"L'entrepreneuriat moteur économique. La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest".( Télécharger le fichier original )par Nafila Sangare Université Toulouse 2 Jean Jaurès - Master Innovation par là¢â‚¬â„¢Economie Sociale 2016 |
PARTIE 2 : Une diaspora désireuse d'entreprendre et de rentrer dans le pays d'origine se trouve saisie de crainteA. L'absence d'un cadre incitatif pour le retour de la diaspora et une fuite de cerveaux réelleForce est de croire qu'au-delà des migrations pour des buts universitaires, recherches et projets, le problème crucial des Etats africains se situe dans leur incapacité à conserver leurs citoyens ou les attirer dans leur pays. Les sommes colossales dépensées pour l'éducation par les Etats africains (dans le cas où elles sont utilisées) sont gaspillées car ils forment au bénéfice des autres pays. En outre, les Etats africains disposent d'un taux de chômage important, une jeunesse diplômée et désoeuvrée à qui on ne peut donner pour le plus grand nombre un travail décent. Aussi, le manque de bonne gouvernance pousse les personnes qualifiées à quitter leur pays. Ces vagues de migration ne font que s'accentuer alors que les pays d'origine ont besoin de toutes les formes de compétence. En effet, pour se développer, un pays a besoin de créer de la valeur ajoutée et pour cela il faut produire avec qualité. Dans ces conditions, les personnes hautement qualifiées constituent un socle important de ressources pour le développement d'un pays. Or, les pays de l'Afrique de l'Ouest, victimes d'une immigration massive et souvent clandestine, en pâtissent car les personnes qualifiées fuient. Le problème des migrations étant un problème de chômage et de ressources financières non disponibles pour une bonne partie de la population, les pays développés seront toujours attractifs car ils ont besoin de main d'oeuvre dans les secteurs où ils en manquent. Ainsi ils pourront toujours engager des Africains diplômés qui auront besoin de travailler à cause du manque de travail dans leurs pays (même si ce n'est pas toujours le cas). C'est en ce sens que certains pays étrangers se sont lancés dans de la publicité pour faire immigrer chez eux les cerveaux étrangers. C'est le cas du Québec avec l'immigration francophone par l'étude de fonds des dossiers ou encore les Etats-Unis par la promotion et la loterie de la Green Card. Par ailleurs, après leurs études à l'étranger, certains étudiants africains choisissent le chemin de la liberté d'expression et des critiques contre la mauvaise gouvernance. Ce qui fait qu'ils deviennent aux yeux des régimes locaux dictatoriaux des personnes dangereuses. Ainsi pour ne pas mettre leur vie en danger s'ils retournent dans leurs pays, nombreux de ces étudiants diplômés préfèrent rester et travailler à l'étranger. D'autres, par contre, ont poursuivi des filières qui n'ont aucun débouché dans leurs pays, sont donc animés d'une peur de se retrouver au chômage dans leur pays d'origine et préfèrent rester dans le pays d'accueil. Il est donc intéressant de comprendre que l'homme est à la quête de la réussite sociale, surtout après ses études. Mais les pays africains n'offrent pas beaucoup de possibilités attractives pour leurs citoyens en fin d'étude. Les dictatures africaines ont montré leur incapacité à sortir l'Afrique du sous-développement depuis les indépendances et voient les expressions critiques de leurs citoyens comme un moyen de porter atteinte au régime. Les conditions sociales en Afrique comme les rémunérations, les métiers, les conditions de travail ne se sont pas améliorées contrairement à l'Occident, ce qui prouve que ces phénomènes de fuites des cerveaux africains seront difficilement maitrisables tant que les environnements adéquats au travail ne seront pas réglés. Or l'indépendance économique et le développement d'un pays dépendent de sa capacité à mettre en valeur son potentiel humain bien formé. Par conséquent, la fuite de ce potentiel constitue un désastre économique qui compromet le développement économique social et culturel des pays. Cependant, il y a tout de même des points positifs; les ressortissants maliens par exemple s'organisent autour des associations dans lesquelles sont demandées des cotisations qui contribuent au développement humain et économique des villages : construction des forages d'eau, d'écoles etc. Ainsi, la diaspora africaine s'organise autour des associations ou organisations non gouvernementales (ONG) qui sont actives en Afrique. A partir des fonds propres collectés ou économisés, la diaspora oeuvre au développement par le financement de divers équipements. Devant la difficulté que les pays africains ont pour faire revenir les cerveaux africains, les solutions proposées par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le PNUD sont en effet louables. L'OIM avec son programme intitulé « Migration pour le Développement Africain »48 participe au renforcement des capacités dans les pays africains. L'organisation et le suivi de ce programme, par exemple, sont d'un apport considérable au développement économique de ces pays d'origine. Heureux sommes-nous de savoir que certains Etats africains ont pris conscience que le développement du continent passe aussi par sa diaspora et par sa population. A cet effet, envisager un partenariat entre les Etats et la diaspora pour utiliser les Africains de la diaspora dans des moments bien précis - par exemple mettre en place des structures dans les pays d'accueil qui orientent la diaspora en fonction du domaine désiré, vers l'entrepreneuriat, doit être en plein essor. Par exemple, le SIAD (Service International d'Appui au Développement) créé en 1988 à Montreuil dans le but d'aider la diaspora à préparer leur retour au 48 http://publications.iom.int/system/files/pdf/mida_french.pdf L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 50 pays, a essaimé en Midi-Pyrénées en 2009 sous l'impulsion de Xavier Bilbault49. Il s'agit de promouvoir cette stratégie de « prise en main de l'Afrique par les Africains» La vocation du SIAD Midi-Pyrénées est de soutenir et d'appuyer les projets de développement économique à fort impact social dans les pays du Sud par le biais de l'entrepreneuriat des diasporas. Même si son action n'est qu'une goutte d'eau dans la mer, elle reste louable. Pour que les Etats africains espèrent un retour significatif de leurs expatriés, l'Afrique devra afficher et affirmer sa volonté pour le développement en passant par ce type d'actions entrepreneuriales. Il faut que les Etats ouest-africains prennent conscience qu'il est difficile de nos jours d'appréhender le développement sans la bonne gouvernance. C'est la raison pour laquelle l'amélioration des conditions financières, environnementales, juridiques, et matérielles pour inciter les cerveaux à rester, est une des conditions sine qua non50, aussi les accompagner à entreprendre en collectif. Nous allons à présent vous présenter l'action du SIAD dont le modèle devrait être mis en valeur car elle est actrice d'un développement par personnes concernées. |
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