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ECOLE NATIONALE DES EAUX ET FORETS
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DIRECTION DES ETUDES
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DEPARTEMENT DE LA FAUNE ET DES AIRES
PROTEGEES
ETUDE DE LA CHASSE VILLAGEOISE DANS LE MASSIF
FORESTIER DE MWAGNE : SECTEUR MALOUMA-EKATA
Pour l'obtention du Diplôme d'Ingénieur des
Techniques des Eaux et
Forêts
Rédigé et soutenu par :
LIBESHY MOUNDENDA Alyas Aimé,
Etudiant en 3e Année d'Ingénieur des
Techniques des Eaux et Forêts.
Sous la direction de :
M. David Allogo Obague,
Chef du Département Faune et Aménagement des Aires
Protégées à l'ENEF.
M. Pauwel De Wachter,
Conseiller Technique Principal du Projet Minkébé,
WWF Gabon ;
M. Jean Paulin Edou Edzang,
Conservateur du Parc National de Mwagné.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Table des matières
Résumé 6
Epigraphe 7
Dédicaces 8
Remerciements 9
Introduction 10
I. contexte et problématique 11
II. Présentation du cadre d'étude : Le Projet
DFC/WWF-Minkébé 13
II.1. But 13
II.2. Bailleurs de fonds 14
III. Méthodologie 16
III.1. Entretiens préliminaires 16
III.2. Récolte des données 16
III.2.1. Enquêtes directes 16
III.2.2. Enquêtes indirectes 16
III.3. Les moyens mis en oeuvre 16
III.3.1. Les moyens humains. 16
III.3.2. Les moyens matériels. 17
III.4. Les difficultés rencontrées. 17
IV. Présentation du milieu d'étude 18
IV.1. Situation géographique 18
IV.2. Hydrographie 18
IV.3. Climat. 18
IV.4. La végétation 19
IV.5. La faune 19
IV.6. Présentation du parc national de Mwagne 19
IV.7. Présentation des villages Ekata et Malouma 19
IV.7.1. Malouma 19
IV.7.2. Ekata 20
IV.8. Les activités économiques 20
IV.8.1. Le commerce 20
III.8.2. L'agriculture 21
III.8.3. La pêche 21
V. Analyse de la chasse dans le secteur Malouma-Ekata 23
V.1. extension spatiale de la chasse 23
V.1.1. Malouma 23
V.1.2. Ekata 23
V.1.3. Les campements de chasse 23
Malouma 24
V.2. Signes de présence animale 25
V.2.1. Eléphant (Loxodonta africana). 25
V.2.2. Les grands singes. 25
V.3. La filière de la chasse villageoise 26
V.3.1. Les Chasseurs 26
Secteur 26
V.3.2. Les moyens de chasse utilisés 27
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
V.3.3. Les types de chasse 29
V.3.4. Le portage 30
V.3.5. Le prélèvement 30
Artiodactyle 30
Carnivore 30
V.3.6. La vente 32
V.4. Conflit Homme/animal 34
Recommandations. 35
Conclusion 36
Références 37
Bibliographie 37
Sites Internet. 38
Sources orales. 38
Annexes 39
Annexe1 : Les animaux intégralement et partiellement
protégés au Gabon 39
Annexe 2 : Photographies de quelques animaux. 40
Annexe 3 : Photographie d'une carabine 458 et d'un calibre 12.
41
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
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Liste des Tableaux
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Tableau1 : Répartition de la population par
nationalité
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.20
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Tableau 2 : Prix de quelques produits commercialisés
|
..20
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Tableau 3 : Prix des produits agricoles
|
...21
|
Tableau 4 : Campements du secteur Malouma-Ekata
|
24
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Tableau 5 : Indices de présence
d'éléphants
|
...25
|
Tableau 6 : Indices de présence de gorilles
|
26
|
Tableau 7 : Indices de présence de Chimpanzés
|
26
|
Tableau 8 : Répartition des chasseurs par village et par
nationalité
|
26
|
Tableau 9 : Indices de rencontre de pièges
|
.28
|
Tableau 10 : Fusils de chasse d'Ekata
|
.28
|
Tableau 11 : Indices de rencontre de douilles
|
.29
|
Tableau 12 : Espèces prélevées
|
...30
|
Tableau 13 : Coût de quelques espèces
|
..32
|
Liste des Figures
Figure 1 : Répartition des chasseurs par
nationalité 27
Figure 2 : Répartition des espèces
prélevées par ordre 31
Figure 3 : Répartition des espèces
prélevées par statut 32
Liste des annexes
Annexe 1 : Les animaux intégralement et partiellement
protégés 39
Annexe 2 : Photographie de quelques animaux
prélevés .40
Annexe 3 : Photographie d'une carabine 458 et d'un calibre 12
.41
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Liste des sigles et abréviations
CARPE : Programme Régional de
l'Afrique Centrale pour l'Environnement
CARPO : Central Régional Programme
Office (Programme Régional pour l'Afrique Centrale)
CAWHFI: Central Africa World Heritage Forest
Initiative
CNPN : Conseil National des Parcs
Nationaux
DFC : Direction de la Faune et de la
Chasse
DGIS : Coopération
Néerlandaise
DIARF : Direction des Inventaires, des
Aménagements et de la Régénération des
Forêts
ECOFAC : Ecosystèmes des Forêts
d'Afrique Centrale
ENEF : Ecole Nationale des Eaux et
Forêts
EU : Européan Union (Union
Européenne)
MINEF : Ministère de l'Economie
Forestière
UNF : UN Fondation
UICN : Union Internationale pour la
Conservation de la Nature
WCS: Wildlife Conservation Society
WWF: World Wildlife Fund (Fonds Mondial pour
la Nature)
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Résumé
Le présent travail rentre dans le cadre du suivi et de
la gestion de la chasse villageoise dans les zones périphériques
du Parc National de Mwagné. Il s'est déroulé en cinq
semaines de terrain, dans deux villages différents : Malouma et
Ekata.
Le terroir de chasse du secteur Malouma est estimé
à 360 km2 et celui d'Ekata s'étend sur une superficie
estimée à 740.23 km2. Ces terroirs ne sont pas
uniformément exploités par les chasseurs.
Les plus grandes distances parcourues pour la chasse sont 10.7
km à Malouma et 18.7 à Ekata. Pendant que la distance moyenne
pour atteindre un campement est de l0.11 km.
Les chasseurs sont en majorité des jeunes dont
l'âge varie entre 19 et 40 ans. Ils sont pour la plus part des gabonais
indigènes et quelques Congolais.
Les moyens de chasse les plus utilisés sont le
piège et le fusil.
Les types de chasse identifiés sont la chasse de
subsistance et la chasse commerciale. Les intérêts de cette chasse
sont la recherche de la protéine animale très
appréciée et les revenus économiques.
Les espèces les plus prélevées sont de
l'ordre des Artiodactyles (74%) et des rongeurs (13%). Les prix varient de 800
à 15.000 FCFA selon les espèces.
Le seul centre urbain d'écoulement des produits issus
de la chasse est Mekambo. Les acheteurs sont principalement des
commerçantes de viande de brousse installées au marché de
Mékambo et les particuliers fortunés.
En ce qui concerne la présence animale, les
éléphants sont abondants alors que les grands singes sont
très rares mais semblent repeupler le secteur.
Enfin, le conflit homme/animal est un phénomène
très fréquent dans le secteur surtout au village Malouma
où la fréquence des dégâts causés par les
éléphants est de une fois tous les deux mois.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Epigraphe
« La richesse de notre patrimoine et de notre culture reste
la base des valeurs morales du peuple gabonais.
Ce bien commun est un gage de solidarité pour les
générations futures de notre pays. »
Omar Bongo Ondimba
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Dédicaces.
A mes regrettés oncles et tante Martin
Bouyissa, Fidèle Marombo et
Adèle Kayi : Vous serez toujours présents dans
mon coeur.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Remerciements
Nous tenons, de manière très particulière
et chaleureuse à remercier toutes les personnes qui ont
contribué, à quelque titre que ce soit, à
l'élaboration du présent travail. Nous remercions
particulièrement :
- Les responsables de l'ENEF pour les efforts
consentis dans notre formation ;
- MM. Pauwel De Wachter et David
Désiré Allogo Obagué respectivement Conseiller
Technique Principal du Projet WWF-Minkébé et Chef du
Département Faune et Aires Protégées à l'ENEF, pour
avoir bien voulu diriger les travaux de cette étude ;
- Les responsables du Projet WWF-Minkébé pour avoir
accepté de nous accueillir ;
- MM. Louis Sosthène Ndong Obiang et Jean
Paulin Edou Edzang, Conservateurs respectifs du Parc National de
Minkébé-Est et du Parc National de Mwagné, pour nous avoir
encadré sur le terrain ;
- Mme Paola Mekui et M.
Rufin Mickala, pour la réalisation des documents
cartographiques ;
- Tous les agents du Projet WWF-Minkébé de Makokou
pour leur chaleureux accueil ;
- La ligue des chefs de villages Malouma et Ekata, pour
l'accueil qu'ils nous ont réservé dans leurs villages respectifs
;
- M. Max Ngoulabandé, Adjudant Chef de
Gendarmerie à la retraite, pour sa précieuse assistance ;
- M et Mme Tsiouckaka, pour leur soutien
moral, matériel et financier sans faille durant ma formation ;
- MM. Jonas Okomba et Aurélien
Mboula, mes guides de terrain ;
- Mes parents Guillaume Moundenda et
Monique Mayoko, pour toute l'affection qu'ils m'ont
donné ;
- Toute ma famille, pour m'avoir toujours encouragé ;
- Tous mes collègues : J.J. Ekakamba,
I. Ontoula, L. Obame Nguema, M.
Mintsa, M. Kokangoye, M. Mve Akué..., pour la
solidarité qui a prévalue pendant les trois ans de formation.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Introduction
L'aménagement d'un parc national nécessite une
connaissance approfondie des ressources naturelles du milieu mais aussi des
habitudes des populations riveraines ainsi que l'impact de leurs
activités et réciproquement. C'est dans cet état d'esprit
que le WWF, dans sa mission d'appuie à la mise en place des
stratégies de conservation et de gestion rationnelle des ressources
naturelles dans des grandes superficies en général, des parcs
nationaux en particulier, nous a accueilli au sein de son Programme Nord-Est
Gabon pour une étude relative à la chasse villageoise dans le
massif forestier de Mwagné secteur Malouma-Ekata.
Les objectifs poursuivis par cette étude se
résumaient à :
- Déterminer le terroir de chasse des populations
riveraines ;
- Identifier les différents chasseurs, les espèces
chassées et leur proportion ;
- Connaître l'organisation de la chasse et les moyens
utilisés ;
- Connaître le circuit d'utilisation des produits de chasse
;
- Avoir une idée sur la présence des grands
singes et des éléphants à travers certains indices.
L'atteinte de ces objectifs devrait nous permettre d'obtenir
un certain nombre de résultats notamment :
- L'évaluation de l'intensité et la dynamique de
la chasse villageoise dans le secteur Malouma-Ekata ;
- La détermination des types de chasse et des modes de
commercialisation des produits de chasse ;
- La détermination des espèces les plus
chassées dans la région.
L'importance d'une telle étude trouve sa justification
dans l'élaboration d'un plan de zonage du Parc National de
Mwagné. Elle est également nécessaire pour la mise en
place des politiques de gestion de la viande de brousse et leur application.
Dans le présent document, nous présenterons
d'abord le cadre et le milieu d'étude, ensuite nous ferons une analyse
de la chasse dans le secteur Malouma-Ekata après avoir expliqué
la méthodologie utilisée. Enfin, nous conclurons tout en faisant
quelques recommandations relatives à la gestion de la chasse
villageoise.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
I. contexte et problématique
La recrudescence sans précédent du commerce
illicite de la viande de brousse devient une situation très
préoccupante. Le besoin d'autoconsommation d'hier a cédé
le témoin à une activité lucrative qui menace non
seulement la survie de bon nombre d'espèces de faune sauvage, mais aussi
les communautés villageoises des zones forestières. La menace se
traduit par la pénurie du gibier autours des villages contraignant ainsi
les villageois à un effort de chasse de plus en plus grand et
coûteux ou à migrer vers des endroits plus giboyeux. Les
réseaux de chasse sont animés par des personnes nanties au
détriment des populations locales dépourvues et
exploitées.
Toutes les espèces animales sont concernées,
reptiles, oiseaux et surtout les grands mammifères. Les animaux les plus
chassés dans les zones forestières sont les céphalophes et
les primates. Une autre tendance qui se développe est celle
orientée vers le gros gibier, les grands primates, les
éléphants, les buffles etc. En effet, la règle du profit
fait qu'à munition égale, il vaut mieux abattre un
éléphant qu'un potamochère : Plus de viande, plus de
profit.
Pourtant, il ne s'agit nullement d'interdire la consommation
de la viande de brousse mais de mettre en place des stratégies pouvant
garantir l'utilisation durable de la ressource et la pérennisation des
espèces.
Pour cadrer avec cette logique, le projet met en oeuvre un
système de gestion basé sur le modèle de 20 km de rayon de
chasse au départ des routes publiques. Ce système permet de
conserver les faunes intactes des coeurs des grands massifs forestiers qui
seront la source d'un approvisionnement en faune des terroirs de chasse
villageoise.
La carte ci-après représente la situation des
grands massifs forestiers du nord est du Gabon selon le modèle de la
chasse villageoise basée sur une zone tampon de 20 km.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
II. Présentation du cadre d'étude : Le
Projet DFC/WWF-Minkébé
II.1. But
Le projet développe et met en oeuvre une
stratégie pour la conservation des massifs forestiers du Nord Gabon. Il
a démarré en 1997 et s'est initialement concentré sur le
Massif Forestier de Minkebe. Ce Massif de 32,381 km2, situé
dans l'écorégion nord-ouest du Bassin du Congo, figure parmi les
forêts équatoriales les plus intactes de la planète.
Minkébé contient peut-être 30.000 éléphants
et environ 14.000 Km2, situés au coeur de la forêt, qui
n'ont jamais été visités par l'homme. Depuis deux ans le
projet élargit progressivement sa zone d'intervention. Ainsi le projet
intervient maintenant également dans la zone de Mékambo (Massifs
forestiers de Djoua Zadié, Djoua Est et Mwagne), au Sud de la route de
Makokou-Ovan (Massif forestier de l'Ivindo), dans le secteur de Bitam
(Forêt de Kom), dans le Massif Forestier des Monts de Cristal (zones de
Medouneu, Larara, Engongome, Ndjolé, Kango).
La stratégie de gestion opérationnelle est
axée sur deux bases provinciales - Oyem et Makokou - et des postes
satellites, qui accueillent des équipes de surveillance en rotation. Les
stratégies suivantes font partie du projet :
1. La nécessité de gérer des grands
blocs forestiers, incluant aires protégées et concessions
forestières, plutôt que seulement une aire
protégée.
2. Déploiement efficace des moyens pour la
surveillance en donnant priorité à la gestion des voies donnant
accès au coeur de la forêt. Il s'agit des routes
forestières et rivières navigables.
3. Raffinement des règles d'utilisation des ressources
naturelles à travers des accords de cogestion intégrant tous les
principaux concernés (exemple : gestion de la chasse dans les
concessions forestières, gestion de l'orpaillage, gestion de la
rivière Oua).
4. Un staff hautement qualifié et motivé y
inclus une participation importante des cadres des Eaux et Forêts. Et le
développement de la capacité de surveillance.
5. Une approche pragmatique qui vise à résoudre
les problèmes plutôt qu'une approche trop focalisé sur les
études.
6. Un staff basé dans les capitales provinciales
(centres de services de conservation plutôt que dans des sites
isolés). Ceci permet plus de mobilité et de flexibilité,
moins de `burn-out', moins de pressions locales et un contact régulier
avec les décideurs provinciaux ainsi qu'une communication aisée
avec les responsables à Libreville.
Le projet est aussi un acteur actif dans la gestion
concertée du Massif Forestier Tri-National du TRIDOM (Tri-National Dja -
Odzala - Minkebe) qui couvre 150,000 km2 au Cameroun, au Congo et au
Gabon. Le projet a un rôle très actif dans la recherche de
financements pour cette initiative.
Notons que le Projet Minkebe administre aussi une composante
congolaise dans la périphérie du Parc National d'Odzala, dans des
forêts frontalières.
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
II.2. Bailleurs de fonds
1- Le projet a démarré en 1997 avec un
financement de la coopération des Pays-Bas (DGIS). Le projet a
également bénéficié de financements du gouvernement
Américain (CARPE, USFWS), du WWF-US, WWF-NL, Mac-Arthur.
2- Présentement le Projet Minkébé qui
s'étend sur les massifs forestiers de Monts de Cristal,
Minkébé et Mwagné est financé par les contributions
des bailleurs de fonds suivants : USAID/CARPE
(Minkébé-Mwagné-Mont de Cristal, Odzala/Congo); EU (Projet
Minkébé et Ntem); UNF/CAWFHI; WWF-NL, WWF International.
Carte : Zone d'intervention du Projet WWF/DFC/CNPN
« Minkébé » : Un programme qui vise la conservation et
la gestion durable des massifs forestiers du Nord Gabon ainsi que son
intégration dans la gestion transfrontalière du TRIDOM (carte
ci-dessous)
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
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de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
III. Méthodologie
Afin de mieux atteindre les objectifs que nous nous sommes
fixés, nous avons élaboré un procédé
méthodique qui s'articule autours des entretiens avec les populations
locales, la récolte des données, les moyens mis en oeuvre et le
traitement des données.
III.1. Entretiens préliminaires
C'est une étape nécessaire pour la mise en
confiance des villageois. Il s'agissait pour nous de s'entretenir avec les
chefs de villages, les groupes de chasseurs, les pêcheurs et les
agriculteurs. Au cours de ces entretiens, nous avons mis à profit ces
entretiens pour expliquer le but de notre étude afin de dissiper les
inquiétudes et solliciter la collaboration des uns et des autres. Ces
entretiens nous ont aussi permis de procéder au recrutement des guides
de terrain et enquêteurs et à l'élaboration d'un plan de
travail.
III.2. Récolte des données
La récolte des données s'est faite sur la base des
enquêtes directes et indirectes.
III.2.1. Enquêtes directes
Ces enquêtes ont consisté a rechercher nous
mêmes les informations sur le terrain c'est-à-dire au village et
en forêt.
III.2.1.1.En forêt
En forêt, la récolte des données s'est
faite au cours de nos excursions, marches d'observations et visites des
pièges e t des campements. Nous avons ainsi collecté, à
l'aide de nos fiches de terrain les données indispensables à
notre étude.
III.2.1.2. Au village
Il s'agissait, à l'aide des assistants recrutés
sur place, d'enregistrer les espèces prélevées, les prix
des gibiers, les acheteurs et la destination.
III.2.2. Enquêtes indirectes
Cette forme d'enquête consistait à recueillir des
informations à travers des discussions, des sondages et des
indiscrétions. Cette méthode est très discrète et
efficace pour obtenir des informations sensibles.
III.3. Les moyens mis en oeuvre
Comme tout travail de recherche, notre étude a
nécessité beaucoup de moyens humains et matériels.
III.3.1. Les moyens humains.
C'est l'ensemble des personnes qui ont constitué notre
équipe de travail.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
- Un étudiant de l'ENEF ; - Trois guides de terrain ; -
Quatre enquêteurs ; - Deux porteurs.
III.3.2. Les moyens matériels.
Les matériels utilisés pour la réalisation
de notre étude étaient les suivants :
- Un GPS Garmin 12 X L ;
- Une boussole ;
- Un appareil photo ;
- Une toile de tente ;
- Un matelas ;
- Deux sacs ;
- Une machette ;
- Des fiches de terrain ;
- Un carnet de notes ;
- Deux crayons papier ;
- Deux stylos ;
- Une lampe torche
- Des piles ;
- Un fond de carte ;
- Un véhicule 4X4 ;
- Un ordinateur ;
- Une imprimante.
III.4. Les difficultés
rencontrées.
A l'instar des autres travaux de recherche, notre étude
s'est heurtée à plusieurs difficultés entre autres :
- La méfiance des populations locales ;
- Le manque de collaboration des chasseurs ;
- La méfiance des chasseurs étrangers ;
- La peine à obtenir des informations sur la grande chasse
;
- Les mauvaises conditions climatiques ;
- Les moyens de communication.
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
IV. Présentation du milieu
d'étude
IV.1. Situation géographique
IV.2. Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Hydrographie
Le réseau hydrographique repose sur plusieurs cours
d'eau dont les plus importants sont la Liboumba et la Zadié. On cite
également les affluents Louayé, Lodié et Loué pour
la Liboumba ; Moulé, Bikouloungou et Mouzayi pour la Zadié.
IV.3. Climat.
Le climat est de type équatorial pur. Il y a deux
saisons de pluies (septembre-décembre, mars-juin) et deux saisons
sèches d'intensité similaire qui intercalent les deux saisons de
pluies. La pluviométrie est de 1500 mm/an au nord-est et au sud-ouest.
La température se situe entre 23 et 24°c (Wilks, 1990).
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
IV.4. La végétation
Le secteur est recouvert par un épais manteau de la
forêt équatoriale avec un paysage somptueux. On retrouve les
marantacées et les afromomum.
IV.5. La faune
Le secteur est riche en éléphants et beaucoup
d'autres espèces notamment la loutre à cou tacheté, le
sitatunga, le buffle, le bongo, les panthères, les céphalophes et
plusieurs espèces de singe (CNPN, 2004).
IV.6. Présentation du parc national de
Mwagne
Situé à l'Est de Makokou entre les fleuves
Louayé et Lodié, le parc a une superficie de 16475 ha et est
frontalier avec le Congo dans sa partie Est. A l'intérieur se trouve une
grande clairière (baï) associée à d'autres plus
petites dans lesquelles on peut observer des espèces rares ou peu
connues comme le bongo et les loutres. Le parc contient un grand nombre
d'éléphants. Le Parc National de Mwagné fait partie du
secteur franchissant les frontières et identifié comme
priorité par le WWF et ECOFAC.
Quelques perspectives :
- Le dégagement des fleuves particulièrement la
Lodié supérieure et chemin conduisant au baï de
Mwagné ;
- L'établissement d'un camp de touristes et une
plate-forme d'observation ;
- La prospection et le développement des petites baies
les plus prometteuses pour le tourisme.
IV.7. Présentation des villages Ekata et
Malouma
Malouma et Ekata sont deux regroupements de village qui
appartiennent au canton Loué dans le Département de la
Zadié dont le chef lieu est Mekambo. Ils ont la particularité
d'être dans une zone frontalière au Congo et à la
périphérie du Parc National de Mwagné.
IV.7.1. Malouma
Malouma, situé à 56 km de Mekambo, est un
regroupement de trois villages : Melongo, Mbeyi et Mpetchalango. Il est
dirigé par un chef de regroupement assisté de deux chefs de
village. La population est estimée à 241 habitants dont un
congolais. L'unique ethnie du village est le Mahongoué. Sa situation
géographique est : 00°40,443' Nord et 013°52,445' Est.
Sur le plan structurel, le village Malouma dispose d'une
école publique à cycle complet mais n'a pas d'infirmerie et pas
d'hydrologique villageoise. Les maisons sont construites en terre battue,
brique de terre, paille, tôle, planche et ciment.
Les obédiences religieuses sont l'alliance
chrétienne et l'église catholique.
Malouma est le village le plus proche du Parc National de
Mwagné (11.1 km en ligne droite dans son côté nord) faisant
de ce village l'un des points d'entrée du parc.
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
IV.7.2. Ekata
Ekata, qui regroupe les villages Mandombo, Ekata et Maboula, est
située à 69 km de Mekambo à la position
géographique : 00°40,555' Nord et 014°17,772' Est.
Il est également dirigé par un chef de regroupement
assisté par trois chefs de village. On y retrouve les ethnies
Mahongoué, Boungom et Bakola (pygmées) mais également de
nombreux sujets Congolais. Sa population est estimée à 669
habitants dont près de 75% de pygmées.
Tableau1 : Répartition de la population par
nationalité
Nationalité
|
Nombre
|
%
|
Gabonais
|
653
|
97
|
Congolais
|
15
|
2
|
Nigériens
|
1
|
0.1
|
Total
|
669
|
100
|
Sur le plan structurel, Ekata bénéficie d'une
école primaire à cycle complet et d'une case de santé.
L'hydrologique villageoise est inexistante et les maisons sont construites
essentiellement avec des matériaux locaux (paille, terre, brique de
terre, écorce d'arbre). Quelques maisons sont en planche et tôles
et une seule maison est en brique de ciment.
Les religions présentes sont l'alliance
chrétienne, catholique et la vie profonde. Ekata est une zone de contact
avec le congo. Les populations de ce village entretiennent des relations de
fraternité et d'assistance mutuelle avec celles du village Oloba au
Congo. Les moyens de transport pour ce rendre dans ce village sont difficiles,
il n'existe qu'un seul régulier qui assure sa desserte.
IV.8. Les activités économiques
Les activités les plus pratiquées dans le
secteur sont la chasse, l'agriculture, la pêche et le petit commerce.
IV.8.1. Le commerce
C'est un petit commerce qui se limite aux produits de base
tels que l'huile, les conserves, le sel etc. les prix sont souvent
élevés à cause des difficultés liées au
transport. Les tenanciers des boutiques sont essentiellement des jeunes. Nous
avons recensé quatre commerçants dont un nigérien.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
20
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
21
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Tableau 2 : Prix de quelques produits commercialisés
Produits
|
Quantité
|
Prix (CFA)
|
Sardine à huile
|
1boite
|
400/500
|
Sucre
|
Tas
|
100
|
Huile d'arachide
|
1 L
|
1500
|
Riz
|
1 kg
|
500
|
pétrole
|
1 L
|
600/700
|
Sel
|
1 kg
|
600
|
Tomate en boîte
|
1 boîte
|
200
|
Oignon
|
1
|
100/150/200
|
Maquerelle
|
1 boite
|
1000
|
Spaghetti
|
Paquet
|
500/600
|
Nouilles
|
Tas
|
100
|
Gâteau
|
1
|
25
|
III.8.2. L'agriculture
L'agriculture est une activité de base commune aux
communautés des deux villages dans laquelle l'homme intervient pour les
gros travaux de défrichement et de brûlis. Alors que la femme se
charge de semer et d'entretenir les plantations. Cette agriculture est
majoritairement vivrière. Les cultures principalement concernées
sont la banane, l'arachide et surtout le manioc et le maïs dont
l'essentiel de la récolte est destiné à la fabrication de
vin de maïs encore appelé « Ngoss ». La vente de certains
produits agricoles permet d'avoir des revenus mais une priorité est mise
sur l'autoconsommation. Il existe encore quelques champs de cultures de rentes
tels que le café et le cacao seulement ils ne sont plus entretenus
depuis longtemps.
La vente se fait à domicile car il n'existe aucun
marché pour la vente de ces produits agricoles. Tableau 3 : Prix de
quelques produits agricoles
Désignation
|
Quantité
|
Prix (FCFA)
|
Manioc
|
Bâton
|
100/200
|
Banane
|
Régime
|
1000/2000
|
Banane douce
|
8 doigts
|
100
|
Vin de palme
|
1L
|
300
|
Vin de maïs
|
1L
|
1250/1000
|
Maïs
|
3
|
100
|
Ananas
|
1
|
300/500
|
Arachide
|
Tas
|
100
|
III.8.3. La pêche
Avec la présence de nombreux cours d'eau
réputés poissonneuses (Zadié, Liboumba, Louayé,
Loué...), le secteur devrait être un centre de production de
poissons. Pourtant, constat fait sur le terrain, il n'en est rien ou presque.
La pêche n'occupe qu'une très petite place dans les
activités
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
des populations. Durant notre étude, deux campements de
pêche seulement ont été répertoriés, l'un
à Louayé pour Malouma et l'autre à la Zadié pour
Ekata. Des deux campements, il n'y a que celui de Louayé qui
reçoit en permanence des pêcheurs qui produisent en moyenne 4
paniers de poissons toutes les deux semaines. Il dispose d'un
débarcadère et de 4 pirogues. Au regard de la faible production
et surtout des douilles et grande concentration des pièges
observés près de ce campement, il y a lieu de penser que cette
activité masque une activité de chasse. La production est
insignifiante et est en grande partie destinée à
l'autoconsommation. Ce qui suppose que la production mise en vente n'est pas
importante d'où la quasi-absence du poisson dans l'alimentation des
villageois.
En somme, l'activité de pêche dans le secteur est
dépendante de la chasse. La plus part de ceux qui exercent la
pêche sont souvent aussi des chasseurs à l'exception de quelques
personnes qui en font une activité à part entière
notamment à Malouma.
Le poisson est écoulé sur Mékambo ou
vendu sur place en tas de 4 ou 5 poissons à 500 FCFA. Le tas de poisson
frais est quant à lui vendu à 1000 FCFA. Les femmes font une
petite pêche dans des petits cours d'eaux qui ne sont pas loin du
village.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
22
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
V. Analyse de la chasse dans le secteur Malouma-Ekata
V.1. extension spatiale de la chasse
La délimitation du terroir de chasse s'est fait à
partir des points extrêmes des zones de chasse. Ceux-ci peuvent
être la fin des lignes de pièges ou la fin des pistes de
chasse.
V.1.1. Malouma
Le terroir de chasse de Malouma se délimite sur un
rayon de 10.7 Km qui est la distance la plus longue parcourue par les chasseurs
pour leur activité de part et d'autre de la route soit 360
Km2. Du côté du parc de Mwagné, la limite du
terroir est matérialisée par le fleuve Louayé. Toutefois,
il est probable que certains chasseurs traversent la rivière à
l'aide des pirogues pour chasser dans le parc. Les différentes distances
peuvent être parcourues en un seul jour sauf si la quantité de
gibier obtenu est importante nécessitant de ce fait de fumer la viande
dans un intermédiaire.
V.1.2. Ekata
Le terroir de chasse de Ekata s'étend sur une distance
de 18.7 Km dans le secteur de la zadié c'est à dire
jusqu'à la rivière Bikouloungou qui se trouve à 5 Km
après la Zadié. De l'autre côté de la route, le
terroir s'étend sur une distance de 12 km et est limité par la
rivière Lindjé située à 8.5 km environ après
Liboumba. Ce terroir représente donc 740.23 km2 en terme de
superficie. La superficie du terroir de chasse du secteur Malouma-Ekata est
estimée à 1100.23 Km2. Dans ce terroir on retrouve des
lignes de pièges et des pistes de chasse ainsi que des campements.
Il est important de retenir que ce terroir de chasse du
secteur n'est pas uniformément utilisé car certaines zones
reçoivent une plus forte pression que d'autres.
V.1.3. Les campements de chasse
Les campements de chasse du secteur Malouma-Ekata sont des
cabanes construites en bois et en feuilles de marantacées. La plus part
des campements sont semi permanent et se trouvent près des cours d'eau.
Ils permettent aux chasseurs de boucaner leurs gibiers lorsque la
quantité est importante afin d'alléger le poids. Dans ces
campements on retrouve des outils tels que les marmites, assiettes,
cuillères etc. Des lits en bois sont construits de part et d'autre du
feu et des fumoirs. De ces campements partent des pistes de quelques centaines
de mètres qui permettent aux chasseurs de poser des pièges ou de
faire la chasse au fusil. Nous avons recensé dans ce secteur 18
campements dont deux campements mixtes chasse/pêche à
proximité de la Zadié et de Louayé. Le campement de
Louayé est situé à quelques mètres d'un
débarcadère situés sur Louayé équipés
de 4 pirogues ce qui permet la traversée de cette rivière et donc
l'accès dans le parc. Deux pêcheurs y vivent en permanence. On
retrouve sur le site des plantations de maniocs, bananes et maïs ainsi que
des arbres fruitiers.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Tableau n° 4 : Quelques campements du secteur
Malouma-Ekata
Village
|
N°
|
Coordonnées géographiques
|
Distance GPS (Km)
|
Longitudes
|
Latitudes
|
Malouma
|
1
|
00°38,088'
|
013°51,784'
|
4,57
|
2
|
00°37,355'
|
013°50,142'
|
7,19
|
3
|
00°36,001'
|
013°49,795'
|
9,64
|
4
|
00°35,480'
|
013°50,079'
|
10,2
|
5
|
00°41,363'
|
013°47,960'
|
8,5
|
6
|
00°37,549'
|
013°53,428'
|
5,67
|
7
|
00°35'891'
|
013°54,402'
|
9,19
|
Ekata
|
8
|
00,73126°
|
014,30232°
|
5,87
|
9
|
00,74786°
|
014,30702°
|
7,76
|
10
|
00,77193°
|
014,30144°
|
10,4
|
11
|
00,78408°
|
014,28745°
|
11,8
|
12
|
00,79150°
|
014,27945°
|
12,8
|
13
|
00,80257°
|
014,28067°
|
14
|
14
|
00,83605°
|
014,25513°
|
18,2
|
15
|
00,83790°
|
014,25299°
|
18,5
|
16
|
00,61040°
|
014,27506°
|
8,06
|
17
|
00,60143°
|
014,27022°
|
9,18
|
18
|
00,59005°
|
014,26519°
|
10,6
|
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
25
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
La distance moyenne pour atteindre un campement est d'environ
10.11 km du village ce qui est également le cas pour Konossoville, (P.
Owono, 1999). Le campement le plus loin est à une distance de 10.2 km et
18.5 km respectivement à Malouma et à Ekata alors qu'à
Konossoville le campement le plus éloigné est à 17 Km.
V.2. Signes de présence animale
Pour réaliser ce sondage sur la présence des
éléphants et grands singes (Gorille et Chimpanzé), nous
avons considéré comme éléments : Les observations
directes, les crottes, les nids, les carcasses et les empreintes. Nous avons
également tenu compte de manière non chiffrée des couloirs
et pistes d'éléphants.
V.2.1. Eléphant (Loxodonta
africana).
L'éléphant est reconnaissable par sa grande
taille, sa trompe, ses défenses et sa couleur. L'éléphant
vit et se déplace dans les forêts un peu ouvertes. Il ouvre des
passages en forêt ce qui facilite le déplacement de beaucoup
d'autres animaux. L'éléphant est herbivore. Il mange des
branches, des écorces, des feuilles, de l'herbe et des fruits. Il peut
faire des dégâts aux cultures (bananiers, maniocs canne à
sucre etc.). Il mange entre 50 et 150 kg par jour. Son poids moyen est de 1950
kg pour la femelle et 2350 kg pour le mâle.
Tableau n° 5 : Indices de présence de
l'éléphant
Zone
|
Signes
|
Crottes
|
Carcasses
|
Observation
|
Malouma
|
43
|
1
|
2
|
Ekata
|
93
|
1
|
1
|
Total
|
136
|
2
|
3
|
|
|
|
|
Les indices consignés dans le tableau ci-dessus nous
révèlent des indices de rencontre de 0.89 crottes/km à
Malouma et 3 crottes/km à Ekata pour le même nombre de carcasses.
Ces chiffres augurent d'une présence évidente et abondante
d'éléphants dans le secteur. Il convient tout de même de
retenir que cette présence n'est pas également repartie dans tout
le secteur. A Malouma cette présence est plus nette du côté
du parc alors qu'à Ekata c'est du côté de la Zadié
qu'elle est la plus forte. Ces zones recouvrent de grandes étendus de
marantacées. C'est également dans ces endroits que nous avons
rencontré des éléphants.
V.2.2. Les grands singes.
IV.2.2.1. Gorille (Gorilla gorilla)
C'est le plus grand de tous les singes. Il est
caractérisé par sa couleur noire sur tout le corps et noir-brun
sur la tête, une grosse tête, une face noire et de petites
oreilles. Le gorille vit dans les forêts humides d'Afrique centrale, en
pleine et en montagne. Les gorilles sont herbivores. Ils consomment des
feuilles, des fruits, des écorces et des herbes. Son poids moyen est de
182 kg pour la femelle et 185 kg pour le mâle.
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
IV.2.2.2. Chimpanzé (Pan
troglodytes).
C'est un singe facile à reconnaître, il ressemble
à l'homme avec des jambes plus courtes et le corps couvert de grands
poils noirs. La face ne porte pas de poils et les oreilles sont grandes. Il vit
dans les milieux où il y a des arbres. Il est omnivore et
apprécie surtout les fruits. Son poids moyen est de 30 kg pour la
femelle te 35.5 kg pour le mâle.
Tableau n°6 : Indices de présence de gorille
Tableau n°7 : Indices de présence de Chimpanzé
zone
|
Signes
|
Crottes
|
Empreintes
|
Observation
|
Malouma
|
0
|
1
|
1
|
Ekata
|
0
|
0
|
0
|
Total
|
0
|
1
|
1
|
Zone
|
Signes
|
Crottes
|
Empreinte
|
Nids
|
obs.
|
Malouma
|
1
|
0
|
2
|
0
|
Ekata
|
0
|
0
|
0
|
0
|
Total
|
1
|
0
|
2
|
0
|
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
26
Ces deux tableaux présentent les indices de
présence de grands singes. Ils nous confirment ce que nous pensions
déjà à savoir que l'épidémie d'Ebola a
décimé ces espèces d'où leur rareté dans ce
secteur. Néanmoins, dans la zone de Malouma il semble que ces
espèces sont entrain de repeupler ce site. Il nous est arrivé de
rencontrer un gorille et d'observer deux nids de chimpanzé dans ce site.
Selon les dires des chasseurs de ce village, depuis un certain temps ils
croisent de plus de gorilles et des chimpanzés. Dans la zone d'Ekata, il
est très difficile de rencontrer un grand singe comme le prouvent nos
tableaux. Il est à craindre qu'avec le retour de
l'épidémie d'Ebola, les grands singes ne disparaissent
complètement de ce secteur. D'autant plus que les chasseurs continuent
à les chasser dès qu'ils en ont la possibilité. Il est
à noter que nous avons observé les premiers indices de ces
espèces à une distance de 8.84 km du village, de
préférence à proximité des palmiers et des
afromomum.
V.3. La filière de la chasse villageoise V.3.1.
Les Chasseurs
Les chasseurs du village Malouma sont tous des
indigènes du village et de nationalité gabonaise. Au village
Ekata, les chasseurs sont des habitants du village mais de nationalité
différente. Les plus grands chasseurs en terme de maîtrise sont
les pygmées qui sont également utilisés pour la grande
chasse notamment la chasse d'éléphant.
La majorité des chasseurs sont des jeunes dont
l'âge est compris entre 19 et 35 ans. Il y a au minimum un chasseur par
famille. La plupart des chasseurs ne disposent pas de fusils, ils utilisent des
fusils appartenant à des particuliers résidant à
Mékambo ou à des fonctionnaires retraités et autres cadres
locaux disposant de moyens financiers pour s'en approprier.
Tableau n°8 : Nombre de chasseurs par village et par
nationalité.
Nationalité
|
Secteur
|
Malouma
|
Ekata
|
Gabonais
|
17
|
62
|
Congolais
|
0
|
6
|
Autres
|
0
|
1
|
total
|
17
|
69
|
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
27
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Nous avons dénombré un total de 86 chasseurs
dans le secteur Malouma-Ekata ce qui représente 9.45% de la population
du secteur soit 7% pour le village Malouma et 10.3% pour le village Ekata.
Congolais
6%
Gabonais Congolais Autres
Repartition des chasseurs par
nationalité
Autres
1%
Gabonais
93%
Figure n° 1 : Répartition des chasseurs par
nationalité
Une analyse de la nationalité des chasseurs nous
révèle qu'il y a des expatriés, composés en
majorité des Congolais, représentent 10% des chasseurs à
Ekata. Cela s'explique par la position géographique de ce village qui
est à la frontière avec le Congo et dont les habitants ont
beaucoup d'échanges avec ceux du village Oloba (Congo)
favorisé par une perméabilité de la frontière due
à l'absence d'un poste de contrôle gabonais. Les deux villages ne
sont séparés que de 8Km soit 2h de marche. Cette situation est
inquiétante car il constitue un facteur d'accroissement de la chasse
illicite due à l'ignorance de la réglementation en vigueur au
Gabon sur la faune et la chasse.
Il est très important de souligner que la chasse
transfrontalière est difficile à gérer par
l'administration gabonaise d'où l'intérêt d'une
collaboration entre les deux pays pour essayer d'enrayer ce
phénomène.
V.3.2. Les moyens de chasse utilisés
Lors de notre étude, nous avons pu constater que les
moyens de chasse utilisés dans notre secteur cible sont essentiellement
les pièges et les fusils. Toutefois, les autres moyens sont quelques
fois utilisés notamment au village Ekata en l'occurrence le filet, la
lance et les chiens.
Le piégeage est la forme de chasse la plus
pratiquée pour la capture des espèces de taille moyenne
(Céphalophes, potamochères etc.) alors que l'usage du fusil est
fait pour la chasse des singes, les oiseaux et autres espèces difficiles
à attraper à l'aide des pièges et aussi pour la chasse de
nuit.
V.3.2.1. Le piégeage
On distingue trois grandes catégories de pièges
: les pièges à patte, les pièges à cou et les
pièges à appât. Lors de notre étude, nous avons
essentiellement travaillé sur les pièges à patte car ce
sont les plus fréquents en forêts, les autres sont rares et se
retrouvent uniquement autours des champs.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
28
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Cette technique est très pratiquée dans le
secteur Malouma-Ekata car elle est à la fois plus efficace et plus
économique. En effet, un rouleau de câble coûte 6000 Fcfa
pour près de 60 pièges en moyenne et un piège peut avoir
à son actif plusieurs captures. En outre cette technique ne
nécessite pas beaucoup de tracasserie. Le chasseur peut avoir plusieurs
lignes de pièges qu'il visite une fois tous les deux jours.
Tableau n°9 : Indices de rencontre de pièges
Villages
|
Nombre de pièges
|
Distances (km)
|
Nbre de pièges/km
|
Malouma
|
741
|
53.76
|
13.78
|
Ekata
|
367
|
30.4
|
12.07
|
Total
|
1108
|
84.16
|
13.16
|
Dans les deux villages nous avons pris un échantillon
de 5 chasseurs. Ainsi nous avons une moyenne de 148.2 pièges/chasseur au
village Malouma et 72.6 pièges/chasseur à Ekata. En tenant compte
du nombre de chasseurs, on aura un total de 2520 à Malouma et 5009
à Ekata. Ce qui représente une moyenne de 7
pièges/km2 à Malouma et 6.7
pièges/km2. Cette densité est largement
supérieure à celle de Diba au Congo (1.18
pièges/km2), (Vanwijnsberghe, 1999).
Ces résultats montrent que le nombre de pièges
par chasseur à Ekata est proche de celui d'Assok-Begué (79
pièges), (Moro Eyi, 2001) et d'Ekom au Cameroun (71 pièges),
(Delvingt, 1999). Ce qui n'est pas la même réalité à
Malouma dont le nombre de piège par chasseur est largement
supérieur.
V.3.2.2. La chasse au fusil
La chasse au fusil est moins utilisée que le
piégeage à cause des procédures administratives et de son
coût et elle nécessite plus d'effort physique. Dans beaucoup de
cas, elle est toujours illégale. Les fusils utilisés
appartiennent pour la plupart à des particuliers qui les remettent aux
chasseurs. Au retour, le chasseur est récompensé en nature ou
financièrement. Notons que cette chasse se fait la nuit et le jour.
Tableau n°10 : Fusils de chasse à Ekata
Nature
|
Nombre
|
Calibre 12
|
14
|
Carabine
|
02
|
14 mm
|
03
|
total
|
17
|
Au village Malouma nous avons pu recenser 17 fusils de chasse.
Ces données ne sont pas de sources administratives. Tout comme au Congo
et en Centre Afrique, l'arme la plus utilisée est le calibre 12
(Delvingt, 1999).
V.3.2.2.1. Les douilles
Les douillés contenu dans le tableau ci-dessous ont
été observés sur notre parcours lors de nos excursions en
forêt.
Alyas Aimé LIBESHY MOUNDENDA, Elève
Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
29
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Tableau n°11 : Indices de rencontre des douilles
Village
|
Nombre de douilles
|
km parcouru
|
Douilles/km
|
Malouma
|
48
|
53.76
|
0.89
|
Ekata
|
32
|
30.4
|
1.05
|
Total
|
80
|
84.16
|
0.95
|
La présence de douilles dans un secteur symbolise le
degré d'utilisation des armes à feu pour la chasse. Ce
degré est sensiblement le même pour les deux villages avec un
léger avantage pour Ekata. Nous avons une moyenne de 0.95 douilles par
Km ce qui reflète quand même une forte pression de chasse dans ce
secteur. Il est clair que l'intensité de la chasse au fusil est encore
plus élevée. En effet, plusieurs douilles sont dissimulées
dans la forêt à cause de la grande mobilité que
requière cette technique de chasse et elles n'ont pu être
comptabilisées.
V.3.3. Les types de chasse
Compte tenu de l'absence ou de la pénurie des produits
alimentaires autres que la viande de brousse dans le secteur, la chasse
constitue une source de protéines animales et de revenus
monétaires. Ainsi l'on distingue deux types de chasse : La chasse de
subsistance et la chasse commerciale.
V.3.3.1. La chasse de subsistance
Durant notre séjour d'étude nous avons pu
constater que les populations se nourrissaient à 90% de viande de
brousse. Ce besoin en protéines animales accroît
l'intensité de chasse dite de subsistance. Ainsi, dans chaque famille il
y a un chasseur qui est presque contraint de chasser tous les jours pour
pouvoir nourrir sa famille. Les gibiers qui sont par excellence destinés
à l'autoconsommation sont les rongeurs, les carnivores, pholidotes,
oiseaux et reptiles. Il est à noter que pour cette chasse, les distances
parcourues en forêts sont réduites.
V.3.3.2. La chasse commerciale
La chasse commerciale est la chasse dont le gibier est
destiné à la commercialisation. Celui-ci se présente sous
deux formes : la viande fraîche et la viande boucanée. Dans le
secteur, la chasse commerciale est pratiquée en grande partie par des
pygmées sauf au village Malouma. C'est l'ordre des artiodactyles qui
fournit le plus grand nombre d'animaux vendus. Pour ce type de chasse, les
chasseurs parcourent de grandes distances et mettent plus de temps que lors des
parties de chasse de subsistances.
Bénéficiant de sa proximité avec le Congo
où il existe des réseaux de ventes des cartouches à des
prix abordables et de la fréquence de véhicules par rapport
à Malouma, Ekata constitue une planque tournante de la chasse
commerciale.
V.3.3.3. La grande chasse
D'après nos investigations et observations, la grande
chasse a considérablement baissé à Malouma grâce aux
efforts consentis par le conservateur du parc de Mwagne. Cependant il semble
que des chasseurs du village Komambela viennent exercer cette activité
dans ce secteur. C'est à Ekata que l'exercice de la grande chasse est
évident. Elle est pratiquée principalement
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Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
par des pygmées à l'aide des carabines et des
lances introduites dans le canon d'un fusil de type calibre 12 chargé.
Cette activité est également pratiquée par des sujets
congolais qui pénètrent depuis le Congo pour chasser dans la zone
de la Zadié. Les chasseurs nous ont certifiés qu'ils rencontrent
constamment ces chasseurs et nous avons également pu observer leurs
pistes dans cette zone à 15 km du village. Certains trafiquants louent
des carabines ou des fusils de guerres au Congo et les confient aux
pygmées qui sont des spécialistes de cette chasse. Les
éléphants sont d'abord chassés pour leurs pointes d'ivoire
qui génère des revenus importants. Par crainte de
l'administration des Eaux et Forêts, La viande est souvent laissée
sur place après le forfait. Celle-ci est consommée par les
villageois en cas de découverte et si elle est encore de bonne
qualité.
La chasse des grands singes est pratiquement inexistante car
ces espèces sont difficiles à rencontrer dans le secteur.
V.3.4. Le portage
Dans le secteur concerné par notre étude, le
portage ne constitue pas une activité à part entière. Il
est confondu dans l'activité de chasse. Les chasseurs portent
eux-mêmes leurs gibiers ou se font aider par d'autres personnes, souvent
des membres de leur famille. Pour diminuer le poids, ils boucanent une partie
du gibier dans des campements satellites et transportent l'autre partie de
viande en état frais à l'aide des sacs ou de hottes. Sur des
longues distances, les chasseurs piègent en groupe pour s'entraider lors
du transport du gibier.
V.3.5. Le prélèvement
Le tableau ci-dessous résume les
prélèvements effectués dans le secteur Malouma-Ekata
pendant une période de 23 jours, en nombre d'individus et par ordre.
Ce tableau nous montre que le taux de
prélèvement journalier est environ de 27 individus soit 91.80 kg.
Les espèces les plus prélevées sont Cephalophus
callipygus, Cephalophus monticola et Atherurus
africanus.
Tableau n° 12 : Espèces prélevées.
Ordre
|
Nom pilote
|
Nom scientifique
|
Quantité
|
Poids moy (Kg)
|
Poids total (Kg)
|
Artiodactyle
|
Céphalophe bleu
|
Cephalophus monticola
|
40
|
5,75
|
230
|
Céphalophe de bai
|
Cephalophus dorsalis
|
17
|
18,5
|
314,5
|
Céphalophe à dos jaune
|
Cephalophus sylvicultor
|
2
|
55
|
110
|
Céphalophe de peters
|
Cephalophus callipygus
|
49
|
17
|
833
|
Potamochère
|
Potamocherus porcus
|
6
|
72,5
|
435
|
Chevrotain aquatique
|
Hyemoschus aquaticus
|
2
|
11,5
|
23
|
Sous total
|
116
|
|
1945,5
|
Carnivore
|
Civette
|
Viverra civetta
|
5
|
13,5
|
67,5
|
Nandinie
|
Nandinia binotata
|
1
|
2,5
|
2,5
|
Sous total
|
6
|
|
70
|
Rodentia (Rongeurs)
|
Athérure
|
Atherurus africanus
|
18
|
2,75
|
49,5
|
Aulacode
|
Tryonomis swinderianus
|
2
|
2,5
|
5
|
Rat de Gambie
|
Cricetomys gambianus
|
1
|
1,2
|
1,2
|
Sous total
|
21
|
|
55,7
|
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de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
|
|
Pholidote
|
Pangolin à écailles tricuspides
|
Manis tricuspis
|
2
|
1,5
|
3
|
Sous total
|
|
2
|
|
3
|
Testudinata
|
Tortue d'eau douce
|
Pelusio gabonensis
|
1
|
2,3
|
2,3
|
Sous total
|
1
|
|
2,3
|
Primates
|
Hocheur
|
Cercopithecus nictitans
|
1
|
5
|
5
|
Moustac
|
Cecopithecus cephus
|
3
|
3,5
|
10,5
|
Colobe noir
|
Colobus satanas
|
1
|
12
|
12
|
Sous total
|
5
|
|
27,5
|
Oiseaux
|
Pintade commune
|
Numida meleagris
|
6
|
1,2
|
7.2
|
Sous total
|
6
|
|
7,2
|
Total général
|
157
|
|
Si l'on considère la durée (23 jours) et le
nombre de gibiers prélevés (157), on se rend compte que le taux
de prélèvement journalier dans le secteur Malouma-Ekata (6,82)
est légèrement supérieur à celui
d'Assok-Begué (5), (Moro Eyi, 2001).
Artiodactyle Testudinata Rongeurs Oiseaux Carnivores Primates
Pholidote
Repartition des espèces
prélévées par ordre 1%
3%
4%
4%
13%
1%
74%
Figure n° 2 : Répartition des espèces
prélevées par ordre
On remarque que :
- Les ordres Artiodactyles et Rongeurs sont largement
majoritaires dans le secteur ; - Les ordres Testudinata et Pholidote sont
minoritaires.
Cette répartition a également été
obtenue par Vanwijnsberghe à Odzala en 1996.
La large prédominance des Artiodactyles et des rongeurs
est due à l'utilisation massive du piégeage dans le secteur. La
faible part des primates qui sont pourtant abondant dans la zone peut
s'expliquer par la crainte de l'épidémie d'Ebola.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Repartition des espèces
prélévées par statut
Integralement protégés
Partiellement protégés
Non protégés
1% 5%
94%
La figure 3 révèle que parmi les espèces
prélevées, les espèces intégralement
protégées représentent 1 % et les animaux partiellement
protégés représentent 5%. Ces taux peuvent être
rassurant dans la perspective de la conservation de ces espèces.
Toutefois nous pouvons nuancer ce sentiment d'espérance sachant que cela
peut tout aussi bien signifier que ces espèces deviennent rares en
forêt d'où l'intérêt d'un inventaire poussé
sur la population de ces espèces.
V.3.6. La vente
Pour la filière de vente de gibier, on distingue trois
niveaux en fonction du client :
- La vente directe aux villageois : Ce mode de vente est
très courant. La viande ramenée de forêt est exposée
le long de la route en gigot ou en entier. Mais il existe une autre technique
de vente de la viande qui est très prisée par les villageois,
c'est celle de découper la viande en des petits morceaux appelés
vulgairement « qui va vite ». Ces morceaux sont vendus à 100
FCFA l'unité.
- Ecoulement par les chasseurs à Mékambo :
Certains chasseurs écoulent eux même leur produit de chasse sur
Mékambo où ils les vendent aux restaurateurs et aux particuliers.
Ce mode de vente est difficile car la circulation des véhicules dans le
secteur est rare.
- La vente à un revendeur : les chasseurs sont
abonnés à des revendeurs qui périodiquement et sur
rendez-vous se déplacent pour acheter la viande pour ensuite la
revendre au marché de Mékambo ou aux restaurateurs
et aux particuliers fortunés.
Tableau n° 13 : Coût de quelques espèces
Espèces
|
Prix (Fcfa)
|
Céphalophe bleu
|
2.000
|
Céphalophe
|
Gigot
|
1.000
|
|
Entier
|
6.000/7.000
|
Potamochère
|
Gigot
|
2.000/2.500
|
|
Entier
|
15.000
|
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de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
|
|
Singe moyen
|
2.000/2500
|
Athérure
|
2.000
|
Pangolin géant
|
10.000
|
Pangolin à écaille
|
1.500
|
Civette
|
1.500
|
Rat de Gambie
|
500
|
Pintade
|
800
|
Peau de panthère
|
15.000
|
Les prix ont été relevés dans les villages
Malouma et Ekata.
Comparativement avec les prix pratiqués à
Assok-Begué et relevés par Moro Eyi en 2000, ces prix sont plus
faibles mais pratiquement les mêmes avec ceux pratiqués à
Mbomo au Congo (Vanwijnsberghe, 1996). L'enclavement dans lequel se trouve le
secteur Malouma-Ekata explique ces prix très bas.
Ces prix peuvent être revus à la baisse en cas de
négociation ou en fonction de la qualité de la viande.
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
V.4. Conflit Homme/animal
Le conflit homme animal est un conflit qui survient
après des dégâts matériels ou corporels
causés par un animal sur l'homme ou ses biens. Le cas le plus
récurent est celui de l'éléphant à cause de
l'importance de ses dégâts et des conséquences qui en
découlent. Dans notre secteur d'étude, c'est à Malouma
où des dégâts d'éléphants ont
été constatés. En effet, nous avons visités des
champs dévastés par des éléphants et ce
malgré le fait que les villageois ne parcourent pas de longues distances
pour faire les plantations (2 km au maximum). Cette situation est d'autant plus
probable que les premiers signes d'éléphant sont observables
à partir d'une distance de 1.5 km du village. Ces dégâts
ont pour corollaire la famine qui se manifeste par la pénurie de
maniocs, bananes et autres produits alimentaires issus de l'agriculture.
D'après les villageois, la fréquence des dégâts est
estimée à une fois tous les deux mois.
Les dégâts corporels ne sont pas en reste. Il
nous a été rapporté qu'en l'an 2001 un chef de
regroupement du village Malouma était décédé suite
à une charge d'un éléphant en forêt. Toute chose qui
nécessite l'intervention des autorités compétentes pour
enrayer ce phénomène au risque de voir les villageois se faire
justice ouvrant ainsi une large porte aux braconniers. Signalons que des
dégâts sont aussi causés par des rongeurs dans les champs
de manioc, de bananes et d'arachides.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Recommandations.
Bien qu'étant indispensable à la survie des
populations du secteur Malouma-Ekata, la chasse villageoise telle qu'elle est
pratiquée représente une grande menace sur la faune du massif
forestier de Mwagné. Aussi, pour freiner ce phénomène
récurrent et gérer de façon rationnelle les ressources
fauniques dans ce massif forestier nous faisons quelques recommandations
à l'endroit des différents acteurs de la gestion de ces
ressources :
A l'administration des Eaux et Forêts :
- Instaurer des contrôles réguliers sur les axes
routiers Mekambo-Malouma et Mekambo-Ekata ;
- Mener des campagnes de sensibilisation sur la chasse ; -
Officialiser la limite de 20 km ;
- Limiter à 15 km la plus longue distance à
laquelle peut se trouver un campement de chasse.
Au CNPN et le WWF :
- Former et mettre sur le terrain des écogardes pour le
Parc National de Mwagné ;
- Faire des études de reconnaissance afin d'évaluer
les ressources animales ;
- Instaurer des contrôles qui visent la grande chasse, y
inclus la chasse transfrontalière ;
- Faire un monitoring à long terme de la chasse
villageoise afin d'évaluer sa durabilité et sa dynamique
spatiale
Au Ministère de l'Intérieur :
- Etablir un poste de contrôle à la frontière
avec le Congo.
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Conclusion
A l'issue de notre travail, il nous semble opportun de
reconnaître que la chasse villageoise occupe une très grande place
dans le cycle des activités des populations du secteur Malouma-Ekata.
Elle représente pour elles une source de protéines abondantes et
de qualité incontournable. En outre elle constitue la seule
activité sûre qui leur garantie le minimum de ressources
pécuniaires indispensables à la satisfaction de leurs besoins
quotidiens.
Cette prépondérance de la chasse n'est pas sans
conséquences :
- La pression de chasse est de plus en plus forte dans le secteur
;
- L'accroissement de la chasse d'éléphants
motivée par sa grande rentabilité ; - La diminution de gibier
dans les zones proches des villages.
Les espèces les plus menacées par la chasse sont
les céphalophes et les rongeurs qui subissent une dégradation
quantitative.
La proximité du secteur avec le Congo et l'absence d'un
poste de contrôle à la frontière sont des facteurs
importants dans l'augmentation de la pression de la chasse ne
générale et de la grande chasse en particulier.
Par ailleurs, au regard des résultats obtenus dans
notre étude, il nous convient de dire que la stratégie de gestion
de la chasse villageoise basée sur le model des 20 km de part et d'autre
de la route peut être appliquée à Malouma et à Ekata
sans que cela ne gène les villageois.
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Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Références
Bibliographie
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présentation des rapports et mémoires. Cours de
Méthodologie de la Recherche. ENEF, 11 pages ;
- Delvingt, W. (1997). Synthèse
régionale des études réalisées durant la
première phase du programme ECOFAC, au Cameroun, au Congo et en
République de Centre Afrique. Rapport ECOFAC, 73 pages ;
- Gautier, A. et Colyn, M. Gautier, J.P.
(1999). Histoire naturelle des primates d'Afrique Centrale, 161 pages
;
- Koumbi, P. et Mekui, P. (2003). Mission de
reconnaissance dans le massif forestier de Djoua-Zadié, 22 pages ;
- Mabaza, G. et Mve Mebia, E. (2003).
Caractéristiques socio-économiques et opportunités de
conservation dans le massif forestier Djoua-Zadié ;
- Mabaza, G. (2003). Nécessité
d'une gestion des ressources naturelles dans le Département de la
Zadié (Mékambo) ;
- Mabaza, G. (2003). Suivi Ebola dans le
département de la Zadié. Rapport de mission ; - Mabaza,
G. (1999). L'identité culturelle du groupe Hongwé ;
- Moro Eyi, S. (2000). Suivi de la chasse
commerciale dans la concession forestière de Bordamur :
Périphérie Ouest de l'aire protégée de
Minkébé, 30 pages ;
- NZAME, D. A. (2000). Problématique
de la chasse dans les concessions forestières : Cas de Bordamur
Woleu-Ntem, périphérie Ouest de l'aire protégée de
Minkébé. Rapport de stage, 34 pages ;
- Ontoula, I. (2004). Etude de la chasse
villageoise dans le secteur Makebé-Bakwaka. Rapport de stage, 35 pages
;
- Owono, P. (1999). Impact
socio-économique et spatial de la chasse commerciale sur le terroir de
Konossoville : Cas de la périphérie Ouest de la réserve de
Minkébé. Mémoire de fin de cycle, 73 pages ;
- Steel, E. A. (1994). Etude
sur le volume et la valeur du commerce de la viande de brousse au Gabon, 83
pages ;
Etude de la chasse villageoise dans le massif forestier
de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
- Vanwijnsberghe, S. (1996). Etude sur la chasse
villageoise aux environs du Parc National d'Odzala, 168 pages ;
- White, L. et Edwards, A. (2000). Conservation
en forêt pluviale africaine : méthodes de recherche. Wildlife
Conservation Society, New York, 444 pages ;
- Willaert, J.F. ; Jeanmart, Ph. Et Doucet, J.L.
Cahier de reconnaissance de quelques animaux de la forêt
gabonaise, 39 pages.
Sites Internet.
- www.le
priveonline.com ;
- www.gabonational
parks.com.
Sources orales.
- M. Max Ngoulabandé ;
- Les chefs et Notables des villages Malouma et
Ekata ; - Les chasseurs des villages Malouma et Ekata.
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Ingénieur des Techniques des Eaux et Forêts. ENEF, juillet 2005.
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de Mwagne : secteur Malouma-Ekata
Annexes
Annexe1 : Les animaux intégralement et
partiellement protégés au Gabon.
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Annexe 2 : Photographies de quelques animaux.
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Annexe 3 : Photographie d'une carabine 458 et d'un
calibre 12.
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