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Essai sur la question de responsabilité humaine, de Jean-Paul Sartre.

( Télécharger le fichier original )
par Jean Mosesy HOBIARIJAONA
Toamasina, Madagascar - Maîtrise 2016
  

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II.III. LA RESPONSABILITÉ

Le monde est désormais engagé dans une nostalgie de ce que la simplicité et le labeur donnait comme liberté. Puisque les inventions ne furent pas libératrices, et que la liberté fut créatrice : maintenant, au vu d'un individualisme de liberté, tout le monde crie « liberté ! » partout sans se faire entendre. Puisqu'il n'y a plus personne pour entendre. Les cris ne deviennent alors que violences et désordres : il n'y a plus ni communication ni entendement. Et l'on parle ainsi de « Politiques antidiscriminatoires »l, de responsabilité citoyenne, économique, culturelle, écologique, gouvernementale, et tant d'autres responsabilités exactes. L'on parle d'organisations gouvernementales ou non, qui se divergent séparément et distinctement. Et de maints phénomènes marquant la panique et la crainte de l'existence contemporaine, ce n'est pas dans cette divergence éparpillée que l'on va traiter la question. En effet, l'on aspire ici à une responsabilité totale qui porte l'aspect de la liberté humaine, celle subjective qui engage l'individu et toutes ses réalités :« en me choisissant [disait Sartre], je choisis l'homme »2

II.III.1. « Le délaissement total » et la Responsabilité.

La responsabilité est définie comme « la situation de celui qui peut être appelé à répondre de ses actes ou d'un fait »3. Cependant, outre le homme-moi, Sartre, à travers Antoine Roquetin, dit dans La Nausée4 : « C'est le reflet de mon visage (...) je n'y comprends rien, à ce visage. Ceux des autres ont un sens. Pas le mien (...) ». Certes, nous le savons : nos visages ne nous donnent aucune impression que dans un esprit d'égoïsme qui confirme et se conforme à ce qu'on qualifie d'enfantillage. Seul un autre visage saura me dire la vie et la mort, le beau et le moche,... surtout dans nos solitudes. Le nôtre est aussi vain que nos efforts, tant qu'un autre ne se présente. « La nausée n'est pas en moi : je la ressens là-bas sur le mur, sur les bretelles, partout autour de moi (...). C'est moi qui suis en elle ».

Tout cela explique d'abord que l'on ne se suffit jamais, il nous faut une réponse mais pour cela, il faut également une question à celui qui va répondre. La relation humaine est faite de phénomènes perpétuels : l'on ne peut percevoir sans être perçu ou aperçu. C'est ce qui nous ramène en premier lieu à s'intéresser aux situations d'autrui ; mais fmalement, que l'on

'Cf. http://www.deboeck.fr/politiques-antidiscriminatoires

2 SARTRE, L'EXISTENTIALISME EST UN HUMANISME, [PDF], p.3. In http://www.cmontmorencv.gc.ca. a DUROZOI G. et ROUSSEL A., Dictionnaire de philosophie. a SARTRE, La Nausée, Op.cit., p.32, §3 -- p. 37, §2.

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s'y intéresse ou non, la mort d'autrui peut ne pas être la nôtre mais sa souffrance, son exposition, son problème ne peuvent ne pas les être pour notre propre mort.

La responsabilité est (originellement) onto-phénoménologique) : l'homme est ce qu'il est, il existe tel qu'il existe, il n'a aucun sens, mais il est libre, il est condamné à être libre. Mais si le délaissement existentiel est l'engagement, le délaissement total est cette situation de l'homme délaissé par Dieu et qui s'assume totalement lui-même pour devenir l'être de son choix. Mais alors, il doit assumer sa liberté après en avoir pris conscience s'il veut se réaliser et donner sens à son existence : une responsabilité totale, et non infmie, de son existence. En effet :

Dostoïevski avait écrit : "Si Dieu n'existait pas, tout serait permis." C'est là le point de départ de l'existentialisme. En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et par conséquent l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui ni hors de lui une possibilité de s'accrocher. [Car Dieu n'existe pas, et l'homme est là : et c'est cela le délaissement, dit total.]

Il ne trouve d'abord pas d'excuses. Si, en effet, l'existence précède l'essence, on ne pourra jamais expliquer par référence à une nature humaine donnée et figée ; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est libre, l'homme est liberté.

Si, d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite. Ainsi, nous n'avons ni derrière nous ni devant nous, dans le domaine lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses. Nous sommes seuls, sans excuses.

"C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant libre,

'Cf. DASSONNEVILLE, Gautier, « Une autre histoire de la contingence : Parcours aux limites de l'ontologie phénoménologique, à partir de D. Giovannangeli, Finitude et représentation (2002). » In Université de Liège -- Université de Lille 3,Bulletin d'analyse phénoménologique, X11, 2014, pp. 62-73. [Disponible sur http :// popups.ulg.ac.be/1782-2041 (Référence du 07/11/2014, 11 :01 :00)] :

« La tâche de l'ontologie reviendrait à penser l'opposition de l'infini et du fini (...) dès La passion de l'origine (D. Giovannangeli, Paris, Galilée, 1995, p. 10.). Avec et chez Sartre, il signale comment la phénoménologie, livrant le monde comme phénomène, enveloppe une ontologie d'une part, et gagne l'objectivité de tous les phénomènes par un recours à l'infini d'autre part (...). Le rapport de l'homme à Dieu continue de jouer un rôle fondamental dans l'ontologie sartrienne, ce qui reviendrait à dire en termes heideggériens que la pensée sartrienne resterait une onto-théologie (...). L'athéisme sartrien reprend à son compte la seconde preuve cartésienne de l'existence divine tout en comprenant que « l'être vers lequel se dépasse la réalité-humaine est "au coeur d'elle-même" » (...) la lecture derridienne poussant d'une certaine manière Sartre vers la position de Levinas, lecture à laquelle la distinction des deux versions de « l'infini dans le fini » résiste. [...] dans les Carnets de la drôle de guerre (Sartre, dans Les Mots et autres écrits autobiographiques, Paris, Gallimard, « Bibliothèque de La Pléiade », 2010, p. 490-492.) quant à l'interprétation aronienne de la phénoménologie comme « athéisme méthodologique », dont une des applications (...) serait d'assurer la critique radicale de tout effort pour saisir l'événement historique comme il fut (...). À titre d'exemple, Sartre se demande si la conversation tenue entre deux personnes existe en soi ou n'existe que pour l'une et pour l'autre, indépendamment. (...) la facticité (...) l'idée de Dieu (...) le sens phénoménologique du regard dans la constitution de l'objectivité de la réalité-humaine. (...) Finalement, la version sartrienne d'un athéisme phénoménologique est inhérente à une recherche qui met toutes ses forces dans le sauvetage de la chose en soi, de laquelle la conscience tiendra sa sauvegarde.»

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parce qu'une fois jeté dans le monde, il est responsable de tout ce qu'il fait. [...] L'existentialisme [...] pense donc que l'homme, sans aucun appui et sans aucun secours, est condamné à chaque instant à inventer l'homme. Ponge a dit, dans un très bel article : "L'homme est l'avenir de l'homme." C'est parfaitement exact". (Jean-Paul SARTRE)1

D'autre part, s'étendant au sens juridique ou pénal et moral, cette responsabilité implique un principe de liberté. L'autonomie de la volonté telle que Kant la conçoit donna une nouvelle ampleur à la notion : dès lors que la loi formulée par un sujet est aussi celle de l'humanité, alors la responsabilité est donc humaine (universelle), et tout le monde répond alors de l'acte de chacun tout comme chacun répond de l'acte de tout le monde. Les obligations de Pacte2 entre États et communautés illustrent cet aspect juridique de la responsabilité, et laisse entrevoir une dialectique de la liberté contrefaite. Si bien que la Responsabilité appelle divers établissements et divergences3 tels que la responsabilité morale, l'éthique, la responsabilité pour autrui, la responsabilité juridique, l'hétéronomie, la société, l'éthique discussionelle (Habermas), ... ; elle demeure cet « acte de répondre ».

La question est d'abord celle de la conscience comme pensée au service de l'action. Cette conscience qui est en tout et partout contingence de l'homme par sa dialectique : la double existence de l'homme selon Hegel, sa petitesse et sa grandeur chez Pascal, l'indispensable cogito cartésien,... ; c'est ce champ où toute relativité se dissout pour un absolu existentiel. Mais lorsque Marx cite dans Critique de l'économie politique (1859) que ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais que c'est au contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience ; ce fait n'est point négligeable si bien que cette conscience-dans-le-monde serait celle qui répond au monde ensuite pour devenir action4. Sans conscience du danger, par exemple, on ne peut évidemment pas agir, que ce soit pour se sauver ou pour résoudre le cas. Et de même, sans conscience l'acte n'est possible puisque c'est cette conscience qui précède toute activité volontaire et réfléchie que l'on appelle action plutôt que réaction (qui est substantive) ou autoconservation (qui est instinctive -- animale -pour se construire un nid, un barrage d'eau, ou tout autre ouvrage traditionnel, primitif,...), ou autre.

1 Cf. http://www.devoir-de-philosophie.com/ C'est quoi le délaissement d'après Sartre ?, In Yahoo Question Réponses/ commentaires/meilleur réponse/clovix (il y a 3 ans). [15/06/2015/12 :18.]

2Cf. NATIONS UNIES/ HRI, « Instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme », In HRI/ Distr. GÉNÉRALE, Vol. I, rév. 9, 27 mai 2008, [PDF], p. 57.

3Cf. « Autonomie de la volonté », « liberté » ; Jonas Hans ; E. Levinas ; et cætera.

4Cf. Oscar Brenifier, La Conscience, l'Inconscient et le Sujet, p.62 : « La connaissance ou "pure représentation" n'est qu'une des formes possibles de ma conscience "de" cet arbre ; je puis aussi l'aimer, le haïr, et ce dépassement de la conscience par elle-même, qu'on nomme "intentionnalité", se retrouve dans la crainte, la haine et l'amour. (SARTRE, Situations 1, 1947) »

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En effet, l'action est l'aspect subjectif de l'acte, sa réalité en soi, ce qui précède le fait: désir, volonté, intentions,... ; et l'acte vient ensuite comme l'ensemble des actions. Mais si un individu entreprend une action, l'on parle d'un projet, d'une projection de travail, d'ouvrage, ou d'un acte comme réalisation d'une idée. Or, un projet est nécessairement personnel : soit il s'identifie à un individu ou à un groupe, soit il devient contrainte pour un individu ou pour un groupe. Cette personnalité du projet concerne d'abord la conscience de soi, puis implique aussi le monde ou le groupe de choses totalisées dans la fin.

La conscience, tout comme l'action ne peuvent donc ne concerner qu'elles seules, et en même temps ne peuvent concerner qu'elles-mêmes : c'est cette unité naturelle des contraires qui exigent la responsabilité. En d'autres termes, un bon archer [dit-on] ne cherche pas la raison hors de lui s'il manque sa cible, que lorsqu'il se serait assuré que cette cause n'était pasni de lui, ni en lui. Puisque en effet, ni Dieu, ni autrui ne peut être le « psuchê » qui dirige mes actes si je veux me construire tel un humain. Et que par ailleurs, tout acte a pour fm son acteur : toute chose réalisé ne réalise qu'elle-même, et ne se réalise que par son idée. Mais la possibilité de cela est une autre question.

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"Ceux qui rêvent de jour ont conscience de bien des choses qui échappent à ceux qui rêvent de nuit"   Edgar Allan Poe