SECTION II : PERSPECTIVES D'AVENIR DU
CONFLIT UKRAINIEN
Dans cette dernière section de notre travail, nous
allons donner la perspective de ce conflit notamment : l'association de
l'Ukraine à l'Union Européenne, l'ampleur de la réaction
Russe, l'irrationalité du conflit et la considération de
l'Ukraine comme la zone grise de l'Est
§1. Association à l'Union Européenne
Comme l'explique depuis longtemps Moscou, l'accord de
libre-échange entre UE et Ukraine lui pose un problème. Les
marchandises circulant librement à travers la
frontière entre la Russie et l'Ukraine, un accord de
libre-échange UE-Ukraine, permettrait aux produits de l'UE, par Ukraine
interposée, d'entrer en Russie en contournant toutes les
réglementations russes. Pourtant, la CE a toujours refusé
d'impliquer la Russie dans les pourparlers, même après le coup de
force de Kiev ou la crise de Crimée. L'accord du 27 juin va imposer
à la Russie de revoir le statut de sa frontière avec
l'Ukraine.
Sur un plan général, on voit bien
l'intérêt d'un soutien financier. À condition qu'elle ne
soit pas détournée par les oligarques, cette assistance peut
soutenir un développement économique. À supposer que le
budget européen le permette, ce qui est très loin d'être
assuré, dans quelle direction pourrait-elle s'orienter.
L'afflux spontané d'IDE en Ukraine est peu
vraisemblable. Comme l'expliquent les investisseurs industriels
déjà présents, l'intérêt du pays était
sa situation de plate-forme d'exportation vers la Russie, avantage qui
disparaît en cas de libre-échange UE-Ukraine. Le maintien d'une
situation de conflit avec la Russie n'est au surplus pas de nature à les
rassurer1.
1 Fiorina, J.F., « Comprendre les enjeux
stratégiques, L'Ukraine entre deux Mondes », In Clés ESC,
hebdo n°127, Paris, 6 mars 2014, P.2
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À terme, l'Ukraine pourrait devenir une base de
production à bas coût. L'obstacle est que, sans perspective
d'exportation vers le continent eurasiatique, le seul débouché
est constitué par les marchés d'Europe occidentale, situés
à l'autre extrémité du continent.
Le ministre français du commerce extérieur
déclarait en janvier 2014 que l'Ukraine est « un important
débouché potentiel pour nos produits industriels ». Elle
peut également remplir la fonction de pourvoyeur de matières
premières. Cette répartition coloniale du travail offre toutefois
peu de perspectives à l'économie ukrainienne.
Si des pertes de marché russes s'ajoutent à ces
éléments, les perspectives de l'économie ukrainienne sont
assez sombres. On comprend que la CE ait à plusieurs reprises
invité Moscou à participer à son soutien.
En conflit avec Kiev, la Russie a-t-elle intérêt
à prendre sa part du « fardeau ukrainien » comme l'y invite la
CE Ou a-t-elle intérêt à suivre l'exemple des Etats-Unis
qui, en 1962, ont placé leur voisin Cuba, qui s'était doté
d'un gouvernement qui n'était pas de leur goût, sous un embargo
qui dure depuis 50 ans.
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