Année académique 2010-2011
République du Niger
|
MEMS/RS
UNIVERSITE ABDOU MOUMOUNI DE NIAMEY Faculté des
lettres et sciences humaines
Département de Géographie
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Impacts des mesures antiérosives dans le terroir
de Mogheur (Commune Rurale de Bambèye, Région de
Tahoua)
MEMOIRE DE MAITRISE Présenté
par
Ibrahim SADDI
Sous la Direction de : Membre du
jury
BOUZOU MOUSSA Ibrahim
Président:
Professeur Titulaire, YAMBA Boubacar
FLSH/Université Abdou Moumouni Professeur Titulaire,
FLSH /U A M
Assesseur :
FARAN Maiga Oumarou
Maître Assistant, FLSH /UAM
2
TABLE DES MATIERE
Table des figures 5
TABLE DES TABLEAUX 6
TABLE DES PHOTOS. 6
SIGLES ET ABREVIATIONS 7
Résumé 10
INTRODUCTION 11
CHAPITRE I : LE CADRE THÉORIQUE 12
1.1 Contexte et Justification 12
1.2 Problématique 12
1.3 Revue de littérature 14
1.4 Définition des termes 15
1.5 Hypothèses 16
1.6 Objectifs 16
1.6.1 Objectif général 16
1.6.2 Objectifs spécifiques 16
1.7 Matériel 16
1. 8. Méthodologie 17
1.8.1 La recherche documentaire 17
1.8.2 Les investigations sur le terrain 18
1.8.2.1 Les observations directes 18
1.8.2.2 Les Enquêtes 18
1.8.2.3 Les Entretiens avec les techniciens 19
1.8.3 Les traitements des données 19
Chapitre II : Présentation de la commune rurale de
Bambèye et de la zone d'étude 21
2.1 La localisation géographique de La Commune Rurale de
Bambèye 21
2 .2 Caractéristiques physiques 22
2.2.1. Le climat 22
2.2.2 La végétation 23
3
2.2.3 Les ressources en eau 23
2.3 Caractéristiques socio-économiques 23
2.3.1 Caractéristiques démographiques 24
2.3.2 Les activités économiques 25
2.3.2.1. L'agriculture 25
2.3.2.2 L élevage 26
2.3.2.3. Le commerce 28
2.3.2.4. L'artisanat 29
2.4 Le terroir de Mogheur 29
2.4.1 Localisation 29
2.4.2 Historique du village 30
2.4.3 Aspects biophysiques 31
2.4.3.1 Climat 31
2.4.3.2 Végétation 34
2.4.3.3 Sols 35
CHAPITRE III : RESULTATS 37
3.1. Occupation des sols et Etat de l'érosion avant
l'intervention des projets 37
3.1.1 La situation de l'occupation des sols en 1972 38
3.1.2 La situation d'occupation des sols en 1986 41
3.2 Evolution de l'occupation des sols 43
3.3. Les causes de l'érosion selon la perception des
paysans 44
3.3.1 Les causes naturelles 45
3.3.1.1 Les variations climatiques 45
3.3.1.2 Le vent 45
3.3.1.3 Les eaux de pluie 45
3.3.2 Les actions de l'homme 46
3.3.2.1 L'extension des superficies agricoles 47
3.3.2.2 Le problème des pratiques culturales 47
3.3.2.3 Le surpâturage 47
3.3.2.4 Bois d'énergie et de services 47
3.3.3. Les interactions des causes 48
3.4 Les mesures antiérosives traditionnelles et leurs
impacts 49
3.4.1 Les techniques traditionnelles 50
4
3.4.1.1 Le labour avancé 'Touradjé '
50
3.4.1.2 Le parcage 50
3.4.1.3 La jachère 50
3.4.1.4 Les cordons de pierres et les casiers 50
3.4.1.5 L'apport de fumier 51
3.4.1.6 Le couchage des tiges de mil ou paillage 51
3.4.1.7 Le branchage 51
3.4.1.8 La régénération naturelle 52
3.5 Les mesures antiérosives introduites par les projets
et leurs impacts 53
3.5.1 Les demi-lunes 53
3.5.2 Le scarifiage 54
3.5.3 Tassa 54
3.5.4 Les banquettes ou diguettes 55
3.5.5 Le reboisement 55
3.6. La situation d'occupation des sols en 2000 56
3.7 La répartition spatiale des réalisations
antiérosives en 2001 58
3.8 Changements intervenus entre 1986-2000 60
3.9 La situation en 2010 63
3.10. Impacts des mesures antiérosives introduites par les
projets 64
3.10.1. Impact sur l'écosystème 64
3.10.2 Impacts sur les crises alimentaires 65
3.10.3 Impacts sur les aires de pâturage 65
3.10.4. Impact sur l'exode rural 66
3.10.5. Organisation Locale de gestion de terroir (OLGT) et
entretien des ouvrages 66
Recommandations 68
CONCLUSION GENERALE 69
BIBLIOGRAPHIE 71
Annexes 74
5
Table des figures
Figure 1: Carte administrative de la commune
rurale de Bambèye
Figure 2 : carte de localisation du terroir
de Mogheur
Figure 3: calendrier des activités
saisonnières à Mogheur
Figure 4:évolution interannuele de la
pluviométrie à Tahoua (Aeroport) :1971-2010)
Figure 5: Courbe tendancielle de la
pluviométrie de Tahoua Aéroport 1972-2000
Figure6 : moyenne mobile sur 5 ans à
Tahoua (Aéroport) 1971-2010)
Figure7 : variation interannuelle de la
température à Tahoua Aéroport 1971 -2000
Figure 8: les interactions entre les agents
de l'érosion et les activités humaines
Figure9: carte d'occupation des sols 1972
Figure 10 : carte d'occupation des sols
1986
Figure 11 : carte d'occupation des sols
2000
Figure 12 : Disposition demi-lune (source MA
1987)
Figure 13: changement intervenu entre
1986-2000
6
TABLE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Caractéristiques des
images LANDSAT utilisées.
Tableau 2 : Indicatif population
concernée par l'exode ainsi que la destination.
Tableau 3: Données physiques sur
l'agriculture pluviale du département de Tahoua.
Tableau 4: Utilisation des revenus issus de
l'élevage
Tableau 5: Cheptel en nombre de tête et
en UBT de la commune de Bambèye
Tableau 6 : Végétation
en fonction des unités paysagères
Tableau 7 : Causse de l'érosion dans
le terroir de Mogheur
Tableau 8: Superficie des
unités d'occupation des sols (1972-1986-2000)
Tableau: Unités d'occupation des sols
en pourcentage (%)
Tableau10: Arbres et arbustes utilisés
pour le branchage
Tableau10: Types de réalisations
antiérosives en 2001
TABLE DES PHOTOS.
Photo1 : Végétation le long de
la berge du kori à de Mogheur
Photo2 : Ensablement de la vallée de
Mogheur
Photo3 : La tassa dans un champ à
Mogheur
Photo 4 : Seuil d'épandage dans la
vallée de Mogheur
Photo 5 : Aire de pâturage
reboisée
7
SIGLES ET ABREVIATIONS
AGRYMET : Centre d'application et de
recherche en Agro-Hydro-Météorologie
ADECOR : Actions pour le Développement
des Collectivités Rurales
ADM : Ader -Doutchi-Magia
BETIFOR : Bureau d'Etudes d'ingénierie
et de Formation
CDA : Chef de District Agricole
CEG : Collège d'Enseignement
Généal.
CES/DRS : Conservation des Eaux et des Sols /
Défense et Restauration des Sols
Cm : Centimètre
COFODEP : Commission Foncière
Départementale
CSI : Centre de santé
Intégré
DDDA : Direction Départementale de
Développement Agricole
DMN : Direction de la
Météorologie Nationale
Ha : Hectare
Km: kilomètre
Km2: Kilomètre
carré
LUCOP-TaN : Lutte Contre la Pauvreté
Tahoua Nord
M : mètre
MAE : Ministère de l'Agriculture et de
l'Elevage
OLGT : Organisation Locale de Gestion de
Terroir
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PASP : Projet Agro-Sylvo- pastoral
PDC : Plan de Développement
Communal
PDRAA : Projet de Développent Rural de
l'Arrondissement d'Aguié
PDRT : Projet de Développement Rural
de Tahoua
RCI : République de Cote d'Ivoire
8
DEDICACE
A ma famille et à tous ceux qui par leur soutien ont
permis l?aboutissement de ce travail.
9
Remerciement
Nous voudrions au terme de ce travail, exprimer notre profonde
gratitude au corps professoral du département de géographie.
Nous voudrions remercier particulièrement Professeur
BOUZOU MOUSSA Ibrahim notre directeur de recherche, qui en dépit de ses
occupations a accepté de diriger ce travail. Merci pour votre
encadrement, pour les corrections, la disponibilité et la rigueur
scientifique qui vous a toujours caractérisé.
Nos remerciements vont également à l'endroit de
Monsieur Djibo SOUMANA Assistant thématicien au CRA pour l'encadrement
et le soutient satisfaisant qu'il nous a apporté durant tout notre stage
à l l'AGRYMET. Très sincèrement, nous le prions de
recevoir le gage de notre admiration.
Nous présentons nos remerciements et témoignons
notre reconnaissance à tous ceux qui nous ont soutenu moralement et
matériellement au nombre desquels : Mr souleymane Illo Chekaraou ,
Ibraima Abdou Agga tous en stage a l'Université Abdou Moumouni de Niamey
;Mr Ibrahima Saidou Maiga responsable CGA Niamey.
Enfin, à toutes et tous ceux qui ont contribué
à la réalisation de ce travail et qui n'ont pas été
cités, recevez nos remerciements les plus distingués.
10
Résumé
Cette étude traite des impacts des mesures
antiérosives réalisées dans le terroir de Mogheur (Commune
Rurale de Bambèye, Région de Tahoua). Des images satellitaires de
1972,1986 et 2000 mis à notre disposition par le centre régional
AGRYMET ont permis de mettre en relief la dynamique de l'occupation des sols
afin de comprendre l'état de l' érosion dans ce terroir.
Une image du terroir en date du 2001 captée sur Google
Earth à favorisé l'élaboration d'une carte de
répartition spatiale des ouvrages.
Il ressort de cette étude que les mesures
antiérosives appliquées ont un impact positif. Cela se remarque
aussi bien sur les unités occupées par les cultures que sur
celles de la végétation.
Summary
This study addresses the impacts of erosion control measures
carried out in the land of Mogheur (rural municipality of Bambey, Tahoua
region). Satellite images of 1972.1986 and 2000 available to us by the regional
center AGRYMET have to highlight the dynamics of land use in order to
understand the state of erosion in this region.
A picture of the local date in 2001 captured on Google Earth
to promote the development of a map of spatial distribution of books. It
appears from this study that the erosion control measures implemented have a
positive impact. This trend is noticeable on both units occupied by crops than
those of vegetation.
11
INTRODUCTION
En Afrique subsaharienne particulièrement au sahel, les
zones agro écologiques ont connu de profondes mutations. Tout comme dans
l'ensemble des pays Sahéliens, au Niger ces changements ont eu des
incidences néfastes sur l'état des sols et conséquemment
l'agriculture et l'élevage. Dans la commune rurale de Bambèye les
décennies 1970 et 1980 ont été caractérisées
par des sécheresses périodiques couplées à la
pression démographique et aux mauvaises conditions climatiques. Ce
déséquilibre écologique a eu comme conséquence
l'érosion des sols. En effet, le défrichement anarchique,
l'abandon des jachères, la coupe abusive de bois d'énergie et de
service, les pratiques agricoles inappropriées et le surpâturage
ont aggravé la dégradation de l'écosystème. Cette
situation fait que la satisfaction des besoins vitaux des populations ainsi que
l'amélioration de leur cadre de vie, le maintien du potentiel de
production et également la reproduction des ressources naturelles (sols,
eau, végétation) sont devenues des défis. La
nécessité d'assurer un développement durable et la
sécurité alimentaire des populations font de la
problématique de lutte antiérosive une préoccupation
primordiale pour le gouvernement.
Le sol constitue la plus importante ressource de
l'humanité. En aménageant cette ressource et en
l'améliorant on assure la prospérité de la
société à travers le temps. « Les vieux paysans
se souviennent des plateaux autrefois plus couverts d'arbres et arbustes et
plus riches d'une faune aujourd'hui disparue, des collines enherbées et
surtout des koris qui à l'occasion des pluies arrosaient les champs
situés dans la vallée » ( Carucci R. 1989). Mais la
détérioration des conditions climatiques et les actions
anthropiques favorisent l'appauvrissement du couvert végétal qui
à son tour accélère le processus de l'érosion. Face
à ce constat, l'Etat a fait de la lutte contre l'érosion des sols
un axe majeur de sa politique. Les évaluations de ces politiques au
débat de Maradi, en 1984, ont montré que celles -ci n'ont pas
répondu aux attentes des principaux bénéficiaires que sont
les populations. « Le constat de la situation a permis de
définir une nouvelle stratégie de lutte contre la
dégradation des ressources naturelles (sols, eau et
végétation) basée sur une participation massive et
consciente de la population aux activités de protection de
l'environnement » Ministère de l'hydraulique et de
l'environnement (1989). Le Thème intitulé « Impacts
des mesures antiérosives dans le terroir de Mogheur (Commune Rurale de
Bambèye, Région de Tahoua)», permettra de faire
l'analyse diachronique de l'occupation des sols ainsi que les impacts des
mesures antiérosives appliquées à travers les axes
suivants : le cadre théorique, la présentation de la zone
d'étude et enfin les résultats et recommandations.
12
CHAPITRE I : LE CADRE THÉORIQUE
Dans ce chapitre, il sera abordé les différents
aspects qui permettront de mieux cerner le contexte et la justification du
choix du thème avant de présenter la méthodologie de cette
étude. Pour cela, il est nécessaire de poser la
problématique, faire la revue de littérature, poser les
hypothèses, les objectifs de l'étude et définir les
concepts clés.
1.1 Contexte et Justification
Au Niger, les ressources naturelles comme l'agriculture et
l'élevage procurent des moyens de survie à la population.
Cependant, l'érosion des sols liée au déséquilibre
écologique constitue un handicap important. Dans la commune rurale de
Bambèye le phénomène de l'érosion est une
réalité quotidienne car cette zone est marquée par les
activités de l'homme ainsi que les variations climatiques. C'est
pourquoi l'intérêt quant aux impacts des mesures
antiérosives réalisées dans le terroir nous fait mener la
réflexion sur ce thème.
1.2 Problématique
Le Niger est un pays Sahélo saharien qui appartient
à cette frange défavorable sur le plan pédoclimatique. Le
pays est sans littoral et connaît, comme tous les pays sahéliens
en proie à la sécheresse et à la désertification,
une dégradation sans précédent de son potentiel productif.
Cela est dû aussi bien par les déséquilibres biophysiques
que par les actions de l'homme. « Une des ressources dont la
dégradation est la plus préoccupante et lourde en effets induits,
est le sol »SEYNI MOUSSA I. (2006). Par conséquent la forme la
plus dangereuse de dégradation des sols est l'érosion
accélérée et ce phénomène est le plus
souvent perçu comme un problème crucial pour l'Afrique
subsaharienne.
C'est pourquoi tous les rapports des organismes de
coopération et ceux des gouvernements nationaux sont unanimes pour
reconnaître que l'érosion des sols constitue un enjeu pour le
développement. Ce processus réduit la capacité potentielle
de la terre à produire quantitativement et qualitativement. En effet, un
sol est un milieu complexe en perpétuelle évolution et correspond
à un état d'équilibre plus ou moins stable. Ce qui, dans
le milieu naturel le protège de l'érosion, est fondamentalement
la végétation. Mais l'homme entraîne un
déséquilibre des facteurs naturels en mettant en culture des
superficies plus grandes et en élevant davantage d'animaux, etc. . Cela
accentue le rythme naturellement lent de l'érosion. «
L'érosion est l'enlèvement du sol superficiel par l'eau
(érosion hydrique) ou par le vent (érosion éolienne),
parfois jusqu'à la mise à nu de la roche mère »
Kelly (1983). L'érosion hydrique se manifeste par le ravinement,
l'érosion aréolaire,les pertes en terres et l'ensablement des
bas-fonds. Quant à l'érosion éolienne, elle est plus forte
sur les formations
13
dunaires, sablo -limoneuse exposées au vent sans couvert
végétal.
L'analyse approfondie de la situation des ressources
naturelles au Niger laisse apparaître que depuis la grande
sécheresse de 1973, la dégradation de l'environnement s'est
accélérée à un rythme sans précédent.
« Cette dégradation a provoqué non seulement la
réduction et la baisse du potentiel productif du capital ressources
naturelles, mais aussi la désarticulation des systèmes
séculaires de production et de gestion des milieux naturels »
(YAMBA, 2009). Il faut donc impérativement non seulement y
remédier mais aussi gérer ce qui reste.
S'il est vrai que la préoccupation première est
le renversement des tendances, il n'en demeure pas moins que
l'amélioration de la productivité des terres
récupérées doit être recherchée. Le terroir
de Mogheur, notre terrain d'étude, se trouve dans la partie sud -Est de
la Commune Rurale de Bambèye, Région de Tahoua, une des zones les
plus sensibles à la dégradation des terres du fait des
phénomènes climatiques et de la pression démographique. Le
thème « Impacts de mesures antiérosives dans le
terroir de Mogheur (Commune Rurale de Bambèye, Région de Tahoua
» aborde un double problème : celui de l'érosion
des sols d'une part et le développement d'une stratégie
d'intervention pour lutter efficacement contre ce fléau d'autre part.
Ces problèmes méritent toute leur pertinence pour plusieurs
raisons :
? Une régression inquiétante de la couverture
végétale ;
? La dégradation des sols avec comme conséquence
une baisse de la fertilité et par rétroaction une baisse de
rendement agricole.
Ainsi le Niger, avec l'appui financier de plusieurs bailleurs
de fonds, a entrepris une série de programmes de développement
axés sur la protection et la sauvegarde de l'écosystème.
Il s'agit entre autre du Projet d'Appui à la Production Vivrière
et au Développement Rural intégré de la vallée de
Keïta, du Projet de Développement Rural de l'Arrondissement
d'Aguié (PDRAA), du Projet Agro-Sylvo-Pastoral (PASP) Tillabéry
Nord ; du Projet de Développement Rural de Tahoua (PDRT), etc.
Aujourd'hui les interventions humaines dans la Commune Rurale
de Bambèye font ressortir deux aspects :
? Un aspect traditionnel séculaire, illustré par
l'organisation du paysage agraire, les structures foncières,
l'organisation sociale et économique traditionnelle ;
? Un aspect moderne matérialisé par les
interventions des pouvoirs publics et des ONG
14
sur le milieu.
Ces aspects suscitent des questions en vue de
déterminer le processus de la dégradation des sols en opposition
avec le processus du développement.
· Le processus de dégradation des sols n'est-il
pas lié aux conditions sociales de la population et aussi aux
changements climatiques de ces dernières années?
· Les mesures de lutte antiérosive introduites
par les projets n'ont-ils pas permis une régénération du
couvert végétal et par rétroaction une amélioration
de la situation social de la population ?
1.3 Revue de littérature
La question de la dégradation des sols et celle des
mesures antiérosives demeurent un sujet crucial pour la
préservation de l'environnement. Ce thème a été
abordé par plusieurs spécialistes tant sur le plan international
que local. Ce qui nous a permis de réunir des informations
spécifiques à cette problématique sur les mesures
appropriées en zone sahélienne.
C'est ainsi que ROOSE (1977) dans son ouvrage
«Erosion et Ruissellement en Afrique de l'Ouest : vingt années
de mesures en petites parcelles expérimentales » affirme que
l'érosion est fonction de l'agressivité climatique et de la
résistance du milieu. Selon lui certains types de sols sont plus
sensibles que d'autres à l'érosion et que cette
sensibilité peut évoluer au cours du temps en fonction des
traitements qu'on leur fait subir.
Kelly Hubert (1993) dans son ouvrage « Garder la
terre en vie : l'érosion des sols, ses causes et ses
remèdes» tout en confirment la thèse de ROOSE ajoute
cependant qu'au-delà des conditions climatiques ; ce sont plutôt
les hommes qui détruisent le sol parce qu'ils demandent à la
terre plus qu'elle ne peut donner sans assistance.
Pour Prosper et Jean-Baptiste (2000) qui ont
rédigé un article sur le thème « Ampleur de la
dégradation des sols du centre Nord du Burkina et Techniques de
restauration », estiment que les causes réelles du
phénomène sont la sécheresse climatique, la mise en
culture des terres marginales, le défrichement excessif et le
surpâturage. Ce qui a permis d'élaborer des stratégies de
lutte antiérosive. Tout d'abord la RTM (Restauration des Terres en
Montage) appliquée en France depuis 1850 et
généralisée dans toutes l'Europe pour protéger les
plaines fertiles. Après vient la CES (Conservation des Eaux et des Sols
de culture) au USA dans les années 1930 en pleine crise
économique. Ensuite entre 1940 et 1960 la DRS (Défense et
Restauration des Terres dégradées) permet de mettre en
défend les terres dégradées. Enfin la nouvelle
stratégie à savoir la GCES (Gestion, conservatoire des Eaux et
des Sols) qui est appliquée à partir de 1983 vient palier le
constat d'échec des démarches technicistes.
15
Aujourd'hui la dégradation du milieu naturel est
devenue une préoccupation mondiale. C'est pourquoi la conférence
de Nairobi (Kenya) en 1984 et même celle de Rio de Janeiro en 1992 ont
été axées sur la protection de l'environnement.
Au Niger également des recherches ont été
faites concernant cette problématique. Nous pouvons citer entre autres
AMBOUTA KARIMOUNE J.M. ; BOUZOU I. ; YAMBA Boubacar. Plusieurs étudiants
ont traité ce thème dans le cadre de leur mémoire. Dans sa
thèse unique BOUZOU I. (1988) a travaillé sur le thème
« Erosion dans la vallée de Keïta ». Il a
étudié l'évolution de l'intervention en milieu rural en
général mais surtout sur la conservation des eaux et des sols en
collaboration avec d'autres chercheurs. C'est ainsi que dans leur article
« stratégies de restauration des écosystèmes
dégradés : le cas de terroirs de Dolé et Sabon Gari
(Tahoua) » BOUZOU I; Boubacar YAMBA, Bella MATHIEU et Laouli MAHAMAN
(2000) ont, après analyse du contexte régional de l'environnement
dans ces terroirs, fait ressortir les méthodes locales de lutte. Dans un
pays où les mesures de conservation des sols et des eaux sont
perçues comme un défi, il s'avère nécessaire de
voir l'état de dégradation des terres et de faire des
propositions d'actions plus opérationnelles.
1.4 Définition des termes
Les concepts seront clarifiés en vue de résoudre
toutes ambiguïtés. En d'autres termes chaque concept sera
soigneusement défini afin de contribuer à éviter certaines
équivoques de sens commun que l'on rencontre souvent.
La dégradation: selon le dictionnaire
de la géographie (1974) s'applique à un certain stade de
l'évolution des sols.
La dégradation de l'argile: correspond à la
destruction des minéraux argileux. Ce qui traduit l'acquisition des
propriétés physiques défavorables à la vie
végétale.
La dégradation du sol: c'est un
processus qui diminue la capacité potentielle du sol à produire
quantitativement et qualitativement.
Erosion: vient de latin
'érodée'' qui veut dire ronger. Il a été
très longtemps utilisé en médecine avant que les sciences
de la terre ne le fassent. C'est un processus qui comprend trois temps: le
décapage (auquel on associe l'érosion), le transport et le
dépôt ou la sédimentation. Selon BOUZOU I. (2002) il existe
quatre (4) types d'érosion:
? L'érosion mécanique sèche qui s'effectue
sans intervention de l'eau ou du vent.
? L'érosion hydrique avec deux processus :
l'érosion en nappe ou aréolaire et l'érosion
linéaire.
16
? L'érosion en masse (solifluxion, glissement de terrain).
? L'érosion éolienne.
On peut aussi avoir une érosion liée à
l'action de l'homme.
L?érosion est ici
considérée comme étant une usure du terrain et transport
des particules arrachées au sol. Ce phénomène est
extérieur à l'écorce terrestre et contribue à
modifier les formes créées par les phénomènes
endogènes.
1.5 Hypothèses
Pour mener à bien ce travail, les hypothèses
suivantes on été formulées :
? Les mesures antiérosives
appliquées dans le terroir de Mogheur ont permis la
réhabilitation des sols et également de freiner le processus de
l'érosion.
? Les mesures antiérosives ont
eu un impact positif sur le plan socio économique.
1.6 Objectifs
Les objectifs assignés à ce travail sont de deux
ordres ;
1.6.1 Objectif général
L'objectif général de ce travail est
d'évaluer les impacts des mesures antiérosives dans
le terroir de Mogheur.
1.6.2 Objectifs spécifiques Il s'agit de
:
- étudier les impacts des mesures antiérosives sur
l'écosystème ;
- déterminer comment la population locale s'est
appropriée ces mesures ; - étudier les impacts
socio-économiques.
1.7 Matériel
Pour bien effectuer cette étude des données
diversifiées ont été mises à notre disposition par
le centre régional AGRHYMET. Il s'agit des images
satellitaires de LANDSAT MSS (Multi Spectral Scanner) de 1972, de LANDSAT TM
(Thematic Mapper) de 1986 et LANDSAT ETM + (Enhanced Thematic
Mapper Plus) de 2000. Ce sont des images à haute résolution qui
présentent les caractéristiques résumées dans le
tableau1.
17
Tableau 1 : Caractéristiques des images
LANDSAT utilisées
Satellite
|
Référence
|
Date
|
Résolution
|
Bandes
|
Landsat MSS
|
P205r050
|
28-08-1972
|
57m
|
4, 5, 6,7
|
Landsat TM
|
P191r050
|
06-01-1986
|
28,5m
|
2, 3,4
|
Landsat ETM+
|
P191r050
|
03-10-2000
|
28,5m
|
1, 2, 3,4
|
Google Earth
|
-
|
2001
|
60 cm
|
-
|
Nous avons également utilisé :
- Une image de la zone (2001) captée sur Google Earth (qui
a été géoréférencées sous ArcGIS)
pour la conception la carte de la répartition spatiale
des ouvrages antiérosifs réalisés en 2001 sur le terroir
;
- La carte topographique de la zone à l échelle 1
/50000 (feuille ND-31-XVIII-3b IGN Paris 1965) pour prendre les
coordonnées des points repère afin de délimiter le contour
du terroir ; Un appareil photo numérique pour la prise de vue.
1. 8. Méthodologie
Pour bien effectuer ce travail de recherche la démarche
méthodologique ci-dessous a été adoptée :
? La recherche documentaire ;
? Les investigations sur le terrain (observations et
enquêtes) ;
? Les traitements des données.
1.8.1 La recherche documentaire
Elle a permis de réunir des informations
spécifiques à la problématique des mesures
antiérosives dans la zone sahélienne en générale
mais surtout dans la région de Tahoua en particulier. Cette phase a
débuté à Niamey au niveau de la bibliothèque de la
Faculté des lettres et sciences humaines, celle de la faculté
d'Agronomie, et au niveau de la documentation des différents services
concernés à savoir l'environnement, l'agriculture le projet
LUCOP-TaN, BETIFOR et PDRT. Les documents consultés peuvent être
regroupés en trois (3) catégories.
- Les documents relatifs aux mesures antiérosives
Il s'agit principalement d'ouvrages traitant de la
dégradation des sols, de l'érosion et des mesures
antiérosives. Ce qui amène d'une part à voir les causes et
les conséquences du phénomène de la dégradation des
sols et d'autre part celui de l'érosion.
- les documents relatifs à la région de Tahoua
Ce sont surtout les résultats des études
menées par les différents chercheurs sur l'érosion et les
mesures de lutte contre ce fléau.
18
- les documents relatifs aux techniques et méthodes
Il s'agit particulièrement des ouvrages traitants des
aménagements en milieu rural et sur les mesures de protection des sols
(C.E.S/DRS). Ils ont permis d'identifier des ouvrages antiérosifs
appropriés à la région, leurs caractéristiques
ainsi que leur but et leur efficacité en milieu rural.
1.8.2 Les investigations sur le terrain
Cette étape est déterminante dans la collecte
des données. Les investigations portent sur les différents
ouvrages antiérosifs appliqués dans le terroir de Mogheur. Ces
investigations du terrain comportent trois (3) étapes
complémentaires à savoir les observations directes, les
enquêtes auprès de la population locale et les entretiens avec les
techniciens du domaine
1.8.2.1 Les observations directes
Les observations directes permettent de caractériser
les unités du paysage, leur mode d'occupation ainsi que les ouvrages
antiérosifs réalisés.
1.8.2.2 Les Enquêtes
Ces enquêtes facilitent la reconstitution des
caractéristiques évolutives de l'écosystème. Elles
visent à évaluer le degré de la prise de conscience de la
population locale quant au phénomène de la dégradation des
sols, celui de l'érosion mais surtout ses appréciations des
mesures antiérosives dans la commune.
Les enquêtes concernent principalement :
· les types de sols selon la perception des paysans ;
· les différents types d'ouvrages
réalisés sur chaque unité paysagère ;
· la dynamique d'occupation des sols ;
· les causes et les conséquences de l'érosion
;
· Les impacts des mesures antiérosives, leur
coût leur efficacité et leur faiblesse ;
· les appréciations portées par la population
sur les ouvrages antiérosifs ;
· l'entretien des ouvrages à savoir comment la
population locale s'organise pour pérenniser les acquis ;
· l état de l'écosystème en 1972,
durant les années 1986, dans les années 2000 et la situation
actuelle.
L'échantillonnage des individus enquêtés
est réalisé par la technique aléatoire simple sur la base
de la matrice de recensement administratif. Ainsi quatre vingt cinq (85)
personnes soit douze (12) par chef de village ont été
concernées par l'enquête. Le secrétaire de l'OLGT a aussi
été questionné. Les personnes enquêtées sont
d'un âge avancé (au moins 45 ans), c'est-
19
à-dire des personnes actives quand les projets ont
effectivement démarré leurs activités de la CES/DRS dans
la zone.
1.8.2.3 Les Entretiens avec les techniciens
Ces entretiens permettent de collecter des données sur
le milieu biophysique et socio- économique. Un moyen pour nous
d'apprécier les impacts des ouvrages antiérosifs dans la zone.
Dans le cadre de ce travail nous nous sommes entretenus avec le Chef de
district agricole de Bambèye, le responsable départemental, de
l'environnement, le Directeur départemental de génie rural, le
service COFODEP.
1.8.3 Les traitements des données
Le traitement des données est fait avec des logiciels
suivants
- Arcview 3.2 ; - ArcGIS 9.3.
- Excel (utilisé pour réaliser les tableaux et les
graphiques).
? La cartographie
Pour délimiter le contour de notre zone d'étude,
nous avons utilisé une carte topographique au 1/50 000 (feuille
ND-31-XVIII-3b IGN Paris 1965) pour pouvoir identifier les points
repères du terroir. Ces points sont en unités
Degrés-Minutes-Secondes. Ils ont été convertis par le
biais du logiciel Excel en degrés décimaux formats lisibles par
ArcGIS. Et ensuite grâce au module ArcCatalog,
nous avons créée la base de données du contour en
polygone pour pouvoir relier les différents points
repères. Et après vient la phase
d'interprétation des images.
* L?interprétation des images
C'est la phase d'analyse des données à travers
l'extraction de l'information. Pour réaliser les cartes d'occupation des
sols 1972, 1986, 2000, nous avons utilisé la méthode de
numérisation directe à l'écran à l'aide du logiciel
Arcview 3.2. Les éléments ayant la même réflectance
se voient attribuer la même classe d'occupation des sols. Par ailleurs,
il faut noter que nous avons tenu compte de la nomenclature de l'occupation des
sols (NOS) qui est une référence en la matière pour
élaborer nos cartes d'occupation des sols. Les couches vectorielles
« Shapefile » issues de la numérisation nous ont permis
d'effectuer des calculs statistiques en vue de déterminer la proportion
de chaque unité d'occupation du sol aux différentes dates.
L'intérêt principal de cette étude est de faire une analyse
des ouvrages antiérosifs réalisés dans le terroir
villageois de Mogheur, c'est à cet effet que nous avons retenu quatre
(4) classes d'occupation des sols. Il s'agit :
20
? des sols nus ou sols dégradés;
? des zones de culture ;
? de la végétation naturelle ou reboisement ;
? de l'hydrographie ;
Pour faire la carte des changements 1986-2000 un croisement de
deux cartes a été fait grâce à la fonction «
Intersect » qui est un outil d'analyse du logiciel ArcGIS. Les croisements
entre les données issues de l'analyse diachronique de l'occupation des
sols, des observations, des enquêtes de terrain et des entretiens avec
les techniciens, aux renseignements tirés des documents
exploités, facilitent l'étude des impacts des mesures de lutte
antiérosives dans le terroir.
Dans le chapitre suivant il sera question de présenter
le cadre physique et les caractéristiques socio-économiques de la
commune rurale de Bambèye en général et le terroir de
Mogheur en particulier.
21
Chapitre II : Présentation de la commune rurale
de Bambèye et de la zone d?étude
Dans ce chapitre il est présenté d'abord les
caractéristiques socio-économiques de la commune rurale de
Bambèye puis celles du terroir de Mogheur, notre zone d'étude.
2.1 La localisation géographique de La Commune
Rurale de Bambèye
La commune rurale de Bambèye est créée
par la loi 2002-014 du 11 juin 2002 portant création des communes au
Niger et fixant les noms de leurs chefs -lieux. Elle est située entre
4°41'07'' et 5°21'53'' de longitude Est ,14°28'15'' et
14°55'44'' de latitude Nord. Localisée dans le département
de Tahoua, région du même nom, le chef lieu de la commune est
Bambèye et se trouve à une trentaine (30km) de kilomètre
au Sud -Ouest de la ville de Tahoua. Elle est limitée au Nord par la
commune rurale de Takanamatt et le territoire de la Communauté Urbaine
de Tahoua, à l'Est par la commune rurale de Kalfou, au Sud par les
communes rurales de Badaguichiri et de Bagaroua (Département d'
Illéla) et la commune urbaine d'Illéla , à l'Ouest par la
commune rurale de Tébaram. Avec une superficie de 2576 km2 (source PDC),
Bambèye a une population estimée à 92634 habitants (source
recensement administratif réalisé en 2008 par le service
d'état civil de la commune). La commune est constituée de 77
villages administratifs et 40 hameaux avec une densité d'environ 36
habitants au km2.
22
Figure 1: Carte administrative de la commune
rurale de Bambèye (source: Agrhymet. Réalisation: I. SADDI
.2011)
2 .2 Caractéristiques physiques
La commune rurale de Bambèye présente à
l'Est un relief caractérisé par des plateaux cuirassés
entaillés par des vallées étroites. Le centre et l'Ouest
sont marqués par la présence d'un modelé dunaire.
2.2.1. Le climat
Il est de type sahélien et est
caractérisé par une succession de saisons. Une saison
sèche et froide d'Octobre à Janvier, une saison sèche et
chaude de Février à Mai et une saison pluvieuse de Juin à
Septembre. L'analyse des éléments du climat à savoir la
pluviométrie, la température, le vent met en évidence les
caractéristiques climatiques de la zone.
* Pluviométrie
La pluviométrie dans cette commune rurale se
caractérise par son irrégularité et sa mauvaise
répartition dans le temps et dans l'espace. La pluviométrie
moyenne enregistrée entre 2000 et 2010 est de 346,21mm en 24 jours de
pluie (source CDA Bambèye). La figure 1 présente
l'évolution interannuelle de la pluviométrie à
Bambèye sur une période de dix (10) ans. Ces données ne
permettent pas une meilleure interprétation. Cependant dans une
étude
23
réalisée en 2007 par le PCGES il a
été rappelé que les bilans climatiques font ressortir que
la sécheresse écologique est observable pour certaines
années, même en Août. Cela augmente les déficits en
eau par rapport aux besoins.
*La température
Les températures sont très élevées
avec la moyenne mensuelle qui varie entre 25° et 35°C (source
PDC).
*le vent
Au cours de la saison sèche souffle l'harmattan, un
vent continental chaud et sec. La mousson se manifeste pendant la
période d'hivernage.
2.2.2 La végétation
Elle est très variable et dépend fortement des
différentes unités physiographiques. Elle est clairsemée
sur les dunes et relativement dense au niveau des bas -fonds et des
vallées. Il existe dans la commune rurale de Bambèye une seule
forêt classée, celle de Danfan qui subit une dégradation
très inquiétante. Grâce aux activités de
récupération des terres dégradées entreprises par
le Projet de Développement Rurale de Tahoua (PDRT), il existe plusieurs
peuplements d'Acacia senegal, d'Acacia nilotica, d'Azadirachta
Indica, et d'Eucalyptus. Au niveau de la seule forêt
classée de Danfan les espèces végétales
prédominantes sont :
i) pour les herbacés Cenchrus biflorus, schoenefeldia
gracilis, Eragrostis tremu ;
ii) pour les ligneux : Guiera senegalensis, Bauhinia
rufescens, Piliostigma reticulatum.
2.2.3 Les ressources en eau
Il existe plusieurs mares temporaires dans la commune. On peut
citer parmi les plus importantes : les mares de Dindi (242ha); Inkarkadan
(123ha); Eurouf (243ha) ; Fadjima (146 ,41ha) (Cofodep, Tahoua). On y trouve
plusieurs koris avec des affluents formant des réseaux en arrête.
Le sous -sol de la commune rurale de Bambèye regorge d'importante
quantité d'eau à des profondeurs variables notamment au niveau du
bassin versant de Mogheur et celui de Rafin Saki.
2.3 Caractéristiques
socio-économiques
La population de cette commune rurale, selon le recensement
administratif réalisé en 2008 par le service d'état civil
est estimée à 92634 habitants.
24
2.3.1 Caractéristiques démographiques
La population de la commune rurale de Bambèye est
estimée à 83 108 habitants selon le recensement administratif
réalisé par l'état civil de Tahoua en 2001. La
répartition par sexe est de 40 709 hommes et 42 399 femmes soit un taux
de masculinité de 104%. Du point de vue âge, 35 274 habitants ont
moins de 14 ans contre 47 834 habitants qui ont au-delà de 14 ans. Cette
population est beaucoup plus concentrée dans la partie Est de la
commune. En effet, 31 303 habitants vivent dans la zone de Mogheur soit 38% de
la population totale de la commune avec une densité estimée
à 75 habitants au km2. Par contre la partie Nord - ouest de
la commune (sous zone de Inkarkada) est très peu peuplée (15 129
habitants) avec une superficie de 926 km2 soit une densité de
16 habitants/km2 (source : PDC Bambèye 20092015). Cette
inégale répartition est due à la présence de la
vallée de Mogheur dans le Sud. Trois groupes ethniques sont
présents dans la commune ; il s'agit par ordre d'importance
numérique des haoussa, des touareg et des peul. Les langues couramment
parlées dans cette commune sont le Haoussa en majorité, le
Tamasheq et le Fulfuldé. Plus de 80% des jeunes de 16 à 45 ans de
tous les groupes ethniques pratiquent l'exode vers les pays maghrébins
(Libye, Algérie) et les pays côtiers de l'Afrique de l'ouest
(Nigeria, Côte d'Ivoire) et du centre (Cameroun et Gabon). On estime la
population de la commune rurale de Bambèye selon le recensement
administratif réalisé en 2008 par le service d'état civil
à 92634 habitants dont 48 478 hommes et 44 156 femmes. L'une des
particularités de cette population est l'exode rural. Il
intéresse surtout la couche sociale masculine (jeunes et adultes) qui
quitte généralement leur village à la recherche du mieux
vivre. Dans l'Ader d'une manière générale et
particulièrement dans la commune rurale de Bambèye l'exode a un
double sens :
? c'est d'abord et avant tout une
activité culturelle ;
? c'est aussi une activité
génératrice de revenus.
D'après une étude faite par le BETIFIR en 2008
sur financement du Programme LUCOP-TaN, les jeunes vont
généralement en République de Côte d'Ivoire (RCI),
au Cameroun au Gabon ou au Nigeria. Cependant même organisé,
l'exode reste un mouvement des populations qui quittent chaque année
leur village pour chercher l'argent nécessaire à
l'équilibre financier des ménages
(PCGES-CONSEIL/UNIVERSITÉ DE NY)
25
Tableau 2 : Population concernée par l exode
ainsi que la destination.
Population
|
type de séjour
|
Ville ou Pays
|
Motivation
|
Activités
|
Adultes Hommes
|
Prolongé
|
RCI,
Cameroun, Gabon
|
Complément alimentaire, et construction
|
Commerce
|
Saisonnier
|
Nigeria
|
Complément alimentaire, cérémonies
|
Commerce
|
Jeunes hommes
|
Saisonnier
|
Nigeria, Niger (villes)
|
Complément alimentaire,
cérémonies/mariages
|
Commerce,
Travaux domestiques
|
Prolongé
|
RCI,
Cameroun, Gabon
|
Achats vivres, cérémonies, achats animaux et
construction
|
Commerce, Travaux domestiques
|
2.3.2 Les activités économiques
Les activités économiques de la commune rurale de
Bambèye sont essentiellement l'agriculture, l'élevage, le
commerce et l'artisanat.
2.3.2.1. L?agriculture
L'agriculture représente la principale activité
économique de la population de la commune rurale de Bambèye. Elle
emploie la quasi-totalité de la population, fournit l'essentiel pour la
consommation des ménages et pourvoit une partie du cash. Cependant,
cette agriculture est loin de répondre aux besoins et aux attentes de la
population. Elle est en effet caractérisée par l'utilisation des
équipements et matériel traditionnel et archaïques,
l'utilisation des techniques culturales et des technologies encore
rudimentaires....Il est pratiquée dans la commune rurale de
Bambèye les cultures pluviales et les cultures irriguées.
L'agriculture pluviale qui dépend exclusivement de la
pluviométrie est pratiquée sur l'ensemble du territoire de la
commune et présente les mêmes caractéristiques avec
cependant des particularités en fonction des zones. Elle est faite sur
des exploitations familiales. Les surfaces des champs sont variables et vont de
moins d'un hectare (ha) à l'Est de la commune où la
densité est faible à plus de dix (10) hectares à l'Ouest
où la densité est forte. Une famille peut posséder et
exploiter plusieurs champs à la fois. Les modes d'acquisition des terres
sont : l'héritage, l'achat, le gage ou le prêt. Les femmes peuvent
elles aussi hériter des champs qu'elles cèdent le plus souvent
à leurs maris pour l'exploitation. Elles se contentent
26
de lopins de terres pour produire du mil, de
niébé et l'arachide destinés à la commercialisation
ou à appuyer le ménage pendant les périodes de soudure. Le
tableau 3 nous donne une indication sur les superficies cultivables et
cultivées au niveau du département de Tahoua à
défaut des chiffres spécifiques à la commune.
Tableau 3: Superficies cultivables et
cultivées en 2005 (département de Tahoua)
Superficie totale (km2) du
département de Tahoua.
|
Superficie cultivable
|
Superficie cultivée
|
Ha
|
% par rapport à la superficie totale
|
Ha
|
% par rapport à la superficie cultivable
|
% par rapport à la
superficie totale
|
|
388.800
|
40%
|
238.650
|
61%
|
24,5%
|
Source : Rapport DDDA Tahoua campagne 2005 (pourcentages
générés)
Les principales cultures pratiquées sont le mil, le
sorgho, le niébé, l'arachide, l'oseille etc. Ces cultures sont
pratiquées en association (mil -sorgho ; mil- niébé ; ou
mil- sorgho - niébé ou mil-arachide...). L'oseille est souvent
semée en bordure des champs. Les semences sont produites localement par
les producteurs eux-mêmes. En cas de mauvaises saisons, les agriculteurs
achètent des semences 'tout venant'' sur les marchés
locaux. Ce qui n'est pas sans conséquence sur les productions.
2.3.2.2 L élevage
L'élevage constitue la seconde activité
économique des populations de la commune rurale de Bambèye. Il
représente une source importante de revenu pour la population. C'est
aussi une activité difficile à maîtriser car elle concerne
non seulement les nomades mais aussi les agriculteurs sédentaires qui
confient leurs animaux aux bergers nomades. Ces contrats de gardiennage entre
bergers et propriétaires des animaux varient en fonction des saisons. Il
ressort de notre enquête que :
- Pendant la saison des pluies le contrat est de 1000F par
tête de bovin et 150F par tête d'ovin en moyenne et pour toute la
saison;
- En saison sèche le contrat est de 500F par tête
de bovin et 150F par tête d'ovin en moyenne pour la saison.
On distingue trois types d'élevage :
*L?élevage extensif
Il est pratiqué exclusivement par les nomades. Il
consiste à nourrir les animaux à partir des pâturages
naturels sans aucun apport en intrants d'où le mode de transhumance.
27
* L'élevage semi intensif
C'est le plus pratiqué par les agriculteurs
-éleveurs de la commune. La pâture est limitée aux aires de
pâturage en saison des pluies et s'étend aux champs aussitôt
après les récoltes. Pendant la saison sèche, en plus du
pâturage, les animaux reçoivent à domicile des sous
produits agricoles ainsi que des sels minéraux et un complément
en son pendant la période de soudure.
* L'élevage intensif
Cette forme d'élevage consiste à garder les
animaux au piquet et à les entretenir de façon intensive pour
obtenir des gains de poids importants. Ce système est très peu
développé malgré le soutien des projets et ONG
intervenants dans la commune et d'importants revenus procuré aux
paysans. Les revenus tirés de l'élevage permettent aux
pratiquants de subvenir à plusieurs besoins dont entre autres : l'achat
de nourriture, les soins médicaux, les cérémonies, la main
d'oeuvre agricole, l'éducation, l'habillement et d'autres
activités. Le tableau 4 donne un aperçu de l'utilisation faite de
ces revenus.
Tableau 4: Utilisation des revenus issus de
l'élevage.
Utilisation des revenus
|
Nourriture
|
Soins médicaux
|
Cérémonies
|
Main d'oeuvre
|
Education
|
Habillement
|
Autres
|
Pourcentage
|
35%
|
12%
|
20%
|
15%
|
6%
|
3%
|
9%
|
Source : PDC Bambèye (entretien lors du diagnostic
participatif Décembre 2005)
Le cheptel de la commune de Bambèye est estimé
à 31.571 UBT (PDC 2009 tableau 5); composé des bovins, des ovins,
des caprins, des équins, des asins et des camelins. Il est à
noter que l'élevage de volaille est très développé
dans la Commune bien qu'il soit confronté à de nombreuses
difficultés dont entre autres, la prévalence des maladies
épidémiques.
Tableau 5: Cheptel en nombre de tête et en UBT
de la commune de Bambèye
Cheptel
|
Bovins
|
Ovins
|
caprins
|
Equins
|
Asins
|
camelins
|
Total
|
Nombre de têtes
|
19.084
|
40.311
|
32.118
|
346
|
7.653
|
1.267
|
100.779
|
UBT
|
15.267
|
6.047
|
4.818
|
346
|
3.826
|
1.267
|
31.571
|
Source : PDC Bambèye (enquête lors du
diagnostic participatif Décembre 2005)
Les mouvements sont fonction des disponibilités des
pâturages et de l'accessibilité à l'eau d'abreuvement des
animaux. Ainsi pendant la saison des pluies, les concentrations d'animaux sont
plus importantes au Nord vers l'Azawak ' où les cultures sont peu ou pas
pratiquées, sur les plateaux et les versants, sur quelques
jachères et les espaces autours des mares. Ces espaces sont
occupés de plus en plus par des cultures et font souvent
lobjet des
28
litiges entre agriculteurs et éleveurs. Les principaux
couloirs de passage traversant la commune sont :
V' Tahoua-Danfan-Inkarkada- Edir- Tébram ;
V' Illéla- Guilleye- Hada/ Chimo- Edir- Sarou
;
V' Mogheur- Gao moussa- Rafin saki- Guéza
-Abdouga-Moza- Inkarkada ;
V' Abdouga-Maibiga-Maifarin kay ;
V' Bouzoudabagui-Falali-Gao moussa ;
V' Inkarkada- Illélawa- Alélla-Tsafarfari-
Illéla ;
V' Waza waza-Ténaran- Bambèye- Rafin saki-
Illéla ;
V' Inkarkada- Takanamat. (Source : documentation
PDRT).
2.3.2.3. Le commerce
Le commerce représente une activité secondaire
pour les populations de la commune rurale de Bambèye. Il se
présente sous plusieurs formes. Les activités commerciales les
plus importantes se concentrent sur les huit (8) marchés hebdomadaires
de la commune. Ce sont : Bambèye (avec comme jour d'animation le Lundi),
Danfan (Samedi), Edir (Lundi), Garanga Marké (Mardi), Guillèye
(Samedi), Inkarkada (Mercredi), Mogheur (Vendredi) et Moulléla (Mardi).
Des transactions importantes se passent aussi sur les marchés des
localités voisines. C'est le cas des marchés de Badaguichiri, de
Tahoua, de Chanyassou... Les produits échangés sont : les
produits agricoles, le bétail, les textiles, les chaussures, les
articles de ménages (marmite, calebasse, cuillère, canaris, les
louches, les bassines les nattes...), les articles de consommation (savons,
pommades, parfum...), les postes radios d'occasions et autres.Les autres
produits viennent en grande partie du Nigeria, de la Côte d'Ivoire ou des
pays Maghrébins.
Ces marchés représentent aussi des lieux
d'approvisionnement pour les boutiquiers et les 'tabliers'' se
trouvant dans les gros villages de la commune ainsi qu'aux colporteurs. Les
femmes sont aussi présentes dans le commerce et excellent dans la
restauration et la vente des beignets sur les marchés et le matin dans
les gros villages. Les contraintes principales des activités
commerciales sont la non praticabilité des pistes de desserte surtout
pendant la saison de pluies et l'insuffisance du capital.
29
2.3.2.4. L?artisanat
L'artisanat est très peu développé dans
la commune. Les activités artisanales se limitent à la forge, la
poterie, la cordonnerie, la maçonnerie, la réparation des postes
radios, le tressage des nattes, le bûcheronnage, la couture, la
transformation des fruits de jujubier en pâte, la production du
fromage,.... Les productions sont très limitées ou se font sur
demande. L'artisanat de la commune se butte à plusieurs problèmes
dont entre autres la non compétitivité des produits locaux par
rapport à ceux importés (prêt-à-porter, bassines et
louches en plastiques, les bijoux....), l'insuffisance de formation et
d'équipements de travail, l'absence d'un système de crédit
local pouvant inciter les artisans à la création.
2.4 Le terroir de Mogheur
Dans ce sous-chapitre il sera d'abord abordé la
localisation puis l'historique ensuite les aspects biophysiques du terroir
villageois de Moghur.
2.4.1 Localisation
Situé dans la commune rurale de Bambèye, le
terroir villageois objet de notre étude est à 35 km au sud -ouest
de Tahoua après une déviation à 32 km de Tahoua sur 3km
à l'ouest de Tabla. Il est compris entre 5°15'00''et 5°20' de
Longitude Est et14°35'et14°40'de Latitude Nord. C'est un plateau de
5445,05 ha de superficie.
30
Figure 3 : Carte de localisation du terroir de
Mogheur (source : Agrhymet. Réal : (I.SADDI 2011)
2.4.2 Historique du village
Mogheur doit son nom au domaine foncier des fondateurs connu
sous le nom de Moghar. Les rites animistes, la chasse et les cultures sur des
poches de terres constituaient les activités de la population du
village. L'ancienneté du village, la diversité et la
multiplicité des sous groupes sociaux auxquelles s'ajoutent les
considérations de classes rendent complexe l'organisation des habitants.
Environ dix sept (17) sous groupes sociaux forment la population du village.
Cette Multiplicité de sous groupe, chacun se distinguant par la
recherche d'une authenticité et d'une hégémonie à
cause de son origine ou de la nature de ses activités crée une
dynamique d'antagonisme.
31
Activités
|
Saison froide
|
Saison chaude
|
Saison des pluies
|
|
Oct
|
Nov
|
Déc
|
Jan
|
Fév
|
Mars
|
Av
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
At
|
Sept
|
Récoltes
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Exode
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Culture contre
saison
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
travaux CES/DRS
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
défrichage champs
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Semis
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Binage
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Figure 4 : Calendrier activités
saisonnières à Mogheur 2.4.3 Aspects
biophysiques
2.4.3.1 Climat
C'est un climat de type sahélien qui se décompose
en :
- une saison sèche froide de novembre à janvier
;
- une saison sèche chaude de Février à
Mai
- une saison des pluies de juin à octobre .Les pluies
s'arrêtent souvent en septembre.
Les données climatiques (température,
pluviométrie) de la station de Tahoua ont permi
l'élaboration des graphiques de l'évolution
interannuelle de celles-ci.
* Pluviométrie
La station pluviométrique la plus proche est celle de
Tahoua. Le manque de suivi de celui installé à Mogheur ne permet
pas la fiabilité des données. C est ainsi que les
relevés sur 40 ans de 1971 à 2010 montrent une variation
interannuelle de la pluviométrie. La comparaison des moyennes de
quarante (40) ans montrent une amélioration de la pluviométrie
qui passe de 323,05mm (période 1971-1990) à 376,31mm
(période 1991-2010), soit une augmentation de 53,26mm.
L'évolution interannuelle entre 1971-2010 fait ressortir de grandes
variations autour de la moyenne.
Au vu des données de cette station il ressort que notre
terrain d'étude n'échappe pas aux caprices climatiques connus au
sahel, où les années de bonnes pluies succèdent aux
années de pluviométries déficitaires.
32
Figure 5 évolution interanuele de la
pluviometrie à Tahoua (Aéroport:1971-2010. Source:
(DMN)
Figure 6: Courbe tendancielle de la
pluviométrie de Tahoua Aéroport 1972-2000 (source: DMN)
? Evolution des moyennes mobiles avec pas de cinq (5) ans
à Tahoua Aéroport
L?analyse de la courbe de la moyenne mobile avec pas de cinq (5)
ans (figure 7) permet de cerner les fluctuations pluviométriques . Une
alternance de périodes humides et
33
sèches se constate dont les plus remarquables sont :
période humide (1975-1980) suivie d'une période sèche de
(1980-1990), puis une autre période humide (1990-2005).
Figure 7 : Moyenne mobile sur 5 ans Tahoua
Aéroport 1971-2010 (source DMN)
L'insuffisance des pluies et la mauvaise répartition de
celles-ci, ont périodiquement occasionné des sécheresses
dans la zone.
*Température
Il n'existe pas de données propres au terroir. La
station la plus proche est celle de la ville de Tahoua où selon les
données de 1971 à 2000, la température moyenne annuelle
s'élève à 29,15°C. Elle est variable tout au long de
l'année aussi bien pour l'amplitude journalière que
saisonnière. Le maximum moyen annuel dépasse 34,8°C tandis
que le minimum tombe jusqu'à' à 22,3 °C.
34
Figure 8 : Variation interannuelle de la
température Tahoua Aéroport 1971 -2000 (source DMN) Source :
DMN (direction de la météorologie nationale)
2.4.3.2 Végétation
Elle se caractérise par une faible couverture sur le
plateau mais plus importante dans la vallée. Les espèces
arbustives sont les plus dominantes surtout Guiera Senegalensis et
Combretum Glutinosum. La zone dunaire est remarquable par quelques pieds
de Balanites Aegytiaca qui surplombent les paysages. La
végétation dans la vallée se remarque par une forte
concentration d'Acacia et surtout d'Eucalyptus le long des
berges de Kori.
Photo1 : Végétation le long de la
berge du kori à Mogheur
35
Tableau 6 : végétation en fonction des
unités paysagères Source : (PDRT 1993)
Unité
|
Herbacées
|
Ligneuses
|
Haousa
|
Latin
|
Haoussa
|
Latin
|
Plateaux
|
Dillia Hagarin-Doki Yayapé Zamarké
Guéwaya tsamia Koutoukou Tchintchia Gouna Koudiji
|
Indigofera Astragalina Merremia tridentata Aeschynomene
Indica Cassia Nigricans Dactyloctenium Aegyptium Loudetia hordeiformis
Citrullus Lanatus Striga Hermonthica
|
Magaria Sabara Guéza Kalgo Adoua
|
Ziziphus Mauritiana Guiera Senegalensis
Combretum Micranthum
Piliostigma reticulatum
Balanites Aegyptiaca
|
Surface dunaire
|
Karanguiya Bagaroua kassa koudiji
Gadagui Hourahoura
|
Cenchrus biflorus Cassia mimosoides Striga Hermonthica
Alysicarpus ovalifolius
|
Sabara Taramna Magaria Adoua
|
Guiera senegalensis
Combretum glutinosum
Ziziphus mauritiana Balanites aegyptiaca
|
Bas-fond
|
Garaji
Sabouni-magaria Dillia
Guirguiri Zamarké
|
Brachiaria Distichophylla
Aeschynomene Indica
|
Kalgo Guéza Magaria
Bagaroua juma
Taramna Sabara
Kaya Goumbi
|
Piliostigma reticulatum
Combretum Micranthum
Ziziphus Mauritiana
Combretum glutinosum
Guiera senegalensis
Eucalyptus camaldulensis
|
Buttes
Résiduelles
|
-
|
-
|
Sabara
|
Guiera senegalensis
|
2.4.3.3 Sols
Il s'agit des sols de plateau, des sols hydromorphes de
vallée et de bas- fond localisés à
l'Est de la commune et au niveau des dépressions, des
sols de glacis rencontrés un peu partout dans la commune et les sols
sableux (sols dunaires) prédominants à l'Ouest de celle- ci.
? Sols de plateau
Contrairement à d'autres terroirs de la région
de Tahoua, la surface de ce plateau n'est pas indurée. Elle est
relativement recouverte par des graviers et se caractérise par une
couche inférieure friable à texture limono sableuse. Les sols de
ce plateau sont appelés localement ·dabagui·ou
·toukoua· selon leur aspect géomorphologique.
36
? Sols de glacis
Ce sont des sols latéritiques lessivés à
texture sablo- limoneuse. Du fait que les plateaux voisins sont plats, ils sont
soumis à une déflation continuelle en surface accentuée
par une mise en valeur agricole. Ils sont appelés localement
·roukoudoum·
? Sols de bas- fond
Ces sols présentent un horizon particulier dû
à l'alternance entre des dépôts de sédiment,
l'épandage des eaux durant l'hivernage et l'ensablement. Ces
phénomènes donnent une texture limono- argileuse en couche. Ils
sont les plus fertiles et exploités tout le long de l'année.
? Sols dunaires
Ce sont des sols peu évolués d'apports
éoliens caractérisés pourtant par une texture très
fine qui les rend légers et donc plus faciles à travailler. On
les appelle ·toudou·
Conclusion partielle
L'agriculture et l'élevage sont les principales
activités de la population de la commune rurale de Bambèye. C'est
une zone caractérisée par de plateaux cuirassés surtout
dans sa partie Est. Le terroir d'étude est situé sur le plateau
à faible couverture végétale. Cette situation l'expose
à toutes les formes d'érosion. Dans le chapitre suivant, il sera
d'abord, abordé l'état de l'érosion avant l'intervention
des projets illustré par les situations d'occupation des sols en 1972 et
1986 et puis avec l'intervention des projets illustrée par la situation
de 2000, celle de 2001 et enfin les observations sur le terrain.
37
CHAPITRE III : RESULTATS
3.1. Occupation des sols et Etat de l'érosion
avant l'intervention des projets
Le suivi qualitatif, quantitatif et la cartographie de la
dynamique d'occupation des sols sur plusieurs années donnent un
aperçu de l'ampleur des changements. Dans cette commune rurale de
Bambèye objet de notre étude, l érosion des sols est un
phénomène complexe
Tableau 8 : Evolution des unités d'occupation
du sol en hectare (Ha) 1972-1986-2000.
Année Unités
|
1972
|
1986
|
2000
|
Ecart
1972/1986
|
Ecart
1986/2000
|
Moyenne
1972/1986
|
Moyenne
1986/2000
|
Steppe arbustive
régulière
|
3228,37
|
-
|
-
|
- 3228,37
|
-
|
-230,59
|
-
|
Steppe arborée
arbustive
|
93,31
|
-
|
-
|
-93,31
|
-
|
-6,66
|
-
|
Steppe arbustive
dégradée
|
-
|
104,17
|
212,36
|
104,17
|
108,19
|
7,44
|
7,72
|
Broussaille
|
128,65
|
127,92
|
117,88
|
- 0,73
|
- 10,04
|
-0,05
|
-0,71
|
Cultures pluviales
|
1617, 40
|
2454,62
|
3043,78
|
837,22
|
587,61
|
59,80
|
41,97
|
Cultures sous
parc
|
363,71
|
314,95
|
478,26
|
- 48,76
|
163 ,31
|
-3,48
|
11,66
|
Arboriculture
|
-
|
3,99
|
14,43
|
3,99
|
10,44
|
0,28
|
0,74
|
Terrain rocheux
|
-
|
2429,06
|
1562,72
|
2429,06
|
- 866,34
|
173,64
|
-61,88
|
Surface dénudée
|
-
|
9,18
|
11,41
|
9,18
|
2,23
|
0,65
|
0,15
|
Mare
|
13,61
|
1,16
|
5,44
|
- 12,45
|
4,28
|
-0,88
|
0,30
|
Total
|
5445,05
|
5445,05
|
5445,05
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Le tableau 8 présente en détail les superficies
des unités d'occupation du sol en hectare de 1972-1986-2000. Le tableau
9 indique ces unités en pourcentage (%). L'analyse et
l'interprétation de ces superficies mettent en exergue
l'évolution de l'occupation des sols. Elles mettent également en
lumière les effets des différentes mesures de lutte
antiérosives appliquées dans la zone.
38
Tableau 9 : Unités d'occupation des sols en
pourcentage (%)
Année Unités
|
1972
|
1986
|
2000
|
Ecart
1972/1986
|
Ecart
1986/2000
|
Moyenne
1972/1986
|
Moyenne
1986/2000
|
Steppe arbustive
régulière
|
59,3 1
|
-
|
-
|
-59,31
|
-
|
-4,23
|
-
|
Steppe arborée
arbustive
|
1,71
|
|
|
-1,71
|
-
|
-0,12
|
-
|
Steppe arbustive
dégradée
|
|
1,91
|
3,90
|
1,91
|
1,99
|
0,13
|
0,14
|
Broussaille
|
2,36
|
2,34
|
2,16
|
-0,02
|
-0,18
|
-0,001
|
-0,01
|
Cultures pluviales
|
29,7 0
|
45,0 8
|
55,9 0
|
15,38
|
10,82
|
1,09
|
0 ,77
|
Cultures sous parc
|
6,67
|
5,78
|
8,78
|
-0,89
|
3
|
-0,06
|
0,21
|
Arboriculture
|
-
|
0,07
|
0,26
|
0,07
|
0,19
|
0,005
|
0,01
|
Terrain rocheux
|
-
|
44,6 1
|
28,7 0
|
44,61
|
-15,91
|
3,18
|
-1,13
|
Surface dénudée
|
-
|
0,16
|
0,20
|
0,16
|
0,04
|
0 ,01
|
0,002
|
Mare
|
0,25
|
0,02
|
0,10
|
-0,23
|
0,08
|
-0,01
|
0,005
|
Total
|
100
|
100
|
100
|
|
|
|
|
3.1.1 La situation de l?occupation des sols en 1972
La cartographie des unités d'occupation des sols de
1972 est présentée par la figure 7. Celle-ci montre les cinq (5)
grandes unités d'occupation des sols identifiées et
cartographiées pour le besoin de ce travail de recherche. Il s'agit
essentiellement des zones de cultures, de la végétation, de
l'hydrographie, des sols nus et des établissements humains.
La végétation, unité la plus vaste en
1972 (3450,38ha) comprend : la steppe régulière (3228,37ha) au
niveau des revers des plateaux, la broussaille sur les talus et la steppe
arborée arbustive autour des points d'eau et koris. En 1972 la steppe
régulière atteint une proportion de 59,31% du terroir.
Avec une superficie de 128,65ha en 1972 soit 2,36% du terroir,
la broussaille constitue l'essentiel des aires de pâturage et favorise
une production fourragère suffisante toute l'année.
Quant à la steppe arborée arbustive, elle
représente 93,31ha soit 1,71% de la
39
superficie totale de la zone et montre une distribution
discontinue. Elle est concentrée surtout autour des points d'eau.
Dans la plupart des cas, les koris drainent les eaux des
pluies vers la vallée tandis que les marigots recueillent les eaux de
ruissellement.
Les zones de cultures, concentrées le long de la
vallée, des marigots et sur les surfaces dunaires couvrent 1981,11ha. Il
y a les cultures pluviales (1617, 40 ha) durant la saison des pluies et les
cultures sous parc arboré (363,71ha) le long des koris
généralement jusqu'à la fin de la saison sèche
froide. On y cultive la patate douce, le haricot, le gombo etc.
L'abondance de la steppe en cette période de 1972 ne
permet pas de percevoir les affleurements rocheux ou les surfaces
dénudées surtout que l'image satellitaire est du 28-081972, donc
en pleine saison des pluies.
40
Figure 10: Carte d'occupation des sols
1972
41
3.1.2 La situation d?occupation des sols en 1986
Quinze ans après 1972 la cartographie des unités
d'occupation des sols de 1986, indique que les zones de cultures (cultures
pluviales, culture sous parc arboré et arboriculture)
représentent 50,93 %, soit 2773,56ha. Mais les cultures sous parcs
arborés diminuent et passent de 363,71ha en 1972 à 314,95ha en
1986. Cela résulte de la pression démographique sur
l'environnement.
La dégradation des sols atteint son paroxysme dans les
années 1980 après les sécheresses successives de 1973 et
1984. Les sols nus c'est-à-dire les surfaces dénudées
(loupe d'érosion) et les terrains rocheux ont atteint 2438,24ha soit
44.6% de la superficie totale.
La végétation a également subi une
dégradation du fait de la démographie galopante, de l'expansion
des zones de cultures d'une part et d'autre part du surpâturage.
La steppe régulière a complètement
disparu au profit de la steppe arborée arbustive dégradée
et parfois même des sols nus.
Les points d'eau se sont contractés et
s'étendent sur seulement 0,02 % du terroir soit
1,16ha.
Déjà en 1986 l'arboriculture a fait son
apparition dans le terroir avec 3,99 ha. Elle concerne en grande partie les
arbres fruitiers tels que les manguiers, les goyaviers ou les citronniers. Ces
vergers sont protégés par une haie vive bien entretenue. Elle est
une protection contre les animaux des éleveurs en transhumance. Dans les
champs des mesures antiérosives traditionnelles sont appliquées
pour contrôler l'érosion des sols.
42
Figure 11 : Carte d'occupation des sols
1986
43
3.2 Evolution de l'occupation des sols
L'interprétation de la carte d'occupation des sols de
1972, le croisement des cartes d'occupation des sols 1986-2000 ainsi que
l'analyse de celle d'ouvrages antiérosifs réalisés en 2001
mettent en évidence les mutations à l'échelle des
unités paysagères. Pou chaque intervalle de date retenue le
travail consiste à évaluer l'importance des changements,
localiser les zones les plus affectées, expliquer les causes et
dégager les conséquences.
? Changements intervenus entre1972 et 1986
En examinant le tableau8, nous constatons des changements
très importants dans la superficie occupée par les
différentes classes
? Changements au niveau des zones de cultures
En 1972, les zones de cultures (cultures pluviales et cultures
sous parc) couvrent une superficie de 1981,11ha. Elles ont globalement connu
une augmentation de 14,49 % en 1986 soit environ 1,03% par an. Cependant les
cultures sous parc ont diminué de 48,76ha. On constate dans les
années 1986 la pratique d'arboriculture dans le terroir avec 3,99ha.
L'insuffisance des terres de cultures conjuguées aux caprices du climat
sont à l'origine de la grave famine des années 1980 dans la zone.
Pour freiner l'ampleur de ce phénomène un programme de
récupération des terres dégradées fut lancé
par l'Etat et ses partenaires à savoir les projets et ONG.
? Changements intervenus au niveau des points
d?eau
Ces unités ont connu une régression importante
quant à leur superficie initiale. En 1972 les points d'eau
essentiellement des marigots couvrent 13,61ha soit 0,25% du terroir
d'étude. La disparition de certains points d'eau et le
rétrécissement des koris suite aux sécheresses des
années 1980 ont eu pour conséquence la multiplication des taches
steriles. Même si l'image de 1972 est prise le 28 Août
c'est-à-dire en période pluvieuse et celle de 1986 le 06 Janvier
en période sèche froide, il est à noter un
rétrécissement des superficies occupées par les points
d'eau. Elles ne sont que 1,16ha soit 0,02% de la superficie totale du
terroir.
? Changements au niveau de la
végétation
Durant les années 1972 -1986 des changements
significatifs se sont produits au sein de cette unité. En 1972 la
superficie occupée par la végétation (steppe arbustive
régulière, steppe arborée arbustive, broussaille) est de
3450,33ha.Selon la population, la faune, la flore
44
ainsi que le pâturage, étaient très
abondants. Compte tenu de la surexploitation conjuguée aux conditions
climatiques, cette superficie a dangereusement diminué au profit
d'autres unités. En 1986, la végétation n'occupe que 4,25%
de la superficie totale contre 63,38% en 1972.
? Changement intervenu au niveau des sols nus
Le phénomène accéléré de la
dégradation des sols a atteint son paroxysme en 1986. La
végétation et les points d'eau disparaissent peu à peu
laissant place à de vastes surfaces de déflation et des terrains
rocheux. D'après la population locale la faune sauvage s'est
raréfiée et certaines espèces d'arbres ont disparu .Il ne
reste que quelques reliques le long des berges de la vallée. Les actions
de la population s'avèrent insuffisantes malgré le recours aux
méthodes traditionnelles de récupération des terres. Les
loupes d'érosion ont atteint 9,18ha et les terrains rocheux 2429,06ha.
Quelles sont les causes de cette dégradation inquiétante selon la
perception de la population locale?
3.3. Les causes de l'érosion selon la perception
des paysans
Le département de Tahoua en générale et
particulièrement la commune rurale de Bambèye fait partie de la
zone à plus fort potentiel d'érosion au Niger. C'est une zone
dont les conditions édaphiques sont contraignantes. Selon les
données, la sécheresse et la famine sont cycliques dans la zone.
A cela s'ajoute l'érosion des sols dont l'impact néfaste le plus
dangereux est l'appauvrissement des terres agricoles qui entraîne la
baisse de rendement vivrier et fourrager. Cent pour cent (100%) des personnes
enquêtées admettent que les sols du terroir de Mogheur sont soumis
à un processus d'érosion. Selon les paysans les causes de cette
érosion ne sont pas les mêmes.
Tableau 7: causse de l'érosion dans le terroir
de Mogheur
Facteurs
|
personnes enquêtées
|
pourcentage (%)
|
Variations climatiques
|
29
|
34,11
|
Les eaux de pluie
|
5
|
5,88
|
Le vent
|
15
|
17,64
|
Les actions de l'homme
|
34
|
40
|
Autres
|
2
|
2,2
|
Total
|
85
|
100
|
45
Source : résultat enquête sur le terrain
(I.SADDI : Avril 2011)
3.3.1 Les causes naturelles
Les facteurs naturels qui influencent la dégradation
des sols dans ce terroir (tableau 7), se composent des aléas d'un climat
rigoureux et de la vulnérabilité des sols aux menaces des agents
de l'érosion. Ce sont les variations climatiques et les actions de
l'homme.
3.3.1.1 Les variations climatiques
Elles sont considérées comme la principale cause
de l'érosion dans le terroir. 34,11% soit vingt neuf (29) personnes sur
les quatre vingt cinq (85) enquêtées affirment cela. Les
variations climatiques se manifestent par une pluviométrie
caractérisée par sa rareté, ses caprices, son
irrégularité et son intensité élevée. Les
sècheresses cycliques que connaît la zone sont les manifestations
réelles de ces variations climatiques.
3.3.1.2 Le vent
17,64% des personnes enquêtées pensent que le
vent balaie les champs et sur les plateaux sans rencontrer d'obstacles à
l'exception de rares épineux parfois rabougris et buissonnants. «
L'érosion éolienne est très active surtout
après la destruction de la couverture végétale naturelle
» (Ibrahim Seyni 2006). Dans ces conditions, « le vent
opère un transport sélectif des particules meubles en fonction de
leur taille et selon trois (3) modes dominants (BOUZOU .I
1988)
? Le roulement pour les plus grosses particules (500
um).
? La saltation pour les particules de diamètre compris
entre 20 à 500 um. Dans ce cas,
les particules de sol sont progetées progressivement
par des bons successifs.
? La suspension sous forme de poussière, concerne les
particules fines (< 20 um)
Dans les champs selon les paysans, on trouve des parties
fertiles, et des plages nues infertiles. Cette dynamique est
déterminée par l'érosion éolienne. « Nous
avons remarqué dans nos champs des plages nues imperméables
». Selon les mêmes paysans, l'exploitation de ces plages nues
dans des conditions climatiques capricieuses (pluies
irrégulières, insuffisantes, averses violentes, vents forts)
occasionne la perte des semences.
3.3.1.3 Les eaux de pluie
L'érosion hydrique n'est pas seulement une perte des eaux
de pluie et un simple déplacement de matériaux. C'est aussi la
destruction de la structure de l'horizon supérieur du sol, la
ségrégation des particules fines et grossières,
l'entraînement sélectif des éléments nutritifs et
des colloïdes organiques et minéraux (Rose. E, 1977). Dans cette
partie du
46
département de Tahoua, les pluies sont
irrégulières et mal reparties dans le temps et dans l'espace.
Selon le service départemental de l'agriculture de Tahoua, elles se
caractérisent par leur concentration (60% de Juillet à
Août), d'où leur caractère agressif. Cinq (5) personnes
soit 5,88 % de quatre vingt cinq enquêtées affirment que le
phénomène de l'érosion hydrique menace leurs champs.
Dans ce terroir, les griffes d'érosion ont fait leur
apparition sur les plages nues depuis la grande sécheresse de 1973. Des
quantités très importantes de terres sont transportées par
des eaux de ruissellement d'après les populations. Ces terres
transportées par les eaux sont ensuite entraînées vers la
vallée de Mogheur.
Photo3 : Ensablement de la vallée de
Mogheur
3.3.2 Les actions de l?homme
La croissance démographique dans la commune rurale de
Bambèye est à l'origine d'une forte pression de l'homme sur le
milieu naturel. D'après les données du recensement administratif
réalisé en 2008 par le service d'Etat civil de la commune, la
densité est d'environ 36 habitants au km2. Cette population
est concentrée surtout dans la vallée de Mogheur et celle de
Rafin-Saki. Ce qui traduit une surexploitation des ressources naturelles. Les
résultats de l'enquête sur le terrain nous confirment cela. En
effet trente quatre (34) enquêtés, soit 40% ont fait comprendre
que l'état de l'érosion des sols avant l'intervention des projets
dans cette partie de la commune est la résultante des actions
anthropiques. Ces actions anthropiques se résument en problèmes
de pratiques culturales, de surpâturage, de recherche du bois
d'énergie et de service ainsi que d'extension de terres
cultivées.
47
3.3.2.1 L'extension des superficies agricoles
La baisse du rendement des terres agricoles suite aux
sècheresses des années 1973 et 1984 a provoqué une
extension des terres cultivées et a amené les paysans de Mogheur
à exploiter même les surfaces marginales. Par conséquent,
la jachère, cette méthode traditionnelle permettant de
protéger les sols en réduisant le ruissellement et l'action du
vent fut abandonnée par manque de terres cultivables. 100% de personnes
enquêtées, affirment avoir cessé de pratiquer la
jachère.
3.3.2.2 Le problème des pratiques culturales
Tout modèle d'aménagement de terres de culture
doit non seulement prendre en compte les exigences de la pluviométrie et
de la fertilité du sol mais aussi les pratiques agricoles. Or jusqu'en
1990, les outils de travail utilisés localement par les paysans sont
pour la plupart archaïques. 99% des paysans utilisent la hilaire ou la
daba pour labourer leur champ. Ces outils ne permettent pas de labourer
profondément le sol. Le sarclage et la logique de la pratique de la
fumure (dose, période, nature, type de sol, etc.) n'assurent plus la
protection des sols. Les pratiques culturales consistaient à la
destruction des herbacées pour réduire la concurrence entre
celles -ci et les cultures. Par conséquent, les sols sont exposés
par cette destruction de la végétation, aux effets des gouttes de
pluie, aux actions du vent et à la force des eaux de ruissellement.
3.3.2.3 Le surpâturage
Dans les années 1972, la savane sur les revers des
plateaux et la broussaille au niveau des talus constituent les aires de
pâturage pour le bétail. Mais à partir de 1973 on assiste
à une diminution considérable de ces aires. Dans son rapport
numéro 3 de 1997, le PDRT souligne que « le surpâturage
et les pratiques culturales inadaptées sont les principales causes de la
dégradation des sols ». Les paysans qui pratiquent aussi bien
l'agriculture que l'élevage, se trouvent contraints d'élaguer les
arbres pour compléter l'alimentation du bétail. Une situation qui
accélère la destruction du couvert végétal.
3.3.2.4 Bois d'énergie et de services
Le règne végétal renferme plusieurs
aspects qui déterminent la vie des hommes ainsi que leurs
activités (agriculture et élevage). C'est ainsi que depuis des
années, la flore est utilisée comme source de nourriture mais
aussi comme habitat. Dans le terroir de Mogheur où la rudesse du climat
a rendu le développement de la végétation
aléatoire, cette dernière est l'une des composantes les plus
déterminantes dans la vie de la population. Selon les paysans,
48
l'érosion des sols fait ressortir clairement
l'importance de l'arbre dans le maintien de l'équilibre de cet
écosystème. Mais le besoin et le prix du bois qui ne cessent
d'augmenter poussent quotidiennement les paysans à s'adonner à la
coupe abusive et incontrôlée des arbres.
3.3.3. Les interactions des causes
Dans cette partie de la commune rurale de Bambèye,
l'érosion des sols est un phénomène complexe. La
production agricole est dominée par une agriculture de subsistance
à base de céréales (principalement le mil pennisetum
typhoïdes). A cela s'ajoute la surexploitation des terres liée
à une démographie galopante conjuguée aux aléas
d'un climat rigoureux et la vulnérabilité des sols. Les causes et
les effets sont parfois très imbriqués de sorte qu'il devient
difficile de les identifier comme tels: Les causes deviennent effets et les
effets des causes, ce qui fait de ce phénomène complexe. En
effet, le sol est un organisme vivant qui résulte de l'interaction de
plusieurs facteurs. Il évolue, vieillit et peut mourir sous le poids de
certaines contraintes. Un paysan de Mogheur a dit : « La culture
continue sans protection et sans restitution, entraîne la destruction du
sol ». C'est donc l'action de l'homme qui est responsable de
l'accélération de l'érosion des sols. La figure ci dessous
illustre les interactions entre les agents de l'érosion et les
activités humaines qui contribuent à son
accélération.
49
Figure 9: les interactions entre les agents de
l'érosion et les activités humaines (Ibrahim S.
2006)
L'aménagement des terres dans le terroir de Mogheur est
une tache qui doit prendre en compte plusieurs stratégies. Dans
l'objectif de la protection des sols contre l'érosion, les paysans ont
appliqué des méthodes de lutte antiérosive bien avant
l'intervention des projets.
3.4 Les mesures antiérosives traditionnelles et
leurs impacts
Le contrôle de l'érosion des sols est un facteur
qui ne doit pas être négligé. C'est pourquoi la recherche
des terres cultivables a poussé les paysans de Mogheur à des
pratiques ancestrales de récupération des sols improductifs. Ces
vieilles pratiques appelées méthodes traditionnelles, consistent
en l'application des mesures permettant d'apporter aux cultures les
éléments nutritifs et l'eau nécessaire à leur
développement.
50
3.4.1 Les techniques traditionnelles
Le séjour au village dans le cadre de ce travail de
recherche a permis d'établir avec les personnes enquêtées
la liste des techniques traditionnelles de récupération des sols
avant l'intervention des projets. Ces technique sont : le labour avancé,
le parcage, la jachère, les cordons de pierres, l'apport de fumier, e
paillage, le branchage ou même la régénération
naturelle.
3.4.1.1 Le labour avancé `'Touradjé
`'
C'est une technique de réhabilitation des terres
dégradées. Elle consiste à un labour superficiel des
surfaces encroûtées et indurées avant les semis. Selon les
vieux paysans du terroir, le labour avancé
'Touradjé'' présente comme avantages :
- un accroissement de l'infiltration des eaux de pluie ;
- une amélioration de l'état de la surface des
champs. Ce résultat est recherché parce que les paysans ont
remarqué que le glacis 'fako ' est très peu
perméable. Mais 100 % des personnes enquêtées affirment
qu'aujourd'hui cette technique n'est plus pratiquée.
3.4.1.2 Le parcage
C'est une ancienne méthode de gestion de la
fertilité des terres de culture connue dans la zone. Elle consiste
à faire séjourner dans les champs un troupeau afin de profiter
des propriétés fertilisantes des déjections animales
d'après le chef du village Mogheur'' Yan Bawa''. Le propriétaire
visite régulièrement son champ pour apprécier de «
visu » le niveau de fertilisation. Dès que le terrain est
jugé suffisamment fumé, l'éleveur fait déplacer son
troupeau. Six (6) personnes, soit 8,57 % des enquêtés font le
parcage. Les bergers de plus en plus sollicités, ne pouvant pas
satisfaire la demande, spéculent sur la valeur de ce service.
3.4.1.3 La jachère
La jachère, qui jadis, permettait au sol de se
régénérer, est complètement abandonnée
à cause de la pression démographique et de la dégradation
des conditions climatiques. Cent pour cent (100%) de personnes
enquêtées, affirment que la jachère n'est plus
pratiquée depuis la grande sècheresse de 1984. Les champs sont
occupés en permanence.
3.4.1.4 Les cordons de pierres et les casiers
L'abondance des blocs de pierre, dans le terroir devrait
favoriser la pratique de cette méthode traditionnelle. Mais c'est une
technique très peu répandue dans la zone. Elle consiste à
aligner des blocs de pierres à la surface du sol suivant des
géométries variables. Alors que
51
les cordons protègent le sol, les casiers conviennent
mieux pour la récupération des terres marginales. Les cordons et
casiers de pierres ont pour rôle essentiel de protéger ou
reconstituer les terres cultivables en ralentissant le ruissellement et en
encourageant le dépôt des sédiments et des débris
organiques. Sept (7) des enquêtés soit 8,23% utilisent les cordons
de pierres généralement à la limite des champs.
3.4.1.5 L'apport de fumier
C'est le mode dominant de la régénération
de la fertilité des sols fatigués. Il consiste à
épandre le fumier des enclos sur les tâches stériles (loupe
d'érosion) dans les champs. L'application du fumier joue non seulement
un rôle de protection de la surface du sol contre l'érosion, mais
aussi favorise la régénération des terres
dégradées et l'amélioration des terres de culture. D'une
manière générale dans l'Adar, « les
déjections des petits ruminants sont plus appréciées que
celles des gros ruminants pour la gestion de la fertilité des terres
(Rapport N°3 PDRT, 1997). Lapport de
fumier est toujours pratiqué dans la zone car moins coûteux et
exige peu de matériel.
3.4.1.6 Le couchage des tiges de mil ou paillage
Cette technique consiste à laisser sur la surface des
champs les tiges couchées de mil ou de sorgho après les
récoltes. Elle est généralement pratiquée non
seulement sur les sols dunaires mais aussi sur les sols dégradés
des glacis et des plateaux. Le paillage provoque la baisse de
température du sol et améliore par conséquent le
régime hydrique. Il fixe également le sol fin, riche en
éléments nutritifs et protège la surface du sol contre la
déflation éolienne. Cette technique est de moins en moins
pratiquée du fait que les tiges servent de complément alimentaire
pour le bétail affirment les paysans.
3.4.1.7 Le branchage
Le branchage est une variante des techniques de
récupération des sols. Il consiste à couvrir le sol de
fines branches issues de l'élagage des arbres et arbustes. Cette
technique est très utilisée par les paysans de Mogheur pour
restaurer les terres dégradées qui se caractérisent par la
dénudation et l'induration en surface. Ce dispositif piège les
sédiments éoliens. Quarante et une (41) personnes soit 48,23 %
des enquêtés pratiquent encore cette technique. Sous les
branchages se développe presque toujours une activité biologique
très stimulante qui améliore la structure et la fertilité
chimique du sol. Cette technique vise principalement les surfaces fortement
érodées et permet de lutter contre l'érosion hydrique. Les
paysans utilisent le branchage également comme mesure mécanique
de contrôle de
52
l'érosion. Lorsqu'il joue ce rôle, le branchage
consiste à aligner les branches pour freiner l'écoulement des
eaux sur les terrains à pente faible. Il est dans ce cas,
renforcé par des blocs de pierres.
Tableau 10 : Arbres et arbustes utilisés
pour le branchage
Nom local (haoussa)
|
Nom scientifique
|
Famille
|
Niveau de préférence
|
Rôle de protection et d?amélioration du
sol
|
Anza
|
Boscia senegalensis
|
Capparidaceae
|
|
?
|
Sabbara
|
Guiéra
senegalensis
|
Combretaceae
|
|
?
|
Jirga
|
Bauhinia rufescens
|
Caesalpiniaceae
|
|
|
Gao
|
Acacia albida
|
Mimosaceae
|
|
|
Bagaroua
|
Acacia nilotica
|
Mimosaceae
|
|
|
Taramnia
|
Combretum gluttinosum
|
Combretaceae
|
|
?
|
Kokka
|
Euphorbia balsamifera
|
Euphorbiaceae
|
|
|
Magaria
|
Ziziphus mauritiana
|
Rhamnaceae
|
|
|
Guéza
|
Combretum micranthum
|
Combretaceae
|
|
|
Kalgo
|
Piliostigma reticulatum
|
Caesalpiniaceae
|
|
|
Erehi
|
Acacia seyal
|
Mimosaceae
|
|
|
Grande importance importance moyenne utilisation connue ?
pas d'utilisation Selon Von Maydel, 1983, source MAE PDRT 1997
3.4.1.8 La régénération
naturelle
La régénération naturelle est la
levée et le développement de jeunes rejets de ligneux sur les
terres agricoles. La protection et la régénération
naturelle représentent quant à elles l'ensemble des techniques
qui visent à identifier, protéger et stimuler les petits arbres.
C'est une alternative à la plantation des arbres élevés en
pépinière. 100% des paysans enquêtés confirment
l'application de cette technique. Parmi les arbres que les paysans laissent
traditionnellement dans leurs champs, il y a le 'Gao ' (Acacia
albida). Par la technique de la
régénération naturelle qui englobe la préservation
des jeunes pousses, les paysans pratiquent le défrichement
amélioré.
Malgré les efforts considérables fournis par la
population le phénomène d'érosion persiste.
L'inquiétude face à la dégradation alarmante des sols va
amener l'Etat et les projets à s'impliquer résolument pour
renverser la tendance. C'est dans ce contexte d'inquiétude
générale qu'en 1993, l'état et le PDRT interviennent pour
remédier le phénomène.
53
3.5 Les mesures antiérosives introduites par les
projets et leurs impacts
Les interventions des projets ont eu comme conséquences,
l'introduction d'un certain nombre de mesures antiérosives
adaptées au terroir. Comment la population locale s'est
appropriée ces mesures?
3.5.1 Les demi-lunes
La demi-lune est un ouvrage antiérosif à
vocation diverse (agricole, pastorale, ou sylvicole). Dans son principe elle
ressemble à un tassa. Cependant elle convient mieux aux terres de glacis
et aux taches stériles des terres dunaires qui pressentent une
induration de surface très imperméable. C'est dans la
région de Tahoua que la mission catholique a introduit cette technique
dans les années 1970. Elle est d'origine Israélienne et comprend
un impluvium et une surface de culture (Rapport PDRT 1997).
Selon le même rapport du PDRT de 1970, au tout début les
rendements étaient de 600kg à l'hectare aménagé en
demi-lunes. Mais d après le même rapport, grâce à
l'utilisation du fumier, le rendement atteignait 1850Kg de sorgho à
l'hectare à Boude. La demi-lune est un demi cercle creusé
perpendiculairement à la pente et entouré d'une levée de
terre (terre de déblai) : la lunette. Avec une profondeur en moyenne de
15 à 20 cm sur un diamètre de 4m, le demi-cercle constitue la
surface de culture. Pour augmenter la quantité d'eau utilisable par la
plante, une surface est laissée intacte : c'est l'impluvium.
Figure 14 : Disposition demi-lune (source MA
1987)
Cette technique de récupération des sols a pour
but de recueillir et de favoriser l'infiltration des eaux de ruissellement.
Le respect des mesures prévues par le projet n'est pas garanti.
54
Cela est dû au manque de matériel adéquat
des mesures. Les paysans par leur génie créateur utilisent des
cordes pour tracer les demi-cercles. Cinquante sept (57) personnes soit 67 ,05%
des enquêtés font recours aux demi lunes pour traiter les glacis
ou les taches d'infertilités dans leurs champs. D'après le Chef
de District Agricole (C D A) de Bambèye, toutes les aires de
pâturage du terroir ont bénéficie des traitements
antiérosifs en demi lunes. Les ouvrages sont très
appréciés par la population de Mogheur, elles ont le
mérite de corriger trois (3) contraintes majeures.
? la nutrition hydrique des plantes (collecte et accumulation des
eaux);
? la fertilité des sols (application de matière
organique) ;
? la maîtrise de l'érosion hydrique (conservation
des eaux et restauration des terres).
3.5.2 Le scarifiage
« Le scarifiage est une bande de grattage qui est faite
sur les sommets des plateaux, des sols non meubles des glacis
encroûtés ou graviollonnaires » (IBRAHIM seyni 2006). C'est
une technique pratiquée de manière motorisée. Elle permet
de casser la croûte qui recouvre les zones gréseuses ou
encroûtées favorisant ainsi l'infiltration de l'eau. Elle vise
également à améliorer le développement des
herbacés. Le PDRT l'a réalisé sur le sommet du plateau.
Mais depuis quelques années, ses traces ne sont visibles que par
endroit. Les paysans ne peuvent pas faire le scarifiage par manque de moyen
ont- ils confié. Cependant ils font recours aux techniques moins
coûteuses et simples.
3.5.3 Tassa
La Tassa est une méthode de récupération
des terres marginales et de régénération des terres
dégradées, des plateaux latéritiques ou recouverts de
gravillon. Cette pratique est connue dans l'Ader bien avant l'arrivée
des projets. Mais avec l'avènement des projets, elle a subi des
améliorations notamment la disposition en quinconce et la taille. Elle
fut très vite adoptée dans le cadre de la conquête des
nouvelles terres. Elle permet à la fois la collecte, le stockage et la
conservation des eaux de ruissellement. A Bambèye, la population locale
apprécie cette technique du fait de son faible coût. Dans beaucoup
de champs visités lors de cette étude, les paysans font recours
à la Tassa pour traiter les taches d'infertilités (loupe
d'érosion).
55
Photo4 : La tassa dans un champ à Mogheur
(Ibrahim SADDI 2011)
3.5.4 Les banquettes ou diguettes
Les banquettes sont des ouvrages mécaniques
antiérosifs composés d'un bourrelet en aval revêtu ou non
des pierres et d'un fossé en amont. Elles se terminent aux deux
extrémités par des ailes dirigées vers l'amont.
Disposé perpendiculairement à la ligne de plus grande pente (sens
d'écoulement) chaque ouvrage intercepte le ruissellement, infiltre une
partie de l'eau qui à ruisseler et évacue l'excédent
à travers les ailes lorsque l'ouvrage est rempli. Selon EVOQUOZ et Guero
(1998) sur les plateaux, ces ouvrages ont une longueur de 50m et deux ailes de
15m chacune. Entre deux rangées d'ouvrages un terrain nu joue le
rôle d'impluvium pour la banquette en aval (PDRT 1990). Dans la zone de
Mogheur elles sont généralement destinées à capter
l'eau et favoriser son infiltration au profit des cultures. Bien qu'elles
coûtent chères, elles assurent une bonne reprise de la
végétation herbacée et ligneuse. Dans le cadre du
programme spécial du Président de la République toutes les
aires de pâturage et les couloirs de passage des animaux ont
été traités par les banquettes.
3.5.5 Le reboisement
Le reboisement est une technique antiérosive qui participe
à l'aménagement de terres dégradées. Au cours des
années 1980 l'érosion et la disparition du couvert
végétal sont devenues un phénomène quasi
généralisé. C' est pourquoi le pouvoir public en
partenariat avec les projets apporte les moyens matériels, le conseil
technique et les incitations indispensables au reboisement des plateaux. Tous
les projets et ONG intervenant dans la zone ont mis l'accent sur la prise de
conscience de lévolution environnementale à travers
l'information et la promotion des bonnes pratiques en agriculture et en
élevage. Pour comprendre les impacts des actions des projets et ONG dans
ce terroir, il faut étudier la
56
situation d'occupation de sol en 2000 et les changements
intervenus entre 1986-2000.
3.6. La situation d'occupation des sols en 2000
La situation d'occupation des sols en 2000, soit 28 ans
après celle de référence (1972) pour cette étude
est présentée dans le tableau 9. En 2000 les sols nus ont
considérablement diminué. Elles n'occupent que 1574,45ha soit
28,9 % de la superficie totale du terroir contre 44,77 % en 1986. Dan s la
plupart des cas les loupes d'érosion, les glacis, les talus du plateau
et les berges des koris ont subi des réalisations d'ouvrages
antiérosifs durant les années 1993. En plus, la population avec
l'appui de l'Etat et des projets, notamment le PDRT s'est mise à
récupérer même les terres marginales. C'est ainsi que les
zones de cultures ont atteint 64,91 % soit 3534,92ha avec respectivement
3042,23ha de culture pluviale, 478,26ha de cultures sous parc arboré
essentiellement le `'Gao `' (Acacia albida) et 14,43ha
d'arboriculture. L'introduction des nouvelles variétés de patate
douce et les cultures des légumineux sont d'un apport non
négligeable sur le plan socio économique. La
végétation (la broussaille, la steppe arborée arbustive) a
régénéré grâce aux activités de
reboisement et à la sensibilisation qui ont permis de réglementer
la pression anthropique. Les talus et les anciens points d'eau reboisés
sont transformés en aire de pâturage. On note une augmentation
significative des zones de cultures. Elles gagnent 64,94% du terroir. Et cela
au détriment des sols nus.
Les points d'eau et koris ont également connu une
augmentation de surface à travers surtout la réapparition des
marigots au niveau des aires de pâturage reboisées. L'intervention
des projets va améliorer la réalisation des mesures
antiérosives.
57
Figure 12: Carte d'occupation des sols en
2000
58
3.7 La répartition spatiale des
réalisations antiérosives en 2001
Tableau 11 : types de réalisations
antiérosives en 2001
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Type de réalisation
|
|
|
|
Banquettes
|
|
SUPERFICIE EN HECTARE
224.65
Cordons pierreux
22.19
Demi-lune
28.67
Reboisement
6.26
Scarifiage
52.29
Tassa
34.94
Total
369
L'image satellitaire de 2001 captée sur Google Earth puis
géoréférencée, permet
d'établir une carte de la répartition spatiale des
mesures antiérosives réalisées. Il ressort de
l'analyse de cette carte (figure13) que différents types
d'ouvrages de CES/ DRS sont
appliqués chaque année tant par les partenaires que
par la population locale pour récupérer et
ou améliorer la productivité des sols. Au cours de
la seule année 2001, 224,65ha ont connu la
réalisation des banquettes à vocation agro- sylvo -
pastorale. A part 22,19ha qui ont subi le
traitement par les cordons pierreux, 28,67ha sont traités
par les demi-lunes. Quant à la Tassa,
très rependue dans la terroir, a concerné 34,94ha
en 2001. Une aire de pâturage dans la partie
Nord du terroir a subi des scarifiages en vu d'améliorer
la production fourragère. Ce sont au
total 369ha soit 6,77% de la superficie du terroir qui, ont connu
la réalisation des mesures
antiérosives en 2001.
Cela témoigne de l'appropriation par la population des
techniques de luttes contre l'érosion
des sols. Il est donc nécessaire de voir les mesures
antiérosives par les projets.
Figure 13 : Carte de la répartition spatiale
des réalisations antiérosives dans le terroir de Mogheur en
2001
59
60
3.8 Changements intervenus entre 1986-2000
Les premiers travaux de CES/DRS ont vu le
jour au Niger dans les années 1960 avec les plans de
développement de l'Ader-Doutchi-Maggia (ADM). Mais il a fallu en 1993
pour que le terroir de Mogheur soit concerné par les activités du
PDRT dans le cadre de récupération des terres
dégradées. L'analyse des images satellitaires 1986 et 2000 permet
de percevoir des changements dans l'occupation des sols au niveau de ce
terroir. En effet toutes les unités paysagères ont subi des
changements. Le tableau 8 présente les détails des changements
opérés dans les différentes classes d'occupations des
sols.
? Les changements au niveau de la
végétation entre 1986 et 2000
Le croisement des cartes d'occupation des sols 1986-2000 met
en évidence une régénération du couvert
végétal. C est ainsi que les nouvelles techniques
d'élagage des arbres et de défrichage des champs favorisent une
reprise significative des formations végétales. De 1986 à
2000 c'est 10,17ha de terrains rocheux qui sont devenus de la broussaille
grâce aux différentes campagnes de reboisement faite chaque
année sur les talus du plateau comme l'indique le tableau 8. Cette
broussaille améliore d'une manière non négligeable les
aires de pâturages. On constate 5,71ha occupés par les cultures
pluviales dans les années 1986 devenues de la broussaille, notamment
autour des points d'eau. Il y a également l'apparition de la steppe
arbustive dégradée dans les champs sur 102,19ha soit 1,87% de la
superficie du terroir. Mais le changement le plus significatif est
constaté au niveau des terrains rocheux reboisés sur 51,41ha lors
des différentes campagnes de plantation d'arbres sur les sites de
récupération des terres. La stabilisation des koris et autres
ravines tributaires va permettre la régénération des
espèces ligneuses en voie de disparition et la pratique d'arboriculture
fruitière.
D'une manière générale
l'amélioration de la végétation résulte d'intenses
activités de mesures antiérosives réalisées tant
par la population que les projets. C'est aussi l'effort considérable de
l'OLGT de Mogheur dans la sensibilisation pour la préservation de
l'écosystème.
? Les changements au niveau des points d?eau
L'amélioration de la végétation a
contribué très positivement à la fixation des berges des
koris. Dans l'intervalle de temps 1986-2000 les marigots qui jadis font la
fierté des éleveurs,
61
réapparaissent à nouveau. Ils passent de 1,16ha
en 1986 à 5,44ha en 2000. Cela correspond à un changement positif
de 0,30% par an. Des terrains rocheux deviennent peu à peu des marigots
avec une production fourragère non négligeable; une situation qui
diminue le risque de conflits entre agriculteurs et éleveurs. Les
mesures antiérosives réalisées sur les revers du plateau
et au niveau des fronts ont contribué à freiner dans une large
proportion le transport du sable vers le lit de la vallée par les eaux
de ruissellement.
? Les changements au niveau des sols nus
Les années 1986-2000 sont marquées par une forte
transformation des sols nus (surfaces dénudée et terrains
rocheux) au profit des autres unités paysagères. Le besoin en
terre de culture pousse la population à occuper toutes les terres
marginales. L'introduction des techniques modernes de lutte antiérosive
par le P D R T en 1993 a amélioré les méthodes
traditionnelles de récupération des terres
dégradées. C'est ainsi que les sols nus, qui occupent
respectivement 9,18ha pour les surfaces dénudées et 2429,06ha
pour les terrains rocheux soit 44,61% du terroir en 1986, diminuent au profit
des autres unités paysagères. Il ne reste que 28,09% des sols nus
en 2000.
? Les changements au niveau des zones de
cultures
L'intervention des projets a facilité une progression
de l'unité d'occupation des zones de culture. La
récupération des terres marginales et la réalisation des
ouvrages antiérosifs sur les loupes d'érosion et le glacis
assurent 55,9% de la superficie aux zones de culture. L'arboriculture
fruitière qui a fait son apparition dans les années 1986 avec
seulement 3,99ha atteint 14,43ha en 1986 soit un changement positif de 0,74%.
Quant aux cultures sous parc, elles passent de 314,95ha en 1986 à
478,26ha en 2000. Globalement entre 1986 et 2000 le changement intervenu dans
les unités occupées par les cultures (arboriculture, cultures
sous parc et cultures pluviales) est positif.
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Terrain rocheux devenu cult sous parc
Réseau routier
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Terrain rocheux devenu surface tlenutlée
|
1 Terrain rocheux devenu brousaille
|
Changement de1986 a 2000 C "1 Terrain rocheux
devenu culture pluviale
|
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I Broussaille devenue culture pluviale Terrain rocheux devenue
steppe arb dégradée
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I Broussaille devenue terrain rocheux arboriculture devenue
culture sous parc
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a Culture pluviale devenue arboriculture
arboriculture devenue terrain rocheux
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pluviale devenue broussaille rr :1.:I culture pluviale devenue
broussaille
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Culture pluviale devenue cult sous parc
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culture sous parc devenue arboriculture
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broussaille
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pluviale devenue steppe arb dégradée culture sous
parc devenue culture pluviale
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devenue terrain rocheux 1 culture sous parc devenue terrain rocheux.
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I Mare devenue culture pluviale surface dénudée
culture pluviale
|
I Mare devenue culture sous parc 1 surface dénudée
cultuure sous parc
|
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dénudée devenue steppe arb dégradée
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dénudée devenue terrain rocheux
|
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Source: Image LandsatA Réalisation:
Ibrahim
|
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|
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|
|
|
|
|
5° 169YE r. 18.0E 5'20'0 E " 22'5T 5'2d'0Æ
4'f
Figure 15 : Carte des changements intervenus entre 1986-2000
63
3.9 La situation en 2010
La situation en 2010 prouve les impacts concrètement
perceptibles de l'intervention des projets et ONG dans la zone. Elle est
surtout caractérisée par la réalisation des seuils
d'épandage des crues le long de la vallée de Mogheur.
? Les Seuils d?épandage
La situation sur le terrain se caractérise depuis trois
(3) ans par la multiplication des travaux de haute intensité de main
d'oeuvre (HIMO). Ces ouvrages antiérosifs réalisés cadrent
avec le programme de traitement de la vallée de Mogheur et facilitent la
réalisation des seuils d'épandage par LUCOP-TaN. Il s'agit de
barrages placés le long de la vallée à partir de 2008.
« Nous voulons faire du bassin de Mogheur d'ici 15ans
(donc d'ici 2022) une zone bien pourvue en eau dans laquelle les populations
vivent en paix et en harmonie. Une zone dans laquelle la mise en valeur et la
valorisation des ressources agricoles, agro forestières, pastorales et
hydrauliques sont en mesure d'assurer la sécurité alimentaire des
populations du bassin versant » (Lucop-TaN 2008).
Or, les diagnostics participatifs réalisés par
la commune dans le cadre de la réalisation de son Programme de
Développement Communal (PDC) révèlent clairement que
l'exploitation des ressources naturelles se fait par une population de plus en
plus croissante. Par conséquent, pour inverser les tendances, 40 seuils
d'épandage sont prévus le long de la vallée. Un seuil
d'épandage comprend en sa partie centrale un déversoir avec
bassin de dissipation. Les ailes de l'ouvrage ancrées dans les berges
sont prolongées d'une digue en terre compactée de dimension
variable. Un remblai en amont permet d'amorcer le processus de
sédimentation du lit comme le montre la photo ci- dessous.
64
Photo 5 : Seuil d'épandage des crues dans la
vallée de Mogheur (Ibrahim SADDI 2010).
3.10. Impacts des mesures antiérosives
introduites par les projets
Depuis 1993 l'Etat à travers les projets et ONG,
intervient activement à Mogheur dans le cadre de la réalisation
des mesures antiérosives. En plus de l'écosystème et de la
production agricole ces réalisations ont eu des impacts sur les aires de
pâturage, l'exode rural ainsi que les actions de l'OLGT.
3.10.1. Impact sur l?écosystème
Au cours du premier séjour sur le terrain qui a
duré trente sept (37) jours, du 18 Mars au 24 Avril, plusieurs sorties
ont été effectuée sur les sites des travaux de lutte
antiérosive collectifs. Nous avons également visité des
sites individuels notamment dans les champs. Les travaux dans ces champs sont
à vocation agricole, tandis que les aménagements collectifs ont
une vocation pastorale. D'une manière générale les
ouvrages réalisés dans le cadre de la lutte antiérosive
sont des conditions idoines au le développement du couvert
végétal qui constitue un habitat pour la faune sauvage. Cela
permet sans nul doute la préservation de l'écosystème
à travers l'amélioration considérable de la
capacité de rétention des eaux de surface au niveau des
différentes unités paysagères. La bonne infiltration des
eaux de ruissellement favorise le rechargement de la nappe phréatique et
la régénération des écosystèmes. Les impacts
des mesures antiérosives dans le terroir de Mogheur se manifestent sur
le terrain par :
65
? L'amélioration de la régénération
naturelle des espèces forestières ligneuses et de la
biodiversité ;
? la reprise du tapis herbacé sur des terrains
complètement dénudés auparavant ;
? l'atténuation des différentes formes
d'érosion et du phénomène de ruissellement ;
? la reconstitution des habitats de la faune qui fait de plus en
son apparition sur les sites
récupérés ;
? l amélioration du taux de réussite des
plantations sur les sites.
3.10.2 Impacts sur les crises alimentaires
La baisse de fertilité des sols qui a atteint son
paroxysme dans les années 1986 se manifeste par une réduction
sensible des rendements agricoles et des productions fourragères. A
Mogheur très peu d'agriculteurs parviennent à couvrir les besoins
alimentaires annuels de leur famille. En effet pour améliorer leur
rendement toutes les terres marginales ont été
récupérées. L'Etat, à travers les projets et ONG,
leur vient en aide. C'est ainsi que chaque année durant la saison
sèche un programme d'ouvrages antiérosifs est
exécuté. Ces activités de «Cash for
Works» ou de
«Food for Works» permettent
d'assurer l'approvisionnement en vivre durant la période de soudure. La
population apprécie très positivement les récoltes dans
les champs où il a été réalisé des ouvrages
antiérosifs. Mais le manque des données statistiques fiables n'a
pas permis d'analyser leur apport réel dans la lutte contre les crises
alimentaires fréquentes dans la zone.
3.10.3 Impacts sur les aires de pâturage
Dans ce milieu Sahélien où la
végétation se dégrade de plus en plus, le pâturage
est constitué d'herbacés et de fourrages issus des espèces
ligneuses. Les demi- lunes et les banquettes réalisées dans
l'aire de pâturage favorisent la reprise des espèces. Les cordons
rupicoles et les talus du plateau constituent les principaux réservoirs
du pâturage dans cette zone. L'intervention des projets a permis de
solutionner le conflit agriculteur éleveurs. Tous les couloirs de
passage ont été délimités.
66
Photo 6 : Aire de pâturage reboisé (Ibrahim
SADDI Avril 2011) 3.10.4. Impact sur l?exode rural
Les travaux de récupération des terres occupent
une partie considérable des bras valides durant la saison sèche.
Ceux qui sont restés au village travaillent tant sur les terrains
collectifs (couloir de passage d'animaux, aire de pâturage) que dans leur
champ. Mais la contribution de cette activité dans la lutte contre
l'exode rural est très insuffisante. Dans l'Ader l'exode est une
activité culturelle. Les jeunes à travers l'exode aident leurs
parents à résorber le déficit alimentaire, à
s'habiller et contribuer dans les cérémonies. Une organisation
locale (OLGT) a été mise en place pour aider la population dans
la gestion environnementale.
3.10.5. Organisation Locale de gestion de terroir (OLGT) et
entretien des ouvrages
En vue d'amener la population à prendre en charge la
gestion des espaces publics aménagés, le projet PDRT a mis en
place une OGLT au niveau du village. Le partenariat est considéré
comme le seul gage de réussite de toute intervention en milieu rural.
Dans chacune de zones d'interventions les paysans sont associés. C'est
pourquoi l'OGLT dispose d'un
67
agrément. Elle s'occupe de la gestion durable des
ressources naturelles et équipements communautaires au niveau du
terroir. Son importance réside dans la mobilisation des ressources
humaines et financières pour la réalisation des actions de
développement et la gestion communautaire des ressources. Elle est
toujours fonctionnelle car continuant à travailler avec l'appui des
projets et ONG. A travers cette organisation, les populations ont
capitalisé l'expérience en matière de techniques
antiérosives. Aujourd'hui beaucoup de paysans font eux mêmes les
demi-lunes, le tassa etc. « L'avantage de l'introduction des
techniques simples adaptées aux conditions socio-économiques des
paysans moyennant un matériel adéquat est qu'elle suscite
l'initiative spontanée » (BOUZOU.I, 1988).
Conclusion partielle
Malgré les efforts considérables fournis par la
population le phénomène d'érosion persiste dans les
années 1980. L'inquiétude face à la dégradation
alarmante des sols va amener l'Etat à s'impliquer résolument pour
renverser cette tendance. Mais il est à signaler que
l'aménagement des terres dans le terroir de Mogheur est une tache qui
doit prendre en compte plusieurs stratégies. C'est pourquoi tous les
ouvrages réalisés dans le cadre de la lutte antiérosive
favorisent le développement du couvert végétal. Ils
permettent sans doute la préservation de l'écosystème
à travers l'amélioration considérable de la
capacité de rétention des eaux de surface.
68
Recommandations
La complexité du processus d'érosion des sols
est telle que plusieurs causes et effets sont liées
rétroactivement ce qui à priori ne permet pas de trouver des
solutions simples. Mais à coté de ce diagnostic quelques
perspectives optimistes existent. Il s'agit de :
? sensibiliser la population locale sur le comportement
à tenir vis-à-vis des ressources naturelles ;
? améliorer les méthodes de culture et
d'élevage pour éviter le surpâturage et la surexploitation
des terres ;
? reboiser les sols nus avec des espèces adaptables au
milieu et résistantes à la sécheresse ;
? mettre en défend pendant au moins trois (3) ans les
sites aménagés.
69
CONCLUSION GENERALE
Il ressort de ce travail d'étude et de recherche que
l'érosion des sols est une réalité vécue par la
population du terroir de Mogheur. Il a également permis de bien
comprendre les impacts des mesures antiérosives de façon
générale et dans cette zone en particulier. Cependant une analyse
diachronique de l'occupation des sols de 1972- 1986 et 2000 montre qu'il y a un
déséquilibre réel entre les ressources naturelles et la
population locale. En plus cette analyse met en évidence les
modifications intervenues dans l'occupation des sols de 1972 à 2000.
Donc de 1972 à 1986 la végétation a
progressivement disparu pour faire place aux sols nus. En quinze (15) ans
1972-1986, 3228,37ha de steppe arbustive régulière et 93,31ha de
steppe arborée arbustive sont perdus. Toujours à la même
période les points d'eau ont presque disparu sauf dans les koris et plus
de 2438,24 ha de sols nus se sont ajoutés à ceux
déjà existant. La dynamique d'occupation des sols dans cette
partie du département de Tahoua s'est traduite par la diminution de la
végétation au profit des terres de cultures et des sols nus
à savoir les terrains rocheux et les surfaces de déflation entre
1972-1986. Cette situation de progression des sols nus sur les formations
végétales s'est généralisée au sahel. Une
étude réalisée par BOUBACAR Ichaou et al. (2007) dans la
commune rurale de Gabi (Maradi) a fait ressortir les pertes de la savane
arbustive plus ou moins arborée atteignant 20% sur une période de
trente et un (31) ans. BOUZOU I. (1988) indique lui aussi une situation
similaire dans les deux terroirs de Ticko et Bogojotou (Tillabéry).
Puisque dans son analyse il révèle que l'évolution de 1956
aux années (90) montre une tendance à la saturation et à
la dégradation. La synthèse entre les données issues de
l'analyse de l'occupation des sols, des observations, des enquêtes de
terrain et des entretiens avec les techniciens, aux renseignements tirés
des documents exploités, révèle une érosion
accélérée des sols de 1972 à 1986. Mais à
partir des années 1990 la tendance s'est inversée.
A la lumière des résultats obtenus on peut
conclure que les impacts des mesures antiérosives sont globalement
positifs. De 1986 à 2000 les sols nus ont considérablement
diminué passant, de 2438,24ha à 1574,13ha soit une
régression de 1,13% par an. Quant à la végétation,
elle connaît une amélioration dans cet intervalle de temps passant
de 232,09ha à 330,24ha, c'est à dire une augmentation de 0,12% en
moyenne chaque année. Cette dynamique a été efficacement
mise en évidence par l'interprétation des images satellitaires
qui montrent le rôle combien important du système d'information
géographique.
70
L'état de lieu de l'érosion des sols confirme
que l'aménagement des terres est une tâche qui doit prendre en
compte plusieurs stratégies. Le retour du couvert herbacé, la
plantation des arbres, la stabilisation des points d'eau et koris, la pratique
des cultures sur des terres autrefois stériles traduisent une
amélioration de la qualité des sols et la réduction de
ruissellement. Il convient donc de rappeler que les résultats obtenus
justifient les hypothèses de départ. La majorité des
paysans ont compris la nécessité d'améliorer les
techniques traditionnelles mais aussi d'appliquer les mesures
vulgarisées par les projets.
En définitive il faut retenir que ces mesures
antiérosives sont d'un apport positif. Au vue de ce qui ressort de ces
résultats, il apparaît opportun de formuler des recommandations
capables d'améliorer les impacts de celles-ci dans le terroir de
Mogheur.
71
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Mémoire DEA Géographie. Université de BORDEAU III. p
126
WEBOGRAPHIE
Copyright
http://
www.Google.fr Copyright
http://
www.Google Earth
74
Annexes
Questionnaire
Guide d?entretien individuel Village :
Date : Nom et prénom de l'enquêté : Niveau
d'instruction : Sexe:
I. Les activités de l'enquêter
1. quelles sont les activités que vous pratiquiez ?
Agriculture Elevage commerce
Artisanat Autres
2. quelles sont les principales cultures dans votre champ ?
Mil sorgho niébé mais
Autres
Précisez
3. Combien des champs possédez-vous ?
4. Comment les avez-vous acquis ?
Héritage Achat Prêt
Gage Défrichage Don
5. Quels sont les outils que vous utilisiez ?
Hilaire Daba Houe
6. Est-ce que vous utilisez les outils modernes ?
Oui Non
Si oui lesquels ?
i
ii
II .Dégradation des Sols
7 Quelles sont les causes de l'érosion dans votre terroir
?
a. Variation climatique
b. Les eaux de pluie
c. Le vent
d. Les actions de l'homme
e. Autres
8 Comment agissent -ils ?
a
b
c
d
e
9 Quelles sont les formes de dégradation
? Ravinement
Ensablement
Loupe d'érosion
Autres
iii
III .Les mesures de lutte
antiérosive
10 Quelles sont les techniques de lutte antiérosive que
vous utilisez avant l'arrivée des
projets ?
11 Ces mesures traditionnelles sont-elles encore utilisées
?
Oui Non
Si non pourquoi ?
12 Quelles sont les mesures de lutte antiérosive
introduites par les
projets ?
13 Pour quels types de problèmes d'érosion ces
mesures sont-elles confectionnées ?
a. Erosion hydrique en nappe.
b. Erosion hydrique en ravine
c. Erosion éolienne
d. Autres
14 La réalisation des mesures de lutte
antiérosive est-elle affectée par la fragmentation
des terres agricole Non Oui
Si Oui dans quel sens ?
15 Les aménagements concernent-ils les aires de
pâturage ?
Oui Non
iv
IV.Les impacts des mesures antiérosives
16 Les avantages sur le plan écologique.
Négligeable faible moyen grand Amélioration de la
fertilité des sols Amélioration du couvert végétal
Réduction de perte en terre Réduction de la vitesse du vent
Amélioration de la biodiversité
Autres (précisez)
17 Les avantages sur le plan socio-économique.
Négligeable faible moyen grand
- Augmentation de rendement des cultures
- Augmentation de la production du bois - Augmentation de la
production et de la Qualité fourragère
Autres
v
V. Les inconvénients
18 Quels sont les inconvénients des mesures
antiérosives
- Réduction de la production
- Perte en terre
- Entrave aux opérations de cultures
- Perturbation socio - culturelles
- Autres
Commentaire
VI .L'entretien des réalisations
19 Avez-vous eu à entretenir ou à reprendre des
ouvrages ?
Non partiellement oui
Si non ou partiellement donnez les raisons
Si Oui lesquels ?
20 Comment organisez vous pour l'entretien des ouvrages ?
21 Qui fournit les équipements des travaux d'entretien des
ouvrages depuis la fin des projets?
vi
22 Quelles sont les difficultés rencontrées dans
l?entretien des ouvrages antiérosives ?
23 Quelles sont les solutions que vous envisagez ?
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