WOW !! MUCH LOVE ! SO WORLD PEACE !
Fond bitcoin pour l'amélioration du site: 1memzGeKS7CB3ECNkzSn2qHwxU6NZoJ8o
  Dogecoin (tips/pourboires): DCLoo9Dd4qECqpMLurdgGnaoqbftj16Nvp


Home | Publier un mémoire | Une page au hasard

 > 

"L'entrepreneuriat moteur économique. La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest".

( Télécharger le fichier original )
par Nafila Sangare
Université Toulouse 2 Jean Jaurès - Master Innovation par là¢â‚¬â„¢Economie Sociale  2016
  

Disponible en mode multipage

Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy

2015/2016

L'ENTREPRENEURIAT MOTEUR ECONOMIQUE

LA PLACE DE L'ESS DANS L'ENTREPRENEURIAT EN AFRIQUE DE L'OUEST

Nafila Sangaré

Master 1 IES (Innovation Economique et Sociale)

L'Université Toulouse -- Jean Jaurès / 5 Allée Antonio Machado, 31000 Toulouse

Maitre de mémoire Francois Seck Fall

Maitre de stage Marion Bouyer, coordinatrice,

SIAD Midi Pyrénées, 1 allée Marc Saint Saëns, 31000 TOULOUSE

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 2

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 3

«

L'économie sociale et solidaire démontre qu'il est possible

d'entreprendre autrement, de produire et de consommer autrement, en

respectant le salarié, le consommateur, le citoyen.

»

Claudy Lebreton,

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier dans un premier temps toute l'équipe pédagogique de l'université Toulouse Jean Jaurès et les intervenants professionnels responsables de la formation master 1 Innovation par l'économie sociale, pour avoir assuré la partie théorique de mon mémoire. Je remercie également Messieurs François Seck Fall et Frédérique Rodriguez pour l'aide et les conseils qu'ils m'ont apportés pour ce mémoire lors des différents suivis; sans oublier Monsieur Jacques Prades pour m'avoir ouvert les yeux sur l'utilité de l'économie sociale et solidaire.

Je tiens à remercier tout particulièrement et à témoigner toute ma reconnaissance aux personnes suivantes, pour l'expérience enrichissante et pleine d'intérêt qu'elles m'ont fait vivre durant mes mois de stage au sein du SIAD (Service International d'Appui au Développement) Midi-Pyrénées : Monsieur Xavier Bilbault, fondateur du SIAD pour la relecture de ce mémoire, les conseils, les critiques et les remarques qui m'ont permis de progresser avec sérénité; Marion Bouyer, coordinatrice du SIAD Midi-Pyrénées, pour le temps qu'elle m'a consacré tout au long de cette période, sachant répondre à toutes mes interrogations; Héloïse Kouyaté ma collègue, pour le temps qu'elle a consacré à mon mémoire autant sur la forme et sur le fond, cela a été d'une très grande pertinence; ainsi que le reste de mes collègues pour leur accueil sympathique et leur coopération professionnelle et les bénévoles pour leur accueil et la confiance qu'ils m'ont accordée dès mon arrivée dans l'association.

Je tiens aussi à remercier les membres de ma famille et plus particulièrement mes deux grands frères et ma chère mère qui ont été présents à mes côtés durant toute cette période et bien plus encore, qui ont été d'un soutien énorme en me remontant le moral à chaque fois que je flanchais et pour cela le merci est infini. Je ne saurai oublier également mon bien aimé que je remercie pour son soutien.

Pour terminer, j'adresse mes remerciements à mes collègues de l'université qui ont été d'une très grande amabilité, avec lesquels l'expérience fut belle et enrichissante, sans oublier ceux qui ont contribué à ce mémoire de près ou de loin.

Un hommage à mon cher papa qui est parti de ce monde quand je n'avais que 13 ans. J'aurais tant aimé que tu sois à mes côtés pour me voir grandir, évoluer, rédiger un mémoire... Bref je n'oublierai jamais cette phrase que tu aimais tant dire : « Quand tu tombes, tu te relèves et tu avances ».

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 4

Merci à toutes et à tous !

AVANT--PROPOS

Ce mémoire est pour moi une première expérience, qui m'a permis de d'avoir d'immenses connaissance sur le plan économique ouest africain

Avant de le commencer j'avais beaucoup d'interrogations personnelles concernant la situation économique et sociale des pays d'Afrique de l'Ouest. Malgré toutes ces questions subjectives, j'ai entamé ce mémoire avec un oeil extérieur afin de traiter mon sujet avec objectivité. Mon implication directe s'est faite inconsciemment car je pense faire partie de cette jeunesse africaine, qui est la future relève du continent. C'est pour cela que vous remarquerez à certains passages « un parti pris» et je compte sur votre compréhension.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 5

Merci

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 6

LISTES ACRONYMES ET ABREVIATIONS

ACI : Alliance coopérative internationale

AGIR : Alliance globale pour la résilience

CEDEAO : Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest

CILSS : Comité permanent Inter--Etats de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel

CNCE : Caisse Nationale des Caisses d'Epargne

CSAO : Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest

SIAD : Service International d'Appui au Développement

ESS : Economie Sociale et Solidaire

FMN : Firme multinationale

IMCE : Institut Mondial des Caisses d'Epargne

IMFs : Institutions de microfinance

OCDE : Organisation de coopération et de développement économique

ONG : Organisation non gouvernementale

PED : Pays en développement

PNUE : Programme des Nations unies pour l'environnement

ROPPA : Réseau des organisations paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest

SI : Solidarité internationale

UEMOA : Union Economique et Monétaire Ouest Africaine

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 7

L'Afrique doit prendre conscience de ses potentialités et se prendre en main car l'autonomie ne passera pas par l'aide des autres. Notre vocation est de permettre donc à toute l'Afrique d'avoir des ressources suffisantes pour être autonome.

Nous constatons de nos jours, qu'en effet, nous avons une classe moyenne en pleine croissance dans les pays d'Afrique de l'Ouest et cela est dû à une mondialisation du marché autant sur le plan du travail que sur les échanges de marchandises. Ce phénomène a, de par son empreinte, masqué les spécificités de chaque pays, chaque territoire; ainsi nous sommes dans une logique de recherche de « capital » sans limites et le constat est le suivant : le marché est à la recherche de meilleures occasions pour faire du profit. Beaucoup d'études, de recherches, de rapports sur le contexte économique ouest-africain nous donnent l'impression que l'économie africaine est assez bien portante au vu des taux de croissance élevés ou encore du niveau moyen des populations. Mais cela étant trop optimiste, il est avisé qu'une analyse pertinente et pointilleuse soit faite pour avoir une idée claire de l'évolution économique des pays d'Afrique de l'Ouest et pour cela nous allons voir plusieurs aspects de la santé économique ouest-africaine.

Le capitalisme inefficace devra laisser place à un nouveau modèle économique

Le capitalisme est un système qui de nos jours est mêlé et est sujet à d'immenses controverses. D'un auteur à un autre on se retrouve face à des définitions variées du même mot. Les notions générales qui ressortent de ces définitions sont les suivantes : la propriété privée du moyen de production, la liberté économique, le salariat et l'accumulation du capital. Certains auteurs tels que François Perroux considèrent que le capitalisme est un phénomène purement économique (Le capitalisme, 1948, Puf « Que sais-je ») et d'autres le considèrent comme un phénomène économique s'accompagnant de réalités sociales (K. Marx).

Nous définirons ce modèle économique comme étant un système économique, politique et social fondé sur la propriété privée des moyens de production et d'échange, se caractérisant par la recherche du profit, l'initiative individuelle et la concurrence entre les entreprises. Cela dit, tous les penseurs ne s'accordent pas sur l'importance des caractéristiques précédemment citées, néanmoins la notion d'accumulation du capital est présente dans toutes les définitions. Le temps faisant son oeuvre, l'évolution du capitalisme s'est traduite par un certain nombre de transformations notamment dans les domaines économiques et sociaux.

Le capitalisme contemporain va donc se caractériser par l'émergence de firmes multinationales (FMN). Le fait le plus marquant de ce renouveau est la montée en puissance des marchés financiers du fait du développement du capitalisme actionnarial au détriment du capitalisme managérial. Les actionnaires retrouvent un pouvoir et leur but est de réaliser le maximum de profit pour investir sur les marchés financiers. Cela va d'ailleurs permettre de créer de la croissance économique et donc d'engendrer un

L'entrepreneuriat moteur économique - La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 8

pouvoir d'achat plus élevé, des salaires revalorisés (mais cela reste à nuancer), une amélioration des conditions de vie or en Afrique de l'Ouest cela ne concerne qu'une part infime de la population.

Pour la bonne marche de leur économie, la plupart des pays africains après la période coloniale ont eu besoin d'importer des marchandises qu'ils ne peuvent pas produire en quantité suffisante voire pas du tout. Ainsi ils importent des pays du Nord des céréales de base et certains produits alimentaires (lait, viande, etc.). Les pays de l'Afrique de l'Ouest sont de ce fait dans une dépendance vis à vis de l'extérieur pour l'essentiel de leur nourriture et celle-ci ne cesse de s'accroitre. Ce qui est désolant dans cette situation de dépendance est la position de faiblesse des pays ouest-africains qui acceptent l'implantation des firmes multinationales1 (FMN), ces gigantesques entreprises financières qui opèrent surtout dans les pays du tiers-monde dans le but de les soumettre au modèle capitaliste. Au lieu que cela ait des impacts positifs, il y a plutôt un déséquilibre total de l'économie des pays en développement qui se traduit par quatre caractéristiques2 communes à ces pays que nous avons pu tirer de nos recherches :

· Pauvreté de masse dans les pays du tiers monde

· De fortes inégalités par rapport au pays du Nord.

· Faible insertion dans le commerce international

· Insécurité environnementale, politique et sanitaire

Ainsi, la croissance dans ces pays s'est accompagnée de répartition inégalitaire des ressources. Nous partons de ces constats pour affirmer que l'économie sociale et solidaire serait un concept à adopter dans ces pays afin de guider la production des biens et des services à partir des besoins de tous et non de l'intérêt de quelques-uns. Le but est de mettre l'économie au service du social, afin de réduire les inégalités existantes. Cette nouvelle économie part sur les bases d'une économie démocratique comme le montre le principe « une personne = une voix» pour les prises de décisions au sein d'une entreprise. Elle permet comme le souligne si bien Jean Louis Laville (promoteur de l'ESS) de pallier les insuffisances de l'interventionnisme de l'Etat afin de réduire le chômage de masse et surtout lutter contre les défaillances du capitalisme.

1 Firme Multinationale: Entreprise qui contrôle des filiales implantées dans plusieurs pays et qui a des activités de production et non simplement de vente à l'étranger. La notion de contrôle est définie, dans la plupart des pays, comme un investissement direct étranger (IDE) impliquant le contrôle direct d'au moins 10% des actions ordinaires ou avec droit de vote. Exemples de firmes transnationales françaises: Michelin, Nestlé, Renault...

2 http://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1995_num_50_6_5885

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 9

Un taux de démographie inquiétant

D'un point de vue démographique un grand changement est à venir. Nous pouvons constater, selon les différentes études que la population de l'Afrique des pays membres de l'AGIR3 passerait d'ici 2030 d'environ 300 millions à 455 millions d'habitants4. De ce fait, il faut dès maintenant réfléchir sur la prise en charge de cette population par les Etats car la part des jeunes en âge de travailler sera dominante. La conséquence première liée à cette croissance démographique est qu'il faut nourrir plus de personnes alors que la production locale de base est insuffisante pour pallier ce phénomène.

Nous sommes persuadée qu'il faut que l'agriculture soit le levier pour y remédier. Heureusement, les pouvoirs publics et les différentes populations s'en sont rendu compte et affirment qu'aujourd'hui le secteur d'activité assurant la plus importante source de revenu et de survie en Afrique de l'ouest est l'agriculture. Le défi est de prévoir une transition agro-écologique en Afrique pour reconvertir les paysans vers des pratiques plus respectueuses de l'environnement.

Impact de l'agriculture

L'OCDE (Organisation de coopération et de développement économique)5 estime qu'entre 50 et 80% de la main d'oeuvre des pays africains disponible se livre à une activité économique informelle et le secteur qui domine dans cette économie est le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche).6 Malgré qu'une grande majorité de la population des pays ouest-africains ait une activité agricole, du fait qu'elle soit informelle, ces pays importent des produits qui sont en concurrence directe avec les produits locaux comme la viande, les produits laitiers, l'huile, les fruits et légumes, les produits transformés ou encore les céréales. Mais, au regard de ce manque d'autosuffisance, il est nécessaire d'importer en Afrique de l'Ouest. Toutefois, il est possible de prévoir la réduction de cette balance d'importation et mettre en place une stratégie pour encourager et favoriser la production locale. Une fois une production suffisante atteinte pour nourrir la population locale, ces pays pourront prétendre à une balance d'échange commerciale équilibrée.

Contrairement à ce que pourrait faire croire l'exode rural, l'agriculture africaine reste la source de revenu d'une grande partie de la population notamment rurale. Le problème se posant avec acuité, la question est de savoir quelle stratégie adopter pour produire de façon suffisante dans les années à venir sans avoir recours à une production industrielle usant de moyens chimiques détruisant nos sols et notre environnement. Nous vous invitons à lire l'article de la Banque mondiale sur le Programme de

3 http://www.oecd.org/fr/sites/rpca/agir/

4 http://www.inter-reseaux.org/IMG/pdf/EnjeuxAgricultureAfrOuest_CE.pdf 5 http://www.mays-mouissi.com/2015/03/07/afrique-le-defi-de-la-valorisation-de-leconomie-informelle/ 6 http://www.afd.fr/webdav/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/Scientifiques/Coeditions/Entreprises%20informelles %20Afrique%20de%20l'Ouest.pdf

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 10

productivité agricole en Afrique de l'Ouest qui met en lumière la nécessité pour les pays africains de faire de leur priorité l'agriculture pour permettre le développement rural. (Cf. Annexe I)

Le niveau scolaire

Aujourd'hui nous avons en Afrique des personnes à moitié scolarisées, scolarisées et aussi diplômées de l'enseignement supérieur, mais malheureusement il n'y a que peu d'emplois et les études sont peu ou pas valorisées. Chaque année, des millions de jeunes Africains arrivent sur le marché du travail avec des débouchés très limités. Il est voire même impossible pour certains de trouver un emploi, qu'ils proviennent des zones rurales, urbaines ou encore des pays occidentaux (diaspora). Cependant, les Africains ont réfléchi à des dispositifs qu'ils sont en train de mettre en place pour faire face à ces différents enjeux. Selon le directeur du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO)7 basé à Paris, « Il faut agir dès maintenant pour trouver des réponses aux problèmes de sécurité alimentaire, d'urbanisation et de paix sociale posés dans un espace de 450 millions de personnes ». « Nous abordons les défis posés en Afrique de l'Ouest dans le cadre de chantiers communs avec des organisations comme la CEDEAO, l'UEMOA, le CILSS. Nous nous posons ensemble les questions stratégiques. Nous apportons les éléments d'analyse afin de mobiliser les Africains eux-- mêmes autour des questions de développement ».

8

Sauf que de telles affirmations, datant de 2008, publiées dans un article sur le site www.afrik.com sont sur la table encore 8 ans après et que l'Afrique de l'Ouest demeure toujours dans un contexte économique, social et environnemental alarmant. Soyons tout de même positive car malgré l'alarme qui sonne, il y a des progrès et de nombreux chercheurs, économistes, sociologues, agronomes, environnementalistes ont effectués des travaux suivant leur domaine respectif afin de proposer des solutions meilleures. Mais hélas...pas de miracle pour le moment.

Heureusement qu'il existait des solutions d'entraides traditionnelles...

Les populations pauvres inventent chaque jour des moyens et des stratégies pour survivre, la qualité de ces solutions s'améliorant l'une après l'autre. Le plus important est qu'il y a une solidarité traditionnelle entre habitants à travers des échanges de produits au quotidien ou encore en cas d'évènement heureux ou malheureux dans les zones rurales. Il y a également ce phénomène de tontines d'entraide qui existe depuis de longues années et qui se pratiquait à la base entre femmes. Avec l'évolution sociale et économique, aujourd'hui, il y a différents types de tontines. Nous avons aussi des groupements de producteurs, de femmes ou encore des coopératives de paysans, des petites organisations qui s'unissent

7 Les 18 pays africains couverts par le Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO)

8 http://www.afrik.com/article13716.html

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 11

pour produire, vendre et générer des revenus avec les moyens les plus basiques qui puissent exister. Il y a de ce fait beaucoup d'organisations qui fleurissent mais dans l'informel. Cependant, ce qui est positif et étonnant pour nous c'est que ces activités répondent inconsciemment aux caractéristiques d'une économie sociale et solidaire entrepreneuriale. Les plus visibles sont les tontines, les systèmes informels financiers, les taxis-motos, les petits commerçants, les vendeurs ambulants, les vendeurs de fruits ou légumes dans les zones rurales au bord du goudron, les petits marchés ruraux...

Un esprit d'entrepreneuriat embryonnaire

Connaissant bien la population en Afrique de l'Ouest, nous savons que les personnes pauvres et défavorisées se battent bec et ongles pour survivre. Soyons rassurés A les voir se démener nous sommes bouche bée De ce fait, ne pensez-vous pas que l'entrepreneuriat est un levier pour une création d'emploi?

Il faut souligner que l'Afrique n'ayant pas véritablement « émergé» et le chemin étant encore long pour y parvenir, le domaine de l'entrepreneuriat est indubitablement un levier pour permettre à la jeunesse, aux femmes et hommes de se prendre en main.

À en juger par la place qu'occupent de nos jours la création et l'innovation dans nos sociétés contemporaines africaines, l'entrepreneuriat est le moteur de l'économie nouvelle pour garantir un développement qualitatif mais des défis se sont avérés et il faut y faire face.

Les défis de l'entrepreneuriat en Afrique de l'Ouest

Nous commencerons par noter que le concept d'entrepreneur nous vient de l'économiste Schumpeter9. D'ailleurs en économie, on utilise toujours l'expression d'entrepreneur schumpetérien. Certes, plusieurs définitions existent mais nous partons en premier de celle de Schumpeter: « L'entrepreneur est un homme dont les horizons économiques sont vastes et dont l'énergie est suffisante pour bousculer la propension à la routine et réaliser des innovations ». A celle-ci, nous ajoutons celle de l'économiste français Jean-Baptiste Say10 : « L'entrepreneur déplace les ressources économiques de niveaux inférieurs, pour une productivité et un rendement plus élevé. ». De par ces deux définitions nous pouvons tirer qu'entreprendre c'est: se battre, faire preuve de créativité, de volonté, d'ambition et de désir pour apporter des solutions nouvelles. Et de cela en découle l'action entrepreneuriale qui est de bâtir une idée et la concrétiser et l'acteur en sera l'entrepreneur.

9 Joseph Alois Schumpeter est un économiste autrichien, qui a vécu de 1883 à 1950.

10 Jean-Baptiste Say est considéré comme le principal économiste classique français. Né en 1767, Il est connu pour avoir élaboré la « loi de Say » (ou « loi des débouchés »).

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 12

Nos recherches11 conduisent à penser que l'entrepreneuriat en Afrique de l'Ouest doit faire face à plusieurs défis et nous avons identifié trois majeurs.

Le premier défi est le suivant : les entrepreneurs locaux manquent d'accompagnement par des structures ou cadres adéquats qui puissent leur permettre d'avoir un parcours efficace soit :

· Un accompagnement individualisé

· Des ateliers de formations (pour inculquer une rigueur dans le travail)

· Un espace mutualisé de travail

Ces trois points sont importants car c'est un ensemble de moyens qui permet de démystifier le concept de l'entrepreneuriat et rendre la personne désireuse d'entreprendre plus confiante en la mettant en face des réalités.

Ensuite le second défi est le suivant : les conditions locales constituent une barrière pour les personnes entreprenantes, notamment sur le plan administratif, logistique et en termes d'infrastructures (transport, électricité) ...

Enfin le dernier défi concerne l'accès des TPE/PME12 au financement. Il faut qu'une amélioration du climat des affaires se produise, afin de renforcer les capacités de financement de ces micro-entrepreneurs par le développement du secteur financier (diversification des sources de financement) et principalement des institutions de microfinance (IMF)13.

Ces trois défis illustrent les contraintes que rencontrent les micro-entrepreneurs en Afrique de l'Ouest du fait d'une scolarisation faible voire inexistante et aussi d'un manque d'accompagnement. La preuve en est que ce samedi 13 août 2016 est née à Conakry une plateforme dénommée « Agripreneur »14. « Cette plateforme est une fédération de jeunes entrepreneurs dans le domaine de l'agriculture qui se fixent comme objectif non seulement de mutualiser les informations, les formations, les moyens logistiques et financiers, mais également d'inciter de plus de jeunes à se lancer dans le domaine de l'agriculture », a expliqué M. Alpha Bacar Barry, initiateur de la plateforme et entrepreneur en agriculture.

Il faut savoir que les petits entrepreneurs disposent de fonds propres insuffisants et ne peuvent pas présenter des dossiers de qualité bancable. Mais est-ce la faute de ces entrepreneurs? Non ! Car malgré leur volonté de s'en sortir, ils n'ont pas les bases techniques, ni intellectuelles suffisantes pour faire face à des institutions de financement ou de microfinances et c'est en ce sens que les organismes d'aide à la création d'entreprise doivent intervenir ou d'autres initiatives comme « Agripreneur » doivent voir le jour.

11 Article du journal la Nation « Problématique de l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest; les trois dédis des créateurs des PME/PMI)

12 TPE (Très petites entreprises) / PME (Petites et Moyennes Entreprises)

13 Microfinance

14 http://guinee7.com/2016/08/16/plateforme-de-jeunes-entrepreneurs-agricoles-nee-a-conakry/

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 13

Notre sujet portant sur l'entrepreneuriat dans le secteur de l'économie sociale et solidaire (ESS) comme facteur de développement en Afrique de l'Ouest, nous allons à présent rentrer dans le vif du sujet afin de comprendre « qu'est-ce que l'ESS (Economie Sociale et Solidaire) et quelle place occupe-t-elle dans l'économie ouest-africaine » ?

L'ESS naît de trois principes : l'auto gestion, l'auto-détermination et la lutte contre l'exclusion. Ce sont Jean-Louis Laville15 et Bernard Eme qui théorisent l'Economie Sociale et Solidaire comme une économie démocratique et de proximité. Dans l'ESS nous avons d'une part l'aspect social et d'autre part l'aspect solidaire. Concernant l'économie sociale elle se définit par le statut juridique des structures, quant à l'économie solidaire, découlant de l'économie sociale, elle s'est plutôt développée sur une base militante afin de remédier à la crise économique et au chômage. Ce nouveau concept de l'ESS vise à répondre à des besoins non satisfaits par le système capitaliste en mettant l'accent sur la réduction des inégalités16 et sur de nouveaux modes de production17.

En quoi ce système est utile pour l'Afrique de l'Ouest? Sur cette partie du continent, l'échec du modèle du développement néolibéral a permis aux Africains de réfléchir à leur situation économique préoccupante et trouver des solutions perspicaces. Les populations des zones rurales sont confrontées à un taux de pauvreté élevé. De par cette réalité, elles agissent depuis très longtemps comme J.L Laville l'a énoncé : « à défaut d'emploi, construisons notre activité» mais dans un secteur informel. Ces populations entreprennent en produisant par l'artisanat et les exploitations familiales. Ces organisations paysannes sont à la fois un enjeu économique et politique dans ces pays dans la mesure où l'agriculture est la principale source de création d'emplois dans les pays ouest-africains et qu'elle emploie déjà 80% de la population de ces pays.

Dans ce mémoire, nous émettons l'hypothèse selon laquelle cette « nouvelle économie» qui se traduit en termes d' « économie sociale et solidaire» est un concept qui permettra à l'Afrique de s'affranchir des aides au développement et de sortir de sa situation économique désastreuse en faisant basculer le maximum de micro-entreprises du secteur informel au formel pour une meilleure économie. En effet, il faut mettre en lumière que les entreprises capitalistes ne créent de l'emploi que pour une minorité des populations ouest-africaines car une large partie de la population est dans le secteur informel. Cela s'explique, bien évidemment, par la facilité d'entrée et de sortie de ce secteur informel. Nous sommes tout de même réjouie de constater qu'en Afrique de l'Ouest, il existe « près de 2 millions d'entreprises

15 Jean-Louis Laville est professeur au Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris (cnam), où il est titulaire de la Chaire « Économie Solidaire ». Il est également chercheur au Lise (Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique, CNRS-cnam) et à l'IFRIS (Institut Francilien Recherche Innovation Société

16 Lutte contre l'exclusion, création d'emplois durables, valorisation d'un territoire...

17 Commerce équitable, insertion par l'activité économique, circuits courts de distribution, etc.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 14

d'ESS dans les principaux centres urbains »18 qui visent à réconcilier le social et l'économie afin de remettre l'homme au coeur de l'activité formelle.

Notre plan de travail est très simple. Nous aurons un premier chapitre sur le cadre théorique, conceptuel et méthodologique, un second sur la place de l'entrepreneuriat dans l'économie ouest-africaine, un troisième sur les obstacles à l'initiative entrepreneuriale dans le contexte ouest-africain et un dernier chapitre sur comment renforcer la contribution de l'ESS dans le développement des pays ouest-africains.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 15

18 http://www.lartes-ifan.org/pdf/ESS en Afrique de louest Un mode de vie a rehabiliter.pdf

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 16

CHAPITRE I.

CADRE THEORIQUE, CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE

PARTIE 1 : Cadre conceptuel et théorique

A. L'économie sociale et solidaire : concept et théorie

Il est de nos jours presque inévitable de retrouver le concept de l'économie sociale et solidaire (ESS) dans les articles, les débats économiques sur la nouvelle façon de produire et l'émergence des startups. En dépit de cette lueur d'espoir qui ne cesse de s'accroitre concernant cette nouvelle économie, il est complexe de définir l'ESS car ce concept réunit en lui seul des pratiques, des structures et des domaines d'intervention divers et variés. Il est donc judicieux de revenir sur les deux concepts : social et solidaire.

i) Concept et théorie : économie sociale

Les penseurs tel que Thomas More, Robert Owen ou encore Charles Fourier sont des penseurs du

ème

socialisme utopique qui ont inspiré les ouvriers du 19 siècle face aux désastres engendrés par le

capitalisme.

Par exemple, Charles Fourier, né le 7 avril 1772 à Besançon (Doubs) et mort le 10 octobre 1837à Paris (à 65 ans), est un philosophe français, fondateur de l'École sociétaire, considéré par Karl Marx et Friedrich Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique », dont un autre représentant fut Robert Owen. Plusieurs communautés utopiques ont été indirectement inspirées de ses écrits. Son idée était de créer « le phalanstère », un ensemble de bâtiments à usage communautaire qui se forme par la libre association et par le consensus de leurs membres. Pour lui cette idée serait le socle d'un nouvel État. Le « phalanstère (hôtel coopératif) est une sorte d'exploitation agricole avec des bâtisses pour le logement et l'amusement, pouvant accueillir 400 familles au milieu d'un domaine de 2300 hectares. Partant de cette idée, au 19ème siècle, les ouvriers ont décidé de créer des coopératives de production, de secours mutuel et des comptoirs alimentaires.19

L'aspiration des ouvriers pour ces coopératives était que ces organisations soient fondées sur le volontariat et ouvertes à toutes les personnes aptes à utiliser leurs services et déterminées à prendre leurs responsabilités en tant que membres et ce, sans discrimination. L'important pour eux était que l'organisation soit démocratique dans sa gestion interne, c'est-à-dire : « un membre = une voix ». Tels sont les caractéristiques d'une entreprise se réclamant de l'économie sociale.

Nous retrouverons donc dans une économie sociale les structures suivantes : les mutuelles de santé ou d'assurance ou d'initiative sociale, les associations, les coopératives de production (SCOP), les

19 http://www.horizons-solidaires.org/pdf/fichestechniques/ESS112015.pdf

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 17

coopératives de consommation, les coopératives d'usagers et enfin les sociétés coopératives d'intérêt collectif.20 Cet aspect juridique des structures de l'ESS a été complété par le volet solidaire.

ii) Concept et théorie : économie solidaire

Le concept d'économie solidaire a émergé après le choc pétrolier de 1973. A cette période, ce n'est pas tant le chômage qui pose problème mais plutôt le fait que le taux de chômage triple entre 1975 et 1985, engendrant un chômage massif et durable pour les gens qui le subissent. C'est-à-dire que plus le taux de sous-emploi dure dans le temps, plus le taux d'employabilité diminue, ceci en défaveur du chômeur car plus son chômage se prolonge, moins il a de chances d'être embauché.

L'économie solidaire va ainsi répondre à cette situation par des dispositifs palliant les difficultés d'accès à l'emploi. En France à partir des années 1980, la question du travail est traitée par les éducateurs sociaux car ils se sont rendu compte que les solutions apportées dans les années 1960 ne correspondaient plus à la réalité des années 1980. Ils se sont donc focalisés sur les caractéristiques de l'économie solidaire pour résoudre ce problème. Ces caractéristiques leur permettant de mettre en place une politique d'insertion et de réinsertion des personnes en difficulté. Ils firent donc le pari que les personnes en insertion retrouveront un emploi dans tout type de structure. Cependant, ce fut partiellement un échec.

L'économie solidaire s'est donc associée à l'économie sociale et c'est ainsi que les deux mouvements devinrent « un ». Il en résulta la création de la charte de l'économie « Sociale et Solidaire » en 1980. Il faut noter que les deux concepts se sont complétés.21

B. Une démarche entrepreneuriale

En conformité avec notre définition de l'entrepreneur décrite ci-dessus, un entrepreneur aura pour nous deux phases cruciales dans sa démarche. Dans un premier temps il va produire une idée et la soumettre à maturation jusqu'à ce qu'elle devienne un projet. Ainsi pourra-il passer à la phase de faisabilité de son projet, qui sera suivie de la recherche de financement. Dans un second temps il devra diriger l'entreprise. Il faut noter que son idée le conduit à trouver de l'argent pour concrétiser son projet et de ce fait il se doit d'orienter sa stratégie de développement afin de rendre son activité pérenne.

Derrière cette idée se cache une innovation. Celle-ci peut être soit économique soit sociale. Le plus important pour nous est que dans le contexte africain cette initiative doive permette de pallier des enjeux qui sont basiques : offres de produits de consommation et offres d'emplois décents.

20 http://www.cress-rhone-alpes.org/cress/article.php3?id article=202

21 EME Bernard et LAVILLE Jean Louis « Economie Solidaire (2)» pp 303-325, in Dictionnaire de l'autre économie, sous la direction de Jean Louis Laville et Antonio David Cattani, 2006, collection Folio actuel, édition Gallimard

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 18

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 19

Cependant il ne faut pas confondre la personne qui sera choisie pour diriger l'entreprise avec celle qui a permis de concrétiser l'idée par le démarrage de l'activité, car toutes deux sont différentes personnes. Nous faisons la différence entre le dirigeant et l'entrepreneur même si confusion s'y prête. Plus fréquemment le dirigeant est l'entrepreneur et dans ce cas on dira que c'est un individu qui entreprend pour son propre compte. L'entrepreneur peut aussi être le financeur, ce qui est très rare dans le cas d'un micro-projet.

L'entrepreneuriat est donc un état d'esprit qui permet de créer une entreprise après maturation de l'idée de base jusqu'à la réalisation du business plan : bâtir l'idée et concrétiser l'idée. Pour que la population ouest-africaine puisse avoir le courage d'entreprendre, notamment les jeunes qui sont les plus touchés par le chômage, il faut leur apporter les clés pour entreprendre en passant par des méthodes, des outils et des structures d'accompagnement. Ils doivent comprendre que l'entreprise est un moteur économique qui doit porter des fruits et pour y arriver il faut démystifier ce phénomène d'entrepreneuriat.

L'entrepreneuriat dans l'ESS peut et devrait s'affirmer comme une réponse crédible et innovante pour l'avenir des pays développés et en voie développement car il faut repenser le moyen de croissance pour avoir un impact social bénéfique afin de vraiment lutter contre la pauvreté et en parallèle protéger notre environnement en utilisant les moyens et techniques adéquats et sains.

Aujourd'hui le désir de produire local, de consommer local, de valoriser son territoire et d'en prendre soin est une vocation pour les personnes actrices du développement de leur territoire. Il est important de souligner qu'au vu de l'émancipation de l'entrepreneuriat dans les pays du Nord comme du Sud, les entreprises de l'économie sociale contribuent au renforcement de cet esprit d'entreprise et encouragent l'insertion sociale active des groupes vulnérables. Dans les pays de l'Afrique de l'ouest tel que le Burkina Faso par exemple, c'est l'initiative des populations conscientes de cet enjeu qui fait émerger cet entrepreneuriat dans l'ESS. Mais les entrepreneurs de ce domaine peinent à trouver des appuis financiers, structurels et des partenariats malgré leur ambition d'être éthique et solidaire dans le travail, dans la consommation et dans les finances. Les micro-entrepreneurs ne sont pas encouragés par les pouvoirs publics et encore moins par les banques qui sont frileuses. Ce n'est que récemment que nous avons vu apparaître un système de microfinance qui permet d'encourager et de construire un écosystème de l'entrepreneuriat social, permettant le soutien et le développement d'une économie plus solidaire et plus responsable.

Mohammed Yunus est la personne qui, en ayant mis en place le système de microcrédit facilitant l'inclusion financière, a augmenté l'influence des femmes à se mettre en coopératives. Grace à cet esprit d'épargne collective et indépendante des systèmes bancaires, il y a eu un essor de l'esprit d'initiative mais surtout une amélioration des conditions sociales des personnes défavorisées, permettant à ces personnes de mettre en oeuvre une innovation sociale conduisant à des solutions positives.

C. L'entrepreneuriat dans l'ESS pour les pays du SUD (Afrique de l'ouest)

Nous avons effectué beaucoup de recherches pour pouvoir définir l'ESS pour l'Afrique mais un seul résultat en est sorti. « L'Ecosol (Sigle ESS au Burundi) est un modèle économique inclusif et solidaire dans lequel les acteurs mettent en commun les moyens existants pour la création de richesse en vue d'une amélioration du bien-être social tout en promouvant les valeurs humaines. Elle est basée sur la priorité du service rendu aux membres au-delà du résultat par rapport aux transactions et non par rapport au capital investi. Elle s'ouvre à l'ensemble de la communauté et milite pour ses causes. Elle participe ainsi au développement d'un mouvement social » (Adisco 2014)22

Dès lors, la remarque que nous pouvons émettre est que la dépendance des pays en développement rend la pauvreté persistante et justifie une intervention au-delà du gouvernemental, une intervention internationale. L'économie du développement étudie dans les détails les pièges de la pauvreté et ce souci de faire des recommandations pratiques qui pourront déboucher sur une amélioration. L'économie du développement est ainsi de nos jours une théorie qui permet d'évaluer les millions de programmes de lutte contre la pauvreté pour en arriver à la capacité de mettre en avant l'adoption de nouvelles technologies en agriculture. C'est ainsi qu'en Inde par exemple qui est un pays émergent, la "révolution verte" a été le point de départ d'un accroissement considérable de la productivité et de la production agricole, pendant les années 70 et 80, avec une adoption rapide de variétés hybrides et d'engrais. L'Inde est aujourd'hui un exportateur net de céréales.

Par contre les pays de l'Afrique de l'Ouest représentent un contraste frappant : ces pays possèdent des terres fertiles mais elles sont très peu utilisées. Les raisons possibles de ce manque caractéristique d'exploitation sont le manque d'informations, le faible accès au crédit, le manque de moyens matériels...

En Afrique de l'Ouest donc, cette nouvelle économie sera basée sur le développement humain en premier. Comme défini ci-dessus, « [cette économie] est basée sur la priorité du service rendu aux membres au-delà du résultat par rapport aux transactions et non par rapport au capital investi » et cela va permettre d'organiser d'une meilleure façon les moyens de production des populations locales et de leur apporter la possibilité de devenir autonome grâce aux richesses qu'elles ont entre leurs mains, tel que la main d'oeuvre, l'eau, le soleil, les ressources naturelles...

L'ESS gagne en importance dans les pays du Sud qui y voient une réelle alternative de développement. La plupart des pays ouest-africains ont ainsi mis en place des cadres politiques et juridiques pour promouvoir l'ESS. Depuis 2005, le Mali peut, par exemple, compter sur le soutien du Réseau national d'appui à la promotion de l'économie sociale et solidaire (Renapess), chargé de la recherche et du développement de stratégies en faveur de l'ESS. En 2012, il regroupait 57 organisations (mutuelles, coopératives,

22 http://www.cetri.be/IMG/pdf/terre_150_web-article_ft.pdf

L'entrepreneuriat moteur économique - La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 20

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 21

associations, organismes de microfinance...) décidées à unir leurs efforts pour lutter contre la pauvreté et l'exclusion et négocier une politique publique de l'économie sociale et solidaire.23

Il faut donc retenir que l'ESS en Afrique ne sera pas celle réservée aux personnes en difficulté ou en zone rurale, c'est une nouvelle dynamique qui prendra en compte les enjeux mondiaux et elle permettra à son échelle d'apporter une réponse par rapport l'Afrique en fonction de son impact.

Est-ce une économie sociale et/ou solidaire qui sera utile dans un premier temps?

PARTIE 2 : Problématique et Cadre méthodologique

A. Problématique

Avant tout, avec l'explosion démographique à venir, il y aura de plus en plus de jeunes en Afrique. Il faudrait donc songer à revoir les stratégies et politiques pour l'emploi de ces jeunes. En Afrique de l'Ouest, il y a une insécurité alimentaire inquiétante. Pour répondre à toutes ces contraintes et défis il faut encourager l'entrepreneuriat des jeunes, femmes, hommes... Parce que la conjoncture économique de nos pays de l'Afrique de l'ouest depuis les années 1990 a connu des faiblesses avec l'envahissement des investisseurs internationaux et de la société internationale. Maintenant que l'ESS prône l'autonomisation, le développement local, la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l'exclusion, il serait judicieux de la réadapter au contexte des pays ouest-africains.

Les habitants de cette zone sont capables intellectuellement et physiquement d'agir en faveur de son développement. En outre, la diaspora africaine est répartie le plus souvent dans deux zones géographiques principales : l'Europe et les Etats-Unis. Elle aussi peut être actrice du développement en apportant sa contribution de la façon suivante :

· En apportant des compétences intellectuelles pour améliorer le volet d'éducation universitaire

· Contribuer au développement de l'Afrique en effectuant des transferts d'argent utiles en montant par exemple un projet simple qui permettrait une autonomisation de la population en contribuant au développement par l'entrepreneuriat solidaire. Statistiquement, le transfert d'argent de cette diaspora vers l'Afrique est actuellement estimé à 60 milliards de dollars par an.

· Créer des liens de partenariats entre les entreprises du Nord et du Sud dans le but d'un échange de bons procédés.

23 http://www.afd.fr/webdav/shared/PUBLICATIONS/THEMATIQUES/savoirscommuns/14-Savoirs-communs.pdf

Source : Banque mondiale 2013

Source : Banque mondiale 2013

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 22

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 23

Problématique: en quoi l'ESS dans l'entrepreneuriat est un facteur de développement pour l'Afrique de

l'ouest?

Nous voulons démontrer que la multiplication des initiatives sociales et solidaires en Afrique de l'Ouest contribuera à un développement économique avec des bénéfices sociaux considérables (sur la population et sur l'environnement). Ces initiatives concernent tous les secteurs qui correspondent à des défis majeurs pour les populations locales : pêche, énergie, recyclage, crédit, habitat, santé, éducation, gestion d'infrastructures communes, gestion des points d'eau, agro-alimentaire, mais surtout l'agriculture et l'artisanat.

B. Méthodologie

Une recherche documentaire et une mobilisation de données statistiques vont nous servir à réaliser ce travail. Suite à l'utilisation d'ouvrages thématiques, de travaux académiques nous allons éclairer les théories sur les différents concepts abordés. Nous avons aussi des enquêtes qui ont été réalisées de façon directive et semi directive sur un nombre d'individus restreint afin d'en obtenir une base qualitative (Cf. annexe enquête).

Suite à un séjour au Burkina Faso, notre enquête terrain nous permettra de voir quel est l'impact de l'ESS dans ce pays en termes de présence de coopérative, de mutuelle, d'association ou encore d'ONG (enquête de terrain et recherche documentaire). Grâce aux résultats nous saurons mieux cerner les atouts de l'économie ouest-africaine.

Ensuite, nous avons aussi réalisé une enquête qualitative sur 25 porteurs de projet au sein du SIAD (Service International d'Appui au Développement), l'association d'accueil pour le stage. Cette association ayant pour objectif d'accompagner et de former des porteurs de projet issus des diasporas africaines et souhaitant développer un projet économique dans un pays d'Afrique, la collaboration des porteurs de projet fut très enrichissante pour ce mémoire. Cette recherche empirique, en plus des recherches documentaires et théoriques, a été très utile pour répondre à notre problématique, notamment sur les facteurs qui entravent le développement de l'entrepreneuriat ouest-africain.

Pour terminer nous aurons à analyser un plan social économique dont le pays d'étude est le Sénégal (PSE Sénégal) qui nous permettra de préconiser des solutions pouvant renforcer la contribution de l'ESS dans le développement des pays ouest-africains.

Tout au long du mémoire les travaux documentaires et académiques ayant traité de cette question de réadaptation de l'ESS en Afrique de l'ouest seront exploités, des articles de revues africaines, des données d'instituts. Des ouvrages sur la thématique de l'ESS, l'Afrique ou l'entrepreneuriat nous accompagneront également.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 24

En Afrique, ce concept est récent et il rencontre des difficultés à être soutenu comme il se doit pour permettre un équilibre sur le plan économique. Or, c'est un atout majeur pour les sociétés africaines car le social et le solidaire sont des composantes essentielles de son environnement.

Conclusion:

Nous avons donc bien cerné le contexte de l'Afrique de l'Ouest en parcourant les aspects qui nous ont semblés importants. De ce fait, notre objectif est de prouver que cette économie sociale et solidaire pourra être d'ici quelques années l'économie propice à l'amélioration du mode de vie autant sur le plan social, économique, politique et environnemental. Etant convaincue de cet impact, nous allons faire une analyse pertinente pour enfin en ressortir des solutions perspicaces à la fin de ce travail.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 25

CHAPITRE II: LA PLACE DE L'ENTREPRENEURIAT DANS
L'ECONOMIE AFRICAINE

Quelle place occupe l'entrepreneuriat dans l'économie ouest-africaine?

Partie I: Les caractéristiques fortes des économies ouest--africaines

L'économie en Afrique de l'Ouest occupe une grande partie des actifs des villes et des campagnes. Elle est dominée par le secteur informel (par des initiatives de groupements de paysans, de coopératives de femmes, de microcrédit). A présent, il faudrait que l'ESS permette à son économie de s'inscrire dans une optique de formalisation de ces initiatives.

L'économie ouest--africaine étant soutenue par une économie informelle (I), nous verrons comment les initiatives informelles commencent à intégrer l'économie formelle grâce à des acteurs importants qui oeuvrent en ce sens (II).

A. Une économie informelle ayant un fort impact

D'emblée, notre réflexion est la suivante: en Afrique de l'Ouest l'économie structurée n'arrive pas à absorber la masse de main d'oeuvre, aussi, c'est le secteur informel qui s'en charge. D'ailleurs pour anecdote, lors de notre séjour au Burkina Faso, parmi les personnes que nous avons pu rencontrer, la majorité travaillait dans de grandes structures telles que Bolloré Africa Logistics, Delmas... Les 4/5 ont une activité dans l'informel à côté de leur emploi salarié formel et bien rémunéré. Il est nécessaire d'insister sur le fait que la majorité de ces personnes a une activité dans le domaine agricole et donc de facto dans le secteur informel. Les personnes concernées expliquent les motifs de création de ces activités parallèles:

· « Cette activité nous permet de créer plus d'autonomisation de nos proches en zone rurale>

· « Nous voulons consommer local>

· « L'agriculture nous permettra d'avoir une rentrée d'argent et de plus la demande est évidente>

· « Il est plus écolo de produire à la maison sainement que de se ravitailler au marché avec des produits plein d'OGM (Organisme Génétiquement Modifié)>

· « Il y a de la main d'oeuvre compétente pour l'agriculture et on crée de l'emploi>

· « Cette seconde activité nous permet d'avoir des weekends de détente hors de la grande ville>

Le plus souvent, le secteur informel renvoie l'image de petits producteurs non organisés opérant à la lisière de l'économie moderne. Ce cliché contient une part de vérité. Toutefois, dans les pays de l'Afrique de l'Ouest, toutes les catégories y prennent part. L'OCDE estime qu'entre 50 et 80% de la main d'oeuvre disponible se livre à une activité économique informelle24.

Avant tout constat, il convient de définir le secteur informel. Le secteur informel comprend toutes les activités en dehors du système fiscal et légal, sur lesquelles il n'y a pas d'informations statistiques fiables disponibles. D'où la complexité du secteur informel en Afrique car il comprend beaucoup de micro--

24 http://www.mays-- mouissi.com/2015/03/07/afrique--le--defi--de--la--valorisation--de--leconomie--informelle/

L'entrepreneuriat moteur économique - La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 26

entreprises. De par nos recherches, la grande majorité des études sur le secteur informel en Afrique se concentrent sur de très petites activités (individuelles) telles que le commerce ambulant, l'agriculture et l'artisanat.

Alors, certes la plupart des activités informelles sont de très petite taille mais il ne faut pas oublier que ce phénomène est beaucoup plus complexe et concerne aussi de très grandes exploitations.

Le constat est le suivant, il y a un effet de saturation dans le secteur formel qui permet l'émergence du secteur informel d'où son importance (Marfaing L. et Sow M., 1999). Statistiquement, on estime que l'économie informelle représente aujourd'hui une grande part du PIB et 90 % ou plus de l'emploi en Afrique de l'Ouest.

Ce graphique nous démontre que le secteur primaire (agriculture, élevage, pêche) est entièrement ou très

fortement dominé par

25

l'informel. La majorité des

gens surtout externes à un champ d'étude social ou économique pense ou imagine que l'économie informelle est une économie limitée au monde rural, une économie pour les personnes « pauvres », « en zones défavorisées ». Or cette économie informelle est un atout pour l'économie ouest--africaine dans le sens où entre 50 à 90 % de la population est employée dans ce secteur contrairement au modèle économique structuré qui n'emploi qu'entre 5% et 10% de la population.

Nous déduisons que les failles du modèle capitaliste ont engendré des initiatives individuelles pour se sortir de situation de non emploi. Ces initiatives se déroulent souvent dans le cadre du secteur informel qui a pour avantage de permettre l'essor d'organisations ou groupements en mesure de créer une activité génératrice de revenus. L'initiative n'est plus individuelle mais collective.

Cependant, malgré le dévouement de ces micros entrepreneurs dans le secteur informel, ils sont confrontés à des besoins non négligeables en matière d'équipements technologiques, ils manquent de formations adéquates et de compétences managériales et techniques. De ce fait, ils rencontrent d'une

25 http://www.afd.fr/webdav/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/Scientifiques/Coeditions/Entreprises%20informelle s%20Afrique%20de%20l'Ouest.pdf

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 27

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 28

part des difficultés d'accès aux marchés du fait de l'inadéquation aux normes de qualité de leurs produits, de l'emballage et d'autre part un problème de financement et d'accès au crédit bancaire.

En comparaison avec les pays du Nord où l'ESS est formelle mais son impact minime, en Afrique, cette économie informelle très importante est devenue un secteur de relance économique; surtout, il commence à générer des normes la concernant. D'où les questions suivantes : comment améliorer les conditions pour permettre un meilleur environnement des affaires afin de favoriser le développement de l'entrepreneuriat? Quelle norme juridique pour le secteur informel? Pour faire court, il est important que ce secteur intègre le secteur formel car ce n'est pas seulement une économie de la « débrouille », elle attire, influence, intègre et répond à beaucoup d'enjeux. D'où l'utilisation du concept même de l'ESS.

Nous parlions plus haut du manque de pertinence de l'économie structurée qui émane de l'économie classique. Le capitalisme a engendré des effets de production de masse nocive pour notre environnement et des gouvernances capitalistiques mal adaptées à la plupart des sociétés. Nous pensons que l'ESS en Afrique de l'Ouest serait unificateur car elle s'adapte au contexte. Son histoire et ses valeurs font que l'on retrouve en son sein un champ large dans lequel même les entrepreneurs sociaux peuvent retrouver leurs pratiques innovantes. Il est de ce fait utile de préciser la différence qui existe entre économie sociale, entrepreneuriat social et entreprise sociale car il peut y avoir confusion.

En effet, l'économie sociale est composée des sociétés de personnes : entreprises associatives, coopératives, mutualistes dont les clients sont des sociétaires, qui élisent leurs représentants pour diriger l'entreprise. A but lucratif ou non, elle regroupe des associations du social et des SCOP industrielles ou des mutuelles d'assurance. Une de ses valeurs majeures d'entreprises est orientée autour des gouvernances collectives et partagées.

L'entrepreneuriat social issu du modèle anglo-saxon qu'on pourrait regrouper autour des « entreprises à objectif social avec des outils et méthodes entrepreneuriales ». Mais elle ne possède point de notion fondamentale sur la gouvernance collective et partagée. L'entreprise sociale est un mouvement collectif entrepreneurial et la notion de collectif est primordiale.

Pour conclure, les entreprises de l'ESS sont des entreprises sociales mais toutes les entreprises de l'entrepreneuriat social ne le sont pas. Nous sommes d'accord pour définir avant tout cette économie par la mise en pratique des valeurs et principes de fonctionnement énumérés précédemment de l'ESS. Or, force est de constater que les organisations les plus formalisées et structurées telles que les mutuelles ou encore les coopératives de l'économie sociale se retrouvent couramment en porte-à-faux avec ces principes. En adoptant un mode de gestion similaire au management capitaliste, elles ne gardent d'économie sociale que le nom, principalement en raison des avantages ou de l'accès à des financements que cela autorise, entretenant ainsi la confusion.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 29

Bref...L'ESS lutte pour une production de biens et services, en préservant une dimension humaine dans ses méthodes, et en se donnant comme vocation l'insertion sociale et économique. Tels sont les valeurs de base à notre avis de l'économie informelle en Afrique de l'Ouest. Nous y trouvons aujourd'hui l'entreprenariat classique (entrepreneurs sociaux que nous jugeons opportunistes), les paysans, les tontines, les mutuelles, l'artisanat, les groupements de paysans, les groupements de femmes ou coopératives de producteurs... En outre, la facilité d'entrée et de sortie de l'économie informelle est un facteur de souplesse très important car il permet aux micro-entreprises de « retomber sur leurs pieds ».

Alors, en Afrique de l'Ouest, les expériences existantes telles que coopératives agricoles peuvent basculer dans le secteur formel et seront de facto considérées comme étant dans l'ESS. « Les premières tentatives d'institutionnalisation de l'économie sociale sont à trouver a posteriori dans l'implantation de coopératives agricoles en Afrique. Ces coopératives agricoles relayées au début des années 1970 par les associations villageoises et inter-villageoises de développement ont participé activement à l'affirmation d'un mouvement paysan fort. Elles ont articulé leurs actions autour de la prise de parole par les producteurs, la captation de la rente de l'aide au développement et l'interface avec les intervenants. Les coopératives ont révélé par leur échec la faiblesse d'une construction par le haut et donc leur inféodation à l'Etat. »26

B. Les initiatives informelles commencent à intégrer l'économie formelle grâce à des acteurs importants de l'ESS

Un processus d'institutionnalisation du secteur de l'ESS est en cours et il est important de connaitre les acteurs qui agissent afin de faire entrer les initiatives informelles dans une dynamique d'économie sociale. Les activités répondant aux valeurs et principes de l'ESS sont pour une large majorité dans le secteur informel. Bien que ces activités du secteur informel ne soient pas valorisées par des statistiques, les acteurs prennent conscience des enjeux de société et créent des richesses plus justes, plus responsables et de façon plus équitable. L'homme est au coeur de l'activité économique et cela permet d'avoir une productivité de qualité. Cette économie informelle représente de nos jours une part non négligeable de l'économie ouest-africaine, elle a connu un développement fulgurant en s'appuyant sur une « idéologie travailliste» portée par des ruraux qui migrent vers la ville afin d'entreprendre de façon collective avec des membres de la famille... La liste ne pouvant être exhaustive, nous proposons différents acteurs agissant pour une formalisation des activités micro-entrepreneuriales :

Les organisations non gouvernementales (ONG)

26 https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2003-1-page-97.htm

·

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 30

Les initiatives prises par les jeunes

· Les mouvements de femmes

· Les banques

· Les institutions de microcrédits

· La diaspora africaine

· Le regroupement des producteurs ruraux

· Les coopératives

Nous allons tenter de démontrer en quoi ces acteurs de l'ESS fédèrent un ensemble de pratiques d'entreprises collectives portées par des acteurs divers.

j. Les ONG

Une ONG est une personne morale qui, bien que n'étant pas un gouvernement, intervient dans le champ national ou international. Elle est caractérisée par une mise en place de projets dans les pays du Sud notamment de l'Afrique. Elle intervient en aidant une population supposée être dans le besoin. En effet, les ONG envoient des volontaires en Afrique dans l'optique de contribuer au financement de la solidarité internationale (SI) en apportant des dons financiers. L'avantage de cette pratique est que les volontaires sur le terrain vont transmettre des compétences et en retour acquérir un savoir-faire pratique. Il est de ce fait intéressant que les personnes travaillant au sein de ces ONG soient confrontées au milieu local et à des situations sur le terrain qui leur permettent justement d'améliorer la qualité de leurs interventions.

Cependant, après réflexion, nous pensons que les ONG apportent, certes, de l'aide à nos pays d'Afrique de l'Ouest grâce à un apport financier; mais celui-ci n'est pas forcément la « clé de sortie» pour ces populations, car une fois ces fonds épuisés, les projets sont clos et l'équipe repart vers d'autres horizons. C'est la raison pour laquelle quand nous constatons aujourd'hui que la plupart des ONG se prévalent de l'ESS pour prouver que leur action est pérenne ou durable, nous sommes en droit de nous demander en quoi est-elle réellement pérenne, en quoi est-elle durable. Ces ONG ont-elles permis une autonomisation des populations qu'elles ont eu à aider? Cela est difficile à juger et la question de l'efficacité des ONG n'est pas le point majeur de notre étude. Nonobstant ce constat, de belles oeuvres existent venant de la part des ONG telles que celles que nous allons vous présenter.

ONG APIL27 (Action pour la Promotion des Initiatives Locales).

Cette ONG nous a convaincue par ses actions qu'elle milite pour la valorisation du concept de l'ESS en Afrique. En effet, elle a pour vocation de permettre à la population locale de se prendre en main et donc d'être responsable. APIL s'engage vraiment dans le domaine de la formation qu'elle considère comme son cheval de bataille, car pour cette ONG le développement réel et durable ne peut être efficace sans une responsabilisation de la population locale, en lui permettant grâce à des outils de maitriser leurs activités. C'est ainsi que la formation précède toute intervention avec les communautés rurales et cela est une oeuvre solidaire et sociale car la population est impliquée, formée à la gestion du projet. Elle est ainsi couverte à priori de tout échec.

Comme dans tout domaine, de nos jours, la plupart des échecs des actions d'aides au développement sont dus à un manque de dialogue, d'analyse des réels besoins et de participation des populations locales. Aujourd'hui, nous connaissons certaines ONG qui vont creuser des puits dans des villages sans sonder le terrain. Officiellement c'est pour aider la population à avoir de l'eau, mais est-ce leur besoin réel? Ces ONG ont-elles eu une connaissance suffisante du terrain pour intervenir? Ont-elles cherché à savoir comment l'entretien se fera une fois le puits ou les puits construits?

Pour revenir à APIL qui est un acteur majeur de l'ESS au Burkina Faso, ses activités vont l'alphabétisation des producteurs dans leur langue maternelle aux formations liées à la bonne gestion de leurs activités socio-économiques (agriculture, élevage, artisanat, apiculture, transformation). Le but est de rendre les populations actrices de leur développement. APIL a été créée en 1998, suite à une analyse pertinente d'un jeune Burkinabé qui s'est senti frustré par les stratégies d'intervention des organismes de développement existantes. De ce fait, il a créé cette structure qui s'est consacrée essentiellement à la formation paysanne en vue d'une participation réelle au développement durable au Burkina Faso. Aujourd'hui, elle est une grande actrice dans l'impulsion d'un entrepreneuriat dans la population rurale en permettant à celle-ci d'entreprendre en créant des associations, coopératives ou groupements.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 31

27 http://www.apilaction.net/spip.php?page=a-propos-de-nous&id article=2

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 32

ii. Les initiatives prises par les jeunes africains

 

Un recycleur de pneus en Guinée--Conakry

A Conakry, un jeune Guinéen a fait du recyclage de vieux pneus un métier. Kévin, comme on l'appelle, soutient l'adage qui dit: "il n'y a pas de sot métier".28 Ce jeune homme de 26 ans ayant grandi dans la précarité dans la banlieue de Conakry en République de Guinée, très tôt déscolarisé, mène, depuis près de deux ans, une activité de recycleur de pneus. Il a un atelier de fortune dans lequel il transforme les pneus jetés. Son activité consiste à récupérer, démonter et recycler en bacs à fleurs, ceintures, chaises, etc., des pneus qui ne servent plus aux automobilistes. Le prix de ces objets varie entre 1$ et 3$, pas assez pour en faire une fortune ! Mais il aime son travail et prétend embaucher des apprentis dans l'avenir si ses recettes augmentent un jour pour valoriser le métier de recycleur à Conakry. Aujourd'hui il a créé sa SARL (Société à responsabilité limitée), continue son activité et est donc passé dans le secteur formel.

Recyclage de déchets : sensibilisation sur le recyclage des déchets au Burkina Faso

L'introduction du téléphone mobile en Afrique est à l'origine de transformations socio--économiques surtout dans les domaines de la banque et de la santé. Néanmoins, l'explosion de la téléphonie mobile pose la question de la collecte et du recyclage29 des appareils usagés. Lorsqu'ils sont en fin de vie, ces mobiles deviennent des déchets; ils sont jetés dans la nature ou brulés faute de filières de recyclage sur place et aussi de sensibilisation. Il s'avère en effet que la population ignore la pollution et les risques engendrés sur la santé humaine et l'environnement. Selon un rapport du PNUE (Programme des Nations Unies pour l'Environnement) l'Afrique pourrait même générer plus de déchets que l'Europe d'ici 2017 !

Alors, différentes structures ayant conscience de ces enjeux ont sensibilisé les jeunes qui ont l'envie de travailler. Pour se créer un emploi, ils deviennent alors des collecteurs et surtout les premiers dépollueurs

28 https://www.youtube.com/watch?v=--Jhc6STiXr0

29 http://www.burkina-- faso.ca/sensibilisation--sur--le--recyclage--dechets--technologiques/

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 33

de leurs pays. Tout dépend de l'endroit où ils ramènent ces déchets qui sont échangés contre des accessoires neufs ou contre de l'argent (ceci se produit beaucoup dans l'informel aujourd'hui). Au Burkina Faso c'est très fréquent et des jeunes, ayant capté la source d'entrée d'argent, contribuent au développement économique local. Le jeune dispose de sa mobylette avec une caisse à l'arrière et récupère les déchets souvent dans la rue ou passe de portes en portes pour demander: « Est-ce que vous avez des objets électroniques détériorés, en pannes ou que vous n'utilisez plus? ».

Il est à noter que, bien que ce ne soit qu'un premier pas, c'est une belle initiative de sensibilisation et d'éducation populaire dans le but de valoriser des déchets, créer des emplois, acquérir un savoir-faire et réduire ainsi la pollution et ses impacts sur la santé humaine. Il s'agit d'une contribution à la réduction de l'impact des déchets sur l'environnement et les communautés. Beaucoup d'associations de jeunes se mettent en place pour ce type d'activités, de l'informel au formel.

iii. Les femmes dynamiques

La dynamique des femmes aujourd'hui en Afrique est à honorer, car ces femmes, organisées en associations, mobilisent des ressources économiques pour pouvoir entreprendre ou travailler. Et c'est un grand réseau, car elles vendent tout ce dont on peut avoir besoin grâce à des épargnes qu'elles mettent en place. L'exemple qui nous semble idéal est le cas des jeunes dames ou filles qui proposent des mets africains à des prix abordables pour toutes les bourses (beignets de bananes, des patates douces frites, des petits gâteaux, des pastels...) et, de plus, à base de produits locaux.

Ceci étant, nous avons rencontré au Burkina Faso une dame qui a commencé, tout doucement, par des gâteaux à base de farine de mil et de blé qu'elle vendait devant sa maison (ce qui est très fréquent en Afrique). Aujourd'hui elle emploie 5 jeunes filles qui lui font ses mets, toujours de façon traditionnelle, et grâce au bouche à oreille, elle bénéficie d'un réseau de clients qui lui passent des commandes conséquentes pour les évènements heureux ou malheureux. Elle fait des gâteaux dans de beaux emballages avec une étiquette sur laquelle sont mentionnés le nom de la structure, les ingrédients, la date

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 34

de fabrication et le délai de consommation. Ce qui est intéressant, dans ce cas précis, c'est qu'aujourd'hui elle est en statut de coopérative avec des collaboratrices dans ce même domaine et elles se partagent les commandes de façon équitable. Au sein de sa structure il y a des règles de parité dans les prises de décision. De plus elles ont un système d'épargne pour elles et leurs employés qui est obligatoire.

D'un autre côté, des jeunes filles proposent des services payants tel que la coiffure ou l'étalage de légumes qu'elles produisent elles même. Prenons l'exemple des salons de coiffure de fortune: elles mettent une natte sous un hangar à l'ombre et écrivent sur une pancarte : « salon de coiffure X, nattes et tresses» et les jeunes filles et dames du quartier s'y coiffent pour une somme modeste. A la fin de la journée, ces jeunes filles réunissent les fonds gagnés, font un point, et se le répartissent en gardant une partie pour l'achat du matériel pour la coiffure, des chaises, des escabeaux, des nattes... pour évoluer.

L'avantage est que ces types d'activités issues de l'informel se formalisent au bout de deux ans en moyenne grâce à une épargne qui a été réalisée de façon rigoureuse. Tel est le cas pour cette femme qui fait les gâteaux.

iv. Les banques

Le « M--Banking »

Le système bancaire en Afrique de l'Ouest croit et perce dans une économie qui reste encore à ce jour bien fragile, de par les crises sociopolitiques qui ont touché le pays ces dernières décennies. Le Mobile Banking se révèle donc être un outil d'autant plus convaincant pour le financement et l'épargne. En effet, le « M-Banking» est la réponse à une demande et une utilisation des services de télécommunication en constante croissance. On assiste donc à une réponse qui semble être prometteuse à la question de l'exclusion bancaire dans le pays. Celle-ci s'explique par l'incapacité à payer les frais bancaires (intérêts, cartes bancaires, tenues de compte) par la majeure partie de la population.

Les micros projets sont les plus nombreux. Or ces projets ne sont pas bancables pour les banquiers pour la simple raison que le système bancaire rationne les petits projets, ils ne sont pas intéressés par ces petits projets : il y a donc une barrière économique. Mais on assiste tout de même à un changement. Avec la concurrence de la microfinance, ces banques commencent à s'intéresser aux micro-projets qui se développent de plus en plus dans le formel. C'est ainsi que les banques ont inventé cette nouvelle technologie afin de se rapprocher de la clientèle, le Mobile Banking. Ce système permet de se rapprocher culturellement de la population. Et permet aussi à la banque de modéliser le comportement des clients et de pouvoir innover davantage.

Aujourd'hui, grâce au Mobile Banking, les informations d'opérations effectuées à partir des mobiles s'inscrivent et sont enregistrées par les banques. Les transactions se modélisent et sont d'autant plus encadrées. Il s'agit d'un vecteur considérable pour une financiarisation de l'économie africaine. C'est un

moyen qui encourage les banques à mieux appréhender, comprendre et donc s'adapter aux comportements de leurs clients.

v. Les caisses d'épargnes

L'Institut Mondial des Caisses d'Epargne (IMCE) a tenu sa 6ème réunion statutaire en mai 2015 à Abidjan. La rencontre s'est intitulée « Partenariat stratégique, convergence de moyens de paiement pour mieux servir les masses rurales ». Un thème intéressant car l'objectif est à notre humble avis de trouver une solution pour permettre à la population non bancable de pouvoir obtenir des fonds pour entreprendre des microprojets, c'est-à-dire, apporter un appui aux défavorisés et aux producteurs agricoles. Mamah Diabagaté, Directeur Général de la Caisse Nationale des Caisses d'Epargne (CNCE) de Côte d'Ivoire a souligné que « la CNCE a pour souci de prendre en charge l'accompagnement des personnes exclues du système bancaire et particulièrement les personnes défavorisées du milieu rural ». « La CNCE s'est fixée pour objectif, de garantir la sécurité alimentaire et de faire du secteur agricole le moteur de l'économie nationale en vue d'assurer le bien-être des populations »30.

En effet, la CNCE s'intéresse en Afrique de l'Ouest à la mise en place d'instruments susceptibles de permettre à la population de devenir actrice de son développement en favorisant l'épargne et la possibilité d'accéder au financement des projets. Le problème qui se pose pour ces banques de caisses d'épargne est le remboursement des crédits car il faut un suivi de proximité et cela représente une charge pour ces structures de financement. De nombreuses questions se posent au niveau de l'incorporation du microcrédit dans le circuit des banques commerciales classiques; néanmoins ces caisses d'épargnes sont de plus en plus souples pour favoriser le micro entrepreneuriat afin de favoriser la création d'entreprise dans le secteur formel.

vi. Les institutions de microcrédits

La mobilisation de ressources internes pour le financement du développement joue un rôle important dans les pays du Sud sachant que leurs économies sont en développement. En réalité, ce système a émergé en réponse à l'inefficacité du système bancaire. C'est une finance de proximité et solidaire. Une finance de proximité car c'est une finance sur mesure, qui se déploie au plus près de la clientèle et qui est donc décentralisée. C'est une finance qui est en phase avec la réalité locale et culturelle. La microfinance est solidaire dans la mesure où elle a pour objectif de lutter contre la pauvreté. La microfinance cherche à mettre le client au centre de ses préoccupations. Elle cherche aussi « l'empowerment »31 par l'autonomisation du client.

30 http://news.abidjan.net/h/551013.html, article: Réunion statutaire des caisses d'épargne: Les structures de l'Afrique de l'Ouest renforcent leur position stratégique.

31 L'empowerment est l'octroi de plus de pouvoir aux individus ou aux groupes pour agir sur les conditions sociales, économiques, politiques ou écologiques qu'ils subissent.

L'entrepreneuriat moteur économique - La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 35

A noter que les institutions de micro finance s'implantent là où il y a des exclusions (périphérie urbaine et zones rurales). Elles envoient des agents de crédits pour récolter les dépôts, assurer le remboursement des prêts et mettent l'accent sur l'accompagnement. Concernant la barrière économique, la micro finance va apporter une solution plus souple que le secteur bancaire classique. La microfinance va plutôt innover en termes de garantie (pression sociale...). Elle arrive à accorder des prêts journaliers, mensuels en fonction du cycle économique... Cependant ayant été partiellement un échec, quelle stratégie est envisageable pour l'améliorer?

vii. La diaspora africaine

Pour participer au développement économique de son pays la diaspora africaine devrait aider ses proches à entreprendre afin de les rendre indépendants face au transfert de fonds. Dans l'état actuel des choses, de nombreuses familles survivent grâce aux flux financiers des migrants qui sont la première source de revenu pour leur localité or cette stratégie est loin de les rendre autonome.

Le type d'action que mène par exemple le SIAD (Service Internationale d'Appui au Développement) est une méthode pour permettre à la population africaine de s'affranchir de l'aide au développement mais surtout d'amener les migrants de devenir acteurs du développement économique de leur pays d'origine en mettant en place un projet qui créera de l'emploi et génèrera des revenus. Concrètement, le SIAD dispose d'un dispositif « Cré'Afrique » qui est un incubateur de projets entrepreneuriaux solidaires et durables en Afrique.

viii. Les coopératives

La définition internationale d'une coopérative élaborée par l'Alliance coopérative internationale (ACI) est la suivante : « Une coopérative est une association autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au moyen d'une entreprise dont la propriété est collective et où le pouvoir est exercé démocratiquement. »32

Pour revenir au contexte africain, au vu de nos analyses antérieures sur l'état démographique et d'autonomisation alimentaire des pays de l'Afrique de l'Ouest, nous pensons en effet, comme l'ACI, que l'agriculture constitue le pilier de l'économie africaine et surtout des pays de l'Afrique subsaharienne. Comme le recommande l'ACI il faut que le « secteur agricole soit dynamique et organisé autour des institutions coopératives de manière à avoir un impact sur la vie des petits exploitants agricoles africains ainsi que les agriculteurs commerciaux en milieu rural »33.

32 https://ica.coop/sites/default/files/media items/STRATEGIE%20DU%20DEVELOPPEMENT%20COOPERATIF%20EN %20AFRIQUE%202013%20--%2016.pdf (Page 10)

33 https://ica.coop/sites/default/files/media items/STRATEGIE%20DU%20DEVELOPPEMENT%20COOPERATIF%20EN %20AFRIQUE%202013%20--%2016.pdf (Page 12)

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 36

La « coopérative34 » est donc un instrument très pertinent pour permettre aux familles dans les zones rurales, principalement, de faire face au marché mondial qui envahit nos pays avec des produits industriels en pratiquant des prix faibles qui défient toute concurrence. Cependant, cette coopération doit se faire sur la base d'une maîtrise de l'outil coopératif par ces coopérateurs. Le but est ici de permettre aux petits exploitants agricoles africains de sortir du secteur informel car dans ce secteur ils sont isolés et n'ont aucun pouvoir de négociation.

Certes, il y a eu des échecs de coopératives agricoles mais de nombreux succès sont reconnus et encourageants. « Les principes35 coopératifs ne dérobent pas la coopérative aux effets des progrès et de la concurrence, ni ne la dispense de la contrainte de rentabilité. En la matière, la tâche des coopératives est sans doute plus difficile que pour d'autres types de société, car elles se doivent de concilier ce devoir d'égalité et d'équité pour ses membres et ce besoin de rentabilité » (propos de Marianne Streel)36.

En Afrique de l'Ouest aujourd'hui le statut coopératif est soutenu et encouragé par beaucoup d'organes bien que des obstacles subsistent. De grands mouvements de coopératives de paysans émergent et des institutions de finance permettent aux paysans d'obtenir des prêts afin de s'équiper, se former et assurer une pérennité de leur activité. Mais les principes de la coopérative dans cette zone sont à remettre en question surtout quant aux liens existants dans la coopérative. Concernant la base juridique, Mamadou Cissokho, Président d'honneur du ROPPA Sénégal, nous précise que: « jusqu'à aujourd'hui, il n'existe pas de loi pour l'autonomie et la gestion des coopératives. Il faut donc entamer une réflexion sur ce qu'elles veulent devenir, sans être dévoyées par la compétition et la contractualisation, et en incluant les petites exploitations ».

Dans un rapport de 2013, Chiyoge Sifa, sa directrice régionale pour l'Afrique, souligne que les coopératives africaines sont confrontées à plusieurs défis, notamment le faible niveau d'éducation des agriculteurs, des capacités financières limitées, une forte dépendance à l'égard des sources de financement extérieures et, parfois, une mauvaise gouvernance. Mais elle ajoute que « malgré ces défis, le secteur dispose d'un potentiel de croissance élevé »

34 La coopérative est une société de personnes et une entreprise économique. Le statut juridique des coopératives est très différent selon les législations nationales, lesquelles ne prévoient parfois rien à leur sujet. La forme coopérative n'est alors que le résultat des statuts propres à l'entreprise (Propos de Jean--François Sneessens - Professeur émérite à l'UCL, Belgique)

35 Les principes coopératifs :

Adhésion volontaire et ouverte à tous (porte ouverte).

Pouvoir démocratique exercé par les membres (1 membre --1 voix).

Participation économique des membres et répartition des bénéfices au prorata des activités des membres

Autonomie et indépendance

Éducation, formation et information

Coopération entre les coopératives

Engagement envers la communauté

36 Présidente de l'Union des Agricultrices Wallonnes (UAW)

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 37

Exemple de coopérative

Au Burkina Faso, dans la région sahélienne et plus particulièrement dans la province de l'Oudalan, le SIAD (Service International d'Appui au Développement) a accompagné avec une grande implication des petits exploitants burkinabés, et en particulier des femmes qui tirent la majorité de leurs revenus de la production d'oignons et de sésame. A donc été mis en place un modèle d'entreprise sociale qui permet aux productrices de bénéficier de services innovants pour commercialiser leur production : une coopérative d'oignons37. La valeur ajoutée de cette entreprise sociale est que son capital est détenu par les agricultrices, ce qui permet aux 500 productrices appuyées par le projet de participer directement aux décisions stratégiques de l'entreprise. Elles deviennent donc actrices à part entière et voient leurs capacités économiques renforcées en s'initiant à la comptabilité, à la gestion ainsi qu'à l'épargne.

Tandis que nous avons fait un point sur le poids du secteur informel dans l'économie ouest--africaine, nous avons également vu comment le secteur formel commence à prendre de l'ampleur grâce aux initiatives de différents organes, micro entreprises ou particuliers dans les zones rurales ; nous allons voir quel est l'impact actuel de l'entrepreneuriat dans l'économie africaine.

37 http://www.siad.asso.fr/projets/entreprise--sociale--soutenir--lagriculture--familiale/

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 38

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 39

PARTIE 2 : Les avantages de cette nouvelle économie entrepreneuriale

Cette nouvelle économie que nous qualifions d'entrepreneuriale suscite un grand intérêt et enthousiasme de la part des économistes, politiques, médias, jeunes étudiants en fin de cursus... En effet depuis la crise économique et la montée du chômage, l'entrepreneuriat est devenu une solution de confiance dans la réussite. Les capitalistes sont dépourvus de confiance! De ce fait beaucoup le disent, « pour être bien et participer au développement de nos pays, il faut que nous entreprenions ». Nous allons voir dans cette partie comment cette tendance entrepreneuriale, en lien avec l'ESS, se développe et surtout mesurer l'impact de l'entrepreneuriat féminin.

A. L'entrepreneuriat sociale et solidaire: un levier de croissance

i. L'essor des initiatives entrepreneuriales et leur impact

Les initiatives innovantes ont tendance à se multiplier ces dernières années. Ces initiatives prises par les acteurs dits « entrepreneurs sociaux » en Afrique de l'Ouest, se sont focalisées sur l'identification des opportunités qui se présentent dans les domaines tels que l'agriculture, l'énergie ou encore l'agro-- industrie. Etant donné que dans cette zone, beaucoup d'actions restent à réaliser pour arriver à un certain niveau de développement qualitatif, ces initiatives viennent en réponse à des besoins spécifiques liés à l'environnement, le social, la technologie, l'agriculture, les services et bien d'autres. La mise en oeuvre de ces différents projets répond donc aux problématiques actuelles de développement durable et de responsabilité sociale, ce qui nous permet d'intégrer le concept d'« entrepreneur social» en Afrique de l'Ouest dans le champ de l'ESS.

Etre un entrepreneur n'est pas une chose facile. En effet, il faut une grande motivation et une détermination, car cela demande une persévérance, du dévouement au travail et surtout beaucoup de sacrifices. C'est un métier dans lequel le risque de faillite est très présent. D'ailleurs la grande majorité des entrepreneurs échoue au lancement de leurs premiers projets. Cependant, nous pensons que malgré les efforts et les difficultés à l'horizon de l'entrepreneuriat, il apparait enfin comme une des solutions cruciales susceptibles d'avoir un impact positif pour améliorer l'économie et les mentalités africaines. En outre, de nombreuses fondations font des appels à projets pour des financements, tels que MEETAfrica, afin que les jeunes puissent y prétendre. D'ailleurs, les pratiques entrepreneuriales sont aujourd'hui au coeur des discours des gouvernements africains et donc Entreprendre est une dynamique de croissance.

ii. Un exemple pour illustrer un entrepreneur africain

Un jeune entrepreneur sénégalais38 spécialisé en aviculture.

Après avoir quitté son pays natal pour tenter l'aventure de l'immigration, il est revenu au « bercail » pour se dévouer à la filière avicole. Ce jeune sénégalais, Bakary Coly, s'est lancé dans l'aviculture depuis 13 ans. Aujourd'hui il produit 24 000 poulets de chair et plus de 3 millions d'oeufs par année et fait un peu de maraichage. Suite à son initiative à son retour, il a bénéficié d'un prêt familial pour démarrer son projet. Après 10 premières années dans le secteur

informel, il a créé sa structure :
coopérative. Selon ses propos: « le secteur informel bien vrai qu'il est porteur aujourd'hui mais n'a pas d'avenir certain» (SIC). Son but est de produire en quantité au niveau local pour la population sénégalaise mais tout en respectant l'environnement. Il a l'ambition de faire évoluer le standard qualitatif dans le pays et aussi de s'ouvrir au marché africain (CEDEAO39). Il demande aux jeunes de se lancer dans la production locale notamment dans l'aviculture car comme il le dit « l'aviculture ne ment pas, elle nourrit l'homme », il compte booster les jeunes et créer de l'emploi.

C'est donc une belle initiative à pérenniser. Il faudrait que les gouvernements africains créent des services destinés à faciliter la concrétisation des projets de la diaspora ou des jeunes locaux, cela privilégiera la vulgarisation de l'entrepreneuriat pour le développement de nos pays africains.

B. Le leadership féminin en plein essor en Afrique

En Afrique, la féminisation de la pauvreté demeure un problème majeur. « Dans 28 pays, les jeunes filles continuent de subir les mutilations génitales. De même, les femmes représentent la majorité des 800.000 Africains victimes du trafic humain. Pour chaque jeune homme infecté du VIH/Sida, on compte trois

38 https://www.youtube.com/watch?v=jJE85jo2eyk

39 La Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) est une organisation intergouvernementale ouest-africaine créée le 28 mai 1975. C'est la principale structure destinée à coordonner les actions des pays de l'Afrique de l'Ouest. Son but principal est de promouvoir la coopération et l'intégration avec pour objectif de créer une union économique et monétaire ouest-africaine.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 40

L'entrepreneuriat moteur économique - La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 41

jeunes filles qui subissent le même sort. Mais la femme africaine reste malgré tout, l'incarnation de l'Espoir; elle représente la force du continent mais aussi une opportunité non seulement par sa capacité à gérer des situations compliquées, sa persévérance et son coté « battant ». Il faut savoir que le taux de l'entrepreneuriat féminin est plus élevé en Afrique que dans toute autre région du monde. »40 Des progrès importants ont été accomplis en matière de l'égalité des sexes, mais de grands défis persistent.

Les attitudes de nos sociétés et les normes sociales auxquelles les femmes sont soumises les empêchent d'envisager la création d'entreprise en Afrique de l'Ouest et même ailleurs. Sauf que des obstacles systémiques font que de nombreuses femmes entrepreneurs restent confinées à de très petites entreprises opérant dans l'économie informelle. C'est un secteur qui n'a pas d'avenir, ce qui limite la capacité à contribuer au développement socio-économique et à la création d'emplois. En plus au regard de l'incertitude du secteur de l'informel, faire des recettes conséquentes et régulières pour subvenir aux charges familiales est limité.

Cependant, il faut songer à supprimer les barrières discriminatoires, les lois coutumières, le manque d'accès aux institutions financières formelles, et les contraintes de temps dues aux responsabilités familiales et domestiques afin d'offrir la possibilité aux femmes de créer leur entreprise. D'une part elles seront plus autonomes, d'autre part il y aura plus d'égalité face à la création d'emploi. Nos propos peuvent paraitre féministes; c'est sûrement le cas. Mais nous restons convaincue qu'investir dans les femmes est l'un des moyens les plus efficaces d'accroître l'égalité et de promouvoir la croissance économique exclusive et durable. « Les investissements réalisés dans les programmes spécifiques aux femmes peuvent avoir d'importantes répercussions sur le développement, puisque les femmes consacrent généralement une plus grande part de leur revenu à la santé, à l'éducation et au bien-être de leurs familles et de leurs communautés que les hommes. Alors que des mesures ciblées peuvent combler le fossé pour les femmes parallèlement, il est également essentiel d'éliminer les aspects discriminatoires, des politiques, programmes et pratiques économiques et sociales qui peuvent entraver la pleine participation des femmes à l'économie et la société. »41

Comme exemple nous allons prendre la Coopérative de SAMAYA à Kindia en République de Guinée initiée par une femme Hadja Mbalou Fofana qui est un exemple de femmes entrepreneurs remarquable.

En effet, cette dame que nous avons rencontrée, a créé sa coopérative en ayant pour objectif de relancer la culture bananière et permettre aux producteurs d'avoir des revenus. Créée en 2003 cette coopérative compte aujourd'hui 210 membres et des groupements agricoles. Au sein de la coopérative il y a des employés. Par exemple quand Mme Fofana obtient des marchés une commande d'environ 2 tonnes de

40 http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/AFRICAINFRENCHEXT/0,,contentMDK:228 51993~pagePK:146736~piPK:226340~theSitePK:488775,00.html

41 http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed emp/---emp ent/---ifp seed/documents/publication/

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 42

bananes, elle réunit ces deux tonnes avec les groupements de producteurs, il y a donc un partage. Chaque producteur est payé en fonction de la quantité qu'il peut apporter. En outre, les employés font partie du groupement de producteurs en tant que « salarié et producteur ». Mme Fofana marchande pour la coopérative, collecte la production des producteurs individuels, afin d'approvisionner le marché en fonction des contrats qu'elle obtient. En plus de la production, il y a de la transformation en ragoût et en farine infantile. Elle a intégré aussi l'intervention des femmes dans la transformation des bananes et de l'ananas. Il y a donc une diversité.

Elle est bien organisée au niveau local et la vision de sa coopérative est réaliste. Sa coopérative répond aux principes suivants :

· Adhésion volontaire et ouverte à tous (principe de la porte ouverte) : toute personne voulant s'engager dans la coopérative adhère en payant des droits.

· Pouvoir démocratique exercé par les membres (1 membre = 1 voix): les coopérateurs et les employés sont tous impliqués dans l'activité.

· Participation économique des membres et répartition des bénéfices au prorata des activités des membres : elle repartit la collecte entre les membres du groupement de producteurs.

· Autonomie et indépendance : chacun est libre et indépendant dans sa production

· Éducation, formation et information : formation des femmes dans la culture bananière et de l'ananas

· Coopération : collaboration avec les autres producteurs

· Engagement envers la communauté: les employés de la localité sont employés pour permettre à cette population d'avoir des revenus par famille.

C'est clairement une initiative qualitative liée au développement qui permet une création d'emplois, une production constante en vue d'une croissance économique effective. Concernant le cas des femmes, elles doivent être soutenues dans leur ambition d'entreprendre car elles sont dévouées et ont des capacités non négligeables. Elles doivent être formées et les retombées seront certainement positives car elles seront plus autonomes, indépendantes, et sauront peut-être mieux maitriser le nombre d'enfant à faire qui est de 4,7 en moyenne en Afrique de l'ouest .On peut clore cette hypothèse en reprenant une citation camerounaise de More Women in Politics : « L'homme et la femme sont comme les deux ailes d'un oiseau, et tant que l'aile féminine ne sera pas déployée comme l'aile masculine, le Cameroun, j'allais dire l'humanité, ne prendra pas son envol ».

Conclusion:

Nous avons vu dans ce chapitre que plusieurs acteurs aujourd'hui en Afrique de l'Ouest mènent des actions entrepreneuriales s'inscrivant dans le domaine de l'ESS. En plus, nous avons aussi constaté que les micro-entrepreneurs du secteur informel basculent de plus en plus dans le secteur formel afin d'avoir des activités professionnelles à plus forte valeur ajoutée et pérennes car ils ont certainement pris conscience de l'incertitude du secteur informel.

La conclusion est que ce phénomène entrepreneurial touche une majorité de personne en milieu rural qui sont de fait les moins instruits. D'ailleurs, le résultat d'une conférence des Nations Unies du 9 février 201542 préconise cela : « Pour que l'entreprenariat des jeunes ait davantage d'impact sur la création d'emplois et la promotion du développement durable, les décideurs peuvent améliorer le cadre réglementaire en s'efforçant d'éliminer les obstacles qui empêchent les jeunes entrepreneurs de lancer leur entreprise ».

L'entrepreneuriat dans l'économie ouest-africaine, peut avoir un impact sur les points suivants :

· Offre d'emplois aux jeunes et réduction du chômage

· Réduction de la pauvreté grâce à l'obtention d'un revenu

· Basculement des activités informelles vers le formel

· Encouragement de la mise en place de l'ESS qui est une économie de mesure

Mais des obstacles à cette volonté d'entreprendre existent; nous verrons dans le prochain chapitre quels sont-ils et qui en sont les victimes.

42 http://unctad.org/meetings/fr/SessionalDocuments/ciid29 fr.pdf (page 6)

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 43

CHAPITRE III : LES OBSTACLES A L'INITIATIVE
ENTREPRENEURIALE DANS LE CONTEXTE OUEST-- AFRICAIN

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 44

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 45

Quels sont les facteurs qui entravent le développement de l'entrepreneuriat et sa contribution à l'économie ouest-- africaine?

Dans les pays en voie de développement (PED), la grande partie des activités économiques qui concernent la production de biens et services pour la population s'effectuent dans le secteur non-structuré/non-formel dit de l'économie populaire (peoples economy). Ce secteur a des performances et joue un rôle fondamental pour le développement économique du pays, nous l'avons vu plus haut. Il y a dans ce secteur un grand nombre d'opportunités pouvant contribuer largement à la satisfaction des besoins essentiels de la population notamment l'agriculture. C'est justement ce domaine qui a été totalement délaissé quand les pays du Nord ont amené les pays du Sud à contracter des dettes pour des projets qui leur rapporteraient plus d'avantages qu'aux pays du sud.

Cependant, le problème majeur dans les pays du Sud notamment en Afrique de l'Ouest, est que la population est confrontée à plusieurs problèmes, comme le faible taux de formation, le manque de financement, le manque de stabilité politique, le manque de structure de l'éducation scolaire et professionnelle, un système de corruption avéré, un bas niveau de productivité dû à un manque de matériels ou de formation, etc.

Un problème crucial est la difficulté pour les micro-entrepreneurs d'avoir accès à des ressources financières pour effectuer des investissements. De plus, la frilosité des banques et autres intermédiaires financiers à l'égard des TPE/PME peut s'expliquer par l'insuffisance de garanties ou de mécanismes de prévention des risques qui ne leur permet pas l'accès aux crédits disponibles. En réponse à cette exclusion, l'existence des structures de microfinance depuis 40 ans a permis à ce segment de la population d'obtenir des prêts. Par ailleurs, il importe d'établir une relation banques et institutions de microfinance (IMF), sujet devenu incontournable lorsque l'on aborde la question du financement des économies en développement. Le débat repose sur l'articulation entre ces deux secteurs. Il semblerait que la complémentarité soit l'aspect dominant de la relation entre ces derniers, celle-ci n'excluant pas la concurrence. Un autre facteur que nous évoquons pour la première fois dans ce mémoire est la question de la fuite des cerveaux qui ont du mal à s'adapter au climat des affaires dans leur pays d'origine au vu de toutes ces contraintes.

L'enjeu est de vous présenter différents facteurs qui freinent en pratique le développement ouest-africain. Ceci nous conduira vers la question du retour craintif de la diaspora ouest-africaine vivant en France.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 46

PARTIE 1 : Les facteurs multidimensionnels qui freinent le développement de l'entrepreneuriat ouest--africain

A. Les différents aléas freinant l'essor de l'entrepreneuriat des acteurs

Avant tout, il y a les aléas économiques qui sont nombreux et liés à l'imperfection des marchés et l'incertitude des débouchés. Aussi les importations répercutent des perturbations sur les marchés locaux suite à une concurrence que nous qualifions d'injuste ou déloyale. Une grande partie de la maîtrise de ces risques dépasse les acteurs locaux car de nos jours, ils relèvent des marchés internationaux et de politiques publiques nationales incohérentes.

Ensuite arrivent les aléas politiques spécifiques à l'agriculture, ils sont liés à des politiques peu favorables au niveau de l'organisation des marchés, à un système financier inadapté. Il y aussi des aléas climatiques tels que les sécheresses ou encore les inondations, ce sont des risques qui touchent l'ensemble d'une population présente dans une zone donnée. Ces types de risques ont un impact très important sur l'économie familiale puisque la production et les revenus sont menacés pour l'ensemble d'une année. La succession des aléas climatiques en fréquence rapprochée rend d'autant plus difficile la reconstitution du capital.

Il s'agit encore des aléas sanitaires comme par exemple les attaques parasitaires qui freinent l'efficacité de la production pour les éleveurs.

Enfin, il y a les risques familiaux liés aux problèmes de santé ou à des décès. Ce sont les aléas les plus importants en milieu rural en raison de la concentration de la pauvreté telle qu'elle existe. Ils peuvent entraîner des dépenses importantes et imprévues et déstabiliser de manière conséquente les budgets familiaux des ménages agricoles. Ils privent temporairement ou définitivement l'exploitation agricole d'une partie de sa main d'oeuvre. C'est une réalité. Ces risques même s'ils sont basés sur le secteur de l'agriculture touchent aussi bien les exploitations familiales que les organisations paysannes structurées. Les offres de financement qui pourraient aider à pallier ces risques apparaissent donc, hélas, souvent inadaptées.

Des évidences se posent:

· soit les offres de financement sont liées à des dispositifs et des outils de financement mal conçus; il peut s'agir de produits financiers non adaptés à l'agriculture.

· ou encore il existe une mauvaise prise en considération des réalités et des risques socio-- économiques du milieu d'intervention.

· soit l'institution de financement rural rencontre des difficultés de choix stratégique afin d'assurer une gestion de risque.

Néanmoins, la création des fonds de garantie est l'un des outils permettant de gérer ces risques car les conditions sont larges et diversifiées. Cette garantie permettra donc un partage du risque entre les différentes parties prenantes qui sont l'institution financière, l'emprunteur et le fond de garantie lui-même.

Suite à un focus sur la nécessité des fonds de garantie dans les pays en voie de développement43, le constat est le suivant : dans les PED, ni l'État ni le secteur privé ne sont en mesure de fournir de telles garanties. Il y a là un rôle à jouer pour les partenaires au développement. Les défis nécessitent donc des modes de financement adaptés aux besoins spécifiques des différents secteurs.

Au regard des difficultés que rencontrent les pays du Sud et notamment en Afrique de l'Ouest, il a été donc nécessaire aux yeux des pays du Nord d'apporter une aide sous forme de garantie financière, ce sont les fonds de garantie. Cependant ce choix d'apporter de l'aide est conditionné par le paiement d'intérêts et n'a été couronné dans la plupart du temps que par des échecs. Quoiqu'il en soit, la microfinance vient en souplesse et innove en termes d'intermédiation pour prendre en compte les besoins de ces populations en termes de financement pour démarrer leur activité.

B. La microfinance en réponse au manque de financement, est un outil complémentaire aux banques

On constate l'incapacité d'une majorité de la population ouest africaine à obtenir des crédits bancaires dû au fait qu'elle n'est pas en mesure de fournir des garanties suffisantes. Egalement, au regard du niveau scolaire, la sélection des dossiers par les banques est quasi impossible. La microfinance vient donc, comme nous l'avons dit précédemment, en réponse à cette exclusion.

En effet la microfinance est apparue dans les années 1970 précisément en 1976, avec la Grameen Bank. Muhammad Yunus développe le microcrédit au Bangladesh et ouvre la voie à de nombreuses autres expériences menées dans le monde entier. Il faut tout de même noter que le grand succès de la Gramen bank ne vient pas tellement de la mise à disposition des très petits crédits mais de la solidarité exigée pour les remboursements. Ainsi, le risque n'est pas pris par la banque mais par de petites communautés. Des institutions sont donc créées pour fournir aux pauvres des moyens de créer leur gagne-pain et les outils pour gérer le risque associé, c'est-à-dire les services financiers normaux qui sont proposés aux catégories plus riches.44

Cela fait donc 40 ans aujourd'hui que la microfinance joue un rôle déterminant dans le financement des populations à faible revenu via la collecte d'épargne. En réponse à cette exclusion, la microfinance est

43 Fonds de garantie: intérêts et limites BIM n°65 Geneviève Nguyen

44 Building Social Business: The New Kind of Capitalism that Serves Humanity's Most Pressing Needs, de Muhammad Yunus (2011)

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 47

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 48

apparue il y a plus d'une trentaine d'années, et joue depuis lors un rôle déterminant dans le financement des populations à faible revenu via la collecte de l'épargne. Aujourd'hui elle est devenue une forme importante de l'intermédiation financière et de complémentarité aux banques classiques.45

Suite à la faillite bancaire dans les PED dans les années 80, et aux politiques d'ajustement structurel, il y a eu un essor des institutions de microfinance (IMFs). Ces IMFs se sont révélées être un intermédiaire entre les banques classiques et le secteur informel. En effet au vu de l'asymétrie d'information entre banque et micro-entrepreneur, de la faiblesse des barrières judiciaires par rapport aux procédures des banques, de la faible alphabétisation des populations, l'existence des IMFs est un remède. Ce type de crédit s'adresse très souvent aux entrepreneurs et artisans, n'ayant pas accès aux prêts bancaires classiques. Son objectif est de permettre la concrétisation de micro-projets et favoriser ainsi l'emploi et le développement économique local.

Le microcrédit a su innover en mettant en oeuvre des mécanismes financiers plus appropriés pour la collecte de l'épargne et l'octroi de crédit. Dans un premier temps, le terrain de la microfinance était un domaine particulièrement réservé aux institutions en faveur du développement, mais avec l'évolution la donne a changé. Avec le développement remarquable du secteur, de plus en plus de banques commerciales se rallient aux IMFs pour accorder des prêts. Les banques commerciales jouent un rôle grandissant dans ce secteur, elles pratiquent un downscaling (descente en gamme de clientèle). Outre le fait qu'elle permet aux entrepreneurs pauvres d'avoir les moyens de réduire leur vulnérabilité et de participer au développement économique de leurs pays, la microfinance a prouvé qu'elle pouvait s'établir sur la durée et opérer sur une base commerciale efficace et rentable46. (François Seck FALL, chercheur associé au Consortium pour la Recherche Economique et Sociale).47

Ayant fait un point sur les facteurs qui freinent le financement des micro-entrepreneurs, la diaspora ouest-africaine s'en trouve concernée. Il faut savoir que cette diaspora présente dans les pays du Nord et précisément en France, est issue de milieux souvent pauvres et sans qualification professionnelle. Etant en France, le pays d'accueil dans lequel elle arrive à avoir un travail même avec un niveau scolaire très bas, elle réinvestit dans son pays d'origine en faisant un transfert de fonds tous les mois à ses proches. Et cette opération s'opère la plupart du temps dans les villages d'origine des émigrés.

Aujourd'hui ces émigrés, qui, pour les uns, n'ont pas pu faire d'études et pour d'autres ont pu en faire (souvent de très longues), ont pour ambition de mettre en place des petits projets de développement local, en matière agricole et d'accès à l'eau et à l'électricité. Mais cette diaspora se pose beaucoup de

45 La complémentarité banque, microfinance dans les économies en développement, François-Seck Fall (2011)

46 http://www.erudit.org/revue/recma/2007/v/n304/1021531ar.pdf (« Mesure des performances sociales : les implications pour le secteur de la microfinance » Cécile Lapenu et François Doligez ; Revue internationale de l'économie sociale: Recma, n° 304, 2007, p. 46-62.

47 PANORAMA DE LA RELATION BANQUES/INSTITUTIONS DE MICROFINANCE A TRAVERS LE MONDE de François Seck FALL

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 49

questions sur les points suivants : le financement, l'environnement de travail, la culture, la corruption, les cadres institutionnels incitatifs, les cadres juridiques, la réadaptation après un certain moment hors du pays d'origine. De là nait un sentiment de crainte pour un retour définitif. Pourquoi un retour craintif de la diaspora?

PARTIE 2 : Une diaspora désireuse d'entreprendre et de rentrer dans le pays d'origine se trouve saisie de crainte

A. L'absence d'un cadre incitatif pour le retour de la diaspora et une fuite de cerveaux réelle

Force est de croire qu'au-delà des migrations pour des buts universitaires, recherches et projets, le problème crucial des Etats africains se situe dans leur incapacité à conserver leurs citoyens ou les attirer dans leur pays. Les sommes colossales dépensées pour l'éducation par les Etats africains (dans le cas où elles sont utilisées) sont gaspillées car ils forment au bénéfice des autres pays. En outre, les Etats africains disposent d'un taux de chômage important, une jeunesse diplômée et désoeuvrée à qui on ne peut donner pour le plus grand nombre un travail décent. Aussi, le manque de bonne gouvernance pousse les personnes qualifiées à quitter leur pays. Ces vagues de migration ne font que s'accentuer alors que les pays d'origine ont besoin de toutes les formes de compétence. En effet, pour se développer, un pays a besoin de créer de la valeur ajoutée et pour cela il faut produire avec qualité. Dans ces conditions, les personnes hautement qualifiées constituent un socle important de ressources pour le développement d'un pays. Or, les pays de l'Afrique de l'Ouest, victimes d'une immigration massive et souvent clandestine, en pâtissent car les personnes qualifiées fuient.

Le problème des migrations étant un problème de chômage et de ressources financières non disponibles pour une bonne partie de la population, les pays développés seront toujours attractifs car ils ont besoin de main d'oeuvre dans les secteurs où ils en manquent. Ainsi ils pourront toujours engager des Africains diplômés qui auront besoin de travailler à cause du manque de travail dans leurs pays (même si ce n'est pas toujours le cas). C'est en ce sens que certains pays étrangers se sont lancés dans de la publicité pour faire immigrer chez eux les cerveaux étrangers. C'est le cas du Québec avec l'immigration francophone par l'étude de fonds des dossiers ou encore les Etats-Unis par la promotion et la loterie de la Green Card.

Par ailleurs, après leurs études à l'étranger, certains étudiants africains choisissent le chemin de la liberté d'expression et des critiques contre la mauvaise gouvernance. Ce qui fait qu'ils deviennent aux yeux des régimes locaux dictatoriaux des personnes dangereuses. Ainsi pour ne pas mettre leur vie en danger s'ils retournent dans leurs pays, nombreux de ces étudiants diplômés préfèrent rester et travailler à l'étranger.

D'autres, par contre, ont poursuivi des filières qui n'ont aucun débouché dans leurs pays, sont donc animés d'une peur de se retrouver au chômage dans leur pays d'origine et préfèrent rester dans le pays d'accueil.

Il est donc intéressant de comprendre que l'homme est à la quête de la réussite sociale, surtout après ses études. Mais les pays africains n'offrent pas beaucoup de possibilités attractives pour leurs citoyens en fin d'étude. Les dictatures africaines ont montré leur incapacité à sortir l'Afrique du sous-développement depuis les indépendances et voient les expressions critiques de leurs citoyens comme un moyen de porter atteinte au régime.

Les conditions sociales en Afrique comme les rémunérations, les métiers, les conditions de travail ne se sont pas améliorées contrairement à l'Occident, ce qui prouve que ces phénomènes de fuites des cerveaux africains seront difficilement maitrisables tant que les environnements adéquats au travail ne seront pas réglés. Or l'indépendance économique et le développement d'un pays dépendent de sa capacité à mettre en valeur son potentiel humain bien formé. Par conséquent, la fuite de ce potentiel constitue un désastre économique qui compromet le développement économique social et culturel des pays.

Cependant, il y a tout de même des points positifs; les ressortissants maliens par exemple s'organisent autour des associations dans lesquelles sont demandées des cotisations qui contribuent au développement humain et économique des villages : construction des forages d'eau, d'écoles etc. Ainsi, la diaspora africaine s'organise autour des associations ou organisations non gouvernementales (ONG) qui sont actives en Afrique. A partir des fonds propres collectés ou économisés, la diaspora oeuvre au développement par le financement de divers équipements.

Devant la difficulté que les pays africains ont pour faire revenir les cerveaux africains, les solutions proposées par l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le PNUD sont en effet louables. L'OIM avec son programme intitulé « Migration pour le Développement Africain »48 participe au renforcement des capacités dans les pays africains. L'organisation et le suivi de ce programme, par exemple, sont d'un apport considérable au développement économique de ces pays d'origine.

Heureux sommes-nous de savoir que certains Etats africains ont pris conscience que le développement du continent passe aussi par sa diaspora et par sa population. A cet effet, envisager un partenariat entre les Etats et la diaspora pour utiliser les Africains de la diaspora dans des moments bien précis - par exemple mettre en place des structures dans les pays d'accueil qui orientent la diaspora en fonction du domaine désiré, vers l'entrepreneuriat, doit être en plein essor. Par exemple, le SIAD (Service International d'Appui au Développement) créé en 1988 à Montreuil dans le but d'aider la diaspora à préparer leur retour au

48 http://publications.iom.int/system/files/pdf/mida_french.pdf

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 50

pays, a essaimé en Midi-Pyrénées en 2009 sous l'impulsion de Xavier Bilbault49. Il s'agit de promouvoir cette stratégie de « prise en main de l'Afrique par les Africains» La vocation du SIAD Midi-Pyrénées est de soutenir et d'appuyer les projets de développement économique à fort impact social dans les pays du Sud par le biais de l'entrepreneuriat des diasporas. Même si son action n'est qu'une goutte d'eau dans la mer, elle reste louable.

Pour que les Etats africains espèrent un retour significatif de leurs expatriés, l'Afrique devra afficher et affirmer sa volonté pour le développement en passant par ce type d'actions entrepreneuriales. Il faut que les Etats ouest-africains prennent conscience qu'il est difficile de nos jours d'appréhender le développement sans la bonne gouvernance. C'est la raison pour laquelle l'amélioration des conditions financières, environnementales, juridiques, et matérielles pour inciter les cerveaux à rester, est une des conditions sine qua non50, aussi les accompagner à entreprendre en collectif.

Nous allons à présent vous présenter l'action du SIAD dont le modèle devrait être mis en valeur car elle est actrice d'un développement par personnes concernées.

B. SIAD Midi--Pyrénées

i) Contexte du projet SIAD et sa pertinence

Les diasporas africaines ont une forte appétence pour l'entrepreneuriat, un bon nombre d'Africain-e-s ont, dans leur pays, une micro-entreprise (agriculture familiale, taxi...). Pour des raisons personnelles, les membres des diasporas ont la volonté de contribuer à l'amélioration du niveau de vie de leur territoire d'origine

La pertinence du SIAD porte sur une logique d'entrepreneuriat solidaire et durable. Cette association propose aux porteurs de projets de développer un modèle économique permettant de mettre en place un projet économiquement viable.

Il s'agit le plus souvent pour les porteurs de projets de créer de petites exploitations agricoles, souvent au niveau d'un village, avec des cultures maraîchères plutôt que pluviales. Une partie des produits des récoltes serait vendue et l'autre partie permettrait l'autosuffisance alimentaire. L'approche entrepreneuriale, centrée sur l'humain tout en insistant bien sur l'importance du plan d'affaires, de la trésorerie et de l'étude de marché est particulièrement pertinente dans l'optique de pérenniser les projets de développement à fort impact social.

49 Président de la COFIDES Nord Sud (Coopérative Financière pour le Développement de l'Economie Solidaire) de 2005 à 2011/Vice-Président du SIAD (Service International d'Appui au Développement) de 2008 à 2012/ Délégué SIAD Midi-Pyrénées de 2009 à 2015

50 KOULAMA Appolinaire Noel, Afrique-société, 17 juin 2007, Africdossier.oldiblog.com

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 51

ii) L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 52

Objectifs du SIAD sur les années à venir

L'objectif est de valoriser et encourager la force d'entreprendre des diasporas africaines sur le double territoire (Midi-Pyrénées et pays africains)

Les objectifs spécifiques sont les suivants : renforcer les compétences en gestion d'entreprise de 75 porteurs de projet issus des diasporas africaines et en difficulté d'insertion professionnelle et faciliter lancement de 15 projets Nord-Sud (minimum) entre 2016 et 2019 permettant un double développement Nord-Sud.

iii) Réalisation d'une enquête qualitative L'enquête a été mandatée par l'association SIAD de Midi-Pyrénées

· Titre enquête : Suivi des porteurs de projets (promotion 2016)

· Chargée de l'enquête: Nafila SANGARE

· Cibles: Porteurs de projets de l'association SIAD de Toulouse

· Cadre de l'enquête : Service Civique

· Dates : du 8 avril 2016 au 20 avril 2016

L'objectif de l'enquête était d'évaluer le fonctionnement du SIAD, la motivation et l'avancée des porteurs de projets et, enfin, évaluer leurs besoins afin de mettre en place une stratégie permettant de faire un suivi post-création. L'important est de réfléchir à une mise en place d'un suivi de proximité au moment de la phase de lancement et de démarrage. Surtout, réfléchir à un suivi de proximité dans le pays d'installation en fonction de ce qu'exprimeront les porteurs de projets. Le but est, à l'issue de cette étude empirique, de mettre en place un accompagnement à l'auto-entrepreneuriat de qualité sur la base d'une identité commune « Cré'Afrique ». (Cf. Annexe II le Commentaire de l'enquête intégrale et le questionnaire).

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 53

iv) Résultat de l'enquête et préconisations

INDENTIFICATION DES CHIFFRES CLEFS / DONNEES Origine

· 5% des porteurs de projet viennent de l'Afrique du Nord

· 39 % des porteurs de projet viennent de l'Afrique de l'Ouest

· 56 % des porteurs de projet viennent de l'Afrique centrale

Niveau Scolaire

· 65 % qui ont un niveau scolaire inférieur ou égal au baccalauréat

· 35 % qui ont un niveau scolaire allant de Bac + 1 à Bac + 8

Un retour définitif?

· 32% n'envisagent pas de retour définitif

· 68 % envisagent un retour définitif dans l'immédiat ou plus tard

Statut juridique de l'entreprise

· Sur 19 projets

· 12 ont le statut associatif

· 4 ont le statut de SARL

· 3 ne sont pas encore déterminés

Développement économique

· Tous nos projets répondent à une vocation de développement économique ayant un impact dans le Sud et aussi au Nord

· Le dispositif est mis en place par les collectifs

· Le dispositif marchand est accroché à des territoires, (logique d'appartenance à un territoire)

· Une faible empreinte écologique

· Rassembler des humains autour d'un projet qui répond à des besoins

Secteurs d'activités

· 59% des projets sont agricole

· 36 % des projets sont tertiaires

· 6 % dans le domaine environnemental

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 54

Tranche d'Age la plus représentée

· 40 % qui se situent entre 35 ans - 49 ans

· 28 % entre 25 ans et 34 ans

Situation professionnelle (% en recherche d'emploi)

· 42% sont en recherche d'emploi dont 63% d'hommes et 33 % de femmes

· 58% sont en activité (stage, intérim, cdd, cdi...)

Genre

· 58 % de femmes

· 42% d'hommes

Pour clore sur cette évaluation, nous avions quatre objectifs

1) Evaluer le fonctionnement du SIAD

Le SIAD a obtenu une moyenne de 8 sur 10. Cette association a de ce fait un système d'accompagnement qui convient à nos porteurs de projet. Il faut noter que nous avons des niveaux d'études disparates allant du primaire au niveau bac+8. Malgré cela nous arrivons à avoir une formation accessible à tous les porteurs de projets.

En effet, c'est une bonne démonstration que la faible qualification n'empêche pas la mise au point d'un projet et que cette démarche aide certainement les gens au chômage.

Enfin, l'importance des femmes plutôt inattendue est prouvée car nous avons un pourcentage de 58% de femmes entrepreneures et ceci est parfait pour permettre leur autonomisation.

2) Avoir des informations sur les motivations et l'avancée des porteurs de projets

Nous avons mené cette enquête durant le cycle 2 de la formation, et cette période est la plus dure pour les porteurs de projet. D'un point de vue technique et de connaissances transmises, ils en reçoivent beaucoup. Malgré les difficultés, tous ont émis le désir de poursuivre dans l'accomplissement du modèle économique, trouver des partenaires et effectuer les démarches administratives dans leur pays d'origine. Ces réponses justifient donc que nos porteurs de projets sont motivés.

Pour informations, entre le moment où l'enquête a été effectuée et le moment où elle a été rendue, sur 19 porteurs de projets ayant répondu nous en avons 18 qui ont suivi le dispositif Cré'Afrique jusqu'au bout.

3) Evaluer les besoins des porteurs de projets

Les besoins des porteurs de projet ont été évalués et cela nous a permis de mettre en place des formations complémentaires quasi gratuites sur les thèmes suivants : informatique, subvention et communication.

Le SIAD a donc répondu aux besoins utiles pour finaliser et présenter le business plan.

4) Mettre en place une stratégie permettant de faire un suivi post-création

Le plus important est de réfléchir à la mise en place d'un suivi de proximité au moment de la phase de lancement et de démarrage. Surtout, réfléchir à un suivi de proximité dans le pays d'installation en fonction de ce qu'exprimeront les porteurs de projets.

Nous pouvons déduire que les porteurs de projet sont en décalage avec la réalité du terrain africain, ils sont sceptiques et craintifs concernant leur retour. Le SIAD ne répond pas à cette préoccupation pour le moment; tel est son point faible. Certes le SIAD offre un accompagnement à l'auto-entrepreneuriat de qualité autour d'une seule identité « Cré'Afrique » mais le suivi après cet accompagnement reste demandé et recommandé sur les trois années qui suivent pour les porteurs de projets.

Le SIAD gagnerait en :

Crédibilité vis-à-vis des financeurs (on n'accompagne pas juste pour accompagner) Pérennité et durabilité des projets grâce à un suivi de qualité

Recommandations pour les années à venir

Il serait judicieux de faire la même enquête chaque année ce qui permettrait de suivre beaucoup mieux les porteurs de projet car d'une année à une autre elle perd des informations considérables.

Donc on pourrait partir sur un suivi post-création de 3 ans.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 55

Objectifs :

·

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 56

L'analyse des résultats, justifie le fait que le SIAD devrait mettre en place, d'ici 2018, une stratégie de suivi post création qui s'est révélé être le point faible de son action. Nous définissons le suivi post création par un suivi de proximité :

o Avoir un référent dans un des pays d'Afrique dans lequel un des porteurs de projets est rentré définitivement (il en existe déjà un au Burkina Faso).

o Avoir une antenne du SIAD dans les pays d'Afrique où se sont implantés plusieurs projets accompagnés. Un des points sur lequel il faut réfléchir murement.

· Faire cette enquête toutes les années avec bien évidemment des améliorations.

· A noter que ce type de document d'enquête peut être un canal de communication pertinent afin de démontrer que l'action du SIAD donne des résultats concrets et qu'elle mérite en ce sens d'être poursuivie.

Conclusion:

Nous avons vu que le secteur informel est celui qui a un poids énorme dans l'économie de nos pays africains, particulièrement en Afrique de l'Ouest. Cependant, de multiples efforts sont en train d'être fournis par les nombreuses parties prenantes au niveau local comme au niveau international. Il y a des séminaires de réflexion, des colloques, des sensibilisations par des personnes ayant déjà fait une action. L'objectif pour ces pays est de dire comme Joseph Ki Zerbo51 « on ne développe pas, on se développe» pour qu'ainsi un développement intérieur propre à ces sociétés permette une meilleure aide internationale. L'ESS devrait être un mode de vie à adopter, un mode de production à mettre en place bâti sur des outils de protection environnementalistes.

Un dernier souhait serait que dans l'avenir, l'Afrique de l'Ouest puisse assurer un essor de l'entrepreneuriat en accompagnant les personnes désireuses d'entreprendre. Le but serait de permettre une création d'emploi, l'essor d'un meilleur environnement économique qui favoriserait l'essor des structures de l'économie sociale et ralentir la fuite de cerveaux. Aussi encourager un retour des personnes qualifiées dans le pays d'origine pour qu'elles participent au développement de leur pays. Nous ne saurons omettre en parlant d'entrepreneuriat de souligner que le financement est un point épineux et aussi un frein à l'initiative entrepreneuriale. Pour cette raison, les Etats, les IMFs et les banques devraient continuer dans l'optique d'une complémentarité afin d'assurer un accès au financement pour tous, tout en ayant une main mise sur la gestion des risques de remboursement.

Nous allons passer à présent sur un dernier chapitre dans lequel on développe les apports de l'ESS : dynamisme, valorisation et pérennisation de ce concept.

51 Un historien et homme politique burkinabé né le 21 juin 1922 à Toma (Burkina Faso) et décédé le 4 décembre 2006 à Ouagadougou. ( http://www.aes-- pua.com/auteurs/joseph--ki--zerbo)

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 57

CHAPITRE IV : LA CONTRIBUTION DE L'ESS DANS LE
DEVELOPPEMENT DES PAYS OUEST AFRICAIN?

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 58

Comment renforcer la contribution de l'ESS au développement de l'économie ouest--africaine?

Nous avons développé le concept d'ESS dans les chapitres précédents et le but à présent est de réfléchir à un dispositif permettant le développement de ce concept afin d'en faire un moteur d'emploi qualifié et sécurisé et de ce fait favoriser la mise en place de structures formelles pour les très petites entreprises (TPE).

PARTIE 1 : Réfléchir sur un dispositif de formalisation pour le « bien--être» de l'économie africaine

A. Diagnostic des obstacles économiques qui freinent sa croissance optimale

En Afrique de l'Ouest plusieurs points freinent le développement de l'économie. Dans un premier temps il y a une majorité de producteurs issus du milieu informel qui ne sont pas pris en compte par des indices économiques. En outre, plusieurs failles du système économique et financier font que cette zone géographique gagnerait à adopter les caractéristiques de l'ESS considérée comme un levier de changement pour améliorer son développement.

Les points faibles qui devront permettre et encourager l'application de l'ESS sont les suivant :

· Les producteurs étant dans une zone très restreinte, leur accès au marché est limité. En outre, du fait qu'ils ne produisent qu'individuellement, qu'occasionnellement, ils ne sont pas capables d'avoir une offre permanente. De ce fait, ils ont des problèmes de fonds de roulement, de stock et sont donc condamnés à faire des affaires seulement quand ils le peuvent, d'où un manque de stabilité.

· Nos analyses précédentes démontrent qu'il y a un manque d'institutions de financements adaptées et de mesures incitatives pour permettre l'attribution de prêts pour les microprojets. Le poids du secteur informel en Afrique de l'Ouest représente un manque à gagner pour les recettes fiscales de l'Etat. Ce manque à gagner entrave la capacité de l'Etat à mettre en place des politiques publiques destinées à organiser la migration vers le secteur formel. Ainsi le secteur informel persiste dans son existence. Face à ce cercle vicieux, la question qui se pose est de savoir s'il faut l'éradiquer; et si oui, comment?

· En découle donc le problème d'organisation et de structuration des initiatives des micro-entrepreneurs qui ne sont pas répertoriées. De ce fait se pose la question d'une règlementation quasi inexistante ou très faible concernant l'agriculture ou l'artisanat qui sont au coeur des activités des Ouest-africains.

·

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 59

Pour terminer, l'Afrique de l'Ouest affiche les taux d'analphabétisme les plus élevés au monde, qui entravent son développement et privent ses citoyens de leur capacité à impulser des changements socioéconomiques et politiques. L'ironie du sort est que ces personnes « analphabètes » sont celles qui entreprennent le plus dans le secteur informel et du fait de leur grand nombre, elles favorisent l'essor de l'informel qui vient faire concurrence au secteur formel.

A présent que nous savons que les difficultés principales se situent pour notre économie au niveau d'une productivité faible, une transparence des prix très limitée, une contribution fiscale nulle et d'un taux d'alphabétisation et de formation très faible; il serait donc important de trouver des options possibles pour formaliser les activités économiques en Afrique de l'Ouest afin de contribuer à une stabilité sociale.

Alors d'une part certains pays comme le Sénégal, la Guinée et bien d'autres en Afrique de l'Ouest disposant d'un important taux d'informalité dans le secteur de l'artisanat (art, production, service) essaient de pratiquer une chasse aux acteurs du secteur informel. Ainsi, des opérations de « déguerpissement » sont organisées pour détruire les boutiques de fortunes installées au bord des routes. Mais il s'avère que ces « commerçants de rues », sont très sollicités par la population donc en dépit de ces opérations ponctuelles, il y a un essor important de travailleurs du secteur informel. D'autre part, partant du fait que les travailleurs du secteur informel font preuve d'esprit d'entreprenariat face à l'inefficacité du secteur formel, ces mêmes pays ouest-africains commencent à mettre en place des politiques de sensibilisation par les médias, des structures d'accompagnement pour promouvoir l'entrepreneuriat afin qu'il y ait des conditions de travail décentes aux travailleurs. Cependant, malgré ces efforts, il n'existe pas de certitudes suffisantes sur leur efficacité. La plupart des études empiriques qui évaluent ces politiques n'ont pas suscité d'impact sur les flux vers le secteur formel. Pourtant il faut trouver des pistes d'amélioration et celles-ci, justement, doivent faire preuve d'efficacité en prenant comme modèle l'ESS qui est une économie de mesure, qui s'adapte aux réalités de chaque pays tout en conservant ses principes éthiques.

B. L'économie sociale et solidaire un moteur pour une meilleure économie ouest africaine

Le Plan Sénégal Emergent (PSE)

Pour énumérer des améliorations, nous avons analysé le PSE52. Ce Plan Sénégal Emergent porte sur une modernisation de l'économie sociale et solidaire. Le PSE est le nouveau cadre de référence des politiques de la « gouvernance Macky Sall » visant à conduire le Sénégal sur la voie de l'émergence à l'horizon 2035.

52file:///C:/Users/Nafila/Downloads/PLAN%20SENEGAL%20EMERGENTPlan%20S%C3%A9n%C3%A9gal%20Emergent %20VP.pdf

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 60

En effet, le Sénégal comme beaucoup d'autres pays africains a pour objectif d'accroitre sa croissance afin qu'elle soit forte et inclusive pour répondre aux aspirations des populations à un mieux--être. A ce titre, la mise en place des conditions pour un développement humain durable constitue la base essentielle du PSE (Plan Sénégal Emergent). Nous constatons suite aux éléments de cadrages du PSE que pour mettre en place une économie durable et répondant aux défaillances du modèle actuel, on a opté pour un certain nombre d'orientations qui permettront de concrétiser les initiatives sociales et solidaires sur le plan économique.

Le PSE propose quatre orientations:

1) Le développement d'un tissu économique local

2) Le développement de moteurs d'inclusion économique et sociale

3) L'accélération de la transition vers l'économie formelle

4) La création d'emplois formels et qualifiés.

Ces orientations reposent selon nous sur quatre grandes phases:

Phase 1 : Un environnement propice à l'économie basée sur l'agriculture et à la création d'activités génératrice de revenus:

· Développement des formations adaptées aux métiers de l'agriculture et de l'artisanat qui sont les domaines clé d'une création d'emplois et d'un entrepreneuriat

· Facilitation d'accès à des facteurs de production pour une professionnalisation pratique

· Promotion des valeurs culturelles du travail pour un acte citoyen en faveur du développement de son territoire

Phase 2 : Une prise de conscience pour la préservation de l'environnement et la garantie d'une gestion durable des ressources naturelles

· Etablissement des normes de production, qualité et labellisation

· Encourager la production saine et locale

· Promouvoir via des politiques publiques l'agriculture biologique, les semences anciennes et indigènes, les circuits courts

Phase 3 : Mise en place de structures de coaching pour encourager l'entrepreneuriat formel

· Programme de stimulation de l'entrepreneuriat

· Création de solutions de financement adaptées (micro finance)

· Création de zones dédiées à certains secteurs (mise à disposition de terrains)

· Créer un statut juridique permettant aux très petites entreprises de se développer et les faire reconnaitre

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 61

Phase 4 : Développement des filières porteuses : l'entrepreneuriat dans l'agriculture et l'artisanat

· L'artisanat comme premier moteur de croissance de l'emploi formel (artisanat, agriculture, art)

· L'artisanat, un "métier mondial" du Sénégal

· Promotion des TPE et canalisation de l'informel

Nous pouvons donc déduire que le Sénégal, comme tous les pays autres pays d'Afrique de l'Ouest, est préoccupé par la création d'emplois, la sécurité alimentaire, la protection de l'environnement et le bien-- être de la population. Au vu des orientations prises, il y a bien un désir de mettre en place une stratégie pour permettre une lutte contre la pauvreté. A notre avis, encourager l'entrepreneuriat qui participerait à un mouvement solidaire et à un développement optimal des zones délaissées serait une stratégie à mettre en avant. Ainsi, les populations s'organiseraient entre elles en optant pour une production saine, une cohésion sociale. En découlera, de fait, une économie basée sur l'équité et la justice.

Cependant, le Sénégal ayant mis en place ce PSE auquel on affecte un crédit louable pour atteindre ses objectifs, il serait important de réunir les conditions préalables à une émergence désirée. En effet, pour qu'il y ait une émergence, il nous semble important que les pays concernés mettent à disposition des populations les besoins vitaux tel que l'eau, l'électricité, des infrastructures d'éducation, des moyens de transports régulés et communs et des structures de santé. Notre liste pouvant être plus longue, ces besoins cités nous paraissent essentiels et sans cela il ne pourrait y avoir une amélioration de l'environnement des affaires, ni une satisfaction des besoins de financement pour les personnes désirant entreprendre de façon formelle pour participer à la croissance de l'économie. La réussite du PSE exige de fortes capacités d'impulsion de l'État et un leadership affirmé, il faut suivre l'actualité pour voir quels en seront les premiers impacts (positifs, négatifs ou entre les deux ?).

Nous allons à présent passer à la phase de nos recommandations personnelles.

PARTIE 2 : Des solutions envisageables : formation et production locale soutenue

Pour les recommandations nous partirons du sujet qui est à mettre au coeur de l'économie africaine : l'entrepreneuriat dans le domaine de l'ESS comme facteur de développement.

Nous avons, de par notre analyse compète de tous les aspects, failles et atouts de l'économie africaine, des recommandations très humbles à apporter. Nous allons les mettre en relief point par point.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 62

L'éducation générale

Tout d'abord nous avons le problème de l'éducation. Il faut que nos gouvernements prennent conscience que le taux d'alphabétisation en Afrique est très faible et qu'ils devraient s'y investir autant financièrement, matériellement que professionnellement. Il est vrai qu'en Afrique de l'Ouest certains pays s'y attèlent, mais il y a tout de même de gros efforts qui restent à fournir. Avec la population africaine qui ne cesse de s'accroitre, avec une majorité de jeunes, sans effort dans l'éducation l'Afrique de l'ouest sombrerait dans le désarroi. Actuellement nous nous demandons, comment le continent africain peut être aussi riche en ressources naturelles et avoir un niveau de vie si bas? Il faut penser au développement. Et ce développement, d'après François Perroux, « c'est l'ensemble des changements mentaux et sociaux d'une population qui la rende apte à faire croitre durablement et cumulativement son produit réel et global» (croissance économique). Cependant sans éducation de base, ce travail sur le changement de mentalité serait difficile.

L'environnement

Vient ensuite la question de l'environnement des affaires. Notre vocation étant l'essor de l'entrepreneuriat dans l'ESS, il faut mettre en place un système qui permette aux personnes initiatrices d'idées innovantes de ne pas avoir de craintes. Cela passe par une assurance donnée par les pouvoirs publics. Seuls ces derniers pourront permettre une atmosphère paisible; nous ne rentrerons pas dans les détails, mais le manque de stabilité politique, la corruption, la facilité qui est offerte aux importateurs et enfin le manque de structures juridiques ne sont pas encourageants.

Le plan économique

Sur le plan économique nous nous sommes rendue compte de l'incapacité à créer le nombre d'emplois nécessaires pour absorber la main-d'oeuvre et que cela constitue l'une des causes de l'expansion de l'économie non-formelle et de la fuite des cerveaux. En outre l'économie informelle devient un refuge aussi bien pour les personnes analphabètes que pour les gens instruits. Il faudrait que les politiques se focalisent sur les secteurs primaires et secondaires des économies nationales des pays de l'Afrique de l'Ouest et toute entière. Pourquoi? Parce que ce sont les secteurs qui emploient la majorité de la population africaine. Ensuite, l'importation massive de biens et services doit être remplacée par la production et la transformation au niveau local. Cette stratégie va permettre :

· Une contribution transparente à l'économie ouest-africaine

· La création d'emploi (réinsertion des jeunes, absorption du chômage)

· La création d'entreprises avec les caractéristiques de l'ESS

· L'encouragement de l'utilisation des matières premières locales et les conditions de leur transformation.

· La production et la consommation des produits du terroir

· La sensibilisation à une production biologique

Agir sur la réinsertion des jeunes et des femmes par l'entrepreneuriat

Il faut agir sur le plan de l'insertion des jeunes (filles et garçons) et des femmes par la mise en place de :

· Formations professionnelles sanctionnées par un diplôme d'Etat,

· Structures d'insertion par l'activité économique comme en France par exemple.

En effet, les différentes structures dont l'activité d'accompagnement et de formation serait financée dans

53

le cadre d'une convention avec l'Etat sont à encourager en Afrique pour la plupart des pays afin de

faciliter l'insertion ou la réinsertion des personnes en difficulté sociale et professionnelle. Ceci leur permettrait de trouver un emploi ou encore de créer leur activité dans le cadre d'une TPE. L'idéal serait que ces structures interviennent dans les domaines tel que l'agriculture et l'artisanat. Mais aussi dans les secteurs très divers tels que :

· L'entretien des espaces verts: nous avons en Afrique des personnes qui ont « appris sur le tas '> le métier de jardinier, ou encore des femmes qui savent entretenir des espaces verts mais qui évoluent dans l'informel et qui sont exploitées. Or si ces personnes pouvaient intégrer des organismes de formations ou des structures d'insertion pour en sortir avec un diplôme, elles seraient peut-être embauchées par des entreprises et bénéficieraient d'un salaire décent.

· La sécurité, le nettoyage, le gardiennage: nombreuses sont les familles ou entreprises africaines qui emploient des personnes pour effectuer ces taches sans effectuer de déclarations. Ces personnes se retrouvent donc à être rémunérées à un salaire dérisoire et « chassées'> quand elles ne correspondent plus aux exigences des soi-disant employeurs.

· Travaux manuels : on a toujours besoin d'un maçon, d'un plombier, d'un menuisier, d'un serrurier, d'un métallurgiste, d'un tapissier, d'un soudeur, d'un ferblantier... Ce sont des métiers à professionnaliser et à encourager.

· Des services aux personnes: le contexte africain fait que la population à moins recours à des aides à domicile surtout pour les personnes âgées ou enfants en bas âges, ou aide scolaire. Mais avec l'évolution de la société, le besoin se fait ressentir.

· Ramassage et recyclage de déchets: L'insalubrité est très présente dans les pays ouest-africains et c'est l'une des causes principales de l'apparition de maladies infectieuses et d'épidémies mortelles.

53 SIAE, Structures d'Insertion par l'Activité Economique

EI, Entreprise d'Insertion : C'est une structure (association, coopérative ou SARL) qui produit des biens ou des services et embauche des personnes en difficulté professionnelle.

ETTI, Entreprise de Travail Temporaire d'Insertion : Elle fonctionne de la même façon que l'EI, à la différence que les salariés sont employés sur des contrats de courte durée, en intérim.

AI, Association Intermédiaire: Elle agit comme un intermédiaire entre les demandeurs d'emplois, qu'elle embauche, et les employeurs (professionnels ou particuliers) qui proposent des missions de travail.

ACI, Atelier et Chantier d'Insertion : C'est une activité économique créée par une commune, un établissement public, une AI ..., proposée à des personnes en difficulté professionnelle. Il permet aux salariés de disposer d'un accompagnement dans leur parcours d'insertion

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 63

En somme, beaucoup d'activités sont aujourd'hui possibles à mettre en place en Afriques de l'Ouest. Des entreprises à créer, des métiers à créer, des activités à formaliser... Mais tout cela nécessite une volonté et un changement de mentalité.

Cependant beaucoup de belles initiatives sont mises en place surtout à travers les mouvements collectifs (coopératives) et l'objectif est que le peuple africain se rende vraiment compte de son potentiel à pouvoir construire et développer son pays de façon éthique.

Conclusion

Dans cette partie nous avons tenté de répondre à la question suivante qui est de savoir comment l'économie sociale et solidaire peut contribuer à un meilleur climat économique, social et environnemental des pays de l'Afrique de l'Ouest. Il s'avère que nous nous posons beaucoup de questions personnelles, à savoir: faut-il et arriverons-nous à éradiquer le cercle vicieux du secteur informel ; et si oui, comment ? Les Etats africains sont-ils prêts à investir pour une amélioration du développement quand on voit qu'ils ne se focalisent que sur des projets visant à construire des ponts, des immeubles, des hôtels? Devons-nous nous fier à leurs déclarations lorsqu'ils s'annoncent prêts à relever les défis cités plus haut? Concernant la population, est-elle prête à contribuer à son développement? A prendre conscience du contexte dans lequel elle vit? Est-elle consciente de sa dépendance vis-à-vis des aides qui sont ponctuelles?

Quoiqu'il en soit, il est important qu'à notre petite échelle nous les individus, nous la jeunesse, nous les futurs entrepreneurs africains soyons conscients des défaillances de notre économie ouest-africaine. Et de ce fait, nous saurons proposer des solutions adéquates pour prétendre à un avenir serein. Il est vrai que le capitalisme a permis à l'Afrique d'avoir un minimum d'infrastructures qui contribuent fortement au développement et à une croissance. Mais ce n'est pas un développement de qualité car quand on analyse les indices de développement humain (IDH), l'Afrique subsaharienne est à 0,46554 (moyenne mondiale de 0,729). Les pays ayant un IDH aussi faible sont caractérisés le plus souvent par un taux de pauvreté élevé, une situation économique alarmante et a enfin un contexte politique mouvementé. Heureusement, nous constatons que certains pays comme le Sénégal mettent en place des stratégies nationales de développement économique social et solidaire visant à une amélioration globale.

54 http://www.statistiques-mondiales.com/idh_afrique.htm

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 64

CONCLUSION GENERALE

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 65

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 66

Ce mémoire nous a permis d'apprendre beaucoup plus que nous n'en savions sur le continent africain et particulièrement sur l'Afrique de l'Ouest.

Sur le fond, nous considérons qu'en l'Afrique de l'Ouest, les domaines de l'agriculture et de l'artisanat sont pour le moment des domaines opportuns mais dans lesquels le secteur informel est très présent. Les activités évoluant dans l'informel rencontrent des difficultés à atteindre un développement réel à travers une formalisation des modes de productions et la mise à disposition d'une série de moyens, en particulier la microfinance, pour le permettre. Nous sommes persuadée qu'il serait stratégique dans un premier temps pour ces pays de la zone ouest-africaine de prendre en compte cette réalité et de déployer toutes les mesures pour que le domaine agricole et l'artisanat s'émancipent car ils favoriseraient l'essor de notre économie par de la création d'emploi et une consommation de produits locaux et surtout un meilleur environnement des affaires au niveau national comme international. Aussi, grâce aux recommandations faites plus haut, nous atteindrons un meilleur climat social avec une population beaucoup plus responsable et actrice de son développement par la création d'entreprises sociales et solidaires.

Cependant, même si les conditions climatiques ne sont pas favorables dans toute la zone ouest-africaine, cela doit permettre aux pays côtiers de produire en masse afin de s'ouvrir à un marché sous régional.

Pour mettre fin à cette situation de pauvreté en Afrique de l'Ouest et même en Afrique, nul besoin d'être un grand économiste ou un chercheur. Il faut qu'au niveau individuel, les Africains dotés d'un minimum d'éducation (point faible des pays africains) prennent des initiatives de création d'entreprises viables et bien gérées. Il faut qu'ils osent innover et apprennent des Européens comme le font les Chinois, pour mettre en place leurs propres structures en commençant par les petites unités de production. Et cela en passant par la valorisation et la formalisation de l'économie sociale et solidaire qui existe sur le plan traditionnel (les mouvements collectifs et solidaires) mais qui reste un concept flou pour le moment en Afrique de l'Ouest. Combien d'Africains sont aujourd'hui conscients des richesses de ce continent? Beaucoup ! Nombreux sont-ils aujourd'hui à vouloir que l'on produise les produits locaux et que ces produits permettent de nourrir la population et d'être ensuite exportés.

Il y a un autre point essentiel qui me tient à coeur: c'est l'entrepreneuriat féminin et l'autonomisation des femmes en Afrique. Pour permettre cette autonomisation et l'entrepreneuriat féminin, il faut scolariser les filles africaines, il faut qu'elles le soient jusqu'au baccalauréat et si possible qu'elles aillent jusqu'aux études supérieures. Les filles ont besoin de peu pour avoir une place dans la vie active. Cependant si elles sont limitées d'un point de vu académique, la solution est de proposer une formation professionnelle pour différents métiers. Cela leur permettrait d'avoir par la suite un savoir-faire et, pourquoi pas, de développer une idée d'innovation et un esprit d'entreprise. Quoiqu'il en soit, du niveau académique le plus bas au niveau le plus élevé, l'esprit entrepreneurial doit être encouragé chez les femmes africaines car ce sont des battantes.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 67

Force est de constater qu'au--delà de la réglementation des affaires, la culture, la pression sociale et familiale, le mariage, le marché du travail ont un impact direct sur la prise de décision économique et l'autonomisation des femmes. Il faut garantir la protection des droits des femmes qui est une condition essentielle à leur autonomisation. Comme on le constate aujourd'hui de nombreux programmes sont mis en place en Afrique de l'Ouest pour permettre aux femmes d'avoir accès à un environnement propice afin qu'elles puissent développer leurs activités dans le domaine artisanal ou agricole. Et ces programmes sont à encourager car la majorité des femmes entrepreneuses sont dans le secteur informel, or ce secteur ne permet pas l'accès aux crédits et n'a pas d'avenir.

Cependant, la microfinance offre un soulagement, certes, mais avec les taux d'intérêt assez élevés qu'elle propose, il faudrait mettre à disposition des femmes des montants beaucoup plus élevés à très faible taux d'intérêt remboursables sur une longue échéance. Pour assurer la gestion du risque de remboursement il faudrait au préalable faire passer ces femmes par une structure d'accompagnement tel que le SIAD et pour cela, l'appui des gouvernements est nécessaire.

Pour clore ce mémoire, en Afrique de l'Ouest, un vrai problème de coordination, de conscientisation, de responsabilisation et d'application rationnelle des stratégies de développement par rapport aux besoins, aux atouts et aux contraintes des nations africaines se pose. Le chemin est encore long et même très long, mais comme les Africains eux même le disent si bien : seul on va vite mais ensemble on va plus loin...

ANNEXES

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 68

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 69

TABLE DES ANNEXES

ANNEXE 1 : Le Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest 70

ANNEXE 2 : Conclusion de l'enquête 73

ANNEXE 3 : Questionnaire 83

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 70

ANNEXE 1 : Le Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest

10 février 2016 CONTEXTE

 
 

Le secteur agricole occupe une place cruciale en Afrique : il fournit 65 % des emplois et contribue à 35 % du PIB. Or, dans les zones rurales, où la majorité de la population vit de l'agriculture, la pauvreté atteint des niveaux encore élevés. La croissance agricole pourrait être un instrument de réduction de la pauvreté, l'enjeu étant d'accroître les revenus tirés de l'agriculture et de créer des emplois tout en réduisant les prix des produits alimentaires.

Alors que les Objectifs du développement durable visent à éliminer la faim et la pauvreté dans le monde, il est indispensable que les pays africains donnent la priorité à l'agriculture et au développement rural. Le Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO) répond précisément à ces objectifs en s'efforçant de bâtir un système alimentaire suffisamment solide pour nourrir chaque habitant de la sous-région. Créé par la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO) et financé en partie par la Banque mondiale, le PPAAO s'emploie à développer un secteur agricole plus productif et plus durable dans 13 pays ouest-africains en vue d'assurer la sécurité alimentaire de demain.

STRATÉGIE

Le PPAAO est une initiative pluriannuelle visant à transformer l'agriculture ouest-africaine en agissant sur plusieurs axes : dynamiser la productivité et promouvoir une agriculture durable, lutter contre la faim et améliorer la nutrition, créer des emplois et, enfin, soutenir la collaboration entre pays. Il réunit 13 pays : Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et Togo.

Le PPAAO s'est donné pour objectif d'atteindre une croissance agricole de 6 % et d'accroître la production et l'offre alimentaire en Afrique de l'Ouest. Pour y parvenir, le programme travaille en collaboration avec des scientifiques, des chercheurs, des agents de vulgarisation et des agriculteurs dans les domaines suivants:

· l'innovation et la production, diffusion et adoption de technologies améliorées;

· l'instauration d'un environnement porteur pour la coopération régionale;

· le renforcement des capacités humaines et institutionnelles dans l'ensemble de la sous-région;

· la création d'emplois pour les jeunes, l'inclusion des femmes et l'adaptation au changement climatique.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 71

Partenaires

La CEDEAO et l'Union africaine ont fourni les cadres stratégiques devant guider l'action du PPAAO pour la promotion de l'agriculture et du développement rural. La mise en oeuvre et la coordination du programme sont assurées par les ministères de l'Agriculture des pays concernés ainsi que diverses organisations de producteurs.

Le PPAAO s'emploie à revitaliser la recherche agronomique en Afrique de l'Ouest grâce au soutien qu'il apporte à la formation de près d'un millier d'agronomes, à l'établissement de neuf centres de recherche spécialisés dans les principaux produits de base.

RÉSULTATS

Le PPAAO a directement bénéficié, à ce jour, à plus de six millions d'agriculteurs, transformateurs et petites entreprises d'Afrique de l'Ouest, dont 45 % de femmes. Les estimations indiquent que le programme a déjà permis d'accroître de plus de trois millions de tonnes la production alimentaire et de 34 % en moyenne les revenus de celles et ceux qui en bénéficient.

Le PPAAO a assuré la distribution de quelques 160 variétés de plantes adaptées au changement climatique ainsi que la diffusion de technologies et de pratiques climato-intelligentes au profit d'environ 5,7 millions d'agriculteurs ouest-africains répartis sur 3,6 millions d'hectares. Grâce à ces innovations, la productivité s'est améliorée de 150 %.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 72

Au Ghana, le PPAAO a aidé 80 éleveurs de pintades à développer leur activité en leur fournissant des oeufs, des couveuses, des aliments et des vaccins. Comme le programme permet à ces bénéficiaires directs d'aider à leur tour les membres de leur communauté, ce sont globalement 50 000 personnes qui en ont bénéficié.

En 2015, le PPAAO a fourni 10 500 semences à 200 000 agriculteurs en Guinée, au Libéria et en Sierra-Leone afin de stimuler le redressement de ces pays à la suite de l'épidémie d'Ebola.

Au Sénégal, 14 variétés de céréales sèches à maturation précoce, à haut rendement et résistantes à la sécheresse ont été mises au point, avec à la clé une hausse de la productivité d'au moins 30 %. Plus de 423 000 agriculteurs sénégalais tirent profit de ces nouvelles variétés et sont aujourd'hui plus à même d'affronter les chocs climatiques.

En Guinée, en Sierra Leone, au Libéria et en Côte d'Ivoire, plus de 100 000 agriculteurs ont pu accroître leur production de riz grâce à l'introduction de nouvelles variétés résistantes au sel, à la diffusion de techniques d'irrigation climato-intelligentes ainsi qu'à une meilleure gestion de la fertilité des sols.

Avec le programme e-Agriculture mis en place dans le cadre du PPAAO, les agriculteurs ghanéens peuvent obtenir des conseils en temps réel par téléphone ou sur Internet. À ce jour, ce programme, qui compte 120 000 abonnés, a reçu 1,76 million de demandes relatives à une grande variété de sujets, allant du travail du sol à la lutte phytosanitaire.

Dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, le PPAAO a contribué à améliorer la situation nutritionnelle par le biais des programmes d'alimentation scolaire qui incorporent un grand nombre des variétés nutritives et à haut rendement mises au point par ses chercheurs, en particulier en ce qui concerne le manioc, le mil et le riz.

Le PPAAO s'emploie à revitaliser la recherche agronomique en Afrique de l'Ouest grâce au soutien qu'il apporte à la formation de près d'un millier d'agronomes, à l'établissement de neuf centres de recherche spécialisés dans les principaux produits de base, à la rénovation des infrastructures de recherche ainsi qu'au financement d'activités, de laboratoires et d'équipements.

Source Banque Mondiale

http://www.banquemondiale.org/fr/topic/agriculture/brief/the--west--africa--agricultural--productivity--program

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 73

ANNEXE 2 : Conclusion de l'enquête

Conclusion de l'enquête qualitative sur l'avancée
des porteurs de projets

L'enquête mandatée par l'association SIAD de Midi-Pyrénées Titre enquête : Suivi des porteurs de projets (promotion 2016) Chargée de l'enquête: Nafila SANGARE

Cibles: Porteurs de projets associations SIAD de Toulouse Cadre de l'enquête : Service Civique

Dates : du 8 avril 2016 au 20 avril 2016

Résumé de l'enquête

Ce projet est initié par le SIAD Midi-Pyrénées (Service International d'Appui au Développement) qui est une association ayant pour vocation de permettre à la population africaine d'être actrice de son développement. Son moyen d'action est d'encourager la prise d'initiatives par la diaspora africaine habitant la région LRMP (Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées), à contribuer à une autonomisation des populations en Afrique via la mise en place de projets économiques dans leur pays d'origine en se prévalant de valeurs éthiques. Pour atteindre ses objectifs, le SIAD Midi-Pyrénées propose le dispositif Cré'Afrique.

Ce dispositif est un cycle d'accompagnement et de formation en 3 étapes:

· Etape 1 : Maturation de l'idée de projet (4 ateliers et accompagnement individualisé)

· Etape 2 : De l'idée au Business Plan (7 ateliers de formation en gestion, management, marketing), accompagnement individualisé (par un binôme d'accompagnateurs), accès à un espace de co-working.

· Etape 3 : Création et post-création (accompagnement à la recherche de fonds et développement de l'entreprise).

L'objectif de l'enquête est d'évaluer le fonctionnement du SIAD, la motivation et l'avancée des porteurs de projets et enfin d'évaluer leurs besoins afin de mettre en place une stratégie permettant de faire un suivi post-création. L'important est de réfléchir à la mise en place d'un suivi de proximité au moment de la phase de lancement et de démarrage. Surtout, réfléchir à un suivi de proximité dans le pays d'installation en fonction de ce qu'exprimeront les porteurs de projets.

Le but est à l'issue de cette enquête de mettre en place un accompagnement à l'auto--entrepreneuriat de qualité sur la base d'une identité commune « Cré'Afrique ».

Méthodologie:

1) Démarches suivies

D'un point de vue méthodologique, nous avons établi une enquête qui a été réalisé avec 19 porteurs de projets.

Cet entretien se tenait par téléphone ou en présentiel, le temps était de 45 minutes par entretien. Les réponses étaient anonymes afin de permettre une aisance dans la réponse des porteurs de projets.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 74

Nous avons eu à réaliser certains entretiens dans les locaux du SIAD à l'adresse suivante : 3 rue Georges Vivent, 31100, Toulouse.

2) Le questionnaire:

L'enquête portait sur 5 points :

1. Le parcours dans le pays d'accueil

2. Le projet

3. Le suivi du projet après création

4. Les attentes du porteur de projet par rapport au SIAD

5. Le profil du porteur de projet

Ce questionnaire nous a permis d'avoir un retour qualitatif afin de remettre en question le programme du SIAD pour une amélioration et surtout mieux connaitre nos porteurs de projets. Nous allons vous présenter chaque point afin que vous en compreniez la portée.

Le premier point : La trajectoire du porteur de projet

· Le pays d'origine

· Les raisons pour lesquelles il y a eu une migration vers la France

· Le nombre d'années vécues en France

· Le parcours scolaire

· Y a-t-il un projet de retour au pays d'origine, est-il définitif ou pas et pourquoi.

Le deuxième point: Le projet du porteur de projet

· Statut juridique de la structure

· L'objectif et la portée du projet

· Le secteur d'activité du projet

· L'avancement du projet

· Les prochaines étapes pour mettre en place le projet

· Les bénéfices sociaux du projet au niveau de la population et de l'environnement.

Le troisième point : Le suivi du projet après création dans le pays d'origine.

· Les difficultés que le porteur de projet pourra rencontrer

· Les points qui faciliteront l'implantation du projet

· Une fois le projet mis en place dans le pays d'origine, quel accompagnement souhaiterait-il de la part du SIAD

Le quatrième point : La qualité de l'accompagnement du SIAD évalué sur une échelle de 1 à 10.

· Les attentes à la fin des ateliers du SIAD

· Une amélioration que le SIAD devrait mettre en place dans ses actions

Le cinquième et dernier : le porteur de projet

· Age

· Situation professionnelle

· Situation familiale

NB : Au cours de ce cycle 2015-2016, nous avons eu 25 porteurs de porteurs, et sur ces 25 il y a 19 qui ont répondu au questionnaire. Nous allons procéder à une analyse de ces réponses

Résultat de l'enquête

I. La trajectoire du porteur de projet

a) Le pays d'origine

Comme nous le savons notre cible première est issue de la diaspora africaine. Cette diaspora nous vient donc de plusieurs pays d'Afrique

Il est important de souligner que certains porteurs de projets ayant répondu à ce questionnaire ne sont pas d'origine africaine, mais se considère comme tel (pour le projet) car ils ont une attache maritale, amicale ou familiale.

4,5

NOMBRE DE PORTEURS DE PROJET PAR PAYS POURCENTAGE PAR ZONE D'AFRIQUE

Afrique centrale Afrique de l'ouest

4

3,5

3

2,5

2

1,5

1

0,5

0

Afrique du Nord

39%

5%

56%

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 75

Selon l'enquête nous avons une majorité qui nous provient de l'Afrique centrale (Cameroun, République centrafricaine, République Démocratique du Congo et République du Congo), ensuite de l'Afrique de l'Ouest (Burkina Faso, Cote d'Ivoire, Sénégal) et enfin de l'Afrique du Nord (Algérie).

b) Les raisons pour lesquelles il y a eu une migration vers la France

Suite à l'analyse qualitative concernant les raisons de migration vers la France, nous avons pu en tirer cinq réponses révélatrices qui sont les suivantes:

1. Regroupement familial

2. Vie privée (rejoindre le conjoint qui a migré pour des raisons professionnelles)

3. Etudes

4. Aventure

5. Réfugié

Ces points sont énumérés par ordre d'importance.

c) Le nombre d'années vécues en France

Après une mise en relation des données sur ce nombre d'années passées en France, nous concluons avoir

eu sur cette promotion 2015--2016 :

ð? Un nombre d'années minimum de 5 ans,

ð? Un maximum d'années de 40 ans,

ð? Une moyenne de 13 ans

Les porteurs de projets vivent en France depuis un nombre d'années non négligeable.

Cela peut justifier leur déconnection du pays d'origine autant d'un point culturel, environnemental que

social.

d) Le parcours scolaire

0

2

3

1

Des parcours scolaires très hétérogènes de nos porteurs de projet : allant du niveau primaire au niveau bac+ 8.

Nombre de porteurs de projets par niveau scolaire

7

6

5

4

Primaire Brevet Bac Bac+2 Bac+3 Bac+5 Bac+8

Le niveau de formation initiale est très hétérogène, avec toutefois une majorité d'individus n'ayant pas atteint le baccalauréat.

e) Un retour prévu pour le pays d'origine, à savoir s'il est définitif ou pas et pourquoi ne serait--il pas définitif.

Oui (immédiat) Non

Plus tard

42%

32%

26%

Un retour définif?

· 42% des porteurs de projet souhaitent en effet retourner dans leur pays d'origine quelques années plus tard, après la mise en place du projet pour le mener à bien.

· 32% souhaitent créer une activité qui va être génératrice de revenu pour eux en France et la population en Afrique. Cependant, ils ne souhaitent pas y retourner définitivement.

· 26% souhaitent y retourner dans l'immédiat pour mettre en oeuvre le projet.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 76

68% des porteurs de projet vont retourner dans leur pays d'origine pour gérer leur activité ce qui nécessite pour le SIAD de mettre en place une stratégie de suivi de proximité.

Et pour ceux qui ne souhaitent pas rentrer, leur activité leur permettrait de générer un revenu pour eux au Nord et pour les salariés au Sud.

II. Le deuxième point sur le profil du projet du porteur nous a permis d'approfondir sur: a) Statut juridique de la structure

Le tableau ci--dessous, nous indique le nombre de personne ayant opté pour le statut juridique de l'association, de la SARL ou ceux qui ne le savent pas (NSP).

Nombre de projet par statut juridique

14

12

10

8

6

4

2

0

Nombres

Association

12

SARL

4

NSP

3

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 77

La conclusion est qu'une majorité des projets ont le statut juridique associatif, et de façon égale, certains ont le statut SARL et d'autres ne sont pas encore déterminé.

Il faut noter que l'enquête a été réalisée en plein Cycle 2 (De l'idée au Business Plan) et qu'il n'était pas évident pour certains d'opter déjà pour un statut juridique particulier.

b) L'objectif et la portée du projet

Cette question a permis aux porteurs de projet de donner beaucoup d'informations sur leurs projets. Après analyse des réponses nous avons pu extraire cinq raisons qui ont été émises par les porteurs de projets sur leur désir à mettre en place une activité :

1. Aider les personnes défavorisées en Afrique (personnes handicapées, personnes âgées, enfants et jeunes pour des missions d'insertion)

2. Générer des revenus pour les habitants du pays d'origine afin de les aider

3. Apporter des compétences

4. Générer des fonds personnels

5. Echange d'expériences avec les acteurs locaux

6. Limiter le désir de migration clandestine

NB : Ces points sont énumérés par ordre d'importance.

Nous pouvons en conclure que la vocation du SIAD Midi--Pyrénées, à savoir accompagner les projets de développement économique en Afrique, rejoint les objectifs des porteurs de projet accompagnés.

c) Le secteur d'activité

Ce tableau représente le pourcentage de projets par secteurs d'activité.

SECTEUR D'ACTIVITE

POURCENTAGE

AGRICOLE

59 %

TERTIAIRE

36%

ENVIRONNEMENT

5%

 

100%

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 78

Cette donnée est très intéressante car l'Afrique a aujourd'hui une industrie en panne et une agriculture délaissée.

La question est de savoir où seront les emplois? Nos porteurs de projets contribuent à la création d'emplois dans des domaines importants, dont celui qui est le plus demandé actuellement : agricole.

d) L'état d'avancement du projet

Les porteurs de projets (pp) sont au coeur du cycle 2 c'est-à-dire de l'idée au Business Plan (7 ateliers de formation en Gestion/Management/marketing).

J'ai une idée
structurée de
mon projet

J'ai réalisé l'étude
de marché et/ou
environnement
et/ou du secteur

d'activité

J'ai
commencé
mon modèle
économique

J'ai terminé
mon modèle
économique

J'ai commencé mon Plan d'Affaires

J'ai terminé
mon Plan
d'Affaires

Je suis prêt à
chercher des
financements/à
lancer mon
projet

7pp/19pp*

12pp/19pp

7pp/19pp

0pp

0pp

0pp

0pp

 

*pp : porteur de projet

Il faut noter que les stades sont cumulables. Un porteur de projet (pp) peut être en train de faire l'étude de marché et le réfléchir à son modèle économique en même temps.

Il est tout à fait normal que certains soient encore en pleine structuration du projet car le cycle 2 est très technique. Il faut aussi noter que les niveaux scolaires sont très variables et la progression en dépend.

e) Les prochaines étapes pour mettre en place le projet

Réaliser l'étude de marché et/ou environnement et/ou du secteur

d'activité

Commencer mon
modèle
économique

Trouver un
terrain pour le
projet

Accomplir des

démarches
administratives

dans le pays

d'origine

Trouver des
personnes de
confiance dans le
pays d'origine

Trouver des
partenaires
locaux

37% des pp

100% des pp

42% des pp

100% des pp

100% des pp

52% des pp

 

Un porteur de projet peut être au moment du Cycle 2 en train de réfléchir à son modèle économique, tout en se consacrant en parallèle à la prospection d'un terrain.

Conclusion les taches restantes à faire se cumulent. Et c'est la période durant laquelle le porteur de projet doit faire preuve de patience, de détermination et d'effort et que le SIAD doit lui apporter de l'assurance et de la motivation.

f) Les bénéfices sociaux du projet au niveau de la population et sur l'environnement. Tous les projets ont un impact bénéfique sur la population ou sur l'environnement.

Impact sur la population :

= La transmission des connaissances d'un agriculteur à l'autre

= L'installation d'infrastructures qui connectent les agriculteurs avec les consommateurs

ð? Promouvoir l'augmentation de la production alimentaire globale

ð? Améliorer l'accès des femmes aux services d'extension agricole, aux programmes de crédit...

ð? Création d'emplois (jeunes, parents, sans emploi...) au niveau local (zone rurale)

ð? Formation (formation intergénérationnelle, échange de compétences)

ð? Créer de la réinsertion par la formation aux métiers agricoles

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 79

Impact sur l'environnement:

ð? Valorisation des déchets (utiliser les déjections animales comme engrais), produire sans pesticides

ð? Améliorer la fertilité des sols

= Les initiatives de sensibilisation et les efforts pour améliorer la qualité de la production

encouragent la diversification et la consommation de produits locaux ð? Promouvoir les légumes locaux qui sont riches en micronutriments pour contribuer à la

réduction de la malnutrition

Nous pouvons conclure que les porteurs de projets répondent aux critères d'innovation sociale et technologique:

· Créer ce qui n'existe pas ou renforcer ce qui existe dans une zone rurale

· Le dispositif est mis en place par les collectifs

· Le dispositif marchand est associé à des territoires (logique d'appartenance à un territoire)

· Une faible empreinte écologique

· Rassembler des humains autour d'un projet qui répond à des besoins

III. Le troisième point porte sur la question du suivi post création

a) Les difficultés que vous pourriez rencontrer dans le pays d'origine

ð? Financières: car les banques sont très frileuses pour accorder des crédits aux petits entrepreneurs.

ð? Ressources humaines: une main d'oeuvre disponible mais qui soit compétente et rigoureuse est difficile à obtenir.

= D'adaptation: Après un séjour assez long dans un pays d'accueil (France), de nouvelles habitudes ont été adoptées et cela engendre un décalage avec la réalité dans le pays d'origine (problème de management d'équipe)

ð? Corruption : pour l'installation de la structure auprès des services administratifs.

Tous les porteurs de projet ont exprimé ces difficultés. Et les inquiétudes ci--dessus sont des points sur lesquelles ils aimeraient être rassurés pour poursuivre leur projet.

De ce fait, un séjour au moins une fois dans l'année dans le pays d'origine est nécessaire, mais cela représente des coûts financiers non négligeables.

b) Atouts des porteurs de projet pour la mise en place du projet

ð? Être originaire du pays donc avoir une connaissance du terrain (langue, coutume...) ð? Identification d'un besoin existant (marché quasi vierge) ð? Soutien de la famille et des chefs coutumiers

Ces atouts sont communs à tous les porteurs de projets, même celles et ceux qui ne sont pas d'origine africaine grâce au soutien d'un conjoint ou un ami intime.

c) Souhaiteriez--vous avoir un suivi du SIAD sur le terrain? 18 personnes sur 19 ont répondu : OUI

1 personne sur 19 a répondu NON

Un suivi dans les cadres suivants:

ð? Un suivi de proximité dans le pays d'origine sur les trois premières années ð? Suivi pour achever le business plan (rester en contact avec le SIAD)

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 80

ð? Conseils et retours d'expériences dans un pays d'Afrique ou à Toulouse

= Documents utiles et supports de formation en ligne (formations à distance)

IV. Les attentes des porteurs de l'accompagnement du SIAD

a) Vos attentes à la fin des ateliers que le SIAD vous propose

ð? Avoir un dossier solide

ð? Avoir terminé le Business Plan

ð? Un guide sur comment obtenir des financements

ð? Acquérir un discours convainquant pour faire face aux financeurs

ð? Plus de motivation

NB : Ces points sont énumérés par ordre d'importance.

b) Des suggestions pour une amélioration de nos actions

ð? Une formation sur les basique en informatique

ð? Organiser des ateliers de groupes par secteurs d'activités avec un professionnel

ð? Une formation sur les appels à projet (comment y répondre)

ð? Des accompagnateurs plus impliqués et expérimentés

ð? Avoir une évaluation du business plan

NB : Ces points sont énumérés par ordre d'importance.

c) Une note au SIAD

Une dernière question a été posée sur une notation à attribuer au SIAD et on obtient une moyenne de : 8/10.

Le SIAD Midi Pyrénées a tenu compte des besoins émis et a mis en place des formations complémentaires qui se dérouleront durant l'été 2016 (informatique, communication et subvention). Des ateliers de groupe ont également été mis en place par secteur d'activité durant le cycle 2.

Pourcentage par tranche d'age

24%

28%

40%

moins de 25 ans de 25 ans à 34 ans de 35 ans à 49 ans plus de 50 ans

8%

Mieux connaitre nos porteurs de projet a) Age

b)

Pourcentageton situaton professionnelle
porteurs de projets

4%

13%

25%

42%

Étudiant En activité professionnelle En recherche d'emploi Retraité Au foyer Stage ou service civique

8%

8%

Pourcentage d'homme et de femme porteur de projet

65%

35%

HOMME

FEMMES

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 81

Situation professionnelle

c)

Situation familiale des porteurs de projets

Divorcé Pacsé Célibataire

 
 

0 1 2 3 4 5 6 7 8

Situation familiale

d) Pourcentage d'homme et de femme porteur de projet

e)

Situaton professionnelle pour les hommes porteurs de projets.

63%

0%

37%

EN EMPLOI
CHOMAGE
ETUDIANT

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 82

Situation professionnelle de femmes porteuses de projets

f)

Situaton professionnelle des femmes porteurs de projet

25%

33%

42%

EN EMPLOI
CHOMAGE
ETUDIANT

Situation professionnelle des hommes porteurs de projets

ANNEXE 3 : Questionnaire

 

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 83

Questionnaire

Ce questionnaire est un test préalable au questionnaire définitif. Il a été établi dans l'objectif de mieux connaitre nos porteurs de projet au niveau du SIAD et surtout d'établir une base de données statistiques

pour nous permettre d'avoir un aperçu qualitatif. Grâce à vos réponses nous pourrons améliorer nos actions.

Recommandation :

· Il est conseillé de remplir ce questionnaire avec votre accompagnateur de projet.

NB :

· Ce questionnaire est confidentiel à notre organisme

· Les réponses sont anonymes

Le questionnaire est à remettre au plus tard le 21 mai 2016 à l'atelier 5, vous pouvez aussi l'envoyer par courrier à l'adresse :

SIAD Midi-Pyrénées

1

1 Allée Marc Saint Saëns - BP 73657 - 31036 TOULOUSE CEDEX Midi-Pyrénées.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 84

I. La trajectoire dans le pays d'accueil

1. Quel est votre pays d'origine ?

2. Depuis combien d'années êtes-vous résident en France ?

3. Dans quel cadre êtes-vous venu en France ?

4. Quel a été votre parcours ?

5. Suite à votre projet, projetez-vous un retour définitif dans votre pays d'origine ?

Si oui :

o Dans l'immédiat ?

o Quelques années plus tard ?

Si non :

o Comment comptez-vous vous y prendre ?

2

6. Quel est le statut juridique de votre future structure ?

II. Votre projet

1. Quel est votre projet ?

2. Quel est votre secteur d'activité ?

3. Où en êtes-vous dans votre projet ?

4. Quelles sont les prochaines étapes pour mettre en place votre projet ?

5. Quels sont les bénéfices sociaux de votre projet ?

· Impacts au niveau de la population (création d'emploi, réinsertion des jeunes par exemple) ?

· Impacts sur l'environnement (empreinte sur l'environnement réduite ? utilisation des pesticides ? compostage ? énergie solaire ? récupération d'eau de pluie ? sans OGM ? É )

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 85

3

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 86

III. Le suivi du projet après création

1. Quelles sont les difficultés que vous pourriez rencontrer dans le pays du projet ?

2. Qu'est ce qui va faciliter la mise en place de votre projet ?

3. Souhaiteriez-vous avoir un suivi une fois le projet mis en place dans le pays du projet par le SIAD ?

Si oui, de quel type ?

4

Si non, pourquoi ?

IV. Les attentes du porteur de projet

1. Quelles sont vos attentes à la fin des ateliers que le SIAD vous proposent ?

2. Avez-vous des suggestions pour une amélioration de nos actions ?

3. Sur un barème de 1 à 10 quelle note donneriez-vous au SIAD pour son accompagnement ?

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 87

5

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 88

V. Pour mieux vous connaitre

1. Dans quelle tranche d'âge vous situez-vous ?

? Moins de 25 ans ? De 25 à 34 ans ? De 35 à 49 ans ? 50 ans et plus

2. Quelle est votre situation professionnelle ?

? Étudiant(e)

? En activité professionnelle

? En recherche d'emploi

? Retraité(e)

? Au foyer

? Stage ou service civique

? Autre :

3. Quelle est votre situation familiale ?

? Célibataire

? Vie maritale

? Pacsé(e)

? Marié(e)

? Divorcé(e)

? Veuf ou veuve

? Autre :

4. Combien d'enfants avez-vous ?

MERCI POUR VOTRE COLLABORATION !

6

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 89

Aide au Selon l'OCDE l'aide publique au développement (APD) est l'ensemble des dons et

développement des prêts à conditions très favorables (nets des remboursements en capital)

accordés par des organismes publics aux pays et aux territoires figurant sur la liste des bénéficiaires du « Comité d'aide au développement » (CAD) de l'Organisation de coopération et de développement économique.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 90

Associations Une association est le regroupement d'au moins deux personnes, mettant leurs

activités ou leurs connaissances en commun, par un contrat d'association (contrat de droit privé). L'objectif de cette convention doit avoir un but autre que le partage de bénéfices entre les parties, d'où l'appellation d'"association à but non lucratif". La forme associative est adoptée dans de nombreux secteurs : associations culturelles, sportives, de protection du consommateur, humanitaires, de protection de l'environnement.

Business Model Expression anglo--saxonne qui désigne la description du modèle économique

d'une activité. Un business model décrit de manière précise le positionnement de l'entreprise, les objectifs de l'activité, les moyens et les ressources mis en oeuvre pour les atteindre, ainsi que les règles, les principes de fonctionnement et les valeurs de l'entreprise concernée.

Business plan Le business plan est un document de plusieurs pages qui décrit l'ensemble du

projet d'une entreprise ou d'un indépendant : l'activité, le marché, la stratégie marketing, la gestion des ressources humaines, etc. Il reprend l'ensemble des dépenses programmées et les ressources envisagées à court et moyen terme.

Capital Le capital économique regroupe les ressources matérielles et financières qu'un

individu a à sa disposition (revenus, patrimoine).

Capitalisme Le capitalisme est un concept à la fois économique, sociologique et politique qui

caractérise un système s'appuyant sur la propriété privée des moyens de production. Sa définition donne lieu à des variations dans l'espace et dans le temps, et en fonction des sensibilités politiques des personnes qui emploient le terme.

Coopérative La coopérative est un modèle d'entreprise démocratique. Société de personne,

elle se différencie des entreprises dites « classiques» par sa gouvernance fondée sur le principe « une personne, une voix» et la double qualité de ses membres qui sont à la fois associés et clients, producteurs, salariés.

Crédit bancaire Un crédit bancaire est une somme d'argent avancée par une banque. En

contrepartie, vous vous engagez à la rembourser sur une période déterminée et à lui payer des intérêts. Il vous permet donc de réaliser des projets sans attendre d'avoir l'argent nécessaire, mais vous engage contractuellement avec une banque

Diaspora Dispersion d'une communauté, d'une ethnie à travers le monde.

Économie informelle

Économie populaire

Économie sociale et solidaire

L'économie informelle désigne l'ensemble des activités productrices de biens et services qui échappent au regard ou à la régulation de l'État.

En économie du développement, l'économie populaire désigne « l'ensemble des activités économiques et des pratiques sociales développées par les groupes populaires en vue de garantir, par l'utilisation de leur propre force de travail et des ressources disponibles, la satisfaction des besoins de base, matériels autant qu'immatériels.

L'économie sociale et solidaire (ESS) rassemble les entreprises qui cherchent à concilier solidarité, performances économiques et utilité sociale.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 91

Entrepreneuriat L'entrepreneuriat (plus rarement entreprenariat) est l'action de créer une

entreprise dont la conséquence est la création de la richesse et/ou de l'emploi. Les formes d'entrepreneuriat varient selon le type d'organisation qui est mis en place.

Épargne L'épargne est l'action d'épargner, d'être économe dans la dépense, de mettre de

l'argent de côté dans un but particulier. C'est aussi ce que l'on a épargné, économisé.

Exode rurale L'exode rural désigne le déplacement durable de populations quittant les zones

rurales pour aller s'implanter dans des zones urbaines.

Firmes Ces firmes ignorent les frontières et traverse les nations. L'adjectif

Multinationales "multinational" marque le caractère mondial de leur stratégie. Elles sont en

mesure de planifier leur développement à l'échelle mondiale. Ce qualificatif explique mieux la mobilité du capital au niveau mondial.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 92

Fonds de garantie Le fond de garantie est l'un des outils permettant de gérer ces risques car des conditions larges et diversifiées telles que les hypothèques, la caution, le gage, le crédit d'achat-stockage agricole, société de caution mutuelle... permettent d'y faire face. Cette garantie permettra donc un partage du risque entre les différentes parties prenantes qui sont l'institution financière, l'emprunteur et le fond de garantie lui-même.

Inflation L'inflation est la perte du pouvoir d'achat de la monnaie qui se traduit par une

augmentation générale et durable des prix. Il s'agit d'un phénomène persistant qui fait monter l'ensemble des prix, et auquel se superposent des variations sectorielles des prix.

Institutions de microfinance

Interventionnisme de l'état

Une institution de microfinance (IMF) est une structure de proximité (ONG, association, coopérative...) qui délivre des services financiers à des populations n'ayant pas accès au système bancaire classique. Aujourd'hui les IMF proposent essentiellement des microcrédits, mais certaines offrent également d'autres types de services : épargne, micro-assurance, services d'accompagnement et de formation.

L'interventionnisme économique désigne la politique qui conduit les pouvoirs publics à participer à l'économie du pays et imposer leurs règles chaque fois que cela leur paraît nécessaire pour protéger les intérêts des citoyens ou développer des secteurs d'activité qu'ils considèrent comme stratégiques ou prioritaires.

Investissement Selon le vocabulaire de la comptabilité nationale, l'investissement, peut être le

fait de différents agents économiques. Pour les entreprises : c'est la valeur des biens durables acquis pour être utilisés pendant au moins un an dans leur processus de production.

Pays en voie de Les pays en développement sont en effet de pays à revenu faible et

développement intermédiaire dont la majorité des habitants ont un niveau de vie plus bas que la

(PED) majorité des habitants des pays à revenu élevé et ont accès à des biens et des

services plus limités.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 93

Tontines La tontine est une association collective d'épargne, qui réunit des épargnants

pour investir en commun dans un actif financier ou d'un bien dont la propriété revient à une partie seulement des souscripteurs.

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 94

BIBLIOGRAPHIE

OUVRAGE

· Economie

DAVID, A. C., & LAVILLE, J. L. Dictionnaire de l'autre économie, France, (2006), (FOLIO ET GALLIMARD), 720

pages

PRADES, J. Comment résister au capitalisme? Tous en coopératives I France, 2013, Le vent se lève, 96

pages

THOMAS, F, L'économie Sociale et Solidaire, Levier de changement? France, 2015, CETRI-Syllepse, 196 pages.

· Diaspora africaine

KOUVIBIDILA, G.-J., La fuite des cerveaux africains, Congo Brazzaville, 2010, l'Harmattan, 272 pages

· Economie et développement en Afrique

MICHAILOF, Serge, A quoi sert d'aider le sud ? Paris, (2006), Fayard, 483 pages

MICHAILOF, S. Africanistan, L'Afrique en crise va t'elle se retrouver dans nos banlieues ? France, Fayard, 320 pages

· Entrepreneuriat

YUNUS, M Building Social Business (Reprint). Etats Unis d'Amérique, (2011), PublicAffairs U.S, 256 pages

REVUES

· Economie Sociale et Solidaire

Agence Française de Développement, « les innovations financières pour le développement », La revue de l'AFD, Consulté le 14 MARS 2016 à l'adresse suivante: http://www.afd.fr/webdav/shared/PORTAILS/PUBLICATIONS/PLAQUETTES/AFD et les innov financieres .pdf

BOULIANNE.M, FRAISSE. L, & Ortiz. H, « L'espérance économie solidaire a principes économie solidaire et mondialisation », Revue du MAUSS, n°21, p. 47 à 54.

CRESS (Chambre Régionale de L'ESS), « Les statuts juridiques de l'économie sociale et solidaire ». Revue de la CRESS, (2008).

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 95

FREMEAUX. P, « L'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE, VIRAGE OU MIRAGE ? », Le journal de l'école de Paris du management, n° 94, 2012, p.21 à 28.

ROUSTANG, G. (2003). MONDIALISATION ET ÉCONOMIE SOLIDAIRE, Hermès, La Revue, n° 36, 2003, pages 175 à 182.

Microfinance

Bertrand. S, Evaluer l'impact des instruments financiers en faveur des entreprises, La revue de l'AFD, 2014, p. 137.

FALL, A. Salam, & GUEYE, C. « Le franc, la grâce et la reconnaissance Les ressorts de l'économie sociale et solidaire en Afrique de l'Ouest ». La Découverte, n°21,2003, p 432.

FALL F.-S « Panorama de la relation Banque/Microfinance à travers le monde », Revue Tiers Monde, 2009 juillet-septembre, n° 199.

FALL F.-S, « La complémentarité banque/microfinance dans les économies en développement : une perspective théorique », Revue d'économie industrielle, n°133, 2011, p.31-56.

FALL F.-S & SERVET J.-M, « La microfinance peut-elle être sociale et rentable? », Revue Banque, n° 720, janvier 2010.

LAPENU, C., & DOLIGEZ, F., « Mesure des performances sociales: les implications pour le secteur de la microfinance », Revue internationale de l'économie sociale, n° 304, 2007, p. 46?62.

NGUYEN, G., « Fonds de garantie : intérêts et limites », bulletins d'infos, n° 65, 2000. Economie africaine : impact féminin et cerveaux

OBIAGELIE, E. « La femme africaine, un atout pour propulser le continent vers la prospérité », BANQUE MONDIALE AFRIQUE. (2011). Consulté à l'adresse http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/AFRICAINFRENCHEXT/0,,content MDK:22851993~pagePK:146736~piPK:226340~theSitePK:488775,00.html

PENOUIL, M. « L'économie africaine: Bilan et Perspectives », Revue française de science politique, Volume 22(n°5), (1972) ; p 992?1016.

XINHUANET, La fuite des cerveaux entrave gravement le développement africain, Contre Info, n°68, 2006.

TRAVAUX ACADEMIQUES

FALL, A. salam. (s. d.). Économie sociale et solidaire en Afrique de l'Ouest : Un mode de vie à réhabiliter? Consulté à l'adresse

http://www.lartes-ifan.org/pdf/ESS en Afrique de louest Un mode de vie a rehabiliter.pdf

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 96

RAPPORTS DE COLLOQUES

· Economie et développement en Afrique

AFD (Agence Française de Développement), Evaluation rétrospective du Projet « Création d'un fonds de garantie de sortie de crise. (2010).

Alliance Coopérative Internationale, Stratégie du développement coopératif en Afrique, (p. 10 et 12). (2016). Consulté à l'adresse suivante:

https://ica.coop/sites/default/files/media items/STRATEGIE%20DU%20DEVELOPPEMENT%20COOPERATI F%20EN%20AFRIQUE%202013%20--%2016.pdf

CSA (Collectif Stratégies Alimentaires), LES COOPERATIVES AGRICOLES: UNE RÉPONSE AUX ENJEUX DES AGRICULTEURS FAMILIAUX ? 2014, (SEMINAIRE)

FIG (Fonds International de Garantie), « Financer un Développement Humain », 2013, Rapport d'activités.

Freddy, D, « Le fonds de garantie, une réponse au risque de crédit agricole» , 2015, Rapport d'activités Fondation Farm.

Freddy, D. (s. d.). Effets de la règlementation en microfinance : le cas de l'Afrique de l'ouest, (44). Consulté à l'adresse: http://www.fondation-- farm.org/IMG/pdf/microfi20100701 rapport principal.pdf

Nations Unies. Promouvoir l'entreprenariat au service du développement (Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement), 2015, Consulté à l'adresse: http://unctad.org/meetings/fr/SessionalDocuments/ciid29 fr.pdf

· Diaspora africaine

OIM (Organisation internationale pour les migrations), La migration des Africains de la diaspora pour le développement de l'Afrique, 2004, Consulté à l'adresse: http://publications.iom.int/system/files/pdf/mida french.pdf

SITES WEB

· Secteur agricole en Afrique

Banque Mondiale, « Le Programme de productivité agricole en Afrique de l'Ouest. », site de la banque

mondiale, http://www.banquemondiale.org/fr/topic/agriculture/brief/the--west--africa--agricultural--
productivity--program
consulté le 16 juin 2016

UNION EUROPEENNE. (2013). Enjeux et défis pour la production agricole en Afrique de l'Ouest, http://www.inter-- reseaux.org/IMG/pdf/EnjeuxAgricultureAfrOuest CE.pdf consulté le 12 juillet 2016

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 97

Economie Sociale et Solidaire

HORIZONS SOLIDAIRES, « ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE: ESS HISTORIQUE, DEFINITIONS ET PRATIQUES ». http://www.horizons-- solidaires.org/pdf/fichestechniques/ESS112015.pdf consulté le 17 juillet 2016

FALL, A. salam, Économie sociale et solidaire en Afrique de l'Ouest: Un mode de vie à réhabiliter?

http://www.lartes-- ifan.org/pdf/ESS en Afrique de louest Un mode de vie a rehabiliter.pdf consulté le 26 janvier 2016

Entrepreneuriat et initiatives en Afrique

Le blogue des Hommes libres et intègres, (2013), « Burkina Faso : Sensibilisation sur le recyclage de

déchets technologiques ». http://www.burkina-- faso.ca/sensibilisation--sur--le--recyclage--dechets--
technologiques/
consulté le 12 mars 2016

ONG APIL. (2011). ONG APIL (Action pour la promotion des Initiatives Locales). http://www.apilaction.net/spip.php?page=a--propos--de--nous&id article=2 consulté en janvier 2016

SOW, S. (2012, novembre). « QUALITÉS IMPORTANTES POUR L'ENTREPRENEUR AFRICAIN» , http://www.afriqueitnews.com/2012/11/04/5--qualites--importantes--pour--lentrepreneur--africain/

Consulté le 1er aout 2016

Economie Informelle en Afrique

MAYS, M. (2015, mars). « Afrique: Le défi de la valorisation de l'économie informelle », http://www.mays-- mouissi.com/2015/03/07/afrique--le--defi--de--la--valorisation--de--leconomie--informelle/ consulté le 10 mai 2016

PAGES DE JOURNAL ELECTRONIQUE

Entrepreneuriat en Afrique

AGENCE FRANCE ENTREPRENEUR. (2014). L'Afrique, un nouvel eldorado pour les entrepreneurs? https://www.afecreation.fr/cid148404/l--afrique--nouvel--eldorado--pour--les-- entrepreneurs.html?cid=148404

FARFCHAMPS, & SCHUDELN. « Industrial Structure and Microenterprises in Africa », The Journal of Developing Areas, 1994

ForthInvestment. 10 femmes du village de Bagma concrétisent leur projet de transformation de beurre de karité. (2016, JUILLET). http://forthinvestment.com/10--femmes--du--village--de--bagma--concretisent--leur-- projet--de--transformation--de--beurre--de--karite--grace--a--forthinvestment

http://www.afrik.com/article13716.html

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 98

SEWADE, B. PROBLÉMATIQUE DE L'ENTREPRENEURIAT EN AFRIQUE DE L'OUEST : LES TROIS DÉFIS DES CRÉATEURS DES PME/PMI. La nation : quotidien national d'information. (2015, mai).

Démographie en Afrique de l'ouest

PANAPRESS. (2008). 450 millions d'habitants en Afrique de l'Ouest en 2025. PANAPRESS.

VIDEOS

Exemples concrets d'entrepreneurs

CECI, Change des vies/ Change lives. (2015, février). Portrait de Papis Bakary Coly, jeune entrepreneur sénégalais en aviculture: https://www.youtube.com/watch?v=jJE85jo2eyk

SOLANO, M. L. (2015, AVRIL). Guinée, Un recyclage innovant. Reportage Africa 24. Consulté à l'adresse https://www.youtube.com/watch?v=--Jhc6STiXr0

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 99

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 100

Remerciements 4

Avant--Propos 5

Listes Acronymes et Abréviations 6

Introduction 7

Chapitre I. Cadre théorique, conceptuel et méthodologique 16

PARTIE 1 : Cadre conceptuel et théorique 17

A. L'économie sociale et solidaire : concept et théorie 17

i) Concept et théorie : économie sociale 17

ii) Concept et théorie : économie solidaire 18

B. Une démarche entrepreneuriale 18

C. L'entrepreneuriat dans l'ESS pour les pays du SUD (Afrique de l'ouest) 20

PARTIE 2 : Problématique et Cadre méthodologique 21

A. Problématique 21

B. Méthodologie 23

Conclusion : 24

Chapitre II: La place de l'entrepreneuriat dans l'économie Africaine 25

Partie I : Les caractéristiques fortes des économies ouest--africaines 26

A. Une économie informelle ayant un fort impact 26

B. Les initiatives informelles commencent à intégrer l'économie formelle grâce à des acteurs

importants de l'ESS 29

i. Les ONG 30

ii. Les initiatives prises par les jeunes africains 32

iii. Les femmes dynamiques 33

iv. Les banques 34

v. Les caisses d'épargnes 35

vi. Les institutions de microcrédits 35

vii. La diaspora africaine 36

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 101

viii. Les coopératives 36

PARTIE 2 : Les avantages de cette nouvelle économie entrepreneuriale 39

A. L'entrepreneuriat sociale et solidaire: un levier de croissance 39

i. L'essor des initiatives entrepreneuriales et leur impact 39

ii. Un exemple pour illustrer un entrepreneur africain 40

B. Le leadership féminin en plein essor en Afrique 40

Conclusion : 43

Chapitre III : Les obstacles à l'initiative entrepreneuriale dans le contexte Ouest-- africain 44

PARTIE 1 : Les facteurs multidimensionnels qui freinent le développement de l'entrepreneuriat ouest-

africain 46

A. Les différents aléas freinant l'essor de l'entrepreneuriat des acteurs 46

B. La microfinance en réponse au manque de financement, est un outil complémentaire aux

banques 47

PARTIE 2 : Une diaspora désireuse d'entreprendre et de rentrer dans le pays d'origine se trouve saisie

de crainte 49

A. L'absence d'un cadre incitatif pour le retour de la diaspora et une fuite de cerveaux réelle 49

B. SIAD Midi-Pyrénées 51

i) Contexte du projet SIAD et sa pertinence 51

ii) Objectifs du SIAD sur les années à venir 52

iii) Réalisation d'une enquête qualitative 52

iv) Résultat de l'enquête et préconisations 53

Conclusion : 56

Chapitre IV : La contribution de l'ESS dans le développement des pays Ouest africain ? 57

PARTIE 1 : Réfléchir sur un dispositif de formalisation pour le « bien-être » de l'économie africaine 58

A. Diagnostic des obstacles économiques qui freinent sa croissance optimale 58

B. L'économie sociale et solidaire un moteur pour une meilleure économie ouest africaine 59

PARTIE 2 : Des solutions envisageables : formation et production locale soutenue 61

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 102

Conclusion 64

Conclusion Générale 65

Annexes 68

TABLE DES ANNEXES 69

Glossaire 89

Bibliographie 94

OUVRAGE 94

REVUES 94

TRAVAUX ACADEMIQUES 95

RAPPORTS DE COLLOQUES 96

SITES WEB 96

PAGES DE JOURNAL ELECTRONIQUE 97

VIDEOS 98

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 103

L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 104

RESUME

Ce mémoire se propose d'étudier la dynamique de « l'entrepreneuriat », concept novateur en Afrique de l'Ouest, dans le champ tout aussi novateur de l'Economie Sociale et Solidaire (ESS). La situation économique ouest-africaine étant inquiétante, il est nécessaire de songer à une nouvelle stratégie pour y remédier. C'est de là que nous est venu la problématique suivante: comment l'entrepreneuriat dans le secteur de l'ESS peut--il être un facteur développement en Afrique de l'ouest? L'objectif serait d'accompagner les initiatives entrepreneuriales des acteurs africains afin qu'elles contribuent à l'économie d'une meilleure manière car il s'avère qu'elles se déroulent principalement dans le secteur informel.

Ayant souhaité prolonger la réflexion, plusieurs questions ont été soulevées: quelle place occupe l'entrepreneuriat dans les économies ouest-africaines ? Quels sont les facteurs qui entravent le développement de l'entrepreneuriat et sa contribution à l'économie ouest- africaine ? Comment faire pour que l'ESS soit un atout pour les économies ouest-africaines?

Notre étude nous a donc permis de répondre à ces questions en évoquant plusieurs facteurs: la démographie, la sécurité alimentaire, la création d'emplois l'éducation, l'accès aux financements, la microfinance, la création de structures sociales et solidaires, l'autonomisation des femmes, l'insertion professionnelle...

Beaucoup reste à faire en Afrique de l'Ouest pour arriver à un développement de qualité, mais ensemble nous y arriverons...

This dissertation intends to study the dynamic of entrepreneurship, a pioneering concept in West Africa, in the just as pioneering field of Sustainable and Solidarity Economy (SSE). The West-African economic situation is alarming; it is necessary to consider a new strategy to find a solution. Hence our problematic: how can entrepreneurship in SSE be a factor of development in West Africa? The aim would be to accompany African initiatives so they contribute to national economies in a better way, for most of these initiatives take place in the black-market.

In order to draw out our thought, other questions were raised: what place does entrepreneurship occupy in West African economies? What can be an obstacle to its development and its contribution to West African economies? How can we make it an asset for these economies?

Our work allowed us to answer these questions through the evocation of other factors: demography, food security, job creation, education, access to capital, microfinance, creation of SSE structures, empowerment of women, professional integration...

Much remains to be done in West Africa to get to a quality development, but together we will get there ...






Bitcoin is a swarm of cyber hornets serving the goddess of wisdom, feeding on the fire of truth, exponentially growing ever smarter, faster, and stronger behind a wall of encrypted energy








"Le don sans la technique n'est qu'une maladie"