CONCLUSION GENERALE
Pour remédier à la lourdeur ou à
l'absence du système cadastral, plusieurs villes subsahariennes ont
adopté un système moins lourd et plus efficace. « Le
plan d'adressage », un plan très facile à mettre en
place et à actualiser.
Le système cadastral des villes gabonaises n'a pas
échappé à cette lourdeur. Il est même quasi
inexistant. Ce qui a favorisé le développement des villes de
moins en moins structurées faisant apparaître des quartiers
sous-intégrés et non lotis.
Après deux tentatives avortées de la mise en
place d'un plan d'adressage en 1989 et 1990, la commune de Libreville en
étroite collaboration avec UE/AIMF relance l'adressage et pense y
réussir. Ce projet a une particularité, c'est de faire intervenir
plusieurs experts de différentes structures et bénéficie
d'un financement extérieur (plus de 84 millions de francs CFA).
La réalisation de ce projet suscite plusieurs
interrogations. Car la population bénéficiaire de ce projet ne
le comprend pas. Mais surtout, elle reste dubitative sur son aboutissement.
Pourquoi ces interrogations de la part des librevillois? Ils redoutent un
troisième échec.
Bien que le système de numérotation des portes
(métrique) choisit par le commun est conventionnel, la population est
habituée d'observer le système numérique lors de leur
voyage dans la sous-région. C'est le cas des villes du Congo à
l'instar de Brazzaville et Pointe-Noire. « C'est une pure invention
de la Mairie de Libreville » martela un habitant de
Nzeng-Ayong lors de l'un de nos entretiens avec les populations. Il est
vrai que la commune de Libreville est la seule dans la sous-région
à avoir adopté le système métrique à cause
de l'irrégularité de son tissu urbain.
Un problème majeur mine le bon fonctionnement du projet
d'adressage. Cela est dû à l'objectif même de ce dernier.
L'adressage de Libreville est différent de celui des communes
camerounaises, burkinabés et de plusieurs autres villes subsahariennes,
dont l'objectif était « le développement
urbain ». L'adressage c'est « une parcelle, un
numéro d'adresse ». Mais, nous avons constaté avec
regret que dans certaines zones surtout commerciales, certaines parcelles
bénéficient deux, voir même huit numéros. Car la
parcelle abrite des activités commerciales. Cela traduit que la
« mobilisation des recettes » prime sur la
« modernisation de la gestion foncière ». Car un
numéro doit correspondre à une parcelle donc à un
propriétaire. Ce qui n'est pas le cas pour l'adressage de la commune de
Libreville. Cette multiplicité de numéro posera problème
lorsqu'on voudra superposer le plan d'adressage des parcelles au plan
cadastral.
La connaissance de la ville est un préalable
indispensable à sa gestion. Elle permet en effet, de répondre aux
besoins dans le présent, et de prévoir le développement de
demain. L'adressage vise à maîtriser l'information urbaine pas
à pas, en générant de nombreuses informations :
cartographie de la ville, codification des voies,
enquêtes, implantation d'un système informatique simple,
développement d'outils de gestion appliquée.
Le système d'adressage de la commune de Libreville, qui
va de la reconnaissance géographique du bâti à la mise en
plaque des noms de rues, a une triple
finalité :
· Permettre à la municipalité
d'améliorer ses ressources et sa gestion. En rationalisant la
fiscalité locale, par l'identification des personnes et entreprises
soumises à l'imposition. En fournissant un outil d'aide à la
décision dans la programmation des aménagements urbains
· Offrir à la population une meilleure lecture de
la commune de Libreville. En améliorant le repérage et
l'orientation, ainsi que la localisation des services publics. En
facilitant les interventions d'urgence
· Faciliter les interventions du secteur privé,
notamment des concessionnaires (électricité, communications), par
une meilleure connaissance des réseaux.
Résultats attendus
· Une augmentation des capacités
d'investissement de la ville grâce à la
maîtrise des finances locales et à la mise en lien entre le
recensement des activités imposables et l'adressage ;
· Une connaissance accrue du territoire,
du patrimoine public (voirie, équipements, linéaire) et des
activités qui s'y déroulent grâce au plan d'adressage et
au recensement des activités ;
· Pour les citoyens, un repérage rapide
dans la ville pour se déplacer et localiser les services
urbains ;
· Pour le secteur privé, une meilleure
gestion des réseaux (notamment eau,
électricité, télécommunication pour les
concessionnaires);
· Un accès facile des services
d'urgence (ambulance, pompiers, police) dans les zones
d'intervention ;
· Un renforcement de la participation
citoyenne aux affaires municipales ;
· Un renforcement du dialogue entre
autorités fiscales et autorités locales.
Propositions
· Sensibiliser la population sur l'importance de
l'adressage. Les habitants concernés par la numérotation sont les
premiers impactés par les changements qui en découlent. Il est
donc primordial de les informer de leur nouvelle adresse.
Ce projet n'a pas été largement
médiatisé. Ce qui a suscité de la méfiance
auprès de certains citoyens et à favoriser des refus de quelques
librevillois. La commune doit mettre en place des commissions de
sensibilisation au sein de chaque arrondissement qui auraient la charge
d'édifier la population sur les bien-fondés de l'adressage et son
utilisation. Ces commissions peuvent être constituées des chefs du
quartier et des élus locaux. Un spot publicitaire durant la
deuxième phase d'exécution du projet dans la presse écrite
ou audiovisuelle contribuera à une large diffusion du projet.
· La mise en place d'un système de
géocodage. Elle favorisera la localisation d'une entité ou une
parcelle depuis un SIG. Nous constatons que seules les voiries urbaines sont
matérialisées dans la base de données de la Cellule
Technique d'Adressage. Les informations recueillies par les enquêteurs ne
sont pas représentées sur un support cartographique, y compris
les numéros de porte. Cela est dû à l'absence d'un
système de géolocalisation des parcelles.
· La transformation de la CTA en une Direction
Générale d'Adressage au sein de la Mairie de Libreville, voir
même au Ministère de l'Intérieur permettra d'adresser
toutes les communes gabonaises. Ce qui contribuera énormément
dans le processus de la décentralisation. En favorisant le renforcement
des compétences et la mobilisation des recettes propres. La Cellule
Technique d'Adressage de Libreville doit devenir une direction à part
entière pour veiller à l'actualisation des données de
l'adressage. Cela doit être le cas de toutes les communes qui initieront
un projet d'adressage.
· L'actualisation des données chaque deux (2)
ans. La Mairie de Libreville doit se donner les moyens pour actualiser les
données de l'adressage au risque de devenir obsolètes et
inutilisables. Car les informations urbaines ne sont pas statiques mais
dynamiques. Une entreprise peut fermer ou se délocaliser ; une
maison à caractère commercial peut devenir une habitation.
· La restructuration des quartiers
sous-intégrés pour que l'adressage de la Commune de Libreville
soit exhaustif.
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