Conclusion
La présente étude avait pour objectif de
ressortir la singularité des NTIC en Afrique noire en l'illustrant avec
l'exemple du téléphone portable dans la ville de Lomé. A
cet effet, il a été supposé que le succès qu'a
connu le téléphone mobile, dès son introduction dans un
contexte socioéconomique et technique défavorable dans la ville
de Lomé, s'explique par son utilité et les différentes
représentations que se font les loméens de cette nouvelle
technologie de la communication. Cette thèse part du constat du
développement fulgurant qu'a connu le téléphone mobile
dans la ville de Lomé depuis son avènement en 1998. Ce constat
relève d'un paradoxe en ce sens que la ville de Lomé eu
égard aux pratiques sociales (relations basées sur la
primauté du contact physique), aux revenus et au niveau d'instruction
relativement faible de sa population, au manque d'infrastructures
adaptées et à l'existence d'un environnement
politico-économique non favorable à la concurrence (gage de la
baise des prix de communication), n'était pas favorable à sa
vulgarisation.
Ce paradoxe a été au coeur de la
problématique de cette étude et nous a conduit à
l'élucidation des facteurs explicatifs de cette situation. Pour ce
faire, nous avons adopté une démarche méthodologique
basée sur une approche explicative et descriptive (méthode
quantitative) et une approche compréhensive (méthode qualitative)
et fait usage des techniques de collecte de données et d'analyse
appropriées à chacune des approches.
S'inspirant des théories des déterminants
psychosociaux et de l'acceptation technologique, il ressort de cette
étude que la disponibilité (prix abordable), la stratégie
adoptée par les opérateurs de téléphonie mobile
(cartes de recharges prépayées et accessibles pour tous), la
relative facilité d'utilisation (même ceux qui ont des
difficultés bénéficient de l'aide d'un proche) sont des
facteurs qui favorisent l'adoption du téléphone portable par les
loméens. Ce moyens de communication à travers sa
multifonctionnalité est utilisé à des fins diverses
(calculatrice, appareil photo, réveil, outil de travail...) et
répond surtout aux besoins communicationnels des usagers. Par cette
fonction, cet outil permet aux usagers de rester en permanente communication
par abolition de la distance et renforce ainsi les liens sociaux entre eux. En
ce sens il est facteur d'intégration social.
Il ya aussi l'aspect lié à l'image que les gens
se font de cette nouvelle technologie de la communication. Disposer de cet
outil n'est plus la seule préoccupation. Il faut au- delà de sa
possession se faire remarquer et se distinguer des autres à travers la
marque, le nombre ou encore l'actualité de son appareil
téléphonique. C'est un outil, un facteur de distinction social.
Cette représentation, parce que partagée par l'ensemble de la
population, favorise l'adoption de cet outil moderne de communication.
Il faut aussi noter que la téléphonie mobile,
même si elle n'est pas la solution magique aux problèmes que
connaît la population de Lomé et du Togo dans l'ensemble; elle
n'en constitue pas moins un début de solution aux problèmes de
développement : multiplication de petites et moyennes entreprise,
forte activité autour des cartes de recharge et objets
dérivés au mobile, facteur d'intégration,
désenclavement des villes et villages, etc., constituent des signes
positifs dans le processus de développement. Toutefois, son usage
engendre des coûts non négligeables constituant une charge pour
les usagers les moins nantis ; c'est aussi une source de
déséquilibre de l'intimité, d'accident de circulation ou
encore d'arnaques de tous ordres.
Il convient alors aux décideurs politiques d'adopter
des stratégies appropriées pour en faire un véritable
outil de développement. L'on pourra à cet effet créer un
environnement favorable à la concurrence et ouvrir le marché
à d'autres opérateurs ; prendre des mesures relatives
à la baisse des coûts de communication qui comparativement aux
autres pays voisins restent encore élevés.
Au total, tous les objectifs assignés à cette
étude ont été tous atteints et toutes les
hypothèses vérifiées. Mais, il convient toutefois de noter
que les insuffisances relatives à la méthodologie, et aux
difficultés de terrain ne nous ont pas permis de mettre à jours
tous les facteurs explicatifs à l'adoption rapide du
téléphone portable dans la ville de Lomé. Aussi n'avons
nous pas pris en compte des aspects liés aux mutations sociales
nées de l'introduction du téléphone portable dans la ville
de Lomé. A cet effet des études plus étendues prenant en
compte ces aspects et les insuffisances du présent mémoire
doivent être envisagées dans la perspective d'une thèse.
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