§2. Les perspectives
d'avenir
L'analyse du conflit Centrafricain, porte à croire
qu'il est possible de trouver une solution durable et permanente.
Après avoir organisé les élections, la
RCA est sur la voie de son épanouissement. Il importe que les acteurs,
tant nationaux qu'internationaux de cette crise s'engage résolument a
préservé la paix, gage du développement de ce vaste et
beau pays.
A. Perspectives au regard des enjeux
électoraux
Au-delà du simple rendez-vous électoral qui a
opposé Anicet-Georges Dologuélé à Faustin Archange
Touadéra, il fallait voir les alliances et le positionnement des acteurs
dans la perspective du lancement du vaste chantier de la construction de l'Etat
post-transition.
Les principaux protagonistes sont bien connus de la scène
politique nationale et régionale. Au regard de leurs profils respectifs,
il était difficile de prédire l'issue de cette élection.
Tous deux ont été premier ministre dans leur pays et ont chacun
un parcours professionnel incontestablement méritoire. Avec 23,74 % des
suffrages obtenus au premier tour, Anicet-Georges Dologuélé, 58
ans, est originaire de la région de l'Ouham-Pendé au Nord-Ouest
de la Centrafrique. Il a été Premier ministre sous
l'administration de l'ancien président Ange-Felix Patassé de 1999
à 2001. Il a ensuite été président de la Banque de
développement des Etats de l'Afrique centrale jusqu'en 2010. Bien que
son parti soit relativement jeune, parce que créé en octobre
2013, Anicet-Georges Dologuélé a pu rassembler autour de l'Union
pour le renouveau centrafricain (URCA), une partie des dirigeants du parti Kwa
Na Kwa et une bonne frange de l'électorat de l'ancien président
François Bozizé. Il bénéficie également du
soutien de Désiré Kolingha, président du Rassemblement
démocratique centrafricain (RDR) et candidat déchu au premier
tour avec 12,04 % des voix. Il peut aussi compter sur l'alliance avec Sylvain
Patassé, candidat également au premier tour. Arrivé
deuxième au premier tour avec 19,05 % des voix, Faustin Archange
Touadéra, candidat indépendant, 58 ans comme son concurrent, a
déjoué tous les pronostics au regard des poids lourds qui
étaient en compétition. Ce candidat originaire de la
localité de Damara, près de Bangui, a été de 2008
à 2013 le dernier Premier ministre de l'ancien président
François Bozizé. Il a été recteur de
l'Université de Bangui. Comme son rival, il a
bénéficié du soutien de certains cadres et responsables
locaux du KNK. Très soutenu au Sud du pays, il a pu obtenir
l'adhésion de 18 candidats du premier tour à son programme. Il
pouvait aussi compter sur l'un des favoris du premier tour Martin
Ziguélé avec ses 11, 43% des voix. Si ces alliances entre partis
permettront à l'un ou à l'autre d'accéder à la
magistrature suprême en offrant une assise politique confortable, la
marge de manoeuvre pour gouverner et opérer les choix
stratégiques consensuels semble se présenter comme un défi
à relever. En tout état de cause, le ton donné par le
porte-parole du RDR offre des indicateurs sur le fonctionnement de la probable
majorité présidentielle dirigée par
Dologuélé. Pour ce dernier, il s'agit bien « plus qu'un
accord électoral, il s'agit d'un engagement politique (...) Nous nous
engageons à soutenir M. Dologuélé dans sa campagne. Et, en
cas de victoire de celui-ci, nos deux partis travailleront conjointement pour
redresser le pays ». Il serait peut-être précoce de
prêter des intentions malveillantes à cette déclaration,
mais la question de la cohérence entre l'action gouvernementale et la
politique générale du prochain président pourrait se poser
sur bon nombre de dossiers liés notamment à la cohésion
nationale et à la consolidation de la paix dans le pays. Par ailleurs,
le nouveau président sera attentif à la distribution des cartes
politiques qui seront issues des élections législatives au cours
de la même période.
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