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Exposée: contraintes et facteurs de vulnérabilités et de crises liés à  l'eau .

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par Adrien Diatta
UCAD ( institut des sciences de là¢â‚¬â„¢environnement) - master1 gestion des ressources naturelles et du développement durable  2015
  

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SUJET : CONTRAINTES ET FACTEURS DE VULNERABILITES ET DE CRISES LIES A L'EAU

PLAN :

INTODUCTION

I - CONTRAINTES LIES A L'EAU

1 - SOCIO-ECONOMIQUE

2 - ECOLOGIQUE

II - FACTEURS DE VUNERABILITES LIES A L'EAU

1 - CHANGEMENTS CLIMATIQUES

2 - CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE

III-LES CRISES LIEES A L'EAU

1- CONFLITS

2- STRESS HYDRIQUE

CONCLUSION

INTRODUCTION

L'eau est l'une des ressources naturelles les plus précieuses de notre système planétaire. Sa quantité est constamment renouvelée sur la terre du fait de processus d'interaction entre l'atmosphère le ciel et elle-même, appelé cycle globale de l'eau. Malgré qu'elle ait été reconnue comme un droit universel, plus de souffrances et de conflits surgissent au dépend de l'eau que de tout autres facteurs confondus. L'augmentation de la population usagers à elle seul ne saurait expliquer le risque accru de pénurie d'eau, à cela s'ajouterai les facteurs naturels et/ou anthropiques. Autant de facteurs de vulnérabilité compromettant la configuration de sa disponibilité et sa raréfaction entant que produit ont été suspectés et tout semble indiquer que cette situation va de mal en pire si des mesures corrections et préventives ne sont pas implémentées. L'eau est un bien mondiale, sa gestion concerne un grand nombre d'acteurs et à différents niveau et espace géopolitique, elle s'exerce sur une multiplicité d'échelle géographiques, ce qui lui confère un caractère conflictogéne.

I - CONTRAINTES LIEES A L'EAU

Définition de contrainte. Etymologie : du latin « constringere», lier, resserrer, enchaîner, contraindre, réprimer. Une contrainte est une violence ou une pression exercée contre une personne pour l'obliger à faire quelque chose ou pour l'empêcher de faire ce qu'elle voudrait. Elle peut être physique ou morale.

En 2013, sur les 7 milliards de Terriens, entre 2 et 4 milliards n'ont pas  un accès satisfaisant à l' eau potable. 90 % de l'eau utilisée sert à nourrir les populations. Dans les 25 prochaines années, l'essor démographique et la hausse des niveaux de vie que va connaître notre planète s'accompagnera nécessairement d'une explosion de l'utilisation de l'eau alors qu'il faudra également préserver les milieux naturels.

1-SOCIO-ECONOMIQUE

Le facteur social

Sur Terre, l'eau douce est relativement abondante mais elle n'est pas bien répartie entre les différents pays ou régions du globe. Et, à mesure que la population mondiale augmente, les besoins en eau de l'humanité ne cessent de croître. L'eau pourrait devenir, au XXIe siècle, un enjeu politique et économique comparable à ce que fut, par exemple, le pétrole durant les dernières décennies.

Les Nations Unies tablent sur un accroissement de la population mondiale de deux milliards d'individus d'ici 2050 ; la Terre compterait alors 9 milliards d'habitants. Cette croissance démographique concernera essentiellement des pays en développement, dont bon nombre connaissent déjà des difficultés dans le domaine de l'eau. Ce seul fait suffit à appréhender les risques à venir de tensions accrues sur les ressources d'eau, au niveau mondial. En effet, pour répondre à la demande alimentaire, il faudra doubler la production agricole et trouver 4 500 km3 d'eau douce supplémentaire par an (source : BRGM - 2011).

Si l'approche internationale de la gestion des ressources n'évolue pas significativement dans les prochaines années, les deux tiers de la population mondiale pourraient subir des manques d'eau plus ou moins forts dès 2025. Les inégalités risquent de se creuser, puisque les besoins vont souvent s'accroître là où les ressources sont déjà faibles (Moyen-Orient, zones arides de l'Afrique...)

Le facteur économique

A cela s'ajoute le facteur économique : les besoins augmentant, les coûts de mobilisation des ressources deviendront d'autant plus élevés que ces dernières seront difficiles à exploiter. Beaucoup des pays concernés par ces problèmes de pénurie sont en développement et ne pourront peut-être pas assumer ces implications financières. Pour certains pays, les problèmes d'eau constitueront donc un frein au développement.

Une gestion plus rationnelle des ressources en eau, un recours à des techniques d'irrigation plus efficientes et moins gourmandes en eau, le développement de processus industriels moins polluants et plus économes en eau sont autant de facteurs susceptibles d'infléchir plus ou moins sensiblement ces prévisions.

L'impact, difficile à prévoir, d'éventuelles modifications d'ordre climatique, profondes au niveau mondial ou régional, doit être pris en compte. Même si les avis divergent beaucoup sur ce point, des hypothèses telles que l'accentuation des écarts entre climats arides et humides, l'irrégularité plus forte des précipitations saisonnières ou annuelles, l'extension de l'aridité dans certaines zones auraient des conséquences directes sur la répartition, et donc la gestion des ressources.

2-ECOLOGIQUE

Impacter le moins possible la ressource, sur les plans quantitatifs et qualitatifs

Minimiser l'ensemble des prélèvements d'eau, mais surtout ceux qui ont lieu dans les eaux souterraines profondes, donc prélever l'eau autant que possible dans la ressource renouvelable, dans les cours d'eau de préférence ou sinon dans les nappes de surface, et la recycler au maximum. Ne pas oublier que les eaux météoriques (qui tombent du ciel sous la forme de pluie, grêle ou neige) s'intègrent tout naturellement dans la ressource en eau renouvelable de moindre qualité dont l'exploitation est à privilégier devant celle des nappes profondes. Minimiser la pollution des eaux de surface et des eaux souterraines, charge organique, microbes et substances toxiques d'origine médicamenteuse ou autre. C'est une nécessité écologique mais aussi sanitaire.

Nos modèles d'alimentation en eau potable et d'assainissement ont été inventés au siècle dernier sans contraintes écologiques. Ils sont énergivores, ont des impacts inacceptables sur la ressource en eau et entraînent les pays qui les utilisent dans une fuite en avant technologique et financière. Ce diagnostic est largement partagé : "le modèle occidental de gestion de l'eau n'est pas adapté au niveau de développement et il n'est pas la panacée(2)" ou encore "Le problème qui se présente en France est le manque de mesures par rapport à la pollution souterraine. On n'en parle pas suffisamment. Les eaux souterraines sont les ressources en eaux des prochains millénaires et on ne les connaît pas. En France comme ailleurs, on exploite donc encore très mal ces ressources. Dans 50 ans, si on continue comme ça, on peut craindre une pénurie nationale. La France devra alors s'asseoir avec les pays riverains pour trouver des solutions. La crise de l'eau est quant à elle commencée dans le reste du monde. Il faut aussi comprendre que le changement climatique entraîne l'appauvrissement de l'eau. Il existe des gestes simples (pour éviter cette pénurie d'eau en France). Le problème est qu'ils ne sont pas tous défendables politiquement car ils risquent de toucher des intérêts énormes. La production agroalimentaire serait à changer, il faudrait repenser toute la politique agricole, repenser le développement économique du pays. Mais vous imaginez la complexité que cela représente pour les hommes politiques et leurs intérêts ! Surtout en France, où il est difficile de bousculer les choses. Là est tout le problème"(3). 

Dilution des rejets, pollution organique et contamination microbiologique des cours d'eau

Malgré tous les progrès techniques réalisés, nos systèmes d'assainissements(4) n'éliminent qu'une partie de la pollution organique et des microorganismes pathogènes(5) des effluents domestiques. Ils n'en n'éliminent pas non plus les microcontaminants toxiques comme par exemple les substances médicamenteuses ou les nanoparticules dont on commence seulement à découvrir les effets délétères sur les organismes aquatiques(6). Ils ont donc un impact très significatif. En France par exemple, l'essentiel de la pollution organique, la moitié de la pollution phosphorée et une grande partie des contaminations microbiologiques des cours d'eau proviennent des systèmes d'assainissement. La présence de pathogènes fécaux, même après traitement, empêche le recyclage des eaux usées et constitue un problème sanitaire grave dans les pays chauds. 
Bien que l'essentiel de la matière organique, la moitié du phosphore et l'essentiel des pathogènes contenus dans les effluents domestiques proviennent uniquement de nos lisiers(7), ces derniers ne représentent qu'un centième environ du volume total des effluents domestiques. Le reste de la pollution des effluents domestiques provient des eaux de lavages dites "eaux grises", et contient essentiellement du phosphore et des tensio-actifs apportés par les agents lavant. Diluer d'un facteur 100 les substances polluantes avant de les traiter constitue une véritable aberration à cause du mauvais rendement épuratoire et de la consommation énergétique accrue. Cette dilution a lieu à l'intérieur des habitations suite au mélange avec les eaux des chasses d'eau et avec les eaux grises mais aussi à l'intérieur des réseaux d'assainissement suite aux entrées inévitables d'eaux de ruissellement des routes et à la collecte de rejets industriels et sauvages. A cette gabegie énergétique et écologique que constitue le fait de diluer la pollution avant de la traiter, s'ajoute l'aberration de l'introduction des papiers hygiéniques dans les effluents : chaque année en France par exemple, environ 800000 tonnes de papiers sont transportés, via les réseaux d'assainissement, jusqu'aux stations d'épuration. Autant d'énergie et d'arbres gâchés, alors que le bon sens voudrait qu'on les recycle directement. De plus, ces papiers séjournent dans les eaux usées et y larguent des substances toxiques, qui s'ajoutent à tous les produits chimiques que l'on déverse dans les cuvettes des toilettes pour en éliminer la saleté et les odeurs, et qui se retrouveront in fine dans les cours d'eau. 

Réutilisation problématique en agriculture des boues des stations d'épuration

Nos lisiers sont une source équilibrée d'azote, de phosphore, de potassium et de matière organique précieuse pour les sols agricoles ou forestiers. Mais les boues organiques produites à partir des effluents domestiques contiennent des substances toxiques (métaux lourds, hydrocarbures, etc.) suite à leur dilution dans le réseau d'assainissement. On ne peut donc pas les réutiliser sans danger pour les sols et la ressource en eau

II-FACTEURS DE VULNERABILITES

Caractéristique sociale, économique, physique (matérielle) ou naturelle d'une collectivité ou d'un élément exposé, susceptible de les rendre plus sensibles à la manifestation d'un ou de plusieurs aléas.

1-CHANGEMENTS CLIMATIQUES

L'eau- est-elle devenue une grosse victime des changements climatiques en Afrique ? Selon le Groupe Intergouvernemental sur l'Evolution du Climat (GIEC), 20 % des problèmes globaux de l'eau résultent du réchauffement climatique. La crise de l'eau et les changements climatiques sont devenues des réalités similitudes et cruciales pour l'humanité. « La crise de l'eau douce est aussi important et représente la même menace que les changements climatiques » comme le souligne PNUD(2007) dans le RMDH 2007.

De ce fait, plusieurs millions de personnes au sud et en particulier en Afrique luttent au quotidien pour survivre aux caprices du climat. Il est à noter que les maux qui minent l'Afrique, les maladies, l'insécurité alimentaire, les sous infrastructures de base, l'eau apparaît comme une victime des changements climatiques. Les conditions climatiques extrêmes prennent des dimensions dramatiques dans les pays subsahariennes et voire toute l'Afrique. De longues périodes de sécheresses dictent leur loi dérogeant ainsi les cycles de saisons ; des pluies diluviennes accompagnées d'inondations sont des maîtresses détruisant ainsi les bases existentielles des populations vulnérables dans les contrées du continent africain le plus frappé par les variabilités climatiques. Le cycle normal de l'eau est rompu et compromet la distribution et l'utilisation des ressources en eau. L'insécurité de l'eau est la conséquence de sa rareté physique, elle-même le résultat de facteurs climatiques ou géographiques.

Les agents climatiques qui jouent un rôle dans la disponibilité de la ressource en eau sont essentiellement les précipitations, la température et la demande évaporative. Les récents travaux du GIEC, constitue un enjeu capital pour les régions sèches affectées par la désertification et soumises à la variabilité et aux extrêmes climatique. Le GIEC prévoit par ailleurs, le tarissement des fleuves dans de nombreuses zones du continent africain. En effet déjà, plusieurs zones sahélo-sahélienne sont confrontées à des ensablements des cours d'eaux et des fleuves ; c'est le cas du fleuve Niger.

Le volume d'eau du fleuve Niger a fortement diminué au cours de ces dernières années. La Banque Mondiale dans un rapport redoute que les changements climatiques coupent l'accès à l'eau à des milliards de personnes dans les prochaines décennies du siècle. Cette situation risque de s'accentuer au cours de cette dernière décennie à avenir avec la hausse de température liée au réchauffement climatique accru.

Même si le changement climatique n'est pas la cause principale de la crise de l'eau, il pourrait générer des impacts très négatifs sur les ressources en eau et leur gestion en exerçant une pression de plus en plus forte sur les eaux de surface et souterraines. Le changement climatique devrait influer sur la quantité et la qualité de l'eau. Les périodes de sécheresse, d'inondation, d'ouragan et de mousson sont de plus en plus sévères et affectent plus particulièrement les populations des pays en développement. La hausse des températures entraîne une augmentation de l'évaporation et de la fonte des glaciers et réduit ainsi la fiabilité et la qualité de l'approvisionnement en eau. Dans les zones côtières, les impacts du changement climatique seront aggravés par la hausse de la mer et la baisse du niveau des eaux souterraines, qui pourraient causer une intrusion d'eau salée dans les aquifères côtiers. Les inondations et les crues dépendent de l'intensité, du volume, de la répartition dans le temps des précipitations et de l'état antérieur des cours d'eau. L'augmentation observée de l'intensité des précipitations indique que le changement climatique a d'ores et déjà une incidence sur l'intensité et la fréquence des crues

Il est largement prouvé par des relevés d'observations et des projections climatiques que les sources d'eau douce sont vulnérables et auront à souffrir gravement du changement climatique, avec de grandes répercussions sur les sociétés humaines et sur les écosystèmes. La disponibilité de la ressource en eau est également affectée par des facteurs non climatiques comme le changement d'affectation des terres, la construction et la gestion de réservoirs, l'émission de polluants, le traitement des eaux usées, mais aussi par l'usage fait de la ressource, ce tout causé par l'expansion démographique.

CROISSANCE DEMOGRAPHIQUE

La croissance de la population mondiale augmente les besoins en eau de 64 milliards de mètres cubes chaque année, soit plus de 2 millions de litres chaque seconde. D'ici 2080, il faudra pomper deux fois plus 'eau pour satisfaire les besoins de l'humanité. La fourchette estimée de la consommation d'eau en 2080 varie de 7 000 à 10 0000 km3Le monde est confronté à une urbanisation et un taux de croissance démographique sans précédent, principalement dans les pays en développement. En 2008, l'humanité a franchi une étape, avec plus de la moitié de la population mondiale vivant dans des zones urbaines. En2030, la population urbaine en Afrique et en Asie devrait doubler par rapport à 2000 et les villes des pays en développement constitueront près de 80% de la population mondiale. Les villes des pays en développement sont en expansion avec des taux de croissance comparables à ceux des villes européennes au 19ème siècle et éprouvent les mêmes difficultés, notamment le manque d'accès aux services de base tels que l'eau et de l'assainissement. 

Cette explosion démographique exerce une pression sur l'accès à l'eau et à l'assainissement et augmente la dégradation des ressources. Au cours des dernières décennies, la demande en eau a augmenté deux fois plus vite que la population, ce qui conduit à des pénuries d'eau généralisées et à des crises de l'eau.

On constate, par ailleurs, de fortes disparités dans l'accès à l'eau et à l'assainissement entre les zones urbaines et les zones rurales et entre les pauvres et les riches ménages urbains. En général, l'accès à l'eau et à l'assainissement est relativement meilleur dans les zones urbaines que dans les zones rurales même si l'accès à l'eau et à l'assainissement progresse moins vite dans les villes du fait de la croissance urbaine.

De l'eau pour tous : les effets de la croissance démographique Les effets de la pression de la croissance démographique sur les ressources en eau douce sont aggravés par la concentration des populations dans les zones urbaines, particulièrement dans les régions du monde où le niveau de développement est faible. Dans les pays du «Tiers Monde», on assiste de plus en plus à une montée des revendications pour une plus grande et plus juste répartition de l'eau (l'eau comme bien inaliénable), mais celles-ci se heurtent parfois aux compagnies privées (généralement situées dans les pays développés de l'hémisphère nord) qui possèdent les capitaux et les savoir-faire en matière d'opérations hydrauliques. La croissance démographique a également une incidence directe sur l'augmentation des besoins alimentaires :


· l'UNICEF estime à 3 000 litres par jour la quantité d'eau nécessaire à la fabrication des produits d'alimentation, contre 30 litres pour se laver,


· la FAO estime que les surfaces irriguées augmenteront d'environ 14 % d'ici à 2035. L'agriculture devra répondre à la nécessité de produire davantage tout en réduisant sa consommation en eau.

LES POLITIQUES DE GESTION

Beaucoup de pays ne disposent pas de politiques nationales en matière d'eau, ce qui constitue un handicap majeur car c'est la politique qui sert de fondement à la législation, à la planification stratégique et à la gestion opérationnelle. Même lorsqu'il existe des politiques, elles sont souvent inappropriées, et la législation en matière d'eau est mal élaborée dans plusieurs cas. C'est notamment le cas au niveau des problèmes liés à la qualité de l'eau, qui ne font pratiquement l'objet d'aucune législation

Le niveau de la gestion présente un problème particulier. Pour des raisons opérationnelles, il est indispensable de décentraliser la gestion de l'eau jusqu'au niveau des limites hydrologiques, c'est-à-dire du bassin versant des affluents ; cependant, ces limites ne correspondent pas toujours aux frontières administratives. La détermination des limites les plus adéquates constitue un défi majeur pour lequel il ne saurait y avoir une réponse simple. Afin de garantir l'efficacité et la durabilité de la gestion de l'eau, il faudrait la décentraliser jusqu'au niveau approprié le plus bas et dans l'espace géographique le moins étendu. L'absence de discipline et de transparence au sein de nombreux organismes de l'Etat et de services d'utilité publique est à l'origine d'un cercle vicieux de problèmes dont l'exploitation inefficace des systèmes, la mauvaise maintenance, la facturation laissant à désirer et des taux de recouvrement encore moins satisfaisants, des déperditions d'eau importantes et des pertes financières. Des prestations non fiables se traduisent dans l'ensemble par une moindre disposition à payer. De nombreux pays membres régionaux confrontés à ce problème reconnaissent qu'il faudrait de toute urgence restructurer et décentraliser le secteur de l'approvisionnement en eau.

Il existe au moins cinquante-quatre (54) masses d'eau qui traversent ou constituent des frontières internationales en Afrique. Très peu d'entre elles sont conjointement gérées. La dépendance des pays situés en aval vis - à - vis de ceux qui se trouvent en amont pour ce qui est de l'accès à l'eau ou à sa mise en valeur constitue une menace potentielle pour la stabilité et la paix régionales. Une approche intégrée de la gestion des ressources en eau requiert la coopération régionale en vue de la gestion conjointe des cours d'eau internationaux.

III-LES CRISES LIEES A L'EAU

Une crise est un événement social ou personnel qui se caractérise par un paroxysme des souffrances, des contradictions ou des incertitudes, pouvant produire des explosions de violence ou de révolte.

1-STRESS HYDRIQUE

On assiste à un stress hydrique lorsque la demande en eau dépasse la quantité disponible pendant une certaine période ou lorsque sa mauvaise qualité en limite l'usage.

La Terre, riche de formes de vie diverses et abondantes et de 6 milliards d'humains, se trouve confrontée à une grave crise de l'eau. Tout indique que celle-ci est en train de s'aggraver et qu'elle continuera à le faire si des mesures correctives ne sont pas prises. La crise concerne la gestion des ressources et elle est provoquée par les manières dont nous utilisons l'eau. Mais la véritable tragédie est l'impact de cette crise sur la vie quotidienne des populations pauvres, qui souffrent de maladies liées à l'eau, vivent dans des environnements dégradés et souvent dangereux, et qui luttent pour éduquer leurs enfants, gagner leur vie et se nourrir.

L'environnement naturel subit également cette crise. Il ploie sous les montagnes de déchets déversés de manière quotidienne et subit abus et exploitations qui ne tiennent guère compte, semble-t-il, des futures conséquences et des futures générations.

En vérité, ce sont les problèmes d'attitude et de comportement qui sont au coeur de la crise. Nous connaissons la plupart des problèmes (mais pas tous) et sommes généralement capables de les localiser. Nous possédons les connaissances et compétences nous permettant de commencer à les résoudre. Nous avons élaboré d'excellents concepts, comme ceux d'équité et de durabilité. Pourtant, l'inertie de nos dirigeants et une population mondiale qui n'est pas pleinement consciente de l'ampleur du problème (et dans bien des cas dans l'incapacité d'agir pour y remédier) font que nous ne prenons pas les mesures correctives nécessaires à temps et ne mettons pas en pratique nos concepts.

Pour l'humanité, la pauvreté d'une part importante de la population mondiale est à la fois un symptôme et une cause de la crise de l'eau. En améliorant l'accès des pauvres à une eau mieux gérée, on peut fortement contribuer à éliminer la pauvreté. Une meilleure gestion de l'eau nous permettra d'aborder le problème de la pénurie croissante d'eau dans de nombreuses régions du monde en développement.

La résolution de la crise de l'eau et de ses multiples facettes n'est qu'un des défis auxquels l'humanité est confrontée à l'aube de ce troisième millénaire, et c'est dans ce contexte que ce problème doit être envisagé. Nous devons l'inscrire dans un scénario global de résolution des problèmes et des conflits. Pourtant, de toutes les crises sociales et naturelles auxquelles nous devons faire face, c'est de celle-ci que dépend notre survie et celle de notre planète Terre.

Un stress hydrique qui touche une large partie du globe

Le stress hydrique - autrement dit, une ressource insuffisante pour  répondre aux différentes activités humaines et aux besoins de l'' environnement - commence lorsque la disponibilité en eau est inférieure à 1 700 mètres cubes par an et par personne. Quasiment les trois quarts des habitants des pays arabes vivent en dessous du seuil de pénurie établi, lui, à 1 000 m3 par an, et près de la moitié se trouvent dans une situation extrême avec moins de 500 m3, en ' Egypte, en ' Libye notamment.

Les projets de centres de dessalement se multiplient pour  produire de l'eau potable dans les régions du monde qui en ont les moyens, comme en Californie ou dans les pays arabes. À elle seule, l'' Arabie saoudite souhaite se  doter de 16 nouvelles usines fonctionnant à l'énergie ' nucléaire.

Les eaux souterraines de plus en plus surexploitées

Stress des eaux souterraines : prélèvements sur la recharge annuelle (en %). Rapport ONU-Eau

Les aquifères souterrains fournissent de l'eau potable à la moitié de la ' population mondiale. Mais un sur cinq est surexploité. Largement dévolus à l'irrigation intensive - comme dans le nord de la Chine où le niveau de la nappe phréatique est descendu de 40 mètres en quelques années -, les prélèvements excessifs accentuent les risques de glissement de terrain et favorisent surtout les entrées de sel, rendant à terme l'eau inconsommable. Avec l'élévation du niveau de la mer, des grandes ' villes voient ainsi la qualité de l'eau douce de leurs aquifères menacée, notamment Shanghai, en Chine, et Dacca, au ' Bangladesh. Et des îles du Pacifique comme Tuvalu et Samoa sont contraintes d'importer de plus en plus d'eau douce. La pénétration de sel représente aussi une inquiétude pour les régions méditerranéennes françaises.

L'' Inde est souvent citée en exemple au chapitre de l'exploitation non-durable de la ressource souterraine. En 1960, le pays était équipé de moins d'un million de puits ; en 2000, il en comptait 19 millions. Toute cette ressource prélevée au moyen de pompes a permis d'accroître fortement la productivité agricole et de  réduire le niveau de pauvreté. Mais le choix de l'irrigation se paie aujourd'hui non seulement par de graves ' pollutions, mais aussi parce que les pannes d'électricité dues au manque d'eau pour faire fonctionner les centrales thermiques sont monnaie courante.

La consommation d'eau 

D'ici 2050, la demande en eau devrait  augmenter de 55 %, non seulement sous la pression d'une population croissante (la Terre comptera alors 9,5 milliards de personnes), mais aussi parce que la ' consommation s'envole. Les besoins de l'' industrie devraient  exploser de 400 % d'ici-là. Quant au secteur agricole, ses prélèvements actuels ne sont pas soutenables, estiment les experts. Entre 1961 et 2009, les terres cultivées se sont étendues de 12 %, tandis que les superficies irriguées augmentaient de 117 %.

Il faudrait  rendre l'agriculture moins gourmande afin qu'elle puisse  nourrir de plus en plus d'humains, sans  contaminer pour autant la ressource ni  polluer davantage l'environnement.  Avoir recours aux eaux usées, une fois traitées, pourrait  contribuer à  relever ce défi.

Enfin, les rapporteurs de l'ONU rappellent l'impératif d'accroître les efforts pour  ménager les ressources, car les écosystèmes sont en déclin, en particulier les zones humides. Or, celles-ci rendent des services sans commune mesure. L'ONU-Eau cite une étude de 2014 qui évalue à 20 000 milliards de dollars (19 000 milliards d'euros) les pertes dues à leur détérioration, et qui montre qu'investir pour la préservation de l'environnement s'avère très rentable.

2-CONFLITS

LES CONFLITS

Quelle que soit la source consultée pour affiner la définition du mot « conflit », on trouve les racines latines confligere et conflictus, c'est-à-dire le désaccord et l'affrontement. Si l'on s'en tient au domaine de l'eau, les désaccords sont innombrables mais les affrontements peu nombreux.

le géographe canadien Frédéric Lasserre a recensé, notamment en Afrique, des dizaines de conflits liés à l'eau, pour la plupart cependant de faible intensité : autour du Nil, entre l'Égypte et l'Éthiopie (1979, puis 1991, puis plus récemment) ; autour de l'Okavango, entre la Namibie et le Botswana (1989-93) jusqu'à la mise en place d'une Commission mixte du bassin de l'Okavango ; autour du Sénégal, avec des révoltes violentes en Mauritanie (1989) déclenchant l'exode des populations noires vers le Sénégal ; à la frontière Mauritanie-Mali (1999), où les conflits d'usage entre villageois sont récurrents ; autour du fleuve Tana (Kenya, 2001), pour l'accès à l'eau et aux pâturages ; autour des puits dans la région d'El Bur,au nord de Mogadiscio (Somalie) entre 2004 et 2006 (plus de 250 morts), etc.

Nous sommes donc à la marge d'une géographie des conflits. Néanmoins, le croisement de la géographie physique (orographie, hydrologies marine et continentale, climatologie) et de la géographie politique (les conflits de pouvoir, les frontières) donne à l'hydro-politique un assez bon terrain d'application. Il sera donc proposé ici d'identifier, sur le continent africain, les principaux risques de conflit en jouant avec les échelles (des conflits d'usage locaux aux grands barrages). Les conflits sociaux inévitablement provoqués par les nouvelles règles d'accès à l'eau potable seront également abordés. Et nous commencerons par la principale cause - potentielle ou réelle - de crise interétatique : les bassins versants transfrontaliers.

Les bassins transfrontaliers

À l'évidence, la géographie physique facilite les études de cas. Sachant qu'on appelle bassin versant l'espace (la surface) où les précipitations s'écoulent vers un exutoire commun, et que le territoire ainsi défini est limité par une « ligne de partage des eaux » parfaitement visible et cartographiable sans contestation possible, nous disposons d'un cadre idéal. En outre, le principal moteur de la dynamique à l'oeuvre étant la « pente » - facteur plus ou moins oublié depuis que l'homme prétend maîtriser la nature - la plupart des enjeux hydro-politiques sont faciles à appréhender, et les stratèges à l'ancienne savaient, comme le répétait souvent le général de Gaulle, que « qui tient le haut tient le bas ».

Le continent africain compte sept grands bassins fluviaux transfrontaliers (Nil, Niger, Tchad, Congo, Orange, Okavango et Limpopo). Sans atteindre le nombre d'États traversés par le Danube (19), plusieurs d'entre eux ont été sérieusement fragmentés par le tracé des frontières nationales au lendemain des Indépendances. C'est surtout le cas du Niger, autrefois « seulement » partagé entre la France et le Royaume Uni et aujourd'hui entre 11 pays, mais aussi du Congo (13 pays), du Nil (11) et du Tchad, seul grand bassin endoréique d'Afrique, qui concerne de près ou de loin 8 pays.

Si l'homme s'est permis de tracer des frontières politiques (et linéaires) sur un continent qui, pendant la période précoloniale, ignorait ce concept, il n'en a pas pour autant effacé la zonation climatique. Or celle-ci détermine le régime et le débit des grands fleuves concernés. L'espace est alors rattrapé par le temps, dans la mesure où le décalage entre le pic de la saison des pluies sur le haut cours et la crue sur le cours inférieur détermine des activités de contre-saison souvent vitales pour des dizaines de milliers de riverains. Le Niger, le Chari (principal tributaire du lac Tchad) et surtout le Nil en sont les meilleures illustrations.

Le Nil

C'est un cas d'école en hydro-politique. En effet, sur les 11 pays concernés par le bassin du Nil, l'Égypte est le plus vulnérable, car 95 % de l'eau du Nil viennent des pays voisins, et son utilisation concerne 150 millions de personnes. Le plus long fleuve 6 du monde (6 671 km) prend sa source (Nil Blanc) dans le lac Victoria (partagé entre l'Ouganda, la Tanzanie et le Kenya), mais il reçoit l'essentiel de son alimentation - entre 84 et 90 % - du Nil Bleu, qui dévale des hautes terres éthiopiennes où tombent des précipitations abondantes. Et où la population a connu une croissance démographique spectaculaire dans les deux dernières décennies.

La configuration géographique du cours du Nil (fig. 1) a largement contribué à l'existence de l'Égypte et à la prospérité agricole de son cours inférieur. Les énormes masses d'eau qui traversent le désert avant de rejoindre la Méditerranée sont au coeur de la vie égyptienne, et si l'on réduisait cette alimentation, les conséquences humaines seraient désastreuses. Du temps où il colonisait l'Égypte, le Royaume Uni l'avait bien compris, il avait signé avec l'Italie dès 1891 le Protocole de Rome fixant les frontières entre l'Éthiopie et le Soudan mais interdisant également toute tentative de modifier le débit du fleuve Atbara (dernier affluent du Nil). En 1902, le Royaume Uni prenait d'autres précautions en signant avec l'empereur Ménélik II un traité par lequel ce dernier s'engageait à ne jamais entreprendre d'aménagements sur le Nil Bleu sans son autorisation...

Par la suite, des accords importants ont été signés entre l'Égypte et le Soudan (sous administration bipartite) : en 1929, on s'est mis d'accord pour octroyer 48 milliards de m3 d'eau du Nil par an à l'Egypte, et 4 milliards au Soudan. Puis, en 1959, on a porté les volumes respectifs à 55,5 et 18,5 milliards. Par ailleurs, les pays en amont se sont engagés à ne pas priver l'Égypte de cette eau.

Figure 1 - Configuration géographique du Nil

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C'est dans ce contexte et dans cet esprit que de grands barrages (Assouan, Assiout) ont régulé le débit du Nil en Égypte. Mais le Soudan a également construit des barrages, en particulier sur le Nil Bleu, et l'Éthiopie pourrait être tentée d'en faire autant. En outre, la Tanzanie et le Kenya ont commencé à pomper l'eau du lac Victoria pour irriguer 4 à 5 millions d'hectares de terres agricoles dont ils ont un besoin impératif. Et cinq autres pays sont concernés par le bassin versant du Nil (Rwanda, Burundi, Congo et plus lointainement l'Érythrée, la Centrafrique). Ce sont donc bien onze pays qui « tiennent entre leurs mains » la sécurité de l'Égypte, alors que celle-ci n'est formellement protégée que par l'accord signé avec le Soudan en 1959. On comprend que la tension ait pu être vive en 1995 entre les deux pays, quand le Soudan a envisagé de construire un nouveau barrage : des troupes ont été massées à la frontière, quelques incidents frontaliers ont eu lieu, et la crise a atteint le niveau 3 sur l'échelle d'intensité du HIIK.

Il était donc urgent que soit créée, en 1999, l'Initiative du Bassin du Nil (IBN), à laquelle participent actuellement neuf des États concernés autour d'une « vision commune ». Mais l'Égypte et le Soudan semblent s'arc-bouter sur les volumes décidés en 1959. Les autorités du Caire l'ont clairement réaffirmé lors d'une réunion de l'IBN tenue à Charm el Cheikh en 2010, et confirmé en février 2011 à Goma en rappelant fermement qu'il s'agissait pour l'Égypte d'une question de « sécurité nationale » et qu'elle

se réservait la possibilité de prendre toutes les mesures nécessaires à la défense de ses droits historiques.

Entre temps, l'Éthiopie, le Kenya, l'Ouganda, le Rwanda et la Tanzanie avaient signé, le 14 avril 2010, un accord de coopération sur le partage du fleuve. La République Démocratique du Congo (RDC) et le Burundi ne s'y étaient pas associés à cause de la pression de l'Égypte.

On le voit, le risque de conflit est relativement élevé, d'autant plus qu'un élément nouveau vient d'intervenir dans le jeu hydro-politique : la création du nouvel État du Sud-Soudan, décidée par le référendum de janvier 2011, et qui prendra effet le 9 juillet 2011. Ce nouvel État contrôlera un bief important du Nil Blanc, notamment la zone des marais du Sudd qu'on avait commencé à canaliser pour éviter ce qu'on considérait comme une trop grande déperdition de l'eau du fleuve. Il s'agit du canal Jonglei, entrepris en 1978, mais dont les travaux ont été stoppés en 1984 par la rébellion alors que la moitié était réalisée. L'Égypte aurait alors gagné entre 4 et 8 milliards de m3. En juillet 2011, le Sud-Soudan constituera le douzième État concerné par le bassin versant du Nil, et il ne sera pas le moins actif.

Quels enseignements pouvons-nous tirer de cette étude de cas ? À l'évidence, un État a terriblement besoin de l'eau du Nil : l'Égypte (1 million de km2, 83 millions d'habitants dont 1/3 est âgé de moins de 14 ans, et dont 95 % vivent sur les rives d'El Bahr). Pour cette raison, elle a toujours été en pointe dans les négociations, mais aussi toujours prête à montrer sa puissance militaire.

L'Égypte ne rentrera jamais en guerre dans la région si ce n'est pour une question d'eau, déclarait Nasser.

Un autre État va être contraint de se mêler davantage au jeu hydro politique (et « qui tient le haut tient le bas ») : l'Éthiopie (1,1 million de km2, 85 millions d'habitants), maîtresse du Nil Bleu, pays où 80 % de la population vit de l'agriculture (qui représente 90 % des recettes d'exportation). L'Éthiopie a été très affaiblie par une longue guerre contre l'Érythrée, et par une guerre civile. Classée parmi les 10 pays les plus pauvres du monde, elle n'a plus de débouché maritime autre que le port de Djibouti, et doit faire face à une très forte croissance démographique, avec un taux naturel de 2,56 % et un indice de fécondité de 5,22.

Et le troisième est en cours de mutation (partition) et en crise (Darfour) : le Soudan (2,5 millions de km2, 40 millions d'habitants), pays dont la population est encore majoritairement agro-pastorale avec des conflits d'usage qui marquent surtout la micro-économie de l'eau et placent l'hydro-politique à une autre échelle, sans en amoindrir les risques.

Cette région d'Afrique doit donc être surveillée de très près, et il n'est pas anodin qu'existe une cellule à l'US State Department (Washington) qui établit des scénarios sur l'avenir à court terme.

Le Niger

Le cas du Niger est très particulier : c'est un fleuve qui mesure 4 200 km de long, pour un dénivelé de seulement 800 m, qui donne l'impression de se tromper de chemin et de prendre le Sahara pour la mer. Il y dessine d'ailleurs un delta intérieur autour de Tombouctou avant de reprendre la pente vers le Sud. À Mopti, il est à moins de 300 m (298 m) et il lui reste pourtant encore 2 500 km à parcourir avant d'atteindre l'océan Atlantique (fig. 2). Sa pente moyenne n'est que de 1,2 cm/100 m, soit 0,01 %.

Figure 2 - Configuration géographique du fleuve Niger

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C'est peu dire qu'il paresse, car il est soumis à des saisons des pluies très irrégulières Là encore, la « nature » a son mot à dire : du fait de l'itinéraire suivi par son cours, le Niger connaît plusieurs régimes pluviométriques, du tropical très humide en Guinée au subdésertique au Mali et au Niger, avec une évaporation très forte et des infiltrations dans le sable importantes. Il est également soumis à des prélèvements de plus en plus lourds eu égard à une pression démographique guère moindre que dans le cas précédent. Il a d'ailleurs cessé de couler sous le pont Kennedy à Niamey en juin 1985 puis en août 2003. Ces deux alertes ont peut-être accéléré la prise de conscience collective, mais les initiatives communes d'envergure sont encore attendues...

Les caractéristiques hydrographiques du Niger en font donc un cas d'école hydro-politique très intéressant. Comme le Nil, c'est une lame d'eau vitale qui irrigue des espaces désertiques selon un calendrier décalé mais, à la différence du Bahr, elle achève son périple dans un pays (le Nigeria) qui dispose d'autres approvisionnements. Pour autant, les problèmes du partage politique sont également nés de la colonisation et de l'occupation de l'Ouest africain par deux grandes puissances : la France, qui a pris possession des « terres légères » du Sahara, et le Royaume Uni qui a préféré se concentrer sur la région sub-deltaïque où elle envisageait de développer la culture du palmier à huile. Dès lors, les frontières - balkanisées ensuite après les Indépendances - se sont mises en travers du bassin versant (Bouquet, 2004).

Conflits d'usage et transferts massifs

Il convient de passer du terroir où les conflits d'usage concernent les cultivateurs, les éleveurs et, parfois, les pêcheurs, déclenchant quelquefois de véritables guerres (Darfour), au territoire où des États pensent à mettre au point un plan de transfert massif d'eau entre le fleuve Congo et le lac Tchad, mettant en péril des équilibres agro-pastoraux anciens, en feignant d'oublier que les accords internationaux ont toujours un double : les désaccords internationaux.

À l'échelle du terroir, les conflits d'usage

Avec la croissance démographique, particulièrement forte en Afrique subsaharienne puisque la croissance naturelle dépasse encore 2,5 %, la terre est devenue un bien recherché et, plus encore, la terre bénéficiant de précipitations suffisantes ou de possibilités d'irrigation. Il fut un temps où le continent était incontestablement sous-peuplé et où chacun trouvait largement sa place. Puis les oppositions entre agriculteurs sédentaires et éleveurs nomades se sont multipliées et aggravées, conduisant à des crises estimées de moyenne intensité par le HIIK, avant de monter d'un ou deux crans dans le cas de la guerre du Darfour.

Pour bien comprendre, il faut rappeler quel est le statut de la terre dans cette partie du monde : elle « appartient » à celui qui la cultive (et les arbres « appartiennent » à ceux qui les ont plantés). En réalité, la notion d'« appartenance » ne convient pas dans la culture rurale de l'Afrique sahélienne, car les parcelles sont occupées par les paysans qui les mettent en valeur, souvent selon une référence à un lointain droit du sang, mais qui s'effacera si l'occupant ne cultive plus.

Et, dans le cas du Darfour, comme au Ouaddaï voisin, comme au Kanem et dans toutes les savanes ouest-africaines, cette terre est libre dans le créneau de temps où elle n'est pas cultivée, c'est-à-dire juste après la récolte et juste avant les labours. Les éleveurs peuvent donc parcourir ces terres « à contre-saison ». Au Tchad et au Soudan, ils en profitent souvent pour récolter la gomme arabique des acacias dont ils sont détenteurs.

Au Darfour, la cohabitation entre éleveurs et cultivateurs a été rendue compliquée par les sécheresses à répétition des deux dernières décennies, et les premiers ont muté en Jinjawid (« cavaliers diables », cavaliers armés de fusils d'assaut belges de type G3). Ils ont commencé à terroriser les seconds pour qu'ils fuient leurs terres de culture et les abandonnent aux éleveurs, à la recherche de pâturages. Le début de la guerre du Darfour était donc indirectement une guerre de l'eau née du croisement entre une péjoration de la pluviométrie et une pression démographique forte. Avec le temps, elle est devenue très meurtrière et a déplacé des centaines de milliers de personnes ; plus d'un million sont encore dans des camps contrôlés par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR), et au moins autant dans des agglomérations de fortune.

L'exemple soudanais d'alternance de l'occupation des terres dans le temps attire l'attention sur l'une des caractéristiques fondamentales des systèmes agraires dans les milieux secs africains : l'exploitation des terres à contre-saison, et notamment à la décrue. En effet, les cours d'eau, les lacs, les mares, connaissent une crue annuelle décalée dans le temps, c'est-à-dire intervenant quelques semaines après le pic de précipitations de la saison des pluies, puis une décrue au cours de laquelle les terres, qui ont été inondées, s'exondent tout en conservant une forte humidité, surtout si ce sont des vertisols (argiles à montmorillonite).

Cette opportunité a naturellement été repérée de longue date par les populations riveraines des fleuves, rivières et mares résiduelles. Au fur et à mesure que se retire la lame d'eau, elles sèment des céréales, généralement du maïs, ou bien du sorgho de décrue (c'est le berbéré des Arabes tchadiens, ou le muskwari des Kirdi du Nord-Cameroun). Il s'agit d'une pratique qui suppose une parfaite connaissance de la micro topographie des lieux, mais elle concerne des dizaines de milliers de paysans dans les Savanes et le Sahel ouest-africains. Tout le sud du bassin tchadien - toute la partie argileuse - est concerné. Dans les bonnes années, cette culture de décrue assure une seconde récolte, à contre-saison, dont le produit est nécessaire aux besoins alimentaires du groupe.

Il est aisé de comprendre que les parcelles ainsi exploitées sont très recherchées, non seulement par les cultivateurs auxquels s'applique un régime foncier très strict (gare à celui qui n'exploitera pas sa micro-parcelle), mais aussi par les éleveurs qui savent que là où pousse le maïs ou le sorgho pousserait tout aussi bien l'herbe prisée par leurs animaux, et qui ont également besoin de couloirs de passage pour que leurs bêtes aillent boire. Quant aux pêcheurs, ils se croient volontiers « propriétaires » des mares résiduelles dans lesquelles ils se livrent saisonnièrement à de véritables pêches miraculeuses quand il reste peu d'eau.

Comment équilibrer les droits, toujours dans ce contexte de pression sur la terre ? La Banque mondiale a, certes, eu la (mauvaise) idée de « sécuriser » les parcelles en invitant chaque exploitant à demander un titre de propriété. Mais sur quels critères, droit du sol ou droit du sang ? En attendant que les guichets fonciers nouvellement installés dans les campagnes achèvent de bouleverser le droit coutumier, les différentes communautés continuent d'exploiter à l'ancienne les terres de décrue, et le littoral du lac Tchad en offre une illustration pertinente.

Conflits sociaux pour l'eau potable

Au cas où il ne serait pas trouvé suffisamment de causes de conflits, le nouvel ordre économique mondial a pris quelques décisions lourdes, fortement menaçantes pour la paix sociale, et donc potentiellement « conflictogéne ». C'est ainsi que l'année même (1992) où le premier Sommet de la Terre affirmait, à Stockholm, que le concept de « développement durable » incluait un volet social pesant aussi lourd que les volets économique et environnemental, d'autres experts en mondialisation s'accordaient à Dublin, dans la plus grande discrétion, sur les termes d'une Déclaration qui allait avoir de graves conséquences sur le mode de vie des plus pauvres habitants de la planète, soit plus d'un milliard de personnes.

Enrobé au coeur de considérations lénifiantes :

L'eau douce - ressource fragile et non renouvelable - est indispensable à la vie, au développement et à l'environnement ; la gestion et la mise en valeur des ressources en eau doivent associer usagers, planificateurs et décideurs à tous les échelons ; les femmes jouent un rôle essentiel dans l'approvisionnement, la gestion et la préservation de l'eau.

Un point fondamental en matière de choix de société a été officiellement acté dans ce qui allait devenir la « Déclaration de Dublin » :

L'eau, utilisée à de multiples fins, a une valeur économique et devrait donc être reconnue comme bien économique,

CONCLUSION

Les projections pour la demande globale en eau d'ici 2050, s'établissent à +55%, une hausse en grande partie due à une augmentation des besoins industriels et aux taux de croissance démographique. Ces statistiques alarmants dus à son caractère vulnérable de l'eau doivent nous guider sur la mise en place de politique de gestion intégrés et participatives décente ressource. Dans ce contexte, le défi auquel nous faisons face est celui de la connaissance et de la répartition, afin de répondre de manière équitable, tout en faisant face à une pression grandissante d'origine économique, au risque accru de pénurie.

L'Afrique a été reconnue comme le continent le plus vulnérable aux changements climatiques. Une adaptation au changement climatique qui appelle à la résilience du climat devrait être au coeur de toute activité de développement. Compte tenu de l'importance des ressources en eau et des infrastructures hydrauliques dans le développement économique et social du monde, il faudrait investir suffisamment pour s'adapter au changement climatique afin d'assurer leur disponibilité et leur utilisation durable.

Schaubergerdisait (l'eau est le sang de la terre, le support de toute vie)

SOURCES :

Christian Bouquet, « Conflits et risques de conflits liés à l'eau en Afrique », Les Cahiers d'Outre-mer [En ligne], 255 | Juillet-Septembre 2011, mis en ligne le 01 juillet 2014, consultéle 18 décembre 2016. URL : http://com.revues.org/6283 ; DOI : 10.4000/com.6283

SOURCE : Extrait du premier  Rapport mondial sur la mise en valeur de l'eau dans le monde, réalisé conjointement par 23 organismes des Nations Unies dont le PNUE. 

BARON C., MAILLEFERT M. (2011) Une lecture institutionnaliste de la gouvernance de l'eau potable : des terrains d'Afrique de l'Ouest francophone aux faits stylisés, Régions&Cohésion, Volume 1, Issue 3, Winter, 7-33.

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LORRAIN D. (2003) Les quatre compétitions dans un monopole naturel : qu'est-il en train d'arriver au secteur de l'eau ?, Flux, n°52-53, 69-86.

MEI L. (2008) La gestion de l'eau dans les villages périurbains de Ouagadougou (Burkina Faso). Étude sociogéographique comparative, Doctorat de Géographie tropicale, Université Bordeaux 3, janvier.

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"Le doute est le commencement de la sagesse"   Aristote