3.1 Contraintes de la production piscicole dans la Commune
de Sô-Ava
La pisciculture qui se présente comme une solution
à la crise de pêche afin de compléter ses apports mais
aussi de réduire l'effort de pêche et améliorée la
productivité des plan d'eau tout en maintenant le niveau de consommation
actuel, compte tenu de l'augmentation de la population mondiale (MAEP, 2011),
se retrouve face aux différentes contraintes qui constituent un
véritable obstacle pour son développement. Cependant, les
contraintes que rencontre les pisciculteurs dans la Commune de Sô-Ava
sont généralement les mêmes avec quelques
spécificités allant d'un arrondissement à un autre. Ainsi,
quatre catégories de contraintes sont enregistrées au cours des
travaux de recherche de terrain, qui sont : les contraintes de choix de type
d'infrastructure piscicole, les contraintes d'ordres climatiques, techniques et
socioéconomiques.
3.1.1 Contraintes de choix de type d'infrastructure
piscicole
La production piscicole, elle se fait avec plusieurs
infrastructures adéquates. Dans la Commune de Sô-Ava, les
étangs sur nappe phréatique, les bassins, les cages flottantes,
les bacs-hors sol et parfois les enclos sont utilisées pour
l'élevage des poissons. Mais toutes ces infrastructures ne sont pas
adéquates pour la production piscicole durant toutes les saisons ou
périodes de l'année dans cette Commune en occurrence les
périodes de hautes eaux allant de juillet à octobre. De
même, les réalités naturelles de chaque arrondissement de
la Commune de Sô-Ava imposent un choix de type d'infrastructure
adéquate à utiliser.
50
Le tableau VI présente les infrastructures piscicoles
utilisés dans la Commune de Sô-Ava ainsi que leurs avantages et
contraintes.
51
Tableau VI: Tableau synthétique des
infrastructures piscicoles utilisés dans la Commune de Sô-Ava :
Avantages et contraintes
Types d'infrastructure
|
Caractéristiques
|
Avantages
|
Contraintes
|
Etang sur nappe phréatique
|
Etang sur nappe phréatique
|
Offre de grande superficie : 200m2 (20m/10m) plus
largeur des digues 3m. Alimentation en eau par nappe phréatique et moins
cher.
|
-Baisse du niveau d'eau dans l'étang en saison
sèche ; -Encombrement de l'étang par les digues entrainé
par les fortes pluies
-Etang submergé par les hautes eaux (inondations)
périodiques entrainant ainsi l'arrêt de la production pendant 03
mois (Septembre à novembre)
|
Bac hors sol
|
Dimensions variables,
infrastructures dont les parois et l'assiette sont en
matériaux divers.
L'alimentation en eau est faible à partir d'une source
et/ou manuelle
|
Pratique de la pisciculture par tout et en toutes saisons.
Pisciculture pour
autoconsommation
|
Couteux, renouvèlement fréquent de l'eau
nécessitant un forage, de la main d'oeuvre et une charge
financière
|
Bassin
|
Dimensions variables dont les parois de l'assiette sont en
ciment.
L'alimentation en eau est faible à partir d'une source
et/ou manuelle.
|
Pratique de la pisciculture par tout et en toutes saisons.
Gestion de l'eau facile,
manipulation facile.
|
Couteux, renouvèlement fréquent de l'eau
nécessitant un forage, de la main d'oeuvre et une charge
financière
|
Cage flottante/ Enclos
|
Dimensions variables,
matériaux de construction : planche, tuyaux, vivier en
filet synthétique (filet pour
enclos), pointes, vis, écrous, fil, bidons etc.
|
Installation sur plan d'eau et
en toute période.
|
Couteux, la pollution des plans d'eau, Forte teneur des plans
d'eau en sel pendant la saison sèche, les transitions entre l'eau
salée et l'eau douce et l'eau douce et salée agissent sur les
paramètres physico-chimiques de l'eau et de l'espèce rendant
ainsi le milieu défavorable aux espèces élevées.
|
Source : LAMS, 2014 et
enquête de terrain, juillet 2016
52
De l'analyse du tableau VI, il ressort que cinq (05)
différentes infrastructures sont utilisées dans la Commune de
Sô-Ava en production piscicole. Elles présentent toutes des
contraintes auxquelles est lié le développement de cette
activité. Mais parmi ces infrastructures, certaines sont ou peuvent
être utilisés en toutes saisons ou périodes de
l'année il s'agit : des Bassins et Bac hors sol (planche 2).
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4.1
4.2
Planche 2 : Bassin et Bac hors-sol piscicole
à Ganvié Prise de vues :
Okpoué, avril 2016
La planche 2 montre respectivement Bassin et Bac hors sol sur
un remblai de terre à Ganvié. Ces infrastructures sont les plus
utilisées dans les arrondissements de Ganvié à cause de la
présence permanence de l'eau et de son statut du village lacustre ; y
sont souvent élevés du poisson chat africain Clarias
gariepinus en bassin ou en bac hors-sol et le tilapia du Nil
Orechromis niloticus en enclos.
L'utilisation d'autres infrastructures piscicoles sont
conditionnées par le choix d'espèce à élever ainsi
que la saison ou la période d'élevage. C'est le cas de la cage
flottante ou enclos (planche 3).
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5.1
5.2
53
Planche 3 : Cage flottante implantée dans
la rivière Sô, dans les arrondissements de Sô-Ava et
d'Ahomey-lokpo en saison de basses eaux Prise de vues
: Okpoué, avril 2016
La planche 3 montre des cages flottantes qui sont souvent
utilisées dans les arrondissements de Sô-Ava et d'Ahomey-lokpo
pour l'élevage du tilapia du Nil (Oreochromis niloticus). Elles
peuvent être installées en période des basses eaux (saison
sèche) ou des hautes eaux (crue) mais en période de hautes eaux
le débit d'écoulement de la rivière Sô est
élevé de 204m3/s dans ces arrondissements avec un
courant d'eau très fort (Mama, 2010 cité par Houédanou,
2013). Cela rend tout le système de production difficile en raison de la
préférence des eaux calme du tilapia. Tandis qu'en période
des basses eaux le débit d'écoulement de la rivière
Sô dans ces arrondissements est de 36m3/s (Mama, 2010
cité par Houédanou, 2013): c'est la saison sèche où
le scénario contraire se passe.
Pour les étangs sur les nappes phréatiques
(planche 4) ils sont uniquement utilisés en période de basses
eaux (saison sèche) où le débit d'écoulement de la
rivière Sô est faible allant de 12m3/s à
36m3/s ce qui n'engendre pas un débordement d'eau dans les
étangs mais nécessite d'apport d'eau en cas de sècheresse
accrue par moment en cette période de décembre à mai.
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6.2
6.1
54
Planche 4 : Etangs sur nappe phréatique
dans les arrondissements de Sô-Ava et de Vekky en saison de basses
eaux (décrue)
Prise de vues : Okpoué,
avril 2016
La planche 4 montre les étangs sur nappe
phréatique utilisés pour la production piscicole dans la Commune
de Sô-Ava. Dans ces étangs y sont élevés le
Clarias gariepinus. Par ailleurs, la figure 8 présente les
différentes infrastructures piscicoles utiliser par % dans la Commune de
Sô-Ava.
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15%
17,50%
9%
6,50%
52%
Etangs sur nappe phréatique
Bac hors sol
Bassin
Cage flotantte
Enclos
Figure 8: Différentes infrastructures
piscicoles utilisées dans la Commune de
Sô-Ava
Source des données :
Enquête de terrain, avril 2016
De l'analyse de la figure8, il ressort que plus de la
moitié des pisciculteurs de la Commune de Sô-Ava
c'est-à-dire 52 % utilisent les étangs sur nappe
phréatique dont la production marque un arrêt systématique
à la monté des hautes eaux qui
55
dure de juillet à octobre ou parfois d'août
à octobre. Cette pourcentage est suivie de celle de bac hors sol et de
bassin 17,5 % et 15 % et enfin 9 % et 6,5 % représentent les
pisciculteurs qui utilisent les cages ou enclos pour leur élevage.
Cependant, le choix d'utilisation de ces infrastructures
piscicoles varie d'un milieu à un autre ou d'un arrondissement à
un autre selon les réalités de ces derniers. Ainsi, les
arrondissements de Ganvié sont dominés par les Bassin, les Bac
hors-sol et des enclos en raison de leur statut du village lacustre. Ceux de
Vekky, Sô-Ava et de Ahomey-lokpo sont prédominés par les
étangs sur nappe phréatiques et les cages flottantes en raison de
la disponibilité des terres, 96 % des personnes interrogés ont
constaté cet état de chose.
3-1-2 Contraintes climatiques et accès à
l'eau de qualité sur la production piscicole de la Commune de
Sô-Ava
Le climat est un facteur important pour la production
piscicole mais son instabilité par les saisons rend l'activité de
la pisciculture plus contraignante. La Commune de Sô-Ava qui jouit d'un
climat subéquatorial avec deux saisons sèches et deux saisons
pluvieuses pourtant favorable à la production piscicole se trouve faire
face aux risques climatiques majeurs liés aux changements climatiques
dans les zones de pêcheries (zone agro écologique 8) zone à
laquelle fait partir la Commune de Sô-Ava (PANA, 2014).
Cependant, les saisons pluvieuses font monter
l'humidité, baissent considérablement la température qui
tourne en moyenne autour de 25,7°C ce qui permet une très meilleure
croissance des espèces espèce élevées. Mais, les
fortes pluies des saisons pluvieuses entrainent l'encombrement des
étangs par les digues, drainent les eaux souillées et puantes des
champs (terre exondée destinée au maraichage) dans la
rivière Sô en plus de la turbidité de l'eau qu'elles
engendrent, agissent et changent brutalement les paramètres
physico-chimiques de l'eau de façon défavorable pour les
espèces élevées et affecte ainsi la vie biologique de ces
espèces surtout en cage flottante dans la rivière Sô
causant
56
ainsi leurs morts. En 2015, ce phénomène a
été observé dans l'arrondissement
ho 3
de Ahomey-lokpo situé au Nord de la Commune de
Sô-Ava et a fait enregistrer aux pisciculteurs dudit arrondissement une
perte estimé à plus de 5.000.000 de FCFA du Tilapia du Nil
(Oreochromis niloticus). De même, ces risques climatiques
provoquent essentiellement les hautes eaux précoces et
particulièrement longues allant de juillet à octobre avec un
débit d'écoulement qui varie entre 68m3/s et
204m3/s (Mama, 2010) cité par (Houédanou, 2013). Cette
situation submerge les étangs mais aussi d'autres infrastructures
implantées sur des terres fermes entrainant ainsi l'arrêt
systématique de 85 % des pisciculteurs de la Commune de Sô-Ava
selon les personnes enquêtées. Mais la présence d'eau douce
en cette période est un facteur très favorable pour
l'élevage de Clarias gariepinus en enclos sur les plans d'eau
dans les endroits où le courant d'eau est faible.
En période de basses eaux et en raison de l'utilisation
des nappes d'eau phréatique comme sources d'eau de production dans les
étangs sur nappe phréatique, la monté de la
température engendre l'évaporation de cette eau en plus
salé qui baisse considérablement dans ces étangs par
moment demandant ainsi un apport d'eau douce (eau de pompe/forage)
régulier pour une bonne croissance des espèces
élevées notamment le Clarias gariepinus qui ne supporte
pas la salinité mais par contre le Tilapia Oreochromis niloticus
en tolère parce qu'il vive dans toute les eaux continentales
(salée, saumâtre, douce).
Cependant, les sites de production étant
dépourvue d'eau de forage pour mener à bien leur production, 52 %
des pisciculteurs de la Commune de Sô-Ava se contentent des sources d'eau
de nappe phréatique. Cette situation rend aussi la production piscicole
difficile. Ces conditions entrainent une faible croissance des poissons
allongeant ainsi les cycles d'élevage (6 à 8 mois). Ce qui
contraint le pisciculteur à un seul cycle de production par an et une
récolte précoce où les poissons n'atteignent pas la taille
prisée par les consommateurs et le retard de
57
croissance des alevins en pisciculture (PANA, 2014). Ces
contraintes climatiques sont observées par 88 % des personnes
enquêtées.
Par ailleurs, la décomposition des feuilles mortes de
la jacinthe d'eau rend le milieu anoxique privant d'oxygène les
espèces du milieu conduisant, ainsi à l'eutrophisation du plan
d'eau (Kpondjo, 2008). Cet état de chose altère la qualité
physico-chimique et organoleptique de l'eau d'après 65 % des personnes
enquêtées. A cela s'ajoute la pollution des plans d'eau de la
Commune de Sô-Ava par les déchets ménagers ainsi que la
turbidité de l'eau engendré par les fortes pluies ce qui affecte
la production piscicole en générale et celle en étang, en
cage flottante et en enclos en particulier. La population interrogée a
eu une perception de cette altération de la qualité
physico-chimique des eaux par tous ces éléments
précédemment cités mais cela à des degrés
différents. Ainsi, les mois où les eaux de la Commune sont plus
polluées et altère la qualité physico-chimique de l'eau
sont les mois de janvier-février-mars, confirmé par 55% des
personnes interrogées. Dès lors, la présence de la
qualité de l'eau ne s'observe pas durant toute une année
d'après 74 % des personnes enquêtées.
|