3.5- Les mises en relation
Si pour les détenus qui ont des parents, amis et
connaissances à Bouaké, les VAD ont constitué notre
activité principale, pour les détenus qui n'y ont pas les leurs,
nous avons utilisé le téléphone et c'est l'ensemble de ces
démarches que nous nommons «mises en relation». Il s'est agi
par téléphone de rentrer en contact avec les parents d'un
individu et de les informer de la présence d'un des leur au camp
pénal (mise en relation) ou de les appeler pour leur transmettre les
besoins du détenu (maintien des liens).
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Il faut signaler à toutes fins utiles que plus de 80%
des détenus du camp pénal ne sont pas de la région de
Bouaké. Il fallait d'une manière ou d'une autre les tenir
informer de la situation de précarité dans laquelle les
détenus vivent en prison.
Pour cette activité, des centaines de messages ont
été émis soit par appel, soit par sms. Comme dans le cas
des VAD, nous avons reçu de nombreux refus mais aussi des
réponses satisfaisantes. Et c'est à la suite de ces actions que
des parents ont commencé à se préoccuper de la situation
de leurs proches. De cette prise de conscience, résultent la prise en
charge de frais de pharmacie, d'envoi d'argent et de colis divers.
3.6- La production de supports visuels et de messages
La réussite d'une campagne de sensibilisation
dépend en grande partie des messages qui vont être diffusés
durant la campagne. C'est pourquoi, nous nous sommes attelésà
produire des messages (voir tableau XX).
LA PRISON NE PEUT PAS AVOIR RAISON DE MA
SANTÉ
MÊME EN PRISON, JE PRENDS SOINS DE
MOI
MÊME EN PRISON, JE DOIS ÊTRE
PROPRE.
LA SANTÉ COMMENCE PAR LA
PROPRETÉ.
Tableau XX : Liste des slogans utilisés pendant
la campagne
l'amélioration de leur santé. Quatre affiches
ont été réalisées et distribuées dans chaque
cellule pour être collées à l'entrée de chaque
cellule et devant les différents sanitaires.
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Quelle fut la portée d'une telle activité
sachant le taux élevé d'analphabètes à
l'intérieur de la prison ?
Les pairs, les chefs de chambre ont joué un rôle
important dans la diffusion et la compréhension des messages et le
respect des consignes. Une des difficultés rencontrées pendant la
sensibilisation fut les populations étrangères,
burkinabés, ghanéennes, particulièrement. Elles sont
énormément réservées et aiment vivre en
communauté et sont enclines à négliger ce qui ne vient
d'elles.
Ce que nous pouvons dire à ce niveau, c'est que les
affiches confectionnées sur du papier libre ne pouvaient être
conservées pendant longtemps. Il aurait fallu les faire sur des
pancartes pour une meilleure pérennisation de ces messages.
En plus de la confection des messages, nous avons eu recours
à une boîte à images. Cette boîte à images
comme tout autre support visuel permet une meilleure animation des causeries et
améliore la communication. Ce sont ces outils qui ont permis une
meilleure compréhension des messages qu'on souhaitait faire passer. Et
cela a eu un vrai impact sur les détenus surtout ceux qui ne
s'exprimaient pas en français.
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