M. Abolou Camille Roger Professeur titulaire
UNIVERSITÉ ALASSANE OUATTARA DE
BOUAKÉ
UFR : Communication, Milieu et
Société
Département des Sciences du Langage et de la
Communication
Année académique 2014-2015
MÉMOIRE DE MASTER
MENTION : SCIENCES DE LA
COMMUNICATION
Spécialité : Communication et
Développement
Sujet :
Éducation à la santé en
milieu
carcéral ivoirien : le
cas des infections cutanées
au camp
pénal de Bouaké
Présenté par :
M. Bakayoko Amara
|
Encadreur :
M. Gilbert Toppé
Maître-assistant
Sous la direction de :
|
M. Abolou Camille Roger Professeur titulaire
UNIVERSITÉ ALASSANE OUATTARA DE
BOUAKÉ
UFR : Communication, Milieu et
Société
Département des Sciences du Langage et de la
Communication
Année académique 2014-2015
MÉMOIRE DE MASTER
MENTION : SCIENCES DE LA
COMMUNICATION
Spécialité : Communication et
Développement
Sujet :
Éducation à la santé en
milieu
carcéral ivoirien : le
cas des infections cutanées
au camp
pénal de Bouaké
Présenté par :
M. Bakayoko Amara
|
Encadreur :
M. Gilbert Toppé
Maître-assistant
Sous la direction de :
|
i
II
SOMMAIRE
Sommaire ii
Dédicace .iv
Remerciements v
Liste des sigles et abréviations vi
Liste des figures vii
Liste des tableaux .viii
INTRODUCTION GÉNÉRALE 1
Introduction .2
Le cadre théorique 4
Le cadre méthodologique ..26
PREMIÈRE PARTIE : LA SANTÉ EN MILIEU
CARCÉRAL ..33
Chapitre I : L'éducation à la santé 34
I- La problématique sanitaire en milieu carcéral
34
II- La nécessité de l'éducation sanitaire
en milieu carcéral .40
Chapitre II : Les infections cutanées .50
I- La peau et son système immunitaire 50
II- Les infections cutanées 53
III- Les différentes infections cutanées en milieu
carcéral 60
DEUXIÈME PARTIE : L'ANALYSE DES DONNÉES .63
Chapitre III : Les données de l'enquête 64
I- Le contexte de l'enquête .64
II- La population carcérale 64
III- Les détenus et l'hygiène ..73
Chapitre IV : L'interprétation des données
collectées ..79
I- La population cible ..79
II- Les relations sociales du détenu 82
III-
III
Les rapports du détenu à l'hygiène .85
IV- Un faible niveau de sensibilisation .87
TROISIÈME PARTIE : LE PROJET DE LUTTE CONTRE LES
INFECTIONS CUTANÉES AU CAMP PÉNAL DE BOUAKÉ
89
Chapitre V : Le volet conceptualisation du projet 90
I- Le contexte et la justification ..90
II- Les objectifs du projet .91
III- L'identification des cibles 92
IV- Les activités à réaliser .92
V- Les résultats attendus ..94
VI- Les ressources .94
VII- Le plan d'action 95
VIII- Le suivi et l'évaluation 98
Chapitre VI : Le volet opérationnel du projet 99
I- Les stratégies 99
II- Les activités 107
III- Les résultats et discussion .110
CONCLUSION GÉNÉRALE .120
BIBLIOGRAPHIE ..122
ANNEXES ..128
TABLE DES MATIÈRES ..148
iv
Je dédie ce mémoire à mon père,
à ma mère, à mes frères et soeurs et à
l'ensemble de la famille Hamadoufi Bakayoko, qui à des
dégrés divers, nous ont soutenu.
V
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d'abord à remercier mon directeur de
mémoire, professeur Abolou Camille Roger pour avoir accepté de
diriger ma recherche.
Je remercie également les membres du jury pour avoir voulu
évaluer ce travail.
Je tiens également à exprimer ici, toute ma
gratitude à docteur Gilbert Toppé qui a bien consenti à
suivre mes travaux et pour son soutien indéfectible à toutes les
étapes de l'élaboration de cette recherche. Sa patience, ses
remarques pertinentes, ses conseils avisés ont contribué, j'en
suis certain, à améliorer ce travail et surtout me permettre de
le mener à bout.
Je pense aussi au docteur Kahi pour ses conseils qui m'ont
aidé à réorienter mon sujet et surtout pour sa
contribution en outils et manuels pédagogiques qui m'ont
été d'une grande utilité.
Mes remerciements pareillement :
- aux professeurs et enseignants-chercheurs du
département des sciences du langage et de la communication de
l'université Alassane Ouattara de Bouaké ;
- à la direction de l'administration
pénitentiaire qui a autorisé la réalisation de cette
recherche au sein du camp pénal ;
- à l'administration, au personnel d'encadrement et au
service médical du camp pénal qui m'ont facilité les
investigations ;
- à mes collègues de l'équipe du service
socio-éducatif en milieu carcéral du camp pénal ;
- à tous ceux qui d'une manière ou d'une autre
ont soutenu ma recherche par le partage de leurs idées, leur
expérience, leur bienveillance ou leur amitié.
Enfin, mes remerciements vont tout naturellement aux
détenus qui ont accepté de participer à ce projet. Leurs
récits de vie ont largement contribué à enrichir le
contenu de ce mémoire.
À tous, j'espère vous avoir accordé la
place qui est la vôtre au travers de ces lignes.
vi
LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS
AEEP : Agent d'encadrement des
établissements pénitentiaires ;
ASPC : Agence de la Santé publique du
Canada ;
CCC : Communication pour le changement de
comportement ;
CICR : Comité international de la
Croix-Rouge ;
ELM : Elaboration likelihood model
(modèle de probabilité d'élaboration) ;
EPPM : Extented parallel process model
(modèle étendu des ressources
parallèles) ;
FRCI : Forces républicaines de
Côte d'Ivoire ;
HSM : Heuristic systematic model
(modèle de traitement systématique) ;
HSV : Herpes simplex virus ;
INFS : Institut national de formation sociale
;
IEC : Information, éducation et
communication ;
INHP : Institut national de l'hygiène
publique ;
IST : Infection sexuellement transmissible
;
MACA : Maison d'arrêt et de correction
d'Abidjan ;
MSF : Médecins sans
frontière
OMS : Organisation mondiale de la
santé ;
ONU : Organisation des nations unies ;
ONUCI : Organisation des nations unies en
Côte d'Ivoire ;
ONG : Organisation non-gouvernementale ;
PMT : Protection motivation theory
(théorie de la motivation à la protection) ;
PND : Programme national de
développement ;
SIDA : Syndrome immuno-déficitaire
acquis ;
SWAA: Society for women and AIDS in
Africa;
UFR : Unité de formation et de
recherche ;
VAD : Visite à domicile ;
VIH : Virus de l'immunodéficience
humaine ;
VZV : Varicelle zona virus.
VII
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Vue transversale de la peau
p.51
Figure 2 : Courbe évolutive de la
population cacérale
du camp pénal décembre 2013 à juillet
2015 ..p.65
Figure 3 : Principales religions
pratiquées par les détenus p.68
Figure 4 : Niveau scolaire des détenus
..p.70
Figure 5 : Taux de récidive p.71
Figure 6 : Opinion sur les conditions de
détention p.72
Figure 7 : Principaux visiteurs ..p.72
Figure 8 : Assistance des parents ..p.73
Figure 9 : Nombre de détenus se lavant
régulièrement .p.74
Figure 10 : Perception de l'hygiène
corporelle .p.74
Figure 11 : Produits et matériels pour
se laver ..p.74
Figure 12 : Principaux fournisseurs des
détenus en savons ..p.75
Figure 13 : Évolution des
consultations dermatologiques par rapport
aux effectifs p.131
Figure 14 : Évolution du comportement
des détenus ..p.136
VIII
LISTE DES TABLEAUX
Tableau I : Consultations effectuées par
le service médical
de décembre 2013 à juillet 2015
|
p.39
|
Tableau II : Effectif du camp pénal de
décembre 2013à juillet 2015
|
..p.65
|
Tableau III : Répartition des
détenus par tranche d'âge
|
p.66
|
Tableau IV : Répartition des
détenus affectés par tranche d'âge
|
.p.66
|
Tableau V : Situation matrimoniale des
détenus
|
..p.67
|
Tableau VI : Les détenus ayant des
enfants
|
..p.67
|
Tableau VII : Répartition des
détenus par nationalité
|
..p.68
|
Tableau VIII : Activités des
détenus extra-muros
|
p.69
|
Tableau IX : Durée de l'emprisonnement
|
.p.70
|
Tableau X : Nature des infractions commises par
les détenus
|
..p.71
|
Tableau XI : Produits et matériels de
nettoyage des cellules
|
p.76
|
Tableau XII : Niveau de sensibilisation des
détenus à l'hygiène
|
.p.76
|
Tableau XIII : Connaissance des causes des
infections cutanées
|
p.77
|
Tableau XIV : Nombre de détenus ayant
reçu les premiers soins
|
p.78
|
Tableau XV : Taux de participation aux
activités
|
p.111
|
Tableau XVI : Taux de fréquentation des
détenus aux enseignements
|
..p.112
|
Tableau XVII : évolution des
consultations dermatologiques
par rapport aux effectifs
|
.p.113
|
Tableau XVIII : Évolution du comportement
des détenus
|
.p.115
|
Tableau XIX : Données par rapport aux VAD
|
p.116
|
Tableau XX : Liste des slogans utilisés
pendant la campagne
|
p.118
|
Tableau XXI : Liste des pathologies
enregistrées de 1964 à 1990 .
dans la prison de Mantoum (Cameroun)
|
..p.129
|
Tableau XXII : Relevé des pathologies
carcérales enregistrées du
28 décembre 1989 au 14 mars 1991. à la Prison de
Dschang(Cameroun)......p.130
INTRODUCTION
GÉNÉRALE
2
INTRODUCTION
De nombreuses initiatives sont prises aujourd'hui par le
gouvernement pour rendre humain le milieu carcéral ivoirien.
Améliorer la santé des détenus est l'une de ces
initiatives avec la création ou la restructuration d'unités
sanitaires dans les centres pénitenciers du pays.
Si accéder aux structures de santé est une bonne
initiative, garantir une bonne santé par la sensibilisation et une
anticipation sur les causes des maladies est cependant idéale,
d'où le recours à l'éducation à la santé.
L'éducation à la santé est une
démarche participative de la population à la résolution de
ses problèmes de santé. Elle consiste à aider la
population à cerner les maladies, leurs causes et conséquences et
comment s'en préserver. La santé n'étant pas seulement
l'absence de maladie ou d'infirmité, est aussi un bien-être
physique, mental et social. Au-delà, elle est aujourd'hui un indice du
développement humain. C'est pourquoi, l'Organisation mondiale de la
santé (Oms), depuis la Conférence d'Ottawa en 1986, a fait de la
promotion de la santé un instrument de l'accès de tous à
la santé avec un outil indispensable : l'éducation à la
santé.
Ayant saisi l'importance de cet instrument, la Côte
d'Ivoire a redynamisé l'Institut national d'hygiène publique
(INHP) à travers le décret n°91-654 du 09 octobre 1991 (il a
été mis en place depuis les années 20 par l'administration
coloniale) pour faire face à la résurgence des problèmes
liés à l'insalubrité de l'environnement, à la
réémergence de certaines maladies infectieuses, endémiques
et endémo épidémiques. Le pays montre ainsi, comme le
préconisent les institutions internationales, que plus qu'un besoin
vital, la santé est un droit ; un droit auquel personne ne doit
être soustrait, en particulier les personnes privées de
liberté.
Pour ces institutions, il est plus qu'indispensable
d'entreprendre des actions pour leur donner des conditions de vie plus
humaines. En effet, les détenus sont confrontés à de
nombreuses maladies dont les infections cutanées.
C'est pour mieux comprendre l'ampleur et les
conséquences de cette pathologie en milieu carcéral, plus
spécifiquement au camp pénal de Bouaké, que nous avons
choisi de traiter le sujet intitulé : «Éducation
à la santé en milieu carcéral ivoirien : le cas des
infections cutanées au camp pénal de
Bouaké».
En abordant ce sujet, nous souhaitions fournir aux
détenus les moyens d'assainir leur milieu de vie et à
l'administration pénitentiaire, les outils d'une meilleure
3
applicabilité de ces mesures afin de réduire la
morbidité liée aux infections cutanées en milieu
carcéral.
Pour ce faire, nous nous sommes appuyés sur la
communication engageante comme moyen de mise en oeuvre de notre projet
d'éducation à la santé. Les stratégies et
techniques de cette théorie doivent nous permettre de consolider les
acquis, renforcer les nouveaux comportements et surtout, les pérenniser
le plus longtemps possible.
Notre travail est structuré de la manière suivante
:
- une partie axée sur les considérations
théoriques et méthodologiques ; - une partie relative à la
santé en milieu carcéral ;
- une partie sur l'interprétation des données
collectées ;
- et une partie projet.
4
I- LE CADRE THÉORIQUE
On doit, pour qu'une recherche soit comprise, expliquer sa
démarche, expliciter les bases et fondements théoriques du
travail. C'est à cet exercice que nous nous sommes soumis dans cette
partie.
1.1- L'objet de recherche
Régulièrement, la société punit
des individus pour avoir enfreint les règles qui la régissentdans
des lieux dits maisons d'arrêt et de correction. Dans ces maisons
d'arrêt, les agents pénitenciers sont en charge de ces personnes
(condamnées ou prévenues), mais celles-ci ne sont pas toujours
traitées comme il se devait. Les droits élémentaires sont
souvent ignorés ou bafoués : santé, loisirs,
éducation et formation. Comme le préconisent certains textes
internationaux, notamment la Déclaration universelle des droits de
l'homme de 1948, le Pacte international relatif aux droits civils et politiques
de 1966 et nationaux comme La Constitution ivoirienne du 23 juillet 2000,
toutes les personnes ont droit à la dignité et au respect. Ces
dispositifs sont renforcés dans le domaine pénitentiaire par
l'élaboration de l'Ensemble des règles minima pour le traitement
des détenus de 1955. Ces règles représentent les
conditions minimales de dignité humaine à respecter à
l'égard des détenus et les recommandations indispensables
à la bonne gestion des prisons. Pour toutes ces raisons, nous nous
sommes donc intéressés à la situation des détenus.
Pour dire en définitive que ce sont les détenus appelés
encore prisonniers qui sont l'objet de notre recherche de façon
générale et leur situation sanitaire particulièrement.
1.2- La justification du choix du sujet
Tout le monde le reconnaît, le milieu carcéral
n'est pas un milieu facile à vivre, comme l'attestent certains
écrits. En effet, Ibrahim Thioub (1999) souligne les conditions
déplorables des détenus pendant la période coloniale. Une
situation qui n'a malheureusement guère changé, comme le
démontre Kouamé Kouakou Antoine (2002) dans son oeuvre où
il décrit l'impact de l'environnement sur la
5
santé des détenus. La Une du numéro 10650
de Fraternité Matin du 26 avril 2000 intitulée `'33 prisons
civiles en Côte d'Ivoire, des conditions de vie plus humaines»,
montre que la vie n'y est pas rose.
En milieu carcéral sévit un ensemble de
pathologies qui rendent la vie du détenu très pénible.
Parmi ces pathologies, figurent en bonne place les infections cutanées.
La prise en charge de l'ensemble de ces différentes pathologies est
assurée par les services de santé pénitentiaire.
Dans les centres pénitenciers ivoiriens, les infections
cutanées sont parmi les pathologies les plus récurrentes. Par
exemple, à la Maison d'arrêt et de correction d'Abidjan (Maca),
selon une étude menée auprès de 170 détenus par
Koukougnon épouse Goprou Brigitte (2002), les dermatoses
représentent 31% des pathologies les plus répandues
derrière le paludisme avec 54%. Quant à Kouamé Kouakou
Antoine (2002), chez les 144 détenus qui déclarent avoir
été malade des 170 enquêtés, il y a 18.24% de cas de
dermatoses contre 31.76% de cas de paludisme. Cette recrudescence des
infections cutanées est mise en évidence par OhouochiAnin Serge
(2000) quand il écrit « les détenus sont pour la plupart
couverts de plaies purulentes, de gales, de teignes, de dermatoses et
dégagent des odeurs nauséabondes.»
Dans une première enquête que nous avions
réalisée auprès des détenus du camp pénal de
Bouaké du 14 au 19 décembre 2014 relative aux pathologies qu'ils
ont rencontrées depuis la réouverture du camp en décembre
2013, 308 détenus déclarent avoir une infection de la peau sur
les 508 détenus qui ont participé à
l'enquête1. Ce chiffre montre que cette infection fait partie
des plus fréquentes. Malgré les actions de sensibilisation qui
sont menées pour l'amélioration de l'hygiène
générale du détenu et de son environnement, ces
1 Cette enquête a été
initiée afin de confirmer nos observations. Elle fait suite aux
observations des travailleurs sociaux du camp pénal. Elle s'est
déroulée du 14 au 19 décembre 2014. C'est après
cette enquête que nous avions décidé de mener cette
étude sur les pathologies cutanées en milieu carcéral.
Elle repose essentiellement sur le ressenti des détenus.
6
pathologies demeurent. Il y a lieu donc de procéder
à une éducation à la santé des détenus afin
de leur assurer une prise en charge effective des infections
cutanées.
Si la santé est essentielle à la vie de tout
être humain, elle l'est davantage pour ceux qui sont en détention.
La situation du détenu doit retenir l'attention de tous.
Le choix de ce thème est tout simple. Il se veut une
réflexion2 sur la prise en charge sanitaire des
détenus ivoiriens et de façon spécifique les moyens
utilisés présentement pour soigner les pathologies
cutanées, mais aussi les méthodes mises en oeuvre pour les
traiter durablement.
1.3- Les intérêts de l'étude
1.3.1- Intérêt personnel
Au niveau personnel, nous nous intéressons à ce
thème pour contribuer à aider les détenus à
améliorer leurs conditions d'hygiène et de vie. La communication
peut à notre avis être un outil qui nous aide à atteindre
cet objectif. Par ailleurs, la rareté d'une documentation relative
à ce sujet nous pousse à nous y intéresser.
1.3.2- Intérêt scientifique
Au niveau scientifique, notre étude permettra de faire
d'abord une analyse critique de la lutte contre les infections cutanées,
de la lutte pour l'amélioration des conditions d'hygiène et de
vie des détenus du camp pénal de Bouaké, et par la suite,
proposer une nouvelle approche par l'éducation à la santé
afin que ces détenus se prennent en charge pour améliorer leur
hygiène et mieux lutter ainsi contre les maladies de la peau. Par
ailleurs, notre thème doit pouvoir apporter une autre réflexion,
une richesse à l'ensemble de la documentation existante,
2 Il faut comprendre par cette réflexion les
moyens de communication, de sensibilisation, d'information et
d'éducation employés par les responsables en charge des centres
pénitentiaires pour venir à bout des infections
cutanées.
7
être un outil de référence dans les
stratégies de lutte contre les infections de la peau en milieu
carcéral, mais aussi dans la vie de tous les jours.
1.3.3- Intérêt professionnel
Cette étude, au niveau professionnel, va donner
l'occasion à la direction de l'administration pénitentiaire et
celle chargée de la santé carcérale, d'avoir un
modèle d'actions sur lequel s'appuyer pour une lutte plus efficace
contre cette pathologie.
1.3.4- Intérêt social
Au terme de cette étude, au niveau social, nous voulons
une amélioration de l'état de santé général
des détenus du camp pénal de Bouaké. Nous voulons
contribuer à la politique d'humanisation que prône
l'administration pénitentiaire ivoirienne.
L'aspect physique étant très important, nous
voulons donner aux détenus les outils pour l'améliorer.
1.4- Les définitions des concepts ou
mots-clés
Pour une meilleure compréhension et un cadrage de notre
recherche, il faille définir un certain nombre de mots essentiels. Nous
définirons : éducation à la santé, infections
cutanées et milieu carcéral.
1.4.1- L'éducation à la santé
« L'éducation et la santé sont des
notions proprement humaines qui ne font que rarement l'objet de consensus quant
à leur définition, et ce, car elles sont avant tout des notions
vulgaires plus que des concepts scientifiques. Les relations qu'elles
entretiennent sont de ce fait complexes et leurs articulations
8
ressemblent vite à un puzzle géant de
modèles orientés idéologiquement, théoriquement ou
normativement.» (Klein, 2010)3
Nous tenterons toutefois par une certaine approche de cerner
les contours de ces deux notions.
a) Définitions lexicale
Définition d'éducation
Le Petit Larousse Illustré (2010),
définit l'éducation comme l' « action d'éduquer,
de former, d'instruire quelqu'un ; manière de comprendre, de dispenser,
de mettre en oeuvre cette formation. »
Selon Le Nouveau Larousse Élémentaire
(1985), éducation signifie « action de
développer les facultés physiques, intellectuelles et morales
» ou les « connaissances et pratiques des usages de la
société, les bonnes pratiques » ou encore l' «
ensemble des services de l'enseignement public. »
L'éducation peut avoir plusieurs sens selon Le
Robert Mini (1995). Elle peut avoir le sens d'instruction. Elle se
définit alors comme la « mise en oeuvre des moyens propres
à assurer la formation et le développement d'un être humain
», ou les « moyens pour y parvenir. » Elle peut
prendre le sens savoir-vivre. Dans ce cas, elle se définit comme
les, « connaissances et pratiques des usages de la
société.»
Définition de santé
Pour Le Petit Larousse Illustré
(2010), la santé est l' « état de quelqu'un
dont l'organisme fonctionne bien », ou encore l' «
état de l'organisme, bon ou mauvais. »
3 Klein Alexandre editor (dir.), «
L'éducation en santé au secours des sciences de
l'éducation : prémisses à un essai
d'épistémologie croisée », In AREF,
Congrès international d'actualité de la recherche en
éducation et en formation (AREF 2010), Genève.
9
Le Robert Mini (1995), la définit
comme le « bon état physiologique d'un être humain, ou
fonctionnement régulier et harmonieux de l'organisme », ou
encorele« fonctionnement de l'organisme », ou l' «
équilibre psychique. »
Quant au Nouveau Larousse Élémentaire
(1985), il définit la santé comme l' «
état de celui qui est sain, qui se porte bien », ou l'
« état habituel del'organisme. »
b) La définition opératoire
d'éducation à la santé
Dans le cadre de cette recherche, nous disons comme
l'Organisation mondiale de la santé (OMS,1998), que
« l'éducation pour la santé comprend la création
délibérée de possibilités d'apprendre grâce
à une forme de communication visant à améliorer les
compétences en matière de santé, ce qui comprend
l'amélioration des connaissances et la transmission d'aptitudes utiles
dans la vie, qui favorisent la santé des individus et des
communautés. »
La définition de l'OMS s'inscrit dans le même
ordre que cette autre définition qui dit que «
L'éducation pour la santé, c'est toute combinaison
d'expériences d'apprentissage planifiées, destinées
à faciliter l'adoption volontaire de comportements conduisant à
la santé. » (Green Lawrence W., cité dans Rochon,
1988)4
En somme, l'éducation pour la santé ou
éducation à la santé est le processus par lequel les
personnes ou les groupes de personnes apprennent les facteurs favorisants la
promotion, l'entretien ou la restauration de la santé. Elle consiste
à aider chacun à choisir, librement et consciemment les
comportements qui sont les plus favorables à sa santé ; agir sur
les facteurs de risque et contribuer à la réduction des
inégalités sociales et culturelles devant la santé car les
inégalités influencent les comportements individuels.
4 Jean Rochon fut ministre de la
Santé et des Services sociaux au Québec. C'est
à ce titre qu'il a rédigé un rapport sur la santé
publique au Canada.
10
1.4.2- Les infections cutanées
a) La définition lexicale
Définition d'infection
Selon Le Nouveau Larousse Élémentaire
(1985), une infection est l' « altération de
l'organisme sous l'action de certains parasites. »
Pour Le Petit Larousse Illustré
(2010), une infection est la « pénétration et
le développement dans un être vivant de micro-organismes qui
peuvent provoquer des lésions en se multipliant, et
éventuellement en sécrétant des toxines ou en se
propageant par voie sanguine.»
Le Dictionnaire de l'Académie Française
(1835) quant à lui, définit l'infection comme une «
grande puanteur », « il signifie aussi, corruption,
altération produite dans un corps par les substances ou miasmes
délétères qui s'y introduisent.»
Définition de cutanée
Cutané est un terme d'anatomie et de médecine
qui signifie « relative à la peau », selon le
Dictionnaire de l'Académie Française (1885). La
peau, quant à elle, se détermine comme l'«organe
constituant le revêtement extérieur du corps de l'homme et des
animaux ». (Le Petit Larousse Illustré,
2010).
b) La définition opératoire
À partir de ces quelques définitions lexicales,
nous disons que dans le cadre de cette recherche, les infections
cutanées sont l'ensemble des pathologies ou des maladies liées
à la peau et causées par une bactérie, ou un virus, ou un
parasite ou encore un champignon.
11
1.4.3- Le milieu carcéral
a) La définition lexicale
Le milieu carcéral renvoie à la notion de
prison. C'est cette notion que nous expliquons dans cette partie. Aussi, pour
Le Nouveau Larousse Élémentaire (1985), la
prison se définit comme un « lieu où l'on enferme les
prévenus, les condamnés. »
Le Robert Mini (1995) définit la
prison comme un « établissement clos aménagé pour
recevoir des délinquants ou prévenus privés de
liberté. »
Quant au Dictionnaire de l'Académie
Française (1835), la prison est le « lieu où
l'on enferme les accusés, les criminels, les débiteurs
» ; ou« un homme rude et d'un abord repoussant » ;
« avoir une chaussure trop étroite, qui fait souffrir
» ou encore« sombre et triste. »
Et pour le Nouveau Petit Robert (2008), elle
est un « établissement où sont détenues les
personnes condamnées à une peine privative de liberté ou
en instance de jugement » ; ou « lieu quelconque où
quelqu'un est ou se sent séquestré, enfermé.
»
Le Petit Robert de la Langue Française
(2012) explique quant à lui que la prison est un «
établissement clos, aménagé pour recevoir des
délinquants condamnés à une peine privative de
liberté ou des prévenus en instance de jugement. »
b) La définition opératoire
Dans le cadre de cette recherche, le milieu carcéral
renvoyant à la notion de prison, va être considéré
comme un lieu de détention ou un établissement où l'on
détient enfermées des personnes accusées,
condamnées ou prévenues.
12
1.5- La revue de littérature
Pour mener une recherche scientifique rigoureuse, il faut une
exploration et une exploitation judicieuse de la littérature existante
et relative au thème qu'on a choisi.
De nombreux auteurs se sont penchés sur
l'éducation à la santé et les infections cutanées,
en témoigne les nombreux écrits relatifs à chacun de ces
sujets.
Dans le cadre des infections cutanées ou dermatoses par
exemple, il existe une multitude d'ouvrages qui est essentiellement
composée de thèses et de travaux de recherches effectués
par les UFR ou facultés de médecine ou de pharmacie.
C'est dans le cadre de l'une de ces recherches universitaire
qu'une étude a été menée sur la dermatieatopique.
Elle consiste à mener une éducation pour améliorer cette
infection.
Dans sa thèse, François Launay (2013),
après avoir défini ce qu'est la dermatite atopique
(physiopathologie, aspects cliniques), met un accent sur l'éducation
thérapeutique et les thérapeutiques alternatives
particulièrement dans la prise en charge de la dermatite atopique.
Nous retenons deux choses importantes de cette thèse :
les problèmes de dermatose et la question de l'éducation dans la
lutte contre cette infection cutanée. Cependant, le milieu social auquel
notre étude fait référence, n'est pas mentionné :
le milieu carcéral, tout comme sa thèse, ne développe
qu'un seul type de dermatose : la dermatite atopique.
En dehors de cette thèse, bien d'autres thèses
de doctorat se sont penchées sur les infections cutanées. Parmi
elles, Benjamin Davido (2010). Dans la thèse celui-ci, un rappel
définitionnel des différentes infections cutanées
communautaires, particulièrement celles à staphylococcus
aurens est fait dans une première partie.
13
Dans une deuxième, une étude des patients
atteints de furonculose récidivante est expliquée. Il ressort de
ses recherches que les infections cutanées communautaires à
staphylococcus aureus sont fréquentes, banalisées et la
prise en charge mal codifiée. Ce qui fait que les potentielles
complications peuvent être graves notamment dans la forme
récidivante. On note dans sa thèse que ces infections sont
liées au portage nasal de staphylocoque, présent sous forme
d'impétigo, folliculite ou furonculoses.
Cette thèse nous rapproche plus de notre sujet de
recherche en sens qu'elle donne plus d'informations sur les différentes
pathologies de la peau, les causes de leur prolifération et propose
aussi les mesures pour les éradiquer. Comme dans la thèse de
François Launay, ici aussi, il n'est pas fait cas des problèmes
de peau en milieu carcéral.
En dehors de ces écrits qui ne traitent que des
problèmes de la peau dans la vie ordinaire, certains se sont
penchés sur les problèmes en milieu carcéral.
Il existe beaucoup de travaux ou d'écrits sur ce
milieu, des écrits aussi bien journalistiques qu'universitaires.
Parmi les études et publications auxquelles nous avions
eu accès, il y a celle d'Evodé Hariyongabo (2010). Dans son
travail de recherche de Licence en sciences infirmières à
l'Institut universitaire des sciences de la santé de Ngozi (Cameroun),
Evodé fait une étude descriptive des conditions d'hygiène
en milieu carcéral, particulièrement dans la prison centrale pour
hommes de Ngozi au Cameroun. Cette étude menée du 22 juin au 7
août 2009 sur 142 condamnés, avait pour objectif principal de
contribuer à l'amélioration de l'hygiène en milieu
pénitentiaire en faisant une revue de tous les facteurs qui participent
à l'hygiène : l'hygiène des bâtiments, la collecte
des déchets et des eaux usées, l'hygiène de l'eau,
l'hygiène environnementale, l'hygiène alimentaire,
l'hygiène corporelle et vestimentaire et les sanitaires.
Il ressort de l'analyse du chercheur que les mauvaises
conditions relatives aux facteurs sur-cités sont sources de
dégradation de la salubrité des prisons et par
14
ricochet de prolifération des pathologies, sans oublier
les facteurs liés à l'instruction et à la culture.
Le mémoire d'Evodé Hariyongado se rapproche
davantage de notre thème d'étude car il fournit des
éléments qui permettront de comprendre aussi la persistance des
infections cutanées dans les prisons. Même s'il ne mentionne pas
spécifiquement cette pathologie, nous comprenons que ces facteurs
peuvent en être des causes.
C'est dans cette même voie que s'inscrit le travail de
Guy Roger Voufo (2009). Son mémoire de master 2 traite de la
santé des détenus des prisons de Dschang et de Mantoum
(Cameroun). Sachant que la configuration de l'état sanitaire est
similaire en général dans la plupart des établissements
pénitentiaires et de façon particulière en Afrique, nous
nous sommes intéressés à cette recherche. Voufo commence
par un examen de l'architecture des prisons de Dschang et de Mantoum, il
identifie les différents instruments juridiques camerounais et
internationaux de la préservation de la santé des détenus
puis les pathologies carcérales et leurs conséquences sur la vie
des détenus. Il nous fait savoir que les pathologies cutanées
sont les plus récurrentes dans ces prisons en compagnie du paludisme et
des IST.
Nos investigations documentaires ne se sont pas
arrêtées seulement aux oeuvres étrangères. Nous
avons mené des recherches sur les écrits se rapportant aux
pathologies en milieucarcéral ivoirien. Il ressort de cette recherche
que c'est l'hygiène qui est le sujet principal abordé sur la
problématique sanitaire en prison. Certains journaux, notamment
Fraternité Matin et Ivoir'Soir ont publié plusieurs articles sur
ce sujet parmi lesquels nous avons retenu celui relatif à l'humanisation
des prisons ivoiriennes de Douh L. Patrice (2000), celui sur une
épidémie de choléra publié dans
Ivoir'Soir5 du 11 septembre 1991 de Amédée
5Ivoir'Soir était une publication du groupe
Fraternité Matin des années 90. Elle paraissait chaque
après-midi du lundi au vendredi.
15
Assi, l'interview du directeur de l'administration
pénitentiaire le 15 juillet 1995 suite à une autre
épidémie de choléra. Thierry Perret6
(MFI)7 a publié aussi un article dans Ivoir'Soir le24
août 1993dans lequel il dénonce les conditions de vie des
prisonniers en Afrique. Sous le titre de «Prisons africaines, l'autre
monde des réprouvés», il fustige le
désintérêt de la population et des autorités
à l'égard des détenus pour des raisons plus ou moins
économiques. Et c'est dans cette même ligne que s'inscrivent les
articles de Jean Baptiste Akrou (Fraternité Matin des 12 et 13 janvier
1991 et celui du 17 janvier 1991). Il dénonce les « difficiles
conditions de vie, d'alimentation et de soins. » Le manque de
médicaments, le surpeuplement, la mauvaise nutrition et de soins
précaires constituent pour l'auteur les problèmes
véritables des prisons ivoiriennes en général.
Les étudiants ivoiriens ne sont pas restés en
marge de cette réflexion sur la vie carcérale. Ceux qui s'y sont
essayés, le plus, sont ceux de l'Institut national de formation sociale
(Infs). Les mémoires de fin de formation qui ont eu pour centre
d'intérêt le milieu carcéral, ont abordé dans la
quasi-totalité le thème de l'hygiène.
Le paludisme est l'une des maladies les plus mortelles. En
prison, il l'est davantage à cause de l'environnement. Sylla Nazan
(2013) avait prévenu les dangers du paludisme en milieu carcéral.
Aussi, il a mené une étude qui l'a amenée à
conclure que l'hygiène environnementale est à la base de la
prolifération de plusieurs maladies dont le paludisme. L'insuffisance
des produits d'hygiène que sont les savons et les autres produits de
désinfection, le
6 Prisons d'Afrique, L'autre monde des
réprouvé In Ivoir'Soir du 24 mars 1993, page 4. Dans cet
article, Thierry Perret (journaliste et écrivain à Radio France
Internationale) fait une analyse critique du milieu carcéral africain.
Selon lui, malgré les changements politiques opérés dans
de nombreux pays africains, aucune réforme véritable n'a
été engagée pour améliorer les conditions de vie
des détenus sur le continent.
7 MFI ou Médias France Inter-continents fut
une agence de presse d'informations internationales dans plusieurs domaines :
politique, société, droit, économie, santé,
éducation, sport...
16
manque d'entretien (eaux de javel) des locaux provoquent la
multiplication des germes responsables du paludisme dans les cellules, sans
oublier que les détenus ignorent l'importance des règles
d'hygiène environnementale et les modes de transmission du paludisme.
Pour remédier à cet état de fait, il a, à travers
trois (03) activités principales, à savoir les
micro-enseignements sur l'importance de l'hygiène environnementale, les
exposés sur les modes de transmission du paludisme et le nettoyage des
alentours du bâtiment et des cellules, tenté d'impacter
positivement sur la santé des détenus qui ont participé
à ses activités.
Le même thème de l'hygiène a
été le sujet de recherche d'un autre étudiant. Mais les
investigations cette fois ce sont concentrées sur le bâtiment A de
la Maca. Kouamé Kouakou Antoine (2002) a mené une étude
sur 170 détenus du bâtiment A de la Maca pour faire la promotion
de l'hygiène du milieu dans ce bâtiment. Il a fait ressortir au
cours de cette recherche, que la majorité des détenus ne
reçoit pas de visite (70%), ce qui signifie qu'ils n'ont pas l'aide des
siens pour s'assurer un complément alimentaire des repas qui leur sont
distribués. Parmi les autres problèmes identifiés par
Kouamé Kouakou Antoine, il y a des problèmes sociaux, notamment
l'insuffisance de l'état de santé, l'alimentation
déséquilibrée et insuffisante et l'insalubrité. Il
dresse un tableau sombre sur la situation sanitaire des détenus, avec
seulement 15.3% qui déclarent ne jamais avoir contracté une
maladie. Et parmi ceux qui l'ont été, 18.24% souffrent de
problème de dermatoses, deuxième pathologie recensée dans
ce bâtiment. Pour améliorer le cadre de vie des détenus, il
fait des propositions comme l'a fait Sylla Nazan.
Ohouochi Anin Serge (2007), un autre étudiant de l'Infs
a abordé ce même thème de l'éducation à
l'hygiène en milieu carcéral. Il a axé son travail sur
cinq (05) détenus de la Maca. Dans son travail d'investigation, il fait
ressortir les conséquences de l'insalubrité en milieu
carcéral. En effet selon O. Serge, le surpeuplement, la
promiscuité des cellules augmentent les risques de maladies
17
contagieuses. Ses observations montrent que « les
plaies purulentes, la gale, les teignes, les dermatoses couvrent le corps de la
plupart des détenus. Ce qui est signe de l'insalubrité »
dans laquelle ceux-ci vivent. Ohouochi Anin Serge met l'accent sur un
élément important : le manque d'hygiène corporelle qui
accentue la marginalisation du détenu. Comme solution, il a
proposé la fabrication du savon liquide en plus de l'éducation
à l'hygiène corporelle, vestimentaire et environnementale
l'hygiène de ces cinq (05) détenus.
Dans notre investigation, un seul travail de recherche a
été entrepris sur notre champ sociologique, à savoir le
camp pénal de Bouaké. Aphi Angéla (1999) a entrepris dans
son projet de sensibiliser sur l'hygiène pour prévenir les
maladies en milieu carcéral. Elle a observé que les
détenus du camp pénal au niveau sanitaire, avaient une certaine
défaillance. Les affections cutanées (gale, plaie, boutons,
teigne, herpès), l'insuffisance de l'hygiène corporelle,
vestimentaire et environnementale étaient la chose la mieux
partagée parmi les détenus du camp pénal. Aussi, dans son
projet de prévention des maladies en milieu carcéral, elle a
axé essentiellement la sensibilisation sur l'hygiène corporelle
et vestimentaire, le nettoyage de l'environnement et maraîchage pour
améliorer la qualité et la quantité de la ration
alimentaire quotidienne.
Que retenir de notre revue de littérature ? Il y a de
nombreux écrits sur les l'éducation à la santé, les
pathologies cutanées et sur le milieu carcéral. Mais rares sont
les ouvrages qui ont traité ces trois (03) notions à la fois.
L'éducation à la santé a été toujours
axée sur l'hygiène ; les infections cutanées n'ont jamais
fait l'objet d'une étude en milieu carcéral ivoirien.
1.6- La problématique
Selon Blum, « la santé consiste en la
capacité de l'individu de maintenir un état d'équilibre
approprié à son âge et à ses besoins sociaux sans
lequel cet individu est raisonnement indemne de profonds inconforts,
insatisfactions, maladies ou
18
incapacités de se comporter d'une façon qui
assure la survie de son espèce aussi bien que sa propre
réalisation personnelle. »8
Ainsi, la santé a été de tout temps une
préoccupation des hommes. Elle fait partie intégrante des droits
humains que consacre la quasi-totalité des textes nationaux,
régionaux et internationaux en matière de droits humains et cette
préoccupation demeure même lorsque l'individu est privé de
liberté du fait de son emprisonnement. La plupart des états
démocratiques autorise l'accès des détenus aux services de
santé afin de leur garantir un meilleur état de santé
physique et moral.
Malheureusement, comme le constate Thierry Perret
(Op.cit), les administrations pénitentiaires sont les
oubliées des politiques nationales de développement en Afrique.
Il dénonce dans son article les insuffisances des moyens des prisons
africaines, participant par la même occasion aux conditions de
précarité, d'insalubrité dans lesquelles vivent les
détenus dans les centres pénitenciers.
Dans un rapport de la Division des droits de l'homme de
l'Onuci (2006), ce même tableau sombre est dressé. Les budgets
alloués à chacune des maisons d'arrêt sont insuffisants
pour des effectifs de prisonniers en constante progression. Résultat :
hygiènes déficitaires, prolifération de maladies,
décès.
Tous, nous savons que le milieu carcéral est propice au
développement de nombreuses maladies dont certaines font l'objet plus ou
moins d'une prise en charge, notamment le paludisme, la tuberculose et le
Vih/Sida, sans doute parce qu'elles sont plus mortelles. Dans les prisons
ivoiriennes, certaines organisations nationales ou internationales non
gouvernementales sont impliquées dans la lutte contre les pathologies
suscitées (Douh L. Patrice,
8Koudougnon épouse Goprou
Tiéléo Brigitte, 2002, définition tirée du cours de
la santé de la reproduction dispensé à l'Infs.
19
2000)9. L'Ong Médecins sans
frontières (Msf) a construit un pavillon par exemple à la Maca
réservé aux malades de la tuberculose. Une autre structure,
Esther, est quant à elle très impliquée dans la lutte
contre le Sida en milieu carcéral (Rapports de 2008 à 2011,
Esther)10. Pourtant, en milieu carcéral en
général, les pathologies cutanées représentent
l'une des trois premières causes de consultation en médecine chez
les détenus en Afrique subsaharienne, à en croire les chiffres de
certaines prisons africaines.
Ce constat vrai pour ces prisons, l'est aussi pour les prisons
ivoiriennes. En effet, une étude menée auprès des
détenus du camp pénal par nos soins, révèle qu'au
moins 308 détenus déclarent avoir eu ou ont une infection
cutanée. Un chiffre que le registre de consultations de ladite structure
vient plus ou moins attester. Car selon le registre, entre le 19
décembre 2013 et le 31 décembre 2014, 704 détenus se sont
présentés à l'infirmerie pour un problème de peau
(dermatose, furonculose, plaies, etc.).
Ces chiffres nous montrent que les maladies de la peau sont un
problème majeur de santé en milieu carcéral notamment au
camp pénal de Bouaké. L'analyse des causes de cette maladie
s'oriente vers la question de l'hygiène. Une question qui pourtant a
fait l'objet de nombreuses initiatives que ce soit avec les Ong (Aphi
Angéla, 1999 ; Ohouochi Anin Serges, 2007 ; Kouamé Salifou
Ouattara, 2002) ou avec l'administration pénitentiaire. Et pourtant, les
infections cutanées sont toujours d'actualité.
Pourquoi les infections cutanées persistent-elles en
milieu carcéral ? Existe-il d'autres facteurs qui favorisent la
prolifération ou le maintien de cette maladie ? Les actions
menées sont-elles inefficaces ? Sont-elles correctement
9Douh L. Patrice, « Pour des prisons plus
humaines », In Fraternité Matin du 26 avril 2000, pp 23.
10 Esther est une organisation internationale
française qui intervient dans le domaine du Vih/Sida en milieu
carcéral. Elle publie chaque année un rapport d'activités.
Les rapports d'activités peuvent être consultés sur
www.esther.fr
20
menées et suivies ? Quelles solutions faut-il envisager
pour une lutte efficace contre les infections cutanées en milieu
carcéral ?
1.7- Le cadre de référence
théorique
Dans cette partie, nous exposerons la théorie ou les
théories qui font soutenir notre démarche. En effet, il est
indispensable d'enraciner toute recherche scientifique dans des théories
afin de mieux expliquer le phénomène mais surtout de donner une
légitimité à nos travaux.
D'ores et déjà, il est à noter que notre
sujet s'inscrit dans le domaine de la communication de santé,
appelée aussi communication persuasive de santé publique. La
communication persuasive de santé publique « inscrit son objet
d'étude au sein d'un système d'échanges
socio-économiques et socio-publiques à multiples enjeux, dans
lequel une organisation (i.e., les pouvoirs publics) dotée
d'intentionnalités cherche à orienter les composantes des publics
(i.e., les citoyens) également dotés d'intentionnalités de
manière à ce que cescomportements contribuent à
réaliser les objectifs de l'organisation (i.e., changer les
comportements néfastes pour la santé).»11
(Audrey Marchioli, 2006)
De cette définition, nous disons que la communication
persuasive de santé publique est une forme de communication interactive
entre une organisation et une cible dont la finalité est le changement
de comportement nuisible à la santé de cette cible. Cette
communication utilisait à l'origine plusieurs théories ou
modèles :
- les modèles duaux du traitement de l'information :
les modèles ELM12 et HSM13. (idem) ;
11 Audrey Marchioli, « Marketing social et
efficacité des campagnes de prévention en santé publique :
apports et implications des récents modèles de communication
persuasive », in Communication ? Marketing N?1
12 ELM ou Elaboration Llikelihood Model, traduit
par modèle de probabilité d'élaboration, est un
modèle de traitement de l'information (Petty et Cacioppo, 1986). Ce
modèle développe la théorie selon laquelle au fur et
à mesure que la motivation et la capacité d'un individu
augmentent ou diminuent, les arguments deviennent un déterminant de plus
en plus important pour la formation
21
- les théories de la motivation à la protection
« Protection Motivation Theory » ou PMT14
(Op.cit) ;
- le modèle étendu des ressources
parallèles « Extended Parallel Process Model » ou
EPPM15 (Op.cit).
Ces différents modèles ou théories ont
souvent montré leur insuffisance. Les ELM et HSM fournissent certes des
informations sur les mécanismes psychologiques du changement d'attitude,
mais n' « envisagent pas le changement effectif de comportement
» (Op.cit). Les PMT dans le processus de persuasion sont
plus
de son attitude. Selon ce modèle, il existe deux voies
de traitement de l'information. La voie centrale et la voie
périphérique. La voie centrale consiste à évaluer
soigneusement les arguments persuasifs. Les individus qui utilisent cette voie
se sentent impliqués et possèdent les capacités pour
évaluer les arguments. La voie périphérique consiste
à évaluer les arguments de manières superficielles.
L'individu qui décide d'utiliser cette voie juge superficiellement les
arguments sans le moindre effort cognitif, il ne prête pas attention aux
messages persuasifs, mais plutôt aux éléments
périphériques.
13 Le modèle de traitement heuristique
systématique ou Heuristic-Systematic Model est un modèle de
traitement de l'information comme le ELM. Il a été
développé pour rendre compte des changements d'attitude
consécutive à l'exposition à un message persuasif. (Chen
et Chaiken, 1999). Il développe deux voies : la voie systématique
et la voie heuristique. La voie systématique est identique à la
voie centrale de Petty et Cacioppo. Les individus qui utilisent les arguments
tels que « ce que dit l'expert, est vrai » ou « ce qui est beau,
est bon », utilisent la voie heuristique. Selon ce modèle, les
individus suffisamment motivés et capables réalisent un
traitement soigneux de l'information, et ceux peu motivés et peu
capables, réalisent un traitement superficiel de l'information.
14 Le PMT (Arthur et Quester, 2004, cité par
Audrey Marchioli, 2006) a servi de base à tous les autres modèles
sur les appels à la peur. C'est un modèle qui met l'accent sur la
peur dans les messages persuasifs. Selon le PMT, un individu exposé
à un message d'appel à la peur évalue d'une part la menace
générée par le message. Il examine la gravité des
risques et le dégré à partir duquel la menace
représente un danger. D'autre part, il évalue les moyens
d'échapper à la menace.
15 EPPM (White, 1992 ; 1998, cité Audrey
Marchioli, 2006) distingue deux voies de traitement de l'information : le
contrôle du danger et le contrôle de la peur. Actuellement, c'est
l'un des modèles les plus utilisés dans le champ de la
communication persuasive à la santé publique. Il met l'accent
autant sur les effets des appels à la peur que sur le changement de
comportement et le rôle de l'affect (état d'âme,
disposition) négatif dans le processus de persuasion.
22
pertinents. Cependant, le changement de comportement est
assujetti à ce que le message créé chez le
récepteur la peur.
Quant à l'EPPM « sa principale limite
réside dans le fait qu'il n'est pas très explicite sur une
possible action en parallèle dans le processus de contrôle de la
peur et du danger. » (Op.cit.) Après analyse de ces
théories liées à la communication persuasive de
santé publique, nous allons expliciter la théorie que nous avons
utilisée à savoir la théorie de l'engagement. Cette
théorie a été employée par nous parce qu'elle a un
impact certain dans les campagnes de promotion à la santé. Il
faut comprendre par engagement le lien qui unit un individu à l'acte
qu'il pose, à ses actes comportementaux. Partant de cela, nous disons
que la théorie de l'engagement serait pour nous un moyen de «
comprendre les mécanismes psychologiques sur lesquels repose
l'efficacité des stratégies comportementales » (Kahi
Honoré, 2014)16. La théorie de l'engagement utilise
plusieurs techniques parmi lesquelles, les techniques de :
- le-pied-dans-la-porte ; une technique qui consiste à
demander un acte peu coûteux avant d'en demander un autre plus
coûteux ;
- « vous-êtes-libre-de... », qui consiste
à demander quelque chose à un individu en précisant «
vous êtes libre de... » ;
- la-porte-au-nez, ici, il question de demander à
quelqu'un un acte très coûteux, que l'individu refuserait de
faire, avant de lui demander d'en faire un relativement peu coûteux ;
- l'étiquetage. C'est de solliciter un acte chez
quelqu'un, la réalisation de cet acte va être un prétexte
pour valoriser cette personne. Ainsi, mis en confiance, elle est
disposée à adopter un comportement positif ;
- un-peu-c'est-mieux-que-rien, qui est une technique à
préciser qu'un petit geste est mieux que rien ;
- le Toucher qui consiste à établir un contact
physique en formulant une requête.
16Kahi Honoré, cours de communication
engageante, master 1 sciences de la communication, université Alassane
Ouattara de Bouaké, année universitaire 2013-2014.
23
Les principes de l'engagement se résument à : le
contexte de liberté, le caractère explicite,
l'irrévocabilité, la répétition des actes, les
conséquences ou bénéfices, le coût ; les raisons. En
somme, l'utilisation de cette théorie dans notre recherche vise
l'implication effective des individus aux différentes actions qui vont
être entreprises afin d'augmenter les chances de réussite de cette
lutte.
La mise en oeuvre de cette théorie s'est faite au travers
de plusieurs stratégies et techniques de communication. Pour le compte
des stratégies, nous pouvons citer : - l'IEC. C'est une stratégie
de communication qui consiste à échanger avec un public, des
messages, des informations coordonnées à but éducatif par
l'intermédiaire de canaux appropriés (radio, journaux,
télévision, expositions, conférences, etc.) pour
promouvoir un changement de comportement ;
- la CCC ou communication pour le changement de comportement
« est un ensemble de procédés interactifs d'idées
et d'informations avec un individu ou un public cibleen vue de lui permettre de
prendre conscience de ses propres problèmes ou besoins prioritaires et
être acteurs de la résolution de ces problèmes ou besoins
» (Handicap International et SWAA, 2009)17 ;
- le plaidoyer. C'est la défense d'une cause, d'une
opinion, d'un intérêt ou d'une politique. Le plaidoyer peut
être défini aussi comme un ensemble d'actions cohérentes et
ciblées visant à soutenir une cause, à convaincre ou
influencer un ou des décideurs de manière à obtenir un
changement dans l'intérêt d'une communauté ;
- la mobilisation sociale. Elle est définie comme
« la prise de conscience d'un problème dans la sphère
publique et l'action qui en découle, à savoir
17 Handicap International et SWAA, Manuel sur
l'IEC-CCC en matière de VIH/Sida pour les groupes
vulnérables, juillet 2009, p.18. SWAA ou Society for Women and AIDS
in Africa est une ONG sénégalaise qui lutte contre le VIH/Sida au
sein de la population féminine au Sénégal.
24
l'organisation d'une stratégie afin d'agir face
à ce problème ». (AcDev et Equipop,
2007)18.
Comme techniques de communication, nous pouvons mentionner :
- la causerie qui est un échange entre un agent et un
groupe d'individus. Cet échange d'informations sur un sujet ou un
thème a pour objet le changement de comportement des individus ;
- les entretiens individuels. Ce sont des conversations plus
ou moins dirigées au cours desquelles l'agent recueille des informations
d'un individu et qui lui permettent d'avoir une idée précise du
problème de cet individu ;
- les visites à domicile (VAD) sont un moyen de contact
qui consiste pour un agent à venir au domicile de l'usager pour mieux
connaître ses difficultés et chercher avec lui les solutions
appropriées.
1.8- Les hypothèses
1.8.1- L'hypothèse générale
L'absence d'une politique éducationnelle de
santé et le manque d'hygiène dans les prisons favorisent
l'apparition et/ou le maintien des infections cutanées en milieu
carcéral.
1.8.2- Les hypothèses opérationnelles
Hypothèse 1 : Les infections
cutanées sont favorisées par le manque d'hygiène
environnementale, vestimentaire et corporelle.
Hypothèse 2 : Les infections
cutanées peuvent être dues à d'autres causes hormis les
problèmes d'hygiènes.
18AcDev et Equipop, Guide pratique de
mobilisation sociale, de plaidoyer et de mobilisation politique en promotion de
la santé, juin 2007, p.6. Action et Développement ou AcDEv
et Equilibres et Populations sont des ONG. La première est
sénégalaise et la seconde française. Elles oeuvrent pour
la promotion à la santé.
25
Hypothèse 3 : Le manque d'informations
sur les infections cutanées expose les détenus aux maladies.
1.9- Les objectifs
1.9-.1- L'objectif général
Contribuer à donner un visage humain aux prisons
ivoiriennes en améliorant l'état de santé des
détenus.
1.9.2-Les objectifs spécifiques
Objectif spécifique 1 : Déterminer
les conséquences de l'hygiène précaire sur la
prolifération des infections cutanées en milieu carcéral
;
Objectif spécifique 2 : Amener les
détenus à prendre conscience de l'importance des règles
d'hygiène à travers l'éducation à la santé
;
Objectif spécifique 3 : Mettre en place
des outils d'éducation pour la santé en milieu
carcéral.
26
II- LE CADRE MÉTHODOLOGIQUE
2.1- Le champ d'investigation
2.1.1- Le champ géographique
De prime abord, nous disons qu'en réalité, tous
les établissements pénitentiaires sont concernés par cette
étude. Mais pour certaines considérations, nous nous limiterons
au camp pénal de Bouaké. Bouaké est la deuxième
plus grande ville de Côte d'Ivoire. C'est la capitale du
Gbêkê. Située au centre du pays, elle est limitée par
les régions du Hambol au nord, de l'Iffou à l'est, du
Béré et de la Marahoué à l'ouest, du Bélier
au sud. Bouaké est un carrefour où on trouve non seulement tous
les groupes socio-culturels du pays, mais aussi des ressortissants de toute la
sous-région ouest africaine voire, africaine dans son ensemble.
Le camp pénal de Bouaké est situé
à l'ouest de la ville de Bouaké, sur l'axe
Bouaké-Sakassou. Il est situé entre le campus 1 et le campus 2 de
l'université Alassane Ouattara et non loin aussi du camp militaire du
Génie.
C'est un établissement pénitentiaire qui
accueille les condamnés (délinquants et criminels) en provenance
des différentes juridictions ou des établissements
pénitentiaires de tout le pays.
2.1.2- Le champ sociologique
Nous attendons réaliser notre étude
auprès, d'une part, de la population carcéral du camp
pénal de Bouaké, d'autre part, auprès des autorités
sanitaires du district sanitaire auquel est relié le dispensaire du camp
pénal, auprès de la direction de la santé carcérale
des ministères de la Justice et des Libertés publiques mais aussi
celui de la Santé et de la Lutte contre le Sida. Enfin, cette
étude est aussi réalisée auprès de l'administration
pénitentiaire de l'Onuci.
27
Le camp pénal de Bouaké est au centre de cette
étude. C'est là que nous mettrons en place notre projet
d'étude pour analyser le phénomène des infections
cutanées et son évolution en milieu carcéral.
Il faut dire que le camp pénal accueille les
délinquants et autres criminels condamnés par les
différents tribunaux du pays dont les peines vont de dix (10) à
vingt (20). Toutefois, il arrive que des détenus aient des peines
inférieures à dix (10). On y trouve toutes les couches
socioculturelles du pays et mêmes de la sous-région.
2.1.3- La présentation du camp pénal de
Bouaké
Le camp pénal de Bouaké est un
établissement pénitentiaire de première catégorie.
Bâti pour recevoir 1500 détenus, il peut cependant accueillir un
peu plus et aller jusqu'au double de sa capacité, c'est-à-dire
3000 détenus.
Il occupe une superficie d'environ dix (10) hectares. Il se
compose de deux grandes parties : le secteur administratif et le secteur de la
détention :
- le secteur administratif comprend trois (03)
bâtiments. Dans le premier, on y trouve le bureau du régisseur,
celui de son adjoint, le bureau destiné au greffe et de deux salles
servant à la fouille des visiteurs. Le deuxième bâtiment
comprend les magasins de stockage des vivres des détenus et du
matériel et bureau du responsable du magasin et de la cuisine. Dans le
troisième bâtiment, ce sont la salle de surveillance, la salle de
repos des agents d'encadrement, le local technique, le poste, le bureau des
travailleurs sociaux et le magasin de stockage des effets des détenus
qui s'y trouve ;
- le secteur de la détention se compose de six (06)
bâtiments pour l'emprisonnement, le bâtiment abritant l'infirmerie,
le bâtiment tenant lieu de salle d'alphabétisation, la cuisine, le
bâtiment qui abrite l'atelier de couture, des préaux et des
sanitaires dans les différentes zones de l'emprisonnement et une
mosquée.
28
2.2. Les méthodes et techniques de collecte des
données
Les méthodes et les techniques forment la
méthodologie, qui est l'étude des procédés pour
aboutir à la connaissance.
2.2.1- Les méthodes d'approche
La méthode est une démarche de l'esprit,
l'explication de faits qui peuvent être vérifiés. C'est
encore l'ensemble des opérations intellectuelles par lesquelles une
discipline cherche à atteindre les vérités qu'elle
poursuit, les démontre et les vérifie. C'est une démarche
intellectuelle organisée et réfléchie pour atteindre une
objectivité scientifique. La méthode dicte la façon
d'organiser et d'envisager la recherche d'où le fait qu'elle
définisse et synthétise la recherche afin de vérifier
l'hypothèse soulevée plus haut.
2.2.2- Les techniques de recherche
Dans le but de comprendre la recrudescence des infections de
la peau en milieu carcéral de façon générale et du
camp pénal de façon spécifique, nous avons choisi au cours
de la collecte des données, différentes techniques. Les
techniques « sont les étapes opératoires limitées
ou liées à des éléments pratiques, concrets,
adaptées à un but spécifique » (Grawitz
Madeleine, 1980, cité par Bakayoko Ismaëla, 1998). 19 En
somme, ce sont les outils, les instruments d'observation que nous avons
utilisés. Comme instruments, nous avions utilisé : la
documentation, la pré-enquête, l'observation, le questionnaire,
l'entretien.
a) La documentation
La documentation peut être définie comme
l'ensemble de documents sur une matière, une question. Elle est
essentielle car permettant de nous fournir des informations, des connaissances
utiles et parfois très précises sur un sujet et de fixer le
conceptuel de l'enquête.
19 Bakayoko Ismaïla, Aspects
criminogènes de la perméabilité des frontières en
Côte d'Ivoire : le cas de la frontière de Noé,
Mémoire de Maîtrise, université de Cocody, 1999.
29
Dans le cadre de notre recherche, il nous a paru indispensable
de nous rapprocher des autorités judiciaires et sanitaires pour obtenir
des données sur les pathologies en milieu carcéral. Après,
nous nous sommes rendus à Fraternité Matin, le plus ancien des
quotidiens d'informations ivoiriens, qui a déjà publié des
articles sur le problème de santé en milieu carcéral,
consulter également des ouvrages en rapport avec la santé des
détenus, aussi bien en Côte d'Ivoire que partout ailleurs dans le
monde à partir d'internet. Enfin, nous avionsété dans les
établissements d'enseignement médico-social tels que l'Infs, les
Ufr de médecine de l'université Félix Houphouët
Boigny de Cocody et de l'université Alassane Ouattara de Bouaké
pour consulter les mémoires publiés sur le milieu carcéral
par les étudiants de cette école.
b) La pré-enquête
Au cours de cette phase, il fut question pour nous
d'observer, consulter, interroger pour mieux cerner notre cible, mieux
appréhender notre thème. La pré-enquête nous a servi
en fait à mieux comprendre l'ampleur des infections cutanées sur
le terrain. Elle a facilité l'essai sur un échantillon
très réduit des instruments conçus pour notre
enquête. Cet exercice permet de faire des réajustements des
instruments si besoin il y a. De même, cette étape nous a permis
de cerner au mieux ceux que nous voulons interroger, consulter.
c) L'observation
Ici, nous avons utilisé deux (02) techniques
d'observation : l'observation désengagée et l'observation
participante.
L'observation désengagée, parce qu'on était
plus spectateur. On regardait sans poser de question. Elle fut beaucoup
utilisée pendant la pré-enquête. L'observation
participante, car nous nous sommes fondus dans les activités. Elle nous
a permis de mieux comprendre la portée des faits observés.
d) 30
Le questionnaire
Le questionnaire est un ensemble de questions qui nous a
servi à avoir au cours des rencontres et autres entretiens, des
réponses à nos préoccupations, à nos
interrogations, de diversifier ces points de vue sur la problématique
des infections cutanées en milieu carcéral. Les différents
types de questionnaire furent utilisés au cours de nos enquêtes,
à savoir les questions fermées et les questions ouvertes
e) L'entretien
Pour les entretiens, nous avons utilisé
différentes modèles. L'entretien non structuré, lorsqu'il
s'est agi de conversation libre pour avoir juste des précisions ;
l'entretien directif et semi-directif rester maître de l'entretien, ne
pas sortir du cadre de l'enquête et surtout éviter les
réponses vagues. Pour se faire, un guide d'entretien fut
élaboré.
2.3- L'échantillonnage
2.3-1. La population
La population qui nous intéresse pour notre
étude est l'ensemble des détenus qui ont une infection de la
peau. Cependant, à cause de la spécificité du champ
social, ici la prison, nous n'avions pas pu déterminer avec
précision le nombre de cette population. En effet, ouverte
officiellement depuis le 27 mars 2014, le camp pénal reçoit
régulièrement des détenus en provenance des autres centres
pénitentiaires du pays. Parmi ces détenus, certains ont
déposé un recours en appel ou se sont pourvus en cassation, c'est
donc dire que ces individus sont susceptibles d'être
libérés à tout moment. De plus, pour des raisons qui ne
nous ont pas été expliquées, les détenus changent
constamment de cellules, de bâtiments.
Néanmoins, nous disons que notre population est
constituée de plus de la moitié de l'effectif total des
détenus du camp pénal. Car notre pré-enquête a
31
révélé que plus de 300 détenus ont
des problèmes de peau sur les 508 qui ont participé à
cette pré-enquête.
2.3-2. La méthode d'échantillonnage
Pour définir notre échantillon, nous avions
choisi la méthode empirique ou non probabiliste, l'échantillon de
convenance est notre choix de façon précise. Car nous avions
basé le choix des individus pour notre étude sur des
critères pratiques. Ces critères sont les suivants :
- être détenu au camp pénal depuis au
moins trois mois à l'entame de l'étude ;
- avoir une des infections de la peau (gale, plaie, dartre,
mycose, teigne...) ;
- rester au détenu une peine d'au moins un an ;
- accepter de participer à l'étude.
2.3-3. La taille de l'échantillon
Nous avons décidé de mener notre étude
auprès de 50 détenus. Ce chiffre a été retenu
compte tenu du temps que nous avons, des ressources (matérielles et
financières) dont nous disposons et parce que une cellule au camp
pénal a une capacité d'environ 50 places.
2.4- Le dépouillement
Le dépouillement est lorsqu'on distribue les
réponses en fonction de critère. Il permet de repartir les
données, de mettre les variables en relation et d'analyser les
données.
Un traitement qualitatif, des comparaisons de réponses,
une analyse des corrélations entre variables ont été faits
à partir des données que nous avions recueillies.
32
Le dépouillement a été quantitatif avec les
questions ouvertes dont les réponses nous ont permis de faire une
analyse de contenu.
2.5- Les méthodes d'analyse
L'analyse statistique des données a été
faite à l'aide du logiciel Sphinx plus 2.
Première partie :
La santé en
milieu carcéral
33
34
CHAPITRE I : L'ÉDUCATION À LA
SANTÉ
I- LA PROBLÉMATIQUE SANITAIRE EN
MILIEUCARCÉRAL Dans la société en
général, la santé est un élément
incontournable de notre existence. Sans une bonne santé, la vie est
difficile, voire insupportable. C'est la raison pour laquelle on y attache
beaucoup d'importance. Mais dans le milieu carcéral, le détenu
donne l'impression d'avoir un rapport distendu avec cette notion. Ici, nous
nous attellerons à montrer les causes de cette attitude et faire
ressortir les maladies les plus répandues en prison.
1-1. Les facteurs de vulnérabilité du
détenu
Plusieurs facteurs influencent le détenu en prison et
impactent sur son attitude. Ces facteurs constituent pour nous des facteurs de
vulnérabilité. Ces facteurs peuvent être répartis en
trois (03) groupes : les facteurs personnels, les facteurs sociaux et les
facteurs environnementaux.
1-1-1. Les facteurs personnels
Les facteurs personnels sont un ensemble
d'éléments propres permettant ou non l'autonomie d'une personne.
Il y a entre autre le niveau d'instruction, l'état de santé, la
connaissance du milieu judiciaire ou des procédures judiciaires. Ces
éléments sont importants pour l'équilibre psychologique du
détenu en prison.
De nombreux détenus ont un niveau d'instruction
très faible. Cette insuffisance engendre d'autres problèmes tels
que le manque d'informations nécessaires sur le milieu carcéral,
sur leur situation judiciaire et même sur leur situation sanitaire. De
nombreux détenus aussi restent sans aucune information sur les
possibilités que le Code pénal leur offre en tant que personne
détenue. Pourtant, avoir des informations sur la situation judiciaire et
administrative peut être facteur de stabilité psychologique.
35
1-1-2. Les facteurs sociaux
Les facteurs sociaux sont essentiellement composés par
les réseaux sociaux habituels des détenus. Il s'agit de la
famille, des codétenus, de l'administration dela prison, des agents
d'encadrement, du service médical et du service social. Bref, il est
constitué de toutes les personnes et organisations présentes dans
la vie du détenu et qui sont à même de renforcer ou de
réduire son niveau de vulnérabilité.
La capacité du détenu à collaborer,
communiquer avec ce réseau est très déterminant sur son
niveau de vulnérabilité. La famille (parents, amis et
connaissances extérieures à la prison) est
l'élément clé de ce réseau.
Le lien entre l'existence d'une famille et/ou d'un
réseau d'amis et la vulnérabilité est ambivalent. Un
soutien extérieur financier et moral est important pour le détenu
pour améliorer son ordinaire. Les visites ou communiqués sont
certainement le mode le plus apprécié par le détenu pour
entrer en contact avec l'extérieur. Si la famille et amis peuvent
être un soutien, ils peuvent être également une source
d'inquiétude et de stress pour le détenu.
À contrario, le détenu qui n'a aucune attache
extérieure, est libre des inquiétudes afférentes au monde
extérieur. Cependant, il peut être aussi en situation de
vulnérabilité car dépourvu d'assistance financière
et plus soumis à l'influence de tous les facteurs externes qui composent
l'univers carcéral.
1-1-3. Les facteurs environnementaux
Chaque maison de détention est régie par un
ensemble de dispositions qui fondent sa particularité. Le camp
pénal de Bouaké est identifié comme la prison qui a les
conditions de détention les plus rigides du pays. Il « est
réputé pour être l'univers carcéral le plus infernal
de la Côte d'Ivoire», selon le site information
Linfodrome.com20. Cette réputation même est pour le
détenu et leur famille source de stress et de
vulnérabilité. Il faut le souligner ici, les conditions de vie
et
20 Francis N'Goran, Transfèrement des
prisonniers : Abehi, Blé Goudé, Affi... à Bouaké ?
- Des confidences du camp pénal, lu sur
Linfodrome.com, le 16/03/2013.
36
les règles en application dans une prison peuvent
être en elles-mêmes des facteurs de fragilisation de certains
détenus.
Outre ce fait, l'architecture de la prison (hauteur des murs,
barbelés électrifiés, lesmiradors, les caméras...),
les conditions de vie, la cellule, la cour de la prison, la nourriture qui est
distribuée, la durée de détention sont autant de facteurs
environnementaux qui affectent les détenus.
En somme, ce sont des éléments que le
détenu ne peut ni contrôler, ni influencer. De manière
générale, les détenus font l'expérience de leur
impuissance face à cet environnement. Devant ces différentes
règles (strictes, multiples), le détenu se sent humilié.
Lui, un «homme» se voit traiter comme un enfant qui ne peut rien
décider de sa vie sans avoir recours aux autres (AEEP, travailleurs
sociaux, famille et amis). Se sentant rabaisser, humilier, déshumaniser,
le détenu va, dès lors, s'enfermer sur lui-même pour
certains et ou se montrer agressifs pour d'autres.
Un certain nombre de facteurs confortent la
vulnérabilité des détenus. Il s'agit de l'incertitude sur
leur avenir, perte de contact avec la famille, le durcissement de la
détention, l'impuissance, le sentiment d'être bafoués dans
leurs droits. Ces maux d'ordre psychosomatique affectent d'une manière
ou d'une autre les détenus.
1-2. De la vulnérabilité psychologique
à la détérioration de l'état de santé
Comme souligné précédemment, plusieurs facteurs
agissent sur l'état physique et psychologique du détenu ; une
vulnérabilité qui affecte bien entendu la santé de
nombreux détenus. Le corps étant affaibli, naturellement, il ne
peut résister aux germes et autres parasites qui attaquent son
organisme. C'est pourquoi, de nombreuses personnes qui étaient en bonne
santé avant leur détention, déclarent que leur
santé s'est dégradée quelque temps après avoir
être admis en détention. Cette détérioration se
manifeste bien souvent par l'apparition de problèmes cutanés, de
perte de poids, de problèmes de digestion, de migraine, de sentiment de
fatigue et/ou de grande faiblesse.
37
À ce propos, les échanges avec le personnel
médical du camp pénal font ressortir que dans leur grande
majorité, la quasi-totalité des détenus qui arrivent
d'autres centres pénitentiaires, présentent
généralement beaucoup de problèmes au niveau sanitaire.
C'est donc dire que l'accès aux soins de santé pour les
détenus en provenance de ces maisons d'arrêt n'était pas
toujours garanti, voire insuffisant. La réalité est que peu de
prisons ivoiriennes ont à leur sein une structure médicale. Selon
un rapport de l'unité de l'état de droit de l'Opération
des Nations unies en Côte d'Ivoire (Onuci), « seuls quelques
établissements disposent d'infirmeries, mal équipés et
sans infirmiers officiant à temps plein.21 »
Toutefois, au camp pénal, il existe une infirmerie
opérationnelle et dont l'existence est connue de tous les
détenus. Elle est ouverte de façon permanente et son accès
est garanti à tous les détenus. Les soins de santé sont
assurés par une équipe de médecins et d'infirmiers
qualifiés dans la prise en charge des détenus.
Malgré le fait que tous les détenus savent qu'il
existe une infirmerie au sein de la prison et qu'ils sont pris en charge
gratuitement, du moins quand la pharmacie dispose des médicaments
nécessairesau traitement de la pathologie en question, certains
détenus développent à l'égard de l'équipe
médicale une méfiance sans fin. Ils pensent pour certains que le
personnel médical ne les traiterait pas comme il se devait. Ils ne
recevraient pas pour d'autres, les traitements appropriés à leur
état de santé, « que tu aies mal au pied, mal à
l'oreille, ou mal au ventre, ils nous donnent toujours du paracétamol.
»22 Ce sont là quelques-uns des propos que tiennent
régulièrement la plupart des détenus du camp pénal
de Bouaké pour justifier leur attitude à l'égard du
service médical dudit camp. Par ailleurs, d'autres prisonniers n'ont pas
aussi l'habitude de fréquenter la médecine moderne, car
d'ordinaire, ils ont recours à la médecine traditionnelle, toute
chose qui n'est
21Onuci, Situation des établissements
pénitentiaires de Côte d'Ivoire, juillet 2005-avril 2006,
Rapport de l'unité de l'état de droit, août 2006.
22 Ce sont là quelques-uns des propos tenus
par les détenus à l'encontre du service médical du camp
pénal.
38
pas possible durant leur séjour en prison. En
conséquence, n'ayant plus accès à ces pratiques, leur
état se détériore.
Tous ces éléments mis les uns en rapport avec
les autres, contribuent d'une façon ou d'une autre à nuire
à la santé des détenus.
1-3. Les principales pathologies en milieu
carcéral
L'analyse précédente montre que de nombreux
facteurs sont à l'origine de l'apparition ou de l'aggravation des
maladies chez le détenu. En effet, en milieu carcéral en
général et particulièrement au camp pénal de
Bouaké, l'on rencontre chez les détenus beaucoup de maladies.
(Voir tableau ci-dessous)
39
|
déc.
2013
|
janv.
2014
|
Fév.
2014
|
mars
2014
|
avril
2014
|
mai
2014
|
juil.
2014
|
juil.
2014
|
août
2014
|
sept.
2014
|
oct.
2014
|
nov.
2014
|
déc.
2014
|
TOTAL
|
Paludisme
|
5
|
5
|
10
|
13
|
40
|
53
|
54
|
39
|
42
|
46
|
53
|
65
|
53
|
478
|
Dermatose
|
1
|
1
|
7
|
3
|
50
|
61
|
73
|
34
|
25
|
30
|
47
|
56
|
37
|
425
|
Stomatite
|
1
|
0
|
7
|
8
|
43
|
47
|
49
|
22
|
57
|
34
|
60
|
31
|
33
|
392
|
Toux
|
5
|
4
|
6
|
3
|
16
|
25
|
31
|
22
|
22
|
35
|
34
|
41
|
69
|
313
|
Rhumatisme
|
2
|
9
|
3
|
2
|
53
|
29
|
32
|
16
|
13
|
52
|
41
|
69
|
39
|
360
|
Diarrhée simple
|
1
|
0
|
3
|
3
|
3
|
8
|
13
|
3
|
5
|
11
|
6
|
30
|
8
|
94
|
Diarrhée sang
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
2
|
7
|
0
|
4
|
4
|
2
|
|
5
|
26
|
Carie dentaire
|
0
|
2
|
2
|
6
|
15
|
5
|
12
|
10
|
6
|
6
|
13
|
14
|
11
|
102
|
Hematurie
|
0
|
0
|
0
|
2
|
2
|
2
|
1
|
3
|
0
|
0
|
1
|
8
|
5
|
24
|
Hemorroide
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
5
|
8
|
0
|
0
|
0
|
8
|
6
|
1
|
30
|
Gastralgie
|
0
|
0
|
0
|
3
|
1
|
7
|
13
|
8
|
5
|
10
|
11
|
14
|
15
|
87
|
Sinusite
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
2
|
0
|
2
|
4
|
3
|
2
|
2
|
16
|
IST
|
1
|
0
|
0
|
2
|
4
|
7
|
9
|
2
|
11
|
5
|
4
|
15
|
14
|
74
|
Furonculose
|
0
|
1
|
1
|
2
|
11
|
19
|
21
|
0
|
6
|
6
|
9
|
14
|
3
|
93
|
Anemie
|
2
|
0
|
0
|
0
|
10
|
21
|
16
|
6
|
1
|
8
|
6
|
20
|
7
|
97
|
Otite/otalgie
|
0
|
0
|
0
|
0
|
5
|
8
|
7
|
2
|
7
|
1
|
6
|
7
|
8
|
51
|
Hernie
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
3
|
4
|
3
|
3
|
2
|
3
|
4
|
1
|
24
|
Asthme
|
2
|
|
0
|
2
|
2
|
1
|
2
|
0
|
0
|
0
|
2
|
2
|
2
|
15
|
HTA
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
1
|
2
|
0
|
0
|
2
|
2
|
2
|
2
|
14
|
Ulcère
|
0
|
1
|
1
|
5
|
3
|
19
|
16
|
4
|
7
|
11
|
19
|
6
|
16
|
108
|
Conjonctive
|
0
|
0
|
0
|
0
|
1
|
2
|
8
|
0
|
0
|
0
|
0
|
10
|
1
|
22
|
Vision floue
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
6
|
4
|
5
|
5
|
7
|
15
|
11
|
8
|
61
|
Plaies
|
4
|
3
|
5
|
7
|
20
|
13
|
36
|
5
|
11
|
10
|
25
|
26
|
21
|
186
|
TOTAL
|
24
|
26
|
45
|
63
|
285
|
345
|
420
|
184
|
232
|
284
|
370
|
453
|
361
|
3092
|
Tableau I : Consultations effectuées par le
service médical du camp pénal de décembre 2013 à
décembre 2014
(Source : service médical du camp
pénal de Bouaké)
40
On constate dans ce tableau qu'une demi-dizaine de maladies
sont les plus répandues au sein de la prison dont le
paludisme, pour lequel les détenus sont venus en consultations
478 fois, les problèmes cutanés (dermatose,
plaies, furoculose, stomatite...) pour 1096 consultations, la
toux, pour 313 consultations, le rhumatisme, pour 360
consultations, l'ulcère qui a été
diagnostiqué à 108 reprises et enfin la carie
dentaire, pour 102 consultations.
Ces chiffres révèlent que les infections
cutanées ont été l'objet de consultations à 1096
reprises, soit plus du tiers des consultations enregistrées par le
service médical.
Comme nous le voyons, la prison est un espace propice à
la prolifération, au développement de nombreuses maladies. Elle
concentre dans un même endroit plusieurs pathologies dont certaines sont
très nuisibles. Les conditions de vie enprison aidant souvent à
la propagation des maladies mortelles comme le choléra
(Amédée Assi, 199123 ; Josette Barry,
199524). C'est donc dire que le choléra fait partie des
maladies qui affectent le milieu carcéral ivoirien, même si pour
le moment, le camp pénal n'en a pas encore eu. Vu tout ce qui
précède, nous disons qu'il est plus que jamais nécessaire
d'éduquer le milieu carcéral à la santé.
II- LA NÉCESSITÉ DE L'ÉDUCATION
À LA SANTÉ EN MILIEU CARCÉRAL
L'éducation à la santé est une
activité de santé publique. La santé publique est
évoquée pour les problèmes de la santé et les
maladies de la population, la surveillance et l'observation de l'état de
santé d'une population et ses déterminants. Elle englobe
également la prévention des maladies et la lutte contre les
épidémies. Selon l'Agence de la santé publique du Canada
(Aspc), la santé publique est « une activité
organisée de la société visant à promouvoir,
à
23 Amédée Assi, Que s'est-il
passé à la prison de Yopougon ?,in Ivoir'Soir du 11
septembre 1991, p.9
24 Interview du directeur de l'administration
pénitentiaire et de l'éducation surveillée, M.
François Guei. Interview réalisé par Josette Barry et paru
dans Fraternité Matin du 15 juillet 1997.
41
protéger, à améliorer et, le cas
échéant, à rétablir la santé de personnes,
de groupes ou de la population entière. »25 Cette
définition rejoint celle que le rapportde l'Institut de la santé
publique du Québec en 1997 a eu à produire. Cet institut soutient
que la santé publique est « l'étude, d'une part, des
déterminants physiques, psychosociaux, socioculturels de la santé
de la population et d'autre part des actions en vue d'améliorer la
santé de la population. »26
Ces différentes définitions prouvent que toutes
les populations doivent être prises en compte dans les politiques de
santé de chaque pays. Le milieu carcéral étant un
échantillon de notre société, il va de soi que des mesures
soient mises en oeuvre pour que les établissements pénitentiaires
ne demeurent pas en reste des initiatives générales. Par
ailleurs, le constat est fait que la connaissance et la maîtrise des
règles minimales d'hygiène réduisent les risques
liés à certaines maladies.
2.1- La définition de l'éducation à la
santé.
L'éducation à la santé est un concept
développé depuis très longtemps. L'histoire de
l'éducation à la santé va de pair avec celle de
l'hygiène. Depuis le XVIIe siècle, la notion de l'hygiène
fut au centre des préoccupations des chercheurs. L'augmentation de la
population, les recherches médicales menées par LouisPasteur, la
création des premiers centres de santé, l'introduction
del'enseignement de l'hygiène dans les programmes scolaires, le
développement dela médecine scolaire sont autant
d'éléments qui ont contribué à la mise en place et
au développement de la notion d'éducation à la
santé.
Après la Seconde Guerre mondiale, la lutte contre les
maladies, l'hygiène corporelle, et l'hygiène alimentaire font
leur apparition surtout dans les films. Dans les manuels scolaires, les
règles d'hygiène à respecter pour mener une vie
25 Définition de l'Agence de santé
publique du Canada,
http://www.phac-aspc.gc.ca/ccph-cesp/glos-r-z-fra.php
26 Rapport de l'Institut de santé publique du
Québec, 1997.
42
saine, la lutte contre le tabagisme, l'amélioration de
l'environnement, sont enseignés aux élèves. (Anne-Marie
Châtelet, 2002)27.
Le professeur Pierre Delore, dans le premier numéro de
la revue La santé de l'homme, dont il est le fondateur, donnait
à l'éducation à la santé la fonction de «
semer des idées saines, lutter contre l'ignorance, les idées
fausses, les préjugés, diffuser les notions que tout individu,
dès l'adolescence, doit posséder sur les questions de
santé ; contribuer par-là à préparer à la
vie et à la vie saine, à la joie de vivre. »
En 1969, le contexte de l'après-guerre amène
l'Organisation mondiale de la santé (Oms) à définir
l'éducation à la santé comme un processus qui consiste
à « faire acquérir aux populations de saines habitudes
de vie, à leur apprendre à mettre judicieusement à profit
les services sanitaires qui sont à leur disposition et à les
conduire à prendre eux-mêmes isolément et collectivement
les décisions qui impliquent l'amélioration de leur état
de santé et de la salubrité du milieu où ils vivent.
» Aujourd'hui, l'éducation à la santé ou pour la
santé est omniprésente dans notre vie, surtout avec
l'émergence du virus du VIH/Sida, la lutte contre les différents
cancers, la lutte contre le tabagisme, l'alcoolisme.
Nous retenons, pour conclure que l'éducation à
la santé est passée de la promotion d'un corps sain pour se
focaliser sur les changements de comportements individuels et les risques en
passant par la promotion des saines habitudes de vie. Ce que résume
très clairement D. Jordan et D. Berger lorsqu'ils affirment que «
l'éducation pour la santé n'a pas pour finalité de
faire baisser la prévalence d'un comportement mais bien de permettre
l'émergence du sujet, c'est-à-dire de contribuer à
développer l'autonomie, la liberté et la responsabilité de
l'autre. »28
27Anne-Marie Châtelet, « Nourrisson
(Didier) (dir.). - Éducation à la santé xixe-xxe
siècle ; Nourrisson (Didier) (dir.). - À votre
santé I Éducation et santé sous la ive République
», Histoire de l'éducation [En ligne], 101 | 2004,
mis en ligne le 06 janvier 2009, consulté le 13 mai 2015. URL :
http://histoire-education.revues.org/744
28Jourdan D, Berger D. De l'utilité de
clarifier les référents théoriques de l'éducation
pour la santé In La Santé de l'homme, n°377,
2005, pp17-20.
43
Pour ainsi atteindre ses objectifs, des règles ont
été définies afin de mieux cerner la pratique de
l'éducation à la santé.
2.2- Le cadre juridique et institutionnel
La santé est un droit. Cela est consacré aussi
bien par des textes nationaux qu'internationaux. Déjà en 1789 en
France, une déclaration a été produite sous le nom de
Déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Cette
déclaration décrète en son article un que « les
hommes naissent et demeurent libres et égaux en droit (...). »
Tous les hommes ont les mêmes droits, quels qu'ils soient leur origine et
leurs statuts. Ce principe est approfondi par une autre déclaration : La
Déclaration universelle des droits de l'homme. Elle reprend l'article un
de la déclaration de 1789, tout en l'approfondissant. Elle
précise en son article 25, que chaque individu a droit à la
santé ou doit être aidé à y avoir accès
(Déclaration universelle des droits de l'homme, 1948).
Ces dispositions vont être reprises par l'Organisation
des Nations unies (Onu) à travers son organisme spécialisé
dans le domaine de la santé : l'Organisation mondiale de la santé
(Oms). Dans le préambule de la constitution de cette institution, il est
dit que « la possession du meilleur état de santé qu'il
est capable d'atteindre constitue l'un des droits fondamentaux de tout
être humain (...) »
Cette préoccupation, de nombreux pays en ont fait
sienne. En effet, la constitution ivoirienne reprend de nombreuses dispositions
de certains textes internationaux, notamment la Déclaration universelle
des droits de l'homme de 1948 et la Charte africaine des droits de l'homme et
des peuples de 1981 qui consacrent l'égalité entre tous les
êtres humains sans exception, le droit à la dignité
humaine, qui sacralisent en somme l'être humain.
Le droit à la dignité humaine est mis en avant
au travers de l'article 7 de cette constitution qui mentionne que «
...l'État assure à tous les citoyens l'égal
accès à la santé.... » (Constitution ivoirienne
du 23 juillet 2000).
44
Un département entier est dédié à
l'égal accès de tous les citoyens aux soins de santé : le
ministère de la Santé et la Lutte contre le Sida. Ce
département ministériel a trois grandes orientations :
- une mission en matière de santé dans sa
globalité ;
- une mission en matière d'hygiène publique ;
- et une mission en matière de lutte contre la
pandémie du siècle, le VIH/Sida.29
Ces différentes missions doivent toutes concourir au
bien-être de tous les citoyens, d'où la notion de santé
publique.
La recherche du « meilleur état de
santé » pour tous qui va amener les états à
travers les Nations unies à produire des textes pour orienter les
différentes nations. Le premier texte en la matière est la
Déclaration d'Alma-Ata30 de 1978 sur l'accès aux soins
de santé primaire. Au cours de cette conférence internationale
organisée par l'Oms, il fut question de réfléchir sur les
conditions de l'accès de tous aux soins de santé, surtout
primaires.
Hormis cette conférence, plusieurs autres rencontres
internationales se sont tenues, cette fois sur le thème de la promotion
de la santé. La plus célèbre de ces conférences est
celle qui a produit la Charte d'Ottawa adoptée le 21 novembre 1986. Elle
devait contribuer à la réalisation de l'objectif de la
santé pour tous d'ici l'an 2000 et au-delà. La Charte a
défini la promotion de la santé, les conditions indispensables
à la santé, les actions pour promouvoir la santé.
Il y a eu en plus, la conférence sur la promotion de la
santé de Jakarta en Indonésie en 1997 sur le thème :
«À l'ère nouvelle, acteurs nouveaux : adapter la promotion
de la santé au XXIème siècle» et la conférence
de Bangkok31 de 2005
29 Le décret n° 2011-426 du 30 novembre
2011, organisant le ministère de la Santé et de Lutte contre le
Sida.
30 Alma-Ata, capitale du Kazakhstan.
31 Bangkok, capitale de la Thaïlande.
45
qui a produit la Charte de Bangkok pour la promotion de la
santé à l'heure de la mondialisation.
Les textes sur-mentionnés consacrent la santé
comme un élément indispensable del'existence humaine, d'où
l'ambition de mettre l'individu au centre de la recherche de son
bien-être.
Que peut faire concrètement l'éducation à
la santé à la recherche de l'état de bien-être
physique, mental et social complet de l'individu ou du groupe ?
2.3- La place de l'éducation à la
santé
L'éducation à la santé est aujourd'hui un
outil indispensable à la promotion d'un mieux-être des
populations, raisons pour lesquelles de nombreux textes sont pris pour la faire
connaître. Ces différents documents cherchent à
répondre à une préoccupation. En quoi, l'éducation
à la santé contribue-t-elle à réduire les risques
et les inégalités en matière de santé ?
Pour les économistes américains Eide et
Showalter, il y a un lien entre santé et éducation. Pour eux, un
niveau d'éducation élevé améliore la santé.
Ils démontrent clairement qu'il y a un impact causal de
l'éducation sur la santé (Eide et Showalter, 2011). Quant
à Descarpentries, elle met en évidence la fonction sociale de
l'éducation à la santé ; une fonction qui va
au-delà du principe de précaution. Ainsi, la fonction sociale de
l'éducation rejoint celle de la santé publique et partage les
enjeux du développement d'une éducation pour la santé tout
au long de la vie. (Descarpentries, 2008).
L'éducation à la santé doit amener
l'individu à s'interroger par lui-même, à
réfléchir sur sa santé, à la maîtrise de sa
santé, pour son bien-être mais aussi pour celui des autres.
De nombreuses recherches et enquêtes (Meara, Richards,
and Culter, 2008 ; Bronnum-Hansen et Baadsgaard, 2008 ; Ferrie et al., 2009 ;
Denney, et al., 2010)
46
indiquent une forte implication entre le niveau d'instruction
et les indicateurs de santé dont le tabagisme, l'alcoolisme et
l'obésité.
Selon ces études menées aux États-Unis et
au Danemark, les individus qui ont fait des études supérieures,
ont une espérance de vie un peu plus élevée. Elles
montrent également que les personnes possédant un niveau de
connaissances de base limité souffrent plus souvent et plus tôt de
maladies chroniques, respiratoires et coronariennes tandis que celles qui ont
des compétences cognitives développées dans le contexte
scolaire semblent réduire les risques liés à une mauvaise
hygiène de vie. C'est pourquoi, pour Bandura, un système
basé sur la promotion de la santé, le changement des
comportements et la prévention, devrait prédominer sur un
système encore orienté sur la maladie et les traitements
médicaux.
L'éducation à la santé a donc pour
objectif principal de fournir aux individus les outils indispensables à
un meilleur état de santé. Améliorer la santé des
personnes, c'est aussi faire la promotion des conditions de base
déterminées par la Charte d'Ottawa, à savoir la paix,
l'accès au logement, à la nourriture, à
l'éducation, à un revenu minimum, à un environnement
social et économique viable et à la justice.
2.4- L'éducation à la santé dans les
prisons
L'Organisation des Nations unies s'est toujours
préoccupée depuis sa création du sort de tous les
êtres humains, singulièrement ceux qui sont en prison. Elle a
créé et adopté nombre d'instruments internationaux,
notamment l'ensemble de règles minima pour le traitement des
détenus32, visant à protéger les droits de
l'homme des détenus et à leur garantir un traitement humain. Car
certains droits et libertés de l'homme sont inhérents à
chaque être humain. Ils constituent la base de
32 Ensemble de règles minima pour le
traitement des détenus, adopté par le 1er
congrès des Nations unies pour la prévention du crime et le
traitement des délinquants, tenu à Genève en 1955 et
approuvé par le Conseil économique et social, dans ses
résolutions 663 C du 31 juillet 1957 et 2076 du 13 mai 1977.
47
l'existence humaine (le droit à la vie, à la
liberté, à la sécurité, à la dignité,
à la non-discrimination, à l'égalité devant la loi
et le droit à la santé).
Tous les êtres humains, y compris les détenus,
gardent leurs droits fondamentaux, ils ne peuvent être niés ou
échangés et sont applicables partout, même dans les
établissements pénitentiaires. Dans ces lieux, leurs conditions
de vie doivent être toujours les plus proches à la vie normale,
abstraction faite à la perte de liberté.
C'est donc dire que les détenus ont le droit de jouir
du meilleur état de santé physique et mentale possible et
devraient avoir librement accès aux services de santé existant
dans le pays. Chaque prison devrait disposer des installations sanitaires
appropriées et des services d'un personnel médical
qualifié, permettant de donner un large éventail de soins. La
responsabilité principale des membres du personnel de santé, dans
ce cas, est de protéger la santé de tous les détenus.
Celasignifie qu'ils doivent non seulement fournir les soins curatifs mais aussi
faire en sorte que la morbidité liée à certaines maladies
baisse, d'où la promotion d'une éducation à la
santé.
L'éducation pour la santé, en prison comme
à l'extérieur, consisterait en des partages de connaissances, de
savoir-faire entre individus. Elle devrait les servir à faire des choix
qu'ils pourraient maintenir grâce à une démarche
participative et éducative. Elle implique aussi la responsabilité
individuelle et collective, le respect des personnes, le développement
des connaissances et des habiletés, l'accompagnement vers la
santé, l'accompagnement vers plus d'autonomie.
Comme on le constate, l'intérêt d'une
éducation à la santé en prison est plus d'un. En prison,
le détenu est dans une situation telle que la priorité est autre
que la santé. Il faut savoir dans ce cas, l'orienter de sorte à
inscrire la santé dans ses priorités. Le contexte psychologique
du détenu n'est pas à la motivation, ni à la participation
aux activités. L'éducation à la santé devrait alors
consister en une médiation, en une aide au changement d'attitude. Dans
ce combat, le rôle de l'intervenant en milieu fermé va être
de mieux connaître le détenu, d'échanger
48
régulièrement avec lui, de connaître aussi
ses préoccupations essentielles, c'est-à-dire prendre en compte
son histoire, ses représentations sociales, sa culture afin de lui
transmettre des connaissances et un comportement qui le maintiendrait en
meilleur état de santé. Il s'agira pour l'intervenant aussi de
favoriser une plus grande implication du détenu dans les actions de
sensibilisation en matièred'éducation à la
santé.
Le détenu n'a pas toujours un bon rapport à son
corps, c'est-à-dire que tout ce qui est propriété,
hygiène corporelle et vestimentaire, la beauté ne
l'intéresse pas en premier lieu. Il reviendra à l'intervenant de
susciter une meilleure prise de conscience à l'égard de sa
santé, l'aider à se construire une image positive de soi. Des
études ont démontré l'importance de la dimension
psychique, les affects, les sentiments et les émotions dans le domaine
de la santé, surtout « dans l'organisation de nos
pensées, nos jugements, nos décisions, nos comportements.
». Une étude réalisée par le CRAES
CRIPS33 sur « l'observance des trithérapies dans le
domaine du VIH a bien mis en, évidence l'importance des
représentions du corps et la dimension paradoxale du rapport aux
médicaments qui entrainent des effets secondaires plus lourds que les
symptômes initiaux. »
Par ailleurs, un accent important doit être mis sur
l'estime de soi. Le détenu doit être encouragé à se
dire qu'il a la capacité, le potentiel d'être heureux, de jouir
d'un meilleur état de santé, de le protéger ou le
renforcer. Dans la démarche de la promotion de la santé en milieu
carcéral, hormis les détenus, des actions sont à mener
envers d'autres cibles notamment, les décideurs (administration
pénitentiaire), le service médical, le service social, les
Organisations non-gouvernementales (Ong) intervenant en milieu carcéral
telles que le Comité
33 Collège Rhône-Alpes
d'éducation pour la santé - Centre régional d'information
et de prévention du Sida (Rhône-Alpes/Lyon).
49
international de la Croix-Rouge (Cicr)34 et les
autres organisations visitant les prisons.
Il est important d'impliquer chacune de ces entités
dans la promotion de la santé des détenus. Car de leur
implication dépend la réussite des projets d'éducation
à la santé des détenus. Leurs décisions ou leurs
pratiques oeuvreront à assurer un meilleur état de santé
aux prisonniers. La mise à disposition des moyens matériels,
financiers et humains, d'une part, l'organisation ou la création de
dispositions légales, d'autre part vont contribuer à asseoir une
véritable politique d'éducation à la santé en
milieu carcéral. (Claude Bouchet, 2000)
34 Le Cicr est une organisation internationale
humanitaire, créée en 1863 par un groupe de citoyens de la ville
suisse de Genève, dont faisaient partie Gustave Moynier, Henri Dunant et
Guillaume-Henri Dufour.
50
CHAPITRE II : LES INFECTIONS CUTANÉES
I- LA PEAU ET SON SYSTÈME IMMUNITAIRE
1-1. La définition
La peau est le «tissu membraneux qui couvre le corps
de l'homme et de la plupart des animaux. » (Nouveau Larousse
Élémentaire, 1985) La peau est essentielle à l'existence
humaine. De nombreuses maladies psychosomatiques s'expriment au travers de
notre peau. De plus, la peau a plusieurs caractéristiques. D'abord,
c'est une membrane souple qui s'adapte parfaitement à la forme des
autres organes et aux articulations. Aussi, en enveloppant tout notre corps,
elle nous protège des agressions de l'environnement (vent, soleil). En
plus, cette fonction met en exergue une autre : la sensibilité. En
effet, les poils, les pores sont des éléments qui permettent de
connaître différentes sensations. Cette capacité à
son tour, fait ressortir une autre caractéristique : l'intelligence. Les
variations de la couleur de la peau face aux allergies, aux émotions,
aux agressions témoignent de cette intelligence de la peau. Cependant,
malgré toutes ces qualités, la peau reste soumise à de
nombreuses infections dues à des micro-organismes d'origines
bactériennes, virales, parasitaires ou à des champignons. La
peau, outre le rôle de barrière qu'elle joue, elle est l'interface
entre le corps et l'environnement. C'est la première ligne de
défense contre les agents microbiens, les agressions physiques et
chimiques. La peau est en contact permanent avec de nombreux facteurs de
l'environnement.
La peau se compose essentiellement de deux parties :
l'épiderme et le derme (voir figure 1). L'épiderme est la couche
superficielle qui recouvre le derme. Il est formé des couches, basale,
cornée, granulée et la couche claire.
51
Figure 1 : vue transversale de la peau (source
google.ci)
Le derme est la couche profonde que recouvre l'épiderme
et formé par les tissus conjonctifs. Selon Testut, « le derme
est la partie fondamentale de la peau ; c'est à lui qu'elle doit sa
résistance, son élasticité et aussi sa qualité de
membrane sensible, puisque c'est dans le derme que se disséminent les
appareils terminaux du tact. »35Il contient de nombreuses
cellules immunitaires comme les cellules dentriques (CD), les lymphocytes T
(LT).Toutes ces cellules immunitaires vont constituer le système
immunitaire cutané.
À ces deux parties essentielles, nous pouvons ajouter
une troisième : l'hypoderme. C'est un tissu sous-cutané,
situé sous le derme, riche en vaisseaux et assez gras.
1-2. Le système immunitaire de la peau
Le système immunitaire cutané est l'ensemble des
organes qui protège la peau contre les agressions. Le système
immunitaire cutané a pour mission de nous protéger contre
certaines infections. Il existe principalement deux phases dans la
réponse immune : la réponse immunitaire innée et la
réponse immunitaire adaptative.
1-2.1. La réponse immunitaire innée
La réponse innée est très présente
au niveau de la défense anti-infectieuse. Composée de cellules et
de molécules, elle se met en place lorsqu'elle détecte
35 Jean Léo Testut, Traité
d'anatomie humaine, Tome 3, p.287
52
d'un pathogène ou le signal d'un danger pour la peau.
Elle oppose une réponse rapide aux agressions et est capable
d'éliminer très rapidement l'agent pathogène et de
circonscrire sa dissémination. En effet, la sécrétion de
cytokines par les molécules peut à elle seule faire face à
l'infection. Cependant, elle n'est pas très efficace contre les
réinfections, d'où une réponse immunitaire adaptative.
1-2.2. La réponse immunitaire adaptative
L'inefficacité de la première ligne de
défense voit la mise en place de la réponse adaptative. Cette
réponse implique la présence importante de lymphocytes B et de
lymphocytes T spécifiques pour un antigène donné et
également les dendrocytes. La réponse adaptative est lente par
rapport à celle dite innée mais infaillible à cause d'une
mémoire immunologique mise en place lors d'une précédente
réponse. Cette mémoire lui permet d'être plus efficace lors
d'une prochaine rencontre avec le même pathogène.
Le contrôle du système immunitaire cutané
est donc très important pour le maintien de l'intégrité de
la peau. L'inefficacité de ce système à protéger la
peau va occasionner l'apparition de diverses pathologies.
53
II- LES INFECTIONS CUTANÉES36
2-1. La définition de l'infection cutanée
Une infection cutanée est une maladie de la peau. C'est
l'ensemble des maladies qui affectent la peau.
2-2. Les différentes infections cutanées
Il existe de nombreuses infections cutanées. Elles sont
transmises par un micro-organique qui peut être d'origine
bactérienne, virale, parasitaire ou dû à un champignon.
2-2-1. Les principales infections cutanées
d'origine bactérienne
a) L'acné
L'acné est une maladie de la peau qui touche en
général les adolescents de 10 à 20 ans, mais aussi les
adultes. Elle se caractérise par l'inflammation des follicules
pilosébacés avec formation de comédons ou lésion
des glandes sébacées produisant des boutons.
Causée par Propionibacteriumacnes, une bactérie,
l'acné est favorisée par le manque d'hygiène,
l'environnement, l'alimentation, le stress, mais surtout par le facteur
génétique. Les facteurs hormonaux peuvent expliquer aussi
l'apparition des acnés chez le jeune homme, de même que
l'exposition au soleil, à certains produits polluants.
36 Les différentes pathologies n'ont pu
être illustrées par des images à cause des dispositions
securitaires dans les prisons. Aucune prise de vue n'est autorisée
à l'intérieur des prisons ivoiriennes.
Les différentes définitions sont
inspirées de quatre principales sources :
www.osmoft.fr/osmosft-la-et-ses-fonctions.html,
consulté le 17 avril 2015 ; Le Larousse médical, édition
2006 ; htpp://
dictionnaire.doctissimo.fr
; Dictionnaire médical de l'Académie de Médecine, version
2015.2[en ligne], accessible sur
http://dictionnaire.academie-medecine.fr,
consulté le 25 avril 2015.
b) 54
L'abcès
Généralement situé sur les doigts et les
zones riches en poils ou en glandes sébacées, l'abcès est
une poche de pus formée dans une cavité au mileu des tissus
normaux, ou entre deux feuillets d'une cavité comme la plèvre qui
entoure les poumons. Il y a deux types d'abcès : l'abcès chaud
(causé une amibe, il est rouge, chaud et douloureux) et l'abcès
froid (d'évolution lente, il est volumineux et superficiel. Il est
causé par le bacille koch ou certains champignons)
c) La folliculite
Due à staphylocoque doré, la folliculite est
une infection bénigne du pédicule pileux. On la retrouve surtout
dans les zones humides notamment niveau du visage, des paupières
(orgelet), cuisse, tronc, fesses et le cuir chevelure.
La folliculite est généralement superficielle,
lorsqu'elle est profonde et aiguë, on la nomme furoncle et plus tard
anthrax.
d) Le furoncle
Causé par staphylocoque doré, le furoncle est
une forme avancée, grave et profonde de la follicilite. L'apparition de
furoncles est favorisée par l'irritation locale et la faiblesse du
système immunitaire. Sa forme sévère et récidivante
doit faire penser au diabète.
e) La furonculose
On parle de furonculose, lorsque les furoncles
s'étendent à différentes zones du corps
généralement à la nuque, le visage, les fesses, les
cuisses, le dos. Il fait suite à la défaillance des
défenses cutanées, à l'insuffisance de l'hygiène,
à la précarité du milieu. Il peut être dû
aussi à certaines maladies comme le diabète, le Sida et toute
autre maladie chronique immunodéprimante. Il peut évoluer vers
l'abcès, la lymphantigite (quand les germes rentrent dans les
lymphatique) ou la septicémie (quand les germes migrent dans le sang)
f) 55
L'anthrax
Tout comme la furonculose, l'anthrax a les mêmes
signes, la même évolution et les mêmes causes. Cependant, il
est constitué de plusieurs gros furoncles en un même endroit. Ce
gros nodule inflammatoire est plein de pus. Il est de couleur rouge vif et
violacé à son sommet. Il est plus fréquent chez l'homme
que la femme.
g) Le panaris
Le panaris est une inflammation aiguë du doigt. Il est
provoqué par le staphylocoque. Il touche rarement les orteils et doit
être traité en urgence.
h) La perlèche
Provoquée par la transpiration, l'humidité et
le lèchage fréquent de la commissure des lèvres, la
perlèche est une inflammation de la commissure des lèvres. Elle
est causée par un streptocoque, un staphylocoque ou un colibacille. La
perlèche se caractérise par une fissure bilatérale de la
commissure, les saignements, les rougeurs et une croûte humide. Elle est
transmissible.
i) L'intertrigo
Appelé aussi pied d'athlète, l'intertrigo est
une infection cutanée située au niveau des plis (aisselle, aine,
nombril, les espaces entre les doigts des mains et particulièrement des
pieds). Cette inflammation cutanée est favorisée par la
transpiration et l'humidité dont les germes responsables sont :
staphylocoque, streptocoque, colibacille, corynébactérie,
trichophyton et candida albicans. Il est souvent transmissible.
j) L'orgelet
L'orgelet est un furoncle situé au niveau de la
paupière inférieure. Il se situe au niveau d'une glande
pilo-sébacée d'un cil. Provoqué par un staphylocoque, il
est favorisé la défaillance de la défense en
général mais aussi dans certains cas par le stress, la fatigue,
le suménage, le manque de sommeil, les traumatismes affectifs,
56
le tabac, l'alcool, la dépression, les maladies
immunodéprimantes et les traitements de longue durée à
cortisone.
k) L'impétigo
Situé le plus souvent au niveau du visage,
l'impétigo est d'origine bactérienne due à staphylocoque
doré ou à streptocoque. Contagieux, il touche beaucoup les
enfants de moins de 10 ans, mais peut toucher des adultes. L'impétigo
est favorisé par la préexistence de lésions
cutanées donc suite à la destabilisation des défenses de
la peau.
l) Le prurigo
Le prurigo est une infection de la peau due à un
ascarien. Touchant aussi bien les enfants que les adultes, le prurigo se
caractérise par des démangeaisons vives de la peau avec des
papules érythémateuses et vésiculeuse. La
démangeaison est telle qu'en se grattant avant toute cicatrisation, la
personne réactive l'éruption et la ré-infestation
recommence un nouveau.Il se locaise au niveau des membres et/ou du ventre du
malade.
m) La gale
Transmise par sarcoptes scabiei, un acarien, par contact
physique direct, la gale est une infestation de la peau qui touche les
individus âgés de 30 à 40 ans surtout. Très
contagieuse, elle est favorisée par les conditions de vie
précaire.
2-2-2. Les principales infections cutanées
d'origine virale
a) La varicelle
Causée par le virus varicelle-zona ou VZV, la varicelle
est une maladie infectieuse, contagieuse, infantile et éruptive. Le
virus varicelle-zona est aussi responsable du zona. Présent au niveau du
nez et de la gorge, le virus peut en être le responsable chez l'adulte
non immunisé, le nouveau-né, la femme enceinte et chez toute
personne immunodéprimée.
b) 57
La roséole
Appelée aussi exanthème, la roséole est
une éruption de taches rosées claires non saillantes que l'on
observe lorsque l'individu est atteint par certaines infections comme le
typhus, la syphilis. Elle intervient dans la plupart du temps chez le
nourrisson.
c) La rougeole
La rougeole est une maladie infantile principalement. Elle
est due à un virus du nom de paramyxovirus qui vit essentiellement chez
l'homme. Elle est caractérisée par de gros rhumes (catarrhe), de
petites papules rouges disséminées sur le corps. La rougeole est
une maladie contagieuse et transmissible par les voies respiratoires (salive)
et les yeux. Elle est l'une des principales causes de mortalité
infantile (enfant de moins de 5 ans) avec le paludisme.
d) L'herpès
Causé par herpes simplex virus (HSV), l'herpès
est une affection virale cutanée favorisée par une baisse de la
défense immunitaire de l'organisme. Contagieux, l'herpès ne peut
se guérir totalement d'où la prudence à observer avec
l'individu qui a déjà fait la maladie car il reste en dormance
dans l'organisme. L'herpès se localise au niveau des muqueuses
génitales, en général. Il favorise la transmission du
virus du Sida.
e) Le zona
Le zona est une maladie virale dû à la
réactivation du virus varicelle-zona (VZV), appelé aussi virus de
herpès zoster, le même virus que la varicelle, c'est une dermatose
localisée qui apparait après un stress brutal et une faillite
dans le système de défense de l'organisme. Il survient chez des
adultes qui ont déjà fait la varicelle. Car le virus qui a
pénétré l'organisme lors de l'apparition de la varicelle
reste en dormance dans l'organisme au niveau des ganglions nerveux.
Nous distinguons principalement trois types de zona :
- le zona abdominal, rare, c'est une forme de zona qui se
développe au niveau de l'abdomen ;
58
- le zona intercostal qui prend forme au niveau d'une côte
;
- et le zona ophtalmique qui se développe autour de
l'oeil, les lésions touchent la région de l'oeil et la
cornée.
2-2-3. Les principales infections cutanées
d'origine parasitaire
Dans le cas des parasitaires, on dira souvent infestatation
plus que infection. Il s'agit des maladies de la peau causées par
l'entremise des parasites.
a) Le pou
À la base de la pédiculose, le pou est un
insecte qui vit en particulier dans les poils de son hôte (les cheveux,
le pubis pour les adultes). Très contagieux, le pou se transmet par
contact direct, physique, par des échanges de vêtements. Le pou
est favorisé par une hygiène défectueuse.
b) La tique
Cet acarien se nourrit essentiellement du sang de son
hôte. Elle est à l'origine de certaines maladies comme la maladie
de Lyme ou borréliose. La tique est à la base aussi de
l'encéphalite (inflammation de l'encéphale et des
méningites, provoque la somnolence et des troubles nerveux) et la
rickettsiose qui se manifeste par une fièvre, des courbatures et surtout
des boutons. Elle est à la base de certains problèmes
neurologiques.
c) La filariose
La filariose est une maladie transmise par une filaire. Ce
vers vit dans le système sanguin et lymphatique de son hôte. La
filariose peut être une filariose lymphatique,
l'onchoccercose37, la filaire de médine et la
loase38.
37 Maladie parasitaire due à un onchocerque.
Elle se caractérise par des nodules sous-cutanés, des
éruptions prurigineuses et des lésions oculaires, causes de
cécité.
38 C'est une infection sous-cutanée
causée par la filaire et qui se caractérise par des
tuméfactions prurigineuses.
59
d) La bilharziose
Maladie prioritaire de l'Organisation mondiale de la
santé (Oms), la bilharziose, est un parasite qui contamine les vaisseaux
sanguins de l'homme. Elle attaque souvent les intestins, mais surtout le foie
(forme digestive), la vessie, les reins et quelque fois l'organe génital
(forme urinaire). Il existe quatre types de bilharzioses en fonction de son
siège : schistosomamansoni (foie), schistosomajaponicum (intestins),
schistosomaintercalatum (rectum) et le schistosomahaematobium (vessie, reins).
On trouve ce parasite dans les eaux douces.
2-2-4. Les principales infections cutanées dues
aux champignons
Les mycoses sont des infections cutanées
fréquentes dues à des champignons. Ces parasites peuvent vivre
sur la peau dans le corps. Ils sont pour la plupart du temps inoffensifs.
Toutefois, leur prolifération peut entraîner une mycose.
On distingue deux types de mycoses : les mycoses
superficielles ou mycoses cutanéo-muqueuses qui touchent la peau et les
muqueuses (les pieds d'athlète, la teigne, pityriasis ou dartre,
l'onychomycose ; le muguet, le dermatophytose de l'aine) et les mycoses
généralisées ou profondes, touchant le plus souvent des
personnes dont le système immunitaire ou l'organisme s'est affaibli,
sont les cas les plus graves (la cryptococcose, l'aspergillose, les candidoses,
les coccidioîdomycoses, les blastomycoses, les sporotrichoses, les
blastocystis). Parmi toutes ces affections cutanées, certaines sont plus
fréquentes dans les maisons de détention.
2-2-5. L'eczéma
L'eczéma est la maladie de la peau la plus
fréquente. « Cette affection cutanée concerne à
elle seule 30% des consultations effectuées chez les
dermatologues»39. L'eczéma de contact ou
eczéma allergique, l'eczéma atopique ou dermatite atopique et
l'eczéma par sensibilisation interne sont les principales formes de
l'eczéma.
39 Le guide de l'eczéma, [en
ligne], accessible sur
http://eczema.comprendrechoisir.com/annuaire,
consulté le 10/11/2014.
60
Les causes de l'eczéma ne sont pas toujours connues.
Cependant, l'allergie, le stress, la génétique et la
déficience immunitaire sont très souvent mentionnés.
III- Les différentes infections cutanées
en milieu carcéral
Les différentes investigations sur le terrain, nous ont
montré la présence régulière de certaines
infections cutanées.
3.1- Les principales infections cutanées
fréquentes en milieu carcéral
3.1.1- Les infections bactériennes
Les infections bactériennes présentes en milieu
carcéral sont pour l'essentiel : les furoncles, l'impétigo et les
acnés.
3.1.2- Les infections virales
L'herpès est la principale infection virale que l'on
rencontre dans la détention.
3.1.3- Les infections parasitaires
L'infection parasitaire le plus souvent rencontrée dans la
détention est la gale ou scabiose.
3.1.4- Les infections dues aux champignons
Les mycoses sont essentiellement la perlèche,
l'onychomycose40, le pityriasis et le pied
d'athlète41.
40 L'onychomycose est la mycose de l'ongle. Les
ongles atteints se déforment, prennent une coloration jaunâtre et
s'épaississent. Les ongles peuvent devenir facilement cassants. On
observe plus souvent l'onychomycose au niveau des ongles d'orteil. Cette
infection accompagne fréquemment le pied d'athlète. Elle peut
présenter des stries et des points blancs sur la surface de l'ongle.
À mesure que cette infection évolue, l'ongle peut se
déformer et devenir friable. L'ongle ne se sépare cependant pas
de son lit (peau située sous l'ongle).
41Infection fréquente causée à
la fois par un champignon et une bactérie. Elle entraîne une
exfoliation de la peau et un état d'humidité prolongée,
surtout entre les orteils. On observe parfois
61
À ces différentes infections, nous pouvons
ajouter l'eczéma de contact. L'eczéma de contact ou eczéma
d'allergiquee est « une dermite (littéralement inflammation du
derme, une des couches de la peau) qui surgit suite à un contact
répété avec un allergène. »42
3.2- Les causes de ces affections cutanées
Les infections cutanées sont dues soit à un
virus, soit à une bactérie, soit à un parasite ou soit
à un champignon. Mais elles sont favorisées par certaines
conditions :
- le manque d'hygiène et la précarité.
Une hygiène défectueuse peut faciliter l'infection et la
prolifération des germes, de même qu'un milieu précaire,
insalubre ;
- la récidive, l'irritation et le frottement permanent
sont à la base de certaines affections cutanées ;
- l'humidité est un facteur favorisant la
prolifération des agents pathogènes. Les champignons par exemple
prolifèrent plus aisément en milieu humide ;
- la chaleur peut être source de prolifération de
germes ;
- la prise de certains médicaments peut entrainer
l'apparition de certaines infections cutanées, notamment les mycoses.
L'utilisation fréquente d'antibiotiques, de
corticostéroïdes, d'immunosuppresseurs 43 et de
contraceptifs favorise en effet des infections cutanées ;
- certaines maladies comme le diabète, le sida, la
tuberculose, l'insuffisance rénale, la leucémie peuvent
entraîner la survenue d'infections cutanées de même que
l'obésité, les graves brûlures et la transplantation
d'organe ;
un blanchissement de la peau et des démangeaisons.
L'infection est contagieuse et peut être contractée par le contact
avec des fragments de peau contaminés dans les endroits publics (comme
les piscines ou les salles de douches publiques).
42
http://eczema.comprendrechoisir.com/annuaire.
43 Immunosuppresseur ou immunodépresseur est
un médicament qui supprime ou réduit les réactions
immunologiques spécifiques de l'organisme.
62
- l'âge est un facteur favorisant aussi l'apparition
d'infections cutanées. En effet, les personnes âgées sont
plus exposées à certaines infections de la peau (onychomycose)
à cause du ralentissement du processus de
régénération des tissus de la peau, de la faiblesse des
défenses du système immunitaire cutanée.
Deuxième partie :
Analyse des
données
64
CHAPITRE III : LES DONNÉES DE
L'ENQUÊTE
I. LE CONTEXTE DE L'ENQUÊTE
L'enquête s'est déroulée au camp
pénal de Bouaké. Comme tous les centres pénitentiaires, il
est régi par des règlements stricts. Toute activité doit
avoir l'aval de l'administration. Les détenus ne peuvent entreprendre
aucune activité sous la contrainte.
Les données recueillies sont le résultat du
consentement et de l'implication du détenu dans le projet. Ce qui
explique que des 299 qui se plaignaient de problème de peau, pendant
notre pré-enquête du 17 décembre 2014, seuls 250 parmi eux
ont volontairement accepté de participer à notre projet
entamé le 09 mars 2015. Les chiffres que nous donnons ici sont
essentiellement basés sur les données recueillies auprès
de ces individus.
II. LA POPULATION CARCÉRALE
Le camp pénal a reouvert ses portes officiellement le
23 mars 2013 et depuis cette date, le nombre de détenus ne cesse
d'augmenter (tableau II). Dans ce tableau, il y a plusieurs variations. Il faut
dire en réalité que les premiers transfèrements ont
commencé en décembre 2013 avec 24 détenus qui avaient en
charge le nettoyage de l'enceinte de la prison avant son ouverture
officielle.
Après l'ouverture officielle en mars 2014, le nombre de
détenus transférés des différentes maisons
d'arrêt du pays en direction du camp pénal est devenu plus
important. L'effectif n'a alors pas cessé de croître jusqu'en
janvier 2015, date à partir de laquelle, l'effectif a commencé
à se stabiliser.
Cependant, nous constatons qu'il y a eu quelques
légères baisses, au cours de cette période d'augmentation,
dues aux différentes remises de peines ou encore aux fins de peine.
400
700
600
500
300
200
100
0
Dec-13 Jan-14 Feb-14 Mar-14 Apr-14 May-14 Jun-14 Jul-14 Aug-14
Sep-14 Oct-14 Nov-14 Dec-14 Jan-15 Feb-15 Mar-15 Apr-15 May-15 Jun-15 Jul-15
Figure n° 2: Courbe évolutive de la
population carcérale du camp pénal de décembre 2013
à juillet 2015 (source greffe du camp pénal)
.
65
Mois
|
Effectif
|
Décembre 2013
|
24
|
Janvier 2014
|
19
|
Février 2014
|
17
|
Mars 2014
|
110
|
Avril 2014
|
257
|
Mai 2014
|
303
|
Juin 2014
|
380
|
Juillet 2014
|
374
|
Août 2014
|
355
|
Septembre 2014
|
442
|
Octobre 2014
|
440
|
Novembre 2014
|
551
|
Décembre 2014
|
542
|
Janvier 2015
|
641
|
Février 2015
|
590
|
Mars 2015
|
578
|
Avril 2015
|
564
|
Mai 2015
|
564
|
Juin 2015
|
560
|
Juillet 2015
|
554
|
Tableau II : Effectif du camp pénal de
décembre 2013 à juillet 2015
De 24 détenus au début, l'effectif du camp
pénal était à la date 31 juillet 2015 de 554
détenus (figure n°2)
66
2.1- Les caractéristiques de la population
carcérale du camp pénal
Le constat général est que la population
carcérale est exclusivement masculine, seuls les hommes y sont
incarcérés.
On constate aussi qu'elle est jeune. En effet, l'étude
préliminaire faite le 17 décembre 2014 auprès de
l'ensemble des détenus (508 détenus), montrait que plus de 90% de
l'effectif est constitué de personnes âgées de moins de 45
ans, la tranche d'âge la plus active de la société (tableau
III).
Âge du détenu
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Moins de 18
|
1
|
0,2%
|
De 18 à 25
|
57
|
11,2%
|
De 25 à 45
|
411
|
80,9%
|
De 45 à 60
|
33
|
6,5%
|
60 et plus
|
6
|
1,2%
|
Tableau III : Répartition des détenus par
tranche d'âge.
Cette tendance a été renforcée par les
données recueillies lors de l'étude sur les personnes qui ont une
infection de la peau. L'enquête réalisée auprès de
250 détenus souffrant de problème de peau montre que les jeunes
(de 18 à 35 ans) constituent la majorité des détenus du
camp pénal (tableau IV).
|
|
Valeurs
|
Nb. cit.
|
|
|
+ de 50
|
3
|
De 36 à 50
|
47
|
De 25 à 35
|
158
|
De 20 à 24
|
37
|
Moins 2O
5
TOTAL
250
Tableau IV : Répartition des détenus
affectés par tranche d'âge
Malgré cette relative jeunesse, la plupart des
personnes incarcérées ont à l'extérieur une
compagne, 128 sur 250 (tableau V) et seules 75 d'entre elles n'ont pas d'enfant
(tableau VI).
67
|
|
|
|
119
|
|
|
Nb. cit.
106
|
|
|
22
|
|
Célibataire
|
3
|
47,6%
|
En couple
|
250
|
42,4%
|
Situation matrimoniale
Fréq.
Marié
8,8%
Divorcé
1,2%
Tableau V : Situation matrimoniale des
détenus
TOTAL CIT.
Détenu
|
Nombre d'enfant
|
100%
Pourcentage
|
75
|
0
|
30,0%
|
78
|
1
|
31,2%
|
42
|
2
|
16,8%
|
27
|
3
|
10,8%
|
18
|
4
|
7,2%
|
03
|
5
|
1,2%
|
02
|
6
|
0,8%
|
04
|
7
|
1,6%
|
01
|
8
|
0,4%
|
Tableau VI : Les détenus ayant des
enfants
Ces données concernent aussi bien les nationaux que les
étrangers. Il est à signaler qu'au camp pénal, on y trouve
plusieurs nationalités, notamment des Ivoiriens, des Burkinabés,
Maliens et bien d'autres nationalités, toutes ouest-africaines (tableau
VI).
68
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Ivoirienne
|
159
|
Burkinabé
|
57
|
Malienne
|
20
|
Valeurs
Nb. cit.
Ghanéenne
3
Guinéenne
5
Nigériane
1
TOTAL
250
Tableau VII : Répartition des détenus par
nationalité.
Togolais
2
Béninoise
2
Libérienne
1
Nous avons observé aussi que plusieurs religions
cohabitent au sein du camp
pénal, avec une prédominance de la
communauté musulmane, 146 sur les 250
détenus concernés par cette étude (figure
3).
Religion
Animiste
Chrétien
Non réponse
Boudhiste
Musulman
2
3
3
96
146
Figure 3 : Principales religions pratiquées par
les détenus
Les détenus avant leur incarcération
exerçaient diverses activités (tableau VIII). Il y a seulement
deux (02) enseignants et trois (03) FRCI qui sont des salariés du
public, les autres exerçant pour la plupart dans le secteur informel ou
sont sans activité particulière.
69
Valeurs
|
Nb. cit.
|
Agricole
|
27,2% (
|
68)
|
Mécanique
|
14,8% (
|
37)
|
Commerçant
|
11,6% (
|
29)
|
Transport
|
10,8% (
|
27)
|
Elévage et pêche
|
9,6% (
|
24)
|
Couture et coiffure
|
4,4% (
|
11)
|
Bâtiment
|
4,0% (
|
10)
|
Bois
|
3,6% (
|
9)
|
Sans activité
|
2,8% (
|
7)
|
Boulangerie
|
1,6% (
|
4)
|
FRCI
|
1,2% (
|
3)
|
Jardinier
|
1,2% (
|
3)
|
Boucher
|
0,8% (
|
2)
|
Coordonnier
|
0,8% (
|
2)
|
Enseignement
|
0,8% (
|
2)
|
Ex-combattant
|
0,8% (
|
2)
|
Animateur
|
0,4% (
|
1)
|
Elève
|
0,4% (
|
1)
|
Enseignement arabe
|
0,4% (
|
1)
|
Footballeur
|
0,4% (
|
1)
|
Gardien
|
0,4% (
|
1)
|
Gérant de dépôt de boissons
|
0,4% (
|
1)
|
Informaticien
|
0,4% (
|
1)
|
Orpailleur
|
0,4% (
|
1)
|
Photographe
|
0,4% (
|
1)
|
Tradi-praticien
|
0,4% (
|
1)
|
TOTAL
|
100% (250)
|
Tableau VIII : Activités des détenus
extra-muros.
Une autre caractéristique de cette population
carcérale est le faible niveau d'instruction (figure 4). Nous constatons
que seuls 45 détenus ont atteint le cycle secondaire de l'enseignement
formel et que 88 des détenus ne savent ni lire, ni écrire.
88
50 2
Niveau scolaire
67
43
Primaire Secondaire
Supérieur Ecole coranique Non
scolarisé
70
Figure 4 : Niveau scolaire des
détenus
En général au camp pénal de
Bouaké, seuls les détenus condamnés à de lourdes
peines y séjournent, c'est-à-dire des condamnés de 5 ans
à la prison à vie. Mais depuis la crise de 2001, les choses ont
évolué. Actuellement, nous y retrouvons des condamnés de
toute peine (tableau IX).
|
|
|
Nb. cit.
|
Valeurs
|
|
25
|
1
|
20
|
102
|
15
|
7
|
10
|
123
|
8
|
1
|
7
|
2
|
5
|
13
|
Tableau IX : Durée de
l'emprisonnement
2
1
TOTAL
250
Cependant, les condamnés à une peine
supérieure ou égale à 10 ans représentent
encore le plus grand contingent.
71
Condamnées pour des délits divers (tableau X),
ces personnes déclarent pour la plupart être à leur premier
emprisonnement44 (figure 5).
Délits
|
Nb. cit.
|
Pourcentage
|
Délits de vol
|
205
|
82,0%
|
Attentat à la pudeur
|
20
|
8,0%
|
Délits de stupéfiants
|
15
|
6,0%
|
Recel d'objets volés
|
02
|
0,8%
|
Délits relatifs au meurtre
|
06
|
2,4%
|
Délits de détention d'arme à feu
|
02
|
0,8%
|
TOTAL
|
250
|
100%
|
Tableau X : Nature des infractions commises par les
détenus
Oui
NON
30
Avez-vous déjà fait la prison?
220
Figure 5 : Taux de récidive
Les vols en réunion représentent plus des deux
tiers des infractions commises. Ces vols sont de divers ordres. On a des vols
avec effraction, avec ou sans armes. Ils portent sur plusieurs objets
(portables, motos, électro-ménagers). L'attentat à la
pudeur, la culture, la détention et la consommation de
stupéfiants sont parmi les infractions les plus recensées au camp
pénal. On a parmi les détenus, des individus qui ont
assassiné ou ont essayé de le faire.
2.2- La détention et ses effets
Le camp pénal est réputé pour ses
qualités de détention très rigoureuses. Les détenus
dans leur grande majorité abondent dans ce sens. En effet, la
quasi-totalité des individus (238) qui y sont en détention
trouvent que leurs conditions de vie
44À l'absence d'information fiable au greffe, nous nous
sommes basés sur les déclarations des détenus. Il est
à signaler que les extraits d'écrou qui ont accompagné les
détenus pour leur transfèrement, mentionnent très rarement
toutes les informations relatives au détenu.
72
sont difficiles (figure 6) : 104 trouvent que le camp
pénal est plus difficile que ce à quoi ils s'attendaient ; 134
trouvent que c'est difficile comme toute prison. Toutefois, certains
détenus (11) pensent que les conditions de vie sont acceptables,
qu'elles sont meilleures comparativement à leur maison d'arrêt
d'origine.
Perception de la détention au camp
péna
11
1
134
104
très dures
dures
supportables
sans opinion
Figure 6 : Opinion sur les conditions de
détention
2.3- Les rapports avec l'extérieur
L'extérieur est constitué par la famille, les
amis et les visiteurs de prisons (Ong, confessions religieuses)
Selon les données recueillies, seuls 30% des
détenus ont reçu la visite de quelqu'un de l'extérieur
depuis leur incarcération au camp pénal contre, 70% qui n'ont
rien reçu. La famille (père, mère, frère ou soeur,
conjointe et enfant) constitue l'essentiel des visiteurs (figure 7).
175
13
26
37
6
7
1
3
4
1
Aucune visite reçue
Père
Mère
Frère/Soeur
Enfant
Oncle ou tante
Amis
grand-mère
Conjointe
beau frère
Visiteurs
Figure 7 : Principaux visiteurs
73
Les 30% qui ont reçu de la visite ne sont pas tous
logés à la même enseigne. En effet, 0.8% reçoivent
régulièrement la visite d'un parent et un peu plus de 16%
reçoivent quelques rares fois de la visite.
Comme nous le constatons, plus de la moitié des
détenus n'ont jamais vu un parent depuis qu'ils sont enfermés au
camp pénal. Pour certains, cela remonte depuis leur prison d'origine.
Les visiteurs qui viennent voir le détenu, lui
apportent la plupart du temps de la nourriture ou les choses qui peuvent lui
servir à faire soi-même la cuisine, notamment le riz, le garrie,
l'huile, les légumes, le sucre et le lait. Certains apportent des habits
et d'autres de l'argent. Rares sont ceux qui apportent des produits
d'hygiènes (figure 8). L'assistance des parents est fonction des besoins
exprimés par les détenus. La plupart des détenus mettent
l'accent sur la nourriture que sur les produits tels que le savon, l'eau de
javel, les pâtes dentifrices, etc. Souvent, ce sont les parents
eux-mêmes qui font ce choix, supposant que le détenu mange mal en
prison.
Nature du soutien
Aucun visiteur reçu 175
Nourriture 61
Habits 22
Argent 41
Produits d'hygiène 1
Figure 8 : Assistance des parents
III- LES DÉTENUS ET L'HYGIÈNE
Les prisons sont reconnues pour être des endroits
insalubres. Le camp pénal ne manque pas à ce constat
général. Les données recueillies au cours de notre
étude montrent qu'effectivement, la salubrité n'est pas la
priorité des détenus : hygiène corporelle et
environnementale.
74
Les détenus déclarent se laver pour la
quasi-totalité d'entre eux. Sur les 250 enquêtés, seuls
deux (02) disent ne pas se laver régulièrement (figure 9).
Hygiène corporelle
2
NON
OUI 248
Figure 9 : Nombre de détenu se lavant
régulièrement
Mais à la question s'ils pensent se laver correctement,
ce chiffre baisse. Cette fois-ci, seulement154 détenus pensent se laver
correctement sur les 250 (figure 10).
OUI
NON
Regard sur l'hygiène corporelle
96
154
Figure 10 : Perception de l'hygiène
corporelle
Leur vision de la propriété est relative. En
effet, au regard des données relatives aux produits et matériels
utilisés pour la toilette, nous nous apercevons que très peu se
lavent correctement en réalité. 118 détenus n'utilisent
rien d'autre pour se laver, à part l'eau (pas de savon, ni
d'éponge) ; 33 utilisent une éponge sans savon ; 08 se lavent
avec du savon sans éponge ; et seuls 89 détenus utilisent le
savon et une éponge pour se laver (figure 11).
Matériel
Non réponse
Eau
Eau+savon
Eau+éponge
Eau+savon+éponge
2
118
8
33
89
Figure 11 : Produits et matériels pour se
laver
Au regard de ces chiffres et des règles
d'hygiène connues, nous affirmons qu'en réalité seuls 89
détenus se lavent correctement.
75
Un début d'explication pourrait être le fait que
les détenus reçoivent très rarement le savon, produit
essentiel au maintien d'une bonne l'hygiène corporelle et
vestimentaire.
L'administration est le principal fournisseur en produits
d'entretien et d'hygiène. 150 détenus, soit plus de la
moitié, ont une fois au moins reçu du savon de l'administration
du camp pénal (figure 12).
Fournisseur
Aucun savon reçu 87
Administration
Famille
AEEP 1
11
50
150
Figure 12 : Principaux fournisseurs des détenus
en savons
Codétenu
Outre l'administration, les codétenus, la famille et
certains agents d'encadrement constituent les autres fournisseurs en produits
de toilette notamment le savon.
Au-delà de l'hygiène corporelle et
vestimentaire, l'hygiène environnementale pose aussi problème. Le
camp pénal comprend cinq grandes cours. À part la cours des
assimilés (bâtiment A), les autres n'ont pas de toilettes
extérieures. C'est dire que dans les autres cours (bâtiments B, C,
D et E), les toilettes sont à l'intérieur des cellules. Chaque
cellule comprend pour une cinquantaine de détenus, un WC et une
douche.
Pour le nettoyage de leurs toilettes, les détenus sont
fournis en matériels et produits par l'administration. Les balais,
brosses et serpillières sont très souvent distribués aux
détenus. Ce qui n'est pas le cas des produits comme l'eau de javel et le
savon en poudre. Selon les informations recueillies auprès de certains
responsables des détenus, ils ont recours souvent à des petites
cotisations pour s'acheter certains produits (savon en poudre, eau de
javel).
76
Cette situation fait que 25.6% seulement des détenus
nous disent nettoyer leur cellule avec du savon en poudre et de l'eau de javel
(tableau XI).
|
|
|
|
7
|
|
|
95
|
|
Matériel de nettoyage
|
Nb. cit.
78
|
Fréq.
|
|
6
|
|
Balaie
|
64
|
2,8%
|
Balaie+eau
|
250
|
38,0%
|
Eau+omo
31,2%
Eau+javel
2,4%
Tableau XI : Produits et matériels de nettoyage
des cellules
Eau+omo+javel
25,6%
TOTAL CIT.
100%
Ces données montrent également que 2.8% balaient
simplement leur cellule et 38% nettoient la leur en utilisant uniquement de
l'eau. 31.2% et 2.4% utilisent respectivement du savon en poudre et de l'eau de
javel pour le nettoyage de leur cellule.
Il faut dire que ces faibles chiffres pourraient s'expliquer
par le manque de sensibilisation des détenus à l'hygiène.
En effet, la quasi-totalité des détenus affirment ne pas avoir
été sensibilisés à l'hygiène (tableau
XII).
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Sensibilisateurs
|
241
|
|
Aucune sensibilisation
|
0
|
96,4%
|
Service médical
|
1
|
0,0%
|
Les AEEP
|
8
|
0,4%
|
Travailleurs sociaux
|
250
|
3,2%
|
TOTAL CIT.
100%
Tableau XII : Niveau de sensibilisation des
détenus à l'hygiène
Les rares fois que certains ont pu être
sensibilisés, cela a été par les travailleurs sociaux et
des agents d'encadrement. Ces chiffres montrent également qu'il n y a
77
pas de sensibilisation de masse, c'est individuellement que
les détenus sont conseillés.
Les chiffres évoqués ci-dessus justifient la
prolifération de certaines pathologies dont les infections de la
peau.
3.1- Les détenus et les infections
cutanées.
Le registre des consultations du service médical du
camp pénal montre qu'entre décembre 2013 et décembre 2014,
il y a eu 3092 consultations pour divers motifs dont 425 pour des raisons en
rapport avec la peau, soit 13.74% des consultations effectuées (voir
chapitre I, les principales pathologies en milieu carcéral). Comme ces
chiffres le soulignent, les pathologies cutanées sont un problème
de santé en milieu carcéral.
Les taches sur le corps, les démangeaisons, les
lésions des parties génitales, les insomnies dues aux
démangeaisons, le mal-être sont autant de signes des
problèmes de peau dans la prison. Malgré tous ces
symptômes, près de 73% d'entre ceux qui en souffrent, disent
ignorer les causes de leur maladie (tableau XIII).
|
|
|
|
198
|
|
|
Nb. cit.
14
|
Fréq.
|
Les causes
|
33
|
|
Ignorance des causes
|
8
|
72,3%
|
Habits sales
|
2
|
5,1%
|
Mauvaise hygiène corporelle
|
2
|
12,0%
|
Environnement sale
|
10
|
2,9%
|
Sueur
|
7
|
0,7%
|
Chaleur
|
274
|
0,7%
|
Manque de savon
3,6%
Manque de vitamine
2,6%
TOTAL CIT.
100%
Tableau XIII : Connaissance des causes des infections
cutanées.
51 détenus pensent connaître les causes de leur
problème de peau. Ils citent pour cela diverses raisons comme la
mauvaise hygiène corporelle (12%), les habits
78
sales (5.1%), le manque de savon (3.6%), l'environnement
(2.9%), le manque de vitamine (2.6%), la sueur (0.7%) et la chaleur (0.7%).
Pour se soulager ou se soigner, 190 détenus malades,
soit 76% ont reçu les premiers soins au dispensaire de la prison
(tableau XIV).
|
Nb. cit.
|
Fréq.
|
Justification du refus
|
189
|
|
Premiers soins à l'infirmerie
|
60
|
75,6%
|
Aucune soins
|
1
|
24,0%
|
Ordonnance payée par les parents
|
250
|
0,4%
|
TOTAL CIT.
100%
Tableau XIV : Nombre de détenus ayant
reçu les premiers soins
Les 60 détenus restants n'ont pas jugé bon de se
rendre au dispensaire. La méfiance vis-à-vis du service
médical, l'inhabitude de la médecine moderne, etc sont entre
autres les raisons évoquées par ces détenus pour se
justifier.
Quels sens peut-on donner à l'ensemble de ces
données ?
79
CHAPITRE IV : L'INTERPRÉTATION DES
DONNÉES COLLECTÉES
Les données que nous avons collectées peuvent
nous permettre de faire certaines interprétations et envisager par la
suite des actions.
I- LA POPULATION CIBLE
La population sur quiporte notre étude, a plusieurs
caractéristiques.
1.1- Une population jeune
Les moins de 35 ans représentent plus de 80% de la
population cible. Cette tranche d'âge est le socle d'une nation, son
futur. Par ailleurs, c'est l'âge de la maturité, de la raison, du
plein épanouissement. C'est l'âge auquel l'individu prend soin de
lui, il met un accent particulier sur son habillement, sa toilette, sa
présentation générale. Ce qui n'est pas le cas dans les
pénitenciers.
Généralement, la peau est pour l'individu un
miroir à travers lequel il perçoit la différence entre lui
et les autres et à travers lequel les autres le jugent également.
Ce que confirme Jean-François Amadieu (2002) en disant que nous sommes
jugés sur la base de notre apparence. La beauté, l'apparence
déterminent certaines décisions, par exemple l'accès
à l'emploi. La beauté est selon lui « un
marqueur», un élément « de la discrimination
et de la reproduction des inégalités. » Cette
discrimination commence dès le berceau selon Jean-François
Amadieu. C'est pour mieux affronter cette discrimination que nous avons
tendance à prendre soin de notre corps et plus spécifiquement de
notre peau.
Malheureusement, nous constatons que ce n'est pas un enjeu en
milieu pénitentiaire faute de moyen ou par manque de volonté ou
encore c'est l'expression du « je-m'en-foutisme. »
80
1.2- Un faible niveau scolaire
62% de cette population a un niveau scolaire inférieur
ou égal au cycle primaire avec en son sein un grand nombre
d'analphabètes, des personnes qui ne savent ni lire, ni
écrire.
L'éducation est un élément important de
la socialisation de l'individu. Dédy Séri et Tapé
Gozé (1995) ne disaient pas autre chose en écrivant que «
l'éducation est un processus de modelage qui s'exerce
fondamentalement sur la génération des prûnés par
celle des aînés en vue de la formation et de l'intégration
des premiers dans la société des adultes. »
L'éducation permet d'acquérir le savoir-faire
mais surtout le savoir-être. Ces savoirs permettent une meilleure prise
de conscience de soi, permettent de savoir se comporter en
société et en prenant soin de soi.
De nombreuses études démontrent un rapport entre
le niveau d'éducation, le niveau scolaire et l'état de
santé de l'individu. Plus on est instruit, plus on a une santé
meilleure et plus on vit un peu plus longtemps. Si on manque des choses les
plus élémentaires, la santé devient alors secondaire. On
ne s'en soucie que lorsque le pire arrive. Pour le prisonnier comme pour
l'individu en liberté, cela est la même réalité.
1.3- Une population évolutive et cosmopolite
Les informations que nous avons collectées permettent
d'affirmer que l'effectif est en constant évolution et cosmopolite.
Régulièrement, au camp pénal, arrivent
des détenus de tous les pénitenciers du pays. De décembre
2013 à janvier 2014, en un peu plus d'un an, il y a eu huit (08)
transfèrements, dans chaque convoi, entre 50 et 100 personnes environ
sont transférées. Cette évolution constante de la
population peut avoir un impact sur les actions qui sont entreprises à
l'intention des détenus.
81
En effet, lorsqu'un convoi arrive, le service médical
effectue une consultation obligatoire de l'ensemble des arrivants. À ces
consultations, des cas d'infections cutanées sont toujours
découverts.
De plus, il y a des mutations incessantes à
l'intérieur de la prison. Ces mutations arrivent lorsqu'il y a des
arrivées et pour des impératifs sécuritaires. Lorsque des
détenus arrivent nouvellement, ils sont mis ensemble dans une cellule,
le temps de les observer, avant leur répartition dans des cellules
où étaient déjà les anciens. Cette
répartition donne lieu à un bouleversement général
à l'intérieur des bâtiments (changement de cellule) et
entre les bâtiments (changement de bâtiment). Parfois même,
ce sont des cellules entières qui sont mutées.
Hormis les mutations dues aux arrivées, il y a souvent
des changements causés par les cas d'indiscipline. Dès qu'un
détenu commence à perturber la quiétude de la cellule, les
responsables de la sécurité intérieure se chargent de
l'envoyer dans une autre cellule, si cela s'avère inefficace alors il
est envoyé en cellule disciplinaire. Ce remue-ménage gêne
considérablement toutes les initiatives en matière de
santé, de sensibilisation. Le détenu qui était
encadré et suivi par un pair et envoyé dans la cellule où
l'encadrement est relâché.
L'autre constat concernant cette population est qu'elle se
compose de neuf nationalités, de plusieurs groupes ethniques et
religieux. Ces individus n'ayant pas la même perception de
l'hygiène peuvent poser des difficultés dans les actions de
salubrité et d'assainissement. Pendant que des détenus prennent
soin de leur environnement, d'autres ont des comportements et attitudes
contraires. Toutefois, chose qui contribue à décourager ceux qui
s'investissent dans les actions de propreté.
1.4- Un temps d'emprisonnement très long
La durée de l'emprisonnement est une difficulté
à surmonter. La durée moyenne d'emprisonnement au camp
pénal est de 14 ans. Quel comportement peut avoir une personne qui doit
passer tout ce temps en prison ? On a remarqué que la plupart des
détenus sont animés par une désinvolture, un abandon de
soi. Prendre
82
soin d'eux-mêmes n'est pas leur souci majeur surtout
quand il reste au détenu une très longue peine. La
négligence, le désespoir empêchent toute initiative chez
les détenus de longue peine. Entreprendre des activités pour ou
avec un tel individu demande beaucoup de préparation, surtout de
persévérance et de patience.
Généralement, c'est lorsque le détenu est
presqu'en fin de peine que son style commence à changer. Il commence
à faire plus attention à lui. Comme il sait que sa
détention est cachée aux voisins, à la communauté,
il voudrait arriver chez lui avec une bonne mine, sans trace de son
incarcération.
Quant aux autres, on entend souvent des propos comme « je
vais me laver pour aller où ? », « une fois me suffit pour la
journée », « je ne suis pas là pour balayer » ou
encore « c'est le travail des hygiènes.45 »
II- LES RELATIONS SOCIALES DU DÉTENU
L'homme est caractérisé par sa
sociabilité. Mais dès qu'on franchit les portes d'un
pénitencier, cette spécificité humaine a tendance à
se fragiliser. Cette fragilisation se voit aussi bien dans les relations du
détenu avec son nouvel environnement ainsi qu'avec ceux qu'il a
laissé à l'extérieur (famille et amis).
2.1- Les rapports du détenu dans la prison
À l'intérieur de la prison, le détenu est
contraint à un régime qui l'infantilise. Comme un enfant, tout
lui est dicté : les heures du coucher et du réveil (8h - 17h), la
nourriture. Tout est soumis au contrôle, du premier au dernier jour
d'incarcération. Il donne très peu d'avis ou pas du tout sur ce
qu'il le concerne.
L'une des rares fois où il n'est pas soumis à
une quelconque pression, c'est pour sa toilette. Pourtant, dans les
règles édictées par l'Onu, notamment la règle 15 de
l'Ensemble des règles minima pour le traitement des
détenus, il est exigé aux « détenus la
propreté personnelle » et qu' « ils doivent disposer
d'eau et des
45 Les hygiènes sont des détenus qui
sont chargés de la propreté, de l'assainissement du cadre de
vie.
83
articles de toilettes nécessaires à la
santé et à leur propreté. » Il n'existe pas dans
la prison un dispositif pour l'application d'une telle règle.
Néanmoins, nous reconnaissons que quelques rares fois
du savon a été distribué aux détenus pour leur
toilette même si cela s'avère très peu pour instaurer chez
le détenu une hygiène irréprochable. Le savon qui est
donné doit servir à la fois pour la toilette et la lessive.
Nous voyons donc par-là, la difficulté pour les
détenus de se laver convenablement et d'avoir des habits propres. Et
c'est certainement pour cette raison que nous avons un nombre
élevé de détenu qui disent se laver avec simplement de
l'eau et d'autres avec une éponge. Cette situation ne contribue en
aucune manière à assurer une hygiène saine aux
détenus et les empêcher de contracter des maladies à
l'image des infections de la peau.
2.2- Les relations avec l'extérieur
Le constat que nous avions fait, c'est que très peu de
détenus reçoivent de la visite. Cela pourrait s'expliquer par le
fait que pour de nombreuses personnes « être prisonnier, c'est
être à moitié mort. » Pour des familles, le
détenu les a déshonorées, il «a mis la honte sur
elles» et elles ne veulent pas que cela se sache. La détention est
alors cachée de l'entourage, des voisins, de la communauté. Elles
sont les seules (père, mère, frère ou soeur,
épouse, enfant, tante ou oncle) se rendre à la prison. Ces
personnes mêmes si elles ne sont pas nombreuses à faire le
déplacement constituent une assistance, un réconfort inestimable
pour le détenu.
Une autre raison pour justifier la non-présence des
familles à côté des détenus est la distance. La
majorité des détenus proviennent d'autres régions. Ils ont
été éloignés de leur famille respective, de
l'assistance quotidienne des leurs. Là-bas, certains recevaient de la
visite chaque semaine mais depuis leur arrivé au camp pénal,
personne n'est venu les voir. Cette situation a pour corollaire la
réduction ou l'arrêt de l'assistance (alimentaire et produits
divers) que les familles apportaient à leurs proches. Pour couronner le
tout, il n'y a pas de moyen de
84
communication permettant aux détenus de rester en
contact avec les leurs. Pourtant, dans la plupart des prisons d'où ils
viennent, ils avaient en leur possession des téléphones mobiles.
Ce qui leur permettait de joindre régulièrement les parents pour
poser directement leurs préoccupations. Au camp pénal, pour des
menues choses, il faut passer par les travailleurs sociaux ou par les agents
d'encadrement pour transmettre une commission, demander quelque chose.
Nous disons aussi que l'éloignement, le manque de
communication impactent suffisamment sur les relations avec leur conjointe
(épouse ou concubine) à cause du faible taux des détenus
mariés et celles qui osent franchir le seuil du portail de la prison et
rendre visite à leur conjoint. La vie de couple ne résiste pas
longtemps à la vie carcérale car il est extrêmement
difficile de maintenir des relations familiales.
La rupture, l'isolement ont donc une incidence sur la vie du
détenu tant au niveau affectif, moral, psychologique qu'au niveau
matériel et financier. C'est au cours des visites que de nombreux
détenus reçoivent l'appui matériel, financier et
psychologique des leurs.
Le manque de moyens ou sa rareté ne permet pas au
détenu d'avoir ce qu'il faut pour son hygiène, pour prendre soin
de lui.
2.3- L'inexistence d'activités dans la prison
Un regard sur des détenus dans la cour montre
clairement qu'il y a un manque criant d'activités. Ce manque
d'activités pousse évidemment ou renforce inéluctablement
le détenu dans la lassitude, la passivité. Il retire en lui toute
envie de se motiver pour une nouvelle activité surtout quand celle-ci ne
lui procure aucun avantage lucratif comme ceux qui vont en corvée ou
dans la cuisine. En effet, ces derniers ont des avantages divers. Par exemple,
ceux qui sont à la cuisine ne manque jamais de nourriture (ils sont
l'objet de toutes les convoitises de la part de leurs camarades), ceux qui vont
en corvée extérieure (maraîcher, rizière, champ
d'ignames, de manioc) non seulement sortent tous les jours de la
85
prison, également, ils ont droit souvent à la
cigarette, ils font du commerce avec le bois qu'ils ramènent à
chacune de leur sortie, renforçant par la même occasion leur
autonomie financière. Ils peuvent ainsi s'acheter du savon et d'autres
articles. La pratique d'activités socio-cuturelles (les cours
d'alphabétisation, de lecture, les ateliers de chant, de danse) n'existe
pas à l'intérieur de la prison. Or, il est prouvé que ces
activités contribuent à l'amélioration de l'estime et
l'affirmation de soi. Ces activités développent les
capacités d'adaptation, de socialisation et le sens de la
responsabilité. Par conséquent, elles améliorent l'image
de soi en faisant le plus attention à son hygiène.
III- LES RAPPORTS DES DÉTENUS À
L'HYGIÈNE
Au niveau de l'hygiène corporelle, de l'hygiène
vestimentaire et de l'hygiène environnementale, les détenus ne se
comportent pas de la même manière.
3.1- Le rapport des détenus à
l'hygiène corporelle
L'eau est la denrée la plus accessible au camp
pénal si nous considérons les réponses données par
les détenus. Tous en ont accès. Seulement son utilisation pour la
toilette diffère d'un détenu à un autre. Elle
représente pour 60.4% des détenus le seul moyen pour leur
hygiène corporelle même si certain ont des éponge. Ils
n'ont pas de savon.
Vues les conditions dans lesquelles ils vivent, nous disons
que cela est inefficace. Et les résultats d'une telle pratique se voient
avec le fort taux d'infections cutanées dans la prison. La grande
majorité étant exposée aux infections, les 3.5% qui se
lavent tous les jours et correctement sont tout aussi exposés. Avec la
promiscuité (50 détenus par cellule), il est impossible de
s'éviter, de ne pas être en contact physique. De nombreuses
infections se transmettant de cette manière, le risque devient grand
pour les personnes saines.
86
3.2- Le rapport des détenus à
l'hygiène vestimentaire
Ce rapport découle évidemment de leur rapport
à l'hygiène corporelle. Avant de laver ses habits, il faut en
avoir pour sa toilette. Ce qui n'est malheureusement pas le cas des centaines
de détenus. Certains pour se donner bonne conscience font la lessive
sans savon ; une pratique qui n'a pas l'effet escompté. Beaucoup par
contre ne se gênent pas, les habits ne sont pas lavés.
Un autre problème rencontré par les
détenus pour avoir une bonne hygiène vestimentaire est
l'impossibilité pour eux de se changer. De nombreux détenus ne
possèdent pas de suffisamment d'habits pour se changer, les habits sont
pour la plupart du temps sales et en mauvais état. Il est difficile dans
ce cas de maintenir une saine hygiène corporelle et vestimentaire.
3.3- Le rapport des détenus à
l'hygiène environnementale
L'hygiène environnementale contribue elle aussi
à l'hygiène générale de l'individu et il est
important d'en prendre soin pour l'esthétique et pour la santé.
Un cadre de vie sale induit sur la santé de ceux qui y habitent.
Au camp pénal, les détenus font l'effort de
maintenir le leur vivable. Seuls 2.8% ne font que balayer leur cellule et
nettoyer les toilettes avec uniquement de l'eau. Ils sont, cependant, plus de
60% à utiliser divers produits pour le nettoyage de la cellule et des
toilettes. Le constat, c'est que ces actions ne sont pas
régulières et soutenus par l'administration.
Par ailleurs, il faut signaler qu'à part le
bâtiment A, il n'y a pas de toilettes extérieures dans les autres
bâtiments. Les détenus à longueur de journée
utilisent les toilettes internes. Cette sur-utilisation entraine une
humidité permanente des cellules donc deviennent des endroits propices
à la prolifération des pathogènes et provoque l'usure du
matériel (robinets). À l'intérieur, il n'y a qu'une douche
et un WC par cellule.
En contact avec les moisissures, les germes et la
promiscuité aidant, il est évident que les infections
cutanées soient difficiles à en guérir.
87
IV- UN FAIBLE NIVEAU DE SENSIBILISATION
Moins de 4%, c'est le pourcentage de détenus
enquêtés qui ont une connaissance des causes de leurs
problèmes de peau. Il faut dire ici que depuis l'ouverture du camp
pénal, il n'y a jamais eu de sensibilisation de masse des détenus
quant au respect des règles d'hygiène. Ceux qui l'ont
été, ont seulement reçu des conseils de travailleurs
sociaux. Ce sont des actes isolés et non coordonnés qui n'ont pas
un impact significatif sur l'ensemble de la population carcérale.
Connaissant le rôle et la valeur des consignes
officielles en milieu carcéral, ce qui ne provient pas de
l'administration a de fortes chances de ne pas aboutir. Quand des consignes
proviennent de la direction ou de la sécurité intérieure,
elles ont une valeur obligatoire et dont le non-respect peut entraîner
des sanctions.
Une sensibilisation contribue à donner aux
détenus des informations sur la maladie, ses causes, ses
conséquences et surtout comment faire pour l'éviter. Une
sensibilisation efficace nécessite alors une mise à niveau des
formateurs, une maîtrise du sujet. Lorsque les informations sont
divergentes, elles donnent lieu à des interprétations multiples,
souvent erronées avec une inefficacité à la fin.
En matière de santé, il est plus
qu'impérieux que les populations aient la même information, la
même connaissance de la maladie pour mieux s'en prémunir.
Le manque de sensibilisation est éloquent avec le
pourcentage des détenus interrogés qui disent ne pas savoir ce
qui est à la base de leurs problèmes de peau. Ils sont 72.3%
quise lavent régulièrement et malgré cela ils ont des
problèmes cutanés. Leur analyse prouve qu'ils n'ont pas
suffisamment d'informations sur les modes de transmission, les causes de ces
maladies. Par ailleurs, ceux qui en savent un peu, ont des propositions peu
convaincantes.
Nous déduisons alors que le manque de connaissance de
ces maladies provoque des attitudes peu recommandables comme ceux qui ne
trouvent pas nécessaire d'aller à l'infirmerie (24%) pour se
faire consulter. Leur comportement les expose
88
à des conséquences encore plus graves de ces
infections mais également d'exposer leurs codétenus à ces
mêmes pathologies.
Toute chose, qui, si rien n'est fait participera au maintien
ou à la prolifération des pathologies de la peau au sein de la
prison.
Troisième partie : Le
projet de lutte contre
les infections
cutanées
au camp pénal de
Bouaké
CHAPITRE V : LE VOLET
90
CONCEPTIONNALISATION DU PROJET
I- CONTEXTE ET JUSTIFICATION
La Côte d'Ivoire depuis la fin de la crise
postélectorale, tente de se donner une nouvelle image. Elle aspire
à l'émergence socio-économique d'ici l'an 2020. Tous les
secteurs d'activités font leur mû, le bilan du passé et
mettent en place des stratégies nouvelles. L'État de Côte
d'Ivoire dans cette perspective a élaboré un Plan national de
développement (Pnd) en 2012 qui trace les grandes orientations de la
politique nationale en matière de développement. Le
système judiciaire, pilier de ce redressement et du développement
a un rôle plus que primordial à jouer. Une nation émergente
a besoin nécessairement d'un système judiciaire de qualité
et respectueux des droits de l'homme. Dès lors, le ministère de
la Justice et des Libertés publiques a entrepris des réformes
couvrant tous les secteurs d'activités parmi lesquelles l'administration
pénitentiaire.
Parmi les axes stratégiques retenus et qui se
déclinent en plusieurs objectifs spécifiques,
l'amélioration des conditions de détention, l'humanisation du
milieu carcéral est une priorité. Cette disposition est l'un des
éléments indispensables des droits de l'homme en milieu
carcéral que les Nations unies promeuvent depuis la Charte des Nations
unies de 1945 et La Déclaration universelle des droits de l'homme de
1948.
Les droits de l'homme en milieu carcéral imposent aux
états membres dont la Côte d'Ivoire, de garantir un meilleur
état de santé physique et mental possible aux détenus.
Le camp pénal, l'un des plus grands
établissements pénitentiaires du pays avec la Maca, doit
être un exemple dans cette mouvance d'humanisation du milieu
carcéral et la prise en charge médicale des détenus.
Depuis longtemps, certaines pathologies font l'objet d'une attention
particulière de la part de l'administration
91
pénitentiaire et sanitaire du pays (tuberculose, VIII,
IST, paludisme) alors qu'une pathologie comme les infections cutanées,
l'une des pathologies les plus répandue en prison ne l'est pas. C'est
pourquoi, nous avons décidé de nous pencher sur cette pathologie
et voir quelle solution nous pouvons apporter pour réduire ces effets en
milieu carcéral en général et particulièrement au
camp pénal de Bouaké. Pour apporter une réponse locale
à la lutte contre cette pathologie, nous proposons le présent
projet en vue de lutter contre les infections cutanées, réduire
leur impact sur tous les détenus qui en souffrent en
général et particulièrement chez au moins une cinquantaine
de détenus. Il s'agira de :
- convaincre l'administration pénitentiaire de
l'utilité à mener une action en faveur des détenus ;
- avoir l'appui et le soutien de l'administration et de
certaines organisation non-gouvernementale ;
- donner des micros enseignements aux détenus souffrant
d'infection cutanée du camp pénal ;
- fournir aux détenus les informations sur les
pathologies de la peau et les moyens de s'en prévenir ;
- convaincre les parents de leur apporter leur soutien
financier et matériel ; Fournir des produits d'hygiènes et
d'entretien aux détenus ;
- former une équipe d'hygiène et santé.
II- LES OBJECTIFS DU PROJET
2.1- L'objectif général
- Réduire la morbidité liée aux infections
cutanées en milieu carcéral ;
2.2- Les objectifs spécifiques
De manière spécifique, il s'agit pour nous de :
- sensibiliser les détenus sur l'importance de
l'hygiène (corporelle,
vestimentaire et environnementale) ;
- éduquer les détenus sur les techniques de lavage
convenable ;
92
- fournir du matériel d'hygiène et d'entretien aux
détenus ;
- montrer aux détenus comment entretenir son
environnement (cellule, cour) ;
- sensibiliser puis former une équipe d'hygiène
santé pour pérenniser les actions ;
- aider 50 détenus à améliorer leur
état de santé.
III. L'IDENTIFICATION DES CIBLES
Le projet concerne toutes les personnes qui ont un rapport
avec la détention, le camp pénal. Afin d'être efficace et
atteindre chacune de ces cibles, une catégorisation s'impose. Nous avons
catégorisé les cibles en trois groupes :
- la cible primaire. Elle comprend les détenues ayant
une infection cutanée ; - la cible secondaire qui se compose de
l'ensemble des autres détenus (non malades) ;
- la cible tertiaire. Elle regroupe toutes les personnes ou
organisations qui peuvent influencer d'une manière ou d'une autre le
comportement des détenus. Ici, nous retrouvons, l'administration, les
agents d'encadrement, les Ong, le service médical, les travailleurs
sociaux et les autorités administratives de la justice et de la
santé.
IV. LES ACTIVITÉS À RÉALISER
Objectifs
|
Activités planifiées
|
Sensibiliser les détenus
sur l'importance de
l'hygiène (corporelle,
vestimentaire et
environnementale)
|
- obtenir l'accord des détenus ayant des
problèmes de peau à participer au projet ;
- obtenir l'accord du service de la sécurité
pour organiser les activités.
- organiser au moins 3 micros enseignements
sur l'hygiène par cellule ;
|
Organiser des séances
|
- obtenir l'accord du service de la sécurité
pour
|
93
de techniques de bonnes
pratiques d'hygiène
corporelle pour les
détenus ayant des problèmes de peau.
|
organiser les activités ;
- réunir le matériel pour la séance ;
- réunir des 50 détenus ;
- faire des démonstrations sur les techniques
d'entretien corporel
|
Fournir du matériel
d'hygiène et d'entretien aux différentes
cellules
et aux détenus indigents.
|
- fournir du savons ;
- fournir de l'eau de javel pour l'entretien des
cellules ;
- distribuer le matériel aux détenus.
|
Montrer aux détenus
comme entretenir son environnement (cellule, cour)
|
- visiter les cellules ;
- montrer aux détenus les causes des pathologies ;
- sensibiliser sur les impacts du manque d'hygiène ;
- montrer les techniques pour maintenir les cellules et la
cour propres.
|
Sensibiliser puis former
une équipe d'hygiène
santé pour pérenniser
les actions
|
- avoir l'accord d'au moins trois détenus en vue
de constituer une équipe hygiène santé
par bâtiment ;
- former les membres des équipes ;
- présenter les membres des équipes aux
détenus.
|
Aider certains détenus à accéder à
des soins.
|
- faire le bilan des infections cutanées persistant ;
- faire le plaidoyer auprès de bonnes volontés
pour prendre en charge les cas persistants
- solliciter et obtenir le soutien du
service médical.
|
94
V. LES RÉSULTATS ATTENDUS
Les initiatives prises doivent permettre d'atteindre les
résultats suivants :
- l'administration et des Ong soutiennent le projet de lutte
contre les infections cutanées au camp pénal ;
- le service médical et le service social sont
impliqué dans la réalisation du projet ;
- les détenus ont compris l'importance de l'hygiène
;
- les détenus ont reçu du matériel
d'hygiène ;
- les chefs des différentes cellules ont reçu des
produits pour l'entretien de leur cellule ;
- les infections cutanées sont en baisse au camp
pénal ;
- les détenus souffrant d'infections cutanées ont
vu leur état de santé s'améliorer ;
- le camp pénal a trouvé une réponse au
problème des infections de la peau ; - les détenus dont les
infections persistent ont pu recevoir le traitement complémentaire
indispensable.
VI. LES RESSOURCES
La réalisation du projet nécessitera des
ressources humaines, matérielles et financières.
95
VII- LE PLAN D'ACTION
Objectif général : réduire la
morbidité liée aux infections cutanées en milieu
carcéral
Objectifs spécifiques
|
Stratégies ou activités
|
Moyens
|
Lieux
|
Echéanciers
|
Résultats attendus
|
Indicateurs
|
Informer la
direction et les
autres acteurs
|
- plaidoyer ;
- exposé ;
- discussion.
|
- coordonnateur du
projet ;
- régisseur ;
|
Différents services.
|
Du 09 au
10/03/2015
|
Le projet et le
plan d'action sont approuvés
|
100% des
personnes
concernées ont
|
de la prison
des actions à
entreprendre.
|
|
- agents d'encadrement ; - service médical ;
- service social.
|
|
|
par les
différentes parties
|
donné leur accord
|
Sensibiliser les
|
- causeries ;
|
-le coordonnateur du
|
Les cellules
|
Du 10 au
|
Les
|
100% des
|
responsables
|
- écoute ;
|
projet ;
|
|
11/03/2015
|
responsables
|
responsables des
|
des cellules des
|
- discussion ;
|
-agents d'encadrement ;
|
|
|
des cellules ont
|
cellules
|
différents bâtiments
|
- information ;
|
-détenus (chefs).
|
|
|
été sensibilisés
|
sensibilisés
|
Identifier les
|
- sensibilisation ;
|
-stylos ;
|
sallle
|
Du 12 au
|
Plus d'une
|
Tous les détenus
|
détenus cibles
|
- écoute ;
|
-feuilles de rames ;
|
d'alphabéti-
|
14/03/2015
|
cinquantaine
|
ayant un
|
|
|
-service médical
|
sation
|
|
de détenus ont
|
problème cutané
|
96
|
|
|
-détenus
-agents de sécurité
|
|
|
|
été identifiés
|
sont identifiés.
|
Enquêter
|
au
|
- écoute ;
|
-questionnaires ;
|
-les cellules
|
Du 16
|
au
|
Les détenus
|
75%
|
détenus
|
près détenus identifiés
|
des
|
- questionnaire
|
-stylos -crayons -détenus
|
-les cours
|
18/03/2015
|
|
ont participé
activement à
l'enquête
|
identifiés interrogés
|
sont
|
|
|
|
-coordonnateur du projet
|
|
|
|
|
|
|
Objectifs spécifiques
|
Stratégies
|
Moyens
|
Lieux
|
Echéanciers
|
Résultats attendus
|
Indicateurs
|
Identifier des
détenus pour le comité d'hygiène-
santé
|
- sensibilisation
- écoute ;
- consensus.
|
-stylos ;
-feuilles de rames ; -service médical -détenus
-agents de sécurité
|
Les cellules
|
A partir du
20/03/2015
|
Des détenus
ont été
identifiés par
bâtiment
|
03 détenus
identifiés par
bâtiment
|
Eduquer les
détenus sur
l'importance
|
- IEC/CCC ;
- échange ;
- discussion.
|
- coordonnateur du projet, - agents de la sécurité
; - service médical ;
|
Cours des
bâtiments
ou salle
|
Du
23/03/2015 au
|
Les micros
enseignements
sur l'hygiène
|
75% des détenus enquêtés
éduqués sur l'hygiène
|
97
de l'hygiène
|
|
-travailleurs sociaux ; - fiches
|
d'alphabétis ation
|
30/06/2015
|
sont dispensés aux détenus
|
|
Trouver des
|
- concertation ;
|
-le coordonnateur du projet ;
|
Cours des
|
A partir
|
Les détenus
|
50% des détenus
|
produits
|
- écoute ;
|
-agents d'encadrement ;
|
bâtiments
|
06/04/2015
|
enquêtés ont
|
indigents ont reçu
|
d'hygiène et
|
- discussion ;
|
-détenus (chefs).
|
ou les
|
une fois
|
reçu des
|
des produits
|
d'entretien aux
|
- sensibilisation
|
-produits d'entretien et
|
cellules
|
chaque 15
|
produits
|
d'hygiène
|
détenus
|
|
d'hygiène
|
|
jours.
|
d'hygiène.
|
|
Orienter
|
- plaidoyer
|
-médicaments pour les
|
A
|
A partir du
|
Les
|
50% des détenus
|
certains
|
- achats
|
dermatoses ;
|
l'extérieur
|
30/03/2015
|
médicaments
|
concernés pris en
|
malades vers la
|
- sensibilisation
|
-parents de détenus ;
|
de la
|
|
de dermatoses
|
charge.
|
thérapeutique
|
|
-administration pénitentiaire ; -pharmacies ;
|
prison ;
|
|
ont été
collectés pour
les détenus
|
|
|
|
-service médical ;
|
|
|
|
|
|
|
-coordonnateur projet.
|
|
|
|
|
98
VIII- LE SUIVI ET L'ÉVALUATION
8.1- Le suivi
Le suivi des activités se fera par le coordonnateur des
activités (impétrant), qui en est le responsable. Il a en charge
le bon déroulement des différentes activités et/ou actions
qui doivent être engagées. Il mène des démarches
auprès des autorités de la prison pour faciliter la mise en place
et la réalisation du projet.
8.2- L'évaluation
L'évaluation a pour but de voir si les actions
envisagées, planifiées sont exécutées correctement.
Dans la conduite d'un projet, il y a plusieurs évaluations qui peuvent
être programmées. Pour ce qui nous concerne, nous aurons deux
évaluations à faire : une à mi-parcours et l'autre
à la fin du projet. Les indicateurs nous servent de baromètre
pour savoir si les objectifs fixés dans le plan d'action sont
atteints.
.
99
CHAPITRE VI : LE VOLET OPÉRATIONNEL DU
PROJET
La mise en oeuvre du projet s'est faite en nous appuyant sur
la théorie de l'engagement. Cette théorie consiste à unir
l'individu aux actes qu'il pose. C'est pourquoi, toutes les actions que nous
avions posées se sont inscrites dans cette démarche. Les
différents acteurs du projet ont par leur engagement participé,
encouragé nos différentes actions.
Qu'est-ce que nous avons mis en oeuvre pour y parvenir ?
Les stratégies de communication mises en oeuvre ont
été axées sur le plaidoyer, l'IEC et CCC, la formation des
pairs, le counseling, les visites à domicile (VAD) et la mobilisation
sociale.
I- LES STRATÉGIES
1.1- Le plaidoyer
Faire un plaidoyer, c'est défendre une cause, une
opinion, une politique. C'est un exposé argumentaire des actions que
l'on souhaite mettre en oeuvre devant des autorités, des
décideurs. En somme, c'est influencer la prise de décisions.
1.1.1- Les publics cibles
Les cibles concernées par le plaidoyer sont la cible
tertiaire, en particulier les décideurs (direction de l'administration
pénitentiaire, l'administration du camp pénal, des responsables
de pharmacies, le service médical, le service social et les Ong).
1.1.2- La description de la stratégie
Nous avons procédé au cours du plaidoyer de la
manière suivante :
- déterminer les acteurs qui veulent influencer la
réalisation du projet ;
- faire une bonne documentation (thème, chiffres
clé, les résultats attendus,
les causes, les conséquences, les ressources
nécessaires) ;
100
- obtenir des rendez-vous avec les différents
décideurs.
- rencontrer les différents décideurs pour avoir
leur soutien, leur appui ;
- instruire les différentes cibles sur l'utilité
du projet ; - obtenir leur engagement.
L'exposé devant ces décideurs doit se faire de
manière argumentée avec des messages simples, clairs et
précis et frappants.
1.1.3- Les activités
déployées
Les réunions, les rencontres et entretiens sont entre
autres les activités que nous avons déployées pour le
compte du plaidoyer.
1.1.4- La communication engageante dans le
plaidoyer
La technique de communication engageante très
régulièrement employée fut « le-pied-dans-la-porte
». Elle consistait simplement à dire aux différents
responsables de ces services qu'ils nous autorisent à entreprendre un
projet en faveur des détenus du camp pénal qui souffrent
d'infections cutanées et qu'ils nous facilitent la réalisation du
projet par un accompagnement concret, un soutien physique, moral,
matériel ou financier.
En plus de cette technique, la technique de «
un-peu-c'est-mieux-que-rien ». Pour dire à notre auditoire que les
actions qui allaient être menées, même si elles
n'étaient pas de grande envergure, pourraient améliorer la
situation de plusieurs détenus.
1.2- L'IEC et la CCC
L'IEC et la CCC sont des stratégies de sensibilisation
auprès des populations. Elles servent à améliorer les
connaissances, les attitudes et les aptitudes de ces populations et surtout
favoriser l'adoption de nouveaux comportements sains en matière de
santé.
101
À la différence de l'IEC, la communication pour
le changement de comportement ou CCC implique les populations concernées
dans la prise en charge de leurs propres problèmes pour un changement de
comportement efficace et durable.
1.2.1- Les publics cibles
La cible primaire était la principale cible
concernée par les stratégies d'IEC et de CCC. Il s'agit des
détenus affectés par les problèmes de peau
particulièrement mais aussi tous les autres détenus du camp
pénal.
1.2.2- La description de la stratégie IEC et
CCC
L'IEC et la CCC ont été menées de la
manière suivante :
- collecter les informations sur la pathologie, les causes et
les
conséquences ;
- collecter le maximun d'information sur le problème,
- rencontrer les responsables des détenus et leur exposer
l'utilité du projet
(chefs de cours, chefs de cours et les commis) ;
- faciliter la compréhension du problème et avoir
l'appui des responsables
des détenus ;
- recenser les malades volontaires ;
- organiser les enseignements à l'intention des malades
;
- organiser les séances d'information et de
démonstration des bonnes
pratiques d'hygiène ;
- organiser les séances de nettoyage des cellules et des
cours de la prison ;
- mettre en place des comités d'hygiène et de
santé.
1.2.3- Les actions déployées
Les réunions, les entretiens individuels, les
causeries, les enseignements ont été les actions que nous avions
mises en oeuvre durant les stratégies d'IEC et de CCC.
102
1.2.4- La communication engageante dans les
stratégies d'IEC et de la CCC Au cours des activités des
stratégies de l'IEC et de la CCC, nous avions employé «
l'étiquetage » avec la mise en valeur du comportement de certains
détenus. Et dire aux autres que suivre ces exemples peut contribuer
à améliorer leur état et réduire les effets de la
pathologie.
La technique « vous-êtes-libres-de... » en
mettant le détenu devant ses responsabilités. Après lui
avoir montré les conséquences de son aptitude actuelle, les
avantages du changement de comportement, nous lui disions qu'il a le choix soit
de demeurer dans la maladie en ne changeant pas de comportement, soit
améliorer sa santé en adoptant les règles d'hygiène
adéquates.
La technique de « le-pied-dans-la-porte » fut aussi
utilisée. Il fut question dans ce cas-là de demander au
détenu de poser un premier geste moins aisé et par la suite,
demander un autre geste un peu plus difficile que le premier.
Par exemple, nous avons demandé à certains
détenus qui ne voulaient pas aux enseignements, de venir nous suivre
quelques instants, environ cinq minutes et qu'ils ne voyaient toujours pas
d'intérêt, ils pouvaient repartir.
Lorsqu'ils acceptaient de venir, pendant les séances
d'enseignement, nous profitions pour l'impliquer : comment se lave-t-il ? que
pense-t-il de la séance ? qu'est-ce qu'il pense de telle ou telle
question ? Dans la plupart du temps, le détenu acceptait de
répondre à certaines questions et restait plus longtemps que
prévu.
1.3- La formation des pairs
Les pairs sont pour nous des relais de nos actions
auprès des codétenus. Ce sont des individus qui vivent le
même problème et qui ont des aptitudes favorables au
changement.
1.3.1- Les publics cibles
Les détenus ayant une infection cutanée ont
été la principale cible de cette stratégie.
103
1.3.2- La description de la stratégie
La description de la stratégie relative à la
formation des pairs est la suivante :
- désigner un volontaire par cellule avec l'aval des
autres détenus ;
- former les 16 détenus désignés ;
- associer les pairs formés aux différentes
activités de leur bâtiment ;
- faire le point régulièrement avec le pair de
chaque cellule ;
- autoriser le pair à mener des activités selon le
plan d'action à notre
absence.
1.3.3- Les actions déployées
Les actions que nous avons déployées se
résument aux échanges avec les détenus, les enseignements
dispensés aux détenus sur l'hygiène, les causeries.
1.3.4- La communication engageante dans l'éducation
par les pairs
La communication engageante nous a servi dans la formation des
pairs à travers « l'étiquetage ». Mettre le
détenu en confiance, en valeur devant ses codétenus pour qu'il
agisse dans la direction voulu et qu'il soit disposé à accepter
son rôle auprès de ses camarades et que ceux-ci acceptent son
autorité.
« Le toucher », une autre technique de l'engagement
fut aussi exploitée. Il s'agissait par le contact physique, de
réduire les distances entre le détenu et nous, et le mettre
également en confiance.
1.4- Le counseling ou le conseil
C'est un entretien individualisé qui aide l'individu
à mieux comprendre ce que l'on souhaite.
1.4.1- Les publics cibles.
La cible primaire était le public concerné par
cette stratégie, en particulier les détenus malades qui ne font
pas preuve d'une grande motivation au cours des différentes
activités.
104
1.4.2- La description de la stratégie
Le counseling a consisté à :
- identifier les individus peu motivés ;
- demander à nous entretenir avec eux individuellement
;
- écouter ses raisons ;
- laisser l'individu s'exprimer clairement ;
- expliquer les bienfaits d'une bonne hygiène (corporelle,
vestimentaire et
environnementale) ;
- laisser l'individu faire le choix.
1.4.3- Les actions déployées
Les entretiens individuels, l'écoute et les conseils
sont les principales actions mises en oeuvre durant le counseling.
1.4.4- La communication engageante dans le
counseling.
« Le toucher », « le-pied-dans-la-porte »,
« un-peu-c'est-mieux-que-rien » sont les techniques de l'engagement
que nous avions pu expérimenter pendant le counseling.
Ces techniques renforçaient la confiance de l'individu
et augmentaient son implication dans les activités.
1.5- Les visites à domicile (VAD)
Les VAD sont une stratégie qui vise le détenu.
Elles nous permettent de nous rapprocher d'un parent de détenu, à
renforcer les relations avec cette personne visitée dans le but de
réduire les incompréhensions, de mieux nous connaître et
surtout, installer la confiance.
1.5.1- Les publics cibles
Les VAD ont concerné les parents et connaissances de
détenus donc, la cible tertiaire. C'était en
général les parents de détenus qui résident dans la
commune de Bouaké.
105
1.5.2- La description de la stratégie
Pour mieux réussir notre VAD, il fallait :
- rechercher les informations sur la personne à visiter
auprès du détenu ;
- prendre rendez-vous avec le parent ;
- être présent à l'heure le jour du
rendez-vous ;
- présenter brièvement la situation (montrer la
vulnérabilité du détenu, les
conséquences si rien n'est fait et ce que nous attendons
de lui) ;
- écouter attentivement la réponse de la personne
visitée ;
- faire prendre un engagement au parent, si cette personne
accepte de réagir
à notre requête ;
- revenir s'il le faut.
1.5.3- Les actions déployées
L'écoute, les causeries, l'entretien individuel
constituent l'essentiel des actions déployées au cours des
visites à domicile.
1.5.4- La communication engageante dans les VAD
« un-peu-c'est-mieux-que-rien », «
le-pied-dans-la-porte » ont été les techniques de
l'engagement que nous avions usées au cours des visites
effectuées chez les parents des détenus.
1.6- La mobilisation sociale
« La mobilisation sociale est une action
planifiée et mise en oeuvre pour toucher, influencer et engager tous les
segments et secteurs concernés de la société afin
d'atteindre un but commun. » 46
Ici, la mobilisation sociale concerne toutes les parties
prenantes dans la détention : les agents d'encadrement, le personnel du
service médical et le personnel du service social. Il s'est agi de
partager avec eux le problème et les solutions envisagées pour
éradiquer ou réduire la morbidité liée à
cette pathologie.
46 Handicap International et SWAA, Op.Cit,
2009, p.24
106
1.6.1- Les publics cibles
Les agents d'encadrement, le personnel du service
médical, le personnel du service social et des Ong en particulier le
CICR furent les cibles.
1.6.2- La description de la stratégie
La mise en oeuvre de cette stratégie a consisté
à :
- prendre rendez-vous avec les différents services ;
- exposer le problème et le plan de travail ;
- recueillir leur impressions et apporter des ajustements si
nécessaire ;
- demander leur soutien et leur implication à chaque
étape du déroulement
du projet ;
- rendre compte régulièrement de ce qui est fait et
ajuster au fur et à mesure
du déroulement du plan ;
- mobiliser les ressources avec leur aide.
1.6.3- Les actions déployées
Les réunions, les rencontres informelles ont
été les actions mises en oeuvre pour réussir la
mobilisation sociale.
1.6.4- La communication engageante dans la
mobilisation sociale
« La-porte-au-nez » est l'une des techniques de
l'engagement que nous avions souvent utilisées dans la mobilisation
sociale. Il s'agissait pour nous de solliciter l'implication de certaines
personnes à un niveau élevé, s'ils n'étaient pas
d'accord, un autre service de moindre valeur leur était demandé.
Ce qui était dans la plupart du temps accepté.
Outre cette technique, « un-peu-c'est-mieux-que-rien
» fut aussi utilisée, de même que l'étiquetage.
107
II- Les activités
Les principales activités menées sont : les
enseignements (causeries et pratiques), les entretiens individuels et des
activités de nettoyage des cellules et des cours.
2.1- Les enseignements
Les enseignements contribuaient à donner aux
détenus des informations sur l'hygiène (vestimentaire, corporelle
et environnementale). Ils étaient organisés principalement
à l'intention des malades affectés par la peau. Ces cours
étaient à la fois théoriques et pratiques avec 35 minutes
par séance et par cellule et 25 minutes pour la pratique.
L'ensemble des détenus a été reparti en
14 groupes de 18 détenus (sauf deux cellules où il y avait 17
détenus).
Les thèmes abordés étaient
l'hygiène corporelle, l'hygiène vestimentaire et l'hygiène
environnementale.
L'objectif visé par chacun de ses enseignements
était d'amener le détenu à comprendre l'utilité de
l'hygiène, comment se prendre pour améliorer leur état
actuel malgré la situation de privation de liberté et de
limitation des moyens et les conséquences d'une mauvaise
hygiène.
Pour les séances pratiques, il s'agissait de montrer
dans un premier temps la nécessité d'une bonne pratique
hygiénique et dans un second temps, faire des démonstrations de
chacun des thèmes étudiés.
Nous avions eu trois séances par cellule et par
thème, soit 42 enseignements au total sur la durée du projet,
environ 3 mois (23 mars 2015 au 30 juin 2015).
108
2.2- Les causeries
Une causerie « est un échange structuré
entre un animateur (agent IEC, relais) et un groupe (population) autour d'un
thème spécifique dans le but d'aboutir à un comportement
souhaité. »47
Nous avons mené des causeries avec plusieurs groupes de
personnes allant du personnel administratif aux détenus, en passant par
le personnel médical, pénitentiaire et social. Les causeries nous
ont permis de mettre à niveau nos interlocuteurs par rapport au
problème. Elles ont été utilisées le plus souvent
durant les séances d'enseignement.
2.3- Le plaidoyer
Le directeur de l'administration pénitentiaire, le
directeur du camp pénal, les responsables du service médical et
social nous ont reçus. Au cours de ces rencontres, nous avons
exposé la situation de vulnérabilité des détenus
malades de la peau. Ces rencontres ont permis de baliser le champ d'action,
d'exposer nos motivations et demander le soutien, l'appui logistique et
physique des uns et des autres.
Dans l'ensemble, nous disons que chacune de ces
autorités a approuvé l'idée et donner son accord pour la
réalisation du projet. Toutefois, il fallait le faire en tenant compte
des dispositions en vigueur au sein de la prison.
Des responsables du CICR ont été
approchés afin de nous appuyer dans les activités. Ils ont
répondu à notre sollicitation en acceptant de faire la
distribution des dons le jour même du démarrage de nos
activités de nettoyage des cellules et des cours. À cet effet, un
important lot de matériel d'hygiène a été
distribué à chaque cellule. Il comprenait des brosses (avec
manche et sans manche), des serpillières, des seaux, des poubelles, des
balais.
Le service social a participé à chacune des
activités. Un membre fut désigné par bâtiment pour
suivre les activités. Il est allé loin en nous aidant avec une
grande
47 Handicap International et SWAA, Op. Cit,
p.19, 2009
109
quantité de savon liquide et d'eau de javel que le
service lui-même avait fabriquée.
Ces produits et matériels ont pu être obtenus
grâce à la plaidoirie faite en direction de ces services.
2.4- Les VAD
Nous avons reçu 52 demandes de la part des
détenus pour aller rencontrer leurs parents ou connaissances. Mais peu
de parent ou connaissance ont répondu favorablement à notre
sollicitation.
Nous allons voir les résultats de nos démarches
dans la suite du travail.
2.5- Les entretiens individuels
Les entretiens individuels avaient pour but de faire prendre
conscience à l'individu et l'encourager à s'impliquer dans les
activités (autorité), à adopter des règles
d'hygiène (détenu), amener les uns et les autres à se
rendre compte de la vulnérabilité des détenus si rien
n'est mis en place (administration).
Ces entretiens devraient permettre à l'ensemble des
parties prenantes du projet d'identifier les possibilités
éventuelles pour venir à bout des infections cutanées et
prendre des mesures allant dans ce sens.
2.6- Les activités de nettoyage
Le nettoyage a concerné les douches et WC à
l'intérieur des cellules, les cours des bâtiments, de même
que les douches et WC externes du bâtiment A et les différents
appâtâmes installés à l'intérieur de chaque
bâtiment.
À ce niveau, des lavages généraux furent
régulièrement organisés sous la supervision des
travailleurs sociaux.
Pour la pérennité de cette activité, des
comités d'hygiène et de santé ont été
constitués par bâtiment. Ces comités sont chargés du
suivi au quotidien des
110
questions d'hygiène à l'intérieur du
bâtiment. Ils travaillent en étroite collaboration avec les
chargés de l'hygiène de chaque cellule.
Ils nous tiennent informer des activités qui sont
menées, font l'état des produits et matériels qui leur ont
été distribués.
Les lavages généraux sont organisés deux
fois par mois tandis que le lavage des douches et WC se font
quotidiennement.
Pour cette activité, nous avions eu le soutien
matériel du CICR et du service social.
III- Les résultats et discussion
L'exécution de ces différentes activités
nous a permis d'obtenir quelques résultats qui sont les suivants.
3.1- Au niveau des plaidoiries
Nouspouvons dire que toutes les parties qui étaient
concernées ont approuvé le projet et donné leur accord.
Ainsi, la direction de l'administration pénitentiaire,
nous a donné une autorisation spéciale pour mener notre
recherche. Vue l'importance du sujet, elle a demandé que les conclusions
ou une copie de la recherche lui soit remise.
Quant aux parties présentes sur le site de la
recherche, elles se sont fortement impliquées dans la réalisation
du projet, notamment les services médical et social. Ils étaient
présents à chaque étape du projet.
Le service médical nous a facilité
l'accès aux données chiffrées de cette maladie, a fait des
propositions sur le contenu des causeries et surtout en suivant les
différents cas identifiés.
Le service social nous a aidé dans la supervision des
activités en plus de sa contribution en savon liquide et eau de
javel.
La plaidoirie a permis avec le Comité international de
la Croix-Rouge (CICR) de nous appuyer en matériel.
111
Les théories de l'engagement ont joué un
rôle important dans l'implication de ces différentes
autorités. Nous supposons à partir de ces engagements que le
niveau d'instruction, le niveau de responsabilité d'un individu
influencent son degré d'engagement. Pour dire que plus on est instruit
ou plus on a un certain niveau de responsabilité, plus on respecte ses
engagements. Car cet engagement est précédé d'une analyse
de l'impact, des avantages ou des inconvénients des actes que l'on va
poser. Tout individu qui se trouve dans de telle position fera en sorte que sa
décision soit irrévocable.
Toutefois, pour avoir une réaction, un engagement d'un
individu, il faut qu'il ait été exposé à un
message. Ce qui ne fut pas le cas avec les pharmacies. En effet, nous n'avons
pas pu rentrer en contact avec les pharmacies, surtout celles du privé.
Donc nous n'avions pu avoir leur soutien matériel pour la prise en
charge thérapeutique de certains malades.
3.2- Au niveau de la participation des détenus aux
activités
Les séances de formation et de démonstration
visaient les détenus malades identifiés mais aussi tous les
autres. Le constat est que seuls les malades y ont participé. Sur un
effectif de 250 malades identifiés, 243 avaient donné leur accord
pour participer aux différentes activités que nous envisagions
mener. Mais c'est environ 190 détenus malades qui sont venus
régulièrement assister à l'ensemble des activités
(voir tableau XV).
|
Nombre
|
Pourcentage
|
Effectif
|
250
|
100
|
Accord
|
243
|
97.2
|
Participants
|
190
|
76
|
Tableau XV : Taux de participation aux
activités
|
L'objectif qui était de voir 75% des détenus
malades s'impliquer dans ces formations a été atteint avec
environ 190 participants.
112
La participation varie en fonction du bâtiment ou de la
cellule (tableau XVI). On constate que rares sont les cellules où tous
les détenus ont participé aux activités, exception faite
de la deuxième cellule du bâtiment C.
Bâtiments
|
Effectif présent
|
Hygiène corporelle
|
Hygiène vestimentaire
|
Hygiène
environnementale
|
A
|
10
|
11
|
11
|
17
|
13
|
10
|
18
|
16
|
16
|
12
|
14
|
14
|
9
|
13
|
14
|
10
|
12
|
16
|
B
|
09
|
13
|
15
|
10
|
14
|
11
|
07
|
13
|
12
|
C
|
18
|
12
|
16
|
17
|
14
|
17
|
16
|
14
|
15
|
D
|
18
|
17
|
15
|
18
|
18
|
18
|
Tableau XVI : Taux de fréquentation aux
enseignements sur l'hygiène
L'explication viendrait du fait que ce bâtiment est
isolé, les détenus ne sont pas en contact avec les autres
bâtiments. Les seuls moments où ils peuvent le faire, c'est quand
ils vont à l'hôpital ou viennent à la salle
d'alphabétisation.
Comme analyse de la participation des détenus aux
séances de formation, nous pouvons dire que le taux de participation est
élevé, même si les cellules n'ont pas eu un taux de
participation identique.
Si les détenus ont manifesté de l'engouement
pour ces séances, qu'en est-il de l'impact de ces enseignements sur eux
? Les théories de l'engagement ont-elles influencé cet engouement
?
Les chiffres montrent qu'un nombre important de détenus
a participé aux activités. Toutefois, la différence entre
ceux qui avaient donné leur accord et ceux qui ont pris part aux
activités montre un non-respect de cet engagement.
113
Certains détenus ont, par effet de groupe ou de mode,
donné leur accord sans pour autant être vraiment
intéressés par le projet. Ils ont changé d'avis sans
même être soumis à un quelconque message. D'autres par
contre, ne sont pas venus aux activités parce que sollicités pour
les corvées (cuisine, maraîcher, rizière, etc.). Selon Wang
et Katzev (1990) cité par Lolita Ruben (2011), lorsque les individus
prennent un engagement collectif, certaines personnes sont tentées
à ne pas respecter leur engagement. Selon eux, l'engagement individuel
est le plus efficace et résisterait au temps.
3.3- L'impact des séances de sensibilisation sur
les détenus
Pour mieux analyser l'impact des séances de
sensibilisation sur les détenus, observons le tableau ci-dessous relatif
à l'évolution des consultations.
Période
|
Effectif des détenus
|
Consultation pour des dermatoses
|
Décembre 2013
|
24
|
01
|
Janvier 2014
|
19
|
01
|
Février 2014
|
17
|
07
|
Mars 2014
|
110
|
03
|
Avril 2014
|
257
|
50
|
Mai 2014
|
303
|
61
|
Juin 2014
|
380
|
73
|
Juillet 2014
|
374
|
34
|
Août 2014
|
355
|
25
|
Septembre2014
|
442
|
30
|
Octobre 2014
|
440
|
47
|
Novembre 2014
|
551
|
56
|
Décembre 2014
|
542
|
37
|
Janvier 2015
|
641
|
70
|
Février 2015
|
590
|
77
|
Mars 2015
|
578
|
126
|
Avril 2015
|
564
|
117
|
Mai 2015
|
564
|
78
|
Juin 2015
|
560
|
87
|
Tableau XVII : Évolution des consultations
dermatologiques par rapport aux effectifs
À première vue, on serait tenté de dire
que de façon générale, les pathologies cutanées
n'ont pas régressé malgré les séances de
sensibilisation. Cette situation a plusieurs explications. D'un effectif
d'à peine une vingtaine, le camp pénal à la
114
date du 30 juin 2015, compte 560 détenus. Ce qui
nécessairement a une incidence sur la prolifération de certaines
maladies dont les infections cutanées. Il faut dire que l'un des
facteurs favorisants cette maladie est la promiscuité. Plus il y a
d'individus confinés dans un petit espace, plus il y a de chance de voir
apparaître ou se propager les cas d'infections cutanées.
En dehors de l'augmentation du nombre de détenus, nous
pouvons évoquer l'augmentation du nombre du personnel médical.
D'un infirmier à l'ouverture jusqu'à fin 2014, l'effectif des
infirmiers est passé à trois (03). À ces trois infirmiers,
vient s'ajouter un médecin depuis avril 2015.
Avant l'arrivée de ces trois professionnels de la
santé, le seul infirmier présent ne pouvait que prendre un nombre
limité de détenu par jour. Pour être efficace, un nombre
limité de malade était pris par cellule et les consultations
étaient tournantes et la priorité était donnée aux
cas extrêmes, urgents. Par exemple, si aujourd'hui, on consulte dans le
bâtiment A et B, demain la priorité sera donnée aux
bâtiments C et E. Par contre aujourd'hui, avec le médecin et les
deux nouveaux infirmiers en plus, il n'y a pas de limitation du nombre de
patients.
Au camp pénal, l'augmentation de l'effectif correspond
toujours à l'arrivée de nouveaux détenus en provenance
d'autres maisons d'arrêt. Qui dit arrivée de nouveaux
détenus, dit consultation systématique. Tous les détenus
à leur arrivée à la prison subissent une visite
médicale obligatoire pour déterminer les maladies dont ils
pourraient être porteurs. Au cours de ces visites, les pathologies de la
peau sont presque toujours identifiées. Ceci peut être aussi une
autre explication à l'augmentation des consultations relatives à
cette infection.
Il est à préciser également, qu'un
même détenu peut se faire consulter autant de fois que son
état de santé nécessite. Selon le personnel
médical, venir à l'infirmerie est une manière pour le
détenu de passer le temps. L'oisiveté,
115
l'inactivité sont le quotidien des détenus mis
à part les corvéables48. Le constat fait par le
personnel médical est que ceux qui n'ont pas d'activité, sont
plus nombreux à fréquenter l'infirmerie.
En ce qui concerne la période du projet, mars 2015
à juin 2015, nous disons qu'il y a eu une légère baisse
des cas de dermatoses, de 126 consultations dermatologiques en mars, nous
sommmes passés, à fin juin, à 87.
Faut-il se réjouir de cette baisse ? Est-ce le fruit de
notre campagne de sensibilisation ? Nous disons que nous pouvons nous
réjouir, parce que cela dénote que certains détenus ont
pris conscience qu'ils sont maîtres de leur bien-être. Adopter un
comportement sain, respecter les règles d'hygiène
élémentaires (se laver régulièrement, laver ses
habits, séparer les habits sales des propres, prendre soin de son
environnement immédiat que sont la cours et les toilettes) doivent
être leurs préoccupations de tous les jours.
Par ailleurs, si nous regardons les résultats dans le
tableau suivant qui se rapporte à la manière dont les
détenus se lavent, nous nous apercevons qu'il y a de nombreux
changements à ce niveau (tableau XXVII).
L'utilisation du savon pour la toilette a
légèrement changé. Ceux qui ne se lavaient uniquement avec
l'eau ont largement changé de comportement, de même que ceux qui
ne se lavaient qu'avec l'éponge sans utiliser du savon.
|
Avant-projet
|
Après sensibilisation
|
Non réponse
|
02
|
-
|
Eau
|
87
|
17
|
Eau+savon
|
64
|
67
|
Eau+éponge
|
37
|
13
|
Eau+savon+éponge
|
93
|
102
|
Tableau XVIII : Évolution du comportement des
détenus
|
48 Les corvéables sont des détenus
qui exercent de petites activités à l'intérieur de la
prison sans attendre une rémunération en retour. Ils exercent
à la cuisine, au jardin maraîcher et les champs de riz, de
maïs et d'igname.
116
Quant à savoir si c'est le fruit de cette campagne, il
est assez tôt pour l'affirmer. Ce qui est à signaler ici, c'est
que les détenus dans leur grande majorité ont senti le besoin de
changer les choses. L'idéal serait de mener cette campagne sur une
période allant de 6 à 12 mois au moins, voire plus.
3.4- Les visites à domicile (VAD)
Les VAD ont été initiées afin de
rapprocher les détenus de leurs parents ou d'aplanir les
incompréhensions qui étaient entre eux d'une part et d'autre part
pour que les parents sachent les difficultés (matérielles,
psychologiques et médicales) de leurs proches en détention et
qu'ils leur viennent en aide.
Pour cette activité, 52 détenus nous ont
approchés afin de rencontrer leurs parents ou leurs amis (tableau).
Nombre de personnes à visiter
|
Nombre d'appel pour prendre RDV
|
Nombre de promesse de rappel
|
Nombre d'accord
|
VAD
|
52
|
52
|
23
|
17
|
08
|
Tableau XIX : Données par rapport aux
VAD
Ceux à qui nous devrions rendre visite sont des
personnes qui résident dans la commune de Bouaké. Sur ces 52
personnes ou amis à rencontrer, seules 08 nous ont autorisés
à les rencontrer. Ces rencontres ont souvent lieu sur leurs lieux
d'activité. Pourtant, 17 personnes nous avaient donné leur accord
de principe pour qu'on vienne les voir, une date et une heure avaient
été convenues pour ces rencontres. Malheureusement, aux dates et
heures convenues, ces personnes se sont rétractées.
Les 52 parents ou amis à rencontrer ont tous
été appelés. Nous avons eu chacun d'eux au
téléphone et 23 d'entre eux nous avaient fait la promesse de nous
rappeler, seulement ils n'ont jamais daigné le faire. Toutes nos
tentatives pour relancer le dialogue se sont soldées par des
échecs.
117
Plusieurs raisons justifient la conduite de ces parents. Nos
entretiens avec les détenus concernés ont montré qu'ils
étaient généralement en disgrâce avec leur famille
avant leur incarcération. Ils n'étaient plus en de bons termes
avec leurs familles respectives ou n'étaient plus en contact avec leurs
amis et connaissances. Certains parents nous ont fait savoir qu'ils ne
voulaient plus rien savoir d'eux et qu'ils nous dispensaient de les rappeler.
Selon leurs dires, tout a été fait pour les ramener sur le droit
chemin et rien n'y fit.
Les huit parents qui nous ont reçus ont changé
d'attitude à l'égard de leurs proches. Ils ont commencé
par leur rendre visite, leur apporter des vivres et des non vivres.
Les VAD lorsqu'elles sont réalisées permettent,
de renouer les liens entre les détenus et leur famille. Les relations
d'avant incarcération ont largement conditionné la
réalisation ou non de ces visites à domiciles.
Nous savons qu'un changement durable de comportement
dépend entre autre de la répétition des actes, des
démarches envers la cible. Les huit parents qui nous ont reçus,
ont accepté notre demande à la suite de plusieurs tentatives, ce
que nous n'avions pas pu faire avec les autres.
Les théories de l'engagement une fois mise en oeuvre
efficacement aboutissent à modifier l'attitude de la cible.
3.5- Les mises en relation
Si pour les détenus qui ont des parents, amis et
connaissances à Bouaké, les VAD ont constitué notre
activité principale, pour les détenus qui n'y ont pas les leurs,
nous avons utilisé le téléphone et c'est l'ensemble de ces
démarches que nous nommons «mises en relation». Il s'est agi
par téléphone de rentrer en contact avec les parents d'un
individu et de les informer de la présence d'un des leur au camp
pénal (mise en relation) ou de les appeler pour leur transmettre les
besoins du détenu (maintien des liens).
118
Il faut signaler à toutes fins utiles que plus de 80%
des détenus du camp pénal ne sont pas de la région de
Bouaké. Il fallait d'une manière ou d'une autre les tenir
informer de la situation de précarité dans laquelle les
détenus vivent en prison.
Pour cette activité, des centaines de messages ont
été émis soit par appel, soit par sms. Comme dans le cas
des VAD, nous avons reçu de nombreux refus mais aussi des
réponses satisfaisantes. Et c'est à la suite de ces actions que
des parents ont commencé à se préoccuper de la situation
de leurs proches. De cette prise de conscience, résultent la prise en
charge de frais de pharmacie, d'envoi d'argent et de colis divers.
3.6- La production de supports visuels et de messages
La réussite d'une campagne de sensibilisation
dépend en grande partie des messages qui vont être diffusés
durant la campagne. C'est pourquoi, nous nous sommes attelésà
produire des messages (voir tableau XX).
LA PRISON NE PEUT PAS AVOIR RAISON DE MA
SANTÉ
MÊME EN PRISON, JE PRENDS SOINS DE
MOI
MÊME EN PRISON, JE DOIS ÊTRE
PROPRE.
LA SANTÉ COMMENCE PAR LA
PROPRETÉ.
Tableau XX : Liste des slogans utilisés pendant
la campagne
l'amélioration de leur santé. Quatre affiches
ont été réalisées et distribuées dans chaque
cellule pour être collées à l'entrée de chaque
cellule et devant les différents sanitaires.
119
Quelle fut la portée d'une telle activité
sachant le taux élevé d'analphabètes à
l'intérieur de la prison ?
Les pairs, les chefs de chambre ont joué un rôle
important dans la diffusion et la compréhension des messages et le
respect des consignes. Une des difficultés rencontrées pendant la
sensibilisation fut les populations étrangères,
burkinabés, ghanéennes, particulièrement. Elles sont
énormément réservées et aiment vivre en
communauté et sont enclines à négliger ce qui ne vient
d'elles.
Ce que nous pouvons dire à ce niveau, c'est que les
affiches confectionnées sur du papier libre ne pouvaient être
conservées pendant longtemps. Il aurait fallu les faire sur des
pancartes pour une meilleure pérennisation de ces messages.
En plus de la confection des messages, nous avons eu recours
à une boîte à images. Cette boîte à images
comme tout autre support visuel permet une meilleure animation des causeries et
améliore la communication. Ce sont ces outils qui ont permis une
meilleure compréhension des messages qu'on souhaitait faire passer. Et
cela a eu un vrai impact sur les détenus surtout ceux qui ne
s'exprimaient pas en français.
3.7- La distribution de matériels
d'hygiène
Avec l'appui de bonnes volontés, du matériel fut
collecté et distribué aux détenus. Principalement, nous
avons obtenu et distribué :
- du service social, du savon liquide et de l'eau de javel ;
- du CICR, des brosses à manche, des brosses sans
manches, des balais, des seaux, des poubelles, des serpillières et des
pelles ;
- de bonnes volontés, des vêtements
composés en grande partie de chemises et de tricots, du savon en poudre
et du savon de toilette.
Les trois premiers cités ont été
distribués à toutes les cellules, tandis que les habits ont
été répartis entre 15 détenus que nous
considérions comme des cas urgents, des indigents, même si on peut
considérer que tous ceux qui sont en prison sont des indigents. Cette
action a permis à ces derniers d'avoir des habits de rechange et
améliorer l'estime d'eux-mêmes.
120
CONCLUSION GÉNÉRALE
L'éducation à la santé est un sujet
important pour tous les gestionnaires des politiques de santé. Elle doit
être l'outil de l'accès équitable de tous à la
santé y compris les personnes privées de liberté.
L'utilisation de cet outil dans la lutte contre les infections cutanées
au camp pénal de Bouaké s'est inscrite dans cette démarche
avec la mise en oeuvre d'un projet.
La réalisation de ce projet nous a permis de mieux
comprendre les enjeux que recouvre l'éducation à la santé
et les obstacles qui peuvent freiner une applicabilité efficiente.
L'étude devrait nous permettre de vérifier un
certains nombres d'hypothèses, notamment montrer que les infections
cutanées sont favorisées par le manque d'hygiène, montrer
qu'il y a en plus d'autres facteurs qui agissent dans l'apparition de cette
pathologie et enfin démontrer que le manque d'information expose les
détenus aux infections cutanées.
Les enquêtes auprès des détenus nous ont
mis en évidence que le manque d'hygiène est en grande partie
responsable des infections cutanées.L'environnement insalubre, le manque
de produits d'entretien et de toilette, l'insuffisance des vêtements en
sont les principales causes.
Les enquêtes ont prouvé, par ailleurs, que
d'autres facteurs tels que le niveau d'instruction, le manque de moyens
à tous les niveaux, l'environnement social et surtout le manque
d'information et de sensibilisation participent à installer durablement
cette pathologie au sein de la population carcérale. Ces
différents facteurs exposent autant les détenus aux infections
cutanées qu'à bien d'autres pathologies. Il est vrai que certains
acteurs font des efforts pour maintenir l'environnement des détenus
vivable, mais ces efforts doivent être consolidés, soutenus et
faits de manière concertée.
La communication engageante nous a aidés dans les
entreprises de communication initiées au cours de ce projet. Elle a
joué un rôle plus que
121
déterminant dans notre approche communicationnelle,
particulièrement, dans les phases de sensibilisation et de plaidoyer.
Nous avons compris dans la mise en oeuvre de ce projet que le
milieu carcéral est le terrain idéal pour
l'expérimentation de toute initiative liée à
l'éducation à la santé, à la promotion à la
santé. La prison est le milieu où l'on rencontre toutes sortes de
pathologies dans un même espace et où on trouve les populations
les plus démunies. Alors que, qui dit éducation à la
santé, fait référence en priorité aux couches
défavorisées de la société, celles qui n'ont pas la
possibilité d'accéder à des soins de santé
primaires.
Dans cette perspective, un renforcement des connaissances sur
les causes, les conséquences et les solutions liées à
l'hygiène doit être initié régulièrement
à l'intention des détenus. Pour dire concrètement que pour
réduire la morbidité liée aux infections cutanées
au camp pénal et par ricochet, dans les centres pénitentiaires
ivoiriens, la participation de tous les intervenants en milieu carcéral
et la prise en compte des facteurs à risque s'imposent.
Dans un environnement où règnent le mensonge, la
manipulation et l'exagération, le facteur psychologique ne peut-il pas
avoir une influence dans le maintien de l'engagement du détenu ?
Jusqu'où le détenu peut maintenir son
engagement, dans un environnement hostile ?
Le ciblage rigide en milieu carcéral n'est-il pas un
frein à la réussite d'une campagne de sensibilisation à
l'hygiène ?
Telles sont interrogations que nous faisons au terme de notre
recherche et qui méritent d'être approfondies.
122
BIBLIOGRAPHIE
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édition ; - Larousse médical, édition 2006 ;
2- Livres
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123
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ambulatoire des infections cutanées communautaires à
staphylocoque doré, Paris VII, 2010, 61 p ;
- François Launay, Amélioration de la
dermatie atopique par l'éducation thérapeutique et par
l'utilisation de thérapeutiques alternatives, Angers, 2013, 202 p
;
7- Webographie
- Anne-Marie Châtelet, Histoire de
l'éducation à la santé, 2004 [en ligne], accessible
sur
http://histoire-education.revue.org/744,
consulté le 13 mai 2015 ;
- Association des dermatologistes du Québec
www.adq.org/p/maladies,
consulté le 28 avril 2015 ;
- Le guide de l'ezcéma [en ligne], accessible
sur
http://ezcema.comprendrechoisir.com/annuaire,
consulté le 10 novembre 2014 ;
- Oms, Charte d'Alma-Ata . Conférence
Internationale pour la Promotion de la Santé, novembre 1986, [en
ligne], accessible sur
www.euro.who.int/AboutWHO/policy/20010827_1?language=french.p df,
consulté le 09/06/2014 ;
- Oms, Charte de Bangkok, Bangkok . Vième
Conférence Internationale de la Promotion de la Santé, 11
août 2005, [en ligne] accessible
surwww.who.int/healthpromotion/conferences/6gchp/BCHP
fr.pdf,
consulté le 09/06/2014 ;
- Oms, Charte d'Ottawa pour la promotion de la
santé, Ottawa . Ième Conférence Internationale pour la
Promotion de la Santé, novembre
1986, [en ligne] accessible
sur
www.euro.who.int/AboutWHO/policy/20010827_2?language=french.p df,
consulté le 09/06/2014,
127
- Oms, Déclaration de Jakarta, Jakarta :
Ivème Conférence Internationale sur la Promotion de la
Santé, Juillet 1997, [en ligne], accessible sur
www.who.int/hpr/NPH/docs/jakarta_declaration_fr.pdf, consulté le
09/06/2014 ;
-
www.docteurclic.com/peau-et-problemes-de-peau-107/sommaire.aspex,
[en ligne], consulté le 28 avril 2015.
Annexes
128
129
Annexe n°1-a
Pathologies
|
Nombre de cas
|
Total
|
Période indiquée
|
1964
|
1970
|
1972
|
1974
|
1977
|
1978
|
1981
|
1984
|
1989
|
1990
|
Asthénie
|
02
|
/
|
/
|
04
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
06
|
Syndrome diarrhéique
|
04
|
03
|
02
|
/
|
06
|
/
|
07
|
/
|
/
|
/
|
22
|
Filariose
|
02
|
/
|
06
|
/
|
/
|
/
|
03
|
/
|
/
|
/
|
11
|
Blennorragie
|
03
|
/
|
/
|
04
|
/
|
/
|
06
|
/
|
/
|
/
|
13
|
Mal du ventre
|
02
|
/
|
04
|
/
|
18
|
01
|
07
|
02
|
01
|
/
|
35
|
Paludisme
|
03
|
/
|
06
|
/
|
09
|
/
|
01
|
/
|
02
|
04
|
25
|
Hémorroïde
|
01
|
/
|
03
|
/
|
05
|
/
|
/
|
04
|
/
|
01
|
14
|
Dermatoses
|
04
|
/
|
08
|
/
|
/
|
10
|
/
|
05
|
/
|
02
|
29
|
Algies musculaires
|
/
|
02
|
/
|
/
|
/
|
02
|
/
|
/
|
/
|
01
|
05
|
Déchirure crânienne
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
01
|
/
|
01
|
Tuberculose
|
/
|
03
|
04
|
/
|
02
|
/
|
/
|
01
|
/
|
/
|
10
|
Plaies/blessures
|
/
|
01
|
03
|
/
|
01
|
02
|
/
|
04
|
/
|
03
|
14
|
Etat carentiel
|
/
|
/
|
/
|
/
|
02
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
02
|
Toux
|
04
|
/
|
02
|
/
|
01
|
01
|
/
|
02
|
/
|
/
|
10
|
Homosexualité
|
/
|
/
|
/
|
/
|
01
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
01
|
Morsure serpent
|
/
|
/
|
/
|
/
|
01
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
01
|
Épilepsie
|
/
|
01
|
/
|
04
|
/
|
/
|
/
|
02
|
/
|
/
|
07
|
Tableau XXI : Prison de Mantoum : Liste des pathologies
enregistrées de 1964 à 1990.
(Source : Les pouvoirs publics camerounais et
la santé des détenus : le cas des prisons de Dschang et de
Mantoum, période 1960- 1992, Guy Roger Voufo,
Université de Dschang Cameroun - Mémoire de
Master II en histoire 2009)
130
Annexe n°1-b
Pathologies
|
Nombre de cas
|
Total
|
Période indiquée
|
28.12.89
31.01.90
|
01.02.90
03.03.90
|
06.03.90
07.05.90
|
15.04.90
07.05.90
|
08.05.90
09.07.90
|
10.07.90
10.09.90
|
11.09.90
09.11.90
|
12.11.90
21.01.91
|
24.01.91
14.03.91
|
Diarrahées
|
06
|
08
|
06
|
02
|
16
|
10
|
11
|
03
|
/
|
61
|
Paludisme
|
32
|
24
|
23
|
15
|
32
|
13
|
57
|
13
|
05
|
215
|
Affections cavités buccales
|
09
|
08
|
10
|
06
|
08
|
10
|
08
|
10
|
07
|
76
|
Infections gonococciques
|
15
|
10
|
20
|
10
|
17
|
11
|
11
|
05
|
05
|
104
|
Dysenterie amibienne
|
02
|
02
|
/
|
/
|
/
|
/
|
01
|
14
|
05
|
24
|
Vers intestinaux
|
05
|
14
|
10
|
10
|
11
|
08
|
17
|
14
|
02
|
91
|
Rhumatisme
|
02
|
/
|
/
|
/
|
04
|
/
|
/
|
12
|
/
|
18
|
Otites
|
04
|
03
|
01
|
02
|
01
|
02
|
02
|
16
|
/
|
31
|
Fractures/entorses
|
04
|
07
|
/
|
01
|
02
|
09
|
02
|
15
|
01
|
41
|
Malnutrition
|
02
|
01
|
/
|
/
|
/
|
/
|
04
|
05
|
/
|
12
|
Pneumonie
|
02
|
12
|
09
|
05
|
-
|
08
|
08
|
19
|
03
|
66
|
Maladies de la peau
|
48
|
17
|
18
|
24
|
25
|
36
|
46
|
58
|
10
|
252
|
Troubles mentaux
|
01
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
01
|
Conjonctivite
|
/
|
02
|
/
|
01
|
01
|
02
|
/
|
16
|
/
|
22
|
Occlusion intestinale
|
01
|
/
|
/
|
/
|
01
|
/
|
/
|
/
|
/
|
02
|
Anémie
|
/
|
/
|
01
|
/
|
01
|
04
|
/
|
20
|
02
|
28
|
Filariose
|
/
|
/
|
01
|
/
|
05
|
/
|
03
|
09
|
/
|
18
|
Hernie
|
/
|
/
|
/
|
01
|
/
|
/
|
01
|
05
|
/
|
07
|
Epilepsie
|
/
|
/
|
/
|
/
|
02
|
/
|
/
|
/
|
/
|
02
|
Syphilis
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
01
|
03
|
03
|
/
|
07
|
Diabète
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
06
|
/
|
/
|
06
|
Varicelle
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
07
|
/
|
07
|
Rhumes/angines
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
19
|
19
|
Tuberculose pulmonaire
|
/
|
/
|
/
|
05
|
/
|
/
|
/
|
/
|
/
|
05
|
Tableau XXII : Prison de Dschang : relevé des
pathologies carcéralesenregistrées du 28 décembre 1989 au
14 mars 1991.
(Source : Les pouvoirs publics camerounais et la
santé des détenus : le cas des prisons de Dschang et de Mantoum,
période 1960- 1992, Guy Roger Voufo, Université de Dschang
Cameroun - Mémoire de Master II en histoire 2009
Annexe n°2
400
700
600
500
300
200
100
0
Figure 13 : Évolution des consultations
dermatologiques par rapport aux effectifs
Dec-13 Jan-14 Feb-14 Mar-14 Apr-14 May-14 Jun-14 Jul-14 Aug-14
Sep-14 Oct-14 Nov-14 Dec-14 Jan-15 Feb-15 Mar-15 Apr-15 May-15 Jun-15
effectif de détenus
consultations pour des dermatoses
131
132
Annexe n°3-a
Fiche d'activité n°1
Thème : hygiène corporelle
Activité : causerie, échanges sur
l'hygiène corporelle et démonstration Objectifs
:
- Définir l'hygiène selon les détenus ;
- Citer des inconvénients du manque d'hygiène
corporelle ;
- Citer les éléments de la toilette
- Amener à la fin le détenu à être
capable de mieux prendre soin de son coprs.
Lieu : préau ou salle
d'alphabétisation
Durée par cellule : 35 minutes
(théorie) et 25 minutes (pratique) Effectif : 18 ou 17
détenus
Matériel : affiches, savon, seau,
serviette
133
Annexe n°3-b
Fiche d'activité n°2
Thème : hygiène vestimentaire
Activité : causerie, échanges sur
l'hygiène vestimentaire et lessive Objectifs :
- Rappeler la définition de l'hygiène (par les
détenus) ;
- Citer des inconvénients du manque d'hygiène
vestimentaire ;
- Citer les éléments pour la lessive ;
- Faire la démonstration en savonnant correctement le
linge, en le frottant
convenablement, en rinçant et essorant correctement le
linge ;
- Amener à la fin le détenu à être
capable de bien laver son linge.
Lieu : préau ou salle
d'alphabétisation
Durée par cellule : 35 minutes
(théorie) et 25 minutes (pratique) Effectif : 18 ou 17
détenus
Matériel : affiches, savon, seau,
serviette, un habit sale.
134
Annexe n°3-c
Fiche d'activité n°3
Thème : hygiène
environnementale
Activité : causerie, échanges sur
l'hygiène environnementale, nettoyage de la cellule ou de la cour
Objectifs :
- Rappeler la définition de l'hygiène (par les
détenus) ;
- Citer des inconvénients du manque d'hygiène
environnementale ;
- Nettoyer régulièrement les salles d'eau, la
cellule et la cour ;
- Citer les éléments pour garder son environnement
propre ;
- Amener à la fin le détenu à être
capable de mieux prendre soin de son
environnement.
Lieu : douche, WC, cellule et la cour du
bâtiment
Durée par cellule : 35 minutes
(théorie) et 25 minutes (pratique). Effectif : 18 ou 17
détenus
Matériel : affiches, savon liquide, seau,
serviette, balais, brosses, eau de javel, poubelles, pelles
Annexe n°4
Feuille de présence aux séances de
causeries Date :
135
Noms
ID
Bâtiments
136
Annexe n°5
Eau+savon+épnge Eau+éponge Eau+savon Eau
|
|
Colonne1
Après sensibilisation Avant projet
|
0 50 100 150
Figure 14 : Évolution du comportement des
détenus
137
Annexe n°6
Le questionnaire
Date . Questionnaire N° .
Bonjour, Monsieur !
Je réalise actuellement une enquête sur la
santé des détenus afin que la prise en charge sanitaire
s'améliore.
Merci d'avance de prendre quelques minutes pour répondre
à ce questionnaire.
I- Identification du détenu
1- Nom et Prénoms : MD
2- Age : ans
3- Sexe : Masculin Féminin
4- Situation matrimoniale : célibataire
|
en couple
|
|
5- Nombre d'enfant :
6- Profession :
7- Nationalité :
8- Religion : musulman chrétien animiste
autre précisez
9- Niveau scolaire : primaire secondaire
supérieur
non scolarité
10- Lieu de résidence :
II- Renseignement judiciaire
11- Statut en prison : Condamné
12- Peine :
13- Infraction commise
14- Avais-tu déjà fait la prison ? Oui
|
Prévenu
Non
|
|
15- Si oui, combien de fois
16- Que penses-tu de tes conditions de détention ?
Très dures Dures
Supportables
III- Rapport avec la famille ou amis
17- Reçois-tu de la visite ? Oui
18- Qui vient te rendre visite ? Père
|
Non Mère
|
Frère/Soeur
Autres
Amis
Précisez
Habits Argent
Précisez
19- Qu'est-ce qu'ils t'apportent ? Nourriture
Autres
20- 138
Combien de fois te rendent-ils visite ? Pas de visite Au moins
une fois par mois
Plus d'une fois par mois
Autres Précisez
IV- Situation sanitaire
21- Nous avons rmarqué que tu as une maladie de la peau.
Elle ne te gêne pas ?
Oui
|
Non
|
22- Pourquoi ?
23- Est-ce que vous vous lavez ? Oui
|
Non.
|
24-
Non Eau
Combien de fois par jour ?
25- Pensez-vous vous laver correctement ? Oui
26- Avec quoi te laves-tu ? Eau+Savon+Eponge
Eau+savon
|
Eau+Eponge
|
Autres
|
Précisez
|
27- Depuis que vous êtes ici, combien de fois avez-vous
reçu du savon ?
28- Part qui ? Administration Famille Autre
29-
Non
Est-ce que vous nettoyez votre cellule ? Oui
30- Combien de fois la nettoyez-vous dans la semaine ?
31-
Eau
Avec quoi la nettoyez-vous ? Balai
Eau+ omo Eau+javel
32- Y-a-t-il des sensibilisations qui sont menées à
votre encontre ?
33- Si, oui qui mène ces sensibilisations ? Les
travailleurs sociaux
139
Les infirmiers
|
Les agents d'encadrement
|
34- Quand vous avez constaté la maladie, êtes-vous
allé à l'infirmerie ?
35- Pourquoi ?
36- Si non, comment vous soignez la maladie alors ?
Aucune action Aide extérieure
37- Est-ce que vous savez au moins ce qui provoque cette
maladie ?
Oui
|
Non
|
38- Si oui, les raisons. Cour sale
|
Habit sale
|
Hygiène corporelle
|
Autres Précisez
Non
39- Nous voudrions organiser des activités de
sensibilisation, comme comment prendre soins de sa peau, ses habits, le
nettoyage de la cellule, de la cour, êtes-vous prêts à
participer à ces actions/activités qui pourront améliorer
votre état de santé ? Oui
40- Peuvez-vous signer au bas de la feuille pour nous prouver
que vous êtes d'accord ?
Non
Oui
Signature
140
Annexe n°7
Questionnaire destiné aux personnels du centre de
santé du camp pénal de
Bouaké
Date . Questionnaire N° .
Bonjour, Monsieur !
Je réalise actuellement une enquête sur la
santé des détenus et particulièrement sur les infections
de la peau en milieu carcéral. Afin d'améliorer la prise en
charge de ces infections, je souhaite avoir votre avis.
Merci d'avance de prendre quelques minutes pour répondre
à ce questionnaire.
1- Présentez-vous s'il vous plaît.
Nom et Prénoms
Profession : Service
2- Depuis quand êtes-vous en charge de la santé des
détenus du camp
pénal ?
3- Quelles observations ouvrez-vous faire par rapport à
l'état de santé général
des détenus ?
4- Quelles sont les pathologies les plus fréquentes que
vous avez recensées
chez eux ?
5-
141
Selon le registre de consultation, les pathologies
cutanées sont les plus fréquentes. Quelles sont les principales
infections de la peau observées
chez les détenus ?
6- Quelles sont les raisons selon vous de cette
prolifération ?
7- 142
Souvent on entend parler de mycose, de dermatose. Quelle est la
différence
entre ces deux (02) notions ?
8- Souvent le manque d'hygiène est évoqué
pour justifier l'apparition des
infections de la peau en milieu carcéral. Est-ce la seule
raison ?
9-
143
La qualité et quantité des repas sont
décriées par la plupart des détenus. Selon vous, cela
peut-il influer sur l'apparition des infections cutanées ?
10- Et le manque d'activité physique, peut-il avoir aussi
un impact ?
11- Les détenus du camp pénal ont un temps de
récréation très court par jour (2
à 4 heures), cela peut-il influencer l'apparition de ces
infections ?
12- Qu'est-ce que le service médical a entrepris à
ce jour pour remédier les
infections cutanées ?
13-
144
Quels résultats avez-vous obtenus ?
14- Quelles sont les insuffisances constatées ?
15-
145
Pourquoi 7
16- Que faut-il faire pour lutter efficacement contre les
infections cutanées au
camp pénal 7
146
TABLE DES MATIÈRES
Sommaire ii
Dédicace ..iv
Remerciements .v
Liste des sigles et abréviations vi
Liste des figures vii
Liste des tableaux .viii
INTRODUCTION GÉNÉRALE .1
Introduction 2
I- Le cadre théorique .4
1.1- L'objet de recherche 4
1.2- La justification du choix du sujet 4
1.3- Les intérêts de l'étude ..6
1.3.1- Intérêt personnel 6
1.3.2- Intérêt scientifique 6
1.3.3- Intérêt professionnel 7
1.3.4- Intérêt social 7
1.4- Les définitions des concepts et mots-clés 7
1.4.1- L'éducation à la santé 7
a) La définition lexicale ..8
b) La définition opératoire d'éducation
à la santé ..9
1.4.2- Les infections cutanées 10
a) La définition lexicale 10
b) La définition opératoire 10
1.4.3- Le milieu carcéral 10
a) La définition lexicale 10
b) La définition opératoire 11
1.5- La revue de littérature .12
1.6- Les constats et problématique .17
1.7- Le cadre de référence théorique ..20
1.8- Les hypothèses de recherche ..24
1.8.1- L'hypothèse générale 24
1.8.2- Les hypothèses opérationnelles 24
1.9- Les objectifs 25
1.9.1- L'objectif général .25
147
1.9.2- Les objectifs spécifiques ..25
II- Le cadre méthodologique .26
2.1- Le champ d'investigation 26
2.1.1- Le champ géographique .26
2.1.2- Le champ sociologique ..26
2.1.3- La présentation du camp pénal de
Bouaké 27
2.2- Les méthodes et techniquesde collecte des
données 28
2.2.1- Les méthodes d'approche ..28
2.2.2- Les techniques de recherche ..28
a) La documentation 28
b) La pré-enquête 29
c) L'observation .29
d) Le questionnaire .30
e) L'entretien ..30
2.3- L'échantillonnage 30
2.3.1- La population .30
2.3.2- La méthode d'échantillonnage 31
2.3.3- La taille de l'échantillon 31
2.4- Le dépouillement 31
2.5- Les méthodes d'analyse ..32
PREMIÈRE PARTIE : LA SANTÉ EN MILIEU
CARCÉRAL
|
33
|
Chapitre I : L'éducation à la santé
|
.34
|
I- La problématique sanitaire en milieu carcéral
|
.34
|
1.1- Les facteurs de vulnérabilité des
détenus
|
34
|
1.1.1- Les facteurs personnels
|
..34
|
1.1.2- Les facteurs sociaux
|
35
|
1.1.3- Les facteurs environnementaux
|
.35
|
1.2- De la vulnérabilité psychologique à la
détérioration de l'état de santé
|
36
|
1.3- Les principales pathologies en milieu carcéral
|
..38
|
II- La nécessité de l'éducation sanitaire en
milieu carcéral
|
..40
|
2.1- La définition de l'éducation à la
santé
|
.41
|
2.2- Le cadre juridique et institutionnel
|
..43
|
2.3- La place de l'éducation à la santé
|
45
|
2.4- L'éducation à la santé dans les prisons
|
45
|
148
Chapitre II : Les infections cutanées
|
..50
|
I-
|
La peau et son système immunitaire
|
50
|
1.1-
|
La définition
|
.50
|
1.2-
|
Le système immunitaire de la peau
|
..51
|
|
1.2.1- La réponse immunitaire innée
|
51
|
|
1.2.2- La réponse immunitaire adaptative
|
52
|
II-
|
Les infections cutanées
|
53
|
2.1-
|
La définition d'infection cutanée
|
53
|
2.2- Les différentes infections cutanées 53
2.2.1- Les principales infections cutanées d'origine
bactérienne 53
a) L'acné .53
b) L'abcès 54
c) La folliculite 54
d) Le furoncle ..55
e) La furonculose 55
f) L'anthrax .55
g) Le panaris 55
h) La perlèche ..55
i) L'intertrigo ..55
j) L'orgelet ..55
k) L'impétigo ..56
l) Le prurigo 56
m) La gale 56
2.2.2- Les principales infections cutanées d'origine
virale .56
a) La varicelle ..56
b) La roséole 57
c) La rougeole .57
c) L'herpès 57
d) Le zona ..57
2.2.3- Les principales infections cutanées d'origine
parasitaire .58
a) Le pou 58
b) La tique ..58
c) La filariose 58
d) La bilharziose ..59
2.2.4- Les principales infections cutanées dues aux
champignons .59
2.2.5- L'ezcéma 59
III- Les différentes infections cutanées en
milieu carcéral 60
3.1- Les principales infections cutanées en milieu
carcéral 60
3.1.1- Les infections bactériennes 60
149
3.1.2- Les infections virales
|
60
|
3.1.3- Les infections parasitaires
|
60
|
3.1.4- Les infections dues aux champignons
|
60
|
3.2- Les causes de ces infections cutanées.....
|
61
|
DEUXIÈME PARTIE : L'ANALYSE DES DONNÉES
|
..63
|
Chapitre III : Les données de l'enquête
|
.64
|
I- Le contexte de l'enquête
|
.64
|
II- La population carcérale
|
64
|
2.1- Les caractéristiques de la population
carcérale du camp pénal
|
66
|
2.2- La détention et ses effets
|
71
|
2.3- Les rapports avec l'extérieur
|
72
|
III- Les détenus et l'hygiène
|
73
|
3.1- Les détenus et les infections cutanées
|
77
|
Chapitre IV : L'interprétation des données
collectées
|
79
|
I- La population cible
|
..79
|
1.1- Une population jeune
|
.79
|
1.2- Un faible niveau scolaire
|
80
|
1.3- Une population évolutive et cosmopolite
|
..80
|
1.4- Un temps d'emprisonnement très long
|
..81
|
II- Les relations sociales du détenu
|
82
|
2.1- Les rapports du détenu dans la prison
|
82
|
2.2- Les relations avec l'extérieur
|
83
|
2.3- L'inexistence d'activités dans la prison
|
84
|
III- Les rapports du détenu à l'hygiène
|
85
|
3.1- Le rapport des détenus à l'hygiène
corporelle
|
.85
|
3.2- Le rapport des détenus à l'hygiène
vestimentaire
|
86
|
3.3- Le rapport des détenus à l'hygiène
environnementale
|
.86
|
IV- Un faible niveau de sensibilisation
|
..87
|
TROISIÈME PARTIE : LE PROJET DE LUTTE CONTRE LES
INFECTIONS
CUTANÉES AU CAMP PÉNAL DE BOUAKÉ
|
89
|
Chapitre V : Le volet conceptualisation du projet
|
90
|
I- Le contexte et la justification
|
..90
|
II- Les objectifs du projet
|
..91
|
2.1- L'objectif général
|
.91
|
150
2.2- Les objectifs spécifiques 91
III- L'identification des cibles 91
IV- Les activités à réaliser ..92
V- Les résultats attendus 92
VI- Les ressources ..94
VII- Le plan d'action 95
VIII- Le suivi et l'évaluation 98
8.1- Le suivi .98
8.2- L'évaluation ..98
Chapitre VI : Le volet opérationnel du projet 99
I- Les stratégies 99
1.1- Le plaidoyer .99
1.1.1- Les publics cibles .99
1.1.2- La description de la stratégie 99
1.1.3- Les activités déployées ..100
1.1.4- La communication engageante dans le plaidoyer ..100
1.2- L'IEC et la CCC .100
1.2.1- Les publics cibles 101
1.2.2- La description de la stratégie IEC et CCC 101
1.2.3- Les activités déployées ..101
1.2.4- La communication engageante dans l'IEC et la CCC...102
1.3- La formation des pairs 102
1.3.1- Les publics cibles ..102
1.3.2- La description de la stratégie .103
1.3.3- Les activités déployées .103
1.3.4- La communication engageante dans l'IEC et la CCC...103
1.4- Le counseling ou le conseil 103
1.4.1- Les publics cibles ..103
1.4.2- La description de la stratégie 104
1.4.3- Les activités déployées .104
1.4.4- La communication engageante dans le counseling 104
1.5- Les visites à domicile (VAD) 104
1.5.1- Les publics cibles ..104
1.5.2- La description de la stratégie 105
1.5.3- Les activités déployées .105
1.5.4- La communication engageante dans les VAD ..105
1.6- La mobilisation sociale ..105
1.6.1- Les publics cibles ..106
1.6.2- La description de la stratégie 106
151
1.6.3- Les activités déployées .106
1.6.4- La communication engageante dans la
mobilisation sociale ..106
II- Les activités 107
2.1- Les enseignements 107
2.2- Les causeries .108
2.3- Le plaidoyer ..108
2.4- Les VAD 109
2.5- Les entretiens individuels .109
2.6- Les activités de nettoyage .109
III- Les résultats et discussion ..110
3.1- Au niveau des plaidoiries 110
3.2- Au niveau de la participation des détenus aux
activités 111
3.3- L'impact des séances de sensibilisation sur les
détenus 113
3.4- Les visites à domicile (VAD) 116
3.5- Les mises en relation ..117
3.6- La production de supports visuels et de messages .118
3.7- La distribution de matériel d'hygiène 119
CONCLUSION GÉNÉRALE ..120
BIBLIOGRAPHIE 122
ANNEXES 128
TABLE DES MATIÈRES 148