Impact socio-économique des catastrophes naturelles. Cas des inondations du 1er septembre 2009 au Burkina Faso.( Télécharger le fichier original )par Aida Myriam Bari Sankara Université Saint Thomas dà¢â‚¬â„¢aquin - Maitrise en sciences economiques 2013 |
RESUMELe Burkina Faso est soumis à des inondations dont la récurrence nécessite leur prise en compte dans les politiques et programmes pour garantir la durabilité des actions de développement. Les effets de ces catastrophes naturelles constituent de véritables drames pour les populations en général et celles vulnérables en particulier. Les pertes et les dommages qu'elles génèrent sont considérables sur l'environnement et les économies locales et nationales. L'objectif global de l'étude est d'analyser l'incidence des inondations sur le développement du pays. Pour ce faire , il a été réalisé, une analyse de l'impact de l'inondation du 1er septembre 2009 qu'a connu le pays sur les agrégats macroéconomiques, en se fondant sur des prévisions faites par le Ministère de l'Economie et des Finances (DGEP/DPAM) en Juillet 2009, avant la survenue de l'inondation et celles de Décembre 2009, après l'inondation. L'approche retenue consiste à isoler, céterus paribus, l'impact de l'inondation, des effets de tout autre choc externe. Sur la base d'une approche qualitative et quantitative menée auprès des acteurs du mécanisme de prévention et de gestion des catastrophes naturelles et des sinistrés de l'inondation du 1er septembre 2009, l'étude procède à l'analyse détaillée du dispositif national de gestion des catastrophes naturelles au Burkina Faso, ainsi que des effets de l'inondation sur les conditions de vie des ménages sinistrés. Ainsi, les résultats qui découlent de la présente étude, montrent que la baisse occasionnée par les inondations du 1er septembre sur le taux de croissance économique de 2009 est estimée à 1,41. Les activités de reconstruction immédiates ont eu un impact positif sur la croissance économique pendant les deux premières années de reconstruction, ce gain en taux de croissance est estimé à 0,37% du PIB en 2010 et 0,39% du PIB en 2011. Les conditions de vie des ménages affectés se sont fortement dégradées suite à l'inondation. Déjà vulnérables en temps normal, les enquêtes menées dans la zone ont révélé que les ménages affectés vivent dans une situation plus précaire après l'inondation. Mots clés : Impact, catastrophes naturelles, inondations, Burkina Faso.
INTRODUCTIONI. Contexte et problématique de l'étudeLes catastrophes naturelles ont toujours existé et constituent un phénomène courant dans l'histoire de l'humanité (GBEASSOR et al, 2006). Mais depuis quelques décennies, les phénomènes catastrophiques naturels semblent subvenir à un rythme plus accéléré et semblent être potentiellement, plus dangereux et plus dévastateurs. En effet, d'origine naturelle, anthropique, ou technologique, ces catastrophes font partie intégrante de l'environnement dans lequel vit l'homme. C'est à cette situation que sont soumis les pays africains qui en termes de fréquence et de typologie de catastrophes naturelles, sont les plus frappés par les inondations. Elles vont à l'encontre d'un développement humain durable en ce sens qu'elles causent des pertes en vies humaines et engendrent des migrations. Le Burkina Faso, pays en voie de développement et enclavé ne reste pas en marge de cette situation. En effet, en 2007, plus de 500.000 1personnes ont été affectées par les inondations au Ghana, Togo, Niger, Mali, Sénégal et au Burkina Faso. Les inondations qui persistent au Burkina Faso ont souvent des impacts néfastes aussi bien sur l'environnement que sur l'économie du pays. Au cours des vingt dernières années, notamment en 1988, 1992, 1994 et 1999, certaines localités du pays ont été sévèrement affectées par les inondations. A titre illustratif, les pertes en productions agricoles dues aux inondations des champs cultivés ont été estimées à 1.803.000.000 FCFA en 1992 et à 63.937.680 000 FCFA en 1994. Par ailleurs le coût de la réfection des barrages endommagés en 1994 a été évalué à 192.776.576 FCFA (CONASUR, 2004).On se souvient encore des inondations du 1er septembre 2009 figurant parmi les inondations les plus catastrophiques qu'a connu le pays, causant d'énormes dégâts matériels et des pertes en vies humaines. Il a été estimé environ 150.000 personnes touchées dont 60.000 sans-abris logés dans 93 sites d'accueil provisoires (écoles, lieux de cultes, formations sanitaires et autres édifices sociaux) dans les cinq (05) arrondissements de la ville de Ouagadougou (CONASUR, 2009). Les statistiques mondiales montrent que les inondations causent dans les pays en développement, des dommages plus importants qui affectent le plus durement les groupes de population les plus pauvres 1www.agrhymet.ne consulté le 12/04/14 BARI SANKARA Aida Année Académique 2012- 2013 Page1 et vulnérables. La catastrophe survient le plus souvent, à cause d'une vulnérabilité grandissante, les pertes humaines et les ruines qui s'en suivent sont la conséquence de la négligence des hommes, et de leur vulnérabilité. (Sandrine, 2010). En effet la pauvreté chronique des populations au Burkina Faso, accentue leur vulnérabilité face aux phénomènes catastrophiques. Le pays est l'un des plus pauvres de la planète. En 2004 il occupait un rang de 175e sur 177 avec un PIB/tête d'habitant de 345 US et un indice de développement humain de 0,302 pour une moyenne africaine de 0,480 (PNUD, 2004). Les inondations provoquent des répercussions majeures sur les conditions de vie et sur les performances économiques des régions ou pays touchés. Plus particulièrement dans les pays en développement, elles compromettent les objectifs de croissance économique, car elles détruisent le capital et poussent à axer les ressources sur l'assistance et la reconstruction. Elles nuisent plus généralement au bien-être des ménages à travers une détérioration des conditions de vie des populations, en particulier au sein des groupes les plus pauvres et les plus vulnérables. Les pertes sont aussi considérables sur l'environnement et les économies locales et nationales. Non seulement l'inondation cause une destruction du capital, et si la récurrence se confirme au cours du temps, au lieu de penser aux investissements futurs, les acteurs économiques touchés, notamment ceux des petits métiers et des Petites et Moyennes Entreprises ne pourront que procéder à des activités de réparations et de reconstruction de façon permanente, ceci réduit leur capacité d'investissement et empêche leurs activités de croître. Les pouvoirs publics burkinabè investissent inlassablement, du moins autant que possible de multiples efforts dans la réduction des risques de catastrophes, toutefois les défis à relever sont encore nombreux en la matière. A cet effet, les inondations sont une préoccupation constante de l'état Burkinabè à cause de leur récurrence. Elles génèrent des charges imprévues pour l'état et requièrent une capacité de réactivité et d'adaptation des structures étatiques pour soulager les victimes. Des réaffections des ressources publiques destinées au développement local, au secours d'urgence pour sauver des vies humaines en danger lors des catastrophes, occasionnant ainsi des ruptures d'exécution de plans et programmes de développement (Zongo, 2012). Mais le principal challenge du pays réside dans sa capacité à traduire sa volonté de réduction des risques de catastrophes en programmes et investissements durables qui augmenterons le bien-être des populations à long terme. De l'analyse de cette situation, se dessine une question fondamentale pour la recherche: quelles sont les conséquences potentielles des inondations sur le développement au Burkina Faso ? De cette question principale, découle les questions spécifiques suivantes : Page2 BARI SANKARA Aida Année Académique 2012- 2013 -Quelle est la situation du Burkina Faso face aux phénomènes d'inondations ? -Les dispositifs nationaux de prévention et de gestion des risques de catastrophes naturelles sont-ils opérationnels? -Quel est l'impact de l'inondation du 1er septembre 2009 sur le bien-être des ménages ? |
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