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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR RECHERCHE
SCIENTIFIQUE
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UNIVERSITE DE TOAMASINA
Université FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES
HUMAINES
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HUMAINES
Juin 2016
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EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE MAÎTRISE ES-LETTRES ET
SCIENCES
OPTION : PHILOSOPHIE
Présenté · ar :
|
HOBIARIJAONA Jean Mosesy Sous la direction de
:
|
Madame RAHARINIAINA Marie Frédeline Maître de
conférences à l'Université de Toamasina
|
|
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|
Juin 2016.
MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE
LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
************
UNIVERSITE DE TOAMASINA
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Université oamasma
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|
FACULTE DES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
************
DEPARTEMENT DE PHILOSOPHIE
|
Essai sur la Question
de Responsabilité
humaine, de Jean-Paul
SARTRE
MEMOIRE EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME DE
MAÎTRISE ES LETTRES ET SCIENCES HUMAINES
OPTION : PHILOSOPHIE
Présentée par:
HOBIARIJAONA Jean Mosesy
Membres de Jury:
Président : Pr. JAORIZIKY
Rapporteur : Dr. RAHARINIAINA Marie
Frédeline
Examinateur : Dr. Emmanuel DOLIFERA
I
REMERCIEMENTS
D'abord, je voudrais surtout remercier Dieu pour tout car
toute volonté et tout effort seraient vains sans Lui. Et pour cela, je
Lui adresse ma reconnaissance et ma finitude.
Au terme de ce travail de recherche, je voudrais exprimer mes
grands remerciements à l'Université de Toamasina, au
Département de Philosophie, à tous les Responsables et
Enseignants,pour m'avoir permis de continuer mes études. Je remercie
également ma grande famille, de tout coeur, pour leur soutien, pour leur
contribution, et pour leur collaboration durant ce parcours.
Néanmoins, permettez-moi de prononcer ma plus grande
gratitude et ma grande considération à mon encadreur, le Docteur
RAHARINIAINA Marie Frédeline, qui,en tant qu'Enseignant, m'a beaucoup
soutenu et amplement dirigé en tant qu'étudiant ; et tout aussi
en tant qu'encadreur, m'a beaucoup marqué par son éminence
humaine ;sa disponibilité, son attention, et ses conseils malgré
les charges et occupations dont elle est responsable,et son dévouement
m'ont été d'une valeur très inestimable. Merci à
vous pour votre gratuité.
A toutes les personnes : parents, parrains, amis qui, de
près ou de loin ont contribué à l'élaboration de ce
travail, sincèrement merci.
HOBIARIJAONA Jean Mosesy
II
TABLE DES SIGLES ET DES ABREVIATIONS
Abréviations
|
Lire
|
C°
|
degré Celsius.
|
Cf
|
Confer (reportez-vous à)
|
D°
|
Dito (ce qui a été dit)
|
Et al.
|
Et alii (et les autres auteurs)
|
Etc.
|
et cætera (et le reste)
|
Ibid.
|
Ibidem(dans le même ouvrage)
|
Id.
|
Idem (chez le même auteur)
|
Infra
|
Ci-dessous (renvoi à une section ultérieure du
Mémoire)
|
Loc.cit
|
loco citato(cité de la même page que la
note qui précède immédiatement)
|
L Q
|
Lege quæso (lisez, je vous prie)
|
Op.cit.
|
Opus citatum (oeuvre déjà
cité)
|
C.R.D
|
Critique de la raison dialectique
|
E&N
|
L'Être et le Néant
|
M.A.P/P.A.M
|
« Madagascar Action Plan » / Projet d'Action pour
Madagascar
|
P.U.F
|
Presses Universitaires de France
|
Th.
|
Thèse (Mémoire)
|
Trad.
|
Traduction
|
III
SOMMAIRE
INTRODUCTION GENERALE.
Partie I. L'EXISTENTIALISME DE JEAN-PAULSARTRE ET LA
QUESTION
DE RESPONSABILITE.
Introduction partielle
Chapitre I. Vision panoramique de la
Responsabilité.
I.I.1. Les pré-sartriens
I.I.2. Les post-sartriens
I.I.3. Kant et l'Impératif catégorique
Chapitre II. Existence et existentialisme de Jean-Paul
SARTRE.
I.II.1. La conscience sartrienne
I.II.2. La liberté sartrienne
I.II.3. L'existence sartrienne
Conclusion partielle
Partie II. PARTIR DE LA « RESPONSABILITE »
EXISTENTIALISTE.
Introduction partielle
Chapitre I. Subjectivité et
Altérité.
II.I.1. L'altérité ou le conflit avec
autrui
II.I.2. L'intersubjectivité ou la relation avec
autrui
II.I.3. L'humanisme ou l'universalité de
l'homme
Chapitre II. Liberté comme responsabilité
ou l'angoisse existentialiste.
II.II.1.La liberté
II.II.2. Responsabilité, prolongement de la
liberté
Chapitre III. La responsabilité.
IV
II.III.1. Le délaissement total et la
Responsabilité
II.III.2. Existence ou possibilité de la
responsabilité
II.III.3. Finalité de la Responsabilité
Conclusion partielle
Partie
III. LA QUESTION DE RESPONSABILITE EN TERME
PRAGMATIQUE.
Introduction partielle
Chapitre I. Discours économiques.
III.I.1. Le moyen et la valeur : Monnaie et
Finance
III.I.2. La science et ses échecs : Écologie
et Commerce
Chapitre II. Discours politiques.
III.II.1. Le citoyen
III.II.2. L'État
III.II.3. Le logos politique
Chapitre III. Discours sociaux.
III.III.1. Religion et Culture
III.III.2. Droit et Moral
III.III.3. Éducation et Existence
Conclusion partielle
CONCLUSION GENERALE.
1
INTRODUCTION GENERALE
Chaque chose en ce monde a son histoire, son début et
sa fin. Certaines choses changent, d'autres demeurent, d'autres disparaissent.
Néanmoins, l'histoire qui n'a pas son présent est une histoire
morte : et c'est dans cette perspective que l'on va parler de la
Responsabilité. Mais encore, nous devons prendre en compte l'auteur qui
spécifie nos propos.
L'existentialiste et écrivain français,
Jean-Paul Sartre, est l'un des philosophes qui traite objectivement de la
« vie » humaine ; d'où, certes, le fameux
L'Existentialisme est un humanisme. Ainsi, le travail qu'on va
entreprendre, intitulé Essai sur la Question de
Responsabilité humaine, serait une occasion de nous
rapprocher de notre existentialiste, mais surtout une grande opportunité
pour tenter de glisser une esquisse à la morale universelle face aux
problèmes de la réalité du monde que l'on aperçoit
tous les jours sans les comprendre. On aspire donc à des études
de faits, et non plus à des études comparatives qui se
réfèrent à des idées préposées et
prédéterminées par définition ou par conception :
on tend ainsi vers un doute cartésien.
Ce thème sur laResponsabilité a
été notamment choisi aussi humblement, pour servir à nos
proches et adverses semblables.D'abord pour le « malagasy » sans la
moindre exception, puisque les difficultés du quotidien et les
problèmes de «situation» sont avant tout, absolument
et simplement « humains », et naissent le plus souvent de la
défaillance sociale ou individuelle, au niveau d'une
responsabilité ou d'une correspondance. Il s'agit alors d'un genre
conscientisatif et sensibilisateur, dans l'intention du choix ; pour
l'être humain, dans l'avenir et pour un avenir. Et dans cette
voie, on suppose des questions défmitives telles que : «
D'où viennent les conflits : pourquoi existent-ils ? », «
Comment les atténuer, faute de ne pas pouvoir y remédier et
pourquoi les atténuer ? », « Comment est tout cela et pourquoi
en
1 « Responsabilité » ou « grande
responsabilité ».
2
configurer une existence) ? ». La
problématique est alors de contexte temporellement historique,
spatialement élargie, et concerne la paix et la justice interhumaines ou
naturelles.
Quoique la responsabilité,
soit définie en terme juridique comme remboursement ou
dédommagement dû à autrui,elle est définie
généralement comme obligation, de répondre de
ses actions, de celles d'un autre ou d'une chose confiée...
En ce sens, cette responsabilité implique une
liberté. Sartre la conçoitégalement à
côté d'une liberté mais sa conception semble, par contre,
être plus large dans cet initial d'«
onto-phénoménologique »2. Et cette
responsabilité qui demeure spécifiquement humaine n'est encore
qu'un supplice que nous allons essayer de résoudre et d'exposer pas
à pas. Aucune notion ne peut en effet être
formalisée3, surtout dans le terme d'un tel
existentialisme4.
Ainsi, cette étude sera répartie en
trois grandes parties.La première partie sera
constituée des références historiques et chronologiques de
l'existentialisme sartrien par rapport à la question de
responsabilité. La seconde sera consacrée à
éclairer avec anticipation, quelques notions expressives de cette
responsabilité sartrienne. Et dans la troisième partie, nous
essayerons de proposer quelques résolutions pratiques à
l'ensemble des faits problématiques. De cette manière, l'on part
d'une présentation générale et historique de la
Responsabilité, pour exprimer que la question n'est pas une
création, mais un fait bel et bien
vécu. Ensuite, nous exposerons l'homme, le conflit et la
responsabilité comme choses naturellement inhérentes à
notre « vie » et dont la dénaturation conduirait aux troubles
humain, social, et interpersonnel. Puis, nous essayerons de dépister les
contentions générales de l'existence pratique concernant
Madagascar d'abord, mais qui se généralisent également au
niveau international avec le phénomène fonctionnel de la
Mondialisation. L'hypothèse est alors que le manque de
responsabilité est l'origine de bien de maux (violences,
pauvretés, injustice, ignorance, etc.) qui caractérisent
l'égoïsme, et dont la justice et la paix en seraient les
résolutions. En effet, c'est cet égoïsme qui se
développe en favoritisme pour aboutir aux mauvaises gestions, à
la haine, à l'indifférence... ; et de même, ce sont ces
vices qui font les
1 « Existence » entend, existence
sociale, individuelle, personnelle ; en politique, à la
société, dans l'économie, avec une stabilité. C'est
un champ ontologique de l'homme pragmatique.
« Existence » entend que l'homme existe, mais en quelle
consistance, et à quelle existence ?
« Existence » entend, « le monde humain ».
2 C'est-à-dire « HUMAIN » et «
UNIVERSEL », comportant seuls l'être et le monde humains en tant que
tels. a Ce n'est pas que la vérité n'existe pas, mais
en ce monde « Les formules » de la vie se
réduit effectivement de « à un moment » à «
souvent ou le plus souvent » - ce passant par « quelquefois, quelques
fois, de temps en temps, rarement, régulièrement,... ». Or
la vérité, c'est tout simplement la vérité.
4 C'est-à-dire, un existentialisme
athée.
malheurs et les pauvretés du monde. Aussi, puisqu'il
s'agit d'étude analytique : cette hypothèse se verrait à
la fin constituant, à titre de partie additive, un
appendice synthétique.
Ainsi une constatationtransitoire mais singulière
serait distinctement de note à l'origine de cette réflexion :
notre Madagascar ne semble plus être désormais qu'une dense
multitude d'inhumains : un groupe d'individus réduits en «
bêtes » acharnées, sans conscience ni savoir de ce qu'ils
sont, prétendant être des humains. Et de même, l'on tient
à faire observer qu'au cours de cette étude existentielle, les
principaux mots-clés à retenir sont alors : « ontologie
», « liberté », « conscience », «
altérité », « humanité », et naturellement
«responsabilité », qui ordonnent tous
1'existenceexistentiellel de Jean-Paul Sartre.
3
'Cf. Infra, Annexe #2 : « L'Existence existentielle
de Jean-Paul SARTRE ».
PARTIE I:
L'EXISTENTIALISME DE JEAN PAUL SARTRE
ET
LA QUESTION DE RESPONSABILITÉ
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F EXI2ZEYIZIYFI2 AIE DE IEVI4 MT 2VKZKE
bVKZIE I:
5
Introduction partielle.
Il faut bien mettre l'accent sur le fait que beaucoup plus que
l'auteur, le thème nous importe non pas seulement pour achever de
feuilleter des pages mais comme fond, matière, et maintes
réflexions. D'où nous essayons ici d'illustrer quelques
pensées sur la responsabilité même, à titre
d'exemples encore. On connaît les citations telles que : «
Connais-toi, toi-même.»1 ; « la
responsabilité demande du courage parce qu'elle nous place à la
pointe extrême de la décision agissante. »2;
« le commerce est une profession qui roule toute entière sur
l'argent, qui ne rêve qu'à lui, qui n'a d'autre
élément ni d'autre fin, qui n'a point de terme où puisse
s'arrêter la cupidité » et « quoi de plus odieux,
surtout, que le trafic de l'argent, qui consiste à donner pour avoir
plus, et par là détourne la monnaie de sa destination primitive ?
»3 ; et tant d'autres que citeront Karl Marx, Karl Polanyi, Max
Weber, etc.
À vrai dire, le concept de responsabilité n'est
pas nouveau du tout. Historiquement parlant, la chronologie exacte manquera si
l'on ne peut se référer aux légendes des premiers hommes
dont la plus connue du genre est surement celle de la Genèse. L'histoire
de la responsabilité commence donc toujours avec celle de l'homme
quoique les hypothèses et postulats se discriminent toujours. Aussi, le
panorama de ce concept est aussi large que l'étendue spatio-temporelle
de l'Univers. Du plus nord au plus sud, du plus sud au plus nord, de l'est
à l'ouest, de l'ouest à l'est, toute personne humaine dans sa
grande annexion a connu une forme de responsabilité quelconque.
Cette situation implique alors en effet que le concept n'est
pas qu'un concept mais une réalité surtout, mais que son
idée ait duré d'une date génériquement humaine
propose également que cette réalité connait des
discontinuités. Et ainsi, nous allons entamer sur les idées
pré-sartriennes et quelques une de ses influences au vu de la dite
question. De même que, les accords et désaccords entre
l'impératif kantien et la nécessité sartrienne, et en fin
partielle, quelques spécificités de l'existentialisme sartrien
qui le distingue considérablement de toutes les autres philosophies de
l'« angoisse humaine » ou de l'existence.
1 MOUNIER, Emmanuel (1949), LE PERSONNALISME,
In UQAC, Université de Québec à Chicoutimi, [PDF]
http://classioues.uoac.ca,
p.12.
2Jean-Michel REYNAUD (2009), «Approche
philosophique et sociale de la notion de Responsabilité », In
Comité Médicis, 2 mars 2009,
http://icosi.org/1MG/pdf,
p.6.
a Aristote, La Politique ; cité dans Ibid.,
p.4, §5.
6
I.I. PANORAMIQUE DE LA RESPONSABILITÉ EN
QUESTION, AU TRAVERS D'AUTRES PENSEURS.
Nous l'avons déjà dit, la notion de
Responsabilité est tout aussi vieille que l'être humain semble
l'être. Ainsi, les pré-sartriens ci-présentes ne sont que
des traces plus évidentes de la pensée de la
responsabilité, et les post-sartriens prouvent que la question est
inachevée. Ce qui laisse apparaître que la responsabilité
est peut-être une chose inhérente à toute situation, en
tous cas qui se succèdent simultanément ou continuellement.
I.I.1. Les pré-sartriens
A l'exemple de l'antiquité, nous connaissons trop bien
Platon (vers 410 avant Jésus-Christ). Chez Platon comme chez
Épicure, en nous référant nous-mêmes à
Socrate, la conception de la liberté est quelque part moralement
analogique avec les désirs, aux modérations de la
fortune personnelle par rapport à celle de « l'ordre
social ». Le concept de la « Cité juste » qui incite
« les vertus cardinales » et les trois classes, forme chez
Platon, ce qu'Épicure élabore dans son physique et sa
morale : la responsabilité humaine.
D'ailleurs, ce n'est de nul hasard si c'est aux essentialistes
qui ne peuvent ne pas platoniser que Sartre adresse ses reproches :« Il ne
faudrait pas croire, toutefois, à un platonisme de M. Giraudoux. Ses
formes ne sont pas au ciel intelligible, mais parmi nous (...)
»1 ; car le Platonisme est déjà un semblable de
résumé, à toute une série d'intervalles, sur la
notion de responsabilité et d'humanisme. Nous savons bien à quel
point le platonisme, issu de Socrate et allant au néoplatonisme et aux
platonisants, est visible dans toutes Réflexions ; mais d'un autre
côté du tableau chronologique, en passant par les âges du
Christ, de nouvelles tournures vont faire apparition, desquelles on finira par
lotir un Jean Paul Sartre, n'étant pas immédiat dans le temps.
En effet depuis le fameux « Connais-toi, toi-même
»2, jusqu'à son origine latine dont se sert toute
conception contemporaine, le mot « Responsabilité » demeure
une expression d'engagement personnel.
Socrate apparaît comme le philosophe de la
responsabilité individuelle, en ce sens que se connaître
soi-même est au préalable une inévitable tâche
à laquelle l'homme doit se conformer avec engagement ; mais plus encore,
si le fait de connaître implique une idée de
1 SARTRE, Jean-Paul,
Situations I, Éditions Gallimard, Coll. Blanche,
Paris, 1947, p. 85. 2Cf.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Gnothi
seauton/connais toi-toi-même.
7
reconnaissance consciencieuse, le « soi »
implique « une réflexion » que l'on entend sous le nom de
« méditation ». Cette responsabilité envers
soi-même, qui consiste à connaître sa nature et sa limite,
va fmir dans ce que remarque Platon à l'impossibilité
d'être absolument « autre » ou individus.
Dans La République, Platon développe
assez clairement cette responsabilité qui consiste à
reconnaître, c'est-à-dire connaître à nouveau,
après réflexion : saisir par l'esprit, par la
pensée, en reliant entre elles des perceptions qui la concernent ;
distinguer, identifier, connaître par la mémoire, le jugement ou
l'action. En effet, Platon élabore une cité juste qu'Aristote,
son disciple, reprendra à sa facture. Cette Cité
platonicienne est faite de vertu et de responsabilité, un
véritable modèle pour les aspirations politiques depuis plusieurs
siècles. Les femmes y ont leur place, bien spécifique et
nécessairement indispensable ; les hommes forts y ont leur place, bien
spécifique et absolument inévitable ; les laboureurs, les
intellectuels et les sages y ont également leur place. Chaque place,
étant une classe inflexible, est assujettie aux autres et exige un
engagement, une responsabilité envers la Cité. Ainsi chaque
individu devrait reconnaître sa place et s'y reconnaître ; et
chaque classe devrait, à son tour, reconnaître la Cité avec
toute son intégrité.
Néanmoins, plus remarquable que les
précédents, Aristote a maintenu une certaine continuité
philosophique de cette responsabilité et va en effet à
énoncer le célèbre «l'homme est un animal
politique »2, expression un peu critique du «
connais-toi, toi-même »3, jusqu'à
distinguer le chrématistique4 de l' «
économique » qui désignent deux valeurs (celle de l'usage et
celle de l'échange), et donc deux responsabilités, dans la seule
tâche d'acquérir les biens (artificiels et naturel) dont
nécessitent la Cités. Ce qui n'est qu'illustration de
ce que la responsabilité sera une éthique, montrant par là
même que l'homme est un animal politique et civique.
1 RENAUD, François, « L'analogie
platonicienne individu-État dans le De re publica de Cicéron :
méthode antilogique et fondement de la justice », [PDF] , pp.6-10.
http://sramata.univ-parisl.fr/Plato/article100.html.
2 ARISTOTE, La Politique (B-1),
TraductionJean-François Thurot/Texte entier, in Wikisource,
[PDF], p. 21. (référence du 11 septembre 2015, 13 :39
:34).
a Pour lui, « il suffit de s'étonner
pour commencer à philosopher », et ce « en nous
interrogeant sur nous-mimes et sur le monde au lieu d'y vivre
dans l'indifférence, comme si tout allait de soi ».
4 Aristote, La Politique, I, VI, VII ; Id.,
Éthique à Nicomaque; Thomas d'Aquin, Somme théologique,
éditions du Cerf ; cités dans
http://fr.wikipedia.ors/Chrématistique.
5 C'est-à-dire, «
chrématistikos» comme économie politique ou art
d'acquérir, et « Oikosnomos », comme science de la
maison ou art d'utiliser, voir Aristote, Politeia,1256a3-5,
1256b27-38,1257b19-25 ; trad. La
Politique, Romeuf, 1956 (numerotation «
Bekker » :page-colonne-ligne) ; cité dans
http://www.chrématistique.fr/CH
REMATISTI QUE.
8
Bon nombre de philosophies ont appris de ces principes de
responsabilité avant Sartre, comme Blaise Pascal, Kant, Kierkegaard, Max
Weber, et tant d'autres économistes, historiens, sociologues,
philosophes ou autres penseurs.
Dans la Phénoménologie, à l'instar de
Husserl, le phénomène que l'on peut traduire vaguement
chez Sartre par « situation », est toujours un objet pour une
conscience et toujours relatif à un sujet. Mais que sera cette
conscience chez Sartre ? En liaison directe avec cette
phénoménologie husserlienne, les thèmes
lévinassiens de l'Il y al ; de la Jouissance2
; du Visage3 ; et de la
Responsabilité4 ne laisseraient pas Sartre
désinvesti. Néanmoins, les questionnements ne s'achèvent
pas encore avec Sartre. D'autres pensées ou réflexions suivront
avec des post-sartriens.
I.I.Z. Les post-sartriens
Parmi Merleau-Ponty (1908-1961) et Simone de Beauvoir
(1908-1986), Emmanuel Levinas (1905-1995) sera l'un des plus connus parmi les
penseurs influencés par Jean Paul Sartre dans ce cadre de la
Responsabilité même. En effet, Sartre et Levinas auraient eu une
seule expression de la responsabilité humaine hormis une question de
foi qui englobe à chacun leur attachement : « la
responsabilité est toujours responsabilité envers autrui »
selon le dernier.
Quant à Hannah Arendt (1907-1975)5, elle
sera comme Sartre, influencée par Heidegger et Jaspers. A partir de
l'eudaimôn6, l'eudaîmonia est le bien
être du daîmon qui
1 II s'agit d'un impersonnalisme, un
anonymat de la situation, des
phénomènes qui apparaissent comme « pure
évènement », voulu, fait, sans regret, mais en dehors du
non-sens,...
2 II s'agit d'un personnalisme existentiel qui
crée la relation avec le monde, et est l'origine du monde ou le moyen
(qui est plutôt qu'un moyen, un état) par lequel une
personne pérennise son tranquille
existence.
a II s'agit de l'existence d'un autrui que le moi ne connait
pas, que je voudrais tuer mais que je ne pourrais pas du fait qu'il est moi et
qu'il est en détresse dans sa seule présence.
a II s'agit de la réponse machinale aux visages, une
responsabilité pour autrui et non devant autrui.
s Hannah Arendt est connue
généralement par son premier grand ouvrage, Les
origines du totalitarisme, édité en 1951 sous le
nom « The origins of Totalitarism ».
Journaliste qui devient philosophe, élève de Martin
Heidegger à Marbourg, de Husserl à Fribourg, et fidèle
amie de Karl Jaspers, elle est classiciste et s'intéresse
particulièrement aux propos éthiques et politiques.
6 « Eudaimôn » est un mot grec qui signifie
« heureux» ou « désir, volonté », ou «
plaisir » qui se dit plutôt souvent « eudaîmonia ».
Hannah Arendt cite : « 11 [l'eudaimônia] exprime une
idée de bénédiction, mais sans nuances religieuses, et
signifie littéralement quelque chose comme le bien-être du
daimôn[esprit, génie] qui accompagne
chacun des hommes durant sa vie, qui est son identité distincte, mais
qui n'apparaît, qui n'est visible qu'aux autres (...) Différente,
par conséquent du bonheur..., l'eudaimônia comme la vie
elle-même est un état durable, qui ne change pas et ne peut
effectuer un changement (...). Cette identité inchangeable de la
personne,...comme telle on ne peut la connaitre...que lorsqu'elle a pris fin.
En d'autres termes l'essence humaine -- non la nature humaine en
général (qui n'existe pas) [...], mais l'essence de qui est
quelqu'un - ne commence à exister que lorsque la vie s'en va, ne
laissant derrière elle qu'une histoire. Par conséquent, quiconque
vise
9
accompagne l'hekastos de chacun des hommes durant sa
vie et qui est son identité distincte, n'apparaissant qu'aux autres.
Elle explique dans son ouvrage politique) l'eu dzèn
(le « vivre bien » grec où l'action fut
profondément individualiste) que c'est une révélation de
soi, mais que c'est toujours « aux dépens d'autres facteurs
»2... L'action est donc le
cheirotechnoi3 ou l'artisan du construit qui sera le
produit du faire, subséquent à l'architecture : «
La polis n'était pas Athènes, mais les Athéniens
»4. Mais la « praxis » encore mène à
nouveau à l'imprévisible, à la fragilité. Hannah
préfère ainsi au vue des rapports humains5, le
«poièsis » (le « faire »), à
l'action proprement dite (la « praxis ») ; parce que l'action ne peut
rien produire que de l'éloignement6 son sens
authentique [...]. Et effectivement, reprise d'Aristote en passant par Kant
pour être convertie à un collectivisme, la
responsabilité est catégoriquement pour cet auteur une
coresponsabilité : moi seul peut être le coupable, mais
jamais le responsable. Mon père m'éduque : je suis libre ; je
tue, je vole ; je suis coupable, j'ai fait l'acte, alors j'ai effectué
un choix, mais le responsable est d'abord mon père. Pour Hannah Arendt,
les évènements n'ont pas d'origine, c'est
l'évènement même qui défmit son origine et ainsi, il
n'y a de responsabilité que s'il y a conflit' ; il n'y a de
responsabilité que s'il y a morale ; et il n'y a jamais de
responsabilité que lorsqu'il n'y a que le bien et
l'individualité. Or, « l'homme est un animal politique » comme
l'a dit Aristote.
D'ailleurs, la responsabilité va de part en part
aujourd'hui. Ainsi, Jean Michel REYNAUD citera :
La philosophie va nous aider à éclairer le
concept. C'est avec un philosophe allemand contemporain,
décédé il y a une quinzaine d'années, Hans Jonas,
que nous pouvons aborder ce principe responsabilité comme il a
intitulé un des ses ouvrages, paru en 1979, traduit en 1990. Son
approche de la notion de responsabilité est en fait, plus un principe de
justice naturelle qu'une conséquence de la réparation d'un tort
fait à autrui. La responsabilité, telle qu'étudiée
et définie
consciemment à être
« essentiel », à laisser une
histoire et une identité qui lui procureront «
une gloire immortelle », doit non seulement risquer sa vie
mais, mais comme Achille, choisir expressément une vie brève...
(Sophocle, OEdipe roi,
1186...)».
1 ARENDT, Hannah, Condition de l'homme
moderne, Pocket, Agora, France, 1997, p. 251.
2lbid., p.253.
a Le mot cheirotechnoi
est composé de deux mots dont « kheiros
» (main) et « tekhnê »
(métier, procédé), et Arendt, s'en sert pour
expliquer l'artisan aristotélicien dans la
cité grecque antique.
4lbid., p.254. (Cf. Aristote,
Éthique à Nicomaque (Livre III, IV, V,
VI), pp.58-61, 82-86, 105-126, 129-145).
5 II s'agit d'une reprise du «
syzèn », c'est-à-dire le «
vivre ensemble ».
6 Le mot « hekastos » qui désigne
vaguement « chacun » est dérivé du mot « hekas
» même qui signifie littéralement « loin ».
C'est-à-dire que chacun n'est chacun que si chacun est loin
de chaque autre chacun ; et le mot adverbial « hekastos
» exprime ce phénomène du « chacun ».
« Passions, maux, peines,... ».
10
par Hans Jonas, doit interdire à l'homme d'entreprendre
toute action qui pourrait mettre en danger autant l'existence des
générations futures que la qualité de l'existence sur
terre dans le futur (...). Hans Jonas, un philosophe très
étudié en Allemagne, a inspiré fortement ce que nous
appelons aujourd'hui le principe de précaution. Une
éthique de la responsabilité en quelque sorte... Cette
responsabilité, Jonas la sent, la ressent : « c'est du monde de la
vie, là où elle est menacée, que surgit un appel muet et
qu'on préserve son intégrité.'
Cet appel muet, il le définit empiriquement en quelque
sorte, à travers ce qui sert à sa découverte. Il parle
alors de l'heuristique de la peur, ce qui veut dire que la peur sert à
la découverte, mais qu'elle devient un principe cognitif, une
éthique de l'urgence pour temps de crise ; une peur positive qui
aiguille la responsabilité et qui est donc fondamentalement une
sollicitude de l'altérité.
Hans Jonas définit alors, dans son Principe de
Responsabilité, ce qu'il nomme
l'impératif catégorique de
responsabilité qui est un impératif moral
inconditionnel
qu'il formule en quatre items, en héritage de la morale
kantienne :
«Agis de façon que les effets de ton action soient
compatibles avec la permanence d'une vie authentiquement humaine sur terre ;
Agis de façon que les effets de ton action ne soient pas destructeurs
pour la possibilité future d'une telle vie ; Ne compromet pas les
conditions de la survie indéfinie de l'humanité sur terre ;
Inclus dans ton choix actuel l'intégrité future de l'homme comme
objet secondaire de ton vouloir ... »2
Ces quelques auteurs3 ne suffisent pas pour
exprimer l'ampleur de la Responsabilité. Ces illustrations nous montrent
quand même que ce n'est encore ni le « corps » ni «
l'âme » qui est le plus important. À ce stade, ce ne l'est
plus : ce sera plutôt l'expérience ou l'action et la
pensée, et les paroles que l'on oeuvre et entretienne, ce que l'on fait
de notre libre existence. C'est le fondement de toute
valeur connaissable ou non du corps et de l'âme.
I.I.3. Kant et l'Impératif catégorique
L'impératif catégoriquede Kant est un
concept de la philosophie morale, énoncé pour la première
fois en 1785 dans lesFondements de la métaphysique des mceurs.Il
sera ensuite
'REYNAUD J-M., Op.cit., p.2.
2/bid., p.2.
a C'est-à-dire : Renan, M. Pagès, Simone de
Beauvoir, H. Baruk, J-L Curtis, Charles-Gides, Louis Madelin, J. D'Ormesson, J.
Rostand, etc.
11
repris dans d'autres ouvrages d'éthique de
l'auteurs. L'impératif est généralement connu
comme un recueil de maximes2 :
«Agis seulement d'après la maxime grâce
à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi
universelle. »
« Agis de façon telle que tu traites
l'humanité, aussi bien dans ta personne que dans toute autre, toujours
en même temps comme fin, et jamais simplement comme moyen. »
« L'idée de la volonté de tout être
raisonnable conçue comme volonté instituant une
législation universelle. »
« Agis selon les maximes d'un membre qui
légifère universellement en vue d'un règne des fms
simplement possible. »
Bien que ces quatre énoncés soient
différents, et tirés de différents ouvrages, ils sont tous
des formulations du même et unique impératif catégorique,
qui exprime une responsabilité3.
Cependant, si cette responsabilité kantienne est une
responsabilité inconditionnelle ; cet impératif s'améliore
à la limite de la liberté qui sera l'Existence même chez
Jean Paul Sartre. Pour ce dernier, la Responsabilité est une condition
tout à fait humaine, et strictement humaine et est conditionnée
par la mesure de la liberté, puisque l'homme est
liberté4. D'où l'infusion d'un
Impératif catégorique à un Impératif
libertal5 qu'on appelle, ici, « Responsabilité
» ou grande responsabilité (universelle). Ce qui ne sont pourtant
philosophiquement pas les mêmes, dressant ainsi donc une
altérité eidétique, entre nos deux penseurs. Et ce, dans
la même voie même de cette question qui sert de noyau-thème
pour l'Existentialisme, et que Kant exprime dans sa formule la
liberté veut elle-même la liberté des autres.Si
l'on fait donc une simple comparaison parallèle de
l'impératif humain de la
i
http://fr.wikipedia.org/wiki/Impératifcatégorique
2L on distingue 4 formulations : la première
centrée sur l'idée de législation universelle, la seconde
sur l'idée d'humanité, une troisième sur l'autonomie, et
la dernière sur le règne des fins. Voir Stanford
Encyclopedia of Philosophy [en ligne],
http://plato.stanford.edu.
(Consulté le 10/08/2015 à 15 :09 :04).
a Remarquons l'accent sur « l'idée, la
volonté, agir, fins » et « universel ».
a SARTRE, L'EXISTENTIALISME EST UN
HUMANISME, [PDF], p.5. In
http://www.cmontmorencv.gc.ca.
5Libertal
est un adjectif qualifiant Impératif, à
ne pas confondre avec « libertaire » ou «
libéral » : libertal et libertaire sont en effet, onomastiquement
antologiques ou antonymes. Si un libertaire n'admet aucune limite de la
liberté, un libertal ne reconnait à son tour que la limite de
celle-ci. Et bien évidemment, la question est sur la liberté, et
non sur le libre : d'où la distinction de « libertal », d'avec
« libéral ». Cependant, le libertaire et le libertal sont tous
deux, à leurs manières et à une certaine divergence de
degré, individualistes (Cf. Individualisme :
les libertaires, les syndicalistes,...). Mais ceci n'est qu'une remarque
passive et non capitale.
12
responsabilité, l'on peut énumérer quatre
points de comparaison possible. On peut d'abord remarquer que Kant expose
à titre laïque si Sartre cependant se réalise athée.
Ensuite sur l'homme
· le premier voit l'homme avec une nature
rationnelle qui vise son être ; mais pour le second, l'homme a une
existence humaine qui vise son « essence ». Puis sur la question de
responsabilité : pour Kant, elle consiste à transposer son acte
(maxime) dans les mal-agir des autres, à universaliser son acte
ou sa raison ; alors que pour Sartre, elle consistera à accepter et
admettre que l'existence est humaine (et non pas personnelle) et donc à
humaniser l'existence. Et enfin, la fm visée est la liberté, mais
cette liberté se diffère encore du premier au second. Chez Kant,
le pouvoir prime et l'acte se distinguent largement de l'intention, soulignant
ainsi qu'un acte contraint n'est pas un choix libre (et c'est universel) ; or,
pour Sartre, c'est le vouloir qui prime et la liberté ne distingue alors
ni l'acte de l'intention, ni l'intention de l'acte, et soutenant par là
que le choix est une situation sans excuse pour toute existence humaine.
En d'autres conclusions, Kant dirait : « "Je dois
donc je peux ", et c'est impératif : je suis un moyen,
l'extérieur est la fin. » ; et Sartre dirait surement aussi :
« "Je peux ou je veux donc je dois", et ceci est sans excuse : je
suis liberté, l'humain est la fin ». Simplement, si Emmanuel Kant
perçoit l'homme avec sa nature morale, Jean Paul Sartre le
perçoit avec son existence mais les deux s'accordent pour admettre que
l'homme est doué d'intelligence. Cependant, au profit de la «
responsabilité » : Emmanuel Kant voit le sujet à son tour,
à travers une certaine idée de droit, à laquelle chaque
acte représente d'ailleurs l'individu personnel qui contribue
et constitue une seule catégorie que Kant lui-même énonce
comme une idée d'Univers presque utopique. Ce qui ne fit de Sartre,
même pas le moins, à l'écart de la métaphysique
quand il parle d'homme et d'humain pour ensuite, à son
tour, englober le monde par les actes des hommes qui, eux, se traitent souvent
chez Sartre en terme de subjectivité. Ainsi, Kant prend le
problème de responsabilité à une échelle «
naturelle » alors que Sartre trouve que la nature est trop
abstraite pour appréhender la question : il faudrait d'autres motifs
pour arriver à bout de la responsabilité, montrera Sartre. Pour
l'existentialiste, c'est autrement que la Responsabilité se montrera
Impérative'.
I.II. EXISTENCE ET EXISTENTIALISME DE JEAN-PAUL
SARTRE
Liberté, conscience, existence, c'est en ces
termes que Jean-Paul Sartre étudie l'homme Ce qui laisse comprendre que
ces mots n'ont aucune valeur insistante lorsqu'il
1 Le droit ne sera qu'une situation comme d'autres,
permettant inexistence et excuse : aux abords de la liberté
s'améliorera cette situation.
13
s'agit de les traiter un à un tel qu'on vient de le
faire avec le mot responsabilité. Cela nous conduit à exposer sur
les sens de ces quelques mots pour mieux appréhender leur essence.
Puisque chaque courant littéraire ou philosophique ou
poétique présente chacun un point de vue, selon lequel un concept
est semblablement ou contradictoirement repris et réexposé. Ce
qui entraînerait une véritable confusion. Ainsi va-t-on disposer,
à chaque niveau, de deux grandes approches : celle de la
généralité) et celle du sujet
appropriée, afin de distinguer une toute autre
précision des quiddités des idées
présentées, mais aussi pour mieux appréhender le fond et
la matière de ces idées même.Sachant que Sartre fut
influencé par la Phénoménologie husserlienne, nous allons
voir que dans ce chapitre se révèle une continuité
référentielle de la pensée sartrienne avec les
idées et concepts husserliens. S'il y a d'abord un rapport
immédiat qui est une conscience perceptive, cette conscience implique le
primat du moi-homme bien perçu plutôt que du « soi
», le percipiens3. Ensuite, viendra une intention
comme conscience positionnelle : il faut vouloir avoir conscience
d'être conscient de l'homme pour avoir effectivement conscience
d'exister « homme ». Cela implique l'interaction nécessaire
avec l'homme qui n'est pas soi-même, en tant que réalité
corrélative. D'où, ce, est une confirmation du « cogito
» cartésien.
I.II.1. La conscience sartrienne
Le mot conscience s'attribue deux mots
combinés : « cum » qui signifie « avec »et
« scientia » qui signifie « science »ou savoir. Le
mot conscience apparaît à la fm du XIIesiècle :
du latin« conscientia », il signifiait connaissance et
exprimait généralement la « Faculté qu'a l'homme de
connaître sa propre réalité et de la juger
»4 mais aussila connaissance de cette connaissance-là.
On pourrait citer Gustave Le Clézio qui dit : « C'est elle (la
conscience) qui éduque, qui affine, qui sensibilise
»5.
D'abord, la conscience trouve généralement deux
sens selon ce qu'elle est psychologique ou morale6.
La conscience est en psychologie principalement didactique, une «
connaissance immédiate et réflexive que certains organismes
vivants, et, spécialement, l'homme, ont quant à leur propre
activité psychique » ; sinon, la conscience est une certaine
1 « Liberté, conscience, existence »
en général.
z « Liberté, conscience, existence », selon
Sartre.
3 C'est-à-dire : celui qui, ontologiquement,
perçoit un « percipi » (perçu) par le «
percipere » (percevoir)
facultaire. Il s'agit d'un être
transphénoménal (« percipi-percipiens ») qui
sera l'être du sujet. Voir « être et
conscience », In SARTRE, Jean-Paul,
L'Être et le Néant, Gallimard, Paris, 1943, pp.16-24.
a « Conscience », In Le Grand Robert;
et
http://fr.wikipedia.org/wiki/Conscience.
5LE CLÉZIO, L'Extase matérielle,
p. 71; cité dans Le Grand Robert.
6 Pourrait-on dire « déontologique » ou «
éthique » ?
14
présence mentale dans son sens
absolulou bien aussi, mentalement être avant ce qui est
là ou non, et mentalement sentir qu'on sent quelque
chose ou rien. Enfin, la conscience est la «faculté d'avoir une
connaissance intuitive de soi,...»2. C'est la partie de la vie,
de l'activité psychique dont le sujet a une connaissance intuitive : un
sentiment inconscient qui arrive à la conscience, qui
pénètre dans le champ de la conscience ; conscience des
sensations internes,et externes. Mais principalement dans la psychologie
courante, la conscience est une « connaissance immédiate,
intuitive, plus ou moins vague »3 : on parle ainsi
d'Intuitionetde Perception.Néanmoins, la philosophie
pédagogique définit la conscience comme « Acte ou
état dans lequel le sujet se connaît en tant que tel et se
distingue de l'objet qu'il connaît »2. L'on parle donc de
conscience du soi, ou bien du
moi.
Puis, par métonymie, par-delà les
singularités de la philosophie et de la psychologie, la conscience est
« le siège des phénomènes psychiques
conscients et notamment des convictions, des croyances (avec un impact moral)
»2 : une conscience qui cornait liberté et devoir ; ou
encore, une «personne ». La conscience, dite, morale est en
effet « une connaissance intuitive par l'être humain de ce
qui est bien et mal, et qui le pousse à porter des jugements de valeur
morale sur ses propres actes; [et aussi la] personnalité humaine sur le
plan de cette connaissance morale »2 : c'est un
cas4, un aveu5, une pénitence6, un
dictamen7, un examen8, etc. Ainsi, la conscience est
simplement le sens moral d'une personne : une honnêteté,
une probité, un courage, un scrupule,... La conscience est le premium
sens de la personne. Et ceci montre surtout que la conscience n'est aucunement
un mot propre à aucun domaine préétabli. D'où l'on
ne juge pas un inconscient, en vue du droit de la personne.
1 C'est-à-dire « La conscience de soi,
de son existence », « Avoir conscience, jouir de sa conscience
»... « Avoir conscience, c'est sentir qu'on sent », citerait un
certain Edmond Goblot, voir « Conscience », Le Grand
Robert.
2 Le Grand Robert.
3lbid. ; et DORON, Roland et
PAROT, Françoise, Dictionnaire de psychologie,
P.U.F, 1991, 3e éditions,
« Quadrige/puf », 2011, pp.147-150.
a Vers 1220, quas; latin
casus « chute », puis « circonstance,
hasard », de cadere « tomber » : Ce
qui arrive ou est supposé arriver -- XIVe -
(Accident, aventure, circonstance, conjoncture,
événement, éventualité, fait, occasion, occurrence,
situation).
s En histoire : Déclaration
écrite constatant l'engagement du vassal envers son seigneur, à
raison du fief qu'il en a reçu (Hommage). Et en
littérature : l'aveu est l'action de déclarer
qu'on agrée, qu'on autorise.
6 Vers 1050; latin poenitentia «
repentir, regret », de poenitere «
se repentir » : profond regret, remords d'avoir
offensé Dieu, accompagné de l'intention de réparer ses
fautes et de ne plus y retomber...
Vers 1282; du latin scolastique dictamen,
de dictare « suggérer
» : Ce qui est dicté par la raison.
8 En 1339 ; du latin examen,
au propre « aiguille de balance », de
exigere, au sens de « peser » : c'est
l'action, le fait de considérer, d'observer avec attention.
15
On peut en constater que sur la liberté et la
conscience : soit l'une précède l'autre, soit l'autre suit l'une
; soit l'une prescrit l'autre, soit l'autre conditionne l'une. Ni l'une ni
l'autre ne peut se proscrire sans écarter l'autre également et
immédiatement.
Mais particulièrement, selon l'existentialisme
sartrien, « le percipiens, est le connu à la connaissance,
et à l'être connaissant en tant qu'il "est"1, non en
tant qu'il est connu... »2 La conscience désigne alors
l'être connaissant, connu à la connaissance en tant qu'il se
révèle connaissant. C'est ce qui caractérise donc la
conscience entreprise par Sartre, de Husserl : «La conscience n'est pas un
mode de connaissance particulier, (...) c'est la dimension
transphénoménale de l'être du sujet »3.
D'où «toute conscience,...est conscience de quelque chose
»2, au-delà de la conscience de soie,
en dehors.
La conscience est sanscontenu, elle
est elle-même, elle confirme le cogito ; elle est en rapport
avec le monde comme conscience positionnelle4, donc
autotranscendante et autotranscendante dans la saisie de l'objet,
d'où elle est « intention »5.
Ainsi, « toute conscience n'est pas connaissance, mais toute
conscience connaissante ne peut être connaissance que de son objet
»6. Ma conscience se connaissant elle-même, se
libère ainsi pour ne pas être conscience de l'objet sans en
être consciente. Il faut avoir « conscience d'avoir conscience
» de quelque chose pour en avoir effectivement conscience6.
La dualité sujet-objet se réduit ainsi à la
connaissance seulement.
La réflexion ou conscience positionnelle sera-t-elle
donc le reflet du moi qui existe pour moi et non d'un moi idéal (quelque
chose qui n'est pas moi) ? Cela signifierait qu'elle est rapport
immédiat et non cognitif de soi à soi : elle sera donc
perception objective.
La conscience est donc finalement rapport immédiat'
et non cognitif de soi à soi : c'est la positionnalité
du monde. Voilà pourquoi, le concept de l' alter
ego2 se repose fortement sur la condition de la conscience,
puisque pour Sartre en effet, « la vérité réside dans
la consistance positionnelle »5. Et cette consistance n'est pas
qu'un mot tout aussi
1 C'est-à-dire qu'il existe et apparait avec
connaissance et ainsi se révèle.
2 SARTRE, Jean-Paul, L'Être et le
Néant, Gallimard, Paris, 1943, pp.17-18.
a L'autre moi, ou la responsabilité ; Cf.
« La subjectivité : l'Universalisme
».
a SARTRE, E&N, Op.cit.,
p.21.
s C'est-à-dire, « activité,
affectivité,... » qui se transcendent.
6 C'est-à-dire : dans une situation ou une
position à laquelle une chose se trouve, une consistance s'approprie
;
et seule cette consistance peut déterminer ce que cette
chose est en vérité. Encore ce terme de « l'existence
précède l'essence » !
C'est-à-dire qu'il n'y a pas de soi, il y a seulement
moi-homme : ni jugement, ni honte, ni vouloir,... ;
aucune
perception qui puisse ne pas être objective.
16
profane que littéraire : elle est de la linguistique
onto-phénoménologique sartrien, et a, à elle sa
consistance également. La consistance de l'homme est en effet
le véritable contenu de cet « humanisme » que Sartre
entretient à travers son existentialisme. Cette ontologie
phénoménologique est donc approprié au « être
en tant qu'être » : d'où le terme de « pour soi »,
exprimant l'être conscient, en tant que conscient de sa conscience.
Pourrait-on en dire que la conscience est ainsi donc, consistance de l'homme,
son ensemble : l'homme, de toute son existence, ne peut ne pas
être conscient quel qu'en soit l'être et le
néant'. La conscience est ainsi donc faculté d'admettre
et d'accepter sa position, et ce, après auto-constatation.
Mais encore, la conscience est un juge
personnel2, un principe de conviction et un type
général des logiques. Elle a d'abord l'aspect d'un
réceptacle nouménal auquel tout phénomène se
fracasse sans que ce réceptacle les reçoive pour se rendre
mémoire ou récipient3, mais il les
reçoit quand même. C'est ensuite que, d'une part, la conscience se
fera personne de sa personne, pour ainsi joindre le « cogito »
cartésien. Autant Sartre traite de l'examen de conscience
comme une conscience inspectant, non le bien ou le mal, mais
elle-même selon un principe de sa conscience de ce qui est bien et de ce
qui est mal, et alors il cite Husserl4 pour exposer que la
conscience n'est réductible à aucun psychologisme.5
D'autre part, la conscience est à la fois spontanéité
immédiate et réfléchie, selon sa position : dès
lors qu'elle s'engage, elle devient donc responsabilité et engage alors
elle-même mais aussi les autres consciences.
C'est alors qu'une personne acquiert le perçu et
s'acquitte de sa perception qui est elle-même. Il s'agit plus
exactement de ce fait de « se sentir essentiel par rapport au monde
»6, de se sentir consistant à, conscience de.
Sartre écrit dans les Situations : « Seules les choses
sont : elles n'ont que des dehors. Les consciences ne sont pas : elles
se font. »7En un mot, la conscience est fond du monde : elle
est surtout jouissance, une condition à la liberté, un
état de tout être libre, une faculté à être
libre.
1 Si l'être est la
généralisation du néant : le néant est pour les
choses, le « rien » ; et pour l'être humain, le « personne
». Voir, SARTRE, Op.cit., p. 51.
2 De tous les termes prononçables, disons
que la personne est l'être auquel
est reconnue la capacité d'être sujet: la raison
individuelle y est en cause, les sensations, et l'ipséité.
3 (...) « La conscience est absolu », d'un
apport phénoménologique, donc « elle est vide, sans contenu
».
a « On ne peut pas dissoudre les choses dans la conscience.
» In SARTRE, Jean-Paul, Situations II,
Gallimard,
Paris, 1946, p. 166.
5Situations II, 1948, p.
141, p. 166, p. 306. (Cf. Age de raison, I, 2).
6 SARTRE, Situation II, Op.cit.,
p.90.
7Loc.cit. ; et pp.
123-124.
17
I.II.2. La liberté sartrienne
Généralement les mots ne doivent changer, pour
moins ou plus, de sens strict : peu importe le domaine, le temps, le lieu ou
l'aspect de la situation, la similitude demeure. C'est dans cet état de
princeps que nous exposerons cette fois-ci.
Le Grand Roberts définit assez largement le
mot liberté comme aisance et
élégance : du latin « libertas », le
mot désigne vers 11901e « liureteit » ou le libre
arbitre, qui ne sera cependant attesté qu'en 1324 ; en
1266,libertés signifient « franchises accordées
à une ville ». Ainsi, la liberté fut l'expression d'un
état d'indépendance et d'autonomie par rapport aux causes
extérieures, ou encore absence, suppression ou affaiblissement d'une
contrainte.
D'abord à partir de 1324, la liberté est au sens
étroit « état, situation de la personne qui n'est pas sous
la dépendance absolue de quelqu'un »2 ; puis«
situation de celui qui n'est pas retenu captif »3, «
caractère indéterminé de la volonté humaine (...)
Fondement du devoir, de la responsabilité, de la morale ». Au sens
large, la liberté signifie « état de ce qui ne subit pas de
contrainte »4 (libertinage) ; c'est synonyme de « rare
» ; ou bien « possibilité, pouvoir d'une personne, d'agir sans
contrainte »;« droit (au sens large), permission »5 ;
« familiarité inconvenante »; sinon « absence de
contrainte dans la pensée, dans l'allure et le comportement,... »,
d'où l'expression « liberté d'esprit »,
c'est-à-dire la disponibilité, le droit, la faculté de
juger, de décider par soi-même, oule libre examen... Puis en
1835, l'on parle de la franchise, de hardiesse comme « liberté de
langage », à l'origine de la formule expression libre ; et
enfm, la liberté est synonyme de « laisser aller », de «
licence », de « émancipation », et de «
sans-gêne ». Ceci, sans aborder encore ce qu'il en est de la
liberté politique. C'est-à-dire, une liberté comme pouvoir
d'agir, limite et limité des règles sociales définies :
« ...propriété de soi; ...la liberté naturelle, la
liberté civile, la liberté politique; c'est-à-dire la
liberté de l'homme, celle du citoyen et celle d'un peuple...
»5. Simplement, est liberté ce qui s'oppose à
« contrainte, défense, gêne, obligation, obstacle, confusion,
dépendance, dictature, domination, oppression, servitude, tyrannie,
formalité, réglementation, déterminisme, fatalité,
passion. »5
'Le Grand Robert de la langue française.
2Cf. esclavage et servitude.
3Cf. captivité, emprisonnement.
4lbid. (Cf. Liberté
cartésienne).
5 C'est-à-dire, d'une part, répondre
librement, avec assurance et sans inouïe.
18
Il est donc effective si certains disent avoir vu le mot qui a
le plus de sens en ce monde lorsqu'ils discutent de la liberté. Pour
certains, une chose sans limite et absolue se contredit de la liberté.
Pour d'autres, la liberté pratique n'existe point puisque, la
liberté ne peut l'être pour eux que lorsqu'elle est «
liberté »et donc, antonyme de « limite », «
contingence », « relativité ». Ainsi, si la
liberté sera pour les uns un état de conscience ; pour les
autres, aujourd'hui surtout, être libre serait un état
d'inadvertance, voire même une inattention qui est un précepte
conférant le bonheur et l'exultation. Parlons ainsi de la conscience
ad hoc, pour voir quel constat aurions-nous de cela.
Après la conscience positionnelle et une conscience
perceptive, vient la conscience comme liberté. Cette conscience
objective et cette conscience du dehors s'appliquent à l'affirmation :
« En me choisissant, je choisis l'homme »1. À noter
que le « je » est impersonnel, la conscience objective de l'homme
exprime l'homme à ma conscience, qui implique également
une liberté, une « propriété »
dansl'extérieur, qui est un autre « moi ». Cette
conscience me pousse et me permet avec celles autres de reconnaître une
responsabilité, une correspondance. C'est un
phénomène qui apparaît, car la Conscience n'est ni «
thétique » c'est-à-dire qui pose un contenu de
pensée comme thèse, ni « savoir » : c'est une
réflexion spontanée de consciences, un cogito
préréflexif, contingence de la réflexion. Ainsi, sans
cette intention opératoire, toute activité et affectivité
sera inconscientes, si bien qu'il faudra ensuite vouloir volontairement exister
responsable pour qu'il y ait existence ou
conscience de responsabilité. C'est là
qu'intervient la liberté : ce phénomène est naturel
ou identitaire. En un mot, la liberté, sous cet angle, est toujours
individuelle, et donc éventuelle.
Dans la Nausée, Sartre écrit :
Ce matin à 8 heure et quart, comme je sortais de
l'hôtel Printania pour me rendre à la
bibliothèque, j'ai
voulu et je n'ai pas pu ramasser un papier qui traînait par terre.
C'est
tout... Oui, mais, pour dire toute la vérité, j'en
ai été profondément impressionné : j'ai
pensé que je n'étais plus libre.2
Je n'ai pas pu ! Une métaphrase bien courante,
libre, existentielle. Ce n'est effectivement rien, or c'est tout. Il reprend
ensuite : « Je ne suis plus libre, je ne peux plus faire ce que je
veux. Les objets[...] ils sont utiles, rien de plus[...]et moi, ils me
touchent, c'est insupportable[...]une sorte de
nausée... ». Mais voir l'expression finale sur la
'SARTRE, Jean Paul, L'Existentialisme est un humanisme,
collection pensées, les éditions Nagel, Paris, 1946,
p.13.
2SARTRE, Jean-Paul, LaNausée,
Éditions Gallimard, 1938, p. 23, §2, p. 25.
19
damnation de la liberté, tout ceci n'est qu'un
des chemins vers la liberté comme il avait été
édité et que l'on va voir plus tard : « toute existence
consciente existe comme consciente d'exister », expression existentielle,
déjà, de la liberté. La liberté est donc en quelque
sorte, une maîtrise de soi, ensuite et de près, une
responsabilité humaine.
En d'autres cas, un athées se trouve libre
étant lui-même rien d'autre que lui, avec indépendance et
non sans dépendance2 : il en faut un état, dont celui
d'un athée qui dixit « Si Dieu n'existait pas, alors tout serait
permis et le monde sombrera dans le chaos3 », qui
dixit que «Dieu n'existe pas »5, et qui dixit pourtant que
le mondeest là. Un monde « incohérent
»,qui n'adhère donc pas ensemble, mais qui est «
ordinaire », qui est conforme à un certain ordre. Cela
n'est que pour dire l'omis : l'homme et le monde, à la fois incitant
à se poser la question comme un être libre, et affirmant une
certitude que l'homme est une existence dans le monde, strictement
humaine, et indépendante des mondes.
Pour une liberté plus pragmatique, ceux qui
s'élèvent au-dessus des autres ont, déjà,
dépassé « la statue de la Liberté »4.
La liberté est en fait le caractère commun des hommes,
chaque homme étant personne ; c'est à dire : «
un néant d'êtres humains »5, puis la fm
ou « l'unité synthétique des moyens »6 de
l'être humain. Ainsi, la liberté est à la fois le principe
et le but des activités humaines : « elle est pure jouissance
d'elle-même »7, comme fin et moyen. À ce titre,
voici ce que Sartre dit : « (...) il est (..) faux que l'on doive
juger les moyens sur la fin et la fin sur les moyens(..)Il y a (..) des moyens
qui risquent de détruire la fin qu'ils se proposent de
réaliser(...) »3. Liberté est alors une
question de sens, de jouissance,... une certaine autonomie de la pensée
qui s'applique comme condition d'agir en toute situation et en tout état
quels qu'ils soient. Mais à vrai dire, « la personne n'est rien
d'autre que sa liberté »8 : elle est entendement,
conscience de liberté.
Ainsi donc, la liberté politique n'est qu'une
mystification, autant que la liberté de penser : la liberté
est la fin de l'exploitation de l'homme par l'homme, une
égalité humaine.
1 II est à souligner que l'athéisme
sartrien n'est qu'idéologique, et ne s'applique pour lui-même que
dans le cadre de l'existentialisme, et ainsi donc pour souligner le trait de
« l'existence humaine ».
z « Épictète, dans les chaînes ne se
révolte pas, c'est qu'il se sent libre, c'est qu'il jouit de sa
liberté. Dès lors, un état en vaut un autre (...) » -
Situations III, pp. 196-197.
a SARTRE, L'Existentialisme, Op.cit., p.5. [« Rien
ne sera changé si Dieu n'existe pas »].
4SARTRE, Jean-Paul, Situations III,
Gallimard, Paris, 1947, p. 87.
5 SARTRE, L'Être, Op.cit., p. 51.
6 SARTRE, Situations II, Op.cit., p. 308. SARTRE,
Situations III, Op.cit., pp. 196-197. 8 SARTRE, Situations II,
Op.cit., p. 26.
20
En effet, quelle liberté aurait la pensée d'un
esclave s'il arrive jusqu'à rêver de sa liberté ? Pourtant,
Épictète était bel et bien libre sous ses chaînes !
Et quelle idée de se présenter égal à autrui en
fonction de sa liberté, puisque chacun est chacun et que chacun est
«personne» ? Ainsi, Sartre même écrit : « (...) la
Resistance fut une démocratie véritable : pour le soldat comme
pour le chef, même danger, même responsabilité, même
absolue liberté dans la discipline »l. S'il y a un
quelque rient entre l'acte et les motifs de cet acte, c'est
ceci la liberté : cette faculté commune et universelle d'affirmer
ou de nier, conférant la psychologie cartésienne au « choix
».3 La liberté est la simple humanité de chaque
être humain : une sensation du rien sauf la conscience
d'exister.4 Et par le mot « avenir », la
liberté (accompagnée d'actes) prend une dimension dans le temps :
l'avenir est la dimension des actes et de la libertés,
d'où c'est un but. La liberté en soi ne suffit ainsi donc
jamais pas en principe.
De façon plus concise, l'existentialisme étant
un mode de pensée sans contenu
prédéterminé, la liberté est un état de
conscience, une conscience d'être conscient de sa liberté. Elle
n'est pas pouvoir, elle est vouloir et faculté de jouir de ce vouloir
selon sa position. Qui voudrait être libre est donc libre, sauf que
vouloir cette liberté exige une grande responsabilité pour
qu'elle soit une véritable jouissance. Autrement, ce serait une
semblable d'illusion, à chaque fois : un risque voué à
échouer.
I.II.3. L'existence sartrienne
Nous savons bien que l'Existentialisme a été
fondé par Kierkegaard à partir de ce qui est reniement de toute
philosophie, en partant de la subjectivité, et jusqu'aux traits
fondamentaux de l'homme pour contrer les « spéculations
»6 chrétiennes de son époque, qui n'est plus
d'ailleurs trop différentes de celles de nos jours. Le centre du tout
est répétitivement « l'angoisse », expression de
l'existence humaine qui, elleà son tour, est le fond de
l'Existentialisme. Ce courant n'est aucunement nouveau à nos sens. En
effet, dans les
1 SARTRE, Situations III, Op.cit., p.
14.
2L.Q. « Origine de la
négation », In SARTRE, L'Être et le Néant,
Op.cit., pp. 69-71.
a SARTRE, Situations I, Op.cit., p.
319.
4Cf. SARTRE, L'Âge de
raison, IV, Gallimard, France, 1945.
s SARTRE, Situations I, Op.cit., p.
139.
6 Ce qui se réduit à « l'apologie
» et à « la théologie », rationalisation
pure et simple de la foi.
7Cf. Les doctrines existentialistes
(Jolivet, Fontelelle) ; Introductions aux Existentialismes
(Mounier, Denoel) ;
Existentialisme et Pensée chrétienne
(TROISFONTAINES, Vrin) ; Leçon sur l'Existentialisme
(Verneaux, Téqui) ;
Esquisse pour une histoire de l'existentialisme
(Whal) ; L'existentialisme (Foulquie, P.U.F) ; ...
21
distinctions entre existentialistes, le noyau philosophique
reste : « l'homme » et « le monde », c'est-à-dire,
la vie. C'est le cas de l'existentialisme sartrien.
Connaissant Sartre...nous n'allons plus réciter ce que
l'on connaît déjà sur l'athéisme de son
existentialisme. Toutefois, comme nous l'avons vu précédemment en
effet, tout est conscience : la conscience immédiate du
plaisirest l'être du plaisir, celle de l'intentionl'être de
l'intention, celle de la douleur celui de la douleur... Il s'agit d'une
condition d'existence, d'une mesure, et d'une ex-pression
(phénomène) de l'existence ; l'existence qui est à
elle-même une condition d'être, le sens originel qui permet de
réaliser le reste. Mais réaliser l'homme est une tâche qui
doit passer par la Responsabilité et la conscience-existence, desquelles
on pourrait enfin connaitre un existant-homme La Responsabilité
constitue le mode d'existence de l'existence, alors que cette existence
nécessite également chez le type humain la liberté.
A rappeler qu'il ne s'agit point ici d'une
représentation, au primat de la connaissance, mais d'un
évènement concret, plein, et absolu, au
déracinement du « sujet-objet » : « Il y a un être
indivisible, indissoluble...un être qui est existence ide part
en part... »2disait Sartre, (une) conscience-soi (dont)...le
« comment »3doit être connu à partir de son
être4. Ou autrement, un être dont l'existence
précède l'essence : formulation de L'Existentialisme est
un humanisme, à la fois celle de la liberté et celle de la
Responsabilité humaine. Effectivement il n'y a aucune loi objective pour
la Responsabilité : c'est un acte libre et conscient, consistant
à exister et à être également. Elle ne se motive que
d'elle, de son comment et de son être qui est sa propre façon
d'apparaître, dépassant l'état de
l'être-là.
Dans l'Être et le Néant, Sartre explique
le Phénomène comme « Le relatif absolu » qui suppose
quelqu'un à qui apparaitre, sans supposer un être véritable
absolu comme l'« Erscheinung »5 kantienne. C'est
de là que se tire l'Existence : ce qui existe, existe...ce qui ne l'est
pas, ne l'est pas, absolument, véritablement, comme cela se
dévoile. Le Phénomène est ainsi absolument indicatif de
lui-même, et tout de sa manifestation est alors acte.6
1 Un être qui « est liberté
».
2 SARTRE, E&N, Op.cit., p.21.
a Il s'agit de l'« essentia », ou
la réalité totale de l'être comportant le paraitre qui vise
l'essence ou la fin de l'être. On peut parler aussi de façon ou
révélation d'être. [Cf. SARTRE, E&N,
Op.cit., pp.11-12 (être et paraître)] a Il s'agit
de l'« existentia », ou la réalité de
l'existence (l'être là qui se réalise).
51bid., p. 11, §1; p. 12,
§1, §2. [« Erscheinung » signifie
littéralement « apparence », et Sartre explique
contre la distinction « phénomène-noumène »
kantienne, que le noumène est accessible s'il est
1à.]
6 « Il n'y a ni puissance, ni « exis
», ni vertu » : tout de moi est moi.
22
Dès le Phénomène, alors, s'enfume le
dualisme de l'extérieur-intérieur, pour faire place au monisme de
l'existant : « les apparitions se valent toutes à d'autres
apparitions et aucune d'elle n'est privilégiée
»l. C'est ici que l'Existentialisme prend déjà
son origine, pour affirmer plus tard dans son humanisme le « Pour-autrui
» vis-à-vis de la connaissance, comptant le Pour-soi et l'En-soi
émanant du cogito préréflexif et de l'être
du percipere3. Ceci pour traiter enfm l'homme comme
existant : du Phénomène se déversant dans l'Humanisme se
perçoit l'Altérité qui implique une existence humaine du
nom de Responsabilité.
D'autre part, dans un cadre phénoménologique, le
« comment » est tout aussi significatif que la question subjective.
Effectivement prendre pour seule et unique norme la vérité, c'est
tout à fait fatal mais absolument la seule façon (et non moyen)
de savoir et de comprendre que ni le phénomène, ni le
noumène n'existent qu'en terme méthodique ; car le noumène
est « les choses pensées », par défmition même
des termes. Nos Ancêtres ont certes eu tort de prendre le temps pour
responsable des décompositions de la matière. Néanmoins,
le temps est conséquentiel de toute détérioration
matérielle, malgré toute attente absolument physique,
réactive ou chimique, ou technique... Cette
conséquentialité n'est ni responsabilité, ni
correspondance du temps à la détérioration qui est autre
phénomène par rapport à celui de la décomposition
malgré correspondance phénoménale entre les deux.
Enfin, bref, l'on ne rejette pas ici toute forme positiviste
de vérité, et l'on ne replonge pas non plus la
vérité dans sa source lointaine... On essaye d'entendre la
vérité comme une vérité simple, claire, objective,
et surtout humaine : comme fini et comme infmi, non qualitativement, ni
quantitativement, ni temporellement, mais comme possibilité
existentielle et contingente. Cela nous permettra donc de mieux comprendre tout
le contenu de ce discours sur « la Responsabilité ». En effet,
il s'agit d'une philosophie existentielle qui se rattache aux
phénomènes, à la Réalité, plutôt
qu'aux positivismes et empirismes scientifiques qui risquent de faire
accidentellement intrusion. C'est-à-dire que l'existence de l'objet se
suffit à « être là » tant hors de l'existence
subjectif que dans son existence objective. Néanmoins, et surtout,
l'objet qui est là ne peut agir sur un sujet, ni sur aucun objet
d'ailleurs, à l'instar d'un phénomène réactif
dont tout esprit raisonnable ne peut absolument nier. Il nécessite
une conscience pour trouver une existence dans le sujet conscient, il demande
une intention qui lui est accordée bien particulièrement que
distinctement.
1 SARTRE,
E&N, Op.cit., pp.11-23.
23
Cela permet déjà en effet de constater que
« en dehors » de l'« être là » subsiste une
existence : une chose qui consiste, de son intérieur à son
extérieur, un « transphénomène ». Ce
qui fait que l'objet existe en étant là, n'étant autre que
sa situation d'être là par nature. Mais à tout être
ayant un aspect subjectif, capable de « sentiment »l, le
Da sein ne peut définir son existence, au risque de
réduire cet être à une existence objective.
L'existence humaine consiste ainsi à sa nature
subjective qui comporte un « agir », une « appréhension
», une « intention », et une « conscience ». Ainsi,
Exister c'est Être, et ce à trois
étendues : celle de lasituation, celle de la conscience,
et celle du choix. Cependant, entre « être » et
« exister », il y a nuance entre « essence » et «
existence ». Si l'essence est un état d'être, en rapport et
non en opposé à l'état de néantise, c'est que
« être » a une certaine façon et une certaine
manière conditionnelles. Mais tant aussi certain que l'essence
« existe », l'existence est le fait d'être : mais
au-delà du fait d'être là et de tout autre Da sein,
l'existence est conditionnée par la consistance et conditionne donc
l'essence.
Ce phénomène est certes tout à fait
technique en ce qui concerne nos outils et notre « mode de vie » ;
mais lorsqu'il s'agit de l'homme, l'épicentre du monde, l'essence est
toujours façon d'être précédée du
fait d'être, alors que l'homme réalise
nécessairement son essence : c'est lui-même qui réalise son
« comment », ses « pourquoi », son « agir », par
ses propres choix que lui seul réalise également.
En d'autres tenues, l'homme naît, il est
là2 ; et par ce fait d'être là, il est dans
le monde parmi l'homme et les hommes Mais pour être lui-même
lui3, il faut le devenir ou le redevenir ; et il ne peut par
conséquent ne pas choisir ce qu'il veut « être » et non
ce que le monde puisse faire de lui ce qu'il « serait ». Ainsi
naît cette volonté post-positionnelle ou post-passionnelle que
l'on désigne prématurément pour « liberté
». Puisque en effet, c'est la liberté qui rend le choix possible,
et c'est le choix qui détermine l'essence humaine, c'est-à-dire
son être de chaque temps et son être futur ou éternel, dans
l'absolu de l'inconnu ou le projet d'avenir que nul ne peut ne pas choisir de
faire. C'est cela la position de l'homme dans le monde, et sa situation dans
l'existence également. Le choix est alors un engagement tout aussi
volontaire que nécessaire auquel tout existant ne peut échapper,
et auquel tout suicidaire tente de se délester. Cette « nature
» ou univers s'appelle plus clairement « responsabilité
», la
1 On utilise ici le terme cartésien («
sentire » ou sentir, et « mens » ou esprit)
z « Là » implique une « casualité
de l'être », l'être n'est donc pas « là »
absolu à l'être : il est être « là », si et
seulement si il est là ; donc, un être là,
là seulement et nulle part ailleurs que là.
a C'est-à-dire « pour être, être
», ce qui est après « devenir lui-même » ou
bien « exister ».
24
valeur du labeur et le bonheur du plus droit en tout cas.
Néanmoins, ce concept se diversifie d'un penseur à un autre,
tellement que « on ne finirait pas, si l'on voulait [en] faire un grand
nombre de livres [...] »l. Alors, l'on va, pour remédier
à cela, se demander et se définir sur le concept sartrien de la
responsabilité.
lEcclésiastes 12: 12, In Jolon Faichney,
go-bible.org,
ver.2.2.6, French Louis Segond Translation,
http://www.ccel.org.
25
Conclusion partielle
En fin, on a toujours tendance à reconnaitre la
philosophie dans une formulation bien connue : « recherche dela
vérité ». Pourtant : « la »,
mais laquelle ?Beaucoup de penseurs ont déjà
manifesté quelque forme de responsabilité d'antan. Beaucoup
d'auteurs congénères entreprennent encore quelques comparables
réflexions sur la question, et ces réflexions méritent
amplement d'être reprises et développées.
Mais pour cette fois, l'investigation portera plutôt sur
une résolution plus pragmatique qui ne contredit pas la
vérité mais qui cherche plus ardemment à refonder une
source de résolution, qui requerra les données
préexistantes. Les donnés dont, celles que notre auteur se
soutint et celles dont lui-même a laissé. Ces donnés, des
plus contingentes aux plus fondamentales, ont été la consistance
particulière de cette partie-là : on a vu des
pré-sartriens, des post-sartriens, l'impératif kantien, et les
spécificités sartriennes. Si la conscience tout comme la
liberté est effectivement d'une nature nécessaire chez l'homme,
et que ces « être » nécessitent toutefois une
intention phénoménologique et métaphysique, la
responsabilité est alors de façon dispersée cet acte de
répondre.
Mais le tout, même l'aspect kantien,dut être au
terme de cette partie transposé dans l'unité sartrienne de «
liberté, conscience, existence » : dans un existentialisme
athée. Et puisque dispersée signifie à la fois
générale et particulière, nous commencerons pour cela
à approfondir la question vers la propre conception sartrienne ; car les
trois « être » de l'homme, suscités, expliquent
l'existentialisme sartrien en décompte de l'existentialisme en
général. Nous avons donc explicité la
responsabilité générale en tant que telle, malgré
la transposition sartrienne qui bondit ainsi sur l'ensemble d'un regard
traditionnel à l'égard de l'existentialisme.
PARTIE II:
PARTIR DE LA « RESPONSABILITÉ »
EXISTENTIALISTE
h VKLIE II:
27
Introduction partielle)
Après ce petit voyage temporalo-conceptuel et avant
tout, l'homme est un règne et non une espèce régnée
sous un autre règne : telle est la valeur équitable de la
subjectivité. La différence de la subjectivité
existentielle de la subjectivité cartésienne est en ce que «
je m'atteins moi-même en face de l'autre, et l'autre est aussi certain
pour moi que moi-même », et il conditionne donc mon existence.
D'où l'homme comme existant manifeste son essence aussi bien que son
existence chez Sartre, dans le cadre phénoménologique, et il
n'est ainsi que la série bien liée de ces manifestations.
Voilà pourquoi l'on assimile le nominalisme de
Poincaré à la phénoménologie husserlienne ou
heideggérienne, en réduisant l'existant à ses
manifestations. Mais dans le cas de l'existentialisme, non pas l'homme mais
l'existant (ou l'humain), se convertit dans la dialectique du « fmi et
infini », où l'homme lui-même ne saurait encore ou plus
« être » réduit à une série finie de
manifestations. Ainsi l'homme peut être projeté en dehors de la
subjectivité et de l'intuitivité qui l'affectent : il est ce
qu'il se projette d'être. Cet homme va vers la liberté par sa
perception dont :la réalité d'un objet est que cet objet
« est là », mais que cet objet n'est pas moi. Finalement
donc, l'homme est incomplet et interactif : un
transphénoménal inépuisable qui a un
phénomène d'être2... un projet perpétuel
: un être qui se réalise pour exister, conditionné par
le besoin d'un être sur lequel fondement il puisse se
dévoiler. Autrement, c'est « ...un être qui
échappe à la connaissance et qui la fonde »3. Et
ce ne sera finalement que les subjectivités et la responsabilité
qui l'expliciteront.
Bref « subjectivité veut dire d'une part choix du
sujet individuel par lui-même, et d'autre, l'impossibilité pour
l'homme de dépasser la subjectivité humaine »4.
En cela, il y aura trois subjectivités de relation dont une
individuelle, à savoir altérité, une humaine dont
l'intersubjectivité, et une Humaine ou ontologico-universelle,
c'est-à-dire le monde ou l'univers. Ces subjectivités
détermineront un statut selon lequel la liberté est la
responsabilité elle-même. Soulignant qu'on part de la
liberté existentialiste, cette liberté dont fonde l'angoisse du
délaissement ne s'apparente en tant que telle que chez Sartre.
Livré à la subjectivité, nous allons donc exposer sur la
liberté et la responsabilité dans cette partie.
1Cf. SARTRE, E&N, Op.cit. ;
et SARTRE, L'Existentialisme, Op.cit.
2 Immédiat par connaissance et distinct par
qualité : un « objet-essence ». a SARTRE,
E&N, Op.cit., p. 24.
4SARTRE, L'Existentialisme, Op.cit.,
pp.24-25.
28
II.I. SUBJECTIVITÉ ET ALTÉRITÉ :
LES TROIS RÉALITÉS DE LA SUBJECTIVITÉ.
La Nausée, c'est l'Existence qui se
révèle ! Ainsi pourrait-on résumer ce petit roman de
Situations. L'on perd un être cher et on tombe dans ce présent qui
fuit toujours un passé, n'ayant nulle essence autre que ce passé
qui se veut futur à chaque instant, la nausée atteignant tout :
ainsi tous nos sensations se métamorphosent.Or l'homme est le
monde, lorsque l'homme ne signifie pas la subjectivité
individuelle maiscelle humaine.Dans ce roman, Sartre semble nous apprendre que
la peul-1 naît des surprises2 ; et que le
changement qui est élémentaire et basique du rapport avec le
monde (objet, autrui,... conscience) concerne les objets. Il s'y
questionne sur ce qu'il y a « à craindre d'un monde régulier
»3, et y annonce à la foisque la vie est
incohérente4. On peut dire de cela que la certitude et
l'évidence sont de l'ordre de l'ordinaire ; que la sensation est
là où on ne peut plus douter, où l'on segêne un peu
avant de s'épanouir.Elle est la capitale de l'altérité
puisqu'en effet l'homme « apparait » et « perçoit »
simultanément. Il est à la fois « conscience » et
« passivité » qui existe au-delà de la
passivité... ; mais surtout c'est un êtreabsolument libre
dont l'existence précède l'essence. Et donc c'est un
être passif dont l'être de sa passivité est relatif à
un autre et non à un néant, et qui assure son être en se
refermant sur l'ego selon son indépendance propre. Mais pour
Sartre lui-même, l'homme n'est pas la fin : l'humanisme l'est ; l'homme
qui existe ou qui suit des buts transcendants, lui (il)
est.
II.I.1.L'altérité ou le conflit avec
autrui
Si peur, trouble, obligation,... sont «conflits» et
que la peur naît de ce qui va naître : qui, quoi,... ; autrui,
«elle »5, autre que moi, qui est une liberté
à ma portée, moi qui suis liberté, me condamne : elle me
condamne à la souffrance dès son absence. « Elle » qui
est un besoin6, me condamne
à lui répondre, etm'y
oblige. En effet, répondre est
dépendre : dès qu'on me considère,
c'est-à-dire dès qu'on m'objective, je ne suis plus libre.
« Elle » me devient désir, ensuite ennui, puis enfer... un
indispensable'. En effet, la civilisation bourgeoise
1 « Un instant de trouble ».
2 « Coïncidences qu'on ne s'explique pas ».
a SARTRE, La Nausée, Op.cit., p.
15, §3. 41bid., p. 17.
5 Il s'agit de « la patronne », dans
La Nausée, que l'on prend ici, à titres
exemplaire et référentielle, pour désigner « l'autre
».
6
http://evene.lefigaro.fr/citation/sommes-yeux-autres-partir-regard-autres-assumons-memes-10918.php
. "Nous ne sommes nous qu'aux yeux des autres et c'est à partir du
regard des autres que nous nous assumons comme nous-mêmes. " - De
Jean-Paul Sartre / L'être et le néant
Comparer avec « essentiel ».
29
n'est pas le seul facteur qui laisse le conflit apparaitre en
soi et hors de soi : le romantisme, tout comme l'anticapitalisme, ont eu
à leur façon quelque chose à avoir avec
l'altérité, paraît-il. Néanmoins, ni l'un ni l'autre
ne fait l'objet exact de cet être de relation qui nie toute relation.
Par ailleurs, le thème éthique du
« regard »1 phénoménologique exprime
pleinement l'altérité : il ne peut y avoir qu'un sujet à
la fois, soit ce sera moi, soit ce sera autrui. Celui qui perçoit et se
perçoit sera la conscience qui existe consciente lors d'une rencontre,
celui perçu est un objet vers quoi la conscience s'applique. En
même temps, Sartre rapplique : « L'enfer, c'est les autres
»2.Cela pour expliquer que l'existence d'autrui m'empêche
de faire et de ne pas faire ce que je veux ou ce que je ne veux pas faire ;
alors que je ne peux et ne pourrais jamais me débarrasser
définitivement de l'autre qui est là et est dans ma conscience
comme un effet retenu, qui, dans sa propre contingence, me regarde et me
gêne....qui pense ce que je pense, se dit ce que je me dis, veut ce que
je veux,.... L'autre m'est incompréhensible, toujours ; et l'autre est
là, toujours aussi. Bref, l'altérité est ce fait
d'être autre, d'être un individu personnel, isolé, à
part, et différent de tous les autres : la béatitude dans
l'absolu de l'en-soi, une joie que seule la solitude naturelle
concrétiserait ; puisque être absolument autre implique que les
autres sont absolument autres et n'existent pour moi que comme le bon me
semble, ou bien que moi suis absolument autre et n'existe pour autrui que dans
son « néant ». Plus simplement, la différence entre moi
et autrui n'empêche pas que moi et autrui soit les mêmes ; mais je
ne peux pas être autrui non plus en tant que autrui est autre que moi.
C'est pour cette raison que ma liberté n'est pas celle d'autrui, et que
la liberté d'autrui n'est pas ma liberté ; bien que ... moi et
autrui sommes tous deux libertés. Et c'est pour cette autre raison que
le « moi » et l'autre ne peut être qu'altercation, puisque la
liberté de l'un empêche souvent celle de l'autre... soit par
l'égoïsme,soit par la honte, le besoin, ou bien la
dépendance tout simplement. « Comment vais-je m'habiller ? »,
« Combien pourrais-je avoir ? », « Que dois-je faire ? »,
etc. Chaque « autre » suscite le doute et l'angoisse
perpétuellement, alors que chaque « moi » se veut, sans
réflexion, purement etabsolumentindividu. Là est le
problème de la liberté absolue que se fait raison
l'individualisme moderne, expliquée dans l'Être et le
Néant, puisque la liberté est de nature nécessaire
chez l'homme ;puisque l'Ego n'est ni formellement ni matériellement dans
la
'Cf. Emmanuel Levinas.
2 SARTRE, Huis-clos, V ; cité dans
Le Grand Robert.
30
conscience mais dehors, dans le monde, un être du monde,
tout comme l'Ego d'autrui, tel que Sartre le dit dans La Transcendance de
l'Ego.
En effet, c'est à ce stade négatif de
l'intersubjectivité que s'établit l'autodestruction de
l'humanité et la fragilité de la raison que Les limites de
l'humainlénonce. C'est de cet effet de destruction que
s'établirent, à l'origine, les subjectivités sociales,
féodales, étatiques, etc. pour une subjectivité positive.
Mais c'est de cet effet également que se construisent aujourd'hui,
contre les systèmes juridiques et formalistes, les pensées de
l'intersubjectivité pour suggérer des relations positives : des
pensées qui supposent la nécessité de la raison, non comme
un primordial, mais comme une des conditions du primordial. Et « positive
» signifie ici, non pas exacte par convention ou posé par
imposition, mais exacte par nature ou posé par l'univers : on peut en
déduire une subordination de la Raison à la consistance exacte de
l'Existence. Cette intersubjectivité est alors au mieux le champ de la
rationalité de l'existence, et au pire le champ de la querelle
irrationnelle de l'inexistence. Mais puisqu'on ne peut constater plus qu'une
relation conflictuelle (de l'individu à l'État, des personnes aux
Nations)2, l'on évoque plus ici l'intersubjectivité
négative (négation du sujet par le sujet, dans tous les sens),
l'on rédige plus sur la conscience (le véritable
raison) plutôt que sur la raison. Et c'est cette
négativité subjective que l'on traite ici comme «
altérité », à l'opposé de l'altruisme
cependant bien. Différente de l'égoïsme qui priorise
l'égo sans réduire l'alter, à ne pas confondre à
une aliénation qui vient de l'extérieure, et qui est le fait
d'être autre de façon hostilement antinomique, cette
altérité est le caractère strictement individuel de
l'homme, détaché non seulement du monde, mais de la raison
également, de lui-même. Cet autrui qui est absolument autrui n'est
plus rien d'autre qu'un autrui sans qualification, sans situation, sans
caractère, sans consistance, et sans existence. Et il n'a donc ni
construction, ni développement autre que lui. Ce qui est impossible bien
évidemment. Il suffit d'une conscience pour le comprendre.
Ainsi, Sartre cite dans sa perception du réel : «
Lorsqu'on a déchiffré les significations des choses (...) il
demeure un résidu inassimilable, qui est l'altérité,
l'irrationalité, l'opacité du réel et (...) c'est ce
résidu qui fmalement étouffe, écrase. »3.
Et dans son « enfer », on ignore si Sartre emploie le terme de
l'adjectif latin « infernus » (d'en bas, d'une région
inférieure), ou bien des substantifs du latin classique «
inferna »(demeures des dieux), ou du latin
1 Ouvrage collectif, LES LIMITES DE L'HUMAIN,
Édition électronique réalisée à partir
du tome XXXIX (2003) des Textes des conférences et des débats
organisés par les Rencontres Internationales de Genève.
Éditions L'Age d'Homme, Lausanne, 2004, 236 pages.
2Q.L. RENAUD, François, Op.cit.
a SARTRE, Situations III, Op.cit., p. 211.
31
ecclésiastique « infernus » (enfer).
Mais n'importe lequel des termes implique ce que communément l'on
appelle « étrange » : ce qui alarme nos peurs, nos troubles,
quelque obligation, quelque lutte, quelque conflit.I1 convient alors
de nommer cette situation « altérité » plutôt que
« intersubjectivité », puisque la valeur (bien, mal, positive,
négative, etc.) ne se trouve que dans la consistance ou l'être, et
n'est donc valable que de cas en cas. En outre, l'intersubjectivité a un
sens plus significatif séparément de ses valeurs qui ne
définissent pas absolument ce qu'elle est. C'est justement ce sens que
nous allons maintenant entreprendre d'expliquer : qu'est ce que
l'intersubjectivité ?
II.I.2. L'intersubjectivité ou la relation avec
autrui.
Sensation, passion, amour et toute relation positive sont
également intersubjectives. Sartre écrit «Quand cet
hommes est seul, il s'endort. ». C'est qu'en effet
l'éveil naît de la sensation d'être seul, et la solitudenous
porte dans l'inconscience où l'on s'endort : « eux [les
clients du Malby] aussi, pour exister, il faut qu'ils se mettent à
plusieurs »2.
La solitude est une souffrance, la compagnie est un besoin.Une
compagnie mutuelle, admise, respective, et disons «naturelle
»3, est une liberté. Une liberté qui va nous
condamner à l'être et à être libre. Puis-je
m'expliquer absolument tout seul ? Non, et Voltaire aura raison lorsqu'il dit
qu'un homme vivant absolument seul ne réussira qu'à devenir
une bête4. D'ailleurs, quelle importance attache-t-on
à penser, chacun, les mêmes choses ? L'intersubjectivité,
n'est-ce pas la sérénité du rapport intersubjectif, du
bonheur des coexistences et interdépendances
subjectives ? Que sentons-nous au sentiment que la personne qu'on voit
vit seul ? Qu'est-ce qui nous fait peur : « son air misérable
», ou bien le sentiment qu'on a à l'égard de ses
pensées ?5
« Comment le mode de vie des uns ruine celui des
autres, pistes pour une consommation responsable » : ainsi le
Worldwatch Institute présente un document sur le Statut du Monde en 2004
dont les rédacteurs intitulent La consommation
assassine6. Le mode de vie des uns ruine celle des autres :
c'est de cette interdépendance que l'on parle, mais sur un aspect plus
ontologique. Effectivement, le mot « intersubjectivité » est
composé de deux
1 C'est-à-dire, M. Fasquelle.
2 SARTRE, La Nausée, Op.cit, p. 19,
§3.
a C'est-à-dire, « sans prix additionnel » ou
simplement « consentie ».
a VOLTAIRE, OEuvres philosophiques (extraits), Nouveaux
Classiques Larousse, éd. ROGER PETIT, p.74.
5lbid., p. 22, §2.
6Cf.
http://www.eclm.fr [version e-pub, 272
pages].
32
mots : inter et subjectivité. Cette
composition est traditionnellement de Husserl (traduit de l'allemand
«Intersubjektivitiit »), et entend une « Situation de
communication entre deux sujets »l. Une subjectivité
révélée à elle-même et à autrui,
dirait surement Merleau-Ponty. Plus clairement, c'est le
phénomène de rapprochement entre deux ou plusieurs sujets, et
voire entre toute subjectivité librement relié par une
objectivité ou un objet auxquels les sujets concernés s'unifient
par une cause commune. Voici ce que cite Simone de Beauvoir : « On a dit
avec raison que la littérature était le lieu de
l'intersubjectivité. Seule dans ma chambre avec un livre je me sens
proche non seulement de son auteur mais à travers le temps et l'espace
de l'ensemble de ses lecteurs. »2
Si bien alors que l'intersubjectivité correspond
à une communication, il ne s'agit pas non plus d'une relation
universelle a priori. Cette relation se limite dans
l'expérience ou dans le vécu. Et par « vécu »,
on ne prend pas encore en compte la télécommunication, puisque
cette communication comporte une relation assez critique en cela que la
relation est fondée sur la distance, ce qui n'aurait convenu
que pour la nécessité d'une altérité sophistique.
Et pourtant, l'intersubjectivité est désormais de plus en plus
faussée, et il s'en suivra que l'homme le sera également pour
déduire aussi simplement que la totalité du monde subira
simultanément ce sors de fausseté. Mais cette fausseté ne
touche pas seulement le monde et tous ses systèmes, elle affecte par
cette intersubjectivité elle-même tout avenir : de mari à
femme, de parents à enfants, d'éducateurs à
éduqués, de collègues à collègues, etc.
Lorsqu'on parle alors de subjectivité comme
possibilité d'entente, c'est de l'effectivité de
l'intersubjectivité que la semence germe et non pas du sujet
isolé. Le sujet n'est alors qu'un grain sans vie sans cette relation.
Beaucoup digèrent mal l'existentialisme sartrien pour quelques raisons
graciables mais révisables tout de même : certains ont mal
compris, d'autres mal entendus, outre mal interprétés, et outre
autres mal acceptés. C'est dans le cadre de notre thème que nous
pouvons supposer un Sartre égo-socialiste : c'est-à-dire,
à la fois personnaliste et individualiste. Rien n'est absolument
personnel et rien n'est absolument individuel, et dès lors que
l'individu règne sur la personne ou vis vers cela, alors il ne peut y
avoir qu'une liberté de morts et de dévastations. C'est cette
expérience qui a fait d'un jeune libertin un homme engagé
après avoir compris que la ruine subjective ne peut ne pas
être massive. Les facteurs peuvent être différents mais les
résultats seront semblables pour chacun des sujets de relation
viciée. D'où le grand problème de la mondialisation est
actuellement un refrain de
'Le Grand Robert.
20p.cit. [Cf. DE BEAUVOIR
S., Tout compte fait, p. 197].
33
désespoir : établir une intersubjectivité
« universelle » entre télécommuniés qui
restent réciproquement des inconnus. Deux défis inaccessibles
mais devenus nécessaires, épuisant efforts, richesses,
volontés, espoirs, et humanités.
Finalement, l'on ne se connaît ni dans un miroir, ni
nulle part ailleurs que lorsqu'onse réjouit de caprices inopportuns
d'enfantillages ; ce, tant que autrui, un « autre soi »
n'existe. Autrui est alors un besoin, une liberté, un avantage que
jedois faire exister afin depouvoir exister : « Ces
émotions inoffensives [écrit Sartre], je ne les ai
jamais refusées (..) pour les ressentir il suffit d'être un tout
petit peu seul, bien résolu, en cas d'alerte, à me
réfugier au milieu d 'eux[les gens...] »l. Il nous
faut toujours de ce fait des identités, et des autres à qui
s'identifier par conséquent. Néanmoins, une chose doit
correspondre à ce qui lui convient. Il est évident que l'homme
est universel en quelque principe réaliste, mais
l'intersubjectivité ne concerne que des sujets. Il s'agit d'une
étape primordiale et inaliénable pour enseigner et vivre un
accord quelconque afin de tendre vers une paix qui assure toute liberté
que l'on reconnait comme prospérité, repos, entente, amour,
fraternité, justice, civisme, etc.
Il me faut reconnaitre autrui comme un « moi » et
non comme moi, ce qui serait un égoïsme excessive. Moi comme
Autrui, sommes égalitairement libertés ; c'est-à-dire, des
besoins qui se nient. Tous deux ont une faim : s'ils se reconnaissent en tant
que tel, ils pourront s'échanger de faim en partageant un petit repas ou
en s'unifiant pour nier ou résoudre ce besoin. Par contre,
l'intersubjectivité n'est pas tout aussi pratique dès son
origine. La véritable importance dans la limite de
l'intersubjectivité n'est effectivement rien d'autre que la
nécessité d'un commencement. Le commencement est toujours plus
simple, plus exacte, plus réelle et plus lucide ; le commencement
considère toujours une fin ; et ce commencement est alors la
possibilité de toute relation saine, correspondante à la fin
considérée. Intersubjectivité signifie alors communication
: c'est se munir semblablement.
D'autres parts, du simple individualisme à la
société, le nombre de sujets varie considérablement ;
cette variation doit être perpétuellement prise en cause pour
établir une relation. Et de même, l'humanisme comporte des
conditions additives et soustractives pour poursuivre la fin humaine que
s'occupe l'intersubjectivité. Cette différence sera l'objet de
l'universalité qui se glisse entre l'expérience de
l'être-pour-autrui et le principe du pour-tous.
1 SARTRE, La
Nausée, Op.cit., pp. 20-21.
34
II.I.3. L'humanisme ou l'universalité de
l'homme'.
Si nous supposons un « autre » comme un point de
départ : il arrive, il est là, mon besoin devient alors
jouissance, je suis à nouveau libre, « j'existe, moi ; j'existe,
homme ». Mais tant que le monde change, et il changera, lui, l'«
autre » aussi peut changer ; et alors, la compagnie qui est liberté
ne se résume pas à un sujet seulement. Le monde doit être
mon compagnon. Ce monde qu'on appelle l'homme...c'est ma
liberté dans cette vie incohérente, c'est moi. Sans
oublier que l'homme est liberté.
« Maintenant, je ne pense plus pour personne...
»2 ; les « gens » libres « ne se troublent
pas » et je ne connais plus que moi à présent,
moi qui implique, « l'autre », autrui, l'homme,
l'existence et le monde,..., une responsabilité, une contraste
correspondance. La responsabilité qui n'est ni d'un raison, ni d'une
raison à moi, mais d'une obligation existentielle bien raisonnable dans
ce monde incohérent où tout le monde existe condamné dans
sa situation. D'autre part, le terme « moi-homme » est lié
très étroitement à un autre non-relatif «
exister-pour-autrui » qui sont tous deux caractéristiques de
l'identité humaine parée à toute situation contingente ou
ordinaire.3
Sinon, « rien ne peut être bon pour nous sans
l'être-pour-tous »4 ; autant que l'homme, chez Kant, est
un concept universel dont chaque homme en est un exemple particulier.
Cependant, ici, cet universalisme n'est pas inné du droit mais
plutôt de l'existence qui s'affluera donc avec le droit naturel humain.
C'est-à-dire que l'homme est l'homme et que chacun est homme, mais
l'existence individuelle est une existence et non pas une nature
déterminée pour tous : chacun part de son existence et de sa
propre conscience, c'est universel ; mais chacun se projette
catégoriquement pour construire son essence
selon son choix.5 D'où, il y a donc surtout « un
être qui existe avant de pouvoir être défini par aucun
concept (...) »6 ; et l'habille ne fera ainsi donc pas le
moine, malgré une égalité apparente qui constitue
l'universalisme humain. D'un côté l'existentialisme (...)
conçoit et perçoit l'univers à partir de la
réalité humaine. Ce qui fait à peu près que
l'homme soit l'univers : tributairement,
l'homme est l'homme, parce que l'univers est l'ensemble des « res
» existants,
1 SARTRE, L'Existentialisme,
Op.cit., pp.69-70.
2 SARTRE, La Nausée,
Op.cit.
a Sartre parle plus clairement de l' «
être-pour-tous », un « être » comme seul
possibilité d'une bonne chose de
la vie, puisqu'il s'agit d'une existence « sociale ».
Voir SARTRE, L'Existentialisme, Op.cit., p.26.
4Loc.cit.
51bid. p. 20.
6lbid. 21.
35
« unusversum »1.
Ainsi, la valeur n'est ni dans le droit encore, ni en
Dieu, mais dans l'existence, dans la façon et le comment d'être...
parmi les hommes « Cela signifie que l'homme existe d'abord (...) et il se
définit après »2. Il n'est
pas dans le «un », il se verse dedans ou dehors ou
à côté... L'homme est ainsi lui-même, mais il n'est
rien de plus définissable que ce qu'il se fait par sa
subjectivité, et non donc pas ce qu'il voudra, mais ce qu'il aura
projeté d'être. En d'autre terme, l'humanisme n'est autre que
l'humanité comme égalité d'existence et de liberté
entre tous les hommes Les échanges ne se limite ainsi donc plus au
sujet, le tout de l'intersubjectivité se développe de
façon libre, effective, et sans altération. Le courageux engage
le monde dans le courage, le propre engage le monde dans la propreté, la
corruption engage la corruption, le choix engage dans la responsabilité,
et l'univers engage dans l'unité. Toute formulation et toute sentence
s'applique alors non à un homme, mais à l'homme à ce stade
: ainsi, la sentence qui s'applique au voleur doit être une sentence
à laquelle le voleur lui-même s'engage ; et lorsque l'homme
s'engage ou ne s'engage pas, alors celui qui ne s'engage pas ou s'engage n'est
plus dans cette unité, il devient altérité, un
être-en-soi. Mais il faut que cette unité soit libre : il s'agit
d'un pont flottant ou d'une résolution entre l'individuation et
l'indifférenciation de l'action et de la pensée originelle de ces
actions, fondé sur la dignité et la nature libre de l'homme Si le
bouddhisme a ces préceptes pacifistes, le christianisme sa communion,
... il s'agit désormais d'un comment pratique ?
Dans le temps, l'éducation enseigne que lorsque les
« gens » appelaient, les enfants devaient répondre tout de
suite, quoique cet appel est l'assurance d'une attente, d'un engagement
(désiré ou non : des tâches, des cadeaux, des reproches,
etc.). Il fallait répondre en toute circonstance, et c'est un principe
de vie, un phénomène égalitaire régit par le
concept général de réciprocité, par la philosophie
de l'unité. Une réponse inconvenante serait alors tout simplement
une insolence : c'est-à-dire un non respect ou une anomalie
étrange qui agite, plutôt qu'une réponse qui allie. Une
réponse est réponse quand elle est modérée. Ces
temps de paix, symbole de la consistance subjective, sont presque
révolus, oubliés dans les traditions anciennes ; mais le monde
appelle encore incessamment. C'est cet état d'unité qui
caractérise l'homme au-delà des discours ontologiques des
sciences : telle est l'universalité humaine.
Pourtant, à un objet extérieur qui apparait, on
constate phénoménologiquement une interaction du sujet avec
l'objet. L'objet peut atteindre chaque sujet d'une façon à une
autre
1 Mots latins. Tourné (versus)
ou allant de manière à former un ensemble, un tout
(unus). 2lbid., pp. 22-23. [«
L'homme est responsable de ce qu'il est »]
36
selon le sujet. Que ce soit par une haine, une
indifférence, une fascination,... pour les uns ; que ce soit, par le
plaisir, l'excitation, la douleur, la souffrance,... pour les autres ; cette
connexion se limite-t-elle à une simple phénoménologie ?
« Un jour parfait pour faire un retour sur soi »l, dit
Sartre. On peut se demander si les sentiments viennent de l'extérieur ou
de l'intérieur. Lorsque la nausée est comprise en effet,
comme une des chemins vers la liberté, pour en faire un
quatrième livre, cela a fortement ses raisons. « Il faut prendre le
dessus[sinon on souffrira], en avare »2. Si la
vérité se trouve inévitablement dans « la
fermeté et la consistance », et qu'il s'ensuit après que
l'homme qui m'intéresse pourra bien plus
m'ennuyer3 : certes, c'est parce que je ne me sens plus
libre du tout à force de m'intéresser4. Cela
signifie que l'intérêt est ce phénomène qui fait que
le rapport sujet à sujet devienne un rapport subjectif d'objets et
d'intérêts. Mais la rencontre intersubjective, aussi ennuyeuse
qu'elle puisse être, conduit vers une réciprocité qui
appelle nécessairement à une responsabilité quelconque :
négative ou positive, violente ou pacifique, effective ou factice, etc.
Ces responsabilités considèrent toutes, sans exception, la
possibilité d'une liberté, d'une aise, ou à tout le moins
d'un sursit, d'un répit. Reste à savoir, laquelle est
succès, et laquelle est échec au vu de cet objectif naturel et
irréfléchi. Tout cela est strictement ontologique, de l'en-soi
humain, au pour-tous. Mais comme la vérité est dans la
consistance, seul le succès compte pour une ontologie de la
liberté : les échecs ne seront pas des réponses comme il
convient, mais autres choses. C'est tout brièvement le problème
vécu de nos jours : l'on pense répondre, mais on n'y est
aucunement. Rien ne correspond à rien, et l'homme devient alors un
inconnu pour l'homme puisque le tout repose sur cet être que l'homme ou
la liberté universelle est5.
Et on en vient à la question : Qu'est-ce donc la
liberté humaine, en réalité ? Puisque tout homme est
liberté, et que tout homme est unique par distinction (en tant que
être-pour-soi) et par humanisme (en tant que sujet-total :
être-pour-soi et être-pour-autrui dans le monde), malgré son
universalité. Ce, pour dire que chacun paraît avoir sa
liberté, pour laisser concevoir une nième de libertés
antagonistes contre l'unité humanitaire. La liberté est
l'universalité (hormis l'égalité apparente), et
l'universalité implique une unité ; or, la liberté
1 SARTRE, La Nausée,Op.cit., p.30.
2SARTRE, Ibid. p. 26.
31bid. p.28.
a A quoi consiste en effet que s'intéresser,
mis à part s'ennuyer ? L'ennui est la ferme consistance de
l'intérêt : c'est la vérité, et c'est sa
vérité.
s Que ce « soit
» signifie que ce est statique,
qualificativement stable, fini, certain, etc. : ce qui « est » ne
change pas, ce qui « est » n'agit pas, « ça » reste
ce qu'il « est ». Et l'homme qui « est»
avant l'achèvement de son existence est qualifié
d'inauthentique ou de réifié par l'Existentialisme.
37
est individuellement personnelle : il manque donc une
correspondance entre l'« individu » et la «personne ». La
question est : De quelle côté est la liberté ?
38
II.II. LIBERTÉ COMME RESPONSABILITÉ OU
L'ANGOISSE EXISTENTIALISTE.
Soulignons d'abord que la liberté est cette
liberté que chacun apprécie, chérit, et nécessite
tant ; celle dont l'absence empêche d'être et empêche d'agir.
Être libre, c'est donc cette situation d'autonomie : avoir sa propre
occupation, choisir sa propre dépendance, et tant d'autre situations qui
purifie l'être en sorte qu'il puisse, veuille, change, devienne, sans se
faire autre que lui-même. Ou encore, que la liberté, c'est la
subjectivité. Toutefois, ce n'est pas aussi simple lorsque le mort
ne peut plus être plus libre que mort : autant dire ouvertement la
réalité. Il n'est d'aucun fable et n'est d'aucun plaisir de
concevoir que l'angoisse, c'est l'existence ; il est facile de se fermer dans
la quiétude lorsqu'on ne prend aucune conscience du monde ; mais il est
plus facile de s'aliéner ou de se faire aliéner lorsqu'on demeure
dans l'inconscience de la mauvaise foi. Comment est-ce qu'on peut croire
effectivement que les cantiques de louange à elles seules, ou bien la
corruption de l'offrande, ainsi que la relique d'objets
bénisl par l'homme, puisse nous offrir la béatitude ?
Ou comment peut-on croire que le pouvoir, le savoir, ou tout autre "avoir"
puisse nous garder de quelle que insécurité que ce soit ?
Cependant, il ne suffit pas de citer les maux du monde pour se résoudre
car l'homme n'est condamné qu'à sa liberté. Il faut
surtout comprendre ce que cela puisse ou veuille valoir : de quelle
liberté le sujet2 dispose-t-il ?
II.II.1. La liberté
Si par étymologie, liberté, du latin
« libertas » ou « liureteit », signifie
« libre arbitre »3 ; ce l'est pour Sartre
l'égalité des hommes4 : c'est la transcendance de
l'homme, le projet qu'il se choisit de se réaliser, sa conscience
ou sa mauvaise foi», son engagement, son avenirs,
l'intention kantienne, lacondamnation de l'humain dans le
monde où il se choisit son essence et sa détermination comme
indéterminisme circonstanciel.6 Voici ce que Sartre
écrit :
Si rien ne me contraint à sauver ma vie, rien ne
m'empêche de me précipiter dans
l'abîme (...) Cette
liberté, qui se découvre à nous dans l'angoisse, peut
se
1 C'est-à-dire : « Dites "bien" », de
« bene » ou bien et «
dicere » ou dire.
2 Si nous voulons, le sujet est
l'absolution ou le vide de l'homme (l'll y a de
Levinas, en quelque sorte), et aussi
sa contingence ; l'individu est son contenu quantitatif
(donné dénombrable) ; et la personne est le
donné
qualitatif de son « être ».
3Le Grand Robert.
a SARTRE, « l'esprit démocratique »,
In Situations 1, Op.cit., p. 319.
s SARTRE, Ibid., p 77.
6
http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean
Paul Sartre, liberté et aliénation [04/05/2014, 17:
00].
39
caractériser par l'existence de ce rien qui s'insinue
entre les motifs et l'acte (...) Et si l'on demande quel est ce rien qui fonde
la liberté, nous répondrons qu'on ne peut le décrire,
puisqu'il n'est pas (...)1
Soulignons pourtant que la liberté n'est rien d'autre
que la personne : une prolongation de l'intérieur vers
l'extérieur par l'acte certes, mais une extériorisation de soi
qui n'a ni forme préétablie, ni détermination. Par exemple
:
Si Épictète, dans les chaînes ne se
révolte pas, c'est qu'il se sent libre, c'est qu'il jouit de sa
liberté. Dès lors, un état en vaut un autre (...) Dans le
fond, cette liberté se réduit à une affirmation plus ou
moins claire de l'autonomie de la pensée (...)2
Mais, si « la personne n'est rien d'autre que sa
liberté »3, cette liberté est donc
elle-même aliénante ; et en même temps, si elle naquit du
délaissement total, c'est-à-dire de l'Inexistence de
Dieu ou la Liberté, alors elle implique la
responsabilité et non l'indispensabilité4. Elle est
elle-même une responsabilité, dans son reconduction logique.Et
puisque chaque situation particulière doit être une
possibilité de liberté, il s'agit alors d'une liberté
abstraite pour une liberté concrète. La liberté des autres
doit ainsi donc, pour une effectivité, assurer ma liberté. La
liberté collective et universelle existera, à condition qu'elles
soient pour la liberté individuelle. Et la liberté individuelle
n'est possible qu'à partir du moment où elle est pour la
liberté d'autrui. Cette liberté se construit
perpétuellement, malgré sa nature existentielle, selon les
situations et les circonstances successives. Il le faut tant que l'existence
n'est pas une absolue gratuité sans raison et sans signification,
où l'on doit juste choisir, si seulementil en vaut la peine, ou se
perdre dans le néant, si nous le pourrons évidemment.
L'on pourrait ainsi parler de liberté civique qui
suppose la faculté d'un citoyen à faire ce qui n'est pas
contradictoire à la loi et qui ne nuit pas à autrui, d'une
liberté naturelle qui suppose que la liberté est inhérente
à la nature humaine, d'une liberté positive ou conventionnelle,
etc. Toutefois, cette pluralité de la liberté est de la
catégorie de l'inhibition de cette liberté en cela que la
liberté devient un concept forgé et posé (diversement).
Certaines libertés se conforment à la conviction du plus grand
nombre, mais cette conformité est pour la plupart du temps sous quelque
influence extérieure. Ainsi, la liberté des uns condamne la
1 SARTRE, E&N, Op.cit., pp. 69-71.
2 SARTRE, Situations III, Op.cit., pp.
196-197.
3 SARTRE, Situations II, Op.cit., p. 26.
4
http://evene.lefisaro.fr/citation/etre-libre-pouvoir-faire-veut-vouloir-peut-17675.php
: « "Être libre, ce n'est pas pouvoir faire ce que l'on veut, mais
c'est vouloir ce que l'on peut." - De Jean-Paul Sartre / Situations I.
»
40
liberté des autres au nom de quelque hiérarchie
descendante et ou montante ; et la liberté devient alors pure
condamnation sans possibilité de choix. En cela, Sartre écrit
:
Si l'on tient la liberté pour le principe et le but de
toute activité humaine, il est également faux que l'on doive
juger les moyens sur la fin et la fin sur les moyens. Mais plutôt la fin
est l'unité synthétique des moyens employés. Il y a donc
des moyens qui risquent de détruire la fm qu'ils se proposent de
réaliser (...)1
Mais il remarque également dans la Situation III
que la liberté n'est pas une chose intérieure qui se cache
et qui se garde de toute situation au lieu d'exprimer une autonomie de la
pensée. Toute discipline, tout dogme, toute formalité
vis-à-vis la liberté ne peuvent être qu'abstraction de la
liberté en effet à la moindre dissuasion
d'inégalité. Certes, l'égalité n'est pas fatalement
justice ; mais l'inégalité devient injustice du moment où
cette inégalité blesse, contrarie, ou fasse négativement
réagir les uns et non les autres. En fait, la liberté est de la
conscience et c'est par cette conscience que cette condamnation pourrait
libérer l'homme
· la conscience d'exister dans le monde, la
conscience du monde, la conscience de la condamnation pour agir à cette
situation. Mais pour ce faire, l'homme doit d'abord se connaitre en tant que
« sujet ».
La fin n'est pas ainsi donc l'homme mais l'humanisme :
c'est-à-dire, l'humain qui poursuit des buts transcendants, l'humain qui
existe. Kant le dit plus clairement certes quand il dit que la
liberté veut elle-même la liberté des autres. L'homme
est liberté, mais le « Je » doit se transcender jusque dans le
néant pour être une liberté véritable ou libre.
C'est de cela que l'on finit par déduire que la responsabilité
est le noyau-thème de cet existentialisme dont on étudie et
explicite par cette notion elle-même. La liberté est donc par
extension la responsabilité.
II.II.2. Le prolongement ou « responsabilité
»
De ses origines latines [respondere, «répondre
», qui signifie « se porter garant »], le mot
responsabilité a gardé une notion d'engagement
personnel, puisque c'est la capacité de prendre une décision sans
en référer préalablement à une autorité
supérieure. Qu'elle soit civile, pénale,
collective,gouvernementale, partielle, totale ou atténuée, la
notion de responsabilité porte en elle-même aussi celle de
liberté, de libre
1 SARTRE,
Situationsll, Op.cit., p. 308.
41
choix,lorsque l'on agit. Rappelons-nous qu'en Droit
pénal une personne irresponsable ne peut être
jugée.1
Cette façon continuelle de défmir la
responsabilité comme relationnelle à autrui se retrouve
également chez René Simon dans son Éthique de la
responsabilité paru en 1993. Ce professeur de théologie
morale à l'Institut Catholique de Paris estime que l'éthique ne
commence que par la relation à autrui, une éthique de la
responsabilité comme celle de Jonas, tu peux donc tu dois,
différente de celle traditionnelle du devoir de Kant,
tu dois donc tu peux.2
Dans le cadre de la liberté, la responsabilité
sartrienne se spécifie et se conditionne par ses propres
spécificités3. Dans cette philosophie, la «
condamnation »4 vient de l'être-de-conscience qui dissout
« l'inconscient » et ne l'admet que dans l'être-de-mauvaise-foi
où la conscience se choisit comme inconsciente : cette conscience et
nécessaire liberté est l'impératif de la
responsabilité. Mais si la liberté est ontologiquement infmie,
elle est existentiellement totale : d'où la détermination «
totale » de l'impératif existentiel. Si dans le concept de
libertés fondamentales, « l'idée même de
fondamentalité revient à prioriser et hiérarchiser les
droits ou les libertés en fonction de leur essentialité.
»5, c'est que la responsabilité est en fonction de
la liberté, non pas à titre d'hiérarchie puisque la
liberté n'est pas juridique, mais à titre d'essentialité
puisque tout est fondamental au sujet-total. Il ne s'agit pas seulement ou
encore d'une responsabilité morale, il s'agit de la
Responsabilité tout court.
Il est évident que dans le terme de « la
consistance », l'idée émue concerte un aspect universel qui
s'applique particulièrement. Cependant, la Responsabilité
humaine, toutefois d'autant universelle ou humaine qu'elle est dite, est
également et plus clairement individuelle : la responsabilité est
en fonction de la liberté, et la liberté est un état
individuel (subjectif et objectif à la fois) : l'agir est partout, en
tout temps, et en tout lieu, en toute circonstance,...à condition que
j'y suis libre, si donc j'y existe consistant. Puisque en effet, la
1 REYNAUD, J-M., Op.cit.,p.1.
2lbid., p.3.
a Par comparaison aléatoire, on peut
décrire cette spécificité en cinq termes. De la
catégorie impérative, le principe est « je peux donc
je dois », plutôt que « je dois donc je peux
». De la catégorie essentielle, le principe est
l'existence, plutôt que ladétermination
circonstancielle ou sociale. Du champ attentif d'application, l'agir
va de l'homme à l'homme et à l'Homme, plutôt que de l'homme
à Dieu ou de l'homme à l'Homme anthropomorphique. Du champ
temporel d'application, l'acte implique « conscience et agir
», plutôt que « conséquence et action
» (sanction, plus, que responsabilité). Et enfin donc, les
éléments définitifs sont « la conscience, la
volonté et la liberté », plutôt que «
le contrat, les lois, la société, etc.
».
a GUNE$, Cevriye Demir, « Sur la nature nécessaire de
la liberté chez Jean-Paul Sartre », In Département de
Philosophie, Faculté des Lettres, Université Gazi, Turquie,
http://revistadefilosofia.org
[16/01/2015/08 :34 :03]. s
http://fr.wikipedia.org/wiki/Libertés
fondamentales.
42
subjectivité sera correctementla personnalité
qui met en évidence l'Existence sociale, si par contre
l'individualité est exactement une subjectivité qui tente
à se solidifier pour se construire une réalité
singulièrement spécifique (à sa propre existence). Il y a
donc divergence et conflit de liberté et de responsabilité,
naturellement subjectifs, de l'homme individuel dans la société.
La liberté est une quête de l'existence perpétuelle ou de
l'essence dans le monde1. Qui se veut réel doit être
libre. Et cela, malgré les circonstances et les dimensions qui se
présentent à l'homme
De ce fait, la Responsabilité consiste à
répondre ou à correspondre aux situations confrontées afin
d'en construire et d'y construire une existence. A l'instar, se connaitre
soi-même correspond à connaitre l'homme ; mais et
surtout, connaitre l'homme est reconnaitre autrui comme soi,
sauf que autrui n'est pas moi et n'est pas non plus un être
de situation « en soi » dont on peut en fixer un statut
déterminé. Autrui est « un être-pour-soi » qui se
développe de situations en situations, tout autant libre que moi. En
réserve, quelle responsabilité peut-on ainsi, par exemple,
évoquer vis-à-vis l'irréversible
disproportionnalitaire Mondialisation ?Puisque ce
phénomène joint bien beaucoup d'altérité. La
liberté comme responsabilité implique tout simplement la
liberté individuelle qui ne survivra que dans la subjectivité, ou
dans la limite de l'existence : le temps, le lieu, et toute autre
possibilité de l'existence, incluant néanmoins la totalité
catégorique du règne humain.
Bref, comme la relation « cause à effet »,
tout acte et non acte a une conséquence pour tout homme si les
substances n'ont qu'une nature, une causalité, au lieu d'un choix
à faire valoir. Certaines personnes même regrettent sans en
prendre conscience et tombent souvent dans une nausée, dans
le malaise2 qui leur est profondément non-sens : ce
qui est actuellement fréquent. Ce sentiment non assumé est un
état d'aliénation, mais il ne l'est pas pour autant : si un
individu se veut être libre, il doit s'assumer en tant que tel --
conscient et responsable dans le monde - et par la même
occasion, le responsable ne peut dépendre de ce qui est autre que lui
pour son choix, sa conscience, et ses situations... Car il doit se construire
en tant qu'individu et se projeter tant que l'aliénation ne l'atteigne
définitivement pour l'objectiver au même titre que les ustensiles.
Et aussi puisque l'Existence est un monde où Dieu ne peut choisir
pour le salut d'aucun quelconque, et que la liberté, statuant
1 « "L'homme est à inventer chaque
jour." - De Jean-Paul Sartre / Situations II », In
http://evene.lefigaro.fr/citation/homme-inventer-iour-1570.pho
2 « (...) ce malaise, ce porte-à-faux que donnent
par exemple les farces-attrapes, quand la cuillère fond brusquement dans
la tasse à thé, quand le sucre (...) remonte à la surface
et flotte ». Voir, SARTRE, Situations II, Op.cit., p. 216.
43
l'individualité du sujet, n'est pas d'une dialectique
extérieur-intérieur, mais plutôt
intérieur-extérieur, condamnant l'homme à être
libre, à choisir, à se projeter, et donc à rencontrer
et à lâcher'. La Responsabilité tombe ainsi donc entre
un absolu altruisme et une conversationnalité que l'on
s'accoutume d'inspecter sous l'aspect du langage2, pour
enfin passer de la « querelle subjective » afm d'aboutir à
la liberté d'enfin s'exprimer : une liberté
d'exister dans une existence perpétuellement dialectique et souvent
critique. Si la Liberté est donc l'essence de l'homme3, la
responsabilité est sa « consistance » humaine puisque «
La violence, sous quelque forme qu'elle se manifeste, est un échec.
(Situationsll) »4. Une liberté sans
responsabilité n'est donc qu'indispensabilité pure ou
aliénation : elle doit concerner le moi, l'autre, et voire même
avec la situation mondialitaires, le monde entier. D'où elle devient
alors responsabilité ou correspondance. Mais qu'est-ce que donc cette
Responsabilité ?
1 C'est-à-dire que l'homme gagne et
libère (laisser ou positivement abandonner) son existence
dialectiquement, et que ce périodique constitue, assure et continue
son développement et ses mouvements vers son essence.
2 « Fonction d'expression de la pensée
et de communication... », voirLe
Grand Robert; et « "Le désir s'exprime par la caresse
comme la pensée par le langage." - De Jean-Paul Sartre /
L'Être et le Néant. », In
http://eve
ne.lefisaro.fr/citation/desi
r-exprime-ca resse-pensee-la ngage-1103. ph p a Ici, on entend
essence comme « nature qui tend vers la fin ».
4
http://eve
ne.lefisaro.fr/citation/violence-forme-ma
nifeste-echec-2585. p h p
44
II.III. LA RESPONSABILITÉ
Le monde est désormais engagé dans une nostalgie
de ce que la simplicité et le labeur donnait comme liberté.
Puisque les inventions ne furent pas libératrices, et que la
liberté fut créatrice : maintenant, au vu d'un individualisme de
liberté, tout le monde crie « liberté ! » partout sans
se faire entendre. Puisqu'il n'y a plus personne pour entendre. Les cris ne
deviennent alors que violences et désordres : il n'y a plus ni
communication ni entendement. Et l'on parle ainsi de « Politiques
antidiscriminatoires »l, de responsabilité
citoyenne, économique, culturelle, écologique,
gouvernementale, et tant d'autres responsabilités exactes.
L'on parle d'organisations gouvernementales ou non, qui se divergent
séparément et distinctement. Et de maints
phénomènes marquant la panique et la crainte de l'existence
contemporaine, ce n'est pas dans cette divergence éparpillée que
l'on va traiter la question. En effet, l'on aspire ici à une
responsabilité totale qui porte l'aspect de la liberté humaine,
celle subjective qui engage l'individu et toutes ses réalités
:« en me choisissant [disait Sartre], je choisis l'homme
»2
II.III.1. « Le délaissement total » et la
Responsabilité.
La responsabilité est définie comme « la
situation de celui qui peut être appelé à
répondre de ses actes ou d'un fait »3.
Cependant, outre le homme-moi, Sartre, à travers Antoine
Roquetin, dit dans La Nausée4 : « C'est le
reflet de mon visage (...) je n'y comprends rien, à ce visage. Ceux des
autres ont un sens. Pas le mien (...) ». Certes, nous le savons : nos
visages ne nous donnent aucune impression que dans un esprit
d'égoïsme qui confirme et se conforme à ce qu'on qualifie
d'enfantillage. Seul un autre visage saura me dire la vie et la mort,
le beau et le moche,... surtout dans nos solitudes. Le nôtre est aussi
vain que nos efforts, tant qu'un autre ne se présente. « La
nausée n'est pas en moi : je la ressens là-bas sur le
mur, sur les bretelles, partout autour de moi (...). C'est moi qui suis en elle
».
Tout cela explique d'abord que l'on ne se suffit jamais, il
nous faut une réponse mais pour cela, il faut également une
question à celui qui va répondre. La relation humaine est faite
de phénomènes perpétuels : l'on ne peut percevoir sans
être perçu ou aperçu. C'est ce qui nous ramène en
premier lieu à s'intéresser aux situations d'autrui ; mais
fmalement, que l'on
'Cf.
http://www.deboeck.fr/politiques-antidiscriminatoires
2 SARTRE, L'EXISTENTIALISME EST
UN HUMANISME, [PDF], p.3. In
http://www.cmontmorencv.gc.ca.
a DUROZOI G. et ROUSSEL A.,
Dictionnaire de philosophie. a SARTRE,
La Nausée, Op.cit., p.32, §3 -- p. 37,
§2.
45
s'y intéresse ou non, la mort d'autrui peut ne pas
être la nôtre mais sa souffrance, son exposition, son
problème ne peuvent ne pas les être pour notre propre mort.
La responsabilité est (originellement)
onto-phénoménologique) : l'homme est ce qu'il
est, il existe tel qu'il existe, il n'a aucun sens, mais il est libre, il est
condamné à être libre. Mais si le délaissement
existentiel est l'engagement, le délaissement total est cette
situation de l'homme délaissé par Dieu et qui s'assume
totalement lui-même pour devenir l'être de son choix. Mais
alors, il doit assumer sa liberté après en avoir pris conscience
s'il veut se réaliser et donner sens à son existence : une
responsabilité totale, et non infmie, de son existence.
En effet :
Dostoïevski avait écrit : "Si Dieu n'existait pas,
tout serait permis." C'est là le point de départ de
l'existentialisme. En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et par
conséquent l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni
en lui ni hors de lui une possibilité de s'accrocher. [Car Dieu n'existe
pas, et l'homme est là : et c'est cela le délaissement,
dit total.]
Il ne trouve d'abord pas d'excuses. Si, en effet, l'existence
précède l'essence, on ne pourra jamais expliquer par
référence à une nature humaine donnée et
figée ; autrement dit, il n'y a pas de déterminisme, l'homme est
libre, l'homme est liberté.
Si, d'autre part, Dieu n'existe pas, nous ne trouvons pas en
face de nous des valeurs ou des ordres qui légitimeront notre conduite.
Ainsi, nous n'avons ni derrière nous ni devant nous, dans le domaine
lumineux des valeurs, des justifications ou des excuses. Nous sommes seuls,
sans excuses.
"C'est ce que j'exprimerai en disant que l'homme est
condamné à être libre. Condamné, parce qu'il ne
s'est pas créé lui-même, et par ailleurs cependant
libre,
'Cf. DASSONNEVILLE, Gautier, « Une autre
histoire de la contingence : Parcours aux limites de l'ontologie
phénoménologique, à partir de D. Giovannangeli,
Finitude et représentation (2002). » In
Université de Liège -- Université de Lille 3,Bulletin
d'analyse phénoménologique, X11, 2014, pp. 62-73.
[Disponible sur http ://
popups.ulg.ac.be/1782-2041
(Référence du 07/11/2014, 11 :01 :00)] :
« La tâche de l'ontologie reviendrait à
penser l'opposition de l'infini et du fini (...) dès La
passion de l'origine (D. Giovannangeli, Paris, Galilée,
1995, p. 10.). Avec et chez Sartre, il signale comment la
phénoménologie, livrant le monde comme phénomène,
enveloppe une ontologie d'une part, et gagne l'objectivité de tous les
phénomènes par un recours à l'infini d'autre part (...).
Le rapport de l'homme à Dieu continue de jouer un rôle fondamental
dans l'ontologie sartrienne, ce qui reviendrait à dire en termes
heideggériens que la pensée sartrienne resterait une
onto-théologie (...). L'athéisme
sartrien reprend à son compte la seconde preuve
cartésienne de l'existence divine tout en comprenant que «
l'être vers lequel se dépasse la réalité-humaine est
"au coeur d'elle-même" » (...) la lecture derridienne poussant d'une
certaine manière Sartre vers la position de Levinas, lecture à
laquelle la distinction des deux versions de « l'infini dans le fini
» résiste. [...] dans les Carnets de la drôle de guerre
(Sartre, dans Les Mots et autres écrits
autobiographiques, Paris, Gallimard, « Bibliothèque
de La Pléiade », 2010, p. 490-492.) quant à
l'interprétation aronienne de la phénoménologie comme
« athéisme méthodologique », dont une des applications
(...) serait d'assurer la critique radicale de tout effort pour saisir
l'événement historique comme il fut (...). À
titre d'exemple, Sartre se demande si la conversation tenue entre deux
personnes existe en soi ou n'existe que pour l'une et pour l'autre,
indépendamment. (...) la facticité (...) l'idée de Dieu
(...) le sens phénoménologique du regard dans la constitution de
l'objectivité de la réalité-humaine. (...) Finalement, la
version sartrienne d'un athéisme phénoménologique est
inhérente à une recherche qui met toutes ses forces dans le
sauvetage de la chose en soi, de laquelle la conscience tiendra sa
sauvegarde.»
46
parce qu'une fois jeté dans le monde, il est
responsable de tout ce qu'il fait. [...] L'existentialisme [...] pense donc que
l'homme, sans aucun appui et sans aucun secours, est condamné à
chaque instant à inventer l'homme. Ponge a dit, dans un très bel
article : "L'homme est l'avenir de l'homme." C'est parfaitement exact".
(Jean-Paul SARTRE)1
D'autre part, s'étendant au sens juridique ou
pénal et moral, cette responsabilité implique un principe de
liberté. L'autonomie de la volonté telle que Kant la
conçoit donna une nouvelle ampleur à la notion : dès lors
que la loi formulée par un sujet est aussi celle de l'humanité,
alors la responsabilité est donc humaine (universelle), et tout le monde
répond alors de l'acte de chacun tout comme chacun répond de
l'acte de tout le monde. Les obligations de Pacte2 entre
États et communautés illustrent cet aspect juridique de la
responsabilité, et laisse entrevoir une dialectique de la liberté
contrefaite. Si bien que la Responsabilité appelle divers
établissements et divergences3 tels que la
responsabilité morale, l'éthique, la responsabilité pour
autrui, la responsabilité juridique, l'hétéronomie, la
société, l'éthique discussionelle (Habermas), ... ;
elle demeure cet « acte de répondre
».
La question est d'abord celle de la conscience comme
pensée au service de l'action. Cette conscience qui est en tout et
partout contingence de l'homme par sa dialectique : la double existence de
l'homme selon Hegel, sa petitesse et sa grandeur chez Pascal, l'indispensable
cogito cartésien,... ; c'est ce champ où toute
relativité se dissout pour un absolu existentiel. Mais lorsque Marx cite
dans Critique de l'économie politique (1859) que ce n'est pas
la conscience des hommes qui détermine leur existence, mais que c'est au
contraire leur existence sociale qui détermine leur conscience ; ce fait
n'est point négligeable si bien que cette conscience-dans-le-monde
serait celle qui répond au monde ensuite pour devenir
action4. Sans conscience du danger, par exemple, on ne peut
évidemment pas agir, que ce soit pour se sauver ou pour résoudre
le cas. Et de même, sans conscience l'acte n'est possible puisque c'est
cette conscience qui précède toute activité volontaire et
réfléchie que l'on appelle action plutôt que
réaction (qui est substantive) ou autoconservation (qui est instinctive
-- animale -pour se construire un nid, un barrage d'eau, ou tout autre ouvrage
traditionnel, primitif,...), ou autre.
1 Cf.
http://www.devoir-de-philosophie.com/ C'est quoi le délaissement
d'après Sartre ?, In Yahoo Question Réponses/
commentaires/meilleur réponse/clovix (il y a 3 ans). [15/06/2015/12
:18.]
2Cf. NATIONS UNIES/ HRI, «
Instruments internationaux relatifs aux droits de l'homme », In HRI/
Distr. GÉNÉRALE, Vol. I, rév. 9, 27 mai 2008, [PDF],
p. 57.
3Cf. « Autonomie de la volonté
», « liberté » ; Jonas Hans ; E. Levinas ; et
cætera.
4Cf. Oscar Brenifier, La Conscience,
l'Inconscient et le Sujet, p.62 : « La connaissance ou "pure
représentation" n'est qu'une des formes possibles de ma conscience "de"
cet arbre ; je puis aussi l'aimer, le haïr, et ce dépassement de la
conscience par elle-même, qu'on nomme "intentionnalité", se
retrouve dans la crainte, la haine et l'amour. (SARTRE, Situations 1,
1947) »
47
En effet, l'action est l'aspect subjectif de l'acte, sa
réalité en soi, ce qui précède le fait:
désir, volonté, intentions,... ; et l'acte vient ensuite comme
l'ensemble des actions. Mais si un individu entreprend une action, l'on parle
d'un projet, d'une projection de travail, d'ouvrage, ou d'un acte comme
réalisation d'une idée. Or, un projet est nécessairement
personnel : soit il s'identifie à un individu ou à un groupe,
soit il devient contrainte pour un individu ou pour un groupe. Cette
personnalité du projet concerne d'abord la conscience de soi, puis
implique aussi le monde ou le groupe de choses totalisées dans la
fin.
La conscience, tout comme l'action ne peuvent donc ne
concerner qu'elles seules, et en même temps ne peuvent concerner
qu'elles-mêmes : c'est cette unité naturelle des contraires qui
exigent la responsabilité. En d'autres termes, un bon archer [dit-on] ne
cherche pas la raison hors de lui s'il manque sa cible, que lorsqu'il se serait
assuré que cette cause n'était pasni de lui, ni en lui. Puisque
en effet, ni Dieu, ni autrui ne peut être le « psuchê
» qui dirige mes actes si je veux me construire tel un humain. Et que
par ailleurs, tout acte a pour fm son acteur : toute chose
réalisé ne réalise qu'elle-même, et ne se
réalise que par son idée. Mais la possibilité de cela est
une autre question.
II.III.2. « Existence » ou possibilité de
la responsabilité.
Comment peut-on dire qu'une responsabilité existe?
N'est-ce pas en phénomène, c'est-à-dire selon un
aspect, un effet que l'on perçoit « là-bas ».Puisque la
responsabilité n'est pas en situation mais en conscience-libre, et que
la situation qui est une occasion perpétuelle et sérielle de
l'existence n'est certes qu'excuse : Il faut prendre le dessus, sinon on
souffrira, en avares. Formulation assez responsable. Sur quoi
prendre le dessus ? Sartre étudiant Monsieur Rollebon pense que la
vérité se trouve dans « la fermeté et la consistance
». Et il s'ensuit que l'homme qui m'intéresse
pourrait bien plus m'ennuyer. Certes, parce que je ne me sens
plus libre du tout à force de m'intéresser... Cette
liberté que chacun aime, chérit, et nécessite tant, dont
l'absence empêche d'être et empêche d'agir. Finalement, ma
responsabilité est mon compte, mais est aussi par cette
conscience-libre, au compte des autres hommes2. La
Responsabilité n'est-ce donc pas une « obligation »
plutôt qu'une personne ?
A un objet qui apparaît, en bon existentialiste
on constate une interaction perçoit-percevoir-perçu.
L'objet peut atteindre chacun d'une façon ou d'une autre selon
l'affectivité. Par une haine, une indifférence, une
fascination...pour les uns, et par le plaisir, l'excitation, la
1 SARTRE, La
Nausée, Op.cit., p.26, §2. 2/bid.,
p.28.
48
douleur...pour les autres. Mais une telle connexion se
limite-t-elle à une simple existence physique ou
matérielle ?a Un jour parfait pour faire un retour sur soi..
»1 disait Sartre,...pour se concevoir. C'est
à partir de cette capacité de prendre conscience de sa
conscience, ce qui semble rare de nos jours, que la Responsabilité prend
forme pour exister et apparaître via nos actes. Soulignons encore que
l'homme n'est rien d'autre que l'ensemble de ses actes. Et la
Responsabilité est un acte gratuit comme chez Gide, non pas comme
caprice, mais situé par des situations précises et exigeantes.
« (...) pour l'existentialiste, il n'y a pas d'amour autre que celui qui
se construit ; (...) le génie de Proust c'est la totalité des
oeuvres de Proust ; le génie de Racine c'est la série de ses
tragédies (...) »2 :c'est pour dire que «un homme
est une série d'entreprises »3. En effet, «Un
lâche (...) est responsable de sa lâcheté (...) Le
lâche est défini à partir de l'acte qu'il a fait : il est
coupable d'être lâche »4. Tous, on est coupable de
tant de chose ou d'inaction si l'on se mettait à se définir :
tous. Une vie, désoeuvrée ou active,
engage toujours la Responsabilité.
La responsabilité n'existe ainsi donc que dans l'acte :
soit un acte positif lorsque c'est humain, sommaire, organisé et
entrepris ; soit négatif lorsque c'est humain, fantastique, passif,
profondément héréditaire et social. Alors la
responsabilité est une réalité et non pas une
pensée. Mais celle individuelle ne suffit pas pour définir une
responsabilité aussi grande que la responsabilité humaine.
D'où, elle se définit à partir de la subjectivité
humaine : elle engage les gens, les lâches, les hommes,... ; non selon
leur naissance mais plutôt dans l'ensemble de leurs actes et
décisions. Et de même, non seulement pour ces personnes mais
surtout pour l'humanité entière, comptant les possibilités
ontologiques ou existentielles. Il n'y a plus d'espoir que dans « l'action
» : c'est-à-dire que la responsabilité n'existe que dans
l'acte humain, non dans l'attente, dans l'espoir ou le
désespoir,...puisqu'il n'y a donc pas d'espoir sans
responsabilité.
Avec un simple constat, nous pourrions surement dire alors
avec le désespoir du monde, exprimé par la passion festive et
sexuelle, que cette responsabilité manque d'existence. Notons d'abord
que Mounier avait écrit pour Sartre et quelques autres athées
L'espoir des désespérés. Cette note est pour
susciter l'amer espoir que portent les ouvrages sartriens : un espoir qu'il
trouve lui-même impensable si bien qu'il le pense constamment. C'est
à cet objet que Sartre consacre la plus grande part de son travail
à élaborer la
'Ibid. p.30, §2.
2 SARTRE, L'existentialisme,
Op.cit., p.57. 3/bid. p.
58.
4/bid.
p.59.
49
responsabilité comme fondement de l'humanisme. Et ce
n'est en fait qu'une réalité oubliée, détruite de
la modernité qui prend son aise en brisant toute
antériorité pour construire une rupture globale entre tout et
tous. Le passé rompu du futur, ni l'un ni l'autre ne répond plus
à rien puisque le présent ne répond qu'à l'absence
: un vide qui tend vers l'avenir et qui se repose sur le passé.
C'est-à-dire, une liberté totale, un pour-soi (un rien, le «
je », contingence et transcendance) qui comble son en-soi (son être,
son « moi », plénitude sans faille et
choséité).
L'absurde, l'injuste, la nausée, la mort, le trop, la
futilité, l'invention, l'exigence, l'ignorance,
l'incompréhensible, l'inconsistance, la fatalité, l'enfer,...
sont les réalités humaines du monde qui poussent chacun à
chercher ou abandonner espoir. Mais si ses chaos s'installent, c'est qu'alors
rien ne correspond à rien et personne ne répond à rien.
Puisque toute chose est conséquente de quelque chose. Et lorsque
l'origine est rien, alors la conséquence sera également
néant et absurde. Un mort enfante un mort, un malaise enfante un
malaise, et l'irresponsabilité enfante l'inconsistance. Car en effet,
"Au moment de la mort nous sommes, c'est-à-dire nous
sommes sans défense devant les jugements d'autrui; on peut
décider en vérité de ce que nous sommes" ; et "nous
n'avons plus aucune chance" d'échapper à cet enfer, à ce
jugement emprisonnant et définitif Dans Saint Genet, comédien
et martyr, Sartre, convaincu de l'importance de la rencontre d'autrui et
de l'amour pour se construire soi-même, parle même de "salut par
l'amour" en affirmant alors "l'amour désire la
réciprocité", "le véritable amour est salut et sauvegarde
de tout l'homme" (...) S'il est vrai que l'homme est « de trop » sur
cette terre, cela ne l'empêche pas de donner, et non pas de trouver tout
fait, un sens à sa vie. Il lui appartient de le forger et non pas de le
recevoir comme si cela allait de soi, et comme si ma place ici-bas allait de
soi. Telle est la pensée de Sartre.'
On peut soustraire de cela que la responsabilité
naît par la conversationnalité du « je » et du
« moi » avec autrui, humble, enquête d'un « amour
véritable » qui jusque là se rogne de plus en plus. Que la
responsabilité n'existe, alors, est un fait et non pas tout à
fait une vérité. La Responsabilité ne consiste pas
fermement à ne pas exister : elle n'est pas intrinsèquement
malgré elle un néant inopérant. Bref, cela suppose que les
fins ne sont pas à négliger. Il faut les connaître et les
réfléchir.
1 SARTRE, E&N, Op.cit., p. 159 ; et
SARTRE, Saint Genet, comédien et martyr, pp. 112, 486, 491 ;
cité dans Laurent Gagnebin, « Sartre et l'espoir» (extrait),
In Persée,
http://www.persee.fr/doc/chris
0753-2776 2...
50
II.III.3. Finalité de la Responsabilité.
Perçu par la conscience, la responsabilité
elle-même est sa propre limite, elle est antérieur à sa
propre existence. Ce n'est donc ni un devoir, ni une « genèse
», mais un acte à la place de la conscience qui ne peut être
qu'un effet. Il n'y a pas de conscience sans responsabilité, et il n'y a
pas de responsabilité sans une conscience.
La Responsabilité est un acte, fruit d'un effet, et
produisant un effet ; toujours en vue d'une réalisation
nécessaire à l'existence réelle d'exister-conscient.
Sans oublier que la conscience est par cause, mais existe
par soi. D'où, être responsable est toujours responsable
envers autrui, alors que « la conscience est cause de sa propre
manière d'être »l. Puisqu'il n'y a que les
existences, la responsabilité est un « absolu » de
l'expérience concrète, c'est l'ensemble du « vivre » et
des « vécus » qui en sont à la mesure, comptant de
référence principal la « Situation ». C'est la seule
mesure de la conscience existentielle, « un vide total, absolu » qui
a besoin d'une activité pour afin apparaître. Finalement, c'est
une subjectivité ontologique : un effet vers un autre, une conscience
vers une autre, un homme vers un autre,... antérieur ou
postérieur à son existence et durant même son existence. Ce
n'est donc pas seulement une valeur morale, mais aussi et surtout un
évènement réel souvent oublié.
Enfin, la responsabilité n'est pas en situation, mais
en conscience-libre. C'est-à-dire qu'elle se fonde sur une
liberté de conscience, avant toute chose : il faut être conscient
de moi, d'autrui et de l'existence phénoménologique de
chacun ; et surtout faut-il être conscient d'être conscient et
exister pour prendre conscience du « nous ». En effet, lorsque Sartre
cite « Le pour-soie est l'absence de l'en-soi3
», c'est en cela que le « nous pour moi » est la capitale fm de
la responsabilité sartrienne si bien que le « pour-autrui »
est l'acte ou le choix cheminant vers cette fin. C'est-à-dire que si je
me dois d'exister, je ne pourrais jamais me suffire, et donc il me faut me
référer à un « moi-homme »4 où
je pourrais m'épanouir sur le visage d'autrui5
auquel je reconnais que j'existe. C'est-à-dire que parmi les
hommes, je suis un homme qui est « plongé » dans un
« enfer » que je ne demande pas ; dans mes sentiments, dans mes
passions,... je m'abandonne à ma personne et à mes
jouissances.Mais si « le monde » qui
1 SARTRE,
E&N, p. 22, §2.
2 C'est le mode d'être de la conscience, des
existants conscients ; conscient.
3C'est le mode d'être de ce qui,
étant privé de conscience, n'est que ce devenir autre. D'autres
appelleront l'en-soi « essence » ou « nature », encore,
à savoir.
a C'est-à-dire, à un alter ego.
5Cf. Emmanuel Levinas : « 1'11 y a
», « la jouissance », « le visage ».
|
ou bien l'être conscient, en tant que
qu'il est et ne peut (intentionnellement) mais l'exactitude de
cela reste parait-il,
|
51
m'entoure et dans lequel je suis situé est
vide de ressources, vide de bonheur, vide d'hommes, vide de sourire,...,
vide de sens, alors comment un homme sans
existence saura-t-il se réjouir de quoi que ce soit puisque tout ne
serait plus donc qu'une illusion ? La responsabilité, ainsi, s'impose au
pour-soi : je dois répondre au moi et aussi à
l'autre, et ma position dans le monde en est « le
commandant investi de l'imperium »1 ou bien «
l'empereur ». La contingence transcendantale est alors
effectivement l'absence de la plénitude sans faille.
Ainsi, la « situation »2 n'est
qu'ex-cuse pour ceux qui en abusent en attribuant
leurs malheurs à leur situation, puisque ce n'est qu'une
occasionperpétuelle3, dans le cours et dans les
instants de l'existence humaine. Par la responsabilité, l'homme est
maître de son existence, cause de ce qu'il estet de ce
qu'il n'est pas, et ce nécessairement.4Sartre dessine
l'existence comme une infmie série de situations, mais chaque situation
étant un objet de conscience : l'homme est situé devant une
situation, il en prend une conscience, il effectue un choix ; mais
seul un homme responsable, un être humain, assume ses choix lorsqu'il
« ne peut ne pas choisir ». C'est cela tout ce dont à quoi
« consiste » l'homme qui est alors un « être-pour-tous
»set qui agit pour faire6.
En d'autres termes, on peut parler de la conscience comme
« praxis »7. Brièvement, cette contradiction est de
cet aspect que la joie se trouve dans le plaisir faute de trouver le bonheur
trop loin de sa porté : le bonheur est effectivement une grande joie,
mais le plaisir et le bonheur sont néanmoins contradictoires ; ce,
à l'instar du monde actuel, tellement en joie, négligeant
l'insécurité naturelle du monde, dans la foi de
l'insécurité du monde naturel. En effet, le problème
sartrien concerne les consciences particulières à partir du monde
et non la conscience absolue purifié du « je », qui selon lui,
n'est que condition première et source absolue d'existence, et qui, ne
peut fonder ni politique, ni morale.8 C'est de cela que naît
la
llmperium signifie « pouvoir
suprême ».
2 Comme l'un des dix catégories
aristotéliciennes, la situation se réfère à la
position d'un corps dans un lieu. Mais dans l'existentialisme, elle est
l'ensemble des rapports que l'homme (un pour-soi) conscient de son existence,
entretien à un moment donné avec les réalités
(objets, êtres) qui l'entourent, relativement à son projet
(...).
a Chaque instant qui se perpétue sans
référence temporel devient occasion du moment où il
reçoit un contenu. Perpétuer ce contenu revient alors à
perpétuer l'occasion : c'est alors la pure objectivité
d'existence.
4 D'où le fameux « L'existence
précède l'essence ».
6 SARTRE, L'existentialisme, Op.cit., p.
26.
6 « "Le faire est révélateur de
l'être." (Sartre) », In
http://evene.lefisaro.fr/citation/faire-revelateur-etre-16531.php
« Praxis », In Wikipedia Encyclopedia 2009,
Homonymie, Concept philosophique grec.
8Cf. « Jean-Paul Sartre », In
Auteur,
http://www.puf.com ; et « Sartre,
La Transcendance de l'Ego », In Dictionnaire d'éthique et de
philosophie morale, tome 2, 4e éd., Paris, P.U.F, coll.
« Quadrige/Dicos poche », 2014.
52
«praxis », à l'opposé de l'hexis
(pratique rigidifiée), comme champ de l'activité
pratique.l L'aboutissement en est que, de la délinquance au
crime et toute forme d'insécurité, la solitude est la seule
coupable, mais les responsabilités ne retombent alors que sur nous et de
façon totale. De l'origine à la fin, la responsabilité
concerne la conscience humaine.
En outre, cette praxis de la responsabilité
vise certaines choses qui lui sont essentielles : une morale de l'engagement,
l'espoir de vivre, une construction bien fondée, la réalisation
humaine de l'homme, un chemin vers une fin valeureuse, et tout ce qui est
fondement du bon homme malgré ses imperfectibles défauts. Cet
état seul peut offrir la possibilité d'un « eu
dzèn », d'un vivre ensemble pacifique, matériellement
riche ou pauvre, riche de valeur, de culture, de vie,...riche d'existence.
C'est ce « vivre bien » que Hannah Arendt entreprend dans sa
pensée. Elle distingue, d'une certaine manière le faire de la
praxis2 pour penser un peu plus d'individualité dans la vie
sociopolitique3. La praxis peut toujours revenir à une
fragilité selon elle pour une simple raison que construire ne suffit
pas, mais qu'il faut se construire surtout. Les deux points de vue se divergent
alors, focalisé sur le model grec. Sartre reproche à cette
idéale grecque l'anti-praxis de la prédétermination de
l'ordre. Un ordre préétabli prédétermine l'action,
empêche d'agir librement, et fait ainsi de l'individu un acteur sans
ouvrage : Sartre appelle ceci action ou « pratico-inerte »,
plutôt que « praxis » ou agir. L'agir sartrien est libre, tout
comme le faire arendtien. L'ampleur de ces différences n'est pas ici
notre intérêt, puisque c'est cette liberté qui est d'abord
ici notre visé, lorsqu'on parle de responsabilité. La
liberté est l'être de tout acte humain, importe peu sa
nomination.
Cette responsabilité n'a donc pas de quantité,
c'est qualitatif ou réflexif, poïétique dirait Arendt,
conscient ou subjectif dirait Sartre : elle est plein de «
quel ». La seule norme initiale est que je
pense donc je suis, c'est absolue, puis accompagné de quelques
probabilités. Alors pour sa « fin », il faut exposer ce qui
est au moins, au début et à la fin. Et si une fin séquence
les séries de valeurs, et que l'action doit se servir du faire pour
produire ce qui serait le construit (afin qu'elle ne produise pas plus que ce
qu'elle est de loin), il faut donc en saisir la Responsabilité sans
intermédiaire. Cette responsabilité ne considère, pour
ainsi dire, aucune fm descriptible ; c'est chaque fin visée qui
considère une responsabilité correspondante mais à
priori l'acte considéré.
'SARTRE, Jean-Paul, Critique de la raison dialectique,
précédé de Questions de méthode, Tome I -
Théorie des ensembles pratiques, Bibliothèque des
Idées, nrf, Éditions Gallimard, 1960, p. 179.
2 ARENDT, Condition, Op.cit., p. 282.
3Cf. JESUHA, Thomas, L'agir et le
faire chez Hannah Arendt,
http://www.academia.edu(En
ligne). Consulté le 10/08/2015 à 15 : 12: 08.
53
54
Conclusion partielle
Ainsi, du temps il faut quand même dire qu'il n'y a plus
aucune société proprement dite : seules les supposé «
amitiés »1 semblent vouloir compter. Il faut
éventuellement être assez fou pour être sage et assez sage
pour être fou, désormais. Certes l'effort est ce qui compte pour
la collectivité afin de pouvoir s'y intégrer. Mais l'effort ne
suffit pas toujours au même stade que l'effort est toujours ce qui compte
: c'est là l'une des plus originales des origines du « camp »
social. Et lorsque l'effort ne suffit pas, cela ne peut cependant pas justifier
les ruptures sociales. En effet l'effort ne suffit pas puisqu'il faut des
fruits, des produits : des résultats palpables, que l'on peut
comprendre, à travers lesquels on comprend l'effort. Qu'est-ce que cela
implique donc ?
Par la simple réalité de mon existence et de mes
ouvrages, à bien comprendre, l'effort est perçu; et s'il
ne l'est pas, la subjectivité l'est. « Moi et mes actes»
n'est autre que l'apparence active à travers laquelle l'on
perçoit l'effort, l'on l'accepte, à travers lesquels il ne peut
être nié. Ainsi la considération doit s'établir
à partir de l'existence, car la condamnation de la liberté compte
l'homme qui s'assume absolument à travers la subjectivité.
C'est-à-dire que le pour-soi n'existe que par tous et pour tous.Tel est
l'origine et la « nature » d'une responsabilité
«humaine ». Tout est alors considérable, tout
est à considérer, et tout est valorisablement2
à tenir compte : condamnation ! C'est dans ce sens que l'effort pourrait
produire quelque conséquence : la fm visée est donc l'Homme ou la
liberté. La liberté est effectivement condamnation, mais le
véritable sens de cette condamnation se trouve dans la situation
où se trouve tout homme, encore une fois, sans exception : dans le monde
et loin de Dieu. Heureusement, l'homme est condamné à une
existence plus significative et plus digne que celle des objets qui n'ont ni
volonté ni choix : tout leur sont imposé. Néanmoins, cette
existence dite humaine que l'on baptise ici « liberté », n'est
pas aussi déterminée heureuse ou malheureuse que celle des objets
qui sont déterminée par l'homme et le hasard. Telle a
été,d'une part, la problématique et l'hypothèse que
l'on se voulait résoudre.Il reste maintenant à développer
la question de cette retombée théorique pour qu'elle puisse
servir à résoudre les problèmes de façons
pratiques.
1 II s'agit de l'effet que nous rapporte la
nécessité catégorique d'inter-exister
(fait onto-phénoménologique de coexister). La
conscience même de ce besoin qui est nous même, ne vise pas autrui
plus que l'ego.
2 Ou « naturellement »,
dans le sens où la valeur est
humainement naturelle lorsque nature signifie
identité.
PARTIE III;
DÉVELOPPER LA QUESTION DE RESPONSABILITÉ EN TERME
PRAGMATIQUE
OU
CONSTRUIRE LE MONDE EN VUE DE RÉALISER L'HOMME»
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WKIIE III
56
Introduction partielle
La Responsabilité est une chose de l'existence, elle
apparaît d'une situation à une autre de différentes
façons. D'où la question ne cesse de tourmenter la raison humaine
et de bouleverser l'existence entière. Telle est la raison pour
laquelle, on essaie ici d'établir quelques problématiques
principales qui doivent permettre de réfléchir sur toutes les
situations actuelles ou à venire. Ce n'est point la promesse
d'une Responsabilité positive qui s'applique à tout et à
tous, il s'agit tout simplement d'une ouverture latérale visant la
dimension de « ce qui existe », c'est-à-dire, de « ce qui
est perceptible par la conscience ».
Dans cette partie, nous allons nous concentrer beaucoup plus
sur le cas de Madagascar, jusqu'au niveau international,en ce qui concerne la
question. Le Monde aujourd'hui est plus incohérent que jamais ; voire
même : paradoxal, et est par conséquent au bord du
Néant2. Le « bien » devient « mal », le
« mal » devient « bien »...et tout est totalisé sans
totalisateur comme une totalisation sans «tout ». D'où vient
donc ce non-sens sinon de l'irresponsabilité qui ne peut qu'être
strictement humaine ? Pourquoi, l'homme est-il, donc, inconscient,
alors que la possibilité ne pouvait aucunement affirmer cette
situation ? Il doit y avoir donc une Totalisation particularisant, qui ne
totalise pas, abusant de la Dialectique,3 pour construire,
authentifier et consacrer cette objectivité du sujet. Ce
phénomène aboutit à un danger certain et sans égal,
commun au Monde entier, comportant donc la société et le
quotidien malagasy.
1 En effet, l'homme ne peut « se
projeter» que vers l'avenir, ne peut «se
réaliser » que dans cet avenir, et ne peut «
se projeter» que du et dans le présent.
Ce qu'il se réalise aujourd'hui nécessite une trop
grande responsabilité de lui-même et du monde pour demeurer
demain. D'où, l'homme se projette dans le présent et se
réalise dans le futur parce qu'il se projette, perpétuellement et
existentiellement (et donc, nécessairement, puisque la liberté
que sa conscience d'exister est l'y oblige) du présent vers un
avenir.
2 Le « Rien », la
« Personne », c'est ce qui n'est pas, n'est
plus, ou n'existe... Voir SARTRE, E&N, Op.cit., p. 51.
a Il y a ici la dialectique «
intériorité-extériorité » comme
dialectique subjective, celle «
Passé-Présent-Avenir » comme dialectique
socio-historique universelle, la
Dialectique étant « Totalisation »,
« Médiation », « Réalisme », et «
Unité » [Livre 1-11]. Voir « Dialectique dogmatique
et dialectique critique », In SARTRE, C R.D, Op.cit., pp.
115-162.
57
III.I. DISCOURS ÉCONOMIQUES
Dans « Le Livre » dont le fou et le sage se servent,
force est de reconnaître qu'on est le plus souvent simplement et
seulement diverti par le fabuleux ; mais la rareté n'est autre
que ce qui a poussé le fils de « La terre » et de « La
vie », Caïn, à s'approprier violemment la dignité de
son propre frère, l'agençant ensuite dans une rareté
plus profonde encores. En effet, la rareté est le terme
de notre problématique, au long de cette partie : la rareté
matérielle ou la pauvreté, la mauvaise foi ou la rareté de
la conscience, la solitude ou la rareté humaine. Ainsi, en ce qui,
d'abord, nous concerne ici, il y a « rareté primitive » comme
crise sociale qui tend vers la survie par la solidarité, c'est mieux de
le ménager ; et ensuite il y a « rareté organisé
» comme crise sociale pour la mort, l'arnaque systémique
(disons cela) à l'influence psychologique du « il n'y en a
pas assez pour tout lemonde ». En d'autres termes, depuis la
génération d'une « Civilisation », ce fut la
rareté et la socialité qui conditionnent l'Économie et ses
dits « choix », et conséquemment la vie humaine : les hommes
doivent s'abattre par quelques conflits politiques, sociales ou
démographiques, etc. C'est que la violence appelle à la violence,
et l'égoïsme appelle à l'égoïsme... Tout cela
implique un retroengagement !
En effet2, autrui est l'aliénation
première et fondamentale dès l'apparition de la rareté
:
L'économie étudie les choix à faire entre
des ressources rares (...) toutefois, ce ne sera qu'au moment où le joug
de la rareté se fera sentir d'une façon plus directe et plus
cruelle qu'apparaîtra vraiment la problématique propre à la
science économique (...) Malthus avait depuis longtemps dramatisé
cette situation en soutenant que les ressources croissent fatalement moins vite
que les besoins... [Ce] qui a valu à la science économique son
titre de science lugubre[...] dès la discussion des
conditionnements de la liberté. Pour que se développe la science
économique (on l'a vu), la liberté se doit d'être
neutralisée ; or elle le sera au premier chef par la liberté des
autres.3
Aussi, la science économique ou l'économie
politique sont, tout actuellement que depuis environ un demi-siècle, des
générateurs de « contre-homme »4,
entretenues par l'autorité de l'individualisme et du capitalisme. La
rareté, c'est juste nos manques ; et que le
'Cf. La Bible, Genèse, Chap. IV.
2 SARTRE, C.R.D, Op.cit., pp.202-204.
a LAGUEUX, Maurice (1972), « Sartre et la
"praxis" économique », [PDF], pp.9-10. Disponible sur :
http://www.uoac.ca.
a SARTRE, C.R.D, Op.cit., p.208.
58
travail ou l'activité (de l'agir au faire) soit une
lutte, cela n'implique ni le vivre-en-soir ni la réification
industrielle2 comme victoire sur larareté ; puisque
rappelons encore que la seule véritable rareté est celle de
l'humain. Pour approcher ce terme, nous devons passer par l'aspect de la
rareté et de la socialité actuelle en partant de constats plus
pragmatiques que théoriques, dont maintenant, quelques constats
illustratifs sur la question économique.
III.I.1. Le moyen et la valeur : « Monnaie » et
« Finance »
Sartre cite dans Les Mains sales l'expression
«tous les moyens sont bons quand ils sont efficaces ». Toutefois, il
démontre dans les Cahiers pour une morale que cela ne tient pas
fort en ce sens que la violence est loin d'être un moyen. C'est
plutôt le moyen qui peut être violent. Toujours, est-il pour Sartre
que les fins ne justifient pas les moyens.
En cela, après la rareté matérielle et
l'économie, vint le Capitalisme3 : l'authenticité de
l'Économie contemporaine, sa validité commerciale ; fondement et
nature socio-politique de l'Économie extensive et
développementaire du « projet d'être »,
contractés et composés comme norme du présent. Ce
système, comme tout système qui se quémande survie par
tous les moyens délibérément de l'artifice humain, propose
et expose le salaire comme rapport social fondamental. Qu'y en a-t-il donc
vraiment ?
Le mot salaire vient du latin salarium,
dérivé de sal, le sel ; ressource indispensable
pour conserver la viande. Il désignait initialement la ration de sel
fournie aux soldats romains, puis désigna l'indemnité en argent
versée pour acheter le sel et autres vivres4 : autant dire
que c'est le prix d'un « être » à coût trop
inestimablement modiques. Et le « rapport social fondamental
» est une justice vestimentaire subsistante « sociale », «
purement sociale » et « absolument sociale » de l'accusé
« homme », au profit de la proposée «
sécurité ». Il y a donc propriété et
patrimoine privée (familiale, à l'instar), propreté du
Capital à son propriétaire, pouvoir de production au
propriétaire du capital et devoir de production au
1 C'est-à-dire, exister et survivre
désoeuvré et sans activité, en étant juste donc un
« être-en-soi » (la manière d'être de
ce qui est ce qu'il est) sans être ou manière autre
que le vivre. Ce qui est absurde de toute évidence.
2 Est réification toute privation de
conscience et de liberté. Et l'actuel structure industriel en est une,
dans la mesure où nous n'engendrons plus nous-mêmes les formes de
la rareté comme le milieu de notre vie, sur la base d'une contingence
originelle. Voir SARTRE, C R.D, Op.cit., pp.
201-202.
3Cf.
http://www.quickiwiki.com/fr/capitalisme
[10/08/2015/15:12:04.]
4Cf.
https://fr.wikipedia.ors/w/index.php?title=Salaire&oldid=115608351
[10/08/2015/15 :12 :14] s Une bourse de sel contre un risque dans le
pire des cas, contre une vie dans le meilleur des cas...sous l'inestimable
honneur morale de la guérilla et du
patriotisme ?
59
salarié, instrumentalité appropriée du
salarié comme propriété contracté, contraintes
posées émanant des opinions publiques qui en subiront l'effet,
pollutions, etc.1 Bref : auto-esclavage!
Mais si la Finance (ou les finances)2 est donc
finance (ressource pécuniaire) au profit du Capital, c'est-à-dire
du bien en possession, et qu'aux fonctions des comptabilités s'ajoute
comme outil essentiel la Monnaie ; et que la Monnaie soit par définition
l'outil d'échange par consistance3 ; etc. Alors de quel
échange parle-t-on exactement, ou bien de quel Finance, parce que le
fmancement ne serait donc qu'une réquisition de bien réel au prix
d'un symbole numérique valu, et la finance par
conséquent ne serait qu'une indignation du groupe social par quelques
indignes « filous » ? Et sinon, l'Économie est-elle une
affaire à fm d'épargne privée, accumulation par
dépossession ou désapprovisionnement et par exploitation ; ou
bien une science à fin des répartitions équitables des
biens ou des ressources ?
Évidemment, si Finance comme Économie est du
domaine de la propriété, la Monnaie et l'Échange du
domaine de la Communauté, et que la relation « Finance-Monnaie
» est une relation « Privé-Commun », cela doit affirmer
un état « propriété privée des moyens de
production - biens réels en propriétés communes ». Ce
qui n'existe certainement hormis quelque théorie. Cette contradiction
Monnaie-Finance n'est qu'un cas parmi d'autres qui expriment toutes des
discordances et donc des violences. Et le phénomène est
contraste, atteignant énormément de régions et divers
domaines : la non-rentabilité de l'Éducation qui se
généralise dans la plupart des sociétés actuelles,
par exemple. Les conséquences en sont, d'effet, évidentes tandis
qu'on accorde naïvement cette responsabilité aux systèmes,
malgré tout. L'Économie est l'exploitation et l'acquisition des
raretés, proposées ou supposées utiles et moyennant,
à faire circuler, pour certains, à « épargner »,
pour d'autres, mais à posséder, pour la conscience publique. Ce
parcours moyen-fin est en un mot un trouble social : d'abord, une crise
d'échange ou interhumaine, mais qui va devenir également une
crise de ressources lorsque le capitalisme établira son règne
avec l'application scientifique moderne (publicités, reconditionnement
des besoins, industrialisation de la praxis, etc.). Aucune valeur n'est
estimée.
1 SARTRE, C.R.D, Op.cit., pp. 230-339.
2 C'est-à-dire, l'ensemble des recettes et des
dépenses comme activité sur les moyens de paiement.
a CAPUL, Jean-Yves et al.,Sciences
économiques et sociales -- Première, Hatier, France,
1994,pp. 48-53. [Cf. JESSUA, Claude, Histoire de la théorie
économique, P.U.F, France, 1991, p.33, pp.36-37, p.56, pp.81-84,
pp.111-115, p.140, p.200, p.213, pp.216-217, pp.222-223, p.242-243, pp.433-438,
p.446, pp.453-454, pp.459-464, pp.469-480, pp.504-511, pp.529-533.]
60
À souligner que l'Économie doit être une
science du « bien-paraître visant le bien-être », et non
un dieu tout puissant créateur de « contre-homme »1
: le bien paraître étant culture de bien-être
est bien une condition inaliénable de l'être, même si
« être bien » ne dépend pas de la matière mais de
la conscience de quelque chose (bien) qu'est tout simplement quelque chose que
la conscience appréhende. Or, le phénomène
inégalitaire du capitalisme est vu comme un phénomène
naturel bien que ce soit contre-nature : ce système qui putréfie
tout une géopolitique fonde la société pour un mal social
qu'il fera naître et perpétrer en affectant lui-même tous
les valeurs et systèmes préalables. Face à cela, une
responsabilité requiert toutes les autres : celle de la «
réciprocité »2. La praxis est en effet
ce mouvement par lequel l'homme travaille à vaincre l'inertie des choses
par son propre inertie, moyennant de l'instrumentalité et de la fin
visée de l'homme lui-même. Toutefois si l'homme agit de sorte que
son action fasse de lui son propre instrument et sa propre fin pour cette
action qu'il se donne pour praxis, alors il ne peut valoir et vouloir
que lui, mais il ne saura pas se suffire. Et ce « si » est alors une
condition de l'égalité sociale vis-à-vis une conduite
élémentaire appelé « éthique », au vu du
besoin : elle seule peut valider les moyens comptés. Étant
également le milieu de ce mouvement, effectivement, aucun individu ne
peut donc l'être à part absolu : c'est la « négation
de la négation »3, la non-action de la
réaction4 : puisqu'en matière de réaction, le
sujet et le milieu du mouvement sont les mêmes choses ; cette
négation est donc partialité du tout et multiplicité en
soi, s'unifiant contre sa multiplicité en soi, s'unifiant contre sa
multiplicité, sans capacité de se supprimer d'aucune part. En un
mot, c'est « l'existence ». L'égalité, c'est
l'existence. Puisque la praxis use du moyen et de la fin, l'unité seule
est donc capable de combattre la rareté, mais l'on a plutôt
opté pour la science : bien ensemble, mais sans unité, sans
réciprocité. Sûrement, cela ne sera pas sans
conséquence.
1 C'est tout simplement
l'homme qui voit autrui comme un moyen ou un homme inhumain [C.R.D, p.
244]
2Cf. La
correspondance dialectique du corps vivant comme totalité transcendante
de la fonction (action de l'être qui se fait être, totalisant
son instrumentalité et sa propre fin) qui fonctionne pour
elle-même avec des conduites élémentaires, pour à la
fin aboutir à la praxis par le besoin (premier rapport totalisant
de l'homme dialectique). Voir SARTRE, C.R.D, Op.cit.,
pp.166-167.
a La rareté est une
menace physique de l'existence dialectique de tout homme). Voir SARTRE,
C.R.D, Op.cit., pp.168-172.
a La réaction est
un simple changement d'état, se différant de ce qui se
détermine par un mouvement « en fonction de l'avenir », se
distinguant de ce qui est intègre par distinction d'une totalisation
particularisant son affirmation logique négative. Un besoin qui
particularise la manque ne peut se nier et devient donc, non pas une
non-existence mais plutôt une mort assez certaine : une faim qui ne se
sent pas ne pourrait être assouvi,....
61
III.I.2. La Science et ses échecs : «
Écologie » et « Commerce »
On a vu précédemment que la « rareté
» est le motif primitif du trouble social existentiel, si l'homme et le
monde en est le motif actualiste : la divergence ontologique comme conflit
intersubjectif engendre le travail à la place de l'activité, le
travail forge l'individu, l'individu génère une
société ou une institution qui implique par la suite la
contradiction « individu-société ». C'est dans ce terme
de contradiction capitaliste) que nous avons vu les trois
points illustratifs capitaux que nous allons résumer ici : partant du
besoin comme « rareté », où l'homme connait
l'échange comme une « réciprocité positive »
contre la rareté ou comme « solidarité » ; l'on parlera
ensuite de la problématique de l'économie et de l'écologie
quand une éventuelle « querelle subjective »advienne. Du
besoin naturel à la subjectivité asocial alors, l'échange
exprimait une abondance psychologique de ressource pour contrer la «
rareté primitive » ; mais cette psychologie égoïste
aura ensuite l'idée de la monnaie, aboutit à la science
financière, à l'exploitation et bientôt au «
contre-homme » naissants. Puis de la famille à l'industrialisation
qui suivra, l'homme connaitra bientôt une crise mentale d'abord, puis
écologique, des ressources. L'intelligence collective croît ainsi
pour la survie, crée les sciences positives et les commerces modernes
qui dessineront la « réification » humaine : il s'agit d'une
« réciprocité négative » où l'homme
s'affirme négativement par « l'enfer, c'est les autres ». Et
désormais, cette mode de survie devient la normalité de
l'aliénation : ce qui est une perte d'avance ou l'échec
perpétuel de l'échange moderne se basant alors plus sur
l'intérêt comme besoin que sur le besoin lui-même.
« L'argent n'a pas d'idée. », cite Sartre
dans Nekrassov2. Ces enchainements phénoménologiques
partent du problème de besoin, un besoin naturel, et aboutit à un
besoin mystifié. Sartre a beaucoup combattu pour faire surgir cette
réalité cachée, au point qu'il n'a plus conçu la
résolution avec convenance. En effet, comme Hegel le dit dans
sesLeçons sur la philosophie de l'Histoire :
Ilrésulte des actions des hommes en
général encore autre chose que ce qu'ils projettent ; ils
réalisent leurs intérêts, mais il se produit avec cela
quelqu'autre chose qui y est caché à l'intérieur dont leur
conscience ne se rendait pas compte et qui n'était pas dans leur
vue.3
'Cf. « De la praxis individuelle au
pratico-inerte », In SARTRE, C R.D, Op.cit.,
pp.165-377.
2Cf.
http://evene.lefisaro.fr/citation/argent-idee-17809.php
a HEGEL, Leçons sur la philosophie
de l'Histoire, Bibliothèques des textes Philosophiques, VRIN, 1979,
pp. 33-34.
62
Cela pour dire que comprendre le phénomène ne
suffit pas pour y remédier. Or que le travail élaboré sur
le problème est déjà colossale, ce qui nous tient ici est
de comprendre que la démystification est un travail tout à fait
conséquent : « ce qu'il faut démystifier c'est toute forme
de transcendance qu'on voudrait opposer de l'extérieur à
la conscience »l. Beaucoup ont déjà pensé,
réfléchi, et reformé l'Économie. Mais ce mouvement
factoriel ne s'est pas fait sans conséquence:
Aujourd'hui d'ailleurs, alors que les premières
manifestations de « l'ère de l'opulence » commencent à
réduire l'empire universel de la rareté, c'est la menace d'une
catastrophe écologique au niveau de la planète qui force les
premiers théoriciens d'une économie renouvelée à
proclamer qu'il s'agit désormais d'aménager les ressources
limitées de notre terre conçue comme un univers clos (...) comme
une sorte de huis-clos absolu où rivalisent des individus
dangereusement nombreux.2
C'est qu'à force de suivre des routines de recherche,
on a fini par se fermer dans la totalité de « l'argent ».
Force est de reconnaître l'appétit universel des hommes pour
mettre une confiance dans la Science. Nous pouvons bien aujourd'hui constater
à quel point la Science a été efficace dans ce qui a
été au début des reboisements, des exploitations, et tant
d'autres techniques de production. On a produit, on a créé des
lois pour nos commerces et pour nos finances et budget, on s'est réunis
et on s'est rassemblés (non dans une unité mais plutôt dans
une concurrence3), etc. On a mondialisé le monde
effectivement, mais ne nous rendons toujours pas compte, faute de mauvaise foi,
que la Science est tellement fratricide au fur et
à mesure qu'elle prouve son efficacité dans ce domaine du «
développement » tel qu'on le nomme
Malgré l'émerveillement qu'est l'effet de la
Science... le monde est toujours un paradis des enfers : un échec
déjà, mais que l'on ne prend pas en compte au nom de l'espoir.
Par ses discours et par ses démonstrations, la Science a
épaté le monde, franchit sa problématique de
résoudre la rareté, et débouche ensuite à sa
création. Elle a puisé dans les ressources de la Nature, à
tel point qu'aujourd'hui ces ressources sont menacées
1 LAGUEUX,
Op.cit., p.12.
2/bid.,
p.10.
3Cf. « Le Travail », In
PROUDHON Pierre-Joseph, Justice et liberté,
III, PUF, Ife édition, 1962, p.137-190. Textes
choisis par Jacques Muglioni, document numérisé par Jean-Marie
Tremblay, 17 octobre 2008, UQAC, Université
de Québec à Chicoutimi, [PDF],
http://pages.infinit.net/socioimt,
coll.
http://www.ugac.uquebec.ca/zone30/Classiques
des sciences sociales/index.html
d'épuisement, et elle promet de nouvelles ressources
qu'elle pourrait créer à partir des résidus naturels.
Littéralement, rien ne se perd, rien ne se crée, tout se
transforme ; au risque que cette transformation soit celle de l'opulence
à la rareté, un mouvement « de la prise de conscience
à la dissolution absolue de l'être ». Jusque là, cette
évolution technologique est un concept de « eudémonisme
matériel » à cinq étapes, voué à
l'échec. Or que Science positive et Économie politique sont
déjà inséparables% la Science se proclame par cinq «
être » à elle : la facilitation (de la vie), la
libération de l'homme de son instrumentalité (de
l'activité et du labour), la divination de l'homme
(l'indépendance et le voeu d'une liberté de plus en plus
infinie), le perfectionnement de l'existence, et la construction d'un «
paradis » assez durable pour cesser toute activité affective
(fatigue, douleur, souffrance, carence, ...,amour, etc.). Tout cela parait
comme un pseudo-humanisme. Ce phénomène est d'un
côté tenu par la Mondialisation, un tout autre
phénomène qui se certifie « irréversible »
jusqu'ici. Et cette Science se fait alors de plus en plus technologie et
technique, assurant sa propre efficacité et sa propre survie, au
détriment de celles de l'humanité ; et l'Économie
capitaliste se fortifie alors en s'appuyant comme un abstrait sur les produits
scientifiques qui chosifient et aliènent autant ses acteurs que ses
victimes. Tout le monde participe à ce processus, cela est le pire de
tout : les gens réclament plus de produits pour combattre leur solitude,
solitude née de la méfiance de sonprochain qu'ils
conçoivent comme leur « enfer », générant ainsi
plus de solitude et plus de rareté qui profite le capitaliste et
amplifie l'édifice de l'inégalité dont ils
63
1 II s'agit de questions de financements
budgétaires et productions, reliés par les travaux de
recherches.
64
souffrent, inégalité qui fertilise la malaise au
détriment des ressources% de la solitude générale au
cloisonnement de classes sociales2.
C'est un trouble social, en un mot : d'abord, une crise
d'échangeou interhumaine (économie naturelle), remplacé
par une résolution plus systématique (Monnaie-Finance-) qui
créera une crise de ressources, nous conduisant aussi
systématiquement qu'auparavant à la résolution
technologique. Cette dernière est bien exactement une crise
socio-anthropologique qui affecte l'humanité entière, de
l'individu, à l'État, jusqu'au monde entier : la technologie
unifie le monde mais sépare les hommes et construit par là un
véritable danger mondial : le chaos de la mauvaise foi. La
technologie nous déleste de toute réalité
matérielle (et naturelle même) pour faire de nous des
matières propres régies par ses lois3. Voilà
d'où les rencontres abstraites (le fait de côtoyer des milliers de
personnes sans en rencontrer une seule, ni par un toucher sensitif, ni par un
regard subjectif), et les relations abstraites (l'objectophilie de tout genre,
les phénomènes sexuels4 ; les
psycho-matérialismes5 ; le néo-banditisme de
débauches libertinages et surhédonique ; et même
les satanistes fondent des groupes). La rareté est de fait un manque de
présence : la conscience manque et doit primordialement « manquer
» pour produire ces phénomènes, rien que parce que la
solitude s'étale et grandit sous l'effet de la technologie. Sans se
faire percevoir en effet, elle ne nous délecte pas que de la
difficulté matérielle du monde, elle nous boussole vers une
totale irresponsabilité, dans la faveur de
'Les antagonistes de l'Écologie (économie de
l'habitat ou adaptation de l'homme à son environnement, totalisant son
ensemble naturel ou l'écosystème au sens très large) sont
« un » et nombreux : l'homme (Cf. Bionomie, Éthologie,
Agrobiologie, Phytoécologie,... et toute autre forme
d'Écologisme) : le fond n'est autre que
l'homme moderne, enfant du « Développement »
(dénaturalisation comme automation) ; ensuite les projecteurs sont
principalement les « Science, Technique et Technologie » ; puis le
nombre se multiplie quant aux Acteurs dont l'État et le Gouvernement,
quelques Organisations (opérateurs commerciales et industrielles) et
quelques particuliers économiques; et en fin les exécuteurs
(principaux ou participatifs) agglomèrent les sciences et techniques
évolutives, les industries, les commerces politiques et finances
publiques, ... les sociétés partielles ou globales, dont les
seuls bénéficiaires sont les Acteurs et les collectivités
générales, avec un « bénéfice »
strictement économique.
[ Cf.
https://fr.wikisource.org/wiki/Id%C3%A9e_
g%C3%A9n%C3%A9rale
_de_la_R%C3%A9volution_au_dix-neuvi%C3%A8me_si%C3%A8cle/Texte_entier
(Idée générale de la révolution au dix
neuvième siècle : révolution
industrielle et machinisme de P-J Proudhon) ;
http://www.ugac.uquebec.ca/ zone30/
Classiques_des_sciences_sociales/letravail.html (« Le
travail », Op.cit.) ;
http://www.encvclopedie-
anarchiste.ors/articles/m/machinisme
; INDUSTRIALISATION, DIVISION DU TRAVAIL ET COMPETENCES OUVRIERES. LE DEBAT
DU PREMIER XIX E SIECLE ENTRE ECONOMISTES, TECHNOLOGUES ET PENSEURS SOCIAUX.,
Ergologia, n° 4, Novembre 2010, pp. 25-53 ; etc. ]
2 « Une structure ternaire, où jouent trois
facteurs : les consciences exploitées, les conditions d'exploitation,
et,
unissant le tout, la conscience exploitante »,
D°inE&N
L.Q
http://www.marxau2l.fr/index.php?option=com
content&view=article&id=136:1-simont-letre-de-classe-d ans-1 u vre-d
e-sartre& ça tid=34: sartre& I temid=54.
a Ce sont des logiques pragmatiques, mais à la
fois abstraites et dérisoires.
a Nous pouvons citer : le concept du
bénéfice mutuel, la pédophilie, le néo-sexisme, et
tant d'autres. s Nous pouvons citer : l'esthétisme moderne,
le nudisme, l'amplification de la toxicomanie, etc.
l' « anonymat ». Il nous
faut donc une institution sociale à tout prix pour soigner cette carence
car elle est devenue la rareté après la rareté. Cette
institution aura pour objectif de résoudre la rareté
matérielle et la rareté sociale à la fois : une
refondation du « Nous » (l'humanisme, la fin universelle de la
liberté sartrienne). La plupart du temps, on appelle cette institution
« République », mais nous allons traiter d'abord en termes de
« État » en ce qui nous concerne dans le discours
subséquent : un État, face à la société
actuelle, à la pollution, et d'autres problèmes dont Sartre
articule ou non dans la Critique de la raison dialectiques.
Puisqu'en vérité, « Ecologie », «
Développement », « Science », « Commerce », ne
sont que des mots : il n'y a réellement que l'homme en tout cela. Qu'il
n'y ait que l'homme en réalité sans que l'homme n'y soit, cela
laisse amplement à réfléchir.
65
'Cf. SARTRE, C.R.D., Op.cit..
pp.233-334.
66
III.II. DISCOURS POLITIQUES
« Le jardinier peut décider de ce qui convient aux
carottes, mais nul ne peut choisir le bien des autres à leur place.
»1La question principale est donc la liberté, contre
l'anonymat social et l'impersonnalité humaine. La problématique
prépondérante de l'État est en effet la pluralité
intérieure de ce statut. Effectivement :
C'est parce qu'il y a les autres et que je ne suis qu'un parmi
les autres que ma décision à peine prise ne m'appartient plus et
peut même (...) se retourner contre moi. A tout le moins, parce qu'il y a
les autres, ma décision ne saurait s'inscrire dans les choses
qu'à condition de s'ajuster à ce qui ressort de leurs multiples
décisions2
Le statut actuel est que la société est un ordre
ordonnant le désordre, où l'on parle beaucoup de
communauté. Mais sait-on au moins qu'est-ce ? Dès que la valeur
d'une chose lui est extérieure, comme l'homme aux dépens de son
avoir pour sa valeur, alors cette chose est immédiatement
aliénée : sa valeur devient alors la nature de son existence, de
sa pauvreté, et de sa souffrance si elle est capable de la ressentir.
Par homogénéité, ce phénomène
d'extériorité est à l'origine de toute
insécurité : l'avoir, le besoin, et l'inégalité
sont les fondements de toute instabilité, vu la situation capitaliste de
la société actuelle. Tout homme ayant droit à la vie peut
ignorer la juridiction du Capital et la légalité de la
propriété qui lui sont des choses privées ; puisque tout
homme aliéné ne peut que chercher à se libérer, et
tout homme n'ayant ce droit, n'est inéluctablement plus qu'un objet,
définitivement et nécessairement esclave.
Mais dans le cas où cette quête de liberté
dont la Politique doit s'occuper ne se fait qu'individuellement, au
détriment de l'autre, alors aucun homme ne saura ce qu'est la paix de la
liberté. CommeAbraham Lincoln le dit : « Le meilleur moyen de
détruire un ennemi est d'en faire un ami.»3et aussi
« Tant que tous les hommes ne seront pas libres, nous serons tous des
esclaves »4. On peut en déduire, pour le statut actuel
de la vie en société, que le schisme social est de toute
évidence un problème, avec cette extériorité
moniste et multiplistequi
'Cf. De Jean-Paul Sartre, Le Diable et le bon
Dieu ; cité dans
http://evene.lefisaro.fr/citation/sardinier-peut-decider-convient-carottes-nu
l-peut-choisir-bien-3368. php
2Cf. LAGUEUX, Op.cit.,
p.11.
3Cf.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Abraham
Lincoln; ABRAHAM LINCOLN BICENTENNIAL COMMISSION 2009, Abraham
Lincoln.L'héritage de la liberté, [PDF],
http://photos.state.gov/.../pub-lincoln.pdf
(Consulté le 10 août 2015 à 15:12:12).
4Cf.
http://papacitoven.reves-connectes.com/archive/2012/07/05/abraham-lincoln-chasseur-de-vampire-tant-que-tous-les-hommes-ne-seront-pas-libres-nous-serons-tous-des-esclaves.html
67
représentent outre le phénomène du
contre-homme un néo-esclavagisme outre la schistosité d'un
pour-soi manquant. D'où la nécessité d'une « vie en
groupe » comme possibilité du « vivre ensemble »,
au-delà de la coexistence (une existence côte à côte,
simple série numérale quantitative, faute de totalisation). Si
coexister ne suffit pour faire un « ensemble », unique solution aux
contradictions, et que la politique effectue une fin sociale (un ensemble de
fins personnelles) ; alors proposons de réfléchir sur la
citoyenneté, l'État, et le « Politique » qui comporte
un semblable d'ensemble.
III.II.i. Le c.w,ycm.
A l'origine, la citoyenneté est le fait pour une
personne (..) ou pour un groupe, d'être reconnu comme membre d'un
État, nourrissant un projet communs. Cette
citoyenneté comporte« des droits civils et politiques
»s, ainsi que « des devoirs civiques »s
qui défmissent l'impassibilité du citoyen qui est, lui,
l'essence ou la fin de l'État.
Néanmoins, constatons que la citoyenneté
consiste désormais à s'aliéner de l'ordre
préétabli par une conscience, donc prédominante : c'est la
crise de la tradition. D'où la répression des libres penseurs et
la censure des critiques qui s'adressent au gouvernement malgré une
disparition alternative ou presque périodique du féodalisme et de
l'impérialisme, tel que L. Hendrikus Rodrelio l'évoque dans son
Mémoire sur le Groupe comme un renouveau social. Le
citoyen a toujours des devoirs, mais n'a pas de conscience ou n'est pas
conscient ; et même s'il en aura, il n'a pas à choisir son chemin
car il est un « être-de-classe »2 et son destin est
donc déjà prêt : telle et telle fonction sera pour tel ou
tel citoyen, que cela lui convienne ou non, puisque cela convient au
dictateur3. Le citoyen ne prend pas conscience que toute
création, à la charge de son devoir, est création de
merveilleuses raretés : infrastructure, technologie, ustensiles, etc. On
lui fait croire qu'il développe son monde, mais il est «
réifié » ou chosifié en fait : un acteur sans ouvrage
en plein inaction malgré ses mouvements, contrôlés,
dictés et manipulés de l'extérieur.
Et comment, si l'on y réfléchit encore, un objet
peut-il être responsable de lui-même ou « nourrir un projet
» auquel il doit s'activer ? Puisqu'il n'a aucune notion de lui-même
et
'Cf.
http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/root/bank
mm/pdf/pdf cahiers/cccc23.pdf [21/ 07/ 2015, 8:40:36]
2 On peut y constater un cas de « mauvaise foi
», puisque l'inconscience n'est pas humaine, et que le cas de
l'inconscient n'est alors chez l'homme que le choix de perdre tout de son
existence (conscience, liberté, etc.). 3Cf. «
L'existence préétablie et l'homme comme en soi pur »,
In SARTRE, C R.D, Op.cit., p.341.
68
du monde subjectif, ni de l'autre, ni de sa capacité de
toucher son extérieur qu'il ignore encore ? Il devient alors
l'instrument de son propre nihilisme
· un
auto-anéantissement.
Le citoyen doit être en effet celui qui est prêt
à tuer pour sa nation, mais qui n'en assume ensuite la
conséquence avec ses propres lois (l'emprisonnement, une condamnation
à mort, etc. qu'il a lui-même participé à
élaborer) n'est pas un citoyen, car la sentence entend un jugement, et
un jugement exige une conscience, or que cette conscience doit être
« approuvée » par sa propre conscience : c'est en ce sens
seulement que son acte peut être libre, essentiel, vivant, (...) able
à construire.
Dans un tel cas, celui de Madagascar, institutionnellement
république, constitutionnellement démocratique, et
existentiellement anarchique, est que, un ensemble de citoyen se veut libre
mais ne veut rien de ce qui en est tâche ou responsabilité : ce
lorsque le « adidy »1 prime sur le « andraikitra
»2. Il s'agit d'un peuple réifié par ses propres
histoires, et non par nul autre excuse extérieur qu'il se prévale
: le citoyen ne se construit pas, mais se veut être construit (sous
maintes prétextes : colonisation, pauvreté, difficulté,
mondialisation, et même son voisin lui est d'un bon usage pour se
résigner de sa malheureuse situation). Mais qui va y remédier,
à cette situation de, disons, « officiellement tout et
existentiellement rien » ?
L'État n'est qu'un système, un de gouvernance,
une gestion plutôt qu'une production : l'architecture plutôt
que l'artisan dirait surement Arendt3. Néanmoins,
l'État n'est pas aussi innocent qu'une pierre tombale. Un peuple
dépersonnalisé et déshumanisé, constituant un
État, c'est un État ou un ensemble d'artisans
pétrifiés, constituant un architecture qui ne saurait
aboutir à aucun construit. L'État doit
donc avoir une responsabilité malgré son inertie de
système, puisque le peuple lui accorde son être par la «
représentation ». Ce qui n'est pourtant pas le cas. Même
l'ombre d'une représentation n'existe même pas.
C'est-à-dire que dans ce cadre de «
démocratie », le peuple n'est souverain que pour transférer
sa souveraineté et sa liberté à un tiers
représentatif: à ce moment, il existe, il a la grande
décision le concernant,...mais à ce moment seulement. D'où
le mouvement populaire des partis, puisque le parti est un centre
d'intérêt pour le citoyen dépossédé et sans
statuts de puissance, vu qu'il doit survivre autant en terme de liberté
qu'en terme matériel. Il y a donc
1 Le « devoir ».
2 La « responsabilité
».
3L.Q ARENDT, Condition,
Op.cit., pp. 41-46, pp. 59-109, pp.138-156,
pp.190-206.
69
adhésion citoyenne à une «
rarito-interesto-divisio-partitiocratie »1, et par là,
des politiciens a-statués et non des citoyens à
proprement dire également.
A cet effet, « concourir à la formation de
citoyens est une des missions fondamentales du système éducatif
»2, au moins ; inculquer des principes d'agir, au mieux ; et
faire de l'éducation une culture de conscience, au plus...doivent
être les conditions pour l'effectivité de la citoyenneté,
efficience qui fonde celle de l'État. Puisque « l'on ne naît
pas citoyen mais qu'on le devient [et que,] la citoyenneté est alors la
capacité construite [...] à oser intervenir dans la cité
»3 sur les dimensions sociales, éthiques et
politiques4 : politesse, violence, drogue,
société, police, culture et différence, racisme, sport,
intégration, exclusion, danger, liberté, droit, travail, sexes,
famille, mariage, parenté, autorité, identité,
légalité, légitimité, souveraineté,
société civile, ingérence, etc., ne sont que des
ouvertures de réflexion pour l'engagement citoyen et autonome dans
l'échange et la réciprocité collective. C'est
nécessaire si le citoyen doit être souverain afin d'assurer une
liberté totale et fini, expression de l'État.
III.II.2.
À vrai dire le seul choix initial est
véritablement « choix », ceux qui s'en suivent ne seront que
conséquentialité sans correspondance, hormis celle de
l'objectivité humaine qui fait de l'homme un objet parmi tant d'autres,
subissant une logique du « cause à effet » : le sujet ainsi
pris ne peut donc plus agir avec volonté et autonomie, mais peut
néanmoins réagir conséquemment avec quelque violence et
quelque brutalité, s'il peut tout également accéder aux
folies suicidaires et à un procès du
désespoirs. Et le sujet ne désigne pas ici le strict
individu, mais plutôt la personne de l'État. Il faut
considérer cela.
En cela, « Le grade confère autorité et non
supériorité »4. Effectivement, tant que tout
homme n'est pas encore libre, le reste demeure esclave : «
en me choisissant [dit Sartre], je choisis l'homme ». La
liberté doit donc, en tant qu'objet politique, « reconnaitre »
l'homme comme liberté, même s'il est danger pour chaque
liberté : cela engage une liberté individuelle, plutôt que
institutionnelle. Mais pour l'établir comme ordre et paix social, le
« pouvoir » est
1 Ce n'est pas que l'État qui fait que
l'État soit une institution qui se base et s'érige sur la
rareté, l'intérêt, la division, et le parti comme
souverainetés politiques, mais c'est surtout l'adhésion de ses
sujets à ces faits. La « rarito-interesto-divisio-partitiocratie
» signifie en fait, suivant son propre phénomène, «
puissance ou souveraineté de la rareté, de
l'intérêt, de la division, et du parti ».
2 Marie-Hélène BAYLAC et al.,E.C.J.S
2"d De la vie en société à la citoyenneté,
Bordas/HER, 1999, p.04.
3Loc. cit.
4Cf.
http://evene.lefisaro.fr/citation/grade-confere-autorite-non-superiorite-16934.php
s C'est-à-dire, devenir un absolu-néant,
ou bien également « un rien » qui est « quelque chose
sans rien ».
Citons, par exemple leskamikazes, les suicidaires du
plaisir et de l'abandon,... jusqu'à
l'autodestruction.
70
un critère ; alors que ce pouvoir, une fois
institutionnalisé, risque de devenir une aliénation nouvelle
faute de correspondance, nous conduisant à la seule totalisation comme
ultime issu, sauf que cela ne va pas sans concertation. Comment faire de la
Cité son être, et faire de son choix la Cité :
devenir un homme identitaire qui se gouverne, se conduit et se
construit librement ? Où en sommes-nous lorsqu'on se reflète sur
notre État ?
On pourrait constater que le système ne donne pas la
liberté de choisir, il nous fait choisir parmi les choix socialement
déterminés : un chanteur-né ne peut pas librement chanter,
dans un État non-chanteur. Ce contrat étatique de liberté
devient alors un enchantement de ses contractés-signataires pour
profiter les contractants-héritiers. L'inégalité
contractée devient alors inégalité abusée, et seul
le système créera ainsi donc sa propre essence et ses propre
avenirs : une pensée pour les milliers, puis une autre, puis une autre
encore...qui n'agit que pour elles d'abord, totalisant le monde comme un total
de rien numérique (comptable).
Si l'État se doit d'être historique, l'histoire
étant une solide unité étendue dans le passé se
projetant dans l'avenir, possible mais intelligible ; elle ne doit pas
être collectivité (« collecta », recueil ou
amas) mais unité ou communauté 1 (a cum »
et « munis » : « défense ou fortification
ensemble », identité ou similitude libre). C'est-à-dire que
si l'institution est celle des faillites, une législation de crise :
alors à quoi peut-il servir, à quoi de bon, à quoi de
constructif ? La politique ne perd-t-elle donc pas de sa consistance au vu de
ses formes inégalitaires et désespérants, ses sujets
chosifiés, son essence pervertie (...) ? Est-ce encore gouvernance et
prudence de la Cité, de l'ensemble ? Ou n'est-ce plus que
système systématisé et calcul mal intentionné de
l'État ?
A ce titre, le représentant qui devient en son exercice
le souverain du peuple est déjà une déviation que ce soit
dans un principe démocratique ou dans le cadre parlementaire de la
monarchie. On rencontre ici un immortel machiavel qui trépasse et se
réincarne à chaque élection : ce qu'on appelle «
violence légitime ». La réalité de l'État se
fonde absolument donc sur l'irréel sans être pour autant
aréelle2. Mais l'espoir peut demeurer, malgré
le Léviathan hobbesien, puisque c'est le peuple qui fonde originellement
ces violences contre son droit à la « violence ».
Certains pays ont déjà adopté la mise en place
d'encadrements
1Cf. SARTRE, C.R.D, Op.cit.,
p.376.
2 C'est-à-dire, à la fois sans
réel et sans réalité : il s'agit donc d'une
réalité se fondant sur l'irréel, étant
réelle.
71
supérieurs à côté des dirigeants
d'États. C'est l'expression d'une démocratie
participative. Et tout comme le M.A.P de la République III de
Madagascar, qui a mis en projet un « objectif commun » conforme
à la vision nationale2, qui a mis la
responsabilité dans les Fonctions et Secteurs publics, la force
participative dans le Secteur privé local, le contenu et le
développement entre les mains des partenaires internationaux, la Patrie
en gage, et la constitution contributive de leadership sous la
responsabilité d'un Président de la
République3, nous devons également prendre
l'audace de se responsabiliser. C'est-à-dire, à quelque fois de
près mais avec plus de conscience assez objective et convenablement
subjective, telle que Montesquieu l'expose dans son ouvrage De l'Esprit des
Lois (IV, XI) sur la liberté politique et l'abus de pouvoir comme
« expérience éternelle », appelant à la
Responsabilité correspondante au pouvoir
déterminé4
Ainsi, admettons l'État comme un « Groupe large
»5 : une masse de citoyen, d'abord, en quelque sorte. C'est la
seule issue pour un État d'abord modéré, d'être
assumé. Notons que tout examen, jusqu'ici, est fondée sur le
plan pratique et non sur quoi que ce soit d'autre libre ou absolu.
Sartre n'appréciait pas l'État, selon quelques points
constitutifs de ce dernier qui le dévièrent. Il s'agit de la
collectivité de la population (un rassemblement
numérique, purement objectif et instrumental, une atomisation
humaine subsistante, une bande d'aliénés
irresponsables, une grande impuissance sous le monisme
législatif du pouvoir, un enfer d'être-de-classes bien
administré6 et profité). Puis, il y a «
l'inégalité socio-économique comme force négative
du pouvoir de l'État »7, né de l'esprit de
sécurité et de paix absolues et de la para-noïa
psychologique (de l'angoisse), sous le régime de
l'exploitation et de la survie. Et enfin, il y a la «
Démocratie » comme profit de la classe bourgeoise : le
système représentatif qui pourvoit des bourgeois au pouvoir et
jamais des pauvres ; l'erreur structurel
'Cf. FERRIER, L'Encadrement supérieur et
Dirigeant de l'État. In République Française -
Rapport encadrement supérieur VDEF, juillet 2014, [PDF], 117
pages.
2 RÉPUBLIQUE III DE MADAGASCAR,Pian
d'Action pour Madagascar 2007-2012, p.5.
3lbid., p.3.
a Jean-Pierre LAUBY etal., E.C.J.S
fere, Le cahier du lycée-citoyen, Magnard, Paris, 2001,
p.16.
5 II s'agit d'un État réformé,
libre, et pratique où le citoyen est le souverain et le responsable de
tout et de tous. Voir infra, Annexe #2, « Les suggestions
sartriennes » ; D° in SARTRE, C R.D, Op.cit.,
p.720.
6Loc.cit.
7 II s'agit d'une expression tirée du
Mémoire présenté par Hendrikus Rodrelio (p.74) que l'on
emprunte ici. On peut néanmoins expliciter le terme par quelques
phénomènes dont l'inégalité politique par la
juridiction, l'Institution d'intérêts, l'aliénation du
peuple par l'autorité, la dictature, l'individualisme
différenciative, l'égoïsme, le capitalisme
sécuritaire d'apparence et exclusive de fait, la continuité
bourgeoise de l'État et la continuité
ouvrière du peuple,... enfin bref : c'est l'inertie
totale.
72
et culturel sur « le choix » et « la
volonté » ; etc!. Encore une fois, la logique échoue et les
problèmes s'accumulent malgré les possibilités de
résolution (toutes aussi logiques).
Bref il faut, tant bien que mal pour la prérogative des
travaux et des objectifs supposés, admettre que « Les
défauts de la démocratie exigent plus de démocratie et non
pas moins »2. Reste à savoir, à quel politique
cela se peut donc faire ou envisager ?
III.II.3. ..e (log.,,) politique
En l'occurrence, au vu des faits, l'on pourrait
supposer et citer trois classes de la République : celle
ouvrière, celle moyenne, et celle des dirigeants (bourgeoise) ; puis,
deux autres de la Démocratie : celle des provinciaux ou marginaux
(« côtiers »), et celle des capitalistes.Ce sont de grandes et
immortelles structures formelles et actuelles d'inégalité
socio-politique. Mais si nous sommes à cet actuel stade de notre
réalité politique, c'est qu'il y a fausse démocratie, soit
grâce à l'ignorance, soit grâce à la peur, ou
à d'autres motifs.
Le Groupe sartrien comme « suggestion »,
son exploration par le Communisme et le Socialisme sont des remèdes,
à quelques failles synostensibles3 à la
Démocratie : il nous faut donc une synthèse pour un avancé
de mieux. Cette synthèse sera par-delà conditionnée par
des analyses pragmatiques auxquelles des thèses doivent être
insérées pour que toute proposition puisse reposer sur d'autres.
Cela afin de déboucher sur une structure libre, mais muni de principe,
proche d'un système sans en être un.
A défaut de sagesse, ce qui est le cas, l'État
est la forme contractualisé d'une paix conventionnelle4 : son
but devait être une atténuation des conflits « naturels
». D'où la vigueur de ce concept de « démocratie
», comme il a été à l'origine l'instance de cette
paix. Cette démocratie a évolué, s'est
développé, et est devenue une démocratie
représentative : un risque dangereux. On verra chez Sartre la
qualification « fausse » de cette démocratie, puisque les
gouvernants deviennent des représentants de l'État : il y a donc
contradiction absolue entre
'Cf. SARTRE, CRD, Op.cit., pp.718-722.
2 BEVORT, Antoine, « ANCIENNETÉ ET
UNIVERSALITÉ DE LA DÉMOCRATIE PARTICIPATIVE »,
Économie & Humanisme, no 382, octobre, 2007,p.14 ; et SEN,
Amartya, La démocratie des autres, Rivages poche/Petite
bibliothèque, Paris, 2006, In : Astérion, 4 12006,
Muriel Gilardone, « Amartya Kumar Sen, La
démocratie des autres. Pourquoi la liberté n'est pas une
invention de l'Occident », traduit de l'américain par Monique
Bégot, Paris, Payot et Rivages (Manuels Payot), 19 avril 2006, 85 pages
[En ligne],
http://asterion.revues.org/616.
(Consulté le 11 septembre 2015).
a Cet adjectif est formé des
éléments grecs « sun » (avec ou même) et
« osteon » (os), et le mot signifie « qui peut
être soudé, relié, ou ossifié » si bien que
l'on ne parle de synostose que pour expliquer quelque anomalie. a En
effet, dès que l'État ne parvient pas à assurer la
sécurité du peuple, il y a immédiatement anarchie
; dès que l'État se dissout, il y a nécessairement
barbarie animalière.
73
définition et fait. Le peuple gouvernant n'est plus
qu'une masse de gouvernésl. Cet aspect étatique est
déterminé par l'organisation politique, ainsi que juridique de la
Nation positive. S'il y a donc souverain des souverains ou souverain des
soumis, alors il y a effectivement «tikos »2 du
«polis »3 représenté par le
Dirigeant ou les dirigeants selon la forme adoptée pour l'État,
ou plutôt selon les constitutions juridiques qui constituent les lois et
devoirs fondamentaux de ses sujets, ainsi que les quatre éléments
constitutifs, le statuant4.
A cet effet politique, le fond du problème est que les
représentants deviennent leur contraire (des souverains) et vis vers
cela même à un retournement de la souveraineté. Le
politique à adopter se déverse donc dans l'amélioration de
l'État en Groupe et dans l'optimisation du Groupe en État, pour
une démocratie beaucoup plus effective : l'État ne doit pas
puiser sa force dans la peur populaire au vu de la violence légitime, ni
de sa silence que l'État lui-même lui cultive ; mais doit se
construire sur la force d'un peuple uni et conscient, loin de
l'ignorances. Aussi vrai que la classe des dirigeants
craigne l'insurrection des pauvres, et que la classe ouvrière craigne la
loi et l'institution qu'impose la classe bourgeoise, la rareté est un
danger commun malgré l'inconscience6. Tout cela est
possible en faveur de la Représentation, à la fatigue des
électeurs (due à la lourdeur de la survie), et via la
médiation et l'amadouement des «propagandistes» dans toute
forme de télécommunication (une relation dans
l'isolement, une communication dans l'omission, un échange de privation,
aboutissant à la douleur outre l'existence d'une communication qui
n'existe pas outre réception et émission abstraite de relation,
outre une réception involontaire et une obstruction
d'omettre). De ce phénomène naît la diminution
générale des participations citoyennes (à l'instar des
élections, des règlements d'impôts, et d'autres devoirs
divers) au « marre » des mythes et aux marais d'attentes qui fmissent
dans le regret et la colère, mères de soulèvements souvent
violents. Sartre appelât même les élections, « des
pièges à cons »7, au vue de cette
inconscience commune, démocratiquement manoeuvrée.
1 La démocratie par définition veut
que le peuple se gouverne par lui-même et pour lui-même. Or le fait
démontre par la démocratie représentative, telle qu'on la
suppose, que le peuple est unilatéralement gouverné. C'est dans
ce sens où le gouvernant devient gouverné, que la contradiction
est évidente. Il s'agit donc de la fragilité du
contrat entre le peuple et les représentants
élus, le contrat étant du genre hobbesien que l'on retrouve
différemment chez Rousseau, chez Locke et d'autres formes de
contractualisme politique.
2 Littéralement, "peuple".
Littéralement, "Cité".
4Cf.
http://fr.wikipedia.ors/wiki/L'État
6 SARTRE, C.R.D, Op.cit., pp.721-722.
6lbid., pp.718-723.
SARTRE, Jean-Paul, Situation X, « Élection,
piège à cons », Gallimard, Paris, 1997.
74
Ce reproche n'en est pourtant pas un, il se réalise par
une proposition. Quand l'État démocrate autorise la malveillance
ou l'exerce même, le Groupe large se propose comme extension du
Groupe organisé, agissant dans l'État comme conversion des
relations citoyennes : la naissance d'une relation ternaire ayant Moi, Autrui,
et le Tiers comme éléments communiant. C'est une relation qui se
base sur une conscience à la fois existentielle et commune ; une
reconnaissance égalitaire entre sujets d'objectifs différents,
synodant pourtant, vers une communauté. Il s'agit d'une
solidarité subjective à grande échelle avec dissolution de
l'altérité et de la classer, de
l'inégalité, et de la souveraineté des dirigeants. Mais
pour cela, il faut un projet et un objectif communs, totalisant les individus
et leur praxis sans majorité ou minorité nommés : «
manque » et « rareté » comme objectifs négatifs
(à nier), et « mobiles » comme motif de communion
(solidarité). En tant que le problème est humain, le gouvernement
doit-être un sous-groupe, mais l'on ne parle d'abord ici que de
l'État, où il ne peut y avoir encore en ce qui nous concerne que
l'instance pratique, la «décentralisation », plus
à titre technique, pour la praxis, qu'à charge politique, pour le
pouvoir. Cette praxis doit concerner la totalité du peuple ainsi que son
objectif, mais ses meneurs ne peuvent être que « quasi-souverain
», puisque la souveraineté est au peuple égalitaire,
à qui le problème se réfère et la solution se doit
par responsabilité et par correspondance conséquentielle sans
représentation : une démocratie participative authentique et
authentifiée, avec des objectifs précis, munie de volonté
régulière à les travailler. À bas les
idéologies politiques et partitives, place aux consciences
réciproques, aux attentions, et à la liberté
véritable qui se projette vers l'essence ou l'avenir choisis, à
la souveraineté2. Le pouvoir et la souveraineté
consiste ainsi donc à l'humanité, dans un cadre politique que
social, et non pas à fonder l'inégalité ou
l'inhumanité : à considérer un objectif commun,
plutôt qu'une volonté générale qui ne
tienne, considérant la responsabilité comme existence ou
auto-négation (quête de soi). Néanmoins, l'aboutissement du
tout se résume dans l'adhésion de l'individu à sa
société avant tout.
'Cf. SARTRE, C.R.D, Op.cit.,
p.720. 2Cf. SARTRE, C.R.D, Op.cit.,
p.739.
75
III.III. DISCOURS SOCIAUX
Disons que l'homme moderne est « dupe »l,
dupé par la société et le système, des dupeurs bien
oeuvrés de l'homme qui est celui qui se dupe. Puisque le mal
n'est pas temporellement « moderne » comme l'on a le plus
souvent tendance à le croire ; tel, quel'enfer c'est les autres.
Tout ce qui est divergences d'extériorité n'existe que
dans l'oubli de l'intériorité, n'étant
réelles que pour manoeuvrer une déchéance de l'homme en
monisme matériel d'extériorité. En effet, il y a paradoxe
sur « barbarie » entre la société primitive,
traditionnelle et féodale, et la société civilisé,
démocratique et monarchique. L'on pourrait dire que la moitié du
monde est au courant de ce qui apparait dans le monde, la moitié de la
plus grande minorité est consciente de ce qui s'y passe
réellement outre l'apparence. Et l'autre moitié se contente de ne
rien savoir du monde en n'y existant plus qu'objectivement.Elle bouillit
à cent degrés Celsius ou à quatre-vingt degrés
Fahrenheit, comme l'eau ; se dissout à une certaine température
ou au contact de quelque substance spécifique ou non [...]. Cette
moitié se contente d'être là et se choisit, non
pas comme totalité, mais réciproquement sans se connaitre : elle
n'a ni responsabilité, ni correspondance subjective ; elle est
systématiquement correspondante, et est par conséquent un
groupe conséquentiel, impliquant un monde inhumain,
sans liberté et sans conscience.
En effet, l'homme a une fin sociale : « masculin »
et « féminin » sont de la catégorie des
genres, de simples aliénables statuts sociaux
scientifiquement controuvés, à côté d'un male et
d'une femelle, biens distinctes, soit une autre espèce étant une
autre. Évoquant par là l'autorité de l'identité et
de la personnalité : « qu'est-ce que l'homme ? » et « qui
est-il ? » se posent : le règne, la classe, la catégorie,
l'espèce, la famille, le sexe, etc. ou autre chose, intelligence,
conscience, etc. ? La pédophilie, l'homosexualité, la
xénophilie ou la xénogamie2,... ? L'une tout
autant que l'autre sont simplement des «bêtises », se
référant à
un autre « bête », résolvant le
préposé « consentement » et instaurant une
bête
humaine. L'ego ne l'est non plus que pour désigner un
conflit, dès la Genèse, jusqu'à « l'infini
». De l'affectivité vers l'admiration, l'intérêt,
l'érôs,... : aucun des « affectés » ne peut se
revendiquer plus homme que d'autres, en son espèce, outre ceux
qui « aiment » sans
1 LAFLAMME, Simon (1983), «
Sartre et la sociologie : la notion de totalisation », In
Philosophiques, vol. 10, n° 1, DOI :
10.7202/203212ar, [PDF], pp.53-73. http ://
id.erudit.org/iderudit/203212ar.
[Références du 15 juin 2015, 12 :49:18].
2 II s'agit des relations « sexuels »
différées : avec soit un animal (sauvage ou domestique), soit
avec autre objet (maison, voiture, etc.). Cf. mots
grecs : « gamos », mariage ; «
philos », ami(e) ; « xenos »,
étranger ou étrange.
76
affection ; une communauté qui se déverse,
n'étant qu'une institution humaine qu'aurait établie une raison
limitée, laisse tout être en diversion, même dans la famille
[...] Qui y est l'homme
C'est à ces questions que répondent les crises
anthropologiques exposées par Sartre dans la Critique de la raison
dialectique : une crise comme phénomène originel (de
l'homme) et non naturelle d'origine (de l'inhumain), un rapport «
homme-monde » plutôt que « Dieu-diable », une
méchanceté originelle de l'homme Cette crise est le fondement du
pour-autrui, une conséquence de l'Autre (être, peur,
ego), l'historicité même de l'homme et de la
société.
III.III.1. ..eligion et Cultu.
Comme Sartre le cite dans l'Existentialisme est un humanisme
:
Nous sommes sur un plan où il y a seulement des hommes.
Dostoïevski avait écrit : "Si Dieu n'existait pas, tout serait
permis". [...] C'est là le point de départ de l'existentialisme.
En effet, tout est permis si Dieu n'existe pas, et par conséquent
l'homme est délaissé, parce qu'il ne trouve ni en lui, ni hors de
lui une possibilité de s'accrocher.)
Pour Sartre, la culture est le sacré qui
cultive.2 La Religion serait ainsi donc pour lui une maquette de
culture périmée : « un désordre qui devint mon
ordre particulier », dit-i1.3 Nous n'allons pas examiner
l'état d'âme de Sartre, néanmoins. Il explicite la culture
comme un produit de l'homme, comme son projet de lui et sa personne qu'il se
rencontre, l'existence qui précède l'essence. En effet,
l'athéisme sartrien n'est qu'une réduction
phénoménologique de l'homme transcendantal : d'où
c'est un existentialisme qui est un humanisme4, consistant donc
à conduire l'homme à se connaître plutôt que
de s'aventurer dans un vide transcendantal qu'est « le paradis » et
« l'enfer » dont il ignore la
réalité.
D'abord, prévenons que la responsabilité est une
chose, avant tout, « religieuse » dans le sens libre et propre de ce
mot : une chose qui relie, une relique, un relief, et par conséquent,
« une différence », une distinction, une diversification. En
cela, les us et rites est aliénation dès lors qu'ils deviennent
coutumiers5, et est culture au moment où ils deviennent
'Cf.
http://www.forumdephilosophie.com/t2194-sartre-et-le-rapport-a-dieu#16913
2 SARTRE, Jean-Paul, Les Mots,
ÉPINAC, ÉDITION LIBRE ET UNIVERSELLE (Initiative
Claude GOHIN), 2014, p.43.
3/bid.,
p.154.
a Cf. Infra, Annexe
#1, « l'existence existentielle de Jean-Paul SARTRE ».
5/bid., p.
208. Sartre y parle d'un « ...rite de passage...
».
77
expérimentaux ou subjectifs. D'où l'accès
« athéiste » de l'existentialisme, face aux mouvements rituels
tendant à réduire « l'image de Dieu » en image de
pierre qui ne pourrait avoir aucune chance de croire. Cette relation est donc,
d'abord, celle des hommes entre eux.
À l'instar de l'ignorance de l'autre sexe,
face à la violence sexuelle, à l'homosexualité (...)
vu que d'un terme religieux, l'ignorance exprime une faute commise par
manque de connaissance ou par négligence : connaitre « une ou mille
» femme ne peut suffire, connaître « mille ou un » homme
n'en est pas un moyen de résolution. Et même, connaitre «
mille en un » et « une en mille » en serait un bon moyen, mais
nécessitant encore un autre moyen plus moyennant dont la faculté
d'existence. Il s'agit des trois souches existentielles : la
subjectivité, la responsabilité, et la liberté ; et
surtout d'une question de façon. On souligne l'importance de la relation
interhumaine basée sur la reconnaissance libre. Cette religion du sexe
qu'on observe est donc tout simplement fausse quant à ces violences qui
se font actuellement convictions et rites sociaux : elle n'a ni culture, ni
raison, ni science. En effet, beaucoup d'Organisations ont projeté et
financé des mouvements formalistes pour faire valoir
l'égalité entre « êtres
humains » ; mais au regret des masculino-sexués, ces mouvements
poussaient les femmes vers une différence plus
ardue encore ; et aux étonnements des femmes, des hommes se sont
efféminés pour appréhender cette «
égalité de sexe », et tant d'autre phénomènes
encore qui paraissent inexplicables lorsque personne ne veut en être un
responsable. Il est là défaut de correspondance certes, entre
« émetteur » et « interlocuteur », et
nécessite ainsi donc une responsabilité conversationnelle et
communicationnelle. N'est-ce pas cela le civisme et la culture propre à
l'homme (à l'exception d'autres cultures animalières) ? De plus,
il y a très grande confusion à traiter une égalité
de sexe en une égalité de droit, d'où cette
conséquentialité tout à fait irrégulière,
puisque en réalité, le droit est un aspect de ce qui est trop
corruptible dans la conscience humaine, et ce, au point de prendre la
liberté pour chose vide et absolue, au détriment de l'existence.
On pourrait énumérer bon nombre d'autres « ignorance »,
mais la plupart n'en serait que mauvaise foi plutôt qu'ignorance franche
à dire.
L'homme se refuse toujours de son en-soi en effet, de son
passé, de son inertie, lorsqu'il prend conscience d'une existence
potentielle ; et il devient par là son futur, son avenir, son pour-soi.
Mais lorsque l'homme se choisit sans prendre conscience de son alter ego,
il ne choisit que sa crise sociale (anthropologique, surtout) car tout
homme devient alors
78
un désordre, un malaise, une nausée, un «
être-manquant »1: c'est typique de
l'indifférence. D'où le pour-soi fondement de la crise,
fonde ensuite le pour-autrui pour une plénitude d'être, pour
exister, pour s'acquérir l'être humain. Il s'agit d'un effet de la
condamnation à être libre. L'avenir est donc le projet : un acte
humain qui se perpétue de soi à soi, de soi à autrui, de
génération en génération,... de conscience à
conscience. Cette relation consiste donc à se dépasser
pour exister : devenir ce qu'il est, un ego conscient (de l'alter et
du monde), admettant l'inaliénabilité de sa réalité
avec sa sociabilité, incluant tout être dans son être et
expliquant son être à tout être. Cela vise l'instauration et
la maintenance d'une sérénité qui tend toujours à
correspondre à l'incohérence et à une incertaine
stabilité conséquente du monde. Mais telle est la consistance
religieuse et culturelle : perpétuer l'existence consciente.
Finalement, l'homme n'est que son action, comme Sartre le dit
dans L'Être et le Néant; son action définit sa
situation ; mais sa situation n'est pas lui, c'est son monde, et alors ce qu'il
se construit...quelle qu'en soit sa prétention consciencieuse. Le tout
repose ainsi sur la conscience : un dépassement de la passivité
pure. Accepter son passé, agir son présent, et espérer,
sont bien les dimensions dialectiques de l'existence humaine valable. C'est ici
qu'on peut constater dans ce cadre de l'existence « culture et religion
», « droit et moral », et éducation.
Ainsi que la conscience est un dépassement de l'ego absolu
en soi, ce dépassement opère par l'être-dans-le-monde en vu
d'une existence du pour-soi : il en faudrait donc une « norme » ou un
ensemble de règles qui le dirige. Cette question de norme, ici social,
partagera le rapport entre le droit et la morale. Est-ce contradiction,
différence, complémentarité, tributarité, (...)
?
III.III.2. Droit et Moral
Le Droit est " l'ensemble des règles qui
régissent la conduite de l'homme en société, les rapports
sociaux"2[...] ; "l'ensemble des règles imposées aux
membres
1 Si l'homme est d'abord une nature destinée
et prédéterminé en soi, et que sa conscience est la
possibilité de ne pas être son en-soi, c'est qu'il est à
l'envers et non à la négation du déterminisme, libre.
Cette conscience comme potentialité de dépassement que le
pour-soi est, comme subjectivité implique quatre mouvements
ontologiques. D'abord le regard de l'autrui-objet que j'ai et le regard de
l'autrui-sujet que je subis (Sartre, l'Être et le
Néant, op.cit., p.314) ; puis la « honte » comme
perte de subjectivité et dévoilement de soi (Ibid.
p.319) ; ensuite la Tension ou la « querelle subjective
» comme opposition pour-soi-pour-soi ou contradiction ontologique de
l'homme social ; et enfin la subjectivation-objectivation cyclo-existentiel
comme courage intersubjectif pour la liberté, une fierté de
s'assumer ou la responsabilité, sinon une lutte des consciences dans le
cas échéant. Ce parcours, de la contradiction (l'enfer) à
la coexistence existentielle par correspondance, est ce que Sartre appelle
« Résignation » dans la Critique de la raison
dialectique ou bien « Raison » d'une autre part
(Sartre, l'Âge de raison, p. 115). Ainsi, un
pour-soi sans alter est un contre-homme, un contre-pour-soi.
2 LITTRÉ, Émile,
Dictionnaire de la langue française, 1863 [en ligne].
http://littre.reverso.net[Consulté
le 11 septembre 2015 à 14 :25 :05].
79
d'une société pour que leurs rapports sociaux
échappent à l'arbitraire et à la violence des individus et
soient conformes à l'éthique dominante"' [...]2
Cependant, Sartre comme Habermas connaissent
l'Impératif kantien au vu de cette question. Ce dernier conçoit
la morale comme principe et le droit comme application : ainsi la dialectique
individu-collectivité fondée sur la raison et l'histoire serait
le fondement d'une justice véritable, sociale ou « universelle au
vu de la catégorie généralisée », une
nonne universelle.3 Néanmoins, chez Sartre, le droit
c'est l'existence4, une chose prescriptible et non, une conscience,
un monde subjectif où chaque sujet étant socio-ontologiquement
égaux doit s'engager selon son existence pour son essences.
La norme qui pourrait assurer la culture et les relations qu'on peut juger
« humaines » ne se trouve donc pas dans des systèmes mais
plutôt en l'homme relié lui-même à son histoire,
à son existence. C'est cette norme qui peut résoudre les conflits
et les catastrophes aujourd'hui vécus et amplifiés.
En effet, on connaît la position du Droit
objectifs, combinant faits et lois et ne favorisant plus que la
souche économique. Ce droit oppose tout de la morale au tout de la
justice, prétextant d'une sanction positive que la morale, la
société, et la politique n'interviennent pas. Différant le
« bien et mal » du « permis et défendus », l'on
interrompt la socialité du sujet et la rationalité sociale. Sur
ces quelques passages, nous entendons simplement soulever une réflexion
actualisée et notamment malagasy de cette question encore presque
inopérante :
L'étude du droit pose des questions récurrentes,
quant à l'égalité, la justice, la sûreté
[...] Selon Aristote, la règle de droit "est meilleure que celle de
n'importe quel individu" [...] Anatole France écrit quant à lui,
en 1894: "La loi, dans un grand souci d'égalité, interdit aux
riches comme aux pauvres de coucher sous les ponts, de mendier dans les rues et
de voler du pain." [...]
Néanmoins, d'un point de vue éthique, le droit
juridique en tant que tel essuya des critiques d'activiste
célèbre, tel le Mahatma Gandhi, qui n'hésita pas à
déclarer :
1 « Droit », In Dictionnaire de
l'économie et des sciences sociales, Nathan, Paris, 1993.
2Cf.
http://fr.iurispedia.orq/Droit
3Cf. HABERMAS, Jürgen, Morale et
Communication : Conscience morale et activité
communicationnelle,
Persée, Paris, 1997.
' SARTRE, L'Âge de raison, Op.cit., p. 126.
Cf. SEEL, Gerhard, « La morale de Sartre. Une
reconstruction » [En ligne]. In Le Portique, 15 juin 2008.
http://leportioue.revues.org/737
[Référence du 27 /08/ 2015 à 12 :11 :43].
5 « L'homme universel ne saurait penser autre
chose que les valeurs universelles, il est affirmation pure et abstraite des
droits imprescriptibles de l'homme ». Voir SARTRE, Situations II,
Op.cit., p. 126.
6 Le droit objectif est l'ensemble des
règles au vu de son objet qui est d'organiser une vie sociale. Il s'agit
du droit systématique dont la philosophie change d'un pays historique
à un autre: civil, public, privé, subjectif, etc.
80
"Quenous devions obéir à toutes les lois,
qu'elles soient bonnes ou mauvaises, est une invention récente. (...)
Pour des êtres humains qui veulent mener une belle vie morale, une loi
doit être avant tout une loi juste. La politique moderne a fait de la loi
un fétiche simplement parce que c'est la loi." [..11
On est donc en plein concept de
Totalisation2 comme Questions de méthode,
concept sur lequel Sartre base et fonde sa sociologie, usant de la
raison dialectique (...) comme Simon Laflamme l'écritdans
Philosophiques.
En effet, outre les écrits de Simon Laflamme, Gerhard Seel
cite :
Comme Sartre l'a lui-même souligné, il convient
de distinguer trois phases dans le développement de sa philosophie
morale. La première est théorique, c'est celle de
L'Être et le Néant et des Cahiers pour une morale.
La seconde correspond à la Critique de la raison dialectique
et à Détermination et liberté. Quant
à la dernière, dont les grandes lignes sont parues dans les
conversations avec Michel Sicard et Benny Levy, elle fut initiée en 1975
sous le titre de travail "Pouvoir et liberté" [..13.
Cette morale, qui en est trois selon lui, essaie de
concevoir un humanisme authentique qui unifie le propre du néant humain
et sa disposition existentielle d'universalité. Ce que Sartre appellera
« Morale » ou morale idéaliste
comporte L'Être et le Néant, L'existentialisme est un
humanisme et les Cahiers pour une morale. Ce qu'il appellera
« réalisme » pour une
Détermination et Liberté comporte les conférences
qu'il avait préparées, réunies sous le titre de
Recherches pour une morale, et la Critique de la raison
dialectique. Et le Pouvoir et liberté, comportant les
entretiens avec Benny Lévy et l'entretien avec Michel Sicard qui restent
des sujets de débats, précédant sa mort pour certains, et
faisant de Sartre un croyant pour d'autres, affirme le réalisme
de l'espoir. Ce qu'il faut retenir c'est que cette morale part de la
question d'intériorité, va vers l'extériorité, et
aboutit dans l'historicité. Ces trois parcours sont cachetés par
la question de validité qui préoccupe également
Jürgen Habermas4, en ce qui concerne les nonnes
collectives et la liberté individuelle pour une
paixperpétuelle.
1 Aristote, La politique, Livre 3, Ch. XVI
n.b. ; ANATOLE, France, Le lys rouge (1894) ; et Ganesh Tendulkar,
Mohandas Karamchand Gandhi, pp.24, 66; cités dans
http://fr.iurispedia.org/Droit
2 CABESTAN, Philippe, Dictionnaire Sartre,
Ellipses, Paris, 2009 [en ligne].
http://www.editions-ellipses.fr
; et LAFLAMME, Simon, Op.cit., p.53.
a Gerhard Seel, Op.cit.
a Chez Habermas (l'éthique de la
discussion, universalisme déontologique ou cognitivisme, la
pragmatique-transcendantale du langage, philosophie morale, etc.) : il
s'agitd'une coexistence pacifique entre différences,
fondée sur l'égalité, la reconnaissance, et la
dialectique, toutes sociales, économiques, politiques, et
pratiques.
81
En attendant ce que rendront ces réflexions, il faut
quand même agir pour les construire : d'où l'on aboutit ici
à l'hypothèse de l'éducation pour une existence digne
d'exister.
III.III.3. Education et Existence
Au prix du droit versus moral, l'on manque d'humain : sur le
contingent décimal numérique qu'on peut trouver comme intellect
(il s'agit de cette connaissance synthétique) et ou technicien (il
s'agit de cette connaissance pratique), la majorité est
constituée soit d'inhumains, soit de surhommes ou de trop humains. Bref,
défaut caractéristique du temps et légitimité
universelle de l'espoir, « C'est [exactement] pour les enfants qu'il faut
faire de la politique »l.
Pierre Larrouturou raconte effectivement dans Urgence
sociale, (certes pour la France, mais qui pour nous n'est pas que pour la
France), que nous sommes comme une grenouille que l'on plonge dans une marmite
d'eau froide pour ensuite l'ébouillanter2. L'on nage
majestueusement dans l'environnement sombre et frais du «
Développement », encore serein à la monté
modérée de température, et faibles de réactions au
moment de cette volonté : alors l'on meurt petit à petit. Il n'y
a pas que Madagascar et France qui subissent de grandes difficultés
à l'effet d'une Mondialisation qui fait des États-Unis, contre
toute foi, l'État le plus endetté du monde. Et en effet, la
réification du monde dans l'argent, le sexe, le Droit, la technologie,
l'insécurité, la Politique,... n'est pas une chose soudaine en
réalité ; puisque la liberté est certes une puissance,
mais d'abord et avant tout, à l'insu du général,
elle est responsabilité.
Puisque seuls ceux ables à répondre avec
conséquence, et à agir convenablement, connaissent la
liberté : l'on propose spécifiquement l'éducation. Cette
« activité » vise chez Kant à discipliner, à
cultiver, à la prudence et à la civilisation, et à
moraliser l'homme ; chez Rousseau, à conduire l'homme dehors ou à
le transposer au-delà de sa situation antérieur ; ... L'on parle
ainsi donc de l'éducation3 comme humanisation.
On tend ici, dans la valeur plus que dans la connaissance ;
autrement dit, la conscience et la liberté dont parle
1 LARROUTUROU, Pierre, Urgence sociale,
Éditions Ramsay, Paris, 2006, p. 11.
2lbid., pp. 9-10.
3Cf. La philosophie de
l'éducation, PUF, « Que sais-je? », 2001 et
connexes chez Olivier Reboul ; Critique de la raison pratique
(1788) et Propos de Pédagogie -- Tome III,
Gallimard, Pléiade, 1803 chez E. Kant ;
Émile, ou De l'éducation, Garnier,
Flammarion, 1966 chez J.J. ROUSSEAU (Livre I, V) ;
Catéchisme positiviste (1852) chez A. Comte ;
L'Homme, Gallimard, Idées, 1940 chez J.
Rostand ; ... qui font des réflexions sur l'éducation.
82
l'existentialisme' est le visé principal de cette
éducation-ci, et la connaissance doit être laissée
à l'enseignement ou à l'éducation
systématique2 qui professe les signes positifs pour la raison
empirique. La religion y a la plus grande part de responsabilité, ce qui
n'est plus vraiment le cas, fondant ainsi l'athéisme sartrien pour
recréer la valeur du travail et de
l'engagementpersonnel.
En effet, la conscience en soi comme « instinct divin
»3, héritage socratique et platonicien, rejoint la
conscience existentielle comme « transphénomène
»4, héritage et patrimoine
phénoménologique, dans le Cogito cartésien : la
conscience est alors certitude et universalité de l'homme, condition
(telle qu'on l'a vu) ou norme d'une paix sociale. Cependant, cette
conscience reste à désirer, faute d'éducation qui n'aide
pas le monde, de façon effective, à seréaliser
avec autonomie. L'on ne parle pas de façonner ou de modeler la
conscience, comme la science positive et l'éducation systématique
l'ont fait tel que le voudrait un machiavel, mais plutôt de la
développer afin qu'elle puisse se reconnaître comme «
être », avec ses responsabilités et ses correspondances,
ainsi que la conséquentialité de ses réalités
(action et inaction). L'éducation doit donc consister à
conduire l'homme dans cet état de culte ou de saint rapport bel et bien
sain, que le nommé « Développement » a consumé
depuis des millénaires déjà.
Cela pour dire que le progrès technique n'a pas
seulement englouti la culture humaine, c'est-à-dire la
capacité humaine à transcender toute nature (même la
sienne) par sa conscience (voir, autodépassement ou conscience
transphénoménale) et non celle qui fait l'objet de
l'éthologie comme culture animale ou arts naturels et traditionnels. On
parle alors de « hommage » : homme ou conscience qui se
déclare conscience ou homme de quelque chose ; l'on parle de conscience
d'existence et de science d'exister. C'est cette capacité commune qui
réalise la Culture ou la morale sociale, condition minimale de la
réalité existentielle, susceptible de fonder la
société. Dans un ensemble, on parle alors de la raison pratique
ou de l'agir que Sartre appelle « praxis ». Le progrès
amplifie également bon nombre
1 L'on parle de la liberté dans la
conscience « pour autrui », comme humanité de l'homme : une
conscience transcendantale singulière dans le monde, plutôt que
celle absolue en soi.
2 DIEMER, Arnaud,« L'éducation
systématique, une réponse aux défis posés par le
développement durable »,Colloque 521 - Rapport aux savoirs,
éducation relative à l'environnement et au développement
durable, 80e du Congrès de l'Acfas, 9-11 mai 2012, Montréal,
Canada, Université Blaise Pascal, TRIANGLE, Lyon, CERDI,
Clermont-Ferrand.
http://www.oeconomia.net.
a BRUNOLD CH. et JACOB J., De Montaigne
à Louis de Broglie, (c) Librairie Classique Eugène Belin,
Paris, 1965, pp. 73-75.
4lbid., p.127. Il s'agit d'un
terme tout aussi sartrien que phénoménologique. [Cf. BERGER,
Gaston ; Traité pratique d'analyse du caractère, Coll.
Caractères, 15e éd., P.U.F, 2010.]
83
de crises (économique, politique, etc.) qui conduisent
l'homme à ressembler plus à sa créature (la machine et
l'abstrait), ainsi disait Voltaire, qu'à l'image de son Créateur.
L'on oeuvre donc sur cela une réflexion : «À chaque
régime (...) correspond un système éducatif qui reprend
les grands axes du projet (...) de société et de fait
d'éducation. »1 Partir de l'individu et aboutir
pacifiquement à la Nation : telle est l'aspiration de cette
éducation. C'est-à-dire qu'il faut pour une existence digne et
prospère, que la pensée, libre, soit pratique, et que l'agir,
libre, soit consciente. Or toute liberté est responsabilité.
1 PANASSIER, Catherine et
PUGIN, Valérie, « ÉDUCATION ET DÉMOCRATIE »,
SGEMGUE, [PDF].
http://www.millenaire.org./.../Microsoft
Word - CatP synt Educ et DUmo 4 mai
(2).doc. (Références du 15/05/2015, 21 :19
:28)]
84
Conclusion partielle
Brièvement, en l'absence de ma conscience qui est moi,
un objet qui est là n'existe pas. La phénoménologie expose
que l'objet existe seulement, une fois saisie par l'intention.
Mais tout comme « l'autre », cet objet est là,
hormis ma conscience ou avec mon indifférence. Aristote parle ainsi de
l'indifférence dans le monde, répondant
d'une part à notre problématique : c'est la source de tout
conflit, de toute erreur, de toute perte. Cette indifférence
résume ainsi ce qu'on appréhende dans le sujet, au terme
pragmatique de la situation actuelle du monde.
Néanmoins, les hypothèses
précédentes doivent être prises en compte et en
mémoire, puisqu'il faut pour philosopher admettre à la fois les
faits et les idées. En cela, le monde ne peut être réduit
aux écrits et aux systèmes, et ces éléments
même ne peuvent être permutés à ce que nous nous
sommes maintenus à exposer. C'est pour cette raison qu'on a choisit
d'exposer nos situations en trois grands points de discours : sur notre
situation économique, celle politique, et celle sociale qui se rapproche
le plus de la fin communément considérable. Les première
et deuxième parties préposées et soutenues sauront donc
préciser et non réduire notre situation actuelle dont comporte
cette partie elle-même, exposant l'homme, le monde, et les relations :
les possibilités, les dangers et saluts, ou tout simplement la logique
pratique.
Enfin, la paix semble désormais lointaine alors que la
subjectivité et la liberté subsistent. Cela signifie que la
réciprocité, et les relations ne correspondent plus à ce
qu'elles sont telles qu'elles furent dans la nature pacifiste de l'homme qui
n'existe qu'envers un « autre ». Et qu'aujourd'hui telles qu'elles
sont, elles sont aliénées, et demandent une prise de conscience
positive, libre, et constructive en tout domaine et en toute circonstance
existentielle. Effectivement, l'hypothèse initiale est désormais
confirmée.
85
CONCLUSION GENERALE
En quelques petits mots, admettons que la
Responsabilité, c'est le fait de répondre à l'homme et
à sa situation. Elle peut s'effectuer par une prise en soin de quelque
chose ou de quelqu'un ; par une conversation, par une tâche ou maintes
expressions d'un devoir amical. Mais cette responsabilité
nécessite toujours une conscience, une existence et une liberté.
En rejoignant l'Impératif kantien, tout en s'y opposant, la
responsabilité sartrienne est Responsabilité : dans le sens d'une
situation plutôt que d'un acte ; une chose
onto-phénoménologique plutôt que législative ; un
outil de construction plutôt qu'une mesure de remboursement. Il s'agit en
un mot, d'une responsabilité humaine, universelle, mais libre et qui
consiste à la survie de l'Homme et à la réalisation de
l'essence projetée : c'est-à-dire, la vie éternelle pour
les chrétiens, la mémoire du monde pour quelquespoliticiens,
écrivains,... la gloire et la célébrité pour
quelquesautres, etc.
Néanmoins, entreprendre cette responsabilité ne
sera pas aussi naturel que l'existence de la responsabilité
elle-même. La subjectivité est en effet, un passage difficile. La
subjectivité primitive étant révolue,
l'altérité comme individualité négative se trouve
en premier plan. Comment en effet répondre sans détruire lorsque
l'existence se base sur le conflit et le trouble ? Ensuite, lorsque la mort
menace chacun, l'intersubjectivité qui réadmet fmalement autrui,
atténue le conflit par des conventions égoïste
encore. Dans ces deux premiers cas, l'Homme n'est alors qu'un ensemble de
séries d'individus ; mais dans le cas second, la série peut
aboutir à une existence familiale qui rend possible la
réalité des relations intersubjectives. La société
en demeure un danger pour l'individu et l'individu l'est de même pour la
société puisque chacun persiste dans ses propres
intérêts, se moyennant d'autrui plus que de lui-même. Seul
dans le cadre de l'humanisme, où tout homme est égal à
tout autre homme, que cette responsabilité prend effet
véritablement et totalement. Considérer la liberté
d'autrui tel que l'on estime la sienne permet toute responsabilité
interpersonnelles, mais cette
1 Cf. Infra, Annexe #2 : « Sur
l'altérité comme responsabilité ».
86
considération ne peut se faire sans conscience. Cette
conscience est alors en même temps l'assurance d'une relation saine entre
les individus du monde, et également l'assurance d'une autre
responsabilité qui concerne les choses. Grâce à la
conscience, peu de chose pourrait ne pas correspondre dans l'acte, et cet acte
devient alors agir au moment où il produit convenablement les
conséquences et fins dont il s'était attribué à
atteindre.
Chez Sartre, l'homme est ce qu'il se fait en ce sens que
« Dieu n'existe pas » et que l'homme est là, sans nul autre
espoir que lui-même pour survivre. Cependant, survivre ne peut suffire
puisque l'homme est liberté et que son existence n'est pas celle d'un
être qui se résume à une objectivité sans
conscience. En cela, la responsabilité ne se défmit pas de
façon absolue, elle peut servir pour nousà des
réalisations anti-corruptives,à un développement humain,
à la ré-humanisation de l'homme, et à tendre vers
l'Existence, telle que l'histoire également l'a quelque fois
vécu. C'est la responsabilité qui nous permet ainsi de
répondre du monde, de correspondre à l'existences,
d'effectuer des actes libérateurs, et de reconnaître Dieu sans
aliénation afin de choisir d'être notre propre « enfer »
ou d'être notre « salut ». C'est général.
Par contre, selon Sartre, parler c'est agir. Puisque
"toute chose qu'on nomme n'est déjà plus tout à fait la
même..."2. Et l'homme non plus n'est plus innocent dès
lors qu'il se rencontre, il n'est plus tout à fait le même. Vu la
situation actuelle, l'on peut reconnaître cette réalité. La
dernière partie de notre étude a exposé
spécialement cette situation d'irresponsabilité
générale, au frais de nombreux dangers menaçant
l'humanité entière. De l'économie à la politique,
l'échange fut une réciprocité pacifiste et solidaire
jusqu'à ce que l'intelligence conçoive un
système(égoïste) pour générer une
réciprocité négative où tout devient soit un moyen,
soit un suspect. Cette altération naquit en effet, d'une
aliénation individuelle par la rareté, justement comme cette
rareté présentement omni-perçue sous quelque
forme et divers contenus. La paix originelle cède ainsi aux paniques
existentielles, qui vont faire appel à la Politique sans prévoir
l'accaparement de celle-ci par le Capitalisme qui n'est né que de la
méchanceté des hommes égoïstes et de la rareté
organisée, maintenue, et entretenue. Mais la Politique y peut-elle
quelque chose si l'homme ne s'était pas suffi et exploita la nature, la
détruit, et exploite à présent l'homme, afin «
survivre » ?
1 « existence » signifie « l'homme
».
2http:// evene. lefigaro. fr/ citation/
parler -agir- toute- chose- nomme- déià -tout- fait- meme- perdu-
innocen-6494 . ph p
87
De la Politique au stade social, l'homme en tant que tel est
d'abord, infmité de liberté, puis il rencontre le monde, la
rareté, ensuite l'exploitation de cette rareté, ce qui le conduit
à son « enfer », et enfm, contracte une coexistence qu'il
croit humain. Mais cette historicité ne présente aucune
socialité, ni avant, ni après, au-delà de la rencontre du
monde qui implique « l'échange positive »l. Elle
montre un homme inessentiel, sans destin, sans destination, et sans fin : et
donc, un homme qui n'a pas existé malgré le fait d'avoir
été, et d'être là, présent dans l'histoire.
Or, la société est également un besoin qui implique la
praxis. Reste à savoir comment ce besoin peut-il se nier. Le statut du
Social renvoie en fait aux suggestions sartriennes2. En
synthèse à notre étude sus-présentée, Sartre
à cet effet propose le Groupe3 comme une
réforme sociale. Ainsi, par le biais des chapitres Religion,
Culture, Éducation...qui ne sont que des contributions, nous
pouvons centrer la société existentielle sur l'éducation.
Ce dernier mot est certainement la possibilité de négation pour
ce besoin: il s'agit d'une admission, tout simplement.
En effet, nous pouvons explorer des idées telles que la
« Main invisible »4 d'Adam Smith réformé par
Keynes5 et les comparer au « Libre praxis » de Sartre : un
homme de plus qui s'enrichit n'est qu'un enrichissement de l'État, et un
homme libre de plus ne fait qu'essentialiser son institution ou sa
société à la limite des structures du Groupe
sartrien. Mais il convient de remarquer simplement que les
problèmes humains proviennent des conflits interhumains mêmes.
Ainsi, de façon générale, il faudrait désormais
établir plus de démocratie, moins de position systématique
pour l'éducation, moins de « progrès » pour le dit
« Développement ». Cela pourrait accorder du temps afin de
réfléchir pour une reconstruction.
D'où viennent les problèmes et innombrables
conflits sociaux et humains? Comment les soigner convenablement et que en
bénéficier? Déduisons que les problèmes du monde
sont de la méchanceté égoïste, intelligente, et
paranoïaque de l'homme « civilisé »(ou
développé, plutôt). Cette méchanceté
n'est alors qu'ignorance ou indifférence et irresponsabilité:
bref, une
1 SARTRE, C.R.D, Op.cit., p.241.
2Cf. Infra, Annexe #2, I.
3Cf. Infra, Annexe #2 : « Sur le Groupe
comme réalisation de la Responsabilité ».
4Cf. SMITH, Adam, RECHERCHES SUR LA
NATURE ET LES CAUSES DE LA RICHESSE DES NATIONS. Édition
électronique réalisée par Jean-Marie Tremblay, professeur
de sociologie au Cegep de Chicoutimi, à partir du livre d'Adam Smith
(1776). Traduction française de Germain Garnier, 1881, à partir
de l'édition revue par Adolphe Blanqui en 1843. [Disponible sur :
http://bibliotheque.ugac.uquebec.ca]
511 s'agit du Keynesianisme [Cf. KEYNES,
John M., Théorie générale de l'emploi, de
l'intérêt et de la monnaie, pp. 359-364. Édition
numérique réalisée à partir du livre de John
Maynard Keynes (1936). Traduit de l'Anglais
par Jean de Largentaye (1942). Éditions Payot, Paris,
1942, Disponible sur :
http://www.ugac.uquebec.ca/zone30/Classiques
des sciences sociales.]
88
stupidité intelligente. Il n'y a que la
responsabilité, par conséquent, pour y remédier. Mais nous
savons ce que cela est. Ce que l'on en bénéficiera
serait au moins un répit, et au plus un avenir: et ce, sur le plan de
l'existence toute entière (politique, économie,
société, morale, bien-être, et tout de ce qu'est une vie
simple, paisible, et suffisante). Or, ceci n'est pas tout simple.Le tout
renvoie alors à explorer les philosophies de l'éducation et
pédagogismes dont représentent Alain, Arendt, et Reboul contre
Condorcet, Durkheim,.... Il s'agit d'une éducation dont l'enseigne
serait Idée et Liberté ou métaphysique et
humanité, une éducation proprement « elle-même
». L'on parle donc de l'Éducation. Nous savons certes qu'accuser
n'est rien de plus que s'excuser, et qui cherche d'excuses ne peut être
qu'indigne, voire vicieux. Mais faute d'une mauvaise foi, l'on s'accuse et
s'excuse infmiment pour laisserThomas De Koninck constater ce qui est à
ses yeux une nouvelle ignorance dans son ouvrage qu'il a
précisément intitulé La nouvelle ignorance et le
problème de la culture.
Dans l'ordre d'une existence souhaitable en effet, l'ordre
logique impose la paix d'abord, puis la stabilité : l'économie,
l'infrastructure, le travail,... sont nécessairement postérieur
à la paix. Et puisque la responsabilité est la liberté,
alors l'éducation qui est à la fois responsabilité et
responsabilisation, est en ces sens, la Responsabilité elle-même.
La liberté est donc significativement la possibilité du «
tout » sans omettre rien de nécessaire. Cela signifie que
l'éducation se spécifie alors du contrat social : le contrat est
propre du système, et risque par cela même d'altérer et
d'aliéner riches et pauvres ; il est fragile et sacrificateur. Or,
l'éducation en tant que telle contribue par contre au
développement de la conscience, elle est propre de la liberté et
de la responsabilité, et c'est l'éducation qui rend alors
possible la construction. C'est la seule solution absolument optimiste face aux
incontournables phénomènes socio-anthropologiques qui ne
présentent qu'une menace. Combattre la rareté matérielle
n'est que l'affirmer : quitter l'être-exploité signifie
accéder à l'être-exploitant et l'abolition de
l'exploitation risque la mort de tous. Modifier ou garder la Politique, c'est
la renforcer (...) Or, construire la société, c'est construire et
se construire. C'est à cela que l'éducation est primordiale :
à la paix dans la multitude, à la liberté,...à la
construction, pour soi-même et pour l'avenir du règne (humain)
auquel on se rapporte. Cela nécessite que l'éducation soit celle
de la consciences, surclassée à l'enseignement et
à la formation.Alors bref, la Question est une science des bonnes
conditions.
1 Cf. Infra, Annexe #2: « Quelques
idées additives ».
SOURCES ET RÉFÉRENCES
90
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collection pensées, les éditions Nagel, Paris, 1946, 141
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précédé de Questions de méthode, Tome I -
Théorie des ensembles pratiques, Bibliothèque des
Idées, nrf, Éditions Gallimard, 1960, 756 pages.
II. Ouvrages de l'auteur :
3. SARTRE, Jean-
4. SARTRE, Jean-
5. SARTRE, Jean-
6. SARTRE, Jean-
7. SARTRE, Jean-
8. SARTRE, Jean-
9. SARTRE, Jean-
10. SARTRE, Jean-
11. SARTRE, Jean-
12. SARTRE, Jean-
13. SARTRE, Jean-
|
Paul, LaNausée, Éditions Gallimard, 1938,
242 pages.
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Paris, 1943, 675 pages.
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Gallimard, 1944, 298 pages.
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Paul, Situations III, Gallimard, Paris, 1947, 308
pages.
Paul, Un théâtre de situation,
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Paul, Situation X, « Élection, piège
à cons », Gallimard, Paris, 1997.
|
|
III. Commentaires et articles électroniques
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14. Délaissement dans l'Existentialisme est un
humanisme de Jean-Paul SARTRE. Disponible sur :
http://www.cmontmorency.qc.ca/-'fgiroux
[Référence du15 juin 2015, 12:25:24]
15. C. GÜNES, Demir, Sur la nature nécessaire
de la liberté chez Jean-Paul Sartre, Département de
Philosophie, Faculté des Lettres, Université Gazi, Turquie.
[Disponible sur :
http://revistadefilosofia.org,
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http://www.uqac.ca
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caractère, Coll. Caractères, 15e éd., P.U.F, 2010,
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http://evene.lefigaro.fr
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http://fr.jurispedia.org.
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http://fr.wikipedia.org
5.
http://fr.wikisource.org
6.
http://go-bible.fr
7.
http://icosi.org
8.
http://revistadefilosofia.org
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http://www.academia.edu
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http://www.cmontmorency.qc.ca
11.
http://www.concernedhistorians.org
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http://www.editions-ellipses.fr
13.
http://www.littre.org
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http://www.oeconomia.net
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http://www.rencontres-int-geneve.ch
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?requete=d5177 (19/07/2015, 20: 29: 08)
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http://papacitoyen.reves-connectes.com/archive/2012/07/05/abraham-lincoln-chasseur-de-vampire-tant-que-tous-les-hommes-ne-seront-pas-libres-nous-serons-tous-des-esclaves.html
(10/08/2015, 14 :38:10)
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http://www.devoir-de-philosophie.com/C'est
quoi le délaissement d'après Sartre ? (15/06/2015, 12 :18)
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http://www.forumdephilosophie.com/t2194-sartre-et-le-rapport-a-dieu#16913
(15/06/2015, 12 :23:05)
30.
http://www.marxau21.fr/index.php?option=com
content&view=article&id=136:j-simont-letre-de-classe-dans-luvre-de-sartre&catid=34:
sartre&Itemid=54 (15/08/2015, 11 :00:23)
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http://www.millenaire.org./.../Microsoft
Word - CatP synt Educ et DÛmo 4 mai [2].doc(15/05/2015, 21
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http://www.puf.com/Auteur:
Jean-Paul Sartre ; Dictionnaire d'éthique et de philosophie morale, tome
2, 46 éd., Paris, P.U.F, coll. « Quadrige/Dicos poche
», 2014/ Sartre, La Transcendance de l'Ego. (30/03/2015,
17:21:30).
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http://www.quickiwiki.com/fr/capitalisme.
(10/08/2015, 15:12:04.)
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https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Salaire&oldid=115608351(10/08/2015/
15 :12 :14)
97
ANNEXE 11
PRESENTATION DE ]NI PAUL SARTRE
Dans ces pages qui nous servent à la fois
d'abrégé et d'annexe, nous essayerons de réaliser un
partage et une invitation à discourir sur le grand thème de la
Responsabilité. Cela à travers un petit raccourci du
monde Sartre et de quelques temps environnants, toujours relatif au
concept de la responsabilité.
I. Parcours biographique)
Jean-Paul-Charles-Aymard-Léon-Eugène Sartre,
né à Paris de France le 21 juin 1905, est à la fois un
philosophe et aussi l'une des personnalités majeures de la vie
intellectuelle française de la seconde moitié du XXe
siècle et surtout une référence capitale de
l'Existentialisme athée.
Né à Paris, enfant bourgeois issu d'une famille
intellectuelle, il est reçu en 1924 à l'École Normale
Supérieure après de brillantes études et y
préparera son agrégation de philosophie. C'est à cette
époque qu'il rencontre l'écrivain Simone de Beauvoir, qui devient
sa compagne et collaboratrice. Ayant reçu influence de bon nombre de
penseurs tels que Descartes, Rousseau, Kant, Hegel, Fourier, Feuerbach,
Kierkegaard, Marx, Husserl, Jaspers, Heidegger, De Beauvoir, Merleau-Ponty,
Jean-Paul Sartre publie son premier roman, la Nausée,
en 1938, puis en 1939 un recueil de nouvelles, le Mur, qui le
rendirent célèbre.
Mobilisé en 1939, Jean-Paul Sartre est d'abord fait
prisonnier par les Allemands, et entre dans la «Résistance ».
Après un essai philosophique majeur, intitulé l'Être et
le Néant2(1943), il écrit deux pièces,
les Mouches (1943) et Huis clos (1944), qui lui permettent de
mettre en scène ses idées, notamment sur la
liberté individuelle, et de les faire comprendre au grand
public. A sa libération, Jean-Paul Sartre est un intellectuel
engagé. Il prend peu à peu ses distances avec les idées du
Parti communiste auxquelles il adhérait pendant la
guerre, et se prononce en faveur de l'indépendance de l'Algérie.
En 1964, il se voit décerner le prix Nobel de littérature pour
son récit autobiographique les Mots. Mais il le refuse,
estimant que « aucun homme ne mérite d'être
consacré de son vivant ».
1 Cf. Encarta Junior 2009.
2 Précédé de l'étude de
l'imagination, l'ouvrage qui est le premier grand ouvrage de Sartre parle de
la conscience comme fondement du néant et de la conscience
comme être-pour-autrui et liberté. Dans l'Être et
le Néant, Sartre définit le « pour-soi » humain
comme néantisation de l'« en-soi » réifié ; il
n'est donc pas un être, mais projet d'être, toujours en élan
vers ce qu'il n'est pas. Il est néant, et ce néant
néantisant le donné -- chose ou motif -- coïncide avec sa
liberté. Celle-ci est tellement absolue qu'elle provoque d'abord
l'angoisse, non le désir, et l'humain cherche plutôt à se
« faire chose » pour s'y dérober. Sartre prend à parti
tous les types de déterminismes, comme des exemples, dans le domaine
théorique, de la « mauvaise foi ».
98
Jean-Paul Sartre a consacré le temps de son vivant sur
l'existence de l'homme qu'il juge ne pas être
définissable par essence. Pour lui effectivement c'est en
avançant dans la vie, en existant, que l'homme pourra comprendre qui il
est et construire son identité. C'est ce que Sartre résume
dans la célèbre formule : «L'existence précède
l'essence ».
« Si l'Existentialisme est un humanisme est l'un
des ouvrages les plus célèbres de Sartre, c'est sans doute parce
que ce petit livre est d'un accès facile. L'importance de l'action et de
la « subjectivité humaine» est mise en avant face aux
philosophies essentialistes auxquelles Sartre reproche leur trop grande
abstraction. »1.
Cependant, la raison pour laquelle, nous avons choisi de
traiter notre question à travers Jean Paul Sartre n'est pas en fonction
de sa biographie, il faut le souligner. Nous fournissons ces informations pour
références scientifiques et idéologiques afin de mieux
comprendre les positions philosophiques de notre auteur : connaitre
l'idée et l'histoire d'un homme permet de mieux comprendre ce qu'il est
et ce qu'il n'est pas Enfin, ce qui nous intéresse n'est pas l'auteur,
comme une célébrité à chérir, mais
plutôt son objectivité philosophique dans ses ouvrages. Est-il
encore nécessaire de rappeler que nous aspirons à chercher et
à faire valoir ce qui peut être considéré, admis, et
proposé comme « vrai », « beau » et « bien
» ?
Nous profitons ainsi de ce moment pour exposer que notre
position vis-à-vis Jean Paul Sartre est notre position même envers
nos hypothèses sur la question de Responsabilité : une
inférence tout à fait objective, en vue des objectifs requis par
l'étude et fournis par les recherches et les hypothèses de
développement qu'on explique tout au long de ce travail.
H. Histoire, oeuvres et idées de l'homme Sartre2
Certes, Sartre est principalement connu dans l'Existentialisme
mais il n'en demeure pas moins de ses idées et de sa pensée qui
se résume par une citation clé : « l'existence
précède l'essence », c'est tout Sartre originel. Il
reconnait le Marxisme comme un antitotalitarisme qu'il soutient
également au vue de la liberté humaine.
Les succès de Jean Paul est celui d'un écrivain
plus qu'un philosophe occidental. Il a effectivement laissé beaucoup
d'ouvrages de différentes catégories après sa
mort3 :
· Romans et nouvelles :
'Encarta 2009, Encarta Junior.
2 Cf. Phénoménologie,
Existentialisme, Marxisme Mao-spontex.
Simone de Beauvoir, Maurice Merleau-Ponty, Raymond Aron,
Albert Camus. Les Temps modernes, La Cause du Peuple, Libération.
315 avril 1980 (à 74 ans).
La Nausée (1938), Le Mur (1939),
Les Chemins de la liberté (1945) : L'Âge de raison,
Le Sursis, La Mort dans l'âme.
· Théâtre :
Bariona, ou le Fils du tonnerre (1940), Les
Mouches (1943), Huis clos (1944), La Putain respectueuse
(1946), Morts sans sépulture (1946), Les Mains sales
(1948), Le Diable et le Bon Dieu (1951), Kean (1954),
Nekrassov
(1955), Les Séquestrés d'Altona
(1959), Les Troyennes (1965), L'Engrenage (1969).
· Autobiographie, mémoires, entretiens et
correspondance :
Les Mots (1964) ; Carnets de la drôle de
guerre - Septembre 1939-mars 1940 (1983-1995) ; Lettres au Castor et
à quelques autres, tome I et II (1983) ; L'Espoir maintenant,
les entretiens de 1980 (1980).
· Essais :
Situations I (1947), Situations II, (1948), Situations III
(1949), Situations IV (1964), Situations V (1964), Situations VI (1964),
Situations VII (1965), Situations VIII (1972), Situations IX (1972), Situations
X (1976).
· Essais politiques :
Réflexions sur la question juive (1946),
Entretiens sur la politique (1949), L'Affaire Henri Martin
(1953), On a raison de se révolter avec Pierre Victor et
Philippe Gavi (1974), Plaidoyer pour les intellectuels (1972).
· Critique littéraire :
La République du Silence (1944),
Baudelaire (1946), Qu'est-ce que la littérature ?
(1948), Saint Genet, comédien et martyr (1952),
L'Idiot de la famille (1971-1972) sur Flaubert, Un
théâtre de situations (1973),
Critiques littéraires.
· Ouvrages de critique littéraire posthumes :
Mallarmé, la lucidité et sa face d'ombre (1986).
· Philosophie :
L'Imagination (1936), La Transcendance de l'Ego
(1936), Esquisse d'une théorie des émotions (1938),
L'Imaginaire (1940), L'Être et le Néant «
essai d'ontologie phénoménologique » (1943),
L'existentialisme est un
humanisme (1945), Questions de méthode
(1957), Critique de la raison dialectique I: Théorie des
ensembles pratiques (1960).
· 99
Ouvrages philosophiques posthumes :
100
Cahiers pour une morale (1983), Critique de la
raison dialectique II : L'intelligibilité de l'histoire (1985),
Vérité et Existence (1989).
· Scénarios :
Les jeux sont faits (1947), L'Engrenage
(1948), Le Scénario Freud (1984), Typhus
(1943)1.
· Adaptations au cinéma :
1947 : Les jeux sont faits, de Jean Delannoy ; 1953 :
Les Orgueilleux, d'Yves Allégret ; 1962: Freud, passions
secrètes (Freud, the Secret Passion), de John Huston ; 1962 :
Les Séquestrés d'Altona (I Sequestrati di Altona), de
Vittorio De Sica.
· Chanson :
Dans la rue des Blancs-Manteaux avec la musique de
Joseph Kosma dont l'interprétation la plus célèbre est
celle de Juliette Gréco.
Comme le dit Gérard Noiriel3, « Sartre
est le seul intellectuel français qui ait été reconnu
à la fois comme philosophe, comme écrivain et comme acteur majeur
de la vie politique française ». Aussi, sont ici fournis ces
donnés pour de futurs nécessités possibles.
III. L'existence existentielle de Jean Paul
SARTRE
La satisfaction dans ce que l'on qualifie de « maigre
repas symbolique », tel que la morale épicurienne le prescrit (un
morceau de pain et un verre d'eau fraiche) est l'aspect du bonheur, non pas
encore le bonheur dans sa plénitude ; puisque le bonheur est
métaphysique, et le physique n'est que malheur en dehors de l'instant.
Le bonheur en effet, c'est l'absolution de l'homme dans son essence humaine...
: devenir soi-même n'est qu'un aspect, être soi-même est le
véritable bonheur ; puisque l'heur n'est en effet ni «bon» ni
«mal» qu'en soi, et le soi n'est lui-même soi que dans ce qui
est absolu.
Sartre n'était que trop fier de son jeune âge
intellectuel pour admettre l'idiotie du bonheur à la crainte des
opinions. En effet, l'on confond l'idiot4 avec le
stupides. Cette incurable erreur poussa alors l'Espérant dans
le goût du plaisir après avoir réfléchi à
l'amour et au bonheur.
En effet, l'on peut connaître trois Sartre pour avoir
une « existence existentielle » qui unifie ces trois personnes pour
un seul. Celui de 1905 à 1945 est un Sartre avant-guerre : un Sartre
libre, tellement libre6. Il s'agit de celui qui est
l'individu conscient de l'enfer, plus que tout autre objet conscientiel.
Ensuite vient celui de 1945 à 1980 qui est un Sartre après-guerre
: un Sartre libre,
1 Écrit durant l'occupation et
édité en 2007 par Gallimard.
2 Sartre a cependant, parait-il, exigé que son
nom ne figure pas au générique du film.
3Dire la
vérité au pouvoir. Les intellectuels en question,
Agone, collection « Éléments », 2010, p.
101 [en ligne [archive]].
4 C'est-à-dire « naïf », ou
celui qui agit contradictoirement aux règles et lois de la logique
comprise.
6 C'est-à-dire « inintelligent », ou
celui qui a peu d'intelligence et de sensibilité, ou atteint d'inertie
mentale.
6 Un pour-soi pur sans alter-ego, une conscience comme
potentialité [L'Être et le Néant,
Phénoménologie de la conscience].
101
tellement responsable'. Il s'agit de celui qui est
un individu conscient du monde (de l'autre ou d'Autrui), plus que tout
autre objet conscientiel. Et enfin, celui qui est mourant : un Sartre libre,
tellement espérant. Il s'agit de l'individu conscient de Dieu. Et en ces
trois Sartre, il n'y a pas de contradiction : il n'y a qu'une évolution
existentielle à trois ports dont peu de ses proches purent admettre ou
accepter.Celui de la réalité qui dit
avec arrogance que Dieu n'existe pas (n'est pas là) et que le « moi
» (l'Ego) précède ; celui de la
vérité qui reconnait après les
horreurs de la liberté (durant la guerre) que le Moi c'est le monde (ou
l'Homme) et que le monde c'est l'existence (début de l'altruisme et de
la morale sartrienne dans les cahiers pour une morale) ; et celui de
l'Existence qui confesse une espérance en Dieu avant que son
être-là ne s'achève...est le même Sartre.Il
s'agit d'un parcours, pour une existence assez « essentielle » dans
l'Être néant (qui n'est pas là). Voire, dans Situations
I (Gallimard), intitulé Critiques littéraires
(Poche), dans « la liberté cartésienne »,
écartée de l'édition de 2010 (Arlette Elkaim-Sartre,
Gallimard) : Sartre soutient contre Descartes que la liberté
cartésienne est négative puisque l'homme n'est libre que pour le
mal, pour se tromper : il soutient avec lui que « Dieu est le seul
être à être véritablement libre »2 ;
et conclut que cette liberté divine et infinie est positive pour
être humaine. La liberté n'est donc pas humaine sans être
divine. Cela confirme plus un humanisme qu'un athéisme ; voire
même que c'est une « onto-théologie ».
En cela, force est de reconnaître dans cette
expérience une particularité plus particularisante, une
originalité au-delà de la spécificité philosophique
et intellectuelle. C'est cette particularité qui a fait la
véritable propriété de la philosophie sartrienne, bien
au-delà de toute caractéristique ordinaire de l'existence
individuelle.
Par ailleurs, si Platon a parlé d'un monde idéal
et d'un monde sensible, Thomas d'Aquin et Saint Augustin postulent que Dieu
n'est pas sensible mais idéal et spirituel, Descartes prouve
ontologiquement que Dieu existe ; Sartre, lui, constate que l'homme vise trop
haut en ne regardant que dans l'abstrait, et que par conséquent celui-ci
devrait exister. Chacun de ses penseurs a sa « raison », et ce
d'étape à étape, de situations en situations. Mais si
Sartre est l'un des derniers voyants par désignation, il se veut l'homme
égo-socialiste : comment l'homme ontologique répondrait-il
à son être, avec une socialité qui vise son « ego
» ? Il est là une question à laquelle chacun devrait
individuellement répondre.
L'on peut constater avec Sartre, pour sa religiosité et
son athéisme, que l'homme gaspille son temps à se construire sur
des symboles développés, des symboles qui n'ont aucun sens
(physique) véritable, aucune signification (métaphysique)
préalable,... le sens étant un sens et non un égoïste
malin plaisir intuitif Celui qui dit que Si Dieu n'existait pas, le monde
sombrera dans le chaos, et qui postule que Dieu n'existe pas, mais confirme
à la suite l'existence du monde qui est là : ce ne peut pas
être un athée, c'est un errant philosophe existentiel qui cherche
l'existence dans ce qui est dépourvu d'existence en étant ce qui
existe. Il s'agit d'un Diogène renaissant, à la recherche d'un
homme, muni d'une torche à la lumière du jour, conscient d'un
monde sombre, terne et sans homme, conscient pourtant d'être un homme.
1 Un ego pour-autrui et pour-soi (un
être-pour-tous), conscient de l'alter-ego, se choisissant comme «
être ».
2 Cf. http///
fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Situations_I&oldid=125925068.
102
Bref, Sartre n'est pas un «religieux»', c'est un
croyant qui sût si tôt s'égarer dans son courant mais qui
sût tantôt revenir à l'« espoir »2, en
passant par des vérités pratiques, acquisitives de la «
connaissance de cause » : c'est une image de « l'homme »,
malgré et conséquence du tout.
1 Sartre dit dans les Cahiers pour une morale
(Gallimard, Paris, 1983) que la Religion est la résignation
à perdre sa liberté, face aux héros et au tout-puissant,
au vue des idéologies du destin et de la morale, faisant de la foi une
mauvaise foi (pp.154-155).
2 Cf. Sartre, Benny Lévy, L'espoir
maintenant, Les entretiens de 1980, Philosophie, avril 1991, Nouvelle
édition 2007.
103
RÉTROSPECTIVE POURRE/SOLUTION.
Vu les faits historiques, vu les faits actuels, vu les
théories philosophiques déjà connues, notre essai
n'aboutit donc jusqu'ici qu'à des critiques affirmations. Que la
responsabilité ne soit pas un mot nouveau, cela signifie que son
problème ne l'est pas non plus.
En fait, le problème concerne approximativement tous
les problèmes lorsqu'il s'agit de celui de la Responsabilité :
cette responsabilité-là semble bien pouvoir résoudre
pratiquement tous les problèmes qui se présentent à
l'homme.Et de même, que l'homme fut pacifique envers tout et tous dans
son alentour signifie qu'il était donc libre : cela implique que le
changement dont le monde connaît ne correspond pas à cette
harmonie originelle et que ce n'est donc que littéralement
corruptiondu monde vers sa grande destruction. L'homme est corrompu, son
environnement l'est également : c'est un constat critique. Mais lorsque
ce constat se fonde sur une hypothèse antérieure dont
l'ignorancehumaine puisse s'agir pendant un fond, la
question ne peut se dissoudre sur ce simple constat analytique.
I. Les suggestions sartriennes
I.1. Sur l'altérité comme
responsabilité.
De son époque, Sartre a voulu dépasser la
démocratie moderne parce qu'il l'a vécu ; mais nous ne pouvons
encore la dépasser, puisqu'elle n'est pas encore effectivement influente
malgré nos cinquante années d'installation. Néanmoins,
nous nous référons à cette suggestion, en vue de la
socialité tout à fait actuelle dont Sartre se souciait
déjà de son temps, un cas à nous et non pas à
Sartre ; d'où l'effet du mot « suggestion» ci-proposé,
puisqu'on sait que la démocratie s'excède et
s'abrège du peuple à l'État ou vis-vers-cela.
D'abord dans l'Être et le Néant, Sartre
explique que l'homme individuel, conçu comme un être absolument
libre, ne peut réussir à être libre puisque le pour-soi
nécessite toujours son honneur que lui-même ne pourrait aucunement
s'attribuer. Ensuite il continue dans ses Cahiers
qu'être libre, c'est être libre avec la communauté,
puisque la finitude comme infinité demande une morale.
C'est-à-dire que l'individu qui est fini est ontologiquement infini en
fait : c'est un « être ». Et il finit dans la Critique de
la raison dialectique par rencontrer une contradiction belliqueuse entre
l'individu et la société, renforcée par les lois et les
formes systématiques de « communauté ».
En cela, l'homme est d'abord et non a priori un
pour-soi : une liberté infinie qui se suffit à son être et
qui est donc fini. Sartre expose ce phénomène dans
l'Être et le Néant, laissant apparaître une
autoliberté infinie comme contingence totale. Mais aussi, la conscience
humaine perçoit inévitablement l'honneur qui conduit au devoir
pour aboutir à la morale. Cela signifie que la finitude de l'homme
constitue son existence, mais que l'existence est par conséquent le
monde, une possibilité de l'honneur. C'est à ce moment que
naît la quête d'une liberté essentielle, une liberté
au dépend du monde, une liberté morale. Ainsi, l'Être
et le Néant expose l'homme en trois termes principaux : la
liberté, la contingence, et la responsabilité (ou la
correspondance). Son existence est dans le monde, mais son essence est totale
et infinie : c'est la naissance de la responsabilité comme existence,
comme réalisation, comme une morale existentielle. Il s'agit alors d'un
appel au Pour-soi pour l'accomplissement de son être (sans
conditionnement systématique du bien et du mal), ou encore alors
104
un écartement de la mauvaise foi' ou du
masochisme : l'on parle souvent d'un salut individuel ou d'un projet
existentiel que le monde se chargera de déséquilibrer et
d'inhiber même.
En effet, les Cahiers nous laisse comprendre que la
responsabilité est le projet existentiel : à la fois une passion
humaine, une impossibilité du monde, le salut individuel, un
salut impossible dans le monde. Pourtant, le projet existentiel est un salut
universel, et donc une possibilité du salut individuel dans le monde :
une altérité sans aliénation qui abolit la dialectique
maso-sadisme ou sadomasochisme2. La responsabilité a donc
pour ainsi dire une historicité sociale et positive. De la
conquête de liberté naîtra la querelle de la
subjectivité qui contraindra la liberté existante à
reconnaître autrui pour demeurer. Ce phénomène concerne la
réalisation du pour-soi qui n'est qu'un être manquant se
complétant de son extérieur. On parle donc de la
responsabilisation du monde contre la fragilité de l'autre et même
monde. Cela signifie une conscientisation générale contre
l'inertie de l'homme dans un monde inerte. Il s'agit de la quête de la
liberté, une personnalisation qu'il ne faut pas confondre avec la
personnification, ni encore avec le personnalisme. Cette liberté est
alors une seconde mais la primordiale liberté bénéfique :
c'est-à-dire une liberté comme égalité
existentielle, entre humains. Le projet existentiel doit être alors pour
sa réussite, un projet comme structure originel de l'amour
authentique3. En d'autres termes, cette liberté est une
conversion de l'individu (l'être) au social (à l'humain ou
à l'Être) : c'est l'impératif On peut ainsi constater la
«reconnaissance» comme une révélation de l'Être,
une plénitude engagée, une paix, une joie,...le salut dans
l'être-là tout simplement, la possibilité de l'impossible
dans le monde.
En effet, au terme de la joie, du bonheur, de la
sécurité, de la paix,..., il ne s'agit plus que d'une
reconstruction pour Sartre. Mais pour nous donc, il n'est encore que d'une
construction contre la pauvreté, l'insécurité, ou tout
autre objectif préalable qui contribue désormais à la
survie de l'espèce humaine toute entière.
I.2. Sur le Groupe comme réalisation de la
Responsabilité. 1.2.1. Le Groupe et la société
actuelle :
La société actuelle est fondée sur
l'aliénation et le capitalisme social (tout est privé, même
la République) : toute praxis est inerte. Ceci n'est qu'un simple fait
du vécu, beaucoup plus que ce que Sartre écrit dans son marxisme
anthropologique.
Le Groupe est une société de
liberté, de respect, et de dignité ontologique. Au-delà de
la théorie, le Groupe est une déduction historique de la
dialectique sociale et humaine : il s'agit une communauté qui se fonde
sur l'unité, un ensemble, au-delà du commun des besoin et des
praxis individuelles, dans une intégration interne4 ou dans
une « communauté » qui fait du nombre une force, et non une
menace sociale : même projet, des fins communes, même
conquête, même praxis,...de la liberté de tous (et de la
communauté à l'humanité). Le Groupe est alors
l'émancipation de la « sérialité » sociale.
La multiplicité dans l'unité, et l'unité
dans la multiplicité,...telle est la libertés : une
objectivité de la praxis individuelle dans la praxis commune,
nécessitant une structure unitaire et égalitaire, visant
1 Cf. Cahiers pour une morale, Gallimard,
Paris, 1983, p. 490.
2/bid., p. 420.
3/bid., p.487, p. 524.
4 Cf. C.R.D, Gallimard,
1960, p. 384.
slbid., p.420.
105
donc une action individuellement libre « commune à
d'autres » et à tous. Mais pour qu'il y ait, objectivité ;
il faut qu'il y ait eu objet.
1.2.2. L'objet est la « reforme »
:
En un mot, l'objet du Groupe est la « réforme
». Cette réforme consiste d'abord à l'éradication des
maux sociaux (la sérialité et la réification humaines sur
leur relation et sur leur nature même...) ; ensuite à la «
metanoïa » ou à la conversion totale (il s'agit d'un
retour à la nature originel, à la praxis libre). Cela afm que
tout individu, sans altérer son prochain, soit titulaire de ses actions
selon ses propres fins dans une action d'un « Groupe-en-fusion
»l, vers un objectif commun qui sera le construit (ensemble).
Mais la résolution n'est pas systématique2 ; si bien
qu'elle attaque le système capitaliste, après avoir
expérimenté la socio-économique marxienne, comme
apogée de la réforme et ultime condition de sa restauration vers
une réciprocité « positive ». La liberté
réduite à une liberté économique n'est pas un
phénomène nouveau effectivement, c'est la prise de conscience qui
semble être nouvelle bien que partielle encore, enfuie sous la
mauvaise foi (fausse conscience, fausse religion, fausse culte, fausse
identité, faux projets, fausses résignations, faux espoirs,
etc.). Le véritable but est donc une socialisation de la
société : la restauration de la solidarité au coeur de la
société, seul pouvoir contre la solitude, contre l'avarice, et
contre l'égoïsme comme inhumanités communautaires, la
possibilité du vivre ensemble ou de la communauté sans
sélection de sacrifices humaines. La société choisit en
effet ses morts et ses patrons, la communauté ne pourrait le faire sans
se choisir elle-même immédiatement sa mort aussi. Il s'agit d'un
vivre ensemble pour une organisation naturelle, sans prostitution3,
et qui consiste à une réintériorisation de l'homme. Et
donc, qui consiste à la réintégration de celui qui se
maîtrise (de l'extérieur à l'intérieur, et
inversement) par ses ouvrages intellectuels et technologiques, au rang du
« non-machine » ou de l'être originel4 ; une
éradication du pratico-inerte.
Le pratico-inerte n'est en fait qu'une praxis qui se produit
elle-même, privant tout homme de sa liberté, de son projet, et de
sa fin en les déterminant des modes de production et de salaires, et
produisant ainsi la sérialité de l'homme. C'est-à-dire,
cette identité pratico-inerte des gens, rassemblé par leur
ouvrage, sans conscience d'auteur mais exécuteurs et acteurs quand
même de son inertie, tel un soldat condamné, par l'inertie des
choses qui n'ont ni conscience ni volonté (spectacle, internet, les
rues, et tous les cas où les gens se rassemble mais ne se rencontrent
même plus, aliénés par la rareté qui les rassemble
intensément). Cette praxis est donc un rassemblement sans unité
des hommes, orchestré par la rareté et orchestrant la solitude de
ces hommes (dans une simple multiplicité arithmétique) comme
unité extérieur de infini « autre à autres
», à fmalité d'exigence (ou de « contre-homme »),
et comme unité violente et passive. Ce phénomène est alors
à l'origine de la pauvreté, faute de manque productrice en ce que
la production est une exploitation naturelle. Il est à l'origine de
phénomènes sociopolitiques négatifs tels que
l'insécurité, l'homosexualité et genres,
l'anarchie5,...en cela que cette unité est par nature une
claustrophobie (une angoisse au vu de sa situation et de sa position qui
comporte certaines fermetés et certaines conditions). A l'origine
également de l'aliénation de soi pour l'autre ou bien du non
existence dans l'existence...en cela que cette solitude affecte la
1 II s'agit d'un groupement d'individu soulevé
par un danger qui leur est commun et qui les réunit activement.
2 Lénine comme Staline, Communisme et
Socialisme ont déjà essayé, avec une victoire totale mais
éphémère, d'appliquer ce concept. Ils n'ont accéder
qu'au part systématique en oubliant les valeurs du
metanoïa.
3 Sexué ou asexuée, il s'agit d'une
« praxis » sans fin pour soi mais perpétuellement pour autrui,
et est donc un acte sans projet, une action aliénante et fragilisante,
une « anti-praxis », une « action sans auteur », une «
praxis fantôme ».
4 Cf. C.R.D, Sur le besoin, l'activité,
et la déviation matérielle et totale de la praxis par «
l'exigence » de la technologie, pp.243-253.
5 A vrai dire, dès que l'État ne
parvient pas à assurer la liberté de son peuple, une anarchie
négative advient dans la Communauté ; mais dès que
l'État ne serait plus là, c'est la Communauté qui se
dissout dans l'anarchie naturelle et absolue. C'est-à-dire que dans les
deux cas, l'anarchie est l'assurance d'un désastre.
106
rubrique santé et développement avant tout autre
organisme. Et à l'origine de bon nombre de maux destructeurs,
fmalement.
Bref, la sérialité est une série
d'individus mystifiés par la rareté organisée et la
solitude : un groupe d'hommes sans conscience de sa réalité, une
masse sur lequel le patron s'appuie pour atteindre sa fm selon son projet
d'être, un « ensemble de matériel inerte ».
1.2.3. Une autre philosophie de conversion sociale
:
A la différence de diverses philosophies de conversion
sociale, Sartre a misé sur la protection de la paix : ces enjeux de
troubles sont les moteurs du Groupe existentiel, ils sont les « bios
» même de ceci.
Ce groupe est une étape métamorphique de la
collectivité qui naquit de la contingence de la sérialité
ou des critères unitaires de rassemblement : il s'agit certes
d'un scandale inattendu, éveillant ainsi une réaction (une
conscience) commune et totalitaire, conduisant la série vers une action
commune (un signe de mécontentement, généralement). Cette
« action » est donc une possibilité de la praxis commune, un
regroupement naturel et non pas intellectuel ou systématique ou
sériel. Ce phénomène est le fruit du danger commun, un
évènement mobilisateur du Groupe en formation, une profonde
pauvreté, une catastrophe naturelle, une crise matérielle
quelconque, ou autres dangers de mort menaçant les individus
communément ou « organiquement ».
Ce ne sera pas économe et tempérant mais les
plaintes vont quand même disparaitre et la démolition se
développera, voire même qu'elle s'intensifie instantanément
sans connaître une formation ; et anéantira alors toute forme de
menace sans procession, tendant vers un construit qui se fonde sur
l'annihilation des dangers communs. Puisque « le Groupe se constitue
à partir d'un besoin ou d'un danger commun et se définit par
l'objectif qui détermine sa praxis commune »l. Ce qui
est le cas abordant de Madagascar : « entre colère et espoir
»2, comme Aubussargues intitule ses
Chroniques de catastrophes annoncées (2007-2009) du 15
août 2009. Mais cela comme on vient de le dire, ne peut aller de soi.
Puisque rien que dans les cas de grèves ou de révolutions, la
réaction de l'« unité d'impuissance » devenu «
force massive, en pesanteur du nombre » est une «
contre-violence » sur la «praxis extérieur» qui va
également contrer par violence malgré tout retournement, et toute
impossibilité de vaincre sauf sureffectif démographique de la
faction militaire. Madagascar a vécu ce phénomène plus
d'une fois, mais si le regroupement s'achève toujours inachevé
jusque là, si le Groupe ne se fonde pas et ne se dissout pas, c'est que
la responsabilité correspondante n'a pas été
assumé. Il faut alors pour cela une conscience bien consciente pour son
aboutissement : une conscience générale qui totalise les
consciences. Mais quels genres d'étapes faut-il pour assumer le Groupe,
afin de maintenir la formation pour enfm avancer ?
1.2.4. La restructuration :
Tout d'abord, la restructuration est mise en avant :
un renouveau du principe d'unité sans structure de souveraineté
doit être établi. A cette restructuration s'ajoute un concept : le
« Tiers », un processus de mis en place des principes (une
contre-sérialité, une narco-rareté, un humanisme, etc.),
sans rubrique (que ce soit politique, économique, religieux, etc.). Il
s'agit d'une manifestation de la praxis libre de l'individu dans la praxis
commune d'où elle naquit, de la recherche et de la mise en place de
l'unité des individus membres du Groupe par des abolitions de
l'altérité qui se fonde sur un
1C.R.D, p.454.
2 Aubussargues, ENTRE COLERE ET ESPOIRS :
Chroniques de catastrophes annoncées (2007-2009).
107
lien contre-individualité, une relation interhumaine.
On peut aussi parler de la relation trois, trois étant l'ombre du
Groupe, son objectif : un Tiers contre-tiers comme possibilité du
Non-Être-Autre', «la propriété du Groupe et de
chacun» étant l'objectif commun, ou déterminée par
une extériorité totalisante qui comprend ma fin avec celle du
Groupe et nos praxis. En un mot, le Tiers est une souveraineté de la
liberté de tous et en uns, étant le régulateur entre le
commun et l'individuel en organisant la Praxis.
Mais cependant, le tiers ne peut se faire être sans
risque, d'où la fonction du « serment » : une balise contre le
retour à la sérialité, un contre-Apocalypse. L'Apocalypse
sartrien est, notons, le retour à la sérialité dès
lors l'absence de pressions matérielles ou dès lors une manque
d'objectifs. Le serment est alors une fidélité aux
membres, puisque la trahison est un danger, et aussi une conscience de la
passivité qu'il faudrait également inspecter. C'est alors un
dévoilement libre des conduites futures, suivies des objectifs comme
quoi, chaque liberté passe devant tous pour jurer sa
fidélité au Groupe et à l'unité : c'est un contrat
social qui ne prive pas les membres de leur liberté pour renvoyer
celle-ci à un Autre. C'est un engagement concret, un engagement absolu
(libre mais entier), la liberté se faisant «praxis commune pour
fonder la permanence du Groupe en produisant par elle-même et dans la
réciprocité méditée par sa propre inertie »,
un engagement fraternel, une communion « messianique », une
création de l'homme par l'homme.2
1.2.5. Le serment :
Le fait est que ce serment est une double violence : d'abord
la fraternité, et ensuite la « Terreur ». Ce sont deux
violences contradictoires de valeur. La première comme fait de jurer
l'avenir sur une même cause, et l'autre comme contre-violence
adressée au non conscient3entraînent le droit de tous,
en étant chacun membre du Groupe, sur chaque particulier comme un membre
de la communauté constituant le Groupe, et rapporte par là un
droit fraternel sur la praxis commune.
Ainsi, la transgression du serment donné est sous une
sentence prononcée et consentie par chacun des membres, et
exercée par le Groupe auquel on a juré fidélité par
une appartenance libre, et soumis notre propre liquidation (une exclusion libre
qui assure le retour, soit à la solitude, soit à la
sérialité, etc.). Il s'agit alors d'une évolution nouvelle
après la fragilité et la fraternité du Groupe. Il y a
d'abord ainsi, donc, un groupe en fusion, puis un Groupe assermenté ou
intériorisé qui doit être organisé pour s'assurer de
son évolution.
Le Groupe doit accéder à la distribution des
tâches platonicienne, sauf que cette distribution-ci sera cette fois
libre, réelle, et existentielle,4aboutissant à des
sous-groupe de praxis commune, menés vers le but par des meneurs par
aptitude et non pas par supériorité qui représentent les
Tiers. Chacun mène librement l'ensemble de ses activités de
construction, tout en réalisant l'objectif commun dans sa propre
réalisation (dans sa propre liberté, par sa propre
capacité particulière, avec son propre être de
conquérir son essence,...), afm de faire exister le Groupe
au-delà de la permanence qui dépassa la fusion. Bref, afin de
perpétuer l'action, l'existence, et la praxis (l'ensemble des
activités propres à son ouvrier, et qui tend ou renvoie vers
l'essence de son auteur). Cela demande évidemment une continuité
d'objectif, animateur et moteur du Groupe ; puis d'un tiers régulateur,
d'un organisme, d'une organisation continuelle... : ou en un mot une
dialectique « un-multiple », et donc une dialectique
assermentée, admise et correctement respectée.
1 Cf. C.R.D, p.398.
2 Cf. Hendrikus Rodrelio LAIALO, Th : Le Groupe :
pour un renouveau social, d'après Jean-Paul Sartre, pp.54-56.
3 Cf. C.R.D., pp. 450-455.
4/bid., pp.460-461.
108
Par là même, le pouvoir et l'autorité du
Groupe sont au service du Groupe et non pas des chefs ou des patrons. Ils sont
au même rang que chaque « individu-commun » : responsables et
égalitaires', et non pas particulièrement plus souverains que le
Groupe-même. Seule en fonction de la praxis commune et l'objectif commun,
l'hiérarchie ou la bureaucratie font effet, sous la souveraineté
des membres du Groupe que «l'idéalisme
épistémologique a nommée l'accord des esprits entre
eux »2. Cette situation fait du Chef un extérieur
objecteur-objectant-réifiable du Groupe, de la relation une
réciprocité positive, et de la conscience une unité :
c'est l'organisation d'une société existentielle.
1.2.6. L'inhumanité de l'homme est de sa
solitude :
Enfin, l'inhumanité de l'homme naît toujours de
la solitude existentielle : de l'être-là tout court, puisque la
rareté n'est plus que « organisée » lorsqu'elle est
ontologiquement organisatrice par contre. La rareté primitive ou
originelle organise en effet une solidarité des hommes dans la Nature,
face au danger du besoin qui ne laisse aucune abondance au vu de la dialectique
passé-futur.
D'où l'on reproche à la Science son
avancé socio-technologique, produisant des « être-là
» qui formeront la sérialité des hommes. A l'exemple de
l'internet, facebook fut en l'an 2000 le troisième pays du
monde, au taux de meurtres le plus faible, parlant 75 langues, estimant sans
les détails 1.547.202.240 activités effectuées par jour.
Ce grand épuisement ne cesse de croître et internet est
désormais un nouveau monde d'insécurité pour le monde
entier : tous n'y est personne, et tout acte y est imprévisible, etc.
D'où l'on reproche à l'Économie son développement,
conduisant à la rareté. A l'exemple de la Monnaie qui sert
d'outil ; un outil par lequel « un individu » pourrait s'approprier
la matérialité entière du monde et devenir par là
un Dieu de la Nature et de l'homme par conséquent. D'où l'on
reproche au Système son instauration, déterminant ainsi une
souveraineté barbare au-dessus des souverains. A l'exemple des
systèmes raciaux et coloniaux qui déterminent le commandement
d'un étranger sur une population déterminée
inférieure ou faible, et sur leurs « propriétés
» ou biens, malgré leur supériorité en dignité
et en mérite et leur force.
Et tant d'autres barbaries ignorante, maligne et inhumaine
foulent encore le monde. Des barbaries dont les évolutions de la morale
sartrienne prennent en cible, une morale qui aboutit au projet du Groupe,
structuré par la liberté, le serment, et la praxis pour une
égalité interhumaine. Un Groupe qui assure l'unité, la
liberté, et l'humanité du tous-en-un fraternel que la Terreur
d'être refoulé garde ; et qui dépasse alors toute forme de
carence démocratique qui caractérise les relations actuelles.
'Op.cit., p.521.
2 Hendrikus Rodrelio LAIALO, Th : Le Groupe : pour
un renouveau social, d'après Jean-Paul Sartre, p.59 ; Cf.
C.R.D, p.623.
109
II. Quelques idées additives
Après les quelques réflexions qu'on a
réalisé, nous proposons ici des sujets de réflexions
additives. C'est-à-dire que nos idées précédentes
ont certainement besoin d'autres points de vue pour compléter ou
suppléer nos acquis sartriens. Telle est la raison d'être de ce
prolongement seconde, en renfort à la dialectique existentielle
(Passé-Présent-Futur et
Intérieur-Extérieur),puisque seule la Dialectique permet
l'existence d'une praxis humaine, et que l'histoire est l'ensemble
dialectique des praxis comme totalité à considérer.
Totalité signifie en effet l'ensemble du tout, totalisé par un
totalisateur : et ici, c'est l'humanité pratique qui est la
totalité dont on cherche à totaliser. Voilà pourquoi, se
résigner au monde Sartre sans contribution ne peut donc suffire pour
avancer les problèmes humains et les résolutions possibles.
Certaines idées ont été sautées par Sartre
lui-même, d'autres ont besoin d'être approfondies, certaines autres
ont besoin d'être simplifiées, etc.
II.1. Épicurisme et responsabilité
Ces quelques idées ont été tirées
du livre Lettres et maximes d'Épicure' pour renforcer quelques
thèses soutenus dans les rédactions et qui exposent des faits,
mais qui vont se renforcer ici encore par des principes.
Sur l'altruisme, on peut soutenir : à travers la maxime
VII, la valeur de l'action et la grandeur du travail ; à travers la
maxime XIV, l'altruisme et la responsabilité par la résignation
pour éviter de se moyenner des autres hommes ; à travers la
maxime XVI, l'altruisme et le matérialisme comme sagesse essentielle
à la raison déstitutive de la fortune ; et à travers la
maxime XVII, l'altruisme et la justice au prix de la tranquillité.
Sur le bonheur, on peut soutenir : à travers une part
de la maxime I, que le bonheur n'existe pas là ; à travers une
part de la maxime IV, que la joie et la douleur coexistent autant que la paix
et le tourment ; à travers une part de la maxime V, la prudence,
l'honnêteté, et la justice comme conditions de paix ; et à
travers la maxime XII, l'immortalité et la intemporalité du
bonheur.
Sur le jugement, on peut soutenir : à travers la maxime
XXVII, que le corps et l'être ne se destitue pas pour se conserver ;
à travers la maxime XXIV, que la morale est l'assurance de bons
jugements ; et à travers une part de la maxime XXVIII, que la conduite
autant que les discours sont naturellement soi-même et doivent donc
correspondre à la seule fin naturelle.
Sur la nécessité, on peut soutenir : à
travers la maxime XXXI, que la valeur de la nécessité est le
bénéfice et non le dommage ; à travers la maxime XXXII,
que l'amitié est la suprême nécessité ; et la
réciprocité comme naturalité à travers la maxime
XXXIV.
Sur le droit, on peut soutenir : à travers la maxime
XXXV, la convention de ne pas se nuire comme humanité et fondement du
droit ; et à travers la maxime XXXVI, que le droit est
l'aliénation de l'individu par les traités.
Sur la justice, on peut soutenir : à travers la maxime
XL, que la justice est le fondement de la société qui est la
réciprocité ; et à travers la maxime XLI, la
corruptibilité de la loi sociale.
1 Épicure, Lettres et maximes,
traduction d'Octave Hamelin et Jean Salem, Éditions Nathan pour les
lettres, Librio/Flammarion, 2000.
110
Et enfm, sur la sécurité, on peut soutenir
à travers la maxime XLIV que l'austérité et la
fermeté amicale est la seule contingence de sécurité dans
le monde. Il s'agit d'une réciprocité construit sur la confiance
et sur un stoïcisme.
Le tout peut se résumer dans ce que l'homme est un
animal politique et ou social, par nature. Et cette nature assure ainsi donc sa
seule sécurité dans l'existence de l'autre sur qui il peut
s'appuyer en étant réciproquement un appui pour autrui. Alors le
Groupe sartrien ne pourrait aboutir tant qu'on n'admette pas la conviction de
Victor Hugo en ce que le racisme est comme la peste : elle doit
disparaître, et être guérie comme le cancer'. Et les
mortifications qui nous appauvrissent multiplement persisteront donc
subséquemment, puisque l'individualisme tout comme le racisme ne sont
qu'altérité du périlleux et perfide égoïsme.
Mais cela ne va pas de soi, tout du moins pour le cas présent :
l'humain est intimement lié à l'éducation, et ce,
n'est donc pas pour le moment seulement mais tout à fait totale.
II.2. Nécessité de l'éducation et
de la praxis religieuse
Lorsque Merleau-Ponty comme Simon Pierre-Henri admettent que
l'humanisme traditionnel a besoin de renouveau, ils se conversent ensemble sur
l'existence d'une nature que l'un appelle « lumière naturelle
», ce qui est de l'autre « nature rationnelle » chez l'homme. En
fait, ce qui est couramment épelé comme raison n'est autre que la
magnificence de ce qu'ils admirèrent secrètement en l'homme : la
conscience, « chance permanente de l'esprit ».2
D'autre part, Boutroux appelle aussi la conscience
réfléchie, la solution de l'antagonisme entre la loi (conscience
sociale) et la conscience (loi personnelle). La confrontation est en effet
matérielle, et nécessite donc une solution plus concrète
que la conscience en soi qui se diverse d'individus à autres, et la loi
sociale qui s'exige socialement. On appelle souvent à ce stade à
ce que l'on appelle « la Responsabilité », cette
réaction morale, situationnelle, et pleinement humaine. Ainsi comme
Leibniz le dit : « l'être parfait est celui qui contient le maximum
de réalité »3 . Cette conscience-ci est toute
autre de la conscience en soi, même qu'inséparable, aboutissant
ainsi à une conscience que l'on appelle « individuelle
».4
Néanmoins la conscience a toujours besoin
d'aiguisement, bien avant que la science ne prétende faciliter la vie.
Il est vrai que le monde semble transcender la conscience au lieu que ce soit
le contraire, mais tel que la conscience est la seule mesure du possible, elle
également la seule possibilité que l'homme puisse survivre pour
vivre contre toute erreur commise ou éventuelle, ou contre la suicide
massive et générale. Et également, cette conscience a
besoin de l'éducation, bien au-delà de tous les systèmes
positifs et des enseignements et formations. L'éducation doit en effet
viser avant tout la conscience, la capacité d'affirmer, de nier, de
sentir, de supporter ... raisonnablement et convenablement.
Faut-il s'en souvenir, s'en acquérir, et s'en trouver :
en ce qui est vrai demeure le faux et en ce qui est faux demeure la vrai, mais
le vrai est vrai et le faux et le faux si bien que le faux est vrai et le vrai
est faux quelque part en son existence. D'où la
nécessité de la conscience, et par conséquent, de la
liberté (au-delà des lois et des opinions qui ont leur
existence). On peut dire que le Héro est
1 Cf. Victor Hugo, Ctuvres complètes,
éd. Robert Laffont, 2002.
2 Cf. P.H. Simon, « L'Homme en procès
», inDe Montaigne à Broglie, pp. 487-488.
a « ens perfectum, ens realissimum ».
4 Cf. E. Boutroux, Revue de métaphysique
et de Morale, 1906 ; Cf. Stéphane Mallarmé, « Le
Tombeau d'Edgar Poe... », in De Montaigne à Broglie, pp.
420-424.
111
nécessairement faible face aux « faibles » et
fort face aux « forts », et il n'est fort que pour détruire le
« mal » mais ne peut cependant trop construire le « bien ».
Il est faible par son « âme », devant les plus démunis ;
et « fort » par sa volonté, face aux prétendus plus
forts... Seul le lâche en serait donc le plus malheureux, ne pouvant
devenir ni plus faible, ni plus fort, puisque le fort et le faible n'existe
dans cette réalité à trouver, à acquérir, et
à ne jamais oublier. Cela prouve que le monde est toujours
contradictoire, et que seule la conscience éduquée et
elle-même bien consciente y remédiera.
De cela, l'on cite, pour une praxis religieuse, Luther et
Godet. Luther pense que l'on ne doit pas considérer la personne selon
l'acte, mais plutôt l'acte selon la personne, puisque c'est aussi de la
personnalité que l'acte reçoit sa
souveraineté...1. Cette perspective laisse entrevoir un
constructivisme unitaire. D'autre part, voici les mots de Godet : «
Pourquoi le travail d'éducation dut devenir en même temps un
oeuvre de "rédemption" ; et pourquoi cette rédemption dut
nécessairement être accompagnée d'une oeuvre de
"révélation"... ? ». Et il ajoute : « Si l'homme, comme
être libre, devait concourir activement à sa propre
délivrance...par lui-même il n'eût pu le découvrir...
»2. Cela est pour dire que l'éducation consiste à
relier, telle que l'étymologie suppose de recueillir, de rassembler ou
de ramasser. Ou autrement cela signifie que la religion, c'est
l'éducation ; et que l'éducation qui cherche la vie et la
construction concerne la personne et non pas les choses. Ce qui n'est qu'une
vérité profusément oubliée, si bien qu'elle est le
remède à nos actuelles carences existentielles. L'analyse
synthétique ci-après reflétera cette
réalité.
II.3. Analyse et synthèse sur le
Groupe
Le Groupe comme résolution économique, sociale
et politique tel qu'on le sait déjà, n'est pas sans faille. C'est
dans ce sens qu'on essaye ici de soulever les idées lumineuses et les
failles du Groupe pour en fin suggérer quelques mesures
supplémentaires.
11.3.1. Les points forts du Groupe
Tout d'abord, le Groupe peut bien évidemment
réaliser le vivre ensemble, contre les mal-fonctionnements
répétitifs de l'État. Il faut en effet souligner que le
Groupe n'est pas un État mais une communauté : il n'est
constitué que deux éléments constitutionnels (le
sous-groupe comme régulation ou gouvernement, et les membres comme
population). Les lois se réduisent au serment, la politique se fonde sur
l'égalité de liberté comme absolution hiérarchique.
Et l'obéissance se doit alors au danger et aux objectifs, et à
aucun « autre ».
Le Groupe entraîne aussi l'engagement social dans la vie
politique. Cela se fait par le sous-groupe, pour et par le peuple réel
et donc contre l'action de l'État pour l'État
représentatif lui-même. Cet aspect peut aussi assurer une
effectivité économique pour l'ensemble de la
société. Chacun contribue à la réduction de la
pauvreté et de l'insécurité, par la praxis commune. Et
conséquemment, il entraîne une effectivité relationnelle au
sein de la communauté : une solidarité concrète, contre
toute abstraction dans l'État de droit.
L'on peut ainsi donc interpréter le Groupe comme
l'efficacité de la démocratie et de la souveraineté qui se
concrétisent, dirigées par la passivité individuelle vers
une activité générale assermentée (ou
responsabilisée). Ainsi, les Tiers auront pour devoir ultime dans les
sous-groupes,
1 Dr. Martin Luther, Ny katekisma na
foto-pianarana lehibe, IV, traduit de l'allemand classique par le
professeur J. Borgenvik et Mr RAZANADRAINIBE à partir du
grandcatéchisme édité par Weimarana (WA), livre 30, I,
Wittenberg, 1529, et du « Die Bekkentnisschriften der
evangelisch-lutherischen Kirche », Gottingen, 1952.
2 Fréderic Godet (1812-1900), La Bible
annotée, Introduction et présentation, La Bible.
112
l'entretien et l'orientation conscientiels
déontologiques et éthiques. Un atout fort est alors l'admission
de classes dominantes comme opposants, redirigeant les gouvernants vers leurs
objectifs en cas de déviation, en tant qu'ils sont au service de la
Souveraineté et non de leur intérêt personnel. Cette classe
atténuerait alors le pouvoir et l'autorité des Tiers, et
rappellerait également à la souveraineté son objectif.
Un autre plus grand avantage serait également qu'il y
aura une correspondance des politiques entreprises aux besoins du peuple et
à ses attentes : c'est-à-dire, entre les affaires publiques et
celles particulières. Il s'agit alors de contraintes d'attention
policière pour tous les adhérents du Groupe : une
responsabilité totale et totalisante de toute totalité à
totaliser. Cependant, quelques points restent soit vague, soit incomplet, soit
inachevé : c'est dans ce sens qu'on parle de "faille" dans
l'impossibilité de réaliser un Groupe fonctionnel et durable.
11.3.2. Les failles du Groupe
Tout d'abord au premier plan, l'on peut constater un oubli
ontologique de la part de Sartre, faute de concentration sur les
réflexions sociales et sur l'aliénation. C'est-à-dire que,
Sartre plaçait l'état individuel dans l'avant-groupe et
chronologiquement dans le milieu naturel au stade de l'homme primitif Cela
laisse une grande réflexion à entreprendre pour trouver comment
comprendre l'individu et sa liberté dans le Groupe.
D'autre part, pour Sartre il s'agit d'un fondement sur la
liberté du Groupe qui a déjà surpassé le statut
d'aliéné, et non sur un ensemble encore sériel et
réifié : il risque alors que vice de cercle y ait dans ce cas.
Puisqu'un Groupe de sériels réifiés ne peut aboutir
qu'à un chaos de mauvaise foi. Et un monde temps, on peut remarquer une
attaque vive mais peu approfondie, sur l'inaliénable capitalisme, au vu
de la rareté qui ne peut-être que modérée et
modifiée jusque-là. Ce problème revient à la
question posée par l'individu : l'égoïsme capitalistique
tente tout individu de «bon sens », à la manière d'une
nature humaine, à se démunir de toutes vertus dignitaires et
humaines qui conditionnent pourtant la paix. Et en cela, il y a dans le cadre
du Groupe un grand oubli sur la source formatrice de l'éthique et des
vertus qui fondent l'humanité sociale : c'est-à-dire, la morale
religieuse. Et par morale, l'on ne parle pas des vices que l'on reproche
à un Dieu jugé par les actes terrestres et inhumains, mais
plutôt des qualités exemplaires telles que l'inclusion, l'amour,
le respect, etc. L'on peut trouver et étudier ces qualités
ontologiques dans d'autres ouvrages sartriens ou ailleurs, l'effort à
investir serait de les transposer dans le Groupe à la limite de la
possibilité.
Et enfin donc, le Groupe comporte une sorte
d'atypicité systématique qui risque de permettre une
ambigiiité structurelle sur la loi et l'institution fondatrices:
anarchie ou institution, droit positif ou légitimité, etc. ?
C'est-à-dire qu'il peut y avoir une asymétrie partielle lors de
la transposition du Groupe dans l'État : les limites de
l'institutionnalité du Groupe par rapport à la carence
institutionnelle de l'État restent donc à reconsidérer
bien profondément et à redécouvrir. Il en faut une grande
prudence, puisqu'on ne peut pas dissoudre l'État tant que le Groupe
n'est pas encore édifié et pratique. Et c'est au vu de ces
quelques difficultés parties que l'on propose de réfléchir
sur d'autres idées sommaires.
11.3.3. Les mesures suggestives
Nous savons maintenant que le Groupe n'est pas impossible,
mais pour qu'il ait plus de possibilité de se réaliser, certaines
positions sont à mettre en oeuvre. En premier lieu, tout «
summum
113
bonum », tout « eu dzèn », ou
tout autre « vivre bien » quelconque doit admettre le
système capitaliste comme un obstacle de réalisation', soit pour
plus tôt, soit pour plus tard.
Axel Honneth et sa philosophie de la reconnaissance peut
contribuer à l'amélioration de ce Groupe d'égalité.
D'un autre côté, dans le marxisme de Luckas, le travail est le
propre de l'homme et est téléologiquement2 subjectif :
c'est le sujet qui impose la fin de son travail. Par contre, le capitalisme est
pour lui l'opium de la conscience en étant un rapport social sans
dignité humaine. Notons juste que le Groupe est le résultat d'un
marxisme anthropologique et philosophique, lorsque le marxisme est un humanisme
économique. Cela signifie que la réification, pour l'un comme
pour l'autre, est franchissable, à condition de se connaître et de
connaître, puisque la réification n'est pas un être des
ouvriers mais un état passif3. Dans ce sens, le concept de
« conscience de classe » est un reversement du capitalisme par toute
une classe, consciente de l'abus qu'elle subit, par la conscience de
soi-même d'abord, et par la lutte des classes à la fin. Cette
conscience tendant vers le « vivre bien » spécifie Luckas du
Groupe : elle est volontairement prise et non pas occasionnée dans une
situation. Cela ne signifie pas que la conscience est calculée, cela
signifie qu'elle est conscience et maîtrise : elle connaît les
limites lorsqu'elle décide d'agir et elle sait lorsqu'elle doit agir.
En même temps, outre la marchandisation industrielle de
l'homme, qui appelle aux violences de la révolution, d'autres
phénomènes socio-économiques rapportent l'homme à
l'ignorance des autres, du monde, et de lui-même. C'est cela la
réification honnethienne : une non-reconnaissance humaine, de soi
à autrui et vis vers cela. Et la solution serait, pour lui, la
reconnaissance pour une ré-existence subjective : il s'agit d'une
«bonté naturelle» comme
«dé-réification» et anamnèse.
C'est-à-dire, un appel volontaire du Passé ou de
l'origine : une renaissance du bonheur, sans «terreur de serment
» et sans violence « légitime » ou institutionnelle. Il
s'agit d'une philosophie fondée sur le respect, et peut donc amplifier
le Groupe à cet effet que « la bonté » naît de
cette capacité édifiant à recevoir la souffrance des
autres.
Se reconnaître alors n'est que se justifier et
socialement prospérer : autonomie, liberté, existence,
identité,... sont tributaires à cette situation. L'on tend dans
ce sens à une refondation culturelle d'un
épicurisme-stoïcien comme contraintes d'attention policière,
concevant la « rareté de distinction comme source de reconnaissance
mutuelle »4, fondé (dans le cas présent) sur la
résignation.
1 Cf. Gyorgy Luckas et Axel Honneth et leur
philosophie par rapport à celle sartrienne.
2 La téléologie est l'étude de la
finalité, la science des fins de l'homme (théorie de la justice,
du bonheur...).et par extension, c'est la doctrine qui selon Lalande
André « considère le monde comme un système de
rapports entre moyens et fins ». Certains parlent de
physico-théologie.
3 C'est-à-dire, soit dans le passé, soit
dans le futur, mais peu dans le présent. a Maurice Lagueux,
"Sartre et la «praxis» économique." (1972), p.17.
114
III. Postulat pour la non-inexistence.
L'on reproche souvent, malgré tout, à ces
passages de conviction d'être négatifs et funèbres : et
dans ce sens, cet existentialisme anéantit la plupart des gens. C'est
pour cette raison que l'on postule ce petit résumé de l'espoir
pour la non-inexistence : l'espoir que l'existence puisse être pour tous
; l'espoir que chacun prenne conscience de sa situation ; l'espoir que, tous
étant unis, l'Homme puisse se réaliser et jouir de son existence
sans s'annihiler par ses actions. Puisque le choix ne peut ne pas subsister :
l'être ou l'« en-soi » désignant les choses dans leur
spécificité, évoque les hommes là où le
néant ou le « pour-soi », c'est-à-dire le choix
désigne celui qui l'effectue. Tel est le seul espoir' dont l'homme
dispose : mais cet espoir implique trop de choses pour être
formulé par citation et énumération. D'où
L'Être et le Néant entreprend une philosophie historique
des réalités, de l'ontologie au phénomène. Cela
vexe bon nombres de personnes, mais il faut en admettre
certaines choses, et en réfléchir quelques autres pour
construire une pensée libre et objective.
En effet, le bonheur et la paix ne sont pas spatio-temporels
bien que peuvent exister, partiellement, dans ce monde. Il n'y a en effet que
la joie dans l'existence : un petit aperçu momentané du bonheur
ou bien une extension souvent abusive du plaisir. Ce désespoir est
l'origine de l'espoir que Sartre finit par admettre définitivement
après ses différentes années d'existence existentialiste.
Rien n'est absolument sain, mais pour espérer, l'âge de la raison
est dans l'effet plus que l'âge du recueil sans mémoire. Le «
maintenant » de l'espoir est en effet sous la Responsabilité du
préparatoire, car exister n'est autre que devenir soi-même, par
soi-même et pour soi-même. Et ce, à la limite d'une
totalité existentielle du dépassement de l'extérieur qui
est propre à chacun mais commun à tous : «l'être qui
est heureux et immortel n'a lui-même, ni ne cause à qui que ce
soit, aucune peine...de sorte que celui qui n'est ni prudent, ni honnête,
ni juste ne peut manquer d'être malheureux »2.
La première issue est donc « autrui » ; mais
pour cela, un autre aboutissement s'impose immédiatement : encore une
fois, l'éducation ce point sur lequel la conscience, et donc tout, se
construit. La culture d'altruisme est donc la refondation de l'homme conscient
de sa conscience, et par conséquent conscient du monde, de l'existence,
et de la vie. L'enseignement ou l'information et formation ne serait que trop
indispensable ensuite pour acquérir l'habileté matérielle
et à reconnaitre une conséquentialité ou une
correspondance afin de ne bousculer aucune responsabilité. Puisque d'une
erreur nait le malheur du monde, selon toute histoire vécue, même
celle postérieure. Cette voix mène ainsi de l'inexistence
à sa négation. Que Dieu existe ou non, autrui est là, et
l'existence ne se repose par sur le professionnalisme et sur la matière
seulement. C'est le lieu de retour à la conscience absolu où Dieu
rejoint l'ontologie, après avoir assumé ce qui n'est pas Dieu
mais l'homme. L'espoir ne se réalise que de cette manière :
s'assumer en tant qu'être-là, sans pour autant renoncer aux autres
parts de son être absolu ; et admettre sans abus les
réalités métaphysiques. N'est-ce pas l'espoir qui fait
vivre ?
1 Cf. L'existentialisme est un humanisme et
l'Être et le Néant.
2 Épicure, Lettres et maximes, maximes
I, a et IV, b.
115
Brève conclusion
Avant de conclure, soulignons que l'esprit avec lequel ce
travail a été initié concerne une première
production, comportant diverses réflexions, un sujet qui ne
s'épuise pas intrinsèquement, des vérifications
inspectrices. Cette partie-ci réalise finalement cet esprit. L'initial
d'un essai comporte effectivement la considération d'une recherche
continue, éprouvée, et libre dans l'ordre du jugement.
Cette partie mémorielle constitue donc un appel
à ouverture vers un approfondissement, plutôt qu'une
réflexion achevée. Elle demande à être l'objet d'un
tout autre sujet objectif qui se recueille tributairement de la question de la
Responsabilité. Néanmoins, si la Réflexion est
physiquement le changement directif d'une onde provoqué par la
présence d'un obstacle, cette rédaction dernière ouvre
notre essai vers une Réflexion.
Ces quelques appendices sont donc de nouvelles voies
de résolutions qui sortent de la tentative de projet
précédente. Et également, ils doivent assurer la
réalisation de cette tentative. Cela oblige donc à
reconnaître et à considérer que cette section est tout
aussi insuffisante qu'importante par rapport aux rédactions qui
constituaient le corps de ce Mémoire. Ses données
nécessitent par conséquent à être
creusées.
116
Table des matières
REMERCIEMENTS I
TABLE DES SIGLES ET DES ABREVIATIONS II
SOMMAIRES III
INTRODUCTION GENERALE 1
PARTIE I: L'EXISTENTIALISME DE JEAN-PAUL SARTRE ET LA QUESTION
DE
RESPONSABILITE 4
Introduction partielle 5
LI. PANORAMIQUE DE LA RESPONSABILITÉ EN
QUESTION, AU TRAVERS
D'AUTRES PENSEURS. 6
I.I.1. Les pré-sartriens 6
I.I.2. Les post-sartriens 8
I.I.3. Kant et l'Impératif catégorique
10
I.II. EXISTENCE ET EXISTENTIALISME DE JEAN-PAUL SARTRE 12
I.II.1. La conscience sartrienne 13
I.II.2. La liberté sartrienne 17
I.II.3. L'existence sartrienne 20
Conclusion partielle 25
PARTIE II: PARTIR DE LA RESPONSABILITE EXISTENTIALISTE 26
Introduction partielle 27
II.I. SUBJECTIVITÉ ET ALTÉRITÉ :
LES TROIS RÉALITÉS DE LA SUBJECTIVITÉ. 28
II.I.1. L'altérité ou le
conflit avec autrui. 28
II.I.2. L'intersubjectivité ou la
relation avec autrui 31
II.I.3. L'humanisme ou l'universalité
de l'homme 34
II.II. LIBERTÉ COMME RESPONSABILITÉ OU
L'ANGOISSE EXISTENTIALISTE 38
II.II.1. La liberté 38
II.II.2. Le prolongement ou «
responsabilité » 40
II.III. LA RESPONSABILITÉ 44
II.III.1. « Le délaissement total »
et la Responsabilité 44
II.III.2. « Existence » ou
possibilité de la responsabilité. 47
II.III.3. Finalité de la Responsabilité.
50
Conclusion partielle 54
PARTIE III: DEVELOPPER LA QUESTION DE RESPONSABILITE EN
TERME
PRAGMATIQUE 55
Introduction partielle 56
III.I. DISCOURS ÉCONOMIQUES 57
III.I.1. Le moyen et la valeur : « Monnaie »
et « Finance » 58
III.I.2. La Science et ses échecs : «
Écologie » et « Commerce » 61
117
III.II. DISCOURS POLITIQUES 66
III.II.1. Le citoyen 67
III.II.2. L'État 69
III.II.3. Le (logos) politique 72
III.III. DISCOURS SOCIAUX 75
III.I1I.1. Religion et Culture 76
III.I11.2. Droit et Moral 78
III.I11.3. Éducation et Existence
81
Conclusion partielle 84
CONCLUSION GENERALE 85
A - BIBLIOGRAPHIE 90
B - WEBOGRAPHIE 95
ANNEXES #1 : PRESENTATION DE JEAN PAUL SARTRE 97
ANNEXES #2 : RETROSPECTIVE POUR UNE RESOLUTION 104
TABLES DES MATIERES 117