Dédicace
À mon ami, FIKOU Gnon
Je dédie ce travail
Remerciements
Ce mémoire à été
réalisé avec le soutien et l'aide de plusieurs personnes que nous
tenons à remercier vivement.
Nous tenons d'abord à remercier notre directeur
de recherche, le Professeur SAMBIANI Dago Djabéna Pierre, Maître
de Conférences de sociologie urbaine à l'Université de
Lomé, pour son sens de partage de connaissances et pour le sacrifice
consenti dans l'encadrement de ce travail.
Nous disons également merci à :
- tous les membres du jury pour avoir accepté lire
et évaluer ce travail ;
- tous les enseignants-chercheurs du Département de
Sociologie, des autres Départements et Ecoles de l'Université de
Lomé et à tous les autres enseignants-chercheurs des
Universités soeurs pour leur sens de partage de
connaissances ;
- monsieur NAPO Gbati, Assistant de sociologie des
média et de la communication à l'Université de
Lomé ;
- tous les camarades de la promotion du DEA
pluridisciplinaire de la FLESH 2009-2010 ;
- notre très chère, TAGBA Sayi, pour tout
son soutien et ses encouragements ;
- notre papa, GNANE G. Pondikpa et à notre maman,
NATCHIPOU Aléwa, dont les soins et le soutien ne nous ont jamais fait
défaut ;
- notre cousin Gabriel, notre frère Gafard et
à notre ami Djabarou et sa femme Sandra ;
- Tous nos amis de l'ONG, Agence Adventiste d'Aide et de
Développement (ADRA-Togo) ;
- tout nos frères et amis d'Ernesto's
club ;
- tout le personnel de l'ONG Aides Médicales et
Charité (AMC).
Que tous ceux qui ont participé de diverses
manières à la réalisation de ce mémoire trouvent
ici l'expression de nos profonds et sincères remerciements.
Sommaire
Pages
LISTE DES
ACRONYMES..................................................................5
INTRODUCTION...................................................................................6
PREMIERE PARTIE : LES CADRES LA
RECHERCHE................................9
CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE DE LA
RECHERCHE............10
CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DU CADRE PHYSIQUE ET
METHODOLOGIQUE............................................................
.........42
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES DONNEES,
INTERPRETATION ET DISCUSSION DES
RESULTATS............................52
CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION ET ANALYSE DES
DONNEES......................................................................................53
CHAPITRE QUATRIEME : INTERPRETATION DES
RESULTATS..............73
CONCLUSION..................................................................................87
BIBLIOGRAPHIE.............................................................................90
WEBOGRAPHIE.............................................................................92
LISTE DES TABLEAUX
...................................................................95
LISTE DES
GRAPHIQUES..........................................................................97
ANNEXES
...............................................................................................................98
TABLE DES
MATIERES...................................................................105
Liste des acronymes
CFA : Communauté
Financière Africaine
FLESH : Faculté des Lettres
et Sciences Humaines
GSM : Global System Mobile
GSMA : Global System Mobile
Association
IP
: Internet Protocol (Protocole Internet)
NTIC : Nouvelles
Technologies de l'Information et de la Communication
OCDE
: Organisation de Coopération et de Développement
Economique
ONG : Organisation Non
Gouvernementale
OPTT : Office des Postes
et Télécommunication du Togo
PAS : Programmes
d'Ajustement Structurel
PIB : Produit
Intérieur Bruite
SMS : Short Message Service
(Service de messages courts)
TIC : Technologies de
l'Information et de la Communication
UIT :
Union Internationale de Télécommunication (ITU en
anglais)
WWW :
World Wide
Web
Introduction
Depuis quelques années, les nouveaux moyens et outils
de communication ont fait leur entrée en Afrique. Aujourd'hui, de
nombreuses régions de ce continent sont connectées à
Internet et couvertes par des réseaux de téléphonie
mobile. Parmi ces Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication (NTIC), le téléphone mobile a connu un
succès fulgurant.
Lorsque les premiers réseaux mobiles ont
été mis en service en Afrique, il y a vingt ans, rares
étaient ceux qui pensaient que le téléphone portable
deviendrait l'outil de communication le plus préféré dans
la région. En 1989, seule la République Sud-Africaine avait un
réseau cellulaire mobile opérationnel et la région
comptait moins de 4 000 abonnements. Il a fallu sept années pour
dépasser le chiffre d'un million d'abonnements à la
téléphonie mobile. L'augmentation du nombre d'abonnements
à la téléphonie cellulaire au cours des cinq
dernières années a fait mentir toutes les prévisions et
l'Afrique reste la région où la progression de la
téléphonie mobile a été la plus forte. A la fin de
l'année 2008, on comptait, en Afrique, 246 millions d'abonnements
mobiles, avec un taux de pénétration qui est passé de 5%
en 2003 à plus de 30% aujourd'hui. Le nombre élevé
d'abonnements à la téléphonie cellulaire mobile par
rapport au nombre de lignes téléphoniques fixes et le fort taux
de croissance de la téléphonie cellulaire mobile donnent à
penser que l'Afrique a montré la voie en ce qui concerne le passage de
la téléphonie fixe à la téléphonie mobile,
tendance que l'on observe dans le monde entier (UIT, 2009).
La couverture de la téléphonie mobile est assez
remarquable dans la plupart des zones urbaines de l'Afrique comme c'est le cas
de la ville de Lomé au Togo, pays où le taux de
pénétration du téléphone mobile s'estimait à
23% en 2008 (UIT, idem). Dans cette ville, l'adoption et la diffusion du
téléphone mobile est aussi rapide que dans les autres villes
Africaines ; cet outil est présent dans presque tous les
ménages et utilisé par toutes les couches socioprofessionnelles
de la population.
Ce constat nous amène à la question de savoir
comment ce moyen de communication est-il parvenu à suscité autant
d'engouement en Afrique et particulièrement dans la ville de
Lomé ? Comment le téléphone portable à t-il
réussit dans un environnement qui ne lui était pas
favorable ?
La capitale togolaise comme la plupart des autres capitales
des pays de l'Afrique subsaharienne d'ailleurs, se caractérise
malgré l'influence du mode de vie occidental, par l'importance que les
uns et les autres accordent à l'oralité et au contact face-
à- face, c'est-à-dire au contact physique (Goffman, 1972).
L'Afrique compte parmi les rares continents dans lesquels les liens entre les
individus demeurent soudés. Au Gabon par exemple (et dans bien d'autres
pays africains encore), les gens parcourent des kilomètres parfois
à pied, pour se rendre visite. Or, si elle subsiste en Occident, cette
manière de vivre la relation semble avoir fait son temps. Le lien
social, par médias interposés (courrier, minitel,
téléphone, etc.) dans les pays industrialisés, s'est
depuis longtemps inscrit dans les moeurs. La primauté donnée au
face-à-face par les Africains justifie sans nul doute la critique faite
à la relation par médias interposés. Le jugement fait
à ce genre de relation se manifeste par des exclamations du genre :
«il a [seulement] téléphoné», ou
«il n'a passé qu' [un simple] coup de fil» la
préférence étant que la personne se présente
physiquement. Assurément pour les peuples d'Afrique le fait de se voir
face- à -face garde encore toutes ses lettres de noblesse (Modandi,
2005).
A cette réalité, s'ajoute le fait que de
nombreuses personnes sont encore analphabètes1(*) et vivent dans un état de
pauvreté2(*) qui ne
leur permet pas de satisfaire leurs besoins de subsistance. Or, l'acquisition
et l'usage du téléphone portable requiert un minimum de
connaissance (instruction) et d'investissement (achat de l'appareil, achat des
cartes prépayées...). L'on note aussi dans la ville de
Lomé, l'absence de véritables infrastructures de base
nécessaires à l'utilisation des moyens modernes de communication
et d'un environnement socio économique et culturel non propice à
l'implantation des compagnies de téléphonie mobile.
Dans ces conditions, la logique aurait voulu que le
téléphone portable ait du mal à réussir son
expansion dans la ville de Lomé, ce qui n'est pas le cas. C'est le
constat de ce paradoxe qui nous amène à nous interroger sur un
certain nombre de points qui constituent notre problématique.
Ce travail, loin d'être pionnier dans le domaine, se
veut une recherche sociologique basée sur les approches explicatives et
descriptives visant à élucider et à mettre à jour
les facteurs explicatifs de la vulgarisation et de l'engouement pour le
téléphone mobile dans la ville de Lomé.
Pour mener à bien cette recherche, il s'est
avéré nécessaire de la structurer en deux grandes parties.
La première, subdivisée en deux chapitres, est
réservée aux cadres de la recherche. Elle présente le
cadre théorique et conceptuel, quelques caractéristiques du cadre
de l'étude et le cadre méthodologique.
La deuxième partie comporte, elle aussi, deux
chapitres et est consacrée à la présentation et à
l'analyse des données. Elle comporte également
l'interprétation des résultats et la discussion de ces
résultats.
PREMIERE PARTIE : LES CADRES DE LA RECHERCHE
CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE DE LA
RECHERCHE
1.1-Intérêt de l'étude
Ce travail s'inscrit dans le vaste champ des recherches sur la
ville et la communication. Il s'intéresse à la singularité
des NTIC en Afrique et plus particulièrement dans la ville de
Lomé au Togo. Les raisons de son choix peuvent être situées
à trois niveaux : motivations personnelles pour le sujet,
intérêts scientifique et pratique.
Les motivations personnelles qui nous ont conduits au choix de
ce sujet résident dans une certaine mesure, dans notre désir
d'approfondir nos connaissances dans le domaine de la sociologie urbaine
à travers un aspect particulier (ville et communication).
Le premier intérêt de cette recherche est d'ordre
théorique et scientifique. En effet, les pays africains se sont ouverts
aux TIC dans les années 1990. Depuis, les africains ont
témoigné leur intérêt pour ces nouvelles
technologies et surtout pour le téléphone mobile. Ainsi, à
l'instar des autres continents, le téléphone mobile connaît
en Afrique un succès qui dépasse les prévisions les plus
pessimistes, succès plus immédiat que celui de l'Internet
(Chéneau-Loquay, 2001). Dès lors, de nombreuses études ont
été réalisées pour souligner entre autres, cette
expansion rapide du téléphone mobile, expliquer les modes
d'usage et d'appropriation de cette nouvelle technologie, mettre en exergue
les transformations sociales induites par les NTIC ou encore illustrer le
contexte de paupérisation, d'analphabétisme et d'inexistence des
infrastructures physiques de base indispensables à la vulgarisation des
NTIC (Chéneau-Loquay, 2001 et 2004 ; Do-Nascimento, 2004 ;
Alzouma, 2008 ;Dibakana, 2008).
Les quelques années d'expérience d'utilisation
des TIC en Afrique ont montré qu'elles sont plus localisées en
milieu urbain (Chéneau-Loquay, 2004). L'émergence de ces
Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) est donc un
phénomène urbain et appelle l'attention du sociologue de la
ville. Pour L. Wirth (cité par Grafmayer et Joseph) :
« Le problème central du sociologue de la
ville est de découvrir les formes types d'action et d'organisation
sociales qui émergent dans des implantations relativement permanentes et
denses d'individus hétérogènes » (Grafmayer
et Joseph, 2004 :264).
Perplexe devant l'évolution fulgurante du
téléphone mobile dans un contexte qui ne lui était pas en
principe favorable en Afrique noire, nous voulons, dans une perspective
théorique, élucider les facteurs explicatifs de ce
phénomène à Lomé. Cette étude est donc une
étape d'un processus de recherche pouvant amener à des
connaissances plus approfondies et étendre les champs de
réflexions des chercheurs sur les facteurs de la révolution des
TIC en Afrique.
Le deuxième intérêt du choix de ce sujet
est d'ordre pratique. Elle réside dans notre désir d'approfondir
les réflexions sur certains problèmes nés de
l'introduction et de l'évolution des TIC ou à en faire un
facteur de développement des villes africaines. Car, pour être
pertinent et efficace, la régulation du phénomène urbain,
qu'il s'agisse du développement territorial en général, de
politique sectorielle ou de gestion de problèmes urbains, suppose une
connaissance de la ville en tant que telle, de l'alchimie d'ingrédients
qui font sa richesse et son attrait.
L'intérêt pratique de ce travail réside
donc dans le fait qu'il pourra constituer une source d'inspiration à
l'élaboration d'actions par les pouvoirs publics et leurs partenaires,
susceptible de réguler les problèmes urbains (liés aux
TIC), de manière innovante et dans le cadre du développement
durable.
1.2- Problématique de l'étude
Au cours des trois dernières décennies, il est
apparu indéniable que les progrès des
télécommunications et de la microélectronique,
résultat de la révolution industrielle associée aux
NTIC, ont révolutionné le monde moderne. Les changements rapides
enregistrés dans tous les domaines de la vie sont à mettre
à l'actif de cette révolution technologique. On peut dire avec
Barlow (1996), Negroponte (1996) et Castells (1997), que les NTIC sont au coeur
des transformations qui affectent les sociétés modernes. Pour ces
auteurs, la notion de société de l'information est aussi
née de cette idée que des changements pareils à ceux qui
ont marqué l'humanité avec l'avènement de
l'écriture et l'invention de la machine à imprimer sont
actuellement en cours et qu'ils sont tout ce qu'il y a de plus
révolutionnaire ; ils touchent toutes les sphères de la
société.
Les TIC (Internet, téléphone mobile...) se sont
développées et diffusées à un rythme
effréné sur toute la planète. Même si l'on peut
remarquer des disparités régionales en termes de
disponibilité, d'expansion ou encore en termes d'usage et de mode
d'acquisition, il est aujourd'hui incontestable d'affirmer que ces
technologies, TIC envahissent extraordinairement le monde.
D'après les dernières statistiques de l'Union
Internationale des Télécommunications (UIT), le secteur des TIC
connaît, dans beaucoup de régions du monde, une croissance rapide,
alimentée essentiellement par la téléphonie mobile. Ces
données, prévisions et analyses très complètes
montrent en effet que le marché de la téléphonie mobile
poursuit son essor, puisque le nombre d'abonnés dans le monde a atteint
4,6 Milliard soit 67% de la population mondiale à la fin de
l'année 2009 (UIT, 2009).
En Afrique, depuis leur introduction dans les années
1990, le paysage des NTIC a connu un changement spectaculaire grâce
à l'action internationale à travers les accords
multilatéraux. Cette action de développement a suivi le mouvement
et les orientations établis par les conventions et traités.
L'expansion rapide des TIC a été en grande partie
encouragée et soutenue de l'extérieur (pays occidentaux) comme
cela fut le cas de la radio et de la télévision dans les
années 1960. Les Etats africains se sont donc ouverts aux NTIC dans le
contexte des années 1990. Un contexte de l'afro-pessimisme qui a suivi
la faillite des modèles de développement et la dégradation
des indicateurs sociaux consécutifs aux Programmes d'Ajustement
Structurel (PAS) des décennies précédentes. Un
afro-pessimisme que l'opinion politique, les experts et les Gouvernements en
Occident ont traduit par une perception de l'urgence humanitaire et de la lutte
contre la pauvreté. Cette ouverture des Etats africains aux TIC n'a pas
manqué de susciter auprès de certains acteurs de la
coopération internationale, l'espoir que ces outils puissent jouer sur
ce continent le rôle d'un levier d'accélération du
progrès socioéconomique (Do-Nascimento, op.cit).
En 1990, seuls trois pays du Maghreb, l'Egypte, l'Afrique du
sud, le Zaïre (actuelle République Démocratique du Congo) et
le Gabon avaient les systèmes de téléphonie mobile. Cinq
ans après, le nombre d'abonnés au téléphone mobile
atteignait celui du téléphone fixe dans cinq pays (Botswana
50% ; Côte d'Ivoire 54% ; Rwanda 50% ; Afrique du Sud
49% ; Ouganda 50%) et il ne restait plus que certains pays de la frange
sahélienne (Tchad, Erythrée, Somalie...) qui n'étaient pas
encore concernés par la mise en place des réseaux de
téléphonie mobile (Chéneau - Loquay, 2001). A partir de
l'année 2004, l'UIT, (2004) soulignait que l'Afrique est la partie du
monde où la progression de l'utilisation de la téléphonie
mobile est la plus rapide au monde. Cette observation de l'UIT est d'une
certaine manière soutenue par les rapports de la GSMA (2007).
D'après les données de cette association, au cours de la seule
année 2007, plus de soixante dix millions de nouveaux utilisateurs de la
téléphonie mobile se sont ajoutés à ceux qui
existaient déjà, élevant le nombre total d'utilisateurs du
téléphone mobile à deux cent quatre vingt deux millions
(258 000 000) en Afrique.
En 2009, les abonnements aux larges bandes mobiles vont
à plus de quatre cent millions en Afrique (UIT, 2009). La
rapidité de la diffusion des NTIC en Afrique s'est surtout traduite par
une prolifération du téléphone mobile dans les grandes
villes. Pour Alzouma l'adoption du téléphone mobile en
particulier est l'un des phénomènes les plus saillants de ce que
certains média présentent comme une révolution.
Poursuivant son analyse il affirme que : « ...dans les
villes, et dans une moindre mesure dans certaines campagnes, beaucoup de jeunes
et vieux, de femmes et d'hommes, de riches et de pauvres ont fait leur, cet
instrument de communication avec une rapidité qui a étonné
tous les observateurs » (Alzouma, 2008 :39).
L'Afrique s'est donc engagée sur les autoroutes de
l'information à travers l'utilisation du téléphone
portable. En dépit de la fracture numérique qui restitue
l'existence d'un fossé économique entre les utilisateurs du Nord
et ceux des pays en voie de développement, l'accroissement de la
consommation des services liés aux technologies de l'information et de
la communication est donc devenue important.
Le Togo n'est pas restée en marge de cette expansion de
la téléphonie mobile. Cet outil de communication a
été introduit dans ce pays en 1998 par la société
TOGOCELLULAIRE, le premier opérateur de téléphonie mobile
(filiale de la société TOGO TELECOM) dont le réseau couvre
95% de la population, et 75% du territoire dont Lomé la capitale
(TOGOCEL INFO, mai/juin 2008). Structure à composante étatique,
cette société a été secondée plus tard par
un second operateur privé Telecel Togo, qui cédera sa place
à la société Moov Togo du groupe Atlantis Telecom. Ces
compagnies assurent aujourd'hui l'offre des services liés à la
téléphonie mobile dont l'expansion rapide est plus remarquable
à Lomé, la plus grande agglomération urbaine du Togo.
Pour la compagnie TOGOCELLULAIRE, le nombre d'abonnés
est passé de 14.600 en 1998 à 380.001 en 2005 pour atteindre
820807 à la fin de l'année 2007 (TOGOCEL INFO, idem). Ces
chiffres témoignent de l'adoption rapide de cet outil de communication
par les togolais en général et les loméens en particulier.
Appelé « portable » ou encore
« cellulaire », cet outil de communication a
été très rapidement intégré dans les
habitudes et les différentes pratiques quotidiennes des populations. Il
est présent dans presque tous les ménages où l'on en fait
plusieurs usages (appel, envoi de SMS, navigation sur le web,
chronomètre...). Son utilisation est rentrée dans les moeurs et
n'est plus l'apanage d'une classe sociale privilégiée ou d'une
tranche d'âge et a introduit de nouveaux concepts dans le langage, des
nouvelles formes de sociabilités, bref des changements sociaux.
Cette vulgarisation rapide du téléphone mobile
dans la ville de Lomé tout comme dans toutes les autres villes de
l'Afrique noire revêt un caractère particulier et contradictoire.
Ceci parce que les TIC, en général, ont été
introduites dans ces milieux dans un contexte de morosité
économique caractérisée par un endettement très
élevé des pays et une stagnation, voire une régression de
la croissance économique, de manque d'infrastructures électriques
et téléphoniques indispensables au fonctionnement de ces
TIC3(*)
(Kokou ,2009 ; Dibakana, 2008). Néanmoins, l'utilisation
et la consommation des services liés aux TIC vont connaître une
croissance très importante notamment dans l'utilisation de la
téléphonie mobile dans cette partie du monde.
Ce constat, replacé dans le contexte de la ville de
Lomé, nous amène à poser plusieurs questions de
recherche.
1.3- Questions de recherche
1.3.1-Question générale de recherche
Comment peut-on expliquer le paradoxe de l'adoption et de l'expansion rapide du
téléphone mobile dans un environnement socio économique,
culturel et technique a priori défavorable à sa diffusion ?
1.3.2-Questions spécifiques de recherche
Les questions spécifiques de recherche sont :
1. Qu'est-ce qui a influencé la réussite du
téléphone mobile dans la ville de Lomé malgré un
environnement socio économique culturel et technique
défavorable ?
2. Quels sont les besoins des populations auxquels le
téléphone mobile permet de répondre ?
3. Comment le téléphone mobile est-il
perçu par les utilisateurs loméens ?
4. Qu'est-ce qui a pu susciter son engouement pour les
populations loméennes ?
1.4-Les hypothèses
Tout travail de recherche scientifique doit se structurer et
se fonder sur une ou plusieurs hypothèses, qui selon Guidère
: « Constitue une explication admise temporairement concernant
des phénomènes donnés et cela, jusqu'à sa
confirmation ou sa réfutation par l'expérience ou par la
démonstration » (Guidère, 2004 : 72).
Ainsi donc, la présente recherche s'articule autour de
plusieurs hypothèses.
1.4.1-Hypothèse principale
Le paradoxe de l'adoption et de l'expansion rapide du
téléphone mobile à Lomé s'explique par son
utilité et les représentations que se font les loméens de
cette nouvelle technologie de la communication.
1.4.2-Hypothèses secondaires
Elles sont les suivantes :
1. Le succès du téléphone mobile dans la
ville de Lomé, malgré un environnement socio économique,
technique et culturel défavorable, est influencé par son
utilité (répond à des besoins pratiques et
communicationnels des loméens) ;
2. L'engouement pour le téléphone mobile
à Lomé est déterminé par sa possession qui est
considérée comme une marque de distinction et de prestige.
1.5-Les objectifs de la recherche
1.5.1-L'objectif général
Cette étude a pour principal objectif d'élucider
le contexte économique, social et technique dans lequel est apparu le
téléphone mobile tout en mettant en évidence les
principaux facteurs de sa vulgarisation dans la ville de Lomé.
1.5.2-Les objectifs spécifiques
De manière spécifique, cette étude vise
à :
- Analyser les infrastructures de communication
téléphonique à Lomé ;
- Analyser les principaux facteurs explicatifs de l'engouement
pour le téléphone portable dans la ville de Lomé ;
- Identifier et analyser les différents usages du
téléphone mobile à Lomé ;
- Analyser les différentes perceptions qui font du
téléphone mobile, un instrument de prestige et de reconnaissance
sociale ;
- Identifier les stratégies d'acquisition et
d'appropriation du téléphone portable dans la ville de
Lomé.
1.6-Choix et justification des variables et
indicateurs
1.6.1-Variable dépendante
La variable dépendante retenue dans le cadre de cette
étude est : « le paradoxe de l'adoption et de l'expansion
rapide du téléphone mobile à
Lomé ».
1.6.2-Variables modératrices
Ces variables sont relatives aux profils et aux
caractéristiques sociodémographiques des individus. Elles peuvent
êtres très déterminantes dans l'adoption ou l'usage des
TIC.
· Sexe
Permet d'analyser l'influence du genre dans l'adoption du
téléphone portable. Les usages du téléphone
portable et la maîtrise de leur utilisation peuvent prendre des variantes
selon qu'on soit en présence des individus de sexe masculin ou des
individus de sexe féminin. Les femmes et les hommes en raison des
différents rôles qu'ils sont amenés à jouer
conformément à leurs statuts n'utiliseront pas le
téléphone portable à des mêmes fins ni à une
même fréquence.
· Age
Cette variable intervient dans cette analyse en ce sens
qu'elle permet de catégoriser la population étudiée en
différentes tranches d'âge en tenant compte du degré
d'adoption et des différents usages fait des technologies de
l'information et de la communication. Les plus jeunes par exemple utiliseront
plus le téléphone portable pour l'envoi des messages, appareil
photographique, lecteur de musique (vidéo ou audio), pour la navigation
sur le web etc. Ils seront donc plus poussés contrairement aux plus
âgés à adopter les appareils téléphoniques
capables d'assurer ces fonctionnalités.
· Revenu
Le revenu d'un individu est très déterminant
dans sa décision d'adopter une innovation. Cette variable peut
déterminer le type du téléphone portable adopté. En
effet les prix des appareils téléphoniques
(téléphone mobile) varient selon leurs caractéristiques
(appareil avec multimédia, appareil capable de supporter deux
réseaux téléphoniques...) et fonctionnalités. Plus
l'appareil est sophistiqué plus son prix est élevé.
· Niveau d'instruction
Lorsqu'une personne comprend ou maîtrise l'utilisation
d'une technologie, il est plus disposé à l'adopter par rapport
à celui qui ne maîtrise pas l'utilisation de cette technologie. Or
la maîtrise et la compréhension de l'utilisation d'une technologie
généralement consignée dans une notice peuvent être
très fortement liées au niveau d'instruction du potentiel
utilisateur. Ainsi donc le niveau d'instruction d'un individu peut être
déterminant dans l'adoption du téléphone portable et peut
déterminer les usages qu'il fera de cette nouvelle technologie de
l'information et de la communication.
· Profession
L'activité exercée par un individu joue un
rôle déterminant dans ses besoins de communication. Un chef
d'entreprise et homme d'affaires qui a plus besoin de rester en permanente
communication avec des dizaines de clients ou fournisseurs et avec son bureau
lorsqu'il voyage, n'a pas de toute évidence les mêmes besoins de
communication qu'un producteur saisonnier de tomates qui ne dispose que de
quelques clients. Ces besoins de communications variables selon le
métier exercé peuvent influer l'adoption et la fréquence
d'utilisation. Le téléphone portable dans ce cadre peut se
révéler plus utile à certaines catégories
professionnelles qu'à d'autres.
1.6.3-Variables indépendantes
· Influence sociale
Désigne la place du groupe social dans l'adoption du
téléphone portable. L'on peut être amené à
adopter le téléphone portable pour des besoins de prestige et
d'intégration à son groupe social d'appartenance.
· Utilité
Le téléphone portable au regard de ses
caractéristiques est utilisé pour répondre à divers
besoins (communiquer pour maintenir ses relations avec des amis et proches,
maintenir la clientèle, gagner du temps dans la recherche de
l'information...). Ces utilités que l'on peut espérer de l'usage
du téléphone portable déterminent son adoption par les
individus qui espèrent tirer un maximum de profits.
· Facilité d'utilisation
Plus l'utilisation d'une innovation est facile plus facile
sera son adoption. C'est donc une variable déterminante dans l'adoption
et l'utilisation du téléphone portable.
· Perception
Cette variable peut se révéler très
déterminante dans l'explication de la vulgarisation du
téléphone portable dans la ville de Lomé. Elle renvoie
à la manière dont l'individu perçoit la possession du
téléphone mobile. Cette possession peut être pour
l'individu facteur de prestige ou d'intégration sociale ; elle peut
aussi renvoyer au désir de donner une bonne image de soi aux autres et
de ne pas se sentir différent et inférieur aux autres.
1.6.4- Les indicateurs
· Taux de pénétration du
téléphone mobile
Le taux de pénétration indique et permet
d'apprécier la vitesse à laquelle la technologie est
adoptée et le nombre de nouveaux abonnés.
· Les infrastructures techniques de la
téléphonie mobile
Elles indiquent la couverture du territoire par les
réseaux téléphoniques et donc la tranche de la population
couverte.
· Disponibilité du téléphone
mobile sur le marché
Indique l'ampleur de la demande et le degré de
vulgarisation du téléphone mobile.
· Le nombre des opérateurs de
téléphonie mobile
Le nombre d'opérateurs de téléphonie
mobile est révélateur des opportunités offertes par le
marché de la téléphonie. Les opérateurs envahissent
les marchés (territoires) quand celui-ci est favorable (plus de
demandes).
· Nombre d'abonnés à la
téléphonie mobile
Permet d'apprécier l'ampleur de l'adoption et du
succès du téléphone portable au sein d'une population.
· Les différents types
d'usages
Montrent les différents usages faits du
téléphone portable et ses capacités à
répondre aux besoins des utilisateurs.
1.7- Revue critique et thématique de la
littérature
Cette partie est essentiellement consacrée à la
recension des écrits se rapportant au présent sujet de recherche.
En effet de nombreuses recherches ont été réalisées
dans le domaine de l'adoption et de la vulgarisation des Nouvelles Technologies
de l'Information et de la Communication et particulièrement du
téléphone mobile. Cette démarche a donc pour but de faire
un bilan critique (état des lieux) de certains travaux significatifs qui
ont été réalisés dans ce domaine. C'est une
occasion pour nous de connaître la portée des concepts, de
découvrir les théories les plus explicatives des faits
observés et de participer de cette manière au débat
scientifique pour l'avancement des connaissances dans le domaine de la
sociologie urbaine et de la communication.
Les recherches réalisées dans le domaine des
usages des médias et des technologies se caractérisent par une
grande variété, à la fois dans les objets de recherches
privilégiés, les problématiques développées
et dans les positions théoriques qui les fondent. Nous subdivisons pour
notre part cette revue en deux grandes parties :
- La première est consacrée à quelques
approches explicatives de l'adoption des NTIC ;
- La deuxième partie est réservée
à la place des NTIC dans la problématique du développement
en Afrique.
1.7.1- Approches explicatives de l'adoption des NTIC
L'invention et la diffusion des Nouvelles Technologies de
l'Information et de la Communication ont généré, chez les
chercheurs, un large éventail d'idées et de points de vue sur la
façon dont elles sont adoptées et diffusées au sein d'un
groupe social. On peut diviser les prises de positions et les orientations
épistémologiques qui les sous-tendent en plusieurs
catégories. Mais dans le cadre de ce travail, nous avons retenu quatre
approches explicatives de l'adoption des NTIC.
1.7.1.1-Le paradigme diffusionniste
Le paradigme diffusionniste ou encore le modèle de la
diffusion date de la fin des années 1980. Les recherches qui
relèvent de ce type d'approche, analysent l'adoption d'une innovation
technologique au moment de sa diffusion, c'est-à-dire sans prêter
attention à l'étape de la conception de la technologie
étudiée. Le paradigme diffusionniste est né du paradigme
de la diffusion des innovations dont le principal instigateur est Rogers
(1962). Les travaux de ce dernier s'inscrivent dans une longue tradition
anthropologique placée sous le nom de
« diffusionnisme ». Kroeber (cité par Belanger,
1992), le père du diffusionnisme s'est intéressé à
la pénétration des innovations dans le tissu culturel.
Dans ce modèle qui contribue considérablement
à alimenter les connaissances sur la façon dont une innovation
circule à travers les réseaux sociaux, l'adoption est
perçue comme un processus caractérisé par plusieurs
phases, c'est-à-dire de l'exposition de l'usager à l'innovation
jusqu'à la confirmation ou le rejet de l'adoption.
Selon Rogers (op.cit), les caractéristiques de
l'innovation telles que perçues par les individus déterminent son
taux d'adoption et dans ce cadre, les médias et donc l'information joue
un rôle important, mais la communication interpersonnelle est
déterminante dans le processus de prise de décision quant
à l'adoption d'une innovation. Faisant appel à d'autres approches
théoriques comme celle de la mondialisation, le paradigme
diffusionniste identifie cinq attributs caractérisant une
innovation : son avantage relatif, sa compatibilité avec les
valeurs du groupe d'appartenance, sa complexité, la possibilité
de la tester, et sa visibilité. Les usagers sont classés selon
cinq profils types : les innovateurs, les premiers utilisateurs, la
première majorité, la deuxième majorité et les
retardataires. Cette typologie permet de suivre l'évolution du taux
d'adoption (qui décrit une courbe en forme de S). Le profil des
adoptants passerait d'un groupe marginal à un groupe plus large
d'adoptant, puis à un bassin de plus en plus représentatif de la
population en général.
Pour Flichy (1995), l'intérêt majeur du
modèle diffusionniste est d'avoir permis de décrire tout le
réseau social de circulation d'une innovation au sein d'une
société. En définitive, Rogers et ses partisans partent du
principe qu'il suffit d'introduire une technologie au sein d'un groupe pour que
celui-ci l'adopte soit dans l'immédiat ou à un rythme plus lent.
La technologie finit par s'imposer aux individus passifs. L'adoption d'une
technologie est facilitée par le discours de l'action et des promoteurs
qui magnifient ses bienfaits.
Replacée dans le cadre de l'adoption du
téléphone mobile, cette théorie implique qu'il suffit que
l'information soit divulguée sur cette technologie, et son adoption se
fera progressivement et parfois par le biais de ses promoteurs que sont les
opérateurs de téléphonie mobile à travers la
publicité.
Néanmoins, ce modèle de la diffusion en raison
de son déterminisme technologique a fait l'objet de nombreuses
critiques. Parmi les plus courantes, on peut citer le caractère
pro-innovateur de cette théorie, en particulier en ce qui concerne la
typologie des adoptants en « types- idéaux » (Bardini, 1996).
La présence de ce biais empêche de tenir compte
des phénomènes d'abandon après l'adoption, pourtant
très importants dans l'analyse ; l'usager peut décider en
effet de rejeter l'innovation à n'importe quel moment, et pas seulement
lors de la prise de décision.
La critique majeure faite au modèle diffusionniste
concerne le statut de la technique. Selon Boullier (1989), Rogers a
contribué à propager une conception fausse de la notion de
diffusion, à savoir celle selon laquelle la diffusion d'une innovation
interviendrait seulement lorsque l'innovation est achevée et prête
à être adoptée. Cette vision positiviste de la technologie
révèle une passivité chez les usagers, qui acceptent
l'innovation. Ce n'est qu'à la troisième édition de sa
théorie que Rogers a intégré la notion de «
réinvention » pour rendre compte de la façon dont les
usagers modifient le dispositif qu'ils adoptent.
En définitive, le paradigme diffusionniste met en avant
le caractère déterministe d'une innovation technologique qui
finit par s'imposer aux membres (considérés comme passifs) d'un
groupe social où il a été introduit. Mais, cette
théorie ne tient compte que des aspects techniques lors de la diffusion
d'une innovation technologique, occultant ainsi la dimension sociale,
très chère au modèle de la traduction.
1.7.1.2-Le modèle de l'innovation ou de la
traduction
Les recherches regroupées sous le label de la
sociologie de l'innovation ou de la traduction s'attachent à
l'étude des processus d'innovations techniques, c'est-à-dire au
moment particulier de la conception des innovations, qui implique les prises de
décision et des choix d'ordre technique, social, économique et
politique. Le courant de l'innovation est représenté par les
sociologues (Callon, Latour, Akrick) du Centre de Sociologie de l'Innovation
(CSI) de l'Ecole des Mines de Paris (EMP), dont les recherches s'inscrivent
aussi dans l'école de la traduction. Pour la plupart, ces travaux
s'appuient sur des études de cas d'innovations techniques qui n'ont pas
réussi à s'imposer. Dans cette perspective, l'accent est aussi
mis sur la nécessité d'impliquer l'usager potentiel dès le
moment de la conception de l'objet technique, ceci pour maximiser les chances
pour cet objet d'être adopté avec succès (Millerand,
1998).
C'est cette idée que semblent marteler Vedel (1994) et
Vitalis (1994) en développant une sociopolitique des usages qui plaide
pour une réintégration au moment de la conception, de la figure
du citoyen dans le modèle de l'usager qui a une position
particulière définie par ses besoins et désirs.
L'une des préoccupations des tenants de ce courant et
particulièrement ceux de l'école de la traduction, consiste
à dénombrer la dimension sociale de l'innovation technique et
à identifier le jeu d'interaction des divers acteurs qui participent
à l'élaboration de l'innovation. Ils s'inscrivent principalement
du socioconstructivisme qui s'attache à montrer en quoi la
validité d'une proposition scientifique ne relevait pas seulement
d'arguments techniques ; mais résultait également de
négociations et de débats au sein de la communauté
scientifique (Millerand, idem).
Le modèle de l'innovation ou de la traduction
contrairement au paradigme diffusionniste ne fait pas de l'usager un acteur
passif, déterminé par la technologie ; c'est un coproducteur
de technologies dont la conception doit tenir compte de ses besoins et
désirs pour une adoption massive et réussie de la technologie en
question.
Dans le cas des NTIC et du téléphone mobile en
particulier, il faut alors tenir compte et associer les potentiels usagers dans
la phase de conception pour assurer leur adoption massive.
Cependant, même si cette approche réussit
à démontrer comment le dispositif prend en charge les actions
futures de l'utilisateur, elle ne permet pas d'en restituer les pratiques
effectives. Elle ne tient pas compte du fait que les acteurs qui contribuent
à la phase de conception de l'objet technologique par exemple n'ont pas
les mêmes compétences, vivent dans des cadres sociaux
différents et ont chacun des stratégies (rationalité) et
donc ne participent pas de la même manière ou, parfois ne
contribuent pas du tout à la conception de l'objet d'innovation.
Ce sont ces insuffisances que tente de combler la
théorie des déterminants psychosociaux en prenant en compte les
facteurs liés aux cadres de vie (culturels, économiques...) des
usagers, dans l'explication de leur adoption d'une technologie.
1.7.1.3-La théorie des déterminants
psychosociaux
La théorie des déterminants psychosociaux
considère que l'adoption d'une technologie est déterminée
par des facteurs liés à l'individu appartenant à un
groupe, à une culture et à un environnement qui influencent ses
attitudes et ses motivations. Cette théorie utilisée aussi en
psychologie sociale fait référence à l'influence sociale
et à la motivation sociale pour expliquer l'adoption d'une
technologie.
Fischer (2003), l'une des tenants de ce courant de
pensée met l'accent sur l'influence sociale qui modifie selon lui
le comportement ou les croyances d'un individu sous l'effet d'une coercition
réelle, imaginaire ou volontaire exercée par une personne ou un
groupe de personnes. L'individu dans cette situation est amené à
adopter un modèle de comportement sous l'influence de son groupe social
d'appartenance ou sous l'influence d'un leader. Pour cet auteur, l'influence
sociale s'exprime sous la forme de la normalisation ou sous la forme de la
conformité. La normalisation désigne le fait pour un individu de
se conformer aux normes mises en place par son groupe social d'appartenance
dans le but d'être accepté et jugé positivement par les
autres membres du groupe. Ces normes auxquelles se conforme l'individu peuvent
être absentes au départ dans le mode de vie du groupe, mais
finissent, par les influences mutuelles, par s'imposer progressivement. La
conformité quant à elle désigne l'incapacité de
l'homme d'évoluer en dehors de son environnement immédiat qui lui
impose ses manières de faire.
Dans la même perspective, Mayo (Cité par Mousli,
2007) met l'accent sur la motivation sociale de l'individu qui dans ses
manières de faire, cherche à devenir visible aux yeux des autres,
à obtenir considération et reconnaissance et à
développer un sentiment d'appartenance. Dans ces conditions, il se
conforme aux pratiques et au modèle de comportement dominant dans son
cadre social de vie.
Replacée dans le contexte de l'adoption des NTIC, cette
théorie nous amène alors à considérer l'adoption
d'une technologie par un individu comme déterminée par son groupe
social d'appartenance auquel il cherche à s'intégrer et à
être accepté et même considéré.
Portant son analyse sur la particularité des NTIC en
Afrique noire, Dibakana (op.cit) fait remarquer que dans cette partie du monde,
l'utilisation du téléphone portable remplit d'abord des fonctions
de distinction et de reconnaissance sociale. Le téléphone
portable permet non seulement de situer socialement ses consommateurs, mais
également leur permet de se situer par rapport aux autres membres de la
société ; de montrer leur appartenance à telle
classe, leur distance par rapport à telle autre.
Il ressort de l'analyse précédente que la
théorie des déterminants psychosociaux s'inscrit dans une
certaine mesure dans l'holisme sociologique prôné par Durkheim
(2004), l'un des pères fondateurs de la sociologie, qui considère
que les comportements de chaque individu sont déterminés par des
normes et règles de son groupe social d'appartenance qui exerce une
contrainte sur lui.
La théorie des déterminants psychosociaux,
même si elle permet de tenir compte de l'influence du groupe sur le
comportement de l'individu à l'occasion de l'adoption d'une nouvelle
technologie, contribue à confiner celui-ci dans un déterminisme
psychosocial et ne tient pas compte de son caractère rationnel et
calculateur. L'individu en effet adoptera une technologie en tenant compte des
moyens à mettre en oeuvre pour acquérir cette technologie et de
ses intérêts et surtout de l'utilité éventuelle de
cet outil.
Pour comprendre ce caractère rationnel et calculateur
de l'individu dans son adoption d'une innovation technologique, nous ferons
appel pour la suite, au modèle de l'acceptation technologique.
1.7.1.4-Le modèle de l'acceptation
technologique
Ce modèle s'inscrit en faux contre la tendance à
considérer l'individu comme un acteur passif sous l'emprise d'un
déterminisme technologique comme le soutient le diffusionnisme ou sous
l'emprise des déterminants psychosociaux. Pour eux, l'individu
opère des choix et adopte des comportements sur la base d'un calcul
rationnel en termes d'investissement et de gain.
Pour les tenants de ce modèle d'analyse, l'adoption
d'une technologie ne passe pas par sa mise à disposition, il faut en
réalité que les destinataires soient rassurés que cette
technologie répondra à leurs besoins et qu'ils aient les moyens
de l'adopter.
Appliquant le modèle de l'acceptation technologique
(TAM) à l'adoption et à l'usage des TIC, Davis (Davis et al,
1989) se base sur deux croyances ; l'utilité perçue et la
facilité d'utilisation perçue. Ces deux croyances expliquent les
comportements d'adoption des TIC par les individus. L'adoption d'une
technologie par un individu ou un groupe social est donc favorisée par
l'aspect utilitaire de la technologie perçue. Si l'utilisation de cette
technologie répond à leurs besoins, ils sont disposés
à l'adopter.
En nous replaçant dans le contexte de l'Afrique, nous
pouvons constater que l'expérience africaine de la
téléphonie mobile montre que plusieurs facteurs ont concouru et
concourent toujours largement à son développement. Il s'agit du
caractère utilitariste du téléphone mobile, du
caractère hyper relationnel du tissu social africain et de la
stratégie des opérateurs économiques.
Dans un premier temps, cette innovation dans les usages est
l'expression d'un rapport foncièrement utilitariste que les populations
africaines entretiennent à l'égard du téléphone
portable et des NTIC en général. Ce rapport utilitariste
découle des caractéristiques même de leur environnement
politique et économique (Do-Nascimento, op.cit). En effet, il
apparaît qu'en Afrique les desseins d'appropriation des NTIC
répondent à des desseins caractéristiques de
sociétés marquées par la pénurie. Ces desseins sont
: d'une part, la recherche de palliatifs aux carences de l'environnement
politique et économique ; d'autre part, la quête permanente
d'opportunités au sein d'un espace social de développement
inégal. Dans un tel contexte socio-économique, l'adoption des
NTIC répond à un besoin spécifique. Celui d'accéder
à des ressources qui amplifient la marge de manoeuvre des acteurs
sociaux à l'endroit d'un environnement politique et économique
caractérisé par la pénurie. Pénurie des
infrastructures, des prestations d'intérêt général,
des libertés publiques, des emplois, des soins et des aliments etc.
Les usages du téléphone portable en Afrique
confirment cette analyse de Do-Nascimento (idem). Ainsi, le
téléphone portable en Afrique, comme tous les NTIC en
général, apporte une réponse moderne, c'est-à-dire
efficiente, à une problématique d'origine et d'expression locale.
En l'espèce, la recherche de moyens qui affranchissent des pesanteurs
d'un contexte politique et économique caractérisé par la
pénurie. Par cette fonction, le téléphone portable comme
vecteur de la communication, présente en Afrique une utilité
sociale qui lui affecte une valeur d'usage sans commune mesure. Cette valeur
d'usage l'élève à la qualité d'un bien
d'intérêt public ; en ce sens que sa diffusion permet
à une majorité de citoyens en Afrique non seulement de jouir
enfin de leur droit citoyen à la communication, mais aussi de
s'affranchir de certaines pesanteurs d'un contexte politique et
économique caractérisé par la pénurie.
En deuxième lieu, l'adaptation des opérateurs
économiques au profil du consommateur africain a largement
contribué à la diffusion du téléphone portable en
Afrique. La majorité des consommateurs africains appartient au secteur
informel. Or, au sein de ce secteur, le consommateur ne réunit pas les
instruments de paiement habituels dans les transactions du secteur formel :
chéquiers, comptes bancaires, prélèvement automatique etc.
Pour ne pas s'aliéner cette fraction majoritaire des consommateurs
potentiels, les opérateurs de la téléphonie mobile en
Afrique ont adopté et généralisé le système
de paiement par la carte prépayée. Selon Blanchard (2004)
l'utilisation des cartes prépayées par opposition aux formules
avec abonnement mensuel, représentant jusqu'à 90 % des
abonnés dans certains pays, permet une meilleure maîtrise des
dépenses par l'usager et simplifie grandement pour l'opérateur la
gestion de sa base de clients.
Le système des cartes à prépaiement est
intéressant dans des pays où les revenus sont faibles et
où l'on préfère généralement tout
régler d'avance. Pour les opérateurs, les services à
prépaiement réduisent le risque du crédit, et pour les
consommateurs qui parfois ne réunissent pas les conditions requises pour
disposer d'un service d'abonnement, le service mobile devient accessible. En
effet, un nombre croissant de réseaux mobiles africains sont uniquement
à prépaiement, tandis qu'à l'échelle du continent,
quatre abonnés sur cinq utilisent des services à
prépaiement, soit près du double de la moyenne mondiale (UIT,
2001).
Notons en dernière position que le ressort interne du
développement de la téléphonie mobile en Afrique
réside dans le caractère hyper relationnel des
sociétés africaines. Celles-ci présentent en effet une
disposition contingente à un usage intensif du téléphone
en raison d'un tissu social hyper relationnel. L'individu en Afrique (il faut
le noter) est inséré dans un tissu relationnel extrêmement
dense. Ce tissu est constitué par deux réseaux : un réseau
familial et un réseau amical. A l'intérieur de ces deux
réseaux la communication interindividuelle est particulièrement
dense. L'individu en Afrique n'hésite pas à parcourir des
kilomètres à pied ou en voiture dans la journée pour
prendre des nouvelles ou donner des nouvelles à la parenté et aux
amis. Dans un tel contexte, l'arrivée du téléphone
portable ne pouvait que constituer une véritable opportunité. Il
affranchit de la contrainte kilométrique tout en maintenant
l'intensité du lien social, l'intensité du réseau
communicationnel. Dans un tel contexte hyper relationnel du tissu social, le
téléphone en soi ne pouvait qu'être porteur d'une valeur
d'usage sans commune mesure.
Mais en raison des carences du service public des
télécommunications en Afrique, jusqu'aux années 1980, la
majeure partie des populations africaines s'est retrouvée en marge de
cet outil moderne de communication. L'arrivée du téléphone
portable ne pouvait donc que bouleverser le tissu communicationnel en Afrique.
Elle a permis de satisfaire la demande sociale d'accès au
téléphone en palliant les carences des prestations du service
public des télécommunications (Do-Nascimento, op.cit).
De ces facteurs vient le succès inattendu du
marché du téléphone portable en Afrique. La
rapidité de mise en service de cet outil qui répond aux multiples
besoins pour l'usager l'a fait immédiatement apparaître aux
populations africaines comme un outil dont l'adoption vaut le sacrifice.
Ces exemples tirés du cas spécifique de
l'Afrique confirment alors l'importance de tenir compte de la
rationalité et du caractère calculateur de l'individu dans
l'explication de ses stratégies d'adoption d'une technologie.
Les modèles d'analyses qui s'inscrivent dans cette
logique peuvent être classés dans une perspective théorique
plus large, qui est, l'individualisme méthodologique et de l'analyse
stratégique qui reconnaissent ce caractère calculateur et
rationnel de l'homme.
Le modèle de l'acceptation technologique, même
s'il prend en compte les aspirations et motivations des individus dans leurs
stratégies d'adoption des NTIC, ne peut à elle seule servir de
modèle d'explication privilégié de l'adoption des
innovations.
Les NTIC, au regard de leur fulgurante vulgarisation à
travers tout le continent africain, suscite une importante interrogation, celle
de savoir si elles constituent une aubaine pour le développement de ce
continent ?
1.7.2-NTIC et développement en Afrique
L'introduction et la diffusion des NTIC en Afrique a
suscité chez de nombreux auteurs un éventail de point de vue sur
la contribution de celles-ci au développement de l'Afrique. L'on peut
regrouper les recherches réalisées à ce sujet en deux
groupes : d'un côté ceux qui estiment que les NTIC
contribuent de façon significative au développement du continent
noir, et de l'autre, ceux qui militent pour le pessimisme technologique.
1.7.2.1-Déterminisme technologique ou
technocentrisme
L'introduction des TIC en Afrique a développé
chez bien d'auteurs, l'idée selon laquelle l'utilisation de ces
technologies a sensiblement amélioré ou même
transformé certains domaines de la vie sociale sur ce continent
(éducation, santé, économie, politique...).
Dans un dossier spécial d'Afrique Report
consacré aux TIC en Afrique, Norbrook (Alzouma, op.cit) écrit par
exemple que La Banque Mondiale estime qu'une hausse de 10% du taux de
pénétration du téléphone mobile entraîne une
croissance du PIB de 0,6%, mettant à jour la stimulation énorme
en termes de productivité que les technologies de communication modernes
apportent à une économie. Ceci constitue un véritable
levier économique et un facteur de réduction de la
pauvreté.
Toujours dans le domaine économique, Tall (2004)
après analyse du paysage des TIC au Sénégal constate que
le téléphone mobile a favorisé la connexion de la famille
élargie particulièrement dans les régions rurales de ce
pays. Les échanges (notamment financiers) entre membres
éloignés et ceux restés au pays sont devenus plus nombreux
et plus réguliers. Dans la même perspective, il est aussi
important de noter que l'accès au téléphone mobile et aux
autres TIC peut rendre le paiement des envois plus fiable, plus efficient (avec
moins d'intermédiaires) et éventuellement plus régulier
parce que la communication aide à maintenir la famille étendue en
contact plus étroit à entendre T. Kelly (2004).
Sachs, directeur de la Earth Institute (Institut de la Terre)
à la « Columbia University » a aussi
récemment soutenu que le téléphone mobile est «
l'unique » technologie transformationnelle pour le
développement. Cette idée, selon Sachs, repose sur le fait que le
téléphone mobile est un puissant outil pour joindre les pauvres
là où ils sont tout en créant pour eux des
opportunités d'affaires. C'est en quelque sorte un moyen de briser
l'isolement économique en réintégrant les pauvres qui en
étaient exclus, dans les circuits du marché. Car ce qui avait
toujours défini la pauvreté rurale selon Sachs, c'était
l'absence de moyens de transport, d'infrastructures routières,
d'électricité pour des communautés qui vivaient
repliées sur elles-mêmes, en autarcie, sur la base d'une
économie de subsistance. Cette situation rendait impossible l'obtention
d'informations sur les prix des produits alimentaires dans les marchés
locaux ; elle empêchait également les paysans de joindre
rapidement l'hôpital en cas d'urgence ou d'avoir accès à
des opportunités d'affaires. Pour Sachs, le téléphone
mobile est un moyen de résoudre tous ces problèmes en permettant
aux usagers de trouver des clients pour leurs produits, de faire des commandes
ou d'obtenir des approvisionnements (Shiner, 2008).
D'après certains auteurs (Hahn et Kibora, 2008 ;
Donner, 2007), et à en croire Alzouma (op.cit), il y a par exemple un
changement notable des pratiques discursives observées chez les
utilisateurs. Les échanges tendent à être brefs et concis
et les salutations sont réduites au minimum. Les utilisateurs vont
jusqu'à « bipper » leurs interlocuteurs, comme on dit en
Afrique, c'est-à-dire à appeler, laisser sonner quelques instants
et raccrocher juste à temps pour se faire rappeler par ces derniers
(Donner, idem). Pour des organisations comme, le Fonds de Développement
des Nations Unies pour les Femmes, le téléphone mobile et les TIC
en général sont aussi vus comme des technologies pour
l'augmentation des capacités des femmes et l'égalité des
genres. Les radios rurales et le téléphone mobile sont
conçus comme de puissants outils pour l'éducation sexuelle, le
plaidoyer pour l'égalité des sexes, la lutte contre les violences
domestiques qui sont ainsi plus facilement reportées et
stigmatisées, tout autant que les opportunités d'affaires
ciblées en faveur des femmes (Women, 2000 et Beyond, 2005). C'est ainsi
qu'au Sénégal l'usage du téléphone mobile aurait
permis aux femmes rurales d'améliorer leur statut économique en
leur donnant les moyens d'écouler leurs produits agricoles. Plus
généralement, certains auteurs considèrent que les TIC ont
« libéré la parole » et créé de
nouveaux espaces de sociabilité où les possibilités de
contrôle et de répression étatiques autant que le
contrôle social ordinaire sont réduites (Ott, 1998).
Selon toujours Alzouma (op.cit), en dehors du
téléphone mobile, il y a peu d'exemples de technologies dont
l'usage est presque aussi répandu dans certains pays d'Afrique qu'en
Europe et s'il existe un domaine où, pour la première fois, le
fossé entre habitants des pays développés et habitants des
pays en développement semble en voie d'être comblé, c'est
bien celui-là.
Dans la perspective de l'optimisme technologique, les secteurs
auxquels des programmes et projets de développement centrés
autour du téléphone mobile sont aujourd'hui consacrés
apparaissent nombreux comme le souligne Alzouma (idem). En matière
d'éducation, il y a par exemple ce qu'on appelle le « mobile
e-Learning » (l'apprentissage par le téléphone mobile)
qui permettrait, selon ses promoteurs, de joindre les communautés
isolées, et de pallier à l'insuffisance de connectivité,
d'électricité ou d'infrastructures routières.
Dans le domaine de la santé l'application des TIC est
souvent abordée sous le terme général d'e-Heath
(e-santé) et correspond aux activités liées à la
télémédecine et à l'usage des technologies de
l'information et de la communication pour lutter contre le Sida ou même
les maladies des animaux. Ici, l'utilisation du téléphone mobile
est supposée permettre aux travailleurs de la santé
d'échanger des données et des informations sur les patients.
On trouve également l'e-Gouvernance (l'utilisation
des TIC pour améliorer les performances des administrations africaines,
les processus électoraux ou accroître la participation politique,
etc.). Ici aussi le téléphone mobile est censé jouer un
rôle croissant pour la transmission des résultats des
élections et la transparence des processus électoraux. Le Centre
pour la démocratie et la Technologie (Center for Democracy and
Technology) basé à Washington ainsi que de nombreuses autres
organisations sont actives en Afrique et participent à la «
promotion des valeurs démocratiques et des libertés
constitutionnelles » (site de la CDT) au travers du
téléphone mobile et des TIC en général.
Dans le domaine commercial on peut noter l'e-Business pour les
femmes rurales africaines, auxquels on peut ajouter l'e-Advocacy (ou
e-Plaidoyer en Français), l'e-Banking, etc. Dans tous ces domaines le
téléphone mobile est utilisé comme un moyen de lutte
contre la pauvreté (Alzouma, op.cit).
Le point commun à toutes ces entreprises et points de
vue de tous ces auteurs que nous venons de citer est la conviction que cet
outil de communication (et parfois cet outil à lui tout seul) va
permettre aux Africains de faire un bond de géant sur la voie du
développement. Ce point de vu n'est pas partagé par ceux que l'on
peut regrouper sous le courant du pessimisme technologique.
1.7.2.2-Pessimisme technologique ou dystocie
Les auteurs que l'on peut classer dans cette catégorie
des pessimistes technologiques ont une position plus nuancée et mettent
en doute l'idée selon laquelle l'introduction des TIC en Afrique est une
opportunité pour accéder au développement.
Pour Alzouma (idem), il est possible de replacer la
technologie dans le contexte socioéconomique et sociopolitique qui
oriente son usage et de montrer les limites lorsqu'elle n'est pas conçue
et appliquée dans une perspective intégrée qui prend en
compte le caractère multidimensionnel du développement. Alzouma
ne cherche pas à mettre en cause l'utilité du
téléphone mobile, d'internet et des ordinateurs pour le
développement de l'Afrique, mais à rappeler les conditions sous
lesquelles le déploiement technologique peut véritablement
contribuer au développement. Il critique le technocentrisme ou
déterminisme technologique qui sous-tend la démarche de beaucoup
d'organisations d'aide internationales, notamment l'idée très
répandue aujourd'hui que l'introduction du téléphone
mobile en particulier et des autres TIC en Afrique serait à l'origine de
transformations socioéconomiques miraculeuses, qu'elle
représenterait une révolution et que les TIC se suffiraient
à elles-mêmes pour résoudre tous les problèmes
auxquels sont confrontés les peuples africains.
Basant sa recherche sur une approche documentaire en analysant
surtout les données de l'Union internationale de
Télécommunication, l'auteur s'aperçoit donc que
l'entrée tant vantée de l'Afrique dans la société
de l'information ne repose que sur les chiffres de la pénétration
du téléphone mobile qui sont eux-mêmes marqués par
de fortes disparités entre pays. Pour ce qui concerne les autres
technologies, en particulier le téléphone fixe, les ordinateurs
et Internet, les chiffres demeurent particulièrement bas. C'est surtout
avec l'Internet que le contraste entre pays et au sein d'un même pays
entre couches et groupes sociaux, est le plus apparent notamment en raison des
coûts et des problèmes de formation qui rendent l'accès
à l'ordinateur et à Internet plus difficile. De plus, poursuit
l'auteur, pour utiliser l'ordinateur et Internet, il ne suffit pas de disposer
de l'instrument : il faut encore savoir lire et écrire.
Une bonne partie de la population africaine étant
analphabète dans les langues européennes en usage sur Internet,
elle ne peut accéder à cette technologie. Même lorsqu'ils
sont éduqués, le coût d'un ordinateur se
révèle généralement inaccessible pour
l'écrasante majorité des utilisateurs africains. C'est donc
l'usage collectif des ordinateurs qui est observé dans les
cybercafés ou sur les lieux de travail. Bien que les prix aient
baissé au cours de ces dernières années, l'ordinateur
reste encore inaccessible à une large majorité de la population
à la différence du téléphone mobile qui est
à la portée de beaucoup de bourses. Cette analyse amène
Alzouma à conclure que le fort taux de pénétration
d'objets techniques, isolé de tous les autres facteurs qui eux demeurent
très bas (taux d'instruction, revenu...) ne peut accomplir le miracle
tant prôné par le technocentrisme.
Pour soutenir sa position, Alzouma (op.cit) étend son
analyse à d'autres auteurs (Jagun, Heeks, Whalley et Kaplan) et constate
que les nombreuses études d'impact de la téléphonie mobile
sur la croissance et le développement portent exclusivement sur l'effet
d'un projet sur une communauté quelconque ou des producteurs
isolés de l'ensemble du contexte socio-économique dans lequel ils
évoluent. Les résultats sont souvent rapportés sous le
mode de la « success story » et sans
considération pour le reste de la société globale
où ils sont intégrés. Or le succès d'une
communauté dans un secteur particulier, dissocié de tous les
autres secteurs, ne traduit pas un développement pour cette
communauté et a fortiori pour la région ou le pays
d'où ses membres sont issus.
D'autres analyses se situant dans la perspective du pessimisme
technologique montrent que, dans bien des cas, les TIC, loin de réduire
les inégalités existantes, n'ont fait que les renforcer. En
Afrique, un fossé s'est creusé aujourd'hui entre ceux qui sont
allés à l'école moderne, de langue européenne et
qui sont à même d'utiliser Internet et ceux que l'introduction et
l'utilisation de plus en plus courante de cette technologie n'a fait que
marginaliser un peu plus. La barrière linguistique et
éducationnelle est à l'origine de deux types de
communautés nées de l'usage différentiel des TIC: ceux qui
sont capables de lire sont en mesure de s'intégrer à des
réseaux virtuels, de devenir membres de cybercommunautés tandis
que cette possibilité est exclue pour les analphabètes chez qui
l'usage de la téléphonie mobile tend plutôt à
recréer ou renforcer les réseaux de sociabilité et les
liens communautaires traditionnels, déjà existants: familles,
groupes d'amis, groupes professionnels et réseaux d'affaires. Il en est
ainsi parce que ceux qui ont un certain niveau d'instruction tendent à
utiliser l'e-mail, les forums de discussion en ligne, en plus du
téléphone mobile tandis que les analphabètes utilisent
surtout le téléphone portable. Cette césure se reproduit
également dans les communautés émigrées : pour
le premier groupe, « l'ère de l'information et de la communication
permet...de s'identifier à un espace élargi, qui dépasse
les frontières physiques. Il est aujourd'hui dans un contexte d'hyper
mobilité, qui est à la fois matériel, imaginé, et
virtuel. En revanche les analphabètes ne peuvent constituer un groupe
diasporique de même nature et sont limités aux réseaux de
sociabilité énumérés ci-dessus. S'ils constituent
une diaspora nationale au sein d'un pays étranger, leur appartenance au
réseau ne peut être maintenue que par la participation physique
aux réunions et cérémonies de toute sorte (Stebig et
Deverin, 2008). Ainsi donc l'introduction des TIC dans les
sociétés africaines contribuent à accentuer les
inégalités entre les couches sociales remettant ainsi en cause le
développement durable tant souhaité pour l'Afrique.
Nous ne saurions clore cette revue sans préciser
qu'elle nous a permis de rendre compte des principales théories
explicatives de la diffusion des technologies et des différentes
positions relatives à la place des NTIC dans le processus de
développement du continent africain. Cette revue nous a ainsi permis de
préciser nos hypothèses et d'inscrire notre démarche dans
un cadre théorique bien déterminé.
1.8-Choix du cadre de référence
théorique
L'adoption et la diffusion des nouvelles technologies a fait
l'objet de plusieurs analyses inscrites sous plusieurs courants de
pensées. Ce travail, dans la recherche de mise à jour des
facteurs explicatifs de l'explosion du téléphone portable dans la
ville de Lomé, ne saurait se faire en dehors d'une base théorique
antérieurement constituée. En effet pour Guidère :
« ...Avant de se constituer une méthode
personnelle, il faut s'acquérir et s'imprégner des
méthodes existantes. Nulle recherche ne peut émaner du
néant : elle s'inscrit nécessairement dans le prolongement
des études antérieures sur la question, en se positionnant pour
ou contre » (Guidère, 2004 : 27).
Après analyse des mérites et limites des
différentes théories de la diffusion des technologies
exposées dans la revue de la littérature, nous avons recours
à deux théories complémentaires : il s'agit de la
théorie des déterminants psychosociaux de Fisher (op.cit) et de
Mayo (cité par Mousli, op.cit) et du modèle de l'acceptation
technologique.
La première théorie nous permet de prendre en
compte l'influence du groupe sur l'adoption du téléphone portable
par les individus dans la ville de Lomé. La deuxième
théorie quant à elle nous permet, en dehors du
déterminisme prôné par la première théorie de
prendre en considération le caractère rationnel et calculateur
des individus dans le choix et l'adoption d'une technologie.
Ces deux théories en s'inscrivant sous les deux grands
paradigmes sociologiques à savoir le paradigme holistique (pour la
théorie des déterminants psychosociaux) et le paradigme
atomistique (pour le modèle de l'acceptation technologique) nous
permettent, à travers leur complémentarité,
d'élucider les facteurs explicatifs de l'adoption rapide du
téléphone mobile dans la ville de Lomé.
Cette partie laisse place à la définition des
concepts opératoires de cette recherche.
1.9-Définition des concepts
Cette partie de notre travail est essentiellement
consacrée à la définition des concepts jugés
importants pour la compréhension du sujet dans sa formulation et des
hypothèses telles que articulées.
· Adoption
L'adoption d'une technologie désigne dans le cadre de
ce travail, le fait pour un groupe social (les loméens), de faire sien
(par choix), une technologie, notamment le téléphone portable
sans être à l'origine de sa conception. Ceux-ci ont fini par
l'intégrer à leurs pratiques quotidiennes au point d'en faire
aujourd'hui, une nécessité.
· Afrique noire
L'Afrique noire, encore appelé
Afrique subsaharienne, est
principalement peuplée d'individus ayant la
peau de couleur noire.
Elle est à mettre en opposition avec l'
Afrique du Nord
(dite Afrique
blanche ) de
qui elle est séparée par le
Sahel.Cette partie de
l'Afrique est subdivisée en quatre sous-régions (
Afrique de
l'Ouest,
Afrique de l'Est,
Afrique centrale,
Afrique australe)
et est formée de 48
pays (îles comprises).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Afrique_noire
· Diffusion
Ce terme fait référence à la notion de
distribution. Elle
désigne la mise à disposition et la propagation d'un
produit (téléphone mobile) à travers un espace
donné. Il peut être aussi associé au concept de
vulgarisation pour désigner l'action de mettre les NTIC à la
portée (rendre accessible) du grand public.
· Illustration
Une illustration est une représentation graphique ou
picturale servant à décrire ou accompagner par image un
récit, un roman, une poésie, ou à appuyer un texte
informatif (scientifique, ou journalistique), une situation ou un fait, afin de
le rendre plus claire. Ainsi, avons-nous choisi de montrer (rendre plus claire)
la singularité des NTIC en Afrique noire à partir de l'exemple du
succès du téléphone portable dans la ville de Lomé.
· Innovation technologique
L'innovation se distingue d'une
invention ou
d'une
découverte
dans la mesure où elle s'inscrit dans une perspective applicative. Le
manuel d'Oslo de
l'Organisation de Coopération et de Développement Economique (
OCDE) propose les
définitions suivantes, dont la première (cadrant avec les NTIC)
est à considérer dans le cadre de ce mémoire :
« On entend par innovation technologique de produit la mise au
point/commercialisation d'un produit plus performant dans le but de fournir au
consommateur des services objectivement nouveaux ou améliorés.
Par innovation technologique de procédé, on entend la mise au
point/adoption de méthodes de production ou de distribution nouvelles ou
notablement améliorées. Elle peut faire intervenir des
changements affectant (séparément ou simultanément) les
matériels, les ressources humaines ou les méthodes de
travail » (
OCDE,1997 : 9).
http://fr.wikipedia.org/wiki/Innovation
· Nouvelles Technologie de l'Information et de la
Communication
Les notions de Technologies de l'Information et de la
Communication (TIC) et de Nouvelles Technologies de l'Information et de la
Communication (NTIC) (en anglais, Information and communication technologies,
ICT) regroupent les
techniques
utilisées dans le traitement et la transmission des informations,
principalement de l'
informatique, de l'
Internet et des
télécommunications.
Ces technologies regroupent un ensemble de ressources nécessaires pour
manipuler l'
information et
particulièrement les
ordinateurs,
programmes
et réseaux nécessaires pour la convertir, la stocker, la
gérer, la transmettre et la retrouver. On peut les regrouper par
secteurs suivants :l'équipement informatique,
serveurs,
matériel
informatique ,la
microélectronique
et les
composants ,les
télécommunications
et les
réseaux
informatiques, les
multimédia ,les
services informatiques et les
logiciels, le
commerce
électronique et les médias électroniques.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Technologies
de l'information et de la communication
· Représentations
Les représentations naissent toujours sous l'influence
des conditionnements et orientations émanant de nos
sociétés ou de nos groupes d'appartenance .Ils sont une jonction
entre les domaines de l'individuel et du social. La représentation peut
donc prendre source dans un objet réel, extérieur, il figure dans
le même temps une vision intérieure qui finit par devenir un objet
social. Le caractère extérieur de cette technologie (objet
portable différent du téléphone fixe) ravive la motivation
de s'afficher avec ce média (Durkheim cité par Modandi,
op.cit).
Une représentation est un ensemble de contenus, de
savoirs qui nous sont propres mais que nous partageons aussi avec d'autres.
Disons dans le cas présent, que les représentations (portable
comme objet de distinction et de prestige social) se partagent entre usagers du
téléphone mobile à Lomé.
· Singularité
La singularité des NTIC désigne l'extraordinaire
succès (vulgarisation) des ces moyens de communication en Afrique noire,
elle fait référence dans le cadre de ce travail à
l'originalité de leur expansion dans un contexte socioéconomique
et technique qui ne leur était en réalité pas favorable
à Lomé.
· Téléphone portable
Le téléphone portable (ou mobile) est un moyen
de
télécommunication
par
téléphone
sans fil. Ce moyen de communication s'est largement répandu dans le
milieu des
années 1990.
La
technologie
associée bénéficie des améliorations des
composantes
électroniques,
notamment leur miniaturisation, ce qui permet aux téléphones
d'acquérir des fonctions jusqu'alors réservées aux
ordinateurs. Quand il est doté de fonctions évoluées,
c'est un
Smartphone ou
téléphone
intelligent. A Lomé, le téléphone mobile est
désigné par plusieurs terminologies ; les plus
communément utilisées sont : portable, cellulaire.
CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DU CADRE PHYSIQUE
ET METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
Ce chapitre est essentiellement consacré dans sa
première partie à la description de quelques
caractéristiques de la ville de Lomé. L a deuxième partie
quant à elle est réservée à la présentation
du cadre méthodologique de cette étude.
2.1-Description du cadre physique
2.1.1-Aperçu Historique de la ville de
Lomé
La ville de Lomé fut fondée par les
Éwés au
XVIIIe siècle
. Le chasseur Dzitri, fut le fondateur de la ville ; il s'était
installé à l'intérieur des petits arbustes (appelés
Alo en éwé) qui dominaient le site historique de
Lomé. Le nom Lomé vient alors de
« Alotimé » qui en
éwé
signifie littéralement « au milieu des plantes
d'Alo » (un arbre dont le tronc est encore aujourd'hui
commercialisé et utilisé comme cure-dent au Togo).
A la fin du XIXe siècle, les taxes
douanières
britanniques
pèsent très lourdement sur les produits importés, comme
l'alcool et le tabac. Les commerçants de la région située
entre
Aflao et Keta, à
l'ouest de la frontière (c'est-à-dire des
Éwés
maritimes, ou Anlo) avaient donc besoin d'un lieu où débarquer
les marchandises hors d'atteinte des douaniers. Le souci d'échapper aux
impôts britanniques (contrôlant la Gold Coast, actuel Ghana) a donc
conduit à la naissance de Lomé vers
1880.
Les
éwés,
premiers occupants, furent rapidement rejoints par des compagnies
européennes, britanniques et surtout allemandes ( elle fût
d'ailleurs la capitale de la
colonie
allemande, en
1897 sous le nom de Togo
land.), ainsi que par des marchands itinérants de l'intérieur des
terres, comme les caravanes
Haoussa venues des routes de
la cola. Beaucoup de personnes furent donc attirées par le nouveau
pôle économique que représentait Lomé (Gayibor et
al, 1998 ; Gervais-Lambony et Nyassogbo, 2007).
2.1.2-Situation géographique
La ville de Lomé, à sa naissance, se situait
entre la
lagune au Nord,
l'océan Atlantique au Sud, le village de Bè à l'Est et la
frontière d'
Aflao (Ghana) à
l'Ouest. A la fin des années 1950 et entre les années 1960 et
1970, l'on assiste à l'apparition de nouveaux quartiers vers le Nord (le
long de la route nationale N°1) et le long de la route Lomé-
Cotonou (Benin). Aujourd'hui, sous l'effet des facteurs liés à
des conditions locales et régionales (dynamisme de la population,
situation géographique de la ville, importance de la ville dans
l'armature urbaine régionale), la ville de Lomé a connu une
extension spectaculaire (Gervais-Lambony et Nyassogbo, 2007).
Conformément au décret N°87-159 du 23
octobre 1987 fixant les nouvelles limites, la commune de Lomé est
limitée au Sud par l'océan atlantique, à l'Ouest par la
frontière avec le Ghana (Aflao), a l'Est par la raffinerie de
pétrole et Kagomé, au Nord-Ouest par les quartiers Sud du canton
d'aflao, au Nord-centre par les quartiers Kélégougan et
Atiégou et au Nord-est par le quartier Adakpamé. La capitale
togolaise se situe donc entre 1°13' longitude Est, 6°07' latitude
Nord. Avec une altitude moyenne de 10 m, elle est subdivisée en six
arrondissements avec plus d'une cinquantaine de quartiers.
2.1.3-Evolution démographique
Les villes africaines se peuplent de plus en plus et on compte
aujourd'hui de nombreuses mégalopoles comme Lagos au Nigéria,
Abidjan en Côte d'Ivoire, Cotonou au Benin, Dakar au
Sénégal, ou encore Ouagadougou au Burkina- Faso.
A l'image de ces grandes mégalopoles, Lomé n'est
pas restée en marge de la forte poussée urbaine de ces
dernières décennies. Elle a vu ses limites s'étendre
très rapidement ces dernières années et a connu une
explosion démographique.
En effet sa population est passée de 375 499 habitants
en 1981 à 573 000 habitants en 1997. De 737 751 habitants en 2006 sa
population s'estimait en 2008 à 1500000 habitants avec un taux
d'urbanisation de plus de 42% (Dziwonou, 2008 : 8-9). Elle abrite les
principaux services administratifs, et constitue ainsi le centre du pouvoir
politique du pays et est caractérisée par une multiplicité
d'activités autres que l'agriculture. Ces caractéristiques font
aujourd'hui de la ville de Lomé, un véritable centre urbain en
pleine mutation.
2.1.4-La vie socio économique
La dévaluation du Franc CFA depuis 1994 couplée
d'une instabilité socio politico économique, a porté un
rude coup à l'économie togolaise en générale et
particulièrement à celle de la ville de Lomé où se
concentrent les plus grands centres d'affaires du pays.
Lomé possède en effet un grand port qui dessert
de nombreux pays voisins (Burkina Faso, Niger, Mali...), les grands centres
commerciaux, le plus grand marché du pays (Adawlato) et des petits
marchés périphériques (Hédzranawé,
Gbossimé, Agoè assiyéyé...) animés
majoritairement par les femmes. Au delà des grandes institutions
financières que l'on peut remarquer ça et là, et de
quelques usines de production dans la zone portuaire, le secteur informel reste
un des piliers de la vie économique de la ville de Lomé.
2.1.5-Les opérateurs de téléphonie
Avec la scission de l'Office des Postes et
Télécommunication du Togo (OPTT) en janvier 1997 et la
promulgation en janvier 1998 de la loi sur les télécoms, l'on a
assisté à l'ouverture des télécommunications au
secteur privé et à la naissance de la première compagnie
de téléphonie mobile au Togo. Aujourd'hui l'on compte deux
principales compagnies offrant des services de téléphonie mobile
au Togo.
2.1.5.1-Togo télécom
TOGO TELECOM est une société d'Etat née
de la scission de l'Office des Postes et Télécommunication du
Togo (OPTT) en deux sociétés d'Etat par le décret N°
96-22/PR du 28 février 1996. La seconde société née
de cette scission est la Société des Postes du Togo (SPT).
TOGO TELECOM est régie par la loi N° 96-26 du 4
décembre 1990 portant reforme du cadre institutionnel et juridique des
entreprises publiques. Elle est chargée de l'équipement et de
l'exploitation du service public des télécommunications. Elle
exploite à cet effet plusieurs réseaux et détient le
monopole de l'offre des services Internet.
Aujourd'hui avec le produit « illico »
TOGO TELECOM peut être d'une certaine manière comptée parmi
les opérateurs de téléphonie mobile. Son parc
d'abonnés s'élevait à 75 194 à la fin de
décembre 2006 soit une croissance de 15,91% par rapport à
l'année 2004 (TOGO TELECOM, 2007).
2.1.5.2-Togo cellulaire
Filiale de la société TOGO TELECOM, TOGO
CELLULAIRE fut fondée en février 1998, suite à la
libéralisation du secteur de la téléphonie mobile. Premier
opérateur de téléphonie mobile lancé au Togo, TOGO
CELLULAIRE a dès le départ opté pour des technologies de
pointe en mettant à la disposition de sa clientèle de nombreux
services à forte valeur ajoutée. Après plus de 10 ans
d'activité dans le pays, TOGO CELLULAIRE représente aujourd'hui
75% du marché togolais, avec une couverture étendue à tout
le territoire, soit plus d'un million (1.200.000) d'abonnés, surtout
à travers son offre prépayée
« libertis ».
Le réseau TOGO CELLULAIRE couvre 95% de la population,
75% du territoire dont Lomé, les principales villes et les grands axes
routiers, 98% du littoral et plus de 85% du réseau routier
international, grâce à 265 antennes radio installées sur
tout le territoire (
http://www.ebizguides.com/guides/sponsors/alone.php).
2.1.5.3-Moov Togo
Filiale du Groupe Atlantique télécom, la
société Moov Togo à été créée
en décembre 2006, par l'achat d'actifs de Telecel Togo qui
détenait la licence qu'elle utilise actuellement. Cette
société a fait des investissements dans le secteur de la
téléphonie mobile, en l'espace de deux ans (2006-2008) et a
triplé son parc d'abonnés estimé en décembre 2009
à environ 600 000 usagers, concurrençant sérieusement
Togo cellulaire, grâce à des innovations technologiques et un
marketing original.
En effet depuis juin 2009
Moov Togo remplace son réseau GSM par un réseau de
dernière génération, plus performant, et introduit la
technologie GPRS/ EDGE avec laquelle Il est désormais possible d'envoyer
et de recevoir tout type de fichiers, mais aussi d'accéder aux
fonctionnalités Intranet et Internet directement depuis son
téléphone mobile.
2.2-Cadre méthodologique de la recherche
L'analyse de la singularité de l'adoption rapide du
téléphone mobile dans la ville de Lomé ne saurait, si elle
se veut objective, se faire en dehors d'un cadre scientifique structuré
autour d'une méthode appropriée. C'est donc à l'aide d'une
méthode constituée d'un ensemble d'opérations
intellectuelles et pratiques que l'on ira à la découverte de la
réalité, à la recherche des éléments de
vérification des hypothèses posées.
2.2.1- Population de référence
L'élucidation des facteurs explicatifs de l'explosion
du téléphone portable dans la ville de Lomé passe dans une
certaine mesure par la prise en compte et l'implication des acteurs
concernés par le phénomène. Cette recherche implique
plusieurs catégories d'individus.
Il s'agit de tous les abonnés à la
téléphonie mobile dans la vile de Lomé, des responsables
des compagnies de téléphonie mobile et des personnes ressources
(chercheurs et analystes du phénomène urbain et de la
communication).
2.2.2-L'échantillon
Procéder à une étude exhaustive
impliquant l'ensemble de la population ciblée dans le cadre de cette
recherche serait difficile, voire impossible, si l'on considère le
facteur temps et des moyens matériels dont nous disposons. Pour ces
raisons, l'étude portera sur un échantillon prélevé
sur chaque catégorie d'acteurs concernés. D'ailleurs pour N'da
:
« Il n'est pas toujours possible ni
nécessaire d'étudier toute la population (que ce soient des
étudiants, des électeurs ou des boîtes d'ananas sortant
d'une usine) pour bien la connaître. On peut recueillir les informations
utiles sur une fraction (échantillon) de l'ensemble (population) pour
procéder à des généralisations »
(N'da ,2006 : 101).
L'ampleur de l'adoption du téléphone portable
à Lomé nous amène à retenir tous les
arrondissements (6 au total) de la ville comme champs d'investigation. Nous
avons par ailleurs en raison de la diversité des acteurs
concernés par le phénomène, comme préciser plus
haut, opté pour la technique de l'échantillonnage
aléatoire (ou probabiliste) stratifié. Celle-ci consiste à
diviser la population cible en sous groupes homogènes ou strates, puis
à tirer de façon aléatoire un échantillon dans
chaque strate. L'ensemble des échantillons ainsi choisis constitue
l'échantillon final qui fera l'objet d'étude. Ainsi donc trois
strates ont été identifiées et pris en compte dans
l'échantillon.
La première et la plus grande est celle
constituée d'usagers de la téléphonie mobile. Les chiffres
récents et précis n'ayant pu être obtenus, nous avons
retenu (considérant le temps et les moyens disponibles) 18
abonnés (15 pour le questionnaire et 3 pour les entretiens individuels)
par arrondissement, ce qui revient à 108 abonnés dans la ville de
Lomé.
La deuxième strate concerne les personnes ressources
(les responsables des compagnies de téléphonie mobile, chercheurs
et analystes du phénomène urbain et de la communication...).Pour
cette deuxième strate, nous avons retenu dix enquêtés.
Tableau N°1 : Répartition de
l'échantillon par strate
Strates
|
Effectif
|
Usagers de la téléphonie mobile (Enquête par
questionnaire)
|
90
|
Usagers de la téléphonie mobile (Entretiens
individuels)
|
18
|
Personnes ressources (Entretiens individuels)
|
10
|
Total
|
118
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
2.2.3-Techniques et instruments de collecte des
données
L'analyse des facteurs explicatifs de la diffusion rapide du
téléphone portable dans la ville de Lomé à
été possible grâce à la collecte de deux types de
données. En effet ce travail intègre à la fois des aspects
quantitatifs et des aspects qualitatifs dont l'analyse et
l'interprétation permettront à terme la vérification des
hypothèses. Nous avons donc dans ce cadre fait usage des techniques
quantitatives (enquête par questionnaire) et des techniques qualitatives
(l'observation, les entretiens individuels approfondis).
2.2.3.1-La méthode quantitative
Elle a permis la collecte des données observables et
quantifiables ayant donné lieu à l'explication et à la
description de certains aspects liés à l'adoption du
téléphone portable dans la ville de Lomé. Elle s'est
essentiellement basée sur une enquête par questionnaire
précédée d'une pré-enquête. Elle a
ciblé les abonnés à la téléphonie mobile de
la ville de Lomé.
2.2.3.1.1-Le test du questionnaire
La pré-enquête a permis de tester le projet de
questionnaire devant servir à la réalisation de l'enquête
proprement dite. Elle s'est déroulée du 2 au 5 août 2010
sur un échantillon sacrifié de douze (12) personnes reparties
dans les six arrondissements de la ville de Lomé. Elle nous a
effectivement donné l'occasion d'affiner et d'obtenir le questionnaire
définitif utilisé lors de l'enquête par questionnaire.
2.2.3.1.2-L'enquête proprement dite
L'enquête s'est déroulée du 10 au 25
septembre et a touché 90 abonnés de la téléphonie
mobile répartis dans les six arrondissements de la ville de Lomé
à raison de 15 enquêtés par arrondissement. Pour le choix
des enquêtés, le système de choix accidentel (qui surtout
compte de l'avis favorable et de la disponibilité de
l'enquêté) pour entrer en contact avec les personnes
interrogées.
Nous avons réalisé cette enquête avec
l'aide de quatre étudiants qui se sont préalablement, avec des
séances de travail et d'explication, familiarisés avec les outils
et techniques de collecte. Le questionnaire est divisé en trois sections
constituées chacune de questions fermées, à choix multiple
et semi-ouvertes.
L'administration du questionnaire a été à
80% indirecte et s'est faite aux domiciles de certains enquêtés,
dans les coins de rue ou au lieu de travail pour d'autres.
2.2.3.2-L'approche qualitative
Elle a été utilisée en complément
à l'approche quantitative et a permis d'approfondir les aspects
psychosociaux et culturels liés à l'adoption et aux
représentations que se font les loméens du
téléphone mobile. Au delà des données qualitatives
recueillies, nous avons aussi fait usage de l'observation et des entretiens
individuels approfondis.
2.2.3.2.1-La recherche documentaire
Ce mémoire est basé dans une large mesure sur
une recherche documentaire. Celle-ci a consisté à l'analyse des
ouvrages, revues, mémoires et thèses consultées à
la bibliothèque universitaire, à la bibliothèque
nationale, à l'Unité de Recherche Démographique (URD), au
Centre Culturel Français (CCF), y compris de nombreuses pages
consultées sur internet. Cette recherche documentaire nous a permis de
mieux reformuler le thème et de mieux cerner ses contours, de même
que ses aspects ayant fait l'objet d'une étude. Elle a aussi permis
d'élaborer une revue critique de la littérature sur les
théories de la diffusion des technologies de l'information et de la
communication et sur la place de ces technologies dans le développement
en Afrique.
Des données quantitatives ont été aussi
obtenues au moyen de cette analyse documentaire portant sur des articles de
journaux, des communications à des conférences, ainsi que sur
divers résultats d'enquêtes statistiques disséminées
par des organisations internationales telles que le GSMA (GSM Association), la
Banque Mondiale et certaines agences des Nations Unies, particulièrement
l'Union Internationale des Télécommunications (UIT). Ces travaux
fournissent de précieuses données sur l'état des
technologies de l'information et de la communication en Afrique en
générale.
2.2.3.2.2-L'observation
Cette technique a été utilisée pour
recueillir des informations à partir de l'observation des situations, et
comportements liés aux manifestations du phénomène
(adoption et usages du téléphone mobile) dans la ville de
Lomé. Des informations que l'on n'aurait pas pu obtenir à l'aide
du questionnaire et du guide d'entretien ont été aussi obtenues
par observation des différentes manières de faire et d'agir des
enquêtés lors de nos entretiens.
2.2.3.2.3-Les entretiens individuels (le guide
d'entretien)
Ce sont des entretiens menés sur la base de guides
d'entretiens, sans liste exhaustive de questions et caractérisés
par la flexibilité ; les thèmes suggérés ou induits
par le processus de la conversation étaient fixés d'avance,
néanmoins, de nouveaux sujets, de nouvelles questions pouvaient
apparaître au cours de l'entretien. Toutefois, nous avons veillé
à ce que les entretiens soient toujours circonscrits au cadre et aux
objectifs que nous nous sommes fixés.
La première catégorie de participants
était constituée de 18 usagers du téléphone mobile
(trois enquêtés par arrondissement) choisis au hasard. La
deuxième catégorie de participants est celle constituée de
10 personnes ressources (les responsables des compagnies de
téléphonie mobile, chercheurs et analystes du
phénomène urbain et de la communication...).Le choix des 10
participants a été guidé par leur disponibilité
à nous accorder des rendez-vous. A chaque catégorie de
participant, l'on a administré un guide approprié (cf. annexe p).
Les entretiens ont couvert le mois d'août.
2.2.4-Méthodes d'analyse des données
Les informations recueillies sur le terrain ont
été organisées, traitées et analysées. Cette
analyse qui demande beaucoup d'attention et de rigueur ouvre à
l'interprétation. Les informations ou données recueillies avec
les techniques quantitatives ont fait l'objet d'une analyse statistique et
celles recueillies avec les techniques qualitatives ont été
analysées qualitativement.
2.2.4.1- Analyse des données quantitatives
Les données quantitatives ont été
compilées manuellement et transformées en tableaux et graphiques
par le truchement des logiciels Word et Excel. Chaque tableau et graphique a
fait l'objet d'un commentaire narratif. Aussi des calculs de tendances ont-ils
été effectués à des fins de comparaison, et des
rapports établis entre variables indépendantes et
dépendantes.
2.2.4.2- Analyse des données qualitatives
Le traitement des informations recueillies avec les entretiens
et l'observation a porté sur des thèmes (analyse
thématique ou de contenu). Se basant sur la régularité des
réponses des interviewés et des observations faites, les grandes
tendances ont été dégagées, des significations et
explications trouvées aux pratiques et attitudes relatives à
l'adoption du téléphone mobile dans la ville de Lomé.
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES
DONNEES, INTERPRETATION ET DISCUSSION DES RESULTATS
CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION ET ANALYSE DES
DONNEES
Les données quantitatives provenant des faits
observés au cours de la collecte des informations sur le terrain, pour
être compréhensifs ont été structurées et
organisées dans un système de relation explicatif. Elles ont
été présentées sous forme de tableaux ou graphiques
et analysées pour faire l'objet d'interprétation dans le prochain
chapitre.
3.1-Profil des usagers de la téléphonie
mobile
Tableau n°2 :
Répartition des enquêtés selon l'âge et le sexe
Sexe
Age
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
15 à 25 ans
|
19
|
21,11
|
10
|
11,11
|
29
|
32,22
|
26 à 35 ans
|
14
|
15,56
|
11
|
12,22
|
25
|
27,78
|
36 à 45 ans
|
11
|
12,22
|
6
|
6,67
|
17
|
18,89
|
46 à 55 ans
|
7
|
7,78
|
3
|
3,33
|
10
|
11,11
|
55 ans et plus
|
5
|
5,56
|
4
|
4,44
|
9
|
10
|
Total
|
56
|
62,22
|
34
|
37,78
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Les données de ce tableau révèlent que la
majorité (62,22%) des usagers interrogés est de sexe
masculin ; ceci laisse entrevoir une tendance à la masculinisation
de l'appropriation et de l'usage du téléphone mobile dans la
ville de Lomé. Les femmes, même si elles représentent une
proportion assez élevée au sein de la population
générale, ne sont pas assez représentées (37,78%)
parmi les usagers de la téléphonie mobile.
Partant toujours des données de ce tableau, il ressort
que l'adoption et l'appropriation du téléphone mobile concerne
toutes les tranches d'âge avec une forte représentativité
des jeunes âgés entre 15 et 25 ans qui représentent 32,22%
des usagés enquêtés. Cette répartition des usagers
par tranche d'âge est à l'image de la répartition des la
population générale où l'on remarque une forte proportion
des moins âgés.
Graphique n°1 : Distribution
des enquêtés selon leur situation professionnelle
Source : Enquête de terrain, septembre 2010
La possession et l'usage du téléphone mobile
dans la ville de Lomé n'est pas l'apanage des individus appartenant
à une catégorie socioprofessionnelle spécifique. Comme
l'indique le graphique N°1, les usagers de la téléphonie
mobile sont de différentes catégories socioprofessionnelles. Mais
il faut néanmoins noter que même si la majorité (55,56%)
sont des actifs (agriculteur, Artisan, Commerçant, Employé du
secteur privé, Employé du secteur public), l'on note une
proportion assez remarquable de sans emplois (23,33%), d'élèves
ou d'étudiants (21,11%).
Partant alors des données présentées par
ce graphique, nous pouvons alors comprendre que quelque soit leur situation
socioprofessionnelle, les individus s'approprient le téléphone
mobile qu'ils utilisent à des fréquences différentes selon
leurs besoins et les exigences liés à leur profession.
Graphique n°2 :
Répartition des usagers du téléphone mobile selon leur
revenu mensuel (en FCFA)
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
L'on compte parmi les usagers de la
téléphonie mobile de la ville de Lomé, des individus ayant
un revenu mensuel assez élevé (plus de 90 000 FCFA) et ceux
ayant un revenu mensuel relativement faible (moins de 15 000 FCFA). C'est
dire que le téléphone portable est à la portée de
toutes les bourses. D'ailleurs comme l'indique le graphique ci-dessus
présenté, les individus ayant un revenu mensuel relativement
faible (moins de 15 000 FCFA) sont plus représentés (35,55)
parmi les usagers du téléphone mobile.
Il faut noter que la proportion des usagers diminue au
fur et à mesure que le revenu mensuel augmente ; cet état de
chose trouve une de ces explications dans le faible pouvoir d'achat et dans la
situation de pauvreté dans laquelle vivent les loméens.
Graphique n°3 : Distribution
des usagers en fonction de leur niveau d'instruction
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
L'utilisation du téléphone mobile
(principalement l'émission et la réception d'appels) n'exige pas
forcement de l'usager, un niveau d'instruction élevé. C'est une
technologie dont l'utilisation est relativement facile et à la
portée de tous les individus quelque soit leur niveau d'instruction. En
effet, comme l'indiquent les données de ce graphique, les usagers du
téléphone mobile dans la ville de Lomé ne sont pas tous
instruits, l'on note 32,22% d'analphabètes, 31,11% ayant fait le niveau
primaire, 21,11% ayant fait le secondaire et 15,56% d'usagers ayant un niveau
d'étude supérieur.
Ces données, traduisent non seulement la
diversité des usagers à travers leurs niveaux d'instruction mais
aussi la relative facilité d'utilisation du téléphone
mobile.
3.2- Acquisition et usages du téléphone
mobile
Graphique n°4 :
Répartition des enquêtés selon la durée
d'utilisation du téléphone portable
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Le nombre d'abonnés à la
téléphonie mobile ne cesse d'augmenter depuis son introduction en
1998 au Togo et particulièrement dans la ville de Lomé. Cette
réalité largement rapportée dans la première partie
de ce travail à travers les statistiques des opérateurs de la
téléphonie mobile et de l'UIT s'expriment aussi à travers
les données de ce graphique. Le graphique indique que les abonnés
depuis trois ans occupent une proportion de 23,34%, ceux qui se sont
abonnés depuis un, deux ou trois ans représentent 34,44% des
usagers et ceux qui se sont abonnés il ya moins d'un an sont largement
représentés (42,22%). Ces chiffres indiquent que le nombre
d'abonnés augmente au fil des ans traduisant ainsi le succès que
connaît cette technologie auprès des habitants de la ville de
Lomé.
Tableau n°3 : Distribution
des usagers selon leur possibilité de recharger leur
téléphone mobile à domicile et le fait qu'ils ont
utilisé le téléphone fixe avant le téléphone
portable
Fixe avant mobile
Installation électrique
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Oui
|
12
|
13,33
|
70
|
77,78
|
82
|
91,11
|
Non
|
-
|
-
|
8
|
8,89
|
8
|
8,89
|
Total
|
12
|
13,33
|
78
|
86,67
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Les données consignées dans ce tableau
révèlent un paradoxe qui fait la singularité du
téléphone mobile dans la ville de Lomé. Alors que les NTIC
se sont développées de façon progressive avec des
infrastructures indispensables à leur utilisation dans les pays
développés, l'on note qu'à Lomé, la majorité
des usagers du téléphone portable n'ont pas utilisé
préalablement le téléphone fixe (86,67%). A
côté de ce constat il faut aussi remarquer que parmi eux, 8,89 %
des usagers ne disposent pas de l'installation électrique
nécessaire à l'utilisation du téléphone portable
(recharge de la batterie).Les usagers n'ayant pas utilisé le
téléphone fixe avant le téléphone portale (13,33%)
disposent tous de l'installation électrique nécessaire pour
recharger les batteries de leur appareil téléphonique à
domicile.
L'analyse des données de ce tableau
témoigne du contexte technique (infrastructures communicationnels et
électriques) défavorable dans lequel a émergé et
évolue le téléphone portable dans cette ville. Ceci fait
du succès de cet outil dans cette zone, une singularité.
Tableau n°4 :
Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction et
l'appréciation de l'utilisation du téléphone mobile
Utilisation
Instruction
|
Difficile
|
Acceptable
|
Facile
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Analphabète
|
21
|
23,33
|
6
|
6,67
|
2
|
2,22
|
29
|
32,22
|
Primaire
|
3
|
3,33
|
20
|
22,22
|
5
|
5,56
|
28
|
31,11
|
Secondaire
|
1
|
1,11
|
10
|
11,11
|
8
|
8,89
|
19
|
21,11
|
Supérieur
|
-
|
-
|
-
|
-
|
14
|
15,56
|
14
|
15,56
|
Total
|
25
|
27,78
|
36
|
40
|
29
|
32,22
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
L'utilisation du téléphone portable
à travers ses différentes fonctionnalités (appels,
messagerie, multimédia, navigation sur le web...) nécessite un
minimum d'instruction. En effet, au regard des données de ce tableau, il
ressort que les appréciations faites par les usagers quant à la
manipulation et aux différents usages du téléphone
portable varient et sont fonction de leurs niveaux d'instruction. Parmi ceux
qui trouvent l'utilisation du téléphone portable difficile
(27,78%), la majorité est analphabète, et aucun usager ayant un
niveau d'instruction équivalent au niveau supérieur n'est
compté parmi cette catégorie. Ils se retrouvent tous (15,56%)
parmi ceux qui trouvent l'utilisation de cet outil de communication, facile
(32,22%).
Au total, au-delà de la diversité de leur
niveau d'instruction, la majorité des enquêtés (72,22%)
trouve l'utilisation du téléphone mobile acceptable ou facile.
Ils arrivent à l'utiliser (manipuler) pour répondre à
leurs divers besoins (communication, divertissement).
Tableau n°5 :
Répartition des enquêtés selon qu'ils font recours à
l'aide d'un tiers pour la manipulation du téléphone mobile et
leur appréciation de l'utilisation de cette technologie
Utilisation
Aide d'un tiers
|
Difficile
|
Acceptable
|
Facile
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Jamais
|
-
|
-
|
24
|
26,67
|
23
|
25,56
|
47
|
52,22
|
Rarement
|
6
|
6,67
|
12
|
13,33
|
6
|
6,67
|
24
|
26,67
|
Toujours
|
19
|
21,11
|
-
|
-
|
-
|
-
|
19
|
21,11
|
Total
|
25
|
27,78
|
36
|
40
|
29
|
32,22
|
90
|
100
|
Source : Enquête, septembre 2010
Les usagers de la téléphonie mobile font
généralement recours à l'aide d'un ami, parent ou proche
pour l'utilisation du téléphone mobile (rechargement de
crédit de communication, activation d'une fonction, consultation du
crédit, choix d'une mélodie pour appels entrant) selon les
difficultés qu'ils rencontrent à cet effet.
Selon les données de ce tableau, 21,11% des
usagers font toujours recours à l'aide d'un tiers, ce sont
généralement ceux qui trouvent cette manipulation difficile.
Contrairement à ceux-ci, 26,67% font rarement recours à quelqu'un
d'autre, et la majorité (52,22) ne fait recours à personne pour
la manipulation de leur appareil téléphonique, car trouvant cette
manipulation facile (25,56) ou acceptable (26,67%).En somme, même si une
proportion non négligeable des usagers ont des difficultés
à utiliser leur téléphone portable, ils
bénéficient toujours de l'assistance et de l'aide d'un ami
à cet effet.
Tableau n°6 : Distribution des
usagers selon les fins auxquelles ils utilisent le téléphone
portable et leurs principaux correspondants
Correspondants
Usages
|
Collègues
|
Partenaires
|
Famille
|
Amis
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Distraction
|
2
|
2,22
|
1
|
1,11
|
7
|
7,78
|
9
|
8,64
|
19
|
21,11
|
Travail/Affaires
|
11
|
12,22
|
10
|
11,11
|
-
|
-
|
1
|
1,11
|
22
|
24,44
|
Communiquer avec amis
|
2
|
2,22
|
6
|
6,67
|
8
|
8,89
|
9
|
10
|
25
|
27,78
|
Communiquer la famille
|
-
|
-
|
4
|
4,44
|
11
|
12,22
|
9
|
14
|
24
|
26,67
|
Total
|
15
|
16,67
|
21
|
23,33
|
26
|
28,89
|
28
|
32
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Les usagers du téléphone mobile,
relativement à leurs besoins utilisent cet outil de communications
à des fins multiples. Si d'autres (21,11%), l'utilisent à des
fins de distraction (Vidéo, musique, photo, radio...), certains (24,44%)
l'utilisent pour des raisons professionnelles (appel des clients ou
fournisseurs, donner des instructions à ses employés...).
D'autres encore l'utilisent pour prendre des nouvelles et maintenir les liens
avec leurs amis ou proches (54,45%).
Généralement, les appels ou messages sont
adressés aux collègues (16,67%), aux partenaires ou clients
(232,33%), ou encore aux parents, amis et proches (32%), et ceci, selon les
besoins ou situation. C'est dire que le téléphone portable
à travers ses diverses fonctionnalités permet aux usagers de
répondre à leurs multiples besoins.
Tableau n°7 :
Répartition des enquêtés selon le sexe et le nombre
d'appels reçus
Appels reçus
Sexe
|
Moins de 5
|
5 à 10
|
Plus de 10
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Masculin
|
50
|
55,56
|
3
|
3,33
|
3
|
3,33
|
56
|
62,22
|
Féminin
|
10
|
11,11
|
18
|
20
|
6
|
6,67
|
34
|
37,78
|
Total
|
60
|
66,67
|
21
|
23,33
|
9
|
10
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
L'analyse de ce tableau montre que le nombre d'appels
reçus par un usager varie en fonction du sexe. En effet sur les 10%
d'enquêtés qui reçoivent plus de dix appels journaliers, la
majorité (6,67%) sont de sexe féminin. Parmi les 23,33% qui
reçoivent entre 5 et 10 appels journaliers, 20% sont des femmes. C'est
dire que les femmes reçoivent des appels plus qu'elles
n'émettent. Ces chiffres traduisent une féminisation des
récepteurs et une masculinisation des appelants. Ce constat est sans
doute lié à la situation de domination des hommes sur les femmes
dans les sociétés africaines. Ainsi, l'homme est celui là
qui prend des initiatives d'appel et les femmes en situation de dominées
laissent penser que cet acte (appel) revenait sous forme de devoir aux
hommes.
Il faut noter que ces chiffres, même s'ils laissent
entrevoir une influence du sexe sur l'acte d'appel ou de réception,
doivent être interprétés avec précaution en ce sens
que cette situation peut varier selon le temps, les situations et autres
facteurs socioéconomiques
Tableau n°8 : Distribution
des enquêtés selon les avantages qu'ils trouvent liés
à l'utilisation du téléphone mobile et le fait qu'ils
trouvent que cet outil de communication améliore leur quotidien
Amélioration du
quotidien
Avantages
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Plus d'opportunités d'affaires
|
14
|
15,56
|
1
|
1,11
|
15
|
16,67
|
Elargissement du réseau de connaissance
|
23
|
25,56
|
-
|
-
|
23
|
25,56
|
Facilite la communication /Travail
|
21
|
23,33
|
-
|
-
|
21
|
23,33
|
Maintien et consolidation des relations sociales
|
20
|
22,22
|
-
|
-
|
20
|
22,22
|
Autres
|
7
|
7,78
|
4
|
4,44
|
11
|
12,22
|
Total
|
85
|
94,44
|
5
|
5,56
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
L'adoption massive du téléphone mobile par
les loméens est étroitement liée aux avantages que son
utilisation procure aux usagers. Selon les chiffres de ce tableau, la plupart
(94,44%) des enquêtés trouvent que cet outil de communication a
amélioré d'une certaine manière leur quotidien. Justifiant
cette position, la grande partie (25,56%) de ces usagers trouve que son usage
les a permis d'élargir leur réseau de connaissance, 23,33%
trouvent que le téléphone portable leur facilite la communication
et 22,22% justifient leur position par le fait que cet outil leur permet de
maintenir et de consolider leurs relations sociales indispensables à la
cohésion sociale. A ceux-ci s'ajoutent 12,22% qui évoquent comme
avantages liés à l'utilisation du téléphone
portable, la réduction des déplacements unitiles, la
possibilité d'utiliser cet outil pour divers autres besoins
(chronomètre, calculatrice, réveil, appareil photo,
dictaphone...)
3.3- Implications économiques de
l'utilisation du téléphone portable
Tableau n°9 :
Répartition des enquêtés selon le mode d'acquisition du
téléphone portable et le sexe
Sexe
Mode d'acquisition
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Achat personnel
|
44
|
48,89
|
5
|
5,56
|
49
|
54,44
|
Don d'un proche
|
10
|
11,11
|
18
|
20
|
28
|
31,11
|
Cadeau d'un amoureux
|
2
|
2,22
|
11
|
12,22
|
13
|
14,44
|
Total
|
56
|
62,22
|
34
|
37,78
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
L'engouement suscité par le
téléphone portable chez les loméens amène ces
derniers à développer plusieurs stratégies d'acquisition
de cet outil moderne de communication.
Le tableau ci-dessus représenté, relatif
aux modes d'acquisition du téléphone portable par les usagers de
la ville de Lomé révèle que plus de la moitié
(54,44%) des détenteurs de cet outil l'on acheté sur fonds
propres. Une proportion non négligeable des enquêtés l'a
acquis sous forme de don ou de cadeau d'un ami, d'un proche ou d'un parent. A
ces deux catégories s'ajoute une dernière catégorie
représentant 14,44% des enquêtés. Cette dernière
catégorie est constituée d'individus, majoritairement des femmes
(12,22%) qui ont abstenu leur téléphone mobile sous forme de
cadeau de la part d'un amoureux ou d'une amoureuse. Cette dernière
stratégie d'acquisition est largement encouragée par les hommes
qui cherchent à s'attirer les faveurs des femmes.
Graphique n°5 :
Répartition des enquêtés selon le prix de leur
téléphone portable
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Quelque soit son mode d'acquisition, l'appropriation d'un
téléphone portable engage un investissement économique. Si
à son introduction l'achat d'un téléphone portable
engageait un investissement économique assez considérable,
aujourd'hui, les prix de ces appareils sont relativement à la
portée de toutes les bourses.
Comme l'indique en effet ce graphique, les appareils
téléphoniques de plus de la moitié des
enquêtés (56,67%) ont couté moins de 15 000 FCFA.
L'analyse de ce graphique montre que très peu de
téléphones portables ont coûté plus de 100 000
FCFA (2,22%).
Au total, le marché du téléphone
portable offre d'énormes opportunités (prix abordables,
diversité des produits...) aux potentiels usagers de faire leur
entrée dans le monde moderne de la communication.
Tableau n°10 : Distribution
des usagers selon les cartes de recharge généralement
utilisées (en FCFA)
Cartes de recharge
|
200
|
450-500
|
1000
|
2000
|
4500-5000
|
Plus de5000
|
Total
|
Effectif
|
29
|
22
|
15
|
11
|
9
|
4
|
90
|
Pourcentage
|
32,22
|
24,44
|
16,67
|
12,22
|
10
|
4,45
|
100
|
Pourcentage cumulé
|
32,22
|
56,66
|
73,33
|
85,55
|
95,55
|
100
|
-
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
L'utilisation d'un téléphone portable
engendre des dépenses liées à l'achat des crédits
de communication. Mais les stratégies des opérateurs de se
secteur qui consiste à mettre sur place des cartes
prépayés à des prix variables permet aux usagers de
créditer leur compte téléphonique.
Selon les données de ce tableau, une grande
proportion des usagers enquêtés (32,22%) utilisent
régulièrement les cartes de crédit des 200 FCFA ;
24,44% utilisent généralement des cartes de crédit d'une
valeur comprise entre 400 FCFA et 500 FCFA selon la compagnie de
téléphonie à laquelle ils sont abonnés. Au total
une très large proportion des usagers utilise généralement
des cartes de crédit d'une valeur équivalente ou
inférieure à 1000 FCFA ; seulement 4,45% des abonnés
utilisent des cartes de recharge de plus de 5 000 FCFA.
On peut alors retenir de l'analyse de ce tableau que la
disponibilité des cartes de recharge à prix divers et abordables
permet aux usagers de créditer et de maintenir leurs comptes actifs.
Tableau n°11 :
Répartition des usagers en fonction de leur situation professionnelle et
du montant de la dépense mensuelle consacrée à l'achat des
cartes de recharge téléphonique (en FCFA)
Dépenses
Profession
|
Moins de 2000
|
2000-5000
|
5000-8000
|
Plus de 8000
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Sans emploi
|
19
|
21,11
|
2
|
2,22
|
-
|
-
|
-
|
-
|
21
|
23,33
|
Elève/Etudiant
|
17
|
18,89
|
2
|
2,22
|
-
|
-
|
-
|
-
|
19
|
21,11
|
Agriculteur
|
5
|
5,56
|
1
|
1,11
|
-
|
-
|
-
|
-
|
6
|
6,67
|
Artisan
|
14
|
15,56
|
2
|
2,22
|
-
|
-
|
-
|
-
|
16
|
17,78
|
Commerçant
|
2
|
2,22
|
3
|
3,33
|
2
|
2,22
|
1
|
1,11
|
8
|
8,89
|
Employé du secteur privé
|
2
|
2,22
|
2
|
2,22
|
3
|
3,33
|
2
|
22,22
|
9
|
10
|
Employé du secteur public
|
3
|
3,33
|
4
|
4,44
|
3
|
3,33
|
1
|
1,11
|
11
|
12,22
|
Total
|
62
|
68,89
|
16
|
17,76
|
8
|
8,88
|
4
|
24,44
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Les dépenses engagées par les usagers de la
téléphonie mobile varient proportionnellement à leur
situation professionnelle. Il ressort, au regard de ce tableau que seulement
24,44% des usagers dépensent plus de 8 000 FCFA par mois pour
créditer leur compte téléphonique ; parmi eux, la
majorité (22,22%) sont des individus ayant un emploi et donc une
rémunération mensuelle. La majorité (86,65%) des usagers
dépense généralement moins de 5 000 FCFA pour
créditer leur compte. Parmi cette catégorie l'on note
majoritairement des sans emploi (23,33%) des étudiants ou
élèves (21,11%) qui disposent de peu de moyens financiers.
Tableau n°12 : Distribution
des usagers selon les avantages qu'ils trouvent liés à
l'utilisation du téléphone mobile et le sexe
Sexe
Avantages
|
Masculin
|
Féminin
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Oui
|
52
|
57,78
|
32
|
35,56
|
84
|
93,33
|
Non
|
4
|
4,44
|
2
|
2,22
|
6
|
6,67
|
Total
|
56
|
62,22
|
34
|
37,78
|
90
|
100
|
Source : Enquête, septembre 2010
L'adoption et la vulgarisation grandissante qui marque le
succès que connaît le téléphone portable dans la
ville de Lomé s'expliquent par plusieurs facteurs dont l'utilité
et les avantages liés à son utilisation.
En raison des multiples raisons évoquées au
tableau N°8 (Plus d'opportunités d'affaires, Elargissement du
réseau de connaissance, maintien et consolidation des relations
sociales, facilite la communication ...) une très grande proportion
(93,33%) des usagers du téléphone mobile de la ville de
Lomé trouvent qu'il ya des avantages liés à l'utilisation
du téléphone portable. Néanmoins une catégorie
(6,67%) des usagers en raison des dépenses engendrées par l'usage
de cet outil de communication trouve qu'il n'ya pas d'avantages liés
à l'utilisation du téléphone portable.
C'est dire, au regard de l'analyse qui précède
que, l'adoption du téléphone portable s'explique dans une large
mesure par les avantages que tirent les usagers de son utilisation.
3.4 - Représentations et perception du
téléphone mobile
Tableau n°13 :
Répartition des usagers en fonction du nombre de portable utilisé
et des déterminants du choix d'un téléphone portable
Nombre
Motif du choix
|
Un
|
Deux
|
3 et plus
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Son actualité (à la mode)
|
2
|
2,22
|
11
|
12,22
|
4
|
4,44
|
17
|
18,89
|
Sa marque
|
5
|
5,56
|
7
|
7,78
|
3
|
3,33
|
15
|
16,67
|
Ses fonctionnalités/ Efficacité
|
13
|
14,44
|
2
|
2,22
|
2
|
2,22
|
17
|
18,89
|
Son prix / Disponibilité
|
40
|
44,44
|
1
|
1,11
|
-
|
-
|
41
|
45,56
|
Total
|
60
|
66,67
|
21
|
23,33
|
9
|
10
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Plusieurs facteurs déterminent le choix du
téléphone portable chez ses usagers. Le tableau ci-dessus indique
qu'une grande proportion des usagers est orientée dans le choix du
téléphone portable par son prix ou sa disponibilité sur le
marché. Généralement cette catégorie d'usagers en
fonction de leurs moyens financiers limités choisit des appareils dont
les prix sont à la portée de leurs bourses (prix relativement
bas).
A côté de cette catégorie, d'autres
usagers sont orientés par l'actualité du téléphone
(18,89%), sa marque (16,67%) ou encore ses fonctionnalités ou
efficacité (18,89%).
Partant des données du même tableau, il est
donné de remarquer que plus de la moitié (66,657%) des
abonnés à la téléphonie mobile
enquêtés utilise un seul appareil téléphonique. A
cette catégorie, s'ajoute une autre constituée d'abonnés
utilisant parfois plus de deux téléphones mobiles (33,33%).
Ceux-ci expliquent ce choix par plusieurs raisons illustrées par le
graphique N°6.
Graphique n°6 : Distribution
des usagers en fonction des motifs explicatifs du choix du nombre de portable
utilisé
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Trois principales raisons sont évoquées par
les usagers utilisant plus d'un téléphone mobile (60 usagers)
pour justifier leur choix. La grande partie (40%) de cette catégorie
d'abonnés utilise deux à trois appareils
téléphoniques pour avoir accès à tous les
réseaux téléphoniques disponibles. Cette stratégie
leur permet de profiter des opportunités de promotion ou de
réduction tarifaires qu'offrent périodiquement les compagnies de
téléphonie mobile. Aussi, avec cette stratégie, ces
usagers économisent-ils en utilisant des réseaux
spécifiques à leurs correspondants pour communiquer avec eux.
D'autres usagers (26,67%) pour leur part expliquent que l'utilisation de
plusieurs portables (plusieurs réseaux à la fois) permet
d'élargir son réseau de correspondant et donc de relation. La
dernière catégorie d'usagers avance des raisons liées au
prestige ; pour eux (33,33%) l'on est plus visible et se fait plus
remarquer lorsqu'il utilise plusieurs téléphones mobiles à
la fois.
Tableau n°14 Répartition
des enquêtés selon leur sentiment avant l'acquisition du
téléphone portable face à ceux qui en possédaient
et leur avis sur la nécessité de cet outil de communication
Nécessité
Sentiment
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Indifférent
|
3
|
3,33
|
6
|
6,67
|
9
|
10
|
Frustrer
|
26
|
28,89
|
-
|
-
|
26
|
28,89
|
Mis à l'écart
|
48
|
53,33
|
1
|
1,11
|
49
|
54,44
|
Admiratif/ Impressionner
|
4
|
4,44
|
2
|
2,22
|
6
|
6,67
|
Total
|
81
|
90
|
9
|
10
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Les perceptions que les individus ont du
téléphone portable jouent un rôle déterminant dans
son adoption. Ces perceptions se traduisent aussi dans ce que ces derniers
ressentaient avant l'acquisition du portable face à ceux qui en
possédaient. Notons par ailleurs que cette adoption est aussi
déterminée par la perception de la nécessité de cet
outil de communication ; d'ailleurs une très grande majorité
(90%) des usagers dit l'avoir adopté par nécessité. De
nombreux abonnés se sentaient frustrés (28,89%) ou encore mis
à l'écart (54,44%) de ceux qui en possédaient. Ces usagers
représentent 82,22% de ceux qui trouvent que cet outil de communication
est une nécessité. Ces sentiments font du téléphone
portable un instrument d'intégration sociale aux yeux de ces usagers.
Contrairement à cette première
catégorie d'usagers, une deuxième catégorie (6,67%)
était, avant l'acquisition d'un téléphone portable,
admirative impressionnée ou encore séduite par ceux qui en
possédaient. A ces deux catégories, s'ajoute une troisième
catégorie d'enquêtés qui se sentaient tout simplement
indifférents face aux utilisateurs du téléphone
portable.
Tableau n°15 Répartition
des enquêtés selon les raisons qui font du portable une
nécessité
Les raisons
|
Effectif
|
Pourcentage
|
Pourcentage cumulé
|
Facilite les affaires/ Travail
|
15
|
18,52
|
18,52
|
Maintenir ses relations sociales
|
21
|
25,93
|
44,45
|
Ne pas se sentir marginaliser
|
14
|
17,28
|
61,73
|
Se faire respecter
|
13
|
16,05
|
77,78
|
Etre à la mode
|
18
|
22,22
|
100
|
Total
|
81
|
100
|
-
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Au total, 81 enquêtés trouvent que
l'adoption et l'utilisation du téléphone portable sont devenues
une nécessité. Pour justifier cette position, ils évoquent
plusieurs raisons. Ces abonnés évoquent en effet des raisons
comme la facilitation du travail et du règlement affaires (18,52%), le
maintien des relations sociales (44,45%). D'autres encore pensent que lorsque
l'on en possède, il se sent moins marginalisé, au contraire
(17,28%), il se fait respecter (22,22%).Une dernière catégorie
non négligeables des abonnées considérant le
téléphone portable comme une nécessité, pense
qu'avec cet appareil, l'on est à la mode (22,22%)
C'est dire que plusieurs raisons liées aux
différentes perceptions que se font les loméens du
téléphone portable poussent ces derniers à
considérer sa possession comme une nécessité.
Tableau n°16 Répartition
des enquêtés en fonction de leur sentiment après
l'acquisition du téléphone portable face à ceux qui en
possèdent et de leur réaction face à ceux qui n'en
possèdent pas encore
Sentiment
Réaction
|
Accepter
|
Moins frustrer
|
Indifférent
|
Total
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Eff
|
%
|
Indifférent
|
-
|
-
|
-
|
-
|
11
|
12
|
11
|
12
|
Etonnement / Surprise
|
15
|
16,67
|
12
|
13,33
|
1
|
1
|
28
|
31
|
Railleries
|
8
|
8,89
|
10
|
11,11
|
-
|
-
|
18
|
20
|
Supériorité
|
15
|
16,67
|
18
|
20,00
|
-
|
-
|
33
|
37
|
Total
|
38
|
42,22
|
40
|
44,44
|
12
|
13
|
90
|
100
|
Source : Enquête de terrain, septembre
2010
Si les usagers interrogés se sentaient
frustrés, marginalisés ou mis à l'écart face
à ceux qui possédaient le téléphone portable avant
eux, quels sentiments ou réactions ont-ils après acquisition de
cet outil de communication sans fil face à ces mêmes
personnes ? L'analyse de ce tableau permet de comprendre que, si 13% sont
indifférents, 44,44% se sentent de moins en moins frustrés tandis
que 42,22% se sentent acceptés par ceux qui en possédaient
déjà.
Ces usagers après acquisition réagissent
différemment face à ceux qui n'en possèdent pas encore. En
effet 31% sont étonnés ou surpris, 20% réagissent par des
railleries tandis qu'une large proportion développe un sentiment de
supériorité face à ceux qui ne possèdent pas encore
le téléphone mobile.
CHAPITRE QUATRIEME : INTERPRETATION DES
RESULTATS
Ce chapitre consacré à l'interprétation
des résultats, tient compte aussi bien des données issues de
l'analyse quantitative et des données qualitatives.
4.1- Le paysage des
télécommunications au Togo
Avant l'introduction du
téléphone portable dans les années 1998, le
téléphone fixe était l'un des principaux canaux de
communication individualisés utilisé au Togo. Mais le
réseau de ce moyen de communication était moins dense et les
modalités et les coûts d'installation n'étaient pas
à la portée de toutes les bourses. Les lignes de
téléphonie fixe étaient plus utilisées par les
établissements publics et privés qu'a l'usage domestique. Ce
contexte, associé aux coûts de communication assez
élevés le mode de payement (factures payables mensuellement) n'a
pas permis à une population majoritairement pauvre (86,67%) d'utiliser
progressivement, comme ce fût le cas dans les pays
développés, le téléphone fixe avant le
téléphone mobile (tableau N°3).
L'arrivé du mobile fut au début
considéré comme un mythe car, il était impressionnant de
voir une personne communiquée dans la rue à partir d'un petit
objet non relié à un fil conducteur mais qui permettait un
échange d'information. Cette image du mobile a facilité son
intégration et son acceptation par la population qui d'ailleurs avait du
mal à payer les frais de communication à partir des cabines
téléphoniques fixes.
Il est aussi important de noter qu'il existe des facteurs ne
favorisant pas le développement de secteur des
télécommunications au Togo. Les redevances fixées par
l'Etat, la monopolisation du marché par la première compagnie
à caractère parapublic qui bénéficie de plus de
privilèges ne favorise pas la concurrence et donc la venue d'autres
opérateurs de téléphonie mobile. Or la concurrence a
été l'un des principaux facteurs de la baisse des prix de la
téléphonie mobile dans l'ensemble des pays Africains. Les tarifs
ont chuté au fur et à mesure que les réseaux
s'étendaient et que les opérateurs devaient s'adapter à la
nouvelle donne du marché concurrentiel. A ce jour il n'existe que deux
principales compagnies de téléphonie mobile au Togo ;
ce qui n'est pas le cas dans les autres pays voisin comme le Benin, le Ghana ou
le Burkina Faso où l'on note trois à quatre compagnies.
A cela s'ajoute le manque dans certaines zones ou
ménages d'infrastructure électrique nécessaire à la
recharges des batteries d'alimentation des téléphones portables
(8,89 % des usagers du téléphone mobile ne disposent pas de
l'installation électrique nécessaire pour recharger la batterie
de leur téléphone portable).C'est dans ce contexte peu favorable
que le téléphone portable a été introduit et
connaît paradoxalement aujourd'hui une explosion spectaculaire.
4.2- Les usagers de la téléphonie
mobile
Introduction au Togo en 1998, l e téléphone
mobile connait aujourd'hui un succès sans précédent,
surtout dans la ville de Lomé. Comme pour confirmer les tendances des
statistiques présentées par les opérateurs de
téléphonie mobile et l'UIT, les données issues de
l'enquête que nous avons menée dans le cadre de cette étude
dans la capitale togolaise montrent en effet que le nombre d'abonnés
ne cesse en effet d'augmenter. Le graphique (N° 4) montre d'ailleurs que
les abonnés depuis plus de trois ans sont peu (23,34%), comparativement
à ceux abonnés depuis moins d'un an (42,22%). Ceci traduit une
augmentation des abonnés tous les ans.
Ces usagers de la téléphonie mobile que
l'on rencontre à Lomé, ne constituent pas une population
homogène. L'on note des individus des deux sexes avec une
légère domination des individus de sexe masculin (62,22% selon le
tableau N°2). Ces observations traduisent une tendance à la
masculinisation des usagers liée sans doute à la domination que
les hommes tentent de reproduire et d'entretenir dans toutes les sphères
de la vie sociale dans la société togolaise face aux femmes.
L'analyse des caractéristiques
sociodémographiques des usagers du téléphone portable dans
cette ville ouest africaine laisse paraître un paradoxe en ce sens que
même si l'adoption et l'utilisation de cette technologie de communication
nécessite un investissement économique, l'on remarque qu'une
bonne partie des usagers de la ville de Lomé sont des sans emplois, des
élèves ou étudiants ayant des revenus mensuels parfois
inférieur à 15 000 FCFA. Le paradoxe tient aussi du fait que
l'utilisation du portable exige un minimum d'instruction ; mais la
majorité des usagers de la capitale togolaise sont soit
analphabètes ou ont un niveau d'instruction assez faible (du moins ceux
qui ont constitué l'échantillon de cette recherche).
Somme toute, les usagers de la téléphonie
mobile de la ville de Lomé appartiennent à différentes
couches sociales et différentes catégories
socioprofessionnelles ; l'adoption et l'utilisation du portable ne sont ni
la spécificité ni la caractéristique d'une
catégorie d'individus donnés. C'est un outil que l'on retrouve
pratiquement dans tous les ménages, chez les adultes, enfants ou
personnes âgées qui l'utilisent à des fins diverses et
à des degrés différents selon leurs besoins.
4.3-Facteurs favorisant l'adoption et la diffusion
rapide du téléphone mobile dans la ville de Lomé
L'adoption rapide et l'explosion du
téléphone portable sont favorisées par plusieurs facteurs.
Il s'agit non seulement de facteurs conjoncturels et de facteurs liés
à l'aspect utilitaire de cette technologie de la communication mais
aussi de facteurs liés aux représentations sociales que se font
les Loméens du téléphone portable.
4.3.1-Les facteurs conjoncturels et les facteurs
liés à l'utilité
L'adoption et l'utilisation du téléphone
mobile ne sont plus l'apanage d'un groupe social spécifique.
L'enquête réalisée dans le cadre de cette étude
à Lomé a révélée que les usagers de cet
outil de communication appartiennent à toutes les couches
socioprofessionnelles et sont de tous les âges. Ce succès du
portable dans la ville de Lomé trouve l'un de ses fondements dans ses
différents usages.
En effet cet outil de communication est utilisé
à diverses fins. Il sert au-delà de ses principales fonctions
(messagerie, appel) à d'autres usages utilitaires. Cet outil peut en
effet servir de lecteurs de musique audiovisuelle, d'appareil photographique,
de chronomètre, de réveil, d'agenda, de calendrier, de
calculatrice, de dictaphone... (Tableau N°6).
Sur le plan économique, plusieurs facteurs
militent en faveur de son adoption rapide. C'est désormais un outil
à la portée de toutes les bourses. La majorité des usagers
(56,67%) l'on acquit avec moins de 15 000 FCFA (Graphique N°5). Comme
le témoigne un menuiser :
« Dès son introduction, le
téléphone portable n'était réservé qu'aux
personnes aisées, mais aujourd'hui il est à la portée de
toutes les bourses, tous le monde peut s'en procurer ».
Il est aussi utilisé à des fins
professionnelles ; il permet désormais au chef d'entreprise de
donner des instructions à distance, à l'opérateur
économique de négocier des marchés et de passer des
commandes sans se déplacer. En somme cet outils facilite les
échanges économiques et est un véritable soutien pour le
développement des secteurs informels car abolit la distance et permet de
gagner du temps (Tableau N°6).
L'un des aspects économiques favorisant
l'explosion de cette technologie est la stratégie des compagnies de
téléphonie. La mise sur le marché des cartes de
prépaiement à des prix variables (Tableau N°10) permet aux
usagers quelque soit leur revenu de créditer leurs comptes, de les
maintenir actifs et de communiquer à moindre coût (Tableau
N°11). Ce qui fait dire à Blanchard (2004), que l'utilisation des
cartes prépayées par opposition aux formules avec abonnement
mensuel, permet une maîtrise des dépenses par l'usager. Ce
système des cartes à prépaiement est intéressant
dans des pays où les revenus sont faibles et où l'on
préfère généralement tout payer d'avance.
Certains facteurs socioculturels participent
également au succès de la téléphonie mobile. Notons
avec Do-Nascimento (2004, op.cit) que les sociétés africaines ont
un caractère hyper relationnel fait de réseau, qui, pour se
maintenir amènent les membres à développer diverses
stratégies pour rester en contact. Le téléphone portable
vient de se fait répondre à ce besoin communicationnel. Et pour
Kelly (op.cit) les échanges (notamment financiers) entre membres
éloignés et ceux restés au pays sont devenus plus nombreux
et plus réguliers. Dans la même perspective, il est aussi
important de noter que l'accès au téléphone mobile et aux
autres TIC peut rendre le paiement des envois plus fiables, plus efficients
(avec moins d'intermédiaires) et éventuellement plus
réguliers parce que la communication aide à maintenir la famille
étendue en contact plus étroit.
Une large proportion des usagers (54,34%) du
téléphone portable de la ville de Lomé l'utilise pour
communiquer avec leurs amis, parents ou proches sans plus désormais
faire de longues distances à leur rencontre (Tableaux N°6 et
N°8). Une commerçante nous livrais lors d'une interview
que :
« Le téléphone portable nous
permet à travers un appel de quelques secondes, un message ou parfois
même un simple bip4(*), de rester permanemment en contact avec nos
proches ».
Des cercles d'amis, des associations, des couples s'en servent
pour se passer des informations en temps réduit. C'est un outil qui
facilite les contacts, une nouvelle rencontre, un échange de
numéro de téléphone et le contact est
créé.
Au delà de tous ces facteurs précédemment
évoqués et qui favorise l'explosion de la
téléphonie mobile à Lomé, il importe aussi de
souligner que malgré la diversité de leur niveau d'instruction,
la majorité des enquêtés (72,22%) trouve l'utilisation du
téléphone mobile acceptable ou facile (Tableau N°4).
Même si une proportion non négligeable des usagers (27,78%) a des
difficultés à utiliser le téléphone portable, elle
bénéficie toujours de l'assistance et de l'aide d'un ami à
cet effet (Tableau N°5).
En définitive l'adoption massive du
téléphone mobile réside dans le fait que cette technologie
répond aux multiples besoins (opportunités d'affaires, maintien
et consolidation des relations sociales, facilite la communication /Travail,
élargissement du réseau de connaissance...) et présente
des avantages aux yeux de la population Loméens (Tableau N°12).
4.3.2- Les facteurs liés aux
représentations sociales
Les résultats des enquêtes
réalisées auprès des usagers du téléphone
mobile de la ville de Lomé nous ont permis de comprendre, que les
représentations mentales (individuelles et sociales) nourries à
l'égard du téléphone mobile sont nombreuses. Seules deux
sont ici examinées dans le cadre de ce travail : le
téléphone mobile comme symbole de distinction sociale et de
prestige ; téléphone portable comme facteur
d'intégration sociale.
Le caractère valorisant et distinctif du
téléphone mobile pour être compris doit
s'appréhender aux débuts de cet outil dans la ville de
Lomé. Il convient de retenir que l'un des facteurs faisant du
téléphone portable dès les premières années
de son introduction à Lomé un symbole de distinction, c'est son
coût.
En effet, à ces débuts, le portable
n'était pas à la portée de toutes les bourses ; ceux
qui en possédaient n'hésitaient pas à l'exhiber comme un
trophée, une marque de leur réussite sociale.
Aujourd'hui, il importe désormais de relativiser les
faits à cause d'une part de la vulgarisation et de la
généralisation de la détention de ce moyen de
communication ; d'autres parts, son coût à relativement
baisé (Tableau N°5). Néanmoins, le téléphone
portable reste encore dans une large mesure un appareil de distinction sociale
et de prestige. Désormais, la guerre des portables a changé de
terrain. Elle se fait désormais sur un champ quantitatif et surtout
qualitatif mais non plus au niveau de sa simple possession comme à ses
débuts. A cet effet, des usagers mettent tout en oeuvre pour
s'approprier les téléphones de marque, à haute
technicité (Appareil pouvant supporter deux cartes SIM à la fois,
servant de télévision, ayant un écran digital...) qui ne
sont pas à la portée de toutes les bourses. Ils n'hésitent
plus à investir pour avoir la dernière venue de la
téléphonie pour se démarquer et être à la
mode (Tableau N°5).De nombreux usagers (16,67%) accordent plus
d'importance à la marque (Nokia, Samsung, Siemens et Motorola) ou la
qualité de l'appareil du téléphone portable (Tableau
N°13).
Ce désir de se démarquer donne lieu à
d'autres types de comportements qui ne laissent pas indifférents. C'est
le cas de l'attitude de nombreux usagers qui consiste à posséder
une multitude (deux et plus parfois) de téléphones (Tableau
N°13). Certains encore se ruinent pour acquérir les portables les
plus onéreux même s'ils éprouvent par la suite des
difficultés pour maintenir leur compte actif, l'essentiel c'est de faire
impression sur les autres (33,33% selon le graphique N°6).
Aussi important que la communication elle-même,
être vu et reconnu comme détenteur d'un téléphone
mobile met l'acteur dans une sorte d'état second lui procurant un
certain satisfecit. Mue par cette illusion, le «branché»
recherche par le fait de vouloir se faire remarquer une certaine reconnaissance
(Modandi, op.cit).
La possession répond aussi à une logique
identitaire. L'usager par la possession du téléphone portable
cherche à s'identifier à un groupe social, à une classe
sociale, celle des détenteurs du mobile. Ce groupe constitué
autour du téléphone portable créent des exclus ;
lorsqu'on en est pas détenteurs, on est mis à l'écart
parfois victimes de railleries de la part des détenteurs (20 % selon le
tableau N°16). Ainsi pour être à la mode, bien vu et
accepté par le cercle de détenteurs, cercle devenant de plus en
plus grand il faut s'approprier un téléphone portable.
Les sentiments partagés par les usagers avant
l'acquisition de ce moyen de communication moderne, se traduisait en termes de
frustration et d'exclusion (Tableau N°14 et N°15).
En réalité, la représentation du
téléphone portable comme symbole de prestige et de distinction
sociale étant largement partagée par l'ensemble de la
société, elle exerce une pression sur ceux qui n'en
possèdent pas. Ceux qui n'en possèdent pas encore manifestent un
gène face aux détenteurs. De plus, les différents usages
comme précédemment décrits permettent aux membres de la
société de renforcer leurs liens de solidarité et
d'élargir leur réseau de connaissance.
Il ressort alors de ce qui précède qu'en
dehors des aspects utilitaires et purement communicationnels, le
téléphone portable remplit d'autres fonctions. En même
temps qu'il est représenté comme un symbole de distinction
sociale, il permet aussi à travers ses différents usages de
maintenir les liens entres membres d'une société.
4.4-Les stratégies d'acquisition
Le téléphone portable nous l'avons vu,
remplit à Lomé comme dans les autres grandes villes africaines
plusieurs fonctions. Ces fonctions résident non seulement dans les
différents usages que les détenteurs en font mais aussi dans les
représentations que ces derniers se font de ce moyen de communication
moderne. Ces valeurs et représentations du téléphone
portable, parce que partagées par l'ensemble des loméens, font de
cette technologie une "nécessité". Dans ces conditions, son
adoption devient une contrainte, une obligation.
Pour ce faire, plusieurs stratégies sont
adoptées pour acquérir cet outil. Ces stratégies peuvent
se résumées en deux principales : l'acquisition par achat
personnel et l'acquisition par don.
En effet si la majorité (54,44%) des usagers a
acquis leur téléphone mobile en l'achetant, d'autres
(généralement les femmes et les plus jeunes) l'on obtenu sous la
forme d'un cadeau, offert par un parent, un amis ou encore un amoureux ou amant
(Tableau N°9).
La stratégie quia plus retenue notre attention
dans le cadre de cette analyse est celle adoptée
généralement par les femmes. De nombreuses femmes (12,22% selon
le tableau N°9), généralement les plus jeunes, reconnaissent
que leur téléphone mobile leur a été offert par
leur amoureux. Ce sont habituellement des hommes mariés d'âge
avancé jouissant de revenus confortables. Le désir de distinction
sociale et d'être à la mode occupant une place importante chez ces
jeunes filles, l'acquisition d'un téléphone portable de luxe par
tous les moyens devient la règle. Pour les hommes, offrir un portable
à une jeune fille permet d'obtenir d'elle le plus rapidement possible ce
que l'on veut. Aussi ceci permet de la contacter à tout moment et de
bien planifier les rendez-vous.
Face à ce constat, nous convenons avec Bernard
(cité par Dibakana, op.cit), que le téléphone portable a
encouragé dans une certaine mesure, la prostitution.
4.5-Quelques situations liées à
l'usage du téléphone portable
Des différents usages du téléphone
portable, il apparaît parfois des situations à priori banales,
mais qui peuvent être source de problèmes. Ces situations ne
feront pas dans cette partie de notre travail, l'objet d'une description
exhaustive. Il s'agit pour nous de faire état de quelques situations
observées dans la ville de Lomé.
Le téléphone portable eu égard aux
disputes et situations de querelle qu'il engendre, est un instrument qui
déséquilibre l'intimité de la vie conjugale. Ces disputes
résultent généralement du fait que l'un des partenaires du
couple cherche à avoir le contrôle de tous les appels et messages
reçus par l'autre partenaire en procédant à de
fréquentes consultations du journal d'appel et du répertoire de
son portable. Ces pratiques résultent parfois des appels nocturnes qui
viennent perturber l'intimité et la tranquillité du couple. Il
arrive des cas où, pour éviter des accrochages avec la femme,
l'homme n'enregistre pas les numéros de femmes sous leurs vrais noms, il
les transforme en codes ou les remplace par des noms masculins.
Il n'est pas aussi rare de constater dans la circulation,
des conducteurs de moto ou des chauffeurs au volant de leur voiture recevoir
des appels. Ces situations sont parfois sources d'accidents graves. En plus de
ces situations que nous venons d'énumérer il faut retenir que le
téléphone portable est aussi vecteur de mensonges et de tromperie
de tous ordres. Très souvent, lorsqu'ils sont avec leurs femmes et
qu'ils reçoivent un appel venant d'une autre femme avec laquelle ils
entretiennent des relations extraconjugales, les hommes prétextent une
perturbation du réseau pour pouvoir s'éloigner afin de recevoir
l'appel. Il arrive à certain de couper d'avance la communication et de
mimer après une conversation avec une personne connu par la femme.
Se servant du caractère mobile de cet outil de
communication ne permettant pas à l'appelant d'identifier la position
géographique du répondant, certains usagers lancent à leur
correspondant au bout du fil : « je suis à
X », alors qu'en réalité il se trouve à un
autre endroit Y (X et Y désignent ici deux lieux bien
distincts).Ceci dit, le téléphone portable au delà de
ses aspects utilitaires peut être source d'autres situations aux issus
parfois défavorables aux usagers.
4.6-Vérification des hypothèses
Les TIC, et le téléphone portable en
particulier ont été introduits à Lomé dans un
contexte particulier qui fait d'ailleurs sa singularité. Ce contexte
caractérisé par le manque d'infrastructures techniques
adéquat, une paupérisation de la population, le niveau
d'instruction relativement bas de la population. A ces conditions s'ajoute un
contexte sociopolitique défavorable à la concurrence des
opérateurs de téléphonie mobile, gage d'une vulgarisation
accéléré de cet outil et un contexte social fait de
relations sociales affectueuses privilégiant les contacts physiques (ce
que ne favorise pas le téléphone portable, qui privilégie
les contacts à distance).
Dans ces conditions, la logique aurait voulu que le
téléphone portable ait du mal à s'implanter à
Lomé, mais paradoxalement, cet outil de communication a connu un
succès visible à travers son adoption rapide et
généralisée. Comment expliquer alors ce paradoxe de
l'adoption et de l'expansion rapide du téléphone mobile dans un
environnement a priori défavorable à son succès ?
Comme réponse provisoire à cette question, nous
avons retenu que le succès qu'a connu le téléphone mobile,
dès son introduction dans un contexte socioéconomique et
technique défavorable dans la ville de Lomé, s'explique par son
utilité et les différentes représentations que se font les
loméens de cette nouvelle technologie de la communication.
Cette hypothèse principale nous amène alors
à vérifier dans un premier temps que La vulgarisation
(succès) du téléphone mobile est influencée par son
utilité, car répondant aux divers besoins pratiques et
communicationnels des loméens. Dans un second temps, il fallait
vérifier que l'engouement pour le téléphone portable
à Lomé, est aussi déterminé par sa
possession qui est conçue comme une marque de distinction et de
prestige ; il est aussi facteur d'intégration sociale.
Le premier aspect de cette hypothèse nous a conduit
à faire appel à la théorie de l'acceptation technologique
(TAM). Pour les tenants de ce modèle d'analyse, une technologie est
largement adoptée par ses destinataires lorsque ceux-ci sont
rassurés que cette technologie répondra à leurs besoins et
qu'ils aient les moyens de l'adopter. Pour Davis et al (op.cit) deux croyances
guident l'adoption d'une technologie : l'utilité perçue et
la facilité d'utilisation perçue. Ces deux croyances expliquent
les comportements d'adoption des TIC par les individus. L'adoption d'une
technologie par un individu ou un groupe social est donc favorisée par
l'aspect utilitaire perçue de la technologie. Si l'utilisation de cette
technologie répond à leurs besoins, ils sont disposés
à l'adopter. Ce modèle d'explication tient compte, avec le
paradigme atomistique (en sociologie) du caractère calculateur et
rationnel de l'acteur social. Ce dernier n'agit pas mécaniquement sous
le poids d'une contrainte extérieur, il n'opère des choix
qu'après estimation de ses gains. Il ressort en effet que le
téléphone portable répond à plusieurs besoins des
loméens. Il revêt un intérêt économique (Outil
à la portée de toutes les bourses, disponible...) et social
(répond aux besoins communicationnels que n'a pas pu combler le
réseau de téléphonie fixe, maintien des liens
sociaux...).A cela il faut ajouter sa relative facilité d'utilisation
(ceux qui ont des difficultés bénéficient toujours de
l'aide d'un proche) et son caractère « personnel »
dans un contexte urbain où s'enracine l'individualisme rendant
l'individu plus rationnel et calculateur. Ainsi donc, le caractère
utilitaire, la disponibilité (acquisition et gestion à des
coûts relativement bas), la facilité d'utilisation, expliquent
l'engouement de la population de Lomé pour le téléphone
portable.
La vérification du deuxième aspect de notre
hypothèse se base sur la théorie des déterminants
psychosociaux de Fischer (op.cit) et de Mayo (cité par M. Mousli,
op.cit) selon laquelle l'adoption d'une technologie est
déterminée par des facteurs liés à l'individu
appartenant à un groupe, à une culture et à un
environnement qui influencent ses attitudes et ses motivations ; elle fait
référence à l'influence sociale et à la motivation
sociale pour expliquer l'adoption d'une technologie. L'influence sociale qui
modifie alors le comportement ou les croyances d'un individu sous l'effet d'une
coercition réelle, imaginaire ou volontaire exercée par une
personne ou un groupe de personnes. Aussi a-t-on coutume d'admettre que la
réalité ne peut exister qu'à travers le regard que l'homme
porte sur elle, c'est-à-dire à travers la (les)
représentation(s) qu'il se fait du monde qui l'entoure. Durkheim
(Cité par Modandi, op.cit) aborde les représentations dans une
analyse sociologique qui place au-dessus des individus ou des faits individuels
les faits sociaux. Pour lui, l'unité de base sociologique est
incontestablement le groupe social (la société), régi,
selon lui (Durkheim), par une sorte de système : la conscience
collective. Cette conscience collective est basée sur une opinion :
« croire que ».
La conscience collective impose à l'individu des
manières de penser et d'agir. Et les représentations du
téléphone mobile ici sont en rapport avec les pratiques et les
comportements quotidiens (individuels et collectifs) en ce sens qu'elles les
légitiment. Pour toutes ces raisons, les représentations
collectives comme c'est le cas pour le téléphone mobile forment
la base fondamentale des jugements humains. Et pour le cas d'espèce,
croire que l'on appartient à la haute classe sociale parce qu'on a un
téléphone de marque. Ainsi donc, le fait pour les loméens
de se représenter le téléphone portable comme un
instrument de prestige concoure à sa vulgarisation et à son
adoption rapide. Aussi, l'utilisation de cet instrument crée t-il un
cercle d'utilisateurs ayant un langage spécifique, et des pratiques qui
tendent à s'uniformiser. La possession de cet instrument répond
dans ce cas à une logique identitaire, les potentiels usagers cherchent
à s'intégrer au cercle des détenteurs de cet instrument de
communication qui renforce dans ce cas les liens entre eux : c'est un
instrument d'intégration sociale.
Au total, en plus du contexte (incapacité du
réseau de téléphonie fixe de répondre aux divers
besoins communicationnels des loméens) et de la stratégie
adoptée par les opérateurs de téléphonie mobile
(prix relativement bas de téléphone mobile, cartes de
prépaiement à la portée de toutes les bourses...) le
caractère utilitaire, pratique et les représentations que se font
les loméens du téléphone portable ont favorisé le
succès de ce moyen de communication dans cette ville du Togo.
4.7- Limites de l'étude et discussion
Il est important de faire remarquer que dans notre
désir de satisfaire à notre curiosité à vouloir
comprendre et expliquer la singularité et les facteurs explicatifs de
l'adoption et de la diffusion rapide du téléphone mobile dans la
ville de Lomé, nous avons été confrontés à
des obstacles qui ne nous ont pas permis d'élucider certains aspects de
notre sujet de recherche. Même si ces difficultés sont nombreuses
et significatifs elles ne feront pas tous l'objet de cette partie qui se
propose de relater les plus significatives.
Ces difficultés vont de l'absence de documentation
(données statistiques récents) sur le terrain à
Lomé, à la méfiance envers les chercheurs. Pour les
responsables des compagnies de téléphonie mobile, en raison du
contexte de concurrence, toutes les informations sont stratégiques et ne
peuvent être mises à la disposition des personnes
étrangères au service. Cette attitude ne nous a pas permis
d'avoir des estimations assez récentes et exactes sur les abonnés
et donc, une base de sondage assez fiable pour tirer notre échantillon.
Aussi avons-nous vu nos rendez-vous, avec certains responsables des services
publics et privés, reportés à plusieurs reprises. C'est
à croire que le partage d'informations officielles relève du
secret au Togo. Il faut aussi noter qu'hormis quelques travaux cités
plus haut, une poignée de travaux (thèses et mémoires)
d'étudiants togolais sur les NTIC est à souligner.
A ces difficultés il faut aussi ajouter celles
rencontrées par la majorité des étudiants togolais :
le manque de ressources financières et matérielles pour la
réalisation de leurs travaux de recherches.
L'ensemble de ces obstacles n'ont pas permis
d'étendre notre étude sur un échantillon plus grand,
tiré d'une base de sondage assez fiable. Aussi, les conditions de
réalisation des interviews ont-ils introduit des biais dans les
réponses des enquêtés. Nous avons aussi été
amenés à simplifier certains détails niveau de l'analyse
et de l'interprétation des résultats. Nous sommes donc
restés dans l'incapacité d'apporter les réponses à
tous les aspects de notre sujet de recherche. Nous avons essayé de
formuler quelques pistes de réflexions en s'inspirant des travaux
antérieurs à celui-ci ; il serait souhaitable que ces pistes
de réflexions s'enrichissent et s'élargissent dans d'autres
perspectives de recherche.
Conclusion
La présente étude avait pour objectif de
ressortir la singularité des NTIC en Afrique noire en l'illustrant avec
l'exemple du téléphone portable dans la ville de Lomé. A
cet effet, il a été supposé que le succès qu'a
connu le téléphone mobile, dès son introduction dans un
contexte socioéconomique et technique défavorable dans la ville
de Lomé, s'explique par son utilité et les différentes
représentations que se font les loméens de cette nouvelle
technologie de la communication. Cette thèse part du constat du
développement fulgurant qu'a connu le téléphone mobile
dans la ville de Lomé depuis son avènement en 1998. Ce constat
relève d'un paradoxe en ce sens que la ville de Lomé eu
égard aux pratiques sociales (relations basées sur la
primauté du contact physique), aux revenus et au niveau d'instruction
relativement faible de sa population, au manque d'infrastructures
adaptées et à l'existence d'un environnement
politico-économique non favorable à la concurrence (gage de la
baise des prix de communication), n'était pas favorable à sa
vulgarisation.
Ce paradoxe a été au coeur de la
problématique de cette étude et nous a conduit à
l'élucidation des facteurs explicatifs de cette situation. Pour ce
faire, nous avons adopté une démarche méthodologique
basée sur une approche explicative et descriptive (méthode
quantitative) et une approche compréhensive (méthode qualitative)
et fait usage des techniques de collecte de données et d'analyse
appropriées à chacune des approches.
S'inspirant des théories des déterminants
psychosociaux et de l'acceptation technologique, il ressort de cette
étude que la disponibilité (prix abordable), la stratégie
adoptée par les opérateurs de téléphonie mobile
(cartes de recharges prépayées et accessibles pour tous), la
relative facilité d'utilisation (même ceux qui ont des
difficultés bénéficient de l'aide d'un proche) sont des
facteurs qui favorisent l'adoption du téléphone portable par les
loméens. Ce moyens de communication à travers sa
multifonctionnalité est utilisé à des fins diverses
(calculatrice, appareil photo, réveil, outil de travail...) et
répond surtout aux besoins communicationnels des usagers. Par cette
fonction, cet outil permet aux usagers de rester en permanente communication
par abolition de la distance et renforce ainsi les liens sociaux entre eux. En
ce sens il est facteur d'intégration social.
Il ya aussi l'aspect lié à l'image que les gens
se font de cette nouvelle technologie de la communication. Disposer de cet
outil n'est plus la seule préoccupation. Il faut au- delà de sa
possession se faire remarquer et se distinguer des autres à travers la
marque, le nombre ou encore l'actualité de son appareil
téléphonique. C'est un outil, un facteur de distinction social.
Cette représentation, parce que partagée par l'ensemble de la
population, favorise l'adoption de cet outil moderne de communication.
Il faut aussi noter que la téléphonie mobile,
même si elle n'est pas la solution magique aux problèmes que
connaît la population de Lomé et du Togo dans l'ensemble; elle
n'en constitue pas moins un début de solution aux problèmes de
développement : multiplication de petites et moyennes entreprise,
forte activité autour des cartes de recharge et objets
dérivés au mobile, facteur d'intégration,
désenclavement des villes et villages, etc., constituent des signes
positifs dans le processus de développement. Toutefois, son usage
engendre des coûts non négligeables constituant une charge pour
les usagers les moins nantis ; c'est aussi une source de
déséquilibre de l'intimité, d'accident de circulation ou
encore d'arnaques de tous ordres.
Il convient alors aux décideurs politiques d'adopter
des stratégies appropriées pour en faire un véritable
outil de développement. L'on pourra à cet effet créer un
environnement favorable à la concurrence et ouvrir le marché
à d'autres opérateurs ; prendre des mesures relatives
à la baisse des coûts de communication qui comparativement aux
autres pays voisins restent encore élevés.
Au total, tous les objectifs assignés à cette
étude ont été tous atteints et toutes les
hypothèses vérifiées. Mais, il convient toutefois de noter
que les insuffisances relatives à la méthodologie, et aux
difficultés de terrain ne nous ont pas permis de mettre à jours
tous les facteurs explicatifs à l'adoption rapide du
téléphone portable dans la ville de Lomé. Aussi n'avons
nous pas pris en compte des aspects liés aux mutations sociales
nées de l'introduction du téléphone portable dans la ville
de Lomé. A cet effet des études plus étendues prenant en
compte ces aspects et les insuffisances du présent mémoire
doivent être envisagées dans la perspective d'une thèse.
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www.togocel.tg Dernière
consultation 26 septembre 2010.
Liste des tableaux
Pages
Tableau N°1 :
Répartition de l'échantillon par strate
...................................48
Tableau n°2 :
Répartition des enquêtés selon l'âge et le
sexe..........................53
Tableau n°3 :
Distribution des usagers selon leur possibilité de recharger leur
téléphone mobile à domicile et le fait qu'ils ont
utilisé le téléphone fixe avant le
téléphone portable
.............................................................................55
Tableau n°4 :
Répartition des enquêtés selon le niveau d'instruction
et l'appréciation de l'utilisation du
téléphone mobile....................................59
Tableau n°5 :
Répartition des enquêtés selon qu'ils font recours à
l'aide d'un tiers pour la manipulation du téléphone mobile et
selon leur appréciation de l'utilisation de cette
technologie...........................................................................60
Tableau n°6 :
Distribution des usagers selon les fins auxquelles ils utilisent le
téléphone portable et selon leurs principaux
correspondants...........................61
Tableau n°7 :
Répartition des enquêtés selon le sexe et selon le nombre
d'appels reçus
............................................................................................61
Tableau n°8 :
Distribution des enquêtés selon les avantages qu'ils trouvent
liés à l'utilisation du téléphone mobile et le fait
qu'ils trouvent que cet outil de communication améliore leur
quotidien....................................................62
Tableau n°9 :
Répartition des enquêtés selon le mode d'acquisition du
téléphone portable et le
sexe............................................................................63
Tableau n°10 :
Distribution des usagers selon les cartes de recharge
généralement utilisées (en
FCFA)............................................................................65
Tableau n°11 :
Répartition des usagers en fonction de leur situation professionnelle et
du montant de la dépense mensuelle consacrée à l'achat des
cartes de recharge téléphonique (en
FCFA).....................................................................66
Tableau n°12:
Distribution des usagers selon les avantages qu'ils trouvent liés
à l'utilisation du téléphone mobile et le
sexe...............................................67
Tableau n°13 :
Répartition des usagers en fonction du nombre de portable utilisé
et les déterminants du choix d'un téléphone
portable.......................................68
Tableau n°14 :
Répartition des enquêtés selon leur sentiment avant
l'acquisition du téléphone portable face à ceux qui en
possédaient et leur avis sur la nécessité de cet outil de
communication......................................................................70
Tableau
n°15 : Répartition des
enquêtés selon les raisons qui font du portable une
nécessité.........................................................................................71
Tableau n°16 :
Répartition des enquêtés en fonction de
leur sentiment après l'acquisition du téléphone portable
face à ceux qui en possèdent et de leur réaction face
à ceux qui n'en possèdent pas
encore...........................................................................................72
Liste des graphiques
Pages
Graphique n°1 :
Distribution des enquêtés selon leur situation
Professionnelle.................................................................................54
Graphique n°2 :
Répartition des usagers du téléphone mobile selon leur
revenu mensuel (en
FCFA)...................................................................55
Graphique n°3 :
Distribution des usagers en fonction de leur niveau
d'instruction....................................................................................56
Graphique n°4 :
Répartition des enquêtés selon la durée
d'utilisation du téléphone
portable..........................................................................................57
Graphique n°5:
Répartition des enquêtés selon le prix de leur
téléphone
portable.........................................................................................65
Graphique n°6 :
Distribution des usagers en fonction des motifs explicatifs du choix du nombre
de portable utilisé
........................................................69
ANNEXES
Annexe N°1 :
Carte de la couverture nationale de la compagnie Togo cellulaire
251658240
Source :
www.togocel.tg
Annexe N°2 : Outils de collecte des
données
Questionnaire
d'enquête
(Destiné aux usagers du
téléphone mobile)
Madame/ Monsieur
Dans le cadre de la rédaction de notre
mémoire de DEA en sociologie, nous voudrions recueillir des informations
relatives à l'adoption et à l'utilisation du
téléphone portable à travers les questions
consignées dans ce questionnaire. Retenez que les informations
recueillies seront utilisées à des fins scientifiques et qu'il
n'y a pas de bonnes ou mauvaises réponses. Toutes les réponses
sincères nous intéressent.
Merci pour votre disponibilité et votre
collaboration.
Arrondissement
..................................... . . . . . ...
Date..................
Section I : Profil des usagers
N° D'ordre
|
Questions et filtres
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Réponses et codes
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Saut
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Q101
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Sexe (noter sans poser la question)
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-Masculin 1
-Féminin
2
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Q102
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Quel âge avez-vous ?
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-15 à 25 ans
1
-26 à 35ans
2
-36 à 45 ans
3
-46 à 55 ans
4
- 55 ans et plus 5
|
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Q103
|
Quelle est votre situation professionnelle ?
|
-Sans emploi 1
- Elève/ Etudiant 2
-Agriculteur 3
-Artisan 4
-Commerçant 5
-Employé du secteur privé 6
- Employé du secteur public 7
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Q104
|
Quelle est votre niveau d'instruction ?
|
-Analphabète 1
-Primaire 2
-Secondaire 3
-Supérieur
4
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Q105
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A combien peut-on estimer votre revenu mensuel ?
|
-Moins de 15000 FCFA 1
- 15000 FCFA à 40000 FCFA 2
-41000 FCFA à 65000 FCFA 3
-66000 FCFA à 90000 FCFA 4
-90000 FCFA et plus 5
|
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Section II : Acquisition et usages du
téléphone mobile
N° D'ordre
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Questions et filtres
|
Réponses et codes
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Saut
|
Q201
|
Depuis combien de temps utilisez-vous le
téléphone portable ?
|
-Moins de 1 an 1
-1 à 3 ans
2
-3 ans et plus 3
|
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Q202
|
Avez-vous utilisé le téléphone fixe
avant le téléphone portable ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
Q203
|
Disposez-vous de l'installation électrique pour la
recharge de votre téléphone mobile à
domicile ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
Q204
|
Comment trouvez-vous l'utilisation du téléphone
portable ?
|
- Difficile 1
- Acceptable/Moyen 2
-Facile 3
|
|
Q205
|
Faites vous recours à l'aide d'un tiers pour la
manipulation de cet outil ?
|
-Jamais 1
-Rarement 2
-Toujours 3
|
|
Q206
|
A quelles fins utilisez-vous cet outil de
communication ?
|
-Distraction 1
-Travail/Affaires 2
-Communiquer avec
des amis 3
- Communiquer avec
les membres de la famille 4
-Autres (à préciser)
5
|
|
Q207
|
Quels sont vos principaux correspondants ?
|
-Collègues
1
-Clients/Partenaires 2
-Membres de la famille 3
-Amis et proches 4
|
|
Q208
|
Combien d'appels et/ou messages recevez-vous par
jour ?
|
-Moins de 5 1
-5 à 10
2
-Plus de 10 3
|
|
Q209
|
Combien d'appels et/ou messages émettez-vous par
jour ?
|
-Moins de 5 1
-5 à 10
2
-Plus de 10 3
|
|
Q210
|
Quelle sont les avantages liés à l'utilisation
du téléphone portable ?
|
-Plus d'opportunités
d'affaires 1
-Elargissement du réseau
de connaissance 2
-Facilite la communication
/Travail 3
-Maintien et consolidation
des relations sociales 4
-Autres (à préciser)
5
|
|
Q211
|
Pouvez-vous dire que l'usage de cet outil a
amélioré votre quotidien ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
|
Section III : Implications économiques de
l'utilisation du téléphone portable
N° D'ordre
|
Questions et filtres
|
Réponses et codes
|
Saut
|
Q301
|
Comment avez-vous obtenu votre téléphone
portable ?
|
-Achat personnel 1
- Don d'un proche 2
-Cadeau d'un amoureux 3
|
|
Q302
|
A combien peut-on estimer le prix de votre
téléphone mobile ?
|
-Moins de 15 000 FCFA 1
- 16 000 FCFA à 45 000 FCFA 2
-46 000 FCFA à 75 000 FCFA 3
-76 000 FCFA à 105 000 FCFA 4
-Plus de 105 000 FCFA 5
|
|
Q303
|
Quelles cartes de recharge utilisez-vous
généralement ?
|
-200 FCFA 1
-450 FCFA ou 500 FCFA 2
-1000 FCFA 3
-2000 FCFA 4
-4500 ou 5000 5
- Plus de 5 000 FCFA 6
|
|
Q304
|
Combien dépensez-vous mensuellement pour l'achat des
cartes de recharge
|
-Moins de 2000 FCFA 1
- 2000 FCFA à 5000 FCFA 2
-5000 FCFA à 8000 FCFA 3
-Plus de 8000 FCFA 4
|
|
Q305
|
Y a-t-il des avantages à espérer des
dépenses engendrées par l'utilisation du téléphone
mobile ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
Q401
|
Q306
|
Pourquoi ?
|
-Dépenses supplémentaires
inutiles 1
-Endettement 2
-Angoisse face à l'expiration
de la période d'appel 3
-Autres (à préciser)
4
|
|
Section IV : Représentations et perception
du téléphone mobile
N° D'ordre
|
Questions et filtres
|
Réponses et codes
|
Saut
|
Q401
|
Combien de téléphones portables
utilisez-vous ?
|
-1
1
-2
2
-3 et plus 3
|
Q403
|
Q402
|
Quelles sont les raisons de ce choix ?
|
- Avoir accès au deux réseaux 1
-Elargir mon réseau de correspondant
2
- Etre à la mode / Impressionner 3
|
|
Q403
|
Qu'est ce qui détermine chez-vous, le choix d'un
téléphone portable ?
|
- Son actualité (à la mode)
1
-Sa marque 2
-Ses fonctionnalités/ efficacité 5
-Son prix / Disponibilité 4
|
|
Q404
|
Peut-on dire qu'aujourd'hui la possession d'un
téléphone portable est une nécessité ?
|
-Oui 1
-Non 2
|
Q406
|
Q405
|
Pourquoi ?
|
-Facilite les affaires/ Travail 1
-Maintenir ses relations sociales 2
-Ne pas se sentir marginaliser 3
-Se faire respecter 4
-Etre à la mode 5
|
|
Q406
|
Avant l'acquisition du téléphone portable,
comment vous sentiez-vous face à ceux qui en
possédaient ?
|
-Indifférent
1
-Frustrer 2
-Mis à l'écart
3
-Admiratif/ Impressionner 4
|
|
Q407
|
Après acquisition du téléphone
portable, comment vous sentez-vous face à vos amis qui en
possèdent aussi ?
|
-Accepter 1
-Moins frustrer 2
-Indifférent
3
|
|
Q408
|
Quelle réaction avez-vous face à quelqu'un qui
ne dispose pas d'un téléphone portable ?
|
-Indifférent
1
- Etonnement / Surprise 2
-Railleries 3
-Supériorité
4
|
|
Guide d'entretien destiné aux usagers du
téléphone mobile
1. Quelles sont les raisons qui vous ont motivé
à adopter le téléphone portable ?
2. Que représente pour vous, la possession de cette
technologie de la communication ?
3. Quelles modifications la possession et l'utilisation de
cet outil ont apporté dans vos rapports avec votre
entourage ?
4. Ya t-il des avantages liés à son
utilisation ?
5. Quels sont les inconvénients de son
utilisation ?
Guide d'entretien destiné aux personnes
ressource
1. L'explosion du téléphone mobile dans la
ville de Lomé est-elle liée à
des facteurs :
- Economiques ?
- Socioculturels ?
- Politiques ?
- D'ordre structurel ?
2. Quelle analyse faites-vous de l'état des
infrastructures de communication existantes au Togo et surtout dans la ville de
Lomé ?
3. Quels avantages peut-on espérer de
l'introduction de cette nouvelle technologie de l'information et de la
communication ?
4. Quels impacts négatifs l'utilisation de cet
outil peut-elle avoir sur le développement de la ville de
Lomé ?
Table des matières
Pages
Dédicace
........................................................................................2
Remerciements
...............................................................................3
Sommaire
.......................................................................................4
Liste des acronymes
...........................................................................5
Introduction
....................................................................................6
PREMIERE PARTIE : LES CADRES DE LA RECHERCHE
.........................9
CHAPITRE PREMIER : CADRE THEORIQUE DE LA RECHERCHE
......10
1.1-Intérêt de l'étude
.........................................................................10
1.2- Problématique de l'étude ...
............................................................11
1.3- Questions de recherche
................................................................15
1.3.1-Question générale de recherche
.....................................................15
1.3.2-Questions spécifiques de recherche
................................................15
1.4-Les hypothèses
..........................................................................16
1.4.1-Hypothèse principale
.................................................................16
1.4.2-Hypothèses secondaires
..............................................................16
1.5-Les objectifs de la recherche
..........................................................16
1.5.1-L'objectif général
......................................................................16
1.5.2-Les objectifs spécifiques
.............................................................17
1.6-Choix et justification des variables et indicateurs
...................................17
1.6.1-Variable dépendante
..................................................................17
1.6.2-Variables modératrices
...............................................................17
1.6.3-Variables indépendantes
..............................................................19
1.6.4- Les indicateurs
........................................................................20
1.7- Revue critique et thématique de la
littérature .......................................20
1.7.1- Approches explicatives de l'adoption des NTIC
.................................21
1.7.1.1-Le paradigme diffusionniste
......................................................21
1.7.1.2-Le modèle de l'innovation ou de la traduction
..................................23
1.7.1.3-La théorie des déterminants
psychosociaux .....................................25
1.7.1.4-Le modèle de l'acceptation technologique
.......................................27
1.7.2-NTIC et développement en Afrique
................................................31
1.7.2.1-Déterminisme technologique ou technocentrisme
..............................31
1.7.2.2-Pessimisme technologique ou dystocie
..........................................34
1.8-Choix du cadre de référence
théorique ................................................37
1.9-Définition des concepts
.................................................................38
CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DU CADRE PHYSIQUE ET
METHODOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
..........................................42
2.1-Description du cadre physique
.........................................................42
2.1.1-Aperçu Historique de la ville de Lomé
.............................................42
2.1.2-Situation géographique
...............................................................43
2.1.3-Evolution démographique
............................................................43
2.1.4-La vie socio économique
.............................................................44
2.1.5-Les opérateurs de téléphonie
........................................................44
2.1.5.1-Togo télécom
........................................................................44
2.1.5.2-Togo cellulaire
.......................................................................45
2.1.5.3-Moov Togo
...........................................................................45
2.2-Cadre méthodologique de la recherche
...............................................46
2.2.1- Population de référence
..............................................................46
2.2.2-L'échantillon
...........................................................................46
2.2.3-Techniques et instruments de collecte des
données ..............................48
2.2.3.1-La méthode quantitative
............................................................48
2.2.3.1.1-Le test du questionnaire
.........................................................48
2.2.3.1.2-L'enquête proprement dite
......................................................49
2.2.3.2-L'approche qualitative
..............................................................49
2.2.3.2.1-La recherche documentaire
......................................................49
2.2.3.2.2-L'observation
.....................................................................50
2.2.3.2.3-Les entretiens individuels (le guide
d'entretien) ..............................50
2.2.4-Méthodes d'analyse des données
...................................................51
2.2.4.1- Analyse des données quantitatives
...............................................51
2.2.4.2- Analyse des données qualitatives
................................................51
DEUXIEME PARTIE : PRESENTATION ET ANALYSE DES
DONNEES, INTERPRETATION ET DISCUSSION DES
RESULTATS...........................52
CHAPITRE TROISIEME : PRESENTATION
ET ANALYSE DES DONNEES
.........................................................53
3.1-Profil des usagers de la téléphonie
mobile ............................................53
3.2- Acquisition et usages du téléphone
mobile ..........................................57
3.3- Implications économiques de l'utilisation du
téléphone portable ...............63
3.4 - Représentations et perception du
téléphone mobile ...............................68
CHAPITRE QUATRIEME : INTERPRETATION DES RESULTATS
.............73
4.1- Le paysage des télécommunications au
Togo .......................................73
4.2- Les usagers de la téléphonie mobile
..................................................74
4.3-Facteurs favorisant l'adoption et la diffusion rapide
du téléphone
mobile dans la ville de Lomé
...............................................................75
4.3.1-Les facteurs conjoncturels et les facteurs
liés à l'utilité ..........................75
4.3.2- Les facteurs liés aux représentations
sociales ....................................78
4.4-Les stratégies d'acquisition
............................................................80
4.5-Quelques situations liées à l'usage du
téléphone portable ..........................81
4.6-Vérification des hypothèses
............................................................82
4.7- Limites de l'étude et discussion
......................................................85
Conclusion
....................................................................................87
Bibliographie
.................................................................................90
Webographie
.................................................................................92
Liste des tableaux
............................................................................95
Liste des graphiques
.........................................................................96
ANNEXES
....................................................................................97
Annexe N°1 : Carte de la couverture nationale
de la compagnie Togo cellulaire ...98
Annexe N°2 : Outils de collecte des
données ............................................99
* 1 Le taux brut de
scolarisation sur le plan national est de 112% ; il est estimé
à 114% pour la zone Lomé-Golf. Notons que ces ne taux traduisent
pas le niveau d'instruction de la population, mais la capacité du
système éducatif togolais à accueillir les enfants
d'âges scolarisables (FMI, 2010 :20).
* 2 Le taux de pauvreté
est estimé à 61,7% sur le plan national, il est de 79,9% en
milieu rural et de en milieu urabain.Ce taux est de 24,5% à Lomé
(FMI, 2010 :14).
* 3 Notons qu'au Togo,
l'état de pauvreté généralisé et l'absence
d'infrastructures téléphoniques et électriques ont
été plus accentués par la crise sociopolitique que
traverse ce pays depuis les années 1990.
* 4 Le bip désigne le
fait pour un usager du mobile de faire sonner pendant un temps très
court (une ou deux secondes) le téléphone d'un correspondant. Le
bip est généralement utiliser pour faire passer des"
messages " (salutation, rappel d'un évènement, demander
au correspondant de vous rappeler...) sans dépenser sont crédit
de communication.
|