Depuis de nombreuses années les champs
électromagnétiques en général et ceux de la
téléphonie mobile en particulier divisent le monde scientifique.
Début 2001, un rapport français43 conclut à
l'absence de risque «en fonction des connaissances actuelles»; mais
depuis cette date, les publications scientifiques c'est à dire les
comptes rendus d'expériences réelles confirment la
nocivité de ces ondes. L'effet qui est complètement prouvé
depuis quelques années mais jusqu'à l'an 2002 certains doutaient
des effets sanitaires (les maladies) et de leur survenue chez les riverains
d'antennes-relais. Aujourd'hui les effets sur le cerveau des riverains, les
conséquences en terme de troubles du sommeil, de fatigue ou de maux de
tête sont parfaitement établis (À partir de 0,6 V/m).
A la fois effet biologique et effet sanitaire, la baisse de
l'immunité aux doses de radiations rencontrées chez les riverains
d'antennes relais est également parfaitement établie (à
partir de 1,3 V/m). Il n'y a aujourd'hui plus aucun doute sur l'existence de
ces effets à faible dose et les conséquences en terme de
santé individuelle ou publique peuvent être considérables
à la fois pour les utilisateurs de téléphones portables ou
pour
43le rapport Zmirou
187
les riverains d'antennes relais pour lesquels il est
également prouvé que le temps d'exposition est un facteur
aggravant (valeur calculée de 0,2 V/m).
«Comprendre comment», un maillon essentiel de la
preuve des effets néfastes des ondes de la téléphonie
mobile. Longtemps ignoré parce que "impossible à comprendre" en
fonction des «connaissances scientifiques actuelles», la
nocivité des ondes électromagnétiques à très
faible dose est maintenant bien comprise tant au niveau moléculaire que
cellulaire. Les normes actuelles sont bien sûr inadéquates
puisqu'elles ne garantissent absolument pas la protection de la santé
individuelle et la façon de définir celles qu'il faudrait adopter
pour ne voir apparaître aucune maladie est assez simple. Depuis plusieurs
années, les compagnies d'assurances et de réassurances ne
couvrent plus les risques liés aux champs
électromagnétiques. Comment les opérateurs assurent-ils
donc leur couverture en responsabilité civile ? L'argument des assureurs
est: les compagnies d'assurances n'assurent pas les risques
prévisibles.
Les publications concernant le cas particulier des
micro-ondes émises par les téléphones GSM ou leurs bases
sont bien sûr peu nombreuses vu la récente mise sur le
marché de ces technologies, mais de nombreuses études mentionnent
depuis longtemps le "syndrome des micro-ondes"
caractérisé principalement par un syndrome
asthénique (fatigabilité, irritabilité, nausées,
céphalées, anorexie, dépression). A ce moment, les hommes
politiques ne se sont pas préoccupés du problème et les
opérateurs de téléphonie mobile ont installé leurs
antennes en s'appuyant sur le fait que les puissances utilisées sont
faibles.
188
Ils masquaient ainsi les particularités de cette
technologie: la puissance annoncée est une valeur moyenne au cours du
temps, d'une part, alors que les émissions se font par paquets
(micro-ondes pulsées) et dans l'espace d'autre part parce que ces
émissions sont directionnelles. De même la composition des ondes
n'est pas abordée alors que la modulation entre extrêmement basses
et hautes fréquences couplée avec une modulation de phase qui
caractérise les émissions GSM est justement telle qu'elle
pourrait interagir avec le corps humain de façon beaucoup plus
importante que les autres ondes radio et micro-ondes telles celles de la TV ou
de la FM ou des radars.
L'ICNIRP44 en 1998 établit des
recommandations de protection qui concernent les effets thermiques des
micro-ondes, ces recommandations sont ensuite reprises par l'Organisation
Mondiale de la Santé et par l'Union Européenne. De nombreux
groupements d'experts au niveau national ou international rendent leurs
conclusions, de nombreuses publications font état des dernières
recherches. Pour la France on peut trouver des publications telles : "Danger
des téléphones cellulaires et de leurs antennes
relais45". "Il faut appliquer le principe de précaution
vis-à-vis des antennes relais de téléphonie
mobile46"
44(Comité International de Protection contre
les Radiation Non-Ionisantes) 45R. SANTINI et al.
Pathol. Biol. 2000-48:525-528
46du Prof. R. SANTINI (La revue
du Praticien Mars 2001) Le rapport à la Direction Générale
de la Santé par un groupe d'experts dont le Dr ZMIROU
(Janvier 2001).
189
Dans la conclusion de ce rapport les experts indiquent la
présence d'effets thermiques dus aux micro-ondes et reprenant la
recommandation de l'Union Européenne du 12 juillet 1999 proposant des
normes de valeurs limites d'exposition aux micro-ondes qui seront inscrites
dans tous les pays du monde où ces appareils sont
utilisés47. Mais ce rapport fait également mention
d'effets biologiques non-thermiques48 dont les conséquences
sont aujourd'hui mal connues et l'hypothèse d'effets sanitaires non
thermiques associés aux champs de fréquences radio de faible
niveau ne peut être exclue, en l'état actuel des connaissances.
Ils indiquent ensuite que la priorité de la recherche doit s'effectuer
dans la direction des téléphones eux-mêmes et que dans le
cas des antennes relais il n'existe aucune méthode
épidémiologique permettant de donner des résultats valides
concernant les risques qui doivent être faibles.
47 Il serait injuste de ne pas citer les rares hommes
politiques qui se sont très tôt préoccupés de ce
problème : les députés européens P.
LANNOYE, G. TAMINO.Dans le rapport de G. TAMINO est cité le
livre de 1998 : "Téléphones cellulaires Danger ?"
(édition Marco Pietteur, Liège) du Dr ès science R.
SANTINI qui présente plus de 150 références
bibliographiques sur le sujet et préfacé par P. LANNOYE Docteur
ès Sciences physiques. Il faut également signaler la publication
du Prof. R. SANTINI en 1999 dans la Presse Médicale (28: p 1884-1886)
d'une synthèse : "Les téléphones cellulaires et leurs
antennes relais: risques pour la santé".
48(p 181 du Rapport Zmirou)
190
Leur proposition de mettre en place une surveillance
épidémiologique concernant le "syndrome des micro-ondes" n'a pas
été suivi d'effet. La surveillance est donc dévolue aux
études épidémiologiques non spécifiques concernant
Ce que regrettent d'ailleurs Lorrain et Raoul,
Sénateurs français, chargé par l'Office
Parlementaire d'Evaluation de Choix Scientifiques et Technologiques de la
rédaction du rapport " Téléphonie mobile et
santé" Les résultats sont sans doute à attendre
dans une dizaine d'année ou plus. Et du fait que les effets des
micro-ondes des GSM sont cumulatives, c'est dès maintenant qu'il faut
appliquer le Principe de Précaution.
Dans d'autres pays, les conclusions d'autres rapports sont
légèrement différentes (Angleterre) ou carrément
opposés, avec par exemple la publication du Prof. Neil CHERRY
qui démontre que les effets non-thermiques sont bien
prouvés et montre, en analysant un très grand nombre de
publications, les insuffisances de la publication de l'ICNIRP. Les
contradictions entre les différentes publications et les doutes existent
donc toujours, ce qui justifie encore une fois l'application du Principe de
Précaution, ce que le groupe d'experts demande d'ailleurs. En 2001
encore, l'International Agency for Research on Cancer (IARC)
qui fait partie de l'Organisation Mondiale de la Santé classe
les champs électromagnétiques d'extrêmement basses
fréquences (ELF) dans les " carcinogènes humains
possibles ".
191
Il s'agit de basses fréquences théoriquement
non utilisées par les bases de téléphonie mobiles mais il
a été démontré que les bases GSM émettent
également en basses et très basses fréquences, ce fait est
d'ailleurs accepté par tous en 2002. Au niveau international la
finalisation du projet international de l'Organisation Mondiale de la
Santé concernant les champs
électromagnétiques49 : Certains résultats des
études en cours seront connus dans les années qui
viennent50 : Ce qui aura de l'importance pour les
générations à venir, mais pas pour ceux qui deviendront
malades. D'où la nécessité d'appliquer le Principe
de Précaution dès maintenant.
D'autres études concernant les champs
électromagnétiques non GSM sont bien sûr en cours avec par
exemple une grande étude épidémiologique Américaine
et revue de publications51sur les champs émis par les lignes
électriques et montrant une augmentation du nombre de cancers, de
leucémies infantiles, et de fausses couches. En Septembre 2002, de
nombreux scientifiques de renommée internationale, déclarent dans
la résolution de Catania reconnaître les effets
non thermiques et l'existence d'effets induits par les champs
électromagnétiques pouvant être défavorables pour la
santé.
49l'EMF PROJECT ( www.who.int/peh-emf/ )
502003 WHO/ICNIRP Health Risk Assessment of Static
and Extremely Low Frequency Fields 2005 IARC carcinogen identification and
evaluation of Radio Frequency Fields 2006-7 WHO/ICNIRP Health Risk Assessment
of Radio Frequency Field
51R. NEUTRA et al.
192
Ils demandent instamment à l'Organisation Mondiale de
la Santé de proposer des recommandations plus restrictives basées
sur la santé et non sur l'intérêt des industriels de la
téléphonie mobile.
Le 9 Octobre 2002, un collectif de médecins et de
scientifiques allemands du Baden Würtemberg appelée
"Interdisciplinäre Gesellschaft für Umweltmedizin52"
à Freiburg. Cette association scientifique indépendante a
publié "l'Appel de Fribourg". Dans cet appel, les
praticiens et les scientifiques indiquent que de plus en plus de personnes sont
victimes des ondes des antennes relais et des téléphones mobiles.
Ils observent chez ces personnes: des troubles de l'apprentissage, de la
concentration et du comportement chez les enfants, des troubles de la tension
artérielle, des troubles cardiaques, des infarctus et des accidents
vasculaires cérébraux, des maladies à
dégénérescence neurologique (Par exemple: la maladie
d'Alzheimer) et épilepsies, des maladies cancéreuses par exemple
les Leucémies et tumeurs du cerveau chez les adultes.
Ils notent également d'autres troubles souvent
interprétés à tort comme psychosomatiques: maux de
tête et migraines, fatigue chronique, inquiétude
intérieure, insomnies et asthénie, acouphènes,
prédisposition aux infections, douleurs nerveuses et douleurs dans les
parties molles, que l'on ne peut expliquer par des raisons normales etc.
52Société Interdisciplinaire de
Médecine Environnementale - IGUMED
193
En France une enquête sanitaire est enfin
réalisée sur les riverains d'antennes relais: "Enquête sur
la santé de riverains de antennes relais de téléphonie
mobile " par R. SANTINI et al. Laquelle montre une
corrélation entre la distance à l'antenne et la fréquence
des plaintes des différents symptômes faisant partie du syndrome
asthénique décrit plus haut.
Fin Mai 2002, un colloque fut organisé par la
Société Bouygues Telecom, sous l'égide de
l'Académie Nationale Française de Médecine. Dans ce
colloque il est beaucoup question du coût financier de l'application du
Principe de Précaution (les opérateurs sont pourtant des
sociétés privées) mais le représentant de
l'Organisation Mondiale de la Santé le Docteur Larry Goldstein
remarque que le coût actuel sera toujours inférieur aux
bénéfices que l'on pourra en tirer et demande donc pourquoi se
priver de l'application du Principe de Précaution? En Juillet le
Prof. G. Hyland récapitule les
mécanismes des effets non-thermiques ainsi que les différentes
pathologies entraînées par les antennes relais.
Pour l'usage des téléphones mobiles, de simples
précautions sont utilisables avec en premier lieu l'utilisation de kit
piéton ou le fait de garder le moins de temps possible le
téléphone à moins de 15 cm du corps, il s'agit du propre
choix de chacun, à condition d'être correctement informés.
Pour les stations-relais personne n'a le droit de mettre la santé des
populations en danger pour des raisons commerciales et, devant les incertitudes
scientifiques actuelles et compte-tenu des effets probablement cumulatifs des
micro-ondes d'une part, et du long délai avant les résultats des
études
194
en cours d'autre part, nous demandons l'application du
Principe de Précaution concernant les antennes émettrices de
téléphonie mobile avec instauration d'un périmètre
d'exclusion autour de toute habitation de 400 mètres, en attendant dans
10 ans le résultat de toutes les enquêtes
épidémiologiques.
A la fin de 2002 les nombreuses publications permettent de
faire le point sur les effets sur la santé, il ne s'agit plus de
principe de précaution mais bien d'effets néfastes
avérés. En 2002 le consensus semble total sur l'acceptation des
effets des champs électromagnétiques pulsés sur
l'activité électrique cérébrale mesurée par
EEG et traduits par des modifications aux résultats de diverses
tâches ou dans le sommeil, ce qui est plus discuté et le fait que
ces effets biologiques53 puissent être
considérés comme des effets sanitaires. Il est montré que
ces effets sanitaires, apparaissant à des doses inférieures aux
valeurs limites actuelles (donc en effets non-thermiques) semblent pourtant
évidents à de nombreux scientifiques et soient déjà
mesurés dans certaines publications. Si ces effets ne sont pas aussi
menaçants que les effets éventuels en termes de cancer ils
représentent quand même un enjeu de santé individuel si ce
n'est de santé publique. Les questions éthiques doivent
également être évoquées. Des publications
scientifiques montrant un effet sur le fonctionnement du cerveau existent
depuis de nombreuses années mais sont parfois contradictoires. Elles
nécessitaient surtout d'être vérifiées.
53bilan de ces différents effets en 2001 par
Bortkiewicz
195
Ainsi les scientifiques exposent des volontaires à des
antennes émettant les mêmes ondes (champs
électromagnétiques pulsés - PEMF) que les
téléphones portables ou leurs antennes relais, selon les doses
appliquées. Ensuite on évalue pendant à l'état
d'éveil soit les capacités à répondre à des
questions, soit la vitesse de réaction à un stimulus visuel ou
auditif. Les ondes émises par le cerveau
(électroencéphalogramme = EEG) pendant l'état
d'éveil ou pendant le sommeil sont également enregistrées.
Ce qui a été montré par les premières
expérimentations il y a 3 à 7 ans c'est une modification des
résultats de tests psychologiques, des modifications de l'EEG avec
surtout des diminutions d'une phase particulière du sommeil : le sommeil
paradoxal pendant lequel se produisent les rêves avec des mouvements
rapides des yeux (phase REM); cette phase est indispensable à un sommeil
correct. Les modifications vues à l'EEG sont ce qu'on appelle un
"effet biologique".
Toute modification de ces paramètres entraîne
des troubles du sommeil, de la fatigue par
mauvaise récupération, c'est ce qu'on appelle un "effet
sanitaire" réversible pour les utilisateurs de portables mais
il n'y a pas de réversibilité dans le cas des riverains
d'antennes relais puisqu'ils sont soumis en permanence aux PEMF avec de plus
des variations de puissance selon l'heure de la journée. Les effets des
champs de micro-ondes pulsées de la téléphonie mobile sur
le cerveau sont donc démontrés et reconnus par tous.
196
Ces effets, dits "biologiques" sont parfaitement mesurables
que ce soit par examen des modifications de
l'électroencéphalogramme soit par les modifications, par rapport
à des témoins non exposés, des tests d'attention, de
réaction ou de mémoire. Les tests d'attention sont le plus
souvent améliorés et ceux de mémoire
altérés, mais quel que soit le sens de la modification c'est bien
cette dernière qui est importante.
D'autre part la liaison avec les troubles du sommeil est
démontrée par les expériences qui l'ont explorée;
ces mêmes troubles se retrouvant parmi les enquêtes
épidémiologiques citées. Il est à noter que les
mécanismes d'action sont en rapport avec la nature de l'onde et
particulièrement avec sa fréquence et non avec son
intensité; les puissances dans les expériences de provocation
sont parfaitement applicables aux antennes-relais dont les riverains
reçoivent en permanence des ondes modulées en ELF, à 217
Hz, 4,2 Hz ou 8,3 Hz. L'importance relative de ces modulations est fonction du
taux d'occupation des émissions, ce qui entraîne donc une
variabilité des expositions en fonction de chaque antenne et en fonction
du temps (sans parler des sources extrêmement basses fréquences
extérieures: lignes et transformateurs électriques, et/ou
intérieures: machines-outils, ordinateurs, appareils domestiques et
électroménagers).
197
En s'en tenant aux simples troubles de l'EEG et du sommeil,
on peut affirmer qu'ils ont été démontrés et les
mécanismes d'action établis, les effets sur l'être humain
ou sur la population ont également été quantifiés.
Toutefois ces effets ne sont pas qualifiés de sanitaires par les
responsables, qu'ils soient politiques ou en charge de la santé
publique. Ces effets sont donc supportés par les utilisateurs de
téléphone mobile sans qu'ils en soient prévenus ainsi
qu'aux populations riveraines d'antennes relais sans leur consentement. Cette
dernière phrase révèle ce qui est peut être une
question particulièrement délicate au point de vue éthique
: ces effets sont reconnus depuis longtemps, dès 1975 par A.
FREY pour les effets des micro-ondes sur la barrière
hémato-méningée et dans le rapport Zmirou qui
reconnaît également les modifications des fonctions cognitives. Ce
qui veut dire que les responsables ont accepté que chez les riverains
d'antennes relais, l'activité cérébrale, avec tout ce que
cela implique de noblesse et d'identité humaine, soit modifiée
SANS LEUR CONSENTEMENT.
Une personne qui, en accord avec la loi actuelle, place des
antennes relais sur le toit de son domicile transforme ainsi ses voisins en
cobayes sans leur consentement éclairé. Des cobayes pour lesquels
les premiers effets biologiques décrits ci-dessus sont connus avec
certitude et qui sont considérés comme des maladies par le
"cobaye" lui-même ou par son médecin traitant, justifiant souvent
le recours à des médicaments. Des "cobayes" pour lesquels des
effets à long terme sont désormais prévisibles et
considérés comme graves puisque les effets non-thermiques sont
maintenant démontrés.
198