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L'apport de l'adressage dans la gestion des collectivités locales: cas du projet d'adressage de Libreville .

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par Justesse Bernstein De-BOUTANDOU
Omar BONGO - Master 2016
  

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CONCLUSION GENERALE

Pour remédier à la lourdeur ou à l'absence du système cadastral, plusieurs villes subsahariennes ont adopté un système moins lourd et plus efficace. « Le plan d'adressage », un plan très facile à mettre en place et à actualiser.

Le système cadastral des villes gabonaises n'a pas échappé à cette lourdeur. Il est même quasi inexistant. Ce qui a favorisé le développement des villes de moins en moins structurées faisant apparaître des quartiers sous-intégrés et non lotis.

Après deux tentatives avortées de la mise en place d'un plan d'adressage en 1989 et 1990, la commune de Libreville en étroite collaboration avec UE/AIMF relance l'adressage et pense y réussir. Ce projet a une particularité, c'est de faire intervenir plusieurs experts de différentes structures et bénéficie d'un financement extérieur (plus de 84 millions de francs CFA).

La réalisation de ce projet suscite plusieurs interrogations. Car la population bénéficiaire de ce projet ne le comprend pas. Mais surtout, elle reste dubitative sur son aboutissement. Pourquoi ces interrogations de la part des librevillois? Ils redoutent un troisième échec.

Bien que le système de numérotation des portes (métrique) choisit par le commun est conventionnel, la population est habituée d'observer le système numérique lors de leur voyage dans la sous-région. C'est le cas des villes du Congo à l'instar de Brazzaville et Pointe-Noire. « C'est une pure invention de la Mairie de Libreville » martela un habitant de Nzeng-Ayong  lors de l'un de nos entretiens avec les populations. Il est vrai que la commune de Libreville est la seule dans la sous-région à avoir adopté le système métrique à cause de l'irrégularité de son tissu urbain.

Un problème majeur mine le bon fonctionnement du projet d'adressage. Cela est dû à l'objectif même de ce dernier. L'adressage de Libreville est différent de celui des communes camerounaises, burkinabés et de plusieurs autres villes subsahariennes, dont l'objectif était « le développement urbain ». L'adressage c'est «  une parcelle, un numéro d'adresse ». Mais, nous avons constaté avec regret que dans certaines zones surtout commerciales, certaines parcelles bénéficient deux, voir même huit numéros. Car la parcelle abrite des activités commerciales. Cela traduit que la « mobilisation des recettes » prime sur la « modernisation de la gestion foncière ». Car un numéro doit correspondre à une parcelle donc à un propriétaire. Ce qui n'est pas le cas pour l'adressage de la commune de Libreville. Cette multiplicité de numéro posera problème lorsqu'on voudra superposer le plan d'adressage des parcelles au plan cadastral.

La connaissance de la ville est un préalable indispensable à sa gestion. Elle permet en effet, de répondre aux besoins dans le présent, et de prévoir le développement de demain. L'adressage vise à maîtriser l'information urbaine pas à pas, en générant de nombreuses informations : cartographie de la ville, codification des voies, enquêtes, implantation d'un système informatique simple, développement d'outils de gestion appliquée.

Le système d'adressage de la commune de Libreville, qui va de la reconnaissance géographique du bâti à la mise en plaque des noms de rues, a une triple finalité : 

· Permettre à la municipalité d'améliorer ses ressources et sa gestion. En rationalisant la fiscalité locale, par l'identification des personnes et entreprises soumises à l'imposition. En fournissant un outil d'aide à la décision dans la programmation des aménagements urbains

· Offrir à la population une meilleure lecture de la commune de Libreville. En améliorant le repérage et l'orientation, ainsi que la localisation des services publics. En facilitant les interventions d'urgence

· Faciliter les interventions du secteur privé, notamment des concessionnaires (électricité, communications), par une meilleure connaissance des réseaux.

Résultats attendus

· Une augmentation des capacités d'investissement de la ville grâce à la maîtrise des finances locales et à la mise en lien entre le recensement des activités imposables et l'adressage ;

· Une connaissance accrue du territoire, du patrimoine public (voirie, équipements, linéaire) et des activités qui s'y déroulent grâce au plan d'adressage et au recensement des activités ;

· Pour les citoyens, un repérage rapide dans la ville pour se déplacer et localiser les services urbains ;

· Pour le secteur privé, une meilleure gestion des réseaux (notamment eau, électricité, télécommunication pour les concessionnaires);

· Un accès facile des services d'urgence (ambulance, pompiers, police) dans les zones d'intervention ;

· Un renforcement de la participation citoyenne aux affaires municipales ;

· Un renforcement du dialogue entre autorités fiscales et autorités locales.

Propositions

· Sensibiliser la population sur l'importance de l'adressage. Les habitants concernés par la numérotation sont les premiers impactés par les changements qui en découlent. Il est donc primordial de les informer de leur nouvelle adresse.

Ce projet n'a pas été largement médiatisé. Ce qui a suscité de la méfiance auprès de certains citoyens et à favoriser des refus de quelques librevillois. La commune doit mettre en place des commissions de sensibilisation au sein de chaque arrondissement qui auraient la charge d'édifier la population sur les bien-fondés de l'adressage et son utilisation. Ces commissions peuvent être constituées des chefs du quartier et des élus locaux. Un spot publicitaire durant la deuxième phase d'exécution du projet dans la presse écrite ou audiovisuelle contribuera à une large diffusion du projet.

· La mise en place d'un système de géocodage. Elle favorisera la localisation d'une entité ou une parcelle depuis un SIG. Nous constatons que seules les voiries urbaines sont matérialisées dans la base de données de la Cellule Technique d'Adressage. Les informations recueillies par les enquêteurs ne sont pas représentées sur un support cartographique, y compris les numéros de porte. Cela est dû à l'absence d'un système de géolocalisation des parcelles.

· La transformation de la CTA en une Direction Générale d'Adressage au sein de la Mairie de Libreville, voir même au Ministère de l'Intérieur permettra d'adresser toutes les communes gabonaises. Ce qui contribuera énormément dans le processus de la décentralisation. En favorisant le renforcement des compétences et la mobilisation des recettes propres. La Cellule Technique d'Adressage de Libreville doit devenir une direction à part entière pour veiller à l'actualisation des données de l'adressage. Cela doit être le cas de toutes les communes qui initieront un projet d'adressage.

· L'actualisation des données chaque deux (2) ans. La Mairie de Libreville doit se donner les moyens pour actualiser les données de l'adressage au risque de devenir obsolètes et inutilisables. Car les informations urbaines ne sont pas statiques mais dynamiques. Une entreprise peut fermer ou se délocaliser ; une maison à caractère commercial peut devenir une habitation.

· La restructuration des quartiers sous-intégrés pour que l'adressage de la Commune de Libreville soit exhaustif.

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"Il faut répondre au mal par la rectitude, au bien par le bien."   Confucius