Conclusion:
Nous avons vu que le secteur informel est celui qui a un
poids énorme dans l'économie de nos pays africains,
particulièrement en Afrique de l'Ouest. Cependant, de multiples efforts
sont en train d'être fournis par les nombreuses parties prenantes au
niveau local comme au niveau international. Il y a des séminaires de
réflexion, des colloques, des sensibilisations par des personnes ayant
déjà fait une action. L'objectif pour ces pays est de dire comme
Joseph Ki Zerbo51 « on ne développe pas, on se
développe» pour qu'ainsi un développement intérieur
propre à ces sociétés permette une meilleure aide
internationale. L'ESS devrait être un mode de vie à adopter, un
mode de production à mettre en place bâti sur des outils de
protection environnementalistes.
Un dernier souhait serait que dans l'avenir, l'Afrique de
l'Ouest puisse assurer un essor de l'entrepreneuriat en accompagnant les
personnes désireuses d'entreprendre. Le but serait de permettre une
création d'emploi, l'essor d'un meilleur environnement économique
qui favoriserait l'essor des structures de l'économie sociale et
ralentir la fuite de cerveaux. Aussi encourager un retour des personnes
qualifiées dans le pays d'origine pour qu'elles participent au
développement de leur pays. Nous ne saurons omettre en parlant
d'entrepreneuriat de souligner que le financement est un point épineux
et aussi un frein à l'initiative entrepreneuriale. Pour cette raison,
les Etats, les IMFs et les banques devraient continuer dans l'optique d'une
complémentarité afin d'assurer un accès au financement
pour tous, tout en ayant une main mise sur la gestion des risques de
remboursement.
Nous allons passer à présent sur un dernier
chapitre dans lequel on développe les apports de l'ESS : dynamisme,
valorisation et pérennisation de ce concept.
51 Un historien et homme politique burkinabé
né le 21 juin 1922 à Toma (Burkina Faso) et
décédé le 4 décembre 2006 à Ouagadougou.
(
http://www.aes--
pua.com/auteurs/joseph--ki--zerbo)
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 57
CHAPITRE IV : LA CONTRIBUTION DE L'ESS DANS
LE DEVELOPPEMENT DES PAYS OUEST AFRICAIN?
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 58
Comment renforcer la contribution de l'ESS au
développement de l'économie ouest--africaine?
Nous avons développé le concept d'ESS dans les
chapitres précédents et le but à présent est de
réfléchir à un dispositif permettant le
développement de ce concept afin d'en faire un moteur d'emploi
qualifié et sécurisé et de ce fait favoriser la mise en
place de structures formelles pour les très petites entreprises
(TPE).
PARTIE 1 : Réfléchir sur un dispositif
de formalisation pour le « bien--être» de l'économie
africaine
A. Diagnostic des obstacles économiques qui
freinent sa croissance optimale
En Afrique de l'Ouest plusieurs points freinent le
développement de l'économie. Dans un premier temps il y a une
majorité de producteurs issus du milieu informel qui ne sont pas pris en
compte par des indices économiques. En outre, plusieurs failles du
système économique et financier font que cette zone
géographique gagnerait à adopter les caractéristiques de
l'ESS considérée comme un levier de changement pour
améliorer son développement.
Les points faibles qui devront permettre et encourager
l'application de l'ESS sont les suivant :
· Les producteurs étant dans une zone très
restreinte, leur accès au marché est limité. En outre, du
fait qu'ils ne produisent qu'individuellement, qu'occasionnellement, ils ne
sont pas capables d'avoir une offre permanente. De ce fait, ils ont des
problèmes de fonds de roulement, de stock et sont donc condamnés
à faire des affaires seulement quand ils le peuvent, d'où un
manque de stabilité.
· Nos analyses précédentes
démontrent qu'il y a un manque d'institutions de financements
adaptées et de mesures incitatives pour permettre l'attribution de
prêts pour les microprojets. Le poids du secteur informel en Afrique de
l'Ouest représente un manque à gagner pour les recettes fiscales
de l'Etat. Ce manque à gagner entrave la capacité de l'Etat
à mettre en place des politiques publiques destinées à
organiser la migration vers le secteur formel. Ainsi le secteur informel
persiste dans son existence. Face à ce cercle vicieux, la question qui
se pose est de savoir s'il faut l'éradiquer; et si oui, comment?
· En découle donc le problème
d'organisation et de structuration des initiatives des micro-entrepreneurs qui
ne sont pas répertoriées. De ce fait se pose la question d'une
règlementation quasi inexistante ou très faible concernant
l'agriculture ou l'artisanat qui sont au coeur des activités des
Ouest-africains.
·
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 59
Pour terminer, l'Afrique de l'Ouest affiche les taux
d'analphabétisme les plus élevés au monde, qui entravent
son développement et privent ses citoyens de leur capacité
à impulser des changements socioéconomiques et politiques.
L'ironie du sort est que ces personnes « analphabètes » sont
celles qui entreprennent le plus dans le secteur informel et du fait de leur
grand nombre, elles favorisent l'essor de l'informel qui vient faire
concurrence au secteur formel.
A présent que nous savons que les difficultés
principales se situent pour notre économie au niveau d'une
productivité faible, une transparence des prix très
limitée, une contribution fiscale nulle et d'un taux
d'alphabétisation et de formation très faible; il serait donc
important de trouver des options possibles pour formaliser les activités
économiques en Afrique de l'Ouest afin de contribuer à une
stabilité sociale.
Alors d'une part certains pays comme le Sénégal,
la Guinée et bien d'autres en Afrique de l'Ouest disposant d'un
important taux d'informalité dans le secteur de l'artisanat (art,
production, service) essaient de pratiquer une chasse aux acteurs du secteur
informel. Ainsi, des opérations de « déguerpissement »
sont organisées pour détruire les boutiques de fortunes
installées au bord des routes. Mais il s'avère que ces «
commerçants de rues », sont très sollicités par la
population donc en dépit de ces opérations ponctuelles, il y a un
essor important de travailleurs du secteur informel. D'autre part, partant du
fait que les travailleurs du secteur informel font preuve d'esprit
d'entreprenariat face à l'inefficacité du secteur formel, ces
mêmes pays ouest-africains commencent à mettre en place des
politiques de sensibilisation par les médias, des structures
d'accompagnement pour promouvoir l'entrepreneuriat afin qu'il y ait des
conditions de travail décentes aux travailleurs. Cependant,
malgré ces efforts, il n'existe pas de certitudes suffisantes sur leur
efficacité. La plupart des études empiriques qui évaluent
ces politiques n'ont pas suscité d'impact sur les flux vers le secteur
formel. Pourtant il faut trouver des pistes d'amélioration et celles-ci,
justement, doivent faire preuve d'efficacité en prenant comme
modèle l'ESS qui est une économie de mesure, qui s'adapte aux
réalités de chaque pays tout en conservant ses principes
éthiques.
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