Le conflit ukrainien et la relance de la guerre froide. Problèmes et perspectives.( Télécharger le fichier original )par Fiston KABUE YANGOYI Université de Lubumbashi - Licence 2014 |
1.3 LES ETATS-UNIS D'AMERIQUEParallèlement, les évènements en Ukraine permettent aux Etats-Unis de reprendre un activisme international à bas coût autrement dit, à travers le financement de partenaires locaux, en évitant les risques qu'impliquerait une opération militaire comme cela a été le cas en Irak ou en Afghanistan. Et cela d'autant plus qu'une telle intervention aujourd'hui dans la « périphérie russe » serait impensable. En effet, depuis un moment, les Etats-Unis cherchent à limiter le rôle que la Russie joue dans des dossiers de la politique internationale aussi sensibles que la Syrie. Dans le contexte actuel, on ne peut pas encore exclure un scénario de type « yougoslave » pour l'Ukraine, quoique les implications et le contexte politique, économique et social international soient bien différents. Si la polarisation autour de projets bourgeois s'approfondit, si les mobilisations se radicalisent, si les camps en lutte n'arrivent pas à trouver un accord, et en l'absence d'une alternative qui défende les intérêts des travailleurs et des masses, cette perspective ne serait pas à négliger. Dans ce cas, il pourrait y avoir une lutte de type « séparatiste » où l'impérialisme et la Russie, avec leurs alliés locaux, se disputeraient l'influence des différents territoires. Cette perspective serait non seulement profondément réactionnaire mais aussi un cauchemar pour l'impérialisme lui-même.1 Celles déjà prises par Washington, notamment dans le domaine financier, semblent pouvoir être significatives. L'économiste Sergueï Guriev a rappelé que l'économie russe était vulnérable et que l'impact de sanctions sur la capacité de la Russie à attirer des investissements étrangers risquait de lui coûter fort cher à un moment où la croissance s'est fortement tassée et où le pays est en mal de modernisation. Notons que les Russes, qui semblent largement soutenir la politique actuelle de Vladimir Poutine, en particulier le rattachement de la Crimée à la Russie, sont aussi une majorité (56 %) à s'inquiéter de la détérioration des relations avec l'Occident et (53 %) 1 www.CCR4.org consulté le 12/11/2014 à 01h 45 Page | 41 de possibles sanctions politiques et économiques de l'Occident. La riposte ne se limite pas à des sanctions. Elle consiste aussi à soutenir l'Ukraine sur la voie des réformes. Faire reculer la Russie en Crimée risque d'être un objectif de long terme. L'objectif prioritaire et immédiat doit être d'aider l'Ukraine, notamment techniquement, à préparer les élections prochaines, étape essentielle dans le processus de transition dans lequel elle est engagée, et à avancer sur la voie des changements. Une Ukraine qui se stabilise, se démocratise et se réforme avec le soutien de l'Europe, une Ukraine qui serait un modèle pour d'autres Etats de l'espace postsoviétique, constituerait une formidable réponse au coup de force de Vladimir Poutine.1 |
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