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De l'autocensure dans le traitement des informations politiques, cas de la radio et télévision héritage

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par Patient Mbuyi Lukusa
Université de Lubumbashi - Graduat en Sciences de l'Information et de la Communication 0000
  

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    [1]

    Année Académique 2014-2015

    L'AUTOCENSURE DANS LE

    TRAITEMENT DES

    INFORMATIONS POLITIQUES

    Cas de la RT Héritage

    Travail de fin de cycle présenté en vue de l'obtention du Grade de Gradué en Sciences de l'Information et de la communication

    Par MBUYI LUKUSA Patient

    FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
    Département des sciences de l'information et de fa communication

    [2]

    Année Académique 2014-2015

    L'AUTOCENSURE DANS LE

    TRAITEMENT DES

    INFORMATIONS POLITIQUES

    Cas de la RT Héritage

    Travail de fin de cycle présenté en vue de l'obtention du Grade de Gradué en Sciences de l'Information et de la communication

    Par MBUYI LUKUSA Patient

    Directeur : CT. Maurice KITOKO

    FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
    Département des sciences de l'information et de fa communication

    [3]

    [4]

    EPIGRAPHE

    « La meilleure et la vraie information est

    celle qui est volée »

    PHIlIPPE TOUSSAINT

    [5]

    DEDICACE

    A vous mes très parents KALUBI MUKENDI Justin et MBULA WA MUKENGA

    Scola

    Patient LUKUSA

    [6]

    AVANT-PROPOS

    Voici le couronnement et le fruit d'une étape très importante de notre parcours académique, teintée des sacrifices énormes, des moments heureux, pénibles et d'un dévouement sans précédent. En dépit des difficultés auxquelles nous avons fait face, nous nous sommes mis pour la rédaction de ce présent travail.

    Ainsi, nous ne pouvons pas passer sous silence ou si non il serait ingrat de ne pas remercier toutes ces personnes de loin ou de prêt qui nous ont apporté leur aide financière, morale, physique et spirituelle pour la réussite de cette oeuvre.

    Nos remerciements s'adressent en premier à Dieu, lui qui n'a pas cessé de renouveler ce souffle de vie en nous et ses grâce à chaque fois que nous nous levons de notre lit. A toutes les autorités académiques et les enseignants qui nous ont formés et plus particulièrement à Monsieur Maurice KITIKO, notre directeur pour ce travail combien louable.

    A mes soeurs et frères qui m'ont accompagné avec leur amour fraternel : Christian Kabanga, Léa Nseya, Flory Mutambayi, Emmanuel Tshibangu, Albert Ilunga, Honore Mpanda, Jemima Katshiama, grand frère Thierry et à toute la famille Mukendi.

    A mes amis : Christian Ngoyi, Michael Mutombo, Morgan Kitenge, Ruben Mushitu, Nadège Mbuyu, Léa Mudinga, Thalia Kilumba, Jean Kalenga, Elvis Bigege, Arsene Kalubi, Merveille Kasongo, Lumiere Nsanga, Aerts Tatiana, Nick Mumba, Sarah Njilabu, Paul Ngoy, Delly Mbuyi, Jeanot, Erick Tsongo, et tous ceux-là que je n'ai pas cité, pour leur apport financier, morale, physique et spirituel dans la réussite de ce travail scientifique.

    [7]

    0. INTRODUCTION GENERALE

    0.1. CHOIX ET INTERET DU SUJET

    Le monde connait de nos jours une montée en flèche de nouvelles technologies de l'information et de la communication. Ces dernières ont donné au concept information une nouvelle approche. L'information est à la portée de tout le monde de manière quasi-instantanée et peut servir à ternir ou à redorer l'image d'une personne physique ou morale.

    Actuellement, les pays en voie de développement sont confrontés à plusieurs sources d'information dont la radio et la télévision en constituent les principales sources. Les hommes politiques s'en servent comme principale voie de propagande en mettant à leur service des journalistes qui doivent les accompagner dans leur démarche.

    Pour répondre aux aspirations de leurs patrons et pour préserver les intérêts, les journalises essaient de diffuser des informations auxquelles ils donnent une forme susceptible de bien positionner les hommes de qui ils dépendent.

    L'évolution spectaculaire de ce phénomène nous a poussés à parler dans notre travail du « rôle de l'autocensure dans le traitement des informations politiques dans un pays en voie de développement ».

    En parcourant ce travail, nous estimons qu'il présente trois avantages aussi bien sur le plan personnel, sur le plan scientifique que sur le plan social.

    V' Sur le plan personnel, nous allons ouvrir le débat par le fait que nous y participons aussi. Ce travail nous permettra de ne pas gober l'information telle qu'elle se présente, mais nous devons faire preuve de l'esprit critique en confrontant, si possible, les différentes sources d'informations politiques pour se faire une propre opinion ;

    V' Sur le plan scientifique, bien que ce travail n'est pas une solution à tous les problèmes liés à l'autocensure, il constitue une réflexion que nous lançons dans le monde scientifique et sera un support de référence pour tout chercheur.

    [8]

    En outre, nous voulons que ce travail arrive, à travers la méthode et les techniques utilisées, à analyser et à comprendre scientifiquement le rôle de l'autocensure dans le traitement des informations politiques ;

    V' Sur le plan social, ce travail permettra au public de développer un esprit critique vis-à-vis des informations politiques qui sont diffusées, car la véritable information ne se trouve pas nécessairement dans les quatre questions de référence mais aussi et surtout dans les deux dernières questions : « comment et pourquoi » et dans les non-dits.

    0.2. PROBLEMATIQUE

    La problématique est définie de plusieurs manières par plusieurs

    chercheurs.

    Quant au dictionnaire le Robert illustré, il donne plusieurs acceptions au mot problématique que voici :1

    V' Dont l'issue, l'existence, la réussite, la réalisation est douteuse ;

    V' Qui pose un problème difficile dont on peut douter ;

    V' Ensemble de problèmes qui se posent sur un sujet ;

    V' Ensemble de questions d'une science ou une philosophie se pose dans un domaine particulier.

    Pour Mpala Mbabula : « dans cette rubrique, l'étudiant dira clairement et distinctement sur quoi porte son travail »2

    Mbaya Kabamba dit : « la problématique est une approche ou une perspective que l'on décide d'apporter pour traiter le problème posé par la question du départ ».3

    Pour notre part, la problématique est l'ensemble de problèmes, de préoccupations qu'un chercheur préfère résoudre dans son étude.

    1 Dictionnaire Le Robert, Paris, 2012.

    2 Louis MPALA M., Pour vous chercheur, éd. Mpala, Lubumbashi, 2014, p. 87.

    3 Mbaya KABAMBA, Cours de recherche guidé, L1 SPA, UNILU, 2011, Inédit.

    [9]

    L'autocensure est un phénomène qui frappe les médias. Les journalistes s'y recourent pour prendre distance face à certains événements dangereux pouvant leur coûter la vie ou quelques ennuis.

    Il convient de se poser les questions de savoir :

    Quel est le rôle de l'autocensure dans le traitement des informations politiques dans les pays en voie de développement ?

    Quelles sont les causes et les conséquences de l'autocensure ?

    0.3. HYPOTHESES

    Pour le dictionnaire électronique Le Robert, l'hypothèse peut être définie comme :4

    V' Proposition admise comme donnée d'un phénomène ou pour la démonstration d'un théorème ;

    V' Proposition admise provisoirement avant d'être soumise au contrôle de l'expérience ;

    V' Proposition résultante d'une observation et que l'on vérifie par déduction.

    L'hypothèse est définie aussi de différentes façons par beaucoup de scientifiques. C'est notamment par :

    YOGOLELO Tambwe pour qui : « c'est elle qui déclenche, guide et oriente la recherche au terme de laquelle elle est soit confirmée, soit infirmée ou rectifiée. C'est aussi une réponse provisoire donnée à la question que l'on se pose et que l'on veut résoudre. C'est un possible inventé ayant pour fonction de rendre le réel intelligible ».5

    Pour notre part, nous disons que l'hypothèse est une proposition de réponses aux questions que l'on se posé à propos de l'objet de la recherche.

    Face à la problématique soulevée par notre travail et en considérant la situation sous étude, nous pouvons donner quelques réponses provisoires et anticipées en disant que le rôle de l'autocensure dans le traitement des informations politiques est de permettre aux journalistes de vivre sans ennui judiciaire et de leur

    4 Dictionnaire électronique le Robert, Paris, 2009.

    5 YOGOLELO Tambwe Ya Kas. , De la critique historique, P.U.L., Lubumbashi, 2010, p. 35.

    [10]

    permettre de donner une bonne position aux hommes politiques ou à la tendance dont ils dépendant directement. Et à la base de cela, la pauvreté ou un salaire misérable ainsi que les journalistes non qualifiés. Comme conséquences, il y a manque du sens de responsabilité, de liberté d'expression, d'indépendance, d'équité, d'exactitude et d'honnêteté.

    0.4. ETAT DE LA QUESTION

    « Nous sommes des nains hissés sur les épaules des géants ; si nous voyons plus loin qu'eux, c'est grâce à eux ».6

    Notre travail s'ajoute à beaucoup d'autres qui ont été rédigés avant, notamment par :

    ? KITENGE Ilunga Annie qui a essayé d'évaluer la censure dans un journal, en particulier la censure de la presse privée en déterminant les différents facteurs qui entrent en jeu.7

    ? SANGO Singulia Sylvie donne les méfaits de la ligne éditoriale qui oriente souvent les informations selon l'engagement politique de la maison de presse laissant le public désinformé.8

    ? KAYOMBO Faïla Fanny qui a parlé des effets de la censure sur le public qui, pour ne pas consommer des informations montées de toutes pièces par les journalistes qui obéissent aux ordres hiérarchiques, se tourne vers les chaines étrangères pour s'informer des informer sur leur pays. Pour terminer, elle demande aux autorités du haut conseil des médias de réguler l'espace médiatique pour bien informer le peuple.9

    ? KAPONGO Tshimbumba Célestin qui a terminé par dire que la censure joue rôle à la fois positif et négatif dans le traitement de l'information. Positif lorsqu'elle est utilisée comme instrument de maintien de l'ordre public établi, surtout sur le plan culturel ; rôle négatif lorsqu'elle prend la forme d'un instrument de propagande consistant à supprimer certaines informations nécessaires à l'instauration de la démocratie.

    6 PIERRE De BLOIX cité par YOGOLELO Tambwe Ya K., De la critique historique, P.U.L., Lubumbashi, 2010, p. 2.

    7 Annie KITENGE Ilunga, Médias et liberté d'expression : application de la censure dans un journal privé, TFC, 2003-2004.

    8 Sylvie SANGO Singulia, la ligne éditoriale et les contraintes de l'objectivité, TFC, 2010-2011.

    9 Fanny KAYOMBO Faîla, La censure de l'information et son impact dans les milieux urbains, TFC, 2002-2003.

    [11]

    Le nôtre se démarque de ceux des autres dans le sens qu'il essaie de donner le rôle, l'impact de l'autocensure dans le traitement des informations politiques, lequel rôle consiste à orienter l'information politique selon les autorités pour éviter les ennuis.

    0.5. METHODE ET TECHNIQUES

    A. Méthode

    Le Robert illustré donne trois définitions au mot méthode :10

    V' Démarches raisonnées, suivies pour parvenir à un but ;

    V' En technique et en art, ce sont des principes ;

    V' C'est un moyen.

    Ce terme est défini de façons différentes par plusieurs chercheurs.

    Notamment :

    KILANGA Musinde, « la méthode est une démarche poursuivit pour atteindre des objectifs ».11

    Pour sa part, MPALA Mbabula définit la méthode comme étant : « ensemble de règles pour conduire raisonnablement nos pensées ».12

    Pour élaborer ce travail, nous allons ou avons utilisé l'herméneutique comme méthode de recherche qui consiste à lire, à comprendre et à interpréter les documents.

    Cette méthode nous servira à interpréter tout texte nécessitant une explication qui cadre avec notre sujet et plus particulièrement des textes liés à l'autocensure.

    10 Dictionnaire Le Robert, Paris, 2011.

    11 Julien KILANGA Musinde, Cours d'initiation à la recherche scientifique, G1SIC, UNILU, 2002-2003, Inédit.

    12 Louis MPALA M., Op. Cit., p.96.

    [12]

    B. Techniques

    Selon PINTO et GRAWITZ, les techniques de recherche sont des outils de collecte et de traitement des données dont se servent les chercheurs pour faire aboutir ses recherches.13

    A MPALA Louis d'ajouter,: « la technique est l'ensemble de procédés d'un art, d'une science, d'un métier ».14

    Quant aux techniques utilisées dans ce travail, nous avons recouru à :

    V' l'observation directe qui a consisté à suivre les émissions d'information

    politiques qui passent sur la radio et télévision Héritage ;

    V' l'observation indirecte grâce à laquelle nous avons suivi les informations
    politiques qui passent à la radio et télévision Héritage par le truchement ou le biais d'autres personnes ;

    V' la technique documentaire qui consiste à recourir aux archives pour pouvoir
    compléter sur les éléments que nous possédons.

    0.6. DELIMITATION DU SUJET

    Parler du rôle de l'autocensure dans le traitement des informations politiques dans un pays en voie de développement est un travail de longue haleine. Pour nous faciliter la tâche, nous l'avons délimité dans le temps et dans l'espace.

    C'est pour cela que nous avons travaillé sur la Radio et Télévision Héritage et sur les informations politiques diffusées de décembre 2014 à mars 2015.

    13 Cfr. PINTO et GRAWITZ cité par MULUMBATI Ngasha, Initiation à la recherche, UNILU, 2009-2010, p. 39.

    14 Louis MPALA M., Op. Cit, P.96.

    [13]

    0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL

    Notre travail comprend, en plus de l'introduction et de la conclusion

    générales, trois chapitres :

    ? Le premier chapitre donne les théories de l'information et de l'autocensure

    ainsi que la définition des concepts utilisés tout au n long de notre travail ;

    ? Le deuxième chapitre présente la maison de la presse sur laquelle nous avons
    travaillé qui est la radio et télévision Héritage ;

    ? Le troisième chapitre et dernier donne le rôle de l'autocensure dans le
    traitement des informations politiques dans un pays en voie de développement.

    [14]

    CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL

    1.1. CADRE THEORIQUE

    1.1.1. THEORIE D'AGENDA SETTING15

    Une des hypothèses les plus florissantes dans la recherche contemporaine sur les effets des médias est celle dite de l'agenda-setting ». La notion d'agenda-setting désigne un modèle qui établit une relation causale entre l'importance que les médias accordent à certains sujets {issues) et la perception qu'ont les consommateurs de nouvelles de l'importance de ces sujets. Les médias influencent l'ordre du jour des affaires publiques dans la mesure où le public ajuste sa perception de l'importance relative des sujets à l'importance que les médias leur accordent. La recherche classique en ce domaine consiste à comparer l'agenda des médias avec l'agenda du public pour tenter de dégager une relation de causalité entre les deux.

    En effet, l'idée que les médias parviennent dans une certaine mesure à dicter l'ordre des préoccupations des citoyens soulève plusieurs questions fondamentales : agenda-setting n'affecte-t-il pas aussi les jugements ou les attitudes des gens à l'égard des objets hiérarchisés par les médias ? Quelle est l'autonomie des médias dans l'établissement de leur propre agenda et quel est l'apport des sources d'information dans la définition de l'agenda des médias ? Comment se forme l'agenda des décideurs politiques ? Quelle est son influence sur l'agenda des médias et du public? Bref, comment s'exerce l'influence respective des décideurs, des médias et des citoyens dans le processus de formation de l'agenda des affaires publiques, et quelle est la mesure de cette influence? Ces questions, on le voit, couvrent plusieurs champs de recherche plus ou moins autonomes ; elles concernent à la fois la réception des messages et les effets cognitifs et normatifs des médias, les contenus des médias et leurs conditions de production, les pratiques des professionnels de la communication publique, les influences qui s'exercent sur les choix de priorités des décideurs, bref une foule d'objets de recherche qui renvoient à des problématiques, des cadres théoriques et des méthodes très variés. Pour donner une plus grande cohérence théorique à la recherche en communication politique, réputée « éclectique » et

    15 Cfr. Jean CHARRON, les médias et les sources : Les limites du modèle d'agenda-setting, Université Laval,Québec, 1993, p. 24-56.

    [15]

    « fragmentée », plusieurs auteurs (Weaver, 1987; Rogers et Dearing, 1988; Reese, 1991; Protess et McCombs, 1991 ; McCombs, 1992; Weiss, 1992; McCombs et Shaw, 1993) ont proposé au cours de ces dernières années de faire du modèle de Y agenda-setting un cadre conceptuel général pour l'étude de l'ensemble de ces phénomènes. On estime que ce modèle pourrait permettre d'aboutir à des propositions de portée plus générale sur le rôle des médias dans les processus de communication politique en suscitant une plus grande synergie des approches, nécessaire au progrès des connaissances. Cette extension pourrait conduire à une véritable sociologie des médias, c'est-à-dire à un cadre explicatif général, étayé par la recherche empirique, qui lie à la fois ce que déterminent les médias dans la société (les effets) et les déterminants sociaux des médias, comblant ainsi une des faiblesses majeures de la recherche sur les médias.

    Un des principaux champs d'étude visés par l'extension du modèle à agenda-setting est celui qui porte sur les relations entre les médias et les sources d'information, plus particulièrement les décideurs politiques. Selon Weaver (1987, p. 190-191), Il apparaît en effet que la transposition à l'étude des relations sources-médias d'un modèle élaboré à l'origine pour rendre compte des relations médias-public pose quelques problèmes de « traduction ». Par une critique des recherches empiriques qui, à partir du modèle agenda-setting, tentent de mesurer l'influence réciproque des journalistes et des sources politiques dans la production du contenu des médias, nous voulons souligner certaines limites théoriques et méthodologiques de cette approche. Le critère pour juger de la « performance » du modèle est le suivant : pour qu'une intégration de la recherche sur les relations entre les médias et les sources au modèle de l'agenda-setting soit profitable et souhaitable, il faut que ce modèle fournisse une approche et des concepts qui, à la fois, intègrent et dépassent ceux dont nous disposons déjà et qu'il suggère des méthodes d'investigation permettant de faire progresser les connaissances relatives à la constitution du discours public des sources et du discours journalistiques ou médiatiques, et aux interactions entre les deux discours.

    Le modèle de l'agenda-setting, une fois transposé aux relations sources-médias, laisse à penser que l'influence consiste pour la source à transférer des « thèmes » (issues) aux médias. L'idée d'une définition de l'agenda des médias par transfert apparaît peu

    [16]

    appropriée pour caractériser ce qui est susceptible de se passer entre des journalistes et des sources. Elle est la traduction, à propos des « effets » des sources sur les médias, du vieux modèle de l'aiguille hypodermique qui a longtemps servi à expliquer les effets des médias sur les publics.On notera d'abord que l'accès des sources au système de production et de diffusion de l'information et leur capacité d'agir sur la production de l'actualité politique n'ont rien d'automatique, même dans le cas des sources dites officielles ; ils sont le produit d'un « travail », d'une action stratégique qu'il faut analyser. Les études qui tentent de se dégager du « media-centrism » de la recherche sur les médias, pour étudier l'action des sources, font la lumière sur le « travail » que les sources officielles doivent consentir pour obtenir cet accès et prennent la mesure des contraintes que le système médiatique fait peser sur eux. Ces recherches aboutissent à des conclusions très nuancées sur l'influence respective des sources et des médias dans le processus de production de l'actualité et mènent au constat qu'il n'y a rien de moins approprié pour caractériser l'action des médias que l'image de la courroie de transmission. L'idée de transfert ramène la fonction journalistique à une fonction de sélection, c'est-à-dire à cette métaphore du journaliste « gatekeeper » qui laisse ou non « passer » l'agenda défini par la source. Or, on sait que la production de l'information médiatique implique bien davantage qu'une fonction de tri. Certes, le traitement de l'information suppose une série d'opérations dont certaines peuvent être, sur le plan formel, assimilées à des opérations de sélection comme le choix et la pondération des items. Par contre, la notion de sélection ne peut rendre compte des opérations de décodage/recodage, d'interprétation, de contextualisation, de structuration et d'intervention (enquêtes, opérations de suivi, etc.). Les études sur le fonctionnement des médias et les pratiques journalistiques nous enseignent que la nouvelle ne peut pas être conceptualisée comme un matériau prédéfini, produit à l'initiative de la source, et sur lequel le journaliste n'intervient pas autrement que par sélection. Les chercheurs en ce domaine s'accordent plutôt à dire que les nouvelles ne sont pas sélectionnées, mais construites, et que cette construction est l'oeuvre conjointe des journalistes et des sources. Conscients de cette limite du modèle, certains auteurs ont suggéré d'abandonner la notion d'agenda-setting au profit de la notion d'agenda-building, laquelle désigne un processus collectif d'élaboration d'un agenda impliquant une certaine réciprocité entre les médias, les décideurs et le public. Ce concept, mieux

    [17]

    adapté à son objet parce que moins mécaniste, moins unilatéral et moins déterministe, pose encore quelques difficultés.

    La notion de building est une correction de la notion de setting et, outre l'idée que l'agenda est « construit » à travers des relations réciproques, elle ne nous dit rien sur la manière dont les acteurs procèdent à cette construction. Les informations dont nous disposons là-dessus proviennent de recherches sur les médias et sur les pratiques journalistiques qui ont été menées indépendamment de la notion d'agenda-building. Bref, cette notion est une mise à jour du modèle de l'agenda-setting, mais ne constitue pas une avancée conceptuelle en ce qui concerne l'étude des relations entre les sources et les médias. Mais surtout, qu'il s'agisse de « setting » ou de « building », le modèle suppose un échange entre la source et la presse où chacun agit et réagit à l'action de l'autre en fonction de ses intérêts, ses valeurs, ses ressources et ses contraintes. La nouvelle serait en quelque sorte le produit de l'addition ou de la combinaison de l'apport de l'un et de l'autre; la source suggère un agenda que le journaliste éventuellement transforme. Ce modèle néglige de considérer l'éventualité -- la plus probable -- que l'action de l'un soit fonction de la

    réaction anticipée de l'autre. Quand la source adopte un discours et des
    thèmes en fonction des valeurs professionnelles et de la « sensibilité » des journalistes et en fonction des exigences techniques des médias, on devrait observer une forte corrélation entre l'agenda de la source et l'agenda de la presse. L'agenda de la source ayant été établi sur la base d'une prévision de la réaction de la presse, on peut dire que la source, parce qu'elle y tire avantage, a accepté de se soumettre aux préférences de la presse.16

    En d'autres termes, lorsqu'il y a conformité entre le discours de la source et le discours de la presse, c'est qu'il y a eu adéquation entre l'offre de la source et la demande des médias. Sur quelle base pourra-t-on déterminer que la source a exercé plus d'influence que la presse ou l'inverse? S'il y a eu ajustement mutuel par anticipation de l'un et de l'autre, on peut dire que l'action de la source et celle de la presse sont « mutuellement constituées ». La nouvelle n'est donc pas seulement le produit de la rencontre de deux logiques différentes et en partie

    16 Cfr. http://www.google.com/search/théorie de l'agenda setting-building/ (page consultée le 15 février 2015)

    [18]

    opposées (celle de la presse et celle de la source) ; chaque partie intègre, dans une certaine mesure, à sa propre logique celle de l'autre. Le chercheur est alors susceptible de faire face à un large éventail de situations qui échappent aux méthodes d'observation auxquelles ont recours les études sur l'agenda-setting (ou building) et dans lesquelles il est malaisé de départager l'influence respective des uns et des autres. Il n'est pas rare par exemple que les journalistes choisissent et sollicitent des sources (un expert, un témoin, un opposant) en fonction de leurs propres priorités, de sorte que ce qui peut apparaître comme une initiative d'une source à «porter» tel thème sur la place publique découle en fait de l'initiative d'un journaliste. Il n'est pas rare non plus qu'une source voulant mettre à l'ordre du jour une question qui l'intéresse entre en contact prioritairement avec un média ou un journaliste qui suit déjà la question de près ; le thème figure déjà à l'agenda « potentiel » du média ou du journaliste. Il arrive aussi que les journalistes (par leurs reportages, leurs questions et les pressions qu'ils exercent) parviennent à « forcer » l'agenda de la source et l'amènent à aborder des sujets qu'elle aurait préféré éviter. D'ailleurs, une part importante des efforts de communication publique des politiciens et des organisations politiques est consacrée à tenter de rectifier des structures interprétatives imposées par les journalistes eux-mêmes. La comparaison des agendas, comme technique de mesure de l'influence, apparaît peu appropriée pour rendre compte de ce genre de situations. 80 Les limites du modèle de « agenda-setting » La notion d'« agenda » La notion d'agenda fait aussi problème. L'agenda désigne la conscience de l'existence d'un objet et l'importance relative qu'on y accorde et se présente comme une liste hiérarchisée de sujets de préoccupation. Cette notion est une métaphore davantage qu'un concept scientifique. Employée pour désigner le contenu des nouvelles, elle occulte son objet davantage qu'elle ne l'éclairé ; elle escamote des dimensions fondamentales de l'information journalistique. Elle ne dit rien des codes et des rhétoriques médiatiques et politiques et rien non plus sur la substance des « messages ». La métaphore masque en fait les formes les plus significatives d'influence sur la définition de la réalité politique. Une première forme d'influence consiste à faire en sorte qu'un sujet soit débattu ; c'est la seule forme d'influence que la méthode de classement et de comparaison des agendas vise à mesurer. Une deuxième forme d'influence consiste à faire en sorte qu'un sujet ne soit pas débattu : ici la méthode classique de l'agenda-setting ne peut rien mesurer

    [19]

    puisqu'il n'y a rien à mesurer. Une troisième forme, plus déterminante, consiste à imposer une définition de la réalité à propos d'un objet. La méthode ne peut rien nous apprendre à ce propos tant que la substance des « messages » n'est pas prise en compte.

    Finalement, l'influence, peut-être la plus déterminante et sans doute la plus difficile à mesurer, consiste non pas dans l'imposition de sujets proprement dits, mais dans la définition des paramètres à l'intérieur desquels sont choisis les thèmes qui peuvent être débattus.

    Le modèle de l'agenda-setting, centré sur les effets cognitifs des médias plutôt que sur des changements d'attitudes, d'opinions ou de comportements induits par les médias, a semblé une approche et une méthodologie prometteuses pour contredire la thèse des effets limités. Tout se passe comme si les chercheurs, satisfaits d'avoir enfin mis le doigt sur un effet significatif et mesurable des médias, se sentaient par le fait même justifiés d'élargir la portée de leur modèle pour l'appliquer aux processus de production des contenus médiatiques. Mais en ce qui concerne l'état actuel de la recherche sur les relations sources-médias, la question est moins de savoir si des formes d'influence s'exercent entre les sources et la presse (ce dont personne ne doute), ni même d'en prendre une « mesure » (ce qui suppose qu'il y aurait quelque chose de systématique, de récurrent et donc de prévisible à mesurer et qui soit mesurable quantitativement -- ce dont on doute de plus en plus) que de comprendre dans sa complexité et sa contingence un phénomène crucial dans les processus de communication politique, c'est-à-dire comprendre les formes d'influence qui s'exercent et les manières dont concrètement elles s'exercent On peut résumer l'essentiel des observations de ces chercheurs de la façon suivante : certains reportages de certains médias, parfois influencés par certains décideurs à certaines conditions, peuvent parfois influencer l'agenda de certains publics et de certains décideurs à certaines conditions... Plus sérieusement, on fera remarquer que les premiers travaux de cette équipe s'inscrivaient résolument dans le cadre de l'agenda-setting en tentant d'identifier les facteurs de contingence qui influencent la relation de causalité entre l'agenda des sources, des décideurs et du public; les rapports plus récents -- bien qu'ils ne critiquent pas formellement le modèle initial -- prennent une bonne distance par rapport à ce modèle pour en arriver à suggérer une approche

    [20]

    fondée sur les notions de jeu et d'« écologie des nouvelles ». Les conclusions de ces travaux -- qui rejoignent celles de chercheurs qui, en dehors de la tradition de l'agenda-setting, se sont intéressés ces dernières années aux relations sources-médias nous éloignent d'un modèle formel pouvant servir de cadre théorique général pour l'étude des phénomènes dits d'« agenda-building », mais ils peuvent servir de point de départ pour un renouvellement de la recherche sur les médias et les sources. Des notions comme celle de « jeu » et d'« écologie des nouvelles », qui soulignent le caractère à la fois complexe et contingent de l'influence dans les processus de communication politique, nous invitent à aborder les actions des « joueurs » du point de vue de l'analyse stratégique. L'analyse stratégique -- telle qu'on l'entend ici -- n'a pas de prétention au statut de « théorie » ; c'est plutôt un ensemble de postulats de méthode qui suggère d'analyser les relations entre des sources et des médias dans différents champs sociaux comme des systèmes d'interactions complexes ; le but de l'analyse est de saisir, à travers la complexité et la contingence, la rationalité des comportements des acteurs dans le système.

    La sociologie des nouvelles nous apprend à ce propos que l'action des journalistes est le produit d'un ensemble complexe de facteurs ; elle est déterminée à la fois par des forces externes (les structures sociales, les valeurs et les idéologies ambiantes dans une société et les intérêts des « fournisseurs » des ressources informationnelles, financières et techniques) et « internes » (les structures du système médiatique, les modes de fonctionnement des médias en tant qu'organisation, les pratiques et la culture journalistiques). Et il est sans doute possible de dessiner une sorte de cartographie des facteurs qui, à différents niveaux de réalité, influencent l'action des journalistes et le contenu des nouvelles. Il faudrait pouvoir dresser pareil inventaire dans le cas des sources pour prendre une mesure de la complexité que suppose l'analyse des relations entre les médias et les sources ; mais il faut bien admettre qu'on sait fort peu de choses sur les déterminants de l'action des « sources » et sur cette action elle-même et que cette ignorance conduit à des diagnostics contestables sur l'influence respective des médias et des sources dans le jeu de la communication (notamment cette idée, encore très présente dans la littérature bien que formulée diversement, que la presse n'est finalement qu'une courroie de transmission). L'inventaire des ressources et des contraintes n'est qu'une étape de l'analyse. Il faut analyser en profondeur des jeux concrets pour comprendre

    [21]

    comment les acteurs cherchent à tirer leur épingle du jeu, quelle est leur marge de manoeuvre, comment ils l'utilisent et avec quels résultats. L'analyse stratégique, en elle-même, ne suffit pas. Pour dissiper aussi quelques malentendus à propos du rôle des médias dans la communication politique, il faut recourir à une approche historique pour faire la part des effets de structure et des effets de conjoncture. Le jeu et les règles de la communication politique ne sont pas statiques et la position des joueurs peut varier dans le temps. La prise en compte des changements historiques dans la structure du système médiatique, dans les pratiques journalistiques, dans les institutions, les moeurs et les valeurs politiques et dans la distribution des ressources entre les joueurs permettrait sans doute de relativiser certaines idées reçues. Les analyses comparatives sont aussi nécessaires pour éviter les généralisations abusives : les institutions et les cultures politico-médiatiques varient suffisamment d'un système politique à l'autre ou d'un pays à l'autre pour introduire des différences significatives 87 Jean Charron dans les relations entre la presse et les sources politiques. L'analyse comparative de différents champs d'intérêt (les « mondes » de la politique, du sport, des arts et spectacles, etc.) permettraient aussi de préciser les caractéristiques propres au jeu de la communication politique. L'avancement des connaissances sur les processus d'influence dans le jeu de la communication politique ne semble pas passer ni par une extension du modèle de l'agenda-setting, qui tente de réduire la complexité et la contingence en ramenant son objet à un ensemble limité de variables mesurables, ni par des hypothèses explicatives de type causal menant à des opérations de « mesure » de l'influence; une démarche d'analyse en profondeur de cas concrets, fondée sur des postulats qui reconnaissent la complexité et la contingence comme données fondamentales du problèmes, semble plus féconde

    Pour Dikanga, la théorie de la fonction d'agenda ou Agenda Setting attribue un rôle important au journaliste dans l'élaboration de la communication pour les acteurs sociaux. C'est le journaliste qui, à travers les médias, sélectionne et hiérarchise les sujets primordiaux dont doivent parler les acteurs sociaux. Le journaliste se trouve ainsi être le maître du jeu. Il pratique, de ce fait, un filtrage sévère dans le flot des faits portés à leur connaissance17. A ce propos, White les

    17 Cfr. Jean-Marie Dikanga Kazadi, cours de théories de communication, G3SIC, UNILU, 2014-2015, Inédit.

    18Cfr. Ibidem, p.24.

    [22]

    appelle les portiers de l'information (gatekeepers). Ainsi, l'effet le plus important de la communication de masse serait d'ordonner et d'organiser le monde à notre place.

    Rogers et Dearing renseignent que les cherches (sic) sur le processus de construction de l'agenda se sont orientées selon trois axes :

    V' Premier axe : la mise en agenda de l'opinion publique ; les médias

    sélectionnent les sujets dont l'importance est, selon eux avérée aux yeux de l'opinion publique et capable de l'influence ;

    V' Deuxième axe : la mise en agenda des politiques publiques. L'ordre
    d'importance des problèmes de la cité est défini par les élites politiques et par les élus ;

    V' Troisième axe : la mise en agenda des médias eux-mêmes. Il s'agit à ce stade de
    l'analyse des processus en amont ayant présidé à la construction de l'agenda médiatique.

    Ces processus peuvent être les mécanismes de définition, de sélection et d'emphase médiatique mis sur les enjeux ; la prise en compte du contexte socio-politique dans le choix des enjeux, etc.

    1.1.2. THEORIE DE DEUX ETAGES18

    Cette théorie stipule que le contenu des médias arrive à l'audience relayée par les membres du groupe les plus exposés aux mass-médias. Ce flux communicationnel en deux temps suppose qu'il existerait des leaders d'opinion qui sélectionneraient et filtreraient les messages diffusés par les médias. Ils joueraient ainsi le rôle de médiateurs entre les médias et la masse d'individus composant les publics.

    Dans la théorie de deux étages, Lazarsfeld et Katz estiment que dans le processus de communication :

    ? Il y a au premier palier, des personnes relativement bien informées étant

    donné qu'elles sont directement exposées aux médias ;

    ? Il y a, au second palier, des personnes des autres pour obtenir l'information.

    [23]

    La communication à double étage19

    Dans les années cinquante, les sociologues américains Paul Lazarsfeld et Elihu Katz remettent en cause l'influence directe des médias sur le comportement du public. Selon eux, les comportements sont davantage influencés par des relais qui disposent d'un pouvoir de persuasion important; relais qui font souvent partie d'un entourage proche, familial ou professionnel et qui disposent d'une notoriété ou d'une expertise reconnue. Dans leur ouvrage "Influence personnelle" (1955), Lazarsfeld et Katz développent donc la théorie d'une communication à deux étages dans laquelle le message diffusé toucherait donc la cible par l'intermédiaire d'un relais baptisé relais d'opinion ou leader d'opinion. Selon cette théorie, le message est d'abord classiquement diffusé par un média mais s'il touche directement une grande partie de sa cible, seules quelques personnes - les leaders d'opinion - le perçoivent correctement et l'assimilent. Public et le guide dans ses comportements. Par définition, le leader d'opinion est donc une personne qui, par sa notoriété, son expertise ou son activité sociale intensive, exerce une influence sur son entourage et/ou qui échange des informations orales sur des produits ou des marques.

    Le leader d'opinion ne présente pas un profil-type mais répond à plusieurs caractéristiques inaliénables :

    ? il dispose d'une expertise perçue par ses publics qui lui permet de se positionner comme une référence;

    ? il fait preuve d'empathie c'est à dire qu'il comprend les attentes ou les besoins de ces publics;

    ? il fait aussi preuve d'une grande sociabilité;

    ? il est curieux par nature, cherche en permanence à s'informer;

    ? il ne doit pas être perçu comme un agent commercial à la solde d'une entreprise;

    Avec leur théorie de communication à double étages (two-step flow of communication), Lazarsfeld et Katz remettent en cause l'idée communément admise

    19 Cfr. http://www.mozila/cf.com/search/théorie de deux étages/ (page consultée le 27 mars 2015)

    [24]

    alors du pouvoir des médias pour une vision qui minimise le rôle de ces médias (théorie des médias faibles) au profit des leaders d'opinion. Les leaders d'opinion ont, par nature, un niveau d'implication plus élevé, sont plus curieux et plus expressifs. Cela leur confère une autorité, une position dominante, qui est percue par ceux qui sont en recherche d'influence comme une source d'information fiable.

    Le rôle des leaders d'opinion s'est fortement développé à partir des années soixante notamment dans le secteur des relations publiques, avec l'explosion du marketing et de la publicité. En fait, dans la masse d'informations se perd l'essence d'une information précise.

    La saturation de l'information - qu'elle soit factuelle ou publicitaire - a largement contribué à l'essor des leaders d'opinions et a défini leur rôle dans le processus de communication. Le leader d'opinion, ou influenceur, est devenu une sorte de "chef de tribu" qui diffuse de l'information à ses publics afin de leur permettre de poser des choix, prendre des décisions. En termes de marketing, on devine l'importance de ce relais !

    Aujourd'hui, une majorité de personnes (chez les moins de trente ans cette majorité est même très importante) déclarent effectivement être influencée par les conseils ou avis de certains de leurs proches avant de poser un acte d'achat. Les leaders d'opinion jouent donc une double-rôle fondamental : auprès de l'entreprise, un rôle d'information/ conseil du grand public; auprès du grand public, un rôle d'expert ou de conseiller en information.

    Avec l'avènement du web social - dit 2.0 -, la notion de leader d'opinion s'est encore fortement amplifiée. Les influenceurs jouent plus que jamais le rôle de bâtisseur de notoriété d'une marque, d'un produit ou d'une institution sur le net. Ce travail se fait sur les médias sociaux (réseaux, blogs, forums...) où chacun peut devenir l'influenceur des personnes de sa sphère.

    Aujourd'hui la e-réputation est un enjeu stratégique de l'entreprise, de plus en plus d'entreprises cherchent à identifier des e-influenceurs, à évaluer leur influence réelle (via la qualité des contenus qu'ils diffusent et l'audience qu'ils génèrent) afin de les fédérer autour de leur produit. Identifier les leaders d'opinion est donc devenu fondamental en matière de communication et de marketing.

    [25]

    En effet, ces influenceurs majeurs permettent de définir des cibles plus précises et de les atteindre. Le mass-media a fait place à une communication davantage ciblée, une communication en deux niveaux qui touche en premier lieu les leaders d'opinion qui la relayeront vers leurs différents publics. C'est bien le processus qu'ont développé Lazarsfeld et Katz dans les années '50. Les leaders d'opinion deviennent des acteurs incontournables du processus de communication, mais il est primordial de garder à l'esprit qu'il n'existe pas un "influenceur universel" - dommage diront certains ! - mais bien des influenceurs spécialisés dans différents domaines avec des publics différents. Il s'agit donc de communiquer vers plusieurs leaders d'opinion et pas se contenter d'un seul...

    On comprend ici que cette théorie peut se comparer à la théorie de la censure par le fait que les gens qui sont exposés aux médias sélectionneraient des informations à donner à la population.

    1.1.3. THEORIE DE LA CENSURE20

    Nous avons préféré parler de la théorie de la censure à la place da l'autocensure parce que c'est la censure qui a créé l'autocensure.

    Lorsqu'on aborde la notion de la censure dans l'histoire même du terme, à travers ses pratiques dans la culture occidentale ainsi qu'à travers les théorisations que les sciences en ont fait, on est frappé par le caractère à la fois bénéfique et inévitable de la censure d'une part, par les conséquences désastreuses qu'elle peut entrainer de l'autre.

    Le terme censure (du latin censura) recouvre comme tout comme « censeur » (censor), un sens administratif et un sens figuré. Les fonctionnaires romains désignés comme censeurs étaient chargés de contrôler les bénéfices et les pertes des citoyens, lais veillaient également sur les moeurs et l'éducation des enfants.

    En tant que peine ecclésiastique, la censure consistait en effet en l'action de reprendre, de critiquer les paroles, les actions des autres.

    L'histoire de la censure en occident apparait donc d'emblée liée aux régimes politiques des Etats et aux pouvoirs religieux en place.

    20Cfr. http://www.google.com/search/théorie de la censure/ (page consultée le 3 février 2015)

    [26]

    Or la censure s'est déclinée bien avant l'antiquité à travers des interdits bibliques, consignés dans le livre de Lévitique dès le VIème siècle avant Jésus Christ et visant à protéger les fidèles dans une période de troubles politiques et à rebâtir une solidarité.

    Synonyme d'interdit et de blâme, le censure s'installe ainsi depuis la nuit de notre judéo-chrétienne comme un facteur d'ordre et de stabilité sociale.

    Après avoir condamné Anaxagore et Protagoras pour délit d'opinions, la Grèce antique oblige Socrate à se donner la mort en raison de son indépendance d'esprit jugée dangereuse pour la société athénienne de son temps (IVème siècle avant Jésus Christ). Et Platon, dans « la République » prône la censure de la poésie - lieu de mensonges- et des poètes -faiseurs de fables - « qui donnent de mauvais exemples aux jeunes. On ne gardera que la poésie qui imitera le bien ».

    C'est avec Constantin Ier le Grand que le régime de la censure religieuse s'installe dans l'Empire Romain, renforcé ensuite par Théodose Ier et, surtout, par l'instauration de l'inquisition, à partir du XIIIe siècle de notre ère.

    Les temps modernes verront dans la censure non plus un moyen de protéger l'ordre social et les bonnes moeurs, mais essentiellement un phénomène de répression donc négatif : L'aliénation des libertés de tous les ordres et l'instrument - l'excroissance monstrueuse - des régimes politiques totalitaires susceptibles d'entrainer les pires abus.

    Précédant de peu la réforme protestante et la naissance de premiers états-nations, l'invention de l'imprimerie avait permis une plus large diffusion des textes écrits et partant, des idées potentiellement dangereuses pour les régimes politiques en place comme pour les intérêts de l'église.

    La censure de la presse, des oeuvres littéraires et des arts en général, sera vécue alors comme une usurpation de la liberté d'expression contre laquelle les démocraties contemporaines ne cesseront de combattre.

    Du contrôle de la parole écrite à celui de la parole dite, et à celui du corps (dans les arts du spectacle, notamment), la censure des productions esthétiques se traduit aujourd'hui également à travers le contrôle des médias et de la publicité.

    [27]

    Depuis les événements du 11 septembre 2001, l'actualité foisonne de phénomènes de la censure et de l'autocensure dans les manifestations culturelles (représentations théâtrales supprimées, des fêtes populaires amputées de tout élément susceptible d'engendrer des réactions de violence publique ...).

    Mais il y a pire, car le blâme et l'interdit peuvent pénétrer le domaine du privé, engendrer des processus de censure et d'autocensure, de « nouvelles machines de l'âme » (Kristeva, 1993) et des troubles de l'identité - les paradigmes du sexe et du genre n'ont pas fini d'être explorés.

    Or, parallèlement aux combats qu'elle suscite - autant de la part des censeurs que celle des censurés -, la censure - l'interdit, la loi - entraine immanquablement la transgression : en dressent scrupuleusement l'inventaire des péchés, la bible étale par la même occasion la panoplie de nos tentations et de nos désirs. Du meurtre aux pratiques sexuelles non conformes au principe de la reproduction de l'espèce, de l'être humain ne cesse d'enfreindre les codes socioculturels, de créer le désordre, de frôler le chaos.

    Les sciences humaines et sociales (anthropologie, sociologie, psychanalyse...) se sont depuis toujours intéressées aux processus de censure et de transgression de la loi. Repérable à travers de multiples pratiques, la notion de la censure est au coeur de la théorie freudienne de l'interprétation des rêves et par les mécanismes même qu'elle exploite (condensation, déplacement, symbolisation), elle sous-entend l'activité langagière du sujet parlant. Dans la mesure où tous les savoirs humains - toutes les pensées, toute la mémoire - passent par le langage, la censure comme les divers phénomènes de multiplication et de clichage se situent à la base des processus de transmission.

    [28]

    1.2. CADRE CONCEPTUEL

    1.2.1. DE L'EVENEMENT A L'INFORMATION21

    A chaque instant, il existe plusieurs évènements qui se passent dans la société : mariage, naissance, divorce, maladie, manifestation des étudiants, des accidents de circulation, le décès etc. lorsque le journaliste des décide de descendre sur le terrain pour collecter ces faits ou évènements, ces derniers deviennent des nouvelles lorsqu'ils sont traités et mis en forme et diffusés, les nouvelles deviennent des informations.

    1.2.2. INFORMATION

    1.2.2.1. Définition

    Selon Le Larousse Illustré, l'information se définit comme :22

    ? Elément de connaissance susceptible d'être codé pour être conservé, traité ou

    communiqué ;

    ? Emission de radio ou de télévision qui donne les nouvelles du jour ;

    ? Renseignement sur quelqu'un ou sur quelque chose.

    Le mot information est définit de différentes manières par beaucoup de chercheurs. C'est notamment :

    Le BOHEC Jacques pour qui l'information signifie :23

    ? Nouvelle traitée par un journaliste,

    ? Expression désignant la prise en compte du web dans la situation d'un

    nouveau journalisme.

    Pour LAMIZET Bernard et SILEM, « l'information est tout ce qui est lié à la société, à l'homme et qui peut faire l'objet d'une diffusion ».24

    A MANIER d'ajouter, « l'information complète est celle qui a été collectée, vérifiée, recoupée et diffusée ».25

    21 Cfr. Jean-Marie KIKANGA K., cours de méthodologie générale de l'information, G1SCI, UNILU, 2013, Inédit.

    22 Dictionnaire Le Larousse, Paris, 2011.

    23 Cfr. Jacques LE BOHEC, dictionnaire du journalisme et des médias, Paris.

    24 Bernard LAMIZET et SILEM cités par DIKANGA K., Op. Cit.

    [29]

    Pour sa part, BERTRAND Claude-Jean, définit l'information comme étant : « le renseignement ou ensemble de renseignements concernant quelqu'un ou quelque chose, et susceptible d'être porté à la connaissance d'une personne ou de plusieurs personnes, rassemblées en un même lieu ou dispersées et sans relations les unes avec les autres ».26

    Pour terminer, BALLE Francis dit, « le mot information désigne une tout autre réalité s'il est précédé de l'article défini. L'information concerne alors cette institution singulière, avec ses techniques, ses professionnels et ses disciplines, née avec les journaux quotidiens, au XIXe siècle, sur la vague de la révolution industrielle et des libertés, politiques et personnelles.27

    1.2.2.2. Origine du mot

    Pour DIKANGA K., la notion d'information vient du latin « informare » qui signifie « façonné, donner forme à », et de « informatio » qui veut dire « dessin, esquisse, idée, conception ».28

    Pour lui, au XIIIe Siècle, la notion d'information prend une coloration policière dans le sens d'enquête criminelle ayant pour but de constituer la preuve d'une infraction.

    Au XIVe Siècle, l'information devient un renseignement donné par quelqu'un. Ensuite au XVI e siècle, l'information devient l'ensemble de connaissances sur un sujet donné.

    Enfin, au XIXe siècle, avec le développement de la presse à grand tirage, l'information désigne la connaissance destinée à un public.

    Pour notre part, nous retenons l'histoire de l'information proposée par Balle F., comme suit :29

    Avec la multiplicité et la diversité des médias, à la fin du XIXe siècle, l'information désignera davantage encore, au moins pour les économistes, depuis

    25 Paul Stéphane MANIER cité par DIKANGA K., Op. Cit.

    26 Claude-jean BERTRAND, La déontologie des médias, Paris, éd. P.U.F., 1997, p. 5-7.

    27 Francis BALLE, Dictionnaire des Médias, Paris.

    28 Cfr. Jean-Marie DIKANGA K., Cours de théorie de communication, G1SIC, UNILU, 2015, Inédit.

    29 Cfr. Francis BALLE, Op. Cit,

    [30]

    FRITZ MACHLUP (1962) et MARCU PORAT (1977) : non seulement les nouvelles portant sur l'actualité (news), les données concernant les activités économiques, financières ou sociales (data), mais aussi les ouvres divertissantes (les jeux, l'audiovisuel, l'Entertainment), le savoir en général, les connaissances (knowlegje), ou bien encore les ouvres de fiction (les films, les téléfilms, les feuilletons).

    Pour ces définitions, chacune donne lieu à des interprétations ou à des représentations dont la visée et la signification sont très différentes.

    Pour la première acception du mot information, elle ouvre la voie à la théorie de l'information formulée en 1947 par Claude SHANNON et Waren WEAVER : à la manière des ingénieurs du téléphone, elle se propose (...).

    Pour la deuxième acception, elle met l'accent sur les institutions auxquelles les journaux du XIXe siècle ont donné naissance : le journalisme, avec ses métiers, ses disciplines, ses spécialités ; les médias, lorsqu'ils se consacrent à l'actualité plutôt qu'à la fiction qu'à divertir ou à éduquer ; enfin, les relations des organes d'information et des journalistes, avec, d'un côté, leurs « sources », qui cherchent à les instrumentaliser, et de l'autre, leurs différents publics, aux attentes et aux curiosités desquels ils doivent être attentifs. L'information, en ce sens, est définie par rapport aux simples renseignements et par rapport à la connaissance.

    La troisième et dernière acception est celle que l'on retient quand on évoque, à la suite d'Algore (1992), les autoroutes de l'information, ses réseaux et services.

    1.2.2.3. Caractéristiques d'une information30

    A. L'actualité

    L'information est une marchandise périssable. L'information à diffuser doit être actuelle et fraiche. Une information datant de plusieurs jours n'est plus intéressante.

    30 Cfr. Jean-Marie DIKANGA KAZADI, Cours de méthodologie de l'information, G1SIC, UNILU, 2013, Inédit.

    [31]

    B. L'objectivité

    Le journaliste doit donner une information sans que l'on sente sa couleur, son opinion et avec précision. Cette précision doit être observée aussi bien par rapport aux noms, aux heures, aux évènements etc.

    C. L'équilibre

    Le journaliste ne doit pas avoir des penchants dans le traitement d'une

    information.

    Pour les informations qui mettent deux ou plusieurs personnes, il doit insérer la version de tous les protagonistes de l'évènement afin d'être neutre.

    1.2.3. TRAITEMENT DE L'INFORMATION

    1.2.3.1. Définition

    Selon BALLE F., « le traitement de l'information est l'ensemble des procédures mises en oeuvres pour passer des informations « bruites », reçus de différentes sources, à la production de textes, illustrés ou non, prenant des formes rédactionnelles variées et remplissant les colonnes des journaux, et périodiques, ou les séquences d'information des chaines de radio et télévision ».31

    Pour DIKANGA K., le traitement de l'information est la mise en forme d'un évènement ayant pour but de le transformer en information susceptible d'être consommée par le public.32

    1.2.3.2. Critères de sélection d'une information33

    1.2.3.2.1. La loi de proximité

    Selon ce critère, une information qui est proche de nous sur le plan spatio-temporel nous intéresse plus que celle qui est loin de nous. Selon ce critère, on doit accorder beaucoup plus d'importance du jour et du milieu où l'on vit.

    31 Francis BALLE, Lexiques d'information communication, Paris, 2006, p. 448.

    32 Cfr. Jean-Marie DIKANGA KAZADI, Op. Cit., 2013.

    33 Ibidem.

    [32]

    1.2.3.2.2. L'importance

    C'est un critère qui consiste à accorder de l'importance à une information qui se passe loin de nous aussi bien sur le plan spatial que temporel, mais qui peut avoir les conséquences sur notre milieu.

    1.2.3.2.3. La notoriété ou célébrité

    Les informations qui concernent les autorités, les vedettes ou les stars sont plus intéressantes que celles qui concernent le commun des mortels.

    1.2.3.2.4. L'insolite

    Pour ce critère, le journaliste traite des informations extraordinaires, qui surprennent et qui parfois font rire.

    1.2.3.2.5. Le conflit

    Par ce critère, le journaliste traite les évènements qui peuvent donner lieu à un conflit qui est soit religieux ou politique.

    De ce fait, les journalistes sont souvent considérés comme friands de conflits.

    1.2.3.2.6. Le sexe

    A ce niveau, le journaliste traite les informations qui cadrent avec le sexe. Ce critère dépend surtout des cultures.

    1.2.3.2.7. La ligne éditoriale

    Elle est définie comme étant l'engagement d'une maison de presse sur les plans politique et religieux. Ce critère est une sorte d'autocensure.

    1.2.4. ROLE

    Le Larousse illustré donne plusieurs acceptions au mot rôle. Dans notre travail, nous disons que, c'est l'ensemble du texte, des actions correspondant à un personnage donné, dans une pièce de théâtre, un film ; c'est le type de personnages, au théâtre, au cinéma ; c'est l'emploi, la fonction, l'influence exercés sur quelqu'un ;

    [33]

    c'est une fonction d'un élément dans un ensemble ; et c'est l'ensemble des comportements associés à une place, à un statut social.34

    Pour notre part, nous définissons le rôle comme étant l'impact d'un élément sur l'attitude de l'ensemble des éléments.

    1.2.5. CENSURE

    1.2.5.1. Définition

    Le Robert illustré définit la censure de façons différentes. Primo, c'est l'action de censurer, d'interdire tout ou une partie d'une communication quelconque ; Secundo, c'est la sanction prononcée contre un officier ministériel, un parlementaire ; tertio, c'est une sanction pénale (excommunication, suspense, interdit) prise à l'encontre d'un chrétien pour l'amener à reconnaitre sa faute.35

    Pour BALLE F., la censure « est une opération consistant à supprimer, avant sa publication, dans un livre ou un journal, une opinion, une idée, le récit d'un évènement ou la révélation d'un fait ».36

    Pour sa part, le centre catholique des intellectuels français définit la censure comme étant « un régime de contrôle préalable ».37

    HUGO Victor définit la censure en ces termes : « la censure présente dans notre culture démocratique un visage inquiétant, celui de l'autorité dan ce qu'elle peut avoir de plus arbitraire et de plus oppressif, le visage répugnant de cette chienne au front bas qui suit tous les pouvoirs, avec son haleine immonde et ses ongles noirs ».38

    34 Dictionnaire Larousse, Paris, 2O11.

    35 Dictionnaire Le Robert, Paris, 2012.

    36 Francis BALLE, Op.cit., éd. Dalloz, Paris, 2006.

    37 Centre catholique des intellectuels français, Censure et liberté d'expression, Desclée de Brouwer, Paris, 1970, p. 5.

    38 Victor HUGO cité par Centre Catholique des Intellectuels Français, Censure et liberté d'expression, Desclée de Brouwer, 1970, p. 5.

    [34]

    Selon BOURDIEU, « la censure c'est moins l'interdiction de dire que l'obligation de dire ».39

    BERNARD Noël parle de la censure en ce terme : « la censure bâillonne, elle réduit au silence, mais elle ne violente pas la langue. Seul l'abus de langage, la violence en le dénaturant. Le pouvoir bourgeois fonde son libéralisme sur l'absence de censure, mais il a constamment recours à l'abus de langage. La tolérance est le masque d'une violence autrement oppressive et efficace.

    L'abus de langage a un double effet : il sauve l'apparence et même en renforce le paraître et il déplace si loin le lieu qu'on ne l'aperçoit plus. Autrement dit, un pouvoir non contraignant, un pouvoir « humain », et son discours officiel qui étalonne la valeur des mots, les vide, en fait de sens -d'où une inflation verbale, qui ruine la communication à l'intérieur de la collectivité et par là même la censure. Peut- être, pour exprimer ce second effet, il faudrait créer le mot sensure, par rapport à l'autre, indiquerait la privation de sens et non la privation de parole. La privation de sens est la forme la plus subtile du lavage du cerveau, car elle s'opère à l'insu de sa victime. Et le culte de l'information raffine encore cette privation en ayant l'air de nous gaver de savoir.

    Ce processus fait partie de la paupérisation actuelle - une forme de paupérisation, elle aussi très subtile qu'elle consiste à donner une aisance qu'elle supprime en créant sans cesse des besoins qui maintiennent l'aliénation, mais en lui ôtant son caractère douloureux ».40

    Pour notre part, la censure c'est « la suppression, l'interdiction, la prohibition, la coupure et la rétention de l'information, l'autorité estimant qu'un attribut fort de sa puissance consiste à contrôler l'expression et la communication de ceux qui sont sous sa tutelle ».41

    39 Pierre BOURDIEU cité par Centre Catholique des Intellectuels Français, Censure et liberté d'expression, Desclée de Brouwer, 1970, p. 6.

    40 Bernard NOEL, cité par Centre Catholique des Intellectuels Français, Censure et liberté d'expression, Desclée de Brouwer, 1970.

    41 MUKAMBA Longesha, Cours d'histoire générale de l'information, G1SIC, UNILU, 2010-2011, Inédit.

    [35]

    1.2.5.1. Types de censure

    Il existe trois types de censure : l'autocensure, l'effet paravent et la censure journaliste.42

    A. L'autocensure

    C'est la censure qui consiste au fait que le journaliste supprime tout ou une partie de l'information, le plus souvent en se référant à la ligne éditoriale de la maison dans laquelle il travaille. Elle se pratique le plus souvent dans les pays du tiers-monde, non démocratiques.

    B. L'effet paravent

    C'est une forme de censure selon laquelle le journaliste donne un évènement qui cache un autre ou une information qui cache une autre. Elle se pratique aussi dans les pays du tiers-monde ou sous-développés que dans les pays nantis ou développés.

    C. La censure journalistique

    C'est une censure qui se fait entre les journalistes eux-mêmes. Elle consiste, pour tout journaliste qui veut faire normalement carrière dans le métier, à ne pas critiquer les critiques critiquables de ses confrères.

    1.2.6. VOIE

    Le dictionnaire électronique Encarta donne plusieurs définitions au mot voie, et dans le cadre de notre recherche, nous en retenons que c'est un chemin, une route par où l'on va, d'un lieu à un autre ; c'est aussi un chemin matérialisé par deux rails parallèles ; c'est un espace qui sépare les deux roues d'un même essieu d'un véhicule ; ce sont des conduits que présentent certains organes ; c'est un moyen dont on se sert ; et ce sont les commandements de Dieu, ses lois.43

    42 Cfr. MUKAMBA Longesha, Cours d'histoire générale de l'information, G1SIC, UNILU, 2010-2011, Inédit.

    43 Dictionnaire Encarta, 2011.

    [36]

    1.2.7. DEVELOPPEMENT

    Ce terme est définit comme suit c'est une action de développer, de se développer ou résultat de cette action, au propre et au figuré ; En économie, c'est une croissance économique ; c'est une exposition plus ou moins détaillée, par opposition aux vues, aux conséquences générales ; c'est une figure de carton ou de papier dont les parties, étant pliées et rejointes, composent la surface d'un solide ; et en mécanique, c'est le nombre de mètres qu'une bicyclette parcourt sur un coup de pédale.44

    44 Cfr. Dictionnaire le Robert, Paris, 2012.

    [37]

    CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DE LA RADIO ET TELEVISION

    HERITAGE

    2.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE

    La radio et télévision Héritage est une chaine située dans la ville de Lubumbashi, commune Kapemba, au quartier Hewa bora au numéro 3540. Cette chaine communautaire à moralité Chrétienne appartient à l'association sans but lucratif NABII Samuel House.

    Elle est limitée :

    V' Au nord par l'avenue Podomètre,

    V' Au sud par l'avenue NYEMBO,

    V' A l'Est par l'aéroport international de la Luano et

    V' A l'ouest par le quartier CRAA.

    2.2. APERCU HISTORIQUE

    Le signal de la radio et télévision Héritage a été lancée un certain 01 avril 2014 sous l'initiative de monsieur David NGALAMULUME qui est le directeur technique et cette chaine a comme directeur général Josué MUYUMBA NGANGE et monsieur KALENGE YA MUKENA NYATUMBI comme directeur des programmes. Enfin, la maintenance est tenue par monsieur Maurice MUKENDI.

    2.3. OBJECTIF DE LA RT HERITAGE

    La radio et télévision Héritage a pour objectif principal de faire valoir et faire découvrir les richesses du Congo dans toutes ses diversités afin de pousser les filles et fils de la République Démocratique du Congo à aimer leur chère et beau pays.

    Cette maison de presse remplie, comme toute chaine, aussi la mission des médias qui est celle d'informer, de former ou d'éduquer et de divertir le public. Etant implantée dans la province du Katanga, la Radio et Télévision Héritage a aussi un deuxième objectif qui est celui de promouvoir la culture katangaise et aussi la promotion des musiciens.

    Cette maison de presse est constituée aussi du corps personnel et du support matériel.

    [38]

    2.4. ORGANISATION DES SERVICES

    La radio et télévision Héritage a, à son sein, plusieurs services dans lesquels nous pouvons citer le service technique, le secrétariat, le service de montage, etc.

    2.4.1. Le secrétariat

    Il s'occupe de toutes les activités de la Radio et Télévision Héritage, c'est notamment la réception et l'orientation des visiteurs, l'enregistrement et l'explication des documents.

    Outre cela, le secrétaire est chargé de créer les documents administratifs, accueillir aussi les personnels adhérents et les collaborateurs ainsi que de rendre compte au directeur de la station.

    2.4.2. Le service de montage

    Ce service a deux salles de montage qui sont constituées des ordinateurs Windows et Mackintosh, des caméras pour la capture Vidéo et pour le montage Vidéo. La deuxième salle a les matériels de montage radio tels que le mixeur audio, les micros, les câbles...

    2.4.3. Le service des programmes

    C'est un service qui s'occupe de la programmation de la grille des programmes et on trouve à la Radio et télévision Héritage deux services des programmes. Un pour la radio et l'autre pour la télévision.

    Ces services regroupent le journal parlé et le journal télévisé, plus l'animation et la production des émissions. Enfin, ils veillent à ce que les programmes élaborés soient exécutés et s'occupent également de censurer des informations qui ne respectent par la ligne éditoriale de la maison de presse.

    Mis à part ces services, la Radio et télévision Héritage fonctionne avec deux différentes directions et services qui ont des objectifs précis et qui sont chapotées par un responsable.

    [39]

    ? Le personnel : comme critère de recrutement, à la R.T. Héritage, il s'effectue

    par le fait d'être d'une personnalité digne et d'avoir une compétence intellectuelle dans presque tous les domaines.

    ? Le support matériel : nous trouvons à la radio et télévision Héritage un
    bâtiment constitué de différentes salles comme pour l'administration, pour la régie radio, pour le secrétariat, pour le plateau, pour le muni-plateau, pour la rédaction, pour le montage...

    [40]

    2.5. ORGANIGRAMME

    DIRECTION GENERALE

    SECRETARIAT

    DIREC. DES PROGRA

    DIREC. COMMERC

    DIREC. DES INFOS

    DIREC.

    TECHNIQUES

    DIREC. DES RESSOU

    SERVICE SUIV

    SERV. ANIM

    SERV. AGENT/COLLAB

    SERV. ANTEN

    SERV CAM/R

    SERV. MONTE

    SER. PROTEC.

     

    SER. AGENT/M

    REDAC. EN CHEF

    SECRET REDACTION

    JOURNALISTES

    [41]

    CHAPITRE TROISIEME : L'AUTOCENSURE A HERITAGE RADIO ET

    TELEVISION

    3.1. CONTEXTE SOCIOLOGIQUE DE LA CREATION DES MEDIAS AU KATANGA

    A. DANS LE TEMPS

    Pour faire une digression, disons tout de suite que les medias du Katanga, au passé aussi prestigieux que celui de son éternelle rivale de Kinshasa, présente aujourd'hui dans son ensemble un visage plutôt affligeant. Nos chevaliers de la plume ne nous offrent souvent en pâture intellectuelle, qu'une bien maigre pitance.45

    C'est vers la fin de la décennie 1960 que le rédacteur en chef du Journal « Uhaki-Vérité » qu'il était sollicité par le directeur Provincial de l'information, pour effectuer une enquête sur la presse paraissant au Katanga depuis ses débuts.

    Après voir longtemps hésité et fort sentiment qu'il fallait donner la même information à tout le monde, et surtout par souci de pérenniser celle-ci, j'ai décidé de mettre par écrit ce que je savais à propos de la presse audiovisuelle au Katanga toutes tendances confondues.

    Quant à l'audiovisuel46, les premières émissions de radiodiffusion de la station provinciale du Katanga ont commencé le 30 mai 1955. La station s'identifiait alors sous l'appellation de Radio Congo Belge et ses programmes ne dépassaient pas six heures d'émission par jour. Ils consistaient essentiellement en un bulletin d'information en langues française qui était traduit à l'intention de populations autochtones dans les dialectes suivants : swahili, Chibemba, Liluba, et Lunda.

    Venaient ensuite les courriers et messages des auditeurs, les disques demandés et les nouveautés de disques ; les émissions commençaient à 17 heures et se terminaient en fin de soirée.

    Etant donné le faible pouvoir d'achat de congolais, rares étaient ceux qui pouvaient acquérir un poste récepteur radio, aussi l'administration coloniale

    45 Mulenga KONSO, Panorama de la presse du Katanga, éd. Médiaspaul, Lubumbashi, 2007, p. 5. 46Ibidem, p. 15-16, 22.

    [42]

    avait-elle placé à des coins de rues de quartiers africains des publics-adresse pour garantir à Radio Congo Belge une large audience auprès des congolais.

    Pour en arriver à ces résultats, les promoteurs de cette oeuvre avaient dû transformer une maison d'habitation située au coin des avenues Léopold II (actuelle Kasa-vubu) et Delvaux (actuelle Sandoa) en studio de radiodiffusion. Le procédé utilisé était le suivant :

    ? Studio de radiodiffusion

    ? Centre de modulation via la poste centrale de Lubumbashi

    ? Centre d'émission de Kilobelobe où était installées deux émetteurs ondes courtes d'une puissance de 10Kw chacun.

    En 1963, le Katanga va renter dans l'ordre. Le gouvernement central de Léopoldville va prendre le contrôle de la radio qui est placée sous la direction d'un fonctionnaire relevant du département de l'information.

    Après, plusieurs radios ont été créés sous différentes responsabilités.

    La capacité des (sic) ces établissements qui était ouverts à d'autres pays francophones, étaient loin de satisfaire les besoins de la RDC qui était soumis au régime de quota de bourses au même titre que les autres partenaires de la France sans tenir compte de ses besoins en raison de l'immensité de son territoire. Pour contourner cette difficulté, le gouvernement de Kinshasa ouvrit deux établissements au pays, pour la formation des journalistes de haut niveau. L'institut supérieur de Sciences de l'information et de la communication (IFASIC), et le studio Ecole de la RTNC, pour les techniciens de maintenance, et les agents de production. Ces écoles ont ouvert leur (sic) portes à d'autres candidats en provenance d'autres pays, lesquels avaient fini au cours des années 1998 par supplanter en nombre la population de congolais admis u studio Ecole de la RTNC, ce qui était une preuve pour confirmer le degré appréciable des enseignements y dispensés.

    Ce programme de formation de cadres augurait la mise en chantier d'un ambitieux programme de doter le pays d'un système de télécommunication par satellite qui a été inauguré au mois de juillet 1978. La réalisation de ce grand projet ouvrait le Congo au monde grâce à l'acquisition d'un matériel de très haute

    [43]

    technologie qui aillait désenclaver les territoires du pays par des liaisons téléphonique et télégraphique, pour ce qui est du secteur de l'audiovisuel, les actualités mondiales étaient désormais vécues presque instantanément, avec une qualité de réception exceptionnelle, tant pour la radiodiffusion qui introduisait pour la première fois au Katanga le système d'émetteur en Fréquence Modulée que pour la télévision, qui inaugurait les images en couleur. Les prétentions de ce programme étaient de permettre à chaque habitant de ce grand Congo de recevoir des émissions FM acheminées par faisceaux ainsi que les programmes de télévision.

    Pour cela, il a été mis sur pied trois centres de production Radio/TV, qui ont formé le triangle suivant : Kinshasa-Lubumbashi-Kisangani.

    L'intérieur du pays était parsemé de sous stations qui devaient assurer le relais de transmission de ces trois stations terriennes qui avaient la possibilité d'être reliées au satellite d'Intersat en position géostationnaire au-dessus de l'océan Atlantique. La province du Katanga avait dans la première phase obtenue quatre sous-stations qui permettaient aux habitants de Likasi et Kolwezi d'être reliés à Lubumbashi tandis que Kamina et Kalemie était directement branchés sur la station-mère.

    B. ACTUELLEMENT47

    Mis à part cette histoire, il sied de signaler que dans l'audiovisuel en général, la typologie est plus diversifiée, le secteur communautaire et associatif est dominant dans le domaine radiophonique plus ou moins 135 radio communautaires dont 3 seulement situées dans la capitale. Mais peu présent dans le créneau télévisuel.

    Les opérateurs privés commerciaux sont généralement mixtes alliant radio et télévision. Sur l'ensemble du pays, plus ou moins 110 opérateurs confessionnels liés aux églises catholique, protestante, kimbanguiste, mais aussi surtout des églises dites de réveil ; s'ajoutent à ce panorama, les médias publics, la radio onusienne (Radio Okapi) disponible en FM ou par le biais du décrochage sur les ondes locales (RFI, BBC, TV5, VOA, F24).

    47 Cfr. Christian KUNDA, Cours de Tableau de la presse, G3SIC, UNILU, 2014-2015, Inédit.

    48 Ibidem.

    [44]

    Quelques fournisseurs des reportages écrits (quatre agences de presse) et des programmes radiophoniques ou télévisuels jouent également un rôle important d'information en diffusant leur propre production ou en le mettant en disposition des médias locaux.

    Si l'offre se développe considérablement, l'étude statistique montre également que la consommation médiatique de congolais s'accroit.

    C. QUALITE DES CONTENUS MEDIATIQUES EN RDC48

    Les productions journalistiques proposées au public congolais sont peu diversifiées, peu équilibrées privilégiant l'information institutionnelle et le publireportage plutôt que les démarches d'investigation, de recoupement et de vérification des sources.

    Au-delà de la question de compétence professionnelle, ces carences découlent partiellement du manque des moyens dont disposent les médias : mal payés, des journalistes génèrent des revenus complémentaires par le biais du coupage ou KAWAMA qui consiste à offrir de la visibilité médiatique à un individu à une manifestation contre rémunération. Le mercenariat de la plume et des ondes est devenu la norme.

    En outre la faible qualité de contenu découle de la marge de manoeuvre limitée du journaliste dans un contexte où les autorités publiques continuent de pratiquer une forte rétention de l'information où les médias sont souvent politiques. Nombre des journaux radio et télévision sont directement liés à des personnalités politiques et jouent avant tout à un rôle d'outil au service d'une carrière politique.

    Chaque ministre, chaque gouverneur, chaque haut fonctionnaire tente de créer ses propres médias. A Kinshasa ou dans les grandes villes ou même dans sa localité d'origine, servant à ces derniers la primeur de l'information.

    Seuls les journalistes qui couvrent positivement son action sont alors invités à suivre ses initiatives et la mission de contrôle de l'autorité publique.

    [45]

    Quant au contenu non journalistique diffusé par les médias congolais, ils sont largement exogènes ; produits à l'extérieur du pays, ils sont diffusés en violation des normes sur le droit de diffusion. Les productions locales sont, pour leur part, souvent soumises à des intérêts commerciaux sous-jacents transgressant la réglementation existante censée protéger le public.

    3.2. LE TRAITEMENT DES INFORMATIONS POLITIQUES A LA R.T. HERITAGE

    Le journaliste est un travail d'équipe. Les présentateurs ont besoin de savoir ce que vont leur ramener les reporters. Ces derniers ont, à leur tour, besoin de savoir sous quel angle la rédaction a choisi d'aborder l'événement. Le rédacteur en chef a, enfin, besoin de mobiliser le travail de la rédaction. La conférence de rédaction est le moment où les journalistes se retrouvent et choisissent et sélectionnent les sujets du jour. C'est le travail qui se fait à la Radio et Télévision Héritage.

    En général, dans toutes les radios et télévisions normales, on organise trois conférences de rédaction par jour. Celle du matin, qui est la principale, fixée soit à 8 heures soit à 9 heures, où les journalistes de la RT Héritage déterminent les sujets de la journée et envoient certains reporters sur le terrain. Une autre a lieu en début d'après-midi pour faire le point et ajuster en fonction de l'évolution de l'actualité. Une dernière le soir, après le dernier journal et avant les éditions de la nuit où les journalistes rassemblent les éléments et préparent les éditions du lendemain matin.

    Lors d'une conférence de rédaction à la radio et télévision Héritage, la parole est d'abord accordée aux présentateurs du matin pour une analyse critique des sujets de la matinale (les reportages étaient-ils satisfaisants, a-t-on manqué quelque chose, comment rattraper... ?), ensuite la parole aux journalistes et au rédacteur en chef pour une analyse rapide. La 2ème étape appelée souvent tour de table, les journalistes de cette chaine proposent les idées et leurs avis sur l'actualité du jour. Puis confronter l'agenda du jour, voir ce qui est prioritaire, ce qu'on développera plus tard. Suivi du dernier point, le plus long, les journalistes sélectionnent et discutent des angles sous lesquels on va traiter les sujets retenues et comment (papiers, sons, enrobés, invités, reportages ...)

    [46]

    Cependant, le grand travail est le traitement des informations qui se fait suivant certaines règles. Une fois que les journalistes ont une nouvelle d'actualité c'est-à-dire c'est qui se passe, ce qui vient de se passer ou ce qui va se passer, il s'agit soit d'un fait récent dont on n'a pas encore entendu parler, ils se demanderont comment un tel événement, une telle déclaration va-t-il toucher les publics. Et cela en tenant en compte que cette nouvelle soit neuve, fraiche, intéressante, sensible aux attentes de la population ( coût de la vie, budget, prix des produits alimentaires, état des routes, taxes de transports, coûts de l'école...), mais aussi qu'elle s'intéresse aussi à ce qui est humain ; faits insolites, humour, suspense, tragédie, réussites, histoires d'enfants, personnes âgées, mémoires, handicap surmonté, politiques...

    Une bonne information est celle qui est suivie c'est-à-dire on doit suivre un événement dans la durée jusqu'à sa conclusion. (Lorsqu'il y a panne d'électricité, les journalistes doivent annoncer quand elle est réparée et comment ; une menace d'épidémie, dire par la suite si la menace se confirme, si les craintes sont dissipées, s'il n y a plus de danger). Et le contenu rédactionnel est toujours perfectible car il y a toujours quelque chose à faire pour rendre un texte plus clair, plus précis, plus complet, plus intéressant. L'enrichissement d'un contenu est même possible jusqu'au dernier moment malgré la pression de la pendule. C'est en gros là le travail qu'abattent les journalistes de la Radio et Télévision Héritage.

    3.3. DE L'AUTOCENSURE DANS LE TRAITEMENT DES INFORMATIONS

    La pratique de l'autocensure est le propre des hommes des médias consciencieux de leur métier, si cette dernière est appliquée dans le sens du respect de l'éthique et de la déontologie journaliste et de la loi de la presse en vigueur en RDC.

    La radio et télévision Héritage, cette forme de censure que s'impose les journalistes eux-mêmes, leur évite bien de problèmes de fois avec leur station, de fois avec leurs autorités politiques ou encore avec les téléspectateurs. Les journalistes de la RTH dans l'exercice de leur profession, conscient surtout des réalités du pays dans lequel ils évoluent et de la ligne éditoriale de leur station, s'imposent à eux-mêmes ses limites de liberté d'expression dans le traitement des informations.

    [47]

    Parler de l'autocensure en faisant allusion à la radio et télévision Héritage, cela est comme une redondance à nos oreilles car la RTH, étant une chaine privée qui malheureusement, suite à l'aveuglette, est dirigée par le procureur général de la république grâce à la ligne éditoriale tracée. Et cela nous donne une piste qui appuis et encourage nos propos à ce sujet en parlant de pouvoir en place. Dans certains pays africains, beaucoup de dirigeants font le tout pour étouffer la liberté d'expression et ce sont les médias qui sont les premiers à subir ce cout de fouée.

    Toutefois, l'autocensure à la radio et télévision Héritage se laissait encore mieux sentir au moment où, à titre d'exemple, après l'accueil chaleureux que la population Lushoise avait manifestée lors de l'arrivée du gouverneur Moise Katumbi à Lubumbashi le 23 décembre 2014 après le soin médical en dehors de notre pays. Après que ce dernier ait demandé aux katangais de réfléchir à l'adage du « faux penalty », et après que le chef de l'Etat ait parlé avec les notables de cette province, plusieurs exactions se sont produites dans cette ville notamment l'arrestation des militants du parti politique UNAFEC et ceux qui portaient les habits aux couleurs de ce parti ainsi que les supporters du Club de Football Tout puissant Mazembe, tous arrêtées par la Garde Républicain vers une destination inconnue. Les journalistes de la RTH sont restés bouche-bée devant ces informations par peur alors que ces informations étaient données par la radio onusienne qui émet depuis Kinshasa, et même, lors de l'arrivée du vice-premier ministre et ministre de l'intérieur à l'aéroport de la Luano, Evariste Boshab avait déclaré que Moise Katumbi faisait la honte de la majorité présidentielle après son discours sur le faux penalty.

    Ces journalistes de la radio et télévision Héritage étaient ce jour-là à cet aéroport, mais ils n'ont voulu diffuser cette information, par peur au pouvoir provincial, donc ils se sont censurés eux-mêmes.

    Pour terminer nos propos, le dernier cas à relever est celui des événements survenus à Kinshasa le 19 janvier 2015 où, selon plusieurs réseaux sociaux et les médias internationaux, plusieurs cadavres joncés les sols de la Capitale et la population Lushoise attendait que la radio et télévision Héritage donne cette nouvelle, les journalistes de cette dernière n'ont pas pu en parler à cause soit de la peur soit de menace ou d'être suspendu par leur responsable.

    [48]

    Devant leurs papiers, les journalistes de la radio et télévision Héritage évitent d'emprunter des expressions qui seront interprétées par leurs auditeurs ou téléspectateurs et surtout par le tenant du pouvoir pour ne pas être l'objet d'arrestation, de poursuite, d'inquiétudes sous diverses formes. Cette chaine, étant une chaine privée et commerciale, sa philosophie n'est autre que faire valoir et faire découvrir les richesses du Congo dans toutes ses diversités afin de pousser les filles et fils de la République Démocratique du Congo à aimer leur chère et beau pays et celui de promouvoir la culture katangaise et aussi la promotion des musiciens.

    A la radio et télévision Héritage, la liberté d'expression est négative, pour éviter la torture, l'arrestation et l'emprisonnement des journalistes, à la concurrence déloyale, par le fait que cette chaine appartient au Procureur Général de la république, et cela conduit aux directives qui sont censées être respectées par les journalistes.

    Certains journalistes dérapent et oublient leur profession, le promoteur dicte du n'importe quoi sans professionnalisme et les journalistes acceptent pour le satisfaire.

    Pour garder leur prestige et leur indépendance, les médias ont besoin de se pénétrer de leur responsabilité première : bien servir la population. Leur déontologie ne relève pas du droit, ni même, à la limite, de la moralité si on prend ce terme au sens étroit. Il ne s'agit pas tant d'être honnête et courtois, mais d'assurer une fonction sociale majeure. Il n'est pas facile de définir un service de qualité, sauf négativement. Un bon service exclut, par exemple, de ne pas publier certaines informations liées à la politique de peur d'être arrêter ou réprimer ou de ne consacrer aucune émission régulière de grande chaine télévisée à l'éducation des enfants.

    Effectivement la déontologie ne se pratique qu'en démocratie. Que ne croit pas à la capacité des humains de penser indépendamment, de gérer leur vie, exclut d'emblée l'autocensure ou l'autocontrôle. Elle n'est envisageable sérieusement que là où existent, à la fois, la liberté d'expression, une certaine prospérité des médias et des journalistes compétents, fiers d'exercer leur profession. Sans prospérité, pas de consommateurs, donc pas de publicité, donc des médias pauvres, corrompus ou soutenus et contrôlés par l'Etat. Ce qui veut dire que dans bien des pays, même officiellement démocratiques, la déontologie n'a pas grande pertinente.

    [49]

    En ce qui concerne les informations politiques, les journalistes de la Radio et télévision Héritage se contentent de mettre à côté de telles informations, certains même disent que comme leur ligne éditoriale leur interdit de parler de la politique et de parler uniquement de la diversité culture et de la richesse du Congo. Si une information ne parle pas des faits sociaux qui ne vont pas évolué le pays, celle-ci ne passera pas. Même si le procureur général de la République est apolitique, mais pour ce qui est des médias, il faudrait laisser les journalistes faire leur boulot. Politique ou pas, ça intéresse la population, il serait mieux de traiter ces informations en toute responsabilité et impartialité.

    En gros, l'information véritable est le fruit d'un travail journaliste dans lequel un ou des professionnels de l'information et une entreprise de presse. Le travail journalistique comporte une démarche et un processus de recherche et de collecte des données préalables au traitement et à la diffusion des informations. Cette démarche ne doit souffrir ni entraves ni contraintes indues.

    En outre, la façon de traiter un sujet, de même que le moment de la publication et de la diffusion des informations, relèvent de la discrétion des médias et des journalistes.

    Les restrictions que peuvent prévaloir les lois ne devraient autoriser aucune forme de censure des nouvelles, des reportages, des commentaires et des opinions, notamment ceux de nature politique. Ces dispositions législatives ne devraient en aucun temps être invoquées pour réduire le droit de la presse de critiquer le gouvernement quel qu'en soit le palier.

    L'Etat peut faciliter l'existence et le développement d'une presse libre et de qualité. Son rôle doit viser à favoriser le droit du public à une information complète et authentique ; il doit éviter toute action susceptible de restreindre ou d'altérer les contenus de l'information. L'Etat doit se garder de légiférer pour gérer l'information.

    L'information livrée au public fait nécessairement l'objet de choix rédactionnel et subit un traitement journalistique suivant divers modes appelés genres journalistiques. Ces derniers, de même que la façon de présenter et d'illustrer l'information, relèvent du jugement rédactionnel et demeurent des prérogatives des médias et des professionnels de l'information. Les médias et les professionnels de

    [50]

    l'information doivent être libres de relater les événements et de les commenter sans entraves ni menaces ou représailles. La presse n'a pas à ce plier à un modèle idéologique unique : elle peut donc choisir ses propres sujets et décider de l'importance qu'elle entend leur accorder.

    Cette liberté en matière de choix rédactionnel et de traitement journalistique entraine en contrepartie des obligations que les médias et les professionnels de l'information sont tenues de respecter.

    [51]

    CONCLUSION GENERALE

    Nous voici au terme de notre travail que nous avons intitulé « Le rôle de l'autocensure dans le traitement des informations politiques dans un pays en voie de développement. » notre travail comprend, en plus de l'introduction et de la conclusion générales, trois chapitres :

    y' Le premier chapitre qui s'intitule « cadre théorique et conceptuel » donne les théories de l'agenda setting, de deux étages et de l'autocensure ainsi que la définition des concepts utilisés tout au n long de notre travail ;

    y' Le deuxième chapitre qui est intitulé « Présentation de la radio et télévision Héritage. Cette dernière est une chaine commerciale c'est-à-dire qui vend à des particuliers pour la publicité ;

    y' Le troisième chapitre et dernier qui porte le titre « Autocensure à Héritage Radio et Télévision » analyse l'effet de l'autocensure dans le traitement des informations politiques dans un pays en voie de développement. Cette dernière sert à orienter l'information politique selon la ligne éditoriale qui laisse ainsi la population désinformée.

    Le rôle de l'autocensure dans le traitement des informations politiques est de permettre aux journalistes de vivre sans ennui judiciaire et de leur permettre de donner une bonne position aux hommes politiques ou à la tendance dont ils dépendent directement. Même si les journalistes sont contraints à beaucoup de mots dans leur exercice de la liberté de la presse : diffamation, atteinte à la présomption d'innocence, violation des secrets professionnels ou de l'instruction, recel, des mises en examen, des condamnations, ils doivent toujours faire tout dans leur profession, de relever le plus haut possible le plafond de la démocratie dans le respect du code d'éthique et de déontologie journalistique.

    [52]

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    III. ANNEXES

    V' Code et Ethique et Déontologie de journaliste congolais.

    V' Loi organique n°96-002 du 22 juin 1996 fixant la modalité de l'exercice de la liberté de la presse.

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    V' SANGO Singulia Sylvie, la ligne éditoriale et les contraintes de l'objectivité, 2010-2011.

    V. SITES

    V' http://www.google.com/search/théorie de l'agenda setting-building/ (page consultée le 15 février 2015)

    V' http://www.mozila/cf.com/search/théorie de deux étages/ (page consultée le 27 mars 2015)

    V' http://www.google.com/search/théorie de la censure/ (page consultée le 3 février 2015)

    37

    [54]

    TABLE DES MATIERES

    I. EPIGRAPHIE I

    II. DEDICACE II

    III. AVANT-PROPOS III

    0. INTRODUCTION GENERALE 1

    0.1. CHOIX ET INTERET DU SUJET 7

    0.2. PROBLEMATIQUE 8

    0.3. HYPOTHESES 9

    0.4. ETAT DE LA QUESTION 10

    0.5. METHODE ET TECHNIQUES 11

    0.6. DELIMITATION DU SUJET 12

    0.7. SUBDIVISION DU TRAVAIL 13

    CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE ET CONCEPTUEL 14

    1.1. CADRE THEORIQUE 14

    1.1.1. THEORIE D'AGENDA SETTING 14

    1.1.2. THEORIE DE DEUX ETAGES 22

    1.1.3. THEORIE DE LA CENSURE 25

    1.2. CADRE CONCEPTUEL 28

    1.2.1. DE L'EVENEMENT A L'INFORMATION 28

    1.2.2. INFORMATION 28

    1.2.3. TRAITEMENT DE L'INFORMATION 31

    1.2.4. ROLE 32

    1.2.5. CENSURE 33

    1.2.6. VOIE 35

    1.2.7. DEVELOPPEMENT 36

    CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DE LA RADIO ET TELEVISION HERITAGE

    [55]

    2.1. SITUATION GEOGRAPHIQUE 37

    2.2. APERCU HISTORIQUE 37

    2.3. OBJECTIF DE LA RT HERITAGE 37

    2.4. ORGANISATION DES SERVICES 38

    2.4.1. Le secrétariat 38

    2.4.2. Le service de montage 38

    2.4.3. Le service des programmes 38

    2.5. ORGANIGRAMME 40

    CHAPITRE TROISIEME : L'AUTOCENSURE A HERITAGE RADIO ET TELEVISION 41

    3.1. CONTEXTE SOCIOLOGIQUE DE LA CREATION DES MEDIAS AU KATANGA 41

    A. DANS LE TEMPS 41

    B. ACTUELLEMENT 43

    C. QUALITE DES CONTENUS MEDIATIQUES EN RDC 44

    3.2. LE TRAITEMENT DES INFORMATIONS POLITIQUES A LA R.T. HERITAGE 45

    3.3. DE L'AUTOCENSURE DANS LE TRAITEMENT DES INFORMATIONS 46

    CONCLUSION GENERALE 51

    BIBLIOGRAPHIE 52

    TABLE DES MATIERES 54






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"Il y a des temps ou l'on doit dispenser son mépris qu'avec économie à cause du grand nombre de nécessiteux"   Chateaubriand