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à‰ducation à  la santé en milieu carcéral ivoirien. Le cas des infections cutanées au camp pénal de Bouaké.

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par Amara BAKAYOKO
Université Alassane Ouattara de Bouaké  - Master  2015
  

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    M. Abolou Camille Roger Professeur titulaire

    UNIVERSITÉ ALASSANE OUATTARA DE BOUAKÉ

    UFR : Communication, Milieu et Société

    Département des Sciences du Langage et de la Communication

    Année académique 2014-2015

    MÉMOIRE DE MASTER

    MENTION : SCIENCES DE LA COMMUNICATION
    Spécialité : Communication et Développement

    Sujet :

    Éducation à la santé en
    milieu carcéral ivoirien : le
    cas des infections cutanées
    au camp pénal de Bouaké

    Présenté par :

    M. Bakayoko Amara

    Encadreur :

    M. Gilbert Toppé Maître-assistant

    Sous la direction de :

    M. Abolou Camille Roger Professeur titulaire

    UNIVERSITÉ ALASSANE OUATTARA DE BOUAKÉ

    UFR : Communication, Milieu et Société

    Département des Sciences du Langage et de la Communication

    Année académique 2014-2015

    MÉMOIRE DE MASTER

    MENTION : SCIENCES DE LA COMMUNICATION
    Spécialité : Communication et Développement

    Sujet :

    Éducation à la santé en
    milieu carcéral ivoirien : le
    cas des infections cutanées
    au camp pénal de Bouaké

    Présenté par :

    M. Bakayoko Amara

    Encadreur :

    M. Gilbert Toppé Maître-assistant

    Sous la direction de :

    i

    II

    SOMMAIRE

    Sommaire ii

    Dédicace .iv

    Remerciements v

    Liste des sigles et abréviations vi

    Liste des figures vii

    Liste des tableaux .viii

    INTRODUCTION GÉNÉRALE 1

    Introduction .2

    Le cadre théorique 4

    Le cadre méthodologique ..26

    PREMIÈRE PARTIE : LA SANTÉ EN MILIEU CARCÉRAL ..33

    Chapitre I : L'éducation à la santé 34

    I- La problématique sanitaire en milieu carcéral 34

    II- La nécessité de l'éducation sanitaire en milieu carcéral .40

    Chapitre II : Les infections cutanées .50

    I- La peau et son système immunitaire 50

    II- Les infections cutanées 53

    III- Les différentes infections cutanées en milieu carcéral 60

    DEUXIÈME PARTIE : L'ANALYSE DES DONNÉES .63

    Chapitre III : Les données de l'enquête 64

    I- Le contexte de l'enquête .64

    II- La population carcérale 64

    III- Les détenus et l'hygiène ..73

    Chapitre IV : L'interprétation des données collectées ..79

    I- La population cible ..79

    II- Les relations sociales du détenu 82

    III-

    III

    Les rapports du détenu à l'hygiène .85

    IV- Un faible niveau de sensibilisation .87

    TROISIÈME PARTIE : LE PROJET DE LUTTE CONTRE LES

    INFECTIONS CUTANÉES AU CAMP PÉNAL DE BOUAKÉ 89

    Chapitre V : Le volet conceptualisation du projet 90

    I- Le contexte et la justification ..90

    II- Les objectifs du projet .91

    III- L'identification des cibles 92

    IV- Les activités à réaliser .92

    V- Les résultats attendus ..94

    VI- Les ressources .94

    VII- Le plan d'action 95

    VIII- Le suivi et l'évaluation 98

    Chapitre VI : Le volet opérationnel du projet 99

    I- Les stratégies 99

    II- Les activités 107

    III- Les résultats et discussion .110

    CONCLUSION GÉNÉRALE .120

    BIBLIOGRAPHIE ..122

    ANNEXES ..128

    TABLE DES MATIÈRES ..148

    iv

    Je dédie ce mémoire à mon père, à ma mère, à mes frères et soeurs et à l'ensemble de la famille Hamadoufi Bakayoko, qui à des dégrés divers, nous ont soutenu.

    V

    REMERCIEMENTS

    Je tiens tout d'abord à remercier mon directeur de mémoire, professeur Abolou Camille Roger pour avoir accepté de diriger ma recherche.

    Je remercie également les membres du jury pour avoir voulu évaluer ce travail.

    Je tiens également à exprimer ici, toute ma gratitude à docteur Gilbert Toppé qui a bien consenti à suivre mes travaux et pour son soutien indéfectible à toutes les étapes de l'élaboration de cette recherche. Sa patience, ses remarques pertinentes, ses conseils avisés ont contribué, j'en suis certain, à améliorer ce travail et surtout me permettre de le mener à bout.

    Je pense aussi au docteur Kahi pour ses conseils qui m'ont aidé à réorienter mon sujet et surtout pour sa contribution en outils et manuels pédagogiques qui m'ont été d'une grande utilité.

    Mes remerciements pareillement :

    - aux professeurs et enseignants-chercheurs du département des sciences du langage et de la communication de l'université Alassane Ouattara de Bouaké ;

    - à la direction de l'administration pénitentiaire qui a autorisé la réalisation de cette recherche au sein du camp pénal ;

    - à l'administration, au personnel d'encadrement et au service médical du camp pénal qui m'ont facilité les investigations ;

    - à mes collègues de l'équipe du service socio-éducatif en milieu carcéral du camp pénal ;

    - à tous ceux qui d'une manière ou d'une autre ont soutenu ma recherche par le partage de leurs idées, leur expérience, leur bienveillance ou leur amitié.

    Enfin, mes remerciements vont tout naturellement aux détenus qui ont accepté de participer à ce projet. Leurs récits de vie ont largement contribué à enrichir le contenu de ce mémoire.

    À tous, j'espère vous avoir accordé la place qui est la vôtre au travers de ces lignes.

    vi

    LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS

    AEEP : Agent d'encadrement des établissements pénitentiaires ;

    ASPC : Agence de la Santé publique du Canada ;

    CCC : Communication pour le changement de comportement ;

    CICR : Comité international de la Croix-Rouge ;

    ELM : Elaboration likelihood model (modèle de probabilité d'élaboration) ;

    EPPM : Extented parallel process model (modèle étendu des ressources

    parallèles) ;

    FRCI : Forces républicaines de Côte d'Ivoire ;

    HSM : Heuristic systematic model (modèle de traitement systématique) ;

    HSV : Herpes simplex virus ;

    INFS : Institut national de formation sociale ;

    IEC : Information, éducation et communication ;

    INHP : Institut national de l'hygiène publique ;

    IST : Infection sexuellement transmissible ;

    MACA : Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan ;

    MSF : Médecins sans frontière

    OMS : Organisation mondiale de la santé ;

    ONU : Organisation des nations unies ;

    ONUCI : Organisation des nations unies en Côte d'Ivoire ;

    ONG : Organisation non-gouvernementale ;

    PMT : Protection motivation theory (théorie de la motivation à la protection) ;

    PND : Programme national de développement ;

    SIDA : Syndrome immuno-déficitaire acquis ;

    SWAA: Society for women and AIDS in Africa;

    UFR : Unité de formation et de recherche ;

    VAD : Visite à domicile ;

    VIH : Virus de l'immunodéficience humaine ;

    VZV : Varicelle zona virus.

    VII

    LISTE DES FIGURES

    Figure 1 : Vue transversale de la peau p.51

    Figure 2 : Courbe évolutive de la population cacérale

    du camp pénal décembre 2013 à juillet 2015 ..p.65

    Figure 3 : Principales religions pratiquées par les détenus p.68

    Figure 4 : Niveau scolaire des détenus ..p.70

    Figure 5 : Taux de récidive p.71

    Figure 6 : Opinion sur les conditions de détention p.72

    Figure 7 : Principaux visiteurs ..p.72

    Figure 8 : Assistance des parents ..p.73

    Figure 9 : Nombre de détenus se lavant régulièrement .p.74

    Figure 10 : Perception de l'hygiène corporelle .p.74

    Figure 11 : Produits et matériels pour se laver ..p.74

    Figure 12 : Principaux fournisseurs des détenus en savons ..p.75

    Figure 13 : Évolution des consultations dermatologiques par rapport

    aux effectifs p.131

    Figure 14 : Évolution du comportement des détenus ..p.136

    VIII

    LISTE DES TABLEAUX

    Tableau I : Consultations effectuées par le service médical

    de décembre 2013 à juillet 2015

    p.39

    Tableau II : Effectif du camp pénal de décembre 2013à juillet 2015

    ..p.65

    Tableau III : Répartition des détenus par tranche d'âge

    p.66

    Tableau IV : Répartition des détenus affectés par tranche d'âge

    .p.66

    Tableau V : Situation matrimoniale des détenus

    ..p.67

    Tableau VI : Les détenus ayant des enfants

    ..p.67

    Tableau VII : Répartition des détenus par nationalité

    ..p.68

    Tableau VIII : Activités des détenus extra-muros

    p.69

    Tableau IX : Durée de l'emprisonnement

    .p.70

    Tableau X : Nature des infractions commises par les détenus

    ..p.71

    Tableau XI : Produits et matériels de nettoyage des cellules

    p.76

    Tableau XII : Niveau de sensibilisation des détenus à l'hygiène

    .p.76

    Tableau XIII : Connaissance des causes des infections cutanées

    p.77

    Tableau XIV : Nombre de détenus ayant reçu les premiers soins

    p.78

    Tableau XV : Taux de participation aux activités

    p.111

    Tableau XVI : Taux de fréquentation des détenus aux enseignements

    ..p.112

    Tableau XVII : évolution des consultations dermatologiques

    par rapport aux effectifs

    .p.113

    Tableau XVIII : Évolution du comportement des détenus

    .p.115

    Tableau XIX : Données par rapport aux VAD

    p.116

    Tableau XX : Liste des slogans utilisés pendant la campagne

    p.118

    Tableau XXI : Liste des pathologies enregistrées de 1964 à 1990 .

    dans la prison de Mantoum (Cameroun)

    ..p.129

    Tableau XXII : Relevé des pathologies carcérales enregistrées du

    28 décembre 1989 au 14 mars 1991. à la Prison de Dschang(Cameroun)......p.130

    INTRODUCTION

    GÉNÉRALE

    2

    INTRODUCTION

    De nombreuses initiatives sont prises aujourd'hui par le gouvernement pour rendre humain le milieu carcéral ivoirien. Améliorer la santé des détenus est l'une de ces initiatives avec la création ou la restructuration d'unités sanitaires dans les centres pénitenciers du pays.

    Si accéder aux structures de santé est une bonne initiative, garantir une bonne santé par la sensibilisation et une anticipation sur les causes des maladies est cependant idéale, d'où le recours à l'éducation à la santé.

    L'éducation à la santé est une démarche participative de la population à la résolution de ses problèmes de santé. Elle consiste à aider la population à cerner les maladies, leurs causes et conséquences et comment s'en préserver. La santé n'étant pas seulement l'absence de maladie ou d'infirmité, est aussi un bien-être physique, mental et social. Au-delà, elle est aujourd'hui un indice du développement humain. C'est pourquoi, l'Organisation mondiale de la santé (Oms), depuis la Conférence d'Ottawa en 1986, a fait de la promotion de la santé un instrument de l'accès de tous à la santé avec un outil indispensable : l'éducation à la santé.

    Ayant saisi l'importance de cet instrument, la Côte d'Ivoire a redynamisé l'Institut national d'hygiène publique (INHP) à travers le décret n°91-654 du 09 octobre 1991 (il a été mis en place depuis les années 20 par l'administration coloniale) pour faire face à la résurgence des problèmes liés à l'insalubrité de l'environnement, à la réémergence de certaines maladies infectieuses, endémiques et endémo épidémiques. Le pays montre ainsi, comme le préconisent les institutions internationales, que plus qu'un besoin vital, la santé est un droit ; un droit auquel personne ne doit être soustrait, en particulier les personnes privées de liberté.

    Pour ces institutions, il est plus qu'indispensable d'entreprendre des actions pour leur donner des conditions de vie plus humaines. En effet, les détenus sont confrontés à de nombreuses maladies dont les infections cutanées.

    C'est pour mieux comprendre l'ampleur et les conséquences de cette pathologie en milieu carcéral, plus spécifiquement au camp pénal de Bouaké, que nous avons choisi de traiter le sujet intitulé : «Éducation à la santé en milieu carcéral ivoirien : le cas des infections cutanées au camp pénal de Bouaké».

    En abordant ce sujet, nous souhaitions fournir aux détenus les moyens d'assainir leur milieu de vie et à l'administration pénitentiaire, les outils d'une meilleure

    3

    applicabilité de ces mesures afin de réduire la morbidité liée aux infections cutanées en milieu carcéral.

    Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur la communication engageante comme moyen de mise en oeuvre de notre projet d'éducation à la santé. Les stratégies et techniques de cette théorie doivent nous permettre de consolider les acquis, renforcer les nouveaux comportements et surtout, les pérenniser le plus longtemps possible.

    Notre travail est structuré de la manière suivante :

    - une partie axée sur les considérations théoriques et méthodologiques ; - une partie relative à la santé en milieu carcéral ;

    - une partie sur l'interprétation des données collectées ;

    - et une partie projet.

    4

    I- LE CADRE THÉORIQUE

    On doit, pour qu'une recherche soit comprise, expliquer sa démarche, expliciter les bases et fondements théoriques du travail. C'est à cet exercice que nous nous sommes soumis dans cette partie.

    1.1- L'objet de recherche

    Régulièrement, la société punit des individus pour avoir enfreint les règles qui la régissentdans des lieux dits maisons d'arrêt et de correction. Dans ces maisons d'arrêt, les agents pénitenciers sont en charge de ces personnes (condamnées ou prévenues), mais celles-ci ne sont pas toujours traitées comme il se devait. Les droits élémentaires sont souvent ignorés ou bafoués : santé, loisirs, éducation et formation. Comme le préconisent certains textes internationaux, notamment la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques de 1966 et nationaux comme La Constitution ivoirienne du 23 juillet 2000, toutes les personnes ont droit à la dignité et au respect. Ces dispositifs sont renforcés dans le domaine pénitentiaire par l'élaboration de l'Ensemble des règles minima pour le traitement des détenus de 1955. Ces règles représentent les conditions minimales de dignité humaine à respecter à l'égard des détenus et les recommandations indispensables à la bonne gestion des prisons. Pour toutes ces raisons, nous nous sommes donc intéressés à la situation des détenus. Pour dire en définitive que ce sont les détenus appelés encore prisonniers qui sont l'objet de notre recherche de façon générale et leur situation sanitaire particulièrement.

    1.2- La justification du choix du sujet

    Tout le monde le reconnaît, le milieu carcéral n'est pas un milieu facile à vivre, comme l'attestent certains écrits. En effet, Ibrahim Thioub (1999) souligne les conditions déplorables des détenus pendant la période coloniale. Une situation qui n'a malheureusement guère changé, comme le démontre Kouamé Kouakou Antoine (2002) dans son oeuvre où il décrit l'impact de l'environnement sur la

    5

    santé des détenus. La Une du numéro 10650 de Fraternité Matin du 26 avril 2000 intitulée `'33 prisons civiles en Côte d'Ivoire, des conditions de vie plus humaines», montre que la vie n'y est pas rose.

    En milieu carcéral sévit un ensemble de pathologies qui rendent la vie du détenu très pénible. Parmi ces pathologies, figurent en bonne place les infections cutanées. La prise en charge de l'ensemble de ces différentes pathologies est assurée par les services de santé pénitentiaire.

    Dans les centres pénitenciers ivoiriens, les infections cutanées sont parmi les pathologies les plus récurrentes. Par exemple, à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca), selon une étude menée auprès de 170 détenus par Koukougnon épouse Goprou Brigitte (2002), les dermatoses représentent 31% des pathologies les plus répandues derrière le paludisme avec 54%. Quant à Kouamé Kouakou Antoine (2002), chez les 144 détenus qui déclarent avoir été malade des 170 enquêtés, il y a 18.24% de cas de dermatoses contre 31.76% de cas de paludisme. Cette recrudescence des infections cutanées est mise en évidence par OhouochiAnin Serge (2000) quand il écrit « les détenus sont pour la plupart couverts de plaies purulentes, de gales, de teignes, de dermatoses et dégagent des odeurs nauséabondes.»

    Dans une première enquête que nous avions réalisée auprès des détenus du camp pénal de Bouaké du 14 au 19 décembre 2014 relative aux pathologies qu'ils ont rencontrées depuis la réouverture du camp en décembre 2013, 308 détenus déclarent avoir une infection de la peau sur les 508 détenus qui ont participé à l'enquête1. Ce chiffre montre que cette infection fait partie des plus fréquentes. Malgré les actions de sensibilisation qui sont menées pour l'amélioration de l'hygiène générale du détenu et de son environnement, ces

    1 Cette enquête a été initiée afin de confirmer nos observations. Elle fait suite aux observations des travailleurs sociaux du camp pénal. Elle s'est déroulée du 14 au 19 décembre 2014. C'est après cette enquête que nous avions décidé de mener cette étude sur les pathologies cutanées en milieu carcéral. Elle repose essentiellement sur le ressenti des détenus.

    6

    pathologies demeurent. Il y a lieu donc de procéder à une éducation à la santé des détenus afin de leur assurer une prise en charge effective des infections cutanées.

    Si la santé est essentielle à la vie de tout être humain, elle l'est davantage pour ceux qui sont en détention. La situation du détenu doit retenir l'attention de tous.

    Le choix de ce thème est tout simple. Il se veut une réflexion2 sur la prise en charge sanitaire des détenus ivoiriens et de façon spécifique les moyens utilisés présentement pour soigner les pathologies cutanées, mais aussi les méthodes mises en oeuvre pour les traiter durablement.

    1.3- Les intérêts de l'étude

    1.3.1- Intérêt personnel

    Au niveau personnel, nous nous intéressons à ce thème pour contribuer à aider les détenus à améliorer leurs conditions d'hygiène et de vie. La communication peut à notre avis être un outil qui nous aide à atteindre cet objectif. Par ailleurs, la rareté d'une documentation relative à ce sujet nous pousse à nous y intéresser.

    1.3.2- Intérêt scientifique

    Au niveau scientifique, notre étude permettra de faire d'abord une analyse critique de la lutte contre les infections cutanées, de la lutte pour l'amélioration des conditions d'hygiène et de vie des détenus du camp pénal de Bouaké, et par la suite, proposer une nouvelle approche par l'éducation à la santé afin que ces détenus se prennent en charge pour améliorer leur hygiène et mieux lutter ainsi contre les maladies de la peau. Par ailleurs, notre thème doit pouvoir apporter une autre réflexion, une richesse à l'ensemble de la documentation existante,

    2 Il faut comprendre par cette réflexion les moyens de communication, de sensibilisation, d'information et d'éducation employés par les responsables en charge des centres pénitentiaires pour venir à bout des infections cutanées.

    7

    être un outil de référence dans les stratégies de lutte contre les infections de la peau en milieu carcéral, mais aussi dans la vie de tous les jours.

    1.3.3- Intérêt professionnel

    Cette étude, au niveau professionnel, va donner l'occasion à la direction de l'administration pénitentiaire et celle chargée de la santé carcérale, d'avoir un modèle d'actions sur lequel s'appuyer pour une lutte plus efficace contre cette pathologie.

    1.3.4- Intérêt social

    Au terme de cette étude, au niveau social, nous voulons une amélioration de l'état de santé général des détenus du camp pénal de Bouaké. Nous voulons contribuer à la politique d'humanisation que prône l'administration pénitentiaire ivoirienne.

    L'aspect physique étant très important, nous voulons donner aux détenus les outils pour l'améliorer.

    1.4- Les définitions des concepts ou mots-clés

    Pour une meilleure compréhension et un cadrage de notre recherche, il faille définir un certain nombre de mots essentiels. Nous définirons : éducation à la santé, infections cutanées et milieu carcéral.

    1.4.1- L'éducation à la santé

    « L'éducation et la santé sont des notions proprement humaines qui ne font que rarement l'objet de consensus quant à leur définition, et ce, car elles sont avant tout des notions vulgaires plus que des concepts scientifiques. Les relations qu'elles entretiennent sont de ce fait complexes et leurs articulations

    8

    ressemblent vite à un puzzle géant de modèles orientés idéologiquement, théoriquement ou normativement.» (Klein, 2010)3

    Nous tenterons toutefois par une certaine approche de cerner les contours de ces deux notions.

    a) Définitions lexicale

    Définition d'éducation

    Le Petit Larousse Illustré (2010), définit l'éducation comme l' « action d'éduquer, de former, d'instruire quelqu'un ; manière de comprendre, de dispenser, de mettre en oeuvre cette formation. »

    Selon Le Nouveau Larousse Élémentaire (1985), éducation signifie « action de développer les facultés physiques, intellectuelles et morales » ou les « connaissances et pratiques des usages de la société, les bonnes pratiques » ou encore l' « ensemble des services de l'enseignement public. »

    L'éducation peut avoir plusieurs sens selon Le Robert Mini (1995). Elle peut avoir le sens d'instruction. Elle se définit alors comme la « mise en oeuvre des moyens propres à assurer la formation et le développement d'un être humain », ou les « moyens pour y parvenir. » Elle peut prendre le sens savoir-vivre. Dans ce cas, elle se définit comme les, « connaissances et pratiques des usages de la société.»

    Définition de santé

    Pour Le Petit Larousse Illustré (2010), la santé est l' « état de quelqu'un dont l'organisme fonctionne bien », ou encore l' « état de l'organisme, bon ou mauvais. »

    3 Klein Alexandre editor (dir.), « L'éducation en santé au secours des sciences de l'éducation : prémisses à un essai d'épistémologie croisée », In AREF, Congrès international d'actualité de la recherche en éducation et en formation (AREF 2010), Genève.

    9

    Le Robert Mini (1995), la définit comme le « bon état physiologique d'un être humain, ou fonctionnement régulier et harmonieux de l'organisme », ou encorele« fonctionnement de l'organisme », ou l' « équilibre psychique. »

    Quant au Nouveau Larousse Élémentaire (1985), il définit la santé comme l' « état de celui qui est sain, qui se porte bien », ou l' « état habituel del'organisme. »

    b) La définition opératoire d'éducation à la santé

    Dans le cadre de cette recherche, nous disons comme l'Organisation mondiale de la santé (OMS,1998), que « l'éducation pour la santé comprend la création délibérée de possibilités d'apprendre grâce à une forme de communication visant à améliorer les compétences en matière de santé, ce qui comprend l'amélioration des connaissances et la transmission d'aptitudes utiles dans la vie, qui favorisent la santé des individus et des communautés. »

    La définition de l'OMS s'inscrit dans le même ordre que cette autre définition qui dit que « L'éducation pour la santé, c'est toute combinaison d'expériences d'apprentissage planifiées, destinées à faciliter l'adoption volontaire de comportements conduisant à la santé. » (Green Lawrence W., cité dans Rochon, 1988)4

    En somme, l'éducation pour la santé ou éducation à la santé est le processus par lequel les personnes ou les groupes de personnes apprennent les facteurs favorisants la promotion, l'entretien ou la restauration de la santé. Elle consiste à aider chacun à choisir, librement et consciemment les comportements qui sont les plus favorables à sa santé ; agir sur les facteurs de risque et contribuer à la réduction des inégalités sociales et culturelles devant la santé car les inégalités influencent les comportements individuels.

    4 Jean Rochon fut ministre de la Santé et des Services sociaux au Québec. C'est à ce titre qu'il a rédigé un rapport sur la santé publique au Canada.

    10

    1.4.2- Les infections cutanées

    a) La définition lexicale

    Définition d'infection

    Selon Le Nouveau Larousse Élémentaire (1985), une infection est l' « altération de l'organisme sous l'action de certains parasites. »

    Pour Le Petit Larousse Illustré (2010), une infection est la « pénétration et le développement dans un être vivant de micro-organismes qui peuvent provoquer des lésions en se multipliant, et éventuellement en sécrétant des toxines ou en se propageant par voie sanguine

    Le Dictionnaire de l'Académie Française (1835) quant à lui, définit l'infection comme une « grande puanteur », « il signifie aussi, corruption, altération produite dans un corps par les substances ou miasmes délétères qui s'y introduisent

    Définition de cutanée

    Cutané est un terme d'anatomie et de médecine qui signifie « relative à la peau », selon le Dictionnaire de l'Académie Française (1885). La peau, quant à elle, se détermine comme l'«organe constituant le revêtement extérieur du corps de l'homme et des animaux ». (Le Petit Larousse Illustré, 2010).

    b) La définition opératoire

    À partir de ces quelques définitions lexicales, nous disons que dans le cadre de cette recherche, les infections cutanées sont l'ensemble des pathologies ou des maladies liées à la peau et causées par une bactérie, ou un virus, ou un parasite ou encore un champignon.

    11

    1.4.3- Le milieu carcéral

    a) La définition lexicale

    Le milieu carcéral renvoie à la notion de prison. C'est cette notion que nous expliquons dans cette partie. Aussi, pour Le Nouveau Larousse Élémentaire (1985), la prison se définit comme un « lieu où l'on enferme les prévenus, les condamnés. »

    Le Robert Mini (1995) définit la prison comme un « établissement clos aménagé pour recevoir des délinquants ou prévenus privés de liberté. »

    Quant au Dictionnaire de l'Académie Française (1835), la prison est le « lieu où l'on enferme les accusés, les criminels, les débiteurs » ; ou« un homme rude et d'un abord repoussant » ; « avoir une chaussure trop étroite, qui fait souffrir » ou encore« sombre et triste. »

    Et pour le Nouveau Petit Robert (2008), elle est un « établissement où sont détenues les personnes condamnées à une peine privative de liberté ou en instance de jugement » ; ou « lieu quelconque où quelqu'un est ou se sent séquestré, enfermé. »

    Le Petit Robert de la Langue Française (2012) explique quant à lui que la prison est un « établissement clos, aménagé pour recevoir des délinquants condamnés à une peine privative de liberté ou des prévenus en instance de jugement. »

    b) La définition opératoire

    Dans le cadre de cette recherche, le milieu carcéral renvoyant à la notion de prison, va être considéré comme un lieu de détention ou un établissement où l'on détient enfermées des personnes accusées, condamnées ou prévenues.

    12

    1.5- La revue de littérature

    Pour mener une recherche scientifique rigoureuse, il faut une exploration et une exploitation judicieuse de la littérature existante et relative au thème qu'on a choisi.

    De nombreux auteurs se sont penchés sur l'éducation à la santé et les infections cutanées, en témoigne les nombreux écrits relatifs à chacun de ces sujets.

    Dans le cadre des infections cutanées ou dermatoses par exemple, il existe une multitude d'ouvrages qui est essentiellement composée de thèses et de travaux de recherches effectués par les UFR ou facultés de médecine ou de pharmacie.

    C'est dans le cadre de l'une de ces recherches universitaire qu'une étude a été menée sur la dermatieatopique. Elle consiste à mener une éducation pour améliorer cette infection.

    Dans sa thèse, François Launay (2013), après avoir défini ce qu'est la dermatite atopique (physiopathologie, aspects cliniques), met un accent sur l'éducation thérapeutique et les thérapeutiques alternatives particulièrement dans la prise en charge de la dermatite atopique.

    Nous retenons deux choses importantes de cette thèse : les problèmes de dermatose et la question de l'éducation dans la lutte contre cette infection cutanée. Cependant, le milieu social auquel notre étude fait référence, n'est pas mentionné : le milieu carcéral, tout comme sa thèse, ne développe qu'un seul type de dermatose : la dermatite atopique.

    En dehors de cette thèse, bien d'autres thèses de doctorat se sont penchées sur les infections cutanées. Parmi elles, Benjamin Davido (2010). Dans la thèse celui-ci, un rappel définitionnel des différentes infections cutanées communautaires, particulièrement celles à staphylococcus aurens est fait dans une première partie.

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    Dans une deuxième, une étude des patients atteints de furonculose récidivante est expliquée. Il ressort de ses recherches que les infections cutanées communautaires à staphylococcus aureus sont fréquentes, banalisées et la prise en charge mal codifiée. Ce qui fait que les potentielles complications peuvent être graves notamment dans la forme récidivante. On note dans sa thèse que ces infections sont liées au portage nasal de staphylocoque, présent sous forme d'impétigo, folliculite ou furonculoses.

    Cette thèse nous rapproche plus de notre sujet de recherche en sens qu'elle donne plus d'informations sur les différentes pathologies de la peau, les causes de leur prolifération et propose aussi les mesures pour les éradiquer. Comme dans la thèse de François Launay, ici aussi, il n'est pas fait cas des problèmes de peau en milieu carcéral.

    En dehors de ces écrits qui ne traitent que des problèmes de la peau dans la vie ordinaire, certains se sont penchés sur les problèmes en milieu carcéral.

    Il existe beaucoup de travaux ou d'écrits sur ce milieu, des écrits aussi bien journalistiques qu'universitaires.

    Parmi les études et publications auxquelles nous avions eu accès, il y a celle d'Evodé Hariyongabo (2010). Dans son travail de recherche de Licence en sciences infirmières à l'Institut universitaire des sciences de la santé de Ngozi (Cameroun), Evodé fait une étude descriptive des conditions d'hygiène en milieu carcéral, particulièrement dans la prison centrale pour hommes de Ngozi au Cameroun. Cette étude menée du 22 juin au 7 août 2009 sur 142 condamnés, avait pour objectif principal de contribuer à l'amélioration de l'hygiène en milieu pénitentiaire en faisant une revue de tous les facteurs qui participent à l'hygiène : l'hygiène des bâtiments, la collecte des déchets et des eaux usées, l'hygiène de l'eau, l'hygiène environnementale, l'hygiène alimentaire, l'hygiène corporelle et vestimentaire et les sanitaires.

    Il ressort de l'analyse du chercheur que les mauvaises conditions relatives aux facteurs sur-cités sont sources de dégradation de la salubrité des prisons et par

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    ricochet de prolifération des pathologies, sans oublier les facteurs liés à l'instruction et à la culture.

    Le mémoire d'Evodé Hariyongado se rapproche davantage de notre thème d'étude car il fournit des éléments qui permettront de comprendre aussi la persistance des infections cutanées dans les prisons. Même s'il ne mentionne pas spécifiquement cette pathologie, nous comprenons que ces facteurs peuvent en être des causes.

    C'est dans cette même voie que s'inscrit le travail de Guy Roger Voufo (2009). Son mémoire de master 2 traite de la santé des détenus des prisons de Dschang et de Mantoum (Cameroun). Sachant que la configuration de l'état sanitaire est similaire en général dans la plupart des établissements pénitentiaires et de façon particulière en Afrique, nous nous sommes intéressés à cette recherche. Voufo commence par un examen de l'architecture des prisons de Dschang et de Mantoum, il identifie les différents instruments juridiques camerounais et internationaux de la préservation de la santé des détenus puis les pathologies carcérales et leurs conséquences sur la vie des détenus. Il nous fait savoir que les pathologies cutanées sont les plus récurrentes dans ces prisons en compagnie du paludisme et des IST.

    Nos investigations documentaires ne se sont pas arrêtées seulement aux oeuvres étrangères. Nous avons mené des recherches sur les écrits se rapportant aux pathologies en milieucarcéral ivoirien. Il ressort de cette recherche que c'est l'hygiène qui est le sujet principal abordé sur la problématique sanitaire en prison. Certains journaux, notamment Fraternité Matin et Ivoir'Soir ont publié plusieurs articles sur ce sujet parmi lesquels nous avons retenu celui relatif à l'humanisation des prisons ivoiriennes de Douh L. Patrice (2000), celui sur une épidémie de choléra publié dans Ivoir'Soir5 du 11 septembre 1991 de Amédée

    5Ivoir'Soir était une publication du groupe Fraternité Matin des années 90. Elle paraissait chaque après-midi du lundi au vendredi.

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    Assi, l'interview du directeur de l'administration pénitentiaire le 15 juillet 1995 suite à une autre épidémie de choléra. Thierry Perret6 (MFI)7 a publié aussi un article dans Ivoir'Soir le24 août 1993dans lequel il dénonce les conditions de vie des prisonniers en Afrique. Sous le titre de «Prisons africaines, l'autre monde des réprouvés», il fustige le désintérêt de la population et des autorités à l'égard des détenus pour des raisons plus ou moins économiques. Et c'est dans cette même ligne que s'inscrivent les articles de Jean Baptiste Akrou (Fraternité Matin des 12 et 13 janvier 1991 et celui du 17 janvier 1991). Il dénonce les « difficiles conditions de vie, d'alimentation et de soins. » Le manque de médicaments, le surpeuplement, la mauvaise nutrition et de soins précaires constituent pour l'auteur les problèmes véritables des prisons ivoiriennes en général.

    Les étudiants ivoiriens ne sont pas restés en marge de cette réflexion sur la vie carcérale. Ceux qui s'y sont essayés, le plus, sont ceux de l'Institut national de formation sociale (Infs). Les mémoires de fin de formation qui ont eu pour centre d'intérêt le milieu carcéral, ont abordé dans la quasi-totalité le thème de l'hygiène.

    Le paludisme est l'une des maladies les plus mortelles. En prison, il l'est davantage à cause de l'environnement. Sylla Nazan (2013) avait prévenu les dangers du paludisme en milieu carcéral. Aussi, il a mené une étude qui l'a amenée à conclure que l'hygiène environnementale est à la base de la prolifération de plusieurs maladies dont le paludisme. L'insuffisance des produits d'hygiène que sont les savons et les autres produits de désinfection, le

    6 Prisons d'Afrique, L'autre monde des réprouvé In Ivoir'Soir du 24 mars 1993, page 4. Dans cet article, Thierry Perret (journaliste et écrivain à Radio France Internationale) fait une analyse critique du milieu carcéral africain. Selon lui, malgré les changements politiques opérés dans de nombreux pays africains, aucune réforme véritable n'a été engagée pour améliorer les conditions de vie des détenus sur le continent.

    7 MFI ou Médias France Inter-continents fut une agence de presse d'informations internationales dans plusieurs domaines : politique, société, droit, économie, santé, éducation, sport...

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    manque d'entretien (eaux de javel) des locaux provoquent la multiplication des germes responsables du paludisme dans les cellules, sans oublier que les détenus ignorent l'importance des règles d'hygiène environnementale et les modes de transmission du paludisme. Pour remédier à cet état de fait, il a, à travers trois (03) activités principales, à savoir les micro-enseignements sur l'importance de l'hygiène environnementale, les exposés sur les modes de transmission du paludisme et le nettoyage des alentours du bâtiment et des cellules, tenté d'impacter positivement sur la santé des détenus qui ont participé à ses activités.

    Le même thème de l'hygiène a été le sujet de recherche d'un autre étudiant. Mais les investigations cette fois ce sont concentrées sur le bâtiment A de la Maca. Kouamé Kouakou Antoine (2002) a mené une étude sur 170 détenus du bâtiment A de la Maca pour faire la promotion de l'hygiène du milieu dans ce bâtiment. Il a fait ressortir au cours de cette recherche, que la majorité des détenus ne reçoit pas de visite (70%), ce qui signifie qu'ils n'ont pas l'aide des siens pour s'assurer un complément alimentaire des repas qui leur sont distribués. Parmi les autres problèmes identifiés par Kouamé Kouakou Antoine, il y a des problèmes sociaux, notamment l'insuffisance de l'état de santé, l'alimentation déséquilibrée et insuffisante et l'insalubrité. Il dresse un tableau sombre sur la situation sanitaire des détenus, avec seulement 15.3% qui déclarent ne jamais avoir contracté une maladie. Et parmi ceux qui l'ont été, 18.24% souffrent de problème de dermatoses, deuxième pathologie recensée dans ce bâtiment. Pour améliorer le cadre de vie des détenus, il fait des propositions comme l'a fait Sylla Nazan.

    Ohouochi Anin Serge (2007), un autre étudiant de l'Infs a abordé ce même thème de l'éducation à l'hygiène en milieu carcéral. Il a axé son travail sur cinq (05) détenus de la Maca. Dans son travail d'investigation, il fait ressortir les conséquences de l'insalubrité en milieu carcéral. En effet selon O. Serge, le surpeuplement, la promiscuité des cellules augmentent les risques de maladies

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    contagieuses. Ses observations montrent que « les plaies purulentes, la gale, les teignes, les dermatoses couvrent le corps de la plupart des détenus. Ce qui est signe de l'insalubrité » dans laquelle ceux-ci vivent. Ohouochi Anin Serge met l'accent sur un élément important : le manque d'hygiène corporelle qui accentue la marginalisation du détenu. Comme solution, il a proposé la fabrication du savon liquide en plus de l'éducation à l'hygiène corporelle, vestimentaire et environnementale l'hygiène de ces cinq (05) détenus.

    Dans notre investigation, un seul travail de recherche a été entrepris sur notre champ sociologique, à savoir le camp pénal de Bouaké. Aphi Angéla (1999) a entrepris dans son projet de sensibiliser sur l'hygiène pour prévenir les maladies en milieu carcéral. Elle a observé que les détenus du camp pénal au niveau sanitaire, avaient une certaine défaillance. Les affections cutanées (gale, plaie, boutons, teigne, herpès), l'insuffisance de l'hygiène corporelle, vestimentaire et environnementale étaient la chose la mieux partagée parmi les détenus du camp pénal. Aussi, dans son projet de prévention des maladies en milieu carcéral, elle a axé essentiellement la sensibilisation sur l'hygiène corporelle et vestimentaire, le nettoyage de l'environnement et maraîchage pour améliorer la qualité et la quantité de la ration alimentaire quotidienne.

    Que retenir de notre revue de littérature ? Il y a de nombreux écrits sur les l'éducation à la santé, les pathologies cutanées et sur le milieu carcéral. Mais rares sont les ouvrages qui ont traité ces trois (03) notions à la fois. L'éducation à la santé a été toujours axée sur l'hygiène ; les infections cutanées n'ont jamais fait l'objet d'une étude en milieu carcéral ivoirien.

    1.6- La problématique

    Selon Blum, « la santé consiste en la capacité de l'individu de maintenir un état d'équilibre approprié à son âge et à ses besoins sociaux sans lequel cet individu est raisonnement indemne de profonds inconforts, insatisfactions, maladies ou

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    incapacités de se comporter d'une façon qui assure la survie de son espèce aussi bien que sa propre réalisation personnelle. »8

    Ainsi, la santé a été de tout temps une préoccupation des hommes. Elle fait partie intégrante des droits humains que consacre la quasi-totalité des textes nationaux, régionaux et internationaux en matière de droits humains et cette préoccupation demeure même lorsque l'individu est privé de liberté du fait de son emprisonnement. La plupart des états démocratiques autorise l'accès des détenus aux services de santé afin de leur garantir un meilleur état de santé physique et moral.

    Malheureusement, comme le constate Thierry Perret (Op.cit), les administrations pénitentiaires sont les oubliées des politiques nationales de développement en Afrique. Il dénonce dans son article les insuffisances des moyens des prisons africaines, participant par la même occasion aux conditions de précarité, d'insalubrité dans lesquelles vivent les détenus dans les centres pénitenciers.

    Dans un rapport de la Division des droits de l'homme de l'Onuci (2006), ce même tableau sombre est dressé. Les budgets alloués à chacune des maisons d'arrêt sont insuffisants pour des effectifs de prisonniers en constante progression. Résultat : hygiènes déficitaires, prolifération de maladies, décès.

    Tous, nous savons que le milieu carcéral est propice au développement de nombreuses maladies dont certaines font l'objet plus ou moins d'une prise en charge, notamment le paludisme, la tuberculose et le Vih/Sida, sans doute parce qu'elles sont plus mortelles. Dans les prisons ivoiriennes, certaines organisations nationales ou internationales non gouvernementales sont impliquées dans la lutte contre les pathologies suscitées (Douh L. Patrice,

    8Koudougnon épouse Goprou Tiéléo Brigitte, 2002, définition tirée du cours de la santé de la reproduction dispensé à l'Infs.

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    2000)9. L'Ong Médecins sans frontières (Msf) a construit un pavillon par exemple à la Maca réservé aux malades de la tuberculose. Une autre structure, Esther, est quant à elle très impliquée dans la lutte contre le Sida en milieu carcéral (Rapports de 2008 à 2011, Esther)10. Pourtant, en milieu carcéral en général, les pathologies cutanées représentent l'une des trois premières causes de consultation en médecine chez les détenus en Afrique subsaharienne, à en croire les chiffres de certaines prisons africaines.

    Ce constat vrai pour ces prisons, l'est aussi pour les prisons ivoiriennes. En effet, une étude menée auprès des détenus du camp pénal par nos soins, révèle qu'au moins 308 détenus déclarent avoir eu ou ont une infection cutanée. Un chiffre que le registre de consultations de ladite structure vient plus ou moins attester. Car selon le registre, entre le 19 décembre 2013 et le 31 décembre 2014, 704 détenus se sont présentés à l'infirmerie pour un problème de peau (dermatose, furonculose, plaies, etc.).

    Ces chiffres nous montrent que les maladies de la peau sont un problème majeur de santé en milieu carcéral notamment au camp pénal de Bouaké. L'analyse des causes de cette maladie s'oriente vers la question de l'hygiène. Une question qui pourtant a fait l'objet de nombreuses initiatives que ce soit avec les Ong (Aphi Angéla, 1999 ; Ohouochi Anin Serges, 2007 ; Kouamé Salifou Ouattara, 2002) ou avec l'administration pénitentiaire. Et pourtant, les infections cutanées sont toujours d'actualité.

    Pourquoi les infections cutanées persistent-elles en milieu carcéral ? Existe-il d'autres facteurs qui favorisent la prolifération ou le maintien de cette maladie ? Les actions menées sont-elles inefficaces ? Sont-elles correctement

    9Douh L. Patrice, « Pour des prisons plus humaines », In Fraternité Matin du 26 avril 2000, pp 23.

    10 Esther est une organisation internationale française qui intervient dans le domaine du Vih/Sida en milieu carcéral. Elle publie chaque année un rapport d'activités. Les rapports d'activités peuvent être consultés sur www.esther.fr

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    menées et suivies ? Quelles solutions faut-il envisager pour une lutte efficace contre les infections cutanées en milieu carcéral ?

    1.7- Le cadre de référence théorique

    Dans cette partie, nous exposerons la théorie ou les théories qui font soutenir notre démarche. En effet, il est indispensable d'enraciner toute recherche scientifique dans des théories afin de mieux expliquer le phénomène mais surtout de donner une légitimité à nos travaux.

    D'ores et déjà, il est à noter que notre sujet s'inscrit dans le domaine de la communication de santé, appelée aussi communication persuasive de santé publique. La communication persuasive de santé publique « inscrit son objet d'étude au sein d'un système d'échanges socio-économiques et socio-publiques à multiples enjeux, dans lequel une organisation (i.e., les pouvoirs publics) dotée d'intentionnalités cherche à orienter les composantes des publics (i.e., les citoyens) également dotés d'intentionnalités de manière à ce que cescomportements contribuent à réaliser les objectifs de l'organisation (i.e., changer les comportements néfastes pour la santé)11 (Audrey Marchioli, 2006)

    De cette définition, nous disons que la communication persuasive de santé publique est une forme de communication interactive entre une organisation et une cible dont la finalité est le changement de comportement nuisible à la santé de cette cible. Cette communication utilisait à l'origine plusieurs théories ou modèles :

    - les modèles duaux du traitement de l'information : les modèles ELM12 et HSM13. (idem) ;

    11 Audrey Marchioli, « Marketing social et efficacité des campagnes de prévention en santé publique : apports et implications des récents modèles de communication persuasive », in Communication ? Marketing N?1

    12 ELM ou Elaboration Llikelihood Model, traduit par modèle de probabilité d'élaboration, est un modèle de traitement de l'information (Petty et Cacioppo, 1986). Ce modèle développe la théorie selon laquelle au fur et à mesure que la motivation et la capacité d'un individu augmentent ou diminuent, les arguments deviennent un déterminant de plus en plus important pour la formation

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    - les théories de la motivation à la protection « Protection Motivation Theory » ou PMT14 (Op.cit) ;

    - le modèle étendu des ressources parallèles « Extended Parallel Process Model » ou EPPM15 (Op.cit).

    Ces différents modèles ou théories ont souvent montré leur insuffisance. Les ELM et HSM fournissent certes des informations sur les mécanismes psychologiques du changement d'attitude, mais n' « envisagent pas le changement effectif de comportement » (Op.cit). Les PMT dans le processus de persuasion sont plus

    de son attitude. Selon ce modèle, il existe deux voies de traitement de l'information. La voie centrale et la voie périphérique. La voie centrale consiste à évaluer soigneusement les arguments persuasifs. Les individus qui utilisent cette voie se sentent impliqués et possèdent les capacités pour évaluer les arguments. La voie périphérique consiste à évaluer les arguments de manières superficielles. L'individu qui décide d'utiliser cette voie juge superficiellement les arguments sans le moindre effort cognitif, il ne prête pas attention aux messages persuasifs, mais plutôt aux éléments périphériques.

    13 Le modèle de traitement heuristique systématique ou Heuristic-Systematic Model est un modèle de traitement de l'information comme le ELM. Il a été développé pour rendre compte des changements d'attitude consécutive à l'exposition à un message persuasif. (Chen et Chaiken, 1999). Il développe deux voies : la voie systématique et la voie heuristique. La voie systématique est identique à la voie centrale de Petty et Cacioppo. Les individus qui utilisent les arguments tels que « ce que dit l'expert, est vrai » ou « ce qui est beau, est bon », utilisent la voie heuristique. Selon ce modèle, les individus suffisamment motivés et capables réalisent un traitement soigneux de l'information, et ceux peu motivés et peu capables, réalisent un traitement superficiel de l'information.

    14 Le PMT (Arthur et Quester, 2004, cité par Audrey Marchioli, 2006) a servi de base à tous les autres modèles sur les appels à la peur. C'est un modèle qui met l'accent sur la peur dans les messages persuasifs. Selon le PMT, un individu exposé à un message d'appel à la peur évalue d'une part la menace générée par le message. Il examine la gravité des risques et le dégré à partir duquel la menace représente un danger. D'autre part, il évalue les moyens d'échapper à la menace.

    15 EPPM (White, 1992 ; 1998, cité Audrey Marchioli, 2006) distingue deux voies de traitement de l'information : le contrôle du danger et le contrôle de la peur. Actuellement, c'est l'un des modèles les plus utilisés dans le champ de la communication persuasive à la santé publique. Il met l'accent autant sur les effets des appels à la peur que sur le changement de comportement et le rôle de l'affect (état d'âme, disposition) négatif dans le processus de persuasion.

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    pertinents. Cependant, le changement de comportement est assujetti à ce que le message créé chez le récepteur la peur.

    Quant à l'EPPM « sa principale limite réside dans le fait qu'il n'est pas très explicite sur une possible action en parallèle dans le processus de contrôle de la peur et du danger. » (Op.cit.) Après analyse de ces théories liées à la communication persuasive de santé publique, nous allons expliciter la théorie que nous avons utilisée à savoir la théorie de l'engagement. Cette théorie a été employée par nous parce qu'elle a un impact certain dans les campagnes de promotion à la santé. Il faut comprendre par engagement le lien qui unit un individu à l'acte qu'il pose, à ses actes comportementaux. Partant de cela, nous disons que la théorie de l'engagement serait pour nous un moyen de « comprendre les mécanismes psychologiques sur lesquels repose l'efficacité des stratégies comportementales » (Kahi Honoré, 2014)16. La théorie de l'engagement utilise plusieurs techniques parmi lesquelles, les techniques de :

    - le-pied-dans-la-porte ; une technique qui consiste à demander un acte peu coûteux avant d'en demander un autre plus coûteux ;

    - « vous-êtes-libre-de... », qui consiste à demander quelque chose à un individu en précisant « vous êtes libre de... » ;

    - la-porte-au-nez, ici, il question de demander à quelqu'un un acte très coûteux, que l'individu refuserait de faire, avant de lui demander d'en faire un relativement peu coûteux ;

    - l'étiquetage. C'est de solliciter un acte chez quelqu'un, la réalisation de cet acte va être un prétexte pour valoriser cette personne. Ainsi, mis en confiance, elle est disposée à adopter un comportement positif ;

    - un-peu-c'est-mieux-que-rien, qui est une technique à préciser qu'un petit geste est mieux que rien ;

    - le Toucher qui consiste à établir un contact physique en formulant une requête.

    16Kahi Honoré, cours de communication engageante, master 1 sciences de la communication, université Alassane Ouattara de Bouaké, année universitaire 2013-2014.

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    Les principes de l'engagement se résument à : le contexte de liberté, le caractère explicite, l'irrévocabilité, la répétition des actes, les conséquences ou bénéfices, le coût ; les raisons. En somme, l'utilisation de cette théorie dans notre recherche vise l'implication effective des individus aux différentes actions qui vont être entreprises afin d'augmenter les chances de réussite de cette lutte.

    La mise en oeuvre de cette théorie s'est faite au travers de plusieurs stratégies et techniques de communication. Pour le compte des stratégies, nous pouvons citer : - l'IEC. C'est une stratégie de communication qui consiste à échanger avec un public, des messages, des informations coordonnées à but éducatif par l'intermédiaire de canaux appropriés (radio, journaux, télévision, expositions, conférences, etc.) pour promouvoir un changement de comportement ;

    - la CCC ou communication pour le changement de comportement « est un ensemble de procédés interactifs d'idées et d'informations avec un individu ou un public cibleen vue de lui permettre de prendre conscience de ses propres problèmes ou besoins prioritaires et être acteurs de la résolution de ces problèmes ou besoins » (Handicap International et SWAA, 2009)17 ;

    - le plaidoyer. C'est la défense d'une cause, d'une opinion, d'un intérêt ou d'une politique. Le plaidoyer peut être défini aussi comme un ensemble d'actions cohérentes et ciblées visant à soutenir une cause, à convaincre ou influencer un ou des décideurs de manière à obtenir un changement dans l'intérêt d'une communauté ;

    - la mobilisation sociale. Elle est définie comme « la prise de conscience d'un problème dans la sphère publique et l'action qui en découle, à savoir

    17 Handicap International et SWAA, Manuel sur l'IEC-CCC en matière de VIH/Sida pour les groupes vulnérables, juillet 2009, p.18. SWAA ou Society for Women and AIDS in Africa est une ONG sénégalaise qui lutte contre le VIH/Sida au sein de la population féminine au Sénégal.

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    l'organisation d'une stratégie afin d'agir face à ce problème ». (AcDev et Equipop, 2007)18.

    Comme techniques de communication, nous pouvons mentionner :

    - la causerie qui est un échange entre un agent et un groupe d'individus. Cet échange d'informations sur un sujet ou un thème a pour objet le changement de comportement des individus ;

    - les entretiens individuels. Ce sont des conversations plus ou moins dirigées au cours desquelles l'agent recueille des informations d'un individu et qui lui permettent d'avoir une idée précise du problème de cet individu ;

    - les visites à domicile (VAD) sont un moyen de contact qui consiste pour un agent à venir au domicile de l'usager pour mieux connaître ses difficultés et chercher avec lui les solutions appropriées.

    1.8- Les hypothèses

    1.8.1- L'hypothèse générale

    L'absence d'une politique éducationnelle de santé et le manque d'hygiène dans les prisons favorisent l'apparition et/ou le maintien des infections cutanées en milieu carcéral.

    1.8.2- Les hypothèses opérationnelles

    Hypothèse 1 : Les infections cutanées sont favorisées par le manque d'hygiène environnementale, vestimentaire et corporelle.

    Hypothèse 2 : Les infections cutanées peuvent être dues à d'autres causes hormis les problèmes d'hygiènes.

    18AcDev et Equipop, Guide pratique de mobilisation sociale, de plaidoyer et de mobilisation politique en promotion de la santé, juin 2007, p.6. Action et Développement ou AcDEv et Equilibres et Populations sont des ONG. La première est sénégalaise et la seconde française. Elles oeuvrent pour la promotion à la santé.

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    Hypothèse 3 : Le manque d'informations sur les infections cutanées expose les détenus aux maladies.

    1.9- Les objectifs

    1.9-.1- L'objectif général

    Contribuer à donner un visage humain aux prisons ivoiriennes en améliorant l'état de santé des détenus.

    1.9.2-Les objectifs spécifiques

    Objectif spécifique 1 : Déterminer les conséquences de l'hygiène précaire sur la prolifération des infections cutanées en milieu carcéral ;

    Objectif spécifique 2 : Amener les détenus à prendre conscience de l'importance des règles d'hygiène à travers l'éducation à la santé ;

    Objectif spécifique 3 : Mettre en place des outils d'éducation pour la santé en milieu carcéral.

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    II- LE CADRE MÉTHODOLOGIQUE

    2.1- Le champ d'investigation

    2.1.1- Le champ géographique

    De prime abord, nous disons qu'en réalité, tous les établissements pénitentiaires sont concernés par cette étude. Mais pour certaines considérations, nous nous limiterons au camp pénal de Bouaké. Bouaké est la deuxième plus grande ville de Côte d'Ivoire. C'est la capitale du Gbêkê. Située au centre du pays, elle est limitée par les régions du Hambol au nord, de l'Iffou à l'est, du Béré et de la Marahoué à l'ouest, du Bélier au sud. Bouaké est un carrefour où on trouve non seulement tous les groupes socio-culturels du pays, mais aussi des ressortissants de toute la sous-région ouest africaine voire, africaine dans son ensemble.

    Le camp pénal de Bouaké est situé à l'ouest de la ville de Bouaké, sur l'axe Bouaké-Sakassou. Il est situé entre le campus 1 et le campus 2 de l'université Alassane Ouattara et non loin aussi du camp militaire du Génie.

    C'est un établissement pénitentiaire qui accueille les condamnés (délinquants et criminels) en provenance des différentes juridictions ou des établissements pénitentiaires de tout le pays.

    2.1.2- Le champ sociologique

    Nous attendons réaliser notre étude auprès, d'une part, de la population carcéral du camp pénal de Bouaké, d'autre part, auprès des autorités sanitaires du district sanitaire auquel est relié le dispensaire du camp pénal, auprès de la direction de la santé carcérale des ministères de la Justice et des Libertés publiques mais aussi celui de la Santé et de la Lutte contre le Sida. Enfin, cette étude est aussi réalisée auprès de l'administration pénitentiaire de l'Onuci.

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    Le camp pénal de Bouaké est au centre de cette étude. C'est là que nous mettrons en place notre projet d'étude pour analyser le phénomène des infections cutanées et son évolution en milieu carcéral.

    Il faut dire que le camp pénal accueille les délinquants et autres criminels condamnés par les différents tribunaux du pays dont les peines vont de dix (10) à vingt (20). Toutefois, il arrive que des détenus aient des peines inférieures à dix (10). On y trouve toutes les couches socioculturelles du pays et mêmes de la sous-région.

    2.1.3- La présentation du camp pénal de Bouaké

    Le camp pénal de Bouaké est un établissement pénitentiaire de première catégorie. Bâti pour recevoir 1500 détenus, il peut cependant accueillir un peu plus et aller jusqu'au double de sa capacité, c'est-à-dire 3000 détenus.

    Il occupe une superficie d'environ dix (10) hectares. Il se compose de deux grandes parties : le secteur administratif et le secteur de la détention :

    - le secteur administratif comprend trois (03) bâtiments. Dans le premier, on y trouve le bureau du régisseur, celui de son adjoint, le bureau destiné au greffe et de deux salles servant à la fouille des visiteurs. Le deuxième bâtiment comprend les magasins de stockage des vivres des détenus et du matériel et bureau du responsable du magasin et de la cuisine. Dans le troisième bâtiment, ce sont la salle de surveillance, la salle de repos des agents d'encadrement, le local technique, le poste, le bureau des travailleurs sociaux et le magasin de stockage des effets des détenus qui s'y trouve ;

    - le secteur de la détention se compose de six (06) bâtiments pour l'emprisonnement, le bâtiment abritant l'infirmerie, le bâtiment tenant lieu de salle d'alphabétisation, la cuisine, le bâtiment qui abrite l'atelier de couture, des préaux et des sanitaires dans les différentes zones de l'emprisonnement et une mosquée.

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    2.2. Les méthodes et techniques de collecte des données

    Les méthodes et les techniques forment la méthodologie, qui est l'étude des procédés pour aboutir à la connaissance.

    2.2.1- Les méthodes d'approche

    La méthode est une démarche de l'esprit, l'explication de faits qui peuvent être vérifiés. C'est encore l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle poursuit, les démontre et les vérifie. C'est une démarche intellectuelle organisée et réfléchie pour atteindre une objectivité scientifique. La méthode dicte la façon d'organiser et d'envisager la recherche d'où le fait qu'elle définisse et synthétise la recherche afin de vérifier l'hypothèse soulevée plus haut.

    2.2.2- Les techniques de recherche

    Dans le but de comprendre la recrudescence des infections de la peau en milieu carcéral de façon générale et du camp pénal de façon spécifique, nous avons choisi au cours de la collecte des données, différentes techniques. Les techniques « sont les étapes opératoires limitées ou liées à des éléments pratiques, concrets, adaptées à un but spécifique » (Grawitz Madeleine, 1980, cité par Bakayoko Ismaëla, 1998). 19 En somme, ce sont les outils, les instruments d'observation que nous avons utilisés. Comme instruments, nous avions utilisé : la documentation, la pré-enquête, l'observation, le questionnaire, l'entretien.

    a) La documentation

    La documentation peut être définie comme l'ensemble de documents sur une matière, une question. Elle est essentielle car permettant de nous fournir des informations, des connaissances utiles et parfois très précises sur un sujet et de fixer le conceptuel de l'enquête.

    19 Bakayoko Ismaïla, Aspects criminogènes de la perméabilité des frontières en Côte d'Ivoire : le cas de la frontière de Noé, Mémoire de Maîtrise, université de Cocody, 1999.

    29

    Dans le cadre de notre recherche, il nous a paru indispensable de nous rapprocher des autorités judiciaires et sanitaires pour obtenir des données sur les pathologies en milieu carcéral. Après, nous nous sommes rendus à Fraternité Matin, le plus ancien des quotidiens d'informations ivoiriens, qui a déjà publié des articles sur le problème de santé en milieu carcéral, consulter également des ouvrages en rapport avec la santé des détenus, aussi bien en Côte d'Ivoire que partout ailleurs dans le monde à partir d'internet. Enfin, nous avionsété dans les établissements d'enseignement médico-social tels que l'Infs, les Ufr de médecine de l'université Félix Houphouët Boigny de Cocody et de l'université Alassane Ouattara de Bouaké pour consulter les mémoires publiés sur le milieu carcéral par les étudiants de cette école.

    b) La pré-enquête

    Au cours de cette phase, il fut question pour nous d'observer, consulter, interroger pour mieux cerner notre cible, mieux appréhender notre thème. La pré-enquête nous a servi en fait à mieux comprendre l'ampleur des infections cutanées sur le terrain. Elle a facilité l'essai sur un échantillon très réduit des instruments conçus pour notre enquête. Cet exercice permet de faire des réajustements des instruments si besoin il y a. De même, cette étape nous a permis de cerner au mieux ceux que nous voulons interroger, consulter.

    c) L'observation

    Ici, nous avons utilisé deux (02) techniques d'observation : l'observation désengagée et l'observation participante.

    L'observation désengagée, parce qu'on était plus spectateur. On regardait sans poser de question. Elle fut beaucoup utilisée pendant la pré-enquête. L'observation participante, car nous nous sommes fondus dans les activités. Elle nous a permis de mieux comprendre la portée des faits observés.

    d) 30

    Le questionnaire

    Le questionnaire est un ensemble de questions qui nous a servi à avoir au cours des rencontres et autres entretiens, des réponses à nos préoccupations, à nos interrogations, de diversifier ces points de vue sur la problématique des infections cutanées en milieu carcéral. Les différents types de questionnaire furent utilisés au cours de nos enquêtes, à savoir les questions fermées et les questions ouvertes

    e) L'entretien

    Pour les entretiens, nous avons utilisé différentes modèles. L'entretien non structuré, lorsqu'il s'est agi de conversation libre pour avoir juste des précisions ; l'entretien directif et semi-directif rester maître de l'entretien, ne pas sortir du cadre de l'enquête et surtout éviter les réponses vagues. Pour se faire, un guide d'entretien fut élaboré.

    2.3- L'échantillonnage

    2.3-1. La population

    La population qui nous intéresse pour notre étude est l'ensemble des détenus qui ont une infection de la peau. Cependant, à cause de la spécificité du champ social, ici la prison, nous n'avions pas pu déterminer avec précision le nombre de cette population. En effet, ouverte officiellement depuis le 27 mars 2014, le camp pénal reçoit régulièrement des détenus en provenance des autres centres pénitentiaires du pays. Parmi ces détenus, certains ont déposé un recours en appel ou se sont pourvus en cassation, c'est donc dire que ces individus sont susceptibles d'être libérés à tout moment. De plus, pour des raisons qui ne nous ont pas été expliquées, les détenus changent constamment de cellules, de bâtiments.

    Néanmoins, nous disons que notre population est constituée de plus de la moitié de l'effectif total des détenus du camp pénal. Car notre pré-enquête a

    31

    révélé que plus de 300 détenus ont des problèmes de peau sur les 508 qui ont participé à cette pré-enquête.

    2.3-2. La méthode d'échantillonnage

    Pour définir notre échantillon, nous avions choisi la méthode empirique ou non probabiliste, l'échantillon de convenance est notre choix de façon précise. Car nous avions basé le choix des individus pour notre étude sur des critères pratiques. Ces critères sont les suivants :

    - être détenu au camp pénal depuis au moins trois mois à l'entame de l'étude ;

    - avoir une des infections de la peau (gale, plaie, dartre, mycose, teigne...) ;

    - rester au détenu une peine d'au moins un an ;

    - accepter de participer à l'étude.

    2.3-3. La taille de l'échantillon

    Nous avons décidé de mener notre étude auprès de 50 détenus. Ce chiffre a été retenu compte tenu du temps que nous avons, des ressources (matérielles et financières) dont nous disposons et parce que une cellule au camp pénal a une capacité d'environ 50 places.

    2.4- Le dépouillement

    Le dépouillement est lorsqu'on distribue les réponses en fonction de critère. Il permet de repartir les données, de mettre les variables en relation et d'analyser les données.

    Un traitement qualitatif, des comparaisons de réponses, une analyse des corrélations entre variables ont été faits à partir des données que nous avions recueillies.

    32

    Le dépouillement a été quantitatif avec les questions ouvertes dont les réponses nous ont permis de faire une analyse de contenu.

    2.5- Les méthodes d'analyse

    L'analyse statistique des données a été faite à l'aide du logiciel Sphinx plus 2.

    Première partie :

    La santé en

    milieu carcéral

    33

    34

    CHAPITRE I : L'ÉDUCATION À LA SANTÉ

    I- LA PROBLÉMATIQUE SANITAIRE EN MILIEUCARCÉRAL Dans la société en général, la santé est un élément incontournable de notre existence. Sans une bonne santé, la vie est difficile, voire insupportable. C'est la raison pour laquelle on y attache beaucoup d'importance. Mais dans le milieu carcéral, le détenu donne l'impression d'avoir un rapport distendu avec cette notion. Ici, nous nous attellerons à montrer les causes de cette attitude et faire ressortir les maladies les plus répandues en prison.

    1-1. Les facteurs de vulnérabilité du détenu

    Plusieurs facteurs influencent le détenu en prison et impactent sur son attitude. Ces facteurs constituent pour nous des facteurs de vulnérabilité. Ces facteurs peuvent être répartis en trois (03) groupes : les facteurs personnels, les facteurs sociaux et les facteurs environnementaux.

    1-1-1. Les facteurs personnels

    Les facteurs personnels sont un ensemble d'éléments propres permettant ou non l'autonomie d'une personne. Il y a entre autre le niveau d'instruction, l'état de santé, la connaissance du milieu judiciaire ou des procédures judiciaires. Ces éléments sont importants pour l'équilibre psychologique du détenu en prison.

    De nombreux détenus ont un niveau d'instruction très faible. Cette insuffisance engendre d'autres problèmes tels que le manque d'informations nécessaires sur le milieu carcéral, sur leur situation judiciaire et même sur leur situation sanitaire. De nombreux détenus aussi restent sans aucune information sur les possibilités que le Code pénal leur offre en tant que personne détenue. Pourtant, avoir des informations sur la situation judiciaire et administrative peut être facteur de stabilité psychologique.

    35

    1-1-2. Les facteurs sociaux

    Les facteurs sociaux sont essentiellement composés par les réseaux sociaux habituels des détenus. Il s'agit de la famille, des codétenus, de l'administration dela prison, des agents d'encadrement, du service médical et du service social. Bref, il est constitué de toutes les personnes et organisations présentes dans la vie du détenu et qui sont à même de renforcer ou de réduire son niveau de vulnérabilité.

    La capacité du détenu à collaborer, communiquer avec ce réseau est très déterminant sur son niveau de vulnérabilité. La famille (parents, amis et connaissances extérieures à la prison) est l'élément clé de ce réseau.

    Le lien entre l'existence d'une famille et/ou d'un réseau d'amis et la vulnérabilité est ambivalent. Un soutien extérieur financier et moral est important pour le détenu pour améliorer son ordinaire. Les visites ou communiqués sont certainement le mode le plus apprécié par le détenu pour entrer en contact avec l'extérieur. Si la famille et amis peuvent être un soutien, ils peuvent être également une source d'inquiétude et de stress pour le détenu.

    À contrario, le détenu qui n'a aucune attache extérieure, est libre des inquiétudes afférentes au monde extérieur. Cependant, il peut être aussi en situation de vulnérabilité car dépourvu d'assistance financière et plus soumis à l'influence de tous les facteurs externes qui composent l'univers carcéral.

    1-1-3. Les facteurs environnementaux

    Chaque maison de détention est régie par un ensemble de dispositions qui fondent sa particularité. Le camp pénal de Bouaké est identifié comme la prison qui a les conditions de détention les plus rigides du pays. Il « est réputé pour être l'univers carcéral le plus infernal de la Côte d'Ivoire», selon le site information Linfodrome.com20. Cette réputation même est pour le détenu et leur famille source de stress et de vulnérabilité. Il faut le souligner ici, les conditions de vie et

    20 Francis N'Goran, Transfèrement des prisonniers : Abehi, Blé Goudé, Affi... à Bouaké ? - Des confidences du camp pénal, lu sur Linfodrome.com, le 16/03/2013.

    36

    les règles en application dans une prison peuvent être en elles-mêmes des facteurs de fragilisation de certains détenus.

    Outre ce fait, l'architecture de la prison (hauteur des murs, barbelés électrifiés, lesmiradors, les caméras...), les conditions de vie, la cellule, la cour de la prison, la nourriture qui est distribuée, la durée de détention sont autant de facteurs environnementaux qui affectent les détenus.

    En somme, ce sont des éléments que le détenu ne peut ni contrôler, ni influencer. De manière générale, les détenus font l'expérience de leur impuissance face à cet environnement. Devant ces différentes règles (strictes, multiples), le détenu se sent humilié. Lui, un «homme» se voit traiter comme un enfant qui ne peut rien décider de sa vie sans avoir recours aux autres (AEEP, travailleurs sociaux, famille et amis). Se sentant rabaisser, humilier, déshumaniser, le détenu va, dès lors, s'enfermer sur lui-même pour certains et ou se montrer agressifs pour d'autres.

    Un certain nombre de facteurs confortent la vulnérabilité des détenus. Il s'agit de l'incertitude sur leur avenir, perte de contact avec la famille, le durcissement de la détention, l'impuissance, le sentiment d'être bafoués dans leurs droits. Ces maux d'ordre psychosomatique affectent d'une manière ou d'une autre les détenus.

    1-2. De la vulnérabilité psychologique à la détérioration de l'état de santé Comme souligné précédemment, plusieurs facteurs agissent sur l'état physique et psychologique du détenu ; une vulnérabilité qui affecte bien entendu la santé de nombreux détenus. Le corps étant affaibli, naturellement, il ne peut résister aux germes et autres parasites qui attaquent son organisme. C'est pourquoi, de nombreuses personnes qui étaient en bonne santé avant leur détention, déclarent que leur santé s'est dégradée quelque temps après avoir être admis en détention. Cette détérioration se manifeste bien souvent par l'apparition de problèmes cutanés, de perte de poids, de problèmes de digestion, de migraine, de sentiment de fatigue et/ou de grande faiblesse.

    37

    À ce propos, les échanges avec le personnel médical du camp pénal font ressortir que dans leur grande majorité, la quasi-totalité des détenus qui arrivent d'autres centres pénitentiaires, présentent généralement beaucoup de problèmes au niveau sanitaire. C'est donc dire que l'accès aux soins de santé pour les détenus en provenance de ces maisons d'arrêt n'était pas toujours garanti, voire insuffisant. La réalité est que peu de prisons ivoiriennes ont à leur sein une structure médicale. Selon un rapport de l'unité de l'état de droit de l'Opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), « seuls quelques établissements disposent d'infirmeries, mal équipés et sans infirmiers officiant à temps plein.21 »

    Toutefois, au camp pénal, il existe une infirmerie opérationnelle et dont l'existence est connue de tous les détenus. Elle est ouverte de façon permanente et son accès est garanti à tous les détenus. Les soins de santé sont assurés par une équipe de médecins et d'infirmiers qualifiés dans la prise en charge des détenus.

    Malgré le fait que tous les détenus savent qu'il existe une infirmerie au sein de la prison et qu'ils sont pris en charge gratuitement, du moins quand la pharmacie dispose des médicaments nécessairesau traitement de la pathologie en question, certains détenus développent à l'égard de l'équipe médicale une méfiance sans fin. Ils pensent pour certains que le personnel médical ne les traiterait pas comme il se devait. Ils ne recevraient pas pour d'autres, les traitements appropriés à leur état de santé, « que tu aies mal au pied, mal à l'oreille, ou mal au ventre, ils nous donnent toujours du paracétamol. »22 Ce sont là quelques-uns des propos que tiennent régulièrement la plupart des détenus du camp pénal de Bouaké pour justifier leur attitude à l'égard du service médical dudit camp. Par ailleurs, d'autres prisonniers n'ont pas aussi l'habitude de fréquenter la médecine moderne, car d'ordinaire, ils ont recours à la médecine traditionnelle, toute chose qui n'est

    21Onuci, Situation des établissements pénitentiaires de Côte d'Ivoire, juillet 2005-avril 2006, Rapport de l'unité de l'état de droit, août 2006.

    22 Ce sont là quelques-uns des propos tenus par les détenus à l'encontre du service médical du camp pénal.

    38

    pas possible durant leur séjour en prison. En conséquence, n'ayant plus accès à ces pratiques, leur état se détériore.

    Tous ces éléments mis les uns en rapport avec les autres, contribuent d'une façon ou d'une autre à nuire à la santé des détenus.

    1-3. Les principales pathologies en milieu carcéral

    L'analyse précédente montre que de nombreux facteurs sont à l'origine de l'apparition ou de l'aggravation des maladies chez le détenu. En effet, en milieu carcéral en général et particulièrement au camp pénal de Bouaké, l'on rencontre chez les détenus beaucoup de maladies. (Voir tableau ci-dessous)

    39

     

    déc.

    2013

    janv.

    2014

    Fév.

    2014

    mars

    2014

    avril

    2014

    mai

    2014

    juil.

    2014

    juil.

    2014

    août

    2014

    sept.

    2014

    oct.

    2014

    nov.

    2014

    déc.

    2014

    TOTAL

    Paludisme

    5

    5

    10

    13

    40

    53

    54

    39

    42

    46

    53

    65

    53

    478

    Dermatose

    1

    1

    7

    3

    50

    61

    73

    34

    25

    30

    47

    56

    37

    425

    Stomatite

    1

    0

    7

    8

    43

    47

    49

    22

    57

    34

    60

    31

    33

    392

    Toux

    5

    4

    6

    3

    16

    25

    31

    22

    22

    35

    34

    41

    69

    313

    Rhumatisme

    2

    9

    3

    2

    53

    29

    32

    16

    13

    52

    41

    69

    39

    360

    Diarrhée simple

    1

    0

    3

    3

    3

    8

    13

    3

    5

    11

    6

    30

    8

    94

    Diarrhée sang

    0

    0

    0

    1

    1

    2

    7

    0

    4

    4

    2

     

    5

    26

    Carie dentaire

    0

    2

    2

    6

    15

    5

    12

    10

    6

    6

    13

    14

    11

    102

    Hematurie

    0

    0

    0

    2

    2

    2

    1

    3

    0

    0

    1

    8

    5

    24

    Hemorroide

    0

    0

    0

    0

    2

    5

    8

    0

    0

    0

    8

    6

    1

    30

    Gastralgie

    0

    0

    0

    3

    1

    7

    13

    8

    5

    10

    11

    14

    15

    87

    Sinusite

    0

    0

    0

    0

    0

    1

    2

    0

    2

    4

    3

    2

    2

    16

    IST

    1

    0

    0

    2

    4

    7

    9

    2

    11

    5

    4

    15

    14

    74

    Furonculose

    0

    1

    1

    2

    11

    19

    21

    0

    6

    6

    9

    14

    3

    93

    Anemie

    2

    0

    0

    0

    10

    21

    16

    6

    1

    8

    6

    20

    7

    97

    Otite/otalgie

    0

    0

    0

    0

    5

    8

    7

    2

    7

    1

    6

    7

    8

    51

    Hernie

    0

    0

    0

    1

    0

    3

    4

    3

    3

    2

    3

    4

    1

    24

    Asthme

    2

     

    0

    2

    2

    1

    2

    0

    0

    0

    2

    2

    2

    15

    HTA

    0

    0

    0

    0

    3

    1

    2

    0

    0

    2

    2

    2

    2

    14

    Ulcère

    0

    1

    1

    5

    3

    19

    16

    4

    7

    11

    19

    6

    16

    108

    Conjonctive

    0

    0

    0

    0

    1

    2

    8

    0

    0

    0

    0

    10

    1

    22

    Vision floue

    0

    0

    0

    0

    0

    6

    4

    5

    5

    7

    15

    11

    8

    61

    Plaies

    4

    3

    5

    7

    20

    13

    36

    5

    11

    10

    25

    26

    21

    186

    TOTAL

    24

    26

    45

    63

    285

    345

    420

    184

    232

    284

    370

    453

    361

    3092

    Tableau I : Consultations effectuées par le service médical du camp pénal de décembre 2013 à décembre 2014
    (Source : service médical du camp pénal de Bouaké)

    40

    On constate dans ce tableau qu'une demi-dizaine de maladies sont les plus répandues au sein de la prison dont le paludisme, pour lequel les détenus sont venus en consultations 478 fois, les problèmes cutanés (dermatose, plaies, furoculose, stomatite...) pour 1096 consultations, la toux, pour 313 consultations, le rhumatisme, pour 360 consultations, l'ulcère qui a été diagnostiqué à 108 reprises et enfin la carie dentaire, pour 102 consultations.

    Ces chiffres révèlent que les infections cutanées ont été l'objet de consultations à 1096 reprises, soit plus du tiers des consultations enregistrées par le service médical.

    Comme nous le voyons, la prison est un espace propice à la prolifération, au développement de nombreuses maladies. Elle concentre dans un même endroit plusieurs pathologies dont certaines sont très nuisibles. Les conditions de vie enprison aidant souvent à la propagation des maladies mortelles comme le choléra (Amédée Assi, 199123 ; Josette Barry, 199524). C'est donc dire que le choléra fait partie des maladies qui affectent le milieu carcéral ivoirien, même si pour le moment, le camp pénal n'en a pas encore eu. Vu tout ce qui précède, nous disons qu'il est plus que jamais nécessaire d'éduquer le milieu carcéral à la santé.

    II- LA NÉCESSITÉ DE L'ÉDUCATION À LA SANTÉ EN MILIEU CARCÉRAL

    L'éducation à la santé est une activité de santé publique. La santé publique est évoquée pour les problèmes de la santé et les maladies de la population, la surveillance et l'observation de l'état de santé d'une population et ses déterminants. Elle englobe également la prévention des maladies et la lutte contre les épidémies. Selon l'Agence de la santé publique du Canada (Aspc), la santé publique est « une activité organisée de la société visant à promouvoir, à

    23 Amédée Assi, Que s'est-il passé à la prison de Yopougon ?,in Ivoir'Soir du 11 septembre 1991, p.9

    24 Interview du directeur de l'administration pénitentiaire et de l'éducation surveillée, M. François Guei. Interview réalisé par Josette Barry et paru dans Fraternité Matin du 15 juillet 1997.

    41

    protéger, à améliorer et, le cas échéant, à rétablir la santé de personnes, de groupes ou de la population entière. »25 Cette définition rejoint celle que le rapportde l'Institut de la santé publique du Québec en 1997 a eu à produire. Cet institut soutient que la santé publique est « l'étude, d'une part, des déterminants physiques, psychosociaux, socioculturels de la santé de la population et d'autre part des actions en vue d'améliorer la santé de la population. »26

    Ces différentes définitions prouvent que toutes les populations doivent être prises en compte dans les politiques de santé de chaque pays. Le milieu carcéral étant un échantillon de notre société, il va de soi que des mesures soient mises en oeuvre pour que les établissements pénitentiaires ne demeurent pas en reste des initiatives générales. Par ailleurs, le constat est fait que la connaissance et la maîtrise des règles minimales d'hygiène réduisent les risques liés à certaines maladies.

    2.1- La définition de l'éducation à la santé.

    L'éducation à la santé est un concept développé depuis très longtemps. L'histoire de l'éducation à la santé va de pair avec celle de l'hygiène. Depuis le XVIIe siècle, la notion de l'hygiène fut au centre des préoccupations des chercheurs. L'augmentation de la population, les recherches médicales menées par LouisPasteur, la création des premiers centres de santé, l'introduction del'enseignement de l'hygiène dans les programmes scolaires, le développement dela médecine scolaire sont autant d'éléments qui ont contribué à la mise en place et au développement de la notion d'éducation à la santé.

    Après la Seconde Guerre mondiale, la lutte contre les maladies, l'hygiène corporelle, et l'hygiène alimentaire font leur apparition surtout dans les films. Dans les manuels scolaires, les règles d'hygiène à respecter pour mener une vie

    25 Définition de l'Agence de santé publique du Canada, http://www.phac-aspc.gc.ca/ccph-cesp/glos-r-z-fra.php

    26 Rapport de l'Institut de santé publique du Québec, 1997.

    42

    saine, la lutte contre le tabagisme, l'amélioration de l'environnement, sont enseignés aux élèves. (Anne-Marie Châtelet, 2002)27.

    Le professeur Pierre Delore, dans le premier numéro de la revue La santé de l'homme, dont il est le fondateur, donnait à l'éducation à la santé la fonction de « semer des idées saines, lutter contre l'ignorance, les idées fausses, les préjugés, diffuser les notions que tout individu, dès l'adolescence, doit posséder sur les questions de santé ; contribuer par-là à préparer à la vie et à la vie saine, à la joie de vivre. »

    En 1969, le contexte de l'après-guerre amène l'Organisation mondiale de la santé (Oms) à définir l'éducation à la santé comme un processus qui consiste à « faire acquérir aux populations de saines habitudes de vie, à leur apprendre à mettre judicieusement à profit les services sanitaires qui sont à leur disposition et à les conduire à prendre eux-mêmes isolément et collectivement les décisions qui impliquent l'amélioration de leur état de santé et de la salubrité du milieu où ils vivent. » Aujourd'hui, l'éducation à la santé ou pour la santé est omniprésente dans notre vie, surtout avec l'émergence du virus du VIH/Sida, la lutte contre les différents cancers, la lutte contre le tabagisme, l'alcoolisme.

    Nous retenons, pour conclure que l'éducation à la santé est passée de la promotion d'un corps sain pour se focaliser sur les changements de comportements individuels et les risques en passant par la promotion des saines habitudes de vie. Ce que résume très clairement D. Jordan et D. Berger lorsqu'ils affirment que « l'éducation pour la santé n'a pas pour finalité de faire baisser la prévalence d'un comportement mais bien de permettre l'émergence du sujet, c'est-à-dire de contribuer à développer l'autonomie, la liberté et la responsabilité de l'autre. »28

    27Anne-Marie Châtelet, « Nourrisson (Didier) (dir.). - Éducation à la santé xixe-xxe siècle ; Nourrisson (Didier) (dir.). - À votre santé I Éducation et santé sous la ive République », Histoire de l'éducation [En ligne], 101 | 2004, mis en ligne le 06 janvier 2009, consulté le 13 mai 2015. URL : http://histoire-education.revues.org/744

    28Jourdan D, Berger D. De l'utilité de clarifier les référents théoriques de l'éducation pour la santé In La Santé de l'homme, n°377, 2005, pp17-20.

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    Pour ainsi atteindre ses objectifs, des règles ont été définies afin de mieux cerner la pratique de l'éducation à la santé.

    2.2- Le cadre juridique et institutionnel

    La santé est un droit. Cela est consacré aussi bien par des textes nationaux qu'internationaux. Déjà en 1789 en France, une déclaration a été produite sous le nom de Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Cette déclaration décrète en son article un que « les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit (...). » Tous les hommes ont les mêmes droits, quels qu'ils soient leur origine et leurs statuts. Ce principe est approfondi par une autre déclaration : La Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle reprend l'article un de la déclaration de 1789, tout en l'approfondissant. Elle précise en son article 25, que chaque individu a droit à la santé ou doit être aidé à y avoir accès (Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948).

    Ces dispositions vont être reprises par l'Organisation des Nations unies (Onu) à travers son organisme spécialisé dans le domaine de la santé : l'Organisation mondiale de la santé (Oms). Dans le préambule de la constitution de cette institution, il est dit que « la possession du meilleur état de santé qu'il est capable d'atteindre constitue l'un des droits fondamentaux de tout être humain (...) »

    Cette préoccupation, de nombreux pays en ont fait sienne. En effet, la constitution ivoirienne reprend de nombreuses dispositions de certains textes internationaux, notamment la Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948 et la Charte africaine des droits de l'homme et des peuples de 1981 qui consacrent l'égalité entre tous les êtres humains sans exception, le droit à la dignité humaine, qui sacralisent en somme l'être humain.

    Le droit à la dignité humaine est mis en avant au travers de l'article 7 de cette constitution qui mentionne que « ...l'État assure à tous les citoyens l'égal accès à la santé.... » (Constitution ivoirienne du 23 juillet 2000).

    44

    Un département entier est dédié à l'égal accès de tous les citoyens aux soins de santé : le ministère de la Santé et la Lutte contre le Sida. Ce département ministériel a trois grandes orientations :

    - une mission en matière de santé dans sa globalité ;

    - une mission en matière d'hygiène publique ;

    - et une mission en matière de lutte contre la pandémie du siècle, le VIH/Sida.29

    Ces différentes missions doivent toutes concourir au bien-être de tous les citoyens, d'où la notion de santé publique.

    La recherche du « meilleur état de santé » pour tous qui va amener les états à travers les Nations unies à produire des textes pour orienter les différentes nations. Le premier texte en la matière est la Déclaration d'Alma-Ata30 de 1978 sur l'accès aux soins de santé primaire. Au cours de cette conférence internationale organisée par l'Oms, il fut question de réfléchir sur les conditions de l'accès de tous aux soins de santé, surtout primaires.

    Hormis cette conférence, plusieurs autres rencontres internationales se sont tenues, cette fois sur le thème de la promotion de la santé. La plus célèbre de ces conférences est celle qui a produit la Charte d'Ottawa adoptée le 21 novembre 1986. Elle devait contribuer à la réalisation de l'objectif de la santé pour tous d'ici l'an 2000 et au-delà. La Charte a défini la promotion de la santé, les conditions indispensables à la santé, les actions pour promouvoir la santé.

    Il y a eu en plus, la conférence sur la promotion de la santé de Jakarta en Indonésie en 1997 sur le thème : «À l'ère nouvelle, acteurs nouveaux : adapter la promotion de la santé au XXIème siècle» et la conférence de Bangkok31 de 2005

    29 Le décret n° 2011-426 du 30 novembre 2011, organisant le ministère de la Santé et de Lutte contre le Sida.

    30 Alma-Ata, capitale du Kazakhstan.

    31 Bangkok, capitale de la Thaïlande.

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    qui a produit la Charte de Bangkok pour la promotion de la santé à l'heure de la mondialisation.

    Les textes sur-mentionnés consacrent la santé comme un élément indispensable del'existence humaine, d'où l'ambition de mettre l'individu au centre de la recherche de son bien-être.

    Que peut faire concrètement l'éducation à la santé à la recherche de l'état de bien-être physique, mental et social complet de l'individu ou du groupe ?

    2.3- La place de l'éducation à la santé

    L'éducation à la santé est aujourd'hui un outil indispensable à la promotion d'un mieux-être des populations, raisons pour lesquelles de nombreux textes sont pris pour la faire connaître. Ces différents documents cherchent à répondre à une préoccupation. En quoi, l'éducation à la santé contribue-t-elle à réduire les risques et les inégalités en matière de santé ?

    Pour les économistes américains Eide et Showalter, il y a un lien entre santé et éducation. Pour eux, un niveau d'éducation élevé améliore la santé. Ils démontrent clairement qu'il y a un impact causal de l'éducation sur la santé (Eide et Showalter, 2011). Quant à Descarpentries, elle met en évidence la fonction sociale de l'éducation à la santé ; une fonction qui va au-delà du principe de précaution. Ainsi, la fonction sociale de l'éducation rejoint celle de la santé publique et partage les enjeux du développement d'une éducation pour la santé tout au long de la vie. (Descarpentries, 2008).

    L'éducation à la santé doit amener l'individu à s'interroger par lui-même, à réfléchir sur sa santé, à la maîtrise de sa santé, pour son bien-être mais aussi pour celui des autres.

    De nombreuses recherches et enquêtes (Meara, Richards, and Culter, 2008 ; Bronnum-Hansen et Baadsgaard, 2008 ; Ferrie et al., 2009 ; Denney, et al., 2010)

    46

    indiquent une forte implication entre le niveau d'instruction et les indicateurs de santé dont le tabagisme, l'alcoolisme et l'obésité.

    Selon ces études menées aux États-Unis et au Danemark, les individus qui ont fait des études supérieures, ont une espérance de vie un peu plus élevée. Elles montrent également que les personnes possédant un niveau de connaissances de base limité souffrent plus souvent et plus tôt de maladies chroniques, respiratoires et coronariennes tandis que celles qui ont des compétences cognitives développées dans le contexte scolaire semblent réduire les risques liés à une mauvaise hygiène de vie. C'est pourquoi, pour Bandura, un système basé sur la promotion de la santé, le changement des comportements et la prévention, devrait prédominer sur un système encore orienté sur la maladie et les traitements médicaux.

    L'éducation à la santé a donc pour objectif principal de fournir aux individus les outils indispensables à un meilleur état de santé. Améliorer la santé des personnes, c'est aussi faire la promotion des conditions de base déterminées par la Charte d'Ottawa, à savoir la paix, l'accès au logement, à la nourriture, à l'éducation, à un revenu minimum, à un environnement social et économique viable et à la justice.

    2.4- L'éducation à la santé dans les prisons

    L'Organisation des Nations unies s'est toujours préoccupée depuis sa création du sort de tous les êtres humains, singulièrement ceux qui sont en prison. Elle a créé et adopté nombre d'instruments internationaux, notamment l'ensemble de règles minima pour le traitement des détenus32, visant à protéger les droits de l'homme des détenus et à leur garantir un traitement humain. Car certains droits et libertés de l'homme sont inhérents à chaque être humain. Ils constituent la base de

    32 Ensemble de règles minima pour le traitement des détenus, adopté par le 1er congrès des Nations unies pour la prévention du crime et le traitement des délinquants, tenu à Genève en 1955 et approuvé par le Conseil économique et social, dans ses résolutions 663 C du 31 juillet 1957 et 2076 du 13 mai 1977.

    47

    l'existence humaine (le droit à la vie, à la liberté, à la sécurité, à la dignité, à la non-discrimination, à l'égalité devant la loi et le droit à la santé).

    Tous les êtres humains, y compris les détenus, gardent leurs droits fondamentaux, ils ne peuvent être niés ou échangés et sont applicables partout, même dans les établissements pénitentiaires. Dans ces lieux, leurs conditions de vie doivent être toujours les plus proches à la vie normale, abstraction faite à la perte de liberté.

    C'est donc dire que les détenus ont le droit de jouir du meilleur état de santé physique et mentale possible et devraient avoir librement accès aux services de santé existant dans le pays. Chaque prison devrait disposer des installations sanitaires appropriées et des services d'un personnel médical qualifié, permettant de donner un large éventail de soins. La responsabilité principale des membres du personnel de santé, dans ce cas, est de protéger la santé de tous les détenus. Celasignifie qu'ils doivent non seulement fournir les soins curatifs mais aussi faire en sorte que la morbidité liée à certaines maladies baisse, d'où la promotion d'une éducation à la santé.

    L'éducation pour la santé, en prison comme à l'extérieur, consisterait en des partages de connaissances, de savoir-faire entre individus. Elle devrait les servir à faire des choix qu'ils pourraient maintenir grâce à une démarche participative et éducative. Elle implique aussi la responsabilité individuelle et collective, le respect des personnes, le développement des connaissances et des habiletés, l'accompagnement vers la santé, l'accompagnement vers plus d'autonomie.

    Comme on le constate, l'intérêt d'une éducation à la santé en prison est plus d'un. En prison, le détenu est dans une situation telle que la priorité est autre que la santé. Il faut savoir dans ce cas, l'orienter de sorte à inscrire la santé dans ses priorités. Le contexte psychologique du détenu n'est pas à la motivation, ni à la participation aux activités. L'éducation à la santé devrait alors consister en une médiation, en une aide au changement d'attitude. Dans ce combat, le rôle de l'intervenant en milieu fermé va être de mieux connaître le détenu, d'échanger

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    régulièrement avec lui, de connaître aussi ses préoccupations essentielles, c'est-à-dire prendre en compte son histoire, ses représentations sociales, sa culture afin de lui transmettre des connaissances et un comportement qui le maintiendrait en meilleur état de santé. Il s'agira pour l'intervenant aussi de favoriser une plus grande implication du détenu dans les actions de sensibilisation en matièred'éducation à la santé.

    Le détenu n'a pas toujours un bon rapport à son corps, c'est-à-dire que tout ce qui est propriété, hygiène corporelle et vestimentaire, la beauté ne l'intéresse pas en premier lieu. Il reviendra à l'intervenant de susciter une meilleure prise de conscience à l'égard de sa santé, l'aider à se construire une image positive de soi. Des études ont démontré l'importance de la dimension psychique, les affects, les sentiments et les émotions dans le domaine de la santé, surtout « dans l'organisation de nos pensées, nos jugements, nos décisions, nos comportements. ». Une étude réalisée par le CRAES CRIPS33 sur « l'observance des trithérapies dans le domaine du VIH a bien mis en, évidence l'importance des représentions du corps et la dimension paradoxale du rapport aux médicaments qui entrainent des effets secondaires plus lourds que les symptômes initiaux. »

    Par ailleurs, un accent important doit être mis sur l'estime de soi. Le détenu doit être encouragé à se dire qu'il a la capacité, le potentiel d'être heureux, de jouir d'un meilleur état de santé, de le protéger ou le renforcer. Dans la démarche de la promotion de la santé en milieu carcéral, hormis les détenus, des actions sont à mener envers d'autres cibles notamment, les décideurs (administration pénitentiaire), le service médical, le service social, les Organisations non-gouvernementales (Ong) intervenant en milieu carcéral telles que le Comité

    33 Collège Rhône-Alpes d'éducation pour la santé - Centre régional d'information et de prévention du Sida (Rhône-Alpes/Lyon).

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    international de la Croix-Rouge (Cicr)34 et les autres organisations visitant les prisons.

    Il est important d'impliquer chacune de ces entités dans la promotion de la santé des détenus. Car de leur implication dépend la réussite des projets d'éducation à la santé des détenus. Leurs décisions ou leurs pratiques oeuvreront à assurer un meilleur état de santé aux prisonniers. La mise à disposition des moyens matériels, financiers et humains, d'une part, l'organisation ou la création de dispositions légales, d'autre part vont contribuer à asseoir une véritable politique d'éducation à la santé en milieu carcéral. (Claude Bouchet, 2000)

    34 Le Cicr est une organisation internationale humanitaire, créée en 1863 par un groupe de citoyens de la ville suisse de Genève, dont faisaient partie Gustave Moynier, Henri Dunant et Guillaume-Henri Dufour.

    50

    CHAPITRE II : LES INFECTIONS CUTANÉES

    I- LA PEAU ET SON SYSTÈME IMMUNITAIRE

    1-1. La définition

    La peau est le «tissu membraneux qui couvre le corps de l'homme et de la plupart des animaux. » (Nouveau Larousse Élémentaire, 1985) La peau est essentielle à l'existence humaine. De nombreuses maladies psychosomatiques s'expriment au travers de notre peau. De plus, la peau a plusieurs caractéristiques. D'abord, c'est une membrane souple qui s'adapte parfaitement à la forme des autres organes et aux articulations. Aussi, en enveloppant tout notre corps, elle nous protège des agressions de l'environnement (vent, soleil). En plus, cette fonction met en exergue une autre : la sensibilité. En effet, les poils, les pores sont des éléments qui permettent de connaître différentes sensations. Cette capacité à son tour, fait ressortir une autre caractéristique : l'intelligence. Les variations de la couleur de la peau face aux allergies, aux émotions, aux agressions témoignent de cette intelligence de la peau. Cependant, malgré toutes ces qualités, la peau reste soumise à de nombreuses infections dues à des micro-organismes d'origines bactériennes, virales, parasitaires ou à des champignons. La peau, outre le rôle de barrière qu'elle joue, elle est l'interface entre le corps et l'environnement. C'est la première ligne de défense contre les agents microbiens, les agressions physiques et chimiques. La peau est en contact permanent avec de nombreux facteurs de l'environnement.

    La peau se compose essentiellement de deux parties : l'épiderme et le derme (voir figure 1). L'épiderme est la couche superficielle qui recouvre le derme. Il est formé des couches, basale, cornée, granulée et la couche claire.

    51

    Figure 1 : vue transversale de la peau (source google.ci)

    Le derme est la couche profonde que recouvre l'épiderme et formé par les tissus conjonctifs. Selon Testut, « le derme est la partie fondamentale de la peau ; c'est à lui qu'elle doit sa résistance, son élasticité et aussi sa qualité de membrane sensible, puisque c'est dans le derme que se disséminent les appareils terminaux du tact. »35Il contient de nombreuses cellules immunitaires comme les cellules dentriques (CD), les lymphocytes T (LT).Toutes ces cellules immunitaires vont constituer le système immunitaire cutané.

    À ces deux parties essentielles, nous pouvons ajouter une troisième : l'hypoderme. C'est un tissu sous-cutané, situé sous le derme, riche en vaisseaux et assez gras.

    1-2. Le système immunitaire de la peau

    Le système immunitaire cutané est l'ensemble des organes qui protège la peau contre les agressions. Le système immunitaire cutané a pour mission de nous protéger contre certaines infections. Il existe principalement deux phases dans la réponse immune : la réponse immunitaire innée et la réponse immunitaire adaptative.

    1-2.1. La réponse immunitaire innée

    La réponse innée est très présente au niveau de la défense anti-infectieuse. Composée de cellules et de molécules, elle se met en place lorsqu'elle détecte

    35 Jean Léo Testut, Traité d'anatomie humaine, Tome 3, p.287

    52

    d'un pathogène ou le signal d'un danger pour la peau. Elle oppose une réponse rapide aux agressions et est capable d'éliminer très rapidement l'agent pathogène et de circonscrire sa dissémination. En effet, la sécrétion de cytokines par les molécules peut à elle seule faire face à l'infection. Cependant, elle n'est pas très efficace contre les réinfections, d'où une réponse immunitaire adaptative.

    1-2.2. La réponse immunitaire adaptative

    L'inefficacité de la première ligne de défense voit la mise en place de la réponse adaptative. Cette réponse implique la présence importante de lymphocytes B et de lymphocytes T spécifiques pour un antigène donné et également les dendrocytes. La réponse adaptative est lente par rapport à celle dite innée mais infaillible à cause d'une mémoire immunologique mise en place lors d'une précédente réponse. Cette mémoire lui permet d'être plus efficace lors d'une prochaine rencontre avec le même pathogène.

    Le contrôle du système immunitaire cutané est donc très important pour le maintien de l'intégrité de la peau. L'inefficacité de ce système à protéger la peau va occasionner l'apparition de diverses pathologies.

    53

    II- LES INFECTIONS CUTANÉES36

    2-1. La définition de l'infection cutanée

    Une infection cutanée est une maladie de la peau. C'est l'ensemble des maladies qui affectent la peau.

    2-2. Les différentes infections cutanées

    Il existe de nombreuses infections cutanées. Elles sont transmises par un micro-organique qui peut être d'origine bactérienne, virale, parasitaire ou dû à un champignon.

    2-2-1. Les principales infections cutanées d'origine bactérienne

    a) L'acné

    L'acné est une maladie de la peau qui touche en général les adolescents de 10 à 20 ans, mais aussi les adultes. Elle se caractérise par l'inflammation des follicules pilosébacés avec formation de comédons ou lésion des glandes sébacées produisant des boutons.

    Causée par Propionibacteriumacnes, une bactérie, l'acné est favorisée par le manque d'hygiène, l'environnement, l'alimentation, le stress, mais surtout par le facteur génétique. Les facteurs hormonaux peuvent expliquer aussi l'apparition des acnés chez le jeune homme, de même que l'exposition au soleil, à certains produits polluants.

    36 Les différentes pathologies n'ont pu être illustrées par des images à cause des dispositions securitaires dans les prisons. Aucune prise de vue n'est autorisée à l'intérieur des prisons ivoiriennes.

    Les différentes définitions sont inspirées de quatre principales sources : www.osmoft.fr/osmosft-la-et-ses-fonctions.html, consulté le 17 avril 2015 ; Le Larousse médical, édition 2006 ; htpp:// dictionnaire.doctissimo.fr ; Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine, version 2015.2[en ligne], accessible sur http://dictionnaire.academie-medecine.fr, consulté le 25 avril 2015.

    b) 54

    L'abcès

    Généralement situé sur les doigts et les zones riches en poils ou en glandes sébacées, l'abcès est une poche de pus formée dans une cavité au mileu des tissus normaux, ou entre deux feuillets d'une cavité comme la plèvre qui entoure les poumons. Il y a deux types d'abcès : l'abcès chaud (causé une amibe, il est rouge, chaud et douloureux) et l'abcès froid (d'évolution lente, il est volumineux et superficiel. Il est causé par le bacille koch ou certains champignons)

    c) La folliculite

    Due à staphylocoque doré, la folliculite est une infection bénigne du pédicule pileux. On la retrouve surtout dans les zones humides notamment niveau du visage, des paupières (orgelet), cuisse, tronc, fesses et le cuir chevelure.

    La folliculite est généralement superficielle, lorsqu'elle est profonde et aiguë, on la nomme furoncle et plus tard anthrax.

    d) Le furoncle

    Causé par staphylocoque doré, le furoncle est une forme avancée, grave et profonde de la follicilite. L'apparition de furoncles est favorisée par l'irritation locale et la faiblesse du système immunitaire. Sa forme sévère et récidivante doit faire penser au diabète.

    e) La furonculose

    On parle de furonculose, lorsque les furoncles s'étendent à différentes zones du corps généralement à la nuque, le visage, les fesses, les cuisses, le dos. Il fait suite à la défaillance des défenses cutanées, à l'insuffisance de l'hygiène, à la précarité du milieu. Il peut être dû aussi à certaines maladies comme le diabète, le Sida et toute autre maladie chronique immunodéprimante. Il peut évoluer vers l'abcès, la lymphantigite (quand les germes rentrent dans les lymphatique) ou la septicémie (quand les germes migrent dans le sang)

    f) 55

    L'anthrax

    Tout comme la furonculose, l'anthrax a les mêmes signes, la même évolution et les mêmes causes. Cependant, il est constitué de plusieurs gros furoncles en un même endroit. Ce gros nodule inflammatoire est plein de pus. Il est de couleur rouge vif et violacé à son sommet. Il est plus fréquent chez l'homme que la femme.

    g) Le panaris

    Le panaris est une inflammation aiguë du doigt. Il est provoqué par le staphylocoque. Il touche rarement les orteils et doit être traité en urgence.

    h) La perlèche

    Provoquée par la transpiration, l'humidité et le lèchage fréquent de la commissure des lèvres, la perlèche est une inflammation de la commissure des lèvres. Elle est causée par un streptocoque, un staphylocoque ou un colibacille. La perlèche se caractérise par une fissure bilatérale de la commissure, les saignements, les rougeurs et une croûte humide. Elle est transmissible.

    i) L'intertrigo

    Appelé aussi pied d'athlète, l'intertrigo est une infection cutanée située au niveau des plis (aisselle, aine, nombril, les espaces entre les doigts des mains et particulièrement des pieds). Cette inflammation cutanée est favorisée par la transpiration et l'humidité dont les germes responsables sont : staphylocoque, streptocoque, colibacille, corynébactérie, trichophyton et candida albicans. Il est souvent transmissible.

    j) L'orgelet

    L'orgelet est un furoncle situé au niveau de la paupière inférieure. Il se situe au niveau d'une glande pilo-sébacée d'un cil. Provoqué par un staphylocoque, il est favorisé la défaillance de la défense en général mais aussi dans certains cas par le stress, la fatigue, le suménage, le manque de sommeil, les traumatismes affectifs,

    56

    le tabac, l'alcool, la dépression, les maladies immunodéprimantes et les traitements de longue durée à cortisone.

    k) L'impétigo

    Situé le plus souvent au niveau du visage, l'impétigo est d'origine bactérienne due à staphylocoque doré ou à streptocoque. Contagieux, il touche beaucoup les enfants de moins de 10 ans, mais peut toucher des adultes. L'impétigo est favorisé par la préexistence de lésions cutanées donc suite à la destabilisation des défenses de la peau.

    l) Le prurigo

    Le prurigo est une infection de la peau due à un ascarien. Touchant aussi bien les enfants que les adultes, le prurigo se caractérise par des démangeaisons vives de la peau avec des papules érythémateuses et vésiculeuse. La démangeaison est telle qu'en se grattant avant toute cicatrisation, la personne réactive l'éruption et la ré-infestation recommence un nouveau.Il se locaise au niveau des membres et/ou du ventre du malade.

    m) La gale

    Transmise par sarcoptes scabiei, un acarien, par contact physique direct, la gale est une infestation de la peau qui touche les individus âgés de 30 à 40 ans surtout. Très contagieuse, elle est favorisée par les conditions de vie précaire.

    2-2-2. Les principales infections cutanées d'origine virale

    a) La varicelle

    Causée par le virus varicelle-zona ou VZV, la varicelle est une maladie infectieuse, contagieuse, infantile et éruptive. Le virus varicelle-zona est aussi responsable du zona. Présent au niveau du nez et de la gorge, le virus peut en être le responsable chez l'adulte non immunisé, le nouveau-né, la femme enceinte et chez toute personne immunodéprimée.

    b) 57

    La roséole

    Appelée aussi exanthème, la roséole est une éruption de taches rosées claires non saillantes que l'on observe lorsque l'individu est atteint par certaines infections comme le typhus, la syphilis. Elle intervient dans la plupart du temps chez le nourrisson.

    c) La rougeole

    La rougeole est une maladie infantile principalement. Elle est due à un virus du nom de paramyxovirus qui vit essentiellement chez l'homme. Elle est caractérisée par de gros rhumes (catarrhe), de petites papules rouges disséminées sur le corps. La rougeole est une maladie contagieuse et transmissible par les voies respiratoires (salive) et les yeux. Elle est l'une des principales causes de mortalité infantile (enfant de moins de 5 ans) avec le paludisme.

    d) L'herpès

    Causé par herpes simplex virus (HSV), l'herpès est une affection virale cutanée favorisée par une baisse de la défense immunitaire de l'organisme. Contagieux, l'herpès ne peut se guérir totalement d'où la prudence à observer avec l'individu qui a déjà fait la maladie car il reste en dormance dans l'organisme. L'herpès se localise au niveau des muqueuses génitales, en général. Il favorise la transmission du virus du Sida.

    e) Le zona

    Le zona est une maladie virale dû à la réactivation du virus varicelle-zona (VZV), appelé aussi virus de herpès zoster, le même virus que la varicelle, c'est une dermatose localisée qui apparait après un stress brutal et une faillite dans le système de défense de l'organisme. Il survient chez des adultes qui ont déjà fait la varicelle. Car le virus qui a pénétré l'organisme lors de l'apparition de la varicelle reste en dormance dans l'organisme au niveau des ganglions nerveux.

    Nous distinguons principalement trois types de zona :

    - le zona abdominal, rare, c'est une forme de zona qui se développe au niveau de l'abdomen ;

    58

    - le zona intercostal qui prend forme au niveau d'une côte ;

    - et le zona ophtalmique qui se développe autour de l'oeil, les lésions touchent la région de l'oeil et la cornée.

    2-2-3. Les principales infections cutanées d'origine parasitaire

    Dans le cas des parasitaires, on dira souvent infestatation plus que infection. Il s'agit des maladies de la peau causées par l'entremise des parasites.

    a) Le pou

    À la base de la pédiculose, le pou est un insecte qui vit en particulier dans les poils de son hôte (les cheveux, le pubis pour les adultes). Très contagieux, le pou se transmet par contact direct, physique, par des échanges de vêtements. Le pou est favorisé par une hygiène défectueuse.

    b) La tique

    Cet acarien se nourrit essentiellement du sang de son hôte. Elle est à l'origine de certaines maladies comme la maladie de Lyme ou borréliose. La tique est à la base aussi de l'encéphalite (inflammation de l'encéphale et des méningites, provoque la somnolence et des troubles nerveux) et la rickettsiose qui se manifeste par une fièvre, des courbatures et surtout des boutons. Elle est à la base de certains problèmes neurologiques.

    c) La filariose

    La filariose est une maladie transmise par une filaire. Ce vers vit dans le système sanguin et lymphatique de son hôte. La filariose peut être une filariose lymphatique, l'onchoccercose37, la filaire de médine et la loase38.

    37 Maladie parasitaire due à un onchocerque. Elle se caractérise par des nodules sous-cutanés, des éruptions prurigineuses et des lésions oculaires, causes de cécité.

    38 C'est une infection sous-cutanée causée par la filaire et qui se caractérise par des tuméfactions prurigineuses.

    59

    d) La bilharziose

    Maladie prioritaire de l'Organisation mondiale de la santé (Oms), la bilharziose, est un parasite qui contamine les vaisseaux sanguins de l'homme. Elle attaque souvent les intestins, mais surtout le foie (forme digestive), la vessie, les reins et quelque fois l'organe génital (forme urinaire). Il existe quatre types de bilharzioses en fonction de son siège : schistosomamansoni (foie), schistosomajaponicum (intestins), schistosomaintercalatum (rectum) et le schistosomahaematobium (vessie, reins). On trouve ce parasite dans les eaux douces.

    2-2-4. Les principales infections cutanées dues aux champignons

    Les mycoses sont des infections cutanées fréquentes dues à des champignons. Ces parasites peuvent vivre sur la peau dans le corps. Ils sont pour la plupart du temps inoffensifs. Toutefois, leur prolifération peut entraîner une mycose.

    On distingue deux types de mycoses : les mycoses superficielles ou mycoses cutanéo-muqueuses qui touchent la peau et les muqueuses (les pieds d'athlète, la teigne, pityriasis ou dartre, l'onychomycose ; le muguet, le dermatophytose de l'aine) et les mycoses généralisées ou profondes, touchant le plus souvent des personnes dont le système immunitaire ou l'organisme s'est affaibli, sont les cas les plus graves (la cryptococcose, l'aspergillose, les candidoses, les coccidioîdomycoses, les blastomycoses, les sporotrichoses, les blastocystis). Parmi toutes ces affections cutanées, certaines sont plus fréquentes dans les maisons de détention.

    2-2-5. L'eczéma

    L'eczéma est la maladie de la peau la plus fréquente. « Cette affection cutanée concerne à elle seule 30% des consultations effectuées chez les dermatologues»39. L'eczéma de contact ou eczéma allergique, l'eczéma atopique ou dermatite atopique et l'eczéma par sensibilisation interne sont les principales formes de l'eczéma.

    39 Le guide de l'eczéma, [en ligne], accessible sur http://eczema.comprendrechoisir.com/annuaire, consulté le 10/11/2014.

    60

    Les causes de l'eczéma ne sont pas toujours connues. Cependant, l'allergie, le stress, la génétique et la déficience immunitaire sont très souvent mentionnés.

    III- Les différentes infections cutanées en milieu carcéral

    Les différentes investigations sur le terrain, nous ont montré la présence régulière de certaines infections cutanées.

    3.1- Les principales infections cutanées fréquentes en milieu carcéral

    3.1.1- Les infections bactériennes

    Les infections bactériennes présentes en milieu carcéral sont pour l'essentiel : les furoncles, l'impétigo et les acnés.

    3.1.2- Les infections virales

    L'herpès est la principale infection virale que l'on rencontre dans la détention.

    3.1.3- Les infections parasitaires

    L'infection parasitaire le plus souvent rencontrée dans la détention est la gale ou scabiose.

    3.1.4- Les infections dues aux champignons

    Les mycoses sont essentiellement la perlèche, l'onychomycose40, le pityriasis et le pied d'athlète41.

    40 L'onychomycose est la mycose de l'ongle. Les ongles atteints se déforment, prennent une coloration jaunâtre et s'épaississent. Les ongles peuvent devenir facilement cassants. On observe plus souvent l'onychomycose au niveau des ongles d'orteil. Cette infection accompagne fréquemment le pied d'athlète. Elle peut présenter des stries et des points blancs sur la surface de l'ongle. À mesure que cette infection évolue, l'ongle peut se déformer et devenir friable. L'ongle ne se sépare cependant pas de son lit (peau située sous l'ongle).

    41Infection fréquente causée à la fois par un champignon et une bactérie. Elle entraîne une exfoliation de la peau et un état d'humidité prolongée, surtout entre les orteils. On observe parfois

    61

    À ces différentes infections, nous pouvons ajouter l'eczéma de contact. L'eczéma de contact ou eczéma d'allergiquee est « une dermite (littéralement inflammation du derme, une des couches de la peau) qui surgit suite à un contact répété avec un allergène. »42

    3.2- Les causes de ces affections cutanées

    Les infections cutanées sont dues soit à un virus, soit à une bactérie, soit à un parasite ou soit à un champignon. Mais elles sont favorisées par certaines conditions :

    - le manque d'hygiène et la précarité. Une hygiène défectueuse peut faciliter l'infection et la prolifération des germes, de même qu'un milieu précaire, insalubre ;

    - la récidive, l'irritation et le frottement permanent sont à la base de certaines affections cutanées ;

    - l'humidité est un facteur favorisant la prolifération des agents pathogènes. Les champignons par exemple prolifèrent plus aisément en milieu humide ;

    - la chaleur peut être source de prolifération de germes ;

    - la prise de certains médicaments peut entrainer l'apparition de certaines infections cutanées, notamment les mycoses. L'utilisation fréquente d'antibiotiques, de corticostéroïdes, d'immunosuppresseurs 43 et de contraceptifs favorise en effet des infections cutanées ;

    - certaines maladies comme le diabète, le sida, la tuberculose, l'insuffisance rénale, la leucémie peuvent entraîner la survenue d'infections cutanées de même que l'obésité, les graves brûlures et la transplantation d'organe ;

    un blanchissement de la peau et des démangeaisons. L'infection est contagieuse et peut être contractée par le contact avec des fragments de peau contaminés dans les endroits publics (comme les piscines ou les salles de douches publiques).

    42 http://eczema.comprendrechoisir.com/annuaire.

    43 Immunosuppresseur ou immunodépresseur est un médicament qui supprime ou réduit les réactions immunologiques spécifiques de l'organisme.

    62

    - l'âge est un facteur favorisant aussi l'apparition d'infections cutanées. En effet, les personnes âgées sont plus exposées à certaines infections de la peau (onychomycose) à cause du ralentissement du processus de régénération des tissus de la peau, de la faiblesse des défenses du système immunitaire cutanée.

    Deuxième partie :

    Analyse des

    données

    64

    CHAPITRE III : LES DONNÉES DE L'ENQUÊTE

    I. LE CONTEXTE DE L'ENQUÊTE

    L'enquête s'est déroulée au camp pénal de Bouaké. Comme tous les centres pénitentiaires, il est régi par des règlements stricts. Toute activité doit avoir l'aval de l'administration. Les détenus ne peuvent entreprendre aucune activité sous la contrainte.

    Les données recueillies sont le résultat du consentement et de l'implication du détenu dans le projet. Ce qui explique que des 299 qui se plaignaient de problème de peau, pendant notre pré-enquête du 17 décembre 2014, seuls 250 parmi eux ont volontairement accepté de participer à notre projet entamé le 09 mars 2015. Les chiffres que nous donnons ici sont essentiellement basés sur les données recueillies auprès de ces individus.

    II. LA POPULATION CARCÉRALE

    Le camp pénal a reouvert ses portes officiellement le 23 mars 2013 et depuis cette date, le nombre de détenus ne cesse d'augmenter (tableau II). Dans ce tableau, il y a plusieurs variations. Il faut dire en réalité que les premiers transfèrements ont commencé en décembre 2013 avec 24 détenus qui avaient en charge le nettoyage de l'enceinte de la prison avant son ouverture officielle.

    Après l'ouverture officielle en mars 2014, le nombre de détenus transférés des différentes maisons d'arrêt du pays en direction du camp pénal est devenu plus important. L'effectif n'a alors pas cessé de croître jusqu'en janvier 2015, date à partir de laquelle, l'effectif a commencé à se stabiliser.

    Cependant, nous constatons qu'il y a eu quelques légères baisses, au cours de cette période d'augmentation, dues aux différentes remises de peines ou encore aux fins de peine.

    400

    700

    600

    500

    300

    200

    100

    0

    Dec-13 Jan-14 Feb-14 Mar-14 Apr-14 May-14 Jun-14 Jul-14 Aug-14 Sep-14 Oct-14 Nov-14 Dec-14 Jan-15 Feb-15 Mar-15 Apr-15 May-15 Jun-15 Jul-15

    Figure n° 2: Courbe évolutive de la population carcérale du camp pénal de décembre 2013 à juillet 2015 (source greffe du camp pénal)

    .

    65

    Mois

     

    Effectif

    Décembre 2013

    24

    Janvier 2014

    19

    Février 2014

    17

    Mars 2014

    110

    Avril 2014

    257

    Mai 2014

    303

    Juin 2014

    380

    Juillet 2014

    374

    Août 2014

    355

    Septembre 2014

    442

    Octobre 2014

    440

    Novembre 2014

    551

    Décembre 2014

    542

    Janvier 2015

    641

    Février 2015

    590

    Mars 2015

    578

    Avril 2015

    564

    Mai 2015

    564

    Juin 2015

    560

    Juillet 2015

    554

    Tableau II : Effectif du camp pénal de décembre 2013 à juillet 2015

    De 24 détenus au début, l'effectif du camp pénal était à la date 31 juillet 2015 de 554 détenus (figure n°2)

    66

    2.1- Les caractéristiques de la population carcérale du camp pénal

    Le constat général est que la population carcérale est exclusivement masculine, seuls les hommes y sont incarcérés.

    On constate aussi qu'elle est jeune. En effet, l'étude préliminaire faite le 17 décembre 2014 auprès de l'ensemble des détenus (508 détenus), montrait que plus de 90% de l'effectif est constitué de personnes âgées de moins de 45 ans, la tranche d'âge la plus active de la société (tableau III).

    Âge du détenu

    Nombre

    Pourcentage

    Moins de 18

    1

    0,2%

    De 18 à 25

    57

    11,2%

    De 25 à 45

    411

    80,9%

    De 45 à 60

    33

    6,5%

    60 et plus

    6

    1,2%

    Tableau III : Répartition des détenus par tranche d'âge.

    Cette tendance a été renforcée par les données recueillies lors de l'étude sur les personnes qui ont une infection de la peau. L'enquête réalisée auprès de 250 détenus souffrant de problème de peau montre que les jeunes (de 18 à 35 ans) constituent la majorité des détenus du camp pénal (tableau IV).

     
     

    Valeurs

    Nb. cit.

     
     

    + de 50

    3

    De 36 à 50

    47

    De 25 à 35

    158

    De 20 à 24

    37

    Moins 2O

    5

    TOTAL

    250

    Tableau IV : Répartition des détenus affectés par tranche d'âge

    Malgré cette relative jeunesse, la plupart des personnes incarcérées ont à l'extérieur une compagne, 128 sur 250 (tableau V) et seules 75 d'entre elles n'ont pas d'enfant (tableau VI).

    67

     
     
     
     

    119

     
     

    Nb. cit.

    106

     
     

    22

     

    Célibataire

    3

    47,6%

    En couple

    250

    42,4%

    Situation matrimoniale

    Fréq.

    Marié

    8,8%

    Divorcé

    1,2%

    Tableau V : Situation matrimoniale des détenus

    TOTAL CIT.

    Détenu

    Nombre
    d'enfant

    100%

    Pourcentage

    75

    0

    30,0%

    78

    1

    31,2%

    42

    2

    16,8%

    27

    3

    10,8%

    18

    4

    7,2%

    03

    5

    1,2%

    02

    6

    0,8%

    04

    7

    1,6%

    01

    8

    0,4%

    Tableau VI : Les détenus ayant des enfants

    Ces données concernent aussi bien les nationaux que les étrangers. Il est à signaler qu'au camp pénal, on y trouve plusieurs nationalités, notamment des Ivoiriens, des Burkinabés, Maliens et bien d'autres nationalités, toutes ouest-africaines (tableau VI).

    68

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Ivoirienne

    159

    Burkinabé

    57

    Malienne

    20

    Valeurs

    Nb. cit.

    Ghanéenne

    3

    Guinéenne

    5

    Nigériane

    1

    TOTAL

    250

    Tableau VII : Répartition des détenus par nationalité.

    Togolais

    2

    Béninoise

    2

    Libérienne

    1

    Nous avons observé aussi que plusieurs religions cohabitent au sein du camp

    pénal, avec une prédominance de la communauté musulmane, 146 sur les 250

    détenus concernés par cette étude (figure 3).

    Religion

    Animiste

    Chrétien

    Non réponse

    Boudhiste

    Musulman

    2

    3

    3

    96

    146

    Figure 3 : Principales religions pratiquées par les détenus

    Les détenus avant leur incarcération exerçaient diverses activités (tableau VIII). Il y a seulement deux (02) enseignants et trois (03) FRCI qui sont des salariés du public, les autres exerçant pour la plupart dans le secteur informel ou sont sans activité particulière.

    69

    Valeurs

     

    Nb. cit.

    Agricole

    27,2% (

    68)

    Mécanique

    14,8% (

    37)

    Commerçant

    11,6% (

    29)

    Transport

    10,8% (

    27)

    Elévage et pêche

    9,6% (

    24)

    Couture et coiffure

    4,4% (

    11)

    Bâtiment

    4,0% (

    10)

    Bois

    3,6% (

    9)

    Sans activité

    2,8% (

    7)

    Boulangerie

    1,6% (

    4)

    FRCI

    1,2% (

    3)

    Jardinier

    1,2% (

    3)

    Boucher

    0,8% (

    2)

    Coordonnier

    0,8% (

    2)

    Enseignement

    0,8% (

    2)

    Ex-combattant

    0,8% (

    2)

    Animateur

    0,4% (

    1)

    Elève

    0,4% (

    1)

    Enseignement arabe

    0,4% (

    1)

    Footballeur

    0,4% (

    1)

    Gardien

    0,4% (

    1)

    Gérant de dépôt de boissons

    0,4% (

    1)

    Informaticien

    0,4% (

    1)

    Orpailleur

    0,4% (

    1)

    Photographe

    0,4% (

    1)

    Tradi-praticien

    0,4% (

    1)

    TOTAL

    100% (250)

    Tableau VIII : Activités des détenus extra-muros.

    Une autre caractéristique de cette population carcérale est le faible niveau d'instruction (figure 4). Nous constatons que seuls 45 détenus ont atteint le cycle secondaire de l'enseignement formel et que 88 des détenus ne savent ni lire, ni écrire.

    88

    50 2

    Niveau scolaire

    67

    43

    Primaire Secondaire Supérieur Ecole coranique Non scolarisé

    70

    Figure 4 : Niveau scolaire des détenus

    En général au camp pénal de Bouaké, seuls les détenus condamnés à de lourdes peines y séjournent, c'est-à-dire des condamnés de 5 ans à la prison à vie. Mais depuis la crise de 2001, les choses ont évolué. Actuellement, nous y retrouvons des condamnés de toute peine (tableau IX).

     
     
     

    Nb. cit.

    Valeurs

     

    25

    1

    20

    102

    15

    7

    10

    123

    8

    1

    7

    2

    5

    13

    Tableau IX : Durée de l'emprisonnement

    2

    1

    TOTAL

    250

    Cependant, les condamnés à une peine supérieure ou égale à 10 ans représentent

    encore le plus grand contingent.

    71

    Condamnées pour des délits divers (tableau X), ces personnes déclarent pour la plupart être à leur premier emprisonnement44 (figure 5).

    Délits

    Nb. cit.

    Pourcentage

    Délits de vol

    205

    82,0%

    Attentat à la pudeur

    20

    8,0%

    Délits de stupéfiants

    15

    6,0%

    Recel d'objets volés

    02

    0,8%

    Délits relatifs au meurtre

    06

    2,4%

    Délits de détention d'arme à feu

    02

    0,8%

    TOTAL

    250

    100%

    Tableau X : Nature des infractions commises par les détenus

    Oui

    NON

    30

    Avez-vous déjà fait la prison?

    220

    Figure 5 : Taux de récidive

    Les vols en réunion représentent plus des deux tiers des infractions commises. Ces vols sont de divers ordres. On a des vols avec effraction, avec ou sans armes. Ils portent sur plusieurs objets (portables, motos, électro-ménagers). L'attentat à la pudeur, la culture, la détention et la consommation de stupéfiants sont parmi les infractions les plus recensées au camp pénal. On a parmi les détenus, des individus qui ont assassiné ou ont essayé de le faire.

    2.2- La détention et ses effets

    Le camp pénal est réputé pour ses qualités de détention très rigoureuses. Les détenus dans leur grande majorité abondent dans ce sens. En effet, la quasi-totalité des individus (238) qui y sont en détention trouvent que leurs conditions de vie

    44À l'absence d'information fiable au greffe, nous nous sommes basés sur les déclarations des détenus. Il est à signaler que les extraits d'écrou qui ont accompagné les détenus pour leur transfèrement, mentionnent très rarement toutes les informations relatives au détenu.

    72

    sont difficiles (figure 6) : 104 trouvent que le camp pénal est plus difficile que ce à quoi ils s'attendaient ; 134 trouvent que c'est difficile comme toute prison. Toutefois, certains détenus (11) pensent que les conditions de vie sont acceptables, qu'elles sont meilleures comparativement à leur maison d'arrêt d'origine.

    Perception de la détention au camp péna

    11

    1

    134

    104

    très dures

    dures

    supportables

    sans opinion

    Figure 6 : Opinion sur les conditions de détention

    2.3- Les rapports avec l'extérieur

    L'extérieur est constitué par la famille, les amis et les visiteurs de prisons (Ong, confessions religieuses)

    Selon les données recueillies, seuls 30% des détenus ont reçu la visite de quelqu'un de l'extérieur depuis leur incarcération au camp pénal contre, 70% qui n'ont rien reçu. La famille (père, mère, frère ou soeur, conjointe et enfant) constitue l'essentiel des visiteurs (figure 7).

    175

    13

    26

    37

    6

    7

    1

    3

    4

    1

    Aucune visite reçue

    Père

    Mère

    Frère/Soeur

    Enfant

    Oncle ou tante

    Amis

    grand-mère

    Conjointe

    beau frère

    Visiteurs

    Figure 7 : Principaux visiteurs

    73

    Les 30% qui ont reçu de la visite ne sont pas tous logés à la même enseigne. En effet, 0.8% reçoivent régulièrement la visite d'un parent et un peu plus de 16% reçoivent quelques rares fois de la visite.

    Comme nous le constatons, plus de la moitié des détenus n'ont jamais vu un parent depuis qu'ils sont enfermés au camp pénal. Pour certains, cela remonte depuis leur prison d'origine.

    Les visiteurs qui viennent voir le détenu, lui apportent la plupart du temps de la nourriture ou les choses qui peuvent lui servir à faire soi-même la cuisine, notamment le riz, le garrie, l'huile, les légumes, le sucre et le lait. Certains apportent des habits et d'autres de l'argent. Rares sont ceux qui apportent des produits d'hygiènes (figure 8). L'assistance des parents est fonction des besoins exprimés par les détenus. La plupart des détenus mettent l'accent sur la nourriture que sur les produits tels que le savon, l'eau de javel, les pâtes dentifrices, etc. Souvent, ce sont les parents eux-mêmes qui font ce choix, supposant que le détenu mange mal en prison.

    Nature du soutien

    Aucun visiteur reçu 175

    Nourriture 61

    Habits 22

    Argent 41

    Produits d'hygiène 1

    Figure 8 : Assistance des parents

    III- LES DÉTENUS ET L'HYGIÈNE

    Les prisons sont reconnues pour être des endroits insalubres. Le camp pénal ne manque pas à ce constat général. Les données recueillies au cours de notre étude montrent qu'effectivement, la salubrité n'est pas la priorité des détenus : hygiène corporelle et environnementale.

    74

    Les détenus déclarent se laver pour la quasi-totalité d'entre eux. Sur les 250 enquêtés, seuls deux (02) disent ne pas se laver régulièrement (figure 9).

    Hygiène corporelle

    2

    NON

    OUI 248

    Figure 9 : Nombre de détenu se lavant régulièrement

    Mais à la question s'ils pensent se laver correctement, ce chiffre baisse. Cette fois-ci, seulement154 détenus pensent se laver correctement sur les 250 (figure 10).

    OUI

    NON

    Regard sur l'hygiène corporelle

    96

    154

    Figure 10 : Perception de l'hygiène corporelle

    Leur vision de la propriété est relative. En effet, au regard des données relatives aux produits et matériels utilisés pour la toilette, nous nous apercevons que très peu se lavent correctement en réalité. 118 détenus n'utilisent rien d'autre pour se laver, à part l'eau (pas de savon, ni d'éponge) ; 33 utilisent une éponge sans savon ; 08 se lavent avec du savon sans éponge ; et seuls 89 détenus utilisent le savon et une éponge pour se laver (figure 11).

    Matériel

    Non réponse

    Eau

    Eau+savon

    Eau+éponge

    Eau+savon+éponge

    2

    118

    8

    33

    89

    Figure 11 : Produits et matériels pour se laver

    Au regard de ces chiffres et des règles d'hygiène connues, nous affirmons qu'en réalité seuls 89 détenus se lavent correctement.

    75

    Un début d'explication pourrait être le fait que les détenus reçoivent très rarement le savon, produit essentiel au maintien d'une bonne l'hygiène corporelle et vestimentaire.

    L'administration est le principal fournisseur en produits d'entretien et d'hygiène. 150 détenus, soit plus de la moitié, ont une fois au moins reçu du savon de l'administration du camp pénal (figure 12).

    Fournisseur

    Aucun savon reçu 87

    Administration

    Famille

    AEEP 1

    11

    50

    150

    Figure 12 : Principaux fournisseurs des détenus en savons

    Codétenu

    Outre l'administration, les codétenus, la famille et certains agents d'encadrement constituent les autres fournisseurs en produits de toilette notamment le savon.

    Au-delà de l'hygiène corporelle et vestimentaire, l'hygiène environnementale pose aussi problème. Le camp pénal comprend cinq grandes cours. À part la cours des assimilés (bâtiment A), les autres n'ont pas de toilettes extérieures. C'est dire que dans les autres cours (bâtiments B, C, D et E), les toilettes sont à l'intérieur des cellules. Chaque cellule comprend pour une cinquantaine de détenus, un WC et une douche.

    Pour le nettoyage de leurs toilettes, les détenus sont fournis en matériels et produits par l'administration. Les balais, brosses et serpillières sont très souvent distribués aux détenus. Ce qui n'est pas le cas des produits comme l'eau de javel et le savon en poudre. Selon les informations recueillies auprès de certains responsables des détenus, ils ont recours souvent à des petites cotisations pour s'acheter certains produits (savon en poudre, eau de javel).

    76

    Cette situation fait que 25.6% seulement des détenus nous disent nettoyer leur cellule avec du savon en poudre et de l'eau de javel (tableau XI).

     
     
     
     

    7

     
     

    95

     

    Matériel de nettoyage

    Nb. cit.

    78

    Fréq.

     

    6

     

    Balaie

    64

    2,8%

    Balaie+eau

    250

    38,0%

    Eau+omo

    31,2%

    Eau+javel

    2,4%

    Tableau XI : Produits et matériels de nettoyage des cellules

    Eau+omo+javel

    25,6%

    TOTAL CIT.

    100%

    Ces données montrent également que 2.8% balaient simplement leur cellule et 38% nettoient la leur en utilisant uniquement de l'eau. 31.2% et 2.4% utilisent respectivement du savon en poudre et de l'eau de javel pour le nettoyage de leur cellule.

    Il faut dire que ces faibles chiffres pourraient s'expliquer par le manque de sensibilisation des détenus à l'hygiène. En effet, la quasi-totalité des détenus affirment ne pas avoir été sensibilisés à l'hygiène (tableau XII).

     

    Nb. cit.

    Fréq.

    Sensibilisateurs

    241

     

    Aucune sensibilisation

    0

    96,4%

    Service médical

    1

    0,0%

    Les AEEP

    8

    0,4%

    Travailleurs sociaux

    250

    3,2%

    TOTAL CIT.

    100%

    Tableau XII : Niveau de sensibilisation des détenus à l'hygiène

    Les rares fois que certains ont pu être sensibilisés, cela a été par les travailleurs sociaux et des agents d'encadrement. Ces chiffres montrent également qu'il n y a

    77

    pas de sensibilisation de masse, c'est individuellement que les détenus sont conseillés.

    Les chiffres évoqués ci-dessus justifient la prolifération de certaines pathologies dont les infections de la peau.

    3.1- Les détenus et les infections cutanées.

    Le registre des consultations du service médical du camp pénal montre qu'entre décembre 2013 et décembre 2014, il y a eu 3092 consultations pour divers motifs dont 425 pour des raisons en rapport avec la peau, soit 13.74% des consultations effectuées (voir chapitre I, les principales pathologies en milieu carcéral). Comme ces chiffres le soulignent, les pathologies cutanées sont un problème de santé en milieu carcéral.

    Les taches sur le corps, les démangeaisons, les lésions des parties génitales, les insomnies dues aux démangeaisons, le mal-être sont autant de signes des problèmes de peau dans la prison. Malgré tous ces symptômes, près de 73% d'entre ceux qui en souffrent, disent ignorer les causes de leur maladie (tableau XIII).

     
     
     
     

    198

     
     

    Nb. cit.

    14

    Fréq.

    Les causes

    33

     

    Ignorance des causes

    8

    72,3%

    Habits sales

    2

    5,1%

    Mauvaise hygiène corporelle

    2

    12,0%

    Environnement sale

    10

    2,9%

    Sueur

    7

    0,7%

    Chaleur

    274

    0,7%

    Manque de savon

    3,6%

    Manque de vitamine

    2,6%

    TOTAL CIT.

    100%

    Tableau XIII : Connaissance des causes des infections cutanées.

    51 détenus pensent connaître les causes de leur problème de peau. Ils citent pour cela diverses raisons comme la mauvaise hygiène corporelle (12%), les habits

    78

    sales (5.1%), le manque de savon (3.6%), l'environnement (2.9%), le manque de vitamine (2.6%), la sueur (0.7%) et la chaleur (0.7%).

    Pour se soulager ou se soigner, 190 détenus malades, soit 76% ont reçu les premiers soins au dispensaire de la prison (tableau XIV).

     

    Nb. cit.

    Fréq.

    Justification du refus

    189

     

    Premiers soins à l'infirmerie

    60

    75,6%

    Aucune soins

    1

    24,0%

    Ordonnance payée par les parents

    250

    0,4%

    TOTAL CIT.

    100%

    Tableau XIV : Nombre de détenus ayant reçu les premiers soins

    Les 60 détenus restants n'ont pas jugé bon de se rendre au dispensaire. La méfiance vis-à-vis du service médical, l'inhabitude de la médecine moderne, etc sont entre autres les raisons évoquées par ces détenus pour se justifier.

    Quels sens peut-on donner à l'ensemble de ces données ?

    79

    CHAPITRE IV : L'INTERPRÉTATION DES DONNÉES COLLECTÉES

    Les données que nous avons collectées peuvent nous permettre de faire certaines interprétations et envisager par la suite des actions.

    I- LA POPULATION CIBLE

    La population sur quiporte notre étude, a plusieurs caractéristiques.

    1.1- Une population jeune

    Les moins de 35 ans représentent plus de 80% de la population cible. Cette tranche d'âge est le socle d'une nation, son futur. Par ailleurs, c'est l'âge de la maturité, de la raison, du plein épanouissement. C'est l'âge auquel l'individu prend soin de lui, il met un accent particulier sur son habillement, sa toilette, sa présentation générale. Ce qui n'est pas le cas dans les pénitenciers.

    Généralement, la peau est pour l'individu un miroir à travers lequel il perçoit la différence entre lui et les autres et à travers lequel les autres le jugent également. Ce que confirme Jean-François Amadieu (2002) en disant que nous sommes jugés sur la base de notre apparence. La beauté, l'apparence déterminent certaines décisions, par exemple l'accès à l'emploi. La beauté est selon lui « un marqueur», un élément « de la discrimination et de la reproduction des inégalités. » Cette discrimination commence dès le berceau selon Jean-François Amadieu. C'est pour mieux affronter cette discrimination que nous avons tendance à prendre soin de notre corps et plus spécifiquement de notre peau.

    Malheureusement, nous constatons que ce n'est pas un enjeu en milieu pénitentiaire faute de moyen ou par manque de volonté ou encore c'est l'expression du « je-m'en-foutisme. »

    80

    1.2- Un faible niveau scolaire

    62% de cette population a un niveau scolaire inférieur ou égal au cycle primaire avec en son sein un grand nombre d'analphabètes, des personnes qui ne savent ni lire, ni écrire.

    L'éducation est un élément important de la socialisation de l'individu. Dédy Séri et Tapé Gozé (1995) ne disaient pas autre chose en écrivant que « l'éducation est un processus de modelage qui s'exerce fondamentalement sur la génération des prûnés par celle des aînés en vue de la formation et de l'intégration des premiers dans la société des adultes. »

    L'éducation permet d'acquérir le savoir-faire mais surtout le savoir-être. Ces savoirs permettent une meilleure prise de conscience de soi, permettent de savoir se comporter en société et en prenant soin de soi.

    De nombreuses études démontrent un rapport entre le niveau d'éducation, le niveau scolaire et l'état de santé de l'individu. Plus on est instruit, plus on a une santé meilleure et plus on vit un peu plus longtemps. Si on manque des choses les plus élémentaires, la santé devient alors secondaire. On ne s'en soucie que lorsque le pire arrive. Pour le prisonnier comme pour l'individu en liberté, cela est la même réalité.

    1.3- Une population évolutive et cosmopolite

    Les informations que nous avons collectées permettent d'affirmer que l'effectif est en constant évolution et cosmopolite.

    Régulièrement, au camp pénal, arrivent des détenus de tous les pénitenciers du pays. De décembre 2013 à janvier 2014, en un peu plus d'un an, il y a eu huit (08) transfèrements, dans chaque convoi, entre 50 et 100 personnes environ sont transférées. Cette évolution constante de la population peut avoir un impact sur les actions qui sont entreprises à l'intention des détenus.

    81

    En effet, lorsqu'un convoi arrive, le service médical effectue une consultation obligatoire de l'ensemble des arrivants. À ces consultations, des cas d'infections cutanées sont toujours découverts.

    De plus, il y a des mutations incessantes à l'intérieur de la prison. Ces mutations arrivent lorsqu'il y a des arrivées et pour des impératifs sécuritaires. Lorsque des détenus arrivent nouvellement, ils sont mis ensemble dans une cellule, le temps de les observer, avant leur répartition dans des cellules où étaient déjà les anciens. Cette répartition donne lieu à un bouleversement général à l'intérieur des bâtiments (changement de cellule) et entre les bâtiments (changement de bâtiment). Parfois même, ce sont des cellules entières qui sont mutées.

    Hormis les mutations dues aux arrivées, il y a souvent des changements causés par les cas d'indiscipline. Dès qu'un détenu commence à perturber la quiétude de la cellule, les responsables de la sécurité intérieure se chargent de l'envoyer dans une autre cellule, si cela s'avère inefficace alors il est envoyé en cellule disciplinaire. Ce remue-ménage gêne considérablement toutes les initiatives en matière de santé, de sensibilisation. Le détenu qui était encadré et suivi par un pair et envoyé dans la cellule où l'encadrement est relâché.

    L'autre constat concernant cette population est qu'elle se compose de neuf nationalités, de plusieurs groupes ethniques et religieux. Ces individus n'ayant pas la même perception de l'hygiène peuvent poser des difficultés dans les actions de salubrité et d'assainissement. Pendant que des détenus prennent soin de leur environnement, d'autres ont des comportements et attitudes contraires. Toutefois, chose qui contribue à décourager ceux qui s'investissent dans les actions de propreté.

    1.4- Un temps d'emprisonnement très long

    La durée de l'emprisonnement est une difficulté à surmonter. La durée moyenne d'emprisonnement au camp pénal est de 14 ans. Quel comportement peut avoir une personne qui doit passer tout ce temps en prison ? On a remarqué que la plupart des détenus sont animés par une désinvolture, un abandon de soi. Prendre

    82

    soin d'eux-mêmes n'est pas leur souci majeur surtout quand il reste au détenu une très longue peine. La négligence, le désespoir empêchent toute initiative chez les détenus de longue peine. Entreprendre des activités pour ou avec un tel individu demande beaucoup de préparation, surtout de persévérance et de patience.

    Généralement, c'est lorsque le détenu est presqu'en fin de peine que son style commence à changer. Il commence à faire plus attention à lui. Comme il sait que sa détention est cachée aux voisins, à la communauté, il voudrait arriver chez lui avec une bonne mine, sans trace de son incarcération.

    Quant aux autres, on entend souvent des propos comme « je vais me laver pour aller où ? », « une fois me suffit pour la journée », « je ne suis pas là pour balayer » ou encore « c'est le travail des hygiènes.45 »

    II- LES RELATIONS SOCIALES DU DÉTENU

    L'homme est caractérisé par sa sociabilité. Mais dès qu'on franchit les portes d'un pénitencier, cette spécificité humaine a tendance à se fragiliser. Cette fragilisation se voit aussi bien dans les relations du détenu avec son nouvel environnement ainsi qu'avec ceux qu'il a laissé à l'extérieur (famille et amis).

    2.1- Les rapports du détenu dans la prison

    À l'intérieur de la prison, le détenu est contraint à un régime qui l'infantilise. Comme un enfant, tout lui est dicté : les heures du coucher et du réveil (8h - 17h), la nourriture. Tout est soumis au contrôle, du premier au dernier jour d'incarcération. Il donne très peu d'avis ou pas du tout sur ce qu'il le concerne.

    L'une des rares fois où il n'est pas soumis à une quelconque pression, c'est pour sa toilette. Pourtant, dans les règles édictées par l'Onu, notamment la règle 15 de l'Ensemble des règles minima pour le traitement des détenus, il est exigé aux « détenus la propreté personnelle » et qu' « ils doivent disposer d'eau et des

    45 Les hygiènes sont des détenus qui sont chargés de la propreté, de l'assainissement du cadre de vie.

    83

    articles de toilettes nécessaires à la santé et à leur propreté. » Il n'existe pas dans la prison un dispositif pour l'application d'une telle règle.

    Néanmoins, nous reconnaissons que quelques rares fois du savon a été distribué aux détenus pour leur toilette même si cela s'avère très peu pour instaurer chez le détenu une hygiène irréprochable. Le savon qui est donné doit servir à la fois pour la toilette et la lessive.

    Nous voyons donc par-là, la difficulté pour les détenus de se laver convenablement et d'avoir des habits propres. Et c'est certainement pour cette raison que nous avons un nombre élevé de détenu qui disent se laver avec simplement de l'eau et d'autres avec une éponge. Cette situation ne contribue en aucune manière à assurer une hygiène saine aux détenus et les empêcher de contracter des maladies à l'image des infections de la peau.

    2.2- Les relations avec l'extérieur

    Le constat que nous avions fait, c'est que très peu de détenus reçoivent de la visite. Cela pourrait s'expliquer par le fait que pour de nombreuses personnes « être prisonnier, c'est être à moitié mort. » Pour des familles, le détenu les a déshonorées, il «a mis la honte sur elles» et elles ne veulent pas que cela se sache. La détention est alors cachée de l'entourage, des voisins, de la communauté. Elles sont les seules (père, mère, frère ou soeur, épouse, enfant, tante ou oncle) se rendre à la prison. Ces personnes mêmes si elles ne sont pas nombreuses à faire le déplacement constituent une assistance, un réconfort inestimable pour le détenu.

    Une autre raison pour justifier la non-présence des familles à côté des détenus est la distance. La majorité des détenus proviennent d'autres régions. Ils ont été éloignés de leur famille respective, de l'assistance quotidienne des leurs. Là-bas, certains recevaient de la visite chaque semaine mais depuis leur arrivé au camp pénal, personne n'est venu les voir. Cette situation a pour corollaire la réduction ou l'arrêt de l'assistance (alimentaire et produits divers) que les familles apportaient à leurs proches. Pour couronner le tout, il n'y a pas de moyen de

    84

    communication permettant aux détenus de rester en contact avec les leurs. Pourtant, dans la plupart des prisons d'où ils viennent, ils avaient en leur possession des téléphones mobiles. Ce qui leur permettait de joindre régulièrement les parents pour poser directement leurs préoccupations. Au camp pénal, pour des menues choses, il faut passer par les travailleurs sociaux ou par les agents d'encadrement pour transmettre une commission, demander quelque chose.

    Nous disons aussi que l'éloignement, le manque de communication impactent suffisamment sur les relations avec leur conjointe (épouse ou concubine) à cause du faible taux des détenus mariés et celles qui osent franchir le seuil du portail de la prison et rendre visite à leur conjoint. La vie de couple ne résiste pas longtemps à la vie carcérale car il est extrêmement difficile de maintenir des relations familiales.

    La rupture, l'isolement ont donc une incidence sur la vie du détenu tant au niveau affectif, moral, psychologique qu'au niveau matériel et financier. C'est au cours des visites que de nombreux détenus reçoivent l'appui matériel, financier et psychologique des leurs.

    Le manque de moyens ou sa rareté ne permet pas au détenu d'avoir ce qu'il faut pour son hygiène, pour prendre soin de lui.

    2.3- L'inexistence d'activités dans la prison

    Un regard sur des détenus dans la cour montre clairement qu'il y a un manque criant d'activités. Ce manque d'activités pousse évidemment ou renforce inéluctablement le détenu dans la lassitude, la passivité. Il retire en lui toute envie de se motiver pour une nouvelle activité surtout quand celle-ci ne lui procure aucun avantage lucratif comme ceux qui vont en corvée ou dans la cuisine. En effet, ces derniers ont des avantages divers. Par exemple, ceux qui sont à la cuisine ne manque jamais de nourriture (ils sont l'objet de toutes les convoitises de la part de leurs camarades), ceux qui vont en corvée extérieure (maraîcher, rizière, champ d'ignames, de manioc) non seulement sortent tous les jours de la

    85

    prison, également, ils ont droit souvent à la cigarette, ils font du commerce avec le bois qu'ils ramènent à chacune de leur sortie, renforçant par la même occasion leur autonomie financière. Ils peuvent ainsi s'acheter du savon et d'autres articles. La pratique d'activités socio-cuturelles (les cours d'alphabétisation, de lecture, les ateliers de chant, de danse) n'existe pas à l'intérieur de la prison. Or, il est prouvé que ces activités contribuent à l'amélioration de l'estime et l'affirmation de soi. Ces activités développent les capacités d'adaptation, de socialisation et le sens de la responsabilité. Par conséquent, elles améliorent l'image de soi en faisant le plus attention à son hygiène.

    III- LES RAPPORTS DES DÉTENUS À L'HYGIÈNE

    Au niveau de l'hygiène corporelle, de l'hygiène vestimentaire et de l'hygiène environnementale, les détenus ne se comportent pas de la même manière.

    3.1- Le rapport des détenus à l'hygiène corporelle

    L'eau est la denrée la plus accessible au camp pénal si nous considérons les réponses données par les détenus. Tous en ont accès. Seulement son utilisation pour la toilette diffère d'un détenu à un autre. Elle représente pour 60.4% des détenus le seul moyen pour leur hygiène corporelle même si certain ont des éponge. Ils n'ont pas de savon.

    Vues les conditions dans lesquelles ils vivent, nous disons que cela est inefficace. Et les résultats d'une telle pratique se voient avec le fort taux d'infections cutanées dans la prison. La grande majorité étant exposée aux infections, les 3.5% qui se lavent tous les jours et correctement sont tout aussi exposés. Avec la promiscuité (50 détenus par cellule), il est impossible de s'éviter, de ne pas être en contact physique. De nombreuses infections se transmettant de cette manière, le risque devient grand pour les personnes saines.

    86

    3.2- Le rapport des détenus à l'hygiène vestimentaire

    Ce rapport découle évidemment de leur rapport à l'hygiène corporelle. Avant de laver ses habits, il faut en avoir pour sa toilette. Ce qui n'est malheureusement pas le cas des centaines de détenus. Certains pour se donner bonne conscience font la lessive sans savon ; une pratique qui n'a pas l'effet escompté. Beaucoup par contre ne se gênent pas, les habits ne sont pas lavés.

    Un autre problème rencontré par les détenus pour avoir une bonne hygiène vestimentaire est l'impossibilité pour eux de se changer. De nombreux détenus ne possèdent pas de suffisamment d'habits pour se changer, les habits sont pour la plupart du temps sales et en mauvais état. Il est difficile dans ce cas de maintenir une saine hygiène corporelle et vestimentaire.

    3.3- Le rapport des détenus à l'hygiène environnementale

    L'hygiène environnementale contribue elle aussi à l'hygiène générale de l'individu et il est important d'en prendre soin pour l'esthétique et pour la santé. Un cadre de vie sale induit sur la santé de ceux qui y habitent.

    Au camp pénal, les détenus font l'effort de maintenir le leur vivable. Seuls 2.8% ne font que balayer leur cellule et nettoyer les toilettes avec uniquement de l'eau. Ils sont, cependant, plus de 60% à utiliser divers produits pour le nettoyage de la cellule et des toilettes. Le constat, c'est que ces actions ne sont pas régulières et soutenus par l'administration.

    Par ailleurs, il faut signaler qu'à part le bâtiment A, il n'y a pas de toilettes extérieures dans les autres bâtiments. Les détenus à longueur de journée utilisent les toilettes internes. Cette sur-utilisation entraine une humidité permanente des cellules donc deviennent des endroits propices à la prolifération des pathogènes et provoque l'usure du matériel (robinets). À l'intérieur, il n'y a qu'une douche et un WC par cellule.

    En contact avec les moisissures, les germes et la promiscuité aidant, il est évident que les infections cutanées soient difficiles à en guérir.

    87

    IV- UN FAIBLE NIVEAU DE SENSIBILISATION

    Moins de 4%, c'est le pourcentage de détenus enquêtés qui ont une connaissance des causes de leurs problèmes de peau. Il faut dire ici que depuis l'ouverture du camp pénal, il n'y a jamais eu de sensibilisation de masse des détenus quant au respect des règles d'hygiène. Ceux qui l'ont été, ont seulement reçu des conseils de travailleurs sociaux. Ce sont des actes isolés et non coordonnés qui n'ont pas un impact significatif sur l'ensemble de la population carcérale.

    Connaissant le rôle et la valeur des consignes officielles en milieu carcéral, ce qui ne provient pas de l'administration a de fortes chances de ne pas aboutir. Quand des consignes proviennent de la direction ou de la sécurité intérieure, elles ont une valeur obligatoire et dont le non-respect peut entraîner des sanctions.

    Une sensibilisation contribue à donner aux détenus des informations sur la maladie, ses causes, ses conséquences et surtout comment faire pour l'éviter. Une sensibilisation efficace nécessite alors une mise à niveau des formateurs, une maîtrise du sujet. Lorsque les informations sont divergentes, elles donnent lieu à des interprétations multiples, souvent erronées avec une inefficacité à la fin.

    En matière de santé, il est plus qu'impérieux que les populations aient la même information, la même connaissance de la maladie pour mieux s'en prémunir.

    Le manque de sensibilisation est éloquent avec le pourcentage des détenus interrogés qui disent ne pas savoir ce qui est à la base de leurs problèmes de peau. Ils sont 72.3% quise lavent régulièrement et malgré cela ils ont des problèmes cutanés. Leur analyse prouve qu'ils n'ont pas suffisamment d'informations sur les modes de transmission, les causes de ces maladies. Par ailleurs, ceux qui en savent un peu, ont des propositions peu convaincantes.

    Nous déduisons alors que le manque de connaissance de ces maladies provoque des attitudes peu recommandables comme ceux qui ne trouvent pas nécessaire d'aller à l'infirmerie (24%) pour se faire consulter. Leur comportement les expose

    88

    à des conséquences encore plus graves de ces infections mais également d'exposer leurs codétenus à ces mêmes pathologies.

    Toute chose, qui, si rien n'est fait participera au maintien ou à la prolifération des pathologies de la peau au sein de la prison.

    Troisième partie : Le

    projet de lutte contre

    les infections cutanées

    au camp pénal de

    Bouaké

    CHAPITRE V : LE VOLET

    90

    CONCEPTIONNALISATION DU PROJET

    I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION

    La Côte d'Ivoire depuis la fin de la crise postélectorale, tente de se donner une nouvelle image. Elle aspire à l'émergence socio-économique d'ici l'an 2020. Tous les secteurs d'activités font leur mû, le bilan du passé et mettent en place des stratégies nouvelles. L'État de Côte d'Ivoire dans cette perspective a élaboré un Plan national de développement (Pnd) en 2012 qui trace les grandes orientations de la politique nationale en matière de développement. Le système judiciaire, pilier de ce redressement et du développement a un rôle plus que primordial à jouer. Une nation émergente a besoin nécessairement d'un système judiciaire de qualité et respectueux des droits de l'homme. Dès lors, le ministère de la Justice et des Libertés publiques a entrepris des réformes couvrant tous les secteurs d'activités parmi lesquelles l'administration pénitentiaire.

    Parmi les axes stratégiques retenus et qui se déclinent en plusieurs objectifs spécifiques, l'amélioration des conditions de détention, l'humanisation du milieu carcéral est une priorité. Cette disposition est l'un des éléments indispensables des droits de l'homme en milieu carcéral que les Nations unies promeuvent depuis la Charte des Nations unies de 1945 et La Déclaration universelle des droits de l'homme de 1948.

    Les droits de l'homme en milieu carcéral imposent aux états membres dont la Côte d'Ivoire, de garantir un meilleur état de santé physique et mental possible aux détenus.

    Le camp pénal, l'un des plus grands établissements pénitentiaires du pays avec la Maca, doit être un exemple dans cette mouvance d'humanisation du milieu carcéral et la prise en charge médicale des détenus. Depuis longtemps, certaines pathologies font l'objet d'une attention particulière de la part de l'administration

    91

    pénitentiaire et sanitaire du pays (tuberculose, VIII, IST, paludisme) alors qu'une pathologie comme les infections cutanées, l'une des pathologies les plus répandue en prison ne l'est pas. C'est pourquoi, nous avons décidé de nous pencher sur cette pathologie et voir quelle solution nous pouvons apporter pour réduire ces effets en milieu carcéral en général et particulièrement au camp pénal de Bouaké. Pour apporter une réponse locale à la lutte contre cette pathologie, nous proposons le présent projet en vue de lutter contre les infections cutanées, réduire leur impact sur tous les détenus qui en souffrent en général et particulièrement chez au moins une cinquantaine de détenus. Il s'agira de :

    - convaincre l'administration pénitentiaire de l'utilité à mener une action en faveur des détenus ;

    - avoir l'appui et le soutien de l'administration et de certaines organisation non-gouvernementale ;

    - donner des micros enseignements aux détenus souffrant d'infection cutanée du camp pénal ;

    - fournir aux détenus les informations sur les pathologies de la peau et les moyens de s'en prévenir ;

    - convaincre les parents de leur apporter leur soutien financier et matériel ; Fournir des produits d'hygiènes et d'entretien aux détenus ;

    - former une équipe d'hygiène et santé.

    II- LES OBJECTIFS DU PROJET

    2.1- L'objectif général

    - Réduire la morbidité liée aux infections cutanées en milieu carcéral ;

    2.2- Les objectifs spécifiques

    De manière spécifique, il s'agit pour nous de :

    - sensibiliser les détenus sur l'importance de l'hygiène (corporelle,

    vestimentaire et environnementale) ;

    - éduquer les détenus sur les techniques de lavage convenable ;

    92

    - fournir du matériel d'hygiène et d'entretien aux détenus ;

    - montrer aux détenus comment entretenir son environnement (cellule, cour) ;

    - sensibiliser puis former une équipe d'hygiène santé pour pérenniser les actions ;

    - aider 50 détenus à améliorer leur état de santé.

    III. L'IDENTIFICATION DES CIBLES

    Le projet concerne toutes les personnes qui ont un rapport avec la détention, le camp pénal. Afin d'être efficace et atteindre chacune de ces cibles, une catégorisation s'impose. Nous avons catégorisé les cibles en trois groupes :

    - la cible primaire. Elle comprend les détenues ayant une infection cutanée ; - la cible secondaire qui se compose de l'ensemble des autres détenus (non malades) ;

    - la cible tertiaire. Elle regroupe toutes les personnes ou organisations qui peuvent influencer d'une manière ou d'une autre le comportement des détenus. Ici, nous retrouvons, l'administration, les agents d'encadrement, les Ong, le service médical, les travailleurs sociaux et les autorités administratives de la justice et de la santé.

    IV. LES ACTIVITÉS À RÉALISER

    Objectifs

    Activités planifiées

    Sensibiliser les détenus

    sur l'importance de

    l'hygiène (corporelle,

    vestimentaire et

    environnementale)

    - obtenir l'accord des détenus ayant des

    problèmes de peau à participer au projet ;

    - obtenir l'accord du service de la sécurité pour
    organiser les activités.

    - organiser au moins 3 micros enseignements sur
    l'hygiène par cellule ;

    Organiser des séances

    - obtenir l'accord du service de la sécurité pour

    93

    de techniques de bonnes

    pratiques d'hygiène

    corporelle pour les

    détenus ayant des
    problèmes de peau.

    organiser les activités ;

    - réunir le matériel pour la séance ;

    - réunir des 50 détenus ;

    - faire des démonstrations sur les techniques

    d'entretien corporel

    Fournir du matériel

    d'hygiène et d'entretien aux différentes cellules

    et aux détenus
    indigents.

    - fournir du savons ;

    - fournir de l'eau de javel pour l'entretien des

    cellules ;

    - distribuer le matériel aux détenus.

    Montrer aux détenus

    comme entretenir son
    environnement (cellule, cour)

    - visiter les cellules ;

    - montrer aux détenus les causes des
    pathologies ;

    - sensibiliser sur les impacts du manque
    d'hygiène ;

    - montrer les techniques pour maintenir les
    cellules et la cour propres.

    Sensibiliser puis former

    une équipe d'hygiène

    santé pour pérenniser

    les actions

    - avoir l'accord d'au moins trois détenus en vue

    de constituer une équipe hygiène santé par bâtiment ;

    - former les membres des équipes ;

    - présenter les membres des équipes aux détenus.

    Aider certains détenus à accéder à des soins.

    - faire le bilan des infections cutanées persistant ;

    - faire le plaidoyer auprès de bonnes volontés

    pour prendre en charge les cas persistants

    - solliciter et obtenir le soutien du service
    médical.

    94

    V. LES RÉSULTATS ATTENDUS

    Les initiatives prises doivent permettre d'atteindre les résultats suivants :

    - l'administration et des Ong soutiennent le projet de lutte contre les infections cutanées au camp pénal ;

    - le service médical et le service social sont impliqué dans la réalisation du projet ;

    - les détenus ont compris l'importance de l'hygiène ;

    - les détenus ont reçu du matériel d'hygiène ;

    - les chefs des différentes cellules ont reçu des produits pour l'entretien de leur cellule ;

    - les infections cutanées sont en baisse au camp pénal ;

    - les détenus souffrant d'infections cutanées ont vu leur état de santé s'améliorer ;

    - le camp pénal a trouvé une réponse au problème des infections de la peau ; - les détenus dont les infections persistent ont pu recevoir le traitement complémentaire indispensable.

    VI. LES RESSOURCES

    La réalisation du projet nécessitera des ressources humaines, matérielles et financières.

    95

    VII- LE PLAN D'ACTION

    Objectif général : réduire la morbidité liée aux infections cutanées en milieu carcéral

    Objectifs spécifiques

    Stratégies ou activités

    Moyens

    Lieux

    Echéanciers

    Résultats attendus

    Indicateurs

    Informer la

    direction et les

    autres acteurs

    - plaidoyer ;

    - exposé ;

    - discussion.

    - coordonnateur du

    projet ;

    - régisseur ;

    Différents services.

    Du 09 au

    10/03/2015

    Le projet et le

    plan d'action
    sont approuvés

    100% des

    personnes

    concernées ont

    de la prison

    des actions à

    entreprendre.

     

    - agents d'encadrement ; - service médical ;

    - service social.

     
     

    par les

    différentes parties

    donné leur accord

    Sensibiliser les

    - causeries ;

    -le coordonnateur du

    Les cellules

    Du 10 au

    Les

    100% des

    responsables

    - écoute ;

    projet ;

     

    11/03/2015

    responsables

    responsables des

    des cellules des

    - discussion ;

    -agents d'encadrement ;

     
     

    des cellules ont

    cellules

    différents bâtiments

    - information ;

    -détenus (chefs).

     
     

    été sensibilisés

    sensibilisés

    Identifier les

    - sensibilisation ;

    -stylos ;

    sallle

    Du 12 au

    Plus d'une

    Tous les détenus

    détenus cibles

    - écoute ;

    -feuilles de rames ;

    d'alphabéti-

    14/03/2015

    cinquantaine

    ayant un

     
     

    -service médical

    sation

     

    de détenus ont

    problème cutané

    96

     
     
     

    -détenus

    -agents de sécurité

     
     
     

    été identifiés

    sont identifiés.

    Enquêter

    au

    - écoute ;

    -questionnaires ;

    -les cellules

    Du 16

    au

    Les détenus

    75%

    détenus

    près détenus identifiés

    des

    - questionnaire

    -stylos -crayons -détenus

    -les cours

    18/03/2015

     

    ont participé

    activement à

    l'enquête

    identifiés interrogés

    sont

     
     
     

    -coordonnateur du projet

     
     
     
     
     
     

    Objectifs spécifiques

    Stratégies

    Moyens

    Lieux

    Echéanciers

    Résultats attendus

    Indicateurs

    Identifier des

    détenus pour le comité d'hygiène- santé

    - sensibilisation

    - écoute ;

    - consensus.

    -stylos ;

    -feuilles de rames ; -service médical -détenus

    -agents de sécurité

    Les cellules

    A partir du

    20/03/2015

    Des détenus

    ont été

    identifiés par

    bâtiment

    03 détenus

    identifiés par

    bâtiment

    Eduquer les

    détenus sur

    l'importance

    - IEC/CCC ;

    - échange ;

    - discussion.

    - coordonnateur du projet, - agents de la sécurité ; - service médical ;

    Cours des

    bâtiments

    ou salle

    Du

    23/03/2015 au

    Les micros

    enseignements

    sur l'hygiène

    75% des détenus enquêtés éduqués sur l'hygiène

    97

    de l'hygiène

     

    -travailleurs sociaux ; - fiches

    d'alphabétis ation

    30/06/2015

    sont dispensés aux détenus

     

    Trouver des

    - concertation ;

    -le coordonnateur du projet ;

    Cours des

    A partir

    Les détenus

    50% des détenus

    produits

    - écoute ;

    -agents d'encadrement ;

    bâtiments

    06/04/2015

    enquêtés ont

    indigents ont reçu

    d'hygiène et

    - discussion ;

    -détenus (chefs).

    ou les

    une fois

    reçu des

    des produits

    d'entretien aux

    - sensibilisation

    -produits d'entretien et

    cellules

    chaque 15

    produits

    d'hygiène

    détenus

     

    d'hygiène

     

    jours.

    d'hygiène.

     

    Orienter

    - plaidoyer

    -médicaments pour les

    A

    A partir du

    Les

    50% des détenus

    certains

    - achats

    dermatoses ;

    l'extérieur

    30/03/2015

    médicaments

    concernés pris en

    malades vers la

    - sensibilisation

    -parents de détenus ;

    de la

     

    de dermatoses

    charge.

    thérapeutique

     

    -administration pénitentiaire ; -pharmacies ;

    prison ;

     

    ont été

    collectés pour

    les détenus

     
     
     

    -service médical ;

     
     
     
     
     
     

    -coordonnateur projet.

     
     
     
     

    98

    VIII- LE SUIVI ET L'ÉVALUATION

    8.1- Le suivi

    Le suivi des activités se fera par le coordonnateur des activités (impétrant), qui en est le responsable. Il a en charge le bon déroulement des différentes activités et/ou actions qui doivent être engagées. Il mène des démarches auprès des autorités de la prison pour faciliter la mise en place et la réalisation du projet.

    8.2- L'évaluation

    L'évaluation a pour but de voir si les actions envisagées, planifiées sont exécutées correctement. Dans la conduite d'un projet, il y a plusieurs évaluations qui peuvent être programmées. Pour ce qui nous concerne, nous aurons deux évaluations à faire : une à mi-parcours et l'autre à la fin du projet. Les indicateurs nous servent de baromètre pour savoir si les objectifs fixés dans le plan d'action sont atteints.

    .

    99

    CHAPITRE VI : LE VOLET OPÉRATIONNEL DU PROJET

    La mise en oeuvre du projet s'est faite en nous appuyant sur la théorie de l'engagement. Cette théorie consiste à unir l'individu aux actes qu'il pose. C'est pourquoi, toutes les actions que nous avions posées se sont inscrites dans cette démarche. Les différents acteurs du projet ont par leur engagement participé, encouragé nos différentes actions.

    Qu'est-ce que nous avons mis en oeuvre pour y parvenir ?

    Les stratégies de communication mises en oeuvre ont été axées sur le plaidoyer, l'IEC et CCC, la formation des pairs, le counseling, les visites à domicile (VAD) et la mobilisation sociale.

    I- LES STRATÉGIES

    1.1- Le plaidoyer

    Faire un plaidoyer, c'est défendre une cause, une opinion, une politique. C'est un exposé argumentaire des actions que l'on souhaite mettre en oeuvre devant des autorités, des décideurs. En somme, c'est influencer la prise de décisions.

    1.1.1- Les publics cibles

    Les cibles concernées par le plaidoyer sont la cible tertiaire, en particulier les décideurs (direction de l'administration pénitentiaire, l'administration du camp pénal, des responsables de pharmacies, le service médical, le service social et les Ong).

    1.1.2- La description de la stratégie

    Nous avons procédé au cours du plaidoyer de la manière suivante :

    - déterminer les acteurs qui veulent influencer la réalisation du projet ;

    - faire une bonne documentation (thème, chiffres clé, les résultats attendus,

    les causes, les conséquences, les ressources nécessaires) ;

    100

    - obtenir des rendez-vous avec les différents décideurs.

    - rencontrer les différents décideurs pour avoir leur soutien, leur appui ;

    - instruire les différentes cibles sur l'utilité du projet ; - obtenir leur engagement.

    L'exposé devant ces décideurs doit se faire de manière argumentée avec des messages simples, clairs et précis et frappants.

    1.1.3- Les activités déployées

    Les réunions, les rencontres et entretiens sont entre autres les activités que nous avons déployées pour le compte du plaidoyer.

    1.1.4- La communication engageante dans le plaidoyer

    La technique de communication engageante très régulièrement employée fut « le-pied-dans-la-porte ». Elle consistait simplement à dire aux différents responsables de ces services qu'ils nous autorisent à entreprendre un projet en faveur des détenus du camp pénal qui souffrent d'infections cutanées et qu'ils nous facilitent la réalisation du projet par un accompagnement concret, un soutien physique, moral, matériel ou financier.

    En plus de cette technique, la technique de « un-peu-c'est-mieux-que-rien ». Pour dire à notre auditoire que les actions qui allaient être menées, même si elles n'étaient pas de grande envergure, pourraient améliorer la situation de plusieurs détenus.

    1.2- L'IEC et la CCC

    L'IEC et la CCC sont des stratégies de sensibilisation auprès des populations. Elles servent à améliorer les connaissances, les attitudes et les aptitudes de ces populations et surtout favoriser l'adoption de nouveaux comportements sains en matière de santé.

    101

    À la différence de l'IEC, la communication pour le changement de comportement ou CCC implique les populations concernées dans la prise en charge de leurs propres problèmes pour un changement de comportement efficace et durable.

    1.2.1- Les publics cibles

    La cible primaire était la principale cible concernée par les stratégies d'IEC et de CCC. Il s'agit des détenus affectés par les problèmes de peau particulièrement mais aussi tous les autres détenus du camp pénal.

    1.2.2- La description de la stratégie IEC et CCC

    L'IEC et la CCC ont été menées de la manière suivante :

    - collecter les informations sur la pathologie, les causes et les

    conséquences ;

    - collecter le maximun d'information sur le problème,

    - rencontrer les responsables des détenus et leur exposer l'utilité du projet

    (chefs de cours, chefs de cours et les commis) ;

    - faciliter la compréhension du problème et avoir l'appui des responsables

    des détenus ;

    - recenser les malades volontaires ;

    - organiser les enseignements à l'intention des malades ;

    - organiser les séances d'information et de démonstration des bonnes

    pratiques d'hygiène ;

    - organiser les séances de nettoyage des cellules et des cours de la prison ;

    - mettre en place des comités d'hygiène et de santé.

    1.2.3- Les actions déployées

    Les réunions, les entretiens individuels, les causeries, les enseignements ont été les actions que nous avions mises en oeuvre durant les stratégies d'IEC et de CCC.

    102

    1.2.4- La communication engageante dans les stratégies d'IEC et de la CCC Au cours des activités des stratégies de l'IEC et de la CCC, nous avions employé « l'étiquetage » avec la mise en valeur du comportement de certains détenus. Et dire aux autres que suivre ces exemples peut contribuer à améliorer leur état et réduire les effets de la pathologie.

    La technique « vous-êtes-libres-de... » en mettant le détenu devant ses responsabilités. Après lui avoir montré les conséquences de son aptitude actuelle, les avantages du changement de comportement, nous lui disions qu'il a le choix soit de demeurer dans la maladie en ne changeant pas de comportement, soit améliorer sa santé en adoptant les règles d'hygiène adéquates.

    La technique de « le-pied-dans-la-porte » fut aussi utilisée. Il fut question dans ce cas-là de demander au détenu de poser un premier geste moins aisé et par la suite, demander un autre geste un peu plus difficile que le premier.

    Par exemple, nous avons demandé à certains détenus qui ne voulaient pas aux enseignements, de venir nous suivre quelques instants, environ cinq minutes et qu'ils ne voyaient toujours pas d'intérêt, ils pouvaient repartir.

    Lorsqu'ils acceptaient de venir, pendant les séances d'enseignement, nous profitions pour l'impliquer : comment se lave-t-il ? que pense-t-il de la séance ? qu'est-ce qu'il pense de telle ou telle question ? Dans la plupart du temps, le détenu acceptait de répondre à certaines questions et restait plus longtemps que prévu.

    1.3- La formation des pairs

    Les pairs sont pour nous des relais de nos actions auprès des codétenus. Ce sont des individus qui vivent le même problème et qui ont des aptitudes favorables au changement.

    1.3.1- Les publics cibles

    Les détenus ayant une infection cutanée ont été la principale cible de cette stratégie.

    103

    1.3.2- La description de la stratégie

    La description de la stratégie relative à la formation des pairs est la suivante :

    - désigner un volontaire par cellule avec l'aval des autres détenus ;

    - former les 16 détenus désignés ;

    - associer les pairs formés aux différentes activités de leur bâtiment ;

    - faire le point régulièrement avec le pair de chaque cellule ;

    - autoriser le pair à mener des activités selon le plan d'action à notre

    absence.

    1.3.3- Les actions déployées

    Les actions que nous avons déployées se résument aux échanges avec les détenus, les enseignements dispensés aux détenus sur l'hygiène, les causeries.

    1.3.4- La communication engageante dans l'éducation par les pairs

    La communication engageante nous a servi dans la formation des pairs à travers « l'étiquetage ». Mettre le détenu en confiance, en valeur devant ses codétenus pour qu'il agisse dans la direction voulu et qu'il soit disposé à accepter son rôle auprès de ses camarades et que ceux-ci acceptent son autorité.

    « Le toucher », une autre technique de l'engagement fut aussi exploitée. Il s'agissait par le contact physique, de réduire les distances entre le détenu et nous, et le mettre également en confiance.

    1.4- Le counseling ou le conseil

    C'est un entretien individualisé qui aide l'individu à mieux comprendre ce que l'on souhaite.

    1.4.1- Les publics cibles.

    La cible primaire était le public concerné par cette stratégie, en particulier les détenus malades qui ne font pas preuve d'une grande motivation au cours des différentes activités.

    104

    1.4.2- La description de la stratégie

    Le counseling a consisté à :

    - identifier les individus peu motivés ;

    - demander à nous entretenir avec eux individuellement ;

    - écouter ses raisons ;

    - laisser l'individu s'exprimer clairement ;

    - expliquer les bienfaits d'une bonne hygiène (corporelle, vestimentaire et

    environnementale) ;

    - laisser l'individu faire le choix.

    1.4.3- Les actions déployées

    Les entretiens individuels, l'écoute et les conseils sont les principales actions mises en oeuvre durant le counseling.

    1.4.4- La communication engageante dans le counseling.

    « Le toucher », « le-pied-dans-la-porte », « un-peu-c'est-mieux-que-rien » sont les techniques de l'engagement que nous avions pu expérimenter pendant le counseling.

    Ces techniques renforçaient la confiance de l'individu et augmentaient son implication dans les activités.

    1.5- Les visites à domicile (VAD)

    Les VAD sont une stratégie qui vise le détenu. Elles nous permettent de nous rapprocher d'un parent de détenu, à renforcer les relations avec cette personne visitée dans le but de réduire les incompréhensions, de mieux nous connaître et surtout, installer la confiance.

    1.5.1- Les publics cibles

    Les VAD ont concerné les parents et connaissances de détenus donc, la cible tertiaire. C'était en général les parents de détenus qui résident dans la commune de Bouaké.

    105

    1.5.2- La description de la stratégie

    Pour mieux réussir notre VAD, il fallait :

    - rechercher les informations sur la personne à visiter auprès du détenu ;

    - prendre rendez-vous avec le parent ;

    - être présent à l'heure le jour du rendez-vous ;

    - présenter brièvement la situation (montrer la vulnérabilité du détenu, les

    conséquences si rien n'est fait et ce que nous attendons de lui) ;

    - écouter attentivement la réponse de la personne visitée ;

    - faire prendre un engagement au parent, si cette personne accepte de réagir

    à notre requête ;

    - revenir s'il le faut.

    1.5.3- Les actions déployées

    L'écoute, les causeries, l'entretien individuel constituent l'essentiel des actions déployées au cours des visites à domicile.

    1.5.4- La communication engageante dans les VAD

    « un-peu-c'est-mieux-que-rien », « le-pied-dans-la-porte » ont été les techniques de l'engagement que nous avions usées au cours des visites effectuées chez les parents des détenus.

    1.6- La mobilisation sociale

    « La mobilisation sociale est une action planifiée et mise en oeuvre pour toucher, influencer et engager tous les segments et secteurs concernés de la société afin d'atteindre un but commun. » 46

    Ici, la mobilisation sociale concerne toutes les parties prenantes dans la détention : les agents d'encadrement, le personnel du service médical et le personnel du service social. Il s'est agi de partager avec eux le problème et les solutions envisagées pour éradiquer ou réduire la morbidité liée à cette pathologie.

    46 Handicap International et SWAA, Op.Cit, 2009, p.24

    106

    1.6.1- Les publics cibles

    Les agents d'encadrement, le personnel du service médical, le personnel du service social et des Ong en particulier le CICR furent les cibles.

    1.6.2- La description de la stratégie

    La mise en oeuvre de cette stratégie a consisté à :

    - prendre rendez-vous avec les différents services ;

    - exposer le problème et le plan de travail ;

    - recueillir leur impressions et apporter des ajustements si nécessaire ;

    - demander leur soutien et leur implication à chaque étape du déroulement

    du projet ;

    - rendre compte régulièrement de ce qui est fait et ajuster au fur et à mesure

    du déroulement du plan ;

    - mobiliser les ressources avec leur aide.

    1.6.3- Les actions déployées

    Les réunions, les rencontres informelles ont été les actions mises en oeuvre pour réussir la mobilisation sociale.

    1.6.4- La communication engageante dans la mobilisation sociale

    « La-porte-au-nez » est l'une des techniques de l'engagement que nous avions souvent utilisées dans la mobilisation sociale. Il s'agissait pour nous de solliciter l'implication de certaines personnes à un niveau élevé, s'ils n'étaient pas d'accord, un autre service de moindre valeur leur était demandé. Ce qui était dans la plupart du temps accepté.

    Outre cette technique, « un-peu-c'est-mieux-que-rien » fut aussi utilisée, de même que l'étiquetage.

    107

    II- Les activités

    Les principales activités menées sont : les enseignements (causeries et pratiques), les entretiens individuels et des activités de nettoyage des cellules et des cours.

    2.1- Les enseignements

    Les enseignements contribuaient à donner aux détenus des informations sur l'hygiène (vestimentaire, corporelle et environnementale). Ils étaient organisés principalement à l'intention des malades affectés par la peau. Ces cours étaient à la fois théoriques et pratiques avec 35 minutes par séance et par cellule et 25 minutes pour la pratique.

    L'ensemble des détenus a été reparti en 14 groupes de 18 détenus (sauf deux cellules où il y avait 17 détenus).

    Les thèmes abordés étaient l'hygiène corporelle, l'hygiène vestimentaire et l'hygiène environnementale.

    L'objectif visé par chacun de ses enseignements était d'amener le détenu à comprendre l'utilité de l'hygiène, comment se prendre pour améliorer leur état actuel malgré la situation de privation de liberté et de limitation des moyens et les conséquences d'une mauvaise hygiène.

    Pour les séances pratiques, il s'agissait de montrer dans un premier temps la nécessité d'une bonne pratique hygiénique et dans un second temps, faire des démonstrations de chacun des thèmes étudiés.

    Nous avions eu trois séances par cellule et par thème, soit 42 enseignements au total sur la durée du projet, environ 3 mois (23 mars 2015 au 30 juin 2015).

    108

    2.2- Les causeries

    Une causerie « est un échange structuré entre un animateur (agent IEC, relais) et un groupe (population) autour d'un thème spécifique dans le but d'aboutir à un comportement souhaité. »47

    Nous avons mené des causeries avec plusieurs groupes de personnes allant du personnel administratif aux détenus, en passant par le personnel médical, pénitentiaire et social. Les causeries nous ont permis de mettre à niveau nos interlocuteurs par rapport au problème. Elles ont été utilisées le plus souvent durant les séances d'enseignement.

    2.3- Le plaidoyer

    Le directeur de l'administration pénitentiaire, le directeur du camp pénal, les responsables du service médical et social nous ont reçus. Au cours de ces rencontres, nous avons exposé la situation de vulnérabilité des détenus malades de la peau. Ces rencontres ont permis de baliser le champ d'action, d'exposer nos motivations et demander le soutien, l'appui logistique et physique des uns et des autres.

    Dans l'ensemble, nous disons que chacune de ces autorités a approuvé l'idée et donner son accord pour la réalisation du projet. Toutefois, il fallait le faire en tenant compte des dispositions en vigueur au sein de la prison.

    Des responsables du CICR ont été approchés afin de nous appuyer dans les activités. Ils ont répondu à notre sollicitation en acceptant de faire la distribution des dons le jour même du démarrage de nos activités de nettoyage des cellules et des cours. À cet effet, un important lot de matériel d'hygiène a été distribué à chaque cellule. Il comprenait des brosses (avec manche et sans manche), des serpillières, des seaux, des poubelles, des balais.

    Le service social a participé à chacune des activités. Un membre fut désigné par bâtiment pour suivre les activités. Il est allé loin en nous aidant avec une grande

    47 Handicap International et SWAA, Op. Cit, p.19, 2009

    109

    quantité de savon liquide et d'eau de javel que le service lui-même avait fabriquée.

    Ces produits et matériels ont pu être obtenus grâce à la plaidoirie faite en direction de ces services.

    2.4- Les VAD

    Nous avons reçu 52 demandes de la part des détenus pour aller rencontrer leurs parents ou connaissances. Mais peu de parent ou connaissance ont répondu favorablement à notre sollicitation.

    Nous allons voir les résultats de nos démarches dans la suite du travail.

    2.5- Les entretiens individuels

    Les entretiens individuels avaient pour but de faire prendre conscience à l'individu et l'encourager à s'impliquer dans les activités (autorité), à adopter des règles d'hygiène (détenu), amener les uns et les autres à se rendre compte de la vulnérabilité des détenus si rien n'est mis en place (administration).

    Ces entretiens devraient permettre à l'ensemble des parties prenantes du projet d'identifier les possibilités éventuelles pour venir à bout des infections cutanées et prendre des mesures allant dans ce sens.

    2.6- Les activités de nettoyage

    Le nettoyage a concerné les douches et WC à l'intérieur des cellules, les cours des bâtiments, de même que les douches et WC externes du bâtiment A et les différents appâtâmes installés à l'intérieur de chaque bâtiment.

    À ce niveau, des lavages généraux furent régulièrement organisés sous la supervision des travailleurs sociaux.

    Pour la pérennité de cette activité, des comités d'hygiène et de santé ont été constitués par bâtiment. Ces comités sont chargés du suivi au quotidien des

    110

    questions d'hygiène à l'intérieur du bâtiment. Ils travaillent en étroite collaboration avec les chargés de l'hygiène de chaque cellule.

    Ils nous tiennent informer des activités qui sont menées, font l'état des produits et matériels qui leur ont été distribués.

    Les lavages généraux sont organisés deux fois par mois tandis que le lavage des douches et WC se font quotidiennement.

    Pour cette activité, nous avions eu le soutien matériel du CICR et du service social.

    III- Les résultats et discussion

    L'exécution de ces différentes activités nous a permis d'obtenir quelques résultats qui sont les suivants.

    3.1- Au niveau des plaidoiries

    Nouspouvons dire que toutes les parties qui étaient concernées ont approuvé le projet et donné leur accord.

    Ainsi, la direction de l'administration pénitentiaire, nous a donné une autorisation spéciale pour mener notre recherche. Vue l'importance du sujet, elle a demandé que les conclusions ou une copie de la recherche lui soit remise.

    Quant aux parties présentes sur le site de la recherche, elles se sont fortement impliquées dans la réalisation du projet, notamment les services médical et social. Ils étaient présents à chaque étape du projet.

    Le service médical nous a facilité l'accès aux données chiffrées de cette maladie, a fait des propositions sur le contenu des causeries et surtout en suivant les différents cas identifiés.

    Le service social nous a aidé dans la supervision des activités en plus de sa contribution en savon liquide et eau de javel.

    La plaidoirie a permis avec le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) de nous appuyer en matériel.

    111

    Les théories de l'engagement ont joué un rôle important dans l'implication de ces différentes autorités. Nous supposons à partir de ces engagements que le niveau d'instruction, le niveau de responsabilité d'un individu influencent son degré d'engagement. Pour dire que plus on est instruit ou plus on a un certain niveau de responsabilité, plus on respecte ses engagements. Car cet engagement est précédé d'une analyse de l'impact, des avantages ou des inconvénients des actes que l'on va poser. Tout individu qui se trouve dans de telle position fera en sorte que sa décision soit irrévocable.

    Toutefois, pour avoir une réaction, un engagement d'un individu, il faut qu'il ait été exposé à un message. Ce qui ne fut pas le cas avec les pharmacies. En effet, nous n'avons pas pu rentrer en contact avec les pharmacies, surtout celles du privé. Donc nous n'avions pu avoir leur soutien matériel pour la prise en charge thérapeutique de certains malades.

    3.2- Au niveau de la participation des détenus aux activités

    Les séances de formation et de démonstration visaient les détenus malades identifiés mais aussi tous les autres. Le constat est que seuls les malades y ont participé. Sur un effectif de 250 malades identifiés, 243 avaient donné leur accord pour participer aux différentes activités que nous envisagions mener. Mais c'est environ 190 détenus malades qui sont venus régulièrement assister à l'ensemble des activités (voir tableau XV).

     

    Nombre

    Pourcentage

    Effectif

    250

    100

    Accord

    243

    97.2

    Participants

    190

    76

    Tableau XV : Taux de participation aux activités

    L'objectif qui était de voir 75% des détenus malades s'impliquer dans ces formations a été atteint avec environ 190 participants.

    112

    La participation varie en fonction du bâtiment ou de la cellule (tableau XVI). On constate que rares sont les cellules où tous les détenus ont participé aux activités, exception faite de la deuxième cellule du bâtiment C.

    Bâtiments

    Effectif présent

    Hygiène
    corporelle

    Hygiène
    vestimentaire

    Hygiène

    environnementale

    A

    10

    11

    11

    17

    13

    10

    18

    16

    16

    12

    14

    14

    9

    13

    14

    10

    12

    16

    B

    09

    13

    15

    10

    14

    11

    07

    13

    12

    C

    18

    12

    16

    17

    14

    17

    16

    14

    15

    D

    18

    17

    15

    18

    18

    18

    Tableau XVI : Taux de fréquentation aux enseignements sur l'hygiène

    L'explication viendrait du fait que ce bâtiment est isolé, les détenus ne sont pas en contact avec les autres bâtiments. Les seuls moments où ils peuvent le faire, c'est quand ils vont à l'hôpital ou viennent à la salle d'alphabétisation.

    Comme analyse de la participation des détenus aux séances de formation, nous pouvons dire que le taux de participation est élevé, même si les cellules n'ont pas eu un taux de participation identique.

    Si les détenus ont manifesté de l'engouement pour ces séances, qu'en est-il de l'impact de ces enseignements sur eux ? Les théories de l'engagement ont-elles influencé cet engouement ?

    Les chiffres montrent qu'un nombre important de détenus a participé aux activités. Toutefois, la différence entre ceux qui avaient donné leur accord et ceux qui ont pris part aux activités montre un non-respect de cet engagement.

    113

    Certains détenus ont, par effet de groupe ou de mode, donné leur accord sans pour autant être vraiment intéressés par le projet. Ils ont changé d'avis sans même être soumis à un quelconque message. D'autres par contre, ne sont pas venus aux activités parce que sollicités pour les corvées (cuisine, maraîcher, rizière, etc.). Selon Wang et Katzev (1990) cité par Lolita Ruben (2011), lorsque les individus prennent un engagement collectif, certaines personnes sont tentées à ne pas respecter leur engagement. Selon eux, l'engagement individuel est le plus efficace et résisterait au temps.

    3.3- L'impact des séances de sensibilisation sur les détenus

    Pour mieux analyser l'impact des séances de sensibilisation sur les détenus, observons le tableau ci-dessous relatif à l'évolution des consultations.

    Période

    Effectif des
    détenus

    Consultation pour des dermatoses

    Décembre 2013

    24

    01

    Janvier 2014

    19

    01

    Février 2014

    17

    07

    Mars 2014

    110

    03

    Avril 2014

    257

    50

    Mai 2014

    303

    61

    Juin 2014

    380

    73

    Juillet 2014

    374

    34

    Août 2014

    355

    25

    Septembre2014

    442

    30

    Octobre 2014

    440

    47

    Novembre 2014

    551

    56

    Décembre 2014

    542

    37

    Janvier 2015

    641

    70

    Février 2015

    590

    77

    Mars 2015

    578

    126

    Avril 2015

    564

    117

    Mai 2015

    564

    78

    Juin 2015

    560

    87

    Tableau XVII : Évolution des consultations dermatologiques par rapport aux effectifs

    À première vue, on serait tenté de dire que de façon générale, les pathologies cutanées n'ont pas régressé malgré les séances de sensibilisation. Cette situation a plusieurs explications. D'un effectif d'à peine une vingtaine, le camp pénal à la

    114

    date du 30 juin 2015, compte 560 détenus. Ce qui nécessairement a une incidence sur la prolifération de certaines maladies dont les infections cutanées. Il faut dire que l'un des facteurs favorisants cette maladie est la promiscuité. Plus il y a d'individus confinés dans un petit espace, plus il y a de chance de voir apparaître ou se propager les cas d'infections cutanées.

    En dehors de l'augmentation du nombre de détenus, nous pouvons évoquer l'augmentation du nombre du personnel médical. D'un infirmier à l'ouverture jusqu'à fin 2014, l'effectif des infirmiers est passé à trois (03). À ces trois infirmiers, vient s'ajouter un médecin depuis avril 2015.

    Avant l'arrivée de ces trois professionnels de la santé, le seul infirmier présent ne pouvait que prendre un nombre limité de détenu par jour. Pour être efficace, un nombre limité de malade était pris par cellule et les consultations étaient tournantes et la priorité était donnée aux cas extrêmes, urgents. Par exemple, si aujourd'hui, on consulte dans le bâtiment A et B, demain la priorité sera donnée aux bâtiments C et E. Par contre aujourd'hui, avec le médecin et les deux nouveaux infirmiers en plus, il n'y a pas de limitation du nombre de patients.

    Au camp pénal, l'augmentation de l'effectif correspond toujours à l'arrivée de nouveaux détenus en provenance d'autres maisons d'arrêt. Qui dit arrivée de nouveaux détenus, dit consultation systématique. Tous les détenus à leur arrivée à la prison subissent une visite médicale obligatoire pour déterminer les maladies dont ils pourraient être porteurs. Au cours de ces visites, les pathologies de la peau sont presque toujours identifiées. Ceci peut être aussi une autre explication à l'augmentation des consultations relatives à cette infection.

    Il est à préciser également, qu'un même détenu peut se faire consulter autant de fois que son état de santé nécessite. Selon le personnel médical, venir à l'infirmerie est une manière pour le détenu de passer le temps. L'oisiveté,

    115

    l'inactivité sont le quotidien des détenus mis à part les corvéables48. Le constat fait par le personnel médical est que ceux qui n'ont pas d'activité, sont plus nombreux à fréquenter l'infirmerie.

    En ce qui concerne la période du projet, mars 2015 à juin 2015, nous disons qu'il y a eu une légère baisse des cas de dermatoses, de 126 consultations dermatologiques en mars, nous sommmes passés, à fin juin, à 87.

    Faut-il se réjouir de cette baisse ? Est-ce le fruit de notre campagne de sensibilisation ? Nous disons que nous pouvons nous réjouir, parce que cela dénote que certains détenus ont pris conscience qu'ils sont maîtres de leur bien-être. Adopter un comportement sain, respecter les règles d'hygiène élémentaires (se laver régulièrement, laver ses habits, séparer les habits sales des propres, prendre soin de son environnement immédiat que sont la cours et les toilettes) doivent être leurs préoccupations de tous les jours.

    Par ailleurs, si nous regardons les résultats dans le tableau suivant qui se rapporte à la manière dont les détenus se lavent, nous nous apercevons qu'il y a de nombreux changements à ce niveau (tableau XXVII).

    L'utilisation du savon pour la toilette a légèrement changé. Ceux qui ne se lavaient uniquement avec l'eau ont largement changé de comportement, de même que ceux qui ne se lavaient qu'avec l'éponge sans utiliser du savon.

     

    Avant-projet

    Après sensibilisation

    Non réponse

    02

    -

    Eau

    87

    17

    Eau+savon

    64

    67

    Eau+éponge

    37

    13

    Eau+savon+éponge

    93

    102

    Tableau XVIII : Évolution du comportement des détenus

    48 Les corvéables sont des détenus qui exercent de petites activités à l'intérieur de la prison sans attendre une rémunération en retour. Ils exercent à la cuisine, au jardin maraîcher et les champs de riz, de maïs et d'igname.

    116

    Quant à savoir si c'est le fruit de cette campagne, il est assez tôt pour l'affirmer. Ce qui est à signaler ici, c'est que les détenus dans leur grande majorité ont senti le besoin de changer les choses. L'idéal serait de mener cette campagne sur une période allant de 6 à 12 mois au moins, voire plus.

    3.4- Les visites à domicile (VAD)

    Les VAD ont été initiées afin de rapprocher les détenus de leurs parents ou d'aplanir les incompréhensions qui étaient entre eux d'une part et d'autre part pour que les parents sachent les difficultés (matérielles, psychologiques et médicales) de leurs proches en détention et qu'ils leur viennent en aide.

    Pour cette activité, 52 détenus nous ont approchés afin de rencontrer leurs parents ou leurs amis (tableau).

    Nombre de
    personnes à
    visiter

    Nombre
    d'appel pour
    prendre
    RDV

    Nombre de
    promesse
    de rappel

    Nombre
    d'accord

    VAD

    52

    52

    23

    17

    08

    Tableau XIX : Données par rapport aux VAD

    Ceux à qui nous devrions rendre visite sont des personnes qui résident dans la commune de Bouaké. Sur ces 52 personnes ou amis à rencontrer, seules 08 nous ont autorisés à les rencontrer. Ces rencontres ont souvent lieu sur leurs lieux d'activité. Pourtant, 17 personnes nous avaient donné leur accord de principe pour qu'on vienne les voir, une date et une heure avaient été convenues pour ces rencontres. Malheureusement, aux dates et heures convenues, ces personnes se sont rétractées.

    Les 52 parents ou amis à rencontrer ont tous été appelés. Nous avons eu chacun d'eux au téléphone et 23 d'entre eux nous avaient fait la promesse de nous rappeler, seulement ils n'ont jamais daigné le faire. Toutes nos tentatives pour relancer le dialogue se sont soldées par des échecs.

    117

    Plusieurs raisons justifient la conduite de ces parents. Nos entretiens avec les détenus concernés ont montré qu'ils étaient généralement en disgrâce avec leur famille avant leur incarcération. Ils n'étaient plus en de bons termes avec leurs familles respectives ou n'étaient plus en contact avec leurs amis et connaissances. Certains parents nous ont fait savoir qu'ils ne voulaient plus rien savoir d'eux et qu'ils nous dispensaient de les rappeler. Selon leurs dires, tout a été fait pour les ramener sur le droit chemin et rien n'y fit.

    Les huit parents qui nous ont reçus ont changé d'attitude à l'égard de leurs proches. Ils ont commencé par leur rendre visite, leur apporter des vivres et des non vivres.

    Les VAD lorsqu'elles sont réalisées permettent, de renouer les liens entre les détenus et leur famille. Les relations d'avant incarcération ont largement conditionné la réalisation ou non de ces visites à domiciles.

    Nous savons qu'un changement durable de comportement dépend entre autre de la répétition des actes, des démarches envers la cible. Les huit parents qui nous ont reçus, ont accepté notre demande à la suite de plusieurs tentatives, ce que nous n'avions pas pu faire avec les autres.

    Les théories de l'engagement une fois mise en oeuvre efficacement aboutissent à modifier l'attitude de la cible.

    3.5- Les mises en relation

    Si pour les détenus qui ont des parents, amis et connaissances à Bouaké, les VAD ont constitué notre activité principale, pour les détenus qui n'y ont pas les leurs, nous avons utilisé le téléphone et c'est l'ensemble de ces démarches que nous nommons «mises en relation». Il s'est agi par téléphone de rentrer en contact avec les parents d'un individu et de les informer de la présence d'un des leur au camp pénal (mise en relation) ou de les appeler pour leur transmettre les besoins du détenu (maintien des liens).

    118

    Il faut signaler à toutes fins utiles que plus de 80% des détenus du camp pénal ne sont pas de la région de Bouaké. Il fallait d'une manière ou d'une autre les tenir informer de la situation de précarité dans laquelle les détenus vivent en prison.

    Pour cette activité, des centaines de messages ont été émis soit par appel, soit par sms. Comme dans le cas des VAD, nous avons reçu de nombreux refus mais aussi des réponses satisfaisantes. Et c'est à la suite de ces actions que des parents ont commencé à se préoccuper de la situation de leurs proches. De cette prise de conscience, résultent la prise en charge de frais de pharmacie, d'envoi d'argent et de colis divers.

    3.6- La production de supports visuels et de messages

    La réussite d'une campagne de sensibilisation dépend en grande partie des messages qui vont être diffusés durant la campagne. C'est pourquoi, nous nous sommes attelésà produire des messages (voir tableau XX).

    LA PRISON NE PEUT PAS AVOIR RAISON DE MA SANTÉ

    MÊME EN PRISON, JE PRENDS SOINS DE MOI

    MÊME EN PRISON, JE DOIS ÊTRE PROPRE.

    LA SANTÉ COMMENCE PAR LA PROPRETÉ.

    Tableau XX : Liste des slogans utilisés pendant la campagne

    l'amélioration de leur santé. Quatre affiches ont été réalisées et distribuées dans chaque cellule pour être collées à l'entrée de chaque cellule et devant les différents sanitaires.

    119

    Quelle fut la portée d'une telle activité sachant le taux élevé d'analphabètes à l'intérieur de la prison ?

    Les pairs, les chefs de chambre ont joué un rôle important dans la diffusion et la compréhension des messages et le respect des consignes. Une des difficultés rencontrées pendant la sensibilisation fut les populations étrangères, burkinabés, ghanéennes, particulièrement. Elles sont énormément réservées et aiment vivre en communauté et sont enclines à négliger ce qui ne vient d'elles.

    Ce que nous pouvons dire à ce niveau, c'est que les affiches confectionnées sur du papier libre ne pouvaient être conservées pendant longtemps. Il aurait fallu les faire sur des pancartes pour une meilleure pérennisation de ces messages.

    En plus de la confection des messages, nous avons eu recours à une boîte à images. Cette boîte à images comme tout autre support visuel permet une meilleure animation des causeries et améliore la communication. Ce sont ces outils qui ont permis une meilleure compréhension des messages qu'on souhaitait faire passer. Et cela a eu un vrai impact sur les détenus surtout ceux qui ne s'exprimaient pas en français.

    3.7- La distribution de matériels d'hygiène

    Avec l'appui de bonnes volontés, du matériel fut collecté et distribué aux détenus. Principalement, nous avons obtenu et distribué :

    - du service social, du savon liquide et de l'eau de javel ;

    - du CICR, des brosses à manche, des brosses sans manches, des balais, des seaux, des poubelles, des serpillières et des pelles ;

    - de bonnes volontés, des vêtements composés en grande partie de chemises et de tricots, du savon en poudre et du savon de toilette.

    Les trois premiers cités ont été distribués à toutes les cellules, tandis que les habits ont été répartis entre 15 détenus que nous considérions comme des cas urgents, des indigents, même si on peut considérer que tous ceux qui sont en prison sont des indigents. Cette action a permis à ces derniers d'avoir des habits de rechange et améliorer l'estime d'eux-mêmes.

    120

    CONCLUSION GÉNÉRALE

    L'éducation à la santé est un sujet important pour tous les gestionnaires des politiques de santé. Elle doit être l'outil de l'accès équitable de tous à la santé y compris les personnes privées de liberté. L'utilisation de cet outil dans la lutte contre les infections cutanées au camp pénal de Bouaké s'est inscrite dans cette démarche avec la mise en oeuvre d'un projet.

    La réalisation de ce projet nous a permis de mieux comprendre les enjeux que recouvre l'éducation à la santé et les obstacles qui peuvent freiner une applicabilité efficiente.

    L'étude devrait nous permettre de vérifier un certains nombres d'hypothèses, notamment montrer que les infections cutanées sont favorisées par le manque d'hygiène, montrer qu'il y a en plus d'autres facteurs qui agissent dans l'apparition de cette pathologie et enfin démontrer que le manque d'information expose les détenus aux infections cutanées.

    Les enquêtes auprès des détenus nous ont mis en évidence que le manque d'hygiène est en grande partie responsable des infections cutanées.L'environnement insalubre, le manque de produits d'entretien et de toilette, l'insuffisance des vêtements en sont les principales causes.

    Les enquêtes ont prouvé, par ailleurs, que d'autres facteurs tels que le niveau d'instruction, le manque de moyens à tous les niveaux, l'environnement social et surtout le manque d'information et de sensibilisation participent à installer durablement cette pathologie au sein de la population carcérale. Ces différents facteurs exposent autant les détenus aux infections cutanées qu'à bien d'autres pathologies. Il est vrai que certains acteurs font des efforts pour maintenir l'environnement des détenus vivable, mais ces efforts doivent être consolidés, soutenus et faits de manière concertée.

    La communication engageante nous a aidés dans les entreprises de communication initiées au cours de ce projet. Elle a joué un rôle plus que

    121

    déterminant dans notre approche communicationnelle, particulièrement, dans les phases de sensibilisation et de plaidoyer.

    Nous avons compris dans la mise en oeuvre de ce projet que le milieu carcéral est le terrain idéal pour l'expérimentation de toute initiative liée à l'éducation à la santé, à la promotion à la santé. La prison est le milieu où l'on rencontre toutes sortes de pathologies dans un même espace et où on trouve les populations les plus démunies. Alors que, qui dit éducation à la santé, fait référence en priorité aux couches défavorisées de la société, celles qui n'ont pas la possibilité d'accéder à des soins de santé primaires.

    Dans cette perspective, un renforcement des connaissances sur les causes, les conséquences et les solutions liées à l'hygiène doit être initié régulièrement à l'intention des détenus. Pour dire concrètement que pour réduire la morbidité liée aux infections cutanées au camp pénal et par ricochet, dans les centres pénitentiaires ivoiriens, la participation de tous les intervenants en milieu carcéral et la prise en compte des facteurs à risque s'imposent.

    Dans un environnement où règnent le mensonge, la manipulation et l'exagération, le facteur psychologique ne peut-il pas avoir une influence dans le maintien de l'engagement du détenu ?

    Jusqu'où le détenu peut maintenir son engagement, dans un environnement hostile ?

    Le ciblage rigide en milieu carcéral n'est-il pas un frein à la réussite d'une campagne de sensibilisation à l'hygiène ?

    Telles sont interrogations que nous faisons au terme de notre recherche et qui méritent d'être approfondies.

    122

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    Thèses de doctorat

    - Benjamin Davido, Étude de la prise en charge ambulatoire des infections cutanées communautaires à staphylocoque doré, Paris VII, 2010, 61 p ;

    - François Launay, Amélioration de la dermatie atopique par l'éducation thérapeutique et par l'utilisation de thérapeutiques alternatives, Angers, 2013, 202 p ;

    7- Webographie

    - Anne-Marie Châtelet, Histoire de l'éducation à la santé, 2004 [en ligne], accessible sur http://histoire-education.revue.org/744, consulté le 13 mai 2015 ;

    - Association des dermatologistes du Québec www.adq.org/p/maladies, consulté le 28 avril 2015 ;

    - Le guide de l'ezcéma [en ligne], accessible sur http://ezcema.comprendrechoisir.com/annuaire, consulté le 10 novembre 2014 ;

    - Oms, Charte d'Alma-Ata . Conférence Internationale pour la Promotion de la Santé, novembre 1986, [en ligne], accessible sur www.euro.who.int/AboutWHO/policy/20010827_1?language=french.p df, consulté le 09/06/2014 ;

    - Oms, Charte de Bangkok, Bangkok . Vième Conférence Internationale de la Promotion de la Santé, 11 août 2005, [en ligne] accessible

    surwww.who.int/healthpromotion/conferences/6gchp/BCHP fr.pdf,
    consulté le 09/06/2014 ;

    - Oms, Charte d'Ottawa pour la promotion de la santé, Ottawa . Ième Conférence Internationale pour la Promotion de la Santé, novembre

    1986, [en ligne] accessible sur
    www.euro.who.int/AboutWHO/policy/20010827_2?language=french.p df, consulté le 09/06/2014,

    127

    - Oms, Déclaration de Jakarta, Jakarta : Ivème Conférence Internationale sur la Promotion de la Santé, Juillet 1997, [en ligne], accessible sur www.who.int/hpr/NPH/docs/jakarta_declaration_fr.pdf, consulté le 09/06/2014 ;

    - www.docteurclic.com/peau-et-problemes-de-peau-107/sommaire.aspex, [en ligne], consulté le 28 avril 2015.

    Annexes

    128

    129

    Annexe n°1-a

    Pathologies

    Nombre de cas

    Total

    Période indiquée

    1964

    1970

    1972

    1974

    1977

    1978

    1981

    1984

    1989

    1990

    Asthénie

    02

    /

    /

    04

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    06

    Syndrome diarrhéique

    04

    03

    02

    /

    06

    /

    07

    /

    /

    /

    22

    Filariose

    02

    /

    06

    /

    /

    /

    03

    /

    /

    /

    11

    Blennorragie

    03

    /

    /

    04

    /

    /

    06

    /

    /

    /

    13

    Mal du ventre

    02

    /

    04

    /

    18

    01

    07

    02

    01

    /

    35

    Paludisme

    03

    /

    06

    /

    09

    /

    01

    /

    02

    04

    25

    Hémorroïde

    01

    /

    03

    /

    05

    /

    /

    04

    /

    01

    14

    Dermatoses

    04

    /

    08

    /

    /

    10

    /

    05

    /

    02

    29

    Algies musculaires

    /

    02

    /

    /

    /

    02

    /

    /

    /

    01

    05

    Déchirure crânienne

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    01

    /

    01

    Tuberculose

    /

    03

    04

    /

    02

    /

    /

    01

    /

    /

    10

    Plaies/blessures

    /

    01

    03

    /

    01

    02

    /

    04

    /

    03

    14

    Etat carentiel

    /

    /

    /

    /

    02

    /

    /

    /

    /

    /

    02

    Toux

    04

    /

    02

    /

    01

    01

    /

    02

    /

    /

    10

    Homosexualité

    /

    /

    /

    /

    01

    /

    /

    /

    /

    /

    01

    Morsure serpent

    /

    /

    /

    /

    01

    /

    /

    /

    /

    /

    01

    Épilepsie

    /

    01

    /

    04

    /

    /

    /

    02

    /

    /

    07

    Tableau XXI : Prison de Mantoum : Liste des pathologies enregistrées de 1964 à 1990.

    (Source : Les pouvoirs publics camerounais et la santé des détenus : le cas des prisons de Dschang et de Mantoum, période 1960- 1992, Guy Roger Voufo,

    Université de Dschang Cameroun - Mémoire de Master II en histoire 2009)

    130

    Annexe n°1-b

    Pathologies

    Nombre de cas

    Total

    Période indiquée

    28.12.89

    31.01.90

    01.02.90

    03.03.90

    06.03.90

    07.05.90

    15.04.90

    07.05.90

    08.05.90

    09.07.90

    10.07.90

    10.09.90

    11.09.90

    09.11.90

    12.11.90

    21.01.91

    24.01.91

    14.03.91

    Diarrahées

    06

    08

    06

    02

    16

    10

    11

    03

    /

    61

    Paludisme

    32

    24

    23

    15

    32

    13

    57

    13

    05

    215

    Affections cavités buccales

    09

    08

    10

    06

    08

    10

    08

    10

    07

    76

    Infections gonococciques

    15

    10

    20

    10

    17

    11

    11

    05

    05

    104

    Dysenterie amibienne

    02

    02

    /

    /

    /

    /

    01

    14

    05

    24

    Vers intestinaux

    05

    14

    10

    10

    11

    08

    17

    14

    02

    91

    Rhumatisme

    02

    /

    /

    /

    04

    /

    /

    12

    /

    18

    Otites

    04

    03

    01

    02

    01

    02

    02

    16

    /

    31

    Fractures/entorses

    04

    07

    /

    01

    02

    09

    02

    15

    01

    41

    Malnutrition

    02

    01

    /

    /

    /

    /

    04

    05

    /

    12

    Pneumonie

    02

    12

    09

    05

    -

    08

    08

    19

    03

    66

    Maladies de la peau

    48

    17

    18

    24

    25

    36

    46

    58

    10

    252

    Troubles mentaux

    01

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    01

    Conjonctivite

    /

    02

    /

    01

    01

    02

    /

    16

    /

    22

    Occlusion intestinale

    01

    /

    /

    /

    01

    /

    /

    /

    /

    02

    Anémie

    /

    /

    01

    /

    01

    04

    /

    20

    02

    28

    Filariose

    /

    /

    01

    /

    05

    /

    03

    09

    /

    18

    Hernie

    /

    /

    /

    01

    /

    /

    01

    05

    /

    07

    Epilepsie

    /

    /

    /

    /

    02

    /

    /

    /

    /

    02

    Syphilis

    /

    /

    /

    /

    /

    01

    03

    03

    /

    07

    Diabète

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    06

    /

    /

    06

    Varicelle

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    07

    /

    07

    Rhumes/angines

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    /

    19

    19

    Tuberculose pulmonaire

    /

    /

    /

    05

    /

    /

    /

    /

    /

    05

    Tableau XXII : Prison de Dschang : relevé des pathologies carcéralesenregistrées du 28 décembre 1989 au 14 mars 1991.

    (Source : Les pouvoirs publics camerounais et la santé des détenus : le cas des prisons de Dschang et de Mantoum, période 1960- 1992, Guy Roger Voufo, Université de Dschang Cameroun - Mémoire de Master II en histoire 2009

    Annexe n°2

    400

    700

    600

    500

    300

    200

    100

    0

    Figure 13 : Évolution des consultations dermatologiques par rapport aux effectifs

    Dec-13 Jan-14 Feb-14 Mar-14 Apr-14 May-14 Jun-14 Jul-14 Aug-14 Sep-14 Oct-14 Nov-14 Dec-14 Jan-15 Feb-15 Mar-15 Apr-15 May-15 Jun-15

    effectif de détenus

    consultations pour des dermatoses

    131

    132

    Annexe n°3-a

    Fiche d'activité n°1

    Thème : hygiène corporelle

    Activité : causerie, échanges sur l'hygiène corporelle et démonstration Objectifs :

    - Définir l'hygiène selon les détenus ;

    - Citer des inconvénients du manque d'hygiène corporelle ;

    - Citer les éléments de la toilette

    - Amener à la fin le détenu à être capable de mieux prendre soin de son coprs.

    Lieu : préau ou salle d'alphabétisation

    Durée par cellule : 35 minutes (théorie) et 25 minutes (pratique) Effectif : 18 ou 17 détenus

    Matériel : affiches, savon, seau, serviette

    133

    Annexe n°3-b

    Fiche d'activité n°2

    Thème : hygiène vestimentaire

    Activité : causerie, échanges sur l'hygiène vestimentaire et lessive Objectifs :

    - Rappeler la définition de l'hygiène (par les détenus) ;

    - Citer des inconvénients du manque d'hygiène vestimentaire ;

    - Citer les éléments pour la lessive ;

    - Faire la démonstration en savonnant correctement le linge, en le frottant

    convenablement, en rinçant et essorant correctement le linge ;

    - Amener à la fin le détenu à être capable de bien laver son linge.

    Lieu : préau ou salle d'alphabétisation

    Durée par cellule : 35 minutes (théorie) et 25 minutes (pratique) Effectif : 18 ou 17 détenus

    Matériel : affiches, savon, seau, serviette, un habit sale.

    134

    Annexe n°3-c

    Fiche d'activité n°3

    Thème : hygiène environnementale

    Activité : causerie, échanges sur l'hygiène environnementale, nettoyage de la cellule ou de la cour

    Objectifs :

    - Rappeler la définition de l'hygiène (par les détenus) ;

    - Citer des inconvénients du manque d'hygiène environnementale ;

    - Nettoyer régulièrement les salles d'eau, la cellule et la cour ;

    - Citer les éléments pour garder son environnement propre ;

    - Amener à la fin le détenu à être capable de mieux prendre soin de son

    environnement.

    Lieu : douche, WC, cellule et la cour du bâtiment

    Durée par cellule : 35 minutes (théorie) et 25 minutes (pratique). Effectif : 18 ou 17 détenus

    Matériel : affiches, savon liquide, seau, serviette, balais, brosses, eau de javel, poubelles, pelles

    Annexe n°4

    Feuille de présence aux séances de causeries Date :

    Cellules

    Signature

    135

    Noms

    ID

    Bâtiments

    136

    Annexe n°5

    Eau+savon+épnge Eau+éponge Eau+savon Eau

     

    Colonne1

    Après sensibilisation Avant projet

    0 50 100 150

    Figure 14 : Évolution du comportement des détenus

    137

    Annexe n°6

    Le questionnaire

    Date . Questionnaire N° .

    Bonjour, Monsieur !

    Je réalise actuellement une enquête sur la santé des détenus afin que la prise en charge sanitaire s'améliore.

    Merci d'avance de prendre quelques minutes pour répondre à ce questionnaire.

    I- Identification du détenu

    1- Nom et Prénoms : MD

    2- Age : ans

    3- Sexe : Masculin Féminin

    4- Situation matrimoniale : célibataire

    en couple

     

    marié

    divorcé

     

    5- Nombre d'enfant :

    6- Profession :

    7- Nationalité :

    8- Religion : musulman chrétien animiste

    autre précisez

    9- Niveau scolaire : primaire secondaire supérieur
    non scolarité

    10- Lieu de résidence :

    II- Renseignement judiciaire

    11- Statut en prison : Condamné

    12- Peine :

    13- Infraction commise

    14- Avais-tu déjà fait la prison ? Oui

    Prévenu

    Non

     

    15- Si oui, combien de fois

    16- Que penses-tu de tes conditions de détention ? Très dures Dures
    Supportables

    III- Rapport avec la famille ou amis

    17- Reçois-tu de la visite ? Oui

    18- Qui vient te rendre visite ? Père

    Non Mère

    Frère/Soeur

    Autres

    Amis

    Précisez

    Habits Argent

    Précisez

    19- Qu'est-ce qu'ils t'apportent ? Nourriture

    Autres

    20- 138

    Combien de fois te rendent-ils visite ? Pas de visite Au moins une fois par mois

    Plus d'une fois par mois

    Autres Précisez

    IV- Situation sanitaire

    21- Nous avons rmarqué que tu as une maladie de la peau. Elle ne te gêne pas ?

    Oui

    Non

    22- Pourquoi ?

    23- Est-ce que vous vous lavez ? Oui

    Non.

    24-

    Non Eau

    Combien de fois par jour ?

    25- Pensez-vous vous laver correctement ? Oui

    26- Avec quoi te laves-tu ? Eau+Savon+Eponge

    Eau+savon

    Eau+Eponge

    Autres

    Précisez

    27- Depuis que vous êtes ici, combien de fois avez-vous reçu du savon ?

    28- Part qui ? Administration Famille Autre

    29-

    Non

    Est-ce que vous nettoyez votre cellule ? Oui

    30- Combien de fois la nettoyez-vous dans la semaine ?

    31-

    Eau

    Avec quoi la nettoyez-vous ? Balai

    Eau+ omo Eau+javel

    32- Y-a-t-il des sensibilisations qui sont menées à votre encontre ?

    Oui

    Non

    33- Si, oui qui mène ces sensibilisations ? Les travailleurs sociaux

    139

    Les infirmiers

    Les agents d'encadrement

    34- Quand vous avez constaté la maladie, êtes-vous allé à l'infirmerie ?

    Oui

    Non

    35- Pourquoi ?

    36- Si non, comment vous soignez la maladie alors ?

    Aucune action Aide extérieure

    37- Est-ce que vous savez au moins ce qui provoque cette maladie ?

    Oui

    Non

    38- Si oui, les raisons. Cour sale

    Habit sale

    Hygiène corporelle

    Autres Précisez

    Non

    39- Nous voudrions organiser des activités de sensibilisation, comme comment prendre soins de sa peau, ses habits, le nettoyage de la cellule, de la cour, êtes-vous prêts à participer à ces actions/activités qui pourront améliorer votre état de santé ? Oui

    40- Peuvez-vous signer au bas de la feuille pour nous prouver que vous êtes d'accord ?

    Non

    Oui

    Signature

    140

    Annexe n°7

    Questionnaire destiné aux personnels du centre de santé du camp pénal de

    Bouaké

    Date . Questionnaire N° .

    Bonjour, Monsieur !

    Je réalise actuellement une enquête sur la santé des détenus et particulièrement sur les infections de la peau en milieu carcéral. Afin d'améliorer la prise en charge de ces infections, je souhaite avoir votre avis.

    Merci d'avance de prendre quelques minutes pour répondre à ce questionnaire.

    1- Présentez-vous s'il vous plaît.

    Nom et Prénoms

    Profession : Service

    2- Depuis quand êtes-vous en charge de la santé des détenus du camp

    pénal ?

    3- Quelles observations ouvrez-vous faire par rapport à l'état de santé général

    des détenus ?

    4- Quelles sont les pathologies les plus fréquentes que vous avez recensées

    chez eux ?

    5-

    141

    Selon le registre de consultation, les pathologies cutanées sont les plus fréquentes. Quelles sont les principales infections de la peau observées

    chez les détenus ?

    6- Quelles sont les raisons selon vous de cette prolifération ?

    7- 142

    Souvent on entend parler de mycose, de dermatose. Quelle est la différence

    entre ces deux (02) notions ?

    8- Souvent le manque d'hygiène est évoqué pour justifier l'apparition des

    infections de la peau en milieu carcéral. Est-ce la seule raison ?

    9-

    143

    La qualité et quantité des repas sont décriées par la plupart des détenus. Selon vous, cela peut-il influer sur l'apparition des infections cutanées ?

    10- Et le manque d'activité physique, peut-il avoir aussi un impact ?

    11- Les détenus du camp pénal ont un temps de récréation très court par jour (2

    à 4 heures), cela peut-il influencer l'apparition de ces infections ?

    12- Qu'est-ce que le service médical a entrepris à ce jour pour remédier les

    infections cutanées ?

    13-

    144

    Quels résultats avez-vous obtenus ?

    14- Quelles sont les insuffisances constatées ?

    15-

    145

    Pourquoi 7

    16- Que faut-il faire pour lutter efficacement contre les infections cutanées au

    camp pénal 7

    146

    TABLE DES MATIÈRES

    Sommaire ii

    Dédicace ..iv

    Remerciements .v

    Liste des sigles et abréviations vi

    Liste des figures vii

    Liste des tableaux .viii

    INTRODUCTION GÉNÉRALE .1

    Introduction 2

    I- Le cadre théorique .4

    1.1- L'objet de recherche 4

    1.2- La justification du choix du sujet 4

    1.3- Les intérêts de l'étude ..6

    1.3.1- Intérêt personnel 6

    1.3.2- Intérêt scientifique 6

    1.3.3- Intérêt professionnel 7

    1.3.4- Intérêt social 7

    1.4- Les définitions des concepts et mots-clés 7

    1.4.1- L'éducation à la santé 7

    a) La définition lexicale ..8

    b) La définition opératoire d'éducation à la santé ..9

    1.4.2- Les infections cutanées 10

    a) La définition lexicale 10

    b) La définition opératoire 10

    1.4.3- Le milieu carcéral 10

    a) La définition lexicale 10

    b) La définition opératoire 11

    1.5- La revue de littérature .12

    1.6- Les constats et problématique .17

    1.7- Le cadre de référence théorique ..20

    1.8- Les hypothèses de recherche ..24

    1.8.1- L'hypothèse générale 24

    1.8.2- Les hypothèses opérationnelles 24

    1.9- Les objectifs 25

    1.9.1- L'objectif général .25

    147

    1.9.2- Les objectifs spécifiques ..25

    II- Le cadre méthodologique .26

    2.1- Le champ d'investigation 26

    2.1.1- Le champ géographique .26

    2.1.2- Le champ sociologique ..26

    2.1.3- La présentation du camp pénal de Bouaké 27

    2.2- Les méthodes et techniquesde collecte des données 28

    2.2.1- Les méthodes d'approche ..28

    2.2.2- Les techniques de recherche ..28

    a) La documentation 28

    b) La pré-enquête 29

    c) L'observation .29

    d) Le questionnaire .30

    e) L'entretien ..30

    2.3- L'échantillonnage 30

    2.3.1- La population .30

    2.3.2- La méthode d'échantillonnage 31

    2.3.3- La taille de l'échantillon 31

    2.4- Le dépouillement 31

    2.5- Les méthodes d'analyse ..32

    PREMIÈRE PARTIE : LA SANTÉ EN MILIEU CARCÉRAL

    33

    Chapitre I : L'éducation à la santé

    .34

    I- La problématique sanitaire en milieu carcéral

    .34

    1.1- Les facteurs de vulnérabilité des détenus

    34

    1.1.1- Les facteurs personnels

    ..34

    1.1.2- Les facteurs sociaux

    35

    1.1.3- Les facteurs environnementaux

    .35

    1.2- De la vulnérabilité psychologique à la détérioration de l'état de santé

    36

    1.3- Les principales pathologies en milieu carcéral

    ..38

    II- La nécessité de l'éducation sanitaire en milieu carcéral

    ..40

    2.1- La définition de l'éducation à la santé

    .41

    2.2- Le cadre juridique et institutionnel

    ..43

    2.3- La place de l'éducation à la santé

    45

    2.4- L'éducation à la santé dans les prisons

    45

    148

    Chapitre II : Les infections cutanées

     

    ..50

    I-

    La peau et son système immunitaire

    50

    1.1-

    La définition

    .50

    1.2-

    Le système immunitaire de la peau

    ..51

     

    1.2.1- La réponse immunitaire innée

    51

     

    1.2.2- La réponse immunitaire adaptative

    52

    II-

    Les infections cutanées

    53

    2.1-

    La définition d'infection cutanée

    53

    2.2- Les différentes infections cutanées 53

    2.2.1- Les principales infections cutanées d'origine bactérienne 53

    a) L'acné .53

    b) L'abcès 54

    c) La folliculite 54

    d) Le furoncle ..55

    e) La furonculose 55

    f) L'anthrax .55

    g) Le panaris 55

    h) La perlèche ..55

    i) L'intertrigo ..55

    j) L'orgelet ..55

    k) L'impétigo ..56

    l) Le prurigo 56

    m) La gale 56

    2.2.2- Les principales infections cutanées d'origine virale .56

    a) La varicelle ..56

    b) La roséole 57

    c) La rougeole .57

    c) L'herpès 57

    d) Le zona ..57

    2.2.3- Les principales infections cutanées d'origine parasitaire .58

    a) Le pou 58

    b) La tique ..58

    c) La filariose 58

    d) La bilharziose ..59

    2.2.4- Les principales infections cutanées dues aux champignons .59

    2.2.5- L'ezcéma 59

    III- Les différentes infections cutanées en milieu carcéral 60

    3.1- Les principales infections cutanées en milieu carcéral 60

    3.1.1- Les infections bactériennes 60

    149

    3.1.2- Les infections virales

     

    60

    3.1.3- Les infections parasitaires

    60

    3.1.4- Les infections dues aux champignons

    60

    3.2- Les causes de ces infections cutanées.....

    61

    DEUXIÈME PARTIE : L'ANALYSE DES DONNÉES

    ..63

    Chapitre III : Les données de l'enquête

    .64

    I- Le contexte de l'enquête

    .64

    II- La population carcérale

    64

    2.1- Les caractéristiques de la population carcérale du camp pénal

    66

    2.2- La détention et ses effets

    71

    2.3- Les rapports avec l'extérieur

    72

    III- Les détenus et l'hygiène

    73

    3.1- Les détenus et les infections cutanées

    77

    Chapitre IV : L'interprétation des données collectées

    79

    I- La population cible

    ..79

    1.1- Une population jeune

    .79

    1.2- Un faible niveau scolaire

    80

    1.3- Une population évolutive et cosmopolite

    ..80

    1.4- Un temps d'emprisonnement très long

    ..81

    II- Les relations sociales du détenu

    82

    2.1- Les rapports du détenu dans la prison

    82

    2.2- Les relations avec l'extérieur

    83

    2.3- L'inexistence d'activités dans la prison

    84

    III- Les rapports du détenu à l'hygiène

    85

    3.1- Le rapport des détenus à l'hygiène corporelle

    .85

    3.2- Le rapport des détenus à l'hygiène vestimentaire

    86

    3.3- Le rapport des détenus à l'hygiène environnementale

    .86

    IV- Un faible niveau de sensibilisation

    ..87

    TROISIÈME PARTIE : LE PROJET DE LUTTE CONTRE LES INFECTIONS

    CUTANÉES AU CAMP PÉNAL DE BOUAKÉ

    89

    Chapitre V : Le volet conceptualisation du projet

    90

    I- Le contexte et la justification

    ..90

    II- Les objectifs du projet

    ..91

    2.1- L'objectif général

    .91

    150

    2.2- Les objectifs spécifiques 91

    III- L'identification des cibles 91

    IV- Les activités à réaliser ..92

    V- Les résultats attendus 92

    VI- Les ressources ..94

    VII- Le plan d'action 95

    VIII- Le suivi et l'évaluation 98

    8.1- Le suivi .98

    8.2- L'évaluation ..98

    Chapitre VI : Le volet opérationnel du projet 99

    I- Les stratégies 99

    1.1- Le plaidoyer .99

    1.1.1- Les publics cibles .99

    1.1.2- La description de la stratégie 99

    1.1.3- Les activités déployées ..100

    1.1.4- La communication engageante dans le plaidoyer ..100

    1.2- L'IEC et la CCC .100

    1.2.1- Les publics cibles 101

    1.2.2- La description de la stratégie IEC et CCC 101

    1.2.3- Les activités déployées ..101

    1.2.4- La communication engageante dans l'IEC et la CCC...102

    1.3- La formation des pairs 102

    1.3.1- Les publics cibles ..102

    1.3.2- La description de la stratégie .103

    1.3.3- Les activités déployées .103

    1.3.4- La communication engageante dans l'IEC et la CCC...103

    1.4- Le counseling ou le conseil 103

    1.4.1- Les publics cibles ..103

    1.4.2- La description de la stratégie 104

    1.4.3- Les activités déployées .104

    1.4.4- La communication engageante dans le counseling 104

    1.5- Les visites à domicile (VAD) 104

    1.5.1- Les publics cibles ..104

    1.5.2- La description de la stratégie 105

    1.5.3- Les activités déployées .105

    1.5.4- La communication engageante dans les VAD ..105

    1.6- La mobilisation sociale ..105

    1.6.1- Les publics cibles ..106

    1.6.2- La description de la stratégie 106

    151

    1.6.3- Les activités déployées .106

    1.6.4- La communication engageante dans la

    mobilisation sociale ..106

    II- Les activités 107

    2.1- Les enseignements 107

    2.2- Les causeries .108

    2.3- Le plaidoyer ..108

    2.4- Les VAD 109

    2.5- Les entretiens individuels .109

    2.6- Les activités de nettoyage .109

    III- Les résultats et discussion ..110

    3.1- Au niveau des plaidoiries 110

    3.2- Au niveau de la participation des détenus aux activités 111

    3.3- L'impact des séances de sensibilisation sur les détenus 113

    3.4- Les visites à domicile (VAD) 116

    3.5- Les mises en relation ..117

    3.6- La production de supports visuels et de messages .118

    3.7- La distribution de matériel d'hygiène 119

    CONCLUSION GÉNÉRALE ..120

    BIBLIOGRAPHIE 122

    ANNEXES 128

    TABLE DES MATIÈRES 148






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