Thibaut FILLIOL
Mémoire de Master 2 Géographie
Environnementale Année universitaire 2015-2016
Juin 2016
Réflexion sur la prise en compte de l'adaptation au
changement climatique à Rennes : eau, végétation et
îlot de chaleur urbain
Université de Strasbourg
Faculté de Géographie et
d'aménagement
Jury
? Dominique Schwartz : Professeur (responsable du master)
? Pierre Kastendeuch : Maître de conférences (tuteur
universitaire) ? Georges Najjar : Maître de conférences
Réflexion sur la prise en compte de l'adaptation au
changement climatique à Rennes : eau, végétation et
îlot de chaleur urbain
Thibaut FILLIOL
Remerciements
Pour commencer, je tenais à remercier tout
particulièrement Armelle ECOLAN, ma tutrice durant ce stage, pour sa
motivation à toute épreuve, son dynamisme et son implication sur
les réflexions menées.
Je remercie également toutes les personnes des
différents services qui ont participé, de près ou de loin,
aux groupes de travail mis en place au cours de ces six mois et aux
débats enrichissants qui ont pu s'y dérouler.
Mention spéciale aux chargés d'études et aux
assistantes du service planification & études urbaines, pour leur
accueil et leur bonne humeur, qui ont rendu le déroulement du stage bien
plus agréable.
Je tenais aussi à remercier Mr. Pierre Kastendeuch, tuteur
universitaire, pour son aiguillage au cours de ce travail de mémoire.
Enfin, merci à ma famille et à mes amis pour leur
soutien et leurs précieuses relectures.
4
Table des matières
Remerciements 3
Table des matières 4
Table des figures 6
Table des annexes 8
Introduction 9
I. L'adaptation au changement climatique, un contexte
favorable à l'émergence de nouvelles
stratégies de gestion de l'eau et de la
végétation sur l'ensemble du territoire métropolitain
11
1. Le cadre réglementaire de Rennes en pleine
évolution 12
1.1 La révision du PLU de Rennes et l'élaboration
du premier PLUi de Rennes Métropole 13
1.2 L'émergence du PCAET nouvelle génération
de 2016 15
1.3 Le label Cit'ergie, témoin de l'engagement de la
métropole rennaise 17
2. Un changement climatique avéré 18
2.1 Les différents scénarios du GIEC 18
2.2 Des changements observés à toutes les
échelles 20
2.3 Les effets majeurs associés au changement climatique
24
3. L'îlot de chaleur urbain, un phénomène
climatique propre aux zones urbaines 27
3.1 Définition et caractéristiques de l'ICU
à Rennes 27
3.2 Les leviers d'action pour atténuer l'ICU :
végétation, eau et bâti 30
3.2.1 Les autres effets de la végétation 31
A. Sur la qualité de l'air 32
B. Sur la santé et le bien être 32
4. Les méthodes d'adaptation au changement climatique :
la ville comme terrain d'expérimentation 33
4.1 L'action sur le secteur privé au travers du
coefficient de biotope 33
4.1.1 De sa création à Berlin à son
adaptation par certaines villes françaises 34
A. Berlin 35
B. Paris 38
C. Malakoff 42
D. Saint-Quentin-en-Yvelines 42
4.2 Les nouvelles méthodes de végétalisation
(livret en Annexe 17) 44
4.3 La gestion intégrée des eaux pluviales, un
enjeu fort pour une meilleure résilience des villes 46
4.3.1 Les techniques traditionnelles de gestion de l'eau 46
4.3.2 Les techniques alternatives (livret en Annexe 18) 47
5. Vers une gestion participative des habitants ? 48
II. 5
Agir sur le territoire, par l'intermédiaire d'un
travail interdisciplinaire multi-acteurs 50
1. Deux champs d'investigation majeurs : l'espace public et
l'espace privé 51
1.1 Identification des acteurs 51
1.2 Formalisation d'une méthode 53
1.2.1 Constitution de groupes de travail 53
A. Réflexions sur l'espace privé et sur un premier
coefficient de biotope 56
? Objectifs et principes des futures réglementations
60
? Hypothèses de règles 63
III. Discussion des premières pistes de
réflexion, difficultés rencontrées et perspectives ....
66
Conclusion 71
Bibliographie 73
Bibliographie référencée 73
Sites internet 73
Autres 74
Lectures complémentaires 79
Glossaire 85
Annexes 88
Résumé - Abstract 135
6
Table des figures
Figure 1 : Hiérarchie normative autour du SRCAE
(Document de présentation SRCAE, 2013) 12
Figure 2 : Calendrier prévisionnel du PLUi
(Archives Rennes Métropole, 2016) 15
Figure 3 : Calendrier prévisionnel du PCAET
(Archives Rennes Métropole, 2016) 15
Figure 4 : Évolution du bilan radiatif de la terre
ou « forçage radiatif » en W/m2 sur la
période 1850-2250, selon
les anciens et les nouveaux scénarios (CNRS,
Senesi) 18 Figure 5 : Évolution de l'anomalie de température
annuelle moyenne en France au 20ème siècle, sur la
normale
climatique 1961-1990 (Météo-France)
20
Figure 6 : Évolution des précipitations
depuis un siècle en France (Météo-France) 21
Figure 7 : Écarts à la normale (1971-2000)
des valeurs moyennes annuelles de températures maximales
quotidiennes (en haut) et minimales quotidiennes (en bas)
sur l'Ouest de la France (Météo-France) 21 Figure 8 :
Évolution des températures l'après-midi en
été, selon les scénarios du GIEC à l'horizon 2080
(Météo-
France) 22 Figure 9 : Évolution de la
pluviométrie moyenne annuelle, selon les scénarios du GIEC
à l'horizon 2080 (Météo-
France) 22 Figure 10 : Évolution des
températures moyennes annuelles à Rennes, sur la période
1879-2011 (en haut) et
zoom sur la période 2000-2011 (en bas)
(Météo-France) 23
Figure 11 : Écarts à la normale (1971-2000)
des précipitations à Rennes (Météo-France)
23
Figure 12 : État hydrologique des nappes en 2013 en
France (
http://wikiagri.fr)
26
Figure 13 : Profil de l'îlot de chaleur urbain (ICU)
à Rennes en 2005 et écarts observés (
http://www.espace-
sciences.org) 28
Figure 14 : Intensité de l'îlot de chaleur
urbain à Rennes (Foissard & al., 2014) 29
Figure 15 : Valeurs seuil du coefficient de biotope selon
la nature du projet
(
http://www.stadtentwicklung.berlin.de)
35
Figure 16 : Types de surfaces et coefficients
associés (
http://www.stadtentwicklung.berlin.de)
36
Figure 17 : Détails du calcul du coefficient de
biotope (
http://www.stadtentwicklung.berlin.de)
37
Figure 18 : Plan de zonage de Paris : zone urbaine
générale (UG) en bleue (PLU Paris, 2006) 39
Figure 19 : Illustration de la bande Z, de la parcelle S
et des espaces libres (Mairie de Paris 2014, modifié) 39
Figure 20 : Calcul de la surface
végétalisée pondérée et coefficients des
types de surfaces (PLU Paris 2006,
modifié) 40
Figure 21 : Schéma synthétique du
fonctionnement du coefficient de végétalisation de Paris
(Filliol, 2016) 41
Figure 22 : Coefficients de pondération de la
règle mise en place à Malakoff (PLU Malakoff, 2015) 42
Figure 23 : Les différentes zones de densité
et de type d'habitat qui conditionnent le coefficient de biotope (PLUi
SQY, 2015) 43
Figure 24 : Pourcentages à atteindre selon l'indice
de la zone (PLUi SQY, 2015) 43
Figure 25 : Coefficients de pondération (PLUi SQY,
2015) 44
Figure 26 : Les deux types de réseaux de gestion de
l'eau en France (Blogplastics, 2013) 47
Figure 27 : Opération de
végétalisation après débitumage à Portland
(
http://buildabetterburb.org)
49
Figure 28 : Exemple de végétalisation
grâce à la convention "Embellissons nos murs" à
Rennes
(
http://metropole.rennes.fr)
49 Figure 29 : Organigramme simplifié des services sollicités
de Rennes Métropole et de la ville de Rennes (Filliol,
2016) 52
Figure 30 : Groupe de travail élargi sur
l'adaptation au changement climatique (Filliol, 2016) 54
7
Figure 31 : Groupe de travail restreint sur la gestion de
l'eau et de la végétation au sein des espaces publics
(Filliol, 2016) 55
Figure 32 : Groupe de travail restreint sur le coefficient
de biotope (Filliol, 2016) 57
Figure 33 : Les bandes de constructibilité à
Rennes (PLU Rennes, 2014) 57
Figure 34 : Zonage des seuils d'imperméabilisation
sur la ville de Rennes (Ville de Rennes, 2004) 58
Figure 35 : Les 3 grands domaines de préoccupation
et leurs objectifs (Filliol, 2016) 60
Figure 36 : État actuel de la présence de la
végétation sur la ville de Rennes (AUDIAR, 2014) 65
Figure 37 : Les différents types de murs
végétalisés (De Munck, 2013) 98
Figure 38 : Les différentes techniques permettant
aux plantes de s'agripper aux murs (Med & Fuchs, 2009) 99
Figure 39 : Principe d'un mur végétal sur
nappe horticole (Med & Fuchs, 2009) 100
Figure 40 : Principe d'un mur végétal
monobloc (Med & Fuchs, 2009) 101
Figure 41 : Sphaigne (Haynold, 2007) 101
Figure 42 : Avantages & inconvénients des murs
végétalisés (d'après Ernst & Young (2009) et
Fuchs & Med
(2009), modifié) 103
Figure 43 : Localisation de la place de la
République à Rennes (Mappy, modifié) 103
Figure 44 : Les « étagères
végétales » sur la place de la République à
Rennes
(
http://www.patricknadeau.com/jardin-urbain/)
104 Figure 45 : Exemples de « jardins éphémères
» à Vannes (
http://tracks-architectes.com
& photos personnelles)
105 Figure 46 : Chaussée réservoir
permettant de limiter l'inondation de la voirie (Conseil régional
Rhône-Alpes,
2006) 107
Figure 47 : Coupe explicative du dispositif de type
chaussée réservoir (Conseil régional Rhône-Alpes,
2006) 107
Figure 48 : Points fort et points faibles des
chaussées réservoirs (Compilation de données) 108
Figure 49 : Illustrations de plusieurs formes de noues
(Conseil régional Rhône-Alpes, 2006) 109
Figure 50 : Coupe du dispositif de type tranchée
(Conseil régional Rhône-Alpes, 2006) 109
Figure 51 : Points fort et points faibles des
noues/tranchées (Compilation de données) 110
Figure 52 : Illustration d'un puit d'infiltration et coupe
explicative (Conseil régional Rhône-Alpes, 2006) 111
Figure 53 : Points fort et points faibles des puits
d'infiltration (Compilation de données) 111
Figure 54 : Illustrations de bassins de retenue en eau et
à sec, avec leur coupe explicative (Conseil régional
Rhône-Alpes, 2006) 113 Figure 55 : Illustration
d'un bassin enterré et coupe explicative (
http://www.hamon-watersolutions.com
&
http://fr.graf.info)
113
Figure 56 : Points fort et points faibles des bassins de
retenue (Compilation de données) 114
Figure 57 : Coupe d'un dispositif de type toiture
végétalisée (Grand Lyon, 2008) 115
Figure 58 : Végétalisation extensive
à gauche (
http://www.topterrasse.fr)
et végétalisation intensive à droite
(
http://www.durovray-etancheite.com)
116 Figure 59 : Caractéristiques des deux types de
végétalisation sur toitures/terrasses
végétalisées (d'après
l'Agence Rheinert, modifié) 117 Figure 60 :
Avantages et inconvénients des toitures/terrasses
végétalisées (Acqualys (2015), Cosgrove &
Spino
et Piron (2013), modifié) 118 Figure 61 : Prix,
support d'application et entretien des différents dispositifs pour la
gestion des eaux pluviales
(Chéron & Puzenat (2004), ADOPTA, DREAL Pays de
la Loire, modifié) 120
8
Table des annexes
Annexe 1 : Carte de localisation de Rennes (
http://www.rtl.fr)
88
Annexe 2 : Rennes, la « ville archipel ». En
rouge, les zones urbanisées aussi appelées « taches urbaines
»
(AUDIAR, 2011) 88
Annexe 3 : Températures moyennes à Rennes
sur la normale climatique 1981-2010 (Météo Bretagne) 89
Annexe 4 : Précipitations moyennes à Rennes
sur la normale climatique 1981-2010 (Météo Bretagne) 89
Annexe 5 : Hôtel de Rennes Métropole et
localisation : Avenue Henri-Fréville (Google Maps & photo
personnelle)
90 Annexe 6 : Organigrammes détaillés de
Rennes Métropole et du Service planification & études
urbaines (Rennes
Métropole, 2016) 92
Annexe 7 : Carte regroupant les communes de Rennes
Métropole (Handistar Rennes Métropole) 92
Annexe 8 : Carte des collectivités
françaises associées à la démarche Cit'ergie en
Janvier 2016 (ADEME) 93
Annexe 9 : Évolutions des températures et
des précipitations en Europe entre la période 1980-1999 et la
période
2080-2099 (GIEC) 93
Annexe 10 : Évolution du niveau marin entre 2000 et
2100 selon les différents scénarios du GIEC (REFMAR) 94
Annexe 11 : Le phénomène d'effet de serre
(
http://www.climatechallenge.be)
94
Annexe 12 : Implantation des stations
météorologiques sur la métropole rennaise (Foissard &
al., 2012) 95
Annexe 13 : Sky View Factor (SVF) ou « facteur de
visibilité du ciel ». Il permet un piégeage de chaleur et
du
rayonnement plus ou moins important selon sa valeur
(Najjar & al., 2010) 95
Annexe 14 : Organisation des documents d'urbanisme
à Berlin (CERTU 2012, modifié) 96
Annexe 15 : Plans de paysages à Berlin (
http://www.stadtentwicklung.berlin.de)
96
Annexe 16 : Zonage actuel du PLU de Rennes (PLU Rennes,
2014) 97
Annexe 17 : Livret d'information sur les nouvelles
méthodes de végétalisation 98
Annexe 18 : Livret d'information sur les techniques
alternatives, pour la gestion des eaux pluviales 107
Annexe 19 : Fiches projets des études menées
sur le territoire rennais, en lien avec l'eau et la végétation
120
9
Introduction
L'adaptation des sociétés au changement
climatique est une question qui émerge depuis la fin des années
2000. L'idée que ce changement est inéluctable a
généré une réelle prise de conscience de la part
des politiques publiques et des collectivités territoriales (Merot,
Dubreuil & al., 2012). Cette prise de conscience est d'autant plus
importante que la vulnérabilité des sociétés face
aux évolutions climatiques ne cesse d'augmenter, liée en partie
à l'urbanisation accrue des territoires.
On distingue généralement deux volets dans la
prise en compte du changement climatique. D'une part, l'atténuation, qui
vise à minimiser les causes pouvant accélérer ou
intensifier les dérèglements climatiques. Ces mesures visent
principalement à diminuer les émissions de gaz à effet de
serre. D'autre part, l'adaptation, appréhendée comme une
politique « nouvelle », qui interroge le domaine de
l'aménagement territorial. Il s'agit notamment d'intégrer de
nouvelles réflexions au sein des politiques publiques et des documents
cadres, qui permettront de mieux contrôler et d'organiser le territoire
en fonction des nouveaux enjeux liés à cette
problématique. Concrètement, cette démarche
réinterroge surtout la gestion de la végétation et de
l'eau au sein des zones urbaines, ou encore la disposition du bâti, ainsi
que le choix des matériaux pour les futurs projets urbains. Ces
différentes mesures ont plusieurs objectifs, notamment la lutte contre
l'îlot de chaleur urbain et l'augmentation des températures
engendrée par le changement climatique, mais aussi la réduction
de la vulnérabilité face aux aléas climatiques, plus
particulièrement les inondations.
Il est important d'avoir à l'esprit que l''adaptation
et l'atténuation doivent être envisagées de manière
conjointe, afin de prévenir de manière efficace les effets du
changement climatique. La réduction des émissions de gaz à
effet de serre est donc également un enjeu majeur pour permettre la mise
en place de stratégies d'adaptation. Dans cette vision, plus
l'atténuation sera efficace, moins l'adaptation sera coûteuse
(Ministère de l'environnement, de l'énergie et de la mer,
2013).
La ville de Rennes, comme d'autres agglomérations
françaises, a décidé d'entamer des réflexions plus
approfondies sur cette problématique d'adaptation, même si elle
n'apparaît pas comme la ville la plus touchée par le changement
climatique. Le territoire a pourtant déjà anticipé un
enjeu majeur, à savoir l'approvisionnement en eau potable, qui
était et qui est toujours une des préoccupations principales du
territoire rennais, compte tenu de l'enjeu de santé publique
associé. À côté de cela, les questions liées
à la gestion des eaux pluviales et de la végétation dans
les zones urbaines font l'objet d'une demande politique de plus en plus
marquée, en particulier sur le coefficient de biotope.
Les nouvelles réflexions qui s'engagent s'inscrivent
dans un contexte favorable, lié notamment à la révision du
Plan Local d'Urbanisme (PLU) de Rennes, à l'élaboration du
nouveau Plan Climat Air Energie Territorial (PCAET), mais surtout à la
mise en place du premier Plan Local d'Urbanisme intercommunal (PLUi) de la
métropole, qui vise à instaurer une dynamique
métropolitaine exemplaire.
10
À la vue de ces nouvelles dispositions, comment
intégrer les réflexions menées sur l'adaptation au
changement climatique dans les prochains documents-cadres de la
métropole, en favorisant à la fois l'action publique et les
démarches particulières ?
La première partie précisera le contexte
réglementaire sur lequel repose ces nouvelles investigations. Les
principaux impacts liés au changement climatique et les
différentes méthodes d'adaptation, en lien avec l'eau et la
végétation seront également présentés. On
veillera à discerner les actions portant sur les espaces publics de
celles portant sur le domaine privé, même si certaines
méthodes et certains dispositifs peuvent être
intégrés aux deux niveaux de préoccupation.
En deuxième partie, la méthodologie
employée pour mener à bien ces deux champs d'investigation sera
expliquée, en partant de l'identification des acteurs jusqu'à la
mise en place de groupes de travail selon les différentes
thématiques. Les premières expérimentations, notamment sur
le coefficient de biotope, permettront d'illustrer de manière
concrète les hypothèses et les objectifs retenus au cours de ce
travail.
Enfin, la troisième partie analysera les pistes de
réflexion qui ont été mises en place au cours de ce
travail de mémoire et les difficultés qui s'y sont
rattachées. Des perspectives concernant de prochaines
expérimentations seront également proposées.
11
I. L'adaptation au changement climatique, un contexte
favorable à l'émergence de nouvelles stratégies de gestion
de l'eau et de la végétation sur l'ensemble du territoire
métropolitain
Avant de présenter le contexte réglementaire de
cette étude, il convient de donner quelques éléments de
précision quant au territoire sur lequel elle s'appuie.
La ville de Rennes se situe à l'Ouest de la France, en
région Bretagne (Annexe 1). Elle comporte 211 373 habitants (2013),
tandis que le territoire métropolitain (correspondant à Rennes
Métropole et à ses 43 communes) en dénombre aux alentours
de 427 000. Les zones urbaines sont relativement denses, avec plus de 4 000
habitants par km2, soit environ 700 de plus qu'une
agglomération comme Strasbourg, pourtant plus grande. Ceci
résulte notamment de la politique d'urbanisation entreprise à
Rennes, qu'on surnomme aussi « ville archipel » (Annexe 2). Cette
appellation traduit la volonté d'articuler le développement
polycentrique avec le maintien des espaces agricoles et naturels, en
économisant fortement l'espace et en préservant les ressources
naturelles, d'où une densification des espaces urbanisés (Plan
Local d'Urbanisme de Rennes, 2009 ; Schéma de Cohérence
Territoriale1 du Pays de Rennes, 2015).
Le territoire rennais bénéficie d'un climat
tempéré océanique doux, qui maintient une certaine
homogénéité climatique tout au long de l'année. On
observe habituellement des étés modérément chauds
et des hivers doux, avec une amplitude thermique annuelle relativement faible
par rapport à d'autres régions françaises (Annexe 3). Les
chutes de neige sont quant à elles très rares, les
températures étant rarement négatives. Bien qu'on se situe
en région Bretagne, la quantité de précipitations à
Rennes se situe au niveau de la moyenne nationale, qui est de 700 mm/an. C'est
d'ailleurs l'une des zones les moins humides de la région, avec environ
694 mm/an (sur la normale climatique 1981-2010) et des pluies réparties
de manière assez régulière au cours de l'année
(Météo Bretagne) (Annexe 4).
Cette rapide présentation des différentes
spécificités Rennaises a pour but de poser un cadre sur le
travail qui suit. Celle-ci est d'autant plus importante que les
priorités et les enjeux en termes d'adaptation au changement climatique
peuvent être différents en fonction de la situation
géographique et de la situation climatique du territoire en question.
Pour plus de précisions, l'annexe 5 permet de localiser
l'hôtel de Rennes Métropole, structure d'accueil de ce stage, qui
regroupe 1 000 agents territoriaux, ainsi que 122 élus. L'organigramme
en Annexe 6 donne une vision d'ensemble des différents pôles et
des services de Rennes Métropole2, dont celui auquel est
rattaché ce travail, à savoir le service « planification et
études urbaines ».
1 SCoT
2 Abrévié « RM » dans la suite
du texte
12
1. Le cadre réglementaire de Rennes en pleine
évolution
On perçoit un fort engagement politique de la part de
la ville de Rennes. En effet, la prise en compte des enjeux
énergétiques et climatiques était déjà
abordée dans le projet communautaire de 2006. Aux vues des
manifestations météorologiques de plus en plus probantes,
appuyées par un discours politique de plus en plus engagé, les
collectivités se doivent aujourd'hui de prendre en considération
les enjeux qui gravitent autour du phénomène de changement
climatique.
Le « Schéma Régional Climat Air
Énergie de Bretagne » (SRCAE) s'inscrit dans cette dynamique, en
faisant office de document cadre pour les « Plan Climat Air Énergie
Territorial » (PCAET) et les documents d'urbanisme des territoires. Il
s'adresse plus globalement à l'ensemble des acteurs économiques
et politiques de Bretagne, afin que les enjeux climatiques,
énergétiques et de qualité de l'air, fassent partie
intégrante des futures décisions stratégiques et
opérationnelles à tous les niveaux. Le SRCAE constitue en outre
un document d'orientations générales sur lequel s'appuieront
plusieurs documents, dont le PCAET, qui devront être compatibles
(Document de présentation SRCAE, 2013) (Figure 1).
Figure 1 : Hiérarchie normative autour du SRCAE
(Document de présentation SRCAE, 2013)
Le SRCAE 2013-2018 définit des objectifs et des
orientations stratégiques à l'horizon 2020 et 2050, surtout en
matière d'atténuation au changement climatique (maîtrise de
la demande énergétique, lutte contre la pollution,
réduction des GES3, etc.). Il comporte cependant un volet
lié à l'adaptation au changement climatique. Au total, 32
orientations stratégiques sont énoncées, sous la tutelle
de plusieurs grandes thématiques, comme l'aménagement et
l'urbanisme ou les énergies renouvelables.
Aux vues de l'émergence de tous les enjeux liés
au changement climatique et à la transition énergétique,
la collectivité a décidé d'intégrer cette
thématique dans les réflexions accompagnant la révision du
Plan Local d'Urbanisme de Rennes et l'élaboration du premier Plan Local
d'Urbanisme intercommunal de la métropole.
3 Gaz à Effet de Serre
13
Celles-ci sont l'occasion de balayer largement les leviers
d'action, notamment sur les sujets de l'adaptation au changement climatique,
thématique encore trop peu explorée jusqu'ici par la
collectivité.
1.1 La révision du PLU de Rennes et
l'élaboration du premier PLUi de Rennes Métropole
Le Plan Local d'Urbanisme (PLU) est un document essentiel qui
fixe les règles générales d'utilisation du sol. C'est lui
qui définit la façon dont la ville doit être
aménagée à moyen terme et dessine en quelque sorte
l'avenir de la ville : les secteurs voués à devenir
constructibles et ceux qui doivent rester naturels, les formes urbaines que
peuvent prendre les constructions, les parcelles qui sont
réservées aux équipements publics, etc. C'est donc un
document complet, auquel tout le monde devra se référer pour
comprendre et appliquer les règles d'urbanisme. Il remplace les anciens
Plans d'occupation des sols (POS).
Un PLU est composé de différentes parties qu'il
convient de préciser (Archives Rennes Métropole, 2016) :
? Un rapport de présentation, qui liste les choix
d'organisation du territoire (via un diagnostic), les besoins et les
perspectives d'évolution, ainsi que l'évaluation environnementale
de la commune.
? Un PADD4, qui traduit le projet urbain, en
définissant les orientations générales des politiques
d'aménagement, d'équipement, d'urbanisme, de paysage, etc. Celui
de Rennes projette le développement urbain à l'horizon 2030.
? Les OAP5, qui définissent un ensemble de
dispositions portant sur l'aménagement, l'habitat, les transports ou les
déplacements. Ces OAP précisent les orientations du PADD et
peuvent être soit thématiques, soit focalisées sur des
quartiers ou des secteurs à aménager ou à restructurer.
? Un règlement écrit et graphique, qui regroupe
l'ensemble des règles d'urbanisme appliquées au territoire. Ce
dernier est organisé par zones (urbaines, à urbaniser, agricoles
et naturelles). Toutes les communes ne se voient pas appliquer les mêmes
règles. En revanche, elles s'appuient toutes sur un dispositif graphique
permettant une bonne gestion dans le temps.
? Les annexes, qui donnent des informations sur les
différents éléments qui s'imposent à la commune
(réseau d'eau potable, d'assainissement, gestion des déchets,
etc.).
4 Projet d'Aménagement et de
Développement Durable
5 Orientations d'Aménagement et de
Programmation
14
La révision du PLU est un long processus qui doit
associer à la fois les acteurs de la ville et les habitants. La
révision du PLU de Rennes a officiellement été ouverte en
20146, par décision du Conseil Municipal7. Durant
cette année 2016, la révision s'ouvre à la concertation
avec les Rennais et doit notamment permettre d'affiner le PADD. Cette
première phase se terminera en juin 2016 par un débat sur les
orientations générales du PADD en Conseil Municipal, puis en
Conseil Métropolitain8. L'année suivante (2017) sera
consacrée à la traduction réglementaire du projet urbain
et à la formalisation du dossier du PLU. Enfin, l'année 2018
verra une ultime phase de consultation des habitants lors de l'enquête
publique. La réactualisation du PLU de Rennes sera effective
jusqu'à l'horizon 2030.
En parallèle de cette révision, la
transformation de l'agglomération rennaise en métropole depuis le
1er janvier 2015 a entraîné le transfert de la compétence
PLU des 43 communes qui la composent (Annexe 7). Le PLUi est alors l'expression
du projet que portent la métropole rennaise et ses 43 communes pour les
15 prochaines années (horizon 2035). Le document-cadre final permet de
réviser l'ensemble des 43 PLU des différentes communes
concernées par RM et de les rassembler en un seul document unique
(Archives Rennes Métropole, 2015).
L'amorce du PLUi a été lancée par les
élus de RM lors du conseil métropolitain du 9 Juillet 2015. Ce
document-cadre se compose de la même manière qu'un PLU classique
et intègre quatre grands objectifs :
? Une métropole entreprenante et innovante, avec comme
piliers principaux l'attractivité, le dynamisme économique et
l'emploi.
? Une métropole accueillante et solidaire, en
permettant une diversification des logements (cohésion et mixité
sociale), une amélioration du cadre de vie, la limitation des risques et
des nuisances et le développement des besoins commerciaux et des
services.
? Une métropole écoresponsable et exemplaire, en
favorisant le développement de mobilités multiples, en optimisant
les réseaux existants, en mettant en réseau des grands espaces
naturels et en limitant la consommation foncière des espaces
agricoles.
? Une métropole capitale régionale, attractive
et entraînante, avec une réelle affirmation de l'identité
et du rayonnement d'une capitale régionale.
L'établissement du PLUi nécessitant une
organisation complexe, un calendrier théorique permet de repérer
dans le temps les périodes fortes du projet (Figure 2). On notera que
celui-ci devra être formalisé en milieu d'année 2018, pour
ensuite être soumis à une enquête publique, avant
d'être approuvé vers le mois de Septembre 2019 (Archives Rennes
Métropole, 2015).
L'élaboration de ce premier PLUi est donc un travail
qui s'échelonne sur un temps de travail relativement limité (2-3
ans), si on met de côté les procédures administratives. Il
nécessite d'ailleurs un dispositif humain conséquent.
6 Ancienne version du PLU de Rennes : 2006-2014 -
Prochaine version : 2015-2030
7 Instance qui valide les décisions à
l'échelle des communes (avant mise en place du PLUi)
8 Instance qui valide les décisions à
l'échelle métropolitaine et communale depuis le passage de Rennes
en métropole (avis demandé au préalable en conseil
municipal)
15
Il a vocation à intégrer de manière plus
marquée les problématiques liées au changement climatique,
notamment le volet adaptation. Pour cela, il prend en compte un autre document,
le PCAET, qui se focalise essentiellement sur les thématiques
climatiques et énergétiques.
Figure 2 : Calendrier prévisionnel du PLUi (Archives
Rennes Métropole, 2016)
1.2 L'émergence du PCAET nouvelle
génération de 2016
La Loi de Transition Énergétique pour la
Croissance Verte (LTECV) du 17 Août 2015 impose à tous les
EPCI9 de plus de 50 000 habitants d'adopter un PCAET, au plus tard
le 31 Décembre 2016, pour une approbation début 2017 (Figure 3).
Ce document fait suite à l'ancien Plan Climat Énergie Territorial
de 2010 (PCET). Le document final sera rendu public et mis à jour tous
les six ans.
Figure 3 : Calendrier prévisionnel du PCAET
(Archives Rennes Métropole, 2016)
Le PCAET définit les objectifs stratégiques et
opérationnels par secteur en cohérence avec les engagements
internationaux de la France, le programme d'action à mettre en oeuvre et
le dispositif de suivi et d'évaluation des résultats. Il
participe également à l'atteinte des objectifs du SRCAE et du
Plan de Protection de l'Atmosphère (PPA).
9 Établissement Public de Coopération
Intercommunale
16
La loi définit des objectifs stratégiques et
opérationnels sur plusieurs secteurs, à savoir :
> Les émissions de GES : baisse de 20% d'ici 2020, de
40% d'ici 2030 et de 75% d'ici 2050.
> La consommation d'énergie finale : baisse de 20% en
2030.
> La consommation d'énergie fossile : baisse de 30% en
2030.
> La part de consommation d'énergies renouvelables :
augmentation de 23% en 2020 et de
30% en 2030.
Le PCAET est élaboré en trois étapes :
La première étape consiste en un diagnostic
territorial accompagné d'un bilan à l'échelle de chaque
commune. Ce bilan se décline sous la forme d'une analyse quantitative,
comprenant les émissions de GES, la part des énergies
renouvelables et la qualité de l'air et d'une analyse qualitative, qui
porte davantage sur l'état des lieux des actions mises en oeuvre par RM
et les communes. Il en résulte une idée des consommations
énergétiques et des émissions de polluants à
l'échelle de la métropole, avec l'élaboration en
parallèle des portraits climat-énergie à l'échelle
de chaque commune (étape réalisée en Janvier 2016).
La deuxième étape détaille les objectifs
stratégiques et opérationnels cohérents avec la loi.
Enfin, la troisième étape détermine le
plan d'action, élaboré pour six ans et structuré autour
des enjeux majeurs issus du diagnostic territorial de la première
étape.
Ce PCAET favorise le partenariat avec les communes et permet
l'information et la mobilisation des habitants. À noter qu'une
conférence locale de la transition énergétique sera mise
en place à l'initiative de RM. Celle-ci rassemblera les
représentants des secteurs publics, privés et associatifs et
aboutira à des concertations entre les différents
représentants (Archives Rennes Métropole, 2015).
Les grands chantiers du PCAET 2016 sont principalement
(COTECH10, 2015) :
> Consolider l'état des lieux quantitatif
(émissions de GES).
> Diagnostiquer le degré d'intégration de
l'énergie dans les politiques publiques de RM (au
travers du label Cit'ergie).
> Rassembler les acteurs et mettre en place une dynamique
collective et politique.
> Engager le travail sur une vision 2050.
> Établir des objectifs par secteurs (mobilité
(PDU11), habitat (PLH12), tertiaire, agriculture,
industrie) et par vecteur (électricité,
réseaux de chaleur, gaz/biogaz).
> Travailler sur le plan d'action (via la démarche
Cit'ergie et les démarches PDU, PLH).
Ce PCAET nouvelle génération a pour but de
cerner des objectifs sectoriels et opérationnels, chose qui manquait au
plan climat de 2010, avec trois volets distincts prioritaires :
l'atténuation du changement climatique, l'adaptation à ce dernier
et la qualité de l'air.
10 COmité TECHnique
11 Plan de Déplacements Urbains
12 Programme Local de l'Habitat
17
Pour cela, il s'appuie sur un diagnostic à la fois
quantitatif et qualitatif, comme évoqué
précédemment. Cette évaluation qualitative s'exprime
principalement au travers du label Cit'ergie.
1.3 Le label Cit'ergie, témoin de l'engagement de la
métropole rennaise
Cet outil, proposé par l'ADEME13, a pour but
d'aider les collectivités dans l'élaboration de leur PCAET, mais
aussi dans la mise en oeuvre de la politique énergétique et
climatique. Il évalue les collectivités sur les actions qu'elles
conduisent dans le cadre de leurs compétences propres et dans leur
sphère d'influence. Ce label est attribué pour quatre ans et
définit trois niveaux de « bonne conduite » :
? « CAP Cit'ergie » : grade regroupant les
collectivités en bonne voie pour l'atteinte du label Cit'ergie d'ici 4
ans (évaluation supérieure à 35% du potentiel
réalisé).
? « Cit'ergie » : grade regroupant les
collectivités qui dépassent 50% de la réalisation de leur
potentiel.
? « Cit'ergie GOLD » : grade regroupant les
collectivités qui dépassent 75% de la réalisation de leur
potentiel.
En France, 81 collectivités regroupant 46 communes et
35 intercommunalités sont suivies par la démarche Cit'ergie
(Annexe 8).
Rennes Métropole se situe plutôt en bonne
position, puisqu'elle atteint actuellement 70% de la réalisation de son
potentiel. Elle est donc tout près d'obtenir le label « Cit'ergie
GOLD », qui est de 75%.
La démarche Cit'ergie a permis de mettre en avant les
points forts et les axes de progression de la collectivité, en vue de
l'obtention du plus haut niveau proposé par le label. Afin d'y arriver,
des efforts doivent encore être entrepris à plusieurs niveaux,
notamment sur le volet de l'adaptation au changement climatique, mais aussi sur
la production d'électricité via les énergies
renouvelables, qui reste faible actuellement (2.7%). La politique concernant le
vélo est également montrée du doigt et doit parvenir
à se développer dans les prochaines années. D'un autre
côté, on peut noter plusieurs points forts, comme l'offre de
transports collectifs14, l'excellence énergétique de
la politique de l'habitat ou encore l'excellence de la politique de
prévention des déchets (Thibault, 2015).
Le PCAET fonctionne donc de pair avec le dispositif Cit'ergie,
en lui assurant un suivi, dans le but d'atteindre de meilleures performances
énergétiques et « climatiques ».
Ces importantes réflexions qui s'engagent au travers de
la révision des documents cadres cités dans ces parties est le
fruit d'une prise de conscience de la part des élus de la
métropole face au changement climatique.
13 Agence de l'Environnement et de la Maîtrise
d'Énergie
14 Notamment le métro (deuxième ligne
actuellement en construction) et le bus
L'objectif étant de pouvoir anticiper le
phénomène, pour mieux l'appréhender et construire une
dynamique urbaine en adéquation avec les évolutions climatiques
futures.
2. Un changement climatique avéré
Bien qu'il existe encore quelques climatosceptiques sur le
sujet, le débat autour du changement climatique n'aura pas lieu au cours
de ce mémoire. Les signes d'évolutions sont clairs et les
scientifiques en mesurent les impacts depuis plusieurs années. Si ce
changement traduit des évolutions climatiques qui diffèrent selon
les régions géographiques, on peut observer les effets de ce
dernier à toutes les échelles. Cette partie permettra de soulever
les grandes observations recensées, de l'échelle la plus globale
à la plus locale, en se basant notamment sur les scénarios
prospectifs élaborés par le GIEC15.
2.1 Les différents scénarios du GIEC
Avant de parler de changement climatique, il convient de le
définir. Le changement climatique désigne les changements
à long terme des valeurs moyennes, accentués par les
activités humaines (GIEC, 2007). Celui-ci résulte essentiellement
des variations de la concentration des GES dans l'atmosphère, mais aussi
des modifications des petites particules (aérosols) et des changements
dans l'usage des sols (agriculture, forêt, urbanisation, etc.) (Trenberth
& al., 2007).
Figure 4 : Évolution du bilan radiatif de la terre
ou « forçage radiatif » en W/m2 sur la
période 1850-2250, selon les anciens et les nouveaux scénarios
(CNRS, Senesi)
18
Pour réaliser des projections climatiques, il faut
émettre des hypothèses sur l'évolution de la
démographie mondiale et des modes de vie à travers la
planète. C'est dans cette optique qu'ont été mis en place
les différents scénarios du GIEC.
Les premiers scénarios élaborés lors des
rapports de 2001 et 2007 (en pointillés sur la Figure 4) se
définissent selon la croissance
démographique, le
développement économique, la prise en compte de mesures
environnementales et les transferts de technologie.
15 Groupe d'Expert Intergouvernemental sur le
Climat
19
Ils sont appelés SRES16 scénarios
(Special Report on Emissions Scenarios). On les distingue selon quatre familles
(Météo France) :
? Famille A1 : elle correspond à une croissance
économique très rapide et répartie de façon
homogène sur la planète. La population mondiale atteindrait un
maximum de 9 milliards d'individus au milieu du siècle, pour
décliner par la suite. De nouvelles technologies
énergétiquement efficaces seront introduites rapidement. Ce
scénario comprend plusieurs variantes, qui se différencient
notamment par l'utilisation plus ou moins intense des combustibles fossiles.
? Famille A2 : elle prévoit un monde beaucoup plus
hétérogène. On pourrait atteindre une population mondiale
de 15 milliards d'habitants à la fin du siècle, avec une
croissance économique et un développement des technologies
énergétiquement efficaces très variables selon les
régions du monde.
? Famille B1 : elle décrit la même
hypothèse démographique que la famille A1, mais avec une
économie qui sera rapidement dominée par les services, les «
techniques de l'information et de la communication » et qui sera
dotée de technologies énergétiquement efficaces. Ce
scénario est le plus optimiste.
? Famille B2 : elle décrit un monde à mi-chemin
des scénarios A1 et A2 sur les plans économiques et
technologiques, qui voit sa population atteindre à 10 milliards
d'habitants en 2100, sans cesser de croître.
Pour les nouveaux scénarios pris en compte à
partir de 2011 (en traits continus sur la Figure 4), les scientifiques ont
intégré le pouvoir radiatif17 des différents
composants atmosphériques. En effet, le pouvoir radiatif des
RCPs18 est issu des concentrations des GES et autres polluants, qui
viennent elles-mêmes des émissions de ces produits et de
l'utilisation des terres (déforestation, reforestation, évolution
de l'espace urbain et agricole, etc.).
Le forçage radiatif correspond globalement à la
différence entre l'énergie radiative reçue et
l'énergie radiative émise par un système climatique
donné (Hauglustaine, 2015). En d'autres mots, un forçage radiatif
positif tend à réchauffer le système (plus
d'énergie reçue qu'émise), alors qu'un forçage
radiatif négatif va dans le sens d'un refroidissement (plus
d'énergie perdue que reçue).
Si on prend l'exemple du scénario RCP 8.5, qui
correspond au plus pessimiste (courbe rouge sur la Figure 4), on obtient un
forçage radiatif de 8.5 W/m2 en 2100. Ceci correspond
à 936 ppm19, ce qui est important, sachant que le seuil des
400 ppm a été atteint cette année au niveau mondial.
Ces scénarios, issus des modélisations complexes
des scientifiques du GIEC, donnent un aperçu de comment pourrait
évoluer les émissions de GES selon les conditions
d'évolutions de nos sociétés actuelles. Les travaux du
GIEC nous permettent également d'estimer l'augmentation des
températures moyennes durant notre siècle.
16 Special Report on Emissions Scenarios
17 Pouvoir chauffant de l'atmosphère
18 Representative Concentration Pathways (profils
représentatifs d'évolution de concentration)
19 Partie par million
20
2.2 Des changements observés à toutes les
échelles
Au niveau global, les prévisions du GIEC pour la
période 2016-2035 indiquent une augmentation entre +0.3°C et
+0.7°C par rapport à la période 1986-2005. À
l'horizon 2050, on estime une élévation moyenne des
températures de surface entre +0.4°C et +2.6°C. En 2100,
l'augmentation pourrait atteindre +4.8°C dans le cas des scénarios
les moins optimistes.
Le changement climatique ne s'exprime pas de la même
manière à tous les endroits du globe. D'ailleurs, certains
débats entre spécialistes existent encore sur certaines
thématiques précises. Les scientifiques s'accordent cependant
à dire que le réchauffement sera plus marqué sur les
continents que sur les océans (maximal prévu pour les
régions arctiques).
Selon les modèles du GIEC, on observerait un
réchauffement marqué et une diminution des précipitations
sur les régions méditerranéennes pendant la période
estivale. Le risque de sécheresse sur le sud de la France, l'Espagne et
l'Italie devrait être accentué, tandis que certaines
régions nordiques (la Scandinavie par exemple) verraient leur part de
précipitations augmenter (Annexe 9).
La France n'est pas épargnée par ce
réchauffement global, même si elle n'est pas impactée de la
même manière sur toutes ses régions.
On observe une augmentation de +0.1°C par décennie
depuis le début du 20ème siècle sur le
territoire national. Cette augmentation a subit une accélération
pour atteindre +0.6°C par décennie sur la période 1976-2003
(Dandin, 2006). Les régions du sud sont particulièrement
exposées par l'augmentation des températures, avec un risque de
sécheresse accru.
En se penchant de plus près sur l'évolution des
températures vers la fin du 20ème siècle, on
distingue bien une augmentation des anomalies positives après les
années 1980, bien qu'on relève également une certaine
variabilité naturelle entre chaque année (Figure 5).
Figure 5 : Évolution de l'anomalie de
température annuelle moyenne en France au 20ème
siècle, sur la normale climatique 1961-1990
(Météo-France)
21
En ce qui concerne les précipitations, les choses
paraissent moins évidentes. On dégage néanmoins une
tendance à la diminution des volumes d'eau précipités sur
le sud de la France et des augmentations ponctuelles sur certains
départements du nord du pays (Figure 6).
Figure 6 : Évolution des précipitations
depuis un siècle en France (Météo-France)
Les observations au niveau national tendent à se
rapprocher de celles qu'on constate au niveau du Grand Ouest et de la
région Bretagne. De ce fait, on observe bien le même
réchauffement depuis la fin des années 1980, avec des
écarts supérieurs à la normale climatique (Figure 7).
Figure 7 : Écarts à la normale (1971-2000)
des valeurs moyennes annuelles de températures maximales quotidiennes
(en haut) et minimales quotidiennes (en bas) sur l'Ouest de la France
(Météo-France)
Concernant les simulations climatiques des modèles et
quelques soient les types de scénarios, on remarque une augmentation des
températures, plus ou moins marquée (Figure 8).
Figure 8 : Évolution des températures
l'après-midi en été, selon les scénarios du GIEC
à l'horizon 2080 (Météo-France)
La simulation des précipitations à l'horizon
2080 prévoit une baisse des pluies (Figure 9). Il faut cependant rester
prudent quant à l'interprétation des résultats. La
pluviométrie est un facteur plus difficile à mesurer et à
modéliser que les températures (importante variabilité
spatiale) et les effets du changement climatique sur cet élément
sont encore difficiles à appréhender (Baraer, 2013).
Figure 9 : Évolution de la pluviométrie
moyenne annuelle, selon les scénarios du GIEC à l'horizon 2080
(Météo-France)
Dans tous les cas, il risque d'y avoir plus de
sécheresses estivales en Bretagne, compte tenu de l'augmentation des
températures.
À Rennes, on retrouve cette variabilité
climatique naturelle d'une année à l'autre, bien qu'on constate
comme pour les échelles précédentes une augmentation des
températures au cours du dernier siècle (Figure 10). On
relève ici une augmentation de plus de 1.5°C entre 1880 et 2011.
Figure 10 : Évolution des températures
moyennes annuelles à Rennes, sur la période 1879-2011 (en
haut) et zoom sur la période 2000-2011 (en bas)
(Météo-France)
Au niveau des précipitations, on constate que plusieurs
années déficitaires succèdent à plusieurs
années excédentaires (Figure 11).
23
Figure 11 : Écarts à la normale (1971-2000) des
précipitations à Rennes (Météo-France)
24
Comme dit précédemment, il est plus
compliqué de définir une tendance sur ce paramètre et le
graphique ci-dessous le montre clairement.
Au travers de l'observation de l'évolution des
températures à différentes échelles, on constate
une tendance à l'augmentation de ces dernières. En effet, les dix
années les plus chaudes depuis 1946 sont toutes postérieures
à 1989 (Dubreuil & Planchon, 2008). Il reste cependant plus
difficile de définir l'évolution des précipitations, comme
cela a pu être soulevé à plusieurs reprises dans les
paragraphes précédents.
Après ces observations, il semble important de
préciser que la région Bretagne n'apparaît pas comme la
région de France la plus touchée par le changement climatique,
comme peut l'être actuellement le Sud de la France. En revanche,
l'acceptation de son existence est l'essence même des réflexions
qui mûrissent au sein du territoire, quant à l'adaptabilité
de celui-ci vis-à-vis des évolutions climatiques futures.
Enfin, on insistera sur le fait qu'il existe bien une
variabilité climatique naturelle, qui s'exprime d'une année
à l'autre et qu'il est donc nécessaire d'envisager le changement
climatique sur un temps long (Merot, Dubreuil & al., 2012).
L'évolution plus ou moins marquée selon les
régions des différents paramètres climatiques
entraîne des répercussions à plusieurs niveaux. Celles-ci
préoccupent d'ailleurs de plus en plus les acteurs du territoires, qui
réfléchissent à la question de la
vulnérabilité des sociétés et de leur environnement
sur lequel elles reposent.
2.3 Les effets majeurs associés au changement
climatique
L'augmentation du niveau marin et du risque de submersion
marine associé est une des préoccupations principales de la
région Bretagne. En effet, on estime une élévation entre
+40 et +98 cm d'ici 2100, selon les scénarios du GIEC (Annexe 10). Ceci
est dû à deux processus : d'une part, l'augmentation des
températures des océans provoque une augmentation de la
salinité de l'eau et finalement de la densité de l'eau. D'autre
part, les échanges de masses d'eau avec les autres réservoirs
permettent également l'élévation du niveau marin (fonte
des calottes polaires et des glaciers de montagne).
Ce phénomène de montée des eaux est
d'autant plus problématique que les littoraux bretons sont
déjà sensibles aux risques de submersions marines lors de
tempêtes violentes. Des mesures de prévention devront donc
probablement être entreprises (en plus de celles actuelles), afin de
limiter la vulnérabilité des infrastructures portuaires et des
sociétés qui les entourent. La question du coût de ces
infrastructures sera probablement source de problème, quand on
connaît les difficultés financières de certaines petites
collectivités (Cazenave, 2006).
25
Le changement climatique influe également sur les
déterminants sociaux et environnementaux de la santé.
Entre 2030 et 2050, on s'attend à ce que le changement
climatique entraîne près de 250 000 décès
supplémentaires par an, à cause notamment de la malnutrition, du
paludisme, de la diarrhée et du stress occasionné par les
épisodes caniculaires.
Le stress thermique occasionné par les vagues de
chaleur, qui risquent d'être plus nombreuses à l'avenir, constitue
une problématique majeure, surtout au niveau des zones urbaines. En
parallèle, il est prédit que les parasites pourraient
étendre leur aire de distribution actuelle en réponse à
l'augmentation des températures, en colonisant plus
particulièrement les régions du Nord, qui deviendraient alors
plus accueillantes (Loot, 2011).
L'augmentation du nombre d'évènement
caniculaires et le développement des maladies constituent une
réelle menace pour les régions urbanisées. En effet, les
villes sont plus vulnérables du fait de la concentration d'individus sur
un espace relativement restreint (OMS, 2015).
La faune et la flore sont également menacées par
les fluctuations liées au climat. Les changements de concentration en
CO2 de l'atmosphère, les modifications des températures et celles
des précipitations touchent le métabolisme et le
développement des animaux, la croissance, la respiration, la composition
des tissus végétaux et les mécanismes de
photosynthèse. Les cycles de vie de la faune et de la flore peuvent
alors être fortement perturbés et conduire à la migration
voir à la disparition des espèces. La biodiversité d'un
très grand nombre d'écosystèmes est aujourd'hui
menacée par la hausse des températures, la fonte des glaces, ou
les modifications de la composition de l'atmosphère à venir,
notamment les pollutions (Harrois-Monin).
Il existe aussi un lien entre pollution et changement
climatique, qui se retrouve essentiellement au niveau de l'effet de serre
(Annexe 11). Ce phénomène bien connu résulte du
piégeage plus ou moins important du rayonnement infrarouge émis
par la surface de la Terre par son atmosphère (Ministère de
l'Écologie, du Développement durable et de l'Énergie). Ce
processus permet de réchauffer l'atmosphère de manière
efficace. Ce réchauffement est d'autant plus important que les rejets de
GES liées aux activités humaines continuent d'augmenter, à
commencer par le CO2 lui-même, mais aussi le CH4 (méthane) ou le
N2O (protoxyde d'azote).
L'augmentation des températures favorise
parallèlement l'apparition des pics d'ozone, que l'on observe
essentiellement pendant les journées d'été très
chaudes. La formation de l'ozone troposphérique, c'est-à-dire de
l'ozone des basses couches de l'atmosphère, résulte de la
transformation physico-chimique des polluants primaires (oxydes d'azote (Nox),
composés organiques volatils (COV) ou encore monoxyde de carbone (CO))
au cours de leur « séjour » dans l'atmosphère (Respire,
2011).
Enfin, la question de l'eau est bien évidemment une des
préoccupations principales liée au changement climatique, tant sa
présence est importante.
26
Si on considère que les périodes de
sécheresses seront de plus en plus fréquentes, on sait qu'il
existera des conflits et des pressions très fortes entre les territoires
et les sociétés pour l'accès à l'eau, plus
particulièrement à l'eau potable.
Ce risque de conflits est d'autant plus présent que la
situation économique mondiale n'est pas forcément propice
à l'apaisement général. À terme, on pourrait
craindre des conflits armés rattachés aux enjeux liés
à cette ressource au combien importante (IRIN20, 2015).
Il y a une réelle inégalité de la
disponibilité de l'eau à travers le monde. Si on se concentre
plus spécialement à l'échelle de la France, on observe
déjà ces inégalités. On constate notamment que la
région Bretagne ne dispose pas de réelle nappe phréatique,
comme cela est le cas pour l'Alsace par exemple, qui a facilement accès
à l'une des plus grandes nappes phréatiques d'Europe (Figure 12).
La question de l'eau se pose de manière plus marquée dans les
villes du Sud et même à Rennes, qui se doivent d'établir
des stratégies afin d'économiser cette ressource difficile
à stocker. Le territoire rennais repose d'ailleurs sur un sol
majoritairement schisteux/argileux, ce qui n'empêche pas l'infiltration
des eaux même si elle est rendue plus difficile que sur d'autres types de
sols. Un travail est d'ailleurs en cours pour établir une carte de
sensibilité des sols vis-à-vis de l'infiltration sur le
territoire rennais (réalisé par Agrocampus Ouest). Il y a donc
une vraie réflexion à mener sur la gestion et le stockage de
cette eau parfois excédentaire, mais pourtant «
éphémère ».
Figure 12 : État hydrologique des nappes en 2013 en
France (
http://wikiagri.fr)
Les grands thèmes évoqués ci-dessus
regroupent une partie des effets du changement climatique sur notre
environnement et les sociétés qui y sont associées.
20 Integrated Regional Information Networks (ONU)
27
Il existe cependant des impacts plus spécifiques dans
chaque domaine qu'il est nécessaire d'appréhender pour affiner sa
perception de l'évolution du climat et de ses incidences. Les villes
sont la plupart du temps les plus exposées, notamment pour les
inondations, les évènements extrêmes ou encore les vagues
de chaleur.
Ces dernières sont intensifiées par un
phénomène bien connu des scientifiques, lié à
l'environnement urbain. Il s'agit de l'îlot de chaleur urbain (ICU).
3. L'îlot de chaleur urbain, un
phénomène climatique propre aux zones urbaines
La climatologie urbaine a pris au fil des années une
plus grande ampleur, notamment en raison de l'accroissement de l'urbanisation
et les questions soulevées par le changement climatique et l'adaptation
des villes. En 2007, l'urbanisation a franchi la barre symbolique des 50%
(selon un rapport publié par le FNUP21). De plus, la
population urbaine se concentre sur une étendue très faible
(moins de 5% de la surface continentale selon les spécialistes) et
très fortement aménagée, ce qui renforce les
spécificités du climat urbain. Ce phénomène est un
volet important dans l'adaptation des villes au changement climatique,
d'où l'importance de bien comprendre son fonctionnement.
Le climat urbain est différent de celui qui
régit les zones rurales. En revanche, dans le Grand Ouest de la France
et en région Bretagne, l'influence des villes sur le climat local est
relativement limitée. En effet, il n'existe pas de très grandes
agglomérations (l'unité urbaine la plus grande n'atteignant pas
les 600 000 habitants22) et les conditions atmosphériques
souvent ventées et nébuleuses constituent un véritable
frein à la formation d'une couche d'air urbaine (Foissard & al.,
2012). Malgré cela, on observe bien un îlot de chaleur urbain
sur la capitale bretonne.
3.1 Définition et caractéristiques de l'ICU
à Rennes
La notion d'îlot de chaleur urbain a été
mise en évidence par L. Howard en 1833. Basé sur la
représentation graphique des isothermes, il représente
l'écart instantané de température entre une
référence urbaine et une référence rurale (Najjar,
2014).
Abrévié ICU en France, (« UHI » en
anglais pour « Urbain Heat Island »), son profil dépend de
beaucoup de facteurs, qu'ils soient d'ordre climatique ou anthropique,
notamment dans la manière d'aménager la ville (Figure 13).
21 Fonds des Nations Unies pour la Population
22 Nantes
28
Pour que ce phénomène apparaisse, il est
nécessaire que plusieurs conditions soient réunies.
Outre la situation géographique et le climat
général de la zone en question, l'ICU ne peut se former que si la
vitesse du vent est faible, à savoir inférieure à 3
m/s.
Figure 13 : Profil de l'îlot de chaleur urbain (ICU)
à Rennes en 2005 et écarts observés (
http://www.espace-sciences.org)
En plus de la vitesse du vent, la nébulosité
doit être suffisamment faible pour laisser passer un maximum de
rayonnement le jour et permettre ainsi à la ville de se
réchauffer.
La saison la plus propice à la formation de L'ICU est
donc inévitablement la saison estivale, où on peut observer le
maximum de rayonnement durant la journée. En revanche, c'est bien la
nuit que l'expression de ce phénomène prend tout son sens.
En milieu rural, l'accumulation diurne est moins forte
à cause de la diminution des espaces artificiels, ainsi que par la
présence de végétation qui renforce le flux de chaleur
latente23 (Dubreuil & al., 2008).
La ville est quant à elle recouverte de zones
principalement minérales et imperméables. La chaleur a alors
tendance à s'emmagasiner dans les différents matériaux qui
composent la ville tout au long de la journée (Aida & Gotoh, 1982).
La nuit, la chaleur emmagasinée est restituée à
l'atmosphère urbaine, essentiellement sous forme de chaleur sensible,
notamment grâce au phénomène de conduction thermique, ce
qui contribue à ralentir le refroidissement d'une part.
D'autre part, la morphologie urbaine et la
géométrie des rues, qu'on appelle aussi « canyon urbain
», permet également de limiter le refroidissement de la ville. La
nuit, le rayonnement infrarouge a du mal à s'échapper en raison
de la morphologie urbaine. Ceci est d'autant plus vrai que les rues sont
étroites et hautes, d'où la notion du rapport H/W24
introduit par Oke en 1987. Le taux optimal est fixé aux alentours de 1
et permet un bon apport de chaleur la journée, mais également un
bon refroidissement nocturne.
23 Flux associé à
l'évapotranspiration
24 Hauteur de rue/largeur de rue (en mètres)
29
La fonction de la ville possède également son
importance. Une agglomération à tendance commerciale et tertiaire
sera sujette à exercer une influence moindre sur l'ICU qu'une ville
industrielle, en raison des nombreux rejets pouvant réchauffer la couche
limite urbaine. On observe également un effet de proportionnalité
entre les écarts ville/campagne et la taille de cette dernière,
provoquant une importance supérieure de l'ICU.
Les vagues de chaleur et notamment celle de 2003 a
révélé un impact sanitaire plus élevé dans
les villes que dans leurs régions respectives, notamment sur les
personnes âgées. Cette différence s'explique par ce
phénomène d'îlot de chaleur urbain et ce dernier n'est donc
pas à prendre à la légère (Soares & al.,
2010).
L'intensité moyenne de l'ICU observé à
Rennes est de 1.1°C (en 2011). Ce phénomène reste donc
très temporaire et de faible intensité comparé à
des villes comme Paris ou Londres. Les écarts de températures
moyens varient ici entre 1°C et 2°C entre le centre-ville et la
campagne avoisinante (Foissard & al., 2014) (Figure 14).
Figure 14 : Intensité de l'îlot de chaleur
urbain à Rennes (Foissard & al., 2014)
Néanmoins, on constate parfois une différence
pouvant aller jusqu'à 6°C entre certains quartiers proches du
centre ville et la campagne alentour, lorsque toutes les conditions sont
optimales.
On recense 21 stations météorologiques à
Rennes, qui enregistrent la température, l'humidité relative, la
pression atmosphérique, le vent (sens et orientation) et la
pluviométrie depuis 2004 (Annexe 12).
30
L'ICU est plus largement présent de Mars à Octobre,
mais il ne disparaît pas totalement en hiver.
Les résultats rennais sont en concordance avec les
travaux de T. Oke et mettent en évidence les différents facteurs
identifiés comme étant à l'origine de la formation de
l'ICU, en plus des conditions météorologiques favorables
évoquées précédemment :
? La morphologie urbaine : géométrie des
bâtiments (hauteur/largeur/forme des bâtiments), largeur des rues,
phénomène de canyon urbain (Sky View Factor (SVF), Annexe 13),
densité urbaine.
? La nature des matériaux : albédo25
(couleur, matériaux utilisés).
? L'augmentation de la chaleur sensible au détriment de
la chaleur latente : diminution de l'eau en ville, imperméabilisation
des sols et déficit de végétation.
? L'activité anthropique (pollutions), notamment le
transport et le chauffage.
Afin de réduire l'intensité de l'ICU, il est
nécessaire de jouer sur ces différents leviers, à
commencer par la végétation, domaine où il est le plus
facile d'agir, comparé au bâti. En effet, sur ce secteur, les
interventions peuvent essentiellement s'appliquer sur les nouvelles
constructions, étant donné l'impossibilité de modifier de
manière conséquente (géométrie et matériaux
de base) les constructions déjà existantes.
3.2 Les leviers d'action pour atténuer l'ICU :
végétation, eau et bâti
Les moyens d'atténuer l'ICU en ville passent par la
création d'îlots de fraîcheur. Si la
végétation apparaît comme un des moyens les plus efficaces
à ce niveau, il reste cependant à en définir la nature et
la répartition. Quant à l'eau, c'est un paramètre dont on
a encore du mal à mettre en avant les améliorations d'un point de
vue thermique.
Plusieurs articles ont démontré que le
problème de l'îlot de chaleur urbain s'est accentué
à cause de la réduction de la densité des espaces verts
(Gauthiez, 2003).
Le rôle de la trame verte dans la régulation
climatique urbaine est de ce fait très important. Le besoin de la
quantifier apparaît de plus en plus dans les villes et notamment par
rapport à son rôle d'îlot de fraîcheur. Plusieurs
études ont permis de montrer le rôle bénéfique des
parcs urbains sur le confort thermique en ville. En 2010, Bowler a notamment
démontré qu'un parc était en moyenne plus frais de
0,94°C par rapport à la ville. Mieux que cela, s'il est
suffisamment grand, il peut exercer une influence sur les canyons urbains
alentours et pourrait donc diminuer les écarts entre zone urbaine et
zone rurale. À Berlin, une étude sur l'influence d'un parc sur le
rafraîchissement d'un quartier a révélé que des
petits parcs d'un hectare étaient préférables à un
grand parc en ville. De plus, il a été évalué qu'un
parc pouvait rafraîchir les bâtiments à proximité sur
un rayon de 300 m maximum.
25 Pouvoir réfléchissant d'une
surface
31
Il n'y a pas qu'en Europe qu'on apporte un
intérêt tout particulier au bénéfice de la
végétation. Dans la ville de Taipei, il a été
observé que les parcs de plus de trois hectares étaient
généralement plus frais que les espaces urbains alentours, tandis
que les différences de température étaient plus variables
pour les parcs de moins de trois hectares.
Selon la même étude, on sait que le pourcentage
d'arbres et d'arbustes expliquent les différences de température
entre les parcs et leurs alentours et ce n'est pas seulement dû à
l'ombre portée par les arbres (Chang & al., 2007).
La circulation de l'eau en ville doit également
être repensée. L'absorption des eaux pluviales par des sols
perméables facilite la régulation de la température lors
d'épisodes chauds. De plus, la rétention d'eau par le sol et la
végétation permet des échanges entre le sol et l'air, ce
qui constitue un élément d'atténuation de l'ICU. Ces deux
éléments doivent donc être pensés conjointement.
Le type d'essence végétale au sein même
d'une zone végétalisée a également une influence
sur le comportement des températures (surface et densité
foliaire). Ces distinctions restent cependant difficiles à
démontrer. En revanche, on recense également certains aspects
souvent mal renseignés. Il existe en effet des espèces d'arbres
qui peuvent être néfastes pour le confort et la santé en
zone urbaine. C'est notamment le cas du saule pleureur, ce dernier
émettant de grandes quantités d'hydrocarbures qui, lorsqu'ils
sont combinés avec des oxydes d'azote (gaz d'échappement),
peuvent créer un smog d'ozone lors des journées
ensoleillées (Chameides & al., 1988 ; Gillespie &
Brown, 2007). À l'inverse, l'érable à sucre n'émet
que de très petites quantités et ne contribuent donc pas à
la pollution de l'air.
Au final, c'est un véritable travail interdisciplinaire
que doivent mener climatologues, urbanistes, écologues et autres, afin
d'organiser au mieux le territoire en tenant compte de toutes les
spécificités liées à la végétation,
à l'eau et au bâti.
La végétation apparaît cependant comme un
des moyens les plus accessibles pour lutter contre l'ICU et améliorer
l'ambiance thermique urbaine (ombrage et évapotranspiration). En plus de
cet effet bénéfique, le végétal apporte en
parallèle d'autres services aux habitants des villes, tout aussi
importants.
3.2.1 Les autres effets de la
végétation
Selon l'APPA26 (2014), la végétation
apporte un effet bénéfique sur plusieurs composantes :
26 Association pour la Prévention de la
Pollution Atmosphérique
A. 32
Sur la qualité de l'air
Les composés gazeux pénètrent dans les
feuilles via les stomates et peuvent ainsi être
métabolisés. Les végétaux sont donc capables
d'absorber et de dégrader les hydrocarbures aromatiques polycycliques
(HAP).
Les particules peuvent être quant à elles
être fortement interceptées par les feuilles, même si la
majorité reste retenue à la surface.
Les arbres et forêts en périphérie des
villes permettraient également une diminution des concentrations d'ozone
(O3) dans l'air. Seulement, cette molécule phytotoxique peut provoquer
des effets à long terme sur les végétaux. De plus, les
arbres sont aussi émetteurs de composés organiques volatiles
(COV), en quantité variable selon les espèces, qui sont
précurseurs de l'ozone.
En ce qui concerne les grosses particules et PM10
(diamètre inférieur à 10 microns), le piégeage est
plus important pour les espèces qui possèdent une importante
surface foliaire. Les conifères seraient alors plus efficaces (grande
surface de dépôt et surface foliaire adhésive). Les arbres
isolés sont plus efficaces pour l'accumulation des particules par
rapport aux arbres de forêts urbaines. En effet, une densité trop
forte d'arbres (surtout dans les rues encaissées et mal
ventilées) peut entraîner une concentration de la pollution.
Enfin, les arbres, les plantes grimpantes (lierre) et les
toitures végétalisées avec des herbacées
(dispositif intensif) semblent capables de piéger les particules plus
fines (PM 2.5 - PM 1) avec un bon rendement.
B. Sur la santé et le bien être
La végétation permet ainsi d'améliorer la
santé physique au travers de son action de captage des particules
polluantes. On note clairement une correspondance entre santé publique
et espaces végétalisés. Ceux-ci permettent une
activité physique via les parcs et procurent dans un même temps un
bien-être psychologique (esthétisme). Ils apportent
également confort thermique, phonique et protègent contre les
conditions climatiques peu intenses (blocage des déplacements d'air).
Les espaces verts permettent également de créer
du lien social à travers les jardins familiaux27, les jardins
partagés28, ou encore les jardins d'insertion sociale et
professionnelle, pour les personnes en situation précaire.
27 Parcelles mises à disposition des
personnes souhaitant cultiver la terre pour leur propre consommation
(Fédération Nationale des Jardins Familiaux)
28 Parcelles ouvertes au public et entretenues
collectivement par les habitants d'un quartier (Agence Régionale de
l'Environnement de Haute-Normandie)
33
En revanche, les problèmes allergiques restent assez
préoccupants dans certaines villes et font d'ailleurs l'objet d'une
attention particulière depuis quelques années, notamment en
Ile-De-France.
Les différentes propriétés du
végétal, citées précédemment, sont
évidemment recherchées par les professionnels de
l'aménagement, notamment pour lutter contre les épisodes
caniculaires. Les questions liées aux méthodes de
végétalisation employées se posent alors.
Cette partie a permis de décrire les principales
variables qui démontrent le changement climatique. La ville de Rennes
n'est pas épargnée, même si elle apparaît moins
touchée jusqu'à présent, par rapport à d'autres
régions françaises. Le changement climatique a des effets sur
l'environnement « physique », mais aussi sur l'environnement urbain
et les villes, qui voient leur vulnérabilité augmenter. C'est en
partie à cause de cette vulnérabilité face aux
évènements extrêmes et aux évolutions climatiques
qu'émerge de plus en plus de réflexions concernant l'adaptation,
en lien avec la végétation et l'aménagement du territoire.
Les collectivités se doivent d'anticiper et de mettre en place des
stratégies réfléchies en fonction des potentiels impacts
climatiques, eux-mêmes influencés par la localisation
géographique et les conditions météorologiques
associées.
4. Les méthodes d'adaptation au changement
climatique : la ville comme terrain d'expérimentation
Aux vues des manifestations probantes du changement
climatique, les collectivités territoriales sont dans l'obligation
d'adapter leur façon de concevoir la ville. Les grandes
agglomérations françaises comme Lyon ou Paris font office de
leader en la matière, tandis que d'autres ont décidé
d'intégrer de manière plus importante les enjeux climatiques et
la notion d'adaptation au sein de leurs documents d'urbanisme, comme c'est le
cas à Rennes. La plupart du temps, ces agglomérations n'ont que
peu, voire pas d'expérience concernant cette thématique qui reste
relativement nouvelle pour les collectivités. Le maillage urbain doit
donc être pensé comme un territoire d'expérimentations.
4.1 L'action sur le secteur privé au travers du
coefficient de biotope
Si l'espace public constitue l'un des terrains d'action
privilégié des collectivités concernant la
thématique de la végétation en ville, il est plus
difficile depuis quelques années d'investir et d'aménager de
nouveaux espaces, en raison du manque de surfaces disponibles, mais aussi
surtout des contraintes budgétaires qui limitent fortement l'action des
collectivités.
34
Dans ce contexte tendu, les professionnels de
l'aménagement de certaines communes se tournent depuis peu vers le
domaine de l'espace privé, qui représente un levier d'action
important, en raison de sa proportion majoritaire au sein des villes.
Le coefficient de biotope, initialement instauré
à Berlin en 1998, a été adapté et reformulé
par certaines agglomérations françaises, qui l'ont ensuite
intégré dans la partie réglementaire de leur PLU. À
Rennes, la réflexion s'est engagée au cours de l'année
2016, après un appui politique.
4.1.1 De sa création à Berlin à
son adaptation par certaines villes
françaises
Le coefficient de biotope a été mis au point
à Berlin et est utilisé depuis 1998 en Allemagne. Il
représente un gage de qualité de l'environnement urbain, en
maintenant la biodiversité en ville, en améliorant la
qualité de l'air, le confort thermique extérieur, tout en
permettant d'intégrer la notion de gestion des eaux pluviales. Le
dispositif permet aussi de valoriser les logements et ses extérieurs
(Kopetzki, 2008).
En France, la loi ALUR29 du 24 Mars 2014 permet
d'élargir le règlement au sein du PLU, en proposant des
règles qui imposent une part minimale de surfaces non
imperméabilisées (aussi appelées « surfaces
écoaménageables »). Cependant, ce recours n'est pas une
obligation et rentre donc dans une démarche volontaire des
collectivités (Club PLUi, 2015). Néanmoins, plusieurs communes
ont décidé de formuler de nouvelles règles en faveur de
l'environnement, à partir de l'exemple de Berlin. Celles-ci prennent le
nom de « coefficient de biotope » ou de « coefficient de
végétalisation ». Mise à part Paris, la plupart des
communes ayant mis au point ce type de dispositif sont de taille relativement
moyenne voire faible. De plus, elles restent encore peu nombreuses. Ceci peut
s'expliquer par le caractère contraignant d'élaborer une nouvelle
règle, dans un document qui peut paraître déjà trop
complexe. Malgré cela, on note depuis 2015 une nouvelle dynamique, avec
plusieurs communes qui réfléchissent à
l'élaboration d'une règle de ce type dans le cadre de la
révision de leur document d'urbanisme, comme à Dijon, Arras ou
Beauvais. Le coefficient de biotope peut se révéler comme un
levier d'action efficace sur le domaine privé, secteur où la
marge de manoeuvre des collectivités est relativement mince. Les
prochains paragraphes permettent d'expliquer le fonctionnement et la logique du
coefficient, au travers d'exemples significatifs.
29 Loi pour l'Accès au Logement et un Urbanisme
Rénové
A. Berlin
Le coefficient de biotope a été
développé dans la capitale allemande, juste avant les
années 2000. Il est fixé dans le plan de paysage («
Landschaftspläne »), un document de planification annexe au PLU
(« Flächennutzungsplan ») (Annexe 14). Le plan de paysage est un
instrument de planification du paysage au niveau des villes.
Sa tâche est orientée vers les objectifs et les
principes de conservation de la nature et du paysage. Le coefficient de biotope
est effectif dans les zones urbaines sollicitées par ce document,
où il fait alors partie du permis de construire30 (PC)
(Annexe 15).
Dans les zones urbaines non soumises au plan de paysage, le
coefficient de biotope n'est pas imposé dans le permis de construire,
mais il peut y être rattaché (CERTU31, 2012).
Le principe de calcul du coefficient de biotope est assez
simple, une fois la logique comprise. Chaque projet soumis au plan de paysage
est conditionné par un coefficient de biotope seuil à atteindre.
Ce coefficient dépend à la fois de la nature du projet
(construction neuve, extension, etc.), mais aussi de l'emprise au
sol32 (Figure 15). Pour atteindre le coefficient de biotope
demandé, le porteur du projet a le choix d'aménager son terrain
comme il le souhaite. Le but étant bien sûr de renforcer la
végétation du terrain. Pour l'aider dans sa réalisation,
chaque type de surface susceptible d'être aménagée est
lié à une valeur écologique, définit sous la forme
d'un coefficient de pondération. Celui-ci varie de 0 pour les surfaces
imperméables (béton, asphalte) à 1 pour les surfaces les
plus
« efficaces » d'un point de vue environnemental
(pleine terre) (Figure 16).
35
Figure 15 : Valeurs seuil du coefficient de biotope selon
la nature du projet (
http://www.stadtentwicklung.berlin.de)
30 Autorisation donnée par une
autorité administrative d'édifier une ou plusieurs constructions
nouvelles ou de modifier une ou plusieurs constructions existantes,
préalablement à l'exécution des travaux (Droit de
l'urbanisme d'Henri Jacquot, 2015)
31 Centre d'Études sur les Réseaux, les
Transports, l'Urbanisme et les constructions publiques
32 Correspond à la projection verticale sur la
parcelle du volume de la construction
36
Ce coefficient correspondrait en fait au pourcentage de l'eau
pluviale interceptée sur une année : par exemple, un coefficient
de 0.2 pour une surface de type mur végétalisé
intercepterait 20% de l'eau pluviale reçue sur une année (Grand
Lyon, 2015).
Figure 16 : Types de surfaces et coefficients
associés (
http://www.stadtentwicklung.berlin.de)
Surface écoaménageable (m2)
= (Surface de type A*coef.A) + (surface de type B*coef.B) + ... +
(surface de type n*coef.n)
Pour calculer le coefficient de biotope final de la parcelle,
on réalise le calcul suivant (Figure 17) :
Figure 17 : Détails du calcul du coefficient de
biotope
(
http://www.stadtentwicklung.berlin.de)
La ou les surfaces écoaménageables choisies par
l'aménageur sont calculées en multipliant la surface de ces
dernières (en m2) et leur coefficient de pondération
associé (entre 0 et 1). On divise ensuite le résultat par la
surface totale de la parcelle (en m2).
On peut illustrer le dispositif par un exemple concret :
On dispose d'une parcelle de surface totale de 479 m2
de type emprise industrielle. Le coefficient de biotope à atteindre pour
ce terrain est donc de 0.3 (selon Figure 15).
La surface d'emprise au sol, correspondant au bâtiment en
rouge, est de 279 m2.
Le reste de la parcelle (soit 200 m2) correspond donc
aux espaces libres : ces derniers sont aménagés d'asphalte sur
140 m2 (en gris) et de pelouse sur 59 m2 (en vert).
On peut calculer le coefficient de biotope initial de la
parcelle, c'est-à-dire avant réaménagement :
37
On multiplie pour cela chaque type de surface à son
coefficient de pondération, puis on fait la somme des surfaces
écoaménageables :
? 140 m2 d'asphalte * 0 = 0 m2 de surface
écoaménageable
? 59 m2 de pelouse * 0.5 = 30 m2 de surface
écoaménageable
Le coefficient de biotope initial est donc de : 30/479 = 0.06 On
est donc loin du coefficient imposé, qui est de 0.3.
Pour pallier au problème, le porteur du projet peut opter
pour plusieurs types d'aménagements, en associant des surfaces à
meilleure valeur écologique, par exemple :
38
? 115 m2 d'espaces verts de pleine terre * 1 = 115
m2 de surface écoaménageable ? 85 m2 de
pavés * 0.3 = 25.5 m2 de surface
écoaménageable
Grâce à cette nouvelle association, le
coefficient de biotope de la parcelle est maintenant de : 140.5/479 = 0.3
L'aménageur est donc désormais en accord avec la
règle imposée dans le permis de construire.
L'action sur le secteur privé au travers de la mise en
place du coefficient de biotope à Berlin a participé de
manière efficace à la végétalisation de la ville,
qui est désormais reconnue comme une des principales « ville verte
» d'Europe.
À côté de cela, l'Allemagne fait
également face à des restrictions budgétaires importantes,
qui se répercutent sur le secteur public, notamment au niveau de la
gestion des espaces verts.
Pour contourner le problème, le pays a mis en place des
mesures environnementales compensatoires. Le principe est globalement le
même que les compensations environnementales des études d'impact.
De manière concrète, un projet qui pollue ou qui détruit
une zone naturelle pour son activité doit pouvoir en aménager une
autre ailleurs. C'est notamment grâce à ce procédé
que Berlin arrive à créer de nouveaux espaces verts au sein de la
ville, mais aussi au niveau de sa périphérie (comme le Naturpark
Barnim par exemple) (Kopetzki, 2008).
En France, les règles sont toutes issues et
adaptées de l'exemple original de Berlin. En revanche, celles-ci
s'appliquent généralement en fonction du zonage du PLU,
étant donné qu'il n'existe pas de document correspondant au plan
de paysage allemand.
Les exemples français qui suivent proviennent des
informations recueillies dans les différents PLU des communes, ainsi que
des documents annexes qui ont pu être récupérés.
B. Paris
La capitale est la première ville française
à avoir mis en place une règle semblable à celle de Berlin
(en 2006). Celle-ci est d'ailleurs en cours de révision et sera
probablement améliorée d'ici fin 2016, dans le cadre du nouveau
PLU de Paris. On parle ici de coefficient de végétalisation et
non de coefficient de biotope.
Cette dernière se base sur le zonage PLU. Pour rappel,
le PLU est composé d'une partie réglementaire. Dans cette partie,
des règles sont énoncées sous forme d'articles qui
abordent plusieurs thématiques (stationnement, emprise au sol des
bâtiments, desserte, etc.), dont une concernant les espaces libres
(Article 13). Parallèlement à ces règles, le PLU
définit des zones au sein du territoire sur lequel il s'applique. Les
appellations de ces zones varient d'un PLU à l'autre, même si on
retrouve globalement la même typologie (zone naturelle « N »,
zone urbaine « U » avec une distinction selon les types d'habitat,
etc.).
39
Ainsi, en fonction de la zone sur laquelle on se trouve, les
règles ne sont pas les mêmes et il en est de même pour celle
du coefficient de végétalisation mise en place à Paris.
Cette dernière ne concerne d'ailleurs que la zone Urbaine
Générale (en bleue sur la Figure 18), lorsque la profondeur du
terrain est supérieure à celle de la bande Z33 (Figure
19).
Figure 18 : Plan de zonage de Paris : zone urbaine
générale (UG) en bleue (PLU Paris, 2006)
Figure 19 : Illustration de la bande Z, de la parcelle S
et des espaces libres (Mairie de Paris 2014, modifié)
33 La bande Z de 15 m se mesure à partir de la
voirie et parallèlement à celle-ci
40
La règle stipule que les espaces libres, qui
correspondent donc à la surface hors emprise bâtie, doivent
représenter au moins 50% de la surface de la parcelle
(désigné par S sur la Figure 19), hors bande Z. En plus de cela,
les espaces libres comprennent obligatoirement au moins 20% de la surface de la
parcelle en pleine terre, ainsi qu'une surface complémentaire qui est
égale à 10 ou 15% de la surface de la parcelle. Ce pourcentage
dépend de la localisation : soit en secteur de mise en valeur du
végétal (10%), soit en secteur de renforcement du
végétal (15%). Cette surface complémentaire doit
être réalisée prioritairement en pleine terre. Sinon, elle
peut être remplacée par une surface
végétalisée pondérée. C'est à ce
niveau qu'intervient le calcul et les coefficients de pondération
associés aux types d'espaces verts (Figure 20).
Figure 20 : Calcul de la surface
végétalisée pondérée et coefficients des
types de surfaces (PLU Paris 2006,
modifié)
Là encore, le choix est laissé à
l'aménageur pour la disposition et le choix des surfaces, tant qu'il
atteint le pourcentage qui lui est imposé.
Le schéma suivant (Figure 21) permet de résumer
la règle qui peut paraître lourde à première vue,
mais qui reste en fait relativement simple.
Figure 21 : Schéma synthétique du
fonctionnement du coefficient de végétalisation de Paris
(Filliol, 2016)
Pour mieux visualiser l'application de ce coefficient de
végétalisation, on peut l'illustrer par un exemple :
Si on se base sur une parcelle S de 300 m2, on a une
obligation de traiter 20% de S en pleine terre, soit 60 m2.
S'ajoute à cela une surface complémentaire de 10 ou
15%, qui doit être réalisée prioritairement en pleine
terre.
En cas d'impossibilité de réalisation en pleine
terre, on applique la règle avec les coefficients : Svp = Spt +
0.5*Sve + 0.3*Stv + 0.2*Smv
41
Si on se situe en zone de mise en valeur du
végétal, alors on doit végétaliser 10% de la
parcelle S, soit 30 m2. Dans cette situation, plusieurs associations
sont possibles, comme par exemple :
? 5 m2 de surface en pleine terre (soit 5
m2 de surface écoaménageable : 5*1)
? 10 m2 de surface avec au moins 80 cm de terre ? 50
m2 de surface avec au moins 30 cm de terre
? 25 m2 de mur
végétalisé/toiture/terrasse
végétalisée
C. 42
Malakoff
La commune de Malakoff est située dans le
département des Hauts-de-Seine (92) en Ile-de-France et rassemble
environ 30 000 habitants. Elle a mis en place une règle de coefficient
de biotope en 2015, lors de la révision de son PLU. Celle-ci s'applique
également sur le zonage du PLU et comprend deux conditions. La
première impose un certain pourcentage de surface du terrain devant
être aménagé en pleine terre : de 25% en zone
d'équipements d'intérêt général à 80%
en zone pavillonnaire. La deuxième contraint l'aménageur à
végétaliser au minimum 35% de la surface totale du terrain. Il
est cependant précisé que ces deux conditions peuvent varier
selon la nature du projet.
Si le porteur du projet n'atteint pas ce pourcentage de 35%,
alors il y a une compensation qui s'exerce, au travers d'une surface
végétale pondérée (Svp). L'équation est
similaire à celle mise en place à Paris, où chaque type de
surface est multipliée par son coefficient de pondération. En
revanche, ce sont ces coefficients associés aux surfaces qui vont varier
entre les deux règles (Figure 22). En complément de cette
règle, la ville a mis en place des normes de plantations, en indiquant
notamment le nombre et le type d'arbre à planter selon la taille du
terrain.
Figure 22 : Coefficients de pondération de la
règle mise en place à Malakoff (PLU Malakoff, 2015)
D. Saint-Quentin-en-Yvelines
Située en Ile-de-France (78), la commune de
Saint-Quentin-en-Yvelines possède des caractéristiques assez
proches de Rennes. Tout d'abord, de par leur nombre d'habitants qui est
relativement proche : environ 211 000 à Rennes contre 15 000 de plus
à Saint-Quentin-en-Yvelines. D'autre part, au travers de leur
démarche qui est similaire. En effet, le PLUi de
Saint-Quentin-en-Yvelines s'est achevé en 2015 et est donc tout
récent.
De plus, il s'avère que cet exemple est assez
intéressant, car la méthodologie employée est cette-fois
ci assez différente des autres exemples qui ont pu être
étudiés. En effet, la règle ne s'effectue pas sur le
zonage PLU, mais sur la densité et le type d'habitat. Il y a donc eu un
travail supplémentaire avec un nouveau zonage pour établir
spécifiquement la règle du coefficient de biotope (Figure 23).
Selon l'indice propre à chaque secteur, un pourcentage
d'espaces verts et une règle de répartition est attribuée
à chaque zone (Figure 24).
Figure 23 : Les différentes zones de densité
et de type d'habitat qui conditionnent le coefficient de biotope
(PLUi SQY, 2015)
43
Figure 24 : Pourcentages à atteindre selon l'indice
de la zone (PLUi SQY, 2015)
44
Le porteur du projet réalise alors le pourcentage
nécessaire : soit en totalité en pleine terre, soit
conformément à la règle de répartition. Dans la
deuxième situation, on retrouve nos coefficients de pondération,
qui varient des autres exemples cités précédemment (Figure
25).
Figure 25 : Coefficients de pondération (PLUi SQY,
2015)
Dans la même logique que pour l'exemple de Malakoff, des
normes de plantations ont été rajoutées en plus de cette
règle du coefficient de biotope.
Cette partie permet d'exposer un panorama très
général des règles qui peuvent exister sur cette notion de
coefficient de biotope. Il existe d'autres communes ayant mis en place ce type
de dispositif, même si elles restent encore peu nombreuses. La
méthodologie employée reste la plupart du temps la même,
bien qu'on observe quelques modifications, notamment sur la valeur des
coefficients de pondération reliés à chaque surface. Ce
dispositif intéressant peut néanmoins paraître contraignant
pour le porteur du projet, même si le choix de l'aménagement lui
est laissé. Plusieurs questions émergent quant à la mise
en place de ces coefficients, ainsi que sur la définition de la notion
de « pleine terre », qui varie selon les règles. Ces aspects
seront discutés dans la troisième partie qui traite des
difficultés de mises en oeuvre, notamment sur ce coefficient de
biotope.
4.2 Les nouvelles méthodes de
végétalisation (livret en Annexe 17)
La proportion d'espaces publics disponibles étant de
plus en plus faible au fil de l'urbanisation et de la densification urbaine, de
nouveaux dispositifs de végétalisation ont vu le jour depuis
quelques années. Ceux-ci constituent une alternative à la
création de parcs urbains, qui sont depuis quelques années plus
difficiles à aménager au sein des villes, par manque de place
mais aussi de moyens. Au travers de ces nouveaux aménagements, tels que
les toits et murs végétalisés, ce sont à la fois
les infrastructures publiques qui sont visées, mais également les
parcelles privées.
45
Il existe deux types de dispositifs pour
végétaliser la surface des bâtiments : les murs et les
toitures végétalisées. On dénombre en revanche
plusieurs techniques différentes dans la façon de concevoir ces
ouvrages. Les murs végétalisés existent depuis plusieurs
siècles. En 1646, certains jardiniers italiens s'affairaient
déjà à la réalisation d'un mur
végétal sur un parement de briques (Ferrari, 1646). En revanche,
ce n'est que dans les années 2000 qu'on commence à utiliser cette
technique pour ses effets bénéfiques sur l'environnement, avec
notamment l'architecte français Jean-François Daures. Il existe
plusieurs types de murs végétalisés : du système le
plus simple, comme l'implantation de plantes grimpantes, aux systèmes
plus complexes, qui permettent de potentialiser les effets de l'ouvrage (Malys,
2009). Parmi ces derniers, on retrouve généralement le mur sur
nappe horticole, muni d'une plaque servant de support à la
végétation, associé à un mécanisme
d'irrigation. Ce mécanisme demande néanmoins beaucoup d'entretien
et reste relativement cher. Le mur végétal monobloc est donc
généralement privilégié, car il demande une mise en
place plus simple et peut accueillir une multitude d'espèces
végétales (Fuchs & Med, 2009).
Les toitures végétalisées sont encore
plus anciennes, puisqu'on retrouve des traces de ces structures depuis le
néolithique. Si les pays du Nord ont été les premiers
à les mettre en avant dans les années 1970, on retrouve
aujourd'hui ces ouvrages dans la majorité des pays (Acqualys, 2015). On
distingue généralement deux types de toitures
végétalisées : celles dites « extensives », qui
sont essentiellement réalisées à partir de
graminées ou de sédums et celles dites « intensives »,
qui peuvent accueillir des arbustes, voire des arbres. Ces dernières
sont logiquement bien plus chères à mettre en place et à
entretenir (ECOVEGETAL).
Les murs et les toits végétalisés, bien
qu'ils soient assez chers à mettre en place, apportent en contrepartie
à la fois une amélioration du confort de vie pour les individus
(isolation thermique et phonique, esthétisme), tout en rendant des
services à la ville (gestion des eaux pluviales, filtration des
pollutions de l'eau et de l'air, lutte contre l'ICU, etc.).
Ces deux techniques ont vocation à être
utilisées à l'avenir, en priorité sur les
aménagements futurs, où la marge de manoeuvre est plus
conséquente que sur les installations existantes. Il faudra
néanmoins veiller à choisir la bonne méthode et les bonnes
espèces végétales, en fonction des caractéristiques
du bâti et des objectifs visés.
Les espaces publics sont également mis à profit
pour de nouveaux types d'aménagements, en lien avec le
végétal. L'objectif est à la fois d'assurer les fonctions
essentielles des espaces publics, comme les zones de rencontre ou de repos,
ainsi que des fonctions « décoratives » et
écosystémiques comme la gestion des eaux pluviales ou la lutte
contre l'îlot de chaleur urbain. Ce genre d'initiative, comme à
Rennes ou à Vannes (livret en Annexe 17), a le mérite
d'interroger le grand public sur le dispositif installé et de le
sensibiliser aux problématiques climatiques des zones urbaines.
Il existe également d'autres dispositifs non
végétalisés qui permettent de limiter l'apport de chaleur
par les toits et donc de diminuer l'îlot de chaleur urbain. On les
appelle généralement « Cool roof » (« toitures
fraîches »).
46
Ces dispositifs sont généralement plus faciles
à mettre en oeuvre et beaucoup moins chers que les toitures
végétalisées (Trottier, 2008). Le principe est assez
simple, puisqu'il consiste à recouvrir le toit du bâtiment par un
enduit ou une membrane réfléchissante (du gravier blanc peut
également être utilisé). Plusieurs sociétés
se sont d'ailleurs spécialisées dans cette technique, comme
l'entreprise alsacienne SOPREMA. Bien qu'intéressante d'un point de vue
bioclimatique (isolation des bâtiments), cette technique n'inclut pas de
gestion des eaux pluviales, comme c'est le cas pour les toitures
végétalisées. Pourtant, cet enjeu est de plus en plus
important au sein des zones urbaines, si on considère que les
évènements extrêmes types pluies intenses et inondations
seront plus nombreux.
4.3 La gestion intégrée des eaux
pluviales, un enjeu fort pour une meilleure résilience des villes
Avec l'artificialisation de plus en plus importante des
villes, la question des eaux pluviales, notamment au travers de la
problématique du ruissellement, se pose de plus en plus au sein des
collectivités.
Entre 1985 et 2005, 4 000 hectares ont été
utilisés chaque année pour la croissance urbaine, soit
l'équivalent de la superficie urbanisée de Rennes (Prenveille,
2014).
Il s'agit désormais de penser la ville autrement, plus
particulièrement au niveau du rapport entre les eaux pluviales et les
réseaux d'assainissement. La tendance actuelle est de laisser de
côté la politique « tout tuyaux », pour mettre en place
des techniques alternatives, qui peuvent avoir également d'autres
vertus, en plus de ce pour quoi elles sont installées.
Ces différentes méthodes alternatives prennent
part à une « gestion intégrée des eaux pluviales
». Ceci se définit par la mise en place de techniques
préventives de gestion des eaux pluviales, permettant de limiter leur
ruissellement et de favoriser leur infiltration (Prenveille, 2014). Celles-ci
ont vu le jour bien après les techniques de gestion de base,
après une prise de conscience sur la gestion de ces eaux de pluie, vers
le début des années 1980 (Chocat, 2008). La ville de Rennes a
été une des premières communes françaises à
se pencher sur cette gestion alternative des eaux pluviales, dans les
années 1980-1990.
4.3.1 Les techniques traditionnelles de gestion de
l'eau
Les techniques traditionnelles correspondent à la
politique « tout tuyaux » largement répandue au sein des
villes depuis plusieurs décennies.
47
Ce type de gestion conduit inévitablement à une
adaptation permanente du réseau de collecte et des stations
d'épuration, face à l'augmentation du ruissellement dû
à l'urbanisation. Cela implique inévitablement des coûts
économiques et sociaux de plus en plus importants (Prenveille, 2014).
Il existe deux types de réseaux en France (Figure 26).
Le réseau unitaire d'assainissement, le plus couramment utilisé,
collecte les eaux usées et les eaux pluviales dans les mêmes
canalisations jusqu'à la station d'épuration (Ministère de
l'Écologie et du Développement durable, 2011). Seulement, en cas
de fortes pluies, une partie des eaux usées peuvent être
envoyées vers le milieu naturel sans traitements, au niveau des
déversoirs d'orage (DO). Ce mécanisme augmente alors le risque de
pollution du milieu (ville de Besançon, 2014). Le deuxième type
de réseau est le réseau séparatif. Plus récent et
plus cher, il comprend deux systèmes de collecte qui séparent les
eaux usées des eaux pluviales. Il permet ainsi de mieux gérer les
variations de débit dues aux fortes pluies et d'éviter ainsi les
débordements d'eaux usées vers le milieu naturel
(Ministère de l'Écologie et du Développement durable,
2011).
Figure 26 : Les deux types de réseaux de gestion de
l'eau en France (Blogplastics, 2013)
4.3.2 Les techniques alternatives (livret en Annexe
18)
Ces méthodes, aussi appelées «
compensatoires », consistent à limiter l'imperméabilisation
des sols pour réduire les débits de ruissellement,
d'écoulement et la remise en suspension des pollutions. Cela permet
aussi une recharge des nappes et améliore le soutien d'étiage.
Plus ou moins coûteuses, elles doivent être
interprétées pour certaines comme un investissement à long
terme. De plus, elles participent à la construction de l'espace public
et doivent donc être pensées dans cette optique et pour le
citoyen.
Le livret d'informations (Annexe 18) concernant les
différents dispositifs résulte de la compilation de plusieurs
études menées par différentes collectivités, dont
Rennes Métropole (2014), Limoges Métropole (2014) et la
collectivité de Loire-Bretagne (2014).
48
Les explications complémentaires proviennent des
analyses d'une Agence de l'Eau (Artois-Picardie, 2013), du Conseil
Régional Rhône-Alpes (Lyon, 2006) et de l'ONEMA34
(2008). Ce petit livret peut servir de support intéressant pour la
collectivité, notamment dans la transmission au grand public ou dans la
communication entre les services.
L'objectif principal de ces techniques alternatives n'est pas
de remplacer les réseaux actuels, mais de limiter l'apport d'eau dans
les canalisations existantes et de privilégier l'infiltration. Celle-ci
peut se faire au niveau des parcelles individuelles (puit d'infiltration), au
niveau de l'espace public (noues) ou au sein des bâtiments privés
(toitures végétalisées avec système d'infiltration
en pied de bâtiment). Cette action permet également de recharger
les nappes et de garantir une bonne qualité de l'eau via la filtration
du sol. L'intérêt est d'infiltrer l'eau le plus rapidement
possible, afin d'éviter le ruissellement et la pollution potentielle des
eaux. La gestion alternative et la gestion traditionnelle doivent cependant
être complémentaires, le but n'étant pas d'éliminer
les tuyaux, qui sont parfois essentiels pour l'évacuation des eaux en
cas de précipitations exceptionnelles.
Ces méthodes de végétalisation et de
techniques alternatives permettent d'agir à la fois sur l'ICU et sur la
gestion des eaux pluviales, ce qui les rend particulièrement
intéressantes. Il est cependant nécessaire de prendre en
considération les caractéristiques du bâti et du sol dans
le choix des dispositifs. Le coût est également à prendre
en compte, tout comme l'entretien qui peut être plus ou moins fastidieux
selon les techniques.
Hormis l'apparition de nouvelles techniques, de nouvelles
pratiques émergent depuis quelques années. L'idée est
d'engager le citoyen dans la conception et l'élaboration même des
futurs projets urbains menés par les collectivités.
5. Vers une gestion participative des habitants ?
Ce type d'action reste encore assez rare en France, notamment
à cause de la lourdeur administrative et des mentalités qui
restent encore assez distantes vis-à-vis de l'action des pouvoirs
publics. Quelques expérimentations ont néanmoins
été menées dans plusieurs villes pour inciter le grand
public à s'engager dans les projets urbains. On parle alors d'urbanisme
tactique. Ce mouvement provient traditionnellement des villes des
États-Unis35, car ces dernières investissent moins
pour mettre en valeur l'espace public, contrairement aux villes
européennes. Il repose sur trois principes que sont l'intervention
à petite échelle, le court terme et le « low-cost ». La
participation citoyenne fait partie intégrante des projets et permet aux
habitants d'être force de proposition et de s'investir pour leur lieu de
vie (AUDIAR, 2014).
34 Office National de l'Eau et des Milieux
Aquatiques
35 Plus précisément à San
Francisco en 2005
49
À Portland, au Nord-Est des États-Unis, une
opération dénommée « Depave » s'efforce de
retirer le revêtement de bitume non nécessaire, par exemple sur
des parkings et trottoirs, pour créer des espaces verts partagés
et mieux gérer le ruissellement des eaux de pluies (Figure 27).
Figure 27 : Opération de
végétalisation après débitumage à
Portland (
http://buildabetterburb.org)
Depuis 2007 et grâce aux membres de l'association et de
ses membres, des milliers de mètres carrés d'asphalte ont
été « dépavés » dans cette ville, ce qui
a permis de détourner du réseau d'égout pluvial plus de
sept millions de litres (Camponeshi, 2013).
Si on compte déjà une centaine de jardins
partagés sur territoire rennais, la collectivité a
souhaité engager un nouveau type de convention entre la ville et ses
habitants. Le programme « Embellissons nos murs », initié par
l'association « Rennes jardins » et la Direction des Jardins et de la
Biodiversité de la ville, permet aux habitants de prendre en charge leur
environnement proche, comme les pieds de murs devant chez eux (Figure 28). Le
but est de verdir l'espace public à l'initiative des citoyens et donc
d'améliorer le cadre de vie de ces derniers (Direction des Jardins et de
la Biodiversité, Ville de Rennes).
Figure 28 : Exemple de végétalisation
grâce à la convention "Embellissons nos murs" à Rennes
(
http://metropole.rennes.fr)
La ville finance le débitumage des trottoirs à
hauteur de 500 m/an et met à disposition des graines pour
végétaliser l'espace décapé. Depuis 2010, 267
conventions ont été signées, représentant environ
1.3 km de linéaire végétalisé (Commission cadre de
vie, 2016). L'entretien de cet espace reste cependant à la charge du
citoyen, ce qui peut parfois être source de problèmes, lors du
délaissement de ces espaces. Le but est à la fois de renforcer la
végétation en zone urbaine, tout en limitant les dépenses
publiques et l'entretien lié aux espaces verts. Cette action, soutenue
par l'association, permet également de renforcer la sensibilisation des
habitants concernant l'apport bénéfique de la
végétation, en relais avec le personnel technique de Rennes
Métropole.
Le changement climatique et ses impacts ont poussé les
collectivités territoriales à définir de nouveaux
objectifs pour garantir un cadre urbain confortable à ses citoyens. Au
travers de la révision de documents cadres comme le PLU de Rennes ou le
PCAET et l'élaboration du premier PLUi de la métropole, de
nouveaux enjeux et objectifs devraient permettre de mieux prendre en compte le
volet adaptation sur le territoire. Les thématiques de l'eau, de la
végétation et de l'ICU sont au coeur des réflexions qui
s'engagent. Cette adaptation passe inévitablement par la mise en place
de nouvelles stratégies de végétalisation, ainsi que de
nouvelles méthodes de gestion des eaux pluviales, à la fois sur
les espaces publics et sur les parcelles privées. Celles-ci pourront
être appuyées par l'intermédiaire d'outils et de
règles, intégrées dans les nouveaux documents-cadres.
C'est notamment le cas du coefficient de biotope, qui a pour ambition
d'être intégré dans la partie réglementaire du PLUi.
La collectivité souhaite également donner un rôle plus
important aux habitants dans l'aménagement de leur espace de vie,
à la fois pour les sensibiliser vis-à-vis des futurs défis
de la métropole, mais aussi pour alléger ses dépenses
publiques.
II. Agir sur le territoire, par l'intermédiaire
d'un travail interdisciplinaire multi-acteurs
La réflexion autour de la thématique de
l'adaptation au changement climatique a été amorcée au
début de l'année 2016. Ce travail de mémoire vient donc se
greffer sur les premières réunions de travail, ce qui le rend
particulièrement intéressant.
Dans un même temps, les premières
démarches liées au PCAET se mettent en place. Si le service
« transition énergétique et écologique »
s'occupe principalement du volet atténuation et des enjeux
énergétiques au sein de ce nouveau plan climat, la partie
adaptation est quant à elle rattachée et pilotée
actuellement par le service « planification et études
urbaines36 ». Pour des raisons évidentes, ce travail ne
peut se faire exclusivement en interne, tant les compétences à
mobiliser sont multiples.
50
36 Chaque chargé d'étude possède
une « spécialité », dont une relative au climat et
à l'énergie
C'est pourquoi, plusieurs services de Rennes Métropole,
ainsi que des intervenants extérieurs (bureaux d'études et
universitaires principalement) sont et seront amenés à être
sollicités par ces réflexions. Ce travail interdisciplinaire est
essentiel pour pouvoir appréhender les enjeux de l'adaptation au
changement climatique de la manière la plus globale qui soit.
1. Deux champs d'investigation majeurs : l'espace
public et l'espace privé
Les questions d'adaptation au changement climatique sont
étroitement liées au domaine de l'aménagement du
territoire et de l'urbanisme. On distingue de ce fait deux champs majeurs
d'investigations que porte la collectivité : le domaine privé et
le domaine public. Les outils et les moyens mobilisés diffèrent
selon ces deux domaines. L'action sur l'espace privé s'effectue
essentiellement au travers de la partie réglementaire du PLU. Outre
certaines impositions inscrites dans ce dernier, il peut y avoir en
parallèle des « fiches conseils », par exemple sur
l'organisation ou la disposition de la végétation, qui ne font
pas office d'obligations, mais qui permettent d'aider et d'accompagner les
communes dans leurs stratégies de
végétalisation37. À côté de cela,
l'espace public peut faire office de terrain d'expérimentations pour les
collectivités, notamment dans la gestion des eaux pluviales, en testant
de nouvelles techniques alternatives, de nouvelles dispositions de la
végétation ou de nouvelles espèces végétales
plus adaptées aux conditions climatiques futures.
1.1 Identification des acteurs
Comme évoqué précédemment, ce
travail se fait en coopération avec une multitude d'acteurs qui
proviennent d'horizons différents. La Figure 29 recense les
interlocuteurs sollicités pour ce travail et qui proviennent des
services de Rennes Métropole et de la ville de Rennes (certaines
compétences ont basculé des communes vers la métropole
depuis le changement de statut début 2015).
51
37 À noter que ce type de "guide" n'a pas
encore été mis en place à Rennes
52
Figure 29 : Organigramme simplifié des services
sollicités de Rennes Métropole et de la ville de Rennes
(Filliol, 2016)
La réflexion autour de la gestion de l'eau et de la
végétation à Rennes est également issue d'une
volonté de coopération avec la ville de Nantes et
l'IFSTTAR38. Les recherches du laboratoire « Eau et
Environnement », en association avec l'IRSTV39 et
LaSIE40, visent à développer des connaissances sur la
micro-climatologie urbaine dans le but d'établir des stratégies
d'adaptation de la ville. Dans cette optique, l'IFSTTAR souhaite renforcer sa
coopération avec les collectivités, notamment Rennes, pour
continuer ses expérimentations. À côté de cela, il y
une réelle volonté politique, à la fois sur le coefficient
de biotope, porté par Daniel Guillotin, conseiller municipal
délégué à l'écologie urbaine et sur les
questions d'îlot de chaleur urbain, appuyé par Sébastien
Sémeril, président de la commission « aménagement,
urbanisme, architecture » et premier adjoint au Maire de Rennes. Les
propositions des services techniques de la métropole et de la ville de
Rennes sont donc attendues dans le cadre du PLUi et de la révision du
PLU de la commune.
Avant d'aller plus loin dans cette collaboration avec Nantes,
un recensement des études en cours a été établit
sur le territoire rennais. Celui-ci a notamment pour objectif d'alimenter la
culture commune des différents services étant reliées
à ces thématiques. En effet, ceux-ci n'ont
généralement pas la possibilité, souvent par manque de
temps, de connaître avec précision les partenariats existants ou
l'avancée des études entreprises par d'autres services
travaillant sur des sujets qui se recroisent.
38 Institut Français des Sciences et
Technologies des Transports, de l'Aménagement et des Réseaux
39 Institut de Recherche en Sciences et Techniques de
la Ville
40 Laboratoire des Sciences de l'Ingénieur pour
l'Environnement
Hors, il se trouve que cet aspect est assez important, compte
tenu du travail interdisciplinaire à mener sur le sujet,
particulièrement entre la végétation et la gestion des
eaux pluviales. Ce recensement permet également aux équipes de
recherche Nantaises d'avoir connaissance de ce qui se fait à Rennes, en
fonction des différentes thématiques. Les huit "fiches projets"
qui en résultent, à consulter en Annexe 19, permettent de
préciser les grands partenariats existants, les financements et autres
informations concernant les études et collaborations en cours. Ces
dernières balayent à la fois les thématiques liées
à la végétation et à la gestion de l'eau et
permettent d'avoir une idée des projets innovants sur cette
thématique d'adaptation des villes. Pour ce travail d'inventaire,
plusieurs interlocuteurs de Rennes Métropole et de la ville de Rennes
ont été rencontrés : la « Direction des Jardins et de
la Biodiversité », le service « Maîtrise d'oeuvre Espace
Public et Infrastructures », ainsi que le service « Veille Marketing
Territorial ».
Une « fiche contacts » plus générale a
également été constituée, afin de recenser tous les
acteurs (internes et externes) prenant part aux réflexions, dans le but
de faciliter les prises de contact futures.
Après ce premier travail de « cadrage », il
apparaît nécessaire de proposer une méthode pour
réfléchir sur cette question d'adaptation et des
thématiques rennaises plus précises qui y sont liées.
1.2 Formalisation d'une méthode
Cette méthode de travail doit permettre
d'intégrer un maximum d'acteurs concernés par les
problématiques soulevées. Le but étant d'être le
plus exhaustif, en rassemblant le plus de compétences possibles pour
appréhender les enjeux reliés aux territoires de la
manière la plus efficace et rigoureuse qui soit.
1.2.1 Constitution de groupes de travail
53
Un premier groupe de travail élargi a d'abord
été mis en place (Figure 30).
54
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Milvoy
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Nom
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Prénom
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Structure
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Fonction
|
Thibault
Bobe
|
Nicolas
Steven
|
Projets & Territoires (Bureau
d'étude)
Région Bretagne
|
Consultant
Adjoint au directeur en charge du climat
|
Foissard
Le Borgne
|
Xavier
Chloé
|
LETG COSTEL (Université Rennes 2)
Ville de Rennes
|
Chercheur
Chargée de mission en santé
publique
|
Quenault
Bouriau
|
Béatrice
Emmanuel
|
ESO (Université Rennes 2)
AUDIAR
|
Chargée de mission développement
durable
Chargé de mission environnement/agriculture
périurbaine
|
Roué-Le-Gall
|
Anne
Anne
|
AUDIAR
EHESP
|
|
Diallo
|
Thierno
|
EHESP - Université de
Genève
Ville de Rennes
|
|
Roux
|
Laurence
|
Service maîtrise d'ouvrage jardins &
biodiversité
|
|
Fleury
|
Karine
|
Direction de l'espace public & des
infrastructures
|
|
Prenveille
|
Alain
|
Service maîtrise d'oeuvre espace public
&
|
|
Catherine
|
Brendan
|
Service transition énergétique &
écologique
|
|
|
|
|
|
Lhermitte
|
Nathalie
|
|
|
|
|
|
Legrand
|
Corinne
|
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|
Chargée de mission environnement/aménagement
durable
Professeur en santé & environnement,
urbanisme & santé
Collaborateur de recherche
Assistance maîtrise d'ouvrage/conducteur
d'opérations
Rennes Métropole
Directrice de l'espace public & des
infrastructures
Ville de Rennes
infrastructures
Responsable service assainissement
Rennes Métropole
Chargé de mission énergie climat
(PCAET)
Rennes Métropole
Service planification & études
urbaines
Chargée d'études urbanisme
Rennes Métropole
Service planification & études
urbaines
Chargée d'études urbanisme
Frédéric
Rennes Métropole
Service planification & études
urbaines
Chargée d'études urbanisme
Sandrine
Rennes Métropole
Service planification & études
urbaines
Chargée d'études urbanisme
Carine
Rennes Métropole
Service planification & études
urbaines
Chargée d'études urbanisme
réglementaire
Rennes Métropole
Service planification & études
urbaines
Chargée d'études urbanisme
Rennes Métropole
Service planification & études
urbaines
Chargée d'études urbanisme
Thibaut
Rennes Métropole
Service planification & études
urbaines
Stagiaire
Littoral Environnement
Télédétection Géomatique -
Climat et Occupation du Sol par
Télédétection
Laboratoire Espaces et
Sociétés
AUDIAR
Agence d'Urbanisme et de Développement
intercommunal de l'Agglomération Rennaise
EHESP
Ecole des Hautes Etudes en Santé
Publique
Figure 30 : Groupe de travail élargi sur
l'adaptation au changement climatique (Filliol, 2016)
Auffray
Chrétien
Blanche Barbat
Ecolan-Guillier
Armelle
Heinry
Anaëlle
Sur la base de 2-3 réunions par an, il a pour vocation de
suivre l'évolution des études entreprises sur
les différentes thématiques et d'alimenter la
culture commune entre les différents acteurs.
Filliol
LETG -
COSTEL
ESO
Ce groupe de travail est à la fois riche de ses
compétences (urbanisme, eau, végétation, climat,
santé) et de sa diversité structurelle (services
techniques de Rennes Métropole et de la ville de
Rennes, bureaux d'études, chercheurs), tout en assurant un
relais avec la région Bretagne.
Cette première rencontre a d'abord permis d'engager une
culture commune autour des questions
d'adaptation et de vulnérabilité au changement
climatique. Ces deux notions ne sont d'ailleurs pas
toujours perçues de la même manière selon
l'angle d'approche ou le domaine d'étude, ce qui a
notamment permis de confronter les différents points de
vue et d'enrichir les débats. La réflexion
concernant les chantiers prioritaires face au changement
climatique et ses impacts s'est révélée être
très difficile à mener, en raison du manque de
connaissances sur certains points de la part des
acteurs (comme l'îlot de chaleur urbain par exemple).
55
Il a donc été très complexe
d'établir rapidement des groupes de travail sur des thématiques
plus précises, comme cela devait être le cas à l'issue de
ce premier rassemblement.
Cependant, compte tenu de la complexité du sujet, il a
fallu organiser des premiers groupes de travail, plus restreints, pour
commencer à réfléchir sur certaines questions.
Un premier groupe a été constitué en
Février 2016 pour travailler sur l'îlot de chaleur urbain.
Celui-ci rassemble essentiellement des chargés d'études
travaillant sur la ville de Rennes et sur les questions de morphologie urbaine,
ainsi que deux chercheurs de l'Université de Rennes 2 (X. Foissard &
H. Quénol). Le but étant de continuer les modélisations de
l'ICU commencées en 2011 avec la thèse de X. Foissard et
d'estimer l'impact de ce dernier par rapport au projet urbain de 2030 (nouveaux
aménagements) et de la trame verte future. Il pourra être
intéressant de connaître l'évolution de l'îlot de
chaleur urbain par rapport aux futurs projets d'aménagement, en fonction
de leurs morphologies urbaines et de la trame verte projetée. Les
premières modélisations et les campagnes de mesures devraient
commencer très prochainement, la finalisation des aspects administratifs
prenant un certain temps.
Un deuxième groupe de travail portant sur les espaces
publics a ensuite été mis en place, en Mai 2016 (Figure 31).
Celui-ci a pour objectifs de réfléchir sur la gestion de la
végétation et de l'eau, tout en essayant de renforcer et
d'encourager l'action participative des habitants.
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Nom
Ecolan
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Prénom
Armelle
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Structure
|
Chargée d'étude urbanisme
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Filliol
|
Thibaut
|
Service planification & études
urbaines
|
Stagiaire
|
|
|
Service planification & études
urbaines
|
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Fonction
Rennes Métropole
Rennes Métropole
Pansart
Mathieu
Rennes Métropole
Service conduite d'opérations espace public
& infrastructures
Chargé d'études hydrauliques
Fleury
Karine
Rennes Métropole
Direction espace public &
infrastructures
Directrice espace public &
infrastructures
Roux
Laurence
Ville de Rennes
Service maîtrise d'ouvrage jardins &
biodiversité
Assistance maîtrise d'ouvrage/conducteur
d'opérations
Ville de Rennes
Responsable service exploitation jardins &
biodiversité
Figure 31 : Groupe de travail restreint sur la gestion de
l'eau et de la végétation au sein des espaces publics (Filliol,
2016)
Martin
Bertrand
Service exploitation jardins &
biodiversité
Plusieurs idées émergent déjà,
comme le fait d'élargir les terre-pleins centraux et de les verdir,
plutôt que de planter systématiquement des arbres d'alignement. Il
pourrait également être intéressant d'augmenter le nombre
de sens unique lorsque c'est possible, pour augmenter la part d'espace public
utile pour les habitants et pouvoir y mener des actions participatives. De
plus, le débitumage et la végétalisation de certaines
portions de voiries est un procédé relativement peu coûteux
pour la collectivité, d'autant plus si l'espace laissé libre est
géré par à un collectif d'habitant (possibilité de
créer de nouveaux jardins partagés).
56
Même si ces opérations peuvent rester
anecdotiques d'un point de vue climatique ou par rapport à la gestion
des eaux pluviales, il peut y a voir d'autres intérêts comme la
création de lien social. De plus, ces petites opérations
participent à la sensibilisation des habitants et c'est la
multiplicité de ces dernières qui apporteront à terme un
effet bénéfique d'un point de vue environnemental.
On a parfois tendance à penser qu'il suffit uniquement
d'augmenter le nombre d'espaces verts et d'arbres pour améliorer le
confort thermique en ville. Si cette information est en partie vraie, l'aspect
qualitatif est tout aussi important. En effet, il est tout aussi fondamental de
préserver le bon fonctionnement de la végétation, avec un
apport d'eau suffisant pour permettre l'évapotranspiration et lutter
contre l'ICU. Pour cela, il est nécessaire de privilégier un sol
« naturel », suffisamment profond pour permettre à l'arbre de
se développer et donc de maximiser son action rafraîchissante.
C'est sur ces aspects que la Direction des jardins et de la biodiversité
(DJB) aimerait organiser leurs efforts, afin de mieux configurer la
végétation sur l'espace public. Cette remise en question
s'effectue dans le cadre de la gestion différenciée des espaces
verts, mise en place à Rennes depuis 198141. Cette
démarche particulière permet d'établir un protocole
spécifique de gestion et d'entretien en fonction du type d'espace (du
jardin structuré très fleuri au jardin de nature). Les
réflexions actuelles amènent à revoir cette gestion
différenciée, en privilégiant notamment des espèces
végétales plus adaptés aux températures futures.
Sur le terrain, il est cependant plus complexe de prendre en compte ces
modalités, compte tenu des réseaux souterrains existants (gaz,
électricité, assainissement). De plus, il reste encore assez
difficile de savoir avec précisions quelles espèces
végétales sont les plus efficaces pour rafraîchir
l'ambiance thermique urbaine. De même que pour la disposition de la
végétation, où les connaissances scientifiques sont encore
assez limitées. Les idées soulevées dans ce groupe de
travail restent pour le moment plutôt secondaires, étant
donné les gros projets qui occupent la quasi-totalité du temps de
travail de la Direction des jardins, notamment les prairies Saint-Martin (Fiche
projet n°2 dans l'Annexe 18).
Si les deux groupes de travail précédents n'ont
pas encore été très investi pour le moment, les
réflexions menées sur l'espace privé et sur la mise en
place potentielle d'un coefficient de biotope à Rennes ont
été plus appuyées.
A. Réflexions sur l'espace privé et sur
un premier coefficient de biotope
Au préalable, un travail « d'enquête »
a permis d'appréhender les différents types de règles
existantes, portant sur le coefficient de biotope. Une dizaine de
collectivités ont été contacté pour cette
étude initiale où seuls les exemples les plus intéressants
ont été retenus et présentés lors de la
réunion de lancement (voir exemples partie 4.1.1). Ce travail de
recensement a notamment permis de soulever beaucoup d'interrogations, qui
seront évoquées dans la suite de ce travail. Le groupe de
personnes rassemblé pour ces réflexions est
détaillé sur la Figure 32.
41 Rennes est une des premières villes
françaises à avoir mis en place une gestion
différenciée des espaces verts
57
Structure
Fonction
Rennes Métropole
Stagiaire
Rennes Métropole
Rennes Métropole
Chargé d'études en urbanisme (ville de
Rennes)
Rennes Métropole
Service droit des sols
Responsable service droit des sols
Rennes Métropole
Technicienne imperméabilisation
Ville de Rennes
Assistance maîtrise d'ouvrage/conducteur
d'opérations
Rennes Métropole
Service conduite d'opérations espace public
& infrastructures
Chargé d'études hydrauliques
Figure 32 : Groupe de travail restreint sur le coefficient
de biotope (Filliol, 2016)
Nom
Prénom
Filliol
Thibaut
Service planification & études
urbaines
Ecolan
Armelle
Service planification & études
urbaines
Chargée d'études en urbanisme
Benaden
Pierre
Service planification & études
urbaines
Barré
Sandrine
Pansart
Mathieu
En parallèle, il a paru important de repréciser les
mesures déjà énoncées dans le règlement du
PLU
de Rennes, concernant la gestion de l'eau et la
préservation des espaces verts et de la biodiversité.
Cet aspect est d'autant plus crucial que la plupart des
élus n'ont finalement pas de connaissance
précise des règles qui régissent
l'organisation du territoire urbain.
Sephaud
Christelle
Service contrôle qualité
assainissement
Roux
Laurence
Service maîtrise d'ouvrage jardins &
biodiversité
Premièrement, il existe différentes bandes de
constructibilité42 (Figure 33), dont la bande de
constructibilité restreinte, disposée en fond de terrain, qui
permet notamment de préserver les coeurs d'îlots. Cette bande de 6
m a d'ailleurs l'obligation d'être végétalisée.
Figure 33 : Les bandes de constructibilité à
Rennes (PLU Rennes, 2014)
42 Articles 6 & 7 du règlement du PLU
58
L'article 12 permet quant à lui de limiter l'emprise
maximale de stationnement. Mais c'est surtout au niveau de l'article 13,
portant sur les espaces libres, qu'on constate le plus de dispositions. Ces
espaces libres constituent concrètement les espaces restants une fois la
construction et le stationnement établis.
Le PLU de Rennes impose dans son règlement un
pourcentage d'espaces libres qui varie entre les différents secteurs de
la ville (donc en fonction du zonage). Ces derniers doivent être
aménagés « à dominante végétale ».
En réalité, ces espaces peuvent également prendre la forme
d'aires de jeux et ne sont donc pas forcément constitués
uniquement d'espaces végétalisés. En parallèle de
ce pourcentage d'espaces libres, on trouve quelques normes de plantations comme
par exemple le fait d'implanter un arbre par tranche complète de 200
m2 d'espaces libres. Malgré ces mesures, on se rend compte
qu'il existe au final assez peu de mesures pour permettre à la ville de
favoriser les surfaces perméables et la végétation.
À côté de cela, la ville de Rennes a
instauré un zonage assainissement des eaux pluviales en 1998, lors de la
révision du POS (ancienne version du PLU). Ce dispositif vise à
maîtriser l'évolution des débits de ruissellement et
d'écoulement des eaux pluviales qui font suite à l'urbanisation
croissante des sols. Il distingue deux coefficients d'imperméabilisation
sur l'ensemble de la ville : un de 90% en centre-ville et un de 40% sur le
reste de la ville (respectivement en rouge et en jaune sur la Figure 34) (Ville
de Rennes, 2004).
Figure 34 : Zonage des seuils d'imperméabilisation
sur la ville de Rennes (Ville de Rennes,
2004)
59
De manière concrète, si une parcelle
dépasse ce taux d'imperméabilisation seuil, l'aménageur se
doit de compenser par des techniques alternatives. Seulement, la
réglementation actuelle apparaît comme inefficace pour la gestion
des pluies courantes, qui sont évacuées directement dans les
réseaux et donc non utilisables pour la végétation.
Concernant les évènements intenses, l'évacuation n'est que
retardée, après stockage temporaire du surplus d'eau (par
l'intermédiaire d'une régulation). De plus, en cas de trop fortes
pluies, il arrive que le réseau unitaire (majoritaire à Rennes)
soit saturé et que le trop plein aille directement dans le milieu
naturel par l'intermédiaire des déversoirs d'orages.
Cette règle, vieille de presque vingt ans, n'est donc
plus adaptée aux nouveaux enjeux liés au changement climatique et
à ses impacts, notamment dans la prise en compte
d'évènements extrêmes qui devraient devenir plus
fréquents. Elle doit donc être retravaillée ou
remplacée.
En plus de cet aspect, le nouveau Schéma Directeur
d'Aménagement et de Gestion des Eaux43 (SDAGE) fixe
désormais une limite du débit rejeté au réseau,
aussi appelé débit de fuite, à 3l/s/ha. Pour rappel, le
SDAGE, institué par la loi sur l'eau de 1992, est un instrument de
planification qui fixe pour chaque bassin hydrographique les orientations
fondamentales d'une gestion équilibrée de la ressource en eau
dans l'intérêt général et dans le respect des
principes de la directive cadre sur l'eau et de la loi sur l'eau (Eaufrance,
2016). La gestion alternative des eaux pluviales est d'ailleurs une orientation
de ce document et une priorité pour l'agence de l'eau Loire Bretagne.
Ce seuil fixé à 3 l/s/ha par le SDAGE est
très restrictif par rapport à la règle
d'imperméabilisation toujours en vigueur, qui autorise des débits
de fuite moyens de 126 l/s/ha. Il apparaît donc clairement que cette
réglementation ne pourra être tenue, du moins à court
terme. Le but de cette mesure étant avant tout d'accélérer
la mise en route d'études de la part des collectivités pour
changer leurs pratiques sur cette thématique.
Cette nouvelle restriction combinée à
l'insuffisance du règlement actuel suggère fortement
l'élaboration de nouvelles règles sur la gestion des eaux
pluviales, en fonction de nouveaux objectifs qui restent à
définir. D'un autre côté, le nouveau décret du 28
décembre 2015 intègre de nouvelles dispositions pour le PLU, en
raison du nouveau code de l'urbanisme. Ce décret vise à
simplifier le règlement en permettant de mettre davantage en avant le
projet que la règle. Les Orientations d'Aménagement et de
Programmation (OAP), qui définissent notamment les dispositions de
l'aménagement, mais qui peuvent traiter d'autres thématiques,
auront alors plus de poids et pourront se substituer au règlement. Le
nouveau code de l'urbanisme définit d'ailleurs une section «
qualité urbaine, architecturale, environnementale et paysagère
» avec un paragraphe sur la « qualité et le cadre de vie
», où la mise en place d'un coefficient de biotope est
proposée (Articles L151-17 à L151-25). Ces nouvelles dispositions
sont donc elles aussi favorables à la mise en place de nouvelles mesures
sur l'eau et la végétation.
43 Pour la nouvelle période 2016-2021
Figure 35 : Les 3 grands domaines de
préoccupation et leurs objectifs (Filliol, 2016)
60
? Objectifs et principes des futures
réglementations
Avant de pouvoir proposer plusieurs hypothèses de
règles, il convient de définir les grands domaines de
préoccupation, ainsi que les objectifs et les principes pouvant s'y
raccrocher. Ces derniers doivent également permettre de mieux
intégrer les enjeux qui gravitent autour du changement climatique. Il
apparaît alors trois grands domaines de préoccupation : la gestion
de l'eau, la biodiversité et plus généralement les espaces
verts, ainsi que le réchauffement urbain (Figure 35).
61
62
Les trois grands thèmes soulevés ici regroupent
des principes et des objectifs assez larges. Le but est avant tout de cadrer
les problématiques et les enjeux au sein du PLU, qui n'a pas
forcément vocation d'être trop précis dans son
écriture.
Même si les thématiques sont exposées ici
séparément, il faut garder à l'esprit qu'il est
nécessaire d'appréhender ces dernières
simultanément dans l'écriture des futures réglementations,
car elles sont toutes reliées d'une manière ou d'une autre.
D'après les réflexions menées et le
contexte réglementaire, il apparaît que la gestion de l'eau soit
la préoccupation centrale autour de laquelle les deux autres
thématiques devront être reliées. L'objectif principal est
surtout de réduire le risque d'inondations, en limitant les
débits rejetés aux réseaux, mais également en
préservant un cycle « naturel » de l'eau en milieu urbain.
Pour cela, il faut donc privilégier l'infiltration, si possible à
la parcelle, afin d'éviter le ruissellement, la pollution et de soulager
les réseaux. Par ailleurs, l'infiltration permettrait de recharger les
nappes et donc de soutenir les périodes estivales d'étiage, tout
en préservant la qualité de l'eau, au travers de la filtration
naturelle du sol. Ce stockage de l'eau est également un gage de bon
fonctionnement de la végétation tout au long de l'année,
ce qui permettra de maximiser son action sur l'îlot de chaleur urbain.
Enfin, l'humidité générée par l'infiltration permet
aussi d'éviter le tassement différentiel des sols et donc de
préserver les bâtiments des dégâts potentiels face
à ce risque. On perçoit bien que la végétation est
intimement liée à la question de l'eau. En effet, l'infiltration
sera d'autant plus optimale si on respecte le principe de pleine terre ou de
strates, évoquées sur la vignette «
biodiversité/espaces verts ». En revanche, il n'est pas sûr
qu'il soit possible d'infiltrer cette eau partout, en raison des
caractéristiques des sols. Un travail est d'ailleurs en cours
actuellement, afin de déterminer la sensibilité des sols rennais
par rapport à l'infiltration. La carte finale, réalisée
par les étudiants d'Agrocampus Ouest, en appui avec les services
techniques de Rennes Métropole, sera un atout indéniable dans
l'établissement de nouvelles mesures réglementaires.
À côté de cela, il y a une réelle
problématique de connexion des espaces, notamment entre les espaces
publics et les parcelles privées. Des réflexions ont d'ailleurs
démarré récemment sur ces aspects. Il y a également
un vrai travail à fournir sur l'aspect les limites séparatives,
en privilégiant les clôtures « vertes », tout en
permettant d'assurer une transparence entre les parcelles (corridors
écologiques).
À une échelle plus large, on retrouve les
problématiques liées à l'îlot de chaleur urbain, qui
découlent inévitablement des mesures qui pourront être
prises sur l'eau et la végétation.
Une fois les grands objectifs listés, il reste à
convenir du format souhaité pour les nouvelles réglementations. A
la vue des nouvelles dispositions du PLU évoquées
précédemment, différents choix pourraient être
envisagés.
63
? Hypothèses de
règles
Les trois hypothèses proposées ci-dessous
constituent une première trame qui devra être discutée avec
les autres membres du groupe de travail, afin de définir le format le
plus adéquat pour la collectivité. Le choix final retenu est
d'autant plus important que le PLU a une durée de vie longue (environ 15
ans). Il faut donc s'assurer de la pérennité de la règle
sur le long terme.
? Coefficient de biotope « seul »
Dans ce cas de figure, l'idée serait d'instaurer un
coefficient de biotope unique, qui intègrerait l'ensemble des objectifs
définis par la collectivité. Pour cela, on pourrait repartir de
l'exemple de Berlin, en proposant un nouvel outil laissant le choix de
l'aménagement au porteur du projet, tant que celui-ci respecte le cadre
déterminé par la collectivité. Ce dispositif remettrait
donc à plat toutes les anciennes règles existantes sur les
différentes thématiques. Un certain nombre d'interrogations
ressortent cependant de cette proposition, qui paraît pour le moment trop
ambitieuse. Tout d'abord, il faudra définir la base de la règle.
Est-il préférable de se baser sur le zonage PLU (Annexe 16) ou
sur un zonage différent ? Il est difficile pour le moment de
répondre à cette question, étant donné que le
zonage actuellement en vigueur sera prochainement modifié dans le cadre
de la révision du PLU de Rennes. S'il ne semble pas optimal de
réfléchir sur le zonage actuel, il serait par contre
intéressant de croiser plusieurs types de données pour arriver
à faire ressortir des secteurs prioritaires, en fonction des objectifs
cités. Bien qu'on ne dispose pas encore de carte sur
l'infiltrabilité des sols, l'idée serait de recouper les
données déjà à disposition, comme la proportion de
nature, l'intensité de l'îlot de chaleur urbain et les enjeux
écologiques, liés à la trame verte (connexions entre les
espaces verts). Ce travail est d'ailleurs en train d'être mené. La
question de la valeur des coefficients de pondération associés
aux différentes surfaces se pose également, tout comme le choix
du nombre de surfaces à considérer.
? Plan guide sur l'imperméabilisation + OAP
Une autre possibilité serait de partir de la
thématique principale, à savoir la gestion des eaux pluviales. Il
serait ici question d'un dispositif de type « plan guide sur
l'imperméabilisation », combiné à une orientation
d'aménagement et de programmation (OAP) sur les aspects qui viennent
compléter ce guide, notamment sur les questions de
végétation. Le plan guide s'appuierait dans ce cas sur une
nouvelle réglementation concernant les eaux pluviales. Il pourrait par
exemple être question de limiter les surfaces imperméables, pour
permettre l'infiltration. Cette mesure viendrait alors réinterroger la
question des espaces libres, afin qu'ils soient orientés de
manière à renforcer la pleine terre. Sur les parcelles
très imperméables, l'idéal serait d'infiltrer l'eau au
niveau des petites zones d'espaces verts existantes ou de passer par des
techniques alternatives (type puit d'infiltration). La régulation ne
devrait être privilégiée qu'en dernier recours, ou lors
d'évènements pluvieux intenses. La collectivité pourrait
également décider de ne plus gérer ses eaux pluviales. En
effet, ce n'est pas une obligation. La ville de Brest a d'ailleurs opté
pour cette disposition dans certains secteurs de la ville.
64
On peut alors imaginer que cette mesure soit possible pour
certains secteurs rennais ou certaines communes de la métropole, lorsque
les caractéristiques pédologiques seront mieux connues. A
côté de ce guide, l'orientation d'aménagement permettrait
de définir des principes davantage liés à la
biodiversité et qu'on retrouve sur la Figure 35. On peut penser que
selon les secteurs de la ville, certains critères seront à
privilégier, notamment en fonction des enjeux identifiés (gestion
de l'eau, continuité trame verte et bleue, sensibilité à
l'ICU). Parallèlement, il est probable que la volonté politique
(élus de Rennes Métropole) permette de définir des zones
prioritaires qui devront respecter plus de critères que d'autres
(volonté de mettre en avant certains quartiers par rapport au projet
urbain de Rennes 2030).
Le fait d'inscrire les objectifs au sein d'une OAP permettrait
aussi de laisser davantage de libertés au porteur du projet. En effet,
les objectifs souhaités seraient clairement exprimés (par
exemple, présence obligatoire des différentes strates), mais les
moyens seraient laissés à l'aménageur dans la conception
du projet. Ce dispositif permettrait aussi de responsabiliser chaque
aménageur et de le sensibiliser davantage sur les enjeux soulevés
par l'OAP.
A côté de cela, on pourrait imaginer la
réalisation d'un livret pédagogique pour la « bonne gestion
des espaces verts », afin d'accompagner le prestataire dans la
réalisation de son projet. On pourrait également réaliser
un livret semblable, mais pour la gestion des eaux pluviales. Celui-ci
indiquerait alors les possibilités d'ouvrages pour infiltrer les eaux
pluviales de la parcelle, selon les mesures envisagées par le plan
guide.
? Plan guide sur l'imperméabilisation +
règlement
Cette autre solution partirait du même guide sur
l'imperméabilisation évoqué au paragraphe
précédent, mais associé cette fois-ci à un
règlement plus strict. Ce dernier ne laisserait alors plus vraiment de
choix à l'aménageur lors de la conception du projet. Cette
hypothèse permettrait de donner des aspects quantitatifs en plus des
aspects qualitatifs sur les aménagements, ce que ne permet pas l'OAP,
qui reste plus synthétique. Il reste cependant à définir
des objectifs quantitatifs, par exemple en termes de pourcentages d'espaces
verts ou de pleine terre à atteindre sur la parcelle.
Pour avoir une idée du type de règle
quantitative qui pourrait être proposée, on peut se
référer à l'emprise au sol des différents secteurs
de Rennes et au pourcentage d'espaces libres qui y sont associés. Par
exemple, en centre-ville et aux abords des grands axes structurants (zones UA
et UB), l'emprise au sol sur les parcelles est généralement
élevée (jusqu'à 80%) et les espaces libres faibles (entre
10% et 40%). Hors, il se trouve que c'est généralement dans ces
secteurs que la végétation est la plus faible et que
l'intensité de l'îlot de chaleur urbain est forte. C'est donc ces
secteurs qui devraient logiquement avoir un pourcentage d'espaces verts
renforcé. En plus de cette difficulté, le Plan de Sauvegarde et
de Mise en Valeur44 (PSMV) limite considérablement la marge
de manoeuvre pour l'implantation de surfaces
végétalisées.
44 Document qui permet de préserver le
patrimoine historique et esthétique (généralement en
centre-ville)
65
On pourrait alors proposer une règle ayant la logique
suivante :
En prenant comme référence le pourcentage
d'espaces libres du PLU actuel et en se basant sur la proportion de nature en
ville (Figure 36), on pourrait différencier deux secteurs (hors PSMV)
:
Figure 36 : État actuel de la présence de la
végétation sur la ville de Rennes (AUDIAR, 2014)
? Ceux où la proportion de nature est inférieure
à 30% ? Ceux où la proportion de nature est supérieure
à 30%
Ces deux secteurs se verraient alors octroyer un pourcentage
d'espaces verts à atteindre, dont un pourcentage de pleine terre
minimum. Dans le cas où le pourcentage de pleine terre ne pourrait pas
être atteint, on pourrait alors proposer une compensation par le billet
du coefficient de biotope, en proposant à l'aménageur d'implanter
d'autres types de surfaces qui remplissent un cahier des charges défini
par la collectivité. En cas d'aménagement sur dalle par exemple,
l'aménageur devra respecter un certains nombres de critères, par
exemple la présence obligatoire des trois strates, ainsi qu'une
épaisseur de terre minimum. Dans les zones de centre-ville avec des
parcelles très urbanisées et où il est difficile
d'aménager des espaces verts, des techniques alternatives permettant aux
eaux pluviales de s'infiltrer pourraient être proposées, comme
pour la deuxième hypothèse.
La réflexion sur l'eau et la végétation
au sein des espaces publics et privés nécessite des
compétences diverses et regroupe de ce fait beaucoup d'acteurs
différents. Les réflexions sont d'autant plus complexes que des
liens étroits relient ces deux thématiques, qui influent
également sur les caractéristiques climatiques urbaines.
66
Bien que les hypothèses proposées concernant
l'action sur l'espace diffus soient encore peu précises, notamment dans
les déclinaisons quantitatives, elles permettent de présenter les
différents formats qui pourraient prendre en compte les prochaines
réglementations. Il est pour le moment impossible de déterminer
avec précision quelles pourraient être les valeurs à
imposer concernant la proportion d'espaces verts à atteindre ou la
proportion de pleine terre en fonction des secteurs de la ville. En revanche,
on peut penser qu'il sera plus facile de mettre en place de nouvelles
réglementations sur les constructions futures, notamment pour les toits
et les murs végétalisés. Les futurs projets devront alors
être pensés en fonction des nouveaux objectifs retenus. Outre les
objectifs environnementaux, c'est également l'image de la ville et de
Rennes Métropole qui est en jeux. A long terme, ces nouvelles mesures
permettraient d'améliorer le cadre de vie des habitants et de renforcer
l'attractivité de la ville. C'est pourquoi, il est encore
nécessaire de travailler sur ces nouvelles réglementations, pour
permettre de mieux appréhender les nouveaux enjeux liés au
changement climatique dans les zones urbaines.
III. Discussion des premières pistes de
réflexion, difficultés rencontrées et perspectives
Tout d'abord, si ce travail de mémoire est rendu
très intéressant par le fait qu'il a débuté en
même temps que les premières réflexions à Rennes,
cela peut également être perçu comme une contrainte. En
effet, un certain temps fut nécessaire pour solliciter les
différents services, leur expliquer le cadre des réflexions
menées, leurs objectifs et finalement aboutir à la constitution
de groupes de travail.
D'une manière générale, on constate qu'il
y a un réel besoin de retourner à des règles simples,
compréhensibles de tous et notamment des usagers. Jusqu'à
présent, ce n'était pas forcément le cas, avec un
règlement contenant une multitude de normes et de dispositions
écrites en langage juridique parfois peu compréhensible.
A côté de cela, plusieurs difficultés
subsistent au cours des réflexions menées. Dans un premier temps,
on pourrait se demander s'il est nécessaire de refonder de nouvelles
règles, ou « simplement » d'adapter celles existantes. Cette
question se pose dans le cadre de l'ambition affichée par la mise en
place d'un coefficient de biotope « unique », qui paraît pour
le moment trop « novatrice » et qui pourrait ne pas être
validée par les élus de Rennes Métropole. Il semble encore
nécessaire de laisser du temps à la collectivité pour
notamment faire les études complémentaires qui permettront de
mieux cadrer les prochaines mesures réglementaires. On constate aussi
une certaine peur de repartir d'une « feuille blanche » pour repenser
de nouvelles pratiques.
Il est encore compliqué de faire accepter la
présence du « vert » à certains habitants. D'une part,
par la gêne qui peut être occasionnée, notamment pour les
arbres à proximité directe du bâti.
67
En effet, on dénombre chaque année une
importante demande d'abatage d'arbres. D'autre part, par l'effet de
désordre, voire même de « sale » que peut renvoyer une
végétation faiblement contrôlée ou la
présence d'eau sur l'espace public. Même si ces aspects ne sont
pas partagés par l'ensemble de la population, il subsiste notamment des
inquiétudes de la part de certaines personnes de voir revenir l'eau en
surface. Ces premières observations démontrent le travail qui
reste à réaliser pour sensibiliser le grand public à la
présence d'eau et de végétation en zone urbaine, mais
également au rôle qu'elle peut jouer pour le confort et le
bien-être des citoyens. Il semble donc nécessaire de renforcer la
communication sur ces différents aspects, notamment par
l'intermédiaire de plaquettes pédagogiques. Par ailleurs, il
semble tout aussi important de responsabiliser le citoyen par rapport à
son lieu de vie et lui permettre de s'y investir, tout en laissant la
collectivité en définir le cadre.
On remarque également certaines stratégies
territoriales qui peuvent paraître paradoxales. Par exemple, dans la
volonté de limiter la consommation d'espace en densifiant et en
surélevant les constructions, ce qui contribue à renforcer l'ICU,
phénomène qui est une des préoccupations majeures des
stratégies d'adaptation sur le territoire. Ces contradictions expriment
clairement le fait que la gestion menée par la collectivité ne
peut pas être optimale sur toutes les thématiques, notamment sur
l'aspect développement économique et lutte contre les GES et
l'ICU. Il faut donc accepter le fait qu'on ne peut pas être « bon
» sur toutes les problématiques et qu'il faudra faire des compromis
selon les projets ou selon les priorités. Ce type de démarche
nécessite en revanche l'appui politique, étant donné qu'il
est généralement mal perçu d'avoir un tel discours au sein
des services techniques.
Depuis quelques années, la baisse des finances
publiques contraint de manière importante la gestion des
collectivités, notamment concernant celle des espaces verts. En effet,
la capacité à faire est de plus en plus limitée, notamment
pour l'entretien des espaces verts. D'un autre côté, cet entretien
reste relativement coûteux, en raison de la main d'oeuvre
nécessaire, mais aussi des moyens techniques. Il y a donc une
nécessité de trouver un équilibre entre
intérêt écologique/esthétique et coût de
réalisation/entretien.
Concernant la mise en place potentielle d'un coefficient de
biotope, il subsiste un certain nombre d'interrogations. Avant toute chose, on
pourrait se demander si le nom de « coefficient de biotope » est
adapté concernant les objectifs qui sont majoritairement liés
à la gestion de l'eau. Cela rend également compte de la
difficulté qui existe à intégrer tous les enjeux en un
outil synthétique. De plus, il n'existe pas encore de retours
d'expériences solides sur la mise en place d'un tel dispositif. Il est
donc très difficile de savoir sur quel exemple s'appuyer pour ensuite
construire sa propre réflexion. En effet, la quasi-totalité des
communes interrogées dans le cadre de ce travail viennent à peine
de mettre en place leur nouvelle réglementation et il leur est donc
encore impossible de tirer des conclusions. Seule Paris, qui a instauré
son coefficient de végétalisation en 2006, dispose de quelques
éléments de réflexions supplémentaires. La
révision de leur PLU étant engagée actuellement, la
règle à vocation d'être améliorée. Le
problème principal reste malgré tout l'encadrement de la
réglementation, son suivi et sa vérification une fois
l'aménagement réalisé.
68
En effet, il est impossible de contrôler le projet
réalisé par rapport aux plans initiaux, comme vérifier les
épaisseurs de terre par exemple. Hormis cette difficulté, des
améliorations sont cependant souhaitées, à la fois sur
l'aspect quantitatif, en augmentant les surfaces
végétalisées, mais également sur le plan
qualitatif, en renforçant la qualité des aménagements,
notamment sur les substrats utilisés pour les toitures
végétalisées. Ces derniers sont souvent trop peu
épais pour avoir une réelle incidence sur la gestion des eaux
pluviales, avec un substrat de mauvaise qualité, éloigné
des caractéristiques d'un sol naturel. Une réflexion est
également en cours à Paris pour mieux choisir les espèces
végétales et optimiser la configuration des toitures
végétalisées, afin de garantir un accès facile pour
leur entretien. De plus, certaines contraintes supplémentaires, comme
les mesures thermiques, nécessitent la mise en place de ventilation
et/ou de climatisation, qui se font généralement au
détriment des terrasses végétalisées.
Lorsqu'on s'intéresse à l'élaboration
d'une nouvelle règle, il faut savoir sur quelle base elle s'appuie.
Même si la plupart des communes utilisent généralement leur
zonage PLU pour établir leur coefficient de biotope, cette solution
n'apparait pas forcément comme la meilleure, car elle ne prend pas en
compte tous les aspects (sensibilité des sols vis-à-vis de
l'infiltration, sensibilité vis-à-vis de l'ICU). Cependant, on
peut comprendre que cette solution soit généralement
privilégiée, en raison du gain de temps mais aussi et surtout de
l'aspect économique, de par les études qui peuvent parfois
être nécessaires (comme sur l'infiltrabilité des sols). On
peut aussi se poser la question des coefficients de pondération. Il est
très difficile de déterminer la « valeur écologique
» globale de chaque type de surface ou de chaque type d'espace vert. Les
exemples choisis montrent d'ailleurs assez bien que les coefficients
diffèrent selon les exemples, même pour une surface identique. De
ce fait, on pourrait se demander s'il ne serait pas plus judicieux d'attribuer
une « note » pour chaque surface et pour chaque thématique :
gestion des eaux pluviales, ICU, biodiversité, etc. Même si le but
est d'arriver à une règle plus globale, prenant en compte le
maximum d'enjeux et d'objectifs, il sera difficile d'être efficace sur
chacun d'entre eux. Les valeurs écologiques servent donc avant tout
d'estimer « l'efficacité environnementale » de la surface.
Des interrogations se posent aussi sur la définition de
l'espace de pleine terre. En effet, il n'existe pas réellement de
définition stricte sur cette notion, qui est pourtant au centre de la
démarche, puisque l'idéal serait d'avoir un maximum de cette
surface. L'étude des différents PLU des villes ne permet pas de
faire ressortir une définition unique. De même que
l'épaisseur retenue pour définir un espace de pleine terre peut
varier d'une commune à l'autre (de 60 cm à 1 m de profondeur).
À Rennes par exemple, le règlement ne définit aucune
valeur limite pour considérer un espace de pleine terre,
précisant qu'il s'agit seulement d'un espace perméable devant
recevoir des plantations, tout en excluant toutefois les espaces de
stationnement. Dans une certaine logique, on devrait considérer qu'un
espace de pleine terre est qualifié comme tel lorsqu'il n'y a rien
d'autre en dessous que le sol.
Il existe encore sur le territoire français une vraie
« rupture végétale » entre l'espace public et l'espace
privé, d'où l'intérêt d'accentuer les
réflexions sur ce point. Il risque cependant d'être difficile de
faire vraiment évoluer les choses sur cet aspect, car il y a une vraie
culture française de ce qu'on pourrait appeler un « cloisonnement
». À cela s'ajoute les problématiques liées à
l'évolution des îlots et à leur reconversion.
69
La question se pose notamment sur les limites
séparatives et les haies végétales, qui ont souvent
tendance à être remplacées par des claustras fermés,
qui ne permettent plus la transparence des parcelles. Si les prochaines
réglementations visent à instaurer davantage de haies
végétales, la question sensible de l'entretien se posera,
essentiellement pour les personnes âgées en incapacité
d'entretenir leurs clôtures.
Il arrive aussi que les règles préalablement
écrites soient transgressées. C'est notamment le cas au niveau
des chantiers, où bien souvent toute la végétation
présente sur la parcelle est rasée pour le nouvel
aménagement. Hors, la végétation remarquable, notamment
les grands arbres bien développés, font normalement l'objet d'une
protection lors d'un nouvel aménagement. Autre problème, les
aménagements sur dalle, qui sont parfois trop peu
végétalisés et qui ne correspondent pas forcément
aux plans initiaux. Ces aspects sont surtout permis par la difficulté de
contrôle qui existe entre la validation du permis de construire et les
travaux. Si on veut réduire ces risques, la collectivité doit se
donner les moyens, ce qui implique des coûts supplémentaires de
fonctionnement et des moyens humains plus importants.
Concernant le guide sur l'imperméabilisation, il faudra
veiller à éliminer tout risque d'inondation en cas de non
infiltration naturelle des eaux (surtout si les réglementations sont
très restrictives). Un raccordement au réseau en cas de trop
plein devra être nécessairement prévu pour éviter ce
genre de situations. De même qu'il faudra s'assurer de l'entretien des
ouvrages techniques en matière de gestion des eaux pluviales, par
exemple les puits d'infiltration, qui peuvent être soumis à des
risques de colmatage. Cette vérification devrait être à la
charge de l'aménageur et examinée lors de l'établissement
des plans du projet.
On pourrait également imaginer des règles
différentes en fonction du type de réseau d'assainissement
(séparatif ou unitaire), même si pour le moment, le réseau
unitaire reste très largement majoritaire au niveau de la ville de
Rennes.
Le débat reste également très ouvert sur
la liberté octroyée aux aménageurs dans la conception des
projets, notamment si on retient une hypothèse de règle avec une
OAP. En effet, ces derniers ont généralement tendance à
réaliser leur projet en fonction du coût et pourraient alors
mettre de côté l'aspect « environnemental »
recherché. Il faudra donc veiller au cadre instauré par la
collectivité si le choix est laissé au prestataire.
Concernant les groupes de travail qui ont été
mis en place, il pourrait être intéressant de rajouter un
climatologue, afin de développer les principes et objectifs sur cette
thématique et d'obtenir plus de précisions sur la disposition de
la végétation au sein des parcelles par exemple. De même,
que l'aspect pédologique, qui est surtout traité au travers de
l'aspect végétation. Hors, il se trouve que c'est une
problématique assez importante, surtout en ville où les sols sont
souvent de mauvaise qualité (remblais, compaction).
Il semble aussi que les parcelles du centre-ville très
imperméabilisées doivent faire l'objet d'une attention toute
particulière. Celles-ci devront probablement être traitées
spécifiquement par rapport à des secteurs moins denses.
70
Il arrive aussi que certaines parcelles ne puissent pas
réduire leur imperméabilisation, à moins de prendre de
l'espace sur l'espace public ou de faire des toitures, qui ne sont pas toujours
réalisables.
Enfin, afin d'éviter le côté trop
réglementaire, on pourrait penser à un système de bonus,
afin d'inciter les aménageurs à faire plus que ce qui est
imposé par les réglementations. Par exemple, une réduction
de l'impôt foncier si la preuve est donnée que les installations
techniques (toitures végétalisées, noues) fonctionnement
correctement, ce qui n'est pas toujours le cas.
Les questions soulevées dans cette partie
démontrent la complexité du sujet à appréhender les
thématiques dans leur globalité. Ceci est d'autant plus vrai
compte tenu des liens étroits qui existent entre climat,
végétation, eau et sol. Bien qu'il existe encore beaucoup
d'interrogations sur la méthodologie à employer pour les futures
réglementations, on constate globalement un réel
intérêt de repenser l'existant et de retourner à des choses
finalement plus simples et plus « naturelles »
(végétation moins contrôlée, cycle « naturel
» de l'eau).
71
Conclusion
La densification et l'étalement des zones urbaines,
associé à une concentration toujours plus importante d'individus
a considérablement augmenté la vulnérabilité des
sociétés face à l'occurrence d'aléas pouvant
être engendrés par les évolutions climatiques.
La prise de conscience engendrée par ces
problématique a permis de faire évoluer les choses concernant
l'adaptation des villes face au changement climatique. Cette notion est
désormais intégrée aux documents-cadres des villes. C'est
d'ailleurs une des préoccupations de la révision du PLU de
Rennes, mais surtout de l'élaboration du premier PLUi de la
métropole et de ses 43 communes.
L'idée que le changement climatique est
inéluctable pousse d'autant plus les collectivités à agir.
En effet, même les efforts d'atténuation les plus
sévères ne pourraient pas exclure d'autres impacts des
changements climatiques au cours des quelques décennies à venir,
ce qui rend l'adaptation essentielle, particulièrement pour faire face
aux impacts à court terme (IPCC45, 2007). Il est donc
important de soulever que les deux volets doivent être
appréhendés conjointement, afin de mieux prendre en compte les
enjeux liés aux évolutions climatiques.
L'adaptation du territoire rennais passe notamment par une
meilleure gestion des eaux pluviales, ainsi qu'une meilleure configuration de
la végétation. Les réflexions actuellement menées
ont également pour but de réduire l'intensité de
l'îlot de chaleur urbain, sujet sensible qui pourrait devenir encore plus
problématique dans les prochaines années, si l'effort sur la
gestion de l'eau et de la végétation n'est pas renforcé.
Si les techniques pour mieux gérer l'eau et favoriser la présence
de végétations sont connues, il est plus difficile de trouver les
outils pour les mobiliser, notamment au sein des espaces privés.
L'évolution des dispositions réglementaires du code de
l'urbanisme permettent de saisir cette opportunité, qui est celle de
repenser les mesures prises pour une meilleure adaptation du territoire. C'est
dans cette optique qu'interviennent les réflexions autour d'un premier
coefficient de biotope, qui a pour objectif d'intégrer en un seul outil
les principaux enjeux relevés par la collectivité. Ce travail est
notamment suivi au sein de Rennes métropole, mais regroupe des acteurs
beaucoup plus larges, afin de favoriser l'interdisciplinarité sur les
notions qui gravitent autour des nouvelles réglementations. Même
si ce travail est engagé, il sera et long et soulève pour le
moment encore beaucoup d'interrogations.
A côté de cela, les balades urbaines
organisées par Rennes dans le cadre du projet urbain relèvent une
certaine envie de voir plus de végétation sur l'espace public
rennais. Une étude commandée par l'Union nationale des
entreprises du paysage (Unep) chiffre d'ailleurs les impacts positifs des parcs
et jardins. Elle démontre une réduction des coûts de
santé, des risques liés aux inondations ou aux fortes chaleurs,
ainsi qu'une création d'emplois. Il apparaît que 10% d'espaces
verts en plus dans un rayon d'un kilomètre permettrait de
réaliser 56 millions d'euros d'économie sur le traitement de
l'asthme et 38 millions sur l'hypertension pour l'assurance santé.
45 IPCC : Intergovernmental Panel on Climate Change
72
S'ajoute à cela l'attractivité de la ville qui
est généralement plus importante lorsqu'elle propose des espaces
verts en quantité, mais aussi en qualité.
La réflexion autour de la végétation et
de la biodiversité à Rennes permettra également de
repenser les usages des espaces, notamment les modes doux, comme l'utilisation
du vélo, qui reste assez faible au sein de la ville.
Il y a aussi l'idée de co-bénéfice qui
émerge. Cette notion permet d'appréhender le changement
climatique comme un aspect positif, qui permettrait à certains secteurs
de se développer, notamment le tourisme à Rennes, mais plus
largement en Bretagne. Cette notion reste cependant à modérer,
car il est probable que la liste d'effets négatifs engendrés par
le changement climatique soit plus importante que les aspects positifs.
À partir du 1er Janvier 2017, il est
possible que le service « voirie » arrête de désherber
les rues, ce qui engagerait la responsabilité des riverains et
permettrait de favoriser les réflexions menées sur l'espace
public. Cette mesure doit cependant encore faire officie d'une validation
politique.
Enfin, il est important de préciser que dans le domaine
de l'aménagement et de l'urbanisme, le temps se compte en années
voir en dizaines d'années. Ceci implique que les effets des futures
réglementations pourraient prendre de nombreuses années avant
d'être connus. Il faudra donc probablement attendre une dizaine
d'année pour pouvoir bénéficier de retours
d'expériences solides sur les réflexions menées
actuellement à Rennes.
73
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Glossaire
·
A
ADEME : Agence de l'Environnement et de la Maîtrise
d'Énergie
· ALUR : Accès au Logement et à un
Urbanisme Rénové
· Anses : Agence nationale de
sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du
travail
· APPA : Association pour la Prévention de
la Pollution Atmosphérique
· ARS : Agence Régionale de la
Santé
· AUDIAR : Agence d'Urbanisme et de
Développement Intercommunal de l'Agglomération
Rennaise
C
·
85
CBS : Coefficient de Biotope par Surface
· CERTU : Centre d'Études sur les
Réseaux, les Transports, l'Urbanisme et les constructions
publiques
· CLB : Conseil Local de la
Biodiversité
· Costel : Climat et occupation du sol par
télédétection
· COTECH : Comité Technique
· COV : Composés Organiques
Volatiles
·
D
Creseb : Centre de ressources et d'expertise scientifique
sur l'eau de Bretagne
· DJB : Direction des Jardins et de la
Biodiversité
·
E
DEPI : Direction de l'Espace Public et des
Infrastructures
· EDS : Effet de Serre
· EHESP : École des Hautes Études en
Santé Publique
· EPCI : Établissement Public de
Coopération Intercommunale
·
F
ESO : Laboratoire Espaces et
Sociétés
·
G
FNUP : Fonds des Nations Unies pour la
Population
· GES : Gaz à Effet de Serre
· GIEC : Groupe d'Expert Intergouvernemental sur le
Climat
· H
HAP : Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques
I
· ICU : Ilôt de Chaleur Urbain
· IFREMER : Institut Français de Recherche
pour l'Exploitation de la Mer
· IFSTTAR : Institut Français des Sciences
et Technologies des Transports, de l'Aménagement et des
Réseaux
·
L
IRSTV : Institut de Recherche en Sciences et Techniques
de la Ville
· LETG : Littoral, Environnement,
Télédétection, Géomatique
·
O
LTECV : Loi de Transition Énergétique pour
la Croissance Verte
· OAP : Orientations d'aménagement et de
Programmation
· ONEMA : Office National de l'Eau et des Milieux
Aquatiques
·
P
OSUR : Observatoire des Sciences de l'Univers de
Rennes
· PADD : Projet d'Aménagement et de
Développement Durable
· PC : Permis de Construire
· PCAET : Plan Climat Air Énergie
Territorial
· PCET : Plan Climat Énergie
Territorial
· PDU : Plan de Déplacements
Urbains
· PIA : Programme d'Investissement
d'Avenir
· PLH : Programme Local de l'Habitat
· PLU : Plan Local d'Urbanisme
· PLUi : Plan Local d'Urbanisme
Intercommunal
· POS : Plan d'Occupation du Sol (dispositif
antérieur au PLU)
· PPM : Partie Par Million
· PSMV : Plan de Sauvegarde et de Mise en
Valeur
· PVC : Polychlorure de vinyle
R
·
86
RCPs : Representative Concentration Pathways
· RM : Rennes Métropole
·
S
SCoT : Schéma de Cohérence Territoriale
· SDAGE : Schéma Directeur d'Aménagement
et de Gestion des Eaux
· SSP : Shared Socio-economic Pathways
· SRCAE : Schéma Régional Climat Air
Énergie
· SRES scenarios : Special Report on Emissions
Scenarios
· STEP : STation d'ÉPuration des eaux
usées
· SVF : Sky View Factor
U
·
Z
87
Unep : Union nationale des entreprises du paysage
· ZAC : Zone d'Aménagement Concertée
· ZI : Zone Industrielle
88
Annexes
Annexe 1 : Carte de localisation de Rennes (
http://www.rtl.fr)
Annexe 2 : Rennes, la « ville archipel ».
En rouge, les zones urbanisées aussi appelées « taches
urbaines » (AUDIAR, 2011)
89
Annexe 3 : Températures moyennes à Rennes
sur la normale climatique 1981-2010 (Météo Bretagne)
Annexe 4 : Précipitations moyennes à
Rennes sur la normale climatique 1981-2010 (Météo Bretagne)
90
Annexe 5 : Hôtel de Rennes Métropole et
localisation : Avenue Henri-Fréville (Google Maps & photo
personnelle)
91
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S3NN] J 3a 311IA V1 30 13
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4
t
92
Annexe 6 : Organigrammes détaillés de Rennes
Métropole et du Service planification & études urbaines
(Rennes Métropole, 2016)
Annexe 7 : Carte regroupant les communes de Rennes
Métropole (Handistar Rennes Métropole)
93
Annexe 8 : Carte des collectivités
françaises associées à la démarche Cit'ergie en
Janvier 2016 (ADEME)
Annexe 9 : Évolutions des températures et des
précipitations en Europe entre la période 1980-1999 et la
période 2080-2099 (GIEC)
94
Annexe 10 : Évolution du niveau marin entre 2000 et
2100 selon les différents scénarios du GIEC (REFMAR)
Annexe 11 : Le phénomène d'effet de
serre (
http://www.climatechallenge.be)
95
Annexe 12 : Implantation des stations
météorologiques sur la métropole rennaise (Foissard
& al., 2012)
Annexe 13 : Sky View Factor (SVF) ou « facteur de
visibilité du ciel ». Il permet un piégeage de chaleur et du
rayonnement plus ou moins important selon sa valeur (Najjar & al.,
2010)
96
Annexe 14 : Organisation des documents d'urbanisme
à Berlin (CERTU 2012, modifié)
Annexe 15 : Plans de paysages à Berlin (
http://www.stadtentwicklung.berlin.de)
|
97
|
Annexe 16 : Zonage actuel du PLU de Rennes (PLU Rennes,
2014)
|
|
98
Annexe 17 : Livret d'information sur les nouvelles
méthodes de végétalisation Les toitures
végétalisées
Elles se répartissent en deux catégories. Ces
dispositifs sont développés plus en détail dans le livret
sur la gestion des eaux pluviales (Annexe 18). Même si leur action peut
aider à réduire le phénomène d'îlot de
chaleur urbain, les toitures végétalisées sont
généralement implantées dans le but de maîtriser les
eaux pluviales. Ces dernières existent probablement depuis le
néolithique, soit 12 500 à 8 000 avant J-C, mais les buts
recherchés n'étaient probablement pas les mêmes à
l'époque. C'est essentiellement depuis les années 1970 avec des
pays comme l'Allemagne ou les Pays-Bas que cette technique s'est
développée et qu'on a pu cerner toutes les potentialités
du dispositif (Acqualys, 2015).
Les murs végétalisés
On distingue trois types de murs
végétalisés (Figure 37) : les revêtements de
façade type plantes grimpantes, comme les lierres (image a), les
brise-soleil détachés du mur (image b) ou encore les
éléments de parois, correspondant à des dispositifs plus
complexes qui seront expliqués dans les deux prochains paragraphes
(Malys, 2009).
Figure 37 : Les différents types de murs
végétalisés (De Munck, 2013)
Les informations complémentaires qui suivent
proviennent principalement de l'étude de Fuchs et Med,
réalisée en 2009 pour la ville de Paris.
Le principe des murs végétalisés varie
selon le type de solution qu'on choisit de mettre en oeuvre. En l'absence
d'intervention humaine et en présence d'air propre et d'une
humidité atmosphérique suffisante, n'importe quel support est
voué à être naturellement colonisé par des
bactéries (biofilm), des algues, puis des mousses/lichens, avant
l'apparition de petites plantes.
Si le mur reste sec ou si l'atmosphère est plus
sèche, ce dernier peut également être colonisé par
des plantes grimpantes (de types lierre ou vigne vierge en climat
tempéré).
Ces plantes peuvent s'agripper aux murs de diverses
manières (Figure 38) :
99
La première possibilité est l'utilisation de
leurs racines (comme le lierre) ou de leurs pelotes adhésives (vigne
vierge du Japon, images A & B).
Dans les deux cas, elles ne peuvent pas convenir aux murs
maçonnés, car ceux-ci sont trop humides pour permettre aux
racines de s'y introduire.
Les plantes peuvent également s'appuyer sur un support,
avec ou sans l'aide de leurs ventouses (comme la Quinquefolia, image C).
Ce support peut par exemple prendre la forme de
treillis46 ou de câbles tendus (image D). Lorsqu'il est
décalé du mur, il constitue avec ce dernier un espace tampon. Une
fois la végétation bien développée, cette
façade "double peau" contribue à régulariser thermiquement
le bâtiment, tout
|
|
Figure 38 : Les différentes techniques permettant
aux plantes de s'agripper aux murs (Med & Fuchs, 2009)
|
en le protégeant des contraintes
météorologiques (pluie, soleil, vent). Ce procédé
est cependant plus complexe à mettre en oeuvre par rapport à un
simple mur combiné à des plantes grimpantes. Le coût est
alors logiquement plus élevé et un entretien un peu plus
régulier est nécessaire. En revanche, il participe davantage
à l'enrichissement de la biodiversité et son impact sur la
qualité de l'air est plus significatif.
Sandifer et Givoni (2002) ont évalué l'effet
rafraîchissant de la vigne vierge sur un mur. Ils ont observé des
réductions de températures allant jusqu'à 20°C,
comparativement à un mur non ombragé.
En dehors de ces deux techniques relativement simples mais
efficaces, des techniques sophistiquées dites de "génie
végétal" optimisent les conditions de colonisation et de pousse
de plantes hors sol, grâce à des supports plus complexes.
Sur nappe horticole
Sur ce dispositif, le support est imperméabilisé
par une bâche et l'irrigation est assurée via une pompe,
immergée dans la réserve située en bas de la structure
(Figure 39).
46 En acier galvanisé/bois, etc.
100
C'est dans celle-ci que reviennent les eaux de ruissellement
après leur ruissellement sur le mur (parallèle intéressant
pour la gestion des eaux pluviales).
Figure 39 : Principe d'un mur végétal sur
nappe horticole (Med & Fuchs, 2009)
Sur cette ossature métallique sont fixées des
plaques de PVC47, afin de bien séparer le mur du bâtiment de la
partie humide. Une bâche en EPDM48 couvre également le support
pour l'imperméabiliser de façon plus efficace. Des plaques de
feutre49 de polyamide (plus résistant qu'un feutre naturel)
sont agrafées dessus et servent de support aux plantes, en permettant
notamment aux racines de s'incruster et de se fixer dans la matière. Ces
couches de feutre prennent en quelque sorte la place des mousses qui se
développent sur les parois rocheuses et qui servent de support aux
racines des plantes. La plantation se fait ensuite assez facilement, en
incisant au cutter le feutre et en y implantant la micro-motte avec le
plant.
47 Polychlorure de vinyle
48 Éthylène Propylène
Diène Monomère
49 Tissu "non tissé" et imperméable
L'approvisionnement en eau et en matières nutritives se
fait par l'intermédiaire d'un réseau de tuyaux commandés
par des électrovannes50, au niveau de la partie
supérieure de la structure. La solution nutritive s'écoule le
long du mur par gravité et s'infiltre dans le feutre par
capillarité. En contre-bas, la solution restante appauvrie est
réinjectée en haut de la structure après avoir
été réalimentée en éléments
nutritifs.
Ce système fonctionne donc en circuit fermé et
l'eau de pluie peut très bien être utilisée à cet
effet, ce qui rend cette installation particulièrement
intéressante d'un point de vue de la gestion des eaux pluviales
(à noter que la consommation d'eau est d'environ 200 litres par
m2 et par an).
Sur mur végétal monobloc
Figure 40 : Principe d'un mur végétal monobloc
(Med & Fuchs, 2009)
Cet autre procédé repose sur un maillage d'acier
galvanisé51, composé de cellules de plus ou moins
grandes tailles. Ce dispositif se distingue par son caractère
autoportant et sa conception monobloc (Figure 40). Ces différentes
cellules sont remplies d'un substrat léger et épais (20 cm
minimum), composé d'un mélange de matières organiques et
minérales, retenu par une toile imputrescible52.
L'irrigation des plantes en solution nutritive est
assurée par un système de tuyaux micro-goutteurs automatique
intégré. On peut également ajouter au réseau des
bactéries spécialisées dans
la dégradation des polluants atmosphériques qui
transforment alors le mur en biofiltre.
101
Plusieurs types d'espèces végétales
peuvent convenir pour ce dispositif, dont la Sphaigne, qui apparaît comme
très efficace en milieu urbain (Figure 41). En effet, elle permet de
retenir une forte proportion d'eau, sans perte de volume dans le temps.
|
|
50 Vanne commandée électriquement
51 Acier recouvert d'une couche de Zinc pour le
protéger de la corrosion
52 Qui ne peut se putréfier
|
Figure 41 : Sphaigne (Haynold,
2007)
|
102
De plus, ses caractéristiques antibactériennes
et inodores, qui résultent d'un pH naturellement acide et son
efficacité en termes d'isolation thermique et phonique, font d'elle le
substrat idéal pour les murs végétaux en intérieur,
les façades végétalisées ou toitures
végétales. La sphaigne est un substrat qui ne se tasse pas
facilement et qui est très résistant (présence importante
de fibres). Elle présente également l'avantage de ne pas demander
beaucoup d'entretien, car son désherbage n'est pas nécessaire.
Cette espèce peut donc être très intéressante dans
la gestion intégrée des eaux pluviales et ceci pour un
investissement relativement faible.
Enfin, on précisera qu'il est indispensable d'utiliser
une espèce végétale adaptée aux conditions
climatiques du site d'installation, afin de garantir la pérennité
du dispositif tout en profitant de son effet bénéfique.
Il ne faut pas oublier que les plantes grimpantes sont des
organismes vivants pouvant se développer de manière assez rapide.
Ainsi, il faut veiller à ce qu'elles n'atteignent pas les tuiles ou les
ardoises des toits, ni les gouttières. Il faut donc les tailler
régulièrement, surtout pour les structures monoblocs, où
il n'existe pas de limite franche entre le mur et la
végétation.
Généralement, les façades
végétalisées exigent un entretien bisannuel pour les
jeunes plantes, un entretien annuel pour les plantes bien
développées, ainsi qu'une vérification des supports et des
fixations tous les 5 ans (dans le cas de fils et câbles, ils seront
retendus tous les ans).
Au final, le coût d'une simple façade verte reste
relativement faible à la réalisation et à l'entretien. En
revanche, la mise en place de murs végétalisés qui
intègrent un dispositif de support est beaucoup plus chère :
? 500-1500€ HT/m2 pour un mur sur nappe horticole
? 300-600€ HT/m2 pour un mur végétal monobloc
En France, on estime à environ 5 000 m2 la
surface de murs végétalisés (hors sol). Il y a donc encore
une grosse marge de progression, qui doit s'effectuer en priorité sur
les nouvelles constructions, avec une réflexion qui doit être
menée en amont par les aménageurs. Il est aussi important
d'informer le grand public et les porteurs de projets sur les avantages (et les
inconvénients) de ce genre d'installation, afin de mieux les
sensibiliser aux enjeux actuels tout en apportant de nouvelles approches pour
les traiter (Figure 42).
103
Avantages
|
inconvénients
|
Diminution de l'ICU (ombrage saisonnier
des infrastructures,
évapotranspiration, minimisation des écarts de
température au
|
Problèmes liés à l'humidité
(salissures,
risques de court-circuit)
Poids des végétaux qui grandissent
|
sol)
|
Colonisation par invertébrés non
désirés
|
Protection du bâtiment contre l'effet
|
Protection des murs maçonnés à la terre
ou
|
corrosif des pollutions urbaines
|
à la chaux hydraulique doivent être
|
Épuration de l'air
|
protégés de la pénétration des
racines
|
Anti-bruit
|
Entretien régulier, spécialistes selon
espèces
|
Esthétisme (change positivement l'image du
bâtiment)
|
installées (plantes carnivores)
|
Biodiversité
|
|
Figure 42 : Avantages & inconvénients des murs
végétalisés (d'après Ernst & Young (2009) et
Fuchs & Med (2009),
modifié)
Ces nouveaux dispositifs peuvent malgré tout faire
office d'alternative aux jardins ou aux parcs urbains, en particulier pour les
villes à l'urbanisation très dense où la marge de
manoeuvre est mince, notamment en Île-de-France. En revanche, ils doivent
d'abord être envisagés en tant qu'outils complémentaires
aux espaces verts existants, afin de combiner leur effet
bénéfique sur le climat urbain et la gestion des eaux
pluviales.
Les étagères végétales,
nouveau type d'espace urbain : exemple de Rennes
La place de la république est située en plein
coeur de la ville de Rennes (Figure 43). C'est un lieu symbolique, qui est
également un noeud important d'échanges et de flux
(piétions, transports en communs, voitures).
Cette place est construite sur dalle, en raison de la Vilaine
qui passe juste en dessous. De ce fait, elle ne supporte pas de très
grosses charges, rendant son aménagement complexe. Les installations en
pleine terre étant impossibles, une autre solution, plutôt
originale, a été mise en place en 2011.
|
|
|
Figure 43 : Localisation de la place de la
République à Rennes (Mappy, modifié)
|
104
Avec l'aide de la Ville de Rennes (maître d'ouvrage),
Patrick Nadeau, designer et architecte, ainsi que Bernard Cavalié,
paysagiste, ont imaginé un nouveau type d'espace urbain, entre jardin et
place publique.
Ce dernier prend la forme « d'étagères
végétales », permis par la mise en place d'une trame de
chênes verts en bac et de supports verticaux de végétation
(Figure 44). Cet espace concilie à la fois les besoins recherchés
par les espaces publics (zone de repos et de rencontre), tout en favorisant
l'infiltration des eaux pluviales dans un secteur encore très
minéralisé. Ce mode innovant d'implantation du
végétal en milieu urbain propose des supports de plantes
flexibles et modulaires, qui permettent de renouveler l'ambiance
végétale en fonction des saisons. Ce dispositif a le
mérite d'être à la fois décoratif, mais
également intéressant d'un point de vue environnemental, tout en
apportant un agrément supplémentaire le soir. La structure se
transforme alors en luminaire, rendant la place très accueillante,
grâce à la diffusion de la lumière permise par la
végétation (Nadeau, 2011). Ce genre d'initiative apporte une
réelle plus-value à la place, tout en permettant
d'éveiller la curiosité du grand public, en le sensibilisant
davantage à la place du végétal en milieu urbaine.
Figure 44 : Les « étagères
végétales » sur la place de la République à
Rennes (
http://www.patricknadeau.com/jardin-urbain/)
105
Les jardins éphémères, un moyen pour
sensibiliser le public : exemple de Vannes
À l'initiative de la ville de Vannes et comme en 2015,
un projet de végétalisation du centre-ville a été
réalisé d'Avril à Septembre 2016. Ce dispositif unique en
France, en partenariat avec les paysagistes du Grand-Ouest, a permis
l'installation de 21 « jardins éphémères » dans
le coeur historique de la ville, qui compte environ 50 000 habitants (Ouest
France, 2016). Ces oeuvres sont réalisées et financées par
différents professionnels du paysage, leur permettant de se faire
connaître auprès du grand public, tout en le sensibilisant
à la présence du végétal en ville. Cette nouvelle
conception de l'espace public, éphémère ou non, permet de
proposer des pistes pour les futurs aménagements au sein des villes.
D'autant plus que certaines structures font preuve d'originalité, en
servant également de mobilier urbain, ce qui permet de croiser les
différentes fonctions de l'espace urbain (Figure 45). Ce type
d'installations est également peu cher du fait des matériaux
utilisés (bois, matériaux recyclés), ce qui est
intéressant au regard de la baisse des finances publiques (Mairie de
Vannes, 2016).
Figure 45 : Exemples de « jardins
éphémères » à Vannes (
http://tracks-architectes.com
& photos personnelles)
106
Ce type d'initiatives, bien qu'étant encore assez
marginales, a pour but de sensibiliser le grand public à la
présence de végétation dans les zones urbaines. A termes,
cette meilleure connaissance du végétal et de ses
bénéfices permettra de faciliter l'acceptation des futurs projets
urbains, qui sont encore parfois difficiles à promouvoir au sein de la
population. Ceci permettra également d'engager des projets
participatifs, comme ils en existent déjà depuis plusieurs
années en Allemagne par exemple.
107
Annexe 18 : Livret d'information sur les techniques
alternatives, pour la gestion des eaux
pluviales
Chaussées à structure
réservoir
Ce dispositif permet de stocker les eaux pluviales et de
réguler leur déversement, pour une maîtrise des risques
d'inondations (Figure 46). L'infiltration se fait à l'aide d'un
revêtement de surface drainant ou d'un système de drains.
L'évacuation se fait quant à elle au travers de l'infiltration
dans le sol et/ou de manière régulée vers un exutoire
(Figure 47).
Figure 46 : Chaussée réservoir permettant de
limiter l'inondation de la voirie (Conseil régional
Rhône-Alpes,
2006)
Figure 47 : Coupe explicative du dispositif de type
chaussée réservoir (Conseil régional Rhône-Alpes,
2006)
Il permet également de réduire la
fréquence des travaux d'adaptation de dimensionnement des réseaux
de collecte et donc de baisser indirectement les coûts qui y sont
liés.
En plus de cela, ce dispositif est bénéfique
d'un point de vue écologique, car il filtre les polluants au fur et
à mesure de leur pénétration dans la structure
réservoir.
108
Cette technique nécessite un choix rigoureux de
matériaux concassés, mais qui sont disponibles localement
(circuits-courts). Elle permet aussi un traitement paysagé varié
et durable. Il faut cependant veiller à maintenir la porosité de
l'enrobé, par un lavage à haute pression avec aspiration
simultanée. Un entretien régulier s'impose alors, d'autant plus
qu'il supporte la circulation routière, source d'apport non
négligeable d'impuretés (Figure 48).
Points forts
|
Points faibles
|
Insertion facile (même en milieu urbain
|
Risque de pollution (trafic routier)
|
dense)
|
Entretien régulier (pour éviter le
|
Aucune emprise foncière
|
colmatage)
|
Bon comportement vis-à-vis de la pollution
|
Pas d'infiltration si présence d'une nappe à
|
Pour les enrobés drainants : réduction du
|
moins d'1 m de profondeur
|
bruit de roulement, augmentation de
|
Coût parfois élevé
|
l'adhérence, réduction des projections
|
Faible développement de la végétation
|
d'eau et formation de verglas (sécurité
|
environnante
|
routière), pas de flaque d'eau (confort
|
Pour les enrobés drainants : à proscrire
|
piétons)
|
pour les giratoires/virages serrés et si les
|
Avantage lié à l'infiltration : contribue
à
l'alimentation de la nappe
|
apports de sédiments fins sont importants
|
Précautions : conception plus rigoureuse
que les chaussées classiques, respect des dimensions de la
|
conception, éviter le risque de colmatage, curage des
drains fréquent (entretien nécessaire)
|
Figure 48 : Points fort et points faibles des
chaussées réservoirs (Compilation de données)
Noues et tranchées
Elles correspondent à une sorte de fossé peu
profond et large, végétalisées, qui recueillent
provisoirement l'eau, soit pour l'évacuer via un trop-plein, soit pour
l'évaporer (évapotranspiration) ou pour l'infiltrer sur place,
permettant ainsi la reconstitution des nappes phréatiques (Figure
49).
109
Figure 49 : Illustrations de plusieurs formes de noues
(Conseil régional Rhône-Alpes, 2006)
L'eau peut être amenée par des canalisations ou par
ruissellement direct. Elle est ensuite évacuée par infiltration
et/ou de manière régulée vers un exutoire (Figure 50).
Figure 50 : Coupe du dispositif de type tranchée
(Conseil régional Rhône-Alpes, 2006)
Ce dispositif est assez efficace pour piéger et
dégrader les polluants, tout en s'intégrant dans les
aménagements, surtout le long des voiries (Figure 51).
110
Points forts
|
Points faibles
|
Bonne intégration paysagère (nouvelles
|
Entretien régulier (tonte, déchets)
|
conceptions urbaines)
|
indispensable pour éviter le colmatage
|
Usages multiples possibles
|
et la stagnation des eaux
|
Coût peu élevé
|
Pas d'infiltration si nappe à moins d' 1 m
|
Intéressant vis-à-vis de la pollution
|
de profondeur
|
Faible emprise foncière
|
|
Avantages liés à l'infiltration : pas besoin
d'exutoire (selon capacité du sol), contribue
à l'alimentation de la nappe
|
|
Précautions : respecter les dimensions
de conception, cloisonnement sur site pentu pour optimiser le
|
stockage, éviter le colmatage au cours du chantier, ne
pas compacter le sol, éviter l'érosion via une
|
mise en eau précoce
|
Figure 51 : Points fort et points faibles des
noues/tranchées (Compilation de données)
Puits d'infiltration (micro-technique)
Cette installation de profondeur plus ou moins importante
évacue les eaux pluviales directement dans le sol ou le sous-sol (Figure
52). Elle ne s'applique que sur de petites surfaces, comme les lotissements,
mais permet une multiplication des ouvrages ponctuels sur l'ensemble du site
(pour les eaux de toitures par exemple). Ce dispositif est la plupart du temps
alimenté par des drains ou directement par le ruissellement. On peut
également remplir les puits de matériaux (galets ou structures
alvéolaires) dans l'optique de dépolluer les eaux avant de les
infiltrer dans le sol, ce qui est d'ailleurs fortement recommandé.
Sa conception simple et sa faible emprise foncière en
fait un dispositif tout à fait adapté pour les quartiers
pavillonnaires regroupant maisons et jardins (Figure 53).
111
Figure 52 : Illustration d'un puit d'infiltration et coupe
explicative (Conseil régional Rhône-Alpes, 2006)
Points forts
|
Points faibles
|
Conception simple
|
Entretien régulier spécifique (pour
éviter
|
Contexte d'utilisation large
|
le colmatage)
|
Faible emprise foncière
|
Garantir une distance d'au moins 1 m
|
Coût faible
|
entre le fond du puit et la nappe (pour
|
Pas de contrainte topographique majeure
|
limiter les risques de pollution)
|
Bonne intégration dans l'aménagement
|
Informations/sensibilisation nécessaire
|
(adapté à la taille de la parcelle)
|
(grand public)
|
Avantages liés à l'infiltration : pas besoin
|
Pas d'infiltration si nappe à moins d' 1 m
|
d'autre exutoire, contribue à l'alimentation de la
nappe
|
de profondeur
|
Réduction à la source de la pollution
|
|
Précautions : bonne connaissance du
sol/sous-sol, respect des dimensions de la conception, vérifier la
|
capacité de vidange (essais préalables),
éviter les risques de colmatage, prévoir l'accès à
l'ouvrage pour
|
l'entretien régulier
|
Figure 53 : Points fort et points faibles des puits
d'infiltration (Compilation de données)
Bassins de retenue ou bassins d'infiltration
Ce type d'ouvrages permet à la fois de stocker l'eau, mais
aussi de la décanter avant qu'elle ne soit infiltrée dans le
sol.
112
La fonction de piégeage des polluants est donc ici
très importante. Celle-ci peut se faire par un
dégrillage53 grossier (plastique, feuille), puis par
décantation des pollutions particulaires. On peut également
procéder à une épuration naturelle, grâce aux
espèces végétales comme les phragmites ou les
roselières, au niveau des bassins en eau ou des zones humides.
Il existe plusieurs types de bassins de retenue :
? Les bassins en eau, permanent ou non (Figure 54) : ils sont
utilisés dans beaucoup de pays, quel que soit le climat ou le niveau de
développement (Marsalek & Chocat, 2001 ; Baptista &
al., 2005). Les bassins en eau sont inondés très
ponctuellement et partiellement en fonction des pluies. Ils permettent
essentiellement d'intercepter les eaux pluviales. L'alimentation de ce
dispositif peut être systématique ou seulement en cas de
saturation du réseau (système de dérivation). Il permet
ensuite de restituer des eaux vers le réseau principal ou le milieu
naturel. Ce dernier consomme plus d'espace que le bassin à sec, à
cause du volume de stockage disponible réduit par la lame d'eau dans le
bassin au début de l'évènement. En revanche, il a
l'avantage de pouvoir être utilisé comme un outil
d'éducation à l'environnement.
? Les bassins dits « à secs > ou «
à ciel ouvert > (Figure 54) : ils ont une double fonction, à
savoir à la fois le stockage des eaux pluviales, mais également
un usage collectif. En effet, ils peuvent servir de terrains de sport, de
parkings, de squares, ou encore de jardins publics.
? Les bassins enterrés (Figure 55) : ils sont la
plupart du temps construits en béton et reliés par des
canalisations surdimensionnées. Ils sont alimentés par les eaux
pluviales d'un réseau séparatif. Ils peuvent également
être alimentés par les eaux d'infiltration via l'utilisation d'une
structure alvéolaire.
Les bassins à ciel ouvert ont l'inconvénient de
nécessiter une assez grande surface au sol, contrairement aux bassins
enterrés. En revanche, ils sont plus faciles à mettre en place et
coûtent aussi nettement moins cher (Figure 56).
53 Action destinée à piéger
les matières volumineuses et les déchets de toutes sortes
contenus dans le chenal d'admission d'un ouvrage hydraulique, pour permettre
leur extraction en benne et leur évacuation en décharge (Actu
Environnement)
113
Figure 54 : Illustrations de bassins de retenue en eau et
à sec, avec leur coupe explicative (Conseil régional
Rhône-Alpes, 2006)
Figure 55 : Illustration d'un bassin enterré et
coupe explicative (
http://www.hamon-watersolutions.com
&
http://fr.graf.info)
114
Points forts
|
Points faibles
|
Sécurité hydrologique (stockage important)
|
Entretien régulier indispensable (limiter le
|
Bon comportement par rapport à la
|
risque de colmatage)
|
pollution
|
Pas d'infiltration en présence d'une nappe
|
· Pour les bassins à ciel ouvert :
|
à moins d'1m de profondeur
|
possibilité de création de zones
|
· Pour les bassins à ciel ouvert :
|
humides, mise en oeuvre assez
|
emprise foncière importante
|
facile et bien maîtrisée, réserve
|
(conception multifonction qui
|
incendie/arrosage
|
permet de limiter les coûts
|
· Pour les bassins enterrés : aucune
|
associés), prétraitement
|
emprise foncière, pas besoin
|
nécessaire pour limiter les risques
|
d'exutoire (selon capacité du sol)
|
de colmatage, dégradation
|
· Avantage lié à l'infiltration :
|
fréquentes
|
contribue à l'alimentation de la
|
· Dans les bassins en eau : niveau
|
nappe
|
d'eau minimal à maintenir en
période sèches.
|
|
· Pour les bassins enterrés :
|
|
ouvrages très techniques, coûts
élevés, prévoir l'accessibilité
à l'ouvrage pour l'entretien
|
Précautions : problème de
colmatage des ouvrages d'infiltration : dépôts de particules fines
qui
|
s'accumulent en surface et dans les interstices de la zone
d'infiltration (formation d'un biofilm de surface
|
qui peut aggraver le phénomène)
|
|
Figure 56 : Points fort et points faibles des bassins de
retenue (Compilation de données)
Toitures et terrasses
végétalisées
Les toitures et les terrasses
végétalisées sont particulièrement
intéressantes, car elles possèdent une efficacité double.
En effet, elles peuvent à la fois permettre de lutter contre l'ICU, en
améliorant le confort thermique urbain, mais aussi contribuer à
la gestion des eaux pluviales, en ralentissant le ruissellement le plus
tôt possible et en stockant temporairement l'eau au niveau des toits.
Cette technique, plutôt esthétique, bénéficie de
nombreux choix architecturaux qui peuvent être intéressants et
amener les citoyens et les aménageurs à faire la démarche.
Sa conception reste néanmoins assez technique (Figure 57).
115
Figure 57 : Coupe d'un dispositif de type toiture
végétalisée (Grand Lyon, 2008)
Deux types de dispositif : extensif et
intensif
Il existe deux types de végétalisation sur les
terrasses et les toitures (Figure 58) : la végétalisation
qualifiée « d'extensive » regroupe les végétaux
de plus petite taille qui sont généralement
implémentées pour leurs performances thermiques,
énergétiques et hydrologiques (Wark & Wark, 2003), tout en
améliorant également l'esthétique du bâtiment. La
végétalisation dite « semi-intensives ou intensives »
est plus complexe et plus coûteuse à mettre en place, ainsi
qu'à entretenir, car elle concerne l'utilisation de
végétaux bien plus imposants. Il est donc primordial de bien
choisir la végétation en fonction du type de support et de la
surcharge occasionnée par le type de végétation.
116
Figure 58 : Végétalisation extensive à
gauche (
http://www.topterrasse.fr)
et végétalisation intensive à droite (
http://www.durovray-etancheite.com)
L'avantage principal de ces techniques est qu'elles
n'utilisent pas d'espace au sol, ce qui est particulièrement
intéressant pour les quartiers où la création de parcs est
difficile. De plus, tout comme les techniques alternatives pour la gestion des
eaux pluviales, il est encore nécessaire d'informer les professionnels
et les usagers des caractéristiques et des bénéfices de
ces structures, qui sont souvent mal renseignés (Figure 59 & 60).
117
Extensive
|
Intensive
|
Couche végétale/substrat
|
Mince (2-15 cm)
|
Importante (>15 cm)
|
Surcharge
|
45-150 kg/m2
|
100 kg/m2 à plusieurs tonnes
|
Support admissible
|
Béton, acier, bois
|
Béton
|
Pente maximale
|
30%
|
5%
|
Applications
|
Neuf, réhabilitation (souvent
sans renfort de structure),
remplacement du
système d'étanchéité
|
Neuf, réhabilitation (souvent
avec renfort de structure),
remplacement du
système d'étanchéité
|
Superficie
|
Toutes
|
Petites-moyennes
|
Investissement total
|
360-2700 €/m2
|
180-380 €/m2
|
Coûts
supplémentaires possibles
|
18-35 €/m2 ? système d'irrigation
35-80 €/ml ? mise ne place de clôture et
garde-fous
|
Bénéfices
|
Gestion de l'eau : -5 à -10%
Isolation thermique :
-15 à -25% d'économie (climatisation)
-2l de mazout/m2/an soit -1€/m2/an
(chauffage)
Biodiversité, esthétisme et attractivité de
la ville (données non
chiffrables)
|
Entretien
|
Visite annuelle, arrosage
optionnel en période de longue sécheresse et selon
système
|
Entretien régulier, arrosage
indispensable
|
Rétention eaux pluviales
|
10-100 l/m2
|
100 à ... ? l/m (1 cm d'eau/m2 = 10 l)
|
Durabilité
|
1.5-2 fois plus
|
1.5-2 fois plus
|
Accessibilité
|
Visites d'entretien
|
Loisirs, jardinage
|
Couche végétale
|
Substrat léger à dominante
minérale à « hors sol » par feutre
non tissé
|
Terre végétale naturelle
éventuellement allégée
|
Plantes
|
Choix varié mais restreint :
· Graminées (herbe sauvage, aromatique)
· Prairies fleuries (fleurs sauvages)
· Sédums (plantes grasses/cirées)
· Mousses
· Couvre sols (trèfle)
· Vivaces adaptés
|
Grand choix :
· Gazon
· Plantations arbustives/vivaces
· Arbres de tailles adaptées
|
|
Figure 59 : Caractéristiques des deux types de
végétalisation sur toitures/terrasses
végétalisées (d'après l'Agence Rheinert,
modifié)
118
Avantages
|
Inconvénients
|
Amélioration qualité de l'air (filtration
|
Conditions d'installations plus ou moins
|
naturelle des végétaux, stockage du
|
contraignantes (structure suffisamment
|
CO2 par photosynthèse, réduction GES)
|
forte du toit, étanchéité parfaite,
pente
|
Apport de biodiversité dans des zones
|
faible)
|
non propices à la base
|
Savoir-faire (aide d'une entreprise)
|
Atténuation de l'ICU
|
Intégration et cohabitation plus difficile avec
|
Isolation thermique (meilleur que les
|
des panneaux photovoltaïques qui doivent
|
tuiles, les ardoises ou el gravier et
|
être intégrés à la toiture pour
pouvoir
|
réduction des consommations
|
bénéficier du tarif rachat de
l'électricité le
|
d'énergie)
|
plus avantageux
|
Réduction de la température intérieure
|
Intégration et cohabitation plus difficile avec
|
des bâtiments
|
des panneaux solaires thermiques qui sont
|
Réduction du risque d'inondation et de
|
généralement posés sur la toiture
(prévoir
|
pollution (stockage/ drainage eaux
|
des châssis et parfaire
l'étanchéité)
|
pluviales, évapotranspiration,
réduction du ruissellement, épuration)
|
Système d'arrosage en période
chaude/sèche parfois nécessaire (selon les
|
Réduction/atténuation du bruit
|
espèces retenues)
|
extérieur et des nuisances sonores
|
Pas d'aide sous forme de crédit d'impôt
|
Amélioration de la durée de vie du toit
|
(discussions en cours pour un « bonus
|
(protection ultraviolet)
|
écologique »)
|
Esthétisme, originalité, effet
|
Prix des toitures denses en moyenne 4-5 fois
|
psychologique
|
plus cher qu'un toit normal
|
Ajout de valeur immobilière
|
Nécessite un accès pour l'entretien
|
Reconstitution d'un maillage
|
Rétention d'eau (si dispositif en parallèle de
|
écologique ou de corridors (abeilles)
|
récupération des eaux de pluie)
|
|
Mise en oeuvre complexe
|
|
Aspect « abandonné » en hiver
|
|
Figure 60 : Avantages et inconvénients des
toitures/terrasses végétalisées (Acqualys (2015), Cosgrove
& Spino et Piron
(2013), modifié)
119
Une étude menée par le cabinet Ernst & Young
a permis de démontrer un surcoût de 1.38 % sur le budget total du
projet pour la mise en place d'un ensemble de 3 bâtiments type R+2,
représentant 1 600 m2 de surfaces construites et une
végétalisation extensive sur 60% de la surface des toits.
Si l'investissement peut parfois être onéreux,
il existe un financement dans certaines communes, à hauteur de 20
à 80% du montant HT des travaux de végétalisation des
toitures, après validation du cahier des charges, avec un plafond qui
s'élève à 60 €/m2 (exemple du Conseil
Général des Hauts-de-Seine).
Limites des techniques alternatives
Bien que ces techniques semblent désormais
indispensables dans le traitement des eaux pluviales, il existe encore quelques
inconvénients quant à leur gestion. En effet, plusieurs
organismes ou administrations peuvent prendre part cette dernière, ce
qui a tendance à complexifier les choses (Chocat & al.,
2008). Par exemple, un parc public utilisé comme un ouvrage de stockage
voit son financement et son exploitation partagés entre le service en
charge de l'assainissement et celui en charge des espaces verts. Seulement, ces
services ont des budgets différents et n'appartiennent pas au même
organisme de manière générale, ce qui peut être
source de problèmes. De plus, les conditions de bonne gestion ne sont
pas forcément les mêmes pour toutes les fonctions. L'accès
au public à une zone infiltrante peut par exemple conduire au tassement
du sol et à une diminution de cette capacité infiltrante qui est
recherchée initialement.
Enfin, on peut noter une difficulté
supplémentaire liée à la perception du public, qui craint
en majorité l'idée de voir l'eau revenir en surface ou même
de voir se développer une végétation « non
contrôlée » (Chocat & al., 2008). Il y a donc un
réel travail de pédagogie à mener de front, entre les
spécialistes et les acteurs politiques du territoire.
Prix des différents dispositifs
Ce tableau récapitulatif (Figure 61), issu d'une
compilation d'un maximum de données, permet d'avoir une meilleure
idée des prix des différentes techniques alternatives, vues au
cours de cette partie. Ces derniers intéressent tout
particulièrement les collectivités, qui font de plus en plus
attention à l'argent qu'elles investissent. Les valeurs exprimées
ci-dessous donnent une notion des coûts envisagés pour chaque
technique. On ajoutera néanmoins qu'il est difficile d'estimer le
coût des différentes installations, qui dépendent
également des caractéristiques physiques du site où elles
sont implantées. Enfin, il faut garder à l'esprit que certaines
méthodes nécessitent un suivi régulier qui peut se
traduire par un coût d'entretien supplémentaire non
négligeable sur le long terme.
120
Technique
Prix
|
Application
|
Entretien/nettoyage
|
Noues
|
Déplacement d'engin : 300-400€
Terrassement/évacuation : 10€/m3
Fourniture et pose : 60-100€/m linéaire
Engazonnement : 1-2€/m linéaire
|
Lotissement Long des voiries
|
Curage tous les 10 ans
Entretien type espaces verts
Attention à
l'encombrement par les
feuilles mortes en automne
|
Fossés/tranchées
|
25-80€/m3 d'eau stockée
|
Lotissement Long des voiries
En pied de bâtiment
|
Suivant la structure de la surface
|
Chaussées réservoir
|
240-290€/m linéaire de chaussée
|
Voirie Trottoirs parkings
|
Curage régulier (par
semestre)
0.15-0.75€/m3/an
(durée de vie de l'enrobée de 10 à 15
ans)
|
Bassin sec
|
30-120€/m3 d'eau stockée
|
Tous types
d'aménagement
|
0.3-1.5€/m3
|
Bassin en eau
|
30-120€/m3 d'eau stockée
|
Aménagements
urbains de grande taille
|
0.15-0.45€/m3
|
Bassin enterré
|
300-600€/m3 d'eau stockée
(conduites surdimensionnées)
300-500€/m3 d'eau stockée (structure
alvéolaire)
800-1500€/m3 d'eau stockée (parois en
béton)
|
Tous types
d'aménagement
|
3€/m2 de surface (HT)
|
Puit d'infiltration
|
5€/m2 de surface assainie 1500€ pour un
puit de 2m/2m
|
Parcelle privée voirie
|
1.5€/m2 de surface
assainie
|
Toiture végétalisée
|
20€/m2 (extensives) +100€/m2
(intensive)
|
Toiture plate ou en pente
|
Nettoyage des dépôts Prévoir
accessibilité
|
|
Figure 61 : Prix, support d'application et entretien des
différents dispositifs pour la gestion des eaux
pluviales (Chéron & Puzenat (2004), ADOPTA, DREAL Pays de la
Loire, modifié)
Annexe 19 : Fiches projets des études
menées sur le territoire rennais, en lien avec l'eau
et la végétation
Fiche projet n°1
Conseil Local de la Biodiversité
(CLB)
Contacts
Interne : DJB54 - Laurence Roux
Externe : non renseigné
Historique & création
> Idée proposée par les acteurs associatifs,
basés à la Maison de la Consommation et de l'Environnement de
Rennes (en écho à une expérience similaire à
Nantes).
> Cette réflexion a fructifiée sous l'ancien
mandat municipal et a demandé un an et demi de discussions.
> La création du CLB a été
annoncée par la délibération n° 2015-0369, lors du
Conseil Municipal du 7 septembre 2015.
> Il a ensuite été voté en Conseil
Municipal en Décembre 2015 et est installé officiellement depuis
la première quinzaine de Mars 2016.
La mairie de Rennes est la première
municipalité de Bretagne à avoir décidé de mettre
en place un « Conseil Local de la Biodiversité », qui
s'engagera sur le territoire de la ville.
Composition & partenariats : 3 collèges
> Associatif : Bretagne vivante, Ligue de
Protection des Oiseaux, Ille et Vilaine Nature Environnement (Ivine), le Groupe
Mammalogique Breton, la Maison de la Consommation et de l'environnement,
etc.
> Scientifique : Universités Rennes 1
& 2, Agrocampus, INRA, Météo-France etc.
> Administratif & technique : ville
de Rennes, Rennes Métropole, Conseil Départemental, Conseil
Régional, etc.
3 7 à 8 membres par collège, soit environ 24
membres au total.
|
|
|
121
54 Direction des Jardins et de la
Biodiversité
122
Objectifs
> Mutualisation des connaissances entre
les acteurs scientifiques, associatifs et institutionnels (création d'un
Atlas communal de la biodiversité).
> Partage de connaissances en matière
de biodiversité pour le grand public.
> Actions de sensibilisation des habitants
pour la préservation de la biodiversité en ville :
· 24h de la biodiversité (2016)
· Nuit de la chauve-souris, en coopération avec
le groupe mammalogique de Bretagne (Août 2016)
· Création d'un label « Ligue de protection
des oiseaux » pour les parcs de la ville
· Vulgarisation des concepts « Trame Verte »
et « Trame Bleue »
Gouvernance
> Coprésidence : Ville de Rennes
& Université (dans le cadre de
l'Observatoire des Sciences de l'Univers de Rennes55).
Pilotage
3 Animation du CLB assurée par la Direction des
Jardins et de la Biodiversité de la Ville de Rennes.
> Création d'un Conseil Scientifique
: composé d'une vingtaine de représentants des
organismes de recherche ou d'étude, des associations naturalistes
rennaises et des structures porteuses de la thématique de la
biodiversité (expertise transversale). Trois à quatre
réunions par an, avec comme vocation de donner des avis sur des projets
rennais, pour de grands aménagements comme pour des secteurs plus
restreints, sur la thématique de la biodiversité.
> Création de commissions
thématiques (plus larges) : contribution à des sujets
transversaux tels que la thématique Nature en Ville de Rennes 2030, la
Trame Verte et Bleue du PLU, l'élaboration d'une charte de la
biodiversité, d'une charte de l'arbre ou d'autres thèmes
scientifiques transversaux.
> Création d'une commission technique
: pilotage de l'élaboration de l'Atlas de la
biodiversité communale et d'une base de données vivante,
regroupant toutes les études disponibles sur le territoire rennais
(études d'impact, études scientifiques, inventaires et suivis
naturalistes).
55 OSUR
123
Moyens & financements
? Ville de Rennes :
? Budget annuel de fonctionnement : 5 000
€ pour 2016
? Mise à disposition de salles de
réunions (au niveau du futur domaine de la Longère du
Parc Naturel Urbain des Prairies de Rennes (voir Fiche projet n°2))
? Attribution d'une bourse scientifique pour
des projets de recherches innovants sur le territoire rennais, en liens avec
les enjeux de la biodiversité urbaine.
124
Fiche projet n°2 Prairies
Saint-Martin
Contacts
Interne : DJB - Laurence Roux
Externe : LETG56 Costel57
(Université Rennes 1) - Hervé Quénol
Maître d'ouvrage
> Ville de Rennes
Maître d'oeuvre
> Agence Base (société
paysagiste) Travaux
> De 2016 à 2021. Les élus espèrent que
les trois quarts des prairies auront été aménagées
à cette date.
Coûts
> 26,16 millions d'euros TTC :
· 10 M€ pour les études et travaux (espaces
publics)
· 3 M€ pour les démolitions
· M€ pour les études et travaux
(constructions)
· 3 M€ pour les études et travaux
(dépollution)
· 4 M€ pour les acquisitions (commerces)
Description du site et du projet
Les Prairies Saint-Martin sont un site naturel de 30 hectares,
situé le long du canal de l'Ille-et-Rance, à deux pas de
l'hyper-centre. Le site sera pensé comme une zone de loisirs.
Sur ces 30 ha de prairies, une partie des terres est
polluée aux hydrocarbures et aux métaux lourds
(dépollution nécessaire).
|
|
56 Littoral, Environnement,
Télédétection, Géomatique
57 Climat et occupation du sol par
télédétection
|
125
Ce projet, composé entre autres de prairies et de zones
humides, devrait s'inscrire dans une grande diagonale verte, en progressant des
quartiers de Maurepas et Patton jusqu'aux étangs d'Apigné, en
passant par le Canal Saint-Martin et les rives de la Vilaine en
centre-ville.
Participation citoyenne
Des jardins partagés, des prairies et des zones humides
accueilleront les Rennais qui seront invités à participer
à l'entretien des lieux (présence
d'éco-pâturages).
Le but n'est pas de créer une réserve
naturelle fermée, mais protégée, qui sera accessible par
des chemins aménagés (Daniel Guillotin, conseiller
municipal, délégué à l'écologie urbaine
à Rennes).
Les espaces d'animation
Ils seront concentrés sur les berges du canal. On y
trouvera un parvis (pétanque et palet), un kiosque, une placette et une
terrasse devant la Longère, des gradins le long du chemin de halage et
enfin une guinguette près des passerelles reliant les ZAC Plaisance et
Armorique.
Biodiversité
> Une « couronne jardinée
» sera constituée d'un arboretum, de vergers, d'un espace
de cultures.
> La forêt galerie : elle marque la
transition avec la zone naturelle. Une « artère » distribue
des enclos pâturés, des « salons tortueux », une friche
artistique...
> Les zones naturelles humides : il s'agit
d'un espace plus sauvage. La prairie inondable nord, située sur l'espace
décaissé de la ZI58 Trublet, permet de stocker les
crues de l'Ille.
> Trois vaches highland cattle
paîtront dans les prairies (race rustique, originaire d'Écosse,
parfaitement adaptée aux zones marécageuses et d'ailleurs
utilisée pour entretenir ce type de paysage).
> Un « chemin de l'eau »
(cailloutis) : marque la limite de la zone inondable, avec un parcours
pédagogique. Le parc central sera bordé d'une « île
mellifère » (ruchers), de zones de pique-nique...
3 Mise en place de la Zone Atelier Armorique pour la
recherche, la pédagogie et la valorisation du site. Approches multiples
(biodiversité, climat, sols, sociologie, etc.) engagées par
plusieurs organismes (CNRS, OSUR, Agro campus Ouest, ADEME).
Sources complémentaires : Ouest France (
http://www.ouest-france.fr/)
& Rennes Métropole (
http://metropole.rennes.fr/)
58 Zone Industrielle
126
Fiche projet n°3
Rôle du végétal dans le stockage
des polluants - Bioindicateurs59
Contacts
Interne : DJB - Laurence Roux Externe
: non renseigné
2 Projets
1. Étude des capacités des
végétaux à évacuer certains polluants
(problématique de la pollution des friches urbaines) -*
définition de bio-indicateurs pour ces friches urbaines
polluées.
2. Étude sur l'adaptation des végétaux
à la nature des sols -* élaboration de « kits » pour
les aménageurs.
'3 Secteur d'expérimentations : projet des Prairies
Saint-Martin
Coordination
> ADEME (Cécile Grand)
> Université de Rennes 1/CNRS-UMR Ecobio &
Agrocampus Ouest (Pérès Guénola)
> BRGM60 (Jennifer Hellal)
> ESITPA61 - Biosol (Isabelle Gattin)
> INRA Versailles (Michaël Hedde)
> Université de Bordeaux (Marina Le Guedard,
Jean-Jacques Bessoule)
Gestion et traitement des données
> ESITPA - LAMSAD (Salima Taïbi)
> INRA Versailles (Michaël Hedde)
> Université de Rennes 1/Ingénierie Durable
(Laurence Rougé)
Gestion des sites ateliers
> Agro campus Ouest (Denis Piron, Lionel Berthier)
> Université de Besançon (Benjamin Pauget,
Annette de Vaufleury)
> Université de Bordeaux (Marina Le Guedard,
Jean-Jacques Bessoule)
> École des mines de Saint-Etienne (Olivier Faure)
> Elisol-Montpellier (Cécile Villenave)
59 Organisme qui renseigne sur l'état et le
fonctionnement d'un écosystème (Blandin, 1986)
60 Bureau de Recherches Géologiques et
Minières
61 École d'ingénieurs en agriculture
127
Fiche projet n°4
Réflexion sur la prise en compte du rôle
de l'eau et de la végétation dans le confort urbain, en lien
avec le changement climatique
Hydrocity & économie circulaire
Contacts
Interne : DEEI - Sylvie GUIHENEUC
Externe : Rennes Atalante - M. Pauly
Historique du projet
? À l'origine : volonté de Rennes
Métropole de répondre avec ViaSilva à un appel à
projet PIA (Programme d'Investissement d'Avenir) en 2009. L'objectif
était de trouver des entreprises qui participent à la gestion
ainsi qu'à la conception de la ville de façon plus vertueuse sur
le plan environnemental.
? Travail de sensibilisation et d'identification des
entreprises qui s'appuie sur Eco origin, le cluster des éco
activités.
? 4 entreprises associées à la réflexion
ont fait émerger le projet Hydrocity : SETUR, 3 autres non
renseignées.
Dispositif
Appareillage de traitement des eaux grises et des eaux
pluviales (recyclage), dans le but d'une réutilisation pour les besoins
non-corporels et non-alimentaires.
(Pas de schéma à ce jour, pour des raisons de
confidentialités)
Expérimentation de la technologie
Les promoteurs du projet ont testé sur leur logement
mais ont besoin de tester à l'échelle de plusieurs logements
« grandeur nature » (2-3 immeubles dans l'idéal). Ils
souhaitent donc lancer une expérimentation.
? Processus interdit en France car il n'y a pas de garantie de
contrôle du dispositif dans le temps (risque d'usage de l'eau
recyclée à des fins alimentaires ou corporelles en cas
d'intervention sur l'installation).
? En première approche, l'Agence Régionale de la
Santé (ARS) refuse d'expérimenter le système car la
Bretagne n'est pas une zone tendue en terme de ressource en eau et refuse de
demander une dérogation auprès du Préfet
(présentée et instruite par ARS).
128
> Proposition de l'ARS de solliciter le droit
d'expérimentation auprès de l'Anses (Agence nationale de
sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du
travail).
Accompagnement du projet dans le cadre de Rennes-Lab
Sans autorisation des autorités sanitaires,
l'expérimentation ne peut être lancée. Toutefois, si cette
autorisation est obtenue, le projet pourra s'inscrire dans la démarche
Rennes Lab'.
Le dispositif Rennes Lab'
> Une plate-forme d'ingénierie (aide au montage du
projet) -* Rennes Atalante
> Un fond de financement établi en partenariat avec
Rennes Métropole/St-Malo Agglomération, la caisse des
dépôts, le crédit mutuel et ERDF : autofinancement à
hauteur de 50% et avance remboursable à hauteur de 50%.
> Le territoire : support de l'expérimentation (par
l'essai du dispositif).
Compétences nécessaires
> Pour mener l'expérimentation, il sera
nécessaire de mobiliser les services de l'assainissement, de
l'aménagement opérationnel, de l'habitat et de
l'économie.
Confidentialité
> Pas de confidentialité sur le projet en
lui-même, mais sur le processus de traitement de l'eau. NB : Projet en
parallèle Blue-city (nom en cours d'évolution)
Financement par SETUR d'une thèse visant la
modélisation de la gestion de l'eau en partenariat avec
l'Université et la Ville de Rennes.
Économie circulaire : partenariat possible
Début de réflexion à Rennes avec des bureaux
d'études sur cette thématique (pas de projet concret).
129
Fiche projet n°5
Réflexion sur la prise en compte du rôle
de l'eau (et de la végétation) dans le confort urbain, en lien
avec le changement climatique
Infiltration des eaux pluviales + projet
Cintré
Contacts
Interne : Service maîtrise d'oeuvre espace
public et infrastructures - Alain Prenveille ; Unité études
hydrauliques - Catherine Jegou.
Externe : Adjoint à l'urbanisme et
à l'aménagement de Cintré - Pierre-Yves Boscher.
Pas de confirmation à ce jour sur le travail
à effectuer (projet en « Stand-By »)
Projet - Cintré
Objectif -* Gérer durablement les eaux pluviales à
Rennes Métropole : infiltrer ?
Opération pilote menée par Rennes Métropole
: 6.8 ha pour 148 logements (études démarrées en 2006).
Gestion des eaux pluviales :
> A la parcelle : rétention de 4 m3 par
parcelle, par infiltration, avec surverse vers le réseau public.
> Chaussée - réservoir publique, avec zones
perméables
> Bassin de rétention en aval du projet
Réalisation : sur chaque parcelle, c'est
l'aménageur qui a réalisé la zone d'infiltration.
Règlement de lotissement : adaptation des règles
pluviales du projet parcelle par parcelle en fonction de la surface, de
l'orientation.
Réflexion sur l'infiltration (PPT : 27-28 Janvier
2016)
Ce qui reste à faire au niveau de Rennes
Métropole concernant cette thématique des eaux pluviales
:
> Faire évoluer le zonage pluvial
> Réfléchir en termes de niveau de services
> Exploiter l'idée que le sous-sol rennais n'est pas
totalement imperméable
> Trouver des solutions techniques : coefficient de pleine
terre, toitures végétalisées, zonage
pluviale, etc.
130
> Éviter les renvois au réseau : infiltration,
micro-rétention (idéal de 0 rejets).
> Objectifs sur l'infiltration : mesures compensatoires pour
les aménagements publics.
Pour favoriser l'infiltration :
> De l'eau la moins polluée possible (éviter le
ruissellement ou traitement)
> Être au niveau d'un sol qui ne présente pas de
contre-indications (pentes naturelles, zones inondables, remblais, sols
pollués, nappe haute (moins de 1 m de la surface)
-* Carte de contraintes à l'infiltration des eaux
pluviales.
> Mesures de conductivités hydrauliques : Matsuo,
Beerkan, méthodes statistiques.
> Levés de nappes : poses de piézomètres,
recensement des piézomètres et modélisation de la nappe
-* Collaboration Agrocampus (groupe étudiant) Il
reste encore des questions sur l'infiltration :
> Quel temps de retour : niveau de service
> Quelle marge de sécurité : dimensionnement
> Quel temps de vidange des ouvrages
> Quelle technique : puits perdu, tranchée, etc.
Ambitions :
> Inclure des règles de rétention simples dans
les annexes du PLU/PLUi > Proposer des solutions techniques, dont
l'infiltration
> Augmenter les connaissances, tester, sensibiliser et
inciter.
131
Fiche projet n°6
Réflexion sur la prise en compte du rôle
de l'eau (et de la végétation) dans le confort urbain, en lien
avec le changement climatique
Études internes - Agrocampus
Contacts
Interne :
· Service maîtrise d'oeuvre espace public et
infrastructures - Alain Prenveille
· Unité études hydrauliques - Catherine
Jegou. Externe : Agrocampus Ouest - Zahra Thomas.
Projets
1. Cartographie des contraintes à l'infiltration
des eaux pluviales
> Objectif : cartographie des contraintes à
l'infiltration et de la perméabilité des sols > Partenariat :
Agrocampus (contribution des étudiants)
o Création de couches SIG spécifiques pour les
contraintes à l'infiltration : terres polluées, niveau de nappe,
zones inondables, argiles gonflantes, pentes.
o Création de couches concernant les
propriétés de sol.
2. Modélisation des niveaux de nappe (projet
pour 2017 ?)
> Objectif : alimenter la carte de contraintes à
l'infiltration des eaux pluviales
> Méthode : mesures sur sites (installations de
piézomètres, relevés réguliers),
modélisation de la nappe (Agrocampus, projet étudiant ou
stage)
> Partenariat : Agrocampus (contribution des
étudiants)
132
Fiche projet n°7
Réflexion sur la prise en compte du rôle
de l'eau (et de la végétation) dans le confort urbain, en lien
avec le changement climatique
Gestion intégrée du cycle de l'eau en
ville (SETUR)
Contacts
Interne :
· Service maîtrise d'oeuvre espace public et
infrastructures - Alain Prenveille
· Unité études hydrauliques - Catherine
Jegou.
Externe : Agrocampus Ouest - Zahra Thomas ; CNRS
- Jean Raynald De Dreusy ; Setur - Gwenaëlle Carfantan.
Projet - gestion intégrée du cycle de l'eau
en ville (Blue-city)
Description
> Modélisation du cycle de l'eau à
l'échelle d'un bâtiment ou d'un micro-quartier.
> Développement d'un modèle numérique qui
intègre et combine les 3 réseaux traditionnels pour estimer les
flux en tenant compte de l'aspect aléatoire du milieu naturel. >
Inscription du projet dans la philosophie Smart city et dans le cadre
d'Hydrocity.
Partenariats
> CNRS
> Agrocampus
> SETUR
Objectifs
> Évaluer l'efficacité du cycle court à
l'échelle de l'îlot urbain, du sous BV ou de la ville
> Tester et évaluer les systèmes de
récupération, de traitement et d'infiltration des eaux
> Quantifier tous les flux (adductions d'eau, eaux
usées, eaux pluviales, débit de fuite) pour
évaluer les impacts sur le milieu naturel (inondations,
infiltrabilité, qualité de l'eau)
> Aider au dimensionnement des ouvrages (réservoirs de
stockage, zone de biodiversité,
STEP62)
> Identifier les leviers et verrous
socio-économiques
> Proposer un outil d'optimisation (technique et
économique) et d'aide à la décision
Financement
62 STation d'ÉPuration des eaux usées
|
? Thèse financée par SETUR
|
|
133
Fiche projet n°8
Réflexion sur la prise en compte du rôle
de l'eau (et de la végétation) dans le confort urbain, en lien
avec le changement climatique
Observatoire de l'eau : Creseb
Contacts
Interne :
? Service maîtrise d'oeuvre espace public et
infrastructures - Alain Prenveille ? Unité études hydrauliques -
Catherine Jegou.
Externe : Creseb - Laurent Grimault.
Historique
Le Creseb63 est un groupement d'intérêt
scientifique, mis en place depuis 2011.
Partenariat
Région : porteur du projet, en partenariat avec
l'état.
Composition
3 collèges :
63 Centre de ressources et d'expertise scientifique
sur l'eau de Bretagne
1.
134
Instances publiques : état, région Bretagne,
ONEMA.
2. Organismes scientifiques : INRA, IFREMER64,
BRGM, Universités Rennes 1 & 2, Université de Bretagne
Occidentale, Agrocampus Ouest, EHESP65 (école des hautes
études de la santé publique).
3. Acteurs de la gestion intégrée de l'eau par
bassin versant :
Ambition
Rennes Métropole étudie la possibilité de
travailler avec le Creseb sur la thématique pluviale, afin d'ajouter
dans les réflexions du Creseb l'aménagement opérationnel
du territoire, partie que maitrise bien les collectivités.
Lors d'une réunion aux carrefours de l'eau 2016, une
volonté politique et technique de réflexion sur l'eau pluviale
s'est exprimée sur le sujet. Une réunion doit se monter
prochainement pour poursuivre les échanges.
? Partage de connaissances
? Approche transversale de la gestion de la ressource en eau
(lien entre plusieurs acteurs)
Source complémentaire : Le CRESEB :
http://www.creseb.fr
64 Institut Français de Recherche pour
l'Exploitation de la Mer
65 École des Hautes Études en
Santé Publique
135
Résumé - Abstract
L'évolution du climat et l'augmentation des
températures ont permis de faire évoluer les mentalités au
sein des collectivités, notamment concernant l'adaptation des villes. Le
contexte réglementaire Rennais est d'ailleurs propice à la mise
en place de nouvelles mesures pour mieux organiser le territoire en fonction de
ses enjeux. La révision du PLU de Rennes, du PCAET et
l'élaboration du premier PLUi de la métropole ont pour objectifs
d'intégrer plus particulièrement cette notion d'adaptation.
Celle-ci passe essentiellement par une meilleure gestion des eaux pluviales et
une amélioration de la disposition de la végétation, qui
devraient concourir à réduire l'impact de l'îlot de chaleur
urbain. Si les moyens techniques sont d'ores et déjà en
possession de la collectivité, il reste désormais à
formuler une méthodologie efficace pour toucher à la fois le
secteur public, mais aussi le domaine privé. C'est sur ce dernier aspect
qu'est proposée une refonte des réglementations actuelles, au
travers de la mise en place d'un premier coefficient de biotope. Ce dernier,
s'il est validé par les élus de Rennes Métropole, pourra
prendre une formulation plus ou moins restrictive, sous forme d'Orientations
d'Aménagement et de Programmation (OAP) ou de règlement du Plan
Local d'Urbanisme (PLU) et devra répondre à l'ensemble des
critères proposés par la collectivité.
Mots-clés : adaptation, changement
climatique, urbanisme, eau, espaces verts, coefficient de biotope.
Climate change and rising temperatures helped to change
attitudes of local authorities, especially concerning the adaptation of cities.
The regulatory environment of Rennes is also favourable to the implementation
of new measures aiming to better organize the territory according to its
stakes. The revision of the PLU of Rennes, of the PCAET and the development of
the first PLUi of the metropolis are aimed specifically to integrate this
notion of adaptation. This one passes essentially by a better management of
rainwaters and an improvement of vegetation layout, which contribute to reduce
the impact of the urban heat island. If the technical means are already in
possession of the local authority, it's now necessary to formulate an effective
methodology to affect both the public sector, but also the private domain. The
suggested revision of the current regulations mainly concerns this last aspect,
by implementing a first coefficient of biotope. If it's validated by the
elected members of Rennes Metropole, it may take a more or less restrictive
formulation, as an OAP or a strict regulation and will have to answer the set
of the criteria proposed by the local authority.
Keywords : adaptation, climate change, urban
planning, water, green spaces, coefficient of biotope.
|