IV.3.3. Impacts socio-économiques
Le creusement des voiries crée le déchaussement
des fondations, à l'origine des fissures des murs des habitations. Les
habitants de ces maisons, conscients de l'état de leurs habitations et
du risque encouru, sont anxieux et stressés quand il pleut.
Limités financièrement, ils ne se décident pas à
abandonner leurs maisons. Dans un quartier où quand les voiries ne sont
pas coupées par le ravinement, elles sont dans un état de
dégradation avancé, les populations sont confrontées
à d'énormes problèmes de circulation et
d'accessibilité dans le quartier. Ainsi lorsqu'il pleut des longues
files d'attente sont observées aux arrêts de bus parce que les
taxis et les taxis-bus refusent de desservir le quartier. Cent soixante dix
parcelles dans le quartier sont menacées dont plus d'une vingtaine
devenue des demi-parcelles et abandonnée par les populations.
Peu de personnes sont intéressés par le
quartier, d'où le coût des parcelles est peu élevé
dans les zones à risque, qui accueillent souvent des populations
démunies.
IV.3.4. Moyens de lutte utilisés
Les populations du quartier et les pouvoirs publics ne sont
pas indifférents à la dégradation environnementale. Ainsi
plusieurs moyens sont utilisés pour lutter contre ce
phénomène d'érosion hydrique. Les différentes
actions menées rencontrées sur les lieux peuvent être
groupées en deux catégories.
IV.3.4.1. Actions mécaniques
Les actions mécaniques sont l'ensemble des techniques
qui s'opposent à l'entraînement des éléments du sol
par l'eau de ruissellement. Il y est rencontré :
- l'usage des pneus usés (technique des pneus-sol) :
dans certains cas les pneus sont à moitié enterrés dans le
sol des voiries érodées là où le ruissellement
présente une concentration importante des eaux. La partie
aérienne de ces pneus réduit l'énergie cinétique
des eaux ruisselantes. Dans d'autres cas, ces pneus sont remplis de terre et
enterrés de façon couchée cette fois pour empêcher
directement les ablations superficielles ;
- les sacs en matière synthétique remplis de
terre sont d'usage courant pour lutter contre l'évolution des
ravinements. Ils sont disposés souvent au bord des parcelles pour les
protéger des ablations superficielles. Dans les ravinements petit
Balimalou et Kombo, qui affectent les voiries riveraines, les parois des
têtes de ces ravins sont protégées avec ces sacs de terre
superposés les uns
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sur les autres. Des barrages en sacs de terre sont aussi
disposés transversalement sur les planchers des ravinements, et sur les
parties érodées des voiries. Les résultats de
l'enquête de LOUEMBE et NZILA (2007) indiquent que cette méthode
est la plus utilisée (86,9% de réponses);
- l'usage des ordures ménagères est
rencontré dans certains cas. Les populations vont déverser toutes
sortes de déchets solides au niveau des têtes des ravins. Elle est
la seconde technique après celle des sacs de terre, 4,4% de
réponses dans l'enquête citée ci-dessus ;
- dans certaines parcelles riveraines des ravinements, des
minis bassins de retenu et d'infiltration des eaux de ruissellement ou fosses
anti-érosives sont aménagés par les populations. Les
habitants de ces parcelles ayant compris l'effet que produit le ruissellement
des eaux dans le déclenchement et l'évolution des ravinements,
aménagent ces bassins par creusement de trous de faible profondeur. Les
eaux collectées des toitures des maisons y sont orientées pour un
stockage favorisant leur infiltration ;
- les digues et diguettes en terre sont érigées
pour dévier la trajectoire des eaux. Ce qui n'arrange pas la situation
dans l'ensemble, sauf dans le cas où elles sont dirigées dans un
caniveau bien aménagé ;
- des murs de soutènement sont érigés
dans les parcelles sur des terrains aménagées en terrasses
où ils stabilisent les talus ainsi générés. Des
murets souvent en béton sont construits au travers des voiries quand la
pente est forte. Ces murets entravent les départs des particules du sol
et diminuent l'énergie cinétique des eaux ruisselantes ;
- un système de caniveaux et d'égouts est
rencontré sur l'avenue A. Bitsindou et sur l'avenue Kinsoundi ;
- en certains endroits, des dalles en béton, en pierres
ou de la bitume recouvrent la surface des sols qu'elles protègent des
ablations superficielles ;
- des gabions cellulaires sont rencontrés dans trois
ravins : dans les ravins Salabiakou, A. Bitsindou et Bikoumou. Ces gabions
aménagés en 2005 par le PURICV (Projet d'Urgence de
Réhabilitation des Infrastructures et amélioration des Conditions
de Vie des populations) ont stabilisé ces trois ravins. Toutefois les
parois des trois ravins peuvent encore évoluer en plusieurs endroits,
où les gabions ne les recouvrent pas complètement. Les eaux
collectées depuis les têtes et le long de ces ravins sont
évacuées vers un talweg par un canal en gabions, stabilisant le
plancher. L'enquête dans les zones avoisinant ces gabions indique que
49,5% des populations riveraines expriment une complète satisfaction de
ces aménagements (LOUEMBE et NZILA, 2007) ;
- des cas de remblaiement sont parfois rencontrés quand
le phénomène est encore à l'échelle de la rigole ou
de la ravine. Avant juin 2007, deux ravines, ravine Saint Michel et ravine de
la corniche du Djoué, furent remblayées par un postulant à
la députation. Ce remblaiement a
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essayé de rétablir la circulation sur ces
voiries qui malgré cela sont toujours difficilement accessibles par
véhicule en raison des rigoles qui s'y sont creusées.
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