CONCLUSION GÉNÉRALE
L'éducation à la santé est un sujet
important pour tous les gestionnaires des politiques de santé. Elle doit
être l'outil de l'accès équitable de tous à la
santé y compris les personnes privées de liberté.
L'utilisation de cet outil dans la lutte contre les infections cutanées
au camp pénal de Bouaké s'est inscrite dans cette démarche
avec la mise en oeuvre d'un projet.
La réalisation de ce projet nous a permis de mieux
comprendre les enjeux que recouvre l'éducation à la santé
et les obstacles qui peuvent freiner une applicabilité efficiente.
L'étude devrait nous permettre de vérifier un
certains nombres d'hypothèses, notamment montrer que les infections
cutanées sont favorisées par le manque d'hygiène, montrer
qu'il y a en plus d'autres facteurs qui agissent dans l'apparition de cette
pathologie et enfin démontrer que le manque d'information expose les
détenus aux infections cutanées.
Les enquêtes auprès des détenus nous ont
mis en évidence que le manque d'hygiène est en grande partie
responsable des infections cutanées.L'environnement insalubre, le manque
de produits d'entretien et de toilette, l'insuffisance des vêtements en
sont les principales causes.
Les enquêtes ont prouvé, par ailleurs, que
d'autres facteurs tels que le niveau d'instruction, le manque de moyens
à tous les niveaux, l'environnement social et surtout le manque
d'information et de sensibilisation participent à installer durablement
cette pathologie au sein de la population carcérale. Ces
différents facteurs exposent autant les détenus aux infections
cutanées qu'à bien d'autres pathologies. Il est vrai que certains
acteurs font des efforts pour maintenir l'environnement des détenus
vivable, mais ces efforts doivent être consolidés, soutenus et
faits de manière concertée.
La communication engageante nous a aidés dans les
entreprises de communication initiées au cours de ce projet. Elle a
joué un rôle plus que
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déterminant dans notre approche communicationnelle,
particulièrement, dans les phases de sensibilisation et de plaidoyer.
Nous avons compris dans la mise en oeuvre de ce projet que le
milieu carcéral est le terrain idéal pour
l'expérimentation de toute initiative liée à
l'éducation à la santé, à la promotion à la
santé. La prison est le milieu où l'on rencontre toutes sortes de
pathologies dans un même espace et où on trouve les populations
les plus démunies. Alors que, qui dit éducation à la
santé, fait référence en priorité aux couches
défavorisées de la société, celles qui n'ont pas la
possibilité d'accéder à des soins de santé
primaires.
Dans cette perspective, un renforcement des connaissances sur
les causes, les conséquences et les solutions liées à
l'hygiène doit être initié régulièrement
à l'intention des détenus. Pour dire concrètement que pour
réduire la morbidité liée aux infections cutanées
au camp pénal et par ricochet, dans les centres pénitentiaires
ivoiriens, la participation de tous les intervenants en milieu carcéral
et la prise en compte des facteurs à risque s'imposent.
Dans un environnement où règnent le mensonge, la
manipulation et l'exagération, le facteur psychologique ne peut-il pas
avoir une influence dans le maintien de l'engagement du détenu ?
Jusqu'où le détenu peut maintenir son
engagement, dans un environnement hostile ?
Le ciblage rigide en milieu carcéral n'est-il pas un
frein à la réussite d'une campagne de sensibilisation à
l'hygiène ?
Telles sont interrogations que nous faisons au terme de notre
recherche et qui méritent d'être approfondies.
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