I.2.3. LES COMPOSANTES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE
- 23 -
entre les différentes conceptions qui tendent à
privilégier l'un ou l'autre des facteurs explicatifs du problème
de la faim est possible. La FAO avait de 1983 avancé un concept
élargi de sécurité alimentaire. L'objectif final de la
sécurité alimentaire est ainsi défini : « assurer en
tout temps et à tous les hommes l'accès matériel et
économique aux aliments de base dont ils ont besoin » (AZOULAY et
DILLON, 1993).
Par ailleurs, il est possible de distinguer quatre
éléments fondamentaux dans le concept de sécurité
alimentaire :
Schémas N° 1 : les quatre composantes
de la sécurité alimentaire.
Disponibilité des approvisionnements
Stabilité des
approvisionnements
Accès économique et physique
aux denrées.
Qualité et sécurité sanitaire
des aliments
SECURITE ALIMENTAIRE
I.2.3.1. Les disponibilités
alimentaires
Cette première composante implique la présence
de toutes les denrées qui composent le régime alimentaire en
quantité et en qualité suffisante pour satisfaire les besoins de
toutes les populations dans une période déterminée.
L'existence de disponibilités suffisantes est ici analysée au
niveau national, au niveau de ménages le problème est celui de la
disponibilité des ressources alimentaires produites et
autoconsommées ou de l'accès à des denrées non
produites et autoconsommées ou de l'accès à des
denrées non produites par les ménages mais disponibles sur des
marchés. Les approvisionnements alimentaires proviennent le plus souvent
de trois sources, il s'agit de la production alimentaire nationale, les
importations et l'aide alimentaire. C'est surtout en cas de déficit
alimentaire qu'on fait recours aux aides d'urgences.
- 24 -
I.2.3.2. La stabilité des approvisionnements
dans le temps et dans l'espace
Cette composante implique la régularité
spatio-temporelle de la disponibilité alimentaire. Cette
stabilité peut être menacée par un ensemble des facteurs
internes qu'internationaux : instabilité de la production domestique,
déficiences des infrastructures de stockage et des systèmes
domestiques de commercialisation, fluctuations cycliques de l'offre et de la
demande sur les marchés internationaux.
I.2.3.3. L'accès matériel et
économique de tous les individus aux approvisionnements
disponibles
Cette composante se réfère à la
capacité physique et économique de tous les individus à
satisfaire la partie de leurs besoins qui est satisfaite par le recours au
marché dans une période donnée. Cette partie de besoins
est la différence entre les besoins globaux et l'auto-consommation.
L'accessibilité physique des aliments signifie qu'ils
sont disponibles tout au long de l'année (sans interruption).
L'accessibilité économique réfère
à la capacité des ménages de générer un
revenu suffisant pour se nourrir et pour réaliser les autres droits de
base (santé, éducation, ...)» (VREDESEILANDEN, et Alii,
2004).
La sécurité alimentaire des ménages
diffère selon son contexte rural ou urbain. Dans les zones urbaines, la
sécurité alimentaire des ménages est essentiellement
liée au revenu, c'est-à-dire au niveau de rétribution par
rapport aux prix des aliments et d'autres biens de consommation. Dans les zones
rurales, la sécurité alimentaire des ménages est plus
souvent fonction de disponibilité alimentaire et des prix qui
dépendent généralement de la production (animale et
végétale), des revenus qui sont déterminés par les
possibilités d'emploi agricole et non agricole.
I.2.3.4. La qualité et sécurité
sanitaire des aliments Cette composante se réfère
aux éléments ci-après :
- Les capacités de transformation des aliments ;
- Les programmes de gestion après récolte ;
- Les lois et règlements relatifs à
l'hygiène et la qualité des aliments ;
- Les aliments vendus sur la voie publique ;
- La contamination chimique et microbiologique ;
- Les comportements des ménages au niveau de la
manipulation des aliments.
- 25 -
I.2.4. LES CARACTERISTIQUES DE LA SECURITE ALIMENTAIRE
I.2.4.1. Quantité suffisante et nécessaire
Au cours de la deuxième moitié du XXème
siècle, la production alimentaire mondiale par habitant a
augmenté de 25 %, alors que les prix diminuaient d'environ 40 %. Par
exemple, entre 1960 et 1990, la production totale de céréales est
passée de 420 à 1176 millions de tonnes par an. Cependant, la
sécurité alimentaire demeure d'actualité au début
du XXIème siècle. En dépit de la baisse de
fertilité observée dans la majorité des pays, certains
estiment qu'il devrait y avoir environ 8,9 milliard d'habitants en 2050. En
2000, 790 millions de personnes dans le monde souffraient de la faim.
Les habitants de 33 pays consomment moins de 2200 kcal par
jour. Il est généralement admis que les besoins alimentaires
augmenteront dans les décennies à venir pour les raisons
suivantes :
- Augmentation de la population, ce qui implique une
augmentation de la demande ; - Augmentation du pouvoir d'achat de nombreux
humains ;
- Augmentation de l'urbanisation, impliquant
fréquemment un changement de la pratique alimentaire, en particulier une
augmentation de la consommation de viande (on estime que 7 kg de nourriture
pour animaux est nécessaire pour produire 1 kg de boeuf, 4 kg pour
produire un porc et 2 kg pour une volaille).
Une offre suffisante et bien gérée est une
condition indispensable pour faire disparaître la famine et la
malnutrition.
Cependant, la sécurité alimentaire n'est pas
nécessairement acquise lorsque l'offre alimentaire est suffisante, et
pose des questions telles que « qui produit la nourriture », «
qui a accès aux informations nécessaires à la production
agricole », « qui a un pouvoir d'achat suffisant pour acquérir
la nourriture » et enfin, « qui a un pouvoir d'achat suffisant pour
acquérir les informations nécessaires à une bonne
production ». Ainsi, les pauvres et les affamés ont besoin de
technologies et de pratiques peu coûteuses et disponibles
immédiatement pour augmenter la production alimentaire locale. D'une
façon générale, les femmes et les enfants sont ceux qui
souffrent le plus du déficit alimentaire. En effet, un faible poids de
naissance est une cause de décès prématuré et de
malnutrition infantile. Le faible poids à la naissance est souvent
dû à une sous alimentation de la mère elle-même.
Selon TOLLENS (2003), en 2000, 27 % des enfants en âge préscolaire
dans les pays en voie de développement étaient ainsi atteints de
rachitisme (lié à une alimentation insuffisante et/ou peu
variée et de faible qualité). Les femmes sont aussi souvent
- 26 -
désavantagées, car elles possèdent peu de
terres et bénéficient moins de conseils et de crédits pour
l'amélioration des techniques agricoles. Différentes options sont
possibles pour augmenter la production agricole, par le biais d'adoption de
systèmes de production agricole spécifiques :
- Augmentation des surfaces agricoles (avec comme effet
négatif la perte de surfaces
forestières, des prairies, et d'une façon
générale, de lieux riches en biodiversité); - Augmentation
de la productivité (quantité à l'hectare) dans les pays
exportateurs (et
exportation des surplus vers les pays déficitaires)
;
- Augmentation de la productivité globale dans les pays
déficitaires, lesquels pourront devenir auto-suffisants.
L'agriculture périurbaine ou l'agriculture urbaine
peuvent également aider à résoudre le problème de
la sécurité alimentaire, en permettant aux citadins à
revenus limités de cultiver des légumes ou des fruits par
exemple, en pleine ville. Elle permet également d'assurer une meilleure
conservation des aliments et de leurs qualités nutritionnelles.
I.2.4.2. Qualité suffisante et
nécessaire
La qualité exige d'avoir identifié les risques
et dangers, « de la fourche à la fourchette », en incluant
donc les aspects (conservation, contact alimentaire, impacts secondaires et
différés des modes de cultures, transport des aliments, modes de
cuisson etc.) et de prendre les mesures de précaution et
d'évaluation pour limiter l'expression des risques (par exemple,
d'intoxication alimentaire). En Europe, la Directive 93/43/CE relative à
l'hygiène des denrées alimentaires préconise la
méthode HACCP (Analyse des dangers et points critiques pour leur
maîtrise) de manière à "identifier tout aspect
déterminant pour la sécurité des aliments et pour veiller
à ce que des procédures de sécurité
appropriées soient établies, mises en oeuvre, respectées
et mises à jour".
La nouvelle réglementation européenne dite
« paquet hygiène » vise à prévenir les dangers
avec une obligation de résultat, "de la fourche à la fourchette",
tout en laissant plus de liberté aux responsables
d'établissements de production ou de restauration sur les moyens d'y
arriver. Les guides de bonnes pratiques mis en place par les filières
professionnelles, avec ou sans l'aide d'administrations peuvent y contribuer
aussi, de même que les normes et référentiels
utilisés par l'agroalimentaire. Toutefois, ces outils,
méthodes
- 27 -
et guides sont interprétés de manières
diverses, parfois en contradiction avec le Codex alimentarius qui est la
principale référence internationale.
|