2015/2016
L'ENTREPRENEURIAT MOTEUR ECONOMIQUE
LA PLACE DE L'ESS DANS L'ENTREPRENEURIAT EN AFRIQUE DE
L'OUEST
Nafila Sangaré
Master 1 IES (Innovation Economique et
Sociale)
L'Université Toulouse -- Jean Jaurès / 5
Allée Antonio Machado, 31000 Toulouse
Maitre de mémoire Francois Seck Fall
Maitre de stage Marion Bouyer,
coordinatrice,
SIAD Midi Pyrénées, 1 allée Marc
Saint Saëns, 31000 TOULOUSE
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 2
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 3
«
|
L'économie sociale et solidaire démontre qu'il
est possible
|
d'entreprendre autrement, de produire et de consommer
autrement, en
respectant le salarié, le consommateur, le
citoyen.
|
»
|
Claudy Lebreton,
REMERCIEMENTS
Je tiens à remercier dans un premier temps toute
l'équipe pédagogique de l'université Toulouse Jean
Jaurès et les intervenants professionnels responsables de la formation
master 1 Innovation par l'économie sociale, pour avoir assuré la
partie théorique de mon mémoire. Je remercie également
Messieurs François Seck Fall et Frédérique Rodriguez pour
l'aide et les conseils qu'ils m'ont apportés pour ce mémoire lors
des différents suivis; sans oublier Monsieur Jacques Prades pour m'avoir
ouvert les yeux sur l'utilité de l'économie sociale et
solidaire.
Je tiens à remercier tout particulièrement et
à témoigner toute ma reconnaissance aux personnes suivantes, pour
l'expérience enrichissante et pleine d'intérêt qu'elles
m'ont fait vivre durant mes mois de stage au sein du SIAD (Service
International d'Appui au Développement) Midi-Pyrénées :
Monsieur Xavier Bilbault, fondateur du SIAD pour la relecture de ce
mémoire, les conseils, les critiques et les remarques qui m'ont permis
de progresser avec sérénité; Marion Bouyer, coordinatrice
du SIAD Midi-Pyrénées, pour le temps qu'elle m'a consacré
tout au long de cette période, sachant répondre à toutes
mes interrogations; Héloïse Kouyaté ma collègue, pour
le temps qu'elle a consacré à mon mémoire autant sur la
forme et sur le fond, cela a été d'une très grande
pertinence; ainsi que le reste de mes collègues pour leur accueil
sympathique et leur coopération professionnelle et les
bénévoles pour leur accueil et la confiance qu'ils m'ont
accordée dès mon arrivée dans l'association.
Je tiens aussi à remercier les membres de ma famille et
plus particulièrement mes deux grands frères et ma chère
mère qui ont été présents à mes
côtés durant toute cette période et bien plus encore, qui
ont été d'un soutien énorme en me remontant le moral
à chaque fois que je flanchais et pour cela le merci est infini. Je ne
saurai oublier également mon bien aimé que je remercie pour son
soutien.
Pour terminer, j'adresse mes remerciements à mes
collègues de l'université qui ont été d'une
très grande amabilité, avec lesquels l'expérience fut
belle et enrichissante, sans oublier ceux qui ont contribué à ce
mémoire de près ou de loin.
Un hommage à mon cher papa qui est parti de ce monde
quand je n'avais que 13 ans. J'aurais tant aimé que tu sois à mes
côtés pour me voir grandir, évoluer, rédiger un
mémoire... Bref je n'oublierai jamais cette phrase que tu aimais tant
dire : « Quand tu tombes, tu te relèves et tu avances ».
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 4
Merci à toutes et à tous !
AVANT--PROPOS
Ce mémoire est pour moi une première
expérience, qui m'a permis de d'avoir d'immenses connaissance sur le
plan économique ouest africain
Avant de le commencer j'avais beaucoup d'interrogations
personnelles concernant la situation économique et sociale des pays
d'Afrique de l'Ouest. Malgré toutes ces questions subjectives, j'ai
entamé ce mémoire avec un oeil extérieur afin de traiter
mon sujet avec objectivité. Mon implication directe s'est faite
inconsciemment car je pense faire partie de cette jeunesse africaine, qui est
la future relève du continent. C'est pour cela que vous remarquerez
à certains passages « un parti pris» et je compte sur votre
compréhension.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 5
Merci
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 6
LISTES ACRONYMES ET ABREVIATIONS
ACI : Alliance coopérative
internationale
AGIR : Alliance globale pour la
résilience
CEDEAO : Communauté économique
des États de l'Afrique de l'Ouest
CILSS : Comité permanent Inter--Etats
de Lutte contre la Sécheresse dans le Sahel
CNCE : Caisse Nationale des Caisses
d'Epargne
CSAO : Club du Sahel et de l'Afrique de
l'Ouest
SIAD : Service International d'Appui au
Développement
ESS : Economie Sociale et Solidaire
FMN : Firme multinationale
IMCE : Institut Mondial des Caisses
d'Epargne
IMFs : Institutions de microfinance
OCDE : Organisation de coopération et
de développement économique
ONG : Organisation non gouvernementale
PED : Pays en développement
PNUE : Programme des Nations unies pour
l'environnement
ROPPA : Réseau des organisations
paysannes et de producteurs de l'Afrique de l'Ouest
SI : Solidarité internationale
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 7
L'Afrique doit prendre conscience de ses potentialités
et se prendre en main car l'autonomie ne passera pas par l'aide des autres.
Notre vocation est de permettre donc à toute l'Afrique d'avoir des
ressources suffisantes pour être autonome.
Nous constatons de nos jours, qu'en effet, nous avons une
classe moyenne en pleine croissance dans les pays d'Afrique de l'Ouest et cela
est dû à une mondialisation du marché autant sur le plan du
travail que sur les échanges de marchandises. Ce phénomène
a, de par son empreinte, masqué les spécificités de chaque
pays, chaque territoire; ainsi nous sommes dans une logique de recherche de
« capital » sans limites et le constat est le suivant : le
marché est à la recherche de meilleures occasions pour faire du
profit. Beaucoup d'études, de recherches, de rapports sur le contexte
économique ouest-africain nous donnent l'impression que
l'économie africaine est assez bien portante au vu des taux de
croissance élevés ou encore du niveau moyen des populations. Mais
cela étant trop optimiste, il est avisé qu'une analyse pertinente
et pointilleuse soit faite pour avoir une idée claire de
l'évolution économique des pays d'Afrique de l'Ouest et pour cela
nous allons voir plusieurs aspects de la santé économique
ouest-africaine.
Le capitalisme inefficace devra laisser place à
un nouveau modèle économique
Le capitalisme est un système qui de nos jours est
mêlé et est sujet à d'immenses controverses. D'un auteur
à un autre on se retrouve face à des définitions
variées du même mot. Les notions générales qui
ressortent de ces définitions sont les suivantes : la
propriété privée du moyen de production, la liberté
économique, le salariat et l'accumulation du capital. Certains auteurs
tels que François Perroux considèrent que le capitalisme est un
phénomène purement économique (Le capitalisme, 1948,
Puf « Que sais-je ») et d'autres le considèrent comme un
phénomène économique s'accompagnant de
réalités sociales (K. Marx).
Nous définirons ce modèle économique
comme étant un système économique, politique et social
fondé sur la propriété privée des moyens de
production et d'échange, se caractérisant par la
recherche du profit, l'initiative individuelle
et la concurrence entre les entreprises. Cela dit, tous les penseurs
ne s'accordent pas sur l'importance des caractéristiques
précédemment citées, néanmoins la notion
d'accumulation du capital est présente dans toutes les
définitions. Le temps faisant son oeuvre, l'évolution du
capitalisme s'est traduite par un certain nombre de transformations notamment
dans les domaines économiques et sociaux.
Le capitalisme contemporain va donc se caractériser par
l'émergence de firmes multinationales (FMN). Le fait le plus marquant de
ce renouveau est la montée en puissance des marchés financiers du
fait du développement du capitalisme actionnarial au détriment du
capitalisme managérial. Les actionnaires retrouvent un pouvoir et leur
but est de réaliser le maximum de profit pour investir sur les
marchés financiers. Cela va d'ailleurs permettre de créer de la
croissance économique et donc d'engendrer un
L'entrepreneuriat moteur économique - La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 8
pouvoir d'achat plus élevé, des salaires
revalorisés (mais cela reste à nuancer), une amélioration
des conditions de vie or en Afrique de l'Ouest cela ne concerne qu'une part
infime de la population.
Pour la bonne marche de leur économie, la plupart des
pays africains après la période coloniale ont eu besoin
d'importer des marchandises qu'ils ne peuvent pas produire en quantité
suffisante voire pas du tout. Ainsi ils importent des pays du Nord des
céréales de base et certains produits alimentaires (lait, viande,
etc.). Les pays de l'Afrique de l'Ouest sont de ce fait dans une
dépendance vis à vis de l'extérieur pour l'essentiel de
leur nourriture et celle-ci ne cesse de s'accroitre. Ce qui est désolant
dans cette situation de dépendance est la position de faiblesse des pays
ouest-africains qui acceptent l'implantation des firmes
multinationales1 (FMN), ces gigantesques entreprises
financières qui opèrent surtout dans les pays du tiers-monde dans
le but de les soumettre au modèle capitaliste. Au lieu que cela ait des
impacts positifs, il y a plutôt un déséquilibre total de
l'économie des pays en développement qui se traduit par quatre
caractéristiques2 communes à ces pays que nous avons
pu tirer de nos recherches :
· Pauvreté de masse dans les pays du tiers monde
· De fortes inégalités par rapport au pays du
Nord.
· Faible insertion dans le commerce international
· Insécurité environnementale, politique et
sanitaire
Ainsi, la croissance dans ces pays s'est accompagnée
de répartition inégalitaire des ressources. Nous partons de ces
constats pour affirmer que l'économie sociale et solidaire serait un
concept à adopter dans ces pays afin de guider la production des biens
et des services à partir des besoins de tous et non de
l'intérêt de quelques-uns. Le but est de mettre l'économie
au service du social, afin de réduire les inégalités
existantes. Cette nouvelle économie part sur les bases d'une
économie démocratique comme le montre le principe « une
personne = une voix» pour les prises de décisions au sein d'une
entreprise. Elle permet comme le souligne si bien Jean Louis Laville (promoteur
de l'ESS) de pallier les insuffisances de l'interventionnisme de l'Etat afin de
réduire le chômage de masse et surtout lutter contre les
défaillances du capitalisme.
1 Firme Multinationale: Entreprise qui contrôle
des filiales implantées dans plusieurs pays et qui a des
activités de production et non simplement de vente à
l'étranger. La notion de contrôle est définie, dans la
plupart des pays, comme un investissement direct étranger (IDE)
impliquant le contrôle direct d'au moins 10% des actions ordinaires ou
avec droit de vote. Exemples de firmes transnationales françaises:
Michelin, Nestlé, Renault...
2
http://www.persee.fr/doc/pop_0032-4663_1995_num_50_6_5885
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 9
Un taux de démographie
inquiétant
D'un point de vue démographique un grand changement
est à venir. Nous pouvons constater, selon les différentes
études que la population de l'Afrique des pays membres de
l'AGIR3 passerait d'ici 2030 d'environ 300 millions à 455
millions d'habitants4. De ce fait, il faut dès maintenant
réfléchir sur la prise en charge de cette population par les
Etats car la part des jeunes en âge de travailler sera dominante. La
conséquence première liée à cette croissance
démographique est qu'il faut nourrir plus de personnes alors que la
production locale de base est insuffisante pour pallier ce
phénomène.
Nous sommes persuadée qu'il faut que l'agriculture
soit le levier pour y remédier. Heureusement, les pouvoirs publics et
les différentes populations s'en sont rendu compte et affirment
qu'aujourd'hui le secteur d'activité assurant la plus importante source
de revenu et de survie en Afrique de l'ouest est l'agriculture. Le défi
est de prévoir une transition agro-écologique en Afrique pour
reconvertir les paysans vers des pratiques plus respectueuses de
l'environnement.
Impact de l'agriculture
L'OCDE (Organisation de coopération et de
développement économique)5 estime qu'entre 50 et 80%
de la main d'oeuvre des pays africains disponible se livre à une
activité économique informelle et le secteur qui domine dans
cette économie est le secteur primaire (agriculture, élevage,
pêche).6 Malgré qu'une grande majorité de la
population des pays ouest-africains ait une activité agricole, du fait
qu'elle soit informelle, ces pays importent des produits qui sont en
concurrence directe avec les produits locaux comme la viande, les produits
laitiers, l'huile, les fruits et légumes, les produits
transformés ou encore les céréales. Mais, au regard de ce
manque d'autosuffisance, il est nécessaire d'importer en Afrique de
l'Ouest. Toutefois, il est possible de prévoir la réduction de
cette balance d'importation et mettre en place une stratégie pour
encourager et favoriser la production locale. Une fois une production
suffisante atteinte pour nourrir la population locale, ces pays pourront
prétendre à une balance d'échange commerciale
équilibrée.
Contrairement à ce que pourrait faire croire l'exode
rural, l'agriculture africaine reste la source de revenu d'une grande partie de
la population notamment rurale. Le problème se posant avec
acuité, la question est de savoir quelle stratégie adopter pour
produire de façon suffisante dans les années à venir sans
avoir recours à une production industrielle usant de moyens chimiques
détruisant nos sols et notre environnement. Nous vous invitons à
lire l'article de la Banque mondiale sur le Programme de
3
http://www.oecd.org/fr/sites/rpca/agir/
4
http://www.inter-reseaux.org/IMG/pdf/EnjeuxAgricultureAfrOuest_CE.pdf
5
http://www.mays-mouissi.com/2015/03/07/afrique-le-defi-de-la-valorisation-de-leconomie-informelle/
6
http://www.afd.fr/webdav/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/Scientifiques/Coeditions/Entreprises%20informelles
%20Afrique%20de%20l'Ouest.pdf
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 10
productivité agricole en Afrique de l'Ouest qui met en
lumière la nécessité pour les pays africains de faire de
leur priorité l'agriculture pour permettre le développement
rural. (Cf. Annexe I)
Le niveau scolaire
Aujourd'hui nous avons en Afrique des personnes à
moitié scolarisées, scolarisées et aussi
diplômées de l'enseignement supérieur, mais malheureusement
il n'y a que peu d'emplois et les études sont peu ou pas
valorisées. Chaque année, des millions de jeunes Africains
arrivent sur le marché du travail avec des débouchés
très limités. Il est voire même impossible pour certains de
trouver un emploi, qu'ils proviennent des zones rurales, urbaines ou encore des
pays occidentaux (diaspora). Cependant, les Africains ont
réfléchi à des dispositifs qu'ils sont en train de mettre
en place pour faire face à ces différents enjeux. Selon le
directeur du Club du Sahel et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO)7
basé à Paris, « Il faut agir dès maintenant pour
trouver des réponses aux problèmes de sécurité
alimentaire, d'urbanisation et de paix sociale posés dans un espace de
450 millions de personnes ». « Nous abordons les défis
posés en Afrique de l'Ouest dans le cadre de chantiers communs avec des
organisations comme la CEDEAO, l'UEMOA, le CILSS. Nous nous posons ensemble les
questions stratégiques. Nous apportons les éléments
d'analyse afin de mobiliser les Africains eux-- mêmes autour des
questions de développement ».
8
Sauf que de telles affirmations, datant de 2008,
publiées dans un article sur le site
www.afrik.com sont sur la table
encore 8 ans après et que l'Afrique de l'Ouest demeure toujours dans un
contexte économique, social et environnemental alarmant. Soyons tout de
même positive car malgré l'alarme qui sonne, il y a des
progrès et de nombreux chercheurs, économistes, sociologues,
agronomes, environnementalistes ont effectués des travaux suivant leur
domaine respectif afin de proposer des solutions meilleures. Mais
hélas...pas de miracle pour le moment.
Heureusement qu'il existait des solutions d'entraides
traditionnelles...
Les populations pauvres inventent chaque jour des moyens et
des stratégies pour survivre, la qualité de ces solutions
s'améliorant l'une après l'autre. Le plus important est qu'il y a
une solidarité traditionnelle entre habitants à travers des
échanges de produits au quotidien ou encore en cas
d'évènement heureux ou malheureux dans les zones rurales. Il y a
également ce phénomène de tontines d'entraide qui existe
depuis de longues années et qui se pratiquait à la base entre
femmes. Avec l'évolution sociale et économique, aujourd'hui, il y
a différents types de tontines. Nous avons aussi des groupements de
producteurs, de femmes ou encore des coopératives de paysans, des
petites organisations qui s'unissent
7 Les 18 pays africains couverts par le Club du Sahel
et de l'Afrique de l'Ouest (CSAO)
8
http://www.afrik.com/article13716.html
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 11
pour produire, vendre et générer des revenus
avec les moyens les plus basiques qui puissent exister. Il y a de ce fait
beaucoup d'organisations qui fleurissent mais dans l'informel. Cependant, ce
qui est positif et étonnant pour nous c'est que ces activités
répondent inconsciemment aux caractéristiques d'une
économie sociale et solidaire entrepreneuriale. Les plus visibles sont
les tontines, les systèmes informels financiers, les taxis-motos, les
petits commerçants, les vendeurs ambulants, les vendeurs de fruits ou
légumes dans les zones rurales au bord du goudron, les petits
marchés ruraux...
Un esprit d'entrepreneuriat embryonnaire
Connaissant bien la population en Afrique de l'Ouest, nous
savons que les personnes pauvres et défavorisées se battent bec
et ongles pour survivre. Soyons rassurés A les voir se démener
nous sommes bouche bée De ce fait, ne pensez-vous pas que
l'entrepreneuriat est un levier pour une création d'emploi?
Il faut souligner que l'Afrique n'ayant pas
véritablement « émergé» et le chemin
étant encore long pour y parvenir, le domaine de l'entrepreneuriat est
indubitablement un levier pour permettre à la jeunesse, aux femmes et
hommes de se prendre en main.
À en juger par la place qu'occupent de nos jours la
création et l'innovation dans nos sociétés contemporaines
africaines, l'entrepreneuriat est le moteur de l'économie nouvelle pour
garantir un développement qualitatif mais des défis se sont
avérés et il faut y faire face.
Les défis de l'entrepreneuriat en Afrique de
l'Ouest
Nous commencerons par noter que le concept d'entrepreneur
nous vient de l'économiste Schumpeter9. D'ailleurs en
économie, on utilise toujours l'expression d'entrepreneur
schumpetérien. Certes, plusieurs définitions existent mais nous
partons en premier de celle de Schumpeter: « L'entrepreneur
est un homme dont les horizons économiques sont vastes et dont
l'énergie est suffisante pour bousculer la propension à la
routine et réaliser des innovations ». A celle-ci,
nous ajoutons celle de l'économiste français Jean-Baptiste
Say10 : « L'entrepreneur déplace les
ressources économiques de niveaux inférieurs, pour une
productivité et un rendement plus élevé.
». De par ces deux définitions nous pouvons tirer qu'entreprendre
c'est: se battre, faire preuve de créativité, de
volonté, d'ambition et de désir pour apporter des solutions
nouvelles. Et de cela en découle l'action entrepreneuriale qui
est de bâtir une idée et la concrétiser et l'acteur en sera
l'entrepreneur.
9 Joseph Alois Schumpeter est un économiste
autrichien, qui a vécu de 1883 à 1950.
10 Jean-Baptiste Say est considéré
comme le principal économiste classique français. Né en
1767, Il est connu pour avoir élaboré la « loi de Say »
(ou « loi des débouchés »).
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 12
Nos recherches11 conduisent à penser que
l'entrepreneuriat en Afrique de l'Ouest doit faire face à plusieurs
défis et nous avons identifié trois majeurs.
Le premier défi est le suivant : les entrepreneurs
locaux manquent d'accompagnement par des structures ou cadres adéquats
qui puissent leur permettre d'avoir un parcours efficace soit :
· Un accompagnement individualisé
· Des ateliers de formations (pour inculquer une rigueur
dans le travail)
· Un espace mutualisé de travail
Ces trois points sont importants car c'est un ensemble de
moyens qui permet de démystifier le concept de l'entrepreneuriat et
rendre la personne désireuse d'entreprendre plus confiante en la mettant
en face des réalités.
Ensuite le second défi est le suivant : les conditions
locales constituent une barrière pour les personnes entreprenantes,
notamment sur le plan administratif, logistique et en termes d'infrastructures
(transport, électricité) ...
Enfin le dernier défi concerne l'accès des
TPE/PME12 au financement. Il faut qu'une amélioration du
climat des affaires se produise, afin de renforcer les capacités de
financement de ces micro-entrepreneurs par le développement du secteur
financier (diversification des sources de financement) et principalement des
institutions de microfinance (IMF)13.
Ces trois défis illustrent les contraintes que
rencontrent les micro-entrepreneurs en Afrique de l'Ouest du fait d'une
scolarisation faible voire inexistante et aussi d'un manque d'accompagnement.
La preuve en est que ce samedi 13 août 2016 est née à
Conakry une plateforme dénommée « Agripreneur
»14. « Cette plateforme est une fédération
de jeunes entrepreneurs dans le domaine de l'agriculture qui se fixent comme
objectif non seulement de mutualiser les informations, les formations, les
moyens logistiques et financiers, mais également d'inciter de plus de
jeunes à se lancer dans le domaine de l'agriculture », a
expliqué M. Alpha Bacar Barry, initiateur de la plateforme et
entrepreneur en agriculture.
Il faut savoir que les petits entrepreneurs disposent de
fonds propres insuffisants et ne peuvent pas présenter des dossiers de
qualité bancable. Mais est-ce la faute de ces entrepreneurs? Non ! Car
malgré leur volonté de s'en sortir, ils n'ont pas les bases
techniques, ni intellectuelles suffisantes pour faire face à des
institutions de financement ou de microfinances et c'est en ce sens que les
organismes d'aide à la création d'entreprise doivent intervenir
ou d'autres initiatives comme « Agripreneur » doivent voir le
jour.
11 Article du journal la Nation «
Problématique de l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest; les trois
dédis des créateurs des PME/PMI)
12 TPE (Très petites entreprises) / PME
(Petites et Moyennes Entreprises)
13 Microfinance
14
http://guinee7.com/2016/08/16/plateforme-de-jeunes-entrepreneurs-agricoles-nee-a-conakry/
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 13
Notre sujet portant sur l'entrepreneuriat dans le secteur de
l'économie sociale et solidaire (ESS) comme facteur de
développement en Afrique de l'Ouest, nous allons à présent
rentrer dans le vif du sujet afin de comprendre « qu'est-ce
que l'ESS (Economie Sociale et Solidaire) et quelle place occupe-t-elle dans
l'économie ouest-africaine » ?
L'ESS naît de trois principes : l'auto gestion,
l'auto-détermination et la lutte contre l'exclusion. Ce sont Jean-Louis
Laville15 et Bernard Eme qui théorisent l'Economie Sociale et
Solidaire comme une économie démocratique et de proximité.
Dans l'ESS nous avons d'une part l'aspect social et d'autre part l'aspect
solidaire. Concernant l'économie sociale elle se définit par le
statut juridique des structures, quant à l'économie solidaire,
découlant de l'économie sociale, elle s'est plutôt
développée sur une base militante afin de remédier
à la crise économique et au chômage. Ce nouveau concept de
l'ESS vise à répondre à des besoins non satisfaits par le
système capitaliste en mettant l'accent sur la réduction des
inégalités16 et sur de nouveaux modes de
production17.
En quoi ce système est utile pour
l'Afrique de l'Ouest? Sur cette partie du continent,
l'échec du modèle du développement
néolibéral a permis aux Africains de réfléchir
à leur situation économique préoccupante et trouver des
solutions perspicaces. Les populations des zones rurales sont
confrontées à un taux de pauvreté élevé. De
par cette réalité, elles agissent depuis très longtemps
comme J.L Laville l'a énoncé : « à défaut
d'emploi, construisons notre activité» mais dans un secteur
informel. Ces populations entreprennent en produisant par l'artisanat et les
exploitations familiales. Ces organisations paysannes sont à la fois un
enjeu économique et politique dans ces pays dans la mesure où
l'agriculture est la principale source de création d'emplois dans les
pays ouest-africains et qu'elle emploie déjà 80% de la population
de ces pays.
Dans ce mémoire, nous émettons
l'hypothèse selon laquelle cette « nouvelle économie»
qui se traduit en termes d' « économie sociale et solidaire»
est un concept qui permettra à l'Afrique de s'affranchir des aides au
développement et de sortir de sa situation économique
désastreuse en faisant basculer le maximum de micro-entreprises du
secteur informel au formel pour une meilleure économie. En effet, il
faut mettre en lumière que les entreprises capitalistes ne créent
de l'emploi que pour une minorité des populations ouest-africaines car
une large partie de la population est dans le secteur informel. Cela
s'explique, bien évidemment, par la facilité d'entrée et
de sortie de ce secteur informel. Nous sommes tout de même réjouie
de constater qu'en Afrique de l'Ouest, il existe « près de 2
millions d'entreprises
15 Jean-Louis Laville est professeur au
Conservatoire National des Arts et Métiers à Paris (cnam),
où il est titulaire de la Chaire « Économie Solidaire
». Il est également chercheur au Lise (Laboratoire
interdisciplinaire pour la sociologie économique, CNRS-cnam) et à
l'IFRIS (Institut Francilien Recherche Innovation Société
16 Lutte contre l'exclusion, création
d'emplois durables, valorisation d'un territoire...
17 Commerce équitable, insertion par
l'activité économique, circuits courts de distribution, etc.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 14
d'ESS dans les principaux centres urbains »18
qui visent à réconcilier le social et l'économie afin de
remettre l'homme au coeur de l'activité formelle.
Notre plan de travail est très simple. Nous aurons un
premier chapitre sur le cadre théorique, conceptuel et
méthodologique, un second sur la place de l'entrepreneuriat dans
l'économie ouest-africaine, un troisième sur les obstacles
à l'initiative entrepreneuriale dans le contexte ouest-africain et un
dernier chapitre sur comment renforcer la contribution de l'ESS dans le
développement des pays ouest-africains.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 15
18
http://www.lartes-ifan.org/pdf/ESS
en Afrique de louest Un mode de vie a rehabiliter.pdf
L'entrepreneuriat moteur économique
-- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de
l'ouest 16
CHAPITRE I.
CADRE THEORIQUE, CONCEPTUEL ET METHODOLOGIQUE
PARTIE 1 : Cadre conceptuel et théorique
A. L'économie sociale et solidaire : concept et
théorie
Il est de nos jours presque inévitable de retrouver le
concept de l'économie sociale et solidaire (ESS) dans les articles, les
débats économiques sur la nouvelle façon de produire et
l'émergence des startups. En dépit de cette lueur d'espoir qui ne
cesse de s'accroitre concernant cette nouvelle économie, il est complexe
de définir l'ESS car ce concept réunit en lui seul des pratiques,
des structures et des domaines d'intervention divers et variés. Il est
donc judicieux de revenir sur les deux concepts : social et solidaire.
i) Concept et théorie : économie
sociale
Les penseurs tel que Thomas More, Robert Owen ou encore Charles
Fourier sont des penseurs du
ème
socialisme utopique qui ont inspiré les ouvriers du 19
siècle face aux désastres engendrés par le
capitalisme.
Par exemple, Charles Fourier, né le 7 avril 1772
à Besançon (Doubs) et mort le 10 octobre 1837à Paris
(à 65 ans), est un philosophe français, fondateur de
l'École sociétaire, considéré par Karl Marx et
Friedrich Engels comme une figure du « socialisme critico-utopique »,
dont un autre représentant fut Robert Owen. Plusieurs communautés
utopiques ont été indirectement inspirées de ses
écrits. Son idée était de créer « le
phalanstère », un ensemble de bâtiments à usage
communautaire qui se forme par la libre association et par le consensus de
leurs membres. Pour lui cette idée serait le socle d'un nouvel
État. Le « phalanstère (hôtel coopératif) est
une sorte d'exploitation agricole avec des bâtisses pour le logement et
l'amusement, pouvant accueillir 400 familles au milieu d'un domaine de 2300
hectares. Partant de cette idée, au 19ème
siècle, les ouvriers ont décidé de créer des
coopératives de production, de secours mutuel et des comptoirs
alimentaires.19
L'aspiration des ouvriers pour ces coopératives
était que ces organisations soient fondées sur le volontariat et
ouvertes à toutes les personnes aptes à utiliser leurs services
et déterminées à prendre leurs responsabilités en
tant que membres et ce, sans discrimination. L'important pour eux était
que l'organisation soit démocratique dans sa gestion interne,
c'est-à-dire : « un membre = une voix ». Tels sont les
caractéristiques d'une entreprise se réclamant de
l'économie sociale.
Nous retrouverons donc dans une économie sociale les
structures suivantes : les mutuelles de santé ou d'assurance ou
d'initiative sociale, les associations, les coopératives de production
(SCOP), les
19
http://www.horizons-solidaires.org/pdf/fichestechniques/ESS112015.pdf
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 17
coopératives de consommation, les coopératives
d'usagers et enfin les sociétés coopératives
d'intérêt collectif.20 Cet aspect juridique des
structures de l'ESS a été complété par le volet
solidaire.
ii) Concept et théorie : économie
solidaire
Le concept d'économie solidaire a émergé
après le choc pétrolier de 1973. A cette période, ce n'est
pas tant le chômage qui pose problème mais plutôt le fait
que le taux de chômage triple entre 1975 et 1985, engendrant un
chômage massif et durable pour les gens qui le subissent.
C'est-à-dire que plus le taux de sous-emploi dure dans le temps, plus le
taux d'employabilité diminue, ceci en défaveur du chômeur
car plus son chômage se prolonge, moins il a de chances d'être
embauché.
L'économie solidaire va ainsi répondre à
cette situation par des dispositifs palliant les difficultés
d'accès à l'emploi. En France à partir des années
1980, la question du travail est traitée par les éducateurs
sociaux car ils se sont rendu compte que les solutions apportées dans
les années 1960 ne correspondaient plus à la
réalité des années 1980. Ils se sont donc focalisés
sur les caractéristiques de l'économie solidaire pour
résoudre ce problème. Ces caractéristiques leur permettant
de mettre en place une politique d'insertion et de réinsertion des
personnes en difficulté. Ils firent donc le pari que les personnes en
insertion retrouveront un emploi dans tout type de structure. Cependant, ce fut
partiellement un échec.
L'économie solidaire s'est donc associée
à l'économie sociale et c'est ainsi que les deux mouvements
devinrent « un ». Il en résulta la création de la
charte de l'économie « Sociale et Solidaire » en 1980. Il faut
noter que les deux concepts se sont complétés.21
B. Une démarche entrepreneuriale
En conformité avec notre définition de
l'entrepreneur décrite ci-dessus, un entrepreneur aura pour nous deux
phases cruciales dans sa démarche. Dans un premier temps il va produire
une idée et la soumettre à maturation jusqu'à ce qu'elle
devienne un projet. Ainsi pourra-il passer à la phase de
faisabilité de son projet, qui sera suivie de la recherche de
financement. Dans un second temps il devra diriger l'entreprise. Il faut noter
que son idée le conduit à trouver de l'argent pour
concrétiser son projet et de ce fait il se doit d'orienter sa
stratégie de développement afin de rendre son activité
pérenne.
Derrière cette idée se cache une innovation.
Celle-ci peut être soit économique soit sociale. Le plus important
pour nous est que dans le contexte africain cette initiative doive permette de
pallier des enjeux qui sont basiques : offres de produits de consommation et
offres d'emplois décents.
20
http://www.cress-rhone-alpes.org/cress/article.php3?id
article=202
21 EME Bernard et LAVILLE Jean Louis « Economie
Solidaire (2)» pp 303-325, in Dictionnaire de l'autre économie,
sous la direction de Jean Louis Laville et Antonio David Cattani, 2006,
collection Folio actuel, édition Gallimard
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 18
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 19
Cependant il ne faut pas confondre la personne qui sera
choisie pour diriger l'entreprise avec celle qui a permis de concrétiser
l'idée par le démarrage de l'activité, car toutes deux
sont différentes personnes. Nous faisons la différence entre le
dirigeant et l'entrepreneur même si confusion s'y prête. Plus
fréquemment le dirigeant est l'entrepreneur et dans ce cas on dira que
c'est un individu qui entreprend pour son propre compte. L'entrepreneur peut
aussi être le financeur, ce qui est très rare dans le cas d'un
micro-projet.
L'entrepreneuriat est donc un état d'esprit qui permet
de créer une entreprise après maturation de l'idée de base
jusqu'à la réalisation du business plan : bâtir
l'idée et concrétiser l'idée. Pour que la population
ouest-africaine puisse avoir le courage d'entreprendre, notamment les jeunes
qui sont les plus touchés par le chômage, il faut leur apporter
les clés pour entreprendre en passant par des méthodes, des
outils et des structures d'accompagnement. Ils doivent comprendre que
l'entreprise est un moteur économique qui doit porter des fruits et pour
y arriver il faut démystifier ce phénomène
d'entrepreneuriat.
L'entrepreneuriat dans l'ESS peut et devrait s'affirmer comme
une réponse crédible et innovante pour l'avenir des pays
développés et en voie développement car il faut repenser
le moyen de croissance pour avoir un impact social bénéfique afin
de vraiment lutter contre la pauvreté et en parallèle
protéger notre environnement en utilisant les moyens et techniques
adéquats et sains.
Aujourd'hui le désir de produire local, de consommer
local, de valoriser son territoire et d'en prendre soin est une vocation pour
les personnes actrices du développement de leur territoire. Il est
important de souligner qu'au vu de l'émancipation de l'entrepreneuriat
dans les pays du Nord comme du Sud, les entreprises de l'économie
sociale contribuent au renforcement de cet esprit d'entreprise et encouragent
l'insertion sociale active des groupes vulnérables. Dans les pays de
l'Afrique de l'ouest tel que le Burkina Faso par exemple, c'est l'initiative
des populations conscientes de cet enjeu qui fait émerger cet
entrepreneuriat dans l'ESS. Mais les entrepreneurs de ce domaine peinent
à trouver des appuis financiers, structurels et des partenariats
malgré leur ambition d'être éthique et solidaire dans le
travail, dans la consommation et dans les finances. Les micro-entrepreneurs ne
sont pas encouragés par les pouvoirs publics et encore moins par les
banques qui sont frileuses. Ce n'est que récemment que nous avons vu
apparaître un système de microfinance qui permet d'encourager et
de construire un écosystème de l'entrepreneuriat social,
permettant le soutien et le développement d'une économie plus
solidaire et plus responsable.
Mohammed Yunus est la personne qui, en ayant mis en place le
système de microcrédit facilitant l'inclusion financière,
a augmenté l'influence des femmes à se mettre en
coopératives. Grace à cet esprit d'épargne collective et
indépendante des systèmes bancaires, il y a eu un essor de
l'esprit d'initiative mais surtout une amélioration des conditions
sociales des personnes défavorisées, permettant à ces
personnes de mettre en oeuvre une innovation sociale conduisant à des
solutions positives.
C. L'entrepreneuriat dans l'ESS pour les pays du SUD
(Afrique de l'ouest)
Nous avons effectué beaucoup de recherches pour
pouvoir définir l'ESS pour l'Afrique mais un seul résultat en est
sorti. « L'Ecosol (Sigle ESS au Burundi) est un modèle
économique inclusif et solidaire dans lequel les acteurs mettent en
commun les moyens existants pour la création de richesse en vue d'une
amélioration du bien-être social tout en promouvant les valeurs
humaines. Elle est basée sur la priorité du service rendu aux
membres au-delà du résultat par rapport aux transactions et non
par rapport au capital investi. Elle s'ouvre à l'ensemble de la
communauté et milite pour ses causes. Elle participe ainsi au
développement d'un mouvement social » (Adisco
2014)22
Dès lors, la remarque que nous pouvons émettre
est que la dépendance des pays en développement rend la
pauvreté persistante et justifie une intervention au-delà du
gouvernemental, une intervention internationale. L'économie du
développement étudie dans les détails les pièges de
la pauvreté et ce souci de faire des recommandations pratiques qui
pourront déboucher sur une amélioration. L'économie du
développement est ainsi de nos jours une théorie qui permet
d'évaluer les millions de programmes de lutte contre la pauvreté
pour en arriver à la capacité de mettre en avant l'adoption de
nouvelles technologies en agriculture. C'est ainsi qu'en Inde par exemple qui
est un pays émergent, la "révolution verte" a été
le point de départ d'un accroissement considérable de la
productivité et de la production agricole, pendant les années 70
et 80, avec une adoption rapide de variétés hybrides et
d'engrais. L'Inde est aujourd'hui un exportateur net de
céréales.
Par contre les pays de l'Afrique de l'Ouest
représentent un contraste frappant : ces pays possèdent des
terres fertiles mais elles sont très peu utilisées. Les raisons
possibles de ce manque caractéristique d'exploitation sont le manque
d'informations, le faible accès au crédit, le manque de moyens
matériels...
En Afrique de l'Ouest donc, cette nouvelle économie
sera basée sur le développement humain en premier. Comme
défini ci-dessus, « [cette économie] est basée
sur la priorité du service rendu aux membres au-delà du
résultat par rapport aux transactions et non par rapport au capital
investi » et cela va permettre d'organiser d'une meilleure
façon les moyens de production des populations locales et de leur
apporter la possibilité de devenir autonome grâce aux richesses
qu'elles ont entre leurs mains, tel que la main d'oeuvre, l'eau, le soleil, les
ressources naturelles...
L'ESS gagne en importance dans les pays du Sud qui y voient
une réelle alternative de développement. La plupart des pays
ouest-africains ont ainsi mis en place des cadres politiques et juridiques pour
promouvoir l'ESS. Depuis 2005, le Mali peut, par exemple, compter sur le
soutien du Réseau national d'appui à la promotion de
l'économie sociale et solidaire (Renapess), chargé de la
recherche et du développement de stratégies en faveur de l'ESS.
En 2012, il regroupait 57 organisations (mutuelles, coopératives,
22
http://www.cetri.be/IMG/pdf/terre_150_web-article_ft.pdf
L'entrepreneuriat moteur économique - La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 20
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 21
associations, organismes de microfinance...)
décidées à unir leurs efforts pour lutter contre la
pauvreté et l'exclusion et négocier une politique publique de
l'économie sociale et solidaire.23
Il faut donc retenir que l'ESS en Afrique ne sera pas celle
réservée aux personnes en difficulté ou en zone rurale,
c'est une nouvelle dynamique qui prendra en compte les enjeux mondiaux et elle
permettra à son échelle d'apporter une réponse par rapport
l'Afrique en fonction de son impact.
Est-ce une économie sociale et/ou solidaire qui sera
utile dans un premier temps?
PARTIE 2 : Problématique et Cadre
méthodologique
A. Problématique
Avant tout, avec l'explosion démographique à
venir, il y aura de plus en plus de jeunes en Afrique. Il faudrait donc songer
à revoir les stratégies et politiques pour l'emploi de ces
jeunes. En Afrique de l'Ouest, il y a une insécurité alimentaire
inquiétante. Pour répondre à toutes ces contraintes et
défis il faut encourager l'entrepreneuriat des jeunes, femmes, hommes...
Parce que la conjoncture économique de nos pays de l'Afrique de l'ouest
depuis les années 1990 a connu des faiblesses avec l'envahissement des
investisseurs internationaux et de la société internationale.
Maintenant que l'ESS prône l'autonomisation, le développement
local, la lutte contre la pauvreté, la lutte contre l'exclusion, il
serait judicieux de la réadapter au contexte des pays
ouest-africains.
Les habitants de cette zone sont capables intellectuellement
et physiquement d'agir en faveur de son développement. En outre, la
diaspora africaine est répartie le plus souvent dans deux zones
géographiques principales : l'Europe et les Etats-Unis. Elle aussi peut
être actrice du développement en apportant sa contribution de la
façon suivante :
· En apportant des compétences intellectuelles pour
améliorer le volet d'éducation universitaire
· Contribuer au développement de l'Afrique en
effectuant des transferts d'argent utiles en montant par exemple un projet
simple qui permettrait une autonomisation de la population en contribuant au
développement par l'entrepreneuriat solidaire. Statistiquement, le
transfert d'argent de cette diaspora vers l'Afrique est actuellement
estimé à 60 milliards de dollars par an.
· Créer des liens de partenariats entre les
entreprises du Nord et du Sud dans le but d'un échange de bons
procédés.
23
http://www.afd.fr/webdav/shared/PUBLICATIONS/THEMATIQUES/savoirscommuns/14-Savoirs-communs.pdf
Source : Banque mondiale 2013
Source : Banque mondiale 2013
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 22
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 23
Problématique: en quoi l'ESS dans
l'entrepreneuriat est un facteur de développement pour l'Afrique
de
l'ouest?
Nous voulons démontrer que la multiplication des
initiatives sociales et solidaires en Afrique de l'Ouest contribuera à
un développement économique avec des bénéfices
sociaux considérables (sur la population et sur l'environnement). Ces
initiatives concernent tous les secteurs qui correspondent à des
défis majeurs pour les populations locales : pêche,
énergie, recyclage, crédit, habitat, santé,
éducation, gestion d'infrastructures communes, gestion des points d'eau,
agro-alimentaire, mais surtout l'agriculture et
l'artisanat.
B. Méthodologie
Une recherche documentaire et une mobilisation de
données statistiques vont nous servir à réaliser ce
travail. Suite à l'utilisation d'ouvrages thématiques, de travaux
académiques nous allons éclairer les théories sur les
différents concepts abordés. Nous avons aussi des enquêtes
qui ont été réalisées de façon directive et
semi directive sur un nombre d'individus restreint afin d'en obtenir une base
qualitative (Cf. annexe enquête).
Suite à un séjour au Burkina Faso, notre
enquête terrain nous permettra de voir quel est l'impact de l'ESS dans ce
pays en termes de présence de coopérative, de mutuelle,
d'association ou encore d'ONG (enquête de terrain et recherche
documentaire). Grâce aux résultats nous saurons mieux cerner les
atouts de l'économie ouest-africaine.
Ensuite, nous avons aussi réalisé une
enquête qualitative sur 25 porteurs de projet au sein du SIAD (Service
International d'Appui au Développement), l'association d'accueil pour le
stage. Cette association ayant pour objectif d'accompagner et de former des
porteurs de projet issus des diasporas africaines et souhaitant
développer un projet économique dans un pays d'Afrique, la
collaboration des porteurs de projet fut très enrichissante pour ce
mémoire. Cette recherche empirique, en plus des recherches documentaires
et théoriques, a été très utile pour
répondre à notre problématique, notamment sur les facteurs
qui entravent le développement de l'entrepreneuriat ouest-africain.
Pour terminer nous aurons à analyser un plan social
économique dont le pays d'étude est le Sénégal (PSE
Sénégal) qui nous permettra de préconiser des solutions
pouvant renforcer la contribution de l'ESS dans le développement des
pays ouest-africains.
Tout au long du mémoire les travaux documentaires et
académiques ayant traité de cette question de réadaptation
de l'ESS en Afrique de l'ouest seront exploités, des articles de revues
africaines, des données d'instituts. Des ouvrages sur la
thématique de l'ESS, l'Afrique ou l'entrepreneuriat nous accompagneront
également.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 24
En Afrique, ce concept est récent et il rencontre des
difficultés à être soutenu comme il se doit pour permettre
un équilibre sur le plan économique. Or, c'est un atout majeur
pour les sociétés africaines car le social et le solidaire sont
des composantes essentielles de son environnement.
Conclusion:
Nous avons donc bien cerné le contexte de l'Afrique de
l'Ouest en parcourant les aspects qui nous ont semblés importants. De ce
fait, notre objectif est de prouver que cette économie sociale et
solidaire pourra être d'ici quelques années l'économie
propice à l'amélioration du mode de vie autant sur le plan
social, économique, politique et environnemental. Etant convaincue de
cet impact, nous allons faire une analyse pertinente pour enfin en ressortir
des solutions perspicaces à la fin de ce travail.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 25
CHAPITRE II: LA PLACE DE L'ENTREPRENEURIAT
DANS L'ECONOMIE AFRICAINE
Quelle place occupe l'entrepreneuriat dans
l'économie ouest-africaine?
Partie I: Les caractéristiques fortes des
économies ouest--africaines
L'économie en Afrique de l'Ouest occupe une grande
partie des actifs des villes et des campagnes. Elle est dominée par le
secteur informel (par des initiatives de groupements de paysans, de
coopératives de femmes, de microcrédit). A présent, il
faudrait que l'ESS permette à son économie de s'inscrire dans une
optique de formalisation de ces initiatives.
L'économie ouest--africaine étant soutenue par
une économie informelle (I), nous verrons comment les initiatives
informelles commencent à intégrer l'économie formelle
grâce à des acteurs importants qui oeuvrent en ce sens (II).
A. Une économie informelle ayant un fort impact
D'emblée, notre réflexion est la suivante: en
Afrique de l'Ouest l'économie structurée n'arrive pas à
absorber la masse de main d'oeuvre, aussi, c'est le secteur informel qui s'en
charge. D'ailleurs pour anecdote, lors de notre séjour au Burkina Faso,
parmi les personnes que nous avons pu rencontrer, la majorité
travaillait dans de grandes structures telles que Bolloré Africa
Logistics, Delmas... Les 4/5 ont une activité dans l'informel à
côté de leur emploi salarié formel et bien
rémunéré. Il est nécessaire d'insister sur le fait
que la majorité de ces personnes a une activité dans le domaine
agricole et donc de facto dans le secteur informel. Les personnes
concernées expliquent les motifs de création de ces
activités parallèles:
· « Cette activité nous permet de créer
plus d'autonomisation de nos proches en zone rurale>
· « Nous voulons consommer local>
· « L'agriculture nous permettra d'avoir une
rentrée d'argent et de plus la demande est évidente>
· « Il est plus écolo de produire à
la maison sainement que de se ravitailler au marché avec des produits
plein d'OGM (Organisme Génétiquement Modifié)>
· « Il y a de la main d'oeuvre compétente
pour l'agriculture et on crée de l'emploi>
· « Cette seconde activité nous permet
d'avoir des weekends de détente hors de la grande ville>
Le plus souvent, le secteur informel renvoie l'image de
petits producteurs non organisés opérant à la
lisière de l'économie moderne. Ce cliché contient une part
de vérité. Toutefois, dans les pays de l'Afrique de l'Ouest,
toutes les catégories y prennent part. L'OCDE estime qu'entre 50 et 80%
de la main d'oeuvre disponible se livre à une activité
économique informelle24.
Avant tout constat, il convient de définir le secteur
informel. Le secteur informel comprend toutes les activités en dehors du
système fiscal et légal, sur lesquelles il n'y a pas
d'informations statistiques fiables disponibles. D'où la
complexité du secteur informel en Afrique car il comprend beaucoup de
micro--
24
http://www.mays--
mouissi.com/2015/03/07/afrique--le--defi--de--la--valorisation--de--leconomie--informelle/
L'entrepreneuriat moteur économique - La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 26
entreprises. De par nos recherches, la grande majorité
des études sur le secteur informel en Afrique se concentrent sur de
très petites activités (individuelles) telles que le commerce
ambulant, l'agriculture et l'artisanat.
Alors, certes la plupart des activités informelles
sont de très petite taille mais il ne faut pas oublier que ce
phénomène est beaucoup plus complexe et concerne aussi de
très grandes exploitations.
Le constat est le suivant, il y a un effet de saturation dans
le secteur formel qui permet l'émergence du secteur informel d'où
son importance (Marfaing L. et Sow M., 1999). Statistiquement, on estime que
l'économie informelle représente aujourd'hui une grande part du
PIB et 90 % ou plus de l'emploi en Afrique de l'Ouest.
Ce graphique nous démontre que le secteur primaire
(agriculture, élevage, pêche) est entièrement ou
très
fortement dominé par
25
l'informel. La majorité des
gens surtout externes à un champ d'étude social
ou économique pense ou imagine que l'économie informelle est une
économie limitée au monde rural, une économie pour les
personnes « pauvres », « en zones défavorisées
». Or cette économie informelle est un atout pour l'économie
ouest--africaine dans le sens où entre 50 à 90 % de la population
est employée dans ce secteur contrairement au modèle
économique structuré qui n'emploi qu'entre 5% et 10% de la
population.
Nous déduisons que les failles du modèle
capitaliste ont engendré des initiatives individuelles pour se sortir de
situation de non emploi. Ces initiatives se déroulent souvent dans le
cadre du secteur informel qui a pour avantage de permettre l'essor
d'organisations ou groupements en mesure de créer une activité
génératrice de revenus. L'initiative n'est plus individuelle mais
collective.
Cependant, malgré le dévouement de ces micros
entrepreneurs dans le secteur informel, ils sont confrontés à des
besoins non négligeables en matière d'équipements
technologiques, ils manquent de formations adéquates et de
compétences managériales et techniques. De ce fait, ils
rencontrent d'une
25
http://www.afd.fr/webdav/shared/PUBLICATIONS/RECHERCHE/Scientifiques/Coeditions/Entreprises%20informelle
s%20Afrique%20de%20l'Ouest.pdf
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 27
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 28
part des difficultés d'accès aux marchés
du fait de l'inadéquation aux normes de qualité de leurs
produits, de l'emballage et d'autre part un problème de financement et
d'accès au crédit bancaire.
En comparaison avec les pays du Nord où l'ESS est
formelle mais son impact minime, en Afrique, cette économie informelle
très importante est devenue un secteur de relance économique;
surtout, il commence à générer des normes la concernant.
D'où les questions suivantes : comment améliorer les conditions
pour permettre un meilleur environnement des affaires afin de favoriser le
développement de l'entrepreneuriat? Quelle norme juridique pour le
secteur informel? Pour faire court, il est important que ce secteur
intègre le secteur formel car ce n'est pas seulement une économie
de la « débrouille », elle attire, influence, intègre
et répond à beaucoup d'enjeux. D'où l'utilisation du
concept même de l'ESS.
Nous parlions plus haut du manque de pertinence de
l'économie structurée qui émane de l'économie
classique. Le capitalisme a engendré des effets de production de masse
nocive pour notre environnement et des gouvernances capitalistiques mal
adaptées à la plupart des sociétés. Nous pensons
que l'ESS en Afrique de l'Ouest serait unificateur car elle s'adapte au
contexte. Son histoire et ses valeurs font que l'on retrouve en son sein un
champ large dans lequel même les entrepreneurs sociaux peuvent retrouver
leurs pratiques innovantes. Il est de ce fait utile de préciser la
différence qui existe entre économie sociale, entrepreneuriat
social et entreprise sociale car il peut y avoir confusion.
En effet, l'économie sociale est composée des
sociétés de personnes : entreprises associatives,
coopératives, mutualistes dont les clients sont des sociétaires,
qui élisent leurs représentants pour diriger l'entreprise. A but
lucratif ou non, elle regroupe des associations du social et des SCOP
industrielles ou des mutuelles d'assurance. Une de ses valeurs majeures
d'entreprises est orientée autour des gouvernances collectives et
partagées.
L'entrepreneuriat social issu du modèle anglo-saxon
qu'on pourrait regrouper autour des « entreprises à objectif social
avec des outils et méthodes entrepreneuriales ». Mais elle ne
possède point de notion fondamentale sur la gouvernance collective et
partagée. L'entreprise sociale est un mouvement collectif
entrepreneurial et la notion de collectif est primordiale.
Pour conclure, les entreprises de l'ESS sont des entreprises
sociales mais toutes les entreprises de l'entrepreneuriat social ne le sont
pas. Nous sommes d'accord pour définir avant tout cette économie
par la mise en pratique des valeurs et principes de fonctionnement
énumérés précédemment de l'ESS. Or, force
est de constater que les organisations les plus formalisées et
structurées telles que les mutuelles ou encore les coopératives
de l'économie sociale se retrouvent couramment en porte-à-faux
avec ces principes. En adoptant un mode de gestion similaire au management
capitaliste, elles ne gardent d'économie sociale que le nom,
principalement en raison des avantages ou de l'accès à des
financements que cela autorise, entretenant ainsi la confusion.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 29
Bref...L'ESS lutte pour une production de biens et services,
en préservant une dimension humaine dans ses méthodes, et en se
donnant comme vocation l'insertion sociale et économique. Tels sont les
valeurs de base à notre avis de l'économie informelle en Afrique
de l'Ouest. Nous y trouvons aujourd'hui l'entreprenariat classique
(entrepreneurs sociaux que nous jugeons opportunistes), les paysans, les
tontines, les mutuelles, l'artisanat, les groupements de paysans, les
groupements de femmes ou coopératives de producteurs... En outre, la
facilité d'entrée et de sortie de l'économie informelle
est un facteur de souplesse très important car il permet aux
micro-entreprises de « retomber sur leurs pieds ».
Alors, en Afrique de l'Ouest, les expériences
existantes telles que coopératives agricoles peuvent basculer dans le
secteur formel et seront de facto considérées comme étant
dans l'ESS. « Les premières tentatives d'institutionnalisation de
l'économie sociale sont à trouver a posteriori dans
l'implantation de coopératives agricoles en Afrique. Ces
coopératives agricoles relayées au début des années
1970 par les associations villageoises et inter-villageoises de
développement ont participé activement à l'affirmation
d'un mouvement paysan fort. Elles ont articulé leurs actions autour de
la prise de parole par les producteurs, la captation de la rente de l'aide au
développement et l'interface avec les intervenants. Les
coopératives ont révélé par leur échec la
faiblesse d'une construction par le haut et donc leur inféodation
à l'Etat. »26
B. Les initiatives informelles commencent à
intégrer l'économie formelle grâce à des acteurs
importants de l'ESS
Un processus d'institutionnalisation du secteur de l'ESS est
en cours et il est important de connaitre les acteurs qui agissent afin de
faire entrer les initiatives informelles dans une dynamique d'économie
sociale. Les activités répondant aux valeurs et principes de
l'ESS sont pour une large majorité dans le secteur informel. Bien que
ces activités du secteur informel ne soient pas valorisées par
des statistiques, les acteurs prennent conscience des enjeux de
société et créent des richesses plus justes, plus
responsables et de façon plus équitable. L'homme est au coeur de
l'activité économique et cela permet d'avoir une
productivité de qualité. Cette économie informelle
représente de nos jours une part non négligeable de
l'économie ouest-africaine, elle a connu un développement
fulgurant en s'appuyant sur une « idéologie travailliste»
portée par des ruraux qui migrent vers la ville afin d'entreprendre de
façon collective avec des membres de la famille... La liste ne pouvant
être exhaustive, nous proposons différents acteurs agissant pour
une formalisation des activités micro-entrepreneuriales :
Les organisations non gouvernementales (ONG)
26
https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2003-1-page-97.htm
·
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 30
Les initiatives prises par les jeunes
· Les mouvements de femmes
· Les banques
· Les institutions de microcrédits
· La diaspora africaine
· Le regroupement des producteurs ruraux
· Les coopératives
Nous allons tenter de démontrer en quoi ces acteurs de
l'ESS fédèrent un ensemble de pratiques d'entreprises collectives
portées par des acteurs divers.
j. Les ONG
Une ONG est une personne morale qui, bien que n'étant
pas un gouvernement, intervient dans le champ national ou international. Elle
est caractérisée par une mise en place de projets dans les pays
du Sud notamment de l'Afrique. Elle intervient en aidant une population
supposée être dans le besoin. En effet, les ONG envoient des
volontaires en Afrique dans l'optique de contribuer au financement de la
solidarité internationale (SI) en apportant des dons financiers.
L'avantage de cette pratique est que les volontaires sur le terrain vont
transmettre des compétences et en retour acquérir un savoir-faire
pratique. Il est de ce fait intéressant que les personnes travaillant au
sein de ces ONG soient confrontées au milieu local et à des
situations sur le terrain qui leur permettent justement d'améliorer la
qualité de leurs interventions.
Cependant, après réflexion, nous pensons que les
ONG apportent, certes, de l'aide à nos pays d'Afrique de l'Ouest
grâce à un apport financier; mais celui-ci n'est pas
forcément la « clé de sortie» pour ces populations, car
une fois ces fonds épuisés, les projets sont clos et
l'équipe repart vers d'autres horizons. C'est la raison pour laquelle
quand nous constatons aujourd'hui que la plupart des ONG se prévalent de
l'ESS pour prouver que leur action est pérenne ou durable, nous sommes
en droit de nous demander en quoi est-elle réellement pérenne, en
quoi est-elle durable. Ces ONG ont-elles permis une autonomisation des
populations qu'elles ont eu à aider? Cela est difficile à juger
et la question de l'efficacité des ONG n'est pas le point majeur de
notre étude. Nonobstant ce constat, de belles oeuvres existent venant de
la part des ONG telles que celles que nous allons vous présenter.
ONG APIL27 (Action pour la Promotion des
Initiatives Locales).
Cette ONG nous a convaincue par ses actions qu'elle milite
pour la valorisation du concept de l'ESS en Afrique. En effet, elle a pour
vocation de permettre à la population locale de se prendre en main et
donc d'être responsable. APIL s'engage vraiment dans le domaine de la
formation qu'elle considère comme son cheval de bataille, car pour cette
ONG le développement réel et durable ne peut être efficace
sans une responsabilisation de la population locale, en lui permettant
grâce à des outils de maitriser leurs activités. C'est
ainsi que la formation précède toute intervention avec les
communautés rurales et cela est une oeuvre solidaire et sociale car la
population est impliquée, formée à la gestion du projet.
Elle est ainsi couverte à priori de tout échec.
Comme dans tout domaine, de nos jours, la plupart des
échecs des actions d'aides au développement sont dus à un
manque de dialogue, d'analyse des réels besoins et de participation des
populations locales. Aujourd'hui, nous connaissons certaines ONG qui vont
creuser des puits dans des villages sans sonder le terrain. Officiellement
c'est pour aider la population à avoir de l'eau, mais est-ce leur besoin
réel? Ces ONG ont-elles eu une connaissance suffisante du terrain pour
intervenir? Ont-elles cherché à savoir comment l'entretien se
fera une fois le puits ou les puits construits?
Pour revenir à APIL qui est un acteur majeur de l'ESS
au Burkina Faso, ses activités vont l'alphabétisation des
producteurs dans leur langue maternelle aux formations liées à la
bonne gestion de leurs activités socio-économiques (agriculture,
élevage, artisanat, apiculture, transformation). Le but est de rendre
les populations actrices de leur développement. APIL a été
créée en 1998, suite à une analyse pertinente d'un jeune
Burkinabé qui s'est senti frustré par les stratégies
d'intervention des organismes de développement existantes. De ce fait,
il a créé cette structure qui s'est consacrée
essentiellement à la formation paysanne en vue d'une participation
réelle au développement durable au Burkina Faso. Aujourd'hui,
elle est une grande actrice dans l'impulsion d'un entrepreneuriat dans la
population rurale en permettant à celle-ci d'entreprendre en
créant des associations, coopératives ou groupements.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 31
27
http://www.apilaction.net/spip.php?page=a-propos-de-nous&id
article=2
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 32
ii. Les initiatives prises par les jeunes
africains
|
Un recycleur de pneus en
Guinée--Conakry
A Conakry, un jeune Guinéen a fait du recyclage de
vieux pneus un métier. Kévin, comme on l'appelle, soutient
l'adage qui dit: "il n'y a pas de sot métier".28 Ce jeune
homme de 26 ans ayant grandi dans la précarité dans la banlieue
de Conakry en République de Guinée, très tôt
déscolarisé, mène, depuis près de deux ans, une
activité de recycleur de pneus. Il a un atelier de fortune dans lequel
il transforme les pneus jetés. Son activité consiste à
récupérer, démonter et recycler en bacs à fleurs,
ceintures, chaises, etc., des pneus qui ne servent plus aux automobilistes. Le
prix de ces objets varie entre 1$ et 3$, pas assez pour en faire une fortune !
Mais il aime son travail et prétend embaucher des apprentis dans
l'avenir si ses recettes augmentent un jour pour valoriser le métier de
recycleur à Conakry. Aujourd'hui il a créé sa SARL
(Société à responsabilité limitée), continue
son activité et est donc passé dans le secteur formel.
|
Recyclage de déchets : sensibilisation sur le
recyclage des déchets au Burkina Faso
L'introduction du téléphone mobile en Afrique
est à l'origine de transformations socio--économiques surtout
dans les domaines de la banque et de la santé. Néanmoins,
l'explosion de la téléphonie mobile pose la question de la
collecte et du recyclage29 des appareils usagés. Lorsqu'ils
sont en fin de vie, ces mobiles deviennent des déchets; ils sont
jetés dans la nature ou brulés faute de filières de
recyclage sur place et aussi de sensibilisation. Il s'avère en effet que
la population ignore la pollution et les risques engendrés sur la
santé humaine et l'environnement. Selon un rapport du PNUE (Programme
des Nations Unies pour l'Environnement) l'Afrique pourrait même
générer plus de déchets que l'Europe d'ici 2017 !
Alors, différentes structures ayant conscience de ces
enjeux ont sensibilisé les jeunes qui ont l'envie de travailler. Pour se
créer un emploi, ils deviennent alors des collecteurs et surtout les
premiers dépollueurs
28
https://www.youtube.com/watch?v=--Jhc6STiXr0
29
http://www.burkina--
faso.ca/sensibilisation--sur--le--recyclage--dechets--technologiques/
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 33
de leurs pays. Tout dépend de l'endroit où ils
ramènent ces déchets qui sont échangés contre des
accessoires neufs ou contre de l'argent (ceci se produit beaucoup dans
l'informel aujourd'hui). Au Burkina Faso c'est très fréquent et
des jeunes, ayant capté la source d'entrée d'argent, contribuent
au développement économique local. Le jeune dispose de sa
mobylette avec une caisse à l'arrière et récupère
les déchets souvent dans la rue ou passe de portes en portes pour
demander: « Est-ce que vous avez des objets électroniques
détériorés, en pannes ou que vous n'utilisez plus?
».
Il est à noter que, bien que ce ne soit qu'un premier
pas, c'est une belle initiative de sensibilisation et d'éducation
populaire dans le but de valoriser des déchets, créer des
emplois, acquérir un savoir-faire et réduire ainsi la pollution
et ses impacts sur la santé humaine. Il s'agit d'une contribution
à la réduction de l'impact des déchets sur l'environnement
et les communautés. Beaucoup d'associations de jeunes se mettent en
place pour ce type d'activités, de l'informel au formel.
iii. Les femmes dynamiques
La dynamique des femmes aujourd'hui en Afrique est à
honorer, car ces femmes, organisées en associations, mobilisent des
ressources économiques pour pouvoir entreprendre ou travailler. Et c'est
un grand réseau, car elles vendent tout ce dont on peut avoir besoin
grâce à des épargnes qu'elles mettent en place. L'exemple
qui nous semble idéal est le cas des jeunes dames ou filles qui
proposent des mets africains à des prix abordables pour toutes les
bourses (beignets de bananes, des patates douces frites, des petits
gâteaux, des pastels...) et, de plus, à base de produits
locaux.
Ceci étant, nous avons rencontré au Burkina Faso
une dame qui a commencé, tout doucement, par des gâteaux à
base de farine de mil et de blé qu'elle vendait devant sa maison (ce qui
est très fréquent en Afrique). Aujourd'hui elle emploie 5 jeunes
filles qui lui font ses mets, toujours de façon traditionnelle, et
grâce au bouche à oreille, elle bénéficie d'un
réseau de clients qui lui passent des commandes conséquentes pour
les évènements heureux ou malheureux. Elle fait des gâteaux
dans de beaux emballages avec une étiquette sur laquelle sont
mentionnés le nom de la structure, les ingrédients, la date
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 34
de fabrication et le délai de consommation. Ce qui est
intéressant, dans ce cas précis, c'est qu'aujourd'hui elle est en
statut de coopérative avec des collaboratrices dans ce même
domaine et elles se partagent les commandes de façon équitable.
Au sein de sa structure il y a des règles de parité dans les
prises de décision. De plus elles ont un système d'épargne
pour elles et leurs employés qui est obligatoire.
D'un autre côté, des jeunes filles proposent des
services payants tel que la coiffure ou l'étalage de légumes
qu'elles produisent elles même. Prenons l'exemple des salons de coiffure
de fortune: elles mettent une natte sous un hangar à l'ombre et
écrivent sur une pancarte : « salon de coiffure X, nattes et
tresses» et les jeunes filles et dames du quartier s'y coiffent pour une
somme modeste. A la fin de la journée, ces jeunes filles
réunissent les fonds gagnés, font un point, et se le
répartissent en gardant une partie pour l'achat du matériel pour
la coiffure, des chaises, des escabeaux, des nattes... pour évoluer.
L'avantage est que ces types d'activités issues de
l'informel se formalisent au bout de deux ans en moyenne grâce à
une épargne qui a été réalisée de
façon rigoureuse. Tel est le cas pour cette femme qui fait les
gâteaux.
iv. Les banques
Le « M--Banking »
Le système bancaire en Afrique de l'Ouest croit et
perce dans une économie qui reste encore à ce jour bien fragile,
de par les crises sociopolitiques qui ont touché le pays ces
dernières décennies. Le Mobile Banking se révèle
donc être un outil d'autant plus convaincant pour le financement et
l'épargne. En effet, le « M-Banking» est la réponse
à une demande et une utilisation des services de
télécommunication en constante croissance. On assiste donc
à une réponse qui semble être prometteuse à la
question de l'exclusion bancaire dans le pays. Celle-ci s'explique par
l'incapacité à payer les frais bancaires (intérêts,
cartes bancaires, tenues de compte) par la majeure partie de la population.
Les micros projets sont les plus nombreux. Or ces projets ne
sont pas bancables pour les banquiers pour la simple raison que le
système bancaire rationne les petits projets, ils ne sont pas
intéressés par ces petits projets : il y a donc une
barrière économique. Mais on assiste tout de même à
un changement. Avec la concurrence de la microfinance, ces banques commencent
à s'intéresser aux micro-projets qui se développent de
plus en plus dans le formel. C'est ainsi que les banques ont inventé
cette nouvelle technologie afin de se rapprocher de la clientèle, le
Mobile Banking. Ce système permet de se rapprocher culturellement de la
population. Et permet aussi à la banque de modéliser le
comportement des clients et de pouvoir innover davantage.
Aujourd'hui, grâce au Mobile Banking, les informations
d'opérations effectuées à partir des mobiles s'inscrivent
et sont enregistrées par les banques. Les transactions se
modélisent et sont d'autant plus encadrées. Il s'agit d'un
vecteur considérable pour une financiarisation de l'économie
africaine. C'est un
moyen qui encourage les banques à mieux
appréhender, comprendre et donc s'adapter aux comportements de leurs
clients.
v. Les caisses d'épargnes
L'Institut Mondial des Caisses d'Epargne (IMCE) a tenu sa
6ème réunion statutaire en mai 2015 à Abidjan. La
rencontre s'est intitulée « Partenariat stratégique,
convergence de moyens de paiement pour mieux servir les masses rurales ».
Un thème intéressant car l'objectif est à notre humble
avis de trouver une solution pour permettre à la population non bancable
de pouvoir obtenir des fonds pour entreprendre des microprojets,
c'est-à-dire, apporter un appui aux défavorisés et aux
producteurs agricoles. Mamah Diabagaté, Directeur Général
de la Caisse Nationale des Caisses d'Epargne (CNCE) de Côte d'Ivoire a
souligné que « la CNCE a pour souci de prendre en charge
l'accompagnement des personnes exclues du système bancaire et
particulièrement les personnes défavorisées du milieu
rural ». « La CNCE s'est fixée pour objectif, de garantir la
sécurité alimentaire et de faire du secteur agricole le moteur de
l'économie nationale en vue d'assurer le bien-être des populations
»30.
En effet, la CNCE s'intéresse en Afrique de l'Ouest
à la mise en place d'instruments susceptibles de permettre à la
population de devenir actrice de son développement en favorisant
l'épargne et la possibilité d'accéder au financement des
projets. Le problème qui se pose pour ces banques de caisses
d'épargne est le remboursement des crédits car il faut un suivi
de proximité et cela représente une charge pour ces structures de
financement. De nombreuses questions se posent au niveau de l'incorporation du
microcrédit dans le circuit des banques commerciales classiques;
néanmoins ces caisses d'épargnes sont de plus en plus souples
pour favoriser le micro entrepreneuriat afin de favoriser la création
d'entreprise dans le secteur formel.
vi. Les institutions de microcrédits
La mobilisation de ressources internes pour le financement du
développement joue un rôle important dans les pays du Sud sachant
que leurs économies sont en développement. En
réalité, ce système a émergé en
réponse à l'inefficacité du système bancaire. C'est
une finance de proximité et solidaire. Une finance de proximité
car c'est une finance sur mesure, qui se déploie au plus près de
la clientèle et qui est donc décentralisée. C'est une
finance qui est en phase avec la réalité locale et culturelle. La
microfinance est solidaire dans la mesure où elle a pour objectif de
lutter contre la pauvreté. La microfinance cherche à mettre le
client au centre de ses préoccupations. Elle cherche aussi «
l'empowerment »31 par l'autonomisation du client.
30
http://news.abidjan.net/h/551013.html,
article: Réunion statutaire des caisses d'épargne: Les structures
de l'Afrique de l'Ouest renforcent leur position stratégique.
31 L'empowerment est l'octroi de plus de pouvoir aux
individus ou aux groupes pour agir sur les conditions sociales,
économiques, politiques ou écologiques qu'ils subissent.
L'entrepreneuriat moteur économique - La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 35
A noter que les institutions de micro finance s'implantent
là où il y a des exclusions (périphérie urbaine et
zones rurales). Elles envoient des agents de crédits pour
récolter les dépôts, assurer le remboursement des
prêts et mettent l'accent sur l'accompagnement. Concernant la
barrière économique, la micro finance va apporter une solution
plus souple que le secteur bancaire classique. La microfinance va plutôt
innover en termes de garantie (pression sociale...). Elle arrive à
accorder des prêts journaliers, mensuels en fonction du cycle
économique... Cependant ayant été partiellement un
échec, quelle stratégie est envisageable pour
l'améliorer?
vii. La diaspora africaine
Pour participer au développement économique de
son pays la diaspora africaine devrait aider ses proches à entreprendre
afin de les rendre indépendants face au transfert de fonds. Dans
l'état actuel des choses, de nombreuses familles survivent grâce
aux flux financiers des migrants qui sont la première source de revenu
pour leur localité or cette stratégie est loin de les rendre
autonome.
Le type d'action que mène par exemple le SIAD (Service
Internationale d'Appui au Développement) est une méthode pour
permettre à la population africaine de s'affranchir de l'aide au
développement mais surtout d'amener les migrants de devenir acteurs du
développement économique de leur pays d'origine en mettant en
place un projet qui créera de l'emploi et génèrera des
revenus. Concrètement, le SIAD dispose d'un dispositif «
Cré'Afrique » qui est un incubateur de projets entrepreneuriaux
solidaires et durables en Afrique.
viii. Les coopératives
La définition internationale d'une coopérative
élaborée par l'Alliance coopérative internationale (ACI)
est la suivante : « Une coopérative est une association
autonome de personnes volontairement réunies pour satisfaire leurs
aspirations et besoins économiques, sociaux et culturels communs au
moyen d'une entreprise dont la propriété est collective et
où le pouvoir est exercé démocratiquement.
»32
Pour revenir au contexte africain, au vu de nos analyses
antérieures sur l'état démographique et d'autonomisation
alimentaire des pays de l'Afrique de l'Ouest, nous pensons en effet, comme
l'ACI, que l'agriculture constitue le pilier de l'économie africaine et
surtout des pays de l'Afrique subsaharienne. Comme le recommande l'ACI il faut
que le « secteur agricole soit dynamique et organisé autour des
institutions coopératives de manière à avoir un impact sur
la vie des petits exploitants agricoles africains ainsi que les agriculteurs
commerciaux en milieu rural »33.
32
https://ica.coop/sites/default/files/media
items/STRATEGIE%20DU%20DEVELOPPEMENT%20COOPERATIF%20EN
%20AFRIQUE%202013%20--%2016.pdf (Page 10)
33
https://ica.coop/sites/default/files/media
items/STRATEGIE%20DU%20DEVELOPPEMENT%20COOPERATIF%20EN
%20AFRIQUE%202013%20--%2016.pdf (Page 12)
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 36
La « coopérative34 » est donc un
instrument très pertinent pour permettre aux familles dans les zones
rurales, principalement, de faire face au marché mondial qui envahit nos
pays avec des produits industriels en pratiquant des prix faibles qui
défient toute concurrence. Cependant, cette coopération doit se
faire sur la base d'une maîtrise de l'outil coopératif par ces
coopérateurs. Le but est ici de permettre aux petits exploitants
agricoles africains de sortir du secteur informel car dans ce secteur ils sont
isolés et n'ont aucun pouvoir de négociation.
Certes, il y a eu des échecs de coopératives
agricoles mais de nombreux succès sont reconnus et encourageants. «
Les principes35 coopératifs ne dérobent pas la
coopérative aux effets des progrès et de la concurrence, ni ne la
dispense de la contrainte de rentabilité. En la matière, la
tâche des coopératives est sans doute plus difficile que pour
d'autres types de société, car elles se doivent de concilier ce
devoir d'égalité et d'équité pour ses membres et ce
besoin de rentabilité » (propos de Marianne
Streel)36.
En Afrique de l'Ouest aujourd'hui le statut coopératif
est soutenu et encouragé par beaucoup d'organes bien que des obstacles
subsistent. De grands mouvements de coopératives de paysans
émergent et des institutions de finance permettent aux paysans d'obtenir
des prêts afin de s'équiper, se former et assurer une
pérennité de leur activité. Mais les principes de la
coopérative dans cette zone sont à remettre en question surtout
quant aux liens existants dans la coopérative. Concernant la base
juridique, Mamadou Cissokho, Président d'honneur du ROPPA
Sénégal, nous précise que: « jusqu'à
aujourd'hui, il n'existe pas de loi pour l'autonomie et la gestion des
coopératives. Il faut donc entamer une réflexion sur ce qu'elles
veulent devenir, sans être dévoyées par la
compétition et la contractualisation, et en incluant les petites
exploitations ».
Dans un rapport de 2013, Chiyoge Sifa, sa directrice
régionale pour l'Afrique, souligne que les coopératives
africaines sont confrontées à plusieurs défis, notamment
le faible niveau d'éducation des agriculteurs, des capacités
financières limitées, une forte dépendance à
l'égard des sources de financement extérieures et, parfois, une
mauvaise gouvernance. Mais elle ajoute que « malgré ces
défis, le secteur dispose d'un potentiel de croissance
élevé »
34 La coopérative est une
société de personnes et une entreprise économique. Le
statut juridique des coopératives est très différent selon
les législations nationales, lesquelles ne prévoient parfois rien
à leur sujet. La forme coopérative n'est alors que le
résultat des statuts propres à l'entreprise (Propos de
Jean--François Sneessens - Professeur émérite à
l'UCL, Belgique)
35 Les principes coopératifs :
Adhésion volontaire et ouverte à tous (porte
ouverte).
Pouvoir démocratique exercé par les membres (1
membre --1 voix).
Participation économique des membres et répartition
des bénéfices au prorata des activités des membres
Autonomie et indépendance
Éducation, formation et information
Coopération entre les coopératives
Engagement envers la communauté
36 Présidente de l'Union des Agricultrices
Wallonnes (UAW)
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 37
Exemple de coopérative
Au Burkina Faso, dans la région sahélienne et
plus particulièrement dans la province de l'Oudalan, le SIAD (Service
International d'Appui au Développement) a accompagné avec une
grande implication des petits exploitants burkinabés, et en particulier
des femmes qui tirent la majorité de leurs revenus de la production
d'oignons et de sésame. A donc été mis en place un
modèle d'entreprise sociale qui permet aux productrices de
bénéficier de services innovants pour commercialiser leur
production : une coopérative d'oignons37. La valeur
ajoutée de cette entreprise sociale est que son capital est
détenu par les agricultrices, ce qui permet aux 500 productrices
appuyées par le projet de participer directement aux décisions
stratégiques de l'entreprise. Elles deviennent donc actrices à
part entière et voient leurs capacités économiques
renforcées en s'initiant à la comptabilité, à la
gestion ainsi qu'à l'épargne.
Tandis que nous avons fait un point sur le poids du secteur
informel dans l'économie ouest--africaine, nous avons également
vu comment le secteur formel commence à prendre de l'ampleur grâce
aux initiatives de différents organes, micro entreprises ou particuliers
dans les zones rurales ; nous allons voir quel est l'impact actuel de
l'entrepreneuriat dans l'économie africaine.
37
http://www.siad.asso.fr/projets/entreprise--sociale--soutenir--lagriculture--familiale/
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 38
L'entrepreneuriat moteur économique
-- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de
l'ouest 39
PARTIE 2 : Les avantages de cette nouvelle
économie entrepreneuriale
Cette nouvelle économie que nous qualifions
d'entrepreneuriale suscite un grand intérêt et enthousiasme de la
part des économistes, politiques, médias, jeunes étudiants
en fin de cursus... En effet depuis la crise économique et la
montée du chômage, l'entrepreneuriat est devenu une solution de
confiance dans la réussite. Les capitalistes sont dépourvus de
confiance! De ce fait beaucoup le disent, « pour être bien et
participer au développement de nos pays, il faut que nous entreprenions
». Nous allons voir dans cette partie comment cette tendance
entrepreneuriale, en lien avec l'ESS, se développe et surtout mesurer
l'impact de l'entrepreneuriat féminin.
A. L'entrepreneuriat sociale et solidaire: un levier de
croissance
i. L'essor des initiatives entrepreneuriales et leur
impact
Les initiatives innovantes ont tendance à se multiplier
ces dernières années. Ces initiatives prises par les acteurs dits
« entrepreneurs sociaux » en Afrique de l'Ouest, se sont
focalisées sur l'identification des opportunités qui se
présentent dans les domaines tels que l'agriculture, l'énergie ou
encore l'agro-- industrie. Etant donné que dans cette zone, beaucoup
d'actions restent à réaliser pour arriver à un certain
niveau de développement qualitatif, ces initiatives viennent en
réponse à des besoins spécifiques liés à
l'environnement, le social, la technologie, l'agriculture, les services et bien
d'autres. La mise en oeuvre de ces différents projets répond donc
aux problématiques actuelles de développement durable et de
responsabilité sociale, ce qui nous permet d'intégrer le concept
d'« entrepreneur social» en Afrique de l'Ouest dans le champ de
l'ESS.
Etre un entrepreneur n'est pas une chose facile. En effet, il
faut une grande motivation et une détermination, car cela demande une
persévérance, du dévouement au travail et surtout beaucoup
de sacrifices. C'est un métier dans lequel le risque de faillite est
très présent. D'ailleurs la grande majorité des
entrepreneurs échoue au lancement de leurs premiers projets. Cependant,
nous pensons que malgré les efforts et les difficultés à
l'horizon de l'entrepreneuriat, il apparait enfin comme une des solutions
cruciales susceptibles d'avoir un impact positif pour améliorer
l'économie et les mentalités africaines. En outre, de nombreuses
fondations font des appels à projets pour des financements, tels que
MEETAfrica, afin que les jeunes puissent y prétendre. D'ailleurs, les
pratiques entrepreneuriales sont aujourd'hui au coeur des discours des
gouvernements africains et donc Entreprendre est une dynamique de
croissance.
ii. Un exemple pour illustrer un entrepreneur
africain
Un jeune entrepreneur
sénégalais38 spécialisé en
aviculture.
Après avoir quitté son pays natal pour tenter
l'aventure de l'immigration, il est revenu au « bercail » pour se
dévouer à la filière avicole. Ce jeune
sénégalais, Bakary Coly, s'est lancé dans l'aviculture
depuis 13 ans. Aujourd'hui il produit 24 000 poulets de chair et plus de 3
millions d'oeufs par année et fait un peu de maraichage. Suite à
son initiative à son retour, il a bénéficié d'un
prêt familial pour démarrer son projet. Après 10
premières années dans le secteur
informel, il a créé sa structure
: coopérative. Selon ses propos: « le secteur informel bien
vrai qu'il est porteur aujourd'hui mais n'a pas d'avenir certain»
(SIC). Son but est de produire en quantité au niveau local pour la
population sénégalaise mais tout en respectant l'environnement.
Il a l'ambition de faire évoluer le standard qualitatif dans le pays et
aussi de s'ouvrir au marché africain (CEDEAO39). Il demande
aux jeunes de se lancer dans la production locale notamment dans l'aviculture
car comme il le dit « l'aviculture ne ment pas, elle nourrit l'homme
», il compte booster les jeunes et créer de l'emploi.
C'est donc une belle initiative à pérenniser. Il
faudrait que les gouvernements africains créent des services
destinés à faciliter la concrétisation des projets de la
diaspora ou des jeunes locaux, cela privilégiera la vulgarisation de
l'entrepreneuriat pour le développement de nos pays africains.
B. Le leadership féminin en plein essor en
Afrique
En Afrique, la féminisation de la pauvreté
demeure un problème majeur. « Dans 28 pays, les jeunes filles
continuent de subir les mutilations génitales. De même, les femmes
représentent la majorité des 800.000 Africains victimes du trafic
humain. Pour chaque jeune homme infecté du VIH/Sida, on compte trois
38
https://www.youtube.com/watch?v=jJE85jo2eyk
39 La Communauté économique des
États de l'Afrique de l'Ouest (CÉDÉAO) est une
organisation intergouvernementale ouest-africaine créée le 28 mai
1975. C'est la principale structure destinée à coordonner les
actions des pays de l'Afrique de l'Ouest. Son but principal est de promouvoir
la coopération et l'intégration avec pour objectif de
créer une union économique et monétaire
ouest-africaine.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 40
L'entrepreneuriat moteur économique - La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 41
jeunes filles qui subissent le même sort. Mais la femme
africaine reste malgré tout, l'incarnation de l'Espoir; elle
représente la force du continent mais aussi une opportunité non
seulement par sa capacité à gérer des situations
compliquées, sa persévérance et son coté «
battant ». Il faut savoir que le taux de l'entrepreneuriat féminin
est plus élevé en Afrique que dans toute autre région du
monde. »40 Des progrès importants ont été
accomplis en matière de l'égalité des sexes, mais de
grands défis persistent.
Les attitudes de nos sociétés et les normes
sociales auxquelles les femmes sont soumises les empêchent d'envisager la
création d'entreprise en Afrique de l'Ouest et même ailleurs. Sauf
que des obstacles systémiques font que de nombreuses femmes
entrepreneurs restent confinées à de très petites
entreprises opérant dans l'économie informelle. C'est un secteur
qui n'a pas d'avenir, ce qui limite la capacité à contribuer au
développement socio-économique et à la création
d'emplois. En plus au regard de l'incertitude du secteur de l'informel, faire
des recettes conséquentes et régulières pour subvenir aux
charges familiales est limité.
Cependant, il faut songer à supprimer les
barrières discriminatoires, les lois coutumières, le manque
d'accès aux institutions financières formelles, et les
contraintes de temps dues aux responsabilités familiales et domestiques
afin d'offrir la possibilité aux femmes de créer leur entreprise.
D'une part elles seront plus autonomes, d'autre part il y aura plus
d'égalité face à la création d'emploi. Nos propos
peuvent paraitre féministes; c'est sûrement le cas. Mais nous
restons convaincue qu'investir dans les femmes est l'un des moyens les plus
efficaces d'accroître l'égalité et de promouvoir la
croissance économique exclusive et durable. « Les
investissements réalisés dans les programmes spécifiques
aux femmes peuvent avoir d'importantes répercussions sur le
développement, puisque les femmes consacrent généralement
une plus grande part de leur revenu à la santé, à
l'éducation et au bien-être de leurs familles et de leurs
communautés que les hommes. Alors que des mesures ciblées peuvent
combler le fossé pour les femmes parallèlement, il est
également essentiel d'éliminer les aspects discriminatoires, des
politiques, programmes et pratiques économiques et sociales qui peuvent
entraver la pleine participation des femmes à l'économie et la
société. »41
Comme exemple nous allons prendre la Coopérative de
SAMAYA à Kindia en République de Guinée initiée par
une femme Hadja Mbalou Fofana qui est un exemple de femmes entrepreneurs
remarquable.
En effet, cette dame que nous avons rencontrée, a
créé sa coopérative en ayant pour objectif de relancer la
culture bananière et permettre aux producteurs d'avoir des revenus.
Créée en 2003 cette coopérative compte aujourd'hui 210
membres et des groupements agricoles. Au sein de la coopérative il y a
des employés. Par exemple quand Mme Fofana obtient des marchés
une commande d'environ 2 tonnes de
40
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/AFRICAINFRENCHEXT/0,,contentMDK:228
51993~pagePK:146736~piPK:226340~theSitePK:488775,00.html
41
http://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed
emp/---emp ent/---ifp seed/documents/publication/
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 42
bananes, elle réunit ces deux tonnes avec les
groupements de producteurs, il y a donc un partage. Chaque producteur est
payé en fonction de la quantité qu'il peut apporter. En outre,
les employés font partie du groupement de producteurs en tant que «
salarié et producteur ». Mme Fofana marchande pour la
coopérative, collecte la production des producteurs individuels, afin
d'approvisionner le marché en fonction des contrats qu'elle obtient. En
plus de la production, il y a de la transformation en ragoût et en farine
infantile. Elle a intégré aussi l'intervention des femmes dans la
transformation des bananes et de l'ananas. Il y a donc une diversité.
Elle est bien organisée au niveau local et la vision de
sa coopérative est réaliste. Sa coopérative répond
aux principes suivants :
· Adhésion volontaire et ouverte à tous
(principe de la porte ouverte) : toute personne voulant s'engager dans la
coopérative adhère en payant des droits.
· Pouvoir démocratique exercé par les
membres (1 membre = 1 voix): les coopérateurs et les employés
sont tous impliqués dans l'activité.
· Participation économique des membres et
répartition des bénéfices au prorata des activités
des membres : elle repartit la collecte entre les membres du groupement de
producteurs.
· Autonomie et indépendance : chacun est libre et
indépendant dans sa production
· Éducation, formation et information : formation
des femmes dans la culture bananière et de l'ananas
· Coopération : collaboration avec les autres
producteurs
· Engagement envers la communauté: les
employés de la localité sont employés pour permettre
à cette population d'avoir des revenus par famille.
C'est clairement une initiative qualitative liée au
développement qui permet une création d'emplois, une production
constante en vue d'une croissance économique effective. Concernant le
cas des femmes, elles doivent être soutenues dans leur ambition
d'entreprendre car elles sont dévouées et ont des
capacités non négligeables. Elles doivent être
formées et les retombées seront certainement positives car elles
seront plus autonomes, indépendantes, et sauront peut-être mieux
maitriser le nombre d'enfant à faire qui est de 4,7 en moyenne en
Afrique de l'ouest .On peut clore cette hypothèse en reprenant une
citation camerounaise de More Women in Politics : « L'homme et la
femme sont comme les deux ailes d'un oiseau, et tant que l'aile féminine
ne sera pas déployée comme l'aile masculine, le Cameroun,
j'allais dire l'humanité, ne prendra pas son envol ».
Conclusion:
Nous avons vu dans ce chapitre que plusieurs acteurs
aujourd'hui en Afrique de l'Ouest mènent des actions entrepreneuriales
s'inscrivant dans le domaine de l'ESS. En plus, nous avons aussi
constaté que les micro-entrepreneurs du secteur informel basculent de
plus en plus dans le secteur formel afin d'avoir des activités
professionnelles à plus forte valeur ajoutée et pérennes
car ils ont certainement pris conscience de l'incertitude du secteur
informel.
La conclusion est que ce phénomène
entrepreneurial touche une majorité de personne en milieu rural qui sont
de fait les moins instruits. D'ailleurs, le résultat d'une
conférence des Nations Unies du 9 février 201542
préconise cela : « Pour que l'entreprenariat des jeunes ait
davantage d'impact sur la création d'emplois et la promotion du
développement durable, les décideurs peuvent améliorer le
cadre réglementaire en s'efforçant d'éliminer les
obstacles qui empêchent les jeunes entrepreneurs de lancer leur
entreprise ».
L'entrepreneuriat dans l'économie ouest-africaine, peut
avoir un impact sur les points suivants :
· Offre d'emplois aux jeunes et réduction du
chômage
· Réduction de la pauvreté grâce
à l'obtention d'un revenu
· Basculement des activités informelles vers le
formel
· Encouragement de la mise en place de l'ESS qui est une
économie de mesure
Mais des obstacles à cette volonté
d'entreprendre existent; nous verrons dans le prochain chapitre quels sont-ils
et qui en sont les victimes.
42
http://unctad.org/meetings/fr/SessionalDocuments/ciid29
fr.pdf (page 6)
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 43
CHAPITRE III : LES OBSTACLES A
L'INITIATIVE ENTREPRENEURIALE DANS LE CONTEXTE OUEST-- AFRICAIN
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 44
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 45
Quels sont les facteurs qui entravent le
développement de l'entrepreneuriat et sa contribution à
l'économie ouest-- africaine?
Dans les pays en voie de développement (PED), la
grande partie des activités économiques qui concernent la
production de biens et services pour la population s'effectuent dans le secteur
non-structuré/non-formel dit de l'économie populaire (peoples
economy). Ce secteur a des performances et joue un rôle fondamental
pour le développement économique du pays, nous l'avons vu plus
haut. Il y a dans ce secteur un grand nombre d'opportunités pouvant
contribuer largement à la satisfaction des besoins essentiels de la
population notamment l'agriculture. C'est justement ce domaine qui a
été totalement délaissé quand les pays du Nord ont
amené les pays du Sud à contracter des dettes pour des projets
qui leur rapporteraient plus d'avantages qu'aux pays du sud.
Cependant, le problème majeur dans les pays du Sud
notamment en Afrique de l'Ouest, est que la population est confrontée
à plusieurs problèmes, comme le faible taux de formation, le
manque de financement, le manque de stabilité politique, le manque de
structure de l'éducation scolaire et professionnelle, un système
de corruption avéré, un bas niveau de productivité
dû à un manque de matériels ou de formation, etc.
Un problème crucial est la difficulté pour les
micro-entrepreneurs d'avoir accès à des ressources
financières pour effectuer des investissements. De plus, la
frilosité des banques et autres intermédiaires financiers
à l'égard des TPE/PME peut s'expliquer par l'insuffisance de
garanties ou de mécanismes de prévention des risques qui ne leur
permet pas l'accès aux crédits disponibles. En réponse
à cette exclusion, l'existence des structures de microfinance depuis 40
ans a permis à ce segment de la population d'obtenir des prêts.
Par ailleurs, il importe d'établir une relation banques et institutions
de microfinance (IMF), sujet devenu incontournable lorsque l'on aborde la
question du financement des économies en développement. Le
débat repose sur l'articulation entre ces deux secteurs. Il semblerait
que la complémentarité soit l'aspect dominant de la relation
entre ces derniers, celle-ci n'excluant pas la concurrence. Un autre facteur
que nous évoquons pour la première fois dans ce mémoire
est la question de la fuite des cerveaux qui ont du mal à s'adapter au
climat des affaires dans leur pays d'origine au vu de toutes ces
contraintes.
L'enjeu est de vous présenter différents
facteurs qui freinent en pratique le développement ouest-africain. Ceci
nous conduira vers la question du retour craintif de la diaspora
ouest-africaine vivant en France.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 46
PARTIE 1 : Les facteurs multidimensionnels qui freinent
le développement de l'entrepreneuriat ouest--africain
A. Les différents aléas freinant l'essor de
l'entrepreneuriat des acteurs
Avant tout, il y a les aléas économiques qui
sont nombreux et liés à l'imperfection des marchés et
l'incertitude des débouchés. Aussi les importations
répercutent des perturbations sur les marchés locaux suite
à une concurrence que nous qualifions d'injuste ou déloyale. Une
grande partie de la maîtrise de ces risques dépasse les acteurs
locaux car de nos jours, ils relèvent des marchés internationaux
et de politiques publiques nationales incohérentes.
Ensuite arrivent les aléas politiques
spécifiques à l'agriculture, ils sont liés à des
politiques peu favorables au niveau de l'organisation des marchés,
à un système financier inadapté. Il y aussi des
aléas climatiques tels que les sécheresses ou encore les
inondations, ce sont des risques qui touchent l'ensemble d'une population
présente dans une zone donnée. Ces types de risques ont un impact
très important sur l'économie familiale puisque la production et
les revenus sont menacés pour l'ensemble d'une année. La
succession des aléas climatiques en fréquence rapprochée
rend d'autant plus difficile la reconstitution du capital.
Il s'agit encore des aléas sanitaires comme par
exemple les attaques parasitaires qui freinent l'efficacité de la
production pour les éleveurs.
Enfin, il y a les risques familiaux liés aux
problèmes de santé ou à des décès. Ce sont
les aléas les plus importants en milieu rural en raison de la
concentration de la pauvreté telle qu'elle existe. Ils peuvent
entraîner des dépenses importantes et imprévues et
déstabiliser de manière conséquente les budgets familiaux
des ménages agricoles. Ils privent temporairement ou
définitivement l'exploitation agricole d'une partie de sa main d'oeuvre.
C'est une réalité. Ces risques même s'ils sont basés
sur le secteur de l'agriculture touchent aussi bien les exploitations
familiales que les organisations paysannes structurées. Les offres de
financement qui pourraient aider à pallier ces risques apparaissent
donc, hélas, souvent inadaptées.
Des évidences se posent:
· soit les offres de financement sont liées
à des dispositifs et des outils de financement mal conçus; il
peut s'agir de produits financiers non adaptés à
l'agriculture.
· ou encore il existe une mauvaise prise en
considération des réalités et des risques socio--
économiques du milieu d'intervention.
· soit l'institution de financement rural rencontre des
difficultés de choix stratégique afin d'assurer une gestion de
risque.
Néanmoins, la création des fonds de garantie est
l'un des outils permettant de gérer ces risques car les conditions sont
larges et diversifiées. Cette garantie permettra donc un partage du
risque entre les différentes parties prenantes qui sont l'institution
financière, l'emprunteur et le fond de garantie lui-même.
Suite à un focus sur la nécessité des
fonds de garantie dans les pays en voie de développement43,
le constat est le suivant : dans les PED, ni l'État ni le secteur
privé ne sont en mesure de fournir de telles garanties. Il y a là
un rôle à jouer pour les partenaires au développement. Les
défis nécessitent donc des modes de financement adaptés
aux besoins spécifiques des différents secteurs.
Au regard des difficultés que rencontrent les pays du
Sud et notamment en Afrique de l'Ouest, il a été donc
nécessaire aux yeux des pays du Nord d'apporter une aide sous forme de
garantie financière, ce sont les fonds de garantie. Cependant ce choix
d'apporter de l'aide est conditionné par le paiement
d'intérêts et n'a été couronné dans la
plupart du temps que par des échecs. Quoiqu'il en soit, la microfinance
vient en souplesse et innove en termes d'intermédiation pour prendre en
compte les besoins de ces populations en termes de financement pour
démarrer leur activité.
B. La microfinance en réponse au manque de
financement, est un outil complémentaire aux banques
On constate l'incapacité d'une majorité de la
population ouest africaine à obtenir des crédits bancaires
dû au fait qu'elle n'est pas en mesure de fournir des garanties
suffisantes. Egalement, au regard du niveau scolaire, la sélection des
dossiers par les banques est quasi impossible. La microfinance vient donc,
comme nous l'avons dit précédemment, en réponse à
cette exclusion.
En effet la microfinance est apparue dans les années
1970 précisément en 1976, avec la Grameen Bank. Muhammad Yunus
développe le microcrédit au Bangladesh et ouvre la voie à
de nombreuses autres expériences menées dans le monde entier. Il
faut tout de même noter que le grand succès de la Gramen bank ne
vient pas tellement de la mise à disposition des très petits
crédits mais de la solidarité exigée pour les
remboursements. Ainsi, le risque n'est pas pris par la banque mais par de
petites communautés. Des institutions sont donc créées
pour fournir aux pauvres des moyens de créer leur gagne-pain et les
outils pour gérer le risque associé, c'est-à-dire les
services financiers normaux qui sont proposés aux catégories plus
riches.44
Cela fait donc 40 ans aujourd'hui que la microfinance joue un
rôle déterminant dans le financement des populations à
faible revenu via la collecte d'épargne. En réponse à
cette exclusion, la microfinance est
43 Fonds de garantie: intérêts et limites
BIM n°65 Geneviève Nguyen
44 Building Social Business: The New Kind of
Capitalism that Serves Humanity's Most Pressing Needs, de Muhammad Yunus
(2011)
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 47
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 48
apparue il y a plus d'une trentaine d'années, et joue
depuis lors un rôle déterminant dans le financement des
populations à faible revenu via la collecte de l'épargne.
Aujourd'hui elle est devenue une forme importante de l'intermédiation
financière et de complémentarité aux banques
classiques.45
Suite à la faillite bancaire dans les PED dans les
années 80, et aux politiques d'ajustement structurel, il y a eu un essor
des institutions de microfinance (IMFs). Ces IMFs se sont
révélées être un intermédiaire entre les
banques classiques et le secteur informel. En effet au vu de l'asymétrie
d'information entre banque et micro-entrepreneur, de la faiblesse des
barrières judiciaires par rapport aux procédures des banques, de
la faible alphabétisation des populations, l'existence des IMFs est un
remède. Ce type de crédit s'adresse très souvent aux
entrepreneurs et artisans, n'ayant pas accès aux prêts bancaires
classiques. Son objectif est de permettre la concrétisation de
micro-projets et favoriser ainsi l'emploi et le développement
économique local.
Le microcrédit a su innover en mettant en oeuvre des
mécanismes financiers plus appropriés pour la collecte de
l'épargne et l'octroi de crédit. Dans un premier temps, le
terrain de la microfinance était un domaine particulièrement
réservé aux institutions en faveur du développement, mais
avec l'évolution la donne a changé. Avec le développement
remarquable du secteur, de plus en plus de banques commerciales se rallient aux
IMFs pour accorder des prêts. Les banques commerciales jouent un
rôle grandissant dans ce secteur, elles pratiquent un downscaling
(descente en gamme de clientèle). Outre le fait qu'elle permet aux
entrepreneurs pauvres d'avoir les moyens de réduire leur
vulnérabilité et de participer au développement
économique de leurs pays, la microfinance a prouvé qu'elle
pouvait s'établir sur la durée et opérer sur une base
commerciale efficace et rentable46. (François Seck FALL,
chercheur associé au Consortium pour la Recherche Economique et
Sociale).47
Ayant fait un point sur les facteurs qui freinent le
financement des micro-entrepreneurs, la diaspora ouest-africaine s'en trouve
concernée. Il faut savoir que cette diaspora présente dans les
pays du Nord et précisément en France, est issue de milieux
souvent pauvres et sans qualification professionnelle. Etant en France, le pays
d'accueil dans lequel elle arrive à avoir un travail même avec un
niveau scolaire très bas, elle réinvestit dans son pays d'origine
en faisant un transfert de fonds tous les mois à ses proches. Et cette
opération s'opère la plupart du temps dans les villages d'origine
des émigrés.
Aujourd'hui ces émigrés, qui, pour les uns,
n'ont pas pu faire d'études et pour d'autres ont pu en faire (souvent de
très longues), ont pour ambition de mettre en place des petits projets
de développement local, en matière agricole et d'accès
à l'eau et à l'électricité. Mais cette diaspora se
pose beaucoup de
45 La complémentarité banque,
microfinance dans les économies en développement,
François-Seck Fall (2011)
46
http://www.erudit.org/revue/recma/2007/v/n304/1021531ar.pdf
(« Mesure des performances sociales : les implications pour le secteur de
la microfinance » Cécile Lapenu et François Doligez ; Revue
internationale de l'économie sociale: Recma, n° 304, 2007, p.
46-62.
47 PANORAMA DE LA RELATION BANQUES/INSTITUTIONS DE
MICROFINANCE A TRAVERS LE MONDE de François Seck
FALL
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 49
questions sur les points suivants : le financement,
l'environnement de travail, la culture, la corruption, les cadres
institutionnels incitatifs, les cadres juridiques, la réadaptation
après un certain moment hors du pays d'origine. De là nait un
sentiment de crainte pour un retour définitif. Pourquoi un retour
craintif de la diaspora?
PARTIE 2 : Une diaspora désireuse d'entreprendre
et de rentrer dans le pays d'origine se trouve saisie de crainte
A. L'absence d'un cadre incitatif pour le retour de la
diaspora et une fuite de cerveaux réelle
Force est de croire qu'au-delà des migrations pour des
buts universitaires, recherches et projets, le problème crucial des
Etats africains se situe dans leur incapacité à conserver leurs
citoyens ou les attirer dans leur pays. Les sommes colossales
dépensées pour l'éducation par les Etats africains (dans
le cas où elles sont utilisées) sont gaspillées car ils
forment au bénéfice des autres pays. En outre, les Etats
africains disposent d'un taux de chômage important, une jeunesse
diplômée et désoeuvrée à qui on ne peut
donner pour le plus grand nombre un travail décent. Aussi, le manque de
bonne gouvernance pousse les personnes qualifiées à quitter leur
pays. Ces vagues de migration ne font que s'accentuer alors que les pays
d'origine ont besoin de toutes les formes de compétence. En effet, pour
se développer, un pays a besoin de créer de la valeur
ajoutée et pour cela il faut produire avec qualité. Dans ces
conditions, les personnes hautement qualifiées constituent un socle
important de ressources pour le développement d'un pays. Or, les pays de
l'Afrique de l'Ouest, victimes d'une immigration massive et souvent
clandestine, en pâtissent car les personnes qualifiées fuient.
Le problème des migrations étant un
problème de chômage et de ressources financières non
disponibles pour une bonne partie de la population, les pays
développés seront toujours attractifs car ils ont besoin de main
d'oeuvre dans les secteurs où ils en manquent. Ainsi ils pourront
toujours engager des Africains diplômés qui auront besoin de
travailler à cause du manque de travail dans leurs pays (même si
ce n'est pas toujours le cas). C'est en ce sens que certains pays
étrangers se sont lancés dans de la publicité pour faire
immigrer chez eux les cerveaux étrangers. C'est le cas du Québec
avec l'immigration francophone par l'étude de fonds des dossiers ou
encore les Etats-Unis par la promotion et la loterie de la Green Card.
Par ailleurs, après leurs études à
l'étranger, certains étudiants africains choisissent le chemin de
la liberté d'expression et des critiques contre la mauvaise gouvernance.
Ce qui fait qu'ils deviennent aux yeux des régimes locaux dictatoriaux
des personnes dangereuses. Ainsi pour ne pas mettre leur vie en danger s'ils
retournent dans leurs pays, nombreux de ces étudiants
diplômés préfèrent rester et travailler à
l'étranger.
D'autres, par contre, ont poursuivi des filières qui
n'ont aucun débouché dans leurs pays, sont donc animés
d'une peur de se retrouver au chômage dans leur pays d'origine et
préfèrent rester dans le pays d'accueil.
Il est donc intéressant de comprendre que l'homme est
à la quête de la réussite sociale, surtout après ses
études. Mais les pays africains n'offrent pas beaucoup de
possibilités attractives pour leurs citoyens en fin d'étude. Les
dictatures africaines ont montré leur incapacité à sortir
l'Afrique du sous-développement depuis les indépendances et
voient les expressions critiques de leurs citoyens comme un moyen de porter
atteinte au régime.
Les conditions sociales en Afrique comme les
rémunérations, les métiers, les conditions de travail ne
se sont pas améliorées contrairement à l'Occident, ce qui
prouve que ces phénomènes de fuites des cerveaux africains seront
difficilement maitrisables tant que les environnements adéquats au
travail ne seront pas réglés. Or l'indépendance
économique et le développement d'un pays dépendent de sa
capacité à mettre en valeur son potentiel humain bien
formé. Par conséquent, la fuite de ce potentiel constitue un
désastre économique qui compromet le développement
économique social et culturel des pays.
Cependant, il y a tout de même des points positifs; les
ressortissants maliens par exemple s'organisent autour des associations dans
lesquelles sont demandées des cotisations qui contribuent au
développement humain et économique des villages : construction
des forages d'eau, d'écoles etc. Ainsi, la diaspora africaine s'organise
autour des associations ou organisations non gouvernementales (ONG) qui sont
actives en Afrique. A partir des fonds propres collectés ou
économisés, la diaspora oeuvre au développement par le
financement de divers équipements.
Devant la difficulté que les pays africains ont pour
faire revenir les cerveaux africains, les solutions proposées par
l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) et le PNUD sont en
effet louables. L'OIM avec son programme intitulé « Migration pour
le Développement Africain »48 participe au renforcement
des capacités dans les pays africains. L'organisation et le suivi de ce
programme, par exemple, sont d'un apport considérable au
développement économique de ces pays d'origine.
Heureux sommes-nous de savoir que certains Etats africains ont
pris conscience que le développement du continent passe aussi par sa
diaspora et par sa population. A cet effet, envisager un partenariat entre les
Etats et la diaspora pour utiliser les Africains de la diaspora dans des
moments bien précis - par exemple mettre en place des structures dans
les pays d'accueil qui orientent la diaspora en fonction du domaine
désiré, vers l'entrepreneuriat, doit être en plein essor.
Par exemple, le SIAD (Service International d'Appui au Développement)
créé en 1988 à Montreuil dans le but d'aider la diaspora
à préparer leur retour au
48
http://publications.iom.int/system/files/pdf/mida_french.pdf
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 50
pays, a essaimé en Midi-Pyrénées en 2009
sous l'impulsion de Xavier Bilbault49. Il s'agit de promouvoir cette
stratégie de « prise en main de l'Afrique par les Africains»
La vocation du SIAD Midi-Pyrénées est de soutenir et d'appuyer
les projets de développement économique à fort impact
social dans les pays du Sud par le biais de l'entrepreneuriat des diasporas.
Même si son action n'est qu'une goutte d'eau dans la mer, elle reste
louable.
Pour que les Etats africains espèrent un retour
significatif de leurs expatriés, l'Afrique devra afficher et affirmer sa
volonté pour le développement en passant par ce type d'actions
entrepreneuriales. Il faut que les Etats ouest-africains prennent conscience
qu'il est difficile de nos jours d'appréhender le développement
sans la bonne gouvernance. C'est la raison pour laquelle l'amélioration
des conditions financières, environnementales, juridiques, et
matérielles pour inciter les cerveaux à rester, est une des
conditions sine qua non50, aussi les accompagner à
entreprendre en collectif.
Nous allons à présent vous présenter
l'action du SIAD dont le modèle devrait être mis en valeur car
elle est actrice d'un développement par personnes
concernées.
B. SIAD Midi--Pyrénées
i) Contexte du projet SIAD et sa pertinence
Les diasporas africaines ont une forte appétence pour
l'entrepreneuriat, un bon nombre d'Africain-e-s ont, dans leur pays, une
micro-entreprise (agriculture familiale, taxi...). Pour des raisons
personnelles, les membres des diasporas ont la volonté de contribuer
à l'amélioration du niveau de vie de leur territoire d'origine
La pertinence du SIAD porte sur une logique d'entrepreneuriat
solidaire et durable. Cette association propose aux porteurs de projets de
développer un modèle économique permettant de mettre en
place un projet économiquement viable.
Il s'agit le plus souvent pour les porteurs de projets de
créer de petites exploitations agricoles, souvent au niveau d'un
village, avec des cultures maraîchères plutôt que pluviales.
Une partie des produits des récoltes serait vendue et l'autre partie
permettrait l'autosuffisance alimentaire. L'approche entrepreneuriale,
centrée sur l'humain tout en insistant bien sur l'importance du plan
d'affaires, de la trésorerie et de l'étude de marché est
particulièrement pertinente dans l'optique de pérenniser les
projets de développement à fort impact social.
49 Président de la COFIDES Nord Sud
(Coopérative Financière pour le Développement de
l'Economie Solidaire) de 2005 à 2011/Vice-Président du SIAD
(Service International d'Appui au Développement) de 2008 à 2012/
Délégué SIAD Midi-Pyrénées de 2009 à
2015
50 KOULAMA Appolinaire Noel,
Afrique-société, 17 juin 2007,
Africdossier.oldiblog.com
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 51
ii) L'entrepreneuriat moteur économique -- La place
de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest
52
Objectifs du SIAD sur les années à
venir
L'objectif est de valoriser et encourager la force
d'entreprendre des diasporas africaines sur le double territoire
(Midi-Pyrénées et pays africains)
Les objectifs spécifiques sont les suivants :
renforcer les compétences en gestion d'entreprise de 75 porteurs de
projet issus des diasporas africaines et en difficulté d'insertion
professionnelle et faciliter lancement de 15 projets Nord-Sud (minimum) entre
2016 et 2019 permettant un double développement Nord-Sud.
iii) Réalisation d'une enquête qualitative
L'enquête a été mandatée par l'association
SIAD de Midi-Pyrénées
· Titre enquête : Suivi des porteurs
de projets (promotion 2016)
· Chargée de l'enquête:
Nafila SANGARE
· Cibles: Porteurs de projets de
l'association SIAD de Toulouse
· Cadre de l'enquête : Service
Civique
· Dates : du 8 avril 2016 au 20 avril
2016
L'objectif de l'enquête était d'évaluer
le fonctionnement du SIAD, la motivation et l'avancée des porteurs de
projets et, enfin, évaluer leurs besoins afin de mettre en place une
stratégie permettant de faire un suivi post-création. L'important
est de réfléchir à une mise en place d'un suivi de
proximité au moment de la phase de lancement et de démarrage.
Surtout, réfléchir à un suivi de proximité dans le
pays d'installation en fonction de ce qu'exprimeront les porteurs de projets.
Le but est, à l'issue de cette étude empirique, de mettre en
place un accompagnement à l'auto-entrepreneuriat de qualité sur
la base d'une identité commune « Cré'Afrique ». (Cf.
Annexe II le Commentaire de l'enquête intégrale et le
questionnaire).
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 53
iv) Résultat de l'enquête et
préconisations
INDENTIFICATION DES CHIFFRES CLEFS / DONNEES Origine
· 5% des porteurs de projet viennent de l'Afrique du
Nord
· 39 % des porteurs de projet viennent de l'Afrique de
l'Ouest
· 56 % des porteurs de projet viennent de l'Afrique
centrale
Niveau Scolaire
· 65 % qui ont un niveau scolaire inférieur ou
égal au baccalauréat
· 35 % qui ont un niveau scolaire allant de Bac + 1
à Bac + 8
Un retour définitif?
· 32% n'envisagent pas de retour définitif
· 68 % envisagent un retour définitif dans
l'immédiat ou plus tard
Statut juridique de l'entreprise
· Sur 19 projets
· 12 ont le statut associatif
· 4 ont le statut de SARL
· 3 ne sont pas encore déterminés
Développement
économique
· Tous nos projets répondent à une vocation
de développement économique ayant un impact dans le Sud et aussi
au Nord
· Le dispositif est mis en place par les collectifs
· Le dispositif marchand est accroché à des
territoires, (logique d'appartenance à un territoire)
· Une faible empreinte écologique
· Rassembler des humains autour d'un projet qui
répond à des besoins
Secteurs d'activités
· 59% des projets sont agricole
· 36 % des projets sont tertiaires
· 6 % dans le domaine environnemental
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 54
Tranche d'Age la plus
représentée
· 40 % qui se situent entre 35 ans - 49 ans
· 28 % entre 25 ans et 34 ans
Situation professionnelle (% en recherche
d'emploi)
· 42% sont en recherche d'emploi dont 63% d'hommes et 33
% de femmes
· 58% sont en activité (stage, intérim,
cdd, cdi...)
Genre
· 58 % de femmes
· 42% d'hommes
Pour clore sur cette évaluation, nous avions
quatre objectifs
1) Evaluer le fonctionnement du SIAD
Le SIAD a obtenu une moyenne de 8 sur 10. Cette association a
de ce fait un système d'accompagnement qui convient à nos
porteurs de projet. Il faut noter que nous avons des niveaux d'études
disparates allant du primaire au niveau bac+8. Malgré cela nous arrivons
à avoir une formation accessible à tous les porteurs de
projets.
En effet, c'est une bonne démonstration que la faible
qualification n'empêche pas la mise au point d'un projet et que cette
démarche aide certainement les gens au chômage.
Enfin, l'importance des femmes plutôt inattendue est
prouvée car nous avons un pourcentage de 58% de femmes entrepreneures et
ceci est parfait pour permettre leur autonomisation.
2) Avoir des informations sur les motivations et
l'avancée des porteurs de projets
Nous avons mené cette enquête durant le cycle 2
de la formation, et cette période est la plus dure pour les porteurs de
projet. D'un point de vue technique et de connaissances transmises, ils en
reçoivent beaucoup. Malgré les difficultés, tous ont
émis le désir de poursuivre dans l'accomplissement du
modèle économique, trouver des partenaires et effectuer les
démarches administratives dans leur pays d'origine. Ces réponses
justifient donc que nos porteurs de projets sont motivés.
Pour informations, entre le moment où l'enquête a
été effectuée et le moment où elle a
été rendue, sur 19 porteurs de projets ayant répondu nous
en avons 18 qui ont suivi le dispositif Cré'Afrique jusqu'au bout.
3) Evaluer les besoins des porteurs de
projets
Les besoins des porteurs de projet ont été
évalués et cela nous a permis de mettre en place des formations
complémentaires quasi gratuites sur les thèmes suivants :
informatique, subvention et communication.
Le SIAD a donc répondu aux besoins utiles pour finaliser
et présenter le business plan.
4) Mettre en place une stratégie permettant de
faire un suivi post-création
Le plus important est de réfléchir à la
mise en place d'un suivi de proximité au moment de la phase de lancement
et de démarrage. Surtout, réfléchir à un suivi de
proximité dans le pays d'installation en fonction de ce qu'exprimeront
les porteurs de projets.
Nous pouvons déduire que les porteurs de projet sont en
décalage avec la réalité du terrain africain, ils sont
sceptiques et craintifs concernant leur retour. Le SIAD ne répond pas
à cette préoccupation pour le moment; tel est son point faible.
Certes le SIAD offre un accompagnement à l'auto-entrepreneuriat
de qualité autour d'une seule identité «
Cré'Afrique » mais le suivi après cet accompagnement reste
demandé et recommandé sur les trois années qui suivent
pour les porteurs de projets.
Le SIAD gagnerait en :
Crédibilité vis-à-vis des financeurs (on
n'accompagne pas juste pour accompagner) Pérennité et
durabilité des projets grâce à un suivi de
qualité
Recommandations pour les années à
venir
Il serait judicieux de faire la même enquête
chaque année ce qui permettrait de suivre beaucoup mieux les porteurs de
projet car d'une année à une autre elle perd des informations
considérables.
Donc on pourrait partir sur un suivi post-création de 3
ans.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 55
Objectifs :
·
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 56
L'analyse des résultats, justifie le fait que le SIAD
devrait mettre en place, d'ici 2018, une stratégie de suivi post
création qui s'est révélé être le point
faible de son action. Nous définissons le suivi post création par
un suivi de proximité :
o Avoir un référent dans un des pays d'Afrique
dans lequel un des porteurs de projets est rentré définitivement
(il en existe déjà un au Burkina Faso).
o Avoir une antenne du SIAD dans les pays d'Afrique où se
sont implantés plusieurs projets accompagnés. Un des points sur
lequel il faut réfléchir murement.
· Faire cette enquête toutes les années avec
bien évidemment des améliorations.
· A noter que ce type de document d'enquête peut
être un canal de communication pertinent afin de démontrer que
l'action du SIAD donne des résultats concrets et qu'elle mérite
en ce sens d'être poursuivie.
Conclusion:
Nous avons vu que le secteur informel est celui qui a un
poids énorme dans l'économie de nos pays africains,
particulièrement en Afrique de l'Ouest. Cependant, de multiples efforts
sont en train d'être fournis par les nombreuses parties prenantes au
niveau local comme au niveau international. Il y a des séminaires de
réflexion, des colloques, des sensibilisations par des personnes ayant
déjà fait une action. L'objectif pour ces pays est de dire comme
Joseph Ki Zerbo51 « on ne développe pas, on se
développe» pour qu'ainsi un développement intérieur
propre à ces sociétés permette une meilleure aide
internationale. L'ESS devrait être un mode de vie à adopter, un
mode de production à mettre en place bâti sur des outils de
protection environnementalistes.
Un dernier souhait serait que dans l'avenir, l'Afrique de
l'Ouest puisse assurer un essor de l'entrepreneuriat en accompagnant les
personnes désireuses d'entreprendre. Le but serait de permettre une
création d'emploi, l'essor d'un meilleur environnement économique
qui favoriserait l'essor des structures de l'économie sociale et
ralentir la fuite de cerveaux. Aussi encourager un retour des personnes
qualifiées dans le pays d'origine pour qu'elles participent au
développement de leur pays. Nous ne saurons omettre en parlant
d'entrepreneuriat de souligner que le financement est un point épineux
et aussi un frein à l'initiative entrepreneuriale. Pour cette raison,
les Etats, les IMFs et les banques devraient continuer dans l'optique d'une
complémentarité afin d'assurer un accès au financement
pour tous, tout en ayant une main mise sur la gestion des risques de
remboursement.
Nous allons passer à présent sur un dernier
chapitre dans lequel on développe les apports de l'ESS : dynamisme,
valorisation et pérennisation de ce concept.
51 Un historien et homme politique burkinabé
né le 21 juin 1922 à Toma (Burkina Faso) et
décédé le 4 décembre 2006 à Ouagadougou.
(
http://www.aes--
pua.com/auteurs/joseph--ki--zerbo)
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 57
CHAPITRE IV : LA CONTRIBUTION DE L'ESS DANS
LE DEVELOPPEMENT DES PAYS OUEST AFRICAIN?
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 58
Comment renforcer la contribution de l'ESS au
développement de l'économie ouest--africaine?
Nous avons développé le concept d'ESS dans les
chapitres précédents et le but à présent est de
réfléchir à un dispositif permettant le
développement de ce concept afin d'en faire un moteur d'emploi
qualifié et sécurisé et de ce fait favoriser la mise en
place de structures formelles pour les très petites entreprises
(TPE).
PARTIE 1 : Réfléchir sur un dispositif
de formalisation pour le « bien--être» de l'économie
africaine
A. Diagnostic des obstacles économiques qui
freinent sa croissance optimale
En Afrique de l'Ouest plusieurs points freinent le
développement de l'économie. Dans un premier temps il y a une
majorité de producteurs issus du milieu informel qui ne sont pas pris en
compte par des indices économiques. En outre, plusieurs failles du
système économique et financier font que cette zone
géographique gagnerait à adopter les caractéristiques de
l'ESS considérée comme un levier de changement pour
améliorer son développement.
Les points faibles qui devront permettre et encourager
l'application de l'ESS sont les suivant :
· Les producteurs étant dans une zone très
restreinte, leur accès au marché est limité. En outre, du
fait qu'ils ne produisent qu'individuellement, qu'occasionnellement, ils ne
sont pas capables d'avoir une offre permanente. De ce fait, ils ont des
problèmes de fonds de roulement, de stock et sont donc condamnés
à faire des affaires seulement quand ils le peuvent, d'où un
manque de stabilité.
· Nos analyses précédentes
démontrent qu'il y a un manque d'institutions de financements
adaptées et de mesures incitatives pour permettre l'attribution de
prêts pour les microprojets. Le poids du secteur informel en Afrique de
l'Ouest représente un manque à gagner pour les recettes fiscales
de l'Etat. Ce manque à gagner entrave la capacité de l'Etat
à mettre en place des politiques publiques destinées à
organiser la migration vers le secteur formel. Ainsi le secteur informel
persiste dans son existence. Face à ce cercle vicieux, la question qui
se pose est de savoir s'il faut l'éradiquer; et si oui, comment?
· En découle donc le problème
d'organisation et de structuration des initiatives des micro-entrepreneurs qui
ne sont pas répertoriées. De ce fait se pose la question d'une
règlementation quasi inexistante ou très faible concernant
l'agriculture ou l'artisanat qui sont au coeur des activités des
Ouest-africains.
·
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 59
Pour terminer, l'Afrique de l'Ouest affiche les taux
d'analphabétisme les plus élevés au monde, qui entravent
son développement et privent ses citoyens de leur capacité
à impulser des changements socioéconomiques et politiques.
L'ironie du sort est que ces personnes « analphabètes » sont
celles qui entreprennent le plus dans le secteur informel et du fait de leur
grand nombre, elles favorisent l'essor de l'informel qui vient faire
concurrence au secteur formel.
A présent que nous savons que les difficultés
principales se situent pour notre économie au niveau d'une
productivité faible, une transparence des prix très
limitée, une contribution fiscale nulle et d'un taux
d'alphabétisation et de formation très faible; il serait donc
important de trouver des options possibles pour formaliser les activités
économiques en Afrique de l'Ouest afin de contribuer à une
stabilité sociale.
Alors d'une part certains pays comme le Sénégal,
la Guinée et bien d'autres en Afrique de l'Ouest disposant d'un
important taux d'informalité dans le secteur de l'artisanat (art,
production, service) essaient de pratiquer une chasse aux acteurs du secteur
informel. Ainsi, des opérations de « déguerpissement »
sont organisées pour détruire les boutiques de fortunes
installées au bord des routes. Mais il s'avère que ces «
commerçants de rues », sont très sollicités par la
population donc en dépit de ces opérations ponctuelles, il y a un
essor important de travailleurs du secteur informel. D'autre part, partant du
fait que les travailleurs du secteur informel font preuve d'esprit
d'entreprenariat face à l'inefficacité du secteur formel, ces
mêmes pays ouest-africains commencent à mettre en place des
politiques de sensibilisation par les médias, des structures
d'accompagnement pour promouvoir l'entrepreneuriat afin qu'il y ait des
conditions de travail décentes aux travailleurs. Cependant,
malgré ces efforts, il n'existe pas de certitudes suffisantes sur leur
efficacité. La plupart des études empiriques qui évaluent
ces politiques n'ont pas suscité d'impact sur les flux vers le secteur
formel. Pourtant il faut trouver des pistes d'amélioration et celles-ci,
justement, doivent faire preuve d'efficacité en prenant comme
modèle l'ESS qui est une économie de mesure, qui s'adapte aux
réalités de chaque pays tout en conservant ses principes
éthiques.
B. L'économie sociale et solidaire un moteur pour
une meilleure économie ouest africaine
Le Plan Sénégal Emergent (PSE)
Pour énumérer des améliorations, nous
avons analysé le PSE52. Ce Plan Sénégal
Emergent porte sur une modernisation de l'économie sociale et solidaire.
Le PSE est le nouveau cadre de référence des politiques de la
« gouvernance Macky Sall » visant à conduire le
Sénégal sur la voie de l'émergence à l'horizon
2035.
52file:///C:/Users/Nafila/Downloads/PLAN%20SENEGAL%20EMERGENTPlan%20S%C3%A9n%C3%A9gal%20Emergent
%20VP.pdf
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 60
En effet, le Sénégal comme beaucoup d'autres
pays africains a pour objectif d'accroitre sa croissance afin qu'elle soit
forte et inclusive pour répondre aux aspirations des populations
à un mieux--être. A ce titre, la mise en place des conditions pour
un développement humain durable constitue la base essentielle du PSE
(Plan Sénégal Emergent). Nous constatons suite aux
éléments de cadrages du PSE que pour mettre en place une
économie durable et répondant aux défaillances du
modèle actuel, on a opté pour un certain nombre d'orientations
qui permettront de concrétiser les initiatives sociales et solidaires
sur le plan économique.
Le PSE propose quatre orientations:
1) Le développement d'un tissu économique local
2) Le développement de moteurs d'inclusion
économique et sociale
3) L'accélération de la transition vers
l'économie formelle
4) La création d'emplois formels et qualifiés.
Ces orientations reposent selon nous sur quatre grandes
phases:
Phase 1 : Un environnement propice à
l'économie basée sur l'agriculture et à la création
d'activités génératrice de revenus:
· Développement des formations adaptées
aux métiers de l'agriculture et de l'artisanat qui sont les domaines
clé d'une création d'emplois et d'un entrepreneuriat
· Facilitation d'accès à des facteurs de
production pour une professionnalisation pratique
· Promotion des valeurs culturelles du travail pour un
acte citoyen en faveur du développement de son territoire
Phase 2 : Une prise de conscience pour la
préservation de l'environnement et la garantie d'une gestion durable des
ressources naturelles
· Etablissement des normes de production, qualité et
labellisation
· Encourager la production saine et locale
· Promouvoir via des politiques publiques l'agriculture
biologique, les semences anciennes et indigènes, les circuits courts
Phase 3 : Mise en place de structures de coaching pour
encourager l'entrepreneuriat formel
· Programme de stimulation de l'entrepreneuriat
· Création de solutions de financement
adaptées (micro finance)
· Création de zones dédiées à
certains secteurs (mise à disposition de terrains)
· Créer un statut juridique permettant aux
très petites entreprises de se développer et les faire
reconnaitre
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 61
Phase 4 : Développement des filières
porteuses : l'entrepreneuriat dans l'agriculture et l'artisanat
· L'artisanat comme premier moteur de croissance de
l'emploi formel (artisanat, agriculture, art)
· L'artisanat, un "métier mondial" du
Sénégal
· Promotion des TPE et canalisation de l'informel
Nous pouvons donc déduire que le
Sénégal, comme tous les pays autres pays d'Afrique de l'Ouest,
est préoccupé par la création d'emplois, la
sécurité alimentaire, la protection de l'environnement et le
bien-- être de la population. Au vu des orientations prises, il y a bien
un désir de mettre en place une stratégie pour permettre une
lutte contre la pauvreté. A notre avis, encourager l'entrepreneuriat qui
participerait à un mouvement solidaire et à un
développement optimal des zones délaissées serait une
stratégie à mettre en avant. Ainsi, les populations
s'organiseraient entre elles en optant pour une production saine, une
cohésion sociale. En découlera, de fait, une économie
basée sur l'équité et la justice.
Cependant, le Sénégal ayant mis en place ce PSE
auquel on affecte un crédit louable pour atteindre ses objectifs, il
serait important de réunir les conditions préalables à une
émergence désirée. En effet, pour qu'il y ait une
émergence, il nous semble important que les pays concernés
mettent à disposition des populations les besoins vitaux tel que l'eau,
l'électricité, des infrastructures d'éducation, des moyens
de transports régulés et communs et des structures de
santé. Notre liste pouvant être plus longue, ces besoins
cités nous paraissent essentiels et sans cela il ne pourrait y avoir une
amélioration de l'environnement des affaires, ni une satisfaction des
besoins de financement pour les personnes désirant entreprendre de
façon formelle pour participer à la croissance de
l'économie. La réussite du PSE exige de fortes capacités
d'impulsion de l'État et un leadership affirmé, il faut suivre
l'actualité pour voir quels en seront les premiers impacts (positifs,
négatifs ou entre les deux ?).
Nous allons à présent passer à la phase de
nos recommandations personnelles.
PARTIE 2 : Des solutions envisageables : formation et
production locale soutenue
Pour les recommandations nous partirons du sujet qui est
à mettre au coeur de l'économie africaine : l'entrepreneuriat
dans le domaine de l'ESS comme facteur de développement.
Nous avons, de par notre analyse compète de tous les
aspects, failles et atouts de l'économie africaine, des recommandations
très humbles à apporter. Nous allons les mettre en relief point
par point.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 62
L'éducation
générale
Tout d'abord nous avons le problème de
l'éducation. Il faut que nos gouvernements prennent conscience que le
taux d'alphabétisation en Afrique est très faible et qu'ils
devraient s'y investir autant financièrement, matériellement que
professionnellement. Il est vrai qu'en Afrique de l'Ouest certains pays s'y
attèlent, mais il y a tout de même de gros efforts qui restent
à fournir. Avec la population africaine qui ne cesse de s'accroitre,
avec une majorité de jeunes, sans effort dans l'éducation
l'Afrique de l'ouest sombrerait dans le désarroi. Actuellement nous nous
demandons, comment le continent africain peut être aussi riche en
ressources naturelles et avoir un niveau de vie si bas? Il faut penser au
développement. Et ce développement, d'après
François Perroux, « c'est l'ensemble des changements mentaux et
sociaux d'une population qui la rende apte à faire croitre durablement
et cumulativement son produit réel et global» (croissance
économique). Cependant sans éducation de base, ce travail sur le
changement de mentalité serait difficile.
L'environnement
Vient ensuite la question de l'environnement des affaires.
Notre vocation étant l'essor de l'entrepreneuriat dans l'ESS, il faut
mettre en place un système qui permette aux personnes initiatrices
d'idées innovantes de ne pas avoir de craintes. Cela passe par une
assurance donnée par les pouvoirs publics. Seuls ces derniers pourront
permettre une atmosphère paisible; nous ne rentrerons pas dans les
détails, mais le manque de stabilité politique, la corruption, la
facilité qui est offerte aux importateurs et enfin le manque de
structures juridiques ne sont pas encourageants.
Le plan économique
Sur le plan économique nous nous sommes rendue compte
de l'incapacité à créer le nombre d'emplois
nécessaires pour absorber la main-d'oeuvre et que cela constitue l'une
des causes de l'expansion de l'économie non-formelle et de la fuite des
cerveaux. En outre l'économie informelle devient un refuge aussi bien
pour les personnes analphabètes que pour les gens instruits. Il faudrait
que les politiques se focalisent sur les secteurs primaires et secondaires des
économies nationales des pays de l'Afrique de l'Ouest et toute
entière. Pourquoi? Parce que ce sont les secteurs qui emploient la
majorité de la population africaine. Ensuite, l'importation massive de
biens et services doit être remplacée par la production et la
transformation au niveau local. Cette stratégie va permettre :
· Une contribution transparente à l'économie
ouest-africaine
· La création d'emploi (réinsertion des
jeunes, absorption du chômage)
· La création d'entreprises avec les
caractéristiques de l'ESS
· L'encouragement de l'utilisation des matières
premières locales et les conditions de leur transformation.
· La production et la consommation des produits du
terroir
· La sensibilisation à une production biologique
Agir sur la réinsertion des jeunes et des
femmes par l'entrepreneuriat
Il faut agir sur le plan de l'insertion des jeunes (filles et
garçons) et des femmes par la mise en place de :
· Formations professionnelles sanctionnées par un
diplôme d'Etat,
· Structures d'insertion par l'activité
économique comme en France par exemple.
En effet, les différentes structures dont
l'activité d'accompagnement et de formation serait financée
dans
53
le cadre d'une convention avec l'Etat sont à encourager
en Afrique pour la plupart des pays afin de
faciliter l'insertion ou la réinsertion des personnes
en difficulté sociale et professionnelle. Ceci leur permettrait de
trouver un emploi ou encore de créer leur activité dans le cadre
d'une TPE. L'idéal serait que ces structures interviennent dans les
domaines tel que l'agriculture et l'artisanat. Mais aussi dans les secteurs
très divers tels que :
· L'entretien des espaces verts: nous avons en Afrique
des personnes qui ont « appris sur le tas '> le métier de
jardinier, ou encore des femmes qui savent entretenir des espaces verts mais
qui évoluent dans l'informel et qui sont exploitées. Or si ces
personnes pouvaient intégrer des organismes de formations ou des
structures d'insertion pour en sortir avec un diplôme, elles seraient
peut-être embauchées par des entreprises et
bénéficieraient d'un salaire décent.
· La sécurité, le nettoyage, le
gardiennage: nombreuses sont les familles ou entreprises africaines qui
emploient des personnes pour effectuer ces taches sans effectuer de
déclarations. Ces personnes se retrouvent donc à être
rémunérées à un salaire dérisoire et «
chassées'> quand elles ne correspondent plus aux exigences des
soi-disant employeurs.
· Travaux manuels : on a toujours besoin d'un
maçon, d'un plombier, d'un menuisier, d'un serrurier, d'un
métallurgiste, d'un tapissier, d'un soudeur, d'un ferblantier... Ce sont
des métiers à professionnaliser et à encourager.
· Des services aux personnes: le contexte africain fait
que la population à moins recours à des aides à domicile
surtout pour les personnes âgées ou enfants en bas âges, ou
aide scolaire. Mais avec l'évolution de la société, le
besoin se fait ressentir.
· Ramassage et recyclage de déchets:
L'insalubrité est très présente dans les pays
ouest-africains et c'est l'une des causes principales de l'apparition de
maladies infectieuses et d'épidémies mortelles.
53 SIAE, Structures d'Insertion par
l'Activité Economique
EI, Entreprise d'Insertion : C'est une
structure (association, coopérative ou SARL) qui produit des biens ou
des services et embauche des personnes en difficulté professionnelle.
ETTI, Entreprise de Travail Temporaire
d'Insertion : Elle fonctionne de la même façon que l'EI, à
la différence que les salariés sont employés sur des
contrats de courte durée, en intérim.
AI, Association Intermédiaire: Elle
agit comme un intermédiaire entre les demandeurs d'emplois, qu'elle
embauche, et les employeurs (professionnels ou particuliers) qui proposent des
missions de travail.
ACI, Atelier et Chantier d'Insertion : C'est
une activité économique créée par une commune, un
établissement public, une AI ..., proposée à des personnes
en difficulté professionnelle. Il permet aux salariés de disposer
d'un accompagnement dans leur parcours d'insertion
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 63
En somme, beaucoup d'activités sont aujourd'hui
possibles à mettre en place en Afriques de l'Ouest. Des entreprises
à créer, des métiers à créer, des
activités à formaliser... Mais tout cela nécessite une
volonté et un changement de mentalité.
Cependant beaucoup de belles initiatives sont mises en place
surtout à travers les mouvements collectifs (coopératives) et
l'objectif est que le peuple africain se rende vraiment compte de son potentiel
à pouvoir construire et développer son pays de façon
éthique.
Conclusion
Dans cette partie nous avons tenté de répondre
à la question suivante qui est de savoir comment l'économie
sociale et solidaire peut contribuer à un meilleur climat
économique, social et environnemental des pays de l'Afrique de l'Ouest.
Il s'avère que nous nous posons beaucoup de questions personnelles,
à savoir: faut-il et arriverons-nous à éradiquer le cercle
vicieux du secteur informel ; et si oui, comment ? Les Etats africains sont-ils
prêts à investir pour une amélioration du
développement quand on voit qu'ils ne se focalisent que sur des projets
visant à construire des ponts, des immeubles, des hôtels?
Devons-nous nous fier à leurs déclarations lorsqu'ils s'annoncent
prêts à relever les défis cités plus haut?
Concernant la population, est-elle prête à contribuer à son
développement? A prendre conscience du contexte dans lequel elle vit?
Est-elle consciente de sa dépendance vis-à-vis des aides qui sont
ponctuelles?
Quoiqu'il en soit, il est important qu'à notre petite
échelle nous les individus, nous la jeunesse, nous les futurs
entrepreneurs africains soyons conscients des défaillances de notre
économie ouest-africaine. Et de ce fait, nous saurons proposer des
solutions adéquates pour prétendre à un avenir serein. Il
est vrai que le capitalisme a permis à l'Afrique d'avoir un minimum
d'infrastructures qui contribuent fortement au développement et à
une croissance. Mais ce n'est pas un développement de qualité car
quand on analyse les indices de développement humain (IDH), l'Afrique
subsaharienne est à 0,46554 (moyenne mondiale de 0,729). Les
pays ayant un IDH aussi faible sont caractérisés le plus souvent
par un taux de pauvreté élevé, une situation
économique alarmante et a enfin un contexte politique mouvementé.
Heureusement, nous constatons que certains pays comme le Sénégal
mettent en place des stratégies nationales de développement
économique social et solidaire visant à une amélioration
globale.
54
http://www.statistiques-mondiales.com/idh_afrique.htm
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 64
CONCLUSION GENERALE
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 65
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 66
Ce mémoire nous a permis d'apprendre beaucoup plus que
nous n'en savions sur le continent africain et particulièrement sur
l'Afrique de l'Ouest.
Sur le fond, nous considérons qu'en l'Afrique de
l'Ouest, les domaines de l'agriculture et de l'artisanat sont pour le moment
des domaines opportuns mais dans lesquels le secteur informel est très
présent. Les activités évoluant dans l'informel
rencontrent des difficultés à atteindre un développement
réel à travers une formalisation des modes de productions et la
mise à disposition d'une série de moyens, en particulier la
microfinance, pour le permettre. Nous sommes persuadée qu'il serait
stratégique dans un premier temps pour ces pays de la zone
ouest-africaine de prendre en compte cette réalité et de
déployer toutes les mesures pour que le domaine agricole et l'artisanat
s'émancipent car ils favoriseraient l'essor de notre économie par
de la création d'emploi et une consommation de produits locaux et
surtout un meilleur environnement des affaires au niveau national comme
international. Aussi, grâce aux recommandations faites plus haut, nous
atteindrons un meilleur climat social avec une population beaucoup plus
responsable et actrice de son développement par la création
d'entreprises sociales et solidaires.
Cependant, même si les conditions climatiques ne sont
pas favorables dans toute la zone ouest-africaine, cela doit permettre aux pays
côtiers de produire en masse afin de s'ouvrir à un marché
sous régional.
Pour mettre fin à cette situation de pauvreté
en Afrique de l'Ouest et même en Afrique, nul besoin d'être un
grand économiste ou un chercheur. Il faut qu'au niveau individuel, les
Africains dotés d'un minimum d'éducation (point faible des pays
africains) prennent des initiatives de création d'entreprises viables et
bien gérées. Il faut qu'ils osent innover et apprennent des
Européens comme le font les Chinois, pour mettre en place leurs propres
structures en commençant par les petites unités de production. Et
cela en passant par la valorisation et la formalisation de l'économie
sociale et solidaire qui existe sur le plan traditionnel (les mouvements
collectifs et solidaires) mais qui reste un concept flou pour le moment en
Afrique de l'Ouest. Combien d'Africains sont aujourd'hui conscients des
richesses de ce continent? Beaucoup ! Nombreux sont-ils aujourd'hui à
vouloir que l'on produise les produits locaux et que ces produits permettent de
nourrir la population et d'être ensuite exportés.
Il y a un autre point essentiel qui me tient à coeur:
c'est l'entrepreneuriat féminin et l'autonomisation des femmes en
Afrique. Pour permettre cette autonomisation et l'entrepreneuriat
féminin, il faut scolariser les filles africaines, il faut qu'elles le
soient jusqu'au baccalauréat et si possible qu'elles aillent jusqu'aux
études supérieures. Les filles ont besoin de peu pour avoir une
place dans la vie active. Cependant si elles sont limitées d'un point de
vu académique, la solution est de proposer une formation professionnelle
pour différents métiers. Cela leur permettrait d'avoir par la
suite un savoir-faire et, pourquoi pas, de développer une idée
d'innovation et un esprit d'entreprise. Quoiqu'il en soit, du niveau
académique le plus bas au niveau le plus élevé, l'esprit
entrepreneurial doit être encouragé chez les femmes africaines car
ce sont des battantes.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 67
Force est de constater qu'au--delà de la
réglementation des affaires, la culture, la pression sociale et
familiale, le mariage, le marché du travail ont un impact direct sur la
prise de décision économique et l'autonomisation des femmes. Il
faut garantir la protection des droits des femmes qui est une condition
essentielle à leur autonomisation. Comme on le constate aujourd'hui de
nombreux programmes sont mis en place en Afrique de l'Ouest pour permettre aux
femmes d'avoir accès à un environnement propice afin qu'elles
puissent développer leurs activités dans le domaine artisanal ou
agricole. Et ces programmes sont à encourager car la majorité des
femmes entrepreneuses sont dans le secteur informel, or ce secteur ne permet
pas l'accès aux crédits et n'a pas d'avenir.
Cependant, la microfinance offre un soulagement, certes, mais
avec les taux d'intérêt assez élevés qu'elle
propose, il faudrait mettre à disposition des femmes des montants
beaucoup plus élevés à très faible taux
d'intérêt remboursables sur une longue échéance.
Pour assurer la gestion du risque de remboursement il faudrait au
préalable faire passer ces femmes par une structure d'accompagnement tel
que le SIAD et pour cela, l'appui des gouvernements est nécessaire.
Pour clore ce mémoire, en Afrique de l'Ouest, un vrai
problème de coordination, de conscientisation, de responsabilisation et
d'application rationnelle des stratégies de développement par
rapport aux besoins, aux atouts et aux contraintes des nations africaines se
pose. Le chemin est encore long et même très long, mais comme les
Africains eux même le disent si bien : seul on va vite mais ensemble on
va plus loin...
ANNEXES
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 68
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 69
TABLE DES ANNEXES
ANNEXE 1 : Le Programme de productivité agricole
en Afrique de l'Ouest 70
ANNEXE 2 : Conclusion de l'enquête 73
ANNEXE 3 : Questionnaire 83
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 70
ANNEXE 1 : Le Programme de productivité agricole
en Afrique de l'Ouest
Le secteur agricole occupe une place cruciale en Afrique : il
fournit 65 % des emplois et contribue à 35 % du PIB. Or, dans les zones
rurales, où la majorité de la population vit de l'agriculture, la
pauvreté atteint des niveaux encore élevés. La croissance
agricole pourrait être un instrument de réduction de la
pauvreté, l'enjeu étant d'accroître les revenus
tirés de l'agriculture et de créer des emplois tout en
réduisant les prix des produits alimentaires.
Alors que les Objectifs du développement durable
visent à éliminer la faim et la pauvreté dans le monde, il
est indispensable que les pays africains donnent la priorité à
l'agriculture et au développement rural. Le Programme de
productivité agricole en Afrique de l'Ouest (PPAAO) répond
précisément à ces objectifs en s'efforçant de
bâtir un système alimentaire suffisamment solide pour nourrir
chaque habitant de la sous-région. Créé par la
Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest
(CEDEAO) et financé en partie par la Banque mondiale, le PPAAO s'emploie
à développer un secteur agricole plus productif et plus durable
dans 13 pays ouest-africains en vue d'assurer la sécurité
alimentaire de demain.
STRATÉGIE
Le PPAAO est une initiative pluriannuelle visant à
transformer l'agriculture ouest-africaine en agissant sur plusieurs axes :
dynamiser la productivité et promouvoir une agriculture durable, lutter
contre la faim et améliorer la nutrition, créer des emplois et,
enfin, soutenir la collaboration entre pays. Il réunit 13 pays :
Bénin, Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée,
Libéria, Mali, Niger, Nigeria, Sénégal, Sierra Leone et
Togo.
Le PPAAO s'est donné pour objectif d'atteindre une
croissance agricole de 6 % et d'accroître la production et l'offre
alimentaire en Afrique de l'Ouest. Pour y parvenir, le programme travaille en
collaboration avec des scientifiques, des chercheurs, des agents de
vulgarisation et des agriculteurs dans les domaines suivants:
· l'innovation et la production, diffusion et adoption de
technologies améliorées;
· l'instauration d'un environnement porteur pour la
coopération régionale;
· le renforcement des capacités humaines et
institutionnelles dans l'ensemble de la sous-région;
· la création d'emplois pour les jeunes,
l'inclusion des femmes et l'adaptation au changement climatique.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 71
Partenaires
La CEDEAO et l'Union africaine ont fourni les cadres
stratégiques devant guider l'action du PPAAO pour la promotion de
l'agriculture et du développement rural. La mise en oeuvre et la
coordination du programme sont assurées par les ministères de
l'Agriculture des pays concernés ainsi que diverses organisations de
producteurs.
Le PPAAO s'emploie à revitaliser la recherche
agronomique en Afrique de l'Ouest grâce au soutien qu'il apporte à
la formation de près d'un millier d'agronomes, à
l'établissement de neuf centres de recherche spécialisés
dans les principaux produits de base.
RÉSULTATS
Le PPAAO a directement bénéficié,
à ce jour, à plus de six millions d'agriculteurs, transformateurs
et petites entreprises d'Afrique de l'Ouest, dont 45 % de femmes. Les
estimations indiquent que le programme a déjà permis
d'accroître de plus de trois millions de tonnes la production alimentaire
et de 34 % en moyenne les revenus de celles et ceux qui en
bénéficient.
Le PPAAO a assuré la distribution de quelques 160
variétés de plantes adaptées au changement climatique
ainsi que la diffusion de technologies et de pratiques
climato-intelligentes au profit d'environ 5,7 millions d'agriculteurs
ouest-africains répartis sur 3,6 millions d'hectares. Grâce
à ces innovations, la productivité s'est améliorée
de 150 %.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La
place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 72
Au Ghana, le PPAAO a aidé 80 éleveurs de
pintades à développer leur activité en leur fournissant
des oeufs, des couveuses, des aliments et des vaccins. Comme le programme
permet à ces bénéficiaires directs d'aider à leur
tour les membres de leur communauté, ce sont globalement 50 000
personnes qui en ont bénéficié.
En 2015, le PPAAO a fourni 10 500 semences à 200 000
agriculteurs en Guinée, au Libéria et en Sierra-Leone afin de
stimuler le redressement de ces pays à la suite de
l'épidémie d'Ebola.
Au Sénégal, 14 variétés de
céréales sèches à maturation précoce,
à haut rendement et résistantes à la sécheresse ont
été mises au point, avec à la clé une hausse de
la productivité d'au moins 30 %. Plus de 423 000 agriculteurs
sénégalais tirent profit de ces nouvelles variétés
et sont aujourd'hui plus à même d'affronter les chocs
climatiques.
En Guinée, en Sierra Leone, au Libéria et en
Côte d'Ivoire, plus de 100 000 agriculteurs ont pu accroître leur
production de riz grâce à l'introduction de nouvelles
variétés résistantes au sel, à la diffusion de
techniques d'irrigation climato-intelligentes ainsi qu'à une meilleure
gestion de la fertilité des sols.
Avec le programme e-Agriculture mis en place dans le cadre du
PPAAO, les agriculteurs ghanéens peuvent obtenir des conseils en temps
réel par téléphone ou sur Internet. À ce jour, ce
programme, qui compte 120 000 abonnés, a reçu 1,76 million de
demandes relatives à une grande variété de sujets, allant
du travail du sol à la lutte phytosanitaire.
Dans l'ensemble de l'Afrique de l'Ouest, le PPAAO a
contribué à améliorer la situation nutritionnelle par le
biais des programmes d'alimentation scolaire qui incorporent un grand
nombre des variétés nutritives et à haut rendement mises
au point par ses chercheurs, en particulier en ce qui concerne le manioc, le
mil et le riz.
Le PPAAO s'emploie à revitaliser la recherche
agronomique en Afrique de l'Ouest grâce au soutien qu'il apporte à
la formation de près d'un millier d'agronomes, à
l'établissement de neuf centres de recherche spécialisés
dans les principaux produits de base, à la rénovation des
infrastructures de recherche ainsi qu'au financement d'activités, de
laboratoires et d'équipements.
Source Banque Mondiale
http://www.banquemondiale.org/fr/topic/agriculture/brief/the--west--africa--agricultural--productivity--program
L'entrepreneuriat moteur économique
-- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de
l'ouest 73
ANNEXE 2 : Conclusion de l'enquête
Conclusion de l'enquête qualitative sur
l'avancée des porteurs de projets
L'enquête mandatée par l'association SIAD de
Midi-Pyrénées Titre enquête : Suivi des
porteurs de projets (promotion 2016) Chargée de l'enquête:
Nafila SANGARE
Cibles: Porteurs de projets associations SIAD
de Toulouse Cadre de l'enquête : Service Civique
Dates : du 8 avril 2016 au 20 avril 2016
Résumé de l'enquête
Ce projet est initié par le SIAD
Midi-Pyrénées (Service International d'Appui au
Développement) qui est une association ayant pour vocation de permettre
à la population africaine d'être actrice de son
développement. Son moyen d'action est d'encourager la prise
d'initiatives par la diaspora africaine habitant la région LRMP
(Languedoc-Roussillon/Midi-Pyrénées), à contribuer
à une autonomisation des populations en Afrique via la mise en place de
projets économiques dans leur pays d'origine en se prévalant de
valeurs éthiques. Pour atteindre ses objectifs, le SIAD
Midi-Pyrénées propose le dispositif Cré'Afrique.
Ce dispositif est un cycle d'accompagnement et de formation en 3
étapes:
· Etape 1 : Maturation de l'idée de projet (4
ateliers et accompagnement individualisé)
· Etape 2 : De l'idée au Business Plan (7
ateliers de formation en gestion, management, marketing), accompagnement
individualisé (par un binôme d'accompagnateurs), accès
à un espace de co-working.
· Etape 3 : Création et post-création
(accompagnement à la recherche de fonds et développement de
l'entreprise).
L'objectif de l'enquête est d'évaluer le
fonctionnement du SIAD, la motivation et l'avancée des
porteurs de projets et enfin d'évaluer leurs besoins afin de
mettre en place une stratégie permettant de faire un suivi
post-création. L'important est de réfléchir
à la mise en place d'un suivi de proximité au moment de la phase
de lancement et de démarrage. Surtout, réfléchir à
un suivi de proximité dans le pays d'installation en fonction de ce
qu'exprimeront les porteurs de projets.
Le but est à l'issue de cette enquête de mettre
en place un accompagnement à l'auto--entrepreneuriat de
qualité sur la base d'une identité commune «
Cré'Afrique ».
Méthodologie:
1) Démarches suivies
D'un point de vue méthodologique, nous avons
établi une enquête qui a été réalisé
avec 19 porteurs de projets.
Cet entretien se tenait par téléphone ou en
présentiel, le temps était de 45 minutes par entretien. Les
réponses étaient anonymes afin de permettre une aisance dans la
réponse des porteurs de projets.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 74
Nous avons eu à réaliser certains entretiens
dans les locaux du SIAD à l'adresse suivante : 3 rue Georges Vivent,
31100, Toulouse.
2) Le questionnaire:
L'enquête portait sur 5 points :
1. Le parcours dans le pays d'accueil
2. Le projet
3. Le suivi du projet après création
4. Les attentes du porteur de projet par rapport au SIAD
5. Le profil du porteur de projet
Ce questionnaire nous a permis d'avoir un retour qualitatif afin
de remettre en question le programme du SIAD pour une amélioration et
surtout mieux connaitre nos porteurs de projets. Nous allons vous
présenter chaque point afin que vous en compreniez la portée.
Le premier point : La trajectoire du porteur de projet
· Le pays d'origine
· Les raisons pour lesquelles il y a eu une migration vers
la France
· Le nombre d'années vécues en France
· Le parcours scolaire
· Y a-t-il un projet de retour au pays d'origine, est-il
définitif ou pas et pourquoi.
Le deuxième point: Le projet du porteur de projet
· Statut juridique de la structure
· L'objectif et la portée du projet
· Le secteur d'activité du projet
· L'avancement du projet
· Les prochaines étapes pour mettre en place le
projet
· Les bénéfices sociaux du projet au niveau
de la population et de l'environnement.
Le troisième point : Le suivi du projet après
création dans le pays d'origine.
· Les difficultés que le porteur de projet pourra
rencontrer
· Les points qui faciliteront l'implantation du projet
· Une fois le projet mis en place dans le pays d'origine,
quel accompagnement souhaiterait-il de la part du SIAD
Le quatrième point : La qualité de
l'accompagnement du SIAD évalué sur une échelle de 1
à 10.
· Les attentes à la fin des ateliers du SIAD
· Une amélioration que le SIAD devrait mettre en
place dans ses actions
Le cinquième et dernier : le porteur de projet
· Age
· Situation professionnelle
· Situation familiale
NB : Au cours de ce cycle 2015-2016, nous avons eu 25 porteurs de
porteurs, et sur ces 25 il y a 19 qui ont répondu au
questionnaire. Nous allons procéder à une analyse de ces
réponses
Résultat de l'enquête
I. La trajectoire du porteur de projet
a) Le pays d'origine
Comme nous le savons notre cible première est issue de la
diaspora africaine. Cette diaspora nous vient donc de plusieurs pays
d'Afrique
Il est important de souligner que certains porteurs de projets
ayant répondu à ce questionnaire ne sont pas d'origine africaine,
mais se considère comme tel (pour le projet) car ils ont une attache
maritale, amicale ou familiale.
4,5
NOMBRE DE PORTEURS DE PROJET PAR PAYS POURCENTAGE PAR
ZONE D'AFRIQUE
Afrique centrale Afrique de l'ouest
4
3,5
3
2,5
2
1,5
1
0,5
0
Afrique du Nord
39%
5%
56%
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 75
Selon l'enquête nous avons une majorité
qui nous provient de l'Afrique centrale (Cameroun, République
centrafricaine, République Démocratique du Congo et
République du Congo), ensuite de l'Afrique de l'Ouest (Burkina Faso,
Cote d'Ivoire, Sénégal) et enfin de l'Afrique du Nord
(Algérie).
b) Les raisons pour lesquelles il y a eu une
migration vers la France
Suite à l'analyse qualitative concernant les
raisons de migration vers la France, nous avons pu en tirer cinq
réponses révélatrices qui sont les suivantes:
1. Regroupement familial
2. Vie privée (rejoindre le conjoint qui a migré
pour des raisons professionnelles)
3. Etudes
4. Aventure
5. Réfugié
Ces points sont énumérés par
ordre d'importance.
c) Le nombre d'années vécues en
France
Après une mise en relation des données sur ce
nombre d'années passées en France, nous concluons avoir
eu sur cette promotion 2015--2016 :
ð? Un nombre d'années minimum de 5 ans,
ð? Un maximum d'années de 40 ans,
ð? Une moyenne de 13 ans
Les porteurs de projets vivent en France depuis un nombre
d'années non négligeable.
Cela peut justifier leur déconnection du pays
d'origine autant d'un point culturel, environnemental que
social.
d) Le parcours scolaire
0
2
3
1
Des parcours scolaires très
hétérogènes de nos porteurs de projet : allant du niveau
primaire au niveau bac+ 8.
Nombre de porteurs de projets par niveau
scolaire
7
6
5
4
Primaire Brevet Bac Bac+2 Bac+3 Bac+5 Bac+8
Le niveau de formation initiale est très
hétérogène, avec toutefois une majorité d'individus
n'ayant pas atteint le baccalauréat.
e) Un retour prévu pour le pays
d'origine, à savoir s'il est définitif ou pas et pourquoi ne
serait--il pas définitif.
Oui (immédiat) Non
Plus tard
42%
32%
26%
Un retour définif?
· 42% des porteurs de projet souhaitent en effet
retourner dans leur pays d'origine quelques années plus tard,
après la mise en place du projet pour le mener à bien.
· 32% souhaitent créer une activité qui va
être génératrice de revenu pour eux en France et la
population en Afrique. Cependant, ils ne souhaitent pas y retourner
définitivement.
· 26% souhaitent y retourner dans l'immédiat pour
mettre en oeuvre le projet.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 76
68% des porteurs de projet vont retourner dans leur
pays d'origine pour gérer leur activité ce qui nécessite
pour le SIAD de mettre en place une stratégie de suivi de
proximité.
Et pour ceux qui ne souhaitent pas rentrer, leur
activité leur permettrait de générer un revenu pour eux au
Nord et pour les salariés au Sud.
II. Le deuxième point sur le profil du projet du
porteur nous a permis d'approfondir sur: a) Statut juridique de la
structure
Le tableau ci--dessous, nous indique le nombre de personne
ayant opté pour le statut juridique de l'association, de la SARL ou ceux
qui ne le savent pas (NSP).
Nombre de projet par statut juridique
14
12
10
8
6
4
2
0
Nombres
Association
12
SARL
4
NSP
3
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 77
La conclusion est qu'une majorité des projets ont le
statut juridique associatif, et de façon égale, certains ont le
statut SARL et d'autres ne sont pas encore déterminé.
Il faut noter que l'enquête a été
réalisée en plein Cycle 2 (De l'idée au Business Plan) et
qu'il n'était pas évident pour certains d'opter
déjà pour un statut juridique particulier.
b) L'objectif et la portée du
projet
Cette question a permis aux porteurs de projet de donner beaucoup
d'informations sur leurs projets. Après analyse des réponses nous
avons pu extraire cinq raisons qui ont été émises par les
porteurs de projets sur leur désir à mettre en place une
activité :
1. Aider les personnes défavorisées en Afrique
(personnes handicapées, personnes âgées, enfants et jeunes
pour des missions d'insertion)
2. Générer des revenus pour les habitants du pays
d'origine afin de les aider
3. Apporter des compétences
4. Générer des fonds personnels
5. Echange d'expériences avec les acteurs locaux
6. Limiter le désir de migration clandestine
NB : Ces points sont énumérés
par ordre d'importance.
Nous pouvons en conclure que la vocation du SIAD
Midi--Pyrénées, à savoir accompagner les projets de
développement économique en Afrique, rejoint les objectifs des
porteurs de projet accompagnés.
c) Le secteur d'activité
Ce tableau représente le pourcentage de projets par
secteurs d'activité.
SECTEUR D'ACTIVITE
|
POURCENTAGE
|
AGRICOLE
|
59 %
|
TERTIAIRE
|
36%
|
ENVIRONNEMENT
|
5%
|
|
100%
|
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 78
Cette donnée est très
intéressante car l'Afrique a aujourd'hui une industrie en panne
et une agriculture délaissée.
La question est de savoir où seront les emplois?
Nos porteurs de projets contribuent à la création d'emplois dans
des domaines importants, dont celui qui est le plus demandé actuellement
: agricole.
d) L'état d'avancement du
projet
Les porteurs de projets (pp) sont au coeur du cycle 2
c'est-à-dire de l'idée au Business Plan (7 ateliers de formation
en Gestion/Management/marketing).
J'ai une idée structurée de mon projet
|
J'ai réalisé l'étude de marché
et/ou environnement et/ou du secteur
d'activité
|
J'ai commencé mon
modèle économique
|
J'ai terminé mon
modèle économique
|
J'ai commencé mon Plan d'Affaires
|
J'ai terminé mon Plan d'Affaires
|
Je suis prêt à chercher
des financements/à lancer mon projet
|
7pp/19pp*
|
12pp/19pp
|
7pp/19pp
|
0pp
|
0pp
|
0pp
|
0pp
|
|
*pp : porteur de projet
Il faut noter que les stades sont cumulables. Un
porteur de projet (pp) peut être en train de faire l'étude de
marché et le réfléchir à son modèle
économique en même temps.
Il est tout à fait normal que certains soient
encore en pleine structuration du projet car le cycle 2 est très
technique. Il faut aussi noter que les niveaux scolaires sont très
variables et la progression en dépend.
e) Les prochaines étapes pour mettre en
place le projet
Réaliser l'étude de marché et/ou
environnement et/ou du secteur
d'activité
|
Commencer mon modèle économique
|
Trouver un terrain pour le projet
|
Accomplir des
démarches administratives
dans le pays
d'origine
|
Trouver des personnes de confiance dans le pays
d'origine
|
Trouver des partenaires locaux
|
37% des pp
|
100% des pp
|
42% des pp
|
100% des pp
|
100% des pp
|
52% des pp
|
|
Un porteur de projet peut être au moment du Cycle 2 en
train de réfléchir à son modèle économique,
tout en se consacrant en parallèle à la prospection d'un
terrain.
Conclusion les taches restantes à faire se
cumulent. Et c'est la période durant laquelle le porteur de projet doit
faire preuve de patience, de détermination et d'effort et que le SIAD
doit lui apporter de l'assurance et de la motivation.
f) Les bénéfices sociaux du projet
au niveau de la population et sur l'environnement. Tous les projets
ont un impact bénéfique sur la population ou sur
l'environnement.
Impact sur la population :
= La transmission des connaissances d'un agriculteur à
l'autre
= L'installation d'infrastructures qui connectent les
agriculteurs avec les consommateurs
ð? Promouvoir l'augmentation de la production alimentaire
globale
ð? Améliorer l'accès des femmes aux services
d'extension agricole, aux programmes de crédit...
ð? Création d'emplois (jeunes, parents, sans
emploi...) au niveau local (zone rurale)
ð? Formation (formation intergénérationnelle,
échange de compétences)
ð? Créer de la réinsertion par la formation aux
métiers agricoles
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 79
Impact sur l'environnement:
ð? Valorisation des déchets (utiliser les
déjections animales comme engrais), produire sans pesticides
ð? Améliorer la fertilité des sols
= Les initiatives de sensibilisation et les efforts pour
améliorer la qualité de la production
encouragent la diversification et la consommation de produits
locaux ð? Promouvoir les légumes locaux qui sont riches en
micronutriments pour contribuer à la
réduction de la malnutrition
Nous pouvons conclure que les porteurs de projets
répondent aux critères d'innovation sociale et
technologique:
· Créer ce qui n'existe pas ou renforcer
ce qui existe dans une zone rurale
· Le dispositif est mis en place par les
collectifs
· Le dispositif marchand est associé
à des territoires (logique d'appartenance à un
territoire)
· Une faible empreinte
écologique
· Rassembler des humains autour d'un projet qui
répond à des besoins
III. Le troisième point porte sur la question du
suivi post création
a) Les difficultés que vous pourriez
rencontrer dans le pays d'origine
ð? Financières: car les banques
sont très frileuses pour accorder des crédits aux petits
entrepreneurs.
ð? Ressources humaines: une main
d'oeuvre disponible mais qui soit compétente et rigoureuse est difficile
à obtenir.
= D'adaptation: Après un
séjour assez long dans un pays d'accueil (France), de nouvelles
habitudes ont été adoptées et cela engendre un
décalage avec la réalité dans le pays d'origine
(problème de management d'équipe)
ð? Corruption : pour l'installation de
la structure auprès des services administratifs.
Tous les porteurs de projet ont exprimé ces
difficultés. Et les inquiétudes ci--dessus sont des points sur
lesquelles ils aimeraient être rassurés pour poursuivre leur
projet.
De ce fait, un séjour au moins une fois dans
l'année dans le pays d'origine est nécessaire, mais cela
représente des coûts financiers non
négligeables.
b) Atouts des porteurs de projet pour la mise en
place du projet
ð? Être originaire du pays donc avoir une connaissance
du terrain (langue, coutume...) ð? Identification d'un besoin existant
(marché quasi vierge) ð? Soutien de la famille et des chefs
coutumiers
Ces atouts sont communs à tous les porteurs de
projets, même celles et ceux qui ne sont pas d'origine africaine
grâce au soutien d'un conjoint ou un ami intime.
c) Souhaiteriez--vous avoir un suivi du SIAD sur le
terrain? 18 personnes sur 19 ont répondu : OUI
1 personne sur 19 a répondu NON
Un suivi dans les cadres suivants:
ð? Un suivi de proximité dans le pays
d'origine sur les trois premières années ð?
Suivi pour achever le business plan (rester en contact avec le
SIAD)
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 80
ð? Conseils et retours d'expériences
dans un pays d'Afrique ou à Toulouse
= Documents utiles et supports de formation en ligne
(formations à distance)
IV. Les attentes des porteurs de l'accompagnement du
SIAD
a) Vos attentes à la fin des ateliers que le
SIAD vous propose
ð? Avoir un dossier solide
ð? Avoir terminé le Business Plan
ð? Un guide sur comment obtenir des financements
ð? Acquérir un discours convainquant pour faire face
aux financeurs
ð? Plus de motivation
NB : Ces points sont
énumérés par ordre d'importance.
b) Des suggestions pour une amélioration de
nos actions
ð? Une formation sur les basique en informatique
ð? Organiser des ateliers de groupes par secteurs
d'activités avec un professionnel
ð? Une formation sur les appels à projet (comment y
répondre)
ð? Des accompagnateurs plus impliqués et
expérimentés
ð? Avoir une évaluation du business plan
NB : Ces points sont
énumérés par ordre d'importance.
c) Une note au SIAD
Une dernière question a été posée
sur une notation à attribuer au SIAD et on obtient une moyenne de :
8/10.
Le SIAD Midi Pyrénées a tenu compte des
besoins émis et a mis en place des formations complémentaires qui
se dérouleront durant l'été 2016 (informatique,
communication et subvention). Des ateliers de groupe ont également
été mis en place par secteur d'activité durant le cycle
2.
Pourcentage par tranche d'age
24%
28%
40%
moins de 25 ans de 25 ans à 34 ans de 35 ans à 49
ans plus de 50 ans
8%
Mieux connaitre nos porteurs de projet a) Age
b)
Pourcentageton situaton professionnelle porteurs de
projets
4%
13%
25%
42%
Étudiant En activité professionnelle En recherche
d'emploi Retraité Au foyer Stage ou service civique
8%
8%
Pourcentage d'homme et de femme porteur de
projet
65%
35%
HOMME
FEMMES
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 81
Situation professionnelle
c)
Situation familiale des porteurs de projets
Divorcé Pacsé Célibataire
|
|
|
0 1 2 3 4 5 6 7 8
|
Situation familiale
d) Pourcentage d'homme et de femme porteur de
projet
e)
Situaton professionnelle pour les hommes porteurs de
projets.
63%
0%
37%
EN EMPLOI CHOMAGE ETUDIANT
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 82
Situation professionnelle de femmes porteuses de
projets
f)
Situaton professionnelle des femmes porteurs de
projet
25%
33%
42%
EN EMPLOI CHOMAGE ETUDIANT
Situation professionnelle des hommes porteurs de
projets
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 83
Questionnaire
Ce questionnaire est un test préalable au questionnaire
définitif. Il a été établi dans l'objectif de mieux
connaitre nos porteurs de projet au niveau du SIAD et surtout d'établir
une base de données statistiques
pour nous permettre d'avoir un aperçu qualitatif.
Grâce à vos réponses nous pourrons améliorer nos
actions.
Recommandation :
· Il est conseillé de remplir ce questionnaire avec
votre accompagnateur de projet.
NB :
· Ce questionnaire est confidentiel à notre
organisme
· Les réponses sont anonymes
Le questionnaire est à remettre au plus tard le
21 mai 2016 à l'atelier 5, vous pouvez aussi l'envoyer par courrier
à l'adresse :
SIAD Midi-Pyrénées
1
1 Allée Marc Saint Saëns - BP 73657 - 31036
TOULOUSE CEDEX Midi-Pyrénées.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 84
I. La trajectoire dans le pays
d'accueil
1. Quel est votre pays d'origine ?
2. Depuis combien d'années êtes-vous
résident en France ?
3. Dans quel cadre êtes-vous venu en France
?
4. Quel a été votre parcours ?
5. Suite à votre projet, projetez-vous un retour
définitif dans votre pays d'origine ?
Si oui :
o Dans l'immédiat ?
o Quelques années plus tard ?
Si non :
o Comment comptez-vous vous y prendre ?
2
6. Quel est le statut juridique de votre future structure
?
II. Votre projet
1. Quel est votre projet ?
2. Quel est votre secteur d'activité
?
3. Où en êtes-vous dans votre projet
?
4. Quelles sont les prochaines étapes pour mettre
en place votre projet ?
5. Quels sont les bénéfices sociaux de
votre projet ?
· Impacts au niveau de la population
(création d'emploi, réinsertion des jeunes par exemple)
?
· Impacts sur l'environnement (empreinte sur
l'environnement réduite ? utilisation des pesticides ? compostage ?
énergie solaire ? récupération d'eau de pluie ? sans OGM ?
É )
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 85
3
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 86
III. Le suivi du projet après création
1. Quelles sont les difficultés que vous pourriez
rencontrer dans le pays du projet ?
2. Qu'est ce qui va faciliter la mise en place de votre
projet ?
3. Souhaiteriez-vous avoir un suivi une fois le projet
mis en place dans le pays du projet par le SIAD ?
Si oui, de quel type ?
4
Si non, pourquoi ?
IV. Les attentes du porteur de projet
1. Quelles sont vos attentes à la fin des
ateliers que le SIAD vous proposent ?
2. Avez-vous des suggestions pour une
amélioration de nos actions ?
3. Sur un barème de 1 à 10 quelle note
donneriez-vous au SIAD pour son accompagnement ?
1 2 3 4 5 6 7 8 9 10
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 87
5
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 88
V. Pour mieux vous connaitre
1. Dans quelle tranche d'âge vous situez-vous
?
? Moins de 25 ans ? De 25
à 34 ans ? De 35 à 49 ans ? 50
ans et plus
2. Quelle est votre situation professionnelle
?
? Étudiant(e)
? En activité professionnelle
? En recherche d'emploi
? Retraité(e)
? Au foyer
? Stage ou service civique
? Autre :
3. Quelle est votre situation familiale ?
? Célibataire
? Vie maritale
? Pacsé(e)
? Marié(e)
? Divorcé(e)
? Veuf ou veuve
? Autre :
4. Combien d'enfants avez-vous ?
MERCI POUR VOTRE COLLABORATION !
6
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 89
Aide au Selon l'OCDE l'aide publique au
développement (APD) est l'ensemble des dons et
développement des prêts à
conditions très favorables (nets des remboursements en capital)
accordés par des organismes publics aux pays et aux
territoires figurant sur la liste des bénéficiaires du «
Comité d'aide au développement » (CAD) de l'Organisation de
coopération et de développement économique.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 90
Associations Une association est le regroupement
d'au moins deux personnes, mettant leurs
activités ou leurs connaissances en commun, par un
contrat d'association (contrat de droit privé). L'objectif de cette
convention doit avoir un but autre que le partage de bénéfices
entre les parties, d'où l'appellation d'"association à but non
lucratif". La forme associative est adoptée dans de nombreux secteurs :
associations culturelles, sportives, de protection du consommateur,
humanitaires, de protection de l'environnement.
Business Model Expression anglo--saxonne qui
désigne la description du modèle économique
d'une activité. Un business model décrit de
manière précise le positionnement de l'entreprise, les objectifs
de l'activité, les moyens et les ressources mis en oeuvre pour les
atteindre, ainsi que les règles, les principes de fonctionnement et les
valeurs de l'entreprise concernée.
Business plan Le business plan est un document
de plusieurs pages qui décrit l'ensemble du
projet d'une entreprise ou d'un indépendant :
l'activité, le marché, la stratégie marketing, la gestion
des ressources humaines, etc. Il reprend l'ensemble des dépenses
programmées et les ressources envisagées à court et moyen
terme.
Capital Le capital économique regroupe
les ressources matérielles et financières qu'un
individu a à sa disposition (revenus, patrimoine).
Capitalisme Le capitalisme est un concept
à la fois économique, sociologique et politique qui
caractérise un système s'appuyant sur la
propriété privée des moyens de production. Sa
définition donne lieu à des variations dans l'espace et dans le
temps, et en fonction des sensibilités politiques des personnes qui
emploient le terme.
Coopérative La coopérative est un
modèle d'entreprise démocratique. Société de
personne,
elle se différencie des entreprises dites «
classiques» par sa gouvernance fondée sur le principe « une
personne, une voix» et la double qualité de ses membres qui sont
à la fois associés et clients, producteurs, salariés.
Crédit bancaire Un crédit bancaire
est une somme d'argent avancée par une banque. En
contrepartie, vous vous engagez à la rembourser sur une
période déterminée et à lui payer des
intérêts. Il vous permet donc de réaliser des projets sans
attendre d'avoir l'argent nécessaire, mais vous engage contractuellement
avec une banque
Diaspora Dispersion d'une communauté,
d'une ethnie à travers le monde.
Économie informelle
Économie populaire
Économie sociale et solidaire
L'économie informelle désigne l'ensemble des
activités productrices de biens et services qui échappent au
regard ou à la régulation de l'État.
En économie du développement, l'économie
populaire désigne « l'ensemble des activités
économiques et des pratiques sociales développées par les
groupes populaires en vue de garantir, par l'utilisation de leur propre force
de travail et des ressources disponibles, la satisfaction des besoins de base,
matériels autant qu'immatériels.
L'économie sociale et solidaire (ESS) rassemble les
entreprises qui cherchent à concilier solidarité, performances
économiques et utilité sociale.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 91
Entrepreneuriat L'entrepreneuriat (plus rarement
entreprenariat) est l'action de créer une
entreprise dont la conséquence est la création
de la richesse et/ou de l'emploi. Les formes d'entrepreneuriat varient selon le
type d'organisation qui est mis en place.
Épargne L'épargne est l'action
d'épargner, d'être économe dans la dépense, de
mettre de
l'argent de côté dans un but particulier. C'est
aussi ce que l'on a épargné, économisé.
Exode rurale L'exode rural désigne le
déplacement durable de populations quittant les zones
rurales pour aller s'implanter dans des zones urbaines.
Firmes Ces firmes ignorent les frontières
et traverse les nations. L'adjectif
Multinationales "multinational" marque le
caractère mondial de leur stratégie. Elles sont en
mesure de planifier leur développement à
l'échelle mondiale. Ce qualificatif explique mieux la mobilité du
capital au niveau mondial.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 92
Fonds de garantie Le fond de garantie est
l'un des outils permettant de gérer ces risques car des conditions
larges et diversifiées telles que les hypothèques, la caution, le
gage, le crédit d'achat-stockage agricole, société de
caution mutuelle... permettent d'y faire face. Cette garantie permettra donc un
partage du risque entre les différentes parties prenantes qui sont
l'institution financière, l'emprunteur et le fond de garantie
lui-même.
Inflation L'inflation est la perte du pouvoir
d'achat de la monnaie qui se traduit par une
augmentation générale et durable des prix. Il
s'agit d'un phénomène persistant qui fait monter l'ensemble des
prix, et auquel se superposent des variations sectorielles des prix.
Institutions de microfinance
Interventionnisme de l'état
|
Une institution de microfinance (IMF) est une structure de
proximité (ONG, association, coopérative...) qui délivre
des services financiers à des populations n'ayant pas accès au
système bancaire classique. Aujourd'hui les IMF proposent
essentiellement des microcrédits, mais certaines offrent
également d'autres types de services : épargne, micro-assurance,
services d'accompagnement et de formation.
L'interventionnisme économique désigne la
politique qui conduit les pouvoirs publics à participer à
l'économie du pays et imposer leurs règles chaque fois que cela
leur paraît nécessaire pour protéger les
intérêts des citoyens ou développer des secteurs
d'activité qu'ils considèrent comme stratégiques ou
prioritaires.
|
Investissement Selon le vocabulaire de la
comptabilité nationale, l'investissement, peut être le
fait de différents agents économiques. Pour les
entreprises : c'est la valeur des biens durables acquis pour être
utilisés pendant au moins un an dans leur processus de production.
Pays en voie de Les pays en
développement sont en effet de pays à revenu faible et
développement intermédiaire
dont la majorité des habitants ont un niveau de vie plus bas que la
(PED) majorité des habitants des pays
à revenu élevé et ont accès à des biens et
des
services plus limités.
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 93
Tontines La tontine est une association
collective d'épargne, qui réunit des épargnants
pour investir en commun dans un actif financier ou d'un bien
dont la propriété revient à une partie seulement des
souscripteurs.
L'entrepreneuriat moteur économique
-- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de
l'ouest 94
BIBLIOGRAPHIE
OUVRAGE
· Economie
DAVID, A. C., & LAVILLE, J. L. Dictionnaire de l'autre
économie, France, (2006), (FOLIO ET GALLIMARD), 720
pages
PRADES, J. Comment résister au capitalisme? Tous en
coopératives I France, 2013, Le vent se lève, 96
pages
THOMAS, F, L'économie Sociale et Solidaire, Levier de
changement? France, 2015, CETRI-Syllepse, 196 pages.
· Diaspora africaine
KOUVIBIDILA, G.-J., La fuite des cerveaux africains,
Congo Brazzaville, 2010, l'Harmattan, 272 pages
· Economie et développement en
Afrique
MICHAILOF, Serge, A quoi sert d'aider le sud ? Paris,
(2006), Fayard, 483 pages
MICHAILOF, S. Africanistan, L'Afrique en crise va t'elle se
retrouver dans nos banlieues ? France, Fayard, 320 pages
· Entrepreneuriat
YUNUS, M Building Social Business (Reprint). Etats Unis
d'Amérique, (2011), PublicAffairs U.S, 256 pages
REVUES
· Economie Sociale et
Solidaire
Agence Française de Développement, « les
innovations financières pour le développement », La
revue de l'AFD, Consulté le 14 MARS 2016 à l'adresse
suivante:
http://www.afd.fr/webdav/shared/PORTAILS/PUBLICATIONS/PLAQUETTES/AFD
et les innov financieres .pdf
BOULIANNE.M, FRAISSE. L, & Ortiz. H, «
L'espérance économie solidaire a principes économie
solidaire et mondialisation », Revue du MAUSS, n°21, p. 47
à 54.
CRESS (Chambre Régionale de L'ESS), « Les
statuts juridiques de l'économie sociale et solidaire ». Revue de
la CRESS, (2008).
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 95
FREMEAUX. P, « L'ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE,
VIRAGE OU MIRAGE ? », Le journal de l'école de Paris du
management, n° 94, 2012, p.21 à 28.
ROUSTANG, G. (2003). MONDIALISATION ET ÉCONOMIE
SOLIDAIRE, Hermès, La Revue, n° 36, 2003, pages 175
à 182.
Microfinance
Bertrand. S, Evaluer l'impact des instruments financiers en
faveur des entreprises, La revue de l'AFD, 2014, p. 137.
FALL, A. Salam, & GUEYE, C. « Le franc, la grâce
et la reconnaissance Les ressorts de l'économie sociale et solidaire en
Afrique de l'Ouest ». La Découverte, n°21,2003, p
432.
FALL F.-S « Panorama de la relation Banque/Microfinance
à travers le monde », Revue Tiers Monde, 2009
juillet-septembre, n° 199.
FALL F.-S, « La complémentarité
banque/microfinance dans les économies en développement : une
perspective théorique », Revue d'économie
industrielle, n°133, 2011, p.31-56.
FALL F.-S & SERVET J.-M, « La microfinance peut-elle
être sociale et rentable? », Revue Banque, n° 720,
janvier 2010.
LAPENU, C., & DOLIGEZ, F., « Mesure des performances
sociales: les implications pour le secteur de la microfinance », Revue
internationale de l'économie sociale, n° 304, 2007, p.
46?62.
NGUYEN, G., « Fonds de garantie : intérêts et
limites », bulletins d'infos, n° 65, 2000.
Economie africaine : impact féminin et
cerveaux
OBIAGELIE, E. « La femme africaine, un atout pour propulser
le continent vers la prospérité », BANQUE MONDIALE
AFRIQUE. (2011). Consulté à l'adresse
http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/ACCUEILEXTN/PAYSEXTN/AFRICAINFRENCHEXT/0,,content
MDK:22851993~pagePK:146736~piPK:226340~theSitePK:488775,00.html
PENOUIL, M. « L'économie africaine: Bilan et
Perspectives », Revue française de science politique, Volume
22(n°5), (1972) ; p 992?1016.
XINHUANET, La fuite des cerveaux entrave gravement le
développement africain, Contre Info, n°68, 2006.
TRAVAUX ACADEMIQUES
FALL, A. salam. (s. d.). Économie sociale et solidaire en
Afrique de l'Ouest : Un mode de vie à réhabiliter?
Consulté à l'adresse
http://www.lartes-ifan.org/pdf/ESS
en Afrique de louest Un mode de vie a rehabiliter.pdf
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 96
RAPPORTS DE COLLOQUES
· Economie et développement en
Afrique
AFD (Agence Française de Développement),
Evaluation rétrospective du Projet « Création d'un fonds de
garantie de sortie de crise. (2010).
Alliance Coopérative Internationale,
Stratégie du développement coopératif en Afrique,
(p. 10 et 12). (2016). Consulté à l'adresse
suivante:
https://ica.coop/sites/default/files/media
items/STRATEGIE%20DU%20DEVELOPPEMENT%20COOPERATI
F%20EN%20AFRIQUE%202013%20--%2016.pdf
CSA (Collectif Stratégies Alimentaires), LES
COOPERATIVES AGRICOLES: UNE RÉPONSE AUX ENJEUX DES AGRICULTEURS
FAMILIAUX ? 2014, (SEMINAIRE)
FIG (Fonds International de Garantie), « Financer un
Développement Humain », 2013, Rapport d'activités.
Freddy, D, « Le fonds de garantie, une réponse au
risque de crédit agricole» , 2015, Rapport d'activités
Fondation Farm.
Freddy, D. (s. d.). Effets de la règlementation en
microfinance : le cas de l'Afrique de l'ouest, (44). Consulté à
l'adresse:
http://www.fondation--
farm.org/IMG/pdf/microfi20100701
rapport principal.pdf
Nations Unies. Promouvoir l'entreprenariat au service du
développement (Conférence des Nations Unies sur le commerce
et le développement), 2015, Consulté à l'adresse:
http://unctad.org/meetings/fr/SessionalDocuments/ciid29
fr.pdf
· Diaspora africaine
OIM (Organisation internationale pour les migrations), La
migration des Africains de la diaspora pour le développement de
l'Afrique, 2004, Consulté à l'adresse:
http://publications.iom.int/system/files/pdf/mida
french.pdf
SITES WEB
· Secteur agricole en Afrique
Banque Mondiale, « Le Programme de productivité
agricole en Afrique de l'Ouest. », site de la banque
mondiale,
http://www.banquemondiale.org/fr/topic/agriculture/brief/the--west--africa--agricultural-- productivity--program
consulté le 16 juin 2016
UNION EUROPEENNE. (2013). Enjeux et défis pour la
production agricole en Afrique de l'Ouest,
http://www.inter--
reseaux.org/IMG/pdf/EnjeuxAgricultureAfrOuest
CE.pdf consulté le 12 juillet 2016
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place
de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest
97
Economie Sociale et Solidaire
HORIZONS SOLIDAIRES, « ECONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE: ESS
HISTORIQUE, DEFINITIONS ET PRATIQUES ».
http://www.horizons--
solidaires.org/pdf/fichestechniques/ESS112015.pdf
consulté le 17 juillet 2016
FALL, A. salam, Économie sociale et solidaire en Afrique
de l'Ouest: Un mode de vie à réhabiliter?
http://www.lartes--
ifan.org/pdf/ESS en Afrique de
louest Un mode de vie a rehabiliter.pdf consulté le 26 janvier
2016
Entrepreneuriat et initiatives en
Afrique
Le blogue des Hommes libres et intègres, (2013), «
Burkina Faso : Sensibilisation sur le recyclage de
déchets technologiques ».
http://www.burkina--
faso.ca/sensibilisation--sur--le--recyclage--dechets-- technologiques/
consulté le 12 mars 2016
ONG APIL. (2011). ONG APIL (Action pour la promotion des
Initiatives Locales).
http://www.apilaction.net/spip.php?page=a--propos--de--nous&id
article=2 consulté en janvier 2016
SOW, S. (2012, novembre). « QUALITÉS IMPORTANTES POUR
L'ENTREPRENEUR AFRICAIN» ,
http://www.afriqueitnews.com/2012/11/04/5--qualites--importantes--pour--lentrepreneur--africain/
Consulté le 1er aout 2016
Economie Informelle en Afrique
MAYS, M. (2015, mars). « Afrique: Le défi de la
valorisation de l'économie informelle »,
http://www.mays--
mouissi.com/2015/03/07/afrique--le--defi--de--la--valorisation--de--leconomie--informelle/
consulté le 10 mai 2016
PAGES DE JOURNAL ELECTRONIQUE
Entrepreneuriat en Afrique
AGENCE FRANCE ENTREPRENEUR. (2014). L'Afrique, un nouvel eldorado
pour les entrepreneurs?
https://www.afecreation.fr/cid148404/l--afrique--nouvel--eldorado--pour--les--
entrepreneurs.html?cid=148404
FARFCHAMPS, & SCHUDELN. « Industrial Structure and
Microenterprises in Africa », The Journal of Developing Areas,
1994
ForthInvestment. 10 femmes du village de Bagma
concrétisent leur projet de transformation de beurre de karité.
(2016, JUILLET).
http://forthinvestment.com/10--femmes--du--village--de--bagma--concretisent--leur--
projet--de--transformation--de--beurre--de--karite--grace--a--forthinvestment
http://www.afrik.com/article13716.html
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 98
SEWADE, B. PROBLÉMATIQUE DE L'ENTREPRENEURIAT EN
AFRIQUE DE L'OUEST : LES TROIS DÉFIS DES CRÉATEURS DES PME/PMI.
La nation : quotidien national d'information. (2015, mai).
Démographie en Afrique de
l'ouest
PANAPRESS. (2008). 450 millions d'habitants en Afrique de l'Ouest
en 2025. PANAPRESS.
VIDEOS
Exemples concrets d'entrepreneurs
CECI, Change des vies/ Change lives. (2015, février).
Portrait de Papis Bakary Coly, jeune entrepreneur sénégalais en
aviculture:
https://www.youtube.com/watch?v=jJE85jo2eyk
SOLANO, M. L. (2015, AVRIL). Guinée, Un recyclage
innovant. Reportage Africa 24. Consulté à l'adresse
https://www.youtube.com/watch?v=--Jhc6STiXr0
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 99
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 100
Remerciements 4
Avant--Propos 5
Listes Acronymes et Abréviations 6
Introduction 7
Chapitre I. Cadre théorique, conceptuel et
méthodologique 16
PARTIE 1 : Cadre conceptuel et théorique 17
A. L'économie sociale et solidaire : concept et
théorie 17
i) Concept et théorie : économie sociale 17
ii) Concept et théorie : économie solidaire 18
B. Une démarche entrepreneuriale 18
C. L'entrepreneuriat dans l'ESS pour les pays du SUD (Afrique de
l'ouest) 20
PARTIE 2 : Problématique et Cadre méthodologique
21
A. Problématique 21
B. Méthodologie 23
Conclusion : 24
Chapitre II: La place de l'entrepreneuriat dans
l'économie Africaine 25
Partie I : Les caractéristiques fortes des
économies ouest--africaines 26
A. Une économie informelle ayant un fort impact 26
B. Les initiatives informelles commencent à
intégrer l'économie formelle grâce à des acteurs
importants de l'ESS 29
i. Les ONG 30
ii. Les initiatives prises par les jeunes africains 32
iii. Les femmes dynamiques 33
iv. Les banques 34
v. Les caisses d'épargnes 35
vi. Les institutions de microcrédits 35
vii. La diaspora africaine 36
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 101
viii. Les coopératives 36
PARTIE 2 : Les avantages de cette nouvelle économie
entrepreneuriale 39
A. L'entrepreneuriat sociale et solidaire: un levier de
croissance 39
i. L'essor des initiatives entrepreneuriales et leur impact
39
ii. Un exemple pour illustrer un entrepreneur africain 40
B. Le leadership féminin en plein essor en Afrique 40
Conclusion : 43
Chapitre III : Les obstacles à l'initiative
entrepreneuriale dans le contexte Ouest-- africain 44
PARTIE 1 : Les facteurs multidimensionnels qui freinent le
développement de l'entrepreneuriat ouest-
africain 46
A. Les différents aléas freinant l'essor de
l'entrepreneuriat des acteurs 46
B. La microfinance en réponse au manque de financement,
est un outil complémentaire aux
banques 47
PARTIE 2 : Une diaspora désireuse d'entreprendre et de
rentrer dans le pays d'origine se trouve saisie
de crainte 49
A. L'absence d'un cadre incitatif pour le retour de la diaspora
et une fuite de cerveaux réelle 49
B. SIAD Midi-Pyrénées 51
i) Contexte du projet SIAD et sa pertinence 51
ii) Objectifs du SIAD sur les années à venir 52
iii) Réalisation d'une enquête qualitative 52
iv) Résultat de l'enquête et préconisations
53
Conclusion : 56
Chapitre IV : La contribution de l'ESS dans le
développement des pays Ouest africain ? 57
PARTIE 1 : Réfléchir sur un dispositif de
formalisation pour le « bien-être » de l'économie
africaine 58
A. Diagnostic des obstacles économiques qui freinent sa
croissance optimale 58
B. L'économie sociale et solidaire un moteur pour une
meilleure économie ouest africaine 59
PARTIE 2 : Des solutions envisageables : formation et production
locale soutenue 61
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 102
Conclusion 64
Conclusion Générale 65
Annexes 68
TABLE DES ANNEXES 69
Glossaire 89
Bibliographie 94
OUVRAGE 94
REVUES 94
TRAVAUX ACADEMIQUES 95
RAPPORTS DE COLLOQUES 96
SITES WEB 96
PAGES DE JOURNAL ELECTRONIQUE 97
VIDEOS 98
L'entrepreneuriat moteur économique -- La place de
l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de l'ouest 103
L'entrepreneuriat moteur économique
-- La place de l'ESS dans l'entrepreneuriat en Afrique de
l'ouest 104
RESUME
Ce mémoire se propose d'étudier la dynamique de
« l'entrepreneuriat », concept novateur en Afrique de l'Ouest, dans
le champ tout aussi novateur de l'Economie Sociale et Solidaire (ESS). La
situation économique ouest-africaine étant inquiétante, il
est nécessaire de songer à une nouvelle stratégie pour y
remédier. C'est de là que nous est venu la problématique
suivante: comment l'entrepreneuriat dans le secteur de l'ESS
peut--il être un facteur développement en Afrique de
l'ouest? L'objectif serait d'accompagner les initiatives
entrepreneuriales des acteurs africains afin qu'elles contribuent à
l'économie d'une meilleure manière car il s'avère qu'elles
se déroulent principalement dans le secteur informel.
Ayant souhaité prolonger la réflexion, plusieurs
questions ont été soulevées: quelle place occupe
l'entrepreneuriat dans les économies ouest-africaines ? Quels sont les
facteurs qui entravent le développement de l'entrepreneuriat et sa
contribution à l'économie ouest- africaine ? Comment faire pour
que l'ESS soit un atout pour les économies ouest-africaines?
Notre étude nous a donc permis de répondre
à ces questions en évoquant plusieurs facteurs: la
démographie, la sécurité alimentaire, la création
d'emplois l'éducation, l'accès aux financements, la microfinance,
la création de structures sociales et solidaires, l'autonomisation des
femmes, l'insertion professionnelle...
Beaucoup reste à faire en Afrique de l'Ouest pour
arriver à un développement de qualité, mais ensemble nous
y arriverons...
This dissertation intends to study the dynamic of
entrepreneurship, a pioneering concept in West Africa, in the just as
pioneering field of Sustainable and Solidarity Economy (SSE). The West-African
economic situation is alarming; it is necessary to consider a new strategy to
find a solution. Hence our problematic: how can entrepreneurship in SSE be a
factor of development in West Africa? The aim would be to accompany African
initiatives so they contribute to national economies in a better way, for most
of these initiatives take place in the black-market.
In order to draw out our thought, other questions were raised:
what place does entrepreneurship occupy in West African economies? What can be
an obstacle to its development and its contribution to West African economies?
How can we make it an asset for these economies?
Our work allowed us to answer these questions through the
evocation of other factors: demography, food security, job creation, education,
access to capital, microfinance, creation of SSE structures, empowerment of
women, professional integration...
Much remains to be done in West Africa to get to a quality
development, but together we will get there ...
|