![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga1.png)
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga2.png)
REPUBLIQUE DU NIGER Ministère de
l'Enseignement Supérieur de La Recherche et de l'Innovation
(M.E.S/R.I) Université de Diffa
Institut Supérieur en Environnement et Ecologie
(IS2E) Mémoire de fin de cycle
Présenté par
ACHAHABOU Hamissou,
Pour l'obtention du Master en Evaluation Environnementale et
Développement
Durable (EEDD)
Option : Etude d'Impact Environnemental et
Social
Systèmes d'exploitation de la cuvette nord du
lac Tchad : cas du maraîchage sur le site de Kimé Gana dans la
commune urbaine de N'guigmi (Niger)
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga3.png)
Soutenu publiquement, le 05/02/2019 Membres du
jury:
Président: Ali MAHAMANE, Professeur titulaire, FST/UAM,
Directeur
Membres: Youssoufa ISSIAKA, Maître -assistant, FST/UDDM
KIARI FOUGOU Hadiza, Maitre -assistante/IS2E/UDA, Co-directrice
IDI SAIDOU Sani, Assistant, FSA/UDA
|
Année académique 2016-2017
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page i
TABLE DES MATIERES
INTRODUCTION GENERALE 1
CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
6
I. CADRE THEORIQUE 6
1.1 Revue bibliographique 6
1.2 Définition des concepts et mots clés 7
1.3 PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE 9
1.3.1 Présentation de la commune urbaine de N'guigmi
9
1.3.2 Milieu physique 11
1.3.2.1 Les sols 11
1.3.2.2 La végétation 13
1.3.2.3 Le climat 14
1.4 Milieu humain 15
1.4.1 La population 15
1.4.2 La mobilité de la population 16
1.4.3 Les activités socio-économiques 16
1.4.4 L'agriculture 16
1.4.5 L'élevage 18
1.5 Localisation du périmètre mis en valeur
20
Conclusion partielle 22
CHAPITRE II : LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE 24
2. 1 La recherche documentaire 24
2.2 Outils 24
2.3 La période d'enquête 24
2.4 La collecte des données sur le terrain 25
2.5 Le traitement et l'analyse des données 25
2.6 Les difficultés rencontrées 26
Conclusion partielle 26
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION 27
3.1 ACTEURS ET PRATIQUES MARAICHERES DE KIME GANA 27
3.1.2 Historique du village de Kimé Gana 27
3.1.3 L'organisation du travail dans le maraichage 28
3.1.3.1 Caractéristiques des exploitants 28
3.1.3.2 Une dominance des non alphabétisés dans
les exploitants 28
3.1.3.3 Répartition des exploitants maraichers par
tranche d'âge et par sexe 30
3.2 Le processus de production maraichère 31
3.2.1 Les travaux de préparation des sols 31
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page ii
3.3 Utilisation des intrants agricoles 35
3.3.1 Les semences utilisées 35
3.4 Les modes de fertilisation du sol 36
3.4.1 La fumure organique 36
3.4.2 Les engrais chimiques 37
3.5 Les modes de traitement des cultures maraichères
37
3.5.1 Les produits phytosanitaires 37
3.5.2 Les traitements locaux 38
3.6 Les différentes espèces produites sur le
site 39
3.7 Perspective de développement des cultures 45
3.8 Les modes d'assolement 45
3.9 La rotation de cultures 46
3.10.1 Les modes d'accès 47
3.10.2 L'accès au foncier maraîcher à
Kimé Gana 48
3.11 LES TECHNIQUES CULTURALES ET LE FACTEUR FONCIER DES
CULTURES
MARAICHERES A KIME GANA 50
3.11.1 Les techniques de production des cultures
maraichères 50
3.11.1.1 Les outils de production 50
3.11.1.2 La récolte 50
3.11.1.3 La production 53
3.11.2 Commercialisation des produits maraichers de
Kimé Gana 54
3.11.2.1 Commercialisation 54
3.11.2.2 Circuit et acteurs de la commercialisation 55
3.11.2.2.1 Le circuit court de commercialisation des produits
maraîchers 55
3.11.2.2.2 Le circuit actuel de commercialisation des produits
maraîchers 56
3.11.2.2.3 Circuit d'avant crise de commercialisation des
produits maraichers 56
3.13 Les modes de conditionnement et de transport des produits
maraichers 60
3.13.1 Les modes de conditionnement 61
3.13.2 Les modes de transport 61
3.14 Impacts de l'occupation momentanée des
déplacés du lac à Kimé Gana 61
3.14.1 Le choix du site 61
3.14.2 Les dégâts occasionnés 62
3.15 Les contraintes de la pratique des cultures maraichage
63
3.15.1 Les risques liés aux produits chimiques 63
3.15.2 La pollution de l'environnement 63
3.15.3 Les contraintes foncières 64
3.15.4 Les contraintes financières 64
3.15.5 Les contraintes de commercialisation 64
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page iii
3.15.6 L'analphabétisme des producteurs 64
3.15.7 Contraintes abiotiques 64
3.15.8 Les contraintes institutionnelles 65
3.15.9 L'absence des systèmes d'approvisionnement et
d'inaccessibilité des producteurs 65
3.15.10 Les contraintes législatives 65
3.15.11 Les contraintes biotiques 66
3.15.12 Les contraintes économiques 66
3.15.13 Les contraintes matérielles et techniques 67
3.15.14 Les contraintes d'irrigation et le manque d'eau sur le
site 68
3.16 Discussion 69
3.17 Valorisation des cultures maraichères et
Perspectives d'aménagement du site de Kimé Gana 72
3.17.1 Valorisation de la culture maraichère 72
3.17.2 Perspectives d'aménagement du site de
Kimé Gana 73
CONCLUSION GENERALE 75
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES a
ANNEXES d
Dédicace
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page iv
Je dédie ce mémoire à :
? Mes parents Achahabou Elhadj Abdoussalam et Raha Elhadj
Ibrahim pour les conseils et encouragements qui m'ont permis de surmonter les
obstacles et poursuivre mes études ;
? Mon oncle Abdou Malan Laouali pour le soutien et
l'encouragement ; ? Mes regrettés, tante Salmata Amadou Kouka et cousin
Laouali
Ibrahim Tahir que leurs âmes reposent en paix et que le
paradis leur
soit éternel.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page v
Remerciements
Au terme de ce travail, nous tenons à adresser nos
sincères remerciements à toutes les personnes physiques ou
morales qui, par leur contribution si modeste soit-elle, ont permis sa
réalisation.
Nos remerciements vont également à l'endroit du
Professeur MAHAMANE Ali, Recteur de l'université de Diffa, qui a bien
voulu assurer la direction de ce travail, malgré ses multiples
tâches et préoccupations.
Nos remerciements s'adressent tout d `abord à Docteur
KIARI FOUGOU Hadiza, Enseignante-chercheur à l'Université de
Diffa, co-directeur de ce travail pour toutes ses suggestions scientifiques,
ses aides innombrables et qui a inlassablement contribué à
l'élaboration et à l'amélioration de la qualité de
ce présent travail.
Nous remercions aussi du fond du coeur toute l'équipe
rectorale qui a toujours répondu à nos sollicitations, qu'ils
trouvent notre profonde gratitude. Nous n'allons pas finir sans penser à
la présidente de la coopérative maraichère de Kimé
Gana en l'occurrence Hadjia Mairam Ouma MAIMANGA qui a facilité notre
rencontre avec les exploitants pour les enquêtes et la collecte de
données sur le terrain et nous a fournis tous les renseignements sur le
site depuis sa réalisation jusqu'à ce jour.
Je remercie également M. Kassouma MALAM FOUGOURA qui
m'a servi d'interlocuteur, de guide et d'interprète lors de mes
excursions sur le site.
Je me dois aussi de remercier sincèrement la Direction
régionale du génie rural de Diffa et toute l'équipe de la
direction Départementale l'Agriculture de N'guigmi pour avoir mis
à ma disposition les données sur les périmètres
maraichers de N'guigmi et principalement sur celui de Kimé Gana.
Enfin une pensée spéciale à tous les
camarades de la 1ère promotion du Master EEDD avec qui nous
avons appris et passer de très agréables moments
d'échanges scientifiques.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page vi
SIGLES ET ABBREVIATIONS
CAIMA : Centrale d'Approvisionnement en Intrants et
Matériels Agricoles
CBLT : Commission du Bassin du Lac Tchad
CICR : Comité International de la Croix Rouge
COP : Conférence des Parties / Conferences of the
Parties
CRA : Chambre Régionale de l'Agriculture
DDA : Direction Départementale de l'Agriculture
DRDA : Direction Régionale de Développement
Agricole
DRHA : Direction Régionale de L'Hydraulique et de
l'Assainissement
EDOS : Etudes de Développement des Oasis
Sahéliennes en République du Niger
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation
FMI : Fond Monétaire International
GRIP : Groupe de Recherche et d'Information
HYCOS : Hydrological Cycle Observing System / Système
d'Observation du Cycle
Hydrologique
IS2E : Institut Superieur en Environnement et Ecologie
LASDEL : Laboratoire d'études et recherches sur les
Dynamiques Sociales et le
Développement Local
N : Naira, Monnaie du Nigeria
INRAN : Institut National de Recherche Agronomique du Niger
INS : Institut National de la Statistique
OCHA: Office for the Coordination of Humanitarian Affairs
ONG: Organisation Non Gouvernementale
PASAM : Projet d'Appui à la Sécurité
Alimentaire des Ménages
PAM : Programme Alimentaire Mondial
PDES : Programme de Développement Economique et
Social
PDC : Plan de Développement Communal
PRESIBALT : Programme de Réhabilitation et de
Renforcement de la Résilience des
Systèmes Socio-écologiques du Bassin du Lac
Tchad
RECA : Réseau National des Chambres d'Agriculture du
Niger
UDA : Université de Diffa
VND : Volontaire Nigérien pour le
Développement
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page vii
LISTES DES FIGURES
Figure 1: Carte de la commune de N'guigmi 10
Figure 2: Occupation des sols 12
Figure 3:Variation moyenne mensuelle des vents à
N'guigmi 14
Figure 4: Courbe de l'évolution de la pluviosité
de 2007 à 2016. 15
Figure 5: Présentation du site maraicher de Kimé
Gana 20
Figure 6: Répartition ethnique des exploitants du site.
28
Figure 7: Répartition par tranche d'âge des
exploitants 31
Figure 8:Répartition des exploitants par sexe. 31
Figure 9: Aménagement des parcelles. 34
Figure 10: Les semences utilisées et
l'approvisionnement des intrants agricoles 35
Figure 11: Mode de payement de la main d'oeuvre 52
Figure 12: Pourcentage des exploitants utilisant une main
d'oeuvre salariale 53
Figure 13 : Circuit court de commerce de produits maraichers
à Kimé Gana 55
Figure 14 : Circuit actuel de commercialisation des produits
maraichers 56
Figure 15 : Circuit d'avant crise de commercialisation des
produits maraichers 57
Figure 16 : Fréquence des différents revenus des
producteurs 59
Figure 17: Fréquence des différents revenus des
producteurs 62
Figure 18: Niveau d'eau en mètre en fonction du temps
69
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Espèces végétales
fréquemment rencontrées dans la zone 13
Tableau 2: Production céréalière en
tonne, département de N'guigmi 18
Tableau 3:Répartition du cheptel, département de
N'guigmi 19
Tableau 4:Repères techniques du site mis en valeur
21
Tableau 5:Nationalité et niveau d'instruction des chefs
d'exploitants 30
Tableau 6:Mode d'accès aux parcelles sur le site 48
Tableau 7:Effectifs des maraîchers utilisant les
équipements agricoles 50
Tableau 8:Revenus monétaires et types de producteurs
58
Tableau 9:Quelques espèces produites et leurs prix en
fonction des périodes 60
LISTE DES PHOTOS
Photo 1: Un troupeau de la vache Kouri à Sayam CMB .
20
Photo 2: Forage artésien du site de Kimé Gana,
22
Photo 3: Moyens rudimentaires du labourage. 32
Photo 4: Confection des planches à Kimé Gana
33
Photo 5: Repiquage de l'oignon 33
Photo 6: Elevage du petit ruminant (A), Elevage de la
basse-cour (B) 36
Photo 7: Résidus de culture servant d'engrais. 37
Photo 8: Produits phytosanitaires 38
Photo 9 : Procédé de fabrication de
l'insecticide local. 38
Photo 10: Planche de tomate de variété Roma
41
Photo 11: Planche d'oignon 42
Photo 12: Pieds de chou 43
Photo 13: Pieds du moringa autour d'une parcelle A. Moringa
séché B. 44
Photo 14: Un plan de chou pommé attaqué par des
insectes 66
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page viii
Résumé
La cuvette nord du lac Tchad présente des conditions
optimales pour la pratique des systèmes d'exploitation variant d'une
zone à une autre. Avec une superficie de 35 hectares (Ha), dont 11 Ha
sont seulement mis en valeur ; le site de Kimé Gana est un ancien lit du
lac, il est situé dans la partie sud, à 7 km du chef-lieu de la
commune de N'guigmi.
La méthode de collecte de données est
basée sur le moyen d'un questionnaire établi sur la base d'un
échantillon représentatif du site.
Le site de Kimé Gana est exploité en
majorité par 75 % de femmes. Les exploitants sont classés en
fonction de la taille de leur exploitation (grande, moyenne et petite). Les
grands producteurs et les producteurs moyens utilisent la main d'oeuvre pour
les différents travaux de préparation des parcelles jusqu'aux
repiquages des jeunes plants et pendant la période des
récoltes.
Le système d'exploitation du site est basé sur
une diversité de cultures (gombo, le chou, la
salade, le manioc, la courge, l'oignon, la tomate, le
blé, l'ail ). Les produits issus du maraichage permettent de
subvenir aux besoins familiaux des exploitants et d'en écouler
l'excédent sur les marchés locaux. De nombreux acteurs
interviennent dans la vente de produits (ouvriers dans le site, transporteurs,
revendeurs, collecteurs, commerçants, détaillants) et constituent
un maillon important de la filière. Les principaux modes d'accès
à la terre sur le site sont : l'héritage qui est fréquent
à cause du critère autochtone des exploitants qui sont
majoritaires. Le second est le prêt et concerne les exploitants non
détenteurs qui mettent en valeur les terres empruntées
auprès des propriétaires. L'activité maraichère
permet de réduire d'une part la vulnérabilité des
populations de la zone, ainsi que celles victimes des exactions de Boko Haram,
le chômage, la migration clandestine, et d'autres part.
Mots clés: Lac Tchad,
Niger, Kimé Gana, système d'exploitation,
insécurité, population
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page ix
Abstract
The northern basin of Lake Chad presents optimal conditions for
the practice of farming systems that varying from one area to another. With an
area of 35 hectares (Ha), of which 11 ha are only highlighted, the site of
Kimé Gana is an old lake bed; it is located in the southern part, 7 km
from the capital of the town from N'guigmi.
The main objective is to analyze the truck farming operating
system of the irrigated perimeter of Kime Gana for its development.
The data collection method is based on the choice of the
survey period, and by means of a questionnaire drawn up on the basis of a
representative sample of the site.
Kime Gana's site is mostly operated by 75% women. Operators
are ranked according to the size of their cultivation (large, medium and
small). Large producers and average producers use the labor for the various
works of preparation of the plots until the transplanting of the young plants
and during the period of harvests.
The main fashions of acquirement of the earth on the site are:
the inheritance and the loan. The mains vegetables that are producing on the
enhanced perimeter are: the cabbage, the salad, cassava, the gourd, the onion,
the tomato, wheat, the garlic. The profit of that activity permits to reduce:
the vulnerability of the populations already victim of the exactions of Boko
Haram, the rate of unemployment, the clandestine migration.
The development of this activity by modern's technics is a
solution to household food security.
Key words: Niger, Chad Lake, Insecurity,
population, Kimé Gana, truck farming
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 1
INTRODUCTION GENERALE
Au sahel, la baisse tendancielle de la pluviométrie
(sècheresses successives) observée à partir des
années 1970 ainsi que la forte croissance démographique et la
dégradation des ressources naturelles (baisse de fertilité des
sols), ont eu conséquences sur les productions agricoles. Ces facteurs
ont largement un engouement en faveur de l'adoption de l'irrigation comme
stratégie prioritaire en matière de développement agricole
(Awal, 2011).
Le développement de l'agriculture irriguée est
une des solutions pour améliorer la sécurité alimentaire
des populations sahéliennes. L'autosuffisance alimentaire est donc au
coeur des stratégies de développement du pays, (Nazoumou et al,
2016).
A Diffa comme dans toutes les autres régions du pays,
on observe une irrégularité des pluies, des sècheresses
récurrentes, des inondations, une croissance démographique et
dégradation des ressources naturelles par la baisse de la
fertilité des sols. On note avec l'intensification de la culture de
contre saison une croissance des cultures irriguées et
maraichères dans les cuvettes, sur les rives et les zones
d'épandage de la Komadougou. Les cultures se pratiquent au niveau, des
mares et le long de la Komadougou Yobé. Le caractère mobile de
cette agriculture le rend assez complexe et aléatoire.
Le maraîchage est une activité qui est
pratiquée partout au Niger, il procure des importants revenus et des
apports nutritifs. Il permet aussi de réduire le taux de chômage,
qui est un facteur influençant la délinquance juvénile, la
consommation de la drogue et l'exode rural vers d'autres cieux. A travers les
cultures maraîchères plusieurs acteurs se retrouvent notamment les
producteurs, les revendeurs, les commerçants, les transporteurs.
Cette filière génère beaucoup d'emplois
non négligeables. Certaines localités font face aux attaques du
groupe terroriste Boko Haram, plusieurs activités se retrouvent en panne
dont les principales sont : l'agriculture, l'élevage et la pêche.
Certains villages riverains du lac Tchad sont détruits et pillés,
des personnes sont massacrées. En Mai 2015, l'état adopte la
politique de relocalisation de cette population vers les zones stables et
sécurisées.
Ces réfugiés et déplacés sont
appelés communément en gudun hijira dans les
localités d'accueil (Hamani et al. 2017).
Le lac Tchad constitue une figure emblématique de la
menace du changement climatique et de ses enjeux dans les pays pauvres, ce qui
explique l'intérêt qu'il suscite dans le cadre de la COP 21. La
superficie de ce lac est en effet très variable, du fait notamment de sa
faible profondeur et de son exposition à une forte évaporation,
liée à sa proximité du Sahara (CBLT, 2015a).
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 2
Il est partagé entre quatre états dont une forte
proportion de la population est pauvre (Cameroun, Niger, Nigeria, Tchad) et
dépendant d'un bassin réunissant 6 pays au sein de la Commission
du bassin du lac Tchad (CBLT). Cette situation d'insécurité
pèse sur les ressources et les moyens de subsistance des
communautés résidentes, qui subissent déjà des
difficultés économiques et des aléas climatiques qui
s'abattent régulièrement sur la région.
Ce conflit a poussé alors la population à se
tourner vers d'autres activités plus prometteuses dans les zones ou la
sécurité est stable et garantie par les forces de défenses
et de sécurité conjointement avec la force multinationale
d'intervention. Au niveau des ménages en milieu rural, les
stratégies paysannes consistent surtout à accroitre la production
agricole et développer une économie rurale permettant d'assurer
une sécurité alimentaire en période de faible production.
Aussi convient-il d'explorer toutes les filières de production agricole
notamment la filière maraîchère.
Les pratiques culturales sont faites à l'aide des
moyens des puisettes ou de chadouf dans les cuvettes et dans l'ancien lit du
lac. De nos jours les maraîchers utilisent des moyens diversifiés
pour l'amélioration du rendement de la production
maraîchère qui sont entre autre : les semences
améliorées, les engrais, les motopompes, les forages.
Les cultures maraîchères apparaissent comme une
alternative intéressante dans la lutte contre l'insécurité
alimentaire des ménages en milieu rural dans le contexte actuel du
phénomène des changements climatiques qui provoquent des
déficits céréaliers récurrents (Bognini, 2010).
Il constitue depuis des millénaires, un pôle de
développement, d'échanges commerciaux et culturels entre les
populations du nord du Sahara et celles du sud. En tant que lieu d'accueil des
oiseaux aquatiques migrateurs, le Lac Tchad joue également un rôle
dans la conservation de la faune. Il offre de ce point de vue de très
riches écosystèmes dans un environnement marqué par
l'aridité et est de ce fait inscrit sur la liste des zones humides
d'importance internationale de Ramsar (CBLT, 2015b).
La sécurité alimentaire demeure de nos jours une
préoccupation dans les pays du monde entier actuellement
confrontés aux perturbations climatiques et à une crise
économique.
Ainsi l'agriculture, l'élevage et la pêche
constituent les principales activités de la région. Depuis 2013
l'insécurité sur les rives nigérianes du lac Tchad a
modifié les conditions de vie des communautés et le
fonctionnement de l'économie régionale. En effet, ce contexte
d'insécurité a induit à l'interdiction de toutes les
activités productives du lac Tchad au Niger mais aussi les
échanges commerciaux (Kiari Fougou et Lemoalle, 2016). L'accroissement
de la population dans le bassin du lac Tchad est sans doute aujourd'hui l'une
des plus grandes
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 3
menaces face à la faible disponibilité
alimentaire. Bien que des efforts importants aient été consentis
pour lutter contre l'insécurité alimentaire, celle-ci demeure une
source de préoccupation et d'inquiétude. Les causes
attribuées à cette insécurité tiennent
essentiellement aux aléas climatiques, à la pauvreté
conjuguée à la pression démographique et à
l'instabilité politique de certains pays. Si les blocages semblent moins
rédhibitoires au Cameroun, au Niger et au Tchad, les quatre pays
riverains du lac partagent en revanche le souci de faire le lien entre
sécurité et développement (Magrin et Marc-Antoine,
2018).
Ainsi l'objectif principal est d'analyser le système
d'exploitation maraicher de la cuvette nord
du lac Tchad afin de mettre en valeur le site de Kimé
Gana.
Pour atteindre l'objectif précédemment cité,
quelques objectifs spécifiques suivants sont
énumérés:
V' identifier les différentes spéculations des
produits cultivés sur le site;
V' Identifier la typologie des exploitants et analyser les
techniques utilisées par ceux-ci
pour améliorer les rendements des spéculations;
V' analyser le circuit de commercialisation des produits;
V' analyser l'impact de l'occupation momentanée des
déplacés du lac Tchad sur le site en
terme de production et de menace.
L'étude s'organise autour d'une hypothèse
principale et de quatre hypothèses secondaires.
L'hypothèse principale porte sur le développement
des cultures maraîchères qui contribue à la
mise en valeur de la cuvette nord du lac Tchad ;
Pour la réalisation de ce travail, les hypothèses
suivantes sont formulées :
V' La pratique du maraichage contribue à l'augmentation
des revenus des populations ;
V' l'installation momentanée des déplacés du
lac Tchad à Kimé Gana a impacté la
production maraichère du site
V' l'accès à la terre pour le maraîchage dans
le site de Kimé Gana ;
V' La mise en valeur agricole du périmètre de
Kimé Gana, contribue à la sécurité
alimentaire des exploitants et à la réduction du
taux de chômage.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 4
Au Niger, les différents documents de politique de
développement et stratégies en vigueur partagent une vision
commune centrée sur la réduction de la pauvreté, la
sécurité alimentaire, la gestion des ressources naturelles dont
dispose le pays en vue d'une amélioration durable des conditions de vie
des populations. Dans la thématique sur « Systèmes
d'exploitation de la cuvette nord du lac Tchad : cas du maraîchage sur le
site de Kimé Gana dans la commune urbaine de N'guigmi (Niger)
», nous aurons à étudier l'organisation des cultures
maraîchères que pratiquent les populations de la cuvette nord du
lac Tchad , de leurs dimensions d'exploitations, les modes d'organisation ainsi
que les techniques, types et l'importance de cette activité dans
l'économie de la commune, du département, de la région et
du Niger pouvant permettre d'assurer la sécurité alimentaire
durable. Nous aurons aussi à proposer des pistes de développement
à travers ce thème car des marges de développement
disponibles de nos jours sont dans les capacités d'acquisition des
nouvelles technologies, la disponibilité d'une main d'oeuvre, et de
potentialités à travers l'ouverture aux changements et à
la motivation des capacités à innover. Pour ce dernier point, il
faudra faire un sous chapitre avant la conclusion générale du
chapitre pour montrer les capacités d'innovation de cette culture.
La lutte contre la pauvreté en général et
l'insécurité alimentaire en particulier est une des
priorités du Niger dans la recherche d'un développement durable
des zones les plus sensibles et vulnérables du pays (PASAM, 2011). En
2015, la région du lac Tchad est frappée par des violences de
grande ampleur, avec l'ensemble du nord-est du Nigeria et les zones
frontalières du Niger, du Cameroun et du Tchad, liées au
mouvement Boko Haram. On compte des dizaines de milliers de
déplacés. Les échanges sont interrompus, l'économie
régionale déstabilisée. Cette situation a renforcé
une dynamique intégrative développée depuis quelques
années entre les états riverains du lac : accords sur les
frontières, solidarité et mobilisation commune pour
rétablir la sécurité, projets communs (CBLT, 2015). Avec
la présence des réfugiés sur le périmètre
maraicher de Kimé Gana, les travaux s'estompent. Les exploitants
s'étaient retrouvés dans une impasse totale sans activités
régénératrices de revenus. Ils avaient abandonnés
leurs activités pour se tourner vers d'autres tandis que les plus
pauvres s'enlisaient d'avantage dans la pauvreté.
Après avoir tiré avantage des monts Mandara
à la frontière entre le Cameroun et le Nigéria, et de la
vaste forêt de Sambisa, au nord-est du Nigéria, le groupe
terroriste a habilement déplacé son centre de gravité sur
cet espace lacustre, qu'il utilise depuis plusieurs années pour sa
logistique militaire, financière et alimentaire (Lavergne, 2017).
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 5
Estimé à 2 millions les acteurs qui puisent
directement des ressources du lac et indirectement estimée à plus
de 13 millions (Magrin et Lemoalle, 2014). Il est important de noter l'apport
du lac Tchad dans la sécurité alimentaire de la
sous-région. Mais depuis l'occupation de cette région par Boko
Haram, le fonctionnement socio-économique du lac s'est fragilisé,
obligeant certains acteurs à migrer vers des zones mieux
sécurisées.
Les violences ont déplacé des millions de
personnes et ont entravé l'accès aux terres et actifs agricoles,
provoquant des besoins humanitaires immenses dans une région
déjà confrontée à l'insécurité
alimentaire, à la pauvreté et à la dégradation
environnementale (FAO, 2017).
La production agricole dans son ensemble fait face à la
baisse de la fertilité des sols due principalement au changement
climatique constaté depuis ces dernières années, avec
l'accroissement des industries polluantes. Ce qui aura pour conséquences
la baisse des rendements agricoles et de la productivité. Partant de ces
analyses et constats sur la région du bassin du lac Tchad, il est
nécessaire de se poser des interrogations.
Pour bien mener l'étude, des questions de recherche ont
été posées à savoir :
(i) Quel est l'apport des cultures
maraîchères dans le développement socio-économique
des populations dans un contexte de pauvreté, de démographie
croissante et du changement climatique? (ii) Les cultures
maraîchères peuvent-elles véritablement jouer un rôle
dans la réduction des vulnérabilités des populations en
milieu rural? (iii) Cette activité permet-elle de
manière spécifique à améliorer le régime
alimentaire des populations et procurer des revenus nécessaires à
la satisfaction des besoins alimentaires des ménages?
Cette étude porte sur le système d'exploitation
et les pratiques culturales sur le périmètre irrigué de
Kimé Gana, en cette période d'instabilité
sécuritaire qui a occasionnée le déplacement des villages
en bordure du lac Tchad.
Ce mémoire est subdivisé en trois chapitres :
(i) le chapitre premier traite du cadre théorique et de
la présentation du milieu d'étude ; (ii) le second chapitre fait
cas de la démarche méthodologique entreprise pour la
réalisation de ce travail, (iii) le troisième chapitre est
consacré aux résultats et à la discussion et fait le point
sur les différents acteurs et pratiques culturales sur le
périmètre irrigué.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 6
CHAPITRE I: CADRE THEORIQUE ET PRESENTATION DU
MILIEU
D'ETUDE
I. CADRE THEORIQUE
1.1 Revue bibliographique
La revue de la littérature permet de faire un
état des connaissances sur les rôles et contributions des cultures
maraîchères en vue de favoriser la réduction des
vulnérabilités des populations victimes des crises alimentaires,
des aléas climatiques et de la crise sécuritaire qui
gangrènent et freinent le développement socio-économique
de certaines localités des pays du bassin du lac Tchad.
Les autorités estiment à environ 280 000
personnes le nombre total des déplacés à la suite de la
crise sécuritaire née des attaques de Boko Haram depuis 2013
(OCHA, 2016).
Cette situation a créé de nouveaux besoins dans
tous les secteurs. Ainsi les activités
maraîchères sont une voie pour permettre aux populations et
surtout encourager chez les jeunes désoeuvrés le
développement d'attitudes et de comportements socialement
adéquats, vu l'insécurité, le chômage, le vol et la
criminalité dont fait cas le bassin du lac Tchad aujourd'hui.
Le lac Tchad constitue une figure emblématique de la
menace du changement climatique et de ses enjeux dans les pays pauvres, ce qui
explique l'intérêt qu'il suscite dans le cadre de la COP 21. La
superficie de ce lac est en effet très variable, du fait notamment de sa
faible profondeur et de son exposition à une forte évaporation,
liée à sa proximité du Sahara (CBLT, 2015a).
Au sud du lac, depuis les sècheresses des années
1970 et 1980, les terres inondées annuellement sont mises en culture au
fur et à mesure du retrait des eaux sur de grandes superficies.
Fertilisées par la crue on y cultive pratiquement toute la gamme des
plantes vivrières du bassin tchadien (sauf le sorgho de décrue,
ou berbéré). Maïs et maraîchage dominent, avec des
rendements généralement élevés (Magrin et al,
2010). Les cultures maraichères hormis les revenus
monétaires rapportés contribuent au frein de l'émigration
saisonnière des jeunes vers les grandes villes voisines, diminuant le
sous-emploi en saison sèche et retiennent les jeunes du terroir à
ne pas regagner le banditisme et les mouvements armés de quelque nature
soient-ils. L'autosuffisance alimentaire est donc au coeur des
stratégies de développement du pays. L'irrigation est
considérée comme le meilleur moyen d'augmenter la production
agricole et de réduire sa vulnérabilité face à la
variabilité climatique (Nazoumou et al, 2016). Pour pallier
à cet obstacle qui perturbe les populations et surtout les jeunes, un
certain nombre d'objectifs doivent être pris en compte à savoir
:
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 7
? Favoriser une meilleure perception des jeunes par la
communauté ;
? Les responsabiliser et les conscientiser aux rôles
qu'ils peuvent jouer dans la communauté ;
? Lutter contre la pauvreté par une participation
communautaire active dans les activités génératrices de
revenus, notamment les cultures maraichères ;
Selon Awal (2010), les revenus tirés de la vente de la
production des cultures irriguées font l'objet de différents
types d'utilisation dont entre autre la satisfaction des besoins alimentaire,
vestimentaire, sanitaire et scolaire de la famille. Les revenus sont
utilisés pour faire face aux obligations sociales telles que le mariage,
l'achat d'animaux pour embouche, l'achat du matériel agricole et
d'intrants agricoles. Abdourahamani (2011), montre que les principales
espèces en sont le poivron (Capsicum annuum), le riz (Oriza
sativa), l'oseille (Rumex acetosa), le gombo (Abelmoschus
esculentus) dont l'essentiel est destiné à la vente. La
production et la commercialisation des produits de l'agriculture de
décrue profitent aussi à d'autres populations et les revenus
générés sont susceptibles de contribuer à la
sécurité alimentaire de leur ménage : c'est le cas des
forgerons, des vendeurs de sacs, des produits phytosanitaires et des
éleveurs.
1.2 Définition des concepts et mots
clés
Pour mieux cerner et appréhender ce thème
d'étude, il est important de définir les concepts clés
qu'il comporte. Dans cette logique, il est nécessaire de définir
ici les concepts clés qui seront abordés dans ce thème.
La culture maraîchère est une
expression constituée des concepts culture et maraîchère.
Pour le premier ; la Culture est l'action ou manière de cultiver la
terre ou certaines plantes ; c'est la manière d'exploiter certaines
productions naturelles et le second maraîchère qui est la culture
de légume, de certains fruits, de certains fines herbes et des fleurs
à usage alimentaire, de manière professionnelle,
c'est-à-dire dans le but d'en faire un profit ou simplement d'en vivre,
ce qui le distingue du jardinage (Ndjekornom, 2015).
Les cultures maraîchères sont
des plantes annuelles ou pérennes, arbustives ou herbacées
entretenues dans un espace agraire délimité
généralement exploité de manière intensive et dont
la récolte est vendue en plus ou moins grande quantité et fournit
des ingrédients qui participent à la composition des sauces ou
des salades (Austier, 1994).
Maraîchage : Il est appelé aussi
culture maraîchère, c'est une activité qui vise à
produire des légumes, des fruits, des feuilles ou herbes de
manière professionnelle dans le but d'en tirer des profits et subvenir
à certains besoins alimentaires.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 8
Refugiés: Il s'agit de personnes qui
sont entrées sur le territoire d'un autre état lors d'un afflux
massif de personnes fuyant leur pays d'origine, du fait d'un conflit ou d'une
autre catastrophe.
Déplacé interne : On applique
le terme de déplacé interne à une personne ou une
population lorsque les conflits et les situations de tensions politiques ou
économiques occasionnent des mouvements d'une population fuyant les
persécutions ou la violence dans leur propre pays, sans franchir la
frontière d'un autre pays. Dans le cadre de notre étude, il
s'agit des populations riveraines victimes des violences du groupe Boko Haram
dans les villages du bassin lac Tchad et celles vivant le long de la Komadougou
qui ont été relocalisées vers les zones
sécurisées et stables. Ici ce sont des citoyens nigériens
qui étaient obligés de quitter leur village.
Population retournée : Ce sont des
résidents du pays d'accueil qui vivaient hors de celui-ci et qui y
reviennent du fait de l'insécurité (Hamani et al. 2017).
Cette population favorise l'amélioration de certaines pratiques
culturales par l'apport de nouvelles techniques culturales et participe au
développement des activités tertiaires de la région.
Population hôte: Dans le cadre de cette
étude le terme désigne une population qui accueille et
héberge les populations victimes des violences de la secte Boko Haram,
ou celles qui ont été relocalisées dans le cadre des
mesures restrictives pour des raisons de sécurité dans la
région de Diffa. Hormis l'hébergement, la population hôte
octroie des terres cultivables suivant un mode d'acquisition bien
défini. Ces activités culturales permettent aux
déplacés et retournés de subvenir aux besoins de leurs
familles.
Gudun hijira : Il renvoie à une notion
d'« immigration », en référence à la fuite des
compagnons de Mahomet de La Mecque vers Médine. Mais la notion est plus
riche de sens que la « simple » immigration. Elle renvoie en
même temps aussi à l'exil, la séparation, la rupture,
notamment des liens familiaux et sociaux. Dans la littérature religieuse
comme dans la situation de Diffa cette fuite renvoie à l'affirmation
d'un modèle sociétal établi sur le modèle d'une
communauté de destin. Cette communauté est incarnée par
une fraternité et une solidarité envers les plus démunis,
solidarité qui repose sur la foi (Hamani et al. 2017). Ces
différentes populations ainsi définies sont réunies sous
une seule désignation en langue Haoussa : « en gudun
hijira ».
Ces populations participent aux développements des
activités agricoles et économiques de la région.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 9
Boko Haram: La secte Boko Haram, dont le nom
signifie en langue africaine Haoussa « éducation occidentale est un
péché» a été créé en 2003 par un
certain Mohamed Yusuf. Boko Haram est un mouvement
insurrectionnel et terroriste d'idéologie salafiste djihadiste,
originaire du nord-est du Nigeria et ayant pour objectif d'instaurer un califat
et d'appliquer la charia. (
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Boko_Haram,
consulté le 02 décembre 2018).
1.3 PRESENTATION DU MILIEU D'ETUDE
Dans cette partie nous allons traiter des aspects
physico-naturels notamment la situation
géographique de la zone d'étude, le climat, les
ressources en eau le relief, le sol, la végétation, ensuite les
aspects démographiques et socio-économiques.
1.3.1 Présentation de la commune urbaine de
N'guigmi
Située à environ 130 km du chef-lieu de la
région qu'est Diffa, la commune urbaine de N'guigmi est l'une des deux
communes que compte le département de N'guigmi. Elles avaient
été créées aux termes des lois suivantes : la loi
2001-023 du 10 Août 2001 portant création des circonscriptions
administratives et des collectivités territoriales ; et la loi 2002014
du 11 juin 2002 portant création des communes et fixant le nom de leurs
chefs-lieux.
Elle est limitée au Nord par la commune rurale de
N'gourti, au sud par la commune rurale de Bosso, à l'ouest par la
commune rurale de Kabléwa et à l'est par la République du
Tchad. Elle couvre une superficie d'environ 39 200 km2 (figure
1).
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga4.png)
Figure 1: Carte de la commune de N'guigmi
(Réalisation : Achahabou, 2018)
La commune de N'guigmi regorge beaucoup de sites de cultures
maraichères à savoir: (i) le site N'guigmi Aéroport d'une
superficie de 4 Ha, (ii) le périmètre de Boleram qui a une
superficie de 6 Ha ,(iii) le site de Kimé Gana d'une superficie de 11
Ha. Ce dernier est notre site d'étude, il avait accueilli les
réfugiés et déplacés en provenance des villages
riverains du lac Tchad suite aux exactions de Boko Haram, provoquant ainsi
l'arrêt brusque des activités maraîchères à
leur arrivée. Ce site était abandonné de toutes
activités avant leur relocalisation vers d'autres sites plus
adaptés. Kimé Gana regorge d'importants indices d'impacts suite
à l'installation momentanée des réfugiés. On peut
noter quelques-uns de ces impacts majeurs: le chômage et le manque
d'activités qu'avaient vécu les producteurs et les contractuels
(main d'oeuvre) durant cette période, les traces des feux de brousse,
les canalisations d'eau saccagées, la coupe sauvage et abusive du bois,
la destruction des parcelles ,l'occupation anarchique des espaces.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 10
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 11
1.3.2 Milieu physique
Ils se résument aux éléments suivants: le
climat, le relief, la végétation, les sols et les ressources en
eau. Ses formations géologiques sont tertiaires, quaternaires et
alluvionnaires. Le relief est plat dans la plus grande partie de la Commune
(notamment à l'Ouest et au Sud) mais abrite des cordons dunaires au nord
et sud -est avec des plaines tant au nord qu'à l'ouest.
1.3.2.1 Les sols
Dans la commune on distingue trois types de sols:
Les sols argileux dans les bas-fonds notamment les mares et
cuvettes. Au niveau des différents périmètres
aménagés pour les cultures de maraîchères, les sols
sont hydromorphes; c'est le cas du site de Kimé Gana.
Les sols sablo- argileux dans les plaines et dans la bordure
du lac Tchad. Les plaines dunaires sont des zones de cultures ou les
principales spéculations cultivées sont les mils, le
niébé.
Et enfin les sols sablonneux dominant les parties nord, nord-
est et nord- ouest.
Ainsi l'analyse de l'évolution de l'occupation des sols
dans la commune de 1990 à 2016 nous montre une dégradation
inquiétante des sols.
La période des années 90 était
marquée par une démographie faible, les ressources naturelles ne
sont pas trop soumises à des pressions humaines. Les conditions
climatiques étaient encore favorables et on notait une abondance des
ressources naturelles due principalement à la pluviométrie
excédentaire atteignant parfois 350 à 400 mm/an. La
végétation était dense et la dégradation des sols
lente et insignifiante.
Lors de notre enquête sur le site maraicher de
Kimé Gana, un ancien nous précisait que: «dans les 30
à 40 dernières années, ils partaient avec ses amis pour se
baigner dans les eaux du lac à quelques lieues de la ville de N'guigmi.
Ils y'avait beaucoup d'animaux et la chasse était très facile.
Les antilopes étaient chassées la nuit. Mais aujourd'hui, tout se
fait rare et beaucoup d'espèces animales et végétales ont
disparu ».
Les écosystèmes naturels et humains existants
vivaient en parfaite interdépendance. En dépit des
sécheresses des années 1973-74 et 1996- 97, la pression
conjuguée sur les ressources n'était pas majeure (PDC, 2016).
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga5.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 12
Figure 2: Occupation des sols (PDC, 2016)
L'étude des cartes d'occupation des terres de 1990
à 2016 a permis d'observer et de mesurer l'ampleur des modifications
biophysiques qu'a connues l'espace territorial de N'guigmi .
Durant ces 26 dernières années, on note une
intensification de la dégradation de l'environnement .Les points d'eau
tels que les mares ont disparus. Le processus de la désertification suit
son cours, conjugué aux effets du changement climatique. La forte
croissance démographique oblige une transformation des terres en
surfaces cultivables; ce qui occasionne progressivement le front agricole dans
les zones forestières. A cela s'ajoute une augmentation anarchique des
espaces, laissant vides dans les villages. Certaines pratiques culturales
tendent à disparaitre ; c'est le cas de la jachère qui n'est plus
observée, entrainant alors un lessivage des sols. La croissance rapide
de la population entraine un manque considérable de terre. Tout espace
considéré réserve est défriché. Dans son
rapport de synthèse de 2007, le GIEC mentionne que dans certains pays,
le rendement de l'agriculture pluviale pourrait chuter de 50 % d'ici 2020.On
anticipe que la production agricole et l'accès à la nourriture
seront durement touches dans de nombreux pays, avec de lourdes
conséquences en matière de sécurité alimentaire et
de malnutrition. A cet effet, la commune rurale de N'guigmi dont le
système productif est déjà médiocre et les
ressources naturelles fortement dégradées, atteindra le seuil de
la désertisation à l'horizon 2050 pendant que sa population
connaitra une augmentation démesurée.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 13
1.3.2.2 La végétation
Le couvert végétal est constitué de
ressources ligneuses et d'un tapis herbacé. Le tableau (i) nous donne
quelques espèces qu'on rencontre dans la commune.
Tableau 1: Espèces végétales
fréquemment rencontrées dans la zone
Noms scientifiques des espèces
végétales
|
Noms locaux
|
Haoussa
|
Kanouri
|
Prosopis chilensis
|
/
|
Kangar
|
Salvadora persica
|
Babul
|
Kayoo
|
Accacia Raddiana
|
Kandili
|
Kindil
|
Prosopis Juliflora
|
/
|
Kangar
|
Commiphora africana
|
/
|
Kabi
|
Calotropis procera
|
Tounfafia
|
Kayaw
|
Acacia senegal
|
Dakora
|
/
|
Balanites aegyptiaca
|
Adoua
|
Biitoo
|
Cenchrus biflorus
|
Kanrangia
|
Guiibi
|
Eragrotis tremula
|
Komayya
|
/
|
Panicum turgidum
|
Nobi
|
/
|
Leptedania pyrotechnica
|
Kalimbo
|
/
|
Phoenix dactylefera
|
Dabino
|
Dawino
|
Ziziphus mauritiana
|
Magarya
|
Kasulu
|
Hyphaene thebaica
|
Goruba
|
Karjom
|
Azadirachta indica
|
Bédi
|
Ganya
|
Les ligneux sont dominées par un peuplement de
Prosopis juliflora, notamment dans la bordure du lac Tchad où
cette espèce constitue une véritable forêt dense. C'est une
plante qui est trop prisée à cause de son rendement
économique sur la production du bois et du charbon. On rencontre
également d'autres variantes comme Prosopis chilensis. Cette
dernière est en voie de disparition autour de la commune ; parce qu'elle
est consommée par l'homme et les animaux. Au sud de la commune on
rencontre de nombreuses espèces comme Salvadora persica,
Accacia Raddiana, Balanites aegyptiaca, Commiphora
africana, Calotropis procera, et Acacia senegal. Le
tapis herbacé principalement composé de graminées
annuelles du
Cenchrus biflorus, Panicum turgidum et
Eragrotis tremula clairsemés servant à l'alimentation
du bétail.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 14
Au nord de la commune, la végétation
arborée, arbustive et herbacée est plutôt rare et se
réduit à un peuplement clairsemé de Balanites, Acacia
raddiana, Leptadenia pyrotechnica et Salvadora persica.
1.3.2.3 Le climat
Comme dans le reste du pays le climat de cette zone est de
type sahélo-saharien, très aride. Il est marqué par trois
(3) principales saisons: la saison sèche et froide allant d'octobre
à mars; la saison sèche et chaude allant d'avril à juin;
et la saison pluvieuse qui va de juillet à septembre.
Les températures sont variables avec un minima en
décembre (6°C) et un maxima en avril (47°C). Les vents
dominants sont : l'harmattan et la mousson.
Ainsi la figure 3 révèle que les mois de
décembre, janvier, février, mars, juin et juillet sont les plus
venteux avec vitesse supérieure à la moyenne de 2,8 m/s de la
série. Par contre il vente moins dans les mois d'août, septembre,
octobre et novembre avec une vitesse moyenne 1m/s.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga6.png)
Figure 3:Variation moyenne mensuelle des vents
à N'guigmi (PDC, 2016)
L'harmattan qui souffle d'est en ouest pendant près de
sept (7) mois (d'Octobre à Avril) est non seulement chaud et sec mais
aussi chargé de poussières.
La mousson qui souffle d'Ouest en Est entre les mois de mai et
septembre est porteuse de précipitations.
Les pluies sont rares avec une moyenne de 23 jours de pluies
par an. Cette pluviosité est aussi irrégulière et mal
répartie dans le temps et dans l'espace.
390 360 330 300 270 240 210 180 150 120
90
60
30
0
|
|
H (mm) Jours
|
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page
15
Figure 4: Courbe de l'évolution de la
pluviosité de 2007 à 2016.
La pluviosité annuelle varie de moins de 400 mm au sud
à moins de 50 mm au nord. La pluviométrie moyenne annuelle est de
350 à 400 mm au sud avec moins de 50 mm au nord. La figure nous donne
une comparaison sur les précipitations annuelles enregistrées.
Elle permet de distinguer des périodes humides et des périodes
sèches. Ainsi, les périodes de 1 à 6 qui correspondent
respectivement aux périodes de 2007 à 2012.Elles sont
marquées par une augmentation des précipitations pour atteindre
un pic en 2012, soit 354,50 mm. Cette période est
considérée relativement comme une période humide. Pour les
périodes de 6 à 10 se référant aux années de
2012 à 2016 sont caractérisées par une pluviométrie
qui est globalement inférieure à la moyenne annuelle, à
l'acception de l'année 2016 qui a enregistré 308 mm. Ce sont des
périodes sèches.
1.4 Milieu humain 1.4.1 La population
La population de N'guigmi est estimée à 85 426
habitants. Les femmes représentent 41784 habitants soit 48,91% des
effectifs (INS, projection 2017).
Les groupes ethniques qui cohabitent sont: les Kanouri, les
Haoussa, les Arabes, les Toubou, les Boudouma, les peuls et les Zarma. Les
principales activités économiques sont: l'agriculture,
l'élevage et la pêche. Mais cette dernière est en panne
à cause des menaces récurrentes dont est assujettie les villages
et îles en bordure du lac. Les activités forestières,
artisanales et commerciales sont aussi pratiquées, la population du
département de N'guigmi
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 16
est composite. Le nord du département est à
vocation pastorale alors que le sud est traversé par la partie
nigérienne du lac Tchad où la population tire le maximum de
profit de l'élevage, de la pratique de la pêche et de
l'agriculture (Kiari Fougou, 2014). Le sud est principalement peuplé par
les Boudouma, mais depuis les attaques de Boko Haram, beaucoup de villages sont
relocalisés vers des lieux sécurisés, ou dans les camps
des réfugiés réservés à cet effet.
Ainsi lors d'un entretien avec un jeune déplacé
d'ethnie Boudouma, affirme: «je n'ai jamais effectué un voyage
de plus de 50 km, parce qu'il avait diverses activités que
j'entreprenais au bord du lac avec les vendeurs de poissons et les
commerçants des céréales qui venaient d'autres horizons,
mais aujourd'hui, j'ai tout perdu ».
1.4.2 La mobilité de la population
Pendant les périodes de sècheresses
récurrentes (1970-1980 et 1990-2000) que sont arrivés certains
groupes ethniques, notamment des Haoussa, des Zarma et des Peuls. Ils
étaient attirés par les gains qu'occasionnaient les
activités agricoles, pastorales et halieutiques dans cette partie du
pays, d'après les études de Kiari Fougou (2009, 2014) et
Abdourahamani (2011). Les Zarma proviennent de l'ouest du Niger, notamment des
régions de Dosso et de Tillabéry, car pratiquant aussi des
activités connexes avec les populations de cette contrée. Quant
aux Haoussa ils viennent des régions de Zinder, Maradi et Agadez. Ils
font en général le commerce et la main d'oeuvre.
D'autres groupes viennent également des pays voisins
(Tchad, Nigeria). Aujourd'hui le conflit qui caractérise le bassin du
lac Tchad a poussé une grande partie de la population riveraine a
quitté leurs terres vers d'autres horizons pour la recherche d'une
stabilité sécuritaire ; d'où une reconfiguration de
l'espace vitale. Ainsi N'guigmi a accueilli beaucoup de réfugiés
en Mai 2015 en provenance des villages et iles en bordure du lac avant leur
relocalisation vers d'autres sites plus adaptés.
Cette situation d'insécurité dans le bassin a
occasionné un bouleversement des activités et une
paupérisation de la communauté locale.
1.4.3 Les activités
socio-économiques
Sur le plan économique l'agriculture et
l'élevage constituent les deux (2) principales activités
économiques de la population. Le secteur de la pêche était
très productif, mais se trouve en panne à cause de la situation
d'insécurité qui sévit dans le bassin du lac Tchad.
1.4.4 L'agriculture
Malgré l'aridité du climat, l'agriculture occupe
une place de choix dans les activités économiques de la commune.
Elle est pratiquée sur les plaines dunaires pour les cultures
pluviales, sur les sites maraîchers pour les cultures
irriguées et sur la rive du lac Tchad pour les cultures de
décrue.
Les cultures irriguées sont pratiquées dans de
nombreux sites maraîchers aménagés et non
aménagés dont disposent la commune. Les principales
spéculations qui y sont exploitées sont le poivron, l'oseille, le
gombo, la laitue, pomme de terre et la tomate dont l'essentiel est
destiné à la vente.
Les cultures dunaires sont pratiquées en saison des
pluies dans les champs dunaires (plaines, moyens plateaux et dans les
dépressions inter-dunaires). Dans les zones nord les cultures dunaires
sont rares à cause d'un manque de pluie. Les espèces sont le mil
et le niébé dont les variétés sont très
hâtives et très adaptées au milieu, notamment le
Boudouma pour le mil et le Fidéouram pour le
niébé. Le tableau nous la production enregistrée au niveau
du département. On remarque qu'en 2012, la production est nettement
supérieure aux autres années ; pour le mil, le
niébé, le sorgho la production est respectivement de 6 966,1 256,
1 486 tonnes. Cela s'explique par la pluviométrie enregistrée en
cette année qui était de 354,5 mm. Par contre on mentionne une
augmentation de la production du mil en 2014,2015 et 2016. Cette augmentation
est relative à la situation actuelle dans le bassin du lac Tchad du fait
que les terres arables du lac ne sont pas accessibles aux cultures ; ce qui a
favorisé du coût la culture pluviale dans ce département en
particulier et dans la région de Diffa en général en vue
de subvenir aux besoins alimentaires des ménages
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 17
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 18
Tableau 2: Production céréalière en tonne,
département de N'guigmi
N'guigmi
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
Mil
|
47858
|
91275
|
52875
|
69271
|
52308
|
55113
|
Sorgho
|
3165
|
12981
|
11419
|
9116
|
12760
|
8802
|
Niébé
|
22551
|
19286
|
13770
|
13404
|
25537
|
11095
|
Arachide
|
1947
|
2418
|
2516
|
2467
|
6981
|
1789
|
Les cultures de décrue sont pratiquées dans la rive
du lac Tchad, au fur et à mesure du retrait des eaux. Les sols sont
riches et très propices à l'agriculture. Les principales
spéculations sont le maïs, le sorgho, le niébé, le
blé, le poivron et les légumineuses. Les produits des
récoltes sont autoconsommés et le surplus est destiné
à la vente. En effet, les produits des récoltes sont
autoconsommés pour partie et vendus pour l'autre (Abdourahamani,
2011).
1.4.5 L'élevage
L'élevage constitue la seconde mamelle de
l'économie de la Commune.
Mais ce secteur n'est pas également
épargné des menaces de Boko Haram qui pèsent sur la zone
du rivage du lac Tchad. Beaucoup de troupeaux d'animaux ont été
décimés ou abandonnés à cause de
l'insécurité ; plusieurs ont été emportés
par les ravisseurs. Les éleveurs, forcés de quitter cet espace si
riche en fourrage vers d'autres terres. Le cheptel très important est
composé de bovins, ovins, caprins, camelins, équins et asins.
Toutefois, les petits ruminants dominent nettement les effectifs du cheptel.
L'élevage constitue une activité importante de la commune car il
permet de vendre quelques têtes de petits ruminants pour investir dans
les travaux agricoles. Ainsi dans le département de N'guigmi
l'élevage représente une part importante de l'économie et
affiche une progression chaque année. Ainsi pour les camelins ils
passent de 309 319 à 325719 têtes de 2011 à 2015, de
même que pour les bovins on note une augmentation vertigineuse de 186 085
à 234 928 têtes respectivement de 2011 à 2015. Cette
augmentation est relative aux conséquences engendrées par la
crise sécuritaire dans le bassin lac. Beaucoup d'agriculteurs se sont
tournés vers l'élevage car les activités dominantes des
riverains du lac qui étaient l'agriculture et la pêche sont en
panne. L'embouche est devenue alors une activité
prépondérante des couches vulnérables.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 19
Tableau 3:Répartition du cheptel, département de
N'guigmi (Source, INS, 2016)
Années
|
Bovins
|
Ovins
|
Caprins
|
Camelins
|
Equins
|
Asins
|
2015
|
234
|
928
|
225
|
632
|
271
|
142
|
325
|
719
|
5
|
667
|
25
|
017
|
2014
|
221
|
630
|
218
|
002
|
260
|
713
|
322
|
174
|
5
|
611
|
24
|
527
|
2013
|
209
|
085
|
210
|
630
|
250
|
686
|
317
|
413
|
5
|
555
|
24
|
046
|
2012
|
197
|
251
|
203
|
507
|
241
|
044
|
314
|
595
|
5
|
501
|
23
|
575
|
2011
|
186
|
085
|
196
|
625
|
231
|
773
|
309
|
319
|
5
|
446
|
23
|
112
|
Grâce à cette activité, la commune est
devenue un grand exportateur de bétail vers les pays voisins .Cependant,
l'agriculture et l'élevage sont confrontés à une
dégradation continue et accélérée de
l'environnement qui se traduit par une insuffisance de la pluviométrie,
voire des sécheresses cycliques qui entraînent une baisse de la
production. Dans la commune, se fixe des grands espaces de pâturage, plus
précisément dans la partie sud. Notons que la race
«Kouri» appelée aussi Boudouma, Bongolé ou
Barey; est emblématique de la rive du lac Tchad. Elle est
réputée pour la production de la viande et du lait avec un
maximum de 8 litres et un minimum d'1 litre par jour (Kiari Fougou, 2014).
Pour la diffusion du taurin kouri, la commercialisation du
lait et du fromage l'état a créé en 1976 le centre de
multiplication de bétail (CMB) de Sayam, situé au nord à
70,5 km du chef-lieu de la région Diffa. Par contre cette même
production peut varier en fonction des saisons. Ainsi durant la saison
sèche la production moyenne est de 2 litres par jour. La vache Kouri est
facilement remarquable par son grand gabarit haut sur patte, sa robe blanche
mais peut être tachetée de froment noir ou acajou et ses cornes
hypertrophiées. Cette vache à un nombre de vêlage compris
entre 6 à 7. La femelle a un poids qui varie entre 400 à 500 kg
avec une durée de lactation de 280 jours et le mâle tourne autour
de 500 à 600 kg.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga8.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 20
Photo 1: Un troupeau de la vache Kouri à
Sayam CMB (Cliché : Achahabou février 2018).
1.5 Localisation du périmètre mis en
valeur
En Mai 2015, lors de l'opération d'évacuation
des iles du lac Tchad, les autorités nigériennes avaient rendu
deux sites pour accueillir les populations déplacées de
Yébi et Bosso, et le site maraîcher de Kimé Gana au nord du
lac se trouvant proche de N'guigmi a été choisi. Le site se
localise à environ 8 km du chef-lieu de la commune.
Le site irrigué de Kimé Gana a un
périmètre de 35 Ha et est entouré par une
végétation clairsemée tout autour du
périmètre et est essentiellement composée de Prosopis
juliflora qui est l'espèce dominante dans la zone, du Phoenix
dactylefera et Hyphaene thebaica qu'on croise de l'extérieur comme
de l'intérieur du site, Accacia Raddiana, du Balanites,
aegyptiaca, du Calotropis procera, du Bauhinia rufescens
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga9.png)
Figure 5: Présentation du site maraicher
de Kimé Gana (Réalisation, Achahabou H, 2018)
La partie non mise en valeur couvre une superficie de 24 Ha
dont la clôture grillagée est fortement endommagée voire
inexistante le long du périmètre, résultat de l'action
humaine
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 21
conjugué au passage des animaux. Il présente un
sol dénudé plus ou moins clairsemé et constitue la zone du
pâturage surtout pendant la saison des pluies.
Quant à notre site d'étude
représenté par la partie mise en valeur, il a été
réalisé en 1984 avec une superficie de 9 Ha. Quelques
années plus tard d'autres travaux d'extension sur le site avaient
été exécutés, notamment en 1989 avec une
réalisation physique de 2 Ha. En décembre 2002, le nombre
d'exploitants était estimé à 168 et les
spéculations cultivées étaient du blé, du maïs
et les produits issus des cultures maraîchères.
Ainsi le site maraicher de Kimé Gana a pour
repère technique les points suivants (Tableau 4): (i) 1 800 ml de canaux
revêtus, dont le rôle est de permettre le drainage des eaux vers
les parcelles afin d'éviter les pertes considérables d'eau ; (ii)
5 bassins de stockage de 50 m3 chacun, dont 4 fonctionnels qui permettent de
stocker une quantité importante d'eau pouvant alimenter les parcelles
éloignées et réduire le manque d'eau. ; (iii) 300 ml de
conduite en tuyaux PVC de diamètre 100 et 150, qui sont des conduits
additionnels pour acheminer l'eau d'un bassin vers les terres mises en valeur ;
(iv) 2 395 ml de clôture grillagée ; dont une grande partie a
été volée bien avant la crise sécuritaire actuelle
qui secoue toute la région du lac Tchad. Avant l'interdiction des engins
à deux roues, les voleurs opéraient à moto, et venaient
nuitamment sectionner les grillages. Néanmoins en juillet 2017, l'ONG
locale VND NOUR à contribuer à la reprise du contour
grillagé défectueux ou volé par une fixation des piquets
ajustés par des barbelés.
Le site est alimenté par un forage artésien
fournissant une eau jaillissante pouvant avoir un débit de 35
m3 par heure.
La suivante image (Photo2) illustre bien le caractère
verdoyant du site de Kimé Gana synonyme d'une bonne fertilité du
sol. Ce forage vétuste réalisé en 1984 fait la
fierté de toute une population. On remarque une perte majeure d'eau
jaillissante, résultat d'un manque d'entretien constant de ces
installations.
Tableau 4:Repères techniques du site mis en valeur
(Enquête de terrain, Achahabou, 2017)
Repères techniques
|
Grandeur
|
Canaux revêtus
|
1800 ml
|
5 bassins
|
50 m3
|
Tuyaux PVC
|
300 ml (D: 100 et 150)
|
clôture
|
2395 ml
|
Forage artésien
|
35 m3/h
|
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga10.png)
Photo 2: Forage artésien du site de
Kimé Gana, (Cliché : Achahabou. novembre 2017)
Cette partie présente les résultats de notre
étude conduite sur le périmètre irrigué de
Kimé Gana. Les points suivants seront successivement
évoqués : La répartition par tranche d'âge et par
sexe, le mode d'acquisition des parcelles à Kimé Gana, la
typologie des exploitations agricoles, les pratiques culturales, les acteurs
intervenant dans le circuit de commercialisation des cultures irriguées
et l'impact de ces cultures sur la sécurité alimentaire de
populations, les revenus et leur utilisation, les impacts de l'occupation du
site par les réfugiés et les déplacés.
Conclusion partielle
La commune de N'guimi fait partie intégrante de la partie
nigérienne du lac Tchad, avec des anciens vestiges des animaux marins
(coquillages) encore qui ornent toute la partie sud. Le périmètre
irrigué de Kimé Gana présente un environnement favorable
au développement des
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 22
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 23
cultures maraichères malgré les pressions
anthropiques. Le milieu physique est en constante mutation depuis le retrait
des eaux lacustres depuis les cinq dernières décennies.
Les questionnaires d'enquêtes adressés aux
autorités coutumières, administratives, et les exploitants nous
ont permis d'avoir l'historique du lieu, les pratiques culturales, sa
population et son peuplement.
Le périmètre de Kimé Gana est à
quelques lieues de la commune, et les équipements dont il dispose sont
vétustes.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 24
CHAPITRE II : LA DEMARCHE METHODOLOGIQUE
Cette partie représente les matériels et outils
utilisés dans la réalisation de ce travail : il s'agit entre
autre de la recherche documentaire, les outils utilisés, les
enquêtes de terrain.
2. 1 La recherche documentaire
Au cours de cette phase, il a été question de
collecter le maximum d'information disponible à travers
différents travaux réalisés antérieurement.
Tout d'abord l'Institut Supérieur en Environnement et
Ecologie de l'Université de Diffa a mis à notre disposition une
bibliographie des mémoires antérieurs ayant une similitude avec
notre étude ; les Directions départementales de l'environnement
et de l'agriculture de N'guigmi pour leur conseil sur la destruction et la
coupe abusive du bois dans la commune, la mairie de la commune de N'guigmi pour
la documentation reçue portant sur le Plan de développement
communal replanifié, version finale, édition 2016.
Auprès de La Direction régionale du génie
rural de Diffa nous avons obtenu les informations et des documents (Fiche de
présentation succincte des périmètres de Kimé Gana,
Boleram et N'guigmi Aéroport) sur les différents sites
d'interventions du service dans la commune.
Nous avions également utilisé des bases de
données notamment les recherches sur les sites internet.
2.2 Outils
Les outils utilisés sont constitués
y' un récepteur GPS (Global Positioning System) pour la
prise des coordonnées sur le site;
y' Un appareil photo numérique pour les images
d'illustration,
y' Un questionnaire pour la collecte des données
qualitatives et quantitatives adressées aux exploitants
y' Un guide d'entretien qui est administré aux
autorités coutumières, administratives et les grands
exploitants.
2.3 La période d'enquête
Pour conduire cette étude dans les bonnes conditions,
un premier voyage a été effectué du 07 au 13 Septembre
2017 dans la commune de N'guigmi ; notamment sur le site maraîcher de
Kimé Gana situé à environ 7 km du chef-lieu de la commune.
Ceci qui a permis de faire un premier constat visuel du site et de rencontrer
aussi les responsables administratifs et certains membres de la
coopérative. Le travail est basé sur le choix de la
période d'enquête, la collecte
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 25
de données via un questionnaire établi sur la
base d'un échantillon représentatif du site, le traitement et
l'analyse des informations.
Le choix de la période d'enquête pour la collecte
de données est un paramètre essentiel pour cette étude,
malgré l'insécurité dans les zones excentriques du site.
Ainsi la période d'enquête était le moment d'intenses
travaux d'aménagement des parcelles suivis de repiquage des jeunes
plants, c'est aussi la période de récolte d'autres
spéculations. Ainsi l'enquête pour la collecte de données a
été effectuée du 05 au 15 Novembre 2017. Ainsi pour un
complément d'informations, nous avions effectué un
déplacement sur le site du 28 Janvier au 02 Février 2018. Pour
des informations complémentaires sur le périmètre
irrigué de Kimé Gana un voyage a été
effectué du 18 au 21 mars 2018.
2.4 La collecte des données sur le
terrain
Le questionnaire renferme des données qualitatives et
quantitatives (nationalité, le régime foncier du site, mode
d'accès à la terre, les revenus financiers, l'activité des
exploitants, les pratiques culturales, types de cultures, la destination des
produits, le bénéfice, les contraintes liées à la
production, la commercialisation et circuit commercial ...etc.)
Un guide d'entretien est administré aux
autorités administratives, coutumières, les grands exploitants et
les personnes ressources afin de recueillir le maximum d'information sur les
pratiques des cultures maraîchères.
Pour la collecte de données nous avons
procédé à l'établissement d'un questionnaire qui
est adressé aux 60 exploitants constituant notre échantillon
représentatif du site, parmi 120 exploitants qui interviennent depuis
l'avènement de cette crise, soit 50% des producteurs (retournés,
déplacés et population hôte).
2.5 Le traitement et l'analyse des
données
Pour le traitement des données recueillies
auprès des enquêtés et des personnes ressources, le
logiciel SPSS version 20 a été utilisé. En ce qui concerne
la cartographie, les logiciels Arc view 3.3 et Map 10.1 sont utilisés ;
le logiciel Word pour la saisie des textes et le tableur Excel pour la saisie
des données statistiques, la réalisation des graphiques et
figures.
Les études de terrains ont permis de constater les
dégâts occasionnés sur les différentes installations
au sein du périmètre irrigué de Kimé Gana.
Le constat visuel sur le terrain a permis de voir les
différentes activités des exploitants et les
réalités qu'ils vivent.
Le guide d'entretien qui a été administré
aux personnes ressources (âgées de plus 60 ans) et aux
autorités administratives et coutumières de N'guigmi, a permis de
recueillir l'historique
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 26
du site de Kimé Gana, son peuplement suivant les
époques et les modifications successives de l'environnement (retrait des
eaux du lac, disparition de certaines espèces animales et
végétales de la zone d'étude).
Le questionnaire adressé aux exploitants pour les
données qualitatives et quantitatives a servi d'outil pour identifier
les systèmes d'exploitation, les différentes spéculations
produites, les problèmes rencontrés depuis l'occupation
momentanée des déplacés du lac, le circuit commercial
tombé en panne avec la crise sécuritaire dans la zone.
2.6 Les difficultés rencontrées
Lors de nos différentes excursions sur le terrain, le
problème récurrent auquel nous avions fait face était le
langage car la majorité d'exploitants en occurrence les femmes ne
parlent pas bien la langue Haoussa, ce qui entravait de temps à autre la
communication. Aussi, bien que la zone soit sécurisée par les
forces de défense et sécurité, la panique et la crainte
des yaran malan demeurent dans tous les esprits ; ce qui nous
obligeait à quitter le site dès les premières heures de la
soirée. On note également la difficulté du transport
existant depuis la réalisation du site et à cela s'ajoute les
mesures restrictives imposées sur certains moyens de locomotion par les
autorités à cause du climat d'insécurité qui
caractérise le bassin du lac Tchad.
Conclusion partielle
La région du lac Tchad en général et la
partie nigérienne en particulier est un endroit authentique pour toute
étude scientifique, car présentant un environnement aux aspects
originaux encore méconnus et n'ayant pas été l'objet de
plusieurs études.
Notre thème intitulé « Systèmes
d'exploitation de la cuvette nord du lac Tchad : cas du maraîchage sur le
site de Kimé Gana dans la commune urbaine de N'guigmi » a
été l'objet d'une étude théorique et
méthodologique.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 27
CHAPITRE III : RESULTATS ET DISCUSSION
3.1 ACTEURS ET PRATIQUES MARAICHERES DE KIME GANA 3.1.2
Historique du village de Kimé Gana
Kimé Gana était jadis un village situé
à la bordure du lac Tchad. Il était peuplé par les
Boudouma dont l'activité principale était l'élevage.
L'activité piscicole en ce temps n'était pas dominante. Les
autres composantes de la population à savoir les Kanouri, les haoussas,
les Toubou et les peuls faisaient l'agriculture et l'élevage le long du
rivage.
Dans une autre étude rapportée par Kiari Fougou
(2014), mentionne que: «traditionnellement, les Boudouma ou Yedina,
habitants des îles de la cuvette nord du lac, étaient
essentiellement des éleveurs. La modernisation des techniques de
pêche (filets en nylon, nasses), la monétarisation des
échanges et la mise en place d'un marché important au Nigeria
frontalier ont conduit à une intensification de la pêche qui est
devenue l'activité dominante. Les populations autochtones ont alors
été rejointes par des groupes allochtones en provenance d'autres
régions du Niger (Haoussa, Zarma), du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et
du Mali, amplifiant ainsi le développement de la filière
pêche».
En plus de l'agriculture et de l'élevage, les kanouri
pratiquent aujourd'hui la pêche, résultat d'une grande
cohabitation avec les Boudouma. Lors d'un entretien avec un chef d'exploitant
âgé, il affirme que: «je me rappelle de la période
ou le lac était à quelques lieues de N'guigmi, on partait
s'amuser en bande avec mes amis d'enfance aux bords des eaux et on revenait
avec du poisson. La chasse était aussi florissante et les animaux
sauvage en abondance».
Le retrait des eaux du lac Tchad observé depuis les
années 1970 a engendré une importante diminution voire une
disparition même des pratiques piscicoles autour de la commune de
N'Guigmi. Sur le plan socio-économique, le site de Kimé Gana a
connu d'importantes mutations dans le temps et dans l'espace.
Les premiers exploitants qui avaient découverts le site
étaient d'abord des hommes et pratiquaient comme activités
principales l'agriculture et l'élevage. C'est en 1984 que le site fut
dédié aux femmes productrices, mais aujourd'hui on y trouve
toutes les composantes réunies avec un âge nettement varié
et les femmes représentent 75% et les hommes 25%.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 28
3.1.3 L'organisation du travail dans le maraichage
3.1.3.1 Caractéristiques des exploitants
La détermination des différentes ethnies et
nationalités permet aussi de comprendre certaines
caractéristiques des producteurs. Ainsi on note une diversité
d'ethnies sur le site de cultures maraîchères de Kimé Gana.
Les ethnies majoritaires sont: les kanouri, les Toubou, les Haoussa, les
Boudouma et les Touareg; avec des proportions nettement variables. Ainsi les
Kanouri représentent 59% des chefs d'exploitation, ensuite viennent les
Toubou et les Haoussa avec 20 et 13%.Certains des chefs d'exploitation sont des
travailleurs qui ont quitté les zones de forte production du bassin du
lac Tchad .Il s'agit des réfugiés et déplacés
internes qui avaient été délogés à la suite
des attaques terroristes incessantes de Boko Haram. Néanmoins les
Boudouma et les Touareg sont au bas de l'échelle.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga11.png)
18%
13%
7% 3%
59%
Kanouri Toubou Haoussa Peul Touareg
Figure 6: Répartition ethnique des
exploitants du site.
3.1.3.2 Une dominance des non alphabétisés
dans les exploitants
Cette partie nous fournit des informations sur le niveau
d'instruction des exploitants du site. Les autres caractéristiques de
notre échantillon sont l'âge et le niveau d'instruction des
exploitants du site. Le niveau d'instruction des producteurs peut influencer la
performance des activités agricoles. Ainsi 67% des exploitants ont subi
l'enseignement informel, contre 20% des producteurs qui avaient
fréquentés le cycle primaire. Les non instruits et le niveau
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 29
secondaire ont une proportion de 7%. Ces chiffres traduisent
bien le niveau d'éducation de la composante des producteurs sur le
périmètre (Tableau 5). L'éducation non formelle comprend
d'une part l'alphabétisation des adultes et d'autre part
l'éducation religieuse dispensée dans le cadre des écoles
coraniques.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 30
Tableau 5:Nationalité et niveau d'instruction des chefs
d'exploitants
Niveau d'instruction
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Ecole coranique
|
40
|
67
|
Non instruit
|
4
|
7
|
Primaire
|
12
|
20
|
Secondaire
|
4
|
7
|
Supérieur
|
0
|
0
|
Total
|
60
|
100
|
3.1.3.3 Répartition des exploitants maraichers
par tranche d'âge et par sexe
Les adultes dominent dans la pratique des cultures
maraichère à Kimé Gana (Figure 8). Les enquêtes
montrent une diversité des exploitants au niveau du site en fonction
d'âge avec 43% de celles-ci compris entre 41 et 60 ans. La seconde
catégorie des exploitants composée des plus jeunes exploitants
âgés de 16 et 35 ans soit 34%.
L'infime composante est celle des producteurs plus
âgés avec une proportion de 10%.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga12.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 31
Figure 7: Répartition par tranche
d'âge des exploitants ,
Aujourd'hui le site maraîcher de Kimé Gana est
l'un des sites qui fait la fierté de la commune de N'guigmi vu les
différentes spéculations qui sont produites. Il a permis une
importante réduction du taux de chômage des jeunes. La pratique
des cultures maraîchères est largement dominée par les
femmes. Les femmes exploitent à 75 % le site par rapport aux hommes qui
tirent profit du maraichage à 25%. Sur le terrain et à la
première lueur du jour, les femmes exploitantes prennent le chemin pour
s'y rendre sur le périmètre irrigué afin de vaguer
à leurs occupations quotidiennes. Des plus petits travaux aux grands,
les femmes exploitantes participent activement à tout genre de travail
qu'on porte le maraichage et ne se différencient guère des
hommes. Cette prouesse mentionne clairement que les femmes du site de
Kimé Gana, ont une prédominance par rapport aux hommes depuis
1982 lorsque le site a été dédié aux femmes par le
chef de canton de l'époque.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga13.png)
25%
75%
Femmes Hommes
Figure 8:Répartition des exploitants par
sexe.
3.2 Le processus de production maraichère 3.2.1
Les travaux de préparation des sols
Comme pour les cultures pluviales, les travaux des cultures
maraîchères dépendent également d'un certain nombre
de techniques différentes d'une zone géographique à une
autre. Il s'agit d'arranger et de préparer le terrain pour permettre aux
plantes une croissance rapide dans les conditions favorables à leur
cycle végétatif. Le plus souvent les travaux de
désherbage, dessouchage et de l'abattage des pieds de Prosopis
juliflora s'en suivent. Ce travail pénible est essentiellement fait
grâce à l'effort personnel de l'exploitant surtout quand il s'agit
d'une parcelle détenue par un homme. Néanmoins, l'entraide
familiale et la main d'oeuvre salariale sont fréquentes pour les femmes
exploitantes.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 32
Ainsi nous allons évoquer d'une manière
succincte certaines activités à réaliser pour permettre
une bonne production. Il s'agit de : le labour, la confection des planches, le
repiquage, le sarclage, l'aménagement du réseau d'irrigation.
3.2.2 Le labour
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga14.png)
Le labour est une façon de travailler la terre .Avec
une houe, une bèche, le labour consiste à ouvrir la terre arable
jusqu'à une certaine profondeur et à la retourner. Cette
technique ameublit le sol et enfoui ce qu'il porte en surface, elle est
utilisée pour préparer le futur ensemencement du sol. Mais toutes
fois nous avons constaté sur le site que la plupart des exploitants font
travailler la terre avec les moyens rudimentaires.
.
Photo 3: Moyens rudimentaires du labourage.
(Cliché : Achahabou, novembre 2017)
3.2.3 La confection des planches
La préparation d'une planche est une étape
essentielle du travail de l'agriculteur. Dans cette opération se trouve
l'importance donnée au maraichage : Prendre soin du sol et de sa vie.
Après avoir débarrassé le terrain des résidus de la
récolte précédentes et en attendant que les plants aient
l'âge d'être repiqués, les maraîchers confectionnent
des planches destinées à recevoir les jeunes plants. La
confection de ces planches nécessite une main d'oeuvre assez nombreuse
et les planches sont faites de manières suivantes :
? Délimiter les parcelles selon les mesures
souhaitées
? Remuer le sol avec les outils de labours (Photo 3)
? Ajouter du fumier naturel
? Arroser régulièrement les planches pendant une
période approximative de 10 jours.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga15.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 33
Photo 4: Confection des planches à
Kimé Gana. (Cliché: Achahabou, décembre
2017)
3.2.4 Le repiquage
Le repiquage appelé aussi transplantation ou
replantation est une technique qui consiste à déplanter un jeune
plan et à le replanter dans un autre substrat de culture ou un autre
endroit. Pour certaines spéculations, l'opération de repiquage
débute en Novembre et Décembre et exige une main d'oeuvre
qualifiée et expérimentée pour le suivi des jeunes plans.
Pour le poivron son repiquage a lieu en pleine saison des pluies ou à la
fin de cette dernière. Le repiquage du poivron a lieu pendant la saison
froide à partir du mois de novembre.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga16.png)
Photo 5: Repiquage de l'oignon (Cliché :
Achahabou, décembre 2017)
3.2.5 La pépinière
La pépinière est un champ ou parcelle de terre
réservée à la culture de plantes. La confection des
pépinières est une activité de grande importance sur le
site. En général les maraichers installent la
pépinière au bon milieu de la saison des pluies allant de la fin
d'Aout, mi-
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga17.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 34
septembre et début novembre coïncidant avec la fin
des pluies. La pépinière jouit d'un terrain bien
aménagé où l'on sème et soigne les plants d'oignon,
de chou, de laitue, de carotte, de tomate....etc. destinés au
repiquage.
1. Mesurer l'écartement entre les lignes
2.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga18.png)
Tracer les lignes avec un bâton ou une règle
3. Semer les graines les unes à côté des
autres à une profondeur d'un (1) Centimètre
Figure 9: Aménagement des parcelles
(EDOS, 2015).
Sur le périmètre de Kimé Gana le choix de
la période de repiquage dépend bien souvent de la main d'oeuvre,
car la majorité d'exploitants du site sont des femmes
âgées. Cette main d'oeuvre est le souvent sollicitée par
les moyens et grands producteurs à cause des moyens financiers des
producteurs. Les enfants constituent une main d'oeuvre non négligeable
sur le site car les jeunes déscolarisés assistent pleinement
leurs parents dans toutes activités culturales.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 35
3.3 Utilisation des intrants agricoles 3.3.1 Les semences
utilisées
Lors de visites sur le site maraicher, les semences ne
constituent guère un problème pour la mise en valeur des
parcelles des cultures. Les paysans produisent eux-mêmes leurs semences
sur le site dans des planches spécialement aménagées .Les
semences majoritairement utilisées par les exploitants sont locales avec
45% .Pour une amélioration de l'activité maraichère,
l'état à travers ses différents partenaires assistent les
maraichers par une distribution des semences améliorées. Le plus
souvent, les maraichers produisent eux-mêmes leur semence. C'est le
même cas au niveau du site de Gourdjia comme le souligne une
équipe d'experts de la chambre régionale de l'agriculture de
Maradi (CRA, 2016). D'autres semences (30%) proviennent des pays voisins dont
principalement le Nigeria. Cela se confirme avec Abdourahamani (2011), qui
précise que l'essentiel des semences utilisées sont locales sauf
quelques semences importées des pays voisins dont le Nigeria.
Ainsi 62% des producteurs affirment n'avoir pas reçu
des matériels et intrants agricoles lors des distributions par les
différents partenaires et l'état à travers la direction
départementales de l'agriculture.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga19.png)
38%
62%
Acces aux intrants
Pas d'acces aux int.
Figure 10: Les semences utilisées et
l'approvisionnement des intrants agricoles
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 36
3.4 Les modes de fertilisation du sol 3.4.1 La fumure
organique
Dans les systèmes d'exploitation de la cuvette
l'utilisation de la fumure organique reste une pratique est une règle
dans la production des cultures irriguées. C'est un système
traditionnel qui recours la défécation animale ou à
certains déchets des ménages. Dans le périmètre
irrigué de Kimé Gana, le recours à la fertilisation
animale n'est pas systématique. Certains maraichers pratiquent
l'élevage de la basse-cour et des petits ruminants dans les coins de
leur parcelle ; ce qui permet de disposer du fumier à la portée
de main. La fertilisation animale n'est réellement efficace que si l'on
dispose abondamment du fumier. Les animaux doivent être bien nourris pour
assurer la production du fumier nécessaire ; à cela s'ajoute la
rareté du fourrage surtout pendant la saison sèche dans ces zones
arides. Le mode d'élevage détermine la durée de
stabulation, de même que le séjour des animaux sur les parcelles
et le pâturage hors du périmètre.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga20.png)
A B
Photo 6: Elevage du petit ruminant (A), Elevage
de la basse-cour (B) (Achahabou, décembre 2017)
Le problème majeur auquel fait face les exploitants de ce
site est le transport, car ne disposant pas de route pour acheminer les
produits. Dans la partie sud de N'guigmi, la nature sablo-argileuse du sol rend
aussi difficile le transport. A la fin de la récolte de certaines
spéculations et afin de mieux assister le sol, les producteurs coupent
et laissent au ras du sol les résidus des cultures qui serviront
notamment d'engrais pour la prochaine récolte.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga21.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 37
Photo 7: Résidus de culture servant
d'engrais. (Achahabou .H, mars 2017)
3.4.2 Les engrais chimiques
Dans la région, l'utilisation de certains engrais est
strictement interdite par le gouvernorat à cause de leurs
caractères chimiques pouvant servir dans la fabrication des bombes
artisanales et des ceintures d'explosifs par les éléments de Boko
Haram. Les producteurs utilisent en premier la fumure organique. Les
producteurs privilégient l'utilisation des engrais chimiques qui
semblent plus efficaces à court terme. Les engrais chimiques sont
appliqués sur des plants pour permettre un bon développement.
Avant les évènements de Boko Haram l'utilisation
des engrais est très répandue sur le site. Ce qui favorisait un
bon rendement et une meilleure production des spéculations dans toute la
commune et surtout sur les rives du lac Tchad. Mais aujourd'hui beaucoup de ces
produits sont retirés du marché à cause de leur
composition chimique dangereuse pouvant servir à d'autres fins ; c'est
le cas de l'urée qui a été interdite par le gouvernorat de
Diffa. C'est un produit qui sert à la fabrication des explosifs.
Ainsi beaucoup de producteurs se plaignent toujours de la
difficulté à accéder aux engrais et semences malgré
l'existence des boutiques d'intrants au niveau départemental. Les types
d'engrais les plus fréquemment utilisés à Kimé Gana
sont : le NPK 15-15-15, le Golden.
3.5 Les modes de traitement des cultures
maraichères 3.5.1 Les produits phytosanitaires
Ils sont utilisés pour assurer une bonne
productivité des cultures maraîchères .Les exploitants font
le suivi et le traitement des cultures à l'aide des produits
phytosanitaires, mais qu'ils jugent de fois inefficaces et très chers
sur les marchés. Les prix varient en fonction de plusieurs facteurs : la
quantité, la qualité, la provenance des produits et les saisons.
Les insecticides proviennent dans leur majorité du Nigeria. Les produits
les plus fréquemment utilisés sont : Pacha 25 EC,
Diméthoate 40% EC, DDVP 1000 EC, Karaté 2 ULV, Acarius 018 EC
Rambo.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga22.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 38
Photo 8: Produits phytosanitaires (Achahabou .H,
mars 2017)
3.5.2 Les traitements locaux
Sur initiative de l'état, des projets et ONG, beaucoup
de producteurs de la commune ont bénéficié de la formation
sur la fabrication d'un insecticide local sur plusieurs sites. Il est fait
à base des feuilles de tabac, de la poudre du savon de Marseille
(lavibel) et de l'eau.
Le procédé de fabrication est le suivant : Il
consiste à piler 1kg de feuilles de tabac pour une solution de dix (10)
litres, qui servira à traiter une superficie de 0,1 ha.
Les feuilles doivent être d'abord broyer puis mises dans
un bout de tissu et placer dans un vase contenant 10 litres d'eau. Le
mélange est laissé pendant vingt-quatre heures pour
homogénéisation. Ensuite mettre trois pincées du savon
poudre dans un litre d'eau et le laisser pendant 24 h. Apres cela verser le
contenu savonneux dans le vase contenant 10 litres d'eau .Ce mélange
doit être bien filtrée avant l'application. Cette dernière
doit être pulvérisée dans la soirée ce qui permettra
à la solution de bien agir.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga23.png)
Photo 9 : Procédé de fabrication
de l'insecticide local (Achahabou H. mars 2018).
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 39
3.6 Les différentes espèces produites sur
le site
Les espèces cultivées sur le site de Kimé
Gana sont presque identiques à celles cultivées le long de la
bordure de la Komadougou et surtout le rivage du bassin du lac Tchad. Les
cultures maraîchères du périmètre de Kimé
Gana sont : la tomate, la laitue, la salade, le melon, le gombo, le chou, le
poivron, le piment, l'oignon, l'ail, la patate douce, la carotte.....
o La pomme de terre ou Patate (Solanum
tuberosum)
En Afrique, la pomme de terre a été introduite
à la fin du19e siècle par le colonisateur
européen et au Niger elle a été introduite en 1912
(Sanoussi, 2010).
Les caractéristiques de la pomme de terre sont le plus
souvent liées à l'espace ou bien à la
variété. C'est une plante vivace qu'on trouve sous forme de
tubercules ou de tiges souterraines. Chacune se caractérise par sa
propre époque de récolte, sa capacité à se
conserver ainsi des caractéristiques culinaires. Une ressemblance
notoire s'observe entre les différentes variétés et
d'autres sont particulières. Il est difficile de donner une unique
description à l'espèce.
La propagation est asexuée par des tubercules
formés sur les extrémités des stolons ; chaque tubercule
est pourvu de bourgeons appelés « yeux ». Le cycle
végétatif de la pomme de terre est court (3 à 4 mois) et
la plante se caractérise par un système racinaire superficiel qui
doit être compensé par une bonne fertilisation.
Néanmoins et de manière générale
la plante peut avoir jusqu'à 10 tiges et paires de folioles par feuille
(Un foliole termine la feuille).
Ainsi dans la commune de N'guigmi, la culture de la pomme de
terre sur les sites maraichers participe à la dynamique de la
réduction de la vulnérabilité des populations. La
production de la pomme de terre y est devenue une activité marchande qui
attire pleins d'acteurs. Elle procure à la population des revenus
substantiels qui leur permettent de faire face aux crises alimentaires et
palier à certaines conséquences de l'insécurité qui
caractérisent le bassin du lac Tchad. Sur notre site d'étude la
production de la pomme de terre contribue à l'amélioration de la
sécurité alimentaire des ménages.
Un sac de jeunes plantules de la pomme de terre se vend entre
15 000 et 20 000 Naira, soit 25 000 à 33 500 FCFA, ce sac peut contenir
40 planches de longueur 2,5 sur 1,5m. Ce même sac de plantules peut
produire 6 sacs de 57 à 60 Kg de pomme de terre destinés à
la vente, dont l'unité tourne autour d'un prix de 8 000 Naira soit 13
500 FCFA sur le site. Un petit producteur s'en sort souvent une production
moyenne de 60 kg et les autres producteurs s'en sortent avec 4 à 6sacs
de 60 kg. Le produit devient rare sur le marché pendant la
période de
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 40
chaleur, notamment en avril et mars. La période des
semences des plantules, est le mois d'octobre. La récolte débute
pendant la saison froide allant de mi-décembre à janvier. Le
manque d'eau et de superficie est un des facteurs qui freinent la production de
la pomme de terre sur le site. L'autre facteur majeur est la cherté des
semences car ces produits sont importés par l'état à
travers ses différents partenaires techniques et financiers.
o La tomate (Lycopersicom
esculentum)
La tomate est une espèce de plantes herbacées de
la famille des Solanacées, originaire du nord-ouest de l'Amérique
du sud, largement cultivée pour son fruit. Elle a pour
caractéristiques agronomiques les points suivants : son système
racinaire est de type pivotant à tendance fasciculé ; très
dense et ramifié sur les trente premiers centimètres, il peut
atteindre un mètre de profondeur. La tige est anguleuse, épaisse
aux entrenoeuds, pubescente. La tige et les feuilles portent deux types de
poils simples ou glanduleux, ces derniers contiennent une donne son odeur
caractéristique à la plante. Les feuilles, alternes, longues de
10 à 25 cm sont composées et comprennent 5 à 7 folioles
aux lobes très découpés.
Les semis proviennent en grande partie des marchés
frontaliers du Nigeria, aussi certains partenaires comme le CICR ont
procédé aux distributions de plusieurs variétés de
semences des produits maraichers.
Les semis de la tomate ont lieu pendant le mois d'octobre
juste à la proche de la saison froide et le début des
récoltes a lieu pendant le mois de janvier et prend fin au début
de la période de chaleur en mars. Elle est consommée frais,
séchés ou en conserve, en particulier dans les centres urbains.
Elle est cultivée sur tous les sites maraichers du pays. Sur le site de
Kimé Gana la tomate était cultivée sur des petites
portions car les producteurs n'accordaient pas une grande importance aux
revenus qu'elles engendraient et ignoraient son importance sur les
marchés locaux et frontaliers. Néanmoins ces dernières
années cette culture a connu un essor surtout durant les années
2013,2014 et 2015. Ainsi pendant ces années la quantité de la
production dépend d'un producteur à un autre. On estime qu'un
grand producteur peut récolter au-delà de 50 bidons. Pour les
moyens et petits producteurs ils peuvent produire respectivement 20 et 10
bidons à plus. A ce jour sa production est nettement en baisse par
rapport aux années antérieures (2013, 2014 et 2015) et cela est
dû à la situation d'insécurité grandissante dans la
région du lac Tchad, occasionnant ainsi le déplacement massif des
populations riveraines et la panne de toutes les activités
économiques. Le manque d'eau relatif aux problèmes d'irrigation
constitue une cause majeure de la baisse de la production sur le
périmètre irrigué de Kimé Gana.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga24.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 41
Photo 10: Planche de tomate de
variété Roma (Achahabou Hamissou, mars 2017)
o L'oignon (Allium cepa)
L'oignon est une plante bisannuelle de la famille des
amaryllidacées. C'est une production maraîchère
cultivée pour ses bulbes (séchés) et secondairement pour
ses feuilles utilisées comme condiment. L'oignon est une plante qui est
produite dans tous les sites maraichers. C'est une production agricole de rente
de grande ampleur au Niger en général et dans le
département de N'guigmi en particulier. Il est mis en culture pendant la
période de fraicheur le long du mois de novembre et les premières
récoltes ont lieu en plein mois de janvier au niveau du site de
Kimé Gana. Cette dernière se poursuit jusque dans la saison
chaude en mars, avril et surtout en fonction de la période des semis. Il
est exporté vers plusieurs pays de l'Afrique de l'ouest et est trop
prise pour sa saveur et son gout culinaire. La culture de l'oignon est d'une
importance capitale pour tout producteur. Lors des premières
récoltes les marchés sont inondés des spéculations
de même type qui proviennent des autres périmètres
irrigués ; ce qui explique des maigres revenus dans un premier temps. Ce
pendant les quelques producteurs qui ont opté pour la conservation de
cet oignon s'en sortent avec des revenus colossaux, en période de
rareté du produit, le sac marqué de 50 kg pesant un poids total
de 41 à 43 kg d'oignon coûte entre 9 500 à 20 000 Naira ;
soit 16 000 à 33 200 FCFA ; soit 15 à 20 sacs pour un grand
producteur, 7 à 11 sacs pour les petits et moyens producteurs.
Les difficultés rencontrées sont toujours
majorées par le manque d'eau et les canaux d'irrigation sont
défectueux. Les nouvelles techniques de conservation et de
transformation, le
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 42
défaut d'un entrepôt de grande superficie sont des
facteurs qui fragilisent la filière oignon sur ce site.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga25.png)
Photo 11: Planche d'oignon (Achahabou Hamissou, janvier 2018),
Les variétés qui sont cultivées à
N'guigmi sont de deux types à savoir : l'oignon blanc de Soumarana et le
violet de Galmi.
o Le chou (Brassica oleracea)
Le chou (chou feuilles, chou pommé), est une culture de
grande consommation très prisée par les consommateurs, il est
cultivé dans toutes les régions du Niger. Ses feuilles libres ou
pommées « chou pommé » sont destinées à
assaisonner les sauces. Elles peuvent surtout être cuites et
consommées en légume. En cas de mévente du chou, le
séchage est la principale technique de conservation et cette
dernière a lieu sur des espaces libres sur le site ou dans les maisons.
La culture du chou fait l'objet d'une importante activité commerciale
presque toute l'année. Sa consommation excessive s'observe
particulièrement pendant le mois de Ramadan lors de la rupture du jeune.
Le chou cuit facilite la digestion et apporte à l'organisme des
éléments minéraux et des vitamines. Un grand producteur
produit en moyenne 25 sacs tout le long de la récolte, sachant que le
poids du sac pleinement chargé varie entre 61 et 63 kg Quant aux autres
exploitants leurs récoltes oscillent entre 7 à 15 sacs. Les prix
varient entre 3500 et 5000 Naira soit 6000 et 8800 FCFA l'unité et en
fonction des périodes de récoltes. Cette culture rencontre des
difficultés qui entravent sa production sur le site, dont les
principales sont : le manque d'eau crucial, le problème d'irrigation, et
la petitesse de la superficie exploitée.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga26.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 43
Photo 12: Pieds de chou (Cliché :
Achahabou, mars 2018)
o Le piment (Frutescens ou annuum)
Plante originaire de l'Amérique du sud, vivace au
Niger, le piment devenu comme annuelle, feuilles lancéolées plus
ou moins larges, tiges érigées, fleur blanche solitaire, fruit
à enveloppe charnue d'abord vert, puis rouge ou brun ou jaune suivant
les espèces et les variétés. Les espèces
principales produites sur le site sont :
? Frutescens ou annuum, piment fort, long ;
? Frutescens ou minimum, piment fort, court ;
o Le Moringa (Moringa oleifera)
Une des vieilles cultures pratiquée sur le site de
Kimé Gana, Le Moringa oleifera, plus connu sous le nom de
« moringa », en langue haoussa il est appelé « zogala ou
bien el maka'a » est un petit arbre qui peut mesurer jusqu'à 10 m
de haut. Il est utilisé depuis des générations en mode
préventif, ainsi que pour le traitement de certaines maladies comme le
diabète, les problèmes cardiaques entre autres. Les feuilles de
moringa sont la partie la plus consommée, bien que toute la plante (les
racines, écorce, fleurs graines et les fruits) soit consommable. Au
Bénin voisin le moringa est vendu sous forme de poudre, de tisane ou les
feuilles séchées.
Le moringa est riche en vitamines, minéraux et acides
aminés. Il contient de la vitamine A, C, E ainsi que du calcium, du
potassium et des protéines. Hubert Fakeye (2008) précise bien
d'après certaines études que le Moringa oleifera est une
plante très riche en micronutriments et contient 7 fois plus de
vitamines C que les oranges, 4 fois plus de vitamines A que les carottes, 4
fois plus de calcium que le lait, 3 fois plus de potassium que les bananes et
enfin 2 fois plus de protéines que le yaourt.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 44
A n'guigmi comme dans plusieurs localités du Niger,
l'eau ayant servi à la cuisson du moringa est également
consommée pour le traitement de diverses maladies.
Sur le site le moringa peut être mis en association de
cultures avec d'autres plantes ou seul. Dans plusieurs champs il est
associé au manioc, au gombo, maïs et bien d'autres ; il est rare de
voir des parcelles ou seule la culture de moringa est pratiquée. Avant
la culture de moringa n'était pas bien pratiquée sur le
périmètre et servait le plus souvent à l'auto consommation
; mais aujourd'hui on constate une nette amélioration pour la mise en
vente de ses feuilles séchées et vendues le souvent sur place.
Les feuilles peuvent être vendues tout au long de l'année,
fraîches ou cuites selon la volonté de l'acheteur. Sur le site de
Kimé Gana, le moringa est produit en petite quantité ; la
production est généralement journalière et rapporte des
revenus non négligeables qui servent à subvenir aux besoins
immédiats des ménages. Ce sont les petits et moyens producteurs
qui se soucient des recettes de plante, avec une vente de 5 à 10 mesures
(Tia) par jour à raison de 150 Naira l'unité sur le site. Les
feuilles de moringa sèches équivalent à 500 grammes
l'unité de mesure.
Dans ce milieu semi-aride, la plante du moringa oleifera
sert de brise-vent aux jeunes plants repiqués dans les planches en
assurant convenablement leur développement.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga27.png)
A B
Photo 13: Pieds du moringa autour d'une parcelle
A. Moringa séché B. (Achahabou H. février, 2018)
o La carotte (Daucus carota
subsp.sativus)
C'est une plante bisannuelle de la famille des
apiécées, largement cultivée pour sa racine pivotante
charnue, comestible, de couleur généralement orangée,
consommée comme légume, sa récolte intensive à lieu
juste à la fin de la saison froide allant du mois de février
à avril. Comme certains légumes la carotte est cultivée le
long de l'année car elle est prisée dans l'alimentation
journalière dans les centres urbains.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 45
3.7 Perspective de développement des
cultures
Plusieurs éléments laissent croire que certaines
spéculations notamment la pomme de terre et la tomate qui sont produites
sur le site de Kimé Gana ont un avenir prometteur et doivent être
développées aux profits de tous les acteurs intervenant dans ce
domaine.
La pomme de terre et la tomate entrent de plus en plus dans
les habitudes alimentaires des populations, mais également la demande
intérieure est forte de nos jours.
Pour une meilleure perspective de développement des
cultures maraichères de pomme de terre et de la tomate sur le site de
Kimé Gana, les mesures suivantes doivent être renforcer ; à
savoir :
- Une mobilisation importante des producteurs pour
l'activité maraichère.
- Les possibilités de partenariat pour l'extension des
cultures de ces spéculations sont réelles et fortes avec des
zones potentiellement exploitables.
- Une implication de la recherche agronomique avec les centres
de recherche comme l'INRAN et l'Université de Diffa pour atténuer
les contraintes identifiées.
- Dans son cadre d'intervention sur le développement du
bassin du lac Tchad, le PRESIBALT prévoit d'aménager 23 à
25 hectares pour accroitre la production maraichère sur le site.
- Pour assurer la bonne marche de ces deux filières, la
coopérative des producteurs de Kimé Gana a besoin d'appuis
considérables en intrants et matériels agricoles.
- Organisation des filières pour la conservation et
l'exportation des produits vers d'autres horizons à travers des
foires.
- L'amélioration de toutes les infrastructures et
services nécessaires à la commercialisation.
- L'amélioration de l'efficacité de
l'administration vis-à-vis du secteur privé.
3.8 Les modes d'assolement
Pour préserver l'aptitude agronomique du sol, en vue
d'une bonne productivité, les maraichers adoptent des techniques
culturales, telles que la rotation des cultures et l'utilisation de
fertilisants chimiques et organiques. Pour tirer profit de leur milieu, les
paysans expérimentent et adoptent de nouvelles cultures, de nouvelles
techniques de production, de nouvelles formes d'organisation et de
commercialisation de la production (RECA, 2017).
Un système de culture que l'on appelle aussi un
système agricole ou système de production regroupe l'ensemble des
facteurs de production disponibles pour l'activité de culture, et des
modalités techniques selon lesquelles ils sont mis en oeuvres (Hugues,
1980).
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 46
Sur le site de Kimé Gana, il existe les associations de
cultures et les monocultures. L'association de cultures est une technique qui
consiste à regrouper deux ou plusieurs spéculations ayant des
calendriers culturaux presque similaires pour permettre une meilleure
croissance des plans, d'où un bon rendement. Les associations les plus
fréquentes sont : moringa-niébé,
niébé-gombo, moringa-gombo, moringa-piment,
maïs-niébé, ail-courge, patate douce-gombo.
On observe bien des changements dans les pratiques culturales
sur le site, car les spéculations qui étaient les plus
cultivées sont la pomme de terre, le blé avec des rendements
importants. Aujourd'hui beaucoup de producteurs se tournent vers d'autres
spéculations comme la tomate et l'oignon qui procurent des revenus
très importants à toute la chaine de production et de
commercialisation.
Le manioc et le moringa sont bien utilisés dans
l'association de culture sur le site, ils jouent le rôle de brise-vent en
protégeant les jeunes plants repiqués. Parmi toutes ces
associations le moringa et le niébé sont plus utilisés,
d'où leur importance notoire tant sur les revenus et la consommation
ménagère.
Les cultures associées sont observées un peu
partout sur le site à cause de la petitesse des parcelles. Les
monocultures sont observées pour la production des légumes ; il
s'agit des spéculations suivantes : Le blé, l'oignon, la tomate,
l'ail, le chou...
En résumé sur le site de Kimé Gana les
rotations de cultures dominent les monocultures et cela s'explique à
cause de l'étroitesse des exploitations au sein du
périmètre mis en valeur avec 0,75 ; 0,25 et 0,12 Ha
respectivement pour chacune des exploitations : grande, moyenne et petite. Ces
superficies par producteurs ne sont pas totalement exploitées à
cause du faible débit d'eau drainée vers les parcelles
éloignées ; ce qui conduit à planter en amont les plantes
servant de ceinture de protection comme le manioc, le moringa et l'oseille qui
sont susceptibles de résister à un manque d'eau temporaire.
En plus de la meilleure utilisation de la surface disponible,
en faisant cette association des cultures à cycle long et court, les
maraîchers gagnent rapidement de l'argent de celles de cycle court en
attendant la récolte de celles de cycle long.
3.9 La rotation de cultures
Les enquêtes montrent que les maraîchers
pratiquent la rotation des cultures. C'est une succession des cultures sur une
même planche. Elle concerne plusieurs spéculations à savoir
: la tomate, l'ail, la salade, le poivron, la pomme de terre, le blé, la
carotte. Cette succession
culturale permet la bonne gestion de la fertilité, des
rendements et de la prévention de certaines maladies et attaques des
ravageurs.
3.10 La gestion foncière et ses modes
d'accès à Kimé Gana 3.10.1 Les modes
d'accès
L'héritage, le prêt, le don et le gage sont les
différents modes d'accès des terres au sein du
périmètre de Kimé Gana. Le mode concernant la location n'a
pas été relevé lors de l'enquête. L'héritage
est le patrimoine laissé par une personne décédée
et transmis par succession.
Comme son nom l'indique l'héritage représente
72% et concerne une catégorie bien définie de producteurs
maraichers, notamment les Kanouri dont les familles représentent les
principaux occupants du périmètre et les zones excentriques. Le
présent mode d'acquisition est le plus fréquent à cause du
critère autochtone des exploitants et sont majoritaire.
Le prêt (20%) est un mode d'acquisition des parcelles
qui concerne les exploitants non détenteurs qui mettent en valeur des
terres empruntées auprès des propriétaires avec
l'approbation du comité de la coopérative des producteurs. Ce
mode d'accès est pratiqué par les étrangers qui ne sont
pas originaires de la zone et qui possèdent des lopins de terres.
Le don est l'action de donner une terre de culture sans
contrepartie, il est intemporel Le don, est une action qui accorde gratuitement
un lopin de terre cultivable à un proche parent, ou toute autre personne
ayant des liens étroits avec le donateur. Sur le site cette action
représente 5% des producteurs et s'effectue principalement entre les
Kanouri et les Toubou qui sont majoritaires.
Le gage est une pratique qui consiste à offrir une
portion de son champ à une autre personne afin de garantir le payement
d'une dette contractée. Il concerne les petits et moyens producteurs.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 47
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 48
Tableau 6:Mode d'accès aux parcelles sur le site
Mode d'acquisition
|
Nombre
|
Pourcentage (%)
|
Don
|
3
|
5
|
Héritage
|
43
|
72
|
Achat
|
0
|
0
|
Location
|
0
|
0
|
Gage
|
2
|
3
|
Prêt
|
12
|
20
|
Total
|
60
|
100
|
3.10.2 L'accès au foncier maraîcher à
Kimé Gana
Etant dédié aux femmes depuis 1982 par le
défunt Chef de Canton de N'guigmi, l'honorable Mai Moussa MAIMANGA, le
site maraicher de Kimé Gana dispose d'une coopérative
maraichère. Cette dernière est dirigée par une femme :
Hadjia Mairam Ouma MAIMANGA qui est la Présidente, et est une grande
productrice car elle intervient sur ce site bien avant sa réalisation en
1984. La gestion foncière du site, le pouvoir de décision et
d'information sont assurés par la dite Présidente de la
coopérative à la suite d'un conseil regroupant tous les
différents responsables au sein de la coopérative.
En ce qui concerne la gestion des bassins d'alimentation, le
système d'arrosage rotatif ou le « tour à tour » est le
mieux privilégié à cause du manque d'eau et les canaux qui
sont défectueux. Donc les champs proches des bassins d'alimentation
profitent plus dans la journée et les champs distants attendent à
la tombée du soleil et tard dans la nuit pour être suffisamment
arrosés. Avec le climat d'insécurité qui prévaut
dans la zone, seuls quelques braves jeunes passent la nuit sur le site pour
s'occuper de l'arrosage et de veiller aussi sur les cultures à cause des
maraudeurs plus précisément lors des récoltes.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 49
Conclusion partielle
La partie nigérienne du lac Tchad, comme toute la
région du bassin est confrontée au problème
sécuritaire lié à la secte terroriste Boko Haram. Cette
dernière est responsable de plusieurs atrocités commises sur la
rive du lac, poussant ainsi les états à prendre des mesures
draconiennes. Toutes les activités socio-économiques et agricoles
se retrouvent en panne. Cette étude nous a permis de comprendre, les
différentes activités maraichères qui sont
pratiquées sur le site de Kimé Gana.
La composante ethnique des exploitants du
périmètre est mosaïque et regroupe entre autre: les Kanouri,
les Toubou, les Haoussa, les Peuls et les Touaregs.
Les exploitants du site sont majoritairement
analphabètes, mais ont subi un enseignement non formel. Les femmes
exploitantes sont nettement majoritaires par rapport aux hommes. Elles
participent vaillamment à toutes les activités culturales.
La gestion foncière est conférée à
la coopérative des producteurs maraichers dont le responsable principal
est la Présidente de la dite coopérative.
La majeure partie des semences proviennent des marchés
frontaliers du Nigeria et les différentes spéculations produites
sont vendues sur le marché de la ville de N'guigmi et dans les villages
environnants.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 50
3.11 LES TECHNIQUES CULTURALES ET LE FACTEUR
FONCIER
DES CULTURES MARAICHERES A KIME GANA
Dans cette partie nous parlerons de la production
maraichère du site de Kimé Gana, les récoltes et les
différents circuits de commercialisation. L'utilisation des fertilisants
accroit la production maraichère ; nous allons identifier les engrais
chimiques autorisés par l'état nigérien et leur
provenance. Le conflit actuel a reconfiguré tous les circuits
économiques du bassin du lac Tchad en général et celui de
la commune de N'guigmi en particulier. Toutes les activités sont en
panne.
Le maraichage est activité qui permet de tirer profits
et participe pleinement à la réduction de la
vulnérabilité de la population.
3.11.1 Les techniques de production des cultures
maraichères 3.11.1.1 Les outils de production
Les outils de production maraichère sont : La houe, les
râteaux, la machette, la pelle, la marmite, le seau, l'arrosoir local et
moderne, la brouette, la corde, les puits maraichers, les puits traditionnels,
le forage, les pulvérisateurs.
Dans certain endroit du site, on trouve des puits
creusés manuellement, servant de retenue pour les parcelles
éloignées.
Tableau 7:Effectifs des maraîchers utilisant les
équipements agricoles
Producteurs
|
Equipements agricoles
|
Pulvérisateurs
|
Motopompes
|
Forage
|
Puits
|
Matériels rudimentaires
|
Grands
|
46%
|
0
|
100%
|
100%
|
100%
|
Moyens
|
35%
|
0
|
100%
|
100%
|
100%
|
Petits
|
19%
|
0
|
100%
|
100%
|
100%
|
Total
|
100%
|
0
|
100%
|
100%
|
100%
|
3.11.1.2 La récolte
Dans le périmètre de Kimé Gana la
récolte et la semi des produits s'effectuent à des
périodes bien distinctes. En ce qui concerne le gombo le
niébé et le maïs, les semis ont lieu lors du début de
la saison des pluies avec les premières averses. Leur récolte
s'observe pendant les mois de septembre et octobre. Quant aux autres
spéculations(le chou, la tomate, la salade, la carotte, l'oignon, l'ail,
la patate douce...) leurs repiquages s'effectuent pendant la saison
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 51
froide, allant de mi-novembre jusqu'à la fin du mois de
décembre. Ainsi la récolte de certains produits s'ensuit dans le
mois de février et peut s'étendre jusqu'en Avril, à savoir
: la salade, le chou, l'oignon, l'ail, la tomate, la carotte, et les plantes
rampantes (courge, concombre, patate douce...).
Cette tâche requiert un travail physique important
d'où alors l'appel à la main d'oeuvre salariale ; surtout avec la
présence des jeunes désoeuvrés qui ont quitté leurs
villages dans le bassin du lac Tchad à cause de l'instabilité
sécuritaire. Mais c'est surtout la main d'oeuvre la main d'oeuvre
familiale et l'entraide qui sont les plus sollicitées. Sur le
périmètre aménagé de Kimé Gana les femmes ne
se distinguent pas des hommes lors des différents travaux de semis ou de
récoltes, car elles représentent plus de 55% d'exploitants. De
même les enfants sont associés lors des récoltes et
s'occupent des activités moins pénibles. Pour des travaux
d'arrangement de canaux d'irrigation, la protection des champs contre les
maraudeurs et certains ennemis des cultures (oiseaux granivores et les animaux)
certains jeunes passent la nuit sur le site.
Notons que la récolte des feuilles du Moringa
oleifera s'observe le long de l'année.
Le suivant graphique montre le mode de payement des contrats
de travail sur le périmètre aménagé. Ainsi les
exploitants procèdent au payement de contrat par le moyen d'une partie
de la récolte, dans ce cas 42,85 % des producteurs utilisent une partie
de leur récolte pour payer la main d'oeuvre. Ces travailleurs à
leur tour vendent leur part aux marchands de la ville pour subvenir aux besoins
de la famille. D'autres préfèrent négocier moyennant
l'octroi de l'argent et une partie de la récolte, ils
représentent 55,55% des producteurs maraichers. La frange partie (1,58%)
paye avec du cash, ce moyen est le moins observé sur le site, parce que
la main d'oeuvre salariale diffèrent en fonction des périodes.
Les modes (récolte, argent et récolte) sont plus observés
et permettent d'avoir du cash et une partie est utilisée dans
l'alimentation et l'autre destinée à la vente.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga28.png)
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 52
Figure 11: Mode de payement de la main
d'oeuvre
Ainsi 57 % des exploitants prétendent ne pas utiliser
de main d'oeuvre pour les différents travaux champêtres. Cela
s'explique par l'entraide familiale qu'on observe sur le
périmètre de Kimé Gana malgré la présence
des jeunes désoeuvrés ayant fui les villages riverains du lac. Le
manque des moyens financiers est l'un des facteurs qui poussent certains
producteurs à travailler la terre par la force de leurs bras. Sur le
site, des lopins de terres sont laissés sans culture faute de
matériels, d'intrants agricoles et les problèmes liés au
manque d'eau et à l'irrigation. De la préparation des parcelles
à la récolte des différentes spéculations et afin
de permettre une bonne production, les exploitants emploient une main d'oeuvre
composée en général de jeunes et des
déplacés provenant des villages riverains du lac Tchad. Les
exploitants qui utilisent la main d'oeuvre représentent 43% des
producteurs ; ces derniers ont des revenus nettement supérieurs à
leurs pairs. Le mode de paiement de cette main d'oeuvre diffère (Figure
11).
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga29.png)
Sans main d'oeuvre
57%
Main d'oeuvre
43%
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 53
Figure 12: Pourcentage des exploitants utilisant
une main d'oeuvre salariale
3.11.1.3 La production
La quantification de la production sur notre site
d'étude est difficile, on s'en tient aux estimations fournies par les
chefs d'exploitants. Certains producteurs enregistrent 2 à 3 campagnes
par an. Donc il est très difficile de déterminer avec
précision la quantité des spéculations ainsi vendues et
autoconsommées. Certains producteurs dont les plus vulnérables
vendent tout où une partie de leur récolte au moment où
les prix sont dérisoires.
Les unités de mesure les plus utilisées par les
paysans pour quantifier la production sont : le bidon de 25 litres
(fréquemment de couleur jaune) qui est coupé à son
extrémité ou sur l'un des flancs et la mesure communément
appelée la tia, considérée comme l'équivalent de
2,5 Kg de céréale. Les cultures de maïs et du
niébé, sur ce site se font sur des petites surfaces bien
aménagées vu l'étroitesse du périmètre ;
d'où un faible rendement sur la production. Les spéculations
produites à Kimé Gana sont destinées à la vente et
à l'autoconsommation. Ainsi les cultures de maïs et du
niébé constituent l'alimentation de base de la population, bien
qu'une part soit mise sur le marché.
Sur le site, les magasins de stockage et les moyens efficaces
de conservation des produits récoltés sont très
limités. Les problèmes de conservation obligent les producteurs
à sécher chez eux les récoltes au fur et à mesure.
Cela évitera le maraudage et l'attaque des oiseaux granivores. Le
problème majeur est celui de la quantification de la production sur ce
site, on s'en tient à l'estimation des producteurs. Il est difficile
d'évaluer avec précision la quantité des produits
autoconsommés et celle vendue sur le site. Ainsi lors d'un entretien
avec un producteur, il affirme que : « je rentre chez moi avant le
crépuscule à cause des menaces de Varan malan (BH), donc le plus
souvent je vends mes produits de la récolte ici sur le site de
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 54
culture car des voleurs viennent la nuit pour
récolter les fruits qui sont murs sur différents endroits de mes
parcelles malgré l'état d'urgence instauré. Et aussi notre
coopérative ne dispose pas de grand entrepôt pour stocker la
production et à cela s'ajoute le problème récurrent de
transport vu la distance et le coût».
En plus de la production maraichère sur le
périmètre de Kimé Gana, on note une production
fruitière non négligeable. Cette dernière procure des
revenus saisonniers aux producteurs. Les differentes especes fruitières
qu'on rencontre sur ce site sont : le papayer (Carica papaya), le
citronnier (Citrus limon), le dattier (Phoenix
dactylefera)....
Ce pendant la production de ces plantes fruitières se
fait à des périodes distinctes, et la période de collecte
des données de terrain pour la réalisation de cette étude
n'a pas coïncidé avec la période des récoltes de ces
espèces sur le périmètre irrigué.
3.11.2 Commercialisation des produits maraichers de
Kimé Gana
Dans cette partie nous allons dans un premier temps parler de
la commercialisation et secondairement du circuit et les différents
acteurs de commercialisation.
3.11.2.1 Commercialisation
Les producteurs du site de Kimé Gana produisent pour
assurer l'autoconsommation et la vente. Ils écoulent les produits pour
faire face à des charges sociales et familiales vu le climat
d'instabilité et de vulnérabilité dans cette zone. Le
système de commercialisation des produits ici des cultures
(irriguées et de décrues) est perturbé à cause des
menaces du groupe terroriste Boko Haram dans le bassin du lac Tchad. Beaucoup
d'acteurs dans ce domaine de commercialisation des produits étaient
obligés de se tourner vers d'autres activités pour subvenir aux
charges familiales.
Faute des moyens efficaces et de techniques de conservations
des produits alimentaires, la majeur partie des exploitants dont de nombreux
vulnérables sont le plus souvent obligés de vendre tout ou une
partie de la production au fur et à mesure de la disponibilité
des produits récoltés. Ainsi les grands producteurs et les
quelques rares moyens producteurs conservent certaines productions
jusqu'à l'inflation de leur prix sur les marchés, ou bien
jusqu'à leur rareté les différents marchés
nationaux ou de la sous-région. Au moment où les marchés
sont saturés et les prix dérisoires certains producteurs se
trouvent dans l'obligation de vendre une partie de la production juste
après les récoltes afin de pouvoir régler les dettes
contractées auprès de plusieurs acteurs intervenant dans le
secteur qui sont entre autre les commerçants de diverses produits
agricoles, les prestataires pour la main d'oeuvre, les transporteurs...
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 55
Aujourd'hui dans le secteur de la commercialisation on
remarque une réduction notoire d'acteurs à cause de la crise
actuelle qui a conduit à la fermeture de certains marchés
importants comme celui de Doro Léléwa et aussi à
l'interdiction de l'activité de pêche qui représente les
poumons économiques de la cuvette nord.
On rencontre des acheteurs qui sont de la commune de N'guigmi
qui effectuent le déplacement sur le site. Ce sont notamment les
revendeurs en général qui viennent acheter pour les revendre en
détail sur le marché de N'guigmi, chez les boutiquiers et aussi
sur les marchés des villages environnants. De même certains des
légumiers du site acheminent leurs propres récoltes sur les
différents marchés.
L'handicap majeur au développement de cette
activité tient au manque de conditionnement et de transformation des
produits. Les produits pourrissent suite à une mévente faute de
technique adéquate de conservation (Awal, 2011).
3.11.2.2 Circuit et acteurs de la
commercialisation
3.11.2.2.1 Le circuit court de commercialisation des
produits maraîchers
La figure 13 présente les circuits courts de
commercialisation des produits maraîchers à Kimé Gana. Les
transactions ont lieu directement entre le producteur et le consommateur. Ce
qui permet aux producteurs d'engranger plus de revenus par rapport au circuit
long.
Producteurs
Consommateurs
Figure 13 : Circuit court de commerce de
produits maraichers à Kimé Gana
Ces transactions sont le plus souvent assurées par les
hommes (70%), du fait de la division du travail et aussi les hommes passent
naturellement plus de temps dans les champs par rapport aux femmes. La
majorité des femmes propriétaires de terre responsabilisent
totalement les parcelles à leurs enfants ou leurs proches, du suivi des
travaux en pépinières jusqu'à la commercialisation. Par
contre d'autres femmes exploitantes (30%) généralement les petits
et moyens producteurs acheminent leur propre production sur le
marché.
Ce mode met directement en contact producteurs et
consommateurs au marché, car il permet aux producteurs de
réaliser une marge intéressante de bénéfices que de
passer par les intermédiaires comme dans les circuits longs.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 56
3.11.2.2.2 Le circuit actuel de commercialisation des
produits maraîchers
Suite à la perturbation occasionnée par la crise
dans le bassin du lac Tchad, le secteur de La commercialisation de la
production était fortement tombé en panne. Ainsi le souci majeur
des paysans dans le contexte actuel est de satisfaire les besoins
immédiats. La commercialisation se fait sans aucune planification et de
façon incontrôlée par les exploitants car les plus souvent
les produits sont vendus à compte-goutte comme nous l'avions
remarqué lors de nos excursions sur le site. L'écoulement des
produits s'effectue suivant un circuit local, à cause du faible
rendement de la production sur ce site
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga30.png)
Figure 14 : Circuit actuel de
commercialisation des produits maraichers
Le circuit commercial des produits est canalisé sur les
marchés locaux environnants et principalement dans le chef-lieu de la
commune. Les intermédiaires que sont les revendeurs, effectuent le
déplacement sur le site pour la collecte des produits auprès des
producteurs maraichers. Les revendeurs ravitaillent les marchés de
N'guigmi, de Kabléwa et ceux des villages. De fois ces mêmes
producteurs acheminent leurs productions sur les marchés pour la vente.
Ainsi en fonction des périodes les produits sont transportés
jusqu'à la ville de Diffa.
3.11.2.2.3 Circuit d'avant crise de commercialisation des
produits maraichers
Avant les attaques du groupe terroriste Boko Haram, les
activités économiques dans la cuvette nord du lac s'effectuaient
avec harmonie. Le circuit commercial était plus élargi et
s'étendait
des frontières tchadiennes en passant par le
marché de Doro Léléwa, Bilabrime et jusqu'aux
marchés frontaliers du Nigeria. Les produits maraichers de Kimé
Gana et les autres périmètres inondaient les marchés de
Diffa en passant par les marchés de Kabléwa et environs.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga31.png)
Producteurs
Revendeurs
Commerçants
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga32.png)
Détaillants
Consommateurs Marchés
frontaliers
Marchés locaux
Tchad Nigeria
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 57
Figure 15 : Circuit d'avant crise de
commercialisation des produits maraichers
3.12 Les revenus et leur utilisation
L'utilisation des revenus issus de la vente des produits
maraichers varie en fonction des priorités et des besoins familiaux de
chaque exploitant. Depuis l'avènement de l'insécurité qui
a engendré une perturbation dans les activités quotidiennes,
satisfaire les besoins familiaux constitue l'une des premières
inquiétudes des chefs de ménages.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 58
Tableau 8:Revenus monétaires et types de producteurs
Revenus
|
Nombre
d'exploitants
|
Pourcentage %
|
Types de producteurs
|
< 50 000 FCFA
|
17
|
28.33
|
Petits producteurs
|
50 000 à 100 000 FCFA
|
16
|
26.67
|
100 000 à 200 000 FCFA
|
11
|
18.33
|
Producteurs moyens
|
200 000 à 300 000 FCFA
|
12
|
20.00
|
300 000 FCFA à Plus
|
4
|
6.67
|
Grands Producteurs
|
60 100
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 59
Les modes d'utilisation des revenus monétaires
diffèrent en fonction des exploitants du site de Kimé Gana. Les
préoccupations sont entre autres : les achats de vivres, les besoins
familiaux, les cérémonies, l'achat du bétail plus
précisément les petits ruminants pour l'embouche, l'acquisition
des matériels et intrants agricoles.
Les revenus de la production varient en fonction de types de
producteurs. Ainsi 55% les petits exploitants ont un revenu dont le plafond est
de 100 000 FCFA et consacrent essentiellement leurs revenus aux achats de
vivres et à certains besoins primordiaux de la famille. Quant aux
producteurs moyens ils représentent 38.33 % et le sommet de leur gain
occasionné est de 300 000 FCFA. Seulement 6.67 % des producteurs
arrivent à s'en sortir avec un revenu pouvant aller au-delà de
300 000 FCFA, ils sont les plus aisés.
26.67
20.00
18.33
28.33
6.67
< 50.000 50.000 à 100 000 à 200 200 000
à 300 300 000 à Plus
100000 000 000
Figure 16 : Fréquence des
différents revenus des producteurs
Les revenus ainsi tirés par les producteurs sur le site
de Kimé Gana sont minimes à cause de la dégradation
provoquée de certaines structures comme les canalisations et la
destruction du couvert végétal suite au feu de brousse. Cette
installation anarchique et momentanée a accentué l'arrêt de
l'activité maraichère d'où la chute conséquente de
la production sur le site en particulier et la dans la cuvette nord en
général.
Tableau 9:
Tableau 9:Quelques espèces produites et leurs prix en
fonction des périodes: décembre 2017 et janvier 2018
(1000FCFA=600 Naira, période janvier 2018)
Speculations
|
Unité de mesure (Kg)
|
Prix à la
récolte (FCFA)
|
Prix du sac de:
|
Oignon
|
Tia (2,5 kg)
|
500 FCFA
|
60 Kg 12 300 FCFA
|
Ail
|
Tia (2kg)
|
2500 FCFA
|
50 kg 62 300 FCFA
|
Pomme de terre
|
Tia (3kg)
|
700 FCFA
|
60 kg 13 000 FCFA
|
Moringa (séché)
|
Tia (0,5kg)
|
500 FCFA
|
20 kg 20 000 FCFA
|
Gombo
|
Tia (2kg)
|
600 FCFA
|
//
|
Tomate
|
Tia (2,5 kg)
|
1200 FCFA
|
Panier de 25 kg 11 200 FCFA
|
Chou
|
Sac de 65 kg
|
1 150 FCFA
|
//
|
Sur le site, les unités de mesure qui permettent de
quantifier la production sont généralement la mesure ou Tia et le
bidon d'huile de 25 kg. En plus les sacs de 50 et 60 kg sont utilisés.
Les prix des spéculations varient en fonction de la période des
récoltes. Par exemple sur le site, la mesure de la pomme de terre tourne
autour de 400 N soit 700 FCFA à la récolte et lorsque le produit
se raréfie son prix peut atteindre 1500 N soit 2 300 FCFA et le sac de
50 kg à 17 000 N soit 28 500 FCFA. Pour la tomate un bidon a une
contenance de 3 Tia soit 7,5 kg du poids net se vend à 2000 Naira soit
3000 FCFA. La Tia se vend à 1 200 FCFA lors de la période des
récoltes soit un prix approximatif de 480 FCFA /Kg. Lorsque le produit
devient rare sur le marché, notamment en avril et mars, le même
bidon peut atteindre un prix plafond de 3500 Naira soit 5 800 FCFA.
3.13 Les modes de conditionnement et de transport des
produits maraichers
Il s'agit du matériel que les exploitants utilisent
pour emballer les produits agricoles et les moyens utilisés pour le
déplacement de ces produits d'un point à un autre. Comment se
fait le conditionnement des produits maraîchers à Kimé
Gana.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 60
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 61
3.13.1 Les modes de conditionnement
Les produits maraîchers sont transportés
lorsqu'ils sont emballés. Plusieurs emballages sont utilisés pour
conditionner les produits : les sacs de diverses natures sont utilisés,
les caisses et les cartons, les récipients tels que les bassines et les
plastiques sont aussi utilisés.
3.13.2 Les modes de transport
Les modes de transport varient selon les moyens et les distances
qui séparent Kimé Gana des
marchés. Plusieurs modes de transport sont utilisés
:
- le transport par portage des produits maraîchers à
pieds
- le transport des produits maraîchers à dos
d'âne
- le transport à moto avant son interdiction ;
- le transport à véhicule vers la ville de N'guigmi
et les autres localités.
3.14 Impacts de l'occupation momentanée des
déplacés du lac à Kimé Gana
3.14.1 Le choix du site
Le Niger a été l'objet d'attaques dans les
villes de Bosso, de Diffa et de Karamga et plusieurs autres villages de la
région qui ont été le théâtre de violences
inouïes, de meurtres, de viol de femmes, d'enlèvement d'hommes, de
femmes et d'enfants de tous âges.
Ces attaques perpétrées par la nébuleuse
Boko Haram dans la partie nigérienne du bassin du lac Tchad a conduit
les autorités nigériennes à prendre des mesures
drastiques. En mai 2015 lors de l'évacuation des iles du lac Tchad, deux
sites sont choisis pour accueillir les populations déplacés
à savoir Yébi et Kimé Gana. Ce dernier était
situé au nord du lac et proche de N'guimi, où l'on pratique des
cultures maraichères. Les autorités communales en concertation
avec le gouvernorat de Diffa, avaient décrété que ces deux
sites resteraient ouverts de manière temporaire, le temps d'organiser le
processus de relocalisation vers d'autres sites. Le site a été
réoccupé progressivement à la date du 15 Mai 2016 et un
appui de la mairie de N'guigmi a appuyé les exploitants par la
réhabilitation du forage artésien et la réparation de
certains chenaux à hauteur de 650 000 fcfa. En outre des semences ont
été distribuées par la Direction départementale de
l'agriculture aux exploitants dans le cadre de la reprise des travaux sur le
périmètre. La coopérative des producteurs a
collecté auprès des exploitants une somme forfaitaire de 1000N (1
500 FCFA) pour ses différents travaux annexes. Dans ses fonds propres la
coopérative a conçu un abreuvoir des animaux à raison
de
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 62
400 000 N ( 666 660 FCFA) et a clôturé le bassin
d'eau dont les travaux s'élèvent à 80 000 N (135 000
FCFA). Après le recasement de la population sur d'autres sites plusieurs
organismes ont assisté la vaillante population. C'est le cas
d'évoquer l'organisation non gouvernementale (ONG) KarKara qui avait
distribuée des jeunes plants d'arbres fruitiers et a fourni aussi des
tuyaux de canalisation.
3.14.2 Les dégâts
occasionnés
Le séjour sur le site de Kimé Gana a
occasionné d'importants dégâts dont entre autres :
L'occupation anarchique des espaces, la coupe sauvage et abusive du bois, la
destruction des parcelles de culture, la destruction des canalisations
d'irrigation.
A leur arrivée sur le périmètre, la
population déplacée s'est installée de façon
anarchique en occupant les espaces destinés à la culture
maraîchère; ce qui a eu pour conséquence directe la
destruction des parcelles en exploitation. A cela on note aussi les feux de
brousse et la coupe abusive du bois à l'intérieur comme à
l'extérieur du périmètre ce qui a pour impact la
destruction des ligneux et l'appauvrissement des sols.
100%
90%
80%
70%
60%
50%
40%
30%
20%
10%
0%
Découpage sauvage
|
Destruction des parcelles
|
Occupation anarchique
|
Autres Impacts
|
Frequence
Figure 17: Fréquence des
différents revenus des producteurs
A certains endroits la clôture les grillages sont
emportés, ce qui favorise l'accès aux animaux d'où le
soulèvement d'un autre conflit entre les exploitants et les
éleveurs.
Le système d'irrigation des eaux peu performant s'est
retrouvé d'avantage endommagé. Tous ces aspects ainsi
évoqués, la panique et la crainte des « yaran malan ou
yaran djedji (désignation des éléments de Boko
Haram en Hausa) » ont conduits les différents acteurs
intervenant sur le périmètre à quitter et s'étaient
retrouvés sans travail.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 63
A l'instar des déplacés, les exploitants se
tournent vers d'autres activités pour pouvoir subvenir aux besoins de la
famille. Les femmes (75%) qui constituent la majorité d'exploitants se
tournent vers les activités d'embouche ovine et le petit commerce ;
quant aux hommes, ils se lancent dans la maçonnerie, les petits
commerces, la fabrication et la vente du bois suite à l'exploitation du
Prosopis juliflora, qui est une espèce envahissante dans la
commune. Cette activité pratiquée en général par
les peuls, est aujourd'hui est l'oeuvre de tout le monde. Lors de notre
enquête sur le terrain nous avions rencontré des jeunes Boudouma
qui s'attèlent travaux rémunérateurs comme la vente du
charbon de bois, la maçonnerie, les
petits commerces .
Avant ce conflit notons qu'il est rare de voir les Boudouma
s'atteler à ces genre d'activités qu'ils trouvent marginales.
Le séjour de la population déplacée sur
le site n'avait point affecté les pratiques culturales sur le site de
Kimé Gana.
3.15 Les contraintes de la pratique des cultures
maraichage
Dans cette partie nous allons d'abord aborder les
différentes contraintes qui minent le développement des cultures
et les perspectives d'aménagement
3.15.1 Les risques liés aux produits
chimiques
Les producteurs sont amenés à utiliser de
nombreux produits chimiques dans le but d'accroitre la productivité. Sur
les marchés locaux, on y rencontre majoritaire des produits en
provenance du Nigeria et beaucoup ne sont pas autorisés. L'utilisation
des produits chimiques n'est jamais anodine, et il convient de les manipuler en
observant les précautions élémentaires liées aux
caractéristiques de ces produits. Les produits chimiques peuvent se
présenter sous plusieurs formes. Le mode de contamination par la peau
qui est le principal de contamination vis-à-vis des pesticides est
ignoré, ce qui amène une sous-utilisation des équipements
de protection cutanée et des règles d'hygiène. Lors de
notre enquête Sur le site de Kimé Gana, nous avons constaté
l'utilisation des produits phytosanitaires issus du Nigeria et ceux
fabriqués localement.
Le développement des pratiques culturales conduit
à une augmentation de l'utilisation des pesticides d'où des
impacts probables négatifs sur la santé humaine et animale
3.15.2 La pollution de l'environnement
Certains produits chimiques sont susceptibles peuvent avoir
des conséquences néfastes sur l'environnement :
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 64
- Par la contamination : Transfert d'un polluant d'un milieu
vers un autre (Pollution des sols, puis de la nappe souterraine.
- Par bioaccumulation : accumulation des polluants dans les
organismes vivants.
- En l'absence d'une véritable lutte contre les ennemis
des cultures, l'augmentation de la production maraichère entraine une
utilisation accrue des pesticides chimiques dont les impacts sur
l'environnement sont négatifs.
3.15.3 Les contraintes foncières
Théoriquement tout individu peut avoir facilement
accès à la terre de culture sur le site de Kimé Gana, la
gestion du foncier du site est sous l'égide du chef coutumier. Donc il
n'est pas évident d'être un propriétaire permanent d'un
lopin que ton est originaire du terroir, mais plutôt un détenteur
temporaire.
L'aménagement du périmètre irrigué
de Kimé Gana peut entrainer la perte des terres des pâturages et
cela peut-être à l'origine des conflits entre éleveurs et
maraichers.
3.15.4 Les contraintes financières
Le manque des moyens financiers des producteurs est un frein
aux pratiques du maraichage. L'absence des structures d'appuis (banques et les
micros finances) qui octroient des crédits bancaires conséquents
pour redynamiser le secteur et pousser les limites de la production.
3.15.5 Les contraintes de commercialisation
Depuis 2015 avec les attaques perpétrées sur
certaines iles comme celles de Karamga et les villages riverains du lac Tchad,
en général toutes les activités économiques de la
région du lac s'étaient retrouvées en panne. Ainsi tout le
circuit de commercialisation des produits halieutiques et agricoles s'est
effondré avec la fermeture de certains marchés frontaliers
importants tant au Niger qu'au Nigeria voisin. L'interdiction de certains
moyens de transport la réduction des heures de circulation
routière et la fermeture de certaines routes ont entrainé une
profonde perturbation de la commercialisation des produits agricoles et
halieutiques.
3.15.6 L'analphabétisme des
producteurs
La majorité des exploitants du site de Kimé Gana
sont analphabètes mais ont subi l'éducation traditionnelle dans
le cadre de l'école coranique. L'analphabétisme est un handicap
pour le développement de la culture maraichère.
3.15.7 Contraintes abiotiques
Le sud de la commune de N'guigmi est caractérisé
par des sols argileux hydromorphes, qui sont soumis aux aléas
climatiques et aux pratiques inappropriées de la gestion de la
fertilité
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 65
des sols. Les contraintes auxquelles font face la culture
maraichère sur le périmètre irrigué
sont :
La dégradation constante des sols à
l'érosion éolienne ;
La menace d'ensablement du site maraicher par le vent ;
La baisse constante de la fertilité des sols ;
Les pratiques inappropriées de la gestion de la
fertilité des sols :
Résidus de cultures généralement
brulés ou exportés hors des parcelles
Peu de restitution des résidus des cultures sous forme
d'amendements
Baisse de la pratique de la jachère
La non maitrise de l'eau pour l'irrigation des cultures
3.15.8 Les contraintes institutionnelles
La direction départementale de l'agriculture est un
acteur majeur qui intervient dans le cadre du développement agricole
dans le département de N'guigmi. Sur le site a lieu une distribution
dérisoire des intrants et matériels agricoles par l'état
ses partenaires. Depuis le début de cette crise plusieurs ONG et projets
interviennent superficiellement sur le périmètre de Kimé
Gana. D'autres directions étatiques sont quasiment inopérantes
sur le domaine agricole, notamment sur le maraichage, c'est le cas de la
direction départementale du génie rural.
3.15.9 L'absence des systèmes d'approvisionnement
et d'inaccessibilité des producteurs
On note un handicap dans le cadre d'approvisionnement des
matériels et intrants agricoles dans la commune de N'guigmi. Les moyens
et petits producteurs n'ont pas facilement accès aux intrants et
matériels agricoles qui sont sous la tutelle de la direction
départementale ; et les produits qui inondent les marchés locaux
sont des produits nigérians non autorisés sur le territoire.
L'inaccessibilité des producteurs surtout les moins nantis est
assimilable aux manques des moyens financiers, donc le recours aux produits non
autorisés mais bons marchés est obligatoire.
3.15.10 Les contraintes législatives
Les prétendus propriétaires des terres du site,
doivent être en possession des documents régissant le titre
foncier de leurs propriétés. Le code rural précise dans le
titre I du régime de la terre et en son article 10, il stipule que :
« La propriété selon le droit écrit résulte de
l'acquisition à titre privé d'une propriété
foncière rurale par l'un des actes ci-après :
- l'immatriculation au livre foncier ;
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 66
- l'acte authentique ;
- l'attestation d'enregistrement au dossier ;
- l'acte sous seing privé ».
3.15.11 Les contraintes biotiques
Il s'agit essentiellement des parasites de cultures causant
ainsi d'importants dommages, voire la destruction des cultures. Les producteurs
se plaignent du jaunissement de certains légumes comme les
variétés de piments, le chou pommé, la tomate.... (Photo
14).
Les cultures maraichères sont sujettes aux attaques des
insectes qui sont responsables de la faible production, les plus
fréquents sont les pucerons, les sauterelles...
Sur certaines parcelles et par endroit les insectes perforent
les feuilles des plants et les fruits ralentissant ainsi leur croissance. La
plus grande contrainte biotique à la production de manioc au Niger est
sans contexte la mosaïque africaine du manioc, maladie qui sévit
dans toutes les régions productrices de notre pays (Reca, 2017).
Sur le site les producteurs se plaignent des
dégâts causés par les nématodes parasites des
cultures maraichères qui détruisent les plants de tomates
à la racine.
A cela s'ajoute des contraintes parasitaires provoquées
par l'attaque des sauterelles et autres ennemies de cultures sur les jeunes
pousses.
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga33.png)
Photo 14: Un plan de chou pommé
attaqué par des insectes (Cliché : Achahabou février
2018)
3.15.12 Les contraintes économiques
L'insuffisance des moyens financiers constituent un handicap
pour le développement de la culture maraichère vu le climat
d'instabilité sécuritaire qui caractérise la région
du bassin du
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 67
lac Tchad en général sur le
périmètre maraicher de Kimé Gana particulier. Toutes
sortes d'activités qu'entreprenaient les populations vivant dans la
cuvette nord se trouvent en panne, d'où la cherté et la
rareté des produits. Ainsi les petits producteurs peinent à
trouver les moyens nécessaires pour acquérir des matériels
et intrants agricoles malgré l'appui insuffisant de l'état
à travers la CAIMA (Centrale d'approvisionnement en intrants et
matériels agricoles) et ses partenaires. Les projets et ONG apportent
leurs appuis en formant une faible portion des producteurs sur les pratiques
culturales ; ce qui traduit une faiblesse de la coopérative des
producteurs au niveau du site. Les organisations paysannes ne sont pas bien
développées au niveau de la commune, elles doivent créer
une synergie avec les producteurs des autres sites maraichers et pouvoir tirer
des profits des meilleurs prix aux différents acteurs intervenant dans
la filière. Le manque de route reliant le site au chef-lieu de la
commune est une entrave capitale au développement du site, car rare sont
ceux qui acheminent leur récolte dans les véhicules de transport
; la plupart des producteurs transportent leurs biens soient à dos
d'animaux ou dans une charrette à boeufs.
Aussi l'analphabétisme des exploitants est une
contrainte majeure au développement socio-économique de la
filière.
Le manque de technique de conservation et de transformation
des produits est à la base de la perte d'une quantité importante
de récoltes en réduisant ainsi les potentialités de
commercialisation. Donc des actions et efforts doivent être entrepris
pour améliorer les techniques de conservation, de transformation, afin
d'acheminer les produits vers d'autres contrées lointaines pour la
commercialisation.
Pour augmenter la production au niveau du site, la
coopérative et ses partenaires doivent multiplier les forages et les
systèmes de distribution des eaux, afin de mettre en valeur la partie
non aménagée d'une superficie de 24 hectares.
3.15.13 Les contraintes matérielles et
techniques
Les contraintes techniques sont liées aux
différentes techniques culturales qui sont notamment, la faible
utilisation des engrais et produits phytosanitaires, l'inadaptation des
variétés et la mauvaise qualité des semences,
l'archaïsme des systèmes et techniques de cultures. Le
problème d'accès aux intrants et matériels en
qualité et en quantité constitue un frein au développement
de la pratique des cultures maraichères. Les producteurs ne disposent
pas d'organisation structurée tant pour l'approvisionnement en intrants
et matériels que pour la commercialisation de leur production. Le manque
des moyens de transport et le mauvais état de la route poussent certains
producteurs à vendre individuellement et instantanément leur
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 68
production sur le site. Ainsi lors de nos entretiens, il est
noté que l'un des obstacles majeurs au développement et à
l'intensification des cultures irriguées est le manque crucial de
financement qui n'autorise pas de investissements conséquents dans ce
domaine. A Kimé Gana le second facteur qui freine la filière
maraichère est l'insuffisance des techniques d'approvisionnement de
l'eau et des canaux d'irrigation.
La crise actuelle qui sévit dans le bassin du lac Tchad
a conduit à la fermeture de plusieurs marchés tant au nord du
Nigeria que dans certaines localités dans la région de Diffa, au
Niger, d'où l'absence de débouchés. Les structures
paysannes en relation avec les partenaires doivent revoir les circuits de
commercialisation afin de chercher des débouchés lointains
possibles.
3.15.14 Les contraintes d'irrigation et le manque d'eau
sur le site
Les contraintes liées à la production agricoles
sont multiples et concernent notamment les aspects économiques surtout
le manque des moyens financiers et des financements à la base. Sur le
plan technique seul un nombre limité de producteurs
bénéficie de formation de d'information sur les techniques de
gestion et production agricole et la plupart ne maîtrisent pas
correctement les techniques d'irrigation.
A cela s'ajoute un manque d'eau sur le site, qui est relatif
à la profondeur de la nappe, car beaucoup d'exploitants attendent au
crépuscule ou souvent tard dans la nuit pour procéder à
l'arrosage.
L'exploitation des aquifères à divers usages
à plusieurs conséquences sur la qualité, la gestion
rationnelle des ressources en eau souterraine.
L'utilisation des eaux souterraines pour la consommation
humaine dans le cadre de l'agriculture, de l'industrie et autres
activités productives, diminue considérablement la
productivité des aquifères captifs (DRHA, 2017). La figure 18
montre une augmentation de la nappe de Kadzel de l'an 2000 à 2002, alors
qu'une diminution significative est observée pendant cette
dernière décennie.
L'exploitation des aquifères à plusieurs
conséquences sur la qualité, la gestion rationnelle des
ressources en eau souterraine.
Ainsi lors de nos différents passages sur le site
d'étude, on a constaté que le seul forage artésien ne
couvre pas tout le besoin en alimentation d'eau du site, malgré les 4
bassins d'eau parfois fonctionnels. Ce déficit d'eau s'explique aussi
par l'interdiction notoire d'utilisation des motopompes surtout en ce temps de
conflit dans la région, car le groupe terroriste Boko
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 69
Haram et leurs complices profitent auprès des
populations pour se ravitailler en carburant et autres moyens de nuisance.
01-07-2000 01-07-2001 01-07-2002 01-07-2003 01-07-2004 01-07-2005
01-07-2006 01-07-2007 01-07-2008 01-07-2009 01-07-2010 01-07-2011 01-07-2012
01-07-2013 01-07-2014
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga34.png)
NIVEAU D'EAU PAR RAPPORT A UN REPERE
29.30
29.20
29.10
29.00
28.90
Piézometre de Likitré: nappe du Kadzel
28.80
28.70
28.60
28.50
29.40
Figure 18: Niveau d'eau en mètre en
fonction du temps
3.16 Discussion
La production maraîchère fait partie des
activités agricoles exercée dans la commune de N'guigmi, plus
précisément sur le périmètre de Kimé Gana
qui autrefois était un village riverain du lac Tchad. La pratique de
cette activité répond à des logiques de
développement surtout dans le contexte actuel d'insécurité
et de changement climatique. Elle permet de lutter contre le chômage et
la réduction des vulnérabilités des populations
autochtones que celles fuyant le conflit dans le bassin du lac Tchad. Le
maraichage assure l'approvisionnement de la commune et ses environs en
légumes et autres produits maraichers. Les consommateurs ont directement
accès aux produits sur le site ou les marchés.
Plusieurs acteurs ou groupes d'acteurs interviennent dans la
filière dont les principaux les exploitants, la mairie, la chefferie
traditionnelle, l'Etat, les projets et ONG.
Il ressort des divers entretiens que les modalités de
l'accès à la terre sont multiples; on dénombre 5 modes
dont entre autre: l'héritage, le prêt, le don, l'achat, et le
gage.
Le taux d'accès pour l'héritage
représente 72%, contre 20% pour le prêt; mais ce dernier
s'effectue avec ou sans l'approbation des membres de l'organisation paysanne
qu'est la
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 70
coopérative de Kimé Gana. Ces données
peuvent être mises en corrélation avec les résultats
obtenus par Abdourahamani (2011), dans le polder de Boultoungour dans la partie
nigérienne du bassin du lac Tchad où il précise que le
prêt représente 86,84% et à lieu au près des chefs
des villages contre 13,15% pour l'héritage.
Par contre Awal (2011), mentionne lors d'une étude dans
le département de Madarounfa, qu'à Gabi 18,2% ont acquis leurs
terres irriguées par l'achat, alors qu'à Maradi commune il est de
35,7%, à Safo, 20% et 33,3% à Madarounfa.
Les superficies des exploitations sont classées comme
suit: Grande exploitation, exploitation moyenne et petite exploitation avec des
superficies respectives de 0,75 Ha, 0,25 Ha et 012 Ha, alors qu'à
Boultoungour, la taille moyenne de ces parcelles du polder est de 0,7 ha
(Abdourahamani, 2011). Ces résultats traduisent la petitesse du
périmètre qui est mis en valeur avec une superficie de 11 Ha.
Pour les différents travaux maraichers à savoir
la préparation des sols, le sarclage, la récolte, bon nombre
d'exploitants sollicitent la main d'oeuvre, car c'est une ressource facile
à cause des déplacements massifs des populations fuyant le
conflit dans le bassin du Tchad. Ainsi beaucoup de jeunes se retrouvent sans
travail préalable.
Le mode de payement de cette main d'oeuvre salariale est de
trois sortes à savoir : moyennant une partie de la récolte, par
argent cash ou les deux modes (argent et une partie de la récolte), avec
des proportions respectives 41,66%, 31,66% et 26,66%. La
rémunération moyenne est de 1000 Naira/homme et cela en fonction
du type de travail et de la durée.
Depuis l'avènement de cette insécurité
qui a occasionnée l'évacuation des villages riverains du lac et
leur relocalisation à Kimé Gana qui n'était pas sans
conséquence sur le rendement et la production maraichère. Kiari
Fougou (2014), souligne que l'irrigation est pratiquée sur les sites
maraichers dont le plus important est celui de Kimé Gana avec un
rendement assez bon. Certains engrais chimiques et produits phytosanitaires
sont interdits de commercialisation depuis 2015, ce qui a pour
conséquence un faible rendement et à cela s'ajoute l'utilisation
des outils archaïques et l'analphabétisme qui caractérise
les exploitants (seulement 18,33% sont instruits).
Le Nigeria qui fournit l'essentiel des produits
phytosanitaires et les engrais à travers les marchés frontaliers
.Certains utilisent des produits inefficaces qui sont accessibles à
moindre coût, mais dont l'utilisation peut entrainer des effets
néfastes chez l'homme.
La chambre régionale de l'agriculture de Maradi (2016),
confirme la nocivité de certains produits issus du Nigéria voisin
en ces terme : « un produit commercial avec comme matière
active le DDVP ou Dichlorvos (famille des organophosphorés), produit
interdit en Europe
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 71
pour toute utilisation, interdit au Maroc pour le
maraîchage, non autorisé dans tous les pays d'Afrique de l'Ouest
sauf au Nigeria ».
Les structures étatiques ne garantissent pas les
quantités suffisantes à temps opportun et les produits sont
souvent inaccessibles aux petits et moyens producteurs.
Bien avant la crise de Boko Haram, une grande partie de la
production maraichère est écoulée sur certains
marchés de la région et plus loin jusqu'au marchés
frontaliers du Nigeria et rarement vers le Tchad.
Actuellement, la production maraichère issue du
périmètre irrigué de Kimé Gana est
commercialisée sur le marché de N'guigmi et dans certains
marchés hebdomadaires des villages environnants. En période
d'importante production de la tomate, du chou, du piment, de la pomme de terre
et de l'oignon ; les marchés de Kabléwa, Kindjandi et Diffa
servent de débouchés pour l'écoulement des produits.
Les producteurs tirent bénéfices de cette
activité malgré le maraudage nocturne constate sur le site, vu
l'instauration de l'état d'urgence dans lequel végète la
région.
Les revenus de producteurs proviennent essentiellement de la
culture maraichère. Néanmoins les petits et moyens producteurs
exercent d'autres activités génératrices de revenus leur
permettant de subvenir à certains besoins immédiats de leur
famille. Les activités secondaires exercées sont : la fabrication
et la vente du charbon de bois, les petits commerces, l'embouche caprine, la
maçonnerie, les petits travaux ménagers.
Le revenu moyen du petit producteur (55%) a un plafond de 100
000 FCFA consacré aux achats des vivres et du matériel agricole.
Les producteurs moyens représentent 38.33 % et le sommet de leur gain
occasionné est de 300 000 FCFA. Les plus aisés sont les grands
producteurs (6,67%) qui s'en sortent avec un revenu plafond de 900 000 FCFA.
Ces résultats comparés à ceux obtenus par Abdourahamani
(2011) lors d'une étude sur le polder de Boultoungour, montrent une
corrélation sur les revenus occasionnés. Cette étude
souline que le revenu moyen est de 95 600 FCFA pour les petits producteurs, 351
000 FCFA pour les moyens producteurs et 905 800 FCFA pour les grands
producteurs.
Une étude récente réalisée sur le
lac Fitri au Tchad, montre les gains financiers occasionnés par les
producteurs.
A Ouahigouya, dans le nord du Burkina Faso le maraîchage
rapporte en moyenne 75 000 FCFA/an à chaque producteur dans le cadre
d'adaptation et perception aux impacts des changements climatiques (Bognini,
2011).
Selon une étude réalisée par Napo (2103),
les coûts de production dans la Vallée du Sourou au Burkina Faso
en 2008 est 721 000 FCFA / ha.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 72
A dire des acteurs la culture de la tomate sur une superficie
de 0,5 ha à Maafé (Tchad), peut rapporter jusqu'à environ
400 000 FCFA. Une étude de trois cultures dominantes à savoir la
patate douce, la tomate et le gombo sur une période de six mois
(octobre-mai) et sur une superficie d'environ 0,5 ha d'un groupement, montre
que les exploitants peuvent gagner jusqu'à environ 720 000 FCFA (Kiari
Fougou et al, 2018).
Les acteurs intervenant dans la production et la
commercialisation des produits maraichers sont : les producteurs, les ouvriers,
les commerçants, les collecteurs/revendeurs. Les revenus issus de la
production maraichère contribuent significativement à la
réduction de la vulnérabilité des populations meurtries
par la crise de Boko Haram. La pratique de cette activité permet de
réduire considérablement le chômage des jeunes et l'exode
rural.
3.17 Valorisation des cultures maraichères et
Perspectives d'aménagement du site de Kimé Gana
3.17.1 Valorisation de la culture
maraichère
L'organisation de la culture maraichère s'avère
un préalable à toute action visant une meilleure valorisation des
produits maraichers. Elle passe par une étroite collaboration entre les
différents acteurs intervenant dans ce domaine. La culture
maraichère répond particulièrement au besoin de
diversification et même de valoriser les efforts d'intensification des
moyens de production. Elle permet aux producteurs de tirer des importants
revenus et apporte des éléments minéraux et vitamines qui
font défaut dans le régime alimentaire. Cette activité
procure de l'emploi surtout aux jeunes désoeuvrés, qui sont
tentés par l'exode rural au péril de leur vie.
Le gouvernement actuel a marqué son
intérêt pour le développement de diverses activités
agricoles avec la création d'un organe dénommé : 3N(Les
Nigériens Nourrissent Nigériens). Ce dernier intervient dans
plusieurs domaines agricoles et assiste les coopératives des
producteurs. Il doit véritablement appuyer la plate-forme paysanne pour
une meilleure réorganisation des coopératives afin de mieux
écouler les productions au grand bonheur de toute une chaine d'acteurs,
en tirant le plus grand profit possible de la culture maraichère. Au
demeurant, tous les acteurs de la filière devraient être
intensément mobilisés pour un meilleur développement
durable des productions maraichères dans le pays en
général et sur le site de Kime Gana en particulier.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 73
3.17.2 Perspectives d'aménagement du site de
Kimé Gana
Au niveau du périmètre irrigué de
Kimé Gana, des projets et ONG interviennent dans le secteur maraicher en
vue d'améliorer la production. Cependant l'état en collaboration
avec les partenaires travaillent sans relâches avec les producteurs pour
le développement de la culture maraichère. Les différents
organismes qui ont intervenus sur le site pour sa réhabilitation suite
à son occupation momentanée par la population
déplacée de certains villages qui ceinturent la partie
nigérienne du lac Tchad sont entre autres :
? La mairie de N'guigmi qui réhabilité le forage
artésien après le recasement des déplacés vers
d'autres campements à hauteur de 650 000FCFA,
? Projet Care : Cet organisme a fourni des semences aux
producteurs en février 2018,
? CICR : En novembre 2017 le CICR a octroyé aux
producteurs des semences et matériels agricoles (brouettes, tuyaux,
pelles, puisettes...),
? ONG VND NOUR : Cette structure locale a
réhabilité le forage artésien et les canalisations
défectueuses à hauteur de 650 000 FCFA en juillet 2017,
? Croix rouge nigérienne : qui a assuré la
formation des producteurs sur la fabrication locale des insecticides, et le
secourisme en cas d'accident de travail sur le site.
Ainsi le souci de permettre une meilleure production
maraichère sur le site, le Programme de réhabilitation et de
renforcement de la résilience des systèmes socio
écologiques du bassin du Lac Tchad (PRESIBALT) a prévu
d'aménager 23 à 25 hectares pour accroitre la production. Au
terme de l'étude, les résultats obtenus nous permettent de
formuler les voies prospectives pour une meilleure mise en valeur de la
production des cultures maraichères sur le périmètre de
Kimé Gana:
1 Réaliser le projet de transfert d'eau depuis
l'Oubangui au lac Tchad pour réduire la sècheresse que vit le
lac Tchad en général et la partie nigérienne en
particulier ;
2 Etendre et diversifier les cultures irriguées sur le
site non mis en valeur ;
3 Assurer la disponibilité des semences et
sélectionner les variétés adaptées aux types de
sols ;
4 Réduire les pertes en eau par une meilleure maitrise
des besoins en eau de la culture irriguée ;
5 Mettre en place des systèmes d'adduction d'eau
à l'aide de l'énergie solaire pour une meilleure irrigation sur
le site ;
6 Freiner la dégradation accélérée
de la végétation au tour du périmètre en plantant
des arbres sur des grands espaces ;
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 74
7 Construire une route de N'guigmi au site de Kimé Gana
pour faciliter le transport ;
8 La réhabilitation de la route principale pour
accéder rapidement aux autres régions du pays et aux
frontières afin d'écouler les produits sur les marchés
hebdomadaires de grande, moyenne et petite importance.
9 Assurer des formations et encadrements des exploitants aux
techniques modernes de production, conservation et commercialisation des
produits maraichers;
10 Faciliter l'accès à tous les exploitants aux
matériels et intrants agricoles;
11 Favoriser la production du compost à partir des
résidus organiques et de la matière minérale.
12 Sensibiliser d'avantage la population sur le
phénomène de la destruction des arbres pour un
développement durable et une meilleure gestion de l'environnement.
13 La mise en place d'un système d'enregistrement
fiable des exportations et des importations, au niveau des frontières,
afin de pouvoir suivre l'évolution des flux.
14 La mise en place ou l'amélioration du système
d'information sur les marchés, avec une collecte sur les
quantités et les prix, assurée par une entité de la
fonction publique.
Conclusion partielle
Ce chapitre traite des différents outils et les
techniques de production des cultures maraichères sur le site. Ainsi de
la préparation des terrains à la récolte des
spéculations, les moyens et petits producteurs utilisent majoritairement
la force de leur bras, tandis que les grands producteurs emploient la main
d'oeuvre.
A ce jour la commercialisation des produits maraichers se fait
suivant un circuit court qui permet aux producteurs de tirer directement des
profits et un circuit long qui intègre plusieurs acteurs à
différents niveaux.
Les revenus de la production varient en fonction de
producteurs et les prix des spéculations changent aussi en fonction des
périodes.
Les moyens de transport qui sont les plus utilisés sont
principalement les véhicules et le mode de transport traditionnel
(à pieds et à dos d'ânes).
Le séjour des populations déplacées sur
le site maraicher de Kimé Gana a engendré des dégâts
importants tant sur l'environnement que sur les installations des
équipements du périmètre. Le site de Kimé Gana fait
face à plusieurs contraintes, auxquelles il faut y remédier.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 75
CONCLUSION GENERALE
L'étude des systèmes d'exploitation du maraichage
de Kimé Gana, note une implication des
femmes dans toutes les activités agricoles. Les
cultures maraichères contribuent véritablement à la
réduction des vulnérabilités des populations et à
l'amélioration de leur régime alimentaire. Les revenus
occasionnés permettent de subvenir à certains besoins des
ménages. Ces différents travaux maraichers permettent la
réduction de chômage et l'exode rural des jeunes vers d'autres
contrées, surtout en cette période d'instabilité
sécuritaire dans toute la région du bassin du lac Tchad.
La cuvette nord est un milieu qui offre des conditions
favorables pour le développement de la culture maraichère. Cette
activité constitue une source indispensable de revenus pour tous les
acteurs qui interviennent directement ou indirectement dans la
filière.
La crise actuelle dans le bassin du lac Tchad a conduit
à la déstabilisation de toutes les activités
socio-économiques et a provoqué un déplacement massif des
populations vers d'autres horizons. L'installation momentanée de la
population des villages riverains du lac Tchad sur le périmètre
de Kimé Gana a occasionné des impacts notoires sur plusieurs
composantes environnementales et sociales.
La coopérative maraichère de Kimé Gana
par l'intermédiaire de sa Présidente, assure la gestion et le
droit d'accès à la terre. Les autorités coutumières
et l'état n'interviennent qu'en cas de conflit. Cette étude
révèle un accès facile à la terre de culture. Les
modes d'accès sont : l'héritage/propriété, le don,
le gage, le prêt, l'achat.
Les systèmes de cultures sont alimentés par un
forage artésien pouvant débiter 35m3/h ; les canaux
d'irrigation sont délabrés et ne couvrent pas la totalité
du site mis en valeur.
Les systèmes d'exploitation sont
caractérisés par des associations de cultures et des
monocultures. Le système d'exploitation de culture de Kimé Gana
dépend essentiellement du forage artésien et du système
irrigation.
Sur le périmètre mis en valeur les femmes
constituent la grande majorité d'exploitants et ne se distinguent pas
des hommes lors des travaux. Les spéculations les plus cultivées
sont : le la
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page 76
pomme de terre, la tomate, l'oignon, le piment, le chou, la
carotte, le gombo, la salade, le manioc, la courge, le blé,
l'ail...etc.
Les sols de la cuvette nord sont généralement
fertiles; ce qui permet une diversification des cultures et un bon rendement de
la production.
L'état et ses partenaires au développement
apportent des aides considérables aux maraichers en organisant des
campagnes de formation et d'information sur les techniques modernes de gestion
de la filière maraichère. Ces cultures contribuent fortement
à la réduction du taux de chômage, à la
sécurité alimentaire et à l'amélioration des
conditions de vie des populations meurtries par la crise de Boko Haram.
Les revenus de la production permettent aux exploitants de
satisfaire les besoins familiaux, l'achat des vivres, l'achat des petits
ruminants pour l'embouche, l'acquisition du matériel et intrants
agricoles. D'autres acteurs (collecteurs, revendeurs, détaillants,
ouvriers, transporteurs) tirent aussi profits de cette activité.
La filière maraichère fait la fierté de
toute une gamme d'acteurs et contribue à la réduction de la
vulnérabilité des populations, au chômage et à la
migration des jeunes à la recherche d'un avenir incertain.
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page a
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socio-économiques et spatiales dans la commune de Ndiop
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agroécologique comme réponse à l'insécurité
alimentaire au Burkina Faso : analyse et potentiel de création d'une
filière commerciale. Mémoire de fin d'étude,
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Bassin du Lac Tchad « Cléwa Salai », Diffa (Niger) du 02 au 04
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de Boko Haram. 204 p.
28.
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Publié par EDP Sciences.
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gestion des territoires et Développement, Géographie,
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production de l'oignon (Allium cepa) dans la province du Yatenga.
Mémoire de fin de cycle en vue de l'obtention du diplôme
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de Bobo-Dioulasso, Institut de Développement Rural.p.15
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(OCHA) 2016. Niger : Profil humanitaire de la région de Diffa, 4p.
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du Code Rural, Secrétariat Permanant : recueil des textes, 12 p.
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à la sécurité alimentaire dans la commune rurale de
l'Imanan, Publié le 19 Mars 2017. URL:
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consulté le 30 Juillet 2018.
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terre dans les communes de Doutchi, Koré Mairoua et Soukoukoutane
(Département de Doutchi) au Niger. Mémoire de
géographie, Université Abdou Moumouni de
Niamey.
http://www.memoireonline.com/10/12/6162
consulté le 01 Décembre 2018.
ANNEXES
I Questionnaire adressé aux exploitants du site
pour les données qualitatives Identification de
l'enquêté
Région de .
Département de
Commune rurale de .
1 Nom et Prénom de l'enquêté,
2 Age . Date de l'enquête .
3 Nom du site fondateur du site
4 Niveau d'instruction de l'enquêté
Ecole coranique Non instruit
Primaire
Secondaire
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page d
Supérieur
5 Nationalité de l'enquêté
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga35.png)
Nigérienne
Nigériane
Autre
Tchadienne
6 Nombre de personnes à charge
![](Systemes-dexploitation-de-la-cuvette-nord-du-lac-Tchad-cas-du-maraichage-sur-le-site-de-Kime-Ga36.png)
1 à 3 Personnes
6 à 9 Personnes
3 à 6 Personnes
10 Personnes et Plus
7 Ethnie de l'enquêté
Kanouri
|
|
Hausa
|
|
Boudouma
|
|
Peulh
|
|
Toubou
|
|
Autres
|
|
Le régime foncier du Site
8 Quand est-ce que ce site a été
fondé ?
9 Qui sont les premiers habitants du site ?
10 Y a-t-il d'autres groupes qui sont venus après ?
Si oui lesquels ? si non pourquoi ?
11 Quelles étaient les activités principales des
occupants ?
Agriculture /- ----/ Elevage/ / Pêche/ /
12 Y a-t-il un responsable de terre dans votre site ?
Si oui qui est-il ? .
Si non pourquoi ? ...
13 Comment parvient-on à ce poste ?
14 Est-ce que tout le monde peut accéder à la terre
? Si non qui peut accéder à la terre ?
15 Pourquoi cette distinction
16 Modes d'acquisition de la parcelle sur le site
Achat
|
|
Location
|
|
Don
|
|
Gage
|
|
Héritage
|
|
Prêt
|
|
17 Qui accordent le droit d'exploitation ?
Les autorités communales (maire)
Les autorités coutumières
Coopératives villageoises
ONG et Projets
Autres
18 Existe-t-il des associations, ONG ou projets qui
interviennent dans la gestion des terres sur le site ?
Si oui lesquels .
Si non pourquoi
19 Avez- vous une fois été exproprié de
votre parcelle ?
Si oui lesquels .
Si non pourquoi
20 Y a-t-il des secteurs qui sont régulièrement
inondés ?
Si oui lesquels .
Comment y accéder
21 Quelle est la durée de prêt 1 à 2 ans
/----/3 à 4 ans/---/5à 9 ans/----/ +10 ans/----/
Typologie des exploitations
22 Taille des exploitations
Petite exploitation
Moyenne exploitation
Grande exploitation
23 Nombre d'exploitations : une/----/ deux /----/trois /----/
quatre /----/ plus de quatre/----/
24 vous prêtez Avez-vous d'autres exploitations que
à d'autres exploitants ? Combien : une/----/ deux /----/trois /----/
quatre /----/ plus de quatre/----/
25 La culture de décrue est-elle votre activité
principale/ / activité secondaire/ /
Si non quelle est l'activité(s) principale (s)
activité(s) secondaire(s)
Pratiques culturales
25 Quelles sont les semences utilisées : locales/----/
importées/----/
26 Quelles sont les différentes spéculations
produites avant et actuellement ?
Mais
Tabac
Manioc
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page e
Niébé
|
|
Sorgho
|
|
Melon
|
|
Poivron
|
|
Courge
|
|
Oignon
|
|
Pastèque
|
|
Gombo
|
|
Patate Douce
|
|
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page f
Autres (A
préciser)
Financier
27 Les revenus issus de la production vous suffisent t'ils
à subvenir à vos besoins ?
1 .Oui 2. Non
28 Sinon comment arrivez à vous en sortir ?
29 Quelle est la production par : 1. Mois ? 2. Par
campagne ?
30 Combien de campagnes faites-vous par an ?
31 Quelles sont vos autres sources de revenus ?
32 Avez-vous des difficultés à écouler vous
produits ? 1. Oui 2.Non
33 Si oui, qu'est ce qui l'explique ?
34 Tirez-vous des bénéfices de votre
activité agricole ? 1. Oui 2. Non
35 Les prix auxquelles vous vendez vos produits vous conviennent
ils ? 1. Oui 2. Non
36 Si non pourquoi ?
II Questionnaire adressé aux exploitants du site
pour les données quantitatives Humain
1 Quelle est la main d'oeuvre dont vous disposez ? 1. Familiale
2.Contrat 3. Entraide
2 Autres, précisez :
Infrastructures
3 Quels sont les équipements dont vous disposez ? 1.
Motopompes 2. Mobylettes
4 Charrettes 4. Autres :
5 Quelles sont les infrastructures de base dont vous disposez ?
1. Centre de santé
2 Marché 3.Ecole 4. Forages 5. Electricité 6.
Banque 7. Autres
6 Préciser :
7 Disposez-vous suffisamment de magasins pour stocker vos
produits agricoles ? 1. Oui 2.Non
8 Si non comment faites-vous pour stocker vos produits ?
9 Maîtrisez-vous toutes les spéculations que vous
pratiquez ? 1. Oui 2. Non
10 Si non, lesquelles ne maîtrisez-vous pas ?
11 Disposez-vous d'une banque céréalière ?
1. Oui 2. Non
12 Avez-vous accès aux intrants agricoles ? 1. Oui 2-
Non
13 Si non pourquoi ? Social
14 Quelles sont les difficultés rencontrées ?
15 Avez-vous déjà été victime d'une
inondation ? 1. Oui 2.Non
16 Si Oui quels sont les dégâts que vous avez subit
? 1. Perte de récolte 2.Perte d'habitat 3. Autres
:
17 Pour faire face aux effets néfastes du changement
climatique recevez-vous de l'aide auprès :
1. De l'Etat
2. Des ONG
3. Des projets
4. Autres :
5. Non pas du tout
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page g
18 Nature de l'aide du Gouvernement :
1. Argent
2. Vivres gratuits
3. Subventions de vivres
4. Distributions d'engrais
5. Subventions d'engrais
6. Autres
19 Nature de l'aide des ONG :
1. Argent
2. Vivres gratuits
3. Subventions de vivres
4. Distributions d'engrais
5. Subventions d'engrais
6. Autres :
20 Nature de l'aide des projets :
1. Argent
2. Vivres gratuits
3. Subventions de vivres
4. Distributions d'engrais
5. Subventions d'engrais
6. Autres :
21 Y'a-t-il des jeunes déscolarisés dans votre
famille ? 1. Oui 2. Non
22 Si oui combien ?
23 S'intéressent t-ils aux activités agricoles ?
1. Oui 2. Non
24 Sur quels marchés écoulez-vous vos produits
?
1. Marché local
2. Marché urbain
3. Marché extérieur
25 Les prix auxquelles vous vendez vos produits vous
conviennent ils ? 1. Oui 2. Non
26 Si non pourquoi ?
27 L'avènement de Boko Haram a-t-il des effets sur
votre activité ? 1. Oui 2.Non
28 La production au niveau du site a-t-elle diminué ou
augmenté ?1.Oui 2.Non
29 Selon vous quel est l'impact de l'occupation d'une partie
du site par les déplacés ?
1. Découpage des arbres
2. Destruction des parcelles de culture
3. Occupation anarchique
4. Autres à préciser
30 Avez-vous été exproprié de vos
parcelles suite à cette occupation ? Oui ou Non
31 Quels sont les problèmes récurrents auxquels
vous êtes confrontés ?
1. Accès à la terre
2. Transport
3. Ecoulement
4. Accès aux matériels et intrants agricoles
5. Menaces de tout genre
6. Autres à Préciser
Commercialisation et Circuit commercial
32 .Identifications des spéculations commerciale
33 Y a-t-il des problèmes de conservation ?
Si oui lesquels
34 Quelles sont les solutions apportées
35 Qui achètent vos produits ?
36 Où vendez- vous ?
Achahabou Hamissou /Master II EEDD/IS2E/UDA Page h
37 Comment vendez-vous ?
38 Quels moyens utilisez-vous pour le transport des marchandises
?
Véhicules/----/ charrettes /----/ à pied /----/
34 Quelles sont les difficultés liées à la
commercialisation de vos produits ? Mévente /---/aucune/--
Guide d'entretien adressé aux autorités
administratives, coutumières et les grands exploitants
1 historique du village
2 historiques du site
3 existe-t-il des dispositions réglementaires en vigueur
dans la gestion du site ?
4 quel est le mode d'acquisition des parcelles dans le site ?
5 comment se fait la préparation de l'exploitation ?
6 quels sont les changements intervenus dans le site ? Pourquoi
?
7 comment est la disposition des cultures dans le site ?
8 pourquoi cette disposition ?
9 quels sont les problèmes que vous rencontrez ?
10 quels sont les conflits les plus récurrents ?
11 quelles sont les sources de ces conflits ?
12 qui règlent ces conflits ?
13 les productions au niveau du site augmentent ou diminuent
à la fin de chaque saison ?
14 quelles sont les actions entreprises pour protéger ces
sols et améliorer leur qualité ?
15 quelles sont les attaques parasitaires dans ce site ?
16 utilisez-vous des intrants dans vos exploitations ?
17 lesquels et leur provenances ?
18 transformez-vous les produits avant de les conserver ?
19 existe-t-il des structures d'encadrement et que font-elles
?
20 décrivez avec plus de précision le circuit de
commercialisation de produits de votre site au client le plus lointain
possible.
21 existe-t-il des espèces animales ou
végétales qui ont disparus ?
22 discussions sur l'apport social et économique du
site
23 quelle est la part de ces cultures de décrue dans la
commune ?
24 quels sont les atouts de ce site ?
25 quels sont les contraintes majeures que vous avez
relevées ?
26 que pensez-vous de l'avenir de ce site ?
Constat visuel
1 établir une coupe (transect) de culture du site
2 les différentes cultures et leurs emplacements dans le
site
3 les dispositions des cultures au sein des parcelles
4 relevez les principales cultures du point de vue superficies
des planches
5 les clôtures des parcelles partielles ou totales
6 les types de points d'eau utilisés
7 indiquez les associations de cultures observées et leur
organisation
8 déterminez les contraintes et les atouts
9 dégagez les tendances observées
|