I.2. LES FACTEURS HUMAINS
I.2.1. Une végétation sans cesse
grignotée par la présence humaine
En ce qui concerne la végétation, la
région de Yaoundé et ses environs, présentait à
l'origine une végétation forestière constituée
d'une forêt dense et d'une forêt semi décidue avec les
Sterculiacées et les Ulmacées selon
Letouzey (1968 et 1985).
Mais cette forêt dense a été
attaquée par les hommes à des fins agricoles et pour
l'exploitation forestière ; mais aussi à cause du fort taux
d'urbanisation de ces 35 dernières années. Par rapport à
ce point de vue on se rend compte que sur les versants abrupts, la
végétation a de plus en plus disparu au fil des années,
laissant place à un développement accéléré
des habitations. Car les zones périurbaines qui étaient, il y a
une vingtaine d'années à l'état naturel, ont
été progressivement dégradées afin de pourvoir aux
besoins de logements de plus en plus croissants dans la ville de
Yaoundé. Notre zone d'étude en est un parfait illustratif de
cette croissance spatiale qui a presque partout ici consumée le couvert
végétal. Même dans les espaces répertoriés
comme écologiquement sensibles et potentiellement à risques tels
que les bas-fonds marécageux et les pentes des versants.
I.2.2. Le poids de la croissance démographique
Le rythme d'urbanisation est comparable à celui de
toute la ville en général. Il est largement élevé
de l'ordre de 4,2% entre 1973 et
1999. Il a largement dépassé ce seuil de nos
jours. On s'aperçoit que notre zone d'étude dans les
années 60 était quasiment inhabitée et qu'elle a
été largement colonisée au cours de la période
1980-2000. Aussi, les proportions de cette urbanisation dans
la zone sont aujourd'hui effrayantes. Comme le témoigne la
figure 21 présentant images satellites de Google
Earth du mont Akok-Ndoué, respectivement du 03
février 2002 (image A) et du 2 mars 2013
(image B).
On peut constater qu'il ne reste plus que des îlots de
couvertures végétales. Celles-ci ont été presque
totalement consumées par l'emprise humaine pour des fins principalement
de logement. On s'aperçoit en outre que même les espaces de hauts
reliefs et les bas-fonds qui sont écologiquement sensibles et interdits
de constructions, sont presque totalement humanisés.
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![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde31.png)
Image satellite A : Les versants du Mont
Akok-Ndoué en 2002 Image satellite B : Les versants du Mont
Akok-Ndoué en 2013
N N
Mont Akok-Ndoué
Figure 21 : Comparaison diachronique de
l'humanisation des versants du Mont Akok-Ndoué entre 2002 et 2010
Source : Google Earth
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Sur la figure 21, on observe une
évolution significative de l'urbanisation sur les versants du mont
Akok-Ndoué. Sur l'image A, les versants Ouest et Sud sont très
peu humanisés. Par contre sur l'image B ces mêmes versants ont
subi une pression humaine importante, entrainant une diminution de la
couverture végétale. Ceci témoigne de l'explosion
démographique de la ville et de l'extension spatiale de
celle-ci.
I.2.3. La pauvreté et l'expansion de l'habitat
précaire
Il est admis que la vulnérabilité varie
également avec le niveau de développement des
sociétés exposées. A l'échelle sociétale, la
vulnérabilité varie tout aussi bien avec le niveau d'aisance
sociale qui a un impact certain sur la qualité du logement. Lorsqu'on
observe la figure 22 qui présente la typologie de
l'habitat dans la ville de Yaoundé, il ressort que la zone
étudiée se structure en grande partie de l'habitat
spontané et précaire.
La précarité des logements expliquerait
l'importance de la vulnérabilité des populations y
résidentes aux risques d'inondations et de glissements de terrain.
![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde32.png)
Pic du mont Akok-Ndoué, 957m
d'altitude
Planche photo 7: Logements précaires
(Clichés Fofack Mujia Georges, Août 2012 et Mai 2015)
Sur la planche photo 7, on
aperçoit des habitations en matériaux provisoires situées
à plus de 800m d'altitude (photo A), c'est-à-dire à
quelques mètres du pic du mont Akok-Ndoué. Sur la photo B, on
s'aperçoit d'une habitation précaire sur le lit majeur d'une
rivière. Ce qui justifie le fait que la vulnérabilité
varierait avec la qualité du logement.
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![](Exposition-aux-risques-morpho-hydrologiques-dans-deux-secteurs-periurbains-de-la-ville-de-Yaounde33.png)
Figure 22 : Bassins versants et typologie de
l'habitat dans la CUY Source : Données GUY
(2010)
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