I.2.2. Kisantu : le
berceau de l'Université de Lovanium
En 1926, un groupe de professeurs de l'université de
louvain créèrent la Fondation Médicale de
l'Université de Louvain au Congo, FOMULAC. La FOMULAC se proposait de
recruter des médecins et de créer en Afrique des centres
médicaux, placés sous le patronage de la Faculté de
Médecine de l'Université.
Le choix de porta sur Kisantu, dans le Bas-Congo, où
était installée une très importante Mission de la
Compagnie de Jésus.
L'école fut ouverte en 1927, avec cinq
élèves. Le cycle des études y était de trois ans,
suivis de deux années de stage. Le programme était le même
que celui des écoles officielles d'infirmiers et consistait surtout en
des travaux pratiques.
Le manque de formation primaire complète et moyenne
était un obstacle sérieux au recrutement de la FOMULAC, et le
nombre d'élèves ne fut jamais élevé.
En 1931, un autre groupe de professeurs de l'Université
de Lovanium décida de créer un organisme analogue à la
FOMULAC, pour l'enseignement de l'agriculture : les « Centres Agronomiques
de l'Université de Louvain au Congo. »
La CADULAC ouvrit, en 1933, à côté de
l'école médicale de la FOMULAC, une école moyenne de
l'agriculture, qui devait comprendre quatre années d'études et
une année de stage.
Au cours des années suivantes, La FOMULAC et la
CADULAC relevèrent progressivement le niveau de leur enseignement pour
passer du stade d'enseignement moyen à celui d'enseignement
supérieur spécialisé.
En 1936, le gouvernement colonial avait ouvert à
Léopoldville une école d'assistants médicaux.
La FOMULAC ouvrit à son tour à Kisantu, en 1936,
une Ecole d'Assistants Médicaux Indigènes (EAMI). Pour y
être admis, les candidats devaient avoir fait trois à quatre
années d'études et une année de stage au grade d'Assistant
Médical Indigène.
A partir de 1946, la CADULAC réorganisa aussi son
enseignement. Quatre années d'enseignement moyen de formation
générale furent exigées pour entrer à
l'école, qui devint en 1948 « Ecole d'Assistants Agricoles. »
Trois années d'études agricoles et une année de stage
menaient au grade d'Assistant Agricole Indigène.
En 1947, fut ouvert une école de Sciences
administratives destinée à former des agents auxiliaires de
l'Administration, et à laquelle fut adjointe une section de Sciences
Commerciales pour intéresser les milieux d'affaires à
l'entreprise, fut ouverte à Kisantu, avec six élèves. Deux
années préparatoires, quatre années d'études
administratives et commerciales, une année de stage devait conduire
à un grade qui n'était pas encore déterminé en
1951.
Ces fondations ne dépassaient pas et ne voulaient pas
dépasser le stade de l'enseignement professionnel. Il n'était pas
question de créer un enseignement universitaire, les dirigeants
estimaient que l'enseignement universitaire devait être organisé
très progressivement ; l'émancipation et la promotion
précoces des congolais devaient être évitées. Il ne
fallait donc pas piéger le système colonial.
Au congrès national d'octobre 1947, on décida de
grouper les trois enseignements existant à Kisantu en une seule
institution qui devait être élevée progressivement au
niveau d'une Institution d'enseignement supérieur. FOMULAC et CADULAC
furent ainsi absorbées par un nouvel organisme : le Centre
Universitaire Congolais.
Au moment d'organiser le Centre, embryon de la future
université catholique du Congo, il fallait fixer les modalités de
la collaboration future entre la Compagnie de Jésus et les
représentants de l'université de Louvain.
Pour ces derniers, le Centre universitaire devait
dépendre exclusivement du Conseil d'Administration émanant de
l'université de Louvain tout en bénéficiant de l'aide de
la Compagnie de Jésus ; pour les Jésuites, la future
université congolaise devait être placée sous leur
direction, tout en bénéficiant de l'aide des professeurs de
l'université de Louvain.
De son côté, le délégué
apostolique à Léopoldville estimait que l'enseignement
supérieur pour congolais devait être placé sous
l'autorité des évêques du Congo. Un compromis intervint,
proposé par le recteur d l'université de Louvain, en lieu et
place de la FOMULAC et de la CADULAC, l'université catholique de Louvain
devenait elle-même fondatrice du Centre Universitaire Congolais, qui
serait appelé Lovanium. Le Conseil d'Administration de Lovanium, qui
comprendrait des administrateurs représentant la Compagnie de
Jésus et le Vicaire Apostolique, et devrait lui soumettre toute
décision importante, les points de friction étaient nombreux.
Par la suite, une série d'incidents et de conflits de
compétences aboutirent à la rupture entre le Conseil
d'administration et la Compagnie de Jésus et au retrait de celle-ci en
1954.
L'enseignement donné au Centre Universitaire de 1948
à 1953 était considéré comme un programme post -
secondaire de transition ; il se donnait de la même manière que
les années précédentes, mais devait évoluer
lentement vers la formule enseignement universitaire à partir de 1953.
Pour être admis à Lovanium, les candidats
devaient avoir fait six années d'études primaires et au moins
trois années d'études moyennes.
Pour les éléments moins avancés, on
organisa une année puis deux années préparatoires,
où l'enseignement portait sur la langue française, les
mathématiques, les sciences et la philosophie. Les étudiants qui
avaient fait des humanités complètes pouvaient être
dispensés de la première année.
Le centre regroupait les trois Ecoles existantes, qui
étaient devenues des Sections du Centre Universitaire congolais Lovanium
(CUCL).
Sous la pression des Nations - Unies, la crainte de voir se
réaliser une université sous l'égide des organismes
internationaux et donc de voir lui échapper la formation de
l'élite amena le gouvernement Belge à se préoccuper de la
création d'un enseignement supérieur en Afrique non seulement
dans les territoires dont la tutelle lui avait été confiée
par les Nations - Unies, mais dans sa colonie.
Une convention fut signée, le 11 mars 1950, entre le
gouvernement belge et le Conseil d'administration du CUCL. D'après cette
convention, Lovanium devait s'engager, notamment, à préparer pour
1953 l'organisation d'un enseignement supérieur, et à accepter
tout étudiant du Congo belge et du Rwanda, quelle que soit sa confession
religieuse.
En septembre 1951, le gouverneur général donna
l'autorisation d'occupation provisoire de la colline du Mont Amba et, « le
21 avril 1952, un Arrêté Royal accordait à Lovanium la
cession définitive du terrain demandé. »
L'Université Lovanium connut sa première
rentrée académique le 12 octobre 1954. A cette rentrée
académique, le Conseil d'administration confia l direction de Lovanium
à un jeune abbé Luc Gillon docteur en physique
nucléaire.
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