CHAPITRE V
V.- CONCLUSION ET RECOMMANDATIONS
5.1.- Conclusion
Il est peut-être impossible de cerner
de façon synoptique, exhaustive, tous les travaux réalisés
dans la Plaine du Cul de Sac en vue de l'exploitation de la réserve en
eau de cette dernière. Toutefois, la question des réserves en eau
est une question de taille. De plus, l'exploitation de la nappe va
croissant.
Dans le cas où la Plaine parviendrait à
connaître une série d'années à pluviométrie
déficitaire, les réserves en eau pourraient diminuer davantage,
ce qui contribuerait à aggraver la situation. Certes, il est apparu au
cours de cette étude que les prélèvements actuels ne sont
pas près d'atteindre les limites des réserves exploitables de la
nappe, toutefois, un jour viendra rapidement où il ne sera plus possible
d'accroître encore l'exploitation de la nappe de la Plaine du Cul de Sac,
sans mettre en danger la qualité de l'eau dans les zones qui sont
proches de la mer. Par qualité de l'eau on peut voir notamment la
salinisation de la nappe. En effet, il ne faut pas oublier que la nappe en
question est située dans une zone côtière, c'est pour dire
que le risque d'intrusion d'eau de mer dans l'aquifère est fort
possible. Durant les années 90, il semblerait que la nappe ne courait
pas de danger grave si l'on croit à un spécialiste qui a
mené des mesures de piézométrie ponctuelles en 1992.
Cependant, vu le rythme actuel d'exploitation de cette nappe, l'absence totale
de gestion et l'affection de manière tout à fait négative
des paramètres d'infiltration ou de recharge du réservoir, il est
évident que d'ici peu la tendance sera inversée. La nappe sera
vidée de son eau et le niveau piézométrique de la mer sera
supérieur. Ainsi, il va y avoir un mouvement d'eau qui se fera de la mer
vers la nappe. Ce processus va entraîner la salinisation de l'eau de la
nappe et par remontées capillaires, les sols de la région vont
être aussi affectés par le sel et deviendront inaptes à
l'activité agricole là où c'était encore
possible.
L'affaissement des sols pourrait être aussi une
conséquence négative de la surexploitation de la nappe. En effet,
dans un terrain aquifère tous les vides du sol sont remplis par de
l'eau. Cette eau qui constitue l'une des composantes les plus importantes en
volume du réservoir, reçoit en grande partie la charge qui se
trouve au dessus du réservoir. De ce fait lorsque la nappe est remplie
on ne court aucun risque car la réaction de l'eau équilibre la
charge de dessus.
De nos jours, le pompage abusif de la nappe en question,
couplé d'une recharge insuffisante à cause de l'urbanisation,
risque de nuire à l'équilibre des recharges. En effet, l'eau
puisée et qui n'est pas remplacée par l'eau d'infiltration va
laisser derrière elle un vide qui, un jour ou l'autre, peut être
la cause de l'affaissement du sol. Et les conséquences qui en
découlent, seront catastrophiques. Ce sera semblable à un choc
provoqué par un séisme. A coup sûr toutes les constructions
se trouvant dans l'aire de recharge de la nappe seront effondrées ou
endommagées dans le meilleur des cas.
Tout ce qu'on vient d'évoquer ce ne sont que les
impacts les plus directs, mais à coté de ceux-là, c'est
toute la communauté Port-au-Princienne actuelle et les
générations futures qui paieront les conséquences, car
elles seront privées de ce précieux liquide sans lequel leur
bien-être sera compromis, d'autant plus que globalement les populations
n'arrêtent pas d'augmenter.
Il est unanimement reconnu que les premiers pas dans la
gestion d'une nappe d'eau souterraine sont l'évaluation de la surface
d'alimentation de l'aquifère, l'estimation du volume d'eau
emmagasiné dans ce réservoir souterrain et l'installation de
matériels de suivis piézométrique. Ainsi, à un
rythme d'exploitation imposée on peut se rendre compte avec une relative
précision de l'évolution des fluctuations de la réserve et
donc prendre des mesures adéquates quand cela s'avère
nécessaire. Malheureusement, aucune action n'est menée en ce
sens, ce qui est très dangereux.
De cette façon, le champs est laissé libre aux
exploitants de la nappe de puiser l'eau comme bon leur semble selon la
capacité maximale de leur dispositif de pompage, sans se soucier des
problèmes qui puissent être engendrés par une telle
ignorance.
De nos jours, Cet aspect de la question constitue le plus
grand problème. Sans aucun permis, n'importe qui peut installer ses
dispositifs de pompage et siphonne des tonnes d'eau impossible d'évaluer
et ce au jour le jour.
Les stations de pompage sont légion dans la Plaine du
Cul de Sac, et leur nombre n'arrête pas d'augmenter. Avec la demande en
eau de consommation qui devient de plus en plus croissante à cause de
l'augmentation vertigineuse de la population de la zone métropolitaine
et de la défaillance de la CAMEP, ces micros entreprises deviennent de
plus en plus abondantes. Dans les années à venir, si aucune
initiative n'est prise afin d'instaurer certaines règles pouvant
régir l'exploitation anarchique et abusive de ces entreprises, les
conséquences du degré d'exploitation pourraient encore
s'aggraver.
Il devient évident que le danger de surexploitation de
la nappe de la Plaine du Cul de Sac est une réalité et qu'il
requiert l'attention de tous, donc la gestion de la nappe s'impose. Une gestion
qui sera possible par la mise en place d'un observatoire d'où
émaneront les principes et les conditions d'une exploitation
raisonnée des réserves. De plus, il est nécessaire
d'envisager dès maintenant de faire appel au complément d'autres
ressources mobilisables dans la région de la Plaine du Cul de Sac.
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