1.2.2 Structure de quelques ouvrages
antiérosifs
Conserver les eaux et les sols sous-entend une lutte contre
l'érosion. Ainsi lutter contre l'érosion, c'est rechercher un
équilibre entre le sol, l'eau et la végétation. La gestion
durable de l'environnement et de l'aménagement des différentes
unités du paysage requièrent des techniques dites de CES pour la
Conservation des Eaux et des Sols puis de la Défense et la Restauration
des Sols (DRS), quand on se met dans une approche plus globale (Houssou, 2019).
Ainsi ces techniques CES/DRS permettent aux populations de gérer
efficacement leurs écosystèmes et d'aménager leurs espaces
de production.
A cet effet, les techniques de conservation des eaux et des
sols à promouvoir auprès des producteurs/groupes cibles doivent
être en adéquation avec les différentes facettes
topographiques qui caractérisent une unité hydrologique. On
retiendra donc que :
Dans les zones de plateau à faibles pentes, les
techniques de l'évitement du ruissellement sont à
privilégier notamment les reboisements, les techniques culturales et les
bassins de stockage ;
Dans les zones de versant à pentes fortes, les
techniques à promouvoir sont celles consistant à ralentir le
ruissellement : bandes enherbées, haies antiérosives, diguettes,
sacs de sable, cordons pierreux, fascines ;
Au niveau des zones de vallée à pentes faibles,
les techniques de captage de l'eau de ruissellement sont convenables pour
conserver les eaux et les sols. On peut citer le bassin de décantation
/stockage ou retenue d'eau, les techniques de protection des berges.
Dans la présente rubrique, nous présenterons la
structure de quelques méthodes antiérosives : ? Bandes
enherbées
Selon Alamou et al (2019), ce sont des bandes
constituées d'herbacées, installées suivant les courbes de
niveau dans les champs, seules ou en amont d'ouvrages antiérosifs. Les
herbes pérennes sont préférées parce que leurs
systèmes racinaires peuvent rester au sol toute l'année. Elles
permettent de freiner les eaux de ruissellement et de favoriser leur
infiltration et le dépôt de sédiments provenant de l'amont
de la bande. Les vétivers (vetiveria zizanoides)
sont largement utilisés (photo 5), de même que le
Cymbopogon citratus (la citronnelle).
Etude de la mise en place et de l'efficacité des
mesures antiérosives dans la commune de Zagnanado : cas des diguettes
végétalisées et des fascines
Réalisé par AKABASSI-TOGAN Geoffroy Page 13
Photo 5 : Haie antiérosive de vétiver
réalisée dans le village de Dovi
(Zagnanado) Cliché: Akabassi-Togan, 2020
La photo 5 illustre la technique CES basée sur
l'installation des vétivers. On plante des rejets dans les zones de
passage d'eau (les creux) ou en amont et aval pour empêcher
l'érosion due au ruissellement et pour fixer les sédiments. C'est
un dispositif installé transversalement à la pente du terrain.
? Cordons pierreux
Les cordons pierreux sont des dispositifs antiérosifs
(photo 6) composés de blocs de moellons ou de pierres disposés en
une ou plusieurs rangées, le long des courbes de niveau. Ce sont des
ouvrages filtrants qui brisent la force des eaux de ruissellement tout en
laissant passer les excès d'eau dans le but d'éviter des
concentrations d'eau en amont ou de provoquer un écoulement plus lent
des eaux en aval.
Photo 6 : Cordons pierreux réalisé sur
une agglomération dans la commune de
Zagnanado
Cliché : Akabassi-Togan, 2020
Etude de la mise en place et de l'efficacité des
mesures antiérosives dans la commune de Zagnanado : cas des diguettes
végétalisées et des fascines
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Cette photo 6 illustre la technique de conservation des eaux
et des sols pratiquée sur des parcelles avec des pierres ou moellons
disposés perpendiculairement et simplement posées sur le sol.
? Fascines en bois
Cet aménagement linéaire simple joue un
rôle de filtre en piégeant les débris organiques, les
sables et les limons transportés par le ruissellement. Il permet aussi
de limiter l'érosion sur plusieurs dizaines de mètres en aval en
diminuant la vitesse de l'eau. La technique consiste à positionner des
fagots entre deux rangées de pieux afin de réaliser un
écran de branchages en travers du ruissellement (photo 7). Cet obstacle
perméable freine les ruissellements sans créer de zone inondable.
Le bois utilisé pour réaliser une fascine peut être mort ou
"vivant". Pour sécuriser les pieux contre les termites, on les plonge
d'abord dans l'huile de vidange.
Photo 7 : Fascine en bois pratiquée dans la
commune de Zagnanado
Cliché : Akabassi-Togan, 2020
La photo 7 illustre la technique CES portant sur les fascines
en bois pratiquées dans le secteur d'étude. Elle présente
une fascine en bois réalisée à partir des tiges
d'Eucalyptus ou branches de palmier disposées côte à
côte à des écartements relativement faibles pour freiner
les ruissellements.
? Sacs de sable
Ils sont aussi des dispositifs antiérosifs
composés de sable enfoui dans des sacs de jute ou d'engrais
disposés en une ou plusieurs rangées, perpendiculairement au lit
de ruissellement
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végétalisées et des fascines
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(Photo 8). Ils ralentissent la force des eaux de ruissellement et
provoquent un écoulement plus lent des eaux en aval.
Photo 8 : Sacs à sable pratiqués dans la
commune de Zagnanado Cliché : Akabassi-Togan,
2020
La photo 8 prise lors des enquêtes de terrain à
Dovi, illustre les pratiques endogènes de lutte contre le
ruissellement.
? Barrières en bois
Ce sont également des dispositifs antiérosifs de
correction des ravines. Ils consistent à disposer les troncs d'arbres
morts ou vifs dans les ravines pour freiner un tant soit peu l'eau de
ruissellement (photo 9).
Photo 9 : Troncs d'arbre posés dans un ravin
à Dovi dans la commune de Zagnanado
Cliché : Akabassi-Togan, 2020
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mesures antiérosives dans la commune de Zagnanado : cas des diguettes
végétalisées et des fascines
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La photo 9 illustre l'utilisation des troncs d'arbre
disposés perpendiculairement au trajet de l'eau.
? Diguettes
Les diguettes en terre sont des ouvrages dits d'absorption
totale. Elles sont pratiquées surtout dans le cadre des
aménagements hydro agricoles. La diguette retient totalement l'eau de
ruissellement et les matières organiques. Seul l'excès d'eau qui
déborde la hauteur du dispositif ou passe par les évacuateurs de
"crue" n'est pas retenu. En interceptant et en retenant le ruissellement, les
diguettes augmentent l'infiltration de l'eau dans le sol, améliorent
l'humidité du sol et dans une faible mesure, rechargent les nappes
souterraines peu profondes. Ces diguettes en terre sont très efficaces
pour réduire l'érosion et piéger les sédiments en
suspension, ce qui a un effet fertilisant (Photo 10).
Photo 10 : Diguette réalisée dans un
champ dans le village Houégbo-Aga (commune de
Zagnanado)
Cliché : Akabassi-Togan, 2020
La Photo 10 illustre la technique CES portant sur les
diguettes pratiquées dans le secteur d'étude dans le but de
conserver l'eau pour les cultures et de réduire le flux hydrique dans
les champs de la BMVO.
? Plantations forestières ou
reboisement
Pour diminuer les effets de ruissellement, le paysan cultive
des arbres fruitiers (orangers, manguiers et aussi des bananiers) sur les
rebords des champs ou de part et d'autre du drain des petites et moyennes
ravines pour stabiliser le sol et diminuer l'érosion à l'aide du
système
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végétalisées et des fascines
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racinaire de ces plantes (Photo 11). Cette stratégie de
l'agroforesterie constitue d'ailleurs un complément alimentaire et une
source complémentaire de revenu par leur fruit et subvient aux besoins
du paysan. Des essences forestières comme le teck (Tectona
grandis), l'eucalyptus (Eucalyptus camaldulensis), le palmier
à huile (Elaies guineensis), sont aussi plantées comme
des stratégies de réponse antiérosive face aux
phénomènes de ruissellement et d'érosion.
Photo 11 : Plantation de bananeraie et de palmiers
installés dans les ravines Source :
OmiDelta Rapport BMVO definitif, 2019
? Techniques agronomiques
Ce sont des stratégies utilisées
généralement par les agriculteurs en général pour
réduire la dégradation des sols de culture, restaurer les sols
dégradés, conserver au mieux l'eau dans les parcelles au service
des cultures. Parmi ces techniques nous pouvons citer entre autres les
assolements rotations, le paillage, le mulching, la plantation de
légumineuse (mucuna) (Photo 12), les labours suivant les courbes de
niveau ou perpendiculaires à la pente, la jachère etc.... Le
projet ProSol intervient dans ce sens dans plusieurs villages dans le secteur
d'étude. Pour les populations, ces mêmes stratégies sont
développées lors de la survenance des inondations aussi bien
pluviales que fluviales et surtout dans les zones de contrebas et de plaines
inondables.
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mesures antiérosives dans la commune de Zagnanado : cas des diguettes
végétalisées et des fascines
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Photo 12 : Technique de paillage du sol sur une
parcelle de culture de piment Cliché :
Akabassi-Togan, 2020
? Bassins de stockage en amont
Il est possible de construire dans la limite des moyens
financiers, des bassins de stockage en amont. Les eaux collectées
pourront servir à d'autres usages dans la communauté. Lorsque la
pluviométrie est insuffisante, il est intéressant de collecter
l'eau et de la diriger vers les plantes surtout en période de
rareté pour améliorer leur performance. On peut évoquer
les micro-retenues d'eau (Photo 13). Les citernes peuvent être aussi
exploitées pour capter en amont les eaux de pluie afin de réduire
quelque peu la masse d'eau de ruissellement.
Photo 13 : Construction d'une micro-retenue dans la
Commune de Zè Cliché : Akabassi-Togan, 2020
La figure 2 résume les techniques de conservation des eaux
et des sols à promouvoir au regard de différentes facettes
topographiques.
Etude de la mise en place et de l'efficacité des
mesures antiérosives dans la commune de Zagnanado : cas des diguettes
végétalisées et des fascines
Zone de vallée
Pentes faibles
Capter le
ruissellement
Zone de versant
Pentes fortes
ruissellement
Bandes enherbée
Haies anti-érosives
Sacs de sable
Cordons pierreux
Fascines
collinaire
Zone de plateau
Pentes faibles
Eviter le
ruissellement
Bassin de décantation
/stockage
des berges
Reboisement
Techniques culturales
Bassin de stockage
Ralentir le
d'évapotranspiration
Réalisé par AKABASSI-TOGAN Geoffroy Page 19
Protection
Retenue
Forêt
Figure 2 : Techniques de conservation des eaux et des
sols et différentes facettes
topographiques
Source : OmiDelta Rapport BMVO
definitif, 2019
En somme, après nos observations et enquêtes de
terrain réalisées, nous remarquons donc que le
phénomène d'érosion hydrique a créé des
impacts néfastes sur les exploitations paysannes par la
dégradation des sols, la baisse de la fertilité et entrainant du
coup une faible productivité agricole. La manifestation et
l'évolution de l'érosion dépendent des facteurs qui le
favorisent. Afin de mieux préserver les champs agricoles, il importe de
prendre des mesures pour lutter contre le phénomène. La mise en
place des techniques de lutte antiérosive dépendra des
différentes facettes topographiques. On note également que,
plusieurs initiatives ont été entreprises par divers acteurs pour
la conservation des eaux et des sols en mettant en oeuvre des techniques de
restauration.
Dans le chapitre suivant, nous présenterons la
structure d'accueil, le milieu d'étude et la méthodologie
adoptée pour étudier l'érosion hydrique.
Etude de la mise en place et de l'efficacité des
mesures antiérosives dans la commune de Zagnanado : cas des diguettes
végétalisées et des fascines
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