CHAPITRE DEUXIEME : DE LA SITUATION DE LA
PAUVRETE DANS LA TSHOPO
La majorité de la population congolaise est pauvre et
cette pauvreté présente plusieurs facettes à savoir :
faible revenu, insatisfaction des besoins alimentaires, incapacité
d'accéder aux soins de santé et à la scolarisation,
incapacité de se loger décemment, etc. Dans l'ensemble,
l'incidence de la pauvreté est de 71,3% et la consommation des plus
pauvres représente à peine 7,8% de la consommation nationale.
Au cours de chapitre, nous allons nous efforcer à
présenter la situation générale de la pauvreté en
RDC. Il portera deux sections, dont la première se fondera sur
l'incidence de la pauvreté et la seconde portera sur la mise en oeuvre
des Objectifs du Millénaire pour le Développement en RDC.
SECTION Ière : DE L'INCIDENCE DE LA PAUVRETE
Dans cette section, nous allons aborder les
caractéristiques générales de la pauvreté
(§1), ensuite nous présenterons la statistique du
niveau pauvreté dans l'ex Province Orientale
(§2), et enfin nous allons circonscrire la pauvreté
et ses corollaires (§3).
§1. Des caractéristiques
générales de la pauvreté
En République Démocratique du Congo, la
pauvreté est devenue un phénomène de masse. Elle frappe
toutes les catégories sociales tant du milieu urbain que du milieu
rural.
A. Pauvreté et condition de vie des
ménages
Il nous revient à ce niveau de présenter le
profil de pauvreté monétaire, de l'incidence globale de la
pauvreté ainsi que les disparités qui règnent au sein des
groupes sociodémographiques.
1. Profil de pauvreté monétaire
Le seuil de pauvreté monétaire est la somme de
deux seuils, à savoir le seuil de pauvreté alimentaire et le
seuil de pauvreté non alimentaire. Pour être conforme avec
l'approche retenue en 2005, l'estimation du seuil de pauvreté
monétaire a été faite selon le clivage urbain et rural, en
regroupant sous la classification urbain les villes et les cités.
Le seuil de pauvreté alimentaire est
évalué à partir de la consommation calorique, plus
précisément, le seuil de pauvreté alimentaire correspond
à la dépense devant être réalisée pour
satisfaire un besoin journalier de 2300 calorie par adulte rapporté
à l'année. Alors que le seuil de pauvreté non alimentaire
qui correspond au minimum que doit
avoir un adulte pour couvrir d'autres besoins essentiels non
alimentaires, et qui équivaut au renoncement à la consommation
alimentaire additionnel.
Ainsi, le seuil de pauvreté alimentaire pour
l'année 2012 est de 356 585,40 FC pour le milieu urbain contre 260
481,50 FC pour le milieu rural. Le seuil de pauvreté non alimentaire
quant à lui est évalué à 512 624,9 FC en milieu
urbain et 318 767 FC en milieu rural. Ce montant représente la moyenne
de la consommation non alimentaire par équivalent adulte calculée
chez la population pour laquelle la dépense totale par équivalent
adulte se trouve dans l'intervalle de #177;15% du seuil de pauvreté
alimentaire.
2. Incidence globale30
D'après les résultats de l'enquête, la
pauvreté monétaire s'est améliorée entre 2005 et
2012 en République Démocratique du Congo. L'incidence de
pauvreté (P0) a baissé presque de huit (7,9) points, passant de
71,34 à 63,40 % sur sept ans, la profondeur de la pauvreté (P1)
passe quant à elle de 32,3% à 26,5%, soit 6 points en baisse,
tandis que la sévérité de la pauvreté (P2) a
également diminué de 4 points, passant de 18,5% à 14.5 %
entre les deux périodes.31
La situation dans l'ensemble du pays montre que la
pauvreté touche différemment les ménages selon qu'ils sont
dirigés par un homme ou une femme. Il ressort que 56% des ménages
dont le chef est un homme sont pauvres alors que l'on compte 49% des
ménages pauvres parmi les ménages dont le chef est une femme. Il
y a donc lieu de confirmer qu'en RDC, la pauvreté frappe plus les hommes
(64,0%) que les femmes (60,3%) pris individuellement.
30 Les instruments traditionnels de mesure de la
pauvreté (indices de Foster-Greer-Thorbecke) permettent de chiffrer
trois indices de pauvreté: (i) l'incidence de la pauvreté (P0)
qui traduit dans une population donnée la proportion des pauvres (en %),
(ii) la profondeur de la pauvreté (P1) qui constitue un indicateur
d'intensité de la pauvreté, le fossé qui sépare les
pauvres de non-pauvres et permet d'estimer le financement nécessaire
pour éliminer la pauvreté d'un coup dans des conditions de
parfait ciblage de la pauvreté, et (iii) la
sévérité de la pauvreté (P2) qui mesure le
degré d'aversion d'une société pour la pauvreté et
mesure l'inégalité entre les pauvres
31 République Démocratique du Congo,
Ministère de plan et de suivi de mise en oeuvre de la révolution
de la modernité, résultats de l'enquête sur l'emploi,
le secteur informel et sur la consommation des ménages, rapport global
final, septembre 2012, p 100
Graphique 1 : Niveau de pauvreté par milieu
de résidence entre 2005 et 2012
40
80
70
60
50
30
20
10
0
Urbain
Rural RDC
2005
2012
Selon le milieu de résidence, les
évaluations montrent que la pauvreté a plus reculé en
milieu rural qu'en milieu urbain. En effet, comme l'illustre le graphique
ci-dessus, la pauvreté a baissé de 10,6 points
en milieu rural, passant de 7 5,8% en 2005 à 65,2% en 2012. Tandis qu'en
milieu urbain, elle est passée de 61,8% en 2005 à 60,4% en 2012,
soit un recul de 1,4 point.
3. Disparités au sein des groupes
sociodémographiques
La relation entre le niveau d'instruction du chef de
ménage et les indices de la pauvreté atteste l'idée selon
laquelle l'éducation améliore le niveau de vie des
ménages. En RDC, la majorité des pauvres (59,7%) se retrouve
parmi les ménages dont le chef de famille a un niveau primaire alors
qu'on en compte 25,9% des ménages pauvres parmi les ménages dont
le chef est de niveau universitaire. Cette situation est similaire à
celle de 2005. Cette tendance se confirme aussi bien au niveau individuel qu'au
niveau des ménages.
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