Introduction
Depuis 1970, l'Afrique de l'Ouest connaît une baisse des
précipitations qui a eu des répercussions sur les ressources en
eau superficielle et les écosystèmes (Olivry, 1983). Au
Bénin, la pêche continentale, principale source de la production
nationale halieutique (80%), fait l'objet d'utilisation d'engins et pratiques
de pêche destructrices des ressources. A cela, s'ajoutent des contraintes
environnementales : ensablement du chenal, pollution, changements climatiques
(COMHAFAT, 2014). Ainsi, la dégradation de l'environnement évolue
au gré des conditions bioclimatiques et de l'action anthropique. Elle
est d'autant plus inquiétante qu'elle ne laisse indifférents ni
acteurs de développement, ni chercheurs (Boko, 2000) cité par
(Wanou, 2013).
Pour leurs importances socioéconomiques, la pêche
et l'aquaculture contribuent à la sécurité alimentaire de
façon directe et indirecte par la provision d'un aliment de très
haute qualité nutritionnelle, l'auto-emploi et la
génération de revenus. La pêche a été une
source majeure de revenus au Bénin pour les communautés
vulnérables de pêcheurs à travers les
générations et une source de protéines animales, parfois
la seule accessible à des couches de populations pauvres vivant
près de plans d'eau et des communautés isolées en milieu
rural (Rurangwa et al., 2014).
Or, actuellement, avec le nombre d'usagers, le
perfectionnement des méthodes et des pratiques de pêche conduisent
non plus à une simple cueillette, mais à des
prélèvements plus ou moins anarchiques et importants dans un
milieu aquatique de plus en plus sollicité pour d'autres usages et de
plus en plus dégradé par les nuisances multivariées
(Arrignon, 1998). Dans ce contexte, la production de la pêche
continentale au Bénin est surexploitée au-delà de ses 18
000 tonnes par an représentant le Maximum Sustainable Yield (MSY)
(PADPPA, 2011). De même, il faut ajouter que les changements intervenus
au niveau des caractéristiques physico-chimiques du lac Nokoué
couplés aux techniques de pêche ont entrainé la
rareté et le risque de disparition de certaines espèces
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halieutiques du lac (Clédjo et Ogouwalé, 2009).
Cependant, cette multitude de facteurs, combinés à la
surpêche et au changement climatique, accélèrent la
surexploitation des stocks halieutiques. Cela risque à longs termes
d'engendrer une situation de dégradation irréversible de
l'écosystème béninois.
Ces phénomènes ont entraîné la
baisse de la production halieutique qui a engendré des effets
socio-économiques sur les populations riveraines (Djissou, 2013). A cela
s'ajoute l'expansion démographique qui entraine une grave
détérioration des conditions d'approvisionnement des populations
en poissons. Cette détérioration se traduit également par
un appauvrissement des populations de pêcheurs et nécessite le
développement de la pisciculture (Sohou et al., 2009).
Aujourd'hui, la pisciculture n'a pas encore atteint une
dimension économique viable en Afrique subsaharienne, que ce soit en
termes de volume ou en termes de place de cette activité dans les
systèmes de production (MFCD, 1991).
Malgré l'existence de systèmes traditionnels de
production du poisson et une industrie aquacole qui peine à
démarrer, la contribution de la pisciculture (<1%) à la
production halieutique nationale est très marginale (156 à 386
tonnes par an selon les sources) et peu diversifiée essentiellement
composée de Clarias (51%) et de tilapia (47%) (MAEP, 2011). Or, le pays
dispose en revanche des potentialités de développement du secteur
des pêches et de l'aquaculture. Dès lors, la pisciculture
constitue un secteur d'avenir dans ce pays, car il dispose d'atouts
considérables liés aux facteurs naturels (réseau
hydrographique) et à l'existence de marchés pour sa production de
clarias et de tilapia (COMHAFAT, 2014).
Au regard de ces contraintes que connait la pêche, la
présente étude se veut de contribuer à une meilleure
connaissance des facteurs biophysiques de la production piscicole dans la
Commune de Sô-Ava afin de résoudre toute les
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préoccupations d'ordres socioéconomiques,
écologiques et environnementales liées à la production de
poisson.
Ce travail s'articule autour de trois (03) chapitres :
Le premier présente les fondements théoriques et
la démarche méthodologique de recherche adopté. Le
deuxième chapitre est consacré aux fondements biophysiques du
développement de la pisciculture dans la Commune de Sô-Ava. Et
enfin le troisième chapitre met l'accent sur les contraintes et les
mesures de renforcement pour un meilleur développement de la production
piscicole dans la Commune de Sô-Ava,
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