ABSTRACT
Trachoma is considered as a public health problem in
Cameroon. The National Trachoma Elimination Plan main objective is the
elimination of trachoma as a cause of blindness in all endemic HD in
Cameroon.
Regarding the Kolofata HD, the process of trachoma
elimination faces a number of constraints including insecurity and human risks,
displacement of populations, and lack of access to health care.
The analysis of these elements brings out three main
problems: the appearance of new cases of the disease in the HD, the presence of
a new focus of the disease in the camp for displaced persons of Mora, and the
delay in relation to the Cameroon's trachoma elimination agenda.
The strategic decisions are mapping the Kolofata HD
and Mora IDP camp, planning mass treatment and TT surgery activities, and
updating the elimination agenda. The WHO SAFE strategy will be
developed.
Improving the living environment in a community helps
reduce the prevalence of active trachoma, and thus improves the eyesight of
future generations.
Keywords : Trachoma - Elimination - Public
health - Kolofata - Cameroon.
SIGLES ET ABRÉVIATIONS
- CHANCE : CHirurgie, Antibiothérapie, Nettoyage
du visage, Changement de
l'Environnement
- COVID - 19 : Corona Virus Disease 2019
- DS : District de Santé
- HBM : Health Belief Model
- HKI : Helen Keller International
- ITI : Initiative Internationale contre le
Trachome
- OMS : Organisation Mondiale de la
Santé
- ONG : Organisation Non Gouvernementale
- OSF : Ophtalmo Sans Frontières
- PNET : Plan National d'Élimination du
Trachome
- PNLCé : Programme National de Lutte contre la
Cécité
- RCA : République Centrafricaine
- TF : Trachome Folliculaire
- TT : Trichiasis Trachomateux
- WASH : eau, assainissement et
hygiène
INTRODUCTION
Le trachome résulte de l'infection de l'oeil
par une bactérie appelée Chlamydia trachomatis. Cette infection
se transmet de personne à personne, le plus souvent d'un enfant à
un autre ou d'un enfant à sa mère, dans un contexte de
pénurie d'eau, de promiscuité, d'absence d'hygiène
individuelle et collective. L'absence - ou la non utilisation - des latrines et
la mauvaise gestion des déchets domestiques et animaux rendent propice
la prolifération des mouches qui sont des vecteurs passifs de la
maladie.
Le trachome est considéré comme un
problème de santé publique au Cameroun. Des enquêtes de
prévalence menées dans les régions de l'Extrême-Nord
et du Nord ont permis de confirmer l'endémicité de la maladie.
Cette confirmation a suscité la prise de conscience des acteurs de
santé aux niveaux national et international, et a conduit à
l'élaboration du Plan National d'Élimination du Trachome au
Cameroun. Ce plan a pour objectif principal l'élimination du trachome
comme cause de cécité dans les régions endémiques
du Cameroun.
La revue de la littérature sur le trachome au
Cameroun montre que celle ci s'est longuement appesantie sur l'estimation des
prévalences, la prise en charge des cas, les mesures de riposte et de
prévention de la maladie, sans toutefois véritablement innover
dans la perspective d'analyse. Trois principales approches se dégagent
des publications effectuées sur le trachome au Cameroun : une approche
épidémiologique à travers les différentes
enquêtes qui ont été mises en oeuvre sur le terrain, une
approche curative qui se traduit par les activités de chirurgie du TT et
de distribution de masse des médicaments, et une approche promotionnelle
qui renseigne sur les activités de nettoyage du visage et de changement
de l'environnement.
L'objectif de la présente étude est de
proposer une démarche nouvelle dans l'atteinte des objectifs
d'élimination du trachome comme problème de santé publique
au Cameroun, ceci dans une zone d'incertitude, qui sera
représentée par le DS de Kolofata. La mise en forme de cette
démarche passera par la description du contexte d'action et
l'identification des principaux acteurs et enjeux. L'analyse stratégique
de la situation permettra d'adopter un arbre décisionnel ainsi que des
actions envisageables par rapport au problème posé.
Le développement d'une telle approche devrait
contribuer à apporter des éléments de réponse
à la question de recherche, et offrir de nouvelles perspectives et des
clés de compréhension à la problématique de
l'élimination du trachome comme problème de santé publique
au Cameroun.
CHAPITRE 1 : LE TRACHOME, UNE MALADIE TROPICALE
NÉGLIGÉE I- CONTEXTE DE LA MALADIE
Le trachome est l'une des principales causes de
cécité évitable dans le monde. Il fait partie du groupe
des Maladies dites Tropicales Négligées (MTN) qui concerne
près d'un milliard de personnes dans le monde. La caractéristique
de ces maladies est de toucher les populations pauvres d'une part et d'autre
part d'être négligées par les responsables politiques, les
chercheurs et la communauté internationale.
Le trachome est une affection oculaire contagieuse.
Les symptômes commencent par une légère démangeaison
et une irritation des yeux et des paupières. Ils peuvent évoluer
jusqu'à entrainer une vision floue et des douleurs oculaires. Les
antibiotiques permettent le traitement à un stade
prématuré de la maladie. À un niveau plus avancé,
une intervention chirurgicale est nécessaire. L'accès à
l'eau propre et la présence des conditions sanitaires adéquates
sont essentiels pour prévenir la maladie.
L'infection débute souvent durant l'enfance, et
devient chronique par la suite, notamment en cas d'infestations multiples, et
si aucune action médicale et des mesures d'amélioration de
l'hygiène individuelle et collective ne sont pas entreprises. Le
trachome provoque à la longue un retournement de la paupière vers
l'intérieur et les cils viennent frotter sur le globe oculaire, causant
des ulcérations au niveau de la surface de l'oeil et finalement des
cicatrices. Ces cicatrices entrainent une cécité
irréversible, généralement à un âge compris
entre 30 et 40 ans. On retrouve ainsi des adultes qui rendus à la fleur
de l'âge sont dorénavant réduits à leur plus simple
expression et incapables de subvenir à leurs besoins et à ceux de
leur famille.
D'après les estimations de l'OMS, le trachome
constitue la première cause de cécité d'origine
infectieuse. La cécité due au trachome est évitable, mais
une fois installée elle devient définitive. L'accent doit donc
être mis sur sa prévention. Le diagnostic précoce des cas,
associé à un traitement approprié empêchent
l'évolution vers les stades irréversibles.
Grâce à la stratégie CHANCE, l'OMS
et ses partenaires visaient l'élimination du trachome comme cause de
cécité dans le monde d'ici 2020. GET2020 représente un
élément d'une stratégie beaucoup plus large connue sous le
nom de «Vision 2020 : le droit à la vue », qui avait pour
objectif l'élimination de toute forme de cécité
évitable en 2020.
1. Aspects cliniques et épidémiologiques du
trachome
Dans les zones où le trachome est
endémique, la forme évolutive de la maladie est fréquente
chez les enfants d'âge préscolaire, avec des taux de
prévalence qui peuvent atteindre 60 à 90%. L'infection est moins
répandue à mesure que l'âge augmente.
La maladie est généralement
contractée lors d'une proximité étroite avec une personne
souffrant de la forme évolutive, et la famille est le principal
environnement de la transmission. Le système immunitaire peut vaincre un
épisode infectieux isolé, mais dans les communautés
d'endémie, les sujets se réinfectent
fréquemment.
Après des années d'infections
répétées, l'intérieur de la paupière peut se
couvrir de tissus cicatriciels (cicatrices conjonctivales) au point que son
bord se retourne vers l'intérieur et que les cils frottent contre la
cornée (trichiasis), ce qui provoque une douleur constante et une
intolérance à la lumière. Ces altérations oculaires
peuvent provoquer l'apparition de cicatrices sur la cornée. Faute de
traitement, cette affection conduit à la formation d'opacités
irréversibles puis à l'apparition de déficiences visuelles
et de la cécité ; ceci se situe généralement dans
l'intervalle d'âges compris entre 30 et 40 ans.
Il existe 5 stades cliniques d'évolution du
trachome selon la classification simplifiée de l'OMS :
- Stade 1 : inflammation trachomateuse folliculaire
(TF). Présence d'au moins 5 follicules sur la conjonctive de la
paupière supérieure (conjonctive tarsale). Les follicules sont
des protubérances blanches, grises ou jaunes, plus pâles que la
conjonctive voisine.
- Stade 2 : inflammation trachomateuse intense (TI).
La conjonctive de la paupière supérieure est rouge, rugueuse,
épaissie. Les vaisseaux sanguins, habituellement visibles, sont
masqués par une infiltration inflammatoire diffuse ou par des
follicules.
- Stade 3 : cicatrice trachomateuse (TS). Les
follicules disparaissent progressivement, laissant place à des
cicatrices : lignes, bandes ou plages blanches sur la conjonctive de la
paupière supérieure.
- Stade 4 : trichiasis trachomateux (TT). Les
cicatrices multiples entraînent une rétraction de la
paupière (entropion) ; les cils dévient vers l'intérieur
de l'oeil, frottent contre la cornée, provoquent des ulcérations
et une inflammation chronique.
- Stade 5 : opacité cornéenne (CO). La
cornée devient progressivement opaque, entrainant une baisse de
l'acuité visuelle ou une cécité.
L'âge auquel ces problèmes surviennent
dépend de plusieurs facteurs dont l'intensité de la transmission
locale. Dans les communautés de forte endémie, ils peuvent
apparaître dès l'enfance, mais leur développement entre 30
et 40 ans est plus typique.
Ces déficiences visuelles (y compris la
cécité) aggravent les difficultés des individus et de leur
famille, qui figurent déjà parmi les plus pauvres. Les femmes
sont jusqu'à 4 fois plus touchées que les hommes, probablement
parce qu'elles sont davantage en contact avec les enfants
infectés.
Les facteurs de risques environnementaux qui ont une
incidence sur la transmission de la maladie sont le manque d'hygiène, le
surpeuplement des habitations et la promiscuité, le manque d'eau, le
manque de latrines et de moyens d'assainissement.
Le trachome est endémique dans un grand nombre
des régions parmi les plus pauvres et les plus rurales de 41 pays
d'Afrique, d'Amérique centrale, d'Amérique du Sud, d'Asie,
d'Australie et du Moyen-Orient. Il est responsable de déficiences
visuelles et de cécité chez près de 2 millions de
personnes. Cela représente près de 1,4% de la totalité des
cas de cécité dans le monde.
Dans l'ensemble, l'Afrique reste le continent le plus
touché et celui où les efforts de lutte sont les plus intensifs.
En 2016, dans les 26 pays de la région africaine de l'OMS où l'on
sait que le trachome est un problème de santé publique, plus de
247.000 cas de trichiasis ont été opérés. Ce qui
signifie que 95 % des interventions dans le monde ont eu lieu dans cette
région. En outre, 83 millions de personnes ont été
traitées par antibiotique en 2016, ce qui représente 97 % du
total mondial des cas de trachome traités.
Au 1er juillet 2017, 10 pays (Cambodge, Chine, Ghana,
Maroc, Mexique, Myanmar, Oman, République d'Iran, République
démocratique populaire du Laos et Viet Nam), avaient
déclaré avoir atteint les objectifs de l'élimination du
trachome en tant que problème de santé publique, ce qui
représente une étape majeure dans la campagne menée pour
éliminer cette maladie.
L'insuffisance de développement
économique est un facteur favorisant la survenue des déficiences
visuelles. C'est pourquoi, les programmes de prévention et de soins
oculaires ne
L'élimination du trachome en tant que
problème de santé publique se définit comme suit : la
prévalence du TT inférieure à 0,2% des adultes
âgés de plus de 15 ans (soit moins de 2 cas pour 1.000 habitants),
et la prévalence de l'infection trachomateuse folliculaire
inférieure à 5% chez les enfants âgés de 1 à
9 ans.
L'élimination du trachome comme problème
de santé publique dans un pays est la résultante de la soumission
et de la validation d'un dossier d'élimination auprès des
instances de l'OMS. Le dossier d'élimination du trachome est un ensemble
de document qui renseigne sur les progrès accomplis par le pays vers
l'atteinte des cibles d'élimination de la maladie. Le dossier doit
comporter les informations requises dans le modèle établi par
l'OMS.
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