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes - BFEG. (Juin, 2020). Feuilles d'informations spécifiques à la violence domestique - 4 B. La violence dans les relations de couple entre

jeunes. Berne: Confédération suisse. Récupéré de
https://ebg.admin.ch/efg/fr/home/documentation/publications-en-général/publactions-violence.html

Bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes - BFEG. (Juin, 2020). Feuilles d'informations spécifiques à la violence domestique - A1. Violence domestique: définition, forme et

conséquences. Berne: Confédération suisse. Récupéré de
https://ebg.admin.ch/efg/fr/home/documentation/publications-en-général/publactions-violence.html

Bureau fédéral de l'égalité entre femmes et hommes - BFEG. (juin, 2020). Feuilles d'informations spécifiques à la violence domestiques - 6 A. Violence domestique: formes sexospécifiques et conséquences. Berne: Confédération suisse. Récupéré de file:///C:/Users/zo ni/AppData/Local/Temp/a6 formes-sexospecifiques-et-consequences-des-violences-domestiques.pdf

Cheseaux, J.-J., Duc Marwood, A., Romain Glassey, N. (2013). Exposition de l'enfant à des violences domestiques. Un modèle pluridisciplinaire de détection, d'évaluation et de prise en charge.

Revue Médicale Suisse. Récupéré de
https://www.revmed.ch/view/480537/403996/RMS idPAS D ISBN pu2013-07s sa02 art02.pdf

Clerc, K., Kuenzli, A., Hofner, M.-C. & Minore, R. (2017, février). Formation à l'animation du programme de prévention des violences et des comportements abusifs auprès des jeunes (documents à titre d'exemple). Sortir ensemble et se respecter (SE&SR). Récupéré de https://www.sesr.ch/fileadmin/userupload/FR/Autres/InformationsformationSEESR01.pdf

Cloutier, R. & Drapeau, S. (2015). Psychologique de l'adolescence (4ème éd.). Montréal, Canada: Chenelière.

P a g e 50 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Code civil suisse du 10 décembre 1907 (= CC, RS 210 ; état le 1er janvier 2021) Code pénal suisse du 21 décembre 1937 (= CP ; RS 311.0 ; état le 1er juillet 2021)

Conférence Suisse contre la Violence Domestique (2018). Approbation et mise en oeuvre de la Convention d'Istanbul. Récupéré de https://csvd.ch/bases-legales/suisse/

Convention d'Istanbul. (2011). Convention du Conseil de l'Europe sur la prévention et la lutte contre la violence à l'égard des femmes et la violence domestique (= RS 0.311.35.9). Récupéré de https://rm.coe.int/1680462533

Convention relative aux droits de l'enfant du 20 novembre 1989 (= RS 0.107 ; état le 25 octobre

2016)

Cottin, J. & Baudet, M. (2019). Comment les conseillères conjugales et familiales abordent-elles la santé affective et sexuelle auprès des adolescents? [Thèse de doctorat, Université d'Angers]

Récupéré de https://dune.univ-
angers.fr/fichiers/16010646/2019MCEM11644/presentation/11644P.pdf

Courtecuisse, V. (1996). Interactions entre violences agies et violences subies. Dans Rey, C. (dir.), Les adolescents face à la violence (pp. 13-24). Paris, France : Syros.

Cyrulnik, B. (2019, 24 janvier). Rencontre avec Boris Cyrulnik : « La résilience » [vidéo] In Les conférences. Youtube. https://youtu.be/bKfyNIRdVQU

Daligand, L. (2019). La violence conjugale (2ème éd.). Paris, France: Presses universitaires de

France.

De Puy, J., L. Hamby, S. & Monnier, S. (2013). Sortir ensemble et se respecter. Tout un

programme... In Des Nouvelles questions féministes, 32, 151-155.
https://doi.org/10.3917/nqf.321.0151

Dosil, M., Jaureguizar, J., Bernaras, E. & Burges Sbicigo (2020). Teen Dating Violence, Sexism, and Resilience : A multivariate Analysis. International Journal of environnemental research and public Health 17 (2652). Récupéré de https://www.mdpi.com/1660-4601/17/8/2652

Gagné, M.-H. & Lavoie, F. (1995). La violence physique et la maltraitance affectives dans les fréquentations chez un groupe d'adolescent(e)s. Revue canadienne de counseling 29. 26-36.

Récupéré de https://cjc-rcc.ucalgary.ca/article/view/58517/44016

Garcia, M., Rouchy, E., Soulet, E., Meyer. E. & Michel, G. (2015). De la prévention précoce des conduites antisociales, agressives et délictueuses chez l'enfant et l'adolescent: une revue systématique des programmes d'intervention. Sciences directes. Récupéré de https://doi.org/10.1016/j.amp.2019.02.003

Gerrig, R. & Zimbardo, P. (2008) Psychologie (18e éd.). Paris, France: Pearson Education.

P a g e 51 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Glowacz, F. & Courtain, A. (2017). Violences au sein des relations amoureuses des adolescents et jeunes adultes: une réalité à ne pas négliger. Champ pénal/Penal field, XIV. Récupéré de http://champpenal.revues.org/9582

Guedes, A. & Bott, S. (2009). Encourager la prévention primaire. ONU FEMMES. Centre de Connaissances Virtuel pour Mettre Fin à la Violence contre les Femmes et les Filles. Récupéré de https://www.endvawnow.org/fr/articles/318-encourager-la-prvention-primaire.html

Hébert, M., Lapierre, A., Lavoie, F., Fernet, M. & Blais, M. (2018). La violence dans les relations amoureuses des jeunes. Dans Laforest, J., Maurice, P., Bouchard, L.M. (dir.), Rapport québécois sur la violence et la santé pp. 98-129. Montréal : Institut national de santé publique du Québec. Récupéré de https://inspq.qc.ca/sites/default/files/publications/2380 chapitre-4.pdf

Heise, L. & Garcia-Moreno, C. (2002). La violence exercée par des partenaires intimes. In : Krug EG et coll. (éd.). Rapport Mondial sur Violence Santé pp. 87-121. Organisation mondiale de la santé.

Récupéré de
https://www.who.int/violenceinjuryprevention/violence/worldreport/en/chap4fr.pdf?ua=1

Juhem, P. (1995). Les relations amoureuses des lycéens. Sociétés contemporaines 21. Les mondes des jeunes pp. 29-42. Récupéré de https://doi.org/10.3406/socco.1995.1417

Junguenet, C. (s.d., mis à jour le 10 février 2012). Ado et porno: des liaisons vraiment dangereuses ?. Psychologies. Récupéré de https://www.psychologies.com/Famille/Ados/Sexualite-des-ados/Articles-et-Dossiers/Ado-et-porno-des-liaisons-vraiment-dangereuses/4

Khali, F. (2016, 10 mars). Les cicatrices neurologiques de la violence. Alma & Georges. https://www.unifr.ch/alma-georges/articles/2016/les-cicatrices-neurologiques-de-la-violence

Lafrenayse-Dugas, A.-J., Fernet, M., Hébert, M., Blais, M. & Godbout, N. (2021). Expérience amoureuse la plus difficile: Qu'en disent les garçons rapportant un vécu de violence physique dans leurs relations amoureuses? International Journal of Child and Adolescent Resilience/Revue https://doi.org/10.7202/1077721ar

Lessard, G., Montminy, L., Lesieux, E., Flynn, C., Roy, V., Gauthier, S. & Fortin, A. (2015). Les violences conjugales, familiales et structurelles : vers une perspective intégrative des savoirs, Enfances familles génération. Récupéré de http://journals.openedition.org/efg/425

Loi cantonale neuchâteloise du 5 novembre 2019 d'application sur la lutte contre la violence domestique (=LVD ; RSN 322.05 ; état au 1er janvier 2020)

Loi fédérale du 20 juin 2003 régissant la condition pénale des mineurs (=DPmin ; RS 311.1 ; état au 1er juillet 2019)

Loi fédérale du 23 mars 2007 sur l'aide aux victimes d'infractions (= LAVI ; RS 312.5 ; État le 1er janvier 2019)

P a g e 52 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Lucia, S., Stadelmann, S., Pin, S. (2018). Amour, sexualité et comportements violents ou abusifs au sein des jeunes couples. Dans Lucia, S., Stadelmann, S., Pin, S. Enquêtes populationnelles sur la victimisation et la délinquance chez les jeunes dans le canton de Neuchâtel (pp. 91-108). Lausanne: Institut universitaire de médecine sociale et préventive. Raisons de santé 288. http://dx.doi.org/10.16908/issn.1660-7104/288

Lucia, S., Stadelmann, S., Ribeaud, D. & Gervasoni, J.-P. (2015). Enquêtes populationnelles sur la victimisation et la délinquance chez les jeunes dans le canton de Vaud. Lausanne: Institut

universitaire de médecine sociale et préventive. Raisons de santé 250.
https://serval.unil.ch/resource/serval:BIBFA2A605C8F5C.P001/REF

Maïdi, H. (2014). Narcissime à l'adolescence. Journal de la psychanalyse de l'enfant 4. 123-140. Récupéré de https://doi.org/10.3917/jpe.007.0123

Melchiori, M. (2018). Parents, ados, on se détend ! Toutes les clés pour décoder nos ados et rester en lien. Paris, France : Flammarion.

Office fédéral de la statistique. (2021, 22 mars). Code pénal (CP) : Infractions de violence domestique et prévenus. Confédération suisse. https://www.bfs.admin.ch/bfs/fr/home/statistiques/criminalite-droit-penal/police/violence-domestique.assetdetail.15844465.html

Office fédérale des assurances sociales (2005, 5 septembre). Famille & Société. Violence envers les enfants - Concept pour une prévention globale. Confédération suisse. https://www.bsv.admin.ch/dam/bsv/fr/dokumente/kinder/studien/gewalt-gegen-

kinder praevention.pdf.download.pdf/violence envers lesenfantsconceptdeprevention.pdf

Organisation mondiale de la santé. (2002). Rapport mondial sur la violence et la santé. Récupéré de https://www:who.int/violence injury prevention/violence/world report/en/full fr.pdf

Organisation mondiale de la santé. (2021). Violence https://www.who.int/topics/violence/fr/

Papalia, D.E., Olds, S.W., & Felman, R. D. (2010). Psychologie du développement humain (7ème éd.). Montréal, Canada : Beauchemin.

Prévention Suisse de la Criminalité (2015). Péril en la demeure. Pourquoi la violence

domestique n'est pas une affaire privée? Récupéré de
https://www.skppsc.ch/fr/sujets/violence/violence-domestique/

Prévention Suisse de la Criminalité (s.d.). Violence. Violence juvénile. Récupéré de https://www.skppsc.ch/fr/sujets/violence/violence-juvenile

Prévention de l'enfance Suisse (s. d.). La protection des enfants contre la violence sexuelle sur Internet - prise de position sur la situation en Suisse. Récupéré de https://www.kinderschutz.ch/media/3dljsvke/la-protection-des-enfants-contre-la-violence-sexuelle-sur-internet-%C3%A2-prise-de-position-sur-la-situation-en-suisse.pdf

Rey, C. (1996). Les adolescents face à la violence. Paris, France : Syros.

Reybaud, A. (2021, 20 novembre). Je ne savais pas qu'on pouvait subir ça à l'adolescence»:

les violences conjugales touchent aussi les jeunes. Le Monde.

P a g e 53 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

https://www.lemonde.fr/campus/article/2021/11/20/je-ne-savais-pas-qu-on-pouvait-subir-ca-a-l-adolescence-les-violences-conjugales-touchent-aussi-les-jeunes61029074401467.html

Roman, P. (2016) La violence à l'adolescence, nouvelle scène des mauvais traitements dans l'enfance ?. Paediatrica 27(3). 26-27. Récupéré de https://www.paediatrieschweiz.ch/fr/la-violence-a-ladolescence-nouvelle-scene-des-mauvais-traitements-dans-lenfance/

Seidah, A., Bouffard, T. & Vezeau, C. (2004). Perceptions de soi à l'adolescence: différences entre filles et garçons. Enfance. 56. 405-420. https://doi.org/10.3917/enf.564.0405

Siksou, M. (2008). Georges Libman Engel (1913-1999) : Le modèle biopsychosocial et la critique du réductionnisme biomédical. Le Journal des psychologues. 260. 52-55. https://doi.org/10.3917/jdp.260.0052

Smith, M. D. & Donnelly, J. (2000). Adolescent Dating violence. Journal of prevention&amp ; Intervention in the Community 21(1). 53-64. https://doi.org/10.1300/J005v21n0104

Taylor, S., A. Calkins, C., Xia, R. & L. Dall. (2017). Adolescent Perception of Dating violence : A qualitative Study. Faculty Publications, Departement of Child, Youth, and family studies. 181. Récupéré de https://digitalcommons.unl.edu/cgi/viewcontent.cgi?article=1188&context=famconfacpub

Théorêt, M. (2005). La résilience, de l'observation du phénomène vers l'appropriation du concept par l'éducation. Revue des sciences de l'éducation, 31(3), 633-658. Récupéré de https://doi.org/10.7202/013913ar

Tilmant, J. (2019). Définitions. Dans. J. Tilmant, Du trauma à la résilience (pp. 15 - 21). Nîmes, France: Champ social. https://www.cairn.info/du-trauma-a-la-resilience--9791034604814-page-15.html

UNICEF. (1989). Convention relatives des droits de l'enfant. Récupéré de file:///C:/Users/zoni/AppData/Local/Temp/un-kinderrechtskonventionfr-1.pdf

Violence que faire? (2011-2021). Violence dans les couples LGBTIQ+. https://www.violencequefaire.ch/fr/zooms/violence-dans-les-couples-lgbt

Winter, J. (2001). Le grand amour. La lettre de l'enfance et de l'adolescence, 19-26. Récupéré de https://doi.org/10.3917/lett.045.26

Zimmermann, G., Barbosa Carvalhosa, M., Sznitman, G., Van Petegem, S., Baudat, S., Darwiche, J., Antonietti, J.-P. & Clémence, A. (2017). Conduites à risque à l'adolescence : manifestations typiques de construction de l'identité ? NecPlus. Enfance, 2(2), 239-261. https://doi.org/10.3917/enf1.172.0239

P a g e 54 | 62

P a g e 55 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Annexes

Annexe 1 : Grille d'extraction

Thèmes

Axes

Dimensions

Sous-dimensions

Contenu

Violence dans les relations amoureuses chez les adolescent-e-s

Généralité

 
 
 

mécanisme

 
 

Genre

 

compréhension

Adolescent-e-s

 

Fille

 

garçon

 

Physique

subie

générale

 

Chez les filles

 

Chez les garçons

 

infligée

générale

 

Chez les filles

 

Chez les garçons

 

Psychologique

subie

générale

 

Chez les filles

 

Chez les garçons

 

infligée

générale

 

Par les filles

 

par les garçons

 

Sexuelle

subie

générale

 

Chez les filles

 

Chez les garçons

 

infligée

générale

 

par les filles

 

par les garçons

 

P a g e 56 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Thèmes

Axes

Dimensions

Sous-dimensions

Contenu

Complexité de la VRA

Biologique

Général

 
 

Capacité physique

 
 

Invalidité

Sexualité

Traumatisme

Facteurs endocriniens

 
 

Prédisposition génétique

 
 

Psychologique

Général

 
 

Estime de soi

 
 

Capacité d'adaptation

 
 

Maladie/troubles

 
 

Identité personnelle

 
 

Relation avec les parents (Fratrie)

 
 

Comportements
sexualité

 
 

Consommation (alcool
et cannabis)

 
 

Social

Général

 
 

Pair-e-s

 
 

Système de valeurs

 
 

Lié au genre

 

Contexte familial

 
 

Ecole

 
 

Loisirs

 
 

Niveau socio-
économique

 
 

P a g e 57 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Thèmes

Axes

Dimensions

Sous-dimensions

Contenu

Manque de visibilité de la VRA

Recherche

Type

Quantitatives

 

Qualitatives

 

Longitudinales

 

Enquêtes
populationnelles

 

Pluridisci-
plinaire

Société

 
 

Travail social

 
 

Santé, médecine

 
 

Education

 
 

Société

Général

Autre

 

Thèmes

Axes

Dimensions

Sous-dimensions

Contenu

Champs d' intervention

Prévention

Universelle

 
 

Moyen outil

 

Ciblée

 
 

Outil/moyen

 

Spécifique

 
 

Outil/moyen

 

Prise en charge

Professionnel-l-e-s

 
 

Famille

 
 

Amis

 
 

Associations

 
 

Santé, médecine

 
 

École obligatoire

 
 

Ecole professionnelle, postobligatoire

 
 

pénal

 
 

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Annexe 2 : Fiche pratique - les formes de violence

LES FORMES DE VIOLENCE

PSYCHOLOGIQUE

O Il-elle veut toujours savoir où je suis, avec qui et ce que je fais.

O Il-elle a accès à mes réseaux sociaux.

O Il-elle me harcèle par téléphone, m'envoie beaucoup de textos.

O Il-elle m'humilie devant les autres.

O Il-elle invente des rumeurs sur moi.

O Il-elle me critique souvent.

VERBALE

O Il-elle m'insulte.

O Il-elle fait du chantage quand il-elle veut quelque chose.

O Il-elle me crie dessus.

O Il-elle me menace.

PHYSIQUE

O Il-elle me bloque le passage quand je veux partir.

O Il-elle me lance des objets pour me blesser.

O Il-elle me tire les cheveux.

O Il-elle me donne des coups.

O Il-elle frappe dans les murs pour me faire peur.

SEXUELLE

O Il-elle m'oblige à avoir un rapport sexuel.

O Il-elle me force à regarder des images pornographiques.

O Il-elle fait du chantage pour que j'accepte tout acte sexuel.

O Il-elle ne cesse pas un acte sexuel malgré ma volonté d'arrêter.

(c) Breton (2019). C'est pas ça l'amour. p.148

P a g e 58 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Annexe 3 : Fiche pratique - relation saine vs relation toxique

RELATION SAINE VS RELATION TOXIQUE

MES DROITS

q Décider de qui je veux fréquenter.

q Avoir des opinions et des goûts différents de ceux de mon-ma partenaire.

q Avoir mes croyances, mes valeurs.

q Conserver mes relations avec mes ami-e-s, ma famille.

q Exiger du respect.

q Exprimer mon désaccord.

q Exprimer mes goûts.

q Mettre mes limites.

q Mettre fin à une relation lorsque je le désire.

MES RESPONSABILITÉS

q Considérer l'autre comme mon égal.

q Considérer autant l'opinion de l'autre que la mienne.

q Admettre mes torts et mes erreurs.

q Respecter les limites de l'autre.

q Préserver ce qui est important pour moi.

LES SIGNES D'UNE RELATION SAINE

q Je suis écouté-e.

q Je suis respecté-e.

q Je suis moi-même dans cette relation.

q Je me sens en sécurité.

q Mon-ma partenaire tient compte de mes besoins.

LES SIGNES D'UNE RELATION TOXIQUE

q Je suis contrôlé-e : mon-ma partenaire me dit ce que j'ai le droit de faire, comment je dois m'habiller, il-elle décide à ma place des ami-e-s que je peux voir, il-elle vérifie où je suis, ce que je fais et avec qui...

q Je me sens humilié-e : mon-ma partenaire m'insulte, il-elle me rabaisse, il-elle me met mal à l'aise devant d'autres personnes, il-elle ne respecte pas mes opinions...

q Il-elle est imprévisible : j'ai l'impression de marcher sur des oeufs, il-elle se met en colère rapidement, mais je ne sais pas pourquoi, j'ai toujours peur de mal agir...

(c) Breton. (2019). C'est pas ça l'amour. p.147.

Page 59 | 62

P a g e 60 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

Annexe 4 : Fiche pratique - les signes de la violence

Faites le test

LES SIGNES DE LA VIOLENCE

Suis-je victime de comportements violents?

OUI NON

· J'ai peur de ses réactions. O O

· Il-elle critique sa façon de m'habiller. O O

· Je ne peux pas parler à quelqu'un sans son accord. O O

· Je me sens triste et seul-e. O O

· Il-elle veut toujours savoir ce que je fais, avec qui je suis et où je suis. O O

· Si je ne réponds pas assez vite à ses messages, il-elle s'énerve. O O

· Il-elle a toujours une excuse pour justifier son comportement. O O

· Il-elle exerce une pression sur moi pour avoir un rapport sexuel. O O

· Il-elle m'insulte et me crie dessus. O O

· Il-elle menace de se suicider si je mets fin à notre relation. O O

Suis-je responsable de comportements violents?

 
 

OUI

NON


·

Je le-la surveille tout le temps.

O

O


·

Je l'empêche de voir certaines personnes.

O

O


·

Je critique sa façon de s'habiller.

O

O


·

J'ai accès à tous ses réseaux sociaux.

O

O


·

Je l'insulte et je lui crie dessus.

O

O


·

Je l'humilie devant les autres.

 
 


·

Je veux toujours ou il-elle est et ce qu'il-elle fait.

O

O


·

Je fais pression sur lui-elle pour avoir un rapport sexuel.

O

O


·

Je critique son entourage.

O

O


·

Je lui envoie des messages et l'appelle à répétition.

O

O


·

Je le-la dévalorise.

O

O

Suis-je témoin de comportements violents?

 
 

OUI

NON


·

Il-elle est toujours en train de le-la comparer aux autres.

O

O


·

Il-elle contrôle ses allées et venues.

O

O


·

Il-elle fait des crises de jalousie.

O

O


·

Il-elle ne supporte pas qu'il-elle sorte avec ses ami-e-s.

O

O


·

Il-elle trouve toujours des excuses pour justifier son comportement.

O

O


·

Il-elle semble mal à l'aise en sa présence.

O

O


·

Il-elle annule toujours nos sorties au dernier moment.

O

O


·

Il-elle est toujours triste.

O

O


·

Il-elle a arrêté de me parler sans raison.

O

O

(c) Breton (2019). C'est pas ça l'amour. p.150

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s. Annexe 5 : La jalousie ce que les adolescent-e-s en disent

TU PENSES QUE C'EST NORMAL D'ÊTRE JALOUX OU JALOUSE LORSQU'ON EST EN COUPLE ?

§ Oui, pour moi c'est normal que mon copain puisse être jaloux, mais tout dépend du degré de jalousie. Fille n° 1, France.

§ Je ne pense pas que cela soit normal dans tous les couples, mais cela peut être dû à un manque de confiance en soi de la part de la personne jalouse. Fille n° 2, France

§ Un minimum oui, mais pas plus. Fille n° 4, France

§ Non, je crois que la jalousie n'est pas une forme d'amour. Les deux personnes en couple devraient avoir confiance en l'autre. Fille n° 6, France

§ Pas forcément; on peut ne pas être jaloux, mais voir sa copine ou son copain avec un-une autre, ça nous fait toujours mal et je pense que ça, c'est de la jalousie. Garçon n° 1, France.

§ Pas obligatoirement; tout dépend de comment est la personne, mais la jalousie est toujours présente dans un couple, de différentes manières. Garçon n° 2, France.

§ Oui, car si le garçon va voir une autre fille, sa copine est jalouse. Garçon n° 4, France

§ Moi, je trouve que c'est normal, ça montre à l'autre qu'on tient vraiment à lui. Fille n° 13, Québec

§ Elle est toujours jalouse avec moi, elle peut me faire confiance, mais des fois, c'est un peu énervant. Garçon n° 7 Québec

§ Moi, je pense qu'on peut être jaloux, mais tout dépend de l'intensité et de la situation. Quand on est amoureux, ça arrive d'être jaloux, mais faut pas non plus que ça soit excessif. Fille n° 14, Québec

§ Oui et non, car il faut quand même faire confiance à l'autre et surtout à soi-même. Garçon n° 17, Belgique

§ Je trouve ça normal, cela prouve que la personne compte pour nous, mais il ne faut pas l'être de trop. Garçon n° 21, Belgique

§ Bien sûr, mais pas à tout lui interdire. Garçon n° 23, Belgique

§ D'après moi, non, car il doit y avoir cette confiance, mais l'humain aime bien créer des sentiments qui n'ont pas lieu d'être. Garçon n° 27, Belgique

§ Pour moi, être jaloux c'est excessif. Je dirai que la possession, elle a sa place, mais pas la jalousie. Fille n° 17, Belgique.

§ Il y a une limite à tout ça ; si ça reste dans le cadre du respect de l'autre, c'est normal. Fille n° 19, Belgique

§ Oui, totalement, ça prouve son attachement à l'autre et son amour pour lui, il ne faut pas aller dans l'abus, mais c'est normal. Fille n° 20, Belgique

§ Oui, c'est normal, mais il y a certain «niveaux» de jalousie. On peut être jalouse, mais il ne faut pas trop l'être, il ne faut pas empêcher l'autre de vivre sa vie. Fille n° 23, Belgique

§ Cela peut être normal à petite dose, mais si cela est beaucoup trop, non. Fille n° 25, Belgique

§ Oui, car il n'y aurait pas d'amour. La confiance est autre chose. Fille n° 27, Belgique.

§ Oui. La jalousie prouve certaines choses, comme la force des sentiments. Fille n° 30, Belgique.

Page 61 | 62

Adolescence, amour et violence. Prévenir la violence au sein des relations amoureuses chez les adolescent-e-s.

PENSES-TU QUE LA JALOUSIE EST UNE PREUVE D'AMOUR ?

§ Je pense que la jalousie peut faire partie d'une preuve d'amour. Fille n° 1, France.

§ Selon moi, c'est à la fois une preuve d'intérêt et d'attachement, mais aussi de possession, un manque de confiance en soi ou envers le-la partenaire. Fille n° 2, France

§ Non, plutôt une sorte de « marque d'appartenance » à la personne avec qui nous sommes en couple. Fille n° 3, France.

§ Oui, cela prouve que l'on tient à la personne. Fille n° 10, France

§ Pour certaines personnes, je pense que oui, mais pas dans mon cas. Ou alors de la jalousie minime, pas des interdictions ou autres. Garçon n° 1, France

§ Oui, cela peut montrer à la personne avec qui on est que nous l'aimons, mais tant que la jalousie ne dépasse pas certaines limites. Garçon n° 2, France

§ Oui, elle est une preuve d'amour. Garçon n° 6, France

§ Pour moi, c'est une façon de montrer à l'autre qu'on l'aime et qu'on a peur de la perdre. Garçon n° 7, Québec

§ Oh oui ! Fille n° 13, Québec

§ Moi, ne je suis pas d'accord. Oui, on peut être jaloux en étant en couple, mais ça prouve rien du tout ! Fille n° 14, Québec

§ Oui, mais il ne faut pas que cela devienne une « jalousie excessive ». Fille n° 18, Belgique

§ Oui, ça démontre un attachement, mais si ça va trop loin, je ne considère plus ça comme de l'amour. Fille n° 19, Belgique

§ Oui, mais pas dans d'abus. Fille n° 22, Belgique

§ Oui, c'est une preuve d'amour, ça montre bien qu'on est attaché à la personne et qu'on a peur de la perdre. Fille n° 23, Belgique

§ Pas forcément, cela dépend de l'égo et l'estime de soi de chacun. Fille n° 25, Belgique

§ Oui, car on aime la personne. Fille n° 26, Belgique

§ Oui, car ça prouve qu'il tient à nous. Non, car c'est un manque de confiance. Fille °29, Belgique

§ Ça peut être une preuve d'amour, mai il ne faut pas en abuser. Fille n° 30, Belgique

§ Pas forcément, on peut être jaloux en amitié aussi. Garçon n° 21, Belgique

§ Oui, mais elle peut aussi être signe de manque de confiance. Garçon n° 24, Belgique

§ Non, je pense surtout que c'est une preuve de manque de confiance en soi ! Garçon n° 27, Belgique

(c) Breton (2019). C'est pas ça l'amour. p.116-118.

Page 62 | 62






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"