1.1.3. Aspects humains
Le Tchad est un pays vaste et de faible densité
humaine. Il connaît pourtant d'importants contrastes, le Nord et le
Centre représentent les deux-tiers de la superficie du pays et comptent
environ 30 % de la population totale. Ces régions sont peuplées
de populations négro-africaines et sahariennes disparates, mais toutes
musulmanes, appartenant aux groupes linguistiques sahariens, soudanais oriental
et central.
Les Arabes (de souche, métissés et
négro-africains arabisés), musulmans, occupent trois grandes
zones de peuplement, au Nord (nord-ouest du Kanem), au Centre (Batha,
Guéra, Chari-Baguirmi et nord du Ouaddaï) et au Sud-est (Salamat),
représentant environ 14,5 % de la population tchadienne. Les
Hadjaraïs (8,5 %), nom de désignation ethnique, communément
attribué aux divers groupes ethniques (plus en référence
à la région administrative qu'à leurs
TELIMSEIN KEM-MADJE ERICK Page 9
Soutenabilité des finances publiques dans les pays
exportateurs de pétrole de la zone Cemac : cas du
Tchad
divergences culturelles ou religieuses) qui peuplent le centre
et le centre-ouest du pays, groupes linguistiques afro-asiatique, tchadique,
nilo-saharien, bongo baguirmi, sara baguirmi, baguirmi, soudanais oriental et
central, sont majoritairement musulmans. Néanmoins, il existe une
minorité de chrétiens voire des animistes dans cette partie du
territoire.
Enfin, le Sud-Ouest, chrétien, musulman et très
marginalement animiste, est composé de populations
négro-africaines appartenant aux groupes linguistiques tchadien et
soudanais central (Saras 30 %, Ngambayes 5,5 %, Toupouris, Kotokos, Baguirmis,
Massas, et autres 9,5 %).
1.1.4. Structure de l'économie
L'activité économique est portée par le
dynamisme des secteurs agricole et pétrolier grâce notamment
à la mise en oeuvre des projets de l'État en matière
industrielle, énergétique et agropastorale. À cause des
aléas climatiques subis par le secteur agricole en 2011 et 2012
l'inflation a connu une accélération à 7 % en 2012. Elle
est retombée à 3.1 % en 2013.
L'évolution attendue des productions de coton et
surtout de pétrole laissent espérer pour les cinq prochaines
années une augmentation des recettes d'exportation. Ces ressources
additionnelles pourront contribuer au financement du programme
d'investissements publics dans le cadre de la mise en oeuvre de la
stratégie gouvernementale d'émergence économique. Mais la
mobilisation des ressources financières exigées pour la
réalisation de ce programme affecte la viabilité des comptes
publics. À moyen et long terme elle est de nature à peser
négativement sur les positions budgétaires du pays.
À ce premier défi s'ajoute un second qui tient
à la nécessité d'améliorer fortement le cadre
budgétaire de l'économie tchadienne par la mise en place d'une
stratégie d'assainissement financier crédible. L'accession du
point d'achèvement de l'initiative en faveur des pays pauvres
très endettés (PPTE), dont le point de décision a
été atteint en 2001, et la signature d'un programme de
référence avec le Fonds monétaire international (FMI)
devraient y contribuer grandement. Cet effort de consolidation
budgétaire pourrait aussi être soutenu et renforcé par une
diversification des sources actuelles de croissance de l'économie
à travers la création de chaînes de valeur dans trois
domaines pour lesquels le Tchad dispose de fortes potentialités :
l'élevage, le coton et la gomme arabique. Un tel processus de
diversification permettrait de générer des ressources fiscales
supplémentaires en élargissant l'assiette de l'impôt
grâce à des gains en valeur ajoutée et de créer de
nouveaux emplois dans ces trois
TELIMSEIN KEM-MADJE ERICK Page 10
Soutenabilité des finances publiques dans les pays
exportateurs de pétrole de la zone Cemac : cas du
Tchad
secteurs. Il contribuerait aussi au renforcement du secteur
manufacturier et permettrait au Tchad d'accélérer la
transformation structurelle de son économie et de rendre sa croissance
plus inclusive.
Après l'année 2011 marquée par un fort
repli, l'économie tchadienne a repris son élan. La croissance du
PIB a atteint 7.2 % en 2012 contre 1.6 % en 2011 et devrait rester soutenue
pour progresser à 7.4 % en 2013 et11.5 % en 2014.
Le secteur primaire a contribué à la croissance
pour 0.96 point de PIB en 2012, grâce notamment à
l'élevage, à l'agriculture industrielle et vivrière.
Malgré de fortes inondations la production
céréalière a plus que doublé, passant de 1.66
millions de tonnes pour la campagne 2011/12 à 3.7 millions de tonnes en
2012/13. Les actions publiques pour l'aménagement de grands
périmètres agricoles, la distribution de semences
améliorées et la mise à disposition dans les
différentes régions du pays d'un millier de tracteurs ont
contribué à l'accroissement de la valeur ajoutée dans
l'agriculture.
La contribution du secteur secondaire à la croissance
du PIB a été de 3.22 points en 2012, grâce à la
bonne tenue du secteur manufacturier et du bâtiment et des travaux
publics (BTP), à la montée en puissance des nouvelles industries
du secteur énergétique, de la construction, du raffinage, et
à la filière coton, avec la relance de la société
étatique Cotontchad. Le secteur pétrolier a moins fortement
contribué à la croissance en raison d'une baisse de la production
liée aux difficultés géologiques rencontrées par
les opérateurs dans le bassin de Doba.
Le secteur tertiaire reste important en termes de
création d'emplois. Sa contribution à la croissance du PIB s'est
élevée à 3.02 points en 2012. La bonne tenue des
activités liées aux transports, aux
télécommunications, aux activités commerciales et les
embauches opérées dans la fonction publique ont concouru à
la croissance de l'emploi au Tchad en 2012.
La formation brute de capital fixe a été le
principal facteur de hausse de la demande globale en 2012 avec une contribution
à la croissance du PIB de 4.9 points. Le niveau d'investissement global,
qui a augmenté de 7.9 % Par rapport à 2011, et de 19% dans le
secteur pétrolier, en est à l'origine. La consommation finale,
essentiellement soutenue par la progression des dépenses de consommation
privée, a contribué à l'évolution du PIB à
hauteur de 4.6 points en 2012. S'agissant des échanges
extérieurs, la demande extérieure nette a pesé
négativement sur la croissance (-2.3 points).
TELIMSEIN KEM-MADJE ERICK Page 11
Soutenabilité des finances publiques dans les pays
exportateurs de pétrole de la zone Cemac : cas du
Tchad
Une poursuite du redressement de la croissance entamé
en 2012 après le fort recul enregistré en 2011 est prévue
en 2013. Les changements et améliorations attendus à très
court terme dans le secteur de la production de l'énergie
électrique et l'entrée en fonction des zones d'activités
industrielles permettront de conforter les prévisions pour 2013 et
2014.
Leur réalisation dépendra aussi de
l'évolution du secteur pétrolier. Selon le rapport du
Collège de contrôle et de surveillance des ressources
pétrolières publié en 2012, la production annuelle de
pétrole au Tchad s'est élevée à 41 880 000
barils.
Le Tchad à adhéré à l'Initiative
pour la transparence des industries extractives (ITIE) en 2007 et a acquis le
statut de pays candidat en avril 2010. La publication, en 2012, des rapports de
l'ITIE pour les années 2007, 2008 et 2009 a confirmé que les
revenus tirés de l'activité pétrolière
représentent la principale composante des recettes budgétaires :
74 % en 2007, 81 % en 2008 et 49 % en 2009. En 2012, les revenus
pétroliers ont contribué pour près de 80 % aux recettes
totales de l'État.
Au plan économique et industriel, les effets induits
par l'activité pétrolière constituent de puissants relais
pour la croissance du pays. Ils restent toutefois conditionnés à
la capacité des opérateurs déjà présents
à maintenir leur niveau de production dans les prochaines années.
S'agissant des nouveaux opérateurs, la mise en exploitation dans les
deux années à venir des gisements pétroliers de la
compagnie canadienne Griffiths devrait permettre d'accroître le niveau de
la production. Quant à la CNPC, une augmentation significative de sa
production dans la région de Bongor compenserait le ralentissement de la
production observé sur les premiers gisements exploités au Tchad
et lui offrirait la possibilité d'exporter le surplus.
|