0.7. CADRE THEORIQUE
Une approche théorique est une structure potentielle
d'explication qui comporte un certain nombre d'éléments. Elle
comprend d'abord des postulats qui traduisent la vision des choses sur laquelle
elle s'appuie ainsi que des concepts qui permettent de cerner et de classifier
les phénomènes à étudier. Elle précise, par
des propositions, l'ensemble des relations postulées entre les
différents concepts et sous-concepts de l'approche et pose quelques
hypothèses sur des relations entre concepts qui, si elles peuvent
être vérifiées et confirmées, pourront être
transformées en lois générales ou en
généralisations théoriques. Ce n'est que lorsqu'on aboutit
à de telles lois générales que l'on peut parler de
théories." (Mace, 1992).
En effet, le cadre théorique qui est le fondement de
toute étude appuie et renforce la problématique, sert à
clarifier les concepts et permet de définir chaque concept pour
l'affirmer au problème de recherche. C'est pourquoi, cette partie est
relative à l'aspect théorique et s'intéresse d'abord aux
généralités sur les NTIC et ce, concernant leur nature et
définition, leur historique, leurs caractéristiques essentielles,
les catégories de NTIC qui existent et le rapport que ces
dernières ont avec les autres domaines.
Dans beaucoup de pays d'Europe, les services constituent un
pas très important de l'activité économique, notamment
dans les zones rurales. Ces nouvelles technologies d'information et de
communication pourraient constituer un important facteur de croissance.
16 Rapport sur le développement dans le monde, banque
mondiale, 1992
12
Malheureusement, dans certaines régions, leur
développement est encore trop souvent considéré comme une
contrepartie de la désindustrialisation. Les services publics sont
traités comme des dépenses publiques, et non comme des
ressources. Les services privés ne sont pas encore suffisamment
considérés comme une activité en soi.
Dans le domaine des services aux entreprises, le facteur de
croissance consiste à développer les activités à
haute intensité de connaissances, qui exploitent au mieux le savoir et
le savoir-faire accumulés dans l'expérience économique
locale, mais qui sont aussi capables de se transformer en
télé-services ; Mais, le changement de mentalité le plus
radical à opérer concerne sans doute les services publics. Le
rapport "Construire la société européenne de l'information
pour tous" est très clair à cet égard: il recommande de
faire des services publics un moteur de la croissance dans la
société de l'information émergente. Il propose trois
recommandations particulières: amener les services publics de
l'infrastructure au contenu; améliorer l'efficacité des services
publics; faire des services publics un modèle de prestation de
services.
La contribution des nouvelles technologies d'information et de
communication aux processus de développement et aux dynamiques
territoriales est aujourd'hui au centre de nombreux débats, tant au
regard de la maîtrise de l'information que de la réduction des
distances spatiales qu'elle autoriserait. La nature des arguments
avancés dépend largement des schémas
d'interprétation proposés et des hypothèses sous-jacentes
sur les processus de développement et plus généralement
les interrelations entre ce qui est technique et ce qui est social.
Depuis une trentaine d'années certaines analyses ont
considéré le progrès technique comme une révolution
qui permettrait d'abolir la distance physique et d'éclater les
territoires traditionnels, s'appuyant implicitement sur une analyse
économique, classique ou néoclassique où les coûts
de production sont fonction de coûts de transport. L'avènement des
Technologies d'Information et de Communication (TIC) serait alors capable de
gommer progressivement les disparités régionales,
réduisant les coûts et favorisant les mouvements d'entreprises
vers les zones défavorisées. Ces schémas sont aujourd'hui
remis en cause. L'anéantissement des distances par une substitution des
télécommunications aux transports paraît largement
contredit - l'effet tient davantage de la complémentarité que de
la substitution - ; le télétravail prévu dans les travaux
de prospective des années 60 reste dans des limites modestes quelle que
soit l'approche adoptée, aménagement du territoire ou technique
des télécommunications (CRAIPEAU, 1995). Cependant,
par-delà, les déceptions et même les demi-échecs,
les NTIC continuent à susciter un intérêt renforcé
auprès des collectivités locales, rappelant le pouvoir de
séduction qu'elles peuvent avoir sur les élus (EVENO, 1999).
Notre propos, n'est pas ici d'idéaliser les NTIC, ou de
les rejeter, adhérant à une opposition irréductible entre
« technophiles » - pour lesquels la technique est une solution en
soi, induisant un scénario de progrès linéaire -, et
« technophobes » rejetant toute incidence de la technique sur les
processus en oeuvre. Nous nous interrogerons sur la place que les NTIC occupent
dans les dynamiques territoriales au travers de projets de
développement. Pour cela, et dans un premier temps ; il
apparaît nécessaire de préciser la problématique
qu'ouvrent les NTIC en matière spatiale, s'écartant d'une
appréciation purement technique et mécanique en termes de
diffusion. La réflexion s'éloignera alors des analyses
contradictoires qui ont pu être faites sur un rôle structurant
prêté aux NTIC, pour leur préférer une
interprétation en termes de « facilitateur » de dynamique Sur
la base d'une évaluation des projets mettant en oeuvre des NTIC en zones
rurales,
Le développement rapide des NTIC dans le
développement rural génère des mutations
systémiques susceptibles d'affecter toute la communauté. Bien que
les contours de ces mutations soient difficiles à définir,
notamment du fait de l'évolution rapide et constante de ces nouvelles
technologies, une certitude semble s'imposer : ces NTIC ont des
potentialités énormes et des effets difficilement isolables et
mesurables sur le développement. Leurs effets potentiels sont parfois
comparés aux révolutions industrielles provoquées par
l'apparition de l'installation des antennes de réseaux de communication,
(à Nyabibwe, à Kalehe) de moteurs pour la production de
l'électricité et de l'automobile et qui se sont traduites par la
production de l'électricité et des modifications profondes du
comportement des individus.
L'avènement des réseaux de communication et
l'irruption de la « quasi-instantanéité » (la
possibilité offerte d'être au même moment ici et ailleurs)
posent largement la question de la confrontation et du rapprochement des
échelles spatiales et temporelles. G. DUPUY (1991) souligne le «
brouillage des échelles territoriales » par l'ouverture de
l'économie grâce au traitement possible des informations à
une autre échelle que celle d'une implantation ou d'un bassin de
main-d'oeuvre. H. BAKIS (1995) parle « d'un pont immatériel »
entre divers niveaux de l'espace géographique, qui rapprocherait le
local et le global, permettant une articulation inédite entre ces deux
échelles. F. JAUREGUIBERRY (1999) juge que, pour la première fois
dans l'histoire, il y aurait une réelle possibilité de rupture du
binôme espace-temps où « économie de l'un (espace) se
traduirait par un gain de l'autre (temps) » (p. 44). Cependant et
paradoxalement par rapport à l'intérêt de la
thématique, les études sur l'implication spatiale des TIC sont
peu développées, laissant ainsi se renforcer l'idée d'un
éclatement des territoires et d'une uniformisation des espaces.
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Du point de vue de la théorie économique
classique (Stigler, 1961), l'information est un bien rare et coûteux
à obtenir que les individus désirent acquérir en vue de
satisfaire au mieux leurs besoins. Les individus sont prêts à
acquérir de l'information tant que le bénéfice qui en est
espéré est supérieur à son coût
d'acquisition.
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